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La crise s’installe. l’État répond licenciements et désengagement ! La crise s’installe. Le système financier n’a jamais été aussi faible, menaçant les ban- ques les plus « solides ». Derrière cela, c’est toute la confiance au marché qui est mise à mal. Les banques ne se prêtent plus d’ar- gent, les épargnants craignent pour leurs économies. La réalité du capitalisme se dévoile. L’immatérialité du système boursier où les actions des sociétés passent de mains en mains montre ses failles, et on oublie au passage que ces entreprises abri- tent de vrais travailleurs. Dans cette débâ- cle, les banques françaises ne savent même pas combien elles perdent quand la banque américaine Lehman dépose le bilan. Le cynisme du capitalisme a déjà été dévoilé lors de la crise des subprimes, où ce sont les dettes des Américains les plus pauvres qui passaient de boursicoteur à boursicoteur, pour faire de l’argent. Jusqu’au moment où l’édifice branlant se casse la figure. Aux États-Unis, première puissance économique mondiale, des millions de travailleurs et leurs familles sont mis à la rue. Et des ban- ques sont revendues pour deux dollars ! Sarkozy fait alors son discours à Toulon, où il parle de réguler le capitalisme. Il prévient CNT CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAIL 2 OCT. 08 SALUTATIONS ANARCHOSYNDICALISTES ET SYNDICALISTES RÉVOLUTIONNAIRES. NUMÉRO 332. L’HEURE EST VENUE DE BÂTIR UN AUTRE FUTUR. UN FUTUR SANS EXPLOITATION. UN FUTUR SANS DOMINATION. UN FUTUR ÉMANCIPÉ POUR DES HOMMES ET DES FEMMES LIBRES ET ÉGAUX. SYNDICALISTE LE COMBAT JOURNAL MENSUEL CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAIL Tél. : 0 810 000 367 (prix d’un appel local) CNT – BP 30423 – 35004 Rennes cedex www.cnt-f.org – Mèl : [email protected] COMBAT SYNDICALISTE Tél. : 08 72 58 35 90 (prix d’un appel local) CNT– 18 av. de la Gloire – 31500 Toulouse Mèl : [email protected] Les Temps maudits Au moment où sort le nouveau numéro des Temps maudits, voici enfin l’interview des artisans de la revue théorique de la CNT. Retour sur une publication particulière dans le paysage littéraire cénétiste – débat de fond, réflexion sur le travail, etc. Présenta- tion du nouveau numéro de la revue. Égale- ment à la page culture, la fête des 10 ans de la CNT 73. Et vous, Savoie bien ? Page 10 L’homme bionique La biométrie n’est pas uniquement un gad- get supplémentaire dans notre société de plus en plus technocratique. C’est surtout le plus formidable moyen de ficher les popula- tions, de rendre les individus de plus en plus dépendants des technocrates qui jouent avec le vivant. Un cauchemar, et peut-être bientôt une réalité : Edvirsp croisé avec la biométrie… Page 11 Histoire de soutanes La laïcité positive, vous connaissez ? Et l’em- prise de l’Église dans les rouages de l’État ? Après une période de fâcherie, les sacs à charbon (nos amis les curetons) ont bien compris que pour voir triompher leurs idées, il fallait conquérir la République. Leur straté- gie de pénétration du milieu ouvrier, en avan- çant masqué, a porté ses fruits. La lutte anti- cléricale est toujours d’actualité. Page 7 Insécurité sociale Alors que le financement de la Sécurité sociale est de plus en plus à la charge des travailleurs, les prestations offertes en échange sont de plus en plus menacées. Payer de plus en plus pour avoir de moins en moins, c’est la nouvelle conception des services publics dans la Sarkozie. Avec la perspective du démantellement de l’hôpi- tal public et les réductions de postes. Vive la RGPP ! Page 4 Travail forcé Le disciple de l’abbé Pierre a pondu une nouvelle mouture du revenu social : ne pas avoir moins en travaillant (à peine) plus. Sous des dehors généreux, ce revenu de solidarité active est une belle arnaque puisqu’il oblige le chômeur à accepter n’im- porte quel boulot, pour se voir octroyer une centaine d’euros à la fin du mois. C’est sur- tout l’occasion de faire passer plus facile- ment l’idée de contrat ultraprécaire. Bravo l’artiste ! Page 6 Dans le monde une classe plus que jamais en lutte ! Espagne/Telecom : non à la répression à Telef ’ onica ! Île Maurice, solidarité avec les camarades de TWU. Japon : interview d’un militant du Freeter Union. Maroc : début d’une serie d’entretiens avec des acteurs du mouvement social. Pages 8 et 9 Photo : Xepo W.S.

SYNDICALISTE CNT CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAIL · Les Temps maudits Au moment où sort le nouveau numéro des ... aussi le licenciement de 4000 salariés à Renault, les délocalisations,

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Page 1: SYNDICALISTE CNT CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAIL · Les Temps maudits Au moment où sort le nouveau numéro des ... aussi le licenciement de 4000 salariés à Renault, les délocalisations,

La crise s’installe.l’État répondlicenciements etdésengagement !La crise s’installe. Le système financier n’ajamais été aussi faible, menaçant les ban-ques les plus « solides ». Derrière cela, c’esttoute la confiance au marché qui est mise àmal. Les banques ne se prêtent plus d’ar-gent, les épargnants craignent pour leurséconomies. La réalité du capitalisme sedévoile. L’immatérialité du système boursieroù les actions des sociétés passent demains en mains montre ses failles, et onoublie au passage que ces entreprises abri-tent de vrais travailleurs. Dans cette débâ-cle, les banques françaises ne savent mêmepas combien elles perdent quand la banqueaméricaine Lehman dépose le bilan. Lecynisme du capitalisme a déjà été dévoilélors de la crise des subprimes, où ce sont lesdettes des Américains les plus pauvres quipassaient de boursicoteur à boursicoteur,pour faire de l’argent. Jusqu’au moment oùl’édifice branlant se casse la figure. AuxÉtats-Unis, première puissance économiquemondiale, des millions de travailleurs etleurs familles sont mis à la rue. Et des ban-ques sont revendues pour deux dollars !Sarkozy fait alors son discours à Toulon, oùil parle de réguler le capitalisme. Il prévient

CNT CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAIL2

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SALUTATIONS ANARCHOSYNDICALISTES ET SYNDICALISTES RÉVOLUTIONNAIRES. NUMÉRO 332.L’HEURE EST VENUE DE BÂTIR UN AUTRE FUTUR. UN FUTUR SANS EXPLOITATION. UN FUTUR SANS DOMINATION. UN FUTUR ÉMANCIPÉ POUR DES HOMMES ET DES FEMMES LIBRES ET ÉGAUX.

SYNDICALISTELE COMBAT

JOURNAL MENSUEL

CONFÉDÉRATION NATIONALE DU TRAVAILTél. : 0 810 000 367 (prix d’un appel local)CNT – BP 30423 – 35004 Rennes cedex

www.cnt-f.org – Mèl : [email protected]

COMBAT SYNDICALISTETél. : 08 72 58 35 90 (prix d’un appel local)CNT – 18 av. de la Gloire – 31 500 Toulouse

Mèl : [email protected]

Les Temps maudits

Au moment où sort le nouveau numéro desTemps maudits, voici enfin l’interview desartisans de la revue théorique de la CNT.Retour sur une publication particulière dansle paysage littéraire cénétiste – débat defond, réflexion sur le travail, etc. Présenta-tion du nouveau numéro de la revue. Égale-ment à la page culture, la fête des 10 ans dela CNT 73. Et vous, Savoie bien ? Page 10

L’homme bionique

La biométrie n’est pas uniquement un gad-get supplémentaire dans notre société deplus en plus technocratique. C’est surtout leplus formidable moyen de ficher les popula-tions, de rendre les individus de plus en plusdépendants des technocrates qui jouentavec le vivant. Un cauchemar, et peut-êtrebientôt une réalité : Edvirsp croisé avec labiométrie… Page 11

Histoire de soutanes

La laïcité positive, vous connaissez ? Et l’em-prise de l’Église dans les rouages de l’État ?Après une période de fâcherie, les sacs àcharbon (nos amis les curetons) ont biencompris que pour voir triompher leurs idées,il fallait conquérir la République. Leur straté-gie de pénétration du milieu ouvrier, en avan-çant masqué, a porté ses fruits. La lutte anti-cléricale est toujours d’actualité. Page 7

Insécurité sociale

Alors que le financement de la Sécuritésociale est de plus en plus à la charge destravailleurs, les prestations offertes enéchange sont de plus en plus menacées.Payer de plus en plus pour avoir de moinsen moins, c’est la nouvelle conception desservices publics dans la Sarkozie. Avec laperspective du démantellement de l’hôpi-tal public et les réductions de postes. Vivela RGPP ! Page 4

Travail forcé

Le disciple de l’abbé Pierre a pondu unenouvelle mouture du revenu social : ne pasavoir moins en travaillant (à peine) plus.Sous des dehors généreux, ce revenu desolidarité active est une belle arnaquepuisqu’il oblige le chômeur à accepter n’im-porte quel boulot, pour se voir octroyer unecentaine d’euros à la fin du mois. C’est sur-tout l’occasion de faire passer plus facile-ment l’idée de contrat ultraprécaire. Bravol’artiste ! Page 6

Dans le monde une classe plus que jamais en lutte !

Espagne/Telecom : non à la répression àTelef ’onica ! Île Maurice, solidarité avec lescamarades de TWU. Japon : interview d’unmilitant du Freeter Union. Maroc : débutd’une serie d’entretiens avec des acteurs dumouvement social. Pages 8 et 9

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que l’État interviendra pour sauverl’épargne perdue par le jeu des spé-culateurs. Les défenseurs du mar-ché et du désengagement de l’État,tels Bush et Sarkozy, font un virageà 180 degrés pour venir réparer les« erreurs » des spéculateurs. Lesimpôts serviront à éponger la faillitedue aux acteurs du marché. Privati-ser les bénéfices et mutualiser lespertes, c’est cela le capitalisme. Etles rodomontades de Sarkozy n’ychangeront rien.Face à la crise, il en profite pour justi-fier sa politique qui favorise… les richeset les spéculateurs. Première cible : lesservices publics. Le président luttecontre la crise en supprimant 30 000postes de fonctionnaires !La politique de dérégulation s’appliqueavec la privatisation de la Poste, dontles effets se font sentir avec le passageen conseil de discipline de Serge, syndi-caliste de la CNT. Le capitalisme, c’estaussi le licenciement de 4 000 salariésà Renault, les délocalisations, la préca-risation généralisée. Il n’y a pas decapitalisme à visage humain. On dit qu’il n’y a pas d’argent, or labanque européenne a injecté 70 mil-liards d’euros pour les banques.C’est une goutte d’eau jetée dans lamare des pertes possibles. Mais ilfaut colmater les brèches les plusvoyantes et tranquilliser les marchés,cette puissance qui fait et défait lesfortunes. N’empêche que l’interven-tionnisme de l’État est bien limité. Ilne pourra pas empêcher la catastro-phe financière qui se profile, et dontles victimes seront comme d’habi-tude les travailleurs.

NM & DF Éduc et Culture RP

Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

2 Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Actu sociale et syndicale

ICI ET MAINTENANT

La privatisation de la Poste pour janvier2009, annoncée cet été en catimini,menace le statut des fonctionnaires pos-tiers. Lors de la séparation de la Poste etde la Banque postale, le directeur de com-munication avait expliqué sans rire qu’ils’agissait de donner une image plus dyna-mique de l’entreprise et de mieux affron-ter la concurrence bancaire. En vidant leservice public de la Poste de son contenu(banque, colis), on la vide aussi de sesactivités les plus rentables. Mais les sala-riés et les usagers préféreraient un vérita-ble service public, de meilleures condi-tions de travail ou encore la fin desfermetures de bureaux. Cette privatisa-tion annoncée est accompagnée de lamise au pas des éléments les plus récalci-trants à la casse du service public.

Serge Reynaud, facteur à Marseille 01-Colbert,militant de la CNT-PTT, a été convoqué àParis devant le conseil central de discipline dela Poste le 26 septembre 2008. La sanctiondemandée était la révocation.Du 14 au 31 mai 2008 a eu lieu un conflitdépartemental à l’appel des syndicats CGT etSUD contre le projet Facteur d’avenir, projetqui veut restructurer l’ensemble de la chaîned’acheminement et de distribution du cour-rier. Ce projet pourrait entraîner la suppressiond’environ 1000 emplois sur le département.

Fermeture de centres de tri, regroupements decentres de distribution, modification des nor-mes et des cadences, mise en place de l’auto-remplacement sont au programme.Facteur d’avenir est particulièrement combattudans les Bouches-du-Rhône. En octobre 2006et en mars 2007, la Poste avait dû faire desconcessions aux facteurs en lutte. En 2008, leconflit a été âpre : remplacement des grévistespar des intérimaires, huissiers présents danstous les centres en grève, pression sur les gré-vistes placés en absence irrégulière, etc. Malgrédix-sept jours de conflit et 400 agents en grèvechaque jour, le conflit s’est achevé sur unconstat de désaccord.Le 19 juin, notre camarade Serge Reynaud estconvoqué à la direction. On lui reproche uneprise de parole de cinq minutes le 21 mai 2008dans son bureau, ainsi que d’avoir participé àune action collective pour obtenir l’ouverturedes négociations (tentative d’ouvrir le sas de ladirection). Rien que des faits de grève, sortis deleur contexte, pour justifier des poursuites dis-ciplinaires. Cela faisait longtemps que la Posterêvait de se payer ce qu’elle appelle la «Princi-pauté postale des Bouches-du-Rhône», tantnos luttes lui déplaisent. Des rassemblements de soutien à Serge ont étéorganisés dans les jours qui ont suivi l’annoncede son conseil de discipline et le jour même decelui-ci, le 26 septembre, à Marseille, Perpi-gnan, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Aubenas,

Lille et Grenoble. Des messages de soutien denombreux contacts internationaux de la CNTsont arrivés d’Algérie, de l’Île Maurice, d’Espa-gne, de Pologne, du Chili, de Guinée… Et àParis, pendant que Serge subissait son «pro-cès » pendant plus de sept heures, un rassem-blement regroupant, outre la CNT, des mili-tants de SUD, de la CGT, des non-syndiquéset même Arlette en personne a eu lieu, juste enface de la salle où se déroulait le jugement.Après une heure de délibération, le verdicttombe. Si la révocation a été écartée à l’unani-mité, il y a eu partage des voix entre les élus dupersonnel et les représentants de la directionsur la sanction : à la demande de la Poste, deuxans de mise à pied ont été requis. Dans quinzejours, Serge aura la réponse qui décidera deson avenir à la Poste. Mais il ne compte pas enrester là. À suivre, donc.Aujourd’hui, c’est notre solidarité qui doitêtre exemplaire. Des soirées de soutien àSerge sont organisées depuis début septembrepartout en France. Pour les connaître, rendez-vous sur le site de la fédération CNT PTT(www.cnt-f.org/fedeptt).C’est pour empêcher que demain on puisses’organiser et lutter que la Poste veut frapperun grand coup. Face aux menaces de sanction, notre riposte :la solidarité !

