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Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en aval de la Saulce SUIVI DES LACHERS D’EAU D’OCTOBRE 2009 RAPPORT FINAL Mai 2010

Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

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Suivi de la topographie et du colmatage

de la Durance

en aval de la Saulce

SUIVI DES LACHERS D’EAU D’OCTOBRE 2009

RAPPORT FINAL

Mai 2010

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Maison Régionale de l’Eau Suivi du colmatage en Durance

SOMMAIRE

1. CONTEXTE DE L’ETUDE................................ ................................................1

2. METHODOLOGIE ............................................................................................2

2.1 Description générale ............................... .............................................................................. 2

2.1.1 Les stations de mesures............................ ....................................................................... 2

2.1.2 Types de mesures ................................... .......................................................................... 6

2.2 Suivi topographique................................ .............................................................................. 6

2.3 Suivi du colmatage des substrats ................... .................................................................... 7

2.4 Jaugeage du débit .................................. ............................................................................... 8

2.5 Invertébrés aquatiques ............................. ............................................................................ 8

2.6 Suivi piscicole.................................... .................................................................................... 9

3. RESULTATS .......................................... ........................................................10

3.1 Les faciès d’écoulement et les débits .............. ................................................................. 10

3.1.1 Les débits ......................................... ................................................................................ 10

3.1.2 Les faciès d’écoulement ............................ ..................................................................... 11

3.2 Le substrat : granulométrie dominante et accessoire ..................................................... 16

3.3 Le colmatage....................................... ................................................................................. 21

3.3.1 Station 01 amont................................... ........................................................................... 21

3.3.2 Station 02 a Monetier.............................. ......................................................................... 22

3.3.3 Station 03 aux Coudoulets .......................... ................................................................... 24

3.3.4 Synthèse sur le colmatage .......................... ................................................................... 25

3.4 Les profils en travers ............................. ............................................................................. 31

3.5 Reportage photographique ........................... ..................................................................... 32

3.6 les invertébrés benthiques ......................... ........................................................................ 35

3.6.1 Campagne d’échantillonnage......................... ................................................................ 35

3.6.2 Description des habitats ........................... ...................................................................... 35

3.6.3 Analyse du peuplement .............................. .................................................................... 35

3.6.3.1 Evolution des richesses et densités (IBGN DCE) ..... ........................................... 35

3.6.3.2 Composition du peuplement (IBGN DCE) ............... .............................................. 36

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3.6.3.3 Interprétation des IBGN ............................ .............................................................. 39

3.6.3.4 Conclusions et discussions ......................... .......................................................... 43

3.7 les pêches electriques (Université Aix-Marseille I II) ....................................................... 45

3.7.1 Campagne d’échantillonnage......................... ................................................................ 45

3.7.2 Description des stations........................... ...................................................................... 45

3.7.3 Méthode de pêche utilisée :........................ .................................................................... 46

3.7.4 Résultats.......................................... ................................................................................. 47

3.7.4.1 Résultats des pêches, espèces capturées ............ ............................................... 47

3.7.4.2 Estimations d’abondance ............................ ........................................................... 50

3.7.4.3 Discussion......................................... ....................................................................... 51

4. LIMITES, PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES ..........................................54

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1. Contexte de l’étude

Entre Serre-Ponçon et Sisteron, la qualité de l'habitat aquatique est compromise par un colmatage généralisé de la Durance lié à la faiblesse des débits qui y transitent et aux apports de limons des affluents. Face à cette situation, les actions envisagées dans l’étude globale de la Durance entre le barrage d’Espinasses et le barrage de l’Escale portent sur des lâchers effectués aux barrages d’Espinasses et de la Saulce avec des débits de plusieurs dizaines de m3.s-1. Ces débits "nettoieront" superficiellement les sédiments fins du fond du lit et entretiendront un niveau de colmatage réduit.

L’objectif est multiple :

• Accélérer la fréquence de reprise des dépôts de sables et limons à la surface du lit par des lâchers d’eau claire,

• Limiter les développements végétaux, • Améliorer la qualité de l’habitat et le fonctionnement des milieux, • En faire bénéficier la faune aquatique de ce tronçon.

Une phase d'expérimentation est en cours et a débuté en 2007. Un débit de l’ordre de 80 m3/s a été testé le 18 septembre 2007, lâcher réalisé à partir du barrage de la Saulce.

Ces lâchers sont encadrés par un suivi qui a plusieurs objectifs :

• Décrire le substrat et le niveau de colmatage et son évolution sur un ensemble stations intégrant le lit mineur et une partie du lit majeur.

• Procéder à des levés topographiques par transects (Coordonnées Lambert II et altitude NGF) et comparer les évolutions du profil en travers de la rivière.

• Encadrer au plus proche le jour du lâcher afin de s’affranchir des aléas climatiques ou hydrologiques.

• Suivre et comparer sur une longue période les évolutions dans la structure des populations (invertébrés et poissons). La partie piscicole est traitée par l’Université de Provence, unité EA 3781 Evolution Génome Environnement (Aix Marseille I), sous la responsabilité du Pr. Rémy Chappaz.

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2. Méthodologie

2.1 Description générale

2.1.1 Les stations de mesures

Les stations d’études ont été choisies en concertation avec le SMAVD et EDF pour leur représentativité de la morphologie générale du bief, leur niveau de colmatage et leur peuplement piscicole et notamment d’aprons. Ce choix s’est aussi appuyé sur une analyse de photographies aériennes, des reconnaissances de terrain et des contraintes d’accessibilité au lit. Elles ont été suivies en 2007 lors de la précédente expérimentation mais leur nombre a été réduit cette année.

Trois stations au lieu de cinq en 2007, ont été retenues. La carte suivante replace ces stations sur le bief compris entre le barrage de la Saulce et la retenue de St Lazare :

Localisation des stations sur la Durance dans le tr onçon La Saulce – Sisteron

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Code station 2009 Station 01 Code station 2007 station 02 Localisation En amont du pont de Monetier-Allemont Coordonnées Lambert II X = 887 776 Y = 1 937 868 Altitude NGF 540 m

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Code station 2009 Station 02 Code station 2007 station 04

Localisation Au lieu-dit les Henris, environ 1 km en aval du village de Thèze

Coordonnées Lambert II X = 886 479 Y = 1 929 204 Altitude NGF 490 m

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Code station 2009 Station 03 Code station 2007 station 05

Localisation au lieu-dit les Coudoulets, 2,5 km en amont de la confluence avec le Buech

Coordonnées Lambert II X = 887 042 Y = 1 919 557 Altitude NGF 460 m

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2.1.2 Types de mesures

Quatre types de mesures ont été effectués :

a) des mesures topographiques (levés de profils en travers du lit de la Durance) sur l’ensemble des stations.

b) des observations du colmatage superficiel du substrat .

c) un jaugeage du débit a été réalisé au droit de chaque station à l’occasion de chacune des campagnes de mesures topographiques le long d’un transect choisi pour sa section homogène.

d) Un suivi annuel de la faune aquatique (invertébrés et poissons), qui sera réalisé chaque année au mois de septembre.

L’ensemble de ces mesures a été réalisé avant et après les lâchers du 1er octobre 2009 . La campagne décrivant l’état initial a été programmée les 24 et 25 septembre 2009 soit cinq jours avant le lâcher .

La campagne après lâchers a été réalisée les 5 et 6 octobre 2009 .

2.2 Suivi topographique

Chaque point de la station d’études a été géoréférencé et raccordé au NGF.

Les levés topographiques ont été réalisés sur des transects représentatifs des différents faciès morphologiques présents sur les stations (les faciès sont définis selon la clé de détermination de Malavoi et Souchon, 2002). Ces faciès sont identifiés et cartographiés (Cf. § 3.1).

Les transects ont été repérés en X, Y, Z (annexe 1 ) de manière à se repositionner aux mêmes endroits, avant et après les lâchers. La précision des mesures topographiques est de l’ordre du centimètre. Un profil perpendiculaire à l’axe de la vallée a été réalisé par faciès, pour un total de trois à quatre profils en travers par station. Les faciès « mouille de concavité » et « chenal lentique », par leur profondeur parfois importante, ont été le moins possible intégrés. La priorité a été donnée aux faciès à écoulement rapide, dont les dépôts sont souvent moins épais et qui ont un rôle souvent primordial pour la faune aquatique et notamment dans la reproduction des poissons rhéophiles.

Les transects incluent l’ensemble du lit mineur de la Durance (lit mouillé au débit réservé et lit hors d’eau, si possible jusqu’au pied des berges). Au minimum, l’ensemble du lit mouillé à 60 m3.s-1 a été intégré. Le nombre de verticales à réaliser sur chaque transect dépend de l’hétérogénéité de la topographie, de l’hétérogénéité des vitesses (pour le lit mouillé) et également de l’hétérogénéité des substrats. En moyenne, 60 à 90 points par transects ont été décrits.

A chaque verticale située dans le lit mouillé d’un transect, la côte du fond et la profondeur totale ont été mesurées.

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2.3 Suivi du colmatage des substrats

La nature et la composition du substrat ont été caractérisées tout au long de chacun des transects du suivi topographique, hors et dans le lit mouillé, selon l’échelle granulométrique de Wentworth, 1922, modifiée par Malavoi & Souchon, 1989.

Les critères granulométriques mesurés au droit de chaque verticale de chaque transect sont les suivants :

1. le substrat dominant est l’élément granulométrique le plus représenté en termes de surface dans la zone décrite (> 50 % de la surface) ; il est déterminé visuellement sur la zone en fonction de sa largeur,

2. le substrat le plus grossier est formé par la classe granulométrique la plus large représentant plus de 10 % de la surface de la zone décrite,

3. les substrats accessoires représentent plus de 10 % de la granulométrie de fond,

4. la classe de colmatage du substrat (lit mouillé).

