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Sur le thème des « économistes et la
crise »… Keynes et les fluctuations de
l’efficacité marginale du capital
Marion GaspardUniversité Lumière Lyon 2, Triangle, CNRS, UMR 5206
• Keynes, économiste de la crise ?
• Keynes et les maladies du capitalisme : la pauvreté dansl’abondance, les mutations du capitalisme et les marchésfinanciers, les échecs du libéralisme économique classique
• La Théorie Générale…
⇒ L’analyse keynésienne du cycle dansles Notes succinctes suggérées par laThéorie générale :Livre VI, chapitre 22 : Notes sur le cycle+Livre IV, chapitres 11 et 12 : L’efficacitémarginale du capital & L’état de laprévision à long terme
• Cycle et lissage du cycle
• L’efficacité marginale du capital
• L’état de la prévision à long terme et lecapitalisme de marchés financiers organisés
1. L’efficacité marginale du capital
… et pour le cycle en particulier
• L’importance de l’investissement pour l’emploi engénéral…
« Pour qu’un certain volume d’emploi soit justifié, il fautdonc qu’il existe un certain volume d’investissementcourant pour absorber l’excès de la production sur levolume que la communauté désire consommer » (TG, p.54).
« Il est d’usage, dans un système complexe, de considérercomme la causa causans le facteur qui est le plus sujet àd’amples et soudaines variations » (TG, p. 258)
1. L’efficacité marginale du capital
• La décision d’investissement : 2 dimensions
- Le calcul (incertain) d’un « rendement
escompté » → la notion d’efficacité marginale
du capital
- « Le besoin spontané d’agir plutôt que de ne
rien faire » → les « esprits animaux » (le
dynamisme naturel) (TG, p. 173)
1. L’efficacité marginale du capital
Le calcul économique à l’origine de la demande d’un
bien de capital » (= la décision de mettre en œuvreun projet supplémentaire d’investissement) compare
• Le « rendement escompté » de l’investissement…
• Le « prix d’offre du bien de capital »…
« La relation entre le rendement escompté et son prixd’offre ou coût de remplacement, i.e. la relation entre lerendement escompté et le coût de production d’une unitésupplémentaire de ce capital, nous donne l’efficacitémarginale de ce capital » (TG, p. 153)
« Le taux d’escompte qui, appliqué à la série d’annuitésconstituée par les rendements escomptés de ce capital pendantson existence entière, rend la valeur actuelle des annuités égaleau prix d’offre de ce capital » (TG, p. 153)
L’efficacité marginale d’un type de capital
- un taux interne de rendement (Fisher) mais avec des
annuités qui peuvent fluctuer
- une variable monétaire et anticipée (espérée), donc
« psychologique »
- une variable définie pour un projet d’investissement (une
unité de capital) à la marge
« D’abord, le rendement escompté de ce capital diminue lorsque laquantité augmente. Ensuite, la compétition autour des ressourcesservant à le produire tend normalement à faire monter son prixd’offre » (TG, p. 154).
Une courbe de l’efficacité marginale du capital décroissante,pour chaque type de capital
Etablissement d’une fonction de demande (globale) de capital
« On peut donc tracer pour chaque type de capital une courbeindiquant de de combien l’investissement dans ce capital doits’accroître au cours de la période pour que son efficacité marginalebaisse à un chiffre quelconque. On peut ensuite, en additionnant pourtous les types de capital les flux d’investissement qui correspondent àune une même valeur de l’efficacité marginale du capital, tracer lacourbe reliant les différentes valeurs du flux d’investissement globalaux valeur de l’efficacité marginale du capital en général qui en résulte(TG, p. 154)
2. L’état de la prévision à long terme et le capitalismede marchés financiers organisés
Multiplicité des variables anticipées intervenant dans lecalcul de l’emc : prix, coûts de production (travail),évolution de la productivité- prix et valeur de la monnaie- état futur de la concurrence- demande effective futureL’appréhension psychologique de ces données futures =l’état de la prévision à long termeDans incertitude profonde (non probabilisable + pas depp de raison suffisante) dans laquelle sont plongée lesindividus, rôle dominant de la « psychologie desaffaires » et de « l’état de la confiance » (social)
2. L’état de la prévision à long terme et le capitalismede marchés financiers organisés
• Le capitalisme familial, d’entrepreneurs individuels(celui de Marshall) : « jeu mixte d’adresse et de hasard »+ rôle des esprits animaux
• Le capitalisme de marchés financiers organisés,caractérisé par la scission du management et de lapropriété : rôle de la bourse des valeurs et desconventions sociales émergeant sur ces marchés
2. L’état de la prévision à long terme et le capitalismede marchés financiers organisés
Le capitalisme de marchés financiers organisés,- est une réponse efficace à la préférence pour la liquidité- permet de substituer à la prévision à long terme, unechaîne de prévisions de court terme, qui permet de dormirsur ses deux oreilles (pour les détenteurs de capitalfinancier), du moins tant que la convention selonl’évaluation du marché est « correcte »
- Mais : « c’est comme si un fermier, après avoir tapoté sur sonbaromètre au repas du matin, pouvait décider entre dis et onzeheures de retirer son capital de l’exploitation agricole, puisenvisager plus tard dans la semaine de l’y investir de nouveau »(TG, p. 166).