Fédération CNT-PTT

Dans le cadre de la journée natio-nale de grève contre la privatisa-tion de la Poste (lire à ce proposle CS de septembre), le 23 sep-tembre dernier, Didier (Éduca-tion 69), notre nouveau mandatéau CS (bienvenu à lui !), s’estentretenu avec deux camaradesde la CNT-PTT du Rhône, Brigitte,factrice, et Martine, guichetière.Interview à chaud où elles nousdécrivent leur quotidien.

La grève est-elle bien suivie dansle Rhône ? Oui, le Rhône suit la tendancenationale. Dans mon bureau, cematin, nous étions 18 facteurs engrève sur 30 et nous n’avons pasencore les chiffres de l’après-midi.Les chiffres sont à la haussedepuis la dernière journée d’action.

Quelles sont les suites prévues àcette journée ?Au niveau local, des mobilisationssont à prévoir. Si nous répondons àcette journée contre la privatisation,nous nous mobilisons aussi sur Fac-teur d’avenir (voir CS de juillet-août).

Comment Facteur d’avenir va-t-ilse traduire au quotidien ?Tous nos horaires de travail et nosfonctionnements sont remis encause. Jusqu’à présent, nos tour-nées étaient estimées à 42 heurespar semaine, et désormais ellesvont passer à 35 voire 38 heures,si l’on a de la chance. Il faudra fairele même travail en moins detemps. On remplacera les collè-gues en maladie, les collègues enrepos. Si vous voulez, on va fairenotre tournée, plus une demi-tournée et en moins d’heures. Letout six jours sur sept, et un jour derepos peut-être le lundi ou le mardi.C’est une dégradation considéra-ble, non seulement pour le person-nel mais aussi pour le public. On nepourra plus s’arrêter et rendre cer-tains services. Cela risque aussi decréer la zizanie entre les collègues,faire la tournée d’un autre, etc.

Comment ressent-on la casse dela Poste du côté des guichets,toujours au quotidien ?C’est le même problème, on réduitles horaires d’ouverture des petits

bureaux et on en ferme de plus enplus pour les remplacer par desagences postales communales.C’est ce qui se produit chez nous,plus particulièrement à L’Arbresle.Nous avons un bureau centre quiest déjà submergé et qui récupèrele public qui vient des bureaux voi-sins. Ces bureaux ont moinsd’heures d’ouverture etoffrent moins de services.Du coup, tout se répercutesur le bureau centre. Noussommes saturés. La priva-tisation va encore aggra-ver la situation.

Le droit de grève est de plus enplus encadré à la Poste, et cettedernière joue la carte de larépression contre les mili-tants les plusc o m b a t i f s .Dans le Rhône,qu’est-il prévuen soutien àSerge, de laCNT PTT 13 ?Des carteset lettres deprotestation ontété envoyées àla direction dela Poste. Un pre-mier rassemble-ment d’une quaran-taine de personnes a eu lieu

le 17 septembre, avec distribution detracts aux usagers et aux collègues.Un autre est prévu le 26 septembredevant la poste centrale de Lyon. Lalutte continue sur tous les fronts.

Propos recueillis par Didier Éducation 69

UNE PRIVATISATION AGRESSIVENOCIVE POUR LES SALARIÉS…MAIS SURTOUT POUR LE PUBLIC

COMMUNICATION

La Poste : pas encore privatisée, déjà répressive

CONGRÈS DE LA CNTPOUR UN AUTRE FUTUR19, 20 et 21 septembre 2008.La CNT tient son 30e Congrèsconfédéral. Plus d’une soixan-taine de syndicats venus detoute la France se retrouvent àLille pour trois jours de débats.Trois jours intenses où différentesconstatations ont pu être faites,tant sur les forces militantes de laCNT que sur l’état social de notrepays. Avec également uneréflexion sur la situation interna-tionale grâce à, entre autres, lavenue de délégués de plusieursorganisations syndicales sœurs.Trois jours d’une ambiance stu-dieuse. L’heure est à la réactionface au spectre déplorable del’avenir que nous préparent patro-nat et État. Prise de consciencecollective et salvatrice quientraîna une atmosphère deconfraternité et de franche cama-raderie le jour… comme la nuit.À cette occasion, la CNT a réaffirmésa volonté de résistance face auxagressions capitalistes qui se multi-plient. Le constat le plus probantest qu’aujourd’hui, la CNT s’estdotée de moyens pour mener àbien ce mouvement de résistance,mais surtout ce mouvement de pro-position d’un autre futur, un futuranarcho-syndicaliste.Le CS de novembre reviendra endétail sur les décisions de cecongrès, vous présentant les dif-férents engagements que laConfédération a entérinés.

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Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

3Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Actu sociale et syndicale

ICI ET MAINTENANT

SOLIDARITÉ AVEC ROMAINLE 22 OCTOBRE À PARIS

En février dernier, notre camarade Romain étaitcondamné à 800 euros d’amende et un euro de dom-mages et intérêts pour outrage à autorité publique. Endécembre 2006, lors de la garde à vue de FlorimondGuimard suite à une manifestation du Réseau éduca-tion sans frontières (RESF), Romain avait adressé lesprotestations de notre syndicat au ministère de l’Inté-rieur. Ce courriel dénonçait les relents liberticides etvichystes de la politique menée par Sarkozy, deman-dait la libération de Florimond et l’arrêt des poursui-tes, et revendiquait la fermeture des camps de réten-tion et la régularisation de tous les sans-papiers.Dans cette affaire comme dans bien d’autres, letout-réactionnaire au pouvoir use de l’intimidation etde la criminalisation. La solidarité est l’expression de tendresse entre leshumains. C’est la traîner en justice qui est criminel.La CNT du Jura appelle à soutenir Romain à l’au-dience d’appel, le mercredi 22 octobre à 9 heures,11e Chambre, section B, escalier K, 2e étage, Palaisde Justice, 6 bd du Palais à Paris.Conférence de presse : mardi 21 octobre à 16 heures,librairie Résistances, 4 villa Compoint, Paris 17e,métro Guy-Moquet, avec Hélène Franco (Syndicat dela magistrature), Maurice Rajsfus (Observatoire deslibertés publiques), Jean-Jacques Reboux (Collectifpour une dépénalisation du délit d’outrage).Infos : CNT Interco Jura, BP 39, 39260 Moirans-en-Montagne. Té.l/fax : 03 84 73 06 12

RENAULT COULE SANDOUVILLE

D’ici avril 2009, 1 000 emplois seront supprimés sur lesite de Sandouville. Les salariés paient les choix idiotsde Carlos Ghosn concernant la fabrication de véhiculeshaut de gamme à Sandouville dans la conjonctureactuelle, mauvais choix prévisibles dès 2005.La Laguna 3 et la Vel Satis ne se vendent pas plusque les précédentes versions. Globalement, les ven-tes chez Renault sont tirées vers le haut par les petitsmodèles et la progression de Dacia.Carlos Ghosn taille alors dans le vif des effectifs, et4 000 postes doivent être supprimés : 3 000 départsvolontaires auxquels il faut ajouter 1 000 postes liés àla production sur Sandouville près du Havre. Il fautpréserver l’appareil industriel, la compétitivité, etc.,arguments bien rodés du patronat. En réalité, Ghosnveut réduire les coûts et, pour cela, on n’augmentepas les salaires et on licencie ! Pourtant Renault faitdes bénéfices. Mais la direction de Renault veut satis-faire un peu plus ses actionnaires ! De la rentabilité,encore de la rentabilité ! Sur le dos des travailleurs.En fait, c’est la pérennité du site qui est menacée.Une usine qui tourne à 40 % de ses possibilités, desjournées chômées en pagaille… Des travailleurs deRenault avaient apporté leur soutien aux camaradesde la CNT qui étaient en grève à la CAT, afin qu’ilssachent qu’ils peuvent compter sur la solidarité dessyndicalistes de la CNT du Havre à leur tour.En attendant, il faut veiller au grain et lutter pour queles départs volontaires ne soient pas des départsvolontaires désignés d’office. Il faut aussi poser le pro-blème de l’actionnariat, car en gelant les dividendesdes actionnaires, l’emploi serait maintenu en atten-dant de trouver une solution viable, notamment pourles travailleurs de Sandouville. À Sandouville, 50 % dessalariés ont plus de 50 ans. On voit vers quelle solutionon s’achemine… Et dire que le gouvernement retardel’âge du départ à la retraite : une honte !Nous assistons en France à un véritable plan socialgénéralisé (Éducation nationale, hôpitaux publics,postiers, etc.), ainsi que dans le secteur privé (San-douville, le secteur des métallos, etc.).C’est tous ensemble qu’il faut lutter ! Arrêtons d’êtreles gentils car les patrons et l’État se fichent éperdu-ment de nos vies. Seuls les profits les intéressent…

Les métiers de l’enseignement, de lamaternelle à l’université, sont entrain de subir un véritable plansocial. Les faits les plus marquantssont bien sûr les chiffres des sup-pressions de postes : 11 200 pourcette rentrée, et l’annonce de 13 500départs à la retraite non remplacés àla rentrée 2009. Pour les élèves,cette casse passe par des conditionsd’apprentissage qui se détériorent etpar le retour de la méritocratie. Letout dans une ambiance de fichagegénéralisé et de chasse aux élèvessans papiers. Pour les enseignants,augmentation du temps de travail etsuppression du statut sont au menu.

Premier degré

Les nouveaux programmes (toujoursplus réactionnaires) ne tiennent pascompte du rythme d’apprentissage desenfants… On demande aux ensei-gnants de leur en faire comprendre etapprendre plus en moins de temps ! Laréussite de tous n’étant pas possibledans ces conditions, on prévoit desheures supplémentaires (après six heu-res de classe !) non rémunérées. Pour lesélèves et les profs à qui cela ne suffiraitpas, des stages de récupération sur lesvacances sont proposés…Cette fausse remédiation hors de laclasse sera sans doute un alibi pour fairegrimper davantage les effectifs des clas-ses, et de faire l’économie des Rased(réseaux d’aides spécialisées aux élèvesen difficulté), déjà très insuffisants. Tan-dis que le recul de la scolarisation desdeux ans se poursuit, d’autres projets semettent en place sans que l’informationne circule. Base élève – par exemple –,qui fera passer à l’échelon du pays unegestion des élèves qui restait jusque-làdans l’école… La relation de confiancefamille/école risque d’en être mise àmal ! Autre exemple : les créations

d’Epep (établissement public d’ensei-gnement primaire) mises en avant, car ildonne un statut juridique et financieraux directeurs, promet surtout d’ajouterdeux niveaux hiérarchiques : un direc-teur petit chef et un conseil d’adminis-tration, composé en majorité de parentset élus, auquel ilobéira (alors que dansle conseil d’école il ya égale représentationenseignants/parents).Cerise sur le gâteau,le service minimumremet en cause ledroit de grève et per-met à l’État de sedécharger de sonobligation de rempla-cement en cas d’arrêtmaladie ou de forma-tion ! La loi exige queles grévistes se décla-rent quarante-huitheures à l’avance et oblige les mairies àsubstituer aux enseignants absents despersonnels municipaux… pour les grè-ves, comme pour les autres absences.

Second degré

Les dernières mesures allient, souventgrossièrement, conception réactionnairede l’enseignement et attaque en règle dustatut d’enseignant...Au collège, la suppression de la carte sco-laire a pour effet un renforcement de lanon-mixité sociale et de la ghettoïsationdes établissements situés dans des quar-tiers populaires. La note de vie scolairen’est ni plus ni moins qu’une note decomportement. Les programmes du soclecommun pour le collège offrent unevision passéiste de l’éducation (par exem-ple, retour de l’enseignement de l’histoirepar la figure des « grands hommes») et secontentent d’être un éventail de savoirset de culture générale. En créant des

pôles « scientifiques » ou de « culturehumaniste », on entérine la bivalence desenseignants. Pour les lycées profession-nels, le passage du bac pro en trois ans(au lieu de quatre) permettra de réaliserencore de substantielles économies, audétriment des élèves en difficulté.

Quant aux lycées généraux et techniques,le contenu de leur réforme, qui devraitaller vers l’autonomie de l’établissement– comprendre la mise en concurrence –,devrait être annoncé à la rentrée.Pour répondre à nos besoins et à l’ur-gence de la situation, ne nous conten-tons pas des stratégies mises en place parles syndicats dits responsables : journéesd’action ne construisant aucun rapportde force, focalisation sur les électionsprofessionnelles de décembre prochain.Il y a urgence aujourd’hui, au vu de l’am-pleur des attaques, aussi bien pour sestravailleurs que pour ses usagers, les élè-ves et leurs familles, à lutter et à se mobi-liser pour défendre un service publicd’éducation gravement précarisé etmenacé. Il s’agit de développer un mou-vement d’ampleur avec le soutien desparents. Pour cela, notre principale armereste la grève, reconductible s’il le faut.

CNT Éducation 69

ÉDUCATION

Rentrée 2008… l’année de tous les dangers ?

Les étudiants qui entrentaujourd’hui à l’université vontdécouvrir les conséquences dela loi dite « d’autonomie » desuniversités, ou LRU, contrelaquelle s’est opposée unegrande majorité d’étudiantspendant près de six mois. Danscette loi est inscrite la sélectiondes étudiants par le biais depré-inscriptions et « d’orienta-tion active ». Cela signifie queles universités peuvent mainte-nant inciter les étudiants às’inscrire dans une autre forma-tion si celle demandée pré-

sente un surplus d’étudiants.Alors que les moyens pour-raient être donnés pour aug-menter les capacités d’accueil,l’université préfère établir desquotas et refuser l’inscriptiond’étudiants dans certainesfacultés. Des centaines d’étu-diants se voient ainsi refuserl’accès aux formations tropdemandées pour des motifstous plus ou moins bidon.L’article L. 61 3-5 modifié rap-pelle que « tout candidat estlibre de s’inscrire dans l’éta-blissement de son choix, sous

réserve d’avoir, au préalable,sollicité une préinscription[…]. Il doit pouvoir, s’il ledésire, être inscrit en fonctiondes formations existantes lorsde cette inscription dans unétablissement ayant sonsiège dans le ressort de l’aca-démie où il a obtenu le bacca-lauréat ou son équivalent oudans l’académie où est situéesa résidence ». Or certainsétudiants habitant l’acadé-mie se sont vus refuser leurpré-inscription à Lyon 2 sousprétexte qu’ils avaient passéleur baccalauréat dans uneautre académie !L’université sait qu’elle inter-prète mal les textes mais usede ce refus de pré-inscription

pour que les étudiants malrenseignés se découragent etchoisissent une autre forma-tion. Voilà donc comment estconçue la notion « d’orienta-tion active » : l’université mentaux étudiants pour faciliter larépartition des effectifs dansles filières. L’ensemble dessyndicats signataires s’op-pose à ce principe de sélec-tion injuste qui ne permet pasaux étudiants d’accéder libre-ment au savoir et à la forma-tion. Nous réclamons l’arrêtimmédiat de cette tromperieet exigeons l’inscription dedroit de chacun dans lafaculté de son choix.