Le test visuel utilisé pour la description du colmatage est repris d’une étude en cours en moyenne Durance1 par le CEMAGREF. Il est détaillé ci-dessous :

« Le test consiste à saisir puis soulever un élément identifié comme substrat dominant au niveau du point de mesure, afin d’estimer son degré de facilité d’extraction, ainsi que la densité du nuage de matières en suspension généré dans la colonne d’eau.

Cinq classes de colmatage ont été définies selon ces deux critères (cf. figure ci-après).

Code 1 : les éléments se soulèvent facilement ; ils sont posés sur la sous-couche granulométrique et ne génèrent pas de nuage de limons lorsqu’ils sont soulevés.

Code 2 : les éléments se soulèvent plus difficilement ; le nuage généré est peu dense, c'est-à-dire que la couche de surface est collée par une couche de limon légèrement colmatante et qui lie les éléments entre eux.

Code 3 : les éléments se soulèvent avec un nuage de limon assez épais ; les éléments sont très enchâssés.

Code 4 : les éléments se soulèvent difficilement. Le nuage de limon produit est très dense. La structure est enchâssée dans une sous couche très compacte dont l’emprise est forte sur les éléments.

Code 5 : les éléments ne se soulèvent pas ou très difficilement (structure cimentée ou sous forme de dallage) ».

Représentation imagée du protocole de mesure du col matage du substrat (Cemagref, 2004)

1 Renouvellement de la concession de Ste Tulle 1 – Etude expérimentale des débits réservés en Durance – Lot 1 Ecogéomorphologie – Campagne de terrain 2005 – rapport 1.2 – CEMAGREF Aix-en-Provence, Lecoarer et coll. – Janvier 2006, 126 p.

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2.4 Jaugeage du débit

Les mesures du débit instantané ont été effectuées avec un courantomètre à effet Doppler. Pour chaque station, un transect a été choisi pour la qualité de sa section et l’homogénéité de ses écoulements. A chaque point du transect, des mesures de hauteurs d’eau et de vitesse d’écoulement ont été relevées. Les calculs de débit sont obtenus grâce à un logiciel employé par l’ONEMA (logiciel Q Jauge).

2.5 Invertébrés aquatiques

Les invertébrés aquatiques ont été étudiés sur les trois stations d’études. Une seule campagne d’analyse était prévue avant le lâcher.

La méthode employée a été inspirée de celle utilisée dans le cadre des suivis de la Directive Cadre Européenne (circulaire DCE 2006/16 du 13 juillet 2006 du MEDD). Elle est appliquée lors des suivis pluriannuels de la surveillance des masses d’eau (réseau DCE). Dans le cas de ce suivi, il permettra de mesurer l’évolution de la qualité biologique mais surtout les modifications dans la structure du peuplement et les traits biologiques dominants.

Les prélèvements, les dénombrements et les déterminations taxonomiques des invertébrés seront réalisés en suivant le protocole défini dans la note méthodologique-version 2 du 15 janvier 2007 : « Protocole de prélèvements sur le réseau de surveillance », Philippe Usseglio-Polatera, Université de Metz. Jean-Gabriel Wasson, Cemagref de Lyon. Note méthodologique ».

Le protocole consiste :

• à effectuer un relevé de la mosaïque des habitats dominants et marginaux de la station et de les identifier ;

• à réaliser 12 prélèvements au filet Surber de faune des invertébrés dans chacun de ces habitats ;

• à regrouper ces prélèvements dans trois bocaux (B1 : habitats marginaux par ordre d’habitabilité ; B2 : habitats dominants par ordre d’habitabilité ; B3 : habitats dominants au prorata de leur superficie). La note IBGN sera calculée en tenant compte de la liste faunistique issue du bocal B1 et du bocal B2.

• à établir trois listes faunistiques des taxons des invertébrés présents en fonction des habitats identifiés et regroupés par bocaux.

Le matériel utilisé dans cette phase est le même que celui de la norme IBGN (NF T 90- 350, mars 2004). Le niveau de détermination taxonomique est celui de la note méthodologique. Il peut être la classe, la famille ou le genre selon les groupes considérés. Toutefois, une identification à un niveau systématique plus précis (espèce) peut être réalisée pour les groupes taxonomiques à forte valeur indicatrice.

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2.6 Suivi piscicole

Les poissons sont étudiés par le Laboratoire d’Hydrobiologie et d’Ichtyologie de l’Université de Provence (Aix-Marseille) sous la responsabilité du Pr Remy CHAPPAZ. Outre leurs sensibilités aux pollutions, une attention particulière a été portée au lien invertébrés/habitat et densité des populations piscicoles.

Deux stations ont été sélectionnées aux Henris et aux Coudoulets (stations 02 et 03 ). Elles font déjà l’objet d’un suivi régulier depuis une dizaine d’années et ont été échantillonnées en 2007.

Les populations d’apron seront bien évidemment particulièrement surveillées, la station des Henris présentant des fortes densités pour cette espèce.

L'inventaire du peuplement ichtyologique a été réalisé par pêche électrique. La technique utilise une cathode fixe (grille métallique) immergée dans la rivière, et une anode constituée d'un anneau de cuivre fixé au bout d'une perche manipulée par un opérateur qui "pêche" de façon systématique en remontant le ruisseau vers l'amont de la station. L'équipe de pêche comprend au moins six personnes : le porteur d'anode, deux porteurs d'épuisettes, un ou deux porteurs de seaux et une personne chargée de la sécurité. Une fois les poissons capturés, ils seront anesthésiés puis pesés et mesurés au gramme et au centimètre près. Ils sont ensuite remis à l’eau dans les meilleures conditions.

Les inventaires sont réalisés en septembre , avant les lâchers à la même période que les invertébrés benthiques. Les pêches sont programmées à cette période car les individus nés dans l’année, au printemps, ne sont capturables qu’en fin d’été.

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3. RESULTATS

Les données brutes de l’ensemble des mesures effectuées (relevés topographiques et descriptifs) sont en annexe 1 .

3.1 LES FACIES D’ECOULEMENT ET LES DEBITS

3.1.1 LES DEBITS

Les débits ont été mesurés à chaque campagne et à chaque station au droit du transect qui présentait la meilleure section. Les résultats donnent le graphique suivant :

Résultats des débits instantanés mesurés à chaque s tation et à chaque campagne

Les débits sont identiques entre chaque campagne et toujours supérieurs à la valeur du débit réservé délivré au barrage de la Saulce (2,2 m3.s-1). Les débits avoisinent 3 m3.s-1 et sont légèrement supérieurs à ceux mesurés en 2007 grâce à l’apport des petits affluents du tronçon qui ont un débit plus soutenu qu’en 2007. Les écarts entre stations sont toutefois plus marqués pour la première campagne avec une croissance nette d’amont en aval mais surtout entre les stations 02 et 03 (apports du Sasse et de quelques petits affluents). Les différences observées sur la station 03 entre les deux campagnes sont difficilement explicables (marge d’erreur de l’appareil, effet d’un orage…).

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3.1.2 LES FACIES D’ECOULEMENT

Sur chaque station, des transects perpendiculaires à la vallée ont été positionnés sur les faciès à écoulement rapide rencontré, avec un ou deux transects par faciès. La clé de détermination des faciès est disponible en annexe 2 .

Sur ces transects, les coordonnées de plusieurs points ont été enregistrées (environ 60 à 90 points par station). Parallèlement, une mesure de la vitesse d’écoulement, de la hauteur de l’eau et un descriptif du substrat est réalisée.

Les faciès de chaque station sont représentés sur les cartes suivantes ainsi que la position des transects réalisés. Trois faciès ont été suivis : le radier, le plat courant et le rapide.

Station 01, en amont du pont de Monetier-Allemont.

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Station 02, au lieu-dit les Henris

Station 03, au Coudoulets, en amont de la zone influ encée par la retenue de Saint Lazare

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Les lâchers n’ont pas entraîné de changement profond dans la succession des faciès d’écoulement et dans leur morphologie. Quelques modifications légères sont observées à l’échelle des points suivis, hauteurs d’eau ou vitesses de courant.

D’un point de vue des vitesses d’écoulement , les mesures effectuées le long des transects permettent de comparer les stations entre elles. Comme en 2007, les vitesses lentes, inférieure à 30 cm.s-1 ont servi de base de comparaison entre les stations et entre 2007 et 2009. Cette vitesse limiterait, sur la Durance et d’après le diagramme de Hjulström (Etude d’impact Ste tulle, 2001), les dépôts fins. Par contre, elle n’influence pas le décolmatage.

Cette comparaison amène à l’établissement du graphique suivant qui ne peut toutefois être considéré comme représentatif de l’ambiance de la station. Il donne néanmoins des indications sur les capacités de transport ou de dépôts à l’échelle des transects étudiés, et sur l’évolution des vitesses entre les campagnes.

Pourcentage des vitesses inférieures à 0,3 m/s sur c haque station pour les trois campagnes

Le graphique précédent montre :

� Une faible proportion de vitesses inférieures à 30 cm.s-1, et à priori, des stations dévaforables aux dépôts de limons. Seule la station 02 présente plus de zones potentielles de dépôts. Cette zone est identifiée dans un bras mort à demi-ouvert et dont l’épaisseur de limon peut atteindre 80 cm d’épaisseur (voir photo suivante).

� La représentativité des vitesses inférieures à 30 cm.s-1 est quasiment identique avant et après le lâcher. Seule la station la plus en aval montre des différences significatives avec un creusement en amont du radier qui se traduit par une diminution des vitesses d’écoulement. Cette station a donc légèrement évolué après le lâcher avec quelques modifications morphologiques qui pose la question de la comparaison avant/ après lâcher. L’influence de la retenue de saint Lazare, celle de la reprise de l’ancien plan d’eau de la Fédération de pêche ou l’influence du Sasse sur les débits sont autant d’hypothèse qu’il faudra intégrer à la réflexion.