2. L’état de la prévision à long terme et le capitalismede marchés financiers organisés
« Certaines catégories de l’investissement sont gouvernées par laprévision moyenne des personnes qui opèrent sur le Stock Exchange,telle qu’elle est exprimée par le cours des actions » (TG, p. 167).
Dangers:- Faible connaissance effective des affaires par les actionnaires- Place exagérée du court terme et de l’interprétation dessignaux- Les personnes les plus compétentes se consacrent à laspéculation- Domination du fétichisme de la liquidité…- Comportements grégaires qui implique une déconnexion desvaleurs boursières des valeurs « fondamentale: dynamiqueautoréférentielle des marchés financiers (concours de beauté)→ Volatilité et précarité
Les merveilleuses pages 169 à 177
3. Le cycle économique et les variations de l’emc
La crise n’est pas la conséquence (endogène) du « boom »≠ K. Wicksell (1898) ou autres théories monétaires du cycle(Hawtrey, 1919 entre autres)≠ I. Fisher (rôle initial du surendettement)
Elle survient à la suite d’un brusque resserrement de l’écartentre i et e, qui vient fondamentalement d’une chute(soudaine) de l’emc.- Effet de seuil (basculement de la proportion d’optimistes etde pessimistes), retournement de la convention sur lesmarchés financiers. Il peut s’agir d’une simple « déception »,sans réel problème sous-jacent de rentabilité économique.- Le taux d’intérêt n’est en général pas en cause- L’improbable situation initiale de surinvestissement
Le déclenchement de la crise
3. Le cycle économique et les variations de l’emc
Des forces psychologiques- Chute de l’emc et brutale augmentation de la préférence pourla liquidité → hausse demande de monnaie → hausse de i- Chute du cours des titres → baisse de la propension àconsommer (effet richesse!)- la poursuite de l’intérêt individuel dégrade la situationglobale
Des effets de déversements (mécanismes en quantité)- chute de l’investissement courant de tous les secteurs →chute du « capital circulant » (arrêt production) dans secteurdes biens d’équipement- chômage et répercussions d’un secteur à l’autre(multiplicateur d’investissement)- augmentation des stocks (désinvestissement) dans tous lessecteurs.
• La conjonction de forces dépressives
3. Le cycle économique et les variations de l’emc
- La durée de liquidation des stocks- L’usure et le vieillissement du capital fixe installé- Le retour de la confiance et la remontée de l’emc : il fautpour cela des perspectives optimistes dominantes:perspectives d’inflations, de reprise de la demande effective,etc
La politique monétaire est inefficace au départ, mais peutaccompagner la reprise (sans vraiment l’accélérer)« Il n’est pas facile de ranimer une efficacité marginale ducapital qui est en fait gouvernée par l’état d’esprit capricieux etdéréglé des milieux d’affaires » (TG, p. 318).
• La reprise est lente (5 ans)
3. Le cycle économique et les variations de l’emc
« Le vrai remède au cycle économique ne consiste pas àsupprimer les booms et à maintenir une semi-dépression,mais à supprimer les dépressions et à maintenir enpermanence une situation voisine du boom » ( (TG, p. 323).
La politique monétaire ne soit jamais être vraiment restrictive,du moins tant qu’on na pas montré le surinvestissement:
- crée la déception, et précipite la crise« le déclin de l’investissement qui en résulte amène un état dechômage où les investissements qui en état de plein emploieussent rapporté 2% rapportent en fait moins que rien. Onaboutit à une situation où il y a insuffisance de maisons maisoù personne n’a cependant les moyens de vivre dans celles quiexistent (TG, p. 232-233)
- risque de sélection adverse!
La politique monétaire peut lisser le cycle, mais
3. Le cycle économique et les variations de l’emc
« Dans un régime de laissez-faire, la suppression des largesfluctuations de l’emploi exigerait un profond changement desconditions psychologiques des marchés financiers, qu’il n’y aaucune raison de prévoir. Nous concluons qu’on ne peut sansinconvénient abandonner à l’initiative privée le soin de réglerle flux courant de l’investissement » (TG, p. 321).
- Socialisation de l’investissement
- Contrôle et orientation de l’investissement
- Répartition des revenus
- Taxer l’accès aux marchés financiers!
La « solution » est dans un changement profond del’organisation sociale…
« C’est parce que certains individus, favorisés par leursituation ou par leurs capacités peuvent tirer parti del’incertitude, et aussi parce que, pour cette même raison, lesgrandes affaires sont souvent une loterie, que se créent degrandes inégalités de richesse ; ces mêmes facteurs sont lacause du chômage, ils expliquent que des prévisionsraisonnables sur l’évolution des affaires sont détrompéesque le rendement et la production diminuent. Le remède sesitue pourtant hors de la sphère individuelle : il peut mêmeêtre de l’intérêt des individus d’aggraver lamaladie » (Keynes, 1926, p. 83)
Picasso, pour Ballet Diaghilev, Le Train Bleu, 1924
Matisse, Femme s’asseyant, 1919
Degas, Deux danseuses en maillot, vers 1889
Degas, Danseuses, 1878
Cézanne, Les pommes, 1890