CNT Supérieur & Recherche 69

NON À LA SÉLECTION DES ÉTUDIANTS

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Octobre 2008

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Actu sociale et syndicale

ICI ET MAINTENANT

ENCORE UN GRAVE ACCIDENT DU TRAVAIL CHEZ INTERIOR’S

Le 27 août dans l’après-midi, Jean-Claude, architectechez Interior’s, a fait une chute de trois mètres aprèsavoir traversé un plancher en mauvais état et nonbalisé comme dangereux. Ce salarié est tombé sur untrépied. Le poumon est perforé et deux côtes sontcassées… Le lendemain matin, Jean-Claude était enréanimation à l’hôpital Jacques-Monod. Il est toujoursà l’hôpital aujourd’hui, et son état s’améliore. Ildevrait intégrer une autre structure médicale afin decontinuer sa convalescence… Nous espérons qu’iln’aura aucune séquelle.Une réunion extraordinaire du CHSCT s’est déroulée lasemaine suivant sa chute. L’élu de la CNT au CHSCT n’apas chômé. Nous assurons la femme de Jean-Claude etsa famille de toute notre solidarité et amitié.Le 28 août, des meubles en provenance de Tunisie,non mis sur palettes (pour gagner de la place, doncde l’argent), devaient être déchargés. Pour certainsmeubles, deux salariés devaient porter 95 kg ! Déjà, ily a quelques mois, un salarié avait eu un lumbago. Etdire que la direction parle de diminuer voire de suppri-mer une prime en cas de maladie ou d’accident dutravail. Pour lutter contre l’absentéisme…La CNT appelle tous les salariés d’Interior’s à exercerleur droit de retrait lorsqu’ils considèrent que leur vieou leur santé sont en danger. Le syndicat appuieratous les salariés concernés. Nous vous tiendrons aucourant de l’évolution de la situation…

VICTOIRE AU PASTAPAPÀ

La bonne nouvelle est tombée au mois d’août : leshuit salariés du Pastapapà qui avaient fait grève enmai-juin 2008 en occupant le restaurant du fondateurde la chaîne près des Champs-Élysées ont tous étérégularisés. Excellente surprise puisque le début étaitassez peu engageant : un patron fou furieux qui nousjetait la vaisselle et le mobilier à la figure le premierjour d’occupation, et qui avait organisé le lock-out dela boîte en emportant tout le matériel et en coupantl’eau et l’électricité le lendemain. Il avait obtenu unarrêté d’expulsion des occupants quinze jours aprèset exerçait un chantage odieux sur les salariés à cha-que rencontre chez l’avocat.Lorsque les huit cuisiniers et plongeurs ont repris leboulot, la situation a été extrêmement tendue, lesgérants leur faisant payer le prix fort : contrats de tra-vail truffés d’irrégularités, ancienneté non reprise… Ladeuxième bataille s’engageait, et les titres de séjourn’étaient toujours pas dans les mains des huit qui fai-saient preuve d’une solidarité exemplaire malgré latempête. Aujourd’hui, une première victoire s’est pro-duite : ils tiennent dans leurs portefeuilles des titresde séjour d’un an. Un an de sérénité lorsqu’ils croi-sent les flics. Un an de « libre circulation » sur le terri-toire national. Et si l’on ne peut que se réjouir de cepremier pas dans cette bataille, gardons en têtequ’une année passe vite et que nous devons restervigilants. La guerre contre la politique d’immigrationdu gouvernement est très loin d’être gagnée.

La Sécurité sociale, telle que nous laconnaissons, est née en 1945. Elledevait unifier les différents régimes deprévoyance, souvent corporatistes, nésdurant la IIIe République. À sa nais-sance, elle était composée de quatrebranches : prestations sociales, assu-rance maladie, accidents du travail etretraites. Les fonctionnaires avaient unecaisse séparée du régime général, lesagriculteurs avaient les mutuelles agri-coles et les artisans et commerçantsavaient refusé de rejoindre le régimegénéral. Enfin, certaines professionsavaient un régime spécial, surtout pourles caisses de retraites (SNCF, etc.),assumé par l’État. L’unification rêvée en1945 est restée inachevée.Pendant les années « glorieuses » d’expan-sion, l’industrie était grande consomma-trice de main-d’œuvre, et la robotisationétait rare. Les rentrées d’argent, prove-nant des cotisations, ou part salarialesocialisée, versées par les employeurs, etdes prélèvement à la source des travail-leurs, assuraient sans problème l’équili-bre des différentes caisses. L’État payaitpour les fonctionnaires. Mais, aspectimportant, le financement était assujettiaux revenus du travail.À partir de 1974, la crise du capitalisme,liée au renchérissement du pétrole, amodifié la donne. L’augmentation duchômage a réduit les recettes. De plus,la robotisation a diminué le nombre decotisants. L’amélioration des techniquesmédicales et l’allongement de l’espé-rance de vie ont, de leur côté, augmentéles dépenses, provoquant un déséquili-bre dans les comptes. Le trou de la Sécudevient alors un sujet politique.La première solution pour lutter contrele déficit a été le déplafonnement. Lescotisations étaient calculées sur lesalaire jusqu’à un certain niveau, le pla-

fond, ce qui dépassait était exonéré deprélèvement. Cela favorisait bien sûr lesentreprises ayant des salariés bien payés,plutôt que celles où le salaire plafonnaitau Smic. Le déplafonnement a soumisl’intégralité du salaire à cotisations.C’était une goutte d’eau dans la mer.Très vite, les pouvoirs se sont retrouvéscoincés entre le marteau des revendica-tions sociales et l’enclume du patronat(même si les avantages catégoriels obte-nus par les médecins n’ont pas arrangé

les choses). L’abaissement de l’âge de laretraite a eu un effet important sur ledéséquilibre des caisses de retraites,d’autant que cet abaissement a permisde prolonger l’espérance de vie, les der-nières années de travail étant les plus«dangereuses » pour le travailleur.Il y a eu alors transfert progressif dufinancement vers l’ensemble de lapopulation. L’initiateur en est Rocardqui instaure la CSG (contributionsociale généralisée), touchant tous lesrevenus et non plus uniquement lessalaires. Les députés ont juste réussi à enexonérer les minima sociaux et les reve-nus du livret A. Mais tout le monde

cotisant, cette CSG a été affectée à laCnaf (Caisse nationale d’allocationsfamiliales). À l’origine, la CSG repré-sentait un prélèvement de 1,1% desrevenus. D’augmentation en augmenta-tion, on en est arrivé à 7,5%.Parallèlement, le patronat entamait sacampagne sur les « charges sociales »trop lourdes qui pénalisent l’outil pro-ductif français. De dégrèvement en allè-gement, la part salariale socialisée aénormément baissé, sans pour autantpermettre de créer des emplois, ce quiétait pourtant l’argument rengaine duCNPF, puis du Medef. Ainsi la partpayée sur le Smic est passée de 35% en1980 à moins de 5% en 2005, pour êtreensuite complètement supprimée. Cemanque à gagner doit être compensépar le budget de l’État, donc par nosimpôts. Et comme cela ne suffit pas, unnouvel impôt a été créé en 1996, lacontribution au remboursement de ladette sociale (CRDS).En une vingtaine d’années, la part desentreprises dans le financement de laSécurité sociale s’est amenuisée, nereprésentant plus que 35% en 2006 aulieu de 42% en 1990. Dans la mêmepériode, les ménages ont vu leur contri-bution augmenter de 31% à 55%. En1990 toujours, les impôts et taxes finan-çaient 3,5% de la protection sociale, ilsreprésentent maintenant 21,2 % dufinancement. Ce véritable hold-up s’esteffectué avec la complicité des pouvoirspublics et des organismes gestionnaires,dans lesquels les syndicats représentatifssont cogestionnaires. Faire payer plusceux qui ont moins et moins ceux quiont plus, la vieille recette du libéralismeest encore une fois appliquée. Il seraittemps que les usagers retrouvent l’entiercontrôle de leurs outils de prévoyance…

NM STE 75

Le travail et son « coût » sontdepuis longtemps la cible del’État-Medef… Depuis vingtans, les différents gouverne-ments prétendent combattrele chômage en appauvrissantle contrat de travail. La préca-rité devient la norme d’entréedans le monde du travail.Dans la fonction publique,ces politiques se générali-sent afin d’attaquer nos sta-tuts et de développer la fragi-lité salariale.

Nos statuts garantissent lapérennité de nos emplois !CES, CAE, contractuels, vaca-taires, emplois aidés, CDDgénéralisés, etc., tous ces« contrats courts » ne cessentd’augmenter dans la fonctionpublique et représententaujourd’hui 16 % des emploisdans la fonction publiquecontre 14 % dans le privé,selon une étude de la Dares(institut de statistique duministère de l’Emploi). Dans la

fonction publique hospitalière,ces « contrats » représentent14 % de nos emplois ! Le tra-vail précaire touche surtoutles jeunes, les immigrés et lesfemmes (qui représentent lesdeux tiers de ces contrats).

Inégalités croissantes

Des « plans » de résorptionseraient mis en place par nosministres. On voit le résultat :qualifications non prise encompte, dégradation des condi-tions de travail, suppressions depostes, perspectives de licen-ciements et pression au travailen constante augmentation.Dans nos services, on voitpasser nombres d’agentscontractuels qui sont forméspuis « jetés » au bout de quel-ques mois… Corvéables àmerci, subissant une pressionaccrue (en leur faisant croireque l’on va peut-être les gar-der s’ils sont bien sages) pourun salaire de misère, alors

qu’ils assurent les mêmesmissions que les titulaires.Alors que les besoins de lapopulation ne cessent d’aug-menter, que nos moyens necessent de baisser, l’arrivéemassive de la précarité meten péril la qualité de nos mis-sions de service public. Cettestratégie de réduction pro-grammée des effectifsconduit au démantèlementdes services publics et à laprivatisation de nos missions.

Création d’emploisstatutaires

On nous présente cette politi-que comme un remède auchômage de masse, maisc’est la précarisation demasse qui s’instaure ! Le gou-vernement Sarkozy/Fillon, quiprétend combattre le chô-mage, prend sans cessecomme référence l’Angleterre,pays dit du « plein emploi » etde la « prospérité ».

Inégalités à la sauceanglaise

Outre-Manche, certes le chô-mage a baissé ces dernièresannées, mais à quel prix ? Salai-res de misère, faibles indemni-

tés de chômage, petits boulotsà la pelle, aucune perspectivede carrière. Ainsi, la politique deTony Blair a conduit à l’arrivéemassive de « sous-contrats » quin’ont fait que creuser le fossédes inégalités. Résultat de cettepolitique ? Quand en 1997,10 % des plus riches détenaient47 % des richesses, désormaisces mêmes riches possèdent55 % de la fortune nationaleanglaise, alors que les revenusdes plus modestes stagnent,malgré l’accumulation despetits boulots.En copiant cette politique, nos« gouvernants » nous condui-sent droit dans le mur… de laprécarité. Construisons le rap-port de force nécessaire pourimposer une autre politiquede l’emploi. Lutter contre letravail précaire, c’est défendrenos emplois !

Section Pitié-SalpêtrièreSanté-Social RP

SANTÉ

La prévoyance de moins en moins prévoyante

PRÉCARISATION DU TRAVAILGÉNÉRALISÉE DANS LA FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIÈRE

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MASSEUBE

Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

5Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Vie et activités de la CNT

VIE SYNDICALE

En septembre, vous avez pu décou-vrir dans le CS le monde de l’impri-merie et l’intérêt artistique et arti-sanal de ce métier.L’Imprimerie 34, où est imprimé leCS, nous servait d’exemple pourcette découverte. L’autre intérêtde cette imprimerie est qu’elle estconstituée en Scop. Les coopératives sont devenuesun des axes de développement dela confédération, en découvrir unenous semblait donc pertinent.

Une des grande particularité del’imprimerie est que vous êtes unecoopérative. L’imprimerie a toujours travaillé defaçon non hiérarchique, mais lesdébuts étaient caractérisés par unegestion qui peinait à accepter lescontraintes économiques. Fonction-nant au départ avec une énormepart de bénévolat, se pliant mal auxrègles bancaires, fiscales, commer-ciales, elle ne pouvait évoluer techni-quement ni assumer les investisse-ments indispensables sans se plierun minimum aux règles du système.Officialisant d’abord l’entreprise, en1977, en société en nom collectif(coopérative d’artisans), ce qui reve-nait très cher en charges, et, sur-tout, créant une différence entre lesartisans et ceux qui entraient par lasuite comme salariés, elle est deve-nue, en 1985, une Scop SARL, avectous ceux qui le désiraient.

À présent, tout le monde est action-naire, il y a égalité des salaires etles grandes décisions ou orienta-tions sont prises en assembléegénérale (un coopérateur = unevoix). Il ne peut pas y avoir d’action-naire majoritaire. Il n’y a pas depatron non plus, nous sommes toussalariés et nous désignons réguliè-rement les gérants (interlocuteursofficiels des institutions, c’est euxqui iront en taule en cas de grossouci…). Il n’y a pas de hiérarchienon plus, ceci étant facilité par l’in-terdépendance d’une chaîne gra-phique (commerciaux => devis =>maquette => flashage => impres-sion => paiements, remerciementsou grogne du client).L’Imprimerie 34, en tant que Scop,fait partie de l’Union régionale desScop, à la fédération « Industriesgraphiques et communication » et àla Confédération nationale desScop. Cela devrait rappeler des cho-ses aux cénétistes…En sachant que le « label » Scoppeut couvrir toutes sortes de fonc-tionnements et d’entreprises, par-fois énormes et fondamentalementcapitalistes… La particularité dechacune réside dans son fonction-nement interne.

Comment est géré le départ destravailleurs (ceux et celles qui par-tent pour telle ou telle raison avecou sans conflit) ?