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Maison Régionale de l’Eau 14 Suivi du colmatage en Durance

Dépôts de limons très épais dans un bras mort de la station 02, Les Henris

Les faciès rencontrés et la morphologie du cours d’eau ont par ailleurs beaucoup évolué depuis 2007, notamment à cause de la crue morphogène du printemps 2008. D’ailleurs, tous les transects ont dû être repositionnés. Le graphique suivant compare les vitesses de la dernière campagne hivernale.

Les vitesses supérieures à 30 cm.s-1 sont mieux représentées, sauf sur la station 02 qui est influencée par le bras mort latéral qui constitue un cas particulier par rapport aux faciès de la station.

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Maison Régionale de l’Eau 15 Suivi du colmatage en Durance

En résumé :

� Des débits supérieurs au débit réservé, avec peu d’ évolution

amont- aval.

� Des débits supérieurs à ceux de 2007 indiquant un a pport plus

conséquent des affluents.

� Une étude centralisée sur les faciès à écoulement r apide

(radier, plat courant et rapide).

� Une faible proportion de vitesses d’écoulement infé rieure à 0,3

m.s -1, vitesse en dessous de laquelle les dépôts sont fa vorisés.

� La station 02 aux Henris est influencée par un bras mort latéral

comportant des dépôts très épais (env. 80 cm max).

� Les évolutions de faciès ou de vitesses sont quasim ent nulles

entre les deux campagnes sauf sur la station des Co udoulets.

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Maison Régionale de l’Eau 16 Suivi du colmatage en Durance

3.2 LE SUBSTRAT : GRANULOMETRIE DOMINANTE ET ACCESS OIRE

La granulométrie du substrat est déterminée sur la base des codes utilisés dans la méthode des microhabitats (CEMAGREF, 1998). Trois paramètres descriptifs sont employés :

• la granulométrie dominante ;

• la granulométrie accessoire ;

• le plus gros diamètre observé autour du point décrit.

Le diamètre pris en compte est toujours le deuxième axe de l’élément minéral considéré selon le schéma suivant :

Les codes utilisés sont les suivants :

Substrat Code Diamètre du deuxième axe Couleur employée

Bloc B 256 à 1024 mm

Pierres Grossières PG 128 à 256 mm

Pierres fines PF 64 à 128 mm

Cailloux grossiers CG 32 à 64 mm

Cailloux fins CF 16 à 32 mm

Graviers grossiers GG 8 à 16 mm

Graviers fins GF 2 à 8 mm

Sables grossiers SG 0,5 à 2 mm

Sables fins SF 62,5 à 500 µm

Limons L 2 à 62,5 µm

Les descriptions granulométriques de chaque point sont en annexe 3 sur les planches 1 à 3 .

1er axe

2nd axe

Page 20: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 17 Suivi du colmatage en Durance

Le graphique suivant montre la répartition entre les classes granulométriques de chaque station :

Rappel des codes utilisés :

Substrat Code

Bloc B

Pierres Grossières PG

Pierres fines PF

Cailloux grossiers CG

Cailloux fins CF

Graviers grossiers GG

Graviers fins GF

Sables grossiers SG

Sables fins SF

Limons L

Répartition des classes granulométriques (campagne initiale- 24 septembre 2009)

La répartition des classes granulométriques sur l’ensemble du lit majeur montre une dominance des cailloux fins et grossiers. La variété granulométrique est aussi relativement faible. Sables, pierres et blocs ne sont pas bien représentés. La station 02 est particulière car ce sont les limons qui dominent sur cette station. Ils représentent plus de 60% des points décrits. Sur les autres stations, les limons ne dominent plus qu’au alentour de 30% des points observés. La station 02 est fortement influencée par les points situés dans le bras mort et la zone de dépôt.

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Maison Régionale de l’Eau 18 Suivi du colmatage en Durance

Répartition des classes granulométriques (campagne post-lâcher – 4 octobre 2009)

D’un point de vue de la description granulométrique, la situation après lâcher est très proche de celles avant le lâcher. Seule la granulométrie accessoire est plus variée et les limons ont légèrement régressées.

Les substrats présentant accessoirement des limons mais où les éléments minéraux de plus grande taille dominent, semblent perdre leur composante limoneuse.

En général et comme le montre les vues en plan mises en annexe 3, les limons dominent sur les bordures du lit mouillée ou dans des zones lentes de dépôts. Les points situés dans l’axe du cours d’eau et qui sont souvent ceux qui présentent les plus fortes vitesses d’écoulement, sont les points qui ont le plus été modifié entre les deux campagnes.

Le départ d’une partie du limon se traduit par une dominance plus forte du sable et du granulat. Néanmoins, quand le limon est dominant, il reste souvent dominant après le lâcher.

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Maison Régionale de l’Eau 19 Suivi du colmatage en Durance

Le graphique suivant établit un bilan en focalisant uniquement sur le nombre de points où le limon est dominant :

Répartition des limons dominants entre chaque campa gne et entre chaque station

Il convient de signaler que cette analyse s’effectue sur l’ensemble des points décrits et pas seulement sur les points situés dans l’eau comme c’est le cas pour les niveaux de colmatage. Par ailleurs, les niveaux de colmatage sont beaucoup plus précis que cette description.

La dominance des limons est identique entre les deux campagnes. Les points sont surtout situés hors d’eau sauf sur la station 02 qui, là aussi, est influencée par la présence d’une zone de dépôt.

Répartition des limons dominants – points situés da ns l’eau

Page 23: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 20 Suivi du colmatage en Durance

Les légères différences observées sont dues aux points situés dans l’eau qui ne représentent plus que 10% de l’ensemble des points décrits, sauf la station 02. Elles sont surtout visibles sur la station amont, la plus proche du barrage de la Saulce. Hors d’eau, la situation est stable. Le lâcher ne semble pas avoir modifié l’état des premières terrasses.

En résumé :

� Avant les lâchers, les limons constituent la granul ométrie

dominante sur près de 30 à 60% des points décrits, dont environ

10 à 40% sont situés dans l’eau.

� Les limons dominent sur les premières terrasses et sur les

bordures du lit mouillé à l’exception des zones de dépôts situées

dans l’eau comme sur la station 02.

� Les cailloux fins et grossiers constituent la deuxi ème

granulométrie dominante.

� Le lâcher n’a pas d’effet significatif sur la granu lométrie

dominante des substrats.

� Les différences observées sont dues aux points situ és dans le lit

mineur.

� Une partie des limons semble toutefois avoir été re pris par le

lâcher mais influence surtout la granulométrie acce ssoire qui est

plus variée.

� Sable et granulat sont accessoirement plus représen tés après le

lâcher.

Page 24: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 21 Suivi du colmatage en Durance

3.3 LE COLMATAGE

Le colmatage est décrit selon le test visuel utilisé par le CEMAGREF dans le cadre d’une étude en cours en moyenne Durance (échelle de 1 à 5 du moins colmaté au plus colmaté). Hormis les épisodes de grosses crues, l’ensemble du tronçon est soumis au débit réservé du barrage de La Saulce. Les niveaux 4 et 5 de colmatage ont été identifiés par des couleurs vives car ils constituent deux niveaux qui présentent une absence de rugosité sur le fond du cours d’eau. Hors la rugosité est un paramètre fondamental qui améliore les capacités d’accueil notamment pour nombre d’espèces piscicoles.

3.3.1 STATION 01 AMONT

Cette station est située au niveau de la commune de Monetier-Allemont, à environ 10 km du barrage de la Saulce.

Comme le montre les graphiques suivants, le colmatage est maximal sur les bordures avec une dominance des niveaux 3 à 5. Après le lâcher, les niveaux 4 et 5 ont régressé au profit des niveaux 2 mais surtout 3. Le niveau 1 n’est jamais atteint mais le gain est surtout sensible dans l’axe du cours d’eau, sur une zone assez restreinte en largeur.

Campagne initiale (24/09/09)

Page 25: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 22 Suivi du colmatage en Durance

Campagne post-lâcher (04/10/09)

3.3.2 STATION 02 A MONETIER

Le décolmatage est identique en termes d’efficacité que sur la station précédente. Les différences observées sont minimes mais les secteurs de dépôts et de limons dominants influencent fortement les résultats. Quelques points situés en pleine eau présentent un niveau de colmatage plus faible après lâcher entraînant l’apparition du niveau 2 de colmatage. L’épaisseur de limon a diminué en amont mais ne modifie pas l’état du colmatage sauf un point central qui passe du niveau 5 au niveau 4. Le gain est surtout visible sur le radier et le rapide sur les points qui ne sont pas de niveau 5.

Page 26: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 23 Suivi du colmatage en Durance

Campagne initiale (24/09/09)

Campagne post-lâcher (05/10/09)

Page 27: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 24 Suivi du colmatage en Durance

3.3.3 STATION 03 AUX COUDOULETS

Le niveau de colmatage initial dans le lit mineur est assez bas (niveaux 3 et 4 dominant) et ce sont plutôt les bordures qui sont affectées. Après le lâcher, les niveaux de colmatage les plus élevés ont légèrement diminué, en particulier le niveau 4. Le niveau 3 est mieux représenté et le niveau 2 apparaît de nouveau. Le niveau 5 a légèrement progressé mais les zones favorables au dépôt sont plus nombreuses (voir page 13). La morphologie de la station a évolué et les vitesses d’écoulement lent sont plus représentées.

Campagne initiale (24/09/09)

Page 28: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 25 Suivi du colmatage en Durance

Campagne post-lâcher (05/10/09)

3.3.4 SYNTHESE SUR LE COLMATAGE

Les niveaux 04 et 05 ont été considérés comme les niveaux les plus contraignants dans la mesure où ils initient une absence totale de rugosité sur le fond du cours d’eau. Le fond s’apparente alors à une dalle lisse qui est beaucoup moins accueillante pour la faune aquatique et notamment les poissons tels que les aprons.

