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SYNTHESE SUR LE TOURISME LES CAHIERS DE LA COOPERATION FRANçAISE AU VIETNAM

SYNTHESE SUR LE TOURISME - ambafrance-vn.org · des acteurs français désireux d’investir dans le secteur du tourisme au Vietnam,ou de participer à ... I.Le tourisme mondial,un

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SYNTHESESUR LE TOURISME

LES CAHIERS DE LA COOPERATIONFRANçAISE AU VIETNAM

Cahier N0 1 - EDITION 2005

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Le secteur du tourisme est devenu la première industrie de notre planète, et représente 12 % du PIBmondial. 700 millions de touristes ont sillonné le monde en 2003. Ils devraient être plus de 1,6milliard en 2020,pour une population totale estimée à 7,8 milliards d’individus,et les recettes qui enrésulteront alors dépasseraient 2.000 milliards de dollars par an. Voici quelques-uns des premierschiffres que vous allez découvrir dans la synthèse qui vous est ici présentée.

Dans moins de vingt ans, plus du quart de la population mondiale voyagerait régulièrement etaurait besoin d’une organisation des voyages et d’un accueil dans les lieux de visite ou de séjour.

L’Asie du Sud-Est, l’une des zones touristiques les plus dynamiques au cours des dernières années,participe bien évidemment de cette évolution. Le Vietnam en fait partie. Ce pays devrait en effetconnaître dans les années à venir un essor considérable de son secteur touristique, d’autant plusqu’il dispose d’un patrimoine naturel et culturel de qualité, encore largement inexploité. Certainsexperts prévoient ainsi que le volume de touristes au Vietnam sera dans vingt ans 6,5 fois plusimportant qu’aujourd’hui.

C’est pourquoi il a semblé intéressant dès 2002 de faire effectuer une étude sur le tourisme auVietnam par le CETIA (Centre d’études du tourisme et des industries de l’accueil), de l’université deToulouse. Cette étude est fondée sur un dispositif original d’enquêtes réalisées par les étudiants defilières vietnamiennes auprès des professionnels et des consommateurs,au cours de près de 2.000entretiens.Une synthèse préliminaire a été présentée lors d’un séminaire organisé à l’occasion de lajournée de la francophonie en mars 2003. A cet égard, je tiens à rendre ici hommage à son auteur,M. Jean-Marc Combes,aujourd’hui décédé.

En effet, il a semblé particulièrement important que la France, et la coopération française, soientprésents dans le domaine du tourisme,alors que le Vietnam se trouve dans une situation où,malgrél’existence d’un potentiel reconnu, le pays n’est pas encore parvenu à déterminer pistes et moyensd’actions qui permettraient à son industrie du tourisme de connaître le plein essor mérité.

En dressant un état de la situation, en établissant des tableaux comparatifs des forces et desfaiblesses, de l’offre et de la demande, cette synthèse a l’ambition de guider et d’orienter les effortsdes acteurs français désireux d’investir dans le secteur du tourisme au Vietnam, ou de participer àl’épanouissement de la profession touristique.

A tous les futurs lecteurs de ce cahier, je souhaite de bonnes découvertes dans les pages quiviennent. Puissent-elles vous donner envie de mieux connaître le Vietnam, et de le mieux faireconnaître.

Avant-propos

Jean-François BlarelAmbassadeur de France au Vietnam

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Première partie :L’émergence de l’Asie du Sud-Est comme acteur essentiel du tourisme ................................................................................................................... 6

I. Le tourisme mondial,un secteur en pleine expansion .......................................................... 7

1. L’importance du secteur touristique dans les économies nationales ......................... 72. L’inégalité des flux touristiques actuels ................................................................. 83. Les prévisions des flux touristiques mondiaux ....................................................... 9

3.1 Les principaux pays d’émission de touristes internationaux ........................... 103.2 Les principaux pays d’accueil à l’horizon 2020 .............................................. 10

II. L’Asie du Sud-Est,une région à fort potentiel touristique ..................................................... 11

III. Le Vietnam dans le contexte du tourisme régional : un pays destiné à devenir un acteur essentiel du tourisme .......................................................................................... 13

1. Les revenus du tourisme international des pays de la zone de concurrence ............... 142. Un indicateur du potentiel touristique : l’inscription au patrimoine mondial ............. 153. Le Vietnam et ses concurrents régionaux :comparaison des politiques et attraits touristiques ........................................................................................... 16

Deuxième partie : Le tourisme au Vietnam : un potentiel inexploité .................... 20

I. La demande touristique au Vietnam : une clientèle bien spécifique ....................................... 21

1. Le profil général des touristes ............................................................................... 21- La provenance des touristes internationaux ........................................................... 21- L’âge, le sexe et la profession :diversité et spécificité ................................................ 232. Les caractéristiques générales du voyage .............................................................. 24- Un voyage destiné aux loisirs ................................................................................ 24- Un voyage généralement organisé individuellement .............................................. 24- Le choix du circuit touristique et d’un voyage combiné ............................................ 243. Une clientèle qui n’est pas fidélisée ...................................................................... 25

II. Encourager le développement de l’offre de services touristiques .......................................... 26

1. La nécessité de moderniser l’offre de transport ...................................................... 261.1 La voie aérienne :malgré certaines faiblesses, il reste le moyende transport privilégié .................................................................................... 26- Les services aéroportuaires et les services à bord ............................................. 271.2 Le transport par la voie terrestre :un vaste chantier en rénovation .................. 271.3 Des transports ferroviaires inadaptés pour les touristes ................................. 281.4 Les transports fluviaux et maritimes :un potentiel touristique à développer ................................................................................................. 28

Sommaire

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2. L’hébergement au Vietnam :un secteur en phase active de modernisation .............. 292.1 La structure générale de l’hôtellerie ............................................................ 292.2 L’évaluation de l’hôtellerie vietnamienne .................................................... 312.3 Les caractéristiques de l’exploitation des hôtels :enquête auprès des professionnels ................................................................. 31

3. La restauration :une offre variée et un potentiel appelé à se développerpour certaines formes de restauration .................................................................... 33

3.1 Les différentes offres de restauration .......................................................... 333.2 Quelques remarques concernant la cuisine et le service ............................... 343.3 Un service insuffisant dans la restauration indépendanteet la restauration des hôtels de gamme moyenne ............................................ 34

4. Les agences de voyage et les voyagistes :une offre limitée ..................................... 36

III. Observations des professionnels et touristes concernant les sites et les politiques du tourisme ..................................................................................................................... 37

1. L’avis critique des professionnels du tourisme ....................................................... 372. Observations des touristes ................................................................................. 37

Troisième partie : La coopération dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme .. 40

I. La nécessité d’améliorer l’offre de formation ..................................................................... 41

1. Une forte demande des entreprises en personnel qualifié dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie ................................................................................ 412. Une offre de formation diversifiée,mais qui ne répond pas suffisammentaux besoins des entreprises .................................................................................. 41

2.1.La diversité des niveaux de formation ......................................................... 412.2.Présentation et évaluation des centres de formation .................................... 42

3. Un regard très critique des professionnels du tourisme sur les compétenceset les formations dans le secteur ........................................................................... 43

3.1 L’insuffisance générale de personnel compétent dans l’hôtellerie,la restauration et les agences de voyages ........................................................ 443.2 Les principaux points faibles des formations expliquées par les professionnels ................................................................................... 443.3 Les perspectives et critères d’embauches du secteur selon l’origine des formations ............................................................................................. 45

II. Une coopération inégale selon les établissements,mais qui est amenée à connaître un important développement ............................................................................................ 46

1. Les établissements qui n’entretiennent pas de coopération .................................... 462. L’apport des coopérations dans les centres de formations ...................................... 463. Observations générales sur les coopérations ........................................................ 49

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P r e m i è r e p a r t i e

L’émergence de l’Asie du Sud-Estcomme acteur essentiel

du tourisme

© Hoai Thanh (T+T Design)

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Le tourisme mondial s’est fortement développéau cours des dernières décennies, et enparticulier depuis le début des années 1990dans toutes les régions du monde. Il estaujourd’hui la première industrie de la planète,représentant 12 % du PIB mondial et200 millions d’emplois.

Les prévisions de l’Organisation Mondiale duTourisme (OMT) sont en outre optimistes. Onestime que ce secteur va continuer saprogression malgré les baisses d’activitéponctuelles provoquées par les événements du11 septembre 2001 et le ralentissement de lacroissance mondiale. Si le nombre de touristesdans le monde est passé de 457 millions en 1990à près de 700 millions en 2003, représentantune augmentation moyenne de 3,8 % par an, letaux moyen de croissance des fluxinternationaux devrait s’établir à 4,2 % pendantla période 2000-2010,et le nombre de touristesdevrait doubler dans les vingt prochainesannées et atteindre près de 1,6 milliard en 2020,

pour une population mondiale estimée à7,8 milliards d’individus. Les recettes dues audéveloppement de l’activité s’établiraient alors,selon ces mêmes estimations, à 2000 milliardsde dollars par an,contre 443 milliards en 1997.

1. L’importance du secteurtouristique dans les économiesnationales

Pour de nombreuses régions et pays du monde,le secteur touristique constitue désormais l’undes principaux secteurs d’activité de l’économieet parfois même la source principale de revenu,surtout s’agissant des pays démunisde ressources naturelles, de produitsmanufacturés ou de services exportables,comme c’est notamment le cas des îles engénéral ou de certains micro-Etats. Pourles grands pays récepteurs de touristes, cesrevenus peuvent représenter des sommes trèsimportantes permettant d’assurer la couverturede dépenses lourdes et indispensables. EnFrance par exemple, les revenus touristiquescouvrent la totalité des dépenses induites parnos besoins en pétrole.

Le secteur touristique constitue ainsi unpuissant moteur de développementéconomique en raison de ces effetsmultiplicateurs et d’entraînement sur le restede l’économie.

Le tourisme international est également unimportant moyen de transfert de richesses despays développés vers les pays du Sud. Toutefoisce transfert n’est possible qu’à certainesconditions : un flux de touristes important envolume, le transfert effectif de devises parl’achat de biens et de services sur place, àcondition qu’il existe les infrastructuresd’accueil, de séjour, et de loisir aptes à répondreaux attentes des visiteurs étrangers.

I. Le tourisme mondial,un secteur en pleine expansion

© Hoai Thanh (T+T Design)

arrivées mondiales 1990-2002 (en millions)1990 1995 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Monde 457,3 552,3 626,4 652,2 696,7 692,6 714,6 -Afrique 15,0 20,1 24,8 26,3 27,2 28,4 28,7 30,5Amériques 92,9 109,0 119,5 122,4 128,4 120,8 120,2 112,4Asie Est-Pac 54,6 81,3 88,0 96,8 109,1 115,2 124,7 119,1Europe 282,7 324,7 373,7 380,5 402,7 399,7 411 401,5Moyen -Orient 9,0 13,1 15,2 20,5 23,2 22,7 24,1 30,4Asie du Sud 3,2 4,2 5,2 5,8 6,1 5,8 5,9 -

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2. L’inégalité des flux touristiquesactuels

Le secteur touristique ne profite aujourd’huiqu’à certaines régions du monde, les fluxtouristiques étant concentrés sur trois zonesprincipales.

Les deux zones réceptrices traditionnelles sontl’Europe qui accueille de loin le plus grandnombre de touristes internationaux avec plusde 400 millions de visiteurs en 2003, et lecontinent américain avec 112 millions detouristes, mais avec une croissance limitéerespectivement à 3,1 % et 2,4 % par an sur lapériode 1990-2001.

L’Asie Est-Pacifique (1) est au contraire devenue lazone touristique la plus dynamique au monde

avec un taux de croissance moyen sur dix ans de7,1 %, largement supérieur à la moyennemondiale de 3,7 %. Elle occupe désormais ladeuxième place,accueillant près de 120 millionsde touristes en 2003, dépassant ainsi lecontinent américain.

Cette répartition inégalitaire des fluxtouristiques se reproduit à l’identique pour lesrevenus du tourisme. Les pays d’Europeoccidentale et des Amériques, se partagent enfait plus des trois quarts des revenus mondiauxissus du secteur touristique.

La progression des flux touristiques s’estaccompagnée d’une forte croissance desrevenus touristiques internationaux. En effet,excepté les années 2001 et 2003 qui ontrespectivement subi les conséquences du 11

Source :OMT

Les arrivées mondiales

Arrivées Mondiales Cumulées 1990-2002 : Millions de Touristes Internationaux

(1) Région comprenant selon l’Organisation Mondiale du Tourisme : le Cambodge, la Chine, la Corée du Nord, les îles Fidji, le Laos, la Malaisie,la Mongolie, les Philippines, la Corée du Sud, la Thaïlande, le Vietnam, Hong Kong et Macao.