Un nouveau travailleur arrive soitpar cooptation (connaissanced’untel, suite à un stage, etc.), soitsur un appel d’offre (réseau desScop, ANPE, etc.). Notre premierdevoir est de lui présenter le fonc-tionnement de la coopérative, cartout salarié a vocation à devenircoopérateur au bout de deux ans(maximum). Cela dit, le turn-overest très faible.À ma connaissance, il n’y a euqu’un départ conflictuel (il s’agissaitd’un coopérateur qui n’était plusd’accord avec les orientations del’AG et qui a quitté la coopérative).Sinon, il y a eu quelques départsà la retraite, mais ces ancienstravailleurs restent toutefois coo-pérateurs et peuvent/doiventparticiper aux AG.

Quel rapport à l’argent entretenez-vous ? Choisissez-vous vos clients ?Nous ne prétendons pas vivre endehors du système capitaliste.Mais pour ce qui est du bénéfice,c’est une notion un peu étrangèrechez nous ! Le but premier de l’im-primerie est de permettre à unevingtaine de personnes d’en vivre,ce qui est déjà beaucoup, et néces-site des efforts considérables.Mais pas à n’importe quel prix. Oui,on peut refuser des clients. Parexemple au moment des élections,il y a évidemment des limites. C’estdéjà un choix épineux de bosserpour les élections, les besoinsfinanciers nous l’ont fait accepter,mais on ne travaille pas pour toutle monde quand même. D’ailleurs,c’est rare que les indésirablesnous sollicitent. Nous refusonsaussi les sectes, le porno, nous

nous renseignons quand nousavons un doute. Ce qui n’exclut pasqu’on puisse se tromper.L’imprimerie rassemble des mili-tants politiques ou non, mais elleest chargée d’une histoire et d’unengagement. Nous bossons avecdes institutions (mairies, théâtre,université, etc.), des associations(culturelles, écolos, syndicats), desmaisons d’édition et des collectifssans le sou (lycéens, étudiants,antifascistes, etc.). Tout le mondevoit tous les boulots passer et nousavons tous un droit de retrait/veto.Notre panel reste quand mêmeassez large mais « de gauche »… Leplus caractéristique de notredémarche reste que le fait de tra-vailler de façon rentable pour uncertain nombre de clients qui peu-vent payer nous permet d’en aider

d’autres, qui ne le peuvent pas,selon notre volonté de départ res-tée en vigueur, du droit à l’expres-sion pour tous. Alors le bénéfice, s’ily en a, tu vois où il part !

Quel recul avez-vous sur votre sta-tut de coopérative ?Tout le monde est content du fonc-tionnement coopératif tel qu’ilexiste à I 34. Toutefois, on est plusque dubitatif sur la confédérationdes Scop. Elle réunit des militantscoopératifs, des gens non engagésdans le mouvement coopératif et depures crapules capitalistes, qui sontlà pour le profit et les facilités pro-posées par le statut de Scop. Il y estde moins en moins question de soli-darité, d’entraide, etc.

Propos recueillis par A Presse-RP

Voici dix ans que des cénétistes et des sympa-thisant-e-s se retrouvent à la même période (du16 au 22 août) pour s’entraîner aux pratiquesautogestionnaires à Masseube (Gers) avec cou-chage au camping, vie commune à la salle desfêtes et accès au cinéma municipal.

Plus qu’une semaine fort conviviale de débat, dediscussions, de fêtes et de poilades en tout genre,il faut organiser la préparation, le quotidien et ledépart. Tous et toutes (enfants compris, évidem-ment) se doivent de participer.À partir d’un stock de légumes, de féculents, deviande, etc., fourni la plupart du temps par descamarades ou des proches, des équipes devolontaires ont tourné pour concocter de superrepas (végétarien une fois par jour), pour plusd’une centaine de fins gourmets, le tout accom-pagné de bière en pression (bio ou pas), de Gail-lac et de jus de fruit (bio ou pas du tout… pour lecoup). S’en suivent des séances de vaisselle,

rangement et ménage, moins drôles mais néan-moins nécessaires.Chaque jour ont aussi eu lieu des débats proposéspar les participant-e-s en début de camping por-tant sur la réforme de la représentativité, les coo-pératives et la CNT, l’autogestion ou encore l’éco-construction. Certain-e-s se sont aussi initié-e-saux techniques du théâtre de l’Opprimé.On a aussi profité des projections de La Zona (filmmexicain réalisé en 2007 par Rodrigo Pla), d’unfilm pour les enfants et d’une rétrospective surI 07 (1er Mai 2007 à Paris).Bref, tout ceci a pu se faire pendant dix ans grâceaux camarades de la CNT 32 (et leurs ami-e-s),aux AG quotidiennes d’organisation et surtout à labonne humeur de toutes et tous.L’an prochain, le camping confédéral change delieu (et de forme ?). Affaire à suivre…Vivement 2009 ! Vive la gymnastique révolutionnaire !

Ludo CNT 31

IMPRESSION COOPÉRATIVE

LA CNT C’EST QUOI ? UN SYNDICAT ! Parce que cette forme d’organisation englobe à la fois le champ

économique, politique, social et culturel. Parce qu’elle est directement issue du peuple et qu’elle représente ses intérêts. DE COMBAT !Parce que les intérêts des travailleurs s’opposent radicalement aux intérêts du capitalisme. Parce que les grandes avancées sociales n’ont été

arrachées que dans l’action et la mobilisation. AUTOGESTIONNAIRE ! Parce que les décisions doivent être prises à la base. Parce que

nous appelons à l’auto-organisation des luttes. SOLIDAIRE ! Parce que les hiérarchies (salaires, fonctions, statuts) s’opposent à une société

égalitaire et autogérée. Parce que seules la réflexion et l’action interprofessionnelles permettent d’éviter le corporatisme. ANTICAPITALISTE !Parce que nous fabriquons toutes les marchandises et assurons tous les services, nous devons les orienter pour le bien de toute la collectivité

et non pour l’ambition démesurée de quelques-uns. C’est pourquoi nous pensons que le syndicalisme doit être porteur d’un projet pour

une société plus juste, plus égalitaire, plus libre… Un projet révolutionnaire.

PUISQUE PERSONNE NE TRAVAILLE À TA PLACE,QUE PERSONNE NE DÉCIDE À TA PLACE !

SALON DE L’AUTRE LIVREPour la quatrième annéeconsécutive, la CNT organise leSalon de l’Autre Livre à Saint-Étienne, les 17, 18 et 19 octo-bre prochains à la Bourse dutravail, de 9 heures à 19 heu-res, en marge de la 22e Fête dulivre de la ville. Une cinquan-taine d’éditeurs et une quin-zaine d’auteurs ont déjàrépondu à l’invitation. À côté de l’expo permanente,diverses animations sont pré-vues : lectures, apéro musical,avec notamment la choralerévolutionnaire la Barricade,buvette, sandwiches, espaceenfant, débats et conférences.INFOS : Syndicat CNT de la Loire,salle 15 bis, Bourse du travail, 42028 Saint-Étienne cedex 1. Tél. : 04 77 25 78 04. Mail : [email protected]ès une année de lutte, Masseube,

c’est la détente…

UNE SEMAINE DE GYMNASTIQUERÉVOLUTIONNAIRE

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Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

6 Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Actu juridique

AU NOM DE LA LOIwww.cnt-f.org

Bureau confédéralBP 30 423, 35004 Rennes Cedex

tél. 0 810 000 367 prix appel local [email protected] – fax 02 99 63 12 58

Vous trouverez sur le site Internet toutes lescoordonnées pour contacter un syndicat parbranche ou par section géographique. Voiciles adresses par régions.

AlsaceUnion régionale CNT5 rue des Maréchaux, 68100 MulhouseTél. 06 68 59 26 51

AquitaineUnion régionale CNT36 rue Sanche de Pomiers, 33000 BordeauxTél. 05 57 89 21 72

AuvergneUnion locale CNTSalle Poly, place Poly, 63100 Clermont-Ferrand

BourgogneSyndicats CNT NièvreBP 25, 58018 Nevers CourlisSyndicats CNT DijonBP 392, 21011 Dijon

Bretagne et Pays de LoireUnion régionale CNT5 square Charles-Dullin, 35200 RennesTél. 02 99 53 32 22

CentreUnion régionale CNT-Loiret259 rue de Bourgogne, 45000 Orlé[email protected]

Champagne-ArdennesSyndicats CNT MarneBP 90009, 51201 Épernay Cedex

Franche-ComtéSyndicats CNT Doubsc/o CESL, BP 121, 25014 Besançon CedexSyndicats CNT JuraBP 80039, 39110 BraconTél. 03 84 73 06 12

Île-de-FranceUnion régionale CNT33 rue des Vignoles, 75020 ParisTél. 01 43 72 95 34

Languedoc-RoussillonUnion régionale CNTc/o CNT-PTT 66BP 90256, 66002 Perpignan cedex

LimousinSyndicats CNT Corrèze2 rue de la Bride, 19000 Tulle

LorraineSyndicats CNT Meurthe-et-Moselle44 rue de Mulhouse, 54000 Nancy Tél. 06 17 63 15 36

Midi-PyrénnéesUnion régionale Midi-Pyrénées18 av. de la Gloire, 31500 ToulouseTél. 08 72 58 35 90

Nord-pas-de-CalaisUnion régionale CNT1 rue Broca, 59800 LilleTél. 03 20 56 96 10

NormandieSyndicats CNT CalvadosBP 02, 14460 ColombellesSyndicats CNT Seine-MaritimeBP 411, 76057 Le Havre cedex

PACAUnion régionale CNT12 rue de l’Évéché, 13002 Marseille

Pays de la Loire voir Bretagne

PicardieSyndicats CNT OiseBP 50 605, 60006 Beauvais Cedex

Poitou-CharentesUnion régionale CNT20 rue Blaise-Pascal, 86000 PoitiersTél. 05 49 88 34 08

Rhône-AlpesUnion régionale CNTSalle 15 bis, Bourse du travail,42028 Saint-Étienne cedex 1

Tél. 04 77 25 78 04

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LÀOÙTU VISLA CNT LUTTE

Après un été particulièrement riche enattaques gouvernementales sur ce qui restede nos droits sociaux (loi de modernisa-tion du travail, fusion ANPE/Assedic,réforme du droit syndical, etc.), l’abbéHirsch, ex-taulier d’Emmaüs France, s’ap-prête à célébrer la messe qui donnera nais-sance à la loi « généralisant le revenu desolidarité active et reformant les politiquesd’insertion», une nouvelle merde destinéeà précariser un peu plus les bénéficiairesde minima sociaux et les demandeursd’emplois. Ce qui n’empêche pas certainsténors de la gauche de Bové à Royal deconclure que le RSA est une avancée fon-damentale dans la lutte contre l’exclusion.Au-delà des effets de communication, leRSA recèle de vrais dangers tant sur lefond que sur la fameuse question de sonfinancement, qui a fait passer Sarko pourun dangereux gauchiste lorsqu’il annon-çait qu’il taxerait le capital de 1,1%.

Refonte des allocations, précarité et contrôles accentués

Postulant que tout est toujours complexeen France, notre super haut-commissairedécide de tout simplifier en uniformisant.Quoi donc? Eh bien tout, ma bravedame! Les allocations RMI, API (alloca-tion parent isolé), la PPE (prime pourl’emploi) seront refondues dans le futurRSA. De ce fait, l’ancien patron d’Em-maüs France se situe dans l’air du temps,puisque tout est à l’uniformisation :contrat unique d’insertion, allocationunique, guichet unique pour traiter lesdossiers des demandeurs d’emplois etbénéficiaires de minima sociaux, etc. LeRSA n’est rien moins que le dernier acted’une pièce macabre, où l’insertion par lasanction ne vise qu’à contrôler un peuplus les précaires en les soumettant aubon vouloir d’une seule personne quigouvernera désormais la vie de ces travail-leurs pauvres en un seul clic. Et, avec ledécret du 28 janvier 2008 relatif à « l’éva-luation des éléments du train de vie », pasquestion de tenter d’améliorer sa situa-tion ou de vouloir vivre décemment,autrement le contrôleur unique pourraitdemander la suspension de l’allocation ;ne vous faites pas offrir des choses joliesou nécessaires, vous seriez soupçonné devivre au-dessus de vos moyens !Enfin, et c’est sans doute le plus impor-tant, la mise en place du RSA va inélucta-blement entraîner une inégalité de traite-ment dans la gestion des dossiers etsurtout des aides. En effet, se fondant surune loi de décembre 2003 qui décentralise

la gestion du RMI aux conseils généraux,le RSA sera bientôt également géré par cesmêmes conseils généraux, ce qui signifieque l’allocataire est totalement soumis aubon vouloir de tel ou tel département, oùil ne sera pas traité de la même façon queson voisin. Sans compter qu’il ne signerapas forcément son contrat d’insertionavec l’ANPE (qui a perdu le monopole duservice public de l’emploi), vu que lesconseils généraux seront libres de passerconvention avec les prestataires du secteurprivé. Libéralisons, qu’il disait…Et ils sont nombreux à se bousculer auportillon des conseils, puisque le pèreHirsch est prêt à donner la qualification de«partenaire social » à tout collectif, associa-tion ou structure privée se disant prêt à« aider les travailleurs pauvres à se réinsé-rer ». Avec une telle définition, la Commu-nauté d’Emmaüs devient un partenairesocial, mais avec un statut à part vu qu’ellene cotise pas, car non vue comme un vraitaulier, ce qu’elle est en réalité.L’État se dégage progressivement duchamp social en décentralisant jusqu’à lagestion du cadre juridique ou des ressour-ces (les barèmes de ressources des minimasociaux étant en principe fixés uniformé-ment au niveau national). Il opère lemême repli stratégique pour ce qui est dufinancement du RSA, puisqu’il entendsaigner un peu plus les classes moyennes.

Le financement du RSA par le capital ? Mon œil !

Lorsqu’il annonçait qu’il allait taxer lesproduits du capital de 1,1% pour finan-cer le RSA, beaucoup ont cru que le loca-taire de l’Élysée avait fondu quelquesplombs. Qu’on rassure ses fans, il n’enest rien. L’annonce tonitruante faite àLens avait été savamment orchestréepour mettre au pied du mur la gauchequi hurle au pouvoir d’achat.En réalité, ce que Sarko et Hirsch ontoublié d’expliquer, c’est de quels produitsfinanciers il va s’agir. Sûrement pas ceuxdes entreprises du CAC 40 ou encore desrevenus protégés par les niches fiscalesqui, de l’aveu même du Premier ministre,resteront imperméables à toute taxe.Sont visés par cette taxe les plans épargnelogement (PEL) qui représentent presqueun ménage sur deux, ainsi que les Perco,ces plans d’épargne de retraite collectiveque l’on souscrit quasi obligatoirement sil’entreprise en propose une. Enfin lessouscripteurs à une assurance vie pensantlaisser un pécule aux proches se verronteux aussi soumis à la dîme de l’abbéHirsch. En moyenne, cela représente12 millions de foyers sommés de donnerde l’argent pour que fonctionne le planrévolutionnaire à propos duquel sonauteur s’extasiait encore au micro d’unechaîne publique : « Ce sera presque100 euros de plus de revenus» disait-il.Vu le coût de la vie actuelle, les projets del’embellir avec 100 euros de plus demeu-rent somme toute assez fumeux.Au Moyen Âge, on enfermait les débiteursen situation de faillite, ou bien certainsentraient au service du créancier commeserf. En 2008, on oblige les plus modestesà accepter un emploi qui ne tient pluscompte des qualifications ou des désirs dela personne, sous menace d’être radié dufichier «unique» du demandeur d’emploiet du bénéfice des allocations.