Le graphique suivant résume l’état du colmatage avant les lâchers sur l’ensemble des stations et pour l’ensemble du bief :

Page 29: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 26 Suivi du colmatage en Durance

Répartition des niveaux de colmatage par stations e t pour l’ensemble du bief avant lâcher

La station la plus colmatée est la station 02 avec près de 70% des points de niveau 5. En 2007, 70% des points étaient déjà de niveaux 4 ou 5. Ce taux élevé est dû à la présence d’un faciès lent de dépôt en amont du radier et d’un bras mort latéral déjà évoqué. Les transects devront être à l’avenir mieux positionnés pour éviter ces zones rendant difficiles les interprétations. Une réduction de la longueur du transect, centré sur le cours d’eau peut être envisagé.

Les autres stations sont moins colmatées. Les niveaux 4 et 5 représentent 60 à 50% des points décrits. Cet état du colmatage est pire qu’en 2007 sur l’ensemble des trois campagnes réalisées et constitue un état particulièrement contraignant.

La totalité des points étudiés donne donc un niveau de colmatage assez élevé mais qui est fortement influencé par le niveau de colmatage de la station 02. On remarquera aussi l’absence de niveau 1 et la très faible représentativité du niveau 2.

Page 30: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 27 Suivi du colmatage en Durance

Le graphique suivant est établi sur la même base, mais après le lâcher :

Répartition des niveaux de colmatage par stations e t pour l’ensemble du bief après lâcher

Le niveau 5 a légèrement régressé sur les stations 01 et 02. Il a progressé sur la station 03 mais les vitesses d’écoulement après lâcher sont plus favorables aux dépôts. A l’inverse, le niveau 2 est le niveau qui a le plus progressé et représente environ 10% des points décrits ce qui est relativement faible. Pratiquement aucun point n’est passé au niveau 1.

Le bilan est assez positif sur la première station, la plus en amont, puisque les niveaux de colmatage 4 et 5 ont régressé et passe de près de 65% de représentativité à moins de 45% dont plus de 10% de point au niveau 2. Cela paraît être une représentativité assez faible mais ce sont souvent ces zones là qui ont un rôle biologique important.

Les niveaux de colmatage régressent aussi sur la station 02 mais ce gain est moins visible sur le graphique à cause des zones lentes de dépôt. L’analyse en plan montre que le gain est effectif sur les points situés dans le radier et le rapide.

Enfin, la troisième station la plus en aval est un cas particulier car les faciès d’écoulement ont été modifiés entre les deux campagnes et la station est plus favorable aux dépôts avant qu’après le lâcher. Le gain est surtout visible sur le radier et le rapide.

Les points situés dans des faciès très lents avec des dépôts épais (niveau 5) peuvent être retirés de l’analyse. Le décolmatage de ces secteurs nécessiterait un débit beaucoup plus élevés que ceux testés. Les dépôts diminuent en épaisseur après chaque lâcher mais aucune rugosité de surface n’apparaît.

Page 31: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 28 Suivi du colmatage en Durance

Les points retirés sont donnés dans le tableau suivant :

Stations Points enlevés Faciès, position

Station 02, Les Henris B1 à B23 Fin de plat lent

Station 02, Les Henris B38 à B54, B82 à B87 Bras mort latéral

Station 03, Les Coudoulets C1 à C5, C33 à C35 Plage de bordure

Ce retrait permet de construire le graphique suivant, plus représentatif de l’effet du lâcher dans les zones du lit vif et principalement sur les faciès rapides de la rivière :

Répartition des niveaux de colmatage par stations e t pour l’ensemble du bief avant lâcher

Répartition des niveaux de colmatage par stations e t pour l’ensemble du bief après lâcher

Page 32: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 29 Suivi du colmatage en Durance

Même si les conclusions sont identiques avec une progression significative du niveau 2 dans le chenal central. Les deux graphiques précédents donnent une image plus représentatives des secteurs qui pourraient être utilisés par la faune aquatique et notamment les cyprinidés d’eau vive.

Un bilan à l’échelle du tronçon (la Saulce – Sisteron) peut être réalisé en prenant, cette fois, l’ensemble des points relevés. Il donne le graphique suivant :

Répartition des niveaux de colmatage à l’échelle du bief étudié

Le bilan à l’échelle du tronçon est mitigé avec un gain très réduit sur le décolmatage des substrats. Les niveaux 4 et 5 ont légèrement diminué au profit du niveau 2. Si les points situés dans les zones de dépôts sont retirés, le niveau 2 passe de 8 à 11% et ne modifie pas ce graphique à l’échelle du tronçon de cours d’eau. Au-delà, il est difficile de savoir, avec le niveau de connaissance actuelle des espèces, si cet état est suffisant pour améliorer les conditions du milieu et quel serait le niveau à atteindre pour améliorer le fonctionnement du cours d’eau. En tout état de cause, le gain entre les deux campagnes semble très faible. La crue du printemps 2008 et les évènements hydrologiques qui ont suivi ont probablement aussi eu un impact sur les niveaux de colmatage qui était particulièrement élevés avant le lâcher.

Page 33: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 30 Suivi du colmatage en Durance

En résumé :

� Une très faible évolution des niveaux de colmatage après lâcher.

� Une augmentation du nombre de point de niveau 2 et 3 mais une très

faible diminution du niveau 5.

� Une représentativité douteuse de certaines stations ou certains points.

� Le débit de 60 m 3.s-1 semble moins efficace mais le niveau de colmatage

initial est beaucoup plus élevé qu’en 2007.

� Les faibles gains observés suffisent-ils pour améli orer les conditions du

milieu ?

Page 34: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 31 Suivi du colmatage en Durance

3.4 LES PROFILS EN TRAVERS

Les profils de chaque station sont en annexe 4 . Ils représentent une coupe en travers du cours d’eau à la verticale de chaque transect. Il apparaît essentiel de garantir un débit qui ne provoque ni érosion régressive, ni changement morphologique profond.

Quelques modifications de profils sont observées avant et après les lâchers. Il s’agit souvent de modifications très légères, de l’ordre de quelques centimètres et qui transcrit souvent une épaisseur moins importante de limon.

Il n’y a donc pas d’incidences significatives du débit lâché sur les profils en travers de chaque station suivie.

En résumé :

� De très faibles modifications à l’échelle des trans ects.

� Une incidence du lâcher à ce débit qui peut être co nsidérée comme

non significative.

Page 35: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 32 Suivi du colmatage en Durance

3.5 REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE

Colmatage de niveau

3 à 5 des bordures

sur la station 02 à

Monetiers et

développement algal

favorisé

Colmatage de niveau 4 sur

les bordures et zones lentes

de dépôt sur la station 03

aux Coudoulets

Page 36: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 33 Suivi du colmatage en Durance

Comparaison avant et après le lâcher au niveau d’un radier situé au pont de Montiers. Les niveaux de

colmatage est presque identique mais le périphyton et les algues ont disparu

Page 37: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 34 Suivi du colmatage en Durance

Zone de dépôt sur la station 02 des Henris

après le lâcher. Zone annexe latérale avec

d’importante épaisseur de limons.

Colmatage toujours de niveau 4 sur les

bordures et zones lentes de dépôt sur la

station 03 aux Coudoulets

Colmatage toujours de niveau 3 à 4 sur les

zones rapides sur la station 02 aux Henris

et panache de matières en suspension.

Page 38: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 35 Suivi du colmatage en Durance

3.6 LES INVERTEBRES BENTHIQUES

3.6.1 CAMPAGNE D ’ECHANTILLONNAGE

La campagne d’échantillonnage a eu lieu les 24 et 25 septembre 2009, avant le lâché du 1er octobre. L’analyse de ce compartiment sert d’état des lieux initial avec, cette année, un niveau de détermination plus poussée et quatre prélèvements en plus prenant en compte les habitats marginaux. Cette analyse permettra de suivre les évolutions du peuplement au fil des années et des expérimentations. Une attention particulière sera apportée aux traits biologiques dominants du peuplement.

3.6.2 DESCRIPTION DES HABITATS

Avant de réaliser les prélèvements, il est nécessaire d’estimer la surface de recouvrement relative des différents supports minéraux et organiques (liste définie selon la norme IBGN, AFNOR, 2004) sur l’ensemble de la station. Dans la définition des supports à prélever, la scission du support IBGN actuel « éléments organiques grossiers » en deux supports distincts (« litière » et « racines et branchages ») est préconisée.

En continuité avec la norme IBGN, il est défini dans la circulaire DCE 2007/22 du 11 avril 2007 :

• les supports « dominants », dont la superficie représente plus de 5% de la surface mouillée de la station ;

• les supports « marginaux » représentatifs, dont la superficie représente au maximum 5% de la surface mouillée de la station, mais dont la présence n’est ni exceptionnelle, ni liée à des structures artificielles (ponts, enrochement…).

Rappelons que l’ « habitat » est la combinaison d’un substrat et d’une classe de vitesse.

La description des habitats prélevés est disponible en annexe 5.

3.6.3 ANALYSE DU PEUPLEMENT

3.6.3.1 Evolution des richesses et densités (IBGN D CE)

La description des habitats échantillonnés est donnée en annexe 1. Rappelons que, suivant le protocole DCE, les résultats au niveau de la station regroupent douze prélèvements. De plus, la détermination s’effectuant au genre pour de nombreux groupes (et non à la famille comme pour l’IBGN classique), les richesses taxonomiques sont plus élevées, et donc non comparables, avec les valeurs obtenues par l’IBGN classique.

Page 39: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 36 Suivi du colmatage en Durance

Richesses taxonomiques et densités dans les trois s tations d’étude de la Durance (prélèvements IBGN

DCE de 0,6 m² par station, réalisés le 24 septembre 2009)

Les densités varient de 4 270 individus/m² à la station Monetier (station 01) à 3 258 individus/m² à la statons Les Henris (station 02). Ces valeurs moyennes, proches des valeurs observées dans les cours d’eau de montagne, traduisent un milieu relativement peu accueillant.