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septembre et de l’épidémie du SRAS et desévénements en Irak, les revenus mondiaux dutourisme ont progressé de 80 % au cours de ladernière décennie alors que pendant la mêmepériode les flux touristiques mondiaux n’ontprogressé que de 52 %, au bénéfice des régionsles plus fréquentées : l’Europe, l’Amérique, etl’Asie du Sud-Est.

3. Les prévisions des fluxtouristiques mondiaux

L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT)prévoit,outre la croissance des flux touristiquesinternationaux, une confirmation et uneévolution de la tendance des flux actuels.

Ainsi, la région Asie de l’Est-Pacifique devraitpoursuivre sa forte progression et conforter sadeuxième place mondiale au niveau des fluxtouristiques, tandis que le tourisme européenqui conserverait sa suprématie représenteraiten 2020 encore 46 % des flux touristiquesmondiaux. L’Asie du Sud (2), le Moyen-Orient,l’Amérique centrale et du Sud devraient dansune moindre mesure être bénéficiaires de cetteévolution. En outre la croissance du tourismelongue distance devrait être supérieure à celledu tourisme intra-régional.

Les prévisions distinguent également lesprincipales zones des pays émetteurs et despays récepteurs :

(2) Région incluant l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, l’Inde, l’Iran, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka selon l’OMT.

Prévision de la répartition des départsen 2020

Répartition des départs en 2000

Répartition des départs en 1985

Les principales régions d’émission de touristes internationaux

Source :OMT

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3.1 Les principaux pays d’émissionde touristes internationaux

Les émissions entre 1985 et 2000 proviennentprincipalement de la région Europe pourenviron 60 % du total mondial, de l’Amériquedu Nord pour 20 % et de la région Asie de l’Est-Pacifique pour 10 à 14 %. Cette dernière prendune place de plus en plus importante dansles émissions mondiales au détriment del’Amérique du Nord et de l’Europe. Elle devraitreprésenter un quart des départs en 2020.

En outre, la Chine et la Fédération de Russiedevraient très rapidement rejoindre les grandspays émetteurs de touristes internationaux. Sileur taux de départ est aujourd’hui faible, le

potentiel et le développement économiqueattendus font espérer une augmentationparticulièrement spectaculaire du nombre deleurs touristes.

3.2 Les principaux pays d’accueilà l’horizon 2020

Les prévisions à l’horizon 2020 analysées parpays font apparaître de manière nettel’émergence de la Chine qui devient l’un desprincipaux acteurs du tourisme internationalémetteur, mais également récepteur. Elledevrait alors accueillir 130 millions de touristeset plus de 180 millions en prenant en compte ladestination Hong Kong - Macao. Elle feraprobablement partie, avec les Etats-Unis et laThaïlande, des trois destinations qui devraientconnaître les plus forts taux de progression.

Les prévisions de l’Organisation Mondiale duTourisme estiment ainsi que le classement desprincipaux pays récepteurs devrait subir unprofond bouleversement à l’horizon 2020. Acôté des pays traditionnellement récepteurs detouristes internationaux que sont la France,l’Espagne, les Etats-Unis, l’Italie et quelquesautres pays d’Europe ou le Mexique, paysrécemment entré dans les 10 premièresdestinations, apparaîtraient de nouveaux payssitués principalement dans deux zones :l’Europe et l’Asie du Sud-Est.

Les prévisions concernant les principaux pays d’émission de touristes internationaux

Les principales émissions de touristes internationaux

Source :OMT

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Les principaux pays récepteurs à l’horizon 2020

De manière générale, si les prévisionsconfirment que l’Europe restera la destinationtouristique privilégiée, elles soulignent aussil’émergence d’une zone à fort potentieltouristique en Asie du Sud-Est.

Il semble bien en effet que la région d’Asie duSud-Est va changer en profondeur le marché dutourisme mondial. Dépassant aujourd’hui lecontinent américain et devenant la seconderégion réceptrice du tourisme mondial, elledétient un potentiel considérable et elle estamenée selon les prévisions à devenir unvéritable pôle touristique.

C’est à partir des années 1970 que le tourismeen Asie de l’Est-Pacifique a pris son essor.Jusqu’alors, sa clientèle émanait essentielle-ment du Japon, d’Australie, et de Nouvelle-Zélande. L’évolution de la demande touristiquedepuis 1980 met en évidence la progression desflux touristiques de l’Asie du Sud-Est et l’impor-tance du secteur dans les économies des paysde la région.

L’émergence de cette zone comme régiontouristique de premier plan et sa progression,deloin la plus forte au niveau mondial s’expliquepar deux phénomènes principaux : le rapidedéveloppement économique des pays d’Asie du

Sud-Est, et les efforts consentis par ces payspour développer leur tourisme.

Les économies des pays de la région ont connuun fort développement pendant plus de 10 ans,caractérisé par des taux de croissance annuelsde l’ordre de 8 %, très supérieurs aux tauxmoyens mondiaux. La Thaïlande, la Malaisie,l’Indonésie, dans une moindre mesure lesPhilippines ainsi que la Corée du Sud et Taïwanen ont été les principaux bénéficiaires.Il convient d’ajouter le développementéconomique spectaculaire des deux villes-Etatsde la région : Hong Kong et Singapour, dontl’influence sur la région est considérable.Leurs progrès économiques ont facilité ledéveloppement des déplacements intra-régionaux dans un premier temps pour desmotifs commerciaux, contribuant ainsi audéveloppement d’un important tourismed’affaires, puis pour des déplacements motivéspar le loisir.

La prise de conscience de l’importance que peutreprésenter la part du secteur du tourisme dansl’économie, et des potentialités touristiques deleur pays, a également décidé les paysasiatiques à miser sur ce domaine pour leurdéveloppement. Ainsi les aménagements eninfrastructures d’accueil de grande qualité et les

II. L’Asie du Sud-Est,une région à fort potentiel touristique

Les 15 principales destinations touristiques en 2020

Source :OMT

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efforts de promotion de pays tels quel’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, et dansune moindre mesure les Philippines, ontentraîné un fort développement du tourismelongue distance en provenance des paysd’Europe et d’Amérique, accentué par une offrede plus en plus diverse et attrayante desvoyagistes des grandes zones d’émission duNord.

Les prévisions annonçant que l’Asie du Sudserait le grand bénéficiaire des mouvementstouristiques à l’horizon 2020 s’appuient surdeux hypothèses principales : le maintien d’uneforte croissance économique ainsi qu’unimportant taux d’émission de touristes enprovenance de la Chine.

Le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Chine n’a pascessé de progresser au cours des dernièresannées malgré la succession de crises et

turbulences qu’a connu l’Asie au cours de lapériode pour atteindre 1409 milliards de dollarsen 2003. Le niveau de vie individuel a suivi enaugmentant très rapidement, permettant unimportant développement du tourisme. Lestouristes chinois dépenseraient plus,aujourd’hui, que les touristes américains, et sesitueraient sur ce plan juste derrière lesjaponais. La Malaisie espère ainsi uneprogression moyenne de la fréquentationchinoise de 15 % entre 2000 et 2010 pouratteindre 3 000 000 de clients chinois en 2020.

Toutefois ces prévisions doivent être prises avecprudence car la demande chinoise est encoremal connue à la fois en terme de volume maiségalement en terme d’attentes de loisir et detourisme. De plus cette région, comme le restedu monde, n’est pas à l’abri des risques et descrises, comme l’ont démontré les attentats deces dernières années à New-York, à Djerba, àBali et à Jakarta, ni des conflits régionaux oumondiaux tels que la guerre en Irak, ni descatastrophes naturelles (raz-de-marée dedécembre 2004), entraînant une baisse de lafréquentation touristique.

L’Asie a en outre été particulièrement touchéepar une augmentation accrue des risques cesdernières années : attentats dans les zonestouristiques très sensibles à Bali et à Jakarta, etapparition de risques sanitaires tels quel’épidémie du Syndrome Respiratoire Aigusévère (SRAS) ou de la grippe aviaire qui ontfortement affecté le secteur touristique danstoute la région et démontré par la mêmeoccasion qu’il n’est pas à l’abri de nouvellesmenaces.

L’épidémie du SRAS

L’épidémie a particulièrement touché le Vietnam, pays où est décédée la première victime du SRAS.Ce phénomène a eu pour conséquence une baisse des taux de croissance des économies duVietnam et de l’ensemble des pays d’Asie de l’Est et du Sud de l’ordre de 1,5 à 2 points, et dutourisme asiatique de 7 % pour le Vietnam et de 15 % pour l’ensemble de la région.En effet, alors que l’industrie du secteur de la région avait réalisé de véritables performances, enparticulier en 2002 en dépit des effets du 11 septembre 2001, celui-ci a dû subir une perte de 9 % deses arrivées internationales, représentant 12 millions d’arrivées. Les agences touristiques ont parfoisconstaté 70 % d’annulation des tours, les touristes se dirigeant alors vers des destinations plussûres.Toutefois, les efforts des autorités vietnamiennes pour contenir l’épidémie ont porté leurs fruits caren moins de deux mois, le Vietnam a été le premier pays à réussir à contenir l’épidémie. A la fin2003, le Vietnam a quasiment retrouvé le même niveau de croissance touristique.

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Les prévisions se montrent particulièrementoptimistes concernant l’activité touristique dupays qui devrait poursuivre sa progression à unrythme très élevé et largement supérieur à lamoyenne de la zone et à la moyenne mondiale.Si en 2000, le Vietnam accueillait 2,2 à 2,5millions de touristes internationaux, lesprévisions de fréquentation indiquent unemultiplication par 3 de la fréquentation du paysen 10 ans et par 6,5 en 20 ans. Il est mêmepossible qu’en raison du potentiel de ladestination et de la stabilité politique du pays,

ces prévisions soient atteintes plus rapidement.(voir graphique ci-dessous)

Cependant à l’heure actuelle, malgré sacroissance rapide, le Vietnam en tant quedestination touristique est loin derrière sesvoisins asiatiques et principaux concurrents,tels que l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines,et la Thaïlande. Cette différence s’exprime enpart d’arrivées mondiales des touristes et derevenus du secteur touristique. (voir tableau ci-dessous)

L’évolution de la clientèle internationale du Vietnam

Les arrivées comparées des touristes internationaux en Asie du Sud-Est

Asie du Sud-EstArrivées comparées des touristes internationauxEvolution 1990-2001 en millionsAnnées VIETNAM PHILIPPINES INDONESIE THAILANDE MALAISIE1990 250 893 2178 5290 74461995 1607 2049 5034 7244 71382000 2140 1992 5064 9579 102212001 2330 1797 5135 10133 12775

Source :OMT et statistiques nationales du tourismeLa clientèle au Vietnam représente :- la moitié de la demande indonésienne- moins du quart de la demande de laThaïlande

- environ 1/6ème de la demande de la Malaisie- environ 35 fois moins que la demande de laFrance

III.Le Vietnam dans le contexte dutourisme régional :un pays destiné àdevenir un acteur essentiel du tourisme

Evolution de la demande internationale du Vietnam (en milliers de touristes)

Source :OMT

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- Les revenus du tourisme international des pays de la zone de concurrence

1. Les revenus du tourisme international des pays de la zone de concurrence :

Les revenus du tourisme international dans la zone

- les 8 premiers pays d’Asie de l’Est & Pacifique

Pays Part de marchéChine 19,8 %Hong Kong 9,6 %Thaïlande 8,7 %Corée du Sud 8,3 %Singapour 7,3 %Indonésie 7,0 %Malaisie 6,0 %Japon 4,0 %

Source :OMT

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Part des revenus en 1995 Part des revenus en 2000

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La Chine a multiplié par trois sa part entre 1999et 2000, prenant ainsi la première place audétriment de la Thaïlande.

En outre, le revenu moyen par arrivée par paysétudié fait apparaître que les Philippines etl’Indonésie obtiennent les premières placesalors qu’elles sont pourtant en dernièrespositions en volume d’arrivées. Cela s’expliquepar l’origine des touristes, en provenance depays développés : Amérique du Nord et Europede l’Ouest.

2. Un indicateur du potentieltouristique : l’inscriptionau patrimoine mondial

Indépendamment de l’originalité des sitesretenus pour chaque pays, il est intéressant decomparer la richesse et le potentiel respectifsdes différents pays de la zone dans ce domaine.Le tableau ci-dessous indique le nombre de sitesinscrits au patrimoine mondial de l’UNESCOpour les pays de la zone.A titre de comparaison,la Chine et la France en possèdent 28.

De récentes inscriptions au patrimoine mondial

Les efforts du Vietnam pour la préservation et la mise en valeur de son héritage culturel ont étérécemment récompensés par l’inscription d’un nouveau site, la grotte de Phong Nha et d’unélément du patrimoine immatériel, la Musique de la Cour de Hué au registre de l’UNESCO.Cependant, les pays de la zone ne font pas encore l’objet d’une importante reconnaissance pourleurs attraits touristiques,principalement en raison du caractère récent de leur politique touristique.

Nom des pays Nombre de sites Désignation des sites inscritsIndonésie 6 1991 Parc national de Komodo

1991 Parc national de Ujung Kulon 1991 Ensemble de Borobudur 1991 Ensemble de Prambanan 1996 Site des premiers hommes de Sangiran 1999 Parc national de Lorentz

Malaisie 2 2000 Parc du Kinabalu 2000 Parc national du Gunung Mulu

Philippines 5 1993 Parc marin du récif de Tubbataha 1993 Églises baroques des Philippines 1995 Rizières en terrasses des cordillères des Philippines 1999 Ville historique de Vigan 1999 Parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa

Thaïlande 4 1991 Sanctuaires de faune de Thung Yai-Huai Kha Khaeng 1991 Ville historique de Sukhothai et villes historiques associées 1991 Ville historique d'Ayutthaya et villes historiques associées 1992 Site archéologique de Ban Chiang

Vietnam 6 1993 Ensemble de monuments de Hué 1994, 2000 Baie d'Along 1999 Vieille ville de Hoi An 1999 Sanctuaire de My-Son 2003 Grotte Phong Nha2004 Musique de la Cour de Hué

Un indicateur du potentiel touristique : l’inscription au patrimoine mondial

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3. Le Vietnam et ses concurrentsrégionaux : comparaison despolitiques et attraits touristiques

Le climat et les particularités géographiques etculturelles des pays asiatiques peuvent séduireles touristes lointains. Chaque pays possèdecependant des ressources touristiquesspécifiques qui conditionnent les formes detourisme qui y sont pratiquées. Il se démarqueainsi de ses concurrents, tout en valorisant sescaractéristiques.

L’IndonésieSites historiques et naturels :L’Indonésie compte près de 14 000 îlescomprenant pour la plupart des montagnesvolcaniques et des plaines côtières. Certainesabritent de nombreuses ethnies indonésiennes,des forêts tropicales, plages paradisiaques etune faune très riche ainsi que des sites culturelset historiques. L’Indonésie regorge demonuments historiques : temples ou kratons(anciens palais royaux).Produits,activités et formes de tourisme mis enavant par la promotion : écotourisme, trekking,plongée, découverte des ethnies, découverte dela faune et de la flore.

La MalaisieSites historiques et naturels :L’île de Penang et la ville de Malacca sont richesen monuments historiques, vestiges desancêtres des Malais et de l’époque coloniale.Néanmoins, les attraits touristiques se situentprincipalement au niveau des sites naturels : îleset forêts tropicales, parcs nationaux, grottes,festivals et célébrations propres à chaque ethnie.Produits,activités et formes de tourisme mis enavant par la promotion :La Malaisie s’appuie sur les activités liées àl’écotourisme, le trekking, la découverte de lafaune et de la flore tropicale,la spéléologie et lesactivités sportives, tels que le golf.

Les PhilippinesSites historiques et naturels :Les Philippines possèdent peu de siteshistoriques également, même si certainsmonuments sont inscrits au patrimoinemondial. Les sites naturels réputés sont le pointfort du pays avec les montagnes, les plages, lesîles tropicales, les parcs marins et les volcans.

Produits,activités et formes de tourisme mis enavant par la promotion :Chaque île organise des festivals tout au long del’année selon les traditions ethniques. Plongée,trekking,ornithologie.

La ThaïlandeSites historiques et naturels :Le pays a conservé de nombreux siteshistoriques dont certains sont inscrits à la listedu patrimoine mondial: la ville historique deSukhothai et les villes historiques associées. Lesautres sites, principalement palais, temples etanciennes cités, se trouvent à Bangkok, ChiangMai, Ayutthaya, et Sukhothai. La Thaïlandepossède également de nombreuses ressourcesnaturelles : plages, parcs nationaux avec unefaune et une flore très riche, comme lesanctuaire de faune de Thung Yai-Huai KhaKhaeng, inscrit au patrimoine mondial.Produits,activités et formes de tourisme mis enavant par la promotion :Au nord du pays, les ethnies se distinguent parleurs pratiques culturelles et de nombreuxspectacles sont organisés à cet effet. D’autresactivités, plus classiques, telles que le tourismebalnéaire et le tourisme sportif sont très prisées.Le trekking, l’ornithologie, l’observation desanimaux font également partie des activitésproposées. Cependant, depuis une date récentela Thaïlande cherche à développer des activitésplus originales.

La ChineLes sites historiques sont la principale ressourcetouristique du pays. De nombreux monumentset sites, vestiges des règnes de nombreusesdynasties ont été inscrits à la liste du patrimoinemondial, principalement situés au nord-est etau centre du pays,tels que la Grande Muraille,lePalais impérial des dynasties Ming et Quing, leMausolée du premier empereur Qin…Les sites naturels constituent également un réelintérêt touristique : grottes, monts etmontagnes ainsi que des panoramas et parcsnationaux tels que la vallée de Jiuzhaigou, deHuanglong,ou de Wulingyuan.Etant donné la géographie et le climatcontinental et sub-tropical du pays, l’activitébalnéaire est en revanche peu développée.

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Le Vietnam“Les capitales”du pays :Hanoï au nord et Ho Chi Minh Ville au sud, parleurs différences représentent bien le Vietnamactuel.L’originalité de la capitale du Vietnam résidedans ses nombreux lacs, avenues ombragées,parcs verdoyants, et ses maisons coloniales. Lequartier commerçant des 36 guildes ainsi quede nombreuses pagodes font partie des circuitstouristiques habituels.Ho Chi Minh Ville est la ville plus moderne, levéritable cœur industriel et commercial du paysmais conserve toutefois ses traditionsséculaires.Sites historiques :Il reste peu de sites historiques au Vietnam,mais d’importants travaux de restauration ysont consacrés.Certains sont inscrits à la liste dupatrimoine mondial :- L’ensemble des monuments de Hué - La vieille ville de Hoî An, qui a su conserver etrestaurer l’architecture traditionnelle - Le sanctuaire de My-Son D’autres temples Cham se trouvent égalementplus au sud du pays,à Nha Trang par exemple.Sites naturels :Par sa géographie, le Vietnam offre despaysages très variés, entre les régionsmontagneuses au nord-est qui abritent denombreuses ethnies, la baie d’Along inscrite aupatrimoine mondial, offrant avec plus de 3000îles émergeant du golfe du Tonkin, un paysageféerique, le delta du Mékong, la rivière desparfums au centre,ou les plages au sud.La faune sauvage est également extrêmementriche, et le pays compte plusieurs parcs

nationaux, tels que ceux de Cat Ba et CucPhuong,Bach Ma,ou bien Cat Tien.Produits,activités et formes de tourisme mis enavant par la promotion :Les éléments du patrimoine naturel et culturelsont les attraits sur lesquels s’appuie lapromotion touristique actuellement. LeVietnam comprend 54 ethnies, notamment aunord, qui ont gardé leurs particularités.L’artisanat traditionnel est d’une granderichesse : laques, objets incrustés de nacre,peinture, tapis,bijoux…Les plans de développement touristiquessuccessifs projetés par les autoritésvietnamiennes indiquent en outre une volontéd’orienter le tourisme vers des formes plusdiversifiées : séjours balnéaires grâce aux 125sites de plages et nombreuses îles à proximitédes côtes, sports nautiques et marins,découverte de la faune et de la flore, et plusrécemment le tourisme rural au niveau decertaines provinces, notamment près de Dalatoù la nature magnifique permet la randonnée,développement du tourisme thermal et desanté grâce aux sources d’eau minérales etd’eau chaude…Ainsi, grâce à ses nombreuses ressources, leVietnam dispose d’un potentiel très riche quipourrait faire de ce pays une destinationtouristique de premier choix et par là même,concrétiser les prévisions optimistes qui sontfaites sur lui.Celles-ci représentent aussi un défipour le Vietnam pour les prochaines années,s’agissant notamment de sa capacité à élargir laclientèle internationale actuellementrestreinte, et d’adapter son offre aux standardsinternationaux d’accueil et de confort.

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L ’ é m e r g e n c e d e l ’ A s i e d u S u d - E s tc o m m e a c t e u r e s s e n t i e l d u t o u r i s m e

Sites touristiques de l’ancienne cité impériale de Hué et de la Baie d’Along

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D e u x i è m e p a r t i e

Le tourisme au Vietnam :un potentiel inexploité

Malgré la progression extrêmement rapide du tourisme depuis une dizained’années, le Vietnam reste au niveau mondial et régional une destination à faibledemande. Ceci s’explique,outre le caractère récent de la destination,par une offretouristique pour l’instant insuffisamment adaptée aux standards internationaux.

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1. Le profil général des touristes

Les études réalisées sur la clientèleinternationale ne permettent pas à ce jour de ladéfinir avec précision. Aussi, l’enquête réaliséepar le CETIA qui a effectué près de 2000entretiens pendant deux ans s’est fixé pour

tâche de définir le profil des touristes, étudié àtravers différents critères : la région d’origine, legenre, l’âge, la profession, ainsi que lescaractéristiques de leur voyage. L’identificationde la clientèle au Vietnam permettra enconséquence d’identifier les clientèles les moinsreprésentées afin d’orienter la politiquetouristique du pays.

- La provenance des touristesinternationaux

42,6 % sont originaires d’Europe, en quasi-totalité d’Europe de l’Ouest. 25,3 % despersonnes interrogées viennent d’Asie, 18,3 %d’Amérique du Nord, 12,5 % enfin viennentd’Océanie. Le Moyen-Orient et l’Afrique nereprésentent que 1,4 % des réponses collectées.Toutefois, les nationalités identifiées nedécrivent pas parfaitement le profil réel desorigines des touristes internationaux auVietnam car les touristes internationaux lesplus nombreux qui visitent le Vietnam sont eneffet désormais d’origine chinoise. Il a toutefoisété très difficile de rencontrer cette clientèle. Ceproblème est d’autant plus dommageable queson poids dans la fréquentation touristiqueactuelle est important.

La clientèle chinoise : un très fort potentiel

L’OMT a depuis quelques années souligné l’émergence de la clientèle chinoise, et ses prévisions,établies sur la base des données prévisionnelles projetées par l’Administration Nationale duTourisme Vietnamien lui confèrent un rôle capital dans l’évolution du paysage touristiquevietnamien.En 2002, le marché chinois représentait plus de 30 % de la demande touristique totale duVietnam, il est de 35 % en 2004. La clientèle chinoise pourrait représenter 75 % de la demandetouristique totale du pays en 2020, ce qui provoquerait un profond bouleversement dans larépartition de la demande internationale de touristes au Vietnam et induirait une très grandedépendance du Vietnam envers cette principale source de fréquentation touristique. L’adaptationà cette clientèle provoquera inévitablement des modifications de l’offre touristique du Vietnam.On peut s’interroger si ces changements seront compatibles avec le potentiel dont dispose leVietnam, et si le type d’offre qui en résultera sera de nature à satisfaire les autres clientèles,notamment en provenance du Japon, de l’Amérique du Nord et de l’Europe.

I. La demande touristique au Vietnam :une clientèle bien spécifique

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Nombre de visiteurs en 20031. Chine 693.4232. États-Unis 218.9283. Japon 209.7304.Taïwan 207.8665. Corée du Sud 130.0766. Australie 93.2927. France 86.7918. Cambodge 84.2569. Laos 75.39610. Royaume-Uni 63.34811. Malaisie 48.66212. Allemagne 44.60913.Thaïlande 40.12314. Canada 40.06315. Singapour 36.870Autres 355.302Total 2.428.735

Les 15 principaux marchés du Vietnam en 2003

Source :Administration nationale du tourisme du Vietnam (ANTV)

Source :ANTV

Source :ANTV

Les 10 principaux marchés du Vietnam en 2003 (parts en pourcentage)

Les 10 marchés principaux au cours des huit premiers mois de 2004

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Source :OMT

- L’âge, le sexe et la profession :diversité et spécificité

La clientèle de l’échantillon est en majoritémasculine,pour 56,4 %.L’âge attire immédiatement l’attention : lacourbe des âges des touristes est en effet assezparticulière. (voir graphique ci-dessous)On constate que la proportion des 20-35 ans etdes plus de 50 ans est beaucoup plusimportante contrairement à la majorité desdestinations touristiques populaires, orientées

vers le loisir et le séjour qui accueillent uneclientèle où la proportion des touristes âgés de35 à 50 ans est majoritaire.Ce critère se reflète sur la profession exercée :19 % de l’échantillon sont des étudiants. Ladiversité des origines professionnellescaractérise également la clientèle : l’échantillonse repartit entre 16,6 % d’employés et ouvriers,13,4 % de cadres supérieurs et 6,22 % de cadresmoyens.

Les prévisions sur la future clientèle au Vietnam

La courbe des âges

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Répartition de la clientèle au Vietnam en 2020

Courbe des âges des touristes (échantillon de 2000 personnes, en %)

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2. Les caractéristiques générales duvoyage :

- Un voyage destiné aux loisirsL’échantillon est composé à 90 % de touristesqui voyagent pour leurs loisirs, et à 10,4 % pourles affaires, cependant de nombreux touristesd’affaires profitent également de leur présenceau Vietnam pour effectuer des visitestouristiques. 75 % des touristes internationauxont des activités liées directement aupatrimoine naturel ou au patrimoine culturel duVietnam.

- Un voyage généralement organiséindividuellement

Plus de 60 % de l’échantillon déclarentorganiser leur voyage seul, ce qui correspondassez à l’image a priori de la destinationVietnam où se mêlent étroitement« découverte et aventure ». En outre, plus de50 % des personnes voyagent seules ou avecleur conjoint, et à plus de 60 % avec despersonnes de connaissance.Pour les voyages engroupes, certains font appel à des agences devoyages locales pour l’organisation d’excursionsen complément d’un séjour, alors que d’autresvoyagent sous la forme de circuits organiséspour lesquels toutes les visites et les activitéssont déjà programmées. (voir graphique ci-contre)

- Le choix du circuit touristiqueLe choix du type de voyage présenté ci-dessousapporte une confirmation de cet esprit dedécouverte et de rencontre qui semble animerle touriste international. En effet, pour plus de70 % des personnes interrogées, le choix seporte sur un circuit touristique, pour découvriret visiter un maximum de lieux différents. (voirgraphique ci-dessous)

Les pratiques de voyages combinés quiconsistent à visiter le Vietnam avec un ouplusieurs autres pays sont également trèsfréquentes (3). Cette pratique est d’autant plusimportante que, contrairement à ce qu’ils fontpour d’autres destinations du Sud-Est asiatique,les voyagistes ont tendance à ne pas considérerle Vietnam comme une destination à partentière et à l’inclure dans des voyagescombinés.Les pays concernés par la combinaison dedestinations sont la plupart du temps des paysfrontaliers du Vietnam, avec le Cambodge entête (63,3 %) suivi de la Thaïlande, du Laos, de laChine (30,7 %),et de la Malaisie (12,8 %).Cette caractéristique assez particulière à ladestination Vietnam est sans doute à prendreen compte dans l’organisation de l’offre. Elleprésente un intérêt pour le Vietnam dans lacaptation de la clientèle qui s’oriente vers cetype de voyage.Développer le tourisme de zoneimplique cependant l’amélioration desconditions de communication trans-frontalières facilitant les accès aux différentspays.

Un voyage généralement organisé individuellement

Le choix du circuit touristiqueLes circuits représentent plus de 70 % des voyages, les séjours 22,80 %et les croisières 2,70 %.

18,30 %1,60 %

23,10 %

29,00 %

Circuit seul

Circuit combinéavec d'autres pays

Circuit + Séjour

Extensioncircuit extérieur

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Organisation du voyage

Type de circuit

(3) 23 % des personnes interrogées la pratiquent

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3. Une clientèle qui n’est pasfidélisée

La fidélisation de la clientèle est de premièreimportance pour assurer le développementdurable de l’activité touristique. Or l’enquêterelève que dans 80 % des cas, les touristesviennent pour la première fois au Vietnam etparmi les 20 % qui déclarent plusieurs visites, lamoitié sont des touristes d’affaires quireviennent donc dans un cadre professionnel.En outre,trois touristes sur quatre ont déjà visitéun autre pays d’Asie avant de venir au Vietnam.

La destination n’est donc pas privilégiée ouprioritaire dans la zone. Cela s’explique par soncaractère récent, mais également parce qu’ellen’est pas concurrentielle.

En effet, si tous les voyagistes internationauxproposent la destination du Vietnam,le nombrede circuits proposés pour le Vietnam, et pour laseule destination Vietnam est beaucoup plusréduit que pour celui des autres destinationsclassiques de la région.

De plus, le travail d’enquête et d’analyse destypes de circuits offerts par les voyagistesfrançais révèle que quelque soit le type decircuits, les prix pour le Vietnam sontsystématiquement supérieurs de 25 à 40 % parrapport à son principal concurrent de la région,la Thaïlande.

L’enquête permet de dresser le profil particulierdes touristes au Vietnam :un type spécifique devoyageurs épris de découverte, intéressé enpremier lieu par les aspects patrimoniaux,qu'ilssoient naturels ou culturels. Le voyages’effectue généralement de manièreindividuelle, le pays ne semblant pas être unedestination familiale : seuls 6 % des touristesinternationaux viennent en famille, et il estplutôt réalisé sous la forme d’un circuit,le séjoursédentaire dans un lieu précis n’étant en effetchoisi que par une faible proportion de touristes(11,6 %).

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Le développement suivant s’attachera àidentifier l’offre des services touristiques parmises différentes composantes : le transport,l’hébergement,la restauration et les agences devoyage.

1. La nécessité de moderniser l’offrede transport

Pour chaque type de transport,aérien, terrestre,maritime, on évaluera les potentialités et lesfaiblesses du secteur.

1.1 La voie aérienne : malgré certainesfaiblesses, il reste le moyen detransport privilégié

La voie aérienne est le mode d’accès privilégiépour la majorité des touristes d’originelointaine, mais également pour la clientèlerégionale, en raison de la faiblesse desinfrastructures de communication terrestre. Cephénomène doit encore s’accentuer au coursdes prochaines années au fur et à mesureque le tourisme chinois se développera.L’augmentation du trafic aérien de ces dernièresannées doit en outre être relativisée par rapportà la progression des arrivées par voie maritime,et au développement du trafic par voie terrestre.

Le Vietnam dispose de deux compagniesaériennes : la compagnie nationale Vietnam

Airlines, et la compagnie Pacific Airlines, filialede la compagnie nationale qui effectueseulement quelques liaisons intérieures. Letrafic et l’organisation du réseau aérien intérieurne peuvent toutefois répondre dans l’immédiataux besoins de ce pays en plein développementéconomique et touristique, mais desmodernisations sont en cours en termesaéroportuaire et au niveau de la flotte.L’achat dedix Airbus,conclu fin 2004,en témoigne.

Le réseau aérien international dessert bien lazone Asie, mais il est grandement insuffisantpour le trafic long courrier en particulier àdestination de l’Europe et de l’Amérique quireprésentent pourtant deux grandes zonesd’émission touristique. En conséquence, unelarge part du trafic entre le Vietnam et ces deuxrégions mondiales est assurée par descompagnies aériennes étrangères asiatiques eteuropéennes qui desservent via les grandesplates-formes aéroportuaires d’Asie les deuxprincipales portes d’entrée au Vietnam : Hanoïet Ho Chi Minh Ville.

Cette faiblesse s’explique en partie parl’isolement commercial de la compagnieVietnam Airlines qui, n’étant membre d’aucunealliance contrairement aux autres compagniesconcurrentes, y compris régionales, et malgrél’accord de coopération passé avec Air France,doit encore faire des efforts pour êtrecompétitive. Le développement de son trafic etl’augmentation de son influence commercialedans la région devraient cependant l’amenerdans les années à venir à faire partie d’unealliance mondiale, et à devenir une compagnieasiatique de premier plan.

Le trafic aérien national du Vietnam, malgré lanette amélioration amorcée depuis cesdernières années, grâce à l’ouverturenotamment de plusieurs aéroports, connaîttoujours certaines difficultés.

La ligne principale dessert bien les deux grandesvilles du Nord et du Sud avec plusieurs volsjournaliers de courte durée, mais les liaisons

II. Encourager le développementde l’offre de services touristiques

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entre les autres villes de province ou sites sontinsuffisantes, notamment dans le centre dupays. Ce dernier comprend cependant lamajorité des sites inscrits au patrimoinemondial et de nombreux attraits touristiques.

En outre, les dessertes les plus fréquentes nes’effectuent pas au départ de Hanoï,capitale dupays, mais de Ho Chi Minh Ville qui joue le rôlede plate-forme aéroportuaire du Vietnam.

Cette faible densité du réseau constitueindéniablement un handicap pour ledéveloppement économique du pays, et plusparticulièrement pour son développementrégional,creusant l’écart entre les deux grandesmétropoles et les autres provinces, d’autantplus qu’elle n’est pas compensée par les autresmodes de transport.

Certaines améliorations doivent égalementêtre apportées au niveau des servicesaéroportuaires et des services à bord.

- Les services aéroportuaires et services à bord :Les deux aéroports principaux du Vietnam, NôiBai à Hanoï et Tân Son Nhât à Ho Chi Minh Ville,ont fait l’objet ces dernières années de rénova-tion d’agrandissement et d’améliorationsincontestables.

Cependant certains aspects restent à améliorer,en particulier en ce qui concerne le manqued’organisation des contrôles à l’arrivée, laréception des bagages et la longueur desattentes. L’information touristique pratique estassez difficile à obtenir, et le personnel ne parlegénéralement que le vietnamien. Les services

marchands proposés à l’arrivée et au départ ontété largement améliorés mais restentinsuffisants.

Il semble que des efforts soient également àfournir en ce qui concerne l’accueil et lesprestations proposées à bord, notamment auniveau de la nourriture et des boissons.

1.2 Le transport par la voie terrestre :un vaste chantier en rénovation

Le réseau routier vietnamien,malgré sa densité,est en très mauvais état et peu pratique, enraison principalement du manque de voies àgrande circulation et d’infrastructuresindispensables au relief accidenté etmontagneux du pays.

La densité de plus en plus forte du trafic et lafaible largeur des routes principales rend lacirculation très difficile, surtout dans lesgrandes villes.A cela s’ajoute le non-respect trèsfréquent des règles du code de la route.La routeest ainsi non seulement très dangereuse,mais sa mauvaise qualité qui allongeconsidérablement les temps de parcours créedes difficultés pour l’organisation d’excursionsvers les sites touristiques.

Depuis plusieurs années les pouvoirs publicsvietnamiens ont entrepris un vaste programmede construction d’infrastructures etd’amélioration du réseau routier. Le Vietnam atoutefois besoin de développer un réseauroutier adapté, couvrant l’ensemble du pays. Denombreux projets sont en cours de réalisationdans tout le pays.

Les projets routiers financés par la Banque Mondiale

Un projet financé par la Banque Mondiale pour un montant de 1,07 milliard de US$ est ainsiconsacré à l’amélioration du réseau routier. Il devrait aboutir en 2006 et se repartit entre huitprojets régionaux :- Amélioration de l’état des routes du Nord pour 200 millions US$- Amélioration de la sécurité des transports et du trafic routier pour 25 millions US$,- Amélioration du transport dans les zones rurales pour 100 millions US$,- Développement des transports urbains de la ville de Hanoï pour 150 millions US$,- Développement des infrastructures routières dans les provinces du delta du Mékong

pour 150 millions US$,- Amélioration du réseau routier du triangle régional Hanoï-Haiphong-Quang Ninh

pour 150 millions US$,- Développement des transports urbains de Ho Chi Minh Ville pour 100 millions US$.

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Les moyens de transports publics, urbains etrégionaux sont en général très encombrés,lents, et peu pratiques pour les touristesétrangers.

En revanche toutes les compagnies de tourismeoffrent à des prix très abordables, desexcursions de un à plusieurs jours vers les sitesles plus visités, comprenant un ensemble deprestations (logement, nourriture, ticketsd’entrée pour certains sites outre le transport).Les taxis sont assez rares dans les villesmoyennes et quasiment inexistants dans lesagglomérations plus petites et lacommunication reste assez difficile avec leschauffeurs, qui ne parlent généralement que levietnamien.

1.3 Des transports ferroviairesinadaptés pour les touristes

Le Vietnam est également doté d’un réseauferré de 2600 km.Le train possède l’avantage deproposer différents types de confort à des prix

très abordables. Il est parfois l’un des seulsmoyens de transports pour se rendre verscertaines destinations, notamment en régionmontagneuse. Toutefois sa lenteur (30 heures30 pour le trajet le plus rapide entre Hanoï et HoChi Minh Ville) le rend peu adapté aux besoinsdes touristes.

1.4 Les transports fluviaux etmaritimes : un potentiel touristiqueà développer

Ce mode de transport comprendprincipalement les croisières et les transportsfluviaux.

Le Vietnam fait partie des escales pour lescroisières en Asie de l’Est et du Sud-Est, mais iln’y a cependant pas de marché de la croisière auVietnam à l’heure actuelle, les opérateursvietnamiens n’assurant que les activitésréceptives pour les croisiéristes en escale auVietnam.

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Toutefois, le nombre de visiteurs qui accède parla voie maritime, y compris avec les croisières,n’est pas négligeable et tend à augmenterrégulièrement depuis l’année 1996 qui a connuun fort taux de progression. Le marché descroisières, au caractère très lucratif en raison dutype de clientèle qui les pratique, représentedonc un attrait incontestable pour lesprofessionnels du tourisme.

En outre, le Vietnam est doté d’un réseau fluvialimportant dont l’exploitation pourraitpermettre le développement d’activitéstouristiques originales et intéressantes. Lemarché du tourisme fluvial comprend deuxcomposantes : les lignes régulières qui relientcertaines villes ou sites touristiques : Ho ChiMinh Ville - Vung Tau, Haiphong - Mong Cai etHaiphong - Cat Ba, et les excursions fluviales,organisées par les voyagistes locaux ou desentreprises spécialisées, notamment pour desactivités ou spectacles à caractère culturel.

2. L’hébergement au Vietnam :un secteur en phase active demodernisation

Problème récurent rencontré au cours desenquêtes qui ont été conduites, lesinformations concernant ce secteur sontdifficiles à obtenir.

Il s’agira tout d’abord d’étudier l’évolution et lastructure générale de l’hôtellerie avant deprocéder à une évaluation de l’offre.

L’hôtellerie vietnamienne a connu uneévolution rapide au cours de la dernièredécennie avec le développement de l’activitétouristique et économique.

Elle était quasiment inexistante au début desannées 1990, composée principalement depetits établissements d’un niveau de confort etde service très éloigné des standardsinternationaux. Depuis, les autoritésvietnamiennes ont adopté le systèmeinternational de classification des hôtels de 1 à 5étoiles. Le secteur de l’hôtellerie s’est aussidiversifié avec l’émergence de l’hôtelleriestandard, essentiellement 3 étoiles, et avecl’apparition des premiers hôtels de chaînesinternationales. Il en a résulté une répartition

plus élargie qui offre le choix entre différentsniveaux de confort.

2.1 La structure générale del’hôtellerie :

L’hôtellerie au Vietnam comprend comme dansla plupart des pays l’hôtellerie de luxe, puis deshôtels 3 et 2 étoiles, ainsi que d’autres typesd’hôtels et d’hébergement.

L’hôtellerie de luxe regroupe les hôtels decatégorie 4 et 5 étoiles de niveau international.Ils’agit principalement des chaînes hôtelièresinternationales d’origine européenne,américaine ou asiatique, implantéesmajoritairement dans les deux principales villesHanoï et Ho Chi Minh Ville, et d’établissementsde type « resort » implantés dans les provinceset plus orientés vers la clientèle de loisir et deséjour.

L’hôtellerie 3 étoiles est concentrée dans lesvilles principales, au détriment de nombreusesvilles moyennes.

L’hôtellerie 2 étoiles est plus fréquente dans lesvilles moyennes, elle est notamment géréefamilialement et correspond au type« guesthouse ». Le confort proposé par cesétablissements est très inégal et les servicesofferts assez sommaires.

A coté de ces catégories qui pourraient êtrequalifiées de normées, il existe un grandnombre d’établissements d’hébergementsassez disparates et en particulier :

Les hôtels une étoile et les mini-hôtels ounon classés, habituellement de petitsétablissements d’un confort très rudimentaire,sont généralement tenus par des famillesvietnamiennes. Les hébergements chezl’habitant sont un produit hybride entre«guesthouse » et chambre d’hôte, situésnotamment dans les provinces plus rurales.

Les villas et appartements se concentrent dansles villes de province et les villages touristiques.Leur nombre est cependant limité et la clientèleessentiellement locale.

Les hôtels de loisirs, ou resorts, situés le plus

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souvent dans les villes de province, et en zonebalnéaire ou rurale, sont plus récents.Ils correspondent à plusieurs typesd’établissements : hôtels de loisir 4 et 5 étoiles,hôtels de type villages-vacances,le plus souvent

de standard 3 étoiles ou inférieur,établissements d’accueil non classés ou deniveau assimilables au standard 1 étoileet éventuellement 2 étoiles, accueillantgénéralement une clientèle vietnamienne.

- La commercialisation des hôtelsCaractéristiques moyennes du secteur (pour l’échantillon étudié)Champ Type de Caractéristique Valeur de la caractéristique caractéristiquePrix Prix moyen haute saison 33 US$

Prix moyen basse saison 29 US$Activité Taux d’occupation moyen des chambres 66 %

Taux d’occupation en haute saison 79 %Taux d’occupation en basse saison 49,5 %

Clientèle Durée moyenne des séjours 2,01 joursClientèle loisir : individuelle 29 %Clientèle loisir :groupe 38 %Clientèle affaires 34 %

Commercialisation Système de réservation informatisé 65 %Site internet pour l’hôtel 59 %Vente par internet :site ou messagerie 60 %Part du chiffre d’affaires réalisé par internet 1,5 %

La différence entre les saisons est peumarquée et l’activité peut s’exercer sur desbases à potentiel constant defréquentation, ce qui constitue unavantage non négligeable pourl’utilisation des moyens d’exploitation etla rentabilité des installations et desinvestissements.

Les clientèles et la commercialisation

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Les clientèles les plus fréquemment citées

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Les clientèles asiatiques d’Asie de l’Est et du Sud-Est, excepté les Japonais, semblent fréquentercertains hôtels seulement (hôtels chinois parexemple) ou se dispersent plus largement dansles catégories d’hôtels inférieurs : 2 étoiles,1 étoile,mini-hôtels,...

2.2 L’évaluation de l’Hôtellerievietnamienne

En pleine mutation, le secteur hôtelier secaractérise cependant par de flagrantsdéséquilibres entre les diverses catégories, audétriment de certaines formes d’hébergement,notamment des établissements haut degamme. En effet, alors que les hôtels de type3 étoiles, 4 étoiles, 5 étoiles sont des lieuxd’accueil recherchés par les touristesinternationaux,ils ne représentent que 3,5 % dunombre total des hôtels du Vietnam.

Ce nombre est faible en comparaison avec lesautres grandes métropoles de la zone d’Asie duSud-Est. Ce phénomène s’explique en grandepartie par les réticences de la part desinvestisseurs dans l’hôtellerie en raison de lademande touristique de loisirs et d’affairesencore récente et peu importante, maiségalement par les difficultés administratives etprocédurales trop lourdes…

En conséquence, la concurrence entreétablissements est pratiquement inexistante,ou tout au moins perçue comme faible par lesprofessionnels interrogés.

Les hôtels 3 étoiles, de taille moyenne, 70 à 100chambres selon leur situation dans les grandes

zones urbaines ou les provinces,sont principale-ment détenus par les compagnies d’Etat. Ilsemble qu’aucune chaîne internationale ne soitimplantée sur ce créneau d’offre, même si desgrands groupes ont des projets.

Le même constat peut être observé concernantla qualité des équipements, des services, et desfournitures d’accueil dans les chambres quidépendent en général du classement de l’hôtel.

Les chambres proposées par l’hôtellerie decatégorie moyenne et haut de gamme sontgénéralement bien équipées et spacieuses.

Les hôtels internationaux prennent un soinparticulier à cet aspect de l’accueil, certainss’appuyant sur la qualité des produits enchoisissant des marques réputées alors qued’autres préfèrent privilégier l’originalité desproduits et de la présentation. Les autres hôtelsde niveau 4 étoiles proposent un accueil assezproche du standard international, mais lesproduits proposés sont parfois décevants etlimités.

Certains hôtels de niveau moyen de gammesont en revanche trop négligents en ce quiconcerne la décoration ou l’emplacement deséclairages, et leurs produits d’accueil de salle debains sont en général de mauvaise qualité.

2.3 Les caractéristiques del’exploitation des hôtels : enquêteauprès des professionnels

Il ressort de l’enquête que la qualité des serviceset les compétences du personnel ne sont pasaux yeux des professionnels les qualitésrequises principales d’un hôtel et qu’ils ontjusqu’à présent privilégié d’autres aspects jugésplus importants : le confort, la sécurité et lapropreté.

Le personnel de l’hôtellerie ayant reçu uneformation hôtelière dans une école du Vietnamn’est que de 40 % et les employés d’origineuniversitaire sont dans la majorité des cas issusd’une formation autre que l’hôtellerie.

En outre,selon les professionnels de l’hôtellerie,leur personnel est capable de communiquer enlangues étrangères pour 93 % en anglais, 63 %en français,37 % en japonais.©

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- Les qualités requises pour un hôtelRang Qualité requises d’un hôtel Rang Qualité atteinte par votre hôtel1 Confort 1 Sécurité2 Sécurité 2 Propreté3 Propreté 3 Confort4 Service 4 Service5 Environnement 5 Environnement6 Prix 6 Prix7 Localisation 7 Employés

- La qualité des établissements perçue par leur gestionnaire Niveau de qualité atteintQualité atteinte ? PourcentageOui 58,8 %Non 27,8 %Ne sait pas 13,4 %Total 100,0 %

Les domaines à améliorerRang Domaines à améliorer1 Service2 Confort3 Environnement4 Prix5 Propreté6 Ne sait pas7 Sécurité8 Formation des employés

Qualité des services et compétences dupersonnel ne sont pas aux yeux desprofessionnels les principales qualitésrequises d’un hôtel et leurs efforts ontjusqu'à présent privilégié d’autres aspectsjugés plus importants tels que le :- le confort- la sécurité- la propreté

De nombreux hôteliers sont conscientsque le service offert et le confort du clientsont des composantes essentielles duproduit proposé. Les hôtels de catégoriesupérieure souffre également d’unenvironnement immédiat qui contrasteavec les efforts qu’ils consentent pouraméliorer le confort et la qualité de leurétablissement. Ce problèmed’environnement est malheureusementgénéral. La place accordée a la Formationdes Employés peut par ailleurs paraîtresurprenante.

Les qualités requises selon les professionnels

Les améliorations nécessaires selon les professionnels

Source :Enquête CETIA 2002-2003

Source :Enquête CETIA

Source :Enquête CETIA

Source :Enquête CETIA

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3. La restauration : une offre variéeet un potentiel appelé à sedévelopper pour certaines formesde restauration

La restauration commerciale, très développéeau Vietnam, dispose de niveaux de prestationet de qualité très variables. Il s’agira de dresserun aperçu général du secteur de la restaurationavant d’émettre quelques critiques.

3.1 Les différentes offres derestauration

Les hôtels de type 4* et 5* proposent différentesformules : de la restauration rapide, coffee shopou restaurant de type brasserie, au restaurantclassique ou gastronomique, avec desprestations généralement d’un bon ou d’un trèsbon niveau.

La restauration des hôtels 3* et 2* proposesouvent plusieurs formules de restauration,avec une cuisine internationale et des platslocaux. Sa clientèle est principalementcomposée des résidents de l'hôtel et des clientslocaux.

La restauration à thème correspond auxétablissements qui proposent une restaurationbasée exclusivement sur une cuisine trèsspécialisée : restaurants français, italiens,chinois, japonais, indiens, etc. Cesétablissements sont très souvent la propriétéd’exploitants d’origine étrangère installés dansle pays. Il est à noter que le Vietnam présentedans ce domaine une offre limitée,principalement concentrée dans les grandes

villes et dans une proportion non négligeableofferte par les grands hôtels internationaux quidisposent d’équipes ou de personnels expatriésou étrangers spécialisés dans ces formes derestauration (chef français, italien, etc). Ce typede restauration relativement récent pour le paysest appelé à un très fort développement. Il offredes prestations de bonne qualité à des prixaccessibles pour la clientèle étrangère habituéeà ce type de restauration et pour une clientèlelocale qui tend à émerger de plus en plus àtravers la classe moyenne, constituant unpotentiel de consommation non négligeable.

La restauration indépendante de type classiqueregroupe les restaurants classiquesvietnamiens de bon niveau proposant une cartegénéralement diversifiée, mais privilégiant leplus souvent la cuisine d’origine locale. Les prixproposés sont moyens mais apparaissent élevésou très élevés pour le Vietnamien moyen. Cetype de restauration vise donc la clientèled’affaires locale et étrangère, ainsi que lestouristes internationaux.

La petite restauration et la restauration de rue,souvent à gestion familiale, est très développéeau Vietnam. Elle est située dans les villes et lelong des routes en zone rurale, avec une cartegénéralement vietnamienne, mais elle peutégalement offrir quelques plats internationaux.Les prix sont abordables, ce qui rend cette offreaccessible à une clientèle nombreuse et locale.

Les nouvelles formes de restauration, de typesfast food, sont encore peu développées auVietnam, quoique émergentes sous la formed’établissements vietnamiens situés dans les

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grandes zones urbaines, les grandes entreprisesmondiales du secteur n’étant pas ou peureprésentées.

Le constat de la grande diversité de restaurationne doit toutefois pas empêcher d’émettrecertaines critiques pour la cuisine comme pourle service.

3.2 Quelques remarques concernantla cuisine et le service

La restauration dans les grands hôtels pratiquedes prix élevés, voire très élevés, et s’adressedonc davantage à une clientèle d’affaires ouexpatriée.

La restauration des hôtels de gamme moyenneprétend en général offrir à la fois une cuisinelocale et une cuisine internationale, mais laréalité est cependant souvent différente : lacarte vietnamienne est très large et trèsdiversifiée alors que la carte internationale estsouvent plus étroite et ne comporte que desplats occidentaux classiques ou à base de pâtes.

Les prestations vietnamiennes sontgénéralement de bonne qualité et semblentrépondre aux attentes de la clientèle locale,cependant la qualité et la présentation necorrespondent pas toujours aux standardsinternationaux. Ce type d’hôtel est de plus enplus fréquenté par une clientèle individuellevietnamienne, notamment du milieu des

affaires, mais également par une clientèle deloisir et familiale qui bénéficie d’un tarifparticulier pour les fins de semaine. Ils sontégalement fréquentés par des groupes detouristes internationaux issus le plus souventdes classes moyennes.

La petite restauration ou restauration de ruedispose par définition d’équipements souventtrès sommaires, constituant également le lieud’habitation de la famille gestionnaire. Lepersonnel est souvent incapable de parler uneautre langue que le vietnamien,et le service estsimplifié,voire inexistant.

3.3 Un service insuffisant dans larestauration indépendante et larestauration des hôtels de gammemoyenne

Ce type d’établissement emploie un personnelextérieur spécialisé dans le service ayant reçu ounon une formation adéquate. Le personnel deservice est en général jeune, maisinsuffisamment formé. La communication avecles clients est souvent difficile et parfoisimpossible, l’anticipation d’un besoin ou d’unedemande en salle est insuffisante ou absente.Ilsont en outre un comportement commercialgénéralement très peu développé.

La gestion du personnel de salle par lesresponsables est peu dynamique,insuffisamment exigeante, ce qui constituel’une des sources principales de l’inefficacitégénérale du service.

La propreté des lieux n’est pas toujours à lahauteur des exigences de la catégorie desétablissement. Les règles d’hygiène, lorsqu’ellesexistent,ne sont pas strictement respectées.

Dans les hôtels 4 et 5 étoiles et internationauxon a pu observer une tendance des personnels àperdre le sens de l’accueil qui devient alors plusimpersonnel et moins agréable.

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Le verdict des professionnels

Les professionnels des restaurants indépendants et des restaurants d’hôtels jugent la qualité deleur offre :Une enquête a permis d’interroger les professionnels sur la qualité de leur propre établissement etil leur a été demandé d’identifier les domaines qui devraient faire l’objet d’améliorations. (voirtableaux ci-dessous :comment améliorer la qualité ?)

Rang Qualité requise d’un Restaurant Rang Qualité atteinte par votre Restaurant1 Propreté 1 Prix2 Qualité de la cuisine 2 Propreté3 Qualité du service 3 Qualité de la cuisine4 Prix 4 Qualité du service5 Confort 5 Environnement6 Environnement 6 Confort7 Ne se prononcent pas 7 Ne se prononcent pas

Qualité des services et compétencesdu personnel ne sont pas les priorités pour les professionnels

72 % des professionnels de la restaurationconsidèrent que le niveau de qualité deleur établissement est bon.

Niveau de qualité atteint par votre restaurantQualité atteinte ? PourcentageOui 72 %Non 17 %Ne sait pas 1 %Total 100 %

-La qualité perçue selon le restaurant ou le gestionnaire

De nombreux restaurateurs sontconscients que le service offert et leconfort du client sont de premièreimportance.

Les domaines à améliorerRang Domaines à améliorer1 Qualité de la cuisine2 Qualité du service3 Propreté4 Prix5 Ne se prononcent pas

- Suggestions pour améliorer la qualité

Très majoritairement les professionnelsestiment que la formation du personnelest la meilleure voie pour améliorer laqualité globale de l’établissement.

Quelles voies pour améliorer la qualité ?Rang Voies d’amélioration1 Former le personnel2 Augmenter le niveau de service3 Augmenter les équipements4 Ne sait pas

- Les moyens pour améliorer la qualité

enquête auprès des restaurants indépendants et restaurants d’hôtels :questionnaire sur la qualité

Source :Enquête CETIA

Source :Enquête CETIA

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4. Les agences de voyage et lesvoyagistes : une offre trop limitée

Ce secteur est principalement composéd’entreprises de petites et très petites tailles.Seules quelques sociétés importantes assurentdes activités multiples,et des grands opérateursspécialisés émergent dans le secteur dutourisme en tant qu’agences de voyages.

Plusieurs catégories d’entreprises composent cesecteur :

- Les compagnies publiques de tourisme quiassurent plusieurs activités et disposentd’agences de distribution et de vente desproduits touristiques qu’elles élaborent.

- Les compagnies aériennes qui disposent pourla plupart d’un réseau d’agences propres dansles principales villes du Vietnam,essentiellement Hanoï et Ho Chi Minh Ville.

- Les agences privées, qui disposent de leurspropres entreprises de production et de ventede leurs propres produits.

- Les distributeurs représentent la majorité desentreprises du secteur. Il s’agit généralement detrès petites entreprises aux moyens très limitésqui revendent des billets et des produitstouristiques. (voir tableau ci-dessous)

Selon les professionnels, les domaines àaméliorer se situent au niveau des équipementsd’agence, notamment des systèmesinformatisés, de l’information des clients, desbrochures de documentation et de la diversitédes services.Pour renforcer la qualité du service,les professionnels estiment qu’il faudraitformer davantage le personnel et augmenter leniveau de service ainsi que des équipements. Ilspensent cependant que 96 % des clients sonttrès satisfaits ou satisfaits de leurs services.

Les caractéristiques générales des agences de voyagesRubrique Type de caractéristique Valeur de la caractéristiqueActivité Période d’ouverture Permanente

Durée de la saison haute 7 moisActivités principales Billetterie 83 %

Conception et production de tours 75 %Organisation et conduite de tours – guidage 67 %

Personnel Nombre moyen de cadres 6,3Nombre moyen de personnels non cadre 35,3Nombre moyen d’employés étrangers 2,3Nombre moyen d’employés en haute saison 51,3Nombre moyen d’employés en basse saison 45,5Salaire moyen mensuel des cadres 146 US $Salaire moyen mensuel du personnelnon cadre 82 US $

les caractéristiques générales des agences de voyage et le type de clientèle

Source :Enquête CETIA

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1. L’avis critique des professionnelsdu tourisme

77 % des professionnels estiment que l’obstaclele plus important au développement dutourisme est l’insuffisance des infrastructuresde circulation et de communication à l'intérieurdu pays. Les démarches administratives, visas,et contrôles à l'arrivée, sont égalementconsidérés à 53 % comme un handicap. Lafaiblesse des activités proposées, de la qualitédes services et de la mise en valeur des sitestouristiques constituent des obstacles pourrespectivement 46 %,45 % et 33 %,les hôtelierset les voyagistes étant les plus critiques.

L'éloignement du Vietnam, la sécurité ou lapauvreté ne sont pas considérés comme desobstacles au développement du tourisme ni à lafréquentation touristique.

53 % des professionnels jugent également quemalgré les actions réalisées, les efforts despouvoirs nationaux et locaux en faveur dutourisme sont insuffisants. Cette insatisfactionsouligne le manque de communication etd’information entre les autorités publiques etles professionnels, qui devraient être associésplus étroitement à l’élaboration des politiquesen matière de tourisme.

2. Observations des touristes

Les touristes internationaux sont satisfaits desinformations sur les sites à visiter, de lacommunication avec les Vietnamiens sur leslieux et sites touristiques et des servicesd’accueil à l’arrivée pour 45 à 50 % d’entre eux.

III. Observations des professionnelset des touristes concernant les siteset les politiques du tourismeL’enquête s’est également efforcée de recueillir un avis concret des professionnels et des touristessur les sites et produits touristiques afin de mieux connaître leurs attentes.

Les obstacles au développement touristique

Source :Enquête CETIA

Les obstacles au développement touristique selon les professionnels du secteur

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Par contre,ils sont 40 % à considérer que les sites touristiques du Vietnam ne sont pas suffisammentmis en valeur,ce qui montre la grande déception des touristes,dès lors que l’objectif principal de leurvisite est la découverte du Vietnam à travers les sites naturels,historiques et culturels. Selon eux,ceproblème est insuffisamment pris en compte par les professionnels.

Les patrimoines naturel et culturel sont effectivement très nettement les deux grands pôlesd’intérêt et d’enthousiasme pour les touristes internationaux comme évoqué antérieurement.

En revanche, une grande majorité de touristes internationaux manifestent leur déception quantaux problèmes de circulation et de déplacements quel que soit le mode utilisé à l’intérieur du pays,auxquels s’ajoutent le bruit et la pollution dans les grandes villes notamment. Les conditions devoyage qui en résultent sont peu appréciées et qualifiées de difficiles.

Les 10 motifs d'enthousiasmeCritères PourcentageCulture-histoire-lieux 22,6Population 22,2Paysage-nature -sites naturels 19,7Nourriture 16,3Shopping 4,4Accueil 1,2Qualité hôtels 1,2Sécurité 1,1Animation 1,1Mer-plaisirs balnéaires 0,9Autres 8,3Total 100

Observations des touristes sur les sites touristiques

Les atouts touristiques

Source :Enquête CETIA

Source :Enquête CETIA

Impressions sur les sites touristiques

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Les 10 principaux motifs de déceptionCritères PourcentageTransports-routes-trafic 26,2Pollution-bruit 14,7Harcèlement-mendicité 14,6Propreté-hygiène 10,9Sécurité-arnaque-vol 7,3Visa-Encadrement touristique 2,9Difficultés linguistiques 2Pauvreté 1,9Qualité des hôtels 1,7Nourriture 1,5Autres 16,3Total 100

En fin de compte, il apparaît que pour lestouristes, le Vietnam n’est pas une destinationexceptionnelle. Une large majorité estime quele pays est une «destination à découvrir», sansla qualifier d’incontournable. S’ils sont dansl’ensemble satisfaits par leur voyage à la fin deleur séjour, les touristes n’expriment pas pourautant un désir très marqué d’y revenir.

Il ressort néanmoins des observations que dansle domaine de l’offre de services touristiques,lesformations constituent l’une des principalesfaiblesses de ce secteur. Elles pourraientcependant être rapidement améliorées,lorsque les lacunes auront été identifiées, etque des coopérations auront été mises en placedans ce secteur.

Les motifs de déception dans le secteur

Source :Enquête CETIA

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La coopération dans le secteurde l’hôtellerie et du tourisme

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1. Une forte demande desentreprises en personnel qualifiédans le secteur du tourisme et del’hôtellerie

Les entreprises du tourisme expriment unbesoin très important en personnel qualifié, àtous les niveaux, notamment dans lesdomaines opérationnels tels que la cuisine, leservice en salle pour la restauration, l’accueil etl’hébergement.

Au niveau des agences de voyages et desvoyagistes, le besoin se fait également ressentirpour les qualifications qui touchent auxfonctions de production, de vente, dedistribution,d’accompagnement,etc.

La rareté des compétences est d’ailleursflagrante en ce qui concerne les personnelshautement qualifiés et les personnelsd’encadrement. Ce manque estparticulièrement sensible s’agissant des cadresde haut niveau aptes à gérer des départementsopérationnels,et à même de fournir des serviceset des prestations dont la qualité et la constancedoivent être rigoureusement contrôlées, pourrépondre aux standards de l’hôtellerie d’affaireset de niveau international.

A coté de ces cadres opérationnels, le besoin encompétences se fait également sentir au niveaudes fonctions ou activités de hauteresponsabilité. Il s’agit des activitésprincipalement liées à l’aménagement, auxpolitiques touristiques, et à la gestion desentreprises elles-mêmes.

Cette demande des entreprises en personnelqualifié est d’ailleurs amenée à s’accroître avecl’important développement économique dupays qui entraîne une évolution du mode de vieet du mode de consommation de la populationvietnamienne.

2. Une offre de formationdiversifiée,mais qui ne répond passuffisamment aux besoins desentreprises

L’étude et l’analyse des différentesformations proposées dans les centres deformation démontrent que si l’offre est trèsdiversifiée,elle est loin de répondre aux attenteset aux demandes des entreprises du secteurtouristique.

2.1 La diversité des niveaux deformation

L’offre de formation concerne les formationsqualifiantes de base, de technicien qualifié ethautement qualifié, jusqu’aux formationstechniques et universitaires supérieures.

Les formations qualifiantes de base sontassurées au niveau du cycle secondairetechnique par des établissements publics ouprivés, spécialisés dans certains domaines, etpar des centres de formation,souvent gérés pardes organisations non gouvernementales(ONG). Ces centres accueillent aussi des jeunesexclus du système scolaire.

Les formations de technicien qualifié ethautement qualifié relèvent du niveau diplômede technicien en hôtellerie et en tourisme ou«Diploma» selon le standard international.Ellesoffrent à l’étudiant la possibilité d’acquérir unequalification dans un domaine précis du secteurdu tourisme : réception/accueil, service derestaurant,cuisine pour l’hôtellerie.

Les formations techniques supérieuresnécessitent une durée d’études plus longue,généralement un an après le niveau Diploma-technicien hautement qualifié.Elles conduisentau niveau de technicien supérieur (BTS) enhôtellerie et tourisme ou au niveau «HigherDiploma» selon le standard international.

I. La nécessité d’améliorer l’offrede formation

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Les formations universitaires supérieuresconduisent au 1er niveau de qualification : leBachelor ou la licence en tourisme, après uneformation de quatre ans. Les formationsdispensées sont principalement orientées versle tourisme au sens strict : guidage,accompagnement, conception de tours et decircuits, parfois la gestion hôtelière. Cependant,ces formations ne comportent aucunedimension technique et pratique, ce qui pose leproblème de l’adéquation entre les besoins desentreprises et les compétences de ces jeunesdiplômés de l'université.

2.2 Présentation et évaluation descentres de formation

Il existe environ 50 centres de formationassurant tous les niveaux de formation depuisl’apprentissage jusqu’aux formationsuniversitaires. Ce nombre est insuffisant pourrépondre aux besoins actuels et futurs dans cedomaine.Les auteurs de l’enquête ont visité unevingtaine de ces centres afin d’étudier lesformations dispensées au niveau des moyenstechniques,pédagogiques et humains.

Ils ont visité six principaux typesd’établissement :

a. les écoles professionnelles,b. les écoles d’hôtellerie et de tourisme,c. les écoles non spécialisées en hôtellerie et

tourisme,d. les universités spécialisées dans le tourisme,e. les universités non spécialisées dans le

tourisme,f. les centres d’apprentissage.

a. Les écoles professionnelles existent ennombre limité et sont généralementconcentrées à Hanoï et à Ho Chi Minh Ville.Ellesproposent en général des formations dansl’hôtellerie.

Les enquêteurs ont constaté dans ces écoles unmanque important de moyens : équipementsrudimentaires,vétustes et en faible quantité,ouinadaptés aux réalités du secteur. Ces écoles nesont donc pas à même de proposer desenseignements en phase avec le mondeprofessionnel.

b. Les écoles d’hôtellerie et de tourismeassurent des formations d’un niveau plus élevé,de technicien supérieur ou de cadre moyen enhôtellerie et en restauration.

Il en existe quatre, situées à Hanoï, Hué, Ho ChiMinh Ville et à Vung Tau.

La spécificité de ces écoles consiste en uneformation organisée sur la base des standardsinternationaux. Ces écoles ont bénéficié de lacoopération du Grand Duché du Luxembourg,dont nous détaillerons l’apport ultérieurement

Elles sont dotées de locaux techniques etd’équipements de très bon niveau, ce qui lesplace au même niveau que les écolesd’hôtellerie et de tourisme des paysoccidentaux, et parmi les écoles les mieuxdotées de l’Asie du Sud-Est.

Cependant, elles manquent de personnelenseignant local qualifié et la pérennité de leurefficacité s’en trouve émoussée.

c. Les écoles non spécialisées en hôtellerie et entourisme dont les enseignements sontprincipalement axés sur les langues étrangères,l’informatique et les formations commercialesproposent en fin de cursus des options entourisme,et parfois en hôtellerie.

Leur faiblesse se situe au niveau des moyenstechniques, très limités voire inexistants, enparticulier en ce qui concerne les spécialisationsdans la cuisine,le service en salle pour l’hôtellerie,et en matière d’initiation à l’utilisation deslogiciels spécialisés pour les réservations d’hôtel,de billets d’avion etd’autres produits touristiques.C’est la raison pour laquelle ces écoles oriententprincipalement leurs formations vers lesdisciplines qui nécessitent le moinsd’équipements spécialisés : métier de guidestouristiques, de réceptionnistes notamment,mais également les métiers de la gestionhôtelière.

d. Les universités spécialisées en tourismeoffrent des formations dans trois domainesprincipaux :

- Les agences de voyages et les activitésréceptives,

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- Le développement touristique,- La gestion hôtelière…

A notre connaissance, deux universitésproposent des formations en tourisme dequatre ans avec deux filières, l’unevietnamienne, l’autre française :

- Université nationale de Hué (Départementtourisme) à Hué.- Université Van Lang (Département tourisme) àHo Chi Minh Ville.

D’autres universités offrent des programmesplus courts,spécialisés,conduisant également àdes débouchés dans le secteur du tourisme.

e. Certaines universités, non spécialiséesproposent des formations en tourisme,intégrées sous forme optionnelles dans lescursus généraux de langues étrangères,d’économie,d’administration ou de gestion.

Contrairement à ce qu’elles pourraient laissercroire, ces deux types d’universités, spécialiséesou non, ne disposent généralement d’aucunmoyen technique et pédagogique spécialisédans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme.Elles dispensent de ce fait un enseignementpurement théorique, avec des professeursoriginaires de disciplines autres que le tourisme.Les étudiants ont parfois la possibilité d’acquérirune expérience pratique en effectuant desstages,mais ces derniers,en nombre et en duréelimités, ne peuvent pallier l’insuffisance desenseignements universitaires.

f. Les centres d’apprentissage : les exemples deHoa Sua et de Triangle GénérationHumanitaire.

Deux écoles sont gérées par des associations :Triangle Génération Humanitaire à Ho Chi MinhVille et Hoa Sua à Hanoï. Elles s’adressent à desjeunes issus de milieux défavorisés.

L’école Hoa Sua,créée il y a une dizaine d’années,bénéficie d’une très bonne réputation dans leNord du pays et offre une formation de qualitédans les secteurs de l’hôtellerie et de larestauration, visant à former un personnelqualifié ou hautement qualifié (correspondantaux niveaux CAP,BEP,BP et Bac Pro en France).

Elle est dotée de moyens pédagogiques adaptésaux objectifs de formation :elle s’appuie sur desprofessionnels d’origine étrangère etvietnamiens qui interviennent sous forme decours spécialisés, de conférences, etc, mais ellen’assure par contre pour le moment aucuneformation dans le secteur des agences devoyages, ni des voyagistes. De nouvellesformations concernant ces domaines devraientêtre ouvertes pour l’année 2006.

L’école dirigée conjointement par TriangleGénération Humanitaire et le ministère desaffaires sociales vietnamien proposeégalement des formations spécialisées à desenfants issus de milieux défavorisés du Sud.Elleest bien dotée quant aux moyens humains,techniques et pédagogiques.

Ces deux centres de formation, quifonctionnent dans un contexte difficile, offrentincontestablement un enseignement dequalité et constituent de bons exemplesd’organisation pédagogique et technique pourl’ensemble du système éducatif vietnamien.

3. Un regard très critique desprofessionnels du tourisme sur lescompétences et les formations dansle secteur

L’enquête réalisée s’est efforcée de recueillir lejugement des professionnels sur les formationsen hôtellerie et tourisme organisées etdispensées par les écoles vietnamiennes.

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3.1 L’insuffisance généralede personnel compétent dansl’hôtellerie, la restauration etles agences de voyage

Cette insuffisance s’explique d’une part parl’absence de formation du personnel, et d’autrepart, par l’inadaptation des formations ausecteur touristique.

Pour l’ensemble du secteur touristique, aumoins un tiers des personnels qui y travaillentn’ont suivi aucune formation en hôtellerie ou entourisme. Si pour les agences de voyages, cettepart représente seulement 28 % de l’ensembledu personnel,elle est respectivement de 36 % etde 37 % pour les hôtels et les restaurants.

L’ensemble des professionnels dressent lemême constat général que les auteurs del’enquête, estimant que les formationsdispensées dans les écoles et les universitéssont inadaptées aux réalités du secteurtouristique.

A cet égard, le jugement porté par lesresponsables d’établissements de chaînesinternationales sur les formations en écoles

hôtelières est particulièrement sévère, lesformations dispensées par les écolesvietnamiennes étant loin d’atteindre le niveauminimal requis selon eux. Les responsablesd’établissements indépendants ou gérés par lescompagnies de tourisme locales sont enrevanche moins négatifs.

3.2 Les principaux points faiblesdes formations expliquées parles professionnels

1 - Les formations ne sont pas asseztechniques,

2 - Les enseignements présentent desfaiblesses dans l’apprentissage et laconnaissance des langues étrangères,

3 - Les élèves et étudiants ne sont pas formésà la relation communication/ vente vis-à-visdes clients. Ils sont maladroits, manquentd’aisance et d’efficacité commerciale,

4 - Les formations sont mal adaptées auxbesoins du marché et ne répondent pas auxattentes des professionnels.

Les professionnels dans les agences de voyageen particulier remarquent que les employésmanquent de présentation, d’esprit d’initiativeet de connaissance du pays.

En conséquence, les professionnels onttendance à se détourner du personnel issu descentres de formations. Ils préfèrent dupersonnel, non spécialisé ou non formé, etassurer eux-mêmes la formation. Ce type deformation privilégié par les professionnels, estcependant très parcellaire et fourniuniquement selon les besoins de l’entreprise.Certains professionnels proposent également àleurs employés des formations extérieuresdispensées par des écoles,des universités ou desconsultants, ou par la chaîne. (voir graphiquepage 45)

Le faible niveau technique des employésnouvellement recrutés a aussi pourconséquence de les faire débuter au plus basniveau de l’échelle des fonctions, avec desrémunérations très faibles.

L’insuffisance générale des formations initiales des personnels dans l’hôtellerie,la restauration et les agences de voyage

Source :Enquête CETIA

L'insuffisance générale de formations des personnels

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3.3 Les perspectives et critères d’embauche du secteur selon l’origine des formations

Le critère «langues étrangères», est le plussouvent cité comme déterminant pourl’embauche dans le secteur touristique. Enrevanche, « le lieu de la formation », et les« compétences techniques » ne sont placésqu’en 5ème et 6ème position sur 7 critères. Lesprofessionnels considèrent que ces dernierscritères ne sont pas suffisammentdiscriminants pour juger les qualités d’unemployé à l’embauche.L’appréciation de ces critères est cependantvariable selon le personnel recruté. Ainsi pourl’embauche du personnel de cuisine par lesrestaurateurs, les professionnels sont 83 % àconsidérer que les connaissances et les

compétences techniques doivent êtreprivilégiées pour l’embauche.

S’agissant du personnel de salle, les languesétrangères, demandées par 77 % desprofessionnels, la présentation et l’aisance(75 %), et les compétences techniques (74 %),sont les critères d’embauche les plusimportants et les qualités les plus recherchés.

L’honnêteté, l’esprit d’initiative, la connaissancedu Vietnam et l’esprit commercial, paraissentindispensables pour plus des 2/3 desprofessionnels.

Les formations organisées par l’employeur

Les critères d’embauche

Source :Enquête CETIA

Source :Enquête CETIA

Formations organisées dans les entreprises du secteur du tourisme (en %)

les critères d’embauches dans les hôtels-restaurants et les restaurants indépendants

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L’enquête a également mis en évidence la faiblevisibilité qu’offre le secteur touristique enmatière de développement.En conséquence,lesperspectives d’embauche sont vagues et lapratique consiste à embaucher uniquementlorsque le besoin se fait ressentir dansl’entreprise, les professionnels n’éprouvantaucune difficulté à trouver du personnel.

D’ailleurs il semble qu’au moment de l’enquête,fin 2002, début 2003, les responsables desentreprises des trois secteurs étudiésn’envisageaient pas spécialement d’embaucherdu personnel. Le tourisme est considéré par lesprofessionnels comme un secteur porteur dansl’avenir mais dont le développement est encoretrop lent.

Des coopérations internationales proposentdepuis plusieurs années d’apporter une aideaux centres de formations vietnamiens. Cescoopérations sont cependant à l’heure actuellepeu nombreuses, insuffisammentapprofondies, et l’ensemble manque decoordination.Quelques écoles et universités,quiont eu la chance de mener des coopérations trèssuivies,constituent des exemples de réussite.

1. Les établissements quin’entretiennent pas de coopération

Les coopérations avec les écolesprofessionnelles publiques sont presqueinexistantes, leur champ d’action étant limitéau niveau local ou régional. A l’exception decertains professeurs en langues étrangères, lesenseignants ont peu d’occasions d’effectuer deséchanges.

Les écoles non-spécialisées dans le tourisme,dont les formations en tourisme sontrelativement limitées, avec des équipespédagogiques restreintes et des enseignantsnon permanents ne bénéficient pas non plusd’un environnement propice audéveloppement des coopérations. Cependant,lors des entretiens avec leurs responsables, il estapparu que ces écoles souhaitent vivementdévelopper des relations partenariales avec desinstitutions étrangères.

Les universités non-spécialisées développentdes coopérations internationales diverses dansle cadre de leurs formations principales, maiscelles-ci restent limitées. Parmi les universitésde ce type visitées au cours de l'enquête, seulecelle de Dalat a noué quelques relationsinternationales qui concernent le tourisme,avec l’UQAM (Université du Québec à Montréal)au Canada notamment, mais dans le cadred’une coopération plus large. On a puégalement noter que ces établissementsnourrissaient également des souhaits decoopération avec des institutions telles quel’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)ou des universités spécialisées.

2. L’apport des coopérationsdans les centres de formation

Les centres de formations gérés par lesassociations et ONG ont mis en place descoopérations et des relations d’échangebeaucoup plus soutenues avec des institutionsétrangères. La coopération vise principalementle soutien technique,pédagogique et financier.

La France entretient ainsi des relationsprivilégiées avec l’école Hoa Sua de Hanoï etl’école créée par l’association Trianglegénération Humanitaire à Ho Chi Minh Ville.

II. Une coopération inégale selon lesétablissements,mais qui est amenée àconnaître un important développement

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Hoa Sua, l’exemple d’une réussite

L’école Hoa Sua, une association privée créée en 1994 dispense gratuitement des formationsprofessionnelles dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie, de la restauration et de l’hôtellerie àdes jeunes en difficulté, qu’ils soient issus d’un milieu défavorisé ou qu’ils souffrent d’un handicap.L’établissement aide également les jeunes diplômés à trouver un emploi en fin de formation. Ildispose d’un restaurant d’application, d’une boulangerie-pâtisserie ainsi que d’un salon de thé àHanoï et plus récemment à Sapa.Ayant à ce jour formé plus de 1000 étudiants, elle bénéficie d’un soutien important de la part despartenaires étrangers, principalement français. Il s’agit de l’association de la Maison de la Joncqueet des Enseignants sans Frontières, du Comité catholique contre la Faim et pour le Développement(CCFD), de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Versailles (CCIV), de la Chambre des métiersd’Indre et Loire (CMIL), de l’Association Française des Volontaire du Progrès (AFVP) et del’Ambassade de France à travers le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC).

Triangle Génération Humanitaire, un succès plus récent

L’école de restauration créée à l’initiative de l’association lyonnaise Triangle GénérationHumanitaire a ouvert ses portes en décembre 2002 à Ho Chi Minh Ville. Elle a depuis sa créationaccueilli 150 élèves et fourni une formation aux techniques de la cuisine vietnamienne et françaiseet de l’accueil en salle ; cet enseignement professionnel est complété par un enseignement généralet artistique. Un restaurant de cinquante couverts permet aux jeunes étudiants de mettre enpratique leurs acquis théoriques, mais aussi de faire connaître l’école aux professionnels de larestauration, et d’assurer une source de revenus à l’école. L’établissement scolaire bénéficie en outredu soutien pédagogique du lycée hôtelier de Dardilly, situé dans la périphérie de Lyon, et sesprincipaux partenaires financiers sont la Région Rhônes-Alpes, le ministère des affaires étrangères,l’agence intergouvernementale de la francophonie et le comité d’entreprise de la caisse d’épargneRhône-Alpes.

Les élèves de l’école hôtelière de Hoa Sua

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L a c o o p é r a t i o n d a n s l e s e c t e u rd e l ’ h ô t e l l e r i e e t d u t o u r i s m e

Les quatre écoles d’hôtellerie et de tourismebénéficient d’un programme de coopérationavec le Grand Duché du Luxembourg, parl’intermédiaire de l’organisation LuxDéveloppement. Celle-ci a en particulierentièrement financé leur conception et leurconstruction ainsi que l’achat des matérielstechniques spécialisés et l’équipement des

laboratoires, et fourni un appui pédagogiquetrès important. Un expert de cette organisationa assisté la direction et l’équipe pédagogiquel’école hôtelière de Hué de façon permanentependant de nombreux mois après l’ouverture.Ces écoles ont développé des coopérations avecd’autres institutions étrangères, mais elles sontle plus souvent informelles ou ponctuelles.

Les universités dotées d’un département dutourisme, accueillant de nombreux étudiants,ont développé des coopérations internationalesavec des organismes de soutien auxprogrammes universitaires tel que l’agenceuniversitaire de la francophonie (AUF) et desuniversités étrangères.

Ces relations et ces coopérations sontrelativement nombreuses mais la plupart nefont pas l’objet d’un véritable suivi. Lesprincipaux partenaires sont la France, leCanada, la Belgique, les Pays-Bas, l’Australie etdans la région Asie, la Chine, la Malaisie et laThaïlande.

Il apparaît cependant nettement que lescoopérations les plus approfondies sontorganisées avec les universités françaises parl’intermédiaire de l’AUF pour certainsprogrammes, notamment la création de filièresuniversitaires francophones en tourisme ou

d’autres institutions françaises dans le cadredes programmes de coopération décentralisée.C’est le cas notamment des départementstourisme des trois universités suivantes :- l’université nationale de Hué,- l'université nationale de Hanoï,- l'université Van Lang à Ho Chi Minh Ville, quientretient des liens de coopération les pluslarges et les plus anciens.

Les programmes de coopération sontdéveloppés à des degrés divers et portent sur :- l’assistance pédagogique à la mise au pointdes programmes,- l’accueil d’enseignants vietnamiens en Francedans le cadre de formations et deperfectionnement scientifique et pédagogique,- l’organisation de séminaires de recherches àHo Chi Minh Ville,Hué et Hanoï,- la diffusion de cours spécialisés par desintervenants français,etc.

L’école d’hôtellerie et de tourisme de Hué bénéficie depuis plusieurs années d’unecoopération très approfondie avec des écoles hôtelières de la Région Poitou-Charentes enFrance

Cette coopération, renouvelée chaque année depuis le début des années 2000, s’est traduite parde très nombreuses actions destinées aux enseignants et aux étudiants. Il s’agit notamment de :- la visite régulière d’enseignants français à Hué pour assurer des formations de formateurs etfournir une assistance technique et pédagogique générale,- l’accueil d’enseignants vietnamiens en France à Poitiers et à La Rochelle dans le cadre de laformation technique et pédagogique de ces enseignants,- l’accueil d’étudiants au lycée de La Rochelle, notamment dans le cadre de la préparation au BTSHôtellerie et Restauration,- l’organisation en commun d'activités dans la province de Hué, notamment lors du Festival.

Selon les informations recueillies au cours des enquêtes effectuées, cette coopération organisée parl’école d’hôtellerie et de tourisme de Hué serait la plus dynamique et la plus suivie. C’est égalementcelle qui recevrait le meilleur soutien de la part des institutions provinciales régionales du Vietnamet de France.

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3. Observations générales sur lescoopérations

Les universités, plus averties et plus habituées àdévelopper des coopérations internationales,constituent le secteur véritablementdynamique dans ce domaine. Dès lors qu’ellesdisposent d’un département spécialisé, lescoopérations et les financements de soutiensont dans la plupart des cas assurés par lesinstitutions françaises. D’autres exemples telsque l’école d’hôtellerie et de tourisme de Hué,etles écoles Hoa Sua et de Triangle Génération

Humanitaire démontrent qu’une coopérationtrès soutenue est possible dans d’autres typesd’établissements, notamment grâce à l’appuides régions françaises et des provincesvietnamiennes. La France joue au Vietnam unrôle de premier plan dans le domaine de lacoopération pour le tourisme, suivie de près parle Luxembourg.En outre,le constat général de lamodestie de cette coopération,comparée à unedemande très forte des Vietnamiens dans cedomaine, laisse penser que ce secteur peutconnaître un développement important.

Les coopérations conduites par l’AUF

L’agence universitaire de la francophonie a, dans le cadre de son programme sur le renforcementinstitutionnel et scientifique des universités, établi une coopération avec l’université de Van Lang.Cette dernière a permis de consacrer un « pôle d’excellence » en tourisme au sein de l’université. Ondoit noter, au nombre de ses réalisations, la création d’un diplôme supérieur en tourisme et lelancement d’une formation francophone de niveau mastère en collaboration avec plusieursuniversités françaises, en particulier avec l’université de Toulouse le Mirail et son département dutourisme.

La coopération avec l’université nationale de Hué est également très dynamique. La filièrefrancophone lancée depuis deux ans a été l’occasion d'échanges très nombreux et de stagesorganisés en France pour des enseignants de cette filière.

Cette coopération est récente et l’équipe pédagogique du département du tourisme de cetteuniversité s’intègre progressivement dans les programmes de coopération en cours.

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Propositions et recommandationspour que le Vietnam devienne unevéritable destination touristique

et pour accompagner sondéveloppement touristique

C o n c l u s i o n

Si comme le montrent les prévisions del’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), leVietnam a le potentiel pour devenir un acteurimportant du tourisme mondial et unevéritable destination touristique au XXIème siècle,le travail d’enquête et d’analyse effectuésouligne toutefois que la réalisation de cesobjectifs dépendra de la capacité de ce pays àréaliser des réformes en profondeur.

La modernisation et la diversification de l’offrede services et de produits, notamment endirection du tourisme balnéaire, permettraientd’attirer une clientèle plus large, à la fois enterme d’origine géographique et culturelle, eten terme de génération.

Des efforts devraient également être fournisdans le domaine de la promotion des sitestouristiques, encore insuffisante à l’heureactuelle.

En outre, la question de la pertinence de laformation, adaptée au secteur touristique,est récurrente et cruciale. Elle fait partie deséléments clés de la réussite du développementtouristique du Vietnam. C’est dans ce domaine

que la France, dont la présence est assez bienétablie sur le plan économique (chaînes d’hôtels,agences de voyages et PME dans la restaurationet l’hôtellerie), et qui dispose d’outils abondantsdans le domaine de la coopération technique,peut apporter son soutien.

Un autre aspect, d’une importance capitale nedoit pas être négligé : le développementtouristique doit s’accompagner de mesurespermettant de le pérenniser.

Le développement du secteur touristique nedoit pas s’effectuer au détriment de lapréservation de l’environnement. En effetcertains sites ont déjà été détériorés,notamment celui de la prestigieuse baied’Along. Si cette tendance se vérifie dansl’avenir, elle pourrait avoir des conséquencesnéfastes pour l’image du pays. Une réflexion etun travail en ce sens devraient être réalisés.

C’est à ce prix que le tourisme pourra sur le longterme représenter un poids significatif dansl’économie du Vietnam et contribuer audéveloppement du pays de manière pérenne.C’est tout l’enjeu du développement durable.

LES CAHIERS DE COOPERATIONFRANÇAISE AU VIETNAM

DEJA PARUS :

Edition 2002- n° 1 : La coopération française au Vietnam- n° 2 : Enseignement et formation supérieurs au Vietnam - n° 3 : Rapport d’activité 2001 du CCC- n° 4 : Coopération française dans le domaine des formations au Vietnam- n° 5 : Le développement péri-urbain à Hanoi :nouveaux enjeux- n° 6 : La Cité sino - vietnamienne:quelques réflexions sur le statut et le rôle de Hanoi

à l'époque classique- n° 7 : Quelle politique d'innovation au Vietnam ?- n° 8 : La coopération française dans le domaine de santé au Vietnam- n° 9 : Action de la France pour le développement urbain au Vietnam- n° 10 : Annuaire des anciens boursiers & stagiaires de HCMV & des provinces du Sud

2002 - 2003

Edition 2003- n° 1 : L'action de la France dans le domaine de la formation des ressources humaines- n° 2 : Rapport d'activités 2002 du SCAC- n° 3 : La France et la langue française au Vietnam- n° 4 : La coopération franco-vietnamien:Faits et Chiffres- n° 5 : L'action des collectivités françaises au Vietnam- n° 6 : Agriculture et Développement rural- n° 10 : Le logement social à Ho Chi Minh Ville

Actes de colloque :Colloque PAOPA : "Des approches innovantes au service du développement au Vietnam" (avec CD-Rom)

Edition 2004- n° 1 : FASEVIE - Une solution originale au problème de la malnutrition infantile au

Vietnam- n° 2 : Croissance économique et réduction de la pauvreté au Vietnam:la machine

enrayée?- n° 3 : L’action de la France pour la recherche scientifique- Hors série : Rapport d'activités 2003 du SCAC- Hors série : France eau Vietnam

Edition 2005- n° 1 : Le tourisme au Vietnam- Hors série : Rapport d'activités 2004 du SCAC

A PARAITRE :

- La coopération franco-vietnamien:Faits et Chiffres (version 2004)- L’action de la France dans les domaines de l’environnement,de l’eau et de l’énergie- L’action de la France pour l’appui à la transition économique et politique- L’action de la France dans le domaine culturel