Jamila Santé-Social RP

RSA ACTU’BRÈVESJURIDIQUES

La discrimination par ricochetreconnue par les juges

C’est en effet ce qui ressort de cette importantedécision de la CJCE (Cour de justice des Commu-nautés européennes) dans une décision rendueen juillet 2008. Une salariée anglaise maman d’unenfant handicapé s’est vue reconnaître victime detraitement moins favorable et d’un licenciementabusif du fait du handicap de son enfant.C’est une première en matière de discriminationcar on reconnaît la discrimination par « ricochet », àsavoir le fait de commettre une différence de trai-tement en raison de caractéristiques présenteschez autrui, ce qui permet d’étendre la protectioncontre la discrimination. (CJCE aff 3003/06 Coleman, 17 juillet 2008.)

Même en l’absence de victime, il peut y avoir discrimination

Là aussi, les juges européens ont fait preuve de créa-tivité, puisqu’ils considèrent (pour la première fois)qu’un taulier peut être condamné pour discrimina-tion même en l’absence de victime identifiable.Il s’agissait ici d’un employeur belge qui criait hautet fort qu’il n’embaucherait jamais certaines per-sonnes un peu trop bronzées à son goût. Cettedéclaration est parvenue jusqu’aux oreilles desjuges qui en ont déduit que de fait cela créait unediscrimination à l’égard des futurs candidats.(CJCE aff 54/07 Feryn, 10 juillet 2008.)

Élections, piège à…Messe prud’homale oblige, ça fait toujours du biende revisiter les classiques. Ainsi, en matière derenouvellement de mandat, il arrive que lespatrons « oublient » d’organiser des élections enbonne et due forme. Ce délit d’entrave n’a paséchappé à la chambre sociale, qui a annulé ladécision unilatérale d’un taulier de renouveler lesmandats des représentants. Les juges se sontchargés de lui rappeler qu’à défaut d’accord una-nime des syndicats représentatifs pour prorogerles mandats, l’employeur est tenu de mettre enplace des élections du personnel. (Cass. soc. 16 janvier 2008)

Surf sur le Web :attention à la vague !Un employeur est désormais fondé à fouiller lamémoire de l’ordinateur ou du téléphone de sonsalarié, même en son absence. C’est ce qui ressortde cette décision de la chambre sociale, où un sala-rié a été licencié pour faute grave après que sonemployeur eut découvert qu’il surfait sur le Web àdes fins personnelles. Les juges ont donné raisonau taulier estimant que s’agissant d’un PC profes-sionnel, son usage était présumé professionnel etdonc que le taulier pouvait y avoir un total accès. On ne vous le dira jamais assez : effacez vos histo-riques après chaque utilisation ! (Cass. soc. 9 juillet 2008.)

Argent trop cherPuisque le pouvoir d’achat est à la mode, voilà dequoi le défendre : si votre employeur décide demodifier seul votre salaire, vous pouvez réagir enfaisant constater par les juges du travail qu’il amanqué à ses obligations, ce qui sera analysé enune prise d’acte de la rupture du contrat de travail.C’est ce qu’en on déduit les juges du travail pour unsalarié dont le patron avait modifié le salaire defaçon unilatérale. Comme c’est une chose qu’il nepeut modifier seul, la prise d’acte de la rupture ducontrat de travail est devenue un licenciementsans cause réelle et sérieuse. (Cass. soc. 9 juillet 2008.)

ou le travail sous-payé pour tous

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Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

7Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Économie et mémoire ouvrière

Y’EN A LÀ-DEDANS

Alors que le gouvernement accentue les coupes dras-tiques en termes de moyens humain et financier quisont nécessaires à la bonne marche de nos missions, ilargumente et martèle dans les médias que la Franceest en faillite et que le déficit public est un poids quiparalyse l’économie…

Le déficit public s’élève 1100 milliards d’euros… soit 65%du PIB de la France. Notons que la dette représentait 21%du PIB en 1980 (combien de gouvernements salvateurssont passés depuis ?). Il s’agit de la définition européennede la dette publique, qui comprend celle de l’État, des orga-nismes de Sécurité sociale et des collectivités territoriales.D’après le gouvernement, c’est un problème typiquementfrançais, le poids du service public étant trop important…Il est alors intéressant de comparer cette situation avec celled’autres pays où le «poids » du service public est quasiinexistant. Ainsi, la dette du Japon atteint 172% du PIB,celle des USA, où les services publics sont connus pour leurgrande efficacité (!), est de 69% du PIB.La technique est toujours la même : culpabiliser la popula-tion à grands coups de mensonges ! Selon le gouvernement,la dette résulterait d’une augmentation excessive des dépen-ses publiques injustifiées (assurer un service de santé à tous,par exemple ?). Et comme on ne peut pas dépenser plus quel’on gagne, on pénaliserait les générations futures quidevront payer ce que nous avons acheté à crédit, commeun ménage ou une entreprise endettée.Mais on ne peut pas comparer la société à un ménage, c’estconfondre le particulier au collectif. Un État fixe lui-mêmele montant de ses recettes, et s’il emprunte, c’est par choix,pour (normalement) assurer les besoins de la population.Une société n’a pas vocation à faire des profits mais à régu-

ler les besoins et maintenir le lien social. En réalité, le trans-fert ne se fait pas entre générations mais entre couchessociales. Et tout comme un particulier, l’État doit payer desintérêts. L’augmentation de la dette publique ne résulte pasd’une montée immodérée des dépenses, mais d’une aug-mentation des intérêts de cette dette.

Les rentiers se nourrissent de la dette

L’État vit grâce à des banques comme BNP Paribas etconsorts, auprès desquelles il s’endette aux taux du marchécomme n’importe quel client ! Il ne peut émettre de lamonnaie pour financer ses projets, seules les banques peu-vent le faire. Il a donc recours au crédit, principale res-source de ces dernières. De plus, la dette découle d’un choix politique, celui d’ins-taurer des réformes fiscales qui favorisent systématique-

ment les détenteurs de revenus du capital (dernièrementle paquet fiscal) ainsi que les plus hauts revenus. Ceshauts revenus qui disposent par conséquent de capacitésd’épargne accrues pour souscrire aux emprunts d’Étatsous forme de bons du trésor. Et le plus fort, c’est que l’État va s’endetter auprès de cesclasses favorisées à des taux d’intérêts prohibitifs et nonrévisables. La montée de la dette publique est donc organi-sée, puisqu’elle entretient un système pervers qui se nourritdes intérêts perçus sur cette dette.Entre 1980 et 2005, la dette des administrations publiquesa augmenté de 861 milliards d’euros, lesquels sont répartisen 211 milliards d’emprunt et 650 milliards d’intérêts !Ainsi, la nature de notre fameux déficit est sociale puisqu’ils’agit d’un transfert de ressources (encore et toujours) versles classes les plus favorisées.Pour une vraie justice sociale et une gestion saine, l’État(en faillite ?) devrait par exemple s’abstenir de faire cadeaude 21 milliards d’euros aux entreprises chaque année pourles réductions de cotisations sociales et patronales ! Cesfameuses exonérations devraient permettre aux entreprisesde recruter… Résultat ? Le chômage n’a jamais été aussihaut, et la précarisation des travailleurs explose pour aug-menter les profits !Cela permet de comprendre le discours alarmiste dénon-çant le report de la charge de la dette sur les générationsfutures, histoire de justifier la rigueur budgétaire pour leplus grand nombre et le confort pour les autres !Ce que nous laissons aux futures générations, ce sont desécoles, des hôpitaux, des infrastructures territoriales et desmoyens humains au service de tous !

Section Pitié-Salpêtrière Santé-social

Cet été, un livre est sorti, indispensablepour suivre les contorsions idéologiquesdes syndicats, et principalement de laCFDT. Il s’agit de Cléricalisme moderne etmouvement ouvrier, recensant des articlesde Marc Prévôtel, parus dans L’Anarcho-syndicaliste. De l’ACJF au PSU, un parcoursétonnant et des individus tristement célè-bres, de Maire à Rocard. Quelques repèrespour tenter de clarifier les idées.

Depuis 1884, qui voit la légalisation des syn-dicats, les choses sont claires. D’un côtéceux qui s’organisent pour une véritable rup-ture avec l’exploitation, de l’autre les nostal-giques de la restauration monarchico-religieuse. Les choses vont changer à partirde 1891, lorsque Léon XIII promulgue l’ency-clique Rerum novarum, plus connue sous

son appellation de doctrine sociale del’Église. Tirant le constat que la sécularisa-tion de la société française est irréversible,c’est de l’intérieur qu’il faut reconquérir lepouvoir. Les cathos français, sans douteobtus, se font d’abord tirer l’oreille. Il faudraplusieurs rappels à l’ordre du Vatican, dès1891, puis en 1892, et enfin en 1895, pourqu’ils comprennent enfin les possibilités quis’offrent à eux. Citons Léon : « Il est donc évi-dent que les catholiques ont de justes motifsd’aborder la vie politique […], non pourapprouver ce qu’il peut y avoir de blâmableprésentement dans les institutions politi-ques, mais pour tirer de ces institutionsmêmes, autant que faire se peut, le bienpublic sincère et vrai, en se proposant d’infu-ser dans toutes les veines de l’État, commeune sève et un sang réparateur, la vertu etl’influence de la religion catholique. »Il y a eu des précurseurs. Lamennais (1782-1854), prêtre et philosophe, avait l’habitudede teinter ses prêches de quelques allusionssociales, ce qui, dans l’esprit de l’époque,était mal vu de la hiérarchie, y compris duplus haut placé. Mais le catholicisme pouvaitrevendiquer un discours social faisant pen-dant aux héritiers de la Révolution. Commed’habitude, deux fers au feu… Oncondamne, mais pas trop fermement, afinde pouvoir ensuite se refaire une virginité surle dos des anciennes brebis galeuses.Les années 1890 marquent la naissance deplusieurs organisations catholiques tour-nées vers les travailleurs. Citons la plusimportante, l’ACJF (Association catholique dela jeunesse française), fondée en 1886 parle comte Albert de Man, monarchisteconvaincu, traumatisé par la Commune. Sonobjectif est d’instaurer un ordre social chré-tien. C’est le catholicisme social dans toutesa splendeur, fondé sur le corporatisme.Bien sûr, pas question de lutte des classes,

mais plutôt de collaboration entre les clas-ses pour arriver à un monde juste et équita-ble… Le monde ouvrier va se transformer enterre de mission, pour ces bons apôtres duchristianisme social.La JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) vanaître vers 1926. L’AJCF va se restructurerpour embrasser toutes les composantes dela société : JOC, JEC chez les étudiants, JACà la campagne, JMC chez les marins et JCchez les catholiques aisés, avec commeinvariant la fidélité au saint-siège. Quant à laCFTC (Confédération française des travail-leurs chrétiens), elle naissait après guerre,en 1919, peu de temps avant la Confédéra-tion internationale des syndicats chrétiens.Durant la montée des totalitarismes, doublediscours. Pendant que Pie XI regarde le mus-solinisme avec les yeux de Chimène etdemande aux catholiques allemands de serallier à Hitler, en France les mouvementssyndicalistes catholiques vont lutter politi-quement contre les ligueurs. Et des chré-tiens vont se retrouver avec leurs organisa-tions dans la Résistance, alors que d’autresseront à Vichy… Le double jeu, toujours !À la libération, l’ACJF va faire un bout de che-min avec les Jeunesses communistes, ou lesjeunes socialistes, au sein de l’Union patrio-tique des organisations de jeunesse. Le flirtne va pas durer longtemps. Mais c’est l’épo-que où la démocratie chrétienne relève latête en France, avec la présence du Mouve-ment républicain populaire.L’histoire récente est plus connue. Les guer-res de décolonisation font voler en éclats lefragile unanimisme né de la Libération. Alorsque le MRP soutient des positions colonialis-tes, le groupe Reconstruction de la CFTC sepositionne dans le camp anticolonialiste. En1964, la CFTC scissionne et Eugène Des-camps porte la CFDT, déconfessionnaliséeen apparence, sur les fonts baptismaux. Elle

va se rapprocher du PSU mené par Rocard. Àpartir de 1974, la CFDT fait de l’entrisme auPS de Mitterrand, où elle anime la minorité« chrétienne de gauche » dont Michel Rocardest le chef de file. En 1981, quatre-vingt-dix ans après Rerum novarum, les catholi-ques ont atteint le but qu’ils s’étaient fixé : ilsaccédaient au pouvoir avec Mitterrand, quis’entourait de Delors, Rocard… Et il ne s’agitpas seulement de personnes, mais d’uneconception de la société, comme on peut levoir aujourd’hui avec les discours sur la laï-cité positive ou les progrès du corporatismedans le monde syndical. La lutte n’est jamaisterminée contre l’ennemi clérical.

Jean Giskan STE 75

Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier, MarcPrévôtel, Éditions libertaires, 14 euros.

DETTE PUBLIQUE, ENTRE ARNAQUE ET MENSONGESLA DESTRUCTION DU SERVICE PUBLIC SANITAIRE CONTINUE…

Christianisme social ? La messe est dite !

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Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

8 Organe de presse de la Confédération nationale du travail

International

SANS FRONTIÈRES

Dans les années 80, les socialistes fran-çais, qui n’ont décidément honte de rien,présentaient le modèle japonais commeun exemple à suivre. Corporatisme, asser-vissement par le travail, émulation destroupes au nom du saint profit, indiffé-rence à l’égard de ceux qui échouent, leconstat était déjà accablant. Vingt ansplus tard, les masques tombent. La préca-

rité touche désormais 35 % de la popula-tion active et les suicides deviennent sinombreux qu’ils inquiètent même les auto-rités. Au cœur de l’empire capitaliste, pour-tant, des précaires s’organisent et ripos-tent ! Première partie de l’entretien avecGen, travailleur du bâtiment et militant duFreeter’Union Tokyo.