Les richesses sont homogènes : elles varient de 25 taxons à la station 01à 29 taxons aux deux autres stations. Ces valeurs moyennes restent conformes aux valeurs observées dans ce type de cours d’eau.

3.6.3.2 Composition du peuplement (IBGN DCE)

La liste faunistique des IBGN DCE est donnée en annexe 6. Dans le tableau présenté ci-dessous, les taxons dont l’abondance relative totale dépasse 1% sont indiqués.

Abondance relative des principaux

taxons présents dans les stations

d’étude, richesse et diversité exprimée

par l’indice de Shannon et l’équitabilité.

3423

4270

3258

29

25

29

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

Monetier Les Henris Coudoulets

nb d

'indi

vidu

s pa

r m²

0

5

10

15

20

25

30

35

nb d

e ta

xons

densité (ind/m²)

richesse

station 01 station 02 station 03Monetier Les Henris Coudoulets

Baetis 28,4 15,4 17,3 21,1

Hydropsyche 17,4 18,7 25,0 20,1

Elmis 13,1 17,9 6,4 12,4

Chironomidae 11,9 2,4 21,2 12,0

Cheumatopsyche 1,6 11,9 4,1 5,5

Simuliidae 2,4 9,2 4,1 4,9

Hydroptila 9,6 0,2 1,5 4,3

Corixinae 0,0 0,0 13,4 4,2

Gammarus 3,7 8,3 0,2 4,0

Radix 4,5 0,3 0,0 1,8

Caenis 0,0 4,9 0,5 1,6

Physa 1,9 0,2 1,3 1,2

Ecdyonurus 0,1 2,1 1,4 1,1

richesse totale 25 29 29

Shannon 3,1 3,4 3,1

Equitabilité 0,67 0,70 0,64

Page 40: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 37 Suivi du colmatage en Durance

Le peuplement des trois stations est dominé par des taxons relativement banaux, courants dans ce type de cours d’eau (genres Baetis, Hydropsyche, Elmis). L’abondance du Trichoptère Cheumatopsyche est cependant à signaler. Bien que présentant une répartition relativement large sur l’ensemble du territoire français, sa présence n’est pas habituelle dans les cours d’eau de la région. Au regard de la typologie et ses tendances eurythermes, il se développe plutôt dans les régions de plaine, et caractériserait la zone de transition entre le rhithron et le potamon. Il présente sa plus grande abondance dans la station 02 (les Henris).

Certains taxons dominants, comme les Baetis ou les Elmis, sont favorisés par le développement du biofilm qui constitue leur nourriture essentielle. Ce développement est directement lié aux concentrations en sels nutritifs dans le milieu. D’autres, comme les Chironomidae, les Simuliidae et les Hydropsyche, sont favorisés par le flux ou les dépôts de matière organique fine. Leur abondance dans l’ensemble des stations traduirait donc un enrichissement organique du milieu.

La diversité est relativement élevée dans l’ensemble des stations. Elle indique l’absence de prolifération excessive d’un ou plusieurs taxons. Elle est maximale dans la station les Henris, qui présente donc le peuplement le plus équilibré.

Le peuplement des trois stations est globalement pr oche . La distribution des abondances exprimée au travers des indices de diversité, indique un peuplement relativement stabilisés, sans déséquilibre flagrant. Il est dominé par des taxons banaux, pour la plupart favorisés par les apports organiques (Hydropsyche, Chironomidae) ou le développement du biofilm (Baetis).

3.6.3.3 Les traits biologiques des espèces présente s

Les traits biologiques rendent compte des caractéristiques biologiques, physiologiques et écologiques des taxons présents. Pour chaque genre ou espèce, un degré d’affinité (échelle de 1 à n) est donné pour chaque modalité du trait considéré. En tout, 22 traits sont déterminés allant du mode d’alimentation à la distribution longitudinale.

Le trait choisi dans le cadre du suivi des invertébrés et qui semble le plus adapté à la problématique limon est le trait « microhabitat » qui regroupe 8 modalités définies ainsi :

1 Dalles, blocs, pierres, galets

2 Graviers

3 Sable

4 Limon

5 Macrophytes, algues filamenteuses

6 Microphytes

7 Branches, racines

8 Litières

Microhabitat (préférendum)

9 Vase

L’analyse par station consiste à pondérer les traits biologiques dominants de la station par les effectifs de chaque taxon et de calculer la fréquence de chaque modalité du trait biologique considéré.

Les fréquences peuvent ensuite être rassemblées sur un histogramme caractérisant chaque stations.

Page 41: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 38 Suivi du colmatage en Durance

Cette analyse donne lieu au graphique suivant :

0

5

10

15

20

25

30

dalles, blocs,

pierres, galets

graviers sable limon macrophytes,

algues

filamenteuses

microphytes branches, racines litière vase

Fré

qu

en

ce e

n %

Modalités

Station 01

Station 02

Station 03

Répartition en fréquence des modalités du trait bio logique « microhabitat »

Les trois stations sont relativement homogènes mais leur biotypologie est relativement proche avec un cortège d’espèces assez proches. Le graphique rend compte des grandes tendances et des habitats dominants sur La Durance. Les taxons qui ont une affinité plus forte pour les éléments minéraux type pierres et galets ou graviers dominent. La modalité liée aux algues filamenteuses est aussi très développées rendant compte des développements observés sur l’ensemble des stations, en particulier en fin d’été.

Les taxons qui ont une affinité avec les limons représentent moins de 3% en fréquence d’apparition mais les habitats constitués uniquement de limons sont assez marginaux et représentent moins de 5% de la surface totale de la station.

Des différences apparaissent entre les stations mais elles ne sont pas vraiment significatives même si elles sont en cohérence avec les niveaux de colmatage.

La dominance et la répartition des modalités rajoutent un paramètre qui pourra être, à l’avenir, comparé aux futures campagnes dans le cadre du suivi du compartiment des invertébrés benthiques.

Page 42: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 39 Suivi du colmatage en Durance

3.6.3.4 Interprétation des IBGN

A partir des prélèvements réalisés en suivant le protocole d’échantillonnage DCE, il est possible de calculer une note IBGN. Seuls les huit prélèvements regroupés dans les bocaux B1 (habitats marginaux) et B2 (habitat dominants) sont pris en compte pour le calcul de la note.

Rappel du code des couleurs :

I.B.G.N. ≥ 17 16-13 12-9 8-5 ≤ 4

Couleur

REMARQUE :

Les classes de qualité du SEQ-Eau sont définies comme suit :

• la classe BLEUE - "très bonne qualité" -

Situation identique ou très proche de la situation naturelle non perturbée dite " de référence".

• la classe VERTE - "bonne qualité" -

Situation correspondant à des biocénoses équilibrées mais pouvant présenter des différences sensibles avec les valeurs de référence.

• la classe JAUNE - "qualité passable" -

Situation significativement différente de la situation de référence : disparition de la quasi-totalité des taxons caractéristiques et/ou déséquilibre notable de la structure des peuplements, avec toutefois maintien d’une bonne diversité des taxons.

• la classe ORANGE - "qualité mauvaise" -

Situation très différente de la situation de référence, caractérisée par une disparition complète des taxons les plus sensibles et/ou un déséquilibre marqué de la structure des peuplements, accompagnée d’une réduction marquée de leur diversité.

• la classe ROUGE - " qualité très mauvaise" -

Situation caractérisée par des biocénoses dominées par une diversité très réduite de taxons peu sensibles et généralement présents avec des abondances relatives fortes.

Page 43: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 40 Suivi du colmatage en Durance

� Station 01 (Monetier) – 24 septembre 2009

L’indice IBGN correspond à une qualité hydrobiologique passable .

Une richesse moyenne et un taxon indicateur moyennement polluo-sensible contribuent à l’obtention d’une note IBGN de 12/20. La densité est relativement peu élevée et n’indique pas de prolifération excessive. Avec près de 29% d’abondance relative, l’Ephéméroptère de la famille des Baetidae domine le peuplement, suivi du Trichoptère Hydropsychidae.

A cette station, la qualité biologique est passable. Les densités n’indiquent pas de prolifération excessive d’un ou plusieurs taxons. La dominance des Baetidae serait à relier au développement important du biofilm dont cet invertébré se nourrit. Celle des Hydropsychidae témoignerait d’un apport de matière organique que ce taxon exploite par filtration des eaux courantes. Le développement du biofilm et la présence d’un flux de matière organique seraient une conséquence des rejets d’eaux usées réalisés en amont.

� Station 02 (Les Henris) – 24 septembre 2009

station 01 Pont de Monetier

IBGN Note/20 12

Groupe indicateur Ephemeridae (moyennement polluo-sensible)

Qualité biologique Passable

Richesse Moyenne (22 taxons)

Densité (par m²) Moyenne (4 310 ind. /m²)

Taxons dominants 1 Baetidae (28,6%)

Taxons dominants 2 Hydropsychidae (15,4%)

station 01 Les Henris

IBGN Note/20 13

Groupe indicateur Ephemeridae (moyennement polluo-sensible)

Qualité biologique Bonne

Richesse Moyenne (25 taxons)

Densité (par m²) Moyenne (3 618 ind. /m²)

Taxons dominants 1 Hydropsychidae (33%)

Taxons dominants 2 Elmidae (21%)

Page 44: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 41 Suivi du colmatage en Durance

L’indice IBGN correspond à une qualité hydrobiologique bonne .

Le taxon indicateur est comme à la station précédente l’Ephéméroptère de la famille des Ephemeridae. La richesse taxonomique, bien que proche de la première station, est plus élevée de trois taxons, ce qui contribue à l’augmentation d’un point de la note IBGN. La qualité passe alors de la classe « passable » à « bonne ». La densité est moyenne et n’exprime pas de prolifération excessive. Le peuplement est dominé par les Hydropsychidae. L’abondance de ce taxon est à relier à un flux de matières organiques fines, conséquence probable de rejets d’eaux usées localisés sur le bassin amont.

A cette station, le gain de trois taxons par rapport à la précédente (Monetier) contribue à augmenter l’IBGN d’un point. La qualité biologique s’en trouve améliorée, bien que la dominance des Hydropsychidae fasse suspectée un enrichissement organique, consécutif à d’éventuels rejets d’eaux usées.

� Station 03 (Coudoulets) – 24 septembre 2009

L’indice IBGN correspond à une qualité hydrobiologique passable .

La richesse et la densité sont comparables à celles observées dans les deux stations localisées plus en amont, indiquant un peuplement proche et une productivité équivalente. Le passage de la classe de qualité « bonne » à la station Les Henris, à la classe de qualité « passable » à cette station, s’explique par la disparition du taxon indicateur de la famille des Ephemeridae. Il est remplacé ici par le Trichoptère faiblement polluo-sensible de la famille des Hydroptilidae. La disparition des Ephemeridae peut s’expliquer par la dégradation de la qualité du milieu entre les deux stations.

Avec 22% d’abondance relative, le Diptère de la famille des Chironomidae domine le peuplement, suivis du Trichoptère Hydropsychidae. Le peuplement serait donc influencé au niveau trophique un dépôt et un flux de matière organique, qui favorise les collecteurs de matières déposés et les filtreurs.

A cette station, la qualité biologique s’est dégradée part rapport à la station précédente, du fait essentiellement de la disparition de l’Ephéméroptère Ephemeridae. Les dominances constatées au sein du peuplement traduisent un flux et un dépôt de matières organiques fines.

station 01 Coudoulets

IBGN Note/20 11

Groupe indicateur Hydroptilidae (faiblement polluo-sensible)

Qualité biologique Passable

Richesse Moyenne (23 taxons)

Densité (par m²) Moyenne (4 310 ind. /m²)

Taxons dominants 1 Chironomidae (21,7%)

Taxons dominants 2 Hydropsychidae (20,2%)

Page 45: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 42 Suivi du colmatage en Durance

� Conclusion sur les IBGN

Les valeurs de limites de classe données ci-dessus tiennent compte du rectificatif de la norme IBGN NF T90-350, relatif au protocole de prélèvement et de traitement des échantillons d’invertébrés. Ce rectificatif permet d’interpréter les IBGN en intégrant les particularismes régionaux par la prise en compte d’Hydro-écorégion. Cependant, il apparait que pour les très « grands cours d’eau » de zone méditerranéenne (HER Méditerranée), exogènes des Hydro-écorégions Alpes interne et Préalpes du Sud, l’absence de référence nous oblige à se référer aux limites de classes non rectifiées

Récapitulatif des notes IBGN et des caractéristique s faunistiques de chaque station d’étude. L’IBGN 2 est

ici l’IBGN rectifié après le retrait du taxon indic ateur (IBGN consolidé).

Dans les trois stations d’étude, les richesses et les densités sont moyennes. Les premières varient de 22 taxons à Monetier (station 01) à 25 taxons à la station Les Henris (station 02). Les densités sont également comparables dans les trois stations. Les valeurs ne sont pas élevées : elles témoignent d’une productivité modérée du peuplement.

Les notes IBGN témoignent d’une qualité biologique passable à Monetier et aux Coudoulets. La qualité est qualifiée de bonne à la station Les Henris, grâce à une richesse taxonomique supérieure et à la présence en nombre suffisant des Ephemeridae. Le calcul de l’IBGN consolidé indique que les notes ne sont pas surestimées, l’écart avec l’IBGN calculé étant de zéro (station 03) à un point (station 01 et station 02).

L’examen des abondances relatives au sein du peuplement indique dans les stations 02 et 03 la dominance de famille de Diptères ou de Trichoptères dont le développement est favorisé par un flux ou un dépôt de matière organique. Ces apports seraient une conséquence d’éventuels rejets d’eaux usées réalisés en amont. Dans la première station, la dominance des Baetidae indique plutôt l’importance du biofilm comme source première de nourriture. Ce développement est favorisé par la présence de nutriments, issus de la dégradation des matières organiques.

La station 03 (les Coudoulets) semble être la station qui souffre le plus des apports organiques dégradant la qualité de l’eau, ce qu’indique la disparition totale du taxon le plus polluo-sensible (Ephemeridae). L’examen des listes faunistiques (voir annexe 3) indiquent la présence du Plécoptère polluo-sensible Perlidae. Bien que trop peu nombreux pour être pris en compte dans le calcul de la note IBGN, il est présent dans à Monetier (station 01) et aux Henris (station 02), mais totalement absent aux Coudoulets.

station 01 station 02 station 03Monetier Les Henris Coudoulets

Richesse 22 25 23Total 1724 1447 1245Densité (ind/m²) 4310 3618 3113Taxon indicateur Ephemeridae (6) Ephemeridae (6) Hydroptilidae (5)IBGN 1 12 13 11IBGN 2 11 12 11

Dominant 1 Baetidae (28,6%) Hydropsychidae (32,9%) Chironomidae (21,7%)

Dominant 2 Hydropsychidae (15,4%) Elmidae (20,7%) Hydropsychidae (20,2%)

Page 46: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 43 Suivi du colmatage en Durance

3.6.3.5 Conclusions et discussions

L’étude des peuplements faunistiques de la Durance entre le barrage de la Saulce et la retenu de St Lazare révèle dans les trois stations d’étude un peuplement présentant une richesse modérée, relativement diversifié et équilibré, sans prolifération excessive.

Le peuplement est dominé par des taxons banaux, dont l’abondance est favorisée, pour la plupart, par des apports de matière organiques fines ou le développement du biofilm. Une espèce habituellement peu commune dans les cours d’eau de la région, Cheumatopsyche lepida, indique par son abondance des conditions d’eurythermie. D’un point de vue typologique, elle caractérise la zone de transition entre le rhithron et le potamon. Elle est présente dans les trois stations, mais son abondance est maximale dans la station 02 (Les Henris).

Les notes IBGN calculées révèlent une qualité biologique passable dans la station 01 (Monetier) et la station 03 (Coudoulets). Elle peut être qualifiée de bonne dans la station 02 (Les Henris). Mais, les différences sont minimes entre les stations. L’augmentation de la note, et par conséquent le passage à une classe de qualité supérieure, entre la station 01 et la station 02, n’est due qu’à l’augmentation de trois taxons, le groupe indicateur étant similaire. Il est alors difficile de conclure que la différence de note exprime une amélioration de la qualité entre les deux stations.

En revanche, bien que la richesse taxonomique reste proche, la disparition du taxon Ephemeridae (taxon le plus polluo-sensible) à la station 03 (Coudoulets) peut s’expliquer par une dégradation de la qualité du milieu, du moins au niveau des sédiments.

L’examen des listes faunistiques au travers du régime alimentaires des taxons, permet d’indiquer que globalement, l’ensemble des stations est marquée par un enrichissement organique, qui privilégie les taxons se nourrissant de matières fines déposés ou en suspension dans l’eau. Le développement du biofilm, favorisé par la présence d’apports nutritifs dans l’eau, permet à des taxons « brouteurs » de substrat de se montrer abondant, en particulier à la station 01 (Monetier).

Il faut souligner également la présence dans les listes faunistiques, de Plécoptères polluo-sensibles de la famille des Perlidae, bien qu’ils soient trop peu nombreux pour être intégrer dans le calcul de l’IBGN. Leur développement est certainement limité par la pollution organique modérée de ce tronçon de la Durance. L’évolution des populations de Perlidae serait à surveiller dans le cadre de futurs suivis.

Page 47: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 44 Suivi du colmatage en Durance

En résumé :

� Station 01 (Monetier) : peuplement équilibré, riche sse et densité

moyenne, qualité du milieu passable.

� Station 02 (Les Henris) : peuplement équilibré, ric hesse et densité

moyenne, qualité du milieu bonne.

� Station 03 (Coudoulets) : peuplement équilibré, ric hesse et densité

moyenne, qualité du milieu passable, disparition du taxon le plus

polluo-sensible (Ephemeridae).

� Globalement : peuplement faunistique marqué par l’a bondance des

taxons se nourrissant de matière organiques fines : pollution

organique modérée du tronçon étudié.

Page 48: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 45 Suivi du colmatage en Durance

3.7 LES PECHES ELECTRIQUES (UNIVERSITE AIX-MARSEILLE III)

Le suivi piscicole est assuré par l’Université de Provence, Aix-Marseille III sous la direction scientifique du Pr Rémy Chappaz. Il a essentiellement pour but de mesurer l’impact de la chasse sur la population piscicole et plus précisément sur l’Apron, espèce endémique de la Faune de France.

En 2009, les pêches ont été réalisées avant la chasse de décolmatage qui a eu lieu le 01 octobre.

Ces deux stations ont déjà fait l’objet d’un suivi depuis plusieurs années, la station « Les Henris » dans le cadre du programme CSP BD05 et Université de Provence, la seconde dans le cadre d’études qui ont précédé et suivi le délimonage de la retenue de Sisteron.

3.7.1 CAMPAGNE D ’ECHANTILLONNAGE

La campagne de pêche électrique d’inventaire a été réalisée avant la « chasse » le 28 août 2009 sur la station « les Coudoulets », en amont de la commune de Sisteron (5 56 21 E, 44 12 43N) et le 25 septembre 2009 sur la station « les Henris », sur la commune du Poët (coordonnées 05 55 32 E, 44 18 48 N).

3.7.2 DESCRIPTION DES STATIONS

� Station « Les Henris » :

En 2008, la crue du printemps a complètement modifié la station (débit journalier 750 m3.s-1), la station est formée d’un énorme radier de près de 3000 m2, très large en partie amont et centrale (entre 19 et 32 m), le radier se comprime latéralement en un goulot d’étranglement, rapide dans son dernier quart, de 13 m de large. La station, prospectée sur un linéaire de 192 m, présente une grande gamme de profondeurs de 0,05 à 0,8 m et des vitesses très variables, nulles en bordure et supérieures à 1,5 m.s-

1 au niveau du goulot d’étranglement, la température est de 16,8°C et la conductivité de 535 µS.cm -2.

� Station « Les Coudoulets » :

Le 28 août 2009, la station se décline en deux radiers :

- le radier amont mesure 8 m au plus large et 89m de long, le courant est rapide,

- le radier aval à partir du virage correspondant à la falaise de poudingue à « guépiers », mesure 90 m de long, entre 7 et 20 m de large, la température est de 23,5°C et la conductivité de 585 µS.cm-2. Depuis la crue de 2008, dans le second radier, le substratum est formé de petits graviers homogènes de 0,5 à 2cm de diamètre.

Page 49: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 46 Suivi du colmatage en Durance

3.7.3 METHODE DE PECHE UTILISEE :

L’équipe est composée de sept à dix personnes dans l’eau : un porteur d’électrode quatre porteurs d’épuisettes, les membres restants s’occupant de la prise de notes, des mesures biométriques, de la gestion du fil, des seaux et de la sécurité à terre.

Tous les aprons capturés sont mesurés, pesés, puis ils sont remis à l’eau.

Chaque radier fait l’objet d’un inventaire par points de pêche, plus de 250 points de pêches ont été réalisés pour le radier « les Henris » et 20 points pour le radier plus réduit « les Coudoulets ».

Souvent, en Durance, les eaux peu transparentes et la vitesse du courant élevée, nous empêche une capture ponctuelle à l’épuisette. De plus, la capacité des aprons à se confondre avec le milieu environnant rend très difficile leur identification visuelle dans l’eau. Le barrage d’épuisettes est la méthode utilisée en Durance, par le laboratoire et l’ONEMA, depuis les premiers recensements d’aprons (Cavalli et al, 1998). Le porteur d’électrode pratique depuis l’amont vers les épuisettes un double mouvement de descente de son électrode, de haut en bas et de droite à gauche, de façon à diriger les poissons vers le barrage d’épuisettes.

Une surface de réception est délimitée par les quatre porteurs d’épuisettes (diamètre 0,50m) ces derniers se placent à l’aval et forment un barrage d’épuisettes de type fond surface, en général. Lorsque cela n’est pas le cas, une lame d’eau passe au dessus des épuisettes, au risque de perdre des aprons, même s’il s’agit d’un poisson benthique.

- la surface échantillonnée est de 6m2 (3x2m) environ, mais il est parfois difficile de connaître avec précision la surface exacte d’efficacité de l’électrode. Pour chaque station nous aurons deux estimations en relation avec la surface inventoriée soit 6 soit 8m2 par coup d’électrode.

- ne faisant qu’un seul passage nous avons fait deux types d’estimation (à partir de résultats obtenus sur des captures réalisées sur deux passages entre 1998 et 2002). La première estimation prend en compte que 5 aprons sont capturés sur 10 (efficacité 0,5), c’est le cas général lorsque les eaux sont claires et l’équipe de pêche entraînée à la pêche aprons. Mais nous avons aussi estimé un second seuil d’efficacité, 4 poissons sont capturés sur 10 présents en rivière. Ces estimations qui sont sans cesse réactualisées ont fait l’objet d’une procédure d’étalonnage en Durance, durant l’été 2007 avec l’ONEMA SD 05.

Nous obtenons donc à partir des individus réellement capturés sur les deux stations de la Durance un jeu de combinaisons dont les deux extrêmes sont :

Hypothèse basse : nous capturons 5 aprons sur 10

La surface de chaque point de pêche est de 6 m2

Hypothèse haute : nous capturons 4 aprons sur 10

La surface de chaque point de pêche est de 4 m2.

Page 50: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 47 Suivi du colmatage en Durance

3.7.4 RESULTATS

3.7.4.1 Résultats des pêches, espèces capturées

Sur la station « Les Henris », le blageon domine le peuplement 2009, l’apron représente numériquement la seconde espèce du radier ; on note la présence conjointe d’aprons et de chabots sur le même radier (figure ci après).

0

50

100

150

200

250

300

350

BLN BAF LOF CHA CHE TRF VAI APR

Nb

. in

div

idu

s

Espèces

sept-07

oct-07

oct-08

sept-09

Structure des peuplements en septembre et octobre 2 007, octobre 2008 et septembre 2009, sur la station les « Henris »

C’est un peuplement classique de cette partie de la Durance, classée seconde catégorie piscicole. Le peuplement présente de légères différences entre les campagnes, à l’exception de l’apron et du blageon qui restent stables, les autres espèces sont moins bien représentées lors de la campagne 2009. En 2008 et 2009, le nombre de Cyprinidés capturés est très faible.

Les loches semblent avoir « mal vécue » l’épisode lié à la crue du printemps 2008.

La station « Les Coudoulets » montrait un peuplement plus diversifié. La Blennie fluviatile, espèce envahissante en Durance avait fait son apparition dans les prélèvements, ainsi que le toxostome Chondrostoma toxostoma et le Hotu, Chondrostoma nasus (Figure 2).

En 2008 et 2009, la blennie a disparu de la station les « Coudoulets ».

Page 51: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 48 Suivi du colmatage en Durance

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

BLN BAF LOF CHA CHE TRF VAI APR HOT

Nb

. in

div

idu

s

Espèces

sept-07

oct-07

oct-08

sept-09

Structure des peuplements en septembre et octobre 2 007, 2008 et août 2009 sur la station les « Coudoulets »

Quelques espèces caractérisaient la station, le blageon, la loche, le chevaine mais leur abondance dans la zone de radier diminue entre les campagnes de 2007 et celle de 2009.

L’apron est présent lors des quatre campagnes ; mais ses effectifs sont plus réduits que sur la station Les Henris.

En 2008, la structure du peuplement présente quelques différences. Les espèces représentées sur la station par des individus de petites tailles et souvent benthiques, loches, blageons, aprons, barbeaux, montrent de très faibles effectifs, ; ce résultats est également observé en 2009. En 2008, la population de blennie semblait avoir disparue de la station, vraisemblablement en raison de la crue du printemps 2008. Sa présence est, de nouveau signalée, un peu plus en aval, mais sur le secteur le Sasse-St Lazare.

Histogrammes des captures d’aprons :

Sur la station « Les Henris » la population d’aprons est importante, 67 individus capturés en septembre 2007, 59 individus en octobre 2007 et 44 individus en octobre 2008 et 66 individus en septembre 2009. Les variations d’effectifs restent faibles entre les campagnes. De plus, l’histogramme des captures d’aprons montre une même population formée de plusieurs classes d’âges (figure ci- après).

Page 52: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 49 Suivi du colmatage en Durance

0

5

10

15

20

25

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

sept-07

0

5

10

15

20

25

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

oct-07

0

5

10

15

20

25

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

oct-08

0

5

10

15

20

25

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

sept-09

Histogramme des captures d’aprons lors des 3 campag nes station les « Henris ».

Le premier pic en 2009 (entre 45 et 75mm) correspond aux individus de la première cohorte, c'est-à-dire les 0+ qui sont de nouveau présents. Le second pic correspond aux individus de 2 et 3 ans. Toutes les classes de taille ne sont pas représentées : les 0+ sont absents en octobre 2008 en raison de la crue et de ce fait les 1+ sont absents en automne 2009.

Sur la station « Les Coudoulets » la population d’aprons est faible 14 individus capturés en septembre 2007, 8 individus capturés en octobre, 6 individus capturés en septembre 2008 et 6 individus en aout 2009. L’histogramme des captures, en septembre 2009, montre la présence d’un individu 0+ et de quelques rares individus1+ qui ont échappés à la crue 2008 (Fig.4.).

0

1

2

3

4

5

6

7

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

sept-07

0

1

2

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

oct-07

0

1

2

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

sept-08

0

1

2

35 45 55 65 75 85 95 105 115 125 135 145 155 165 175

sept-09

Histogrammes des captures d’aprons lors des quatre campagnes station les « Coudoulets »

Page 53: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 50 Suivi du colmatage en Durance

3.7.4.2 Estimations d’abondance

Suivant le mode opératoire défini dans le chapitre méthodologie, nous pouvons estimer l’abondance de l’aprons sur les deux secteurs étudiés.

La station « les Henris » montre une densité d’apron très variable. Les valeurs les plus faibles sont obtenues en octobre 2008 où la densité est comprise entre 0,77 et 1,28 individu pour 10m2 soit une population sur la station comprise entre 218 et 363 individus (Tableau I). Les valeurs les plus importantes sont rencontrées en septembre 2007, avant la « chasse », de 1,68 à 2,79 individus pour 10m2 (Fig.5). L’absence des jeunes individus 0+ explique cette chute de densité. La crue du printemps 2008 a eu un impact majeur sur la survie des juvéniles d’aprons. Par contre la chasse n’a pas eu d’impact sur les 0+ entre septembre et octobre 2007.

N° Radier Longueur largeur Surface Nb points Captures Su rfaces Ind/10m2Ind/station Surfaces Ind/10m2

Ind/station

Henris Sept 07 2200 100 67 800 1,68 369 600 2,79 614

Henris Oct 07 2200 100 59 800 1,48 325 600 2,46 541

Henris Oct 08 143 19,8 2831 143 44 1144 0,77 218 858 1,28 363

Henris Sept 09 192 13-32 4333 259 62 1554 0,80 346 1036 1,50 648

Coudoulets Sept 07 960 40 14 320 0,90 86 240 1,50 144

Coudoulets Oct 07 980 40 8 320 0,50 49 240 0,80 78

Coudoulets Sept 08 150 23,5 3525 31 6 250 0,5 169 186 0,8 284

Coudoulets Sept 09 179 7,5-12 1792,5 20 6 160 0,8 134 120 1,3 224

Estimations radiers

Hypot. Basse Hypot. Haute

Estimations de densités des aprons sur les deux sta tions et trois campagnes

En 2009, la densité des aprons à la station des « Henris » est comprise entre 0,8 et 1,50 ind.10m-2, c'est-à-dire que l’on n’observe pas de différences de densité importantes par rapport à l’automne 2008 (Fig.5). La différence majeure porte sur les classes d’âges représentées sur l’histogramme, les 0+ sont absents et les 1+ présents en 2008, les 0+ sont présents et les 1+ sont absents en 2009.

Estimations de densités d’aprons, station les « Henris » sur quatre campagnes

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

sept-07 oct-07 oct-08 aout 2009

NB

. In

div

idu

s/1

0m

2

Hypo.basse

Hypo. Haute

Page 54: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 51 Suivi du colmatage en Durance

La station « les Coudoulets » montre une densité d’aprons très variable. Les valeurs les plus faibles sont obtenues en septembre 2008, la densité est comprise entre 0,5 et 0,8 individus pour 10m2 (Fig. 6 et Tableau I). Ici aussi, les valeurs les plus importantes sont rencontrées en septembre 2007, avant la « chasse », de 0,9 à 1,50 individus pour 10m2. L’absence 2008 des jeunes individus 0+ explique cette chute de densité. La crue du printemps 2008 a eu un impact majeur sur la survie des juvéniles d’aprons. En 2009, la densité est légèrement plus forte qu’en 2008, les 0+ sont plus nombreux.

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

1,6

sept-07 oct-07 sept-08 Aout 2009

Nb

.in

d/

10

m2

Hypo.basse

Hypo. Haute

Estimations de densités d’aprons, station « les Cou doulets » sur quatre campagnes

L’effet crue 2008 se fait un peu moins sentir sur la densité en raison de la présence d’individus de 80-85 mm en septembre 2008.

3.7.4.3 Discussion

Description de l’assemblage piscicole et de la structure de la population d’aprons des deux stations :

En septembre et octobre 2007, les deux stations suivies sont assez similaires sur l’assemblage piscicole. Cependant, les populations d’aprons diffèrent en termes de densité et de structure de la population. Sur la station « les Henris », la population d’aprons est équilibrée, toutes les classes d’âges sont représentées y compris les juvéniles. Sur la station « les Coudoulets », la population d’aprons est déséquilibrée, les individus sont peu représentés dans les différentes cohortes, mais les juvéniles sont présents pendant les deux campagnes 2007. En 2008, les effets de la crue se font sentir et l’apron dont la reproduction a eu lieu avant la crue, paye un lourd tribu ; la classe d’âge 0+ est quasi-anéantie. En 2009, la reproduction a été réussie et si la classe d’âge 0+ est abondante la classe d’âge 1+ fait souvent défaut et de ce fait la densité n’est pas très élevée.

Page 55: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 52 Suivi du colmatage en Durance

Effet de la « chasse de décolmatage » à l’échelle du tronçon de moyenne Durance et en comparaison avec les années précédentes : Le laboratoire effectue un suivi des populations d’aprons à l’échelle du tronçon (Etude impact du curage St Lazare Novembre 2007 - UP/EDF, et étude semblable en 2008). Un des tronçons suivi est le tronçon de la moyenne Durance (entre le Sasse et le barrage de St Lazare). La station des Coudoulets (n°3) se situe sur ce tronçon. La statio n « les Henris » (n°2) se situe plus en amont. Les densités par station peuvent être repositionnées à une échelle spatiale plus large, celle du tronçon, pour analyser un possible effet de la chasse. En automne 2009, la densité d’aprons sur la station Les Henris est comprise entre 0,8 et 1,5 individus pour 10 m². A l’échelle du tronçon, excepté la zone directement liée au rejet de l’abattoir, la densité d’apron est comprise entre 0 et 4,7 individus pour 10m². Pour la station des « Coudoulets », en aout 2009, la densité est comprise entre 0,8 et 1,3 individus pour 10 m². Les effets potentiels de la chasse 2007 ont été masqués par la crue naturelle du printemps 2008 dont les conséquences se font sentir sur la densité de la population d’aprons en 2008 puis 2009. En 2009, on observe sur la station des Henris des effectifs de 0+ très importants, ce qui montre une bonne reproduction au printemps précédent. Cette bonne reproduction est peut être en lien avec le « nettoyage » des substrats par la crue du printemps 2008 ou par la chasse automnale mais il est impossible de discriminer les effets de ces deux phénomènes. Les deux stations suivies dans le cadre de l’étude semblent présenter un fonctionnement différent. La station des Henris présente un peuplement stable avec les différentes classes d’âge représentées. On peut supposer une reproduction sur la station ou dans une zone très proche. La station des Coudoulets semble correspondre depuis la crue du printemps 2008 et la modification du substratum, à une zone de transition où la présence d’aprons semble plus liée à des déplacements. Les deux stations apportent des informations complémentaires.

Page 56: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 53 Suivi du colmatage en Durance

En résumé :

� Pas d’impacts des lâchers sur le compartiment pisci cole.

� Une composition du peuplement identique avec des ab ondances

difficilement comparables.

� La crue du printemps 2008 qui a eu un impact très i mportant sur la

reproduction des aprons de l’année 2008.

� La reproduction de 2009 semble avoir été très effic ace mais il est

difficile de l’attribuer aux seuls lâchers.

Page 57: Suivi de la topographie et du colmatage de la Durance en

Maison Régionale de l’Eau 54 Suivi du colmatage en Durance

4. LIMITES, PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES

Ce suivi constitue un prolongement de l’approche qui avait été mise en œuvre en 2007 et qui encadre les lâchers effectués à partir du barrage de la Saulce. D’autres essais sont programmés en 2010 ce qui permettra d’affiner les orientations à suivre.

Les prochains essais devraient permettre :

� D’affiner la valeur de débit conciliant l’action de « nettoyage », la sécurité hydraulique, l’absence d’incidence sur les milieux aquatiques ou terrestres et les usages associés au secteur.

� De fixer une durée et une ou des périodes favorables aux lâchers afin de les optimiser dans le temps et l’espace.

� De fixer le nombre de lâchers utiles.

� De fixer des objectifs d’atteinte d’un niveau de colmatage permettant d’améliorer les conditions du milieu

� De vérifier les améliorations en suivant régulièrement et sur le long terme, les compartiments biologiques .

Les principales conclusions issues de cette étude peuvent être rapidement synthétisées :

� Le débit de 60 m3 semble être efficace pour « nettoyer » la partie superficielle du fond du cours

d’eau et ne provoquent pas de forts débordements.

� Le gain sur les niveaux de colmatage est toutefois relativement faible mais les niveaux de

colmatage initiaux beaucoup plus élevés qu’en 2007.

� Le gain est surtout visible sur les zones les plus rapides ou dans l’axe du cours d’eau. Ces zones

suffisent-elles pour améliorer de manière significative les conditions du milieu ?

Les enseignements de cette étude permettent d’orien ter les futurs essais . Malgré tout, le lien avec le compartiment biologique est essentiel et devra fixer les objectifs attendus de ces « nettoyages ».

Sur les débits :

Les essais à venir peuvent se réaliser avec des débits plus faibles afin d’élargir la gamme étudiée. Il serait opportun d’établir un essai à 40 m3.s-1.

A l’avenir, il serait utile d’effectuer d’autres essais avec un débit à 80 et à 60 m3.s-1.

Sur les périodes favorables et la fréquence des lâc hers :

Chaque année constitue un cas particulier et les suivis à venir permettront d’avancer sur cette question avec une vision pluriannuelle essentielle.

Des lâchers pourraient être envisagés à d’autres périodes que pendant l’automne, avec plusieurs lâchers par an comme évoqué en 2007 (lâchers de « nettoyage » et lâchers « d’entretien »). Il conviendra toutefois d’éviter des lâchers à débit élevé dans les périodes de reproduction ou d’alevinage soit entre février et mai.

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Maison Régionale de l’Eau 55 Suivi du colmatage en Durance

Le protocole de suivi peut être encore ajusté :

� Le suivi par transect peut être prolongé, mais en focalisant vraiment sur le lit mouillé et les faciès rapides pour s’affranchir des zones anne xes. La longueur du transect sera beaucoup plus courte mais le nombre de transect par faciès peut être encore augmenté (par exemple 4 à 5 transects par faciès d’écoulemen t). Le suivi des stations 2, 4 et 5 de la présente étude semble être suffisant mais il conviendra de limiter les points qui peuvent interférer dans le suivi.

� Les faciès d’écoulement type radier, rapides ou pla t courant, et plus généralement les faciès rapides doivent être suivis prioritairement .

� Le suivi des berges et premières terrasses peut être envisagé pour des débits supérieurs à 60 m3.s-1 mais doit être découplé du suivi du lit mouillé (transects différents choisis en fonction de chaque problématique). D’autres approches peuvent être envisagées : transects spécifiques, pose de substrat artificiel, pièges à sédiments, suivi d’une surface repérée, analyses granulométriques, mesure de l’épaisseur du sédiment…).

� le suivi invertébré et poisson doit être poursuivi chaque année au même moment soit idéalement au mois de septembre. Le suivi poisson peut être étendu en intégrant la station amont permettant de comparer les données avec l’aval et de rajouter une station où les aprons sont en plus faible nombre voir absents.

Au cours de l’année 2010, deux lâchers devraient être effectués :

Fin mai : Débit de 40 m3.s-1 sur les deux tronçons (Espinasses - La Saulce et La Saulce – Sisteron).

Courant décembre : Débit de 60 m3.s-1 ou 80 m3.s-1 sur le tronçon La Saulce - Sisteron