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Résumé A l'origine sont les fibres. Les fibres synthétiques développées par l'industrie chimiques sont classées en 5 grandes catégories : polyester, polyamide, aramides, polypropylène, polyéthylène haut module. Leurs carac- téristiques dépendent de leur constitution chimique et permettent la fabrication de cordages spécifiques selon deux modes de fabrication : le câblage et le tressage. Une bonne connaissance des fibres, de leurs compositions à leurs caractéristiques mécaniques, permet de faciliter le choix des cordages. Une analyse très fine des conditions d'utilisations : en connaissant la charge à laquelle le cordage sera soumis, le parcours du cordage à travers l'accastillage, le type de bloqueur utili- sé est nécessaire pour opérer les bons choix. Dans une optique d'optimisation technologique, une organi- sation rigoureuse des essais est indispensable pour faciliter la relation entre le fabricant et le coureur. Mots clés : Fibres, cordages, résistance, allongement, ténacité, abrasion, fluage, module, polyamide, polyester, aramide, polyéthylène, polypropylène, tresse, câblage, tressage, toron, âme, gaine, duite, fil de caret, fuseau. Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 7 Technique et performance DES FIBRES AUX CORDAGES Philippe NEIRAS Technique et performance

Technique et performance echnique et perfor mance

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Page 1: Technique et performance echnique et perfor mance

RésuméA l'origine sont les fibres. Les fibres synthétiques développées par l'industrie chimiques sont classées en 5grandes catégories : polyester, polyamide, aramides, polypropylène, polyéthylène haut module. Leurs carac-téristiques dépendent de leur constitution chimique et permettent la fabrication de cordages spécifiquesselon deux modes de fabrication : le câblage et le tressage.

Une bonne connaissance des fibres, de leurs compositions à leurs caractéristiques mécaniques, permet defaciliter le choix des cordages. Une analyse très fine des conditions d'utilisations : en connaissant la chargeà laquelle le cordage sera soumis, le parcours du cordage à travers l'accastillage, le type de bloqueur utili-sé est nécessaire pour opérer les bons choix. Dans une optique d'optimisation technologique, une organi-sation rigoureuse des essais est indispensable pour faciliter la relation entre le fabricant et le coureur.

Mots clés : Fibres, cordages, résistance, allongement, ténacité, abrasion, fluage,module, polyamide, polyester, aramide, polyéthylène, polypropylène, tresse,câblage, tressage, toron, âme, gaine, duite, fil de caret, fuseau.

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 7

Technique et performance

DES FIBRES AUX CORDAGES

Philippe NEIRAS

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Des fibres aux cordages, Philippe Neiras.

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 8

La technologie des cordages est certainement plusancienne que la navigation à voile elle même. Elle en aprécédé puis suivi l'évolution depuis les grands voyagesjusqu'à la voile sportive. Au XXIème siècle nous sommesdéjà loin du chanvre et des autres fibres naturelles etl'utilisation des fibres synthétiques va sans doute enco-re se développer et permettre plus que jamais, de dis-poser de cordages performants pour régler les voiles ettenir les esparts. Les progrès de la chimie nous permet-tent de disposer de cordages associant la légèreté à unallongement nul pour permettre la meilleure transmis-sion possible de l'énergie entre le moteur (le gréement)et le châssis (la plate-forme ou la coque).

Le coureur soucieux d'optimiser son matériel ne peutfaire l'économie d'une réflexion sur les types de cor-dages à utiliser. La technologie est l'une des composantes de la performance qui ne doit pas êtrenégligée. La programmation d'objectifs de mise au pointdu matériel doit passer par une recherche d'informations: Dans cette perspective une meilleure connaissancedes caractéristiques des fibres utilisées dans la confec-tion des cordages est nécessaire et indispensable pourpouvoir faire les bons choix de cordages en fonction del'utilisation faite en navigation. Puis, une méthodologiedans l'évaluation des cordages est également néces-saire pour ne rien oublier : évaluation de la qualité,contrôle du vieillissement, orientations à prendre si lecoureur travaille avec un fabricant pour la mise au point.

Ces objectifs de mise au point ou de choix doivent êtreplanifiés : les essais devant se faire suffisamment tôt parrapport aux objectifs de performance et surtout devantêtre validés sur des régates de moindre importance ousans objectif de performance : il serait en effet suicidai-re d'adopter un nouveau cordage pour un mondial parexemple, sans l'avoir validé au préalable en régate(etpas seulement en entraînement). Le souci permanentdu coureur est d'optimiser le rapportefficacité/poids/confort. La spécificité d'un cordagedépend directement des matériaux sélectionnés pour safabrication et de la technique d'assemblage. Ces deuxéléments sont essentiels pour comprendre un cordageet l'utiliser à bon escient.

Les fibres actuelles ont également remis à l'honneur lematelotage : la préparation des cordages doit être soi-gnée, un suivi doit être réalisé. Le matelotage est deve-nu ou redevenu, un savoir faire de base du régatier,quelle que soit la série pratiquée. La connaissance desfibres et des bouts doit s'accompagner d'une formationau matelotage. Dans l'équipement du régatier rentredonc la trousse de matelotage (que propose nombre defabricants de cordages : retenons par exemple, le kit dematelotage "gréeur" proposé par Marlow). Un cordagecorrectement épissé conserve 90 à 95% de sa résis-tance nominale, alors qu'un nœud lui fait perdre 50% desa résistance...

Les fibres permettent de fabriquer les matières textiles :

tissus ou cordages. La fibre est un filament torsadé pourobtenir un fil. Le cordage n'est qu'une combinaison entreun ou plusieurs matériaux et un mode de fabrication, ilen résulte un nombre "important de possibilités. Lesfibres sont donc à la base, elles se rangent en deuxgrandes catégories :

1. Les fibres naturelles et les fibreschimiques.

1.1. Parmi les fibres naturelles, ontrouve les fibres végétales et les fibresanimales.Dans les fibres végétales, on distingue :

- Les fibres végétales provenant de fruit (noix decoco) ou de graines : (coton, kapok).

- Les fibres provenant de tiges (chanvre, lin, ramie,jute).

- Les fibres provenant de feuilles (sisal).

- Les fibres provenant de graines foliaires (chanvrede Manille, abaca).

Dans les fibres animales, on distingue

- Les fibres animales à base de poils : Les poils dela toison des mammifères tels les ovinés (moutons,chèvre commune, chèvre mohair, chèvre cachemi-re) ; les camélidés( chameau, lama, alpaga,vigogne) ; les rongeurs (lapin angora). On utilise enoutre dans l'industrie de la laine cardée, les poils dephoque, d'ours, de renne, de loup, de vison...

- Les fibres animales à base de baves : Les bavessont des produits de sécrétion provenant d'insectesséricigènes, tels les vers à soie du mûrier qui fontl'objet d'un élevage et fournissent de la soie naturel-le et le vers à soie sauvage produisant la soie tus-sah.

1.2. Parmi les fibres chimiques, ondistingue les fibres artificielles et lesfibres synthétiques.

- Les fibres artificielles résultent de la simple trans-formation de substances naturelles mises en solu-tion et régénérées sous forme de fibres par passageà travers un trou de filière (soie artificielle à partir dela cellulose).

- Les fibres synthétiques (Nylon par exemple) pro-viennent de polymères qui doivent être fabriqués aupréalable.

Il existe en outre les fibres d'origine minérale, groupantdes matières élaborées en fibres à partir de métaux oude matières vitreuses.

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Technique et performance

La sélection naturelle qui a présidé à l'emploi tex-tile de diverses fibres utilisées de nos jours résul-te essentiellement des propriétés propres à cha-cune d'elles. Ces propriétés sont la finesse, lalongueur, la résistance mécanique longitudinale,la flexibilité transversale qui permet la torsion desfibres dans les fils et le nouage. La réponse de lafibre aux sollicitations mécaniques conditionneles caractéristiques de la fibre et des ensemblesde fibres dans un sens spécifique à chacuned'elles, ce qui détermine les différents domainesd'emploi des tissus ou cordages constitués.

Il est fort probable que l'homme a d'abord penséau tissage des fibres végétales par l'observationde la construction des nids d'oiseau et des toilesd'araignées avant d'apprendre à fabriquer desfils. Le lin, la ramie, le chanvre, la jute ont fournides tiges flexibles permettant la vannerie et le tis-sage.L'invention de la filature qui consiste à paralléliserdes fibres ou des filaments et à les retordre pouraugmenter la résistance de l'ensemble revêt uneimportance au moins égale à celle de la roue.Elle a pu être suggérée aux premiers hommespar l'observation des lianes, pour fabriquerd'abord des cordages, des hamacs, des filets depêche... Cette invention du fil retors a alors rendupossible l'utilisation de matériaux tels la laine etle coton pour la fabrication de tissus et de tricots.Quant aux fibres synthétiques, si on s'accorde àreconnaître en Robert Hooke le précurseur desfibres artificielles à base organiques, il n'endemeure pas moins que les anciens savaient éti-rer les métaux, or, argent cuivre et même le bron-ze, en filaments très fins servant à orner les tis-sus traditionnels. De 1664 avec Hooke à Hilairede Chardonnet en 1885, les chercheurs se sontefforcés de réaliser une matière analogue à lasoie en utilisant des substances naturelles deconstitution voisine. Le succès limité de cetteentreprise les a conduit à considérer une autresubstance naturelle, la cellulose ainsi nomméepar Payen en 1842 parce qu'on la trouve dans lesparois des cellules végétales. Braconnot préparele nitrate de cellulose en 1832 ; Audemars dissoutce corps dans un mélange alcool-éther et étire, àl'aide d'une aiguille, une fibre coagulée par éva-poration du solvant en 1855. Schwabe invente lafilière en 1862. Chardonnet fabrique industrielle-ment la soie au nitrate de 1878 à 1885.

2. Les plastiques.Il semble que ce soit Léo Hendrik Baekeland quile premier, en 1909, ait utilisé le terme "plastique"en tant que substantif pour désigner une classede produit à base de macromolécules. Pour luiles plastiques englobaient aussi bien les résinesque les élastomères, voire les fibres artificielles

et synthétiques. Actuellement, ce mot est généra-lement réservé aux substances polymères à l'ex-clusion des élastomères et des fibres. Encorequ'il devienne de plus en plus difficile de diviserles plastiques en catégories, parce que leurnombre ne cesse de croître en même temps ques'estompent les barrières entre les différentesclasses. La plus ancienne des matières plas-tiques synthétiques est le nitrate de cellulosetrouvé par Braconnot en France, et parSchoenbein en Suisse en 1845. Mais ce n'estqu'en 1868 que les frères Hyatt ont mis en œuvrele nitrate de cellulose en tant que plastique, etnon plus sous forme de solution. ils fabriquèrentainsi des boules de billard. Le nitrate de celluloseest obtenu à partir d'un produit naturel, la cellulo-se. En revanche, le plus ancien plastique entière-ment synthétique est une résine formophénoliquedécouverte par Baekeland en 1907, la bakélite.

De nombreuses recherches effectuées sur laconstitution chimique des substances naturellescapables de donner des fibres artificielles permi-rent à Haworth d'établir la formule de la cellulose.Entre 1920 et 1922 l'Allemand H. Staudinger ima-gine le concept de la macromolécule, Il prouveraque, à condition que les macromolécules soientlinéaires -c'est à dire formées par l'enchaîne-ment,dans une seule direction, de petites molé-cules identiques (motifs) - la matière ainsi obte-nue présentait un état physique spécifique, l'étatfibreux, caractérisé par l'existence d'un élémentde structure particulier, la fibrille, formée par legroupement en faisceaux parallèles de nom-breuses macromolécules. La démonstration futfaite par Staudinger à partir de la polymérisationlinéaire du formaldéhyde. Après 1922, on s'orien-ta surtout vers la synthèse de macromoléculesprésentant des structures linéaires. Il revient àVV. H. Carothers le mérite de réaliser en labora-toire entre 1928 et 1932, une gamme étendue detelles substances, issues de l'union de moléculesbi-fonctionnelles, puis à partir de 1931, d'indus-trialiser la meilleure d'entre elles, le polyamide 6-6 commercialisé en 1938 par la société Dupontde Nemours sous le nom de nylon.

A partir de 1925, de nouveaux besoins ont surgique la carbochimie (industrie de la transformationchimique des houilles) n'a pu satisfaire et qui sontà l'origine de la pétrochimie (industrie de la trans-formation chimique des pétroles ou chimie desdérivés du pétrole). Dès lors que le pétrole tend àdevenir la source unique de matière premièredans la fabrication des produits chimiques, onpeut considérer que la quasi totalité des sub-stances organiques est constituée par des pro-duits pétrochimiques. Et les nouvelles fibres syn-thétiques prirent un essor prodigieux.

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Des fibres aux cordages, Philippe Neiras.

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2. 1. Les principaux produits chi-miques issus du pétrole sont : lespolymères, les fibres, les plastiques.Les polymères organiques occupent une placeprépondérante dans les produits de la pétrochimie,ils sont de natures très diverses. Polybutadiène,polybutadiène styrène, polyisobutylène sont beau-coup utilisés dans la fabrication des caoutchoucsde synthèse (pneux et chambres à air parexemple). Polyéthylène et polypropylène sont for-tement utilisés pour leur grande résistance auxintempéries.

Les fibres synthétiques représentent un deuxiè-me groupe de polymères qui a en partie supplantéles produits naturels (soie laine coton chanvre). La plus connue d'entre eux est le nylon. Il existe éga-lement des fibres acryliques ou vinyliques. Le poly-propylène peut également être employé sousforme de fibre.

Les matières plastiques sont de très loin le grou-pe de polymères le plus important avec les poly-éthylènes, polypropylènes, polyesters, poly-amides, aramides...Polyamide et polyester sont fabriqués de la mêmefaçon : un polymères (groupe de molécules demême matière) est fondu à 290 degrés avantd'être propulsé à 16 mètres/seconde dans unefilière d'où il ressort sous forme de filament. Pour

obtenir une fibre haute ténacité (très résistante àl'allongement), on recherche une forte orientationmoléculaire par un sur étirage du filament (rapport4 à 5). Plusieurs dizaines de fibres sont ensuitegroupées pour donner un fil. Les fibres appeléesfibres exotiques détiennent un haut module d'élas-ticité, on retrouve sous cette appellation les ara-mides dont le plus connu est le Kevlar 49, les poly-éthylènes comme le spectra et plus récemment lescarbones ou le copolymère de polyester/polyaryla-te comme le vectran. Dans le monde de la voile, levectran est apparu en 1992 sur le class america :"América3" d'où l'appellation de "cuban fiber" pourcette fibre.

Ainsi, hormis les fibres naturelles comme le sisal etle chanvre qui ne sont guère plus utilisées quepour les voiliers de tradition, les fibres utiliséespour le confection des cordages sont toutes d'ori-gine synthétiques : polypropylène, polyamide, ,polyester, aramide, polyethylène haut module...Les fibres haut module ont désormais le vent enpoupe car on sait que 50% seulement des molé-cules linéaires de transfert des forces sont orien-tées dans le sens de la traction pour les fibres detype traditionnel, alors qu'on obtient un ratio de100% pour les fibres à haut module. Ces nouvellesfibres possèdent une ténacité et un comportementà l'allongement équivalents voire supérieur auxcâbles métalliques tout en conservant leur proprié-té textiles (souplesse, légèreté, toucher).

Nom et date de commercialisation de quelques plastiques :

1922 1927 1929 1936 1936 1938 1938Acétate

decellulose

Polychlorurede vinyle

Uréeformaldéhyde

Polyméthacrylate deméthyle

Polyacétate devinyle