Peux-tu te présenter ?Je m’appelle Gen Chijiwa. J’ai 30 ans etsuis membre du Freeter Union. J’ai toujourstravaillé en intérim depuis le début de mesétudes. Je suis actuellement au chômage,mais je vais bientôt reprendre un emploitemporaire. J’ai rejoint le Freeter Union parle biais du Haken Union, le syndicat des

intérimaires. Je les ai contactés en marsdernier après avoir été blessé au dos alorsque je travaillais pour Mcrew, une agenced’intérim dans la démolition. La compagniese proclame « entreprise sociale », un nou-veau business model destiné à aider lespersonnes sans emploi ou sans domicile.Nous avons considéré que les pratiques decette société étaient illégales et nous avonsdécidé de créer un « syndicat Mcrew ». Nousavons commencé à négocier avec la direc-tion. C’était en octobre 2007, et nous négo-cions encore à ce jour… Le Freeter Unionm’a invité à les rejoindre, et c’est ainsi queje me suis syndiqué.

Peux-tu nous présenter le Freeter ZenpanRodo Kumiai (FZRK, Freeter Union) ?Je connais le Freeter Union depuis 2006. Ilssont différents des autres syndicats. Aprèsla répression policière de la manifestationdu 1er Mai 2006, (le Mayday for Freedomand Survival), où des arrestations sans rai-son apparente ont eu lieu, il est devenu tropcoûteux de mener des actions dans la rue.Créer un syndicat et négocier avec lesemployeurs a été une stratégie pour conti-nuer à s’organiser contre la précarité et lenéolibéralisme. Et pour retourner dans larue, bien entendu. Des syndicalistes plusexpérimentés nous ont rejoints pour appor-ter aide et conseils. Le 1er Mai 2007,400 personnes ont manifesté, sans arresta-tion, et cette année a rassemblé 1 000 per-sonnes. Le réseau Mayday s’est maintenantétendu à tout le pays, et en 2008, deuxmembres ont fait une tournée à travers lesvilles de l’Euromayday : Milan, Berlin et Aix-

la-Chapelle. Outre les conseils juridiques etles luttes contre les employeurs qui sont aucœur de notre activité syndicale, nous pro-posons une lettre d’information toutes lesdeux semaines, un magazine envoyé parcourriel, des ateliers, des débats, une hot-line, le Mayday et le « Festival des résistan-ces et de l’antimilitarisme ». Nous essayonsd’impliquer les gens de diverses manières.À l’intérieur du syndicat, les membres nesont pas organisés autour de la politique oude l’idéologie, mais plutôt autour des pro-blèmes individuels immédiats concernant letravail et la survie. Pour nous, l’améliorationdes conditions de travail n’est pas une finen soi. Nous cherchons à casser certainesmentalités. Pour donner un exemple, lespressions économiques et sociales plaçantle travail et l’identité professionnelle au-dessus de tout doivent être combattues, etla revendication des syndicats traditionnelsqui demandent la dignité pour les travail-leurs sur leur lieu de travail n’est pas suffi-sante. Nous avons l’ambition de devenir unmouvement social qui s’occupe égalementdes problèmes extérieurs au monde du tra-vail. Le FZRK ne reçoit aucune aide finan-

cière de la part d’autres syndicats ou departis politiques. Il fonctionne grâce aux coti-sations et à l’argent gagné lors des négocia-tions collectives, mais aussi avec des dona-tions individuelles. Entièrement géré par desbénévoles, il reste indépendant des syndi-cats nationaux comme le Rengo ou le Zenro-ren. D’autres syndicats se trouvant dans lequartier de Shinjuku, comme le Tokyo Unionet le Temporary Workers Union (HakenUnion, TWU), nous aident de différentesfaçons, en travaillant ensemble lors descampagnes contre les agences d’intérim,par exemple, ou en partageant des locaux.

Interview réalisée par Nico SI de la CNT

Trad. : Fred Alpi Culture-Spectacle RP

Avec l’assassinat de José Omar Galeano Martí-nez, président national de la Fédération colom-bienne des vendeurs de loteries (Fecoloc), lesamedi 20 août 2008 à Buga, le nombre desyndicalistes assassinés s’élève à 38 depuis le1er janvier 2008 en Colombie. L’augmentationde ce phénomène est inquiétante, le nombrede syndicalistes tués en huit mois atteignantpresque les 39 abattus dans tout le pays l’anpassé. Cette année, les dirigeants syndicauxsont particulièrement visés : 15 assassinats,contre 10 en 2007.

José Omar Galeano Martínez a été assassiné parballes, alors qu’il animait la lutte pour la défensedes vendeurs de billets de loterie contre le trans-fert des loteries nationales à des entreprises pri-vées dans le pays, selon les informations de laCUT, centrale syndicale à laquelle appartient laFecoloc. La CUT dénonce donc un crime politique.Il est le troisième syndicaliste assassiné en août.Le 13, à Puerto Asís, Manuel Erminson GamboaMeléndez, vice-président de l’association pay-sanne pour le défense de Putumayo (membre duFensuagro, Fédération syndicale nationale uni-taire de l’agriculture et de l’élevage) avait été tuépar balles. Le 8 août, à Saravena, Luis MayusaPrada, membre de la sous-direction de la CUTdans son département, a été abattu alors qu’ilrentrait d’un rendez-vous chez le médecin.Citons également le cas de Guillermo RiveraFúquene, président de Sinservpub, dont le cada-vre est apparu le 15 juillet à Ibagué, trois moisaprès sa disparition dans la région de Tunal, etcelui de Leonidas Gómez Roso, employé du CityBank et dirigeant de l’Union nationale desemployés de banque (Uneb), assassiné le 7 marsà Bogotá, au lendemain de la Marche nationalecontre les paramilitaires et toutes les formes deviolence, dont il était un des militants.

On a recensé pour ce début d’année 200 viola-tions contre la vie, la liberté et l’intégrité des tra-vailleurs syndiqués, incluant menaces, arresta-tions arbitraires, disparitions violentes, attentatset d’autres formes de violences.La Centrale unitaire des travailleurs (CUT) a étéla plus touchée par cette flambée de crimes :29 victimes pour cette seule centrale, maisaussi cinq autres appartenant à des syndicatsproches de la CGT, et quatre à des organisationsnon confédérées. On recense cinq homicides au Fensuagro, qua-tre au Syndicat unitaire des travailleurs de l’édu-cation du Valle (Sutev), et trois pour l’Associationdes éducateurs du nord de Santander et le syn-dicat des travailleurs de l’Impec. Jusqu’à pré-sent, l’impunité la plus totale entoure ces cri-mes. D’après les informations disponibles surces faits, il n’y a eu que deux arrestations.Par ailleurs, l’augmentation des syndicalistesmenacés de mort est préoccupante, notammentdans le département de Santander. Alors quedans tout le pays 125 cas de menaces sont enre-gistrés, 57 syndicalistes y sont menacés.

Agencia de Información Laboral ENSTraduction : Maria Campos SI CNT

JAPON. UN PEU DE SOLEIL AU CŒUR DE L’EMPIRE

COLOMBIE. 38 syndicalistes assassinés en 2008ESPAGNE. NON À LA RÉPRESSIONÀ TELEFÓNICA !

Telefónica a monté une procédure contre neufsyndicalistes, membres actifs du comité d’en-treprise ou délégués syndicaux (dont un de laCGT), en en licenciant cinq et en en frappantquatre autres de quarante-cinq jours de miseà pied sans salaire.L’un d’eux avait participé à la négociation de

la convention collective et, avec la CGT, s’est opposé à la signature du docu-ment, parce qu’il comprenait une double échelle salariale : les nouveauxembauchés devaient toucher 30 à 40 % de moins que les salariés actuels surdes postes identiques.Pendant la phase finale de la négociation, plusieurs grèves et manifestations ausiège de l’entreprise ont eu lieu. Lors de la dernière manifestation, une déléga-tion et les membres du comité de grève ont tenté de remettre aux syndicatssignataires un argumentaire pour éviter qu’ils ne le fassent.Des vigiles s’y sont opposés, provoquant un mécontentement chez les manifes-tants, que les syndicalistes ont tenté de calmer en négociant l’entrée d’un repré-sentant par syndicat. Quelques semaines plus tard, Telefónica rendait publiquesles neuf procédures, accusant les syndicalistes d’être les fauteurs de troubles.La CGT comprend cette répression comme une sanction pour avoir protestécontre la signature de l’accord. Pour Telefónica, il s’agit d’entreprendre desactions devant les tribunaux pour éliminer les syndicats qui, comme la CGT, ontrefusé de signer cet accord discriminatoire.

Appel à solidarité : envoyez des mails de protestation !Nous vous demandons d’envoyer au DRH le texte suivant : « M. le directeur des ressources humaines de Telefónica SAU,Nous exigeons la fin de la répression à Telefónica España SAU, l’annulation dessanctions et la réintégration des licenciés. Pour la liberté d’expression, de mani-festation et le droit de grève. Non aux licenciements ! Non aux sanctions ! Non àla répression ! »(Nom du syndicat / militant, etc.)Message à envoyer à :A la atención de Alberto Casares Costa, Director de Recursos [email protected] une copie à : [email protected] et [email protected]

Jose Pascual Rubio Secrétaire international de la CGT

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Répression syndicale à Mauritius Telecom

La Telecommunications Wor-kers Union (TWU) a besoin denotre solidarité pour demanderla réintégration sans conditionaucune de deux syndicalistes,Indiran Carpanen, secrétaire dela TWU, et Raj Rughoonath, pré-sident de la Mauritius TelecomEmployees Association (MTEA).Voici leur appel à soutien.

Les relations avec la direction dela compagnie ont commencé à sedétériorer avec l’avènement deFrance Télécom comme parte-naire stratégique en 2000 avec40% des actions de la compa-gnie. Les droits sont constam-ment attaqués et les libertés syn-dicales restreintes et bafouées.Depuis 1995, un accord stipuleque les salaires et autres condi-tions de travail soient revus tousles quatre ans. Des accords col-lectifs ont été signés en 1996,2000, 2004 et des négociationsdevaient avoir lieu à partir de juil-let 2008. Surprise au début del’année quand la direction a prisla décision de nommer unilatéra-lement un commissaire salarial,sans l’accord des syndicats. Mau-ritius Telecom (MT) nous informequ’il n’y aura pas de négocia-tions, les syndicats devant sou-mettre leurs revendications aucommissaire, qui à son tour sou-mettra un rapport à MT, qui déci-dera éventuellement de la rééva-luation de façon unilatérale.La TWU et MTEA ont contestécette décision au tribunal et ontfait plusieurs conférences depresse. Nous y avons aussidénoncé France Télécom, quivampirise la compagnie. Suite àcelles-ci, deux syndicalistes ontété démis de leur fonction parMT, sans préavis ni autre procé-dure légale. Une tentativesérieuse de museler les syndi-cats, dans une situation où MTveut changer unilatéralement lessalaires et autres conditions detravail des employés, où FranceTélécom est constamment atta-quée pour ses abus et son projetde licencier 500 employés sur1900. Nos deux camarades doi-vent être réintégrés à leurs pos-tes immédiatement, et des négo-ciations avec les syndicatsdoivent être ouvertes sans délai !

Durant l’été 2008, une délégation du SI de la CNT s’est rendue au Maroc à la rencontredes forces vives du mouvement social dans ce pays. Cette rubrique rendra compte, moisaprès mois, à travers une série d’interviews et articles, des résistances de l’autre Maroc.Cet autre Maroc n’est pas celui des riches et des puissants, du golf et de sa «MaJetski»Mohamed VI. Ce n’est pas non plus celui des touristes qui viennent s’imprégner de la

beauté de ce pays. Cet autre Maroc est ce Maroc des luttes et des résistances. Ce Maroc de l’espoir et de la dignité.

Jérémie et David • SI CNT

L’AUTRE MAROCCHRONIQUES DE RÉSISTANCES, 1re PARTIE

Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

9Organe de presse de la Confédération nationale du travail

International

SANS FRONTIÈRES

« LE POUVOIR SAIT QU’IL NE PEUTACHETER NOTRE SILENCE ! »

Azzedine habite à Sefrou dans la région deFez, au centre du Maroc. Militant connudans sa ville, il a fait partie des 11 syndi-calistes détenus pour « atteinte auxvaleurs sacrées ».

Pourquoi as-tu été jeté en prison ?J’ai été arrêté le 23 septembre 2007, suite àune série de rassemblements organisés parl’AMDH (Association marocaine des droitsde l’homme) pour protester contre la haussedes prix des denrées alimentaires de baseau Maroc, conséquence directe du capita-lisme et de ses effets surles politiques agricoleslocales. La police politiqueest venue me cueillir aupetit matin chez moi. Parcequ’à Sefrou, je suis lereprésentant de l’AMDH etque les autorités localessavent que je suis membrede la commission syndi-cale de la Voie démocrati-que, une organisationmarxiste opposée depuistoujours à la monarchie etau pouvoir. Mon arresta-tion devait donc servird’exemple et enrayer lamobilisation contre lacherté de la vie. De cecôté-là, ce fut un échec pour le régime carmon arrestation a radicalisé la populationqui s’est ensuite exprimée de façon plus

massive et surtout plus violente avec desémeutes. Le niveau de répression est luiaussi monté d’un cran. D’autres militantsont été arrêtés et jetés en prison.

Comment se sont déroulés vos premierstemps d’incarcération ?On a été interrogé par la police politique. Ilsvoulaient tout savoir : les gens que l’onconnaissait, notre réseau militant, etc. Onnous insultait et nous frappait. De notrecôté, durant les interrogatoires, on est tou-jours restés sur nos positions et sur la légiti-mité que nous avions à nous opposer à lapolitique du régime et aux conséquencesdramatiques de la hausse des prix sur la

population. On nous aentassés dans une cel-lule où il y avait déjà50 personnes pour unespace de 15 m2. Il n’yavait pas de lit, pas d’eauet un trou en guise de toi-lette. Sans porte, bienévidemment. Nous dor-mions sur le sol. On nousinterdisait toute prome-nade ou activité sportive.La nourriture était toutebonnement infecte. Lemanque d’hygiène étaittel que nous avonsattrapé des maladies depeau. Nous avions droit àune douche par semaine.

Dans un premier temps, les visites n’étaientautorisées qu’à nos femmes ou mères, etcela une demi-heure par semaine.

Nous avons donc entrepris de nous mettreen grève de la faim afin d’améliorer nosconditions de détention : nous revendi-quions d’être traités et considérés commedes prisonniers politiques et non commedes prisonniers de droit commun. Ce queles autorités ont toujours refusé. Nousdemandions surtout, face à l’arbitraire denotre détention, notre libération immédiate.

Comment s’est organisée la mobilisationpour demander votre libération ?La mobilisation a été très importante, tantau plan local (Sefrou et dans tout le terri-toire marocain) qu’international. L’AMDH,qui compte 8 000 militants, a multiplié lesrassemblements et les actions. En Europe,nous avons aussi eu du soutien. Je tiensd’ailleurs à remercier les organisationsanarcho-syndicalistes : la CGT (Espagne) etla CNT (France) pour tout le travail qu’ellesont fait. Le 19 février 2008, nous étionslibérés, sans qu’un tribunal nous ait jugésou condamnés. Sortis de prison, nousavons poursuivi notre combat pour la libéra-tion de tous les syndicalistes emprisonnéset autres prisonniers d’opinion au Maroc.Le pouvoir sait qu’il ne peut pas acheternotre silence. Quant à moi, je suis prêt àretourner en prison, mais ma lutte pour ladignité et la justice continue plus quejamais. Les chefs d’État, les puissants s’or-ganisent et sont unis contre les peuples. Ànous, les exploités, de nous coordonnerafin d’atteindre notre but. L’unité des peu-ples est indispensable.

Propos recueillis par Jérémie SI CNT

Après la criminalisation de la contesta-tion pacifique dans le bassin minier deGafsa (sud-ouest du pays, voir CS de sep-tembre 2008), le régime despotique tuni-sien s’attaque à présent à la solidarité desTunisiens de l’étranger.

Après Essghayer Belkhiri (29 ans, résident àNantes), qui a subi des traitements inhumainset dégradants durant plus d’un mois avantd’être remis en liberté, c’est au tour de Mou-hieddine Cherbib, président de la Fédérationdes Tunisiens pour une citoyenneté des deuxrives (FTCR), d’être inculpé par le parquet deGafsa pour « appartenance à une bande, parti-cipation à une entente établie dans le but depréparer ou de commettre un attentat contredes personnes ou des biens » et «distribution,mise en vente, exposition au regard du public,détention en vue de la distribution, de lavente, de l’exposition dans un but de propa-gande de tracts et de bulletins de nature ànuire à l’ordre public ».Cette accusation infamante honore davan-tage Mouhieddine Cherbib, qui n’a commisd’autre « crime» que d’avoir exprimé sa soli-

darité avec ses concitoyens qui subissent,depuis janvier 2008, les pires atrocités qu’unrégime puisse infliger à « sa » population :encerclement permanent par l’armée, décèsde quatre citoyens victimes de la répression,torture, traitements inhumains et dégradants,emprisonnements arbitraires après des procèsiniques qui ont vu, entre autres, Zakia Dhi-faoui, enseignante, écoper d’une condamna-tion à quatre mois de prison ferme suite àune manifestation pacifique organisée par lesfemmes de la région !Le Comité de soutien aux habitants du bassinminier* exprime son soutien inconditionnelet indéfectible à M. Mouhieddine Cherbib etexige la libération de tous les prisonniers dumouvement du bassin minier et l’abandonimmédiat des poursuites engagées contre tousceux qui sont en attente d’être « jugés ».

Fred GT Afrique du SI CNT,d’après le texte du comité

* Dont fait partie la CNT.Plus d’informartions disponibles sur le site Internet dela FTCR : www.citoyensdesdeuxrives.eu

TUNISIE. Gafsa, la répression s’élargit

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Que sont Les Temps maudits ? xLe congrès CNT de Lyon en 1996 décidala création d’une revue. D’habitude, une

revue comporte un comité de rédaction quipond des articles et qui, éventuellement, solli-cite des collaborateurs sur tel ou tel sujet. Dansnotre cas, la revue devrait être le reflet despréoccupations et des questionnements dessyndicats. Mais que fait-on quand on est enmanque d’articles ? Nous avons improvisédans la foulée. Commençons par le titre, qui continue à fairegrincer des dents : Les Temps maudits fontréférence à un recueil de poésies de MarcelMartinet, proche des syndicalistes révolution-naires ; l’expression désigne, bien entendu, lasociété capitaliste actuelle. Des copainsavaient pensé faire un dossier sur la littératureprolétarienne, mais il n’est jamais sorti. Continuons par l’équipe rédactionnelle : à uneépoque, certains voulaient un comité honorifi-que, avec Noam Chomsky, par exemple… Inutilede dire que l’opposition a été forte ! Depuis lecongrès de 2003, le « Comité technique de fabri-cation, de coordination et de lecture » est exclu-sivement composé de cénétistes. Les contribu-tions viennent principalement de syndiqués etquelques articles sont signés par des camara-des extérieurs. Sur ce plan, nous avons eu dessoucis, parce que des conceptions étrangères àla CNT risquaient de passer dans la revue. Pour revenir aux problèmes des articles venantdes syndicats, l’expérience démontre qu’il esttrès difficile d’obtenir des réponses pour unplanning précis. Il a donc fallu parfois rédigerdes papiers sur des sujets intéressants, maiscertainement moins riches que ce que pou-vaient transmettre les camarades sur le ter-rain. Heureusement, nous nous sommes servid’articles de camarades étrangers, commeceux publiés dans la revue Libre Pensamientode la CGT espagnole.Bref, il nous manque un comité de rédactioncapable d’élaborer des dossiers à l’avancepour plusieurs numéros. Il faudrait égalementune équipe professionnelle chargée d’assurerla révision et la relecture des articles. Ce grostravail ne peut pas reposer sur une seule per-sonne. D’ailleurs, les retards de parution sontdirectement liés au fait que les articles ne peu-vent pas être finalisés (au sens de publiablesdans un français à peu près correct ) dans lestemps. De leur côté, les maquettistes ne sontpas toujours disponibles (obligations familia-les, professionnelles et/ou militantes). À cesujet, nous devons un grand merci à Loïc etMateo, qui nous ont filé un formidable coup demain quand les maquettistes « réguliers »étaient indisponibles. Depuis quelques numé-ros, la majeure partie de l’iconographie estl’œuvre d’un excellent illustrateur, mais noussommes toujours à la recherche de nouveaux

talents, pour varier les plaisirs. Le prix ? Cer-tains copains le trouvent trop élevé, mais pourune revue, c’est correct.

Quel est l’impact des TM dans les syndicats ?C’est le gros problème de la presse syndicale,que vous connaissez bien au CS : la plupart dessyndicats ne disposent pas de mandatés pourla presse. La diffusion est très faible au seindes syndicats et nous devons passer depuisdes années par un diffuseur « bourgeois », bienque proche de nos idées. Il existe un risque detourner en rond, en tout cas en dehors des syn-dicats, d’où la nécessité d’un virage.

Cautionnez-vous tous les textes publiés, ouest-ce une revue « sans censure » ?Pour avancer et anticiper sur l’avenir, il estnécessaire d’avoir les coudées franches, touten restant dans un climat anticapitaliste delutte de classes. Nous avons justement publiétrois contributions essentielles sur l’anarcho-syndicalisme et la CNT : une première dans lenuméro 19, « Au-delà du classicisme syndical etrévolutionnaire », puis deux articles proposéspar des camarades de Poitiers : dans lenuméro 21, « Pour une révolution de l’anarcho-syndicalisme » et dans le suivant, « Anarcho-syndicalisme : en finir avec un schéma révolu-tionnaire obsolète ». Ces articles auraient dûprovoquer de multiples réactions et, bizarre-ment, « les masses prolétaires » demeurentmuettes. Concrètement, on ne s’oppose qu’àdes articles véhiculant des idées incompati-bles avec la CNT, des contributions totalementfarfelues ou illisibles.

Comment fonctionnez-vous ?Le gros problème a été la distance entre lesmembres de la région parisienne et ceux deprovince ; il n’a pas été vraiment résolu, car lesactivités nationales ne réunissent pas forcé-ment tous les membres du comité de rédac-tion. Internet s’est donc imposé et nous fonc-tionnons virtuellement, mais très réellement,sur la toile depuis trois ans.

Quels enseignements tirez-vous des TM ?Franchement, la revue a beaucoup amenécomme réflexions sur le travail, sur le revenuminimum garanti, sur le fascisme et l’extrêmedroite, sur les luttes dans les boîtes (Longwy en2003, Interior’s et CAT au Havre depuis 2005,Malora en 2006). Et il en va de même pour lesinformations concrètes (la ligne du Mondediplomatique en Afrique), les luttes en Argen-tine, le soja OGM, des interviews de camaradesespagnols, ukrainiens et sibériens, etc. Enfinsur la présentation de livres récents et la récu-pération de notre mémoire (révolution espa-gnole, lutte armée en Bulgarie), les TM ont jouéun rôle qu’aucune autre publication n’a assuré.

Quel est le tirage de la revue ?Nous tirons à 700 exemplaires, dont 200 pourle diffuseur et 350 pour Saint-Étienne, quiassure les expéditions, et nous faisons undépôt de 60 à la librairie Publico à Paris. Lereste est pour la région parisienne.

Vous sortez un nouveau numéro ?Exact, le numéro 27 présente notamment undossier sur l’autogestion et la décroissance,avec des exemples d’expériences autoges-tionnaires en France et en Argentine. Autre-ment, un article s’intitule « Georges Sorel etl’éducation » et un autre expose d’unemanière très vivante la supercherie de l’Ac-cord de Nouméa, dix ans après sa signature,avec ses conséquences sur la vie en Kanakyaujourd’hui. L’histoire n’est pas oubliée, avec« La grève des charbonniers », un article pré-facé par la CNT 76 et publié à l’origine dansLa Vie ouvrière, en 1910, après la condamna-tion à mort du syndicaliste Jules Durand. Laparution est prévue pour mi-octobre.

Propos collectifs recueillis par A. Presse RP

RENDEZ-VOUS DE FÊTE OUI ! ET DE LUTTES AUSSI !

SOUTIEN AUX ANTIFAS RUSSES, DU 23 AU 29 NOVEMBRE, 7 DATES, 7 VILLES

http://solidarite.samizdat.net

8 NOVEMBRE 2008 SALLE DES FÊTES DEYENNE, POUR LA CNT 73

Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

10 Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Culture

C’EST COMME LA CONFITURE…

NATIONALISME & CULTUREde Rudolf Rocker

Né en 1873 à Mayence, RudolfRocker fut attiré un temps par lasocial-démocratie avant de s’orien-ter vers l’anarchisme. Contraint dequitter l’Allemagne, il se réfugia àParis puis à Londres, où il continuad’exercer sa profession de relieur etfréquenta le groupe d’anarchistesjuifs qui éditait la revue ArbayterFraynd. Il revint en Allemagne aprèsl’armistice et, fin 1922-début 1923,participa à la fondation de l’AIT,dont il allait assurer le secrétariat.En mars 1933, peu après l’incendiedu Reichstag, il quitte à nouveauson pays natal. Expatrié aux États-Unis, il collabore aux activités ducercle d’ouvriers regroupés autourde la revue Fraye Arbayter Shtimeet, sitôt commencée la guerre d’Es-pagne, fait œuvre de solidarité avecses compagnons espagnols, enrédigeant les brochures The Truthabout Spain et The Tragedy ofSpain, et en donnant des conféren-ces sur le territoire nord-américain.Après la Seconde Guerre mondiale,il se détache de la perspectiveanarcho-syndicaliste et de la « visionprolétarienne du monde » au profitd’une sorte de libéralisme radical.

Mort en 1958, il laisse une œuvreimportante dans laquelle deux livresbrillent d’un éclat particulier : sesMémoires, qui retracent une trajec-toire personnelle qui est aussi cellede l’anarcho-syndicalisme de la pre-mière partie du XXe siècle, et songrand ouvrage théorique, Nationa-lisme et culture. Fruit d’un long tra-vail achevé à la veille de l’incendiedu Reichstag, le livre ne sera publiédans sa langue d’origine qu’en1949, bien après les versions enespagnol et en anglais. Il aura fallubeaucoup plus de temps pour quece grand livre soit enfin disponibleen français. Voici donc réparée l’in-justice dont a été victime en Francecelui qui fut une des têtes les mieuxfaites du mouvement anarcho-syndi-caliste, et c’est avec un grand plaisir– et une grande fierté – que nousmettons à la disposition des lec-teurs français une des œuvres lesplus précieuses de la pensée liber-taire du siècle passé, servie par lerigoureux travail de Jacqueline Sou-brier-Dumonteil, qui s’était chargéede la version française de La Tragé-die de l’Espagne.

Éditions CNT-RP et Éditions libertaires,668 p., 20€ + 3,85€ de frais de port.

Les Temps maudits : autogestion et critique

“L’ordinaire est extra !”

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Nous sommes régulièrement amenés àdéfendre les services publics. Pourtant cettenotion est très liée à une forme d’organisa-tion sociale et politique autoritaire. Loin decorrespondre à un projet autogestionnaire,la création des services publics a largementœuvré à déposséder le mouvement ouvrierde ses capacités d’initiatives et d’entraide,au profit de la délégation et de l’assistanat1.Comme le précise Serge Halimi, « la régula-tion du capitalisme par l’État ne doit rien àune générosité des classes possédantes. Lecapital a dû, pendant un temps, faire desconcessions, s’il voulait éviter l’explosion2 ».Des concessions d’ailleurs bien imparfaites,car les services publics fonctionnent trop sou-vent au bénéfice des classes sociales les plus

favorisées : sélection scolaire, santé hors deportée des petites bourses et, dans les trans-ports, une répression tellement féroce qu’ellemène les plus pauvres en prison3.

Centralisme et hiérarchie

« Actuellement il suffirait, face à un mouve-ment insurrectionnel, de couper l’alimenta-tion au départ de quelques centrales pourplonger des villes ou des régions séditieusesdans l’obscurité. Car on touche ici au cœurde la question : l’État est fondamentalementune machinerie militaire, centralisée, hiérar-chisée et excluant tout débat ouvert au profitde la décision secrète. Et le fameux servicepublic issu du compromis de 1946 n’a jamais

cessé de fonction-ner sur ce mode4. »Si les fonctionnai-res « bénéficient »de la sécurité del’emploi5, ils sontpour la plupartsoumis à l’obéis-sance hiérarchi-que. Le nombreassez faible demouvements degrève et la relativeindifférence despersonnels faceaux attaques actu-elles témoignentdu fait que cesderniers sont habi-tués à ce que lesdécisions qui lesconcernent leur

échappent. Et les évolutions actuelles légiti-ment des pratiques managériales6, quiaccentuent l’individualisation, la perfor-mance et l’infantilisation des agents.

L’absence de projet commun

Ces évolutions renforcent l’opposition entreusagers7 et salariés. Dans les médiathèquesmunicipales, les mesures répressives semultiplient : pénalités de retard, systèmeantivol, vigiles à l’entrée, exclusion, etc. Lesrèglements intérieurs dans de nombreux ser-vices publics, qui se résument bien souventà une liste d’interdictions, sont égalementrévélateurs de cette défiance de l’institutionvis-à-vis des usagers. Ce type de relation estlié à l’absence de projet commun. La loi de l’offre et de la demande, ainsi quele résultat après investissement dictent deplus en plus nos pratiques, calquées sur cel-les des entreprises du CAC 40.

Construisons l’alternative

Il ne s’agit pas ici de négliger les conséquen-ces qu’entraîne la disparition actuelle desservices publics au profit de la privatisationet surtout de la marchandisation croissantede tous les rapports humains. Bien aucontraire, il s’agit d’anticiper sur de vérita-bles alternatives qui puissent être réelle-ment au bénéfice de tous. Par exemple, depuis quelques années, àParis, plusieurs usagers des transports encommun, tous membres du collectif RATP8,ont mis en œuvre une mutuelle de sanstickets. Cette caisse permet de rembourserles frais d’amendes des adhérents qui ont

décidé d’avoir un accès gratuit aux trans-ports. Car l’autogestion commence par là :décider plutôt que d’être consultés. L’État se fiche de nos conditions de vie. Lasolitude, la pauvreté et la difficulté de vivre debeaucoup d’entre nous sont là pour en témoi-gner. Pour que le cours de nos existencesnous échappe moins, prenons-les en main.

Emmanuelle Santé-Social RP1. Voir : « Instruire pour révolter, Fernand Pellou-tier et l’éducation », Grégory Chambat, Brochuresyndicaliste n° 12, Éditions CNT-RP.2. Le Grand bond en arrière, Serge Halimi, Fayard.3. Depuis la loi de sécurité quotidienne de 2001,le fait de cumuler plus de dix amendes non payéessur une durée de douze mois est passible de sixmois de prison et de 7 500 euros d’amende.4. Citation d’un article intitulé « Au service dupublic », d’Alèssi Dell’Umbria, extrait du dossiersur les services publics de la brochure Offensivelibertaire et sociale, n° 5, janvier 2006.5. Une sécurité somme toute relative, car les fonc-tionnaires n’échappent aux risques de sanctionsdisciplinaires, voire de radiation, s’ils ne se sou-mettent pas aux devoirs qui régissent leur statut.6. Voir « La modernisation de l’évaluation dans lafonction publique territoriale : véritable entreprisede dressage des fonctionnaires », La Sociale !,n° 8, mars 2007.7. Nous revendiquons le terme d’usager plutôt quecelui de client. Pourtant, comme le réclame Gene-viève Patte, ancienne bibliothécaire à la bibliothè-que la Joie par les livres à Clamart, nous pourrionsplutôt défendre la notion de membre ou d’adhé-rent, bien plus proche d’un projet autogestionnaire.8. Réseau pour l’abolition des transports payants(RATP), 145, rue Amelot, 75011 Paris.http://ratp.samizdat.net ; [email protected]

Octobre 2008

LE COMBAT SYNDICALISTE

11Organe de presse de la Confédération nationale du travail

Actus

PÊLE-MÊLE

En 2004, les industriels de micro-électronique (Gixel)publiaient leur Livre bleu conseillant au gouverne-ment de faire accepter la biométrie par le condition-nement des plus jeunes et prescrivant une « éducationdès l’école maternelle ». Dès 2005, cette propagandepar les faits se matérialisait sous forme de bornes bio-métriques à l’entrée des cantines scolaires, notam-ment au lycée de Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne. Le17 novembre 2005, des clowns munis de tracts et demarteaux faisaient irruption dans ce lycée, cassaientles machines biométriques et s’expliquaient auprèsdes élèves présents. Trois personnes ont été arrêtées,condamnées à trois mois de prison avec sursis et10 000 euros d’amende et dommages et intérêts.

Depuis, la biométrie s’impose peu à peu comme moyende gestion électronique des humains, s’intégrant aux équi-pements de sécurité, aux objets de consommation, auxpasseports, et bientôt à notre carte d’identité… Le prin-cipe de la biométrie est l’enregistrement de données cor-porelles dans des ordinateurs, ce qui fait en soi froid dansle dos. Et les papiers d’identité biométriques vont claire-ment dans le sens d’un recoupement des différentes basesde données (physiques et administratives) disponibles surles individus. Mais force est de constater que jusqu’ici, ladiffusion de cette nouvelle technologie n’a rencontré nidifficulté pratique majeure ni opposition organisée d’am-pleur. Les premières bornes ont trouvé des acheteursempressés (proviseurs, syndics, etc.), encouragés par lespouvoirs publics et leurs subventions.Ne nous voilons pas la face : il existe une demande socialeen faveur de ce type de contrôle, réputé infaillible. Et

comme pour les GPS ou les caméras de surveillance, cettedemande n’émane malheureusement pas que des flics etdes patrons. Nous sommes partout rivés à nos portables, cequi permet à la police de toujours nous localiser. On peut aussi retracer la journée du citadin moderne grâceà sa carte bleue, son pass Navigo, la consultation de soncourrier électronique. La dure réalité est que nous avonsdéjà accepté dans ses grandes lignes une société decontrôle. L’arrivée de la biométrie constitue moins une rup-

ture qu’un révélateur : révélateur des empiètements déjàopérés par l’État et le marché sur les existences individuel-les, avec notre consentement voire notre contentement ;révélateur d’un projet politique, qui est de faire de l’hu-main un produit industriel comme un autre. Comme n’im-porte quelle marchandise dont il faut assurer la traçabilité,

il sera géré par ordinateur, grâce à des puces, des capteurs etdes bases de données en réseaux. Aboutissement logiqued’une trajectoire technique qui a vu l’informatique prendreune place gigantesque dans l’infrastructure capitaliste deproduction et d’échange, et dans nos vies.Tantôt au nom de la menace terroriste, tantôt simplementparce que « c’est plus pratique comme ça », les bureaucratiespetites et grandes, étatiques ou marchandes, ne cessent desoumettre les espaces de la vie commune à leurs proprescritères : rien ne doit entraver le flux de l’économie ; rien nedoit obscurcir la transparence du contrôle. Le langage et le rapport sensible, trop lents, trop ambigus,sont évacués au profit de la surveillance électronique. Lagestion des populations s’automatise et devient à elle-même sa propre fin. Conformément aux pires anticipationscybernétiques, il semble de plus en plus admis que l’exis-tence n’est qu’un prétexte à la production et à la circulationde l’information. C’est ce que rend possible la biométrie,en faisant de la vie elle-même la matière première de sa ver-sion artificielle et programmable.L’opposition à l’identification électronique doit désor-mais dépasser la préoccupation de quelques cerclesd’amis, personnalités et associations. Nous appelons enconséquence à un large soutien des trois inculpés de Gif,y compris sous la forme la plus triviale, à savoir donner del’argent pour les aider à faire face à leurs frais d’avocat.Que toutes les personnes qui expriment ainsi leur solida-rité s’approprient cette question.

Santé-Social RPLe Cheval noir : 131, rue du Cherche-Midi, 75015 Paris (chèques àl’ordre du Cheval noir).

BIOMÉTRIE … CONTRÔLE ÉLECTRONIQUE GÉNÉRALISÉ … BIOMÉTRIE

Pour des services d’utilité publique autogérés et égalitaires

Le prochain numéro du Combat syndicaliste

sortira aux alentours du 5 novembre.

Toutes vos idées d’articles sont les bienve-nues, essayez de nous contacter avantd’écrire pour éviter les doublons. Le nombrede signes que nous communiquons pourl’écriture des articles est un nombre à res-pecter. Le dépassement des délais discutésentraîne une surcharge de travail. Merci derespecter ces quelques consignes, cela faci-lite le travail des militant-e-s qui réalisentnotre journal.

LA RÉDACTIONLE COMBAT SYNDICALISTEDirecteur de la publication

Jean-Luc RoubierCPPAP N° 0608S06521–TGI N°97/93

[email protected]

CS c/o CNT, 33 rue des Vignoles, 75020 Paris

[email protected]

CS c/o CNT, 18 av. de la Gloire, 31500 Toulouse

AbonnementsVoir le coupon ci-contre

Impression sur papier certifié PEFCImprimerie 34

8 rue de Bagnolet, 31100 Toulouse

L’ensemble des tâches amenant le Combatsyndicaliste dans votre boîte aux lettresest effectué par des syndiqué-e-s aprèsleurs journées de travail.

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Le fichier Edvige pré-voyait de ficher les mineurs

de plus de 13 ans «susceptiblesde troubler l’ordre public», et « lespersonnes ayant sollicité, exercé ou

exerçant un mandat politique, ou jouantun rôle institutionnel, économique, social

ou religieux». On le voit bien, tout le mondeétait concerné. Tous? On imagine mal la police

renseigner les fiches des barons du Medef, pourtantcapables de ruiner une région entière par un licencie-

ment boursier, ou le sinistre Sarkozy pourtant capable dedéclencher des émeutes par son simple mépris des jeunes de

cité affiché dans les médias. Évidemment, ces gens qui imposentl’ordre, leur ordre, ne peuvent être suspectés de le troubler. Avec

Edvirsp, nouveau nom d’Edvige, il s’agit toujours de surveiller toutepersonne ou groupe qui peut à un moment ou à un autre aller à l’encontrede cet ordre parce qu’il les exclue, les licencie, les réprime, les marginalise…

Et ce qui choque dans Edvirsp, c’est que tout le monde est potentiellementconcerné. Ce fichier révèle au grand jour l’horreur d’un système qui, depuis des

années, pose les moyens technologiques d’une dictature totalitaire en construction etqui attend l’événement (attentat, guerre, émeutes) capable de plonger dans une peur pani-

que une population anesthésiée de consommation et de télévision et qui appellera au secoursune main de fer. Jusqu’ici, la manipulation sécuritaire fonctionnait tant bien que mal, on mettait

le focus sur certaines populations désignées comme menaces par les gouvernements et les médias :immigrés, musulmans souvent assimilés aux terroristes, délinquants sexuels, jeunes de cité, prisonniers,et dernièrement… anarchistes, afin de faire croire au reste de la population qu’elle n’était pas surveillée

mais au contraire protégée d’individus présentés par les médias comme rodant autour de nous prêts à nousenvahir ou à nous égorger, véritable caricature moyenâgeuse du brigand, de l’assassin, du voleur de poules. Le

but étant de détourner l’attention des vrais fauteurs de violence : l’économie et l’État.

C’est pourquoi peu de gens s’étaient soulevés quand la gauche a commencé à lâcher les chiens : n’est-ce pas Michel Rocardqui a créé le fichier étendu et officialisé aujourd’hui par le fichier Edvirsp ? Puis en 2001, quand Jospin créait le fichage ADN,

soi-disant réservé aux délinquants sexuels, et qui aujourd’hui peut être utilisé pour avoir volé un paquet de chewing-gums ? Lesmesures antiterroristes sont maintenant étendues aux opposants radicaux par une circulaire antianarchiste du ministère de la Justice.Le fichier Eloi fiche tous les étrangers et toute personne qui les côtoie. Les tasers, les flash-balls, les policiers infiltrés, les bandes de la

bac… et s’il est possible de hiérarchiser dans cette accumulation d’horreurs, la pire des mesures à combattre serait la rétention de sûreté,qui permet à l’État de garder en prison une personne sans limites s’il juge qu’il est « suceptible » de recommencer.

Toutes ces mesures font partie d’un tout : les dirigeants économiques et politiques savent que le capitalisme craque déjà, et peut craquer à toutmoment, provoquant la révolte de millions de personnes. Sauver l’ordre social passerait alors par une violence considérable, et le but de ces mesu-

res est d’entourer le plus possible les individus dans des dispositifs de contrôle qui se refermeront sur eux comme un piège au premier signe derévolte, afin d’éviter toute extension de celle-ci. Dénoncer Edvirsp aujourd’hui est nécessaire, car c’est la première grosse erreur du système sécuritaire,

puisqu’il révèle enfin à la population que tout le monde peut-être fiché, arrêté arbitrairement, mis sur écoute, violenté par les forces de l’ordre… Mais ce nedoit pas être l’arbre qui cache la forêt, et tout le monde doit prendre conscience que la peur qu’on nous injecte à chaque journal télévisé, à chaque

«allocution» d’un ministre, est un poison qui nous divise, et qu’à chaque fois qu’on abandonne une population à la violence de l’État qui prétend nous protégerdes immigrés, des prisonniers, des jeunes, etc., on se retrouve soi-même de plus en plus surveillé par les outils de contrôle et de répression créés sous ce prétexte.

Ceux qu’on cherche à protéger, ce ne sont pas les bons petits Français qui rentrent chez eux le soir, et qui paient leur carte Orange, non, ce sont les spéculateurs, lesgrandes fortunes boursières et les patrons, et surtout l’économie capitaliste qui doit leur assurer des profits permanents, coûte que coûte, et pour qui tout mouvement de

grève, de révolte exprimée dans la rue, constitue une menace pour leur pouvoir et leurs profits. Il est temps maintenant de stopper cette évolution sécuritaire du système, etd’affirmer haut et fort les vraies préoccupations sociales de l’écrasante majorité de la population qui subit la régression sociale permanente qu’on lui impose.

Luté Cévivre Santé-Social RP

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Si vous souhaitez qu’un-e ami-e s’intéresse au CS ou si vous avez vraiment trouvé merveilleux ce numéro, maisque vous n’avez pas la possibilité de vous abonner tout de suite, alors lisez bien ceci : durant 3 numéros, nousvous abonnons gratuitement. Il vous suffit de remplir le bon ci-dessus et de cocher cette case.

CS

#3

32

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EDVIRSP OUEDVIGE 2.0

Ce 1er juillet, par un simple décret, le

gouvernement a révélé à la popula-

tion française l’horreur du système

que l’État met en place depuis que la

fin de l’URSS a laissé le monde occi-

dental sans l’ennemi n° 1 qui était

jusque-là le « communiste » crimina-

lisé, les « rouges », caricature facile

pour dénigrer tous ceux qui voulaient

changer la société. Edvige était née.

Par un second décret, transmis à la

Cnil le 19 septembre, Edvige devient

Edvirsp (Exploitation documen-

taire et valorisation de l’infor-

mation relative à la sécurité

publique), version édulco-

rée, mais tout aussi dange-

reuse. Sans même parler

de Cristina, sa petite

sœur classée secret

défense…

LE COLLECTIF « NON À EDVIGE » APPELLE À L'ORGANISATION CE 16 OCTOBRE, PARTOUT EN FRANCE, DE RASSEMBLEMENTS CITOYENS DEVANT LES PRÉFECTURESPOUR RÉCLAMER LE RESPECT DES DROITS DÉMOCRATIQUES FONDAMENTAUX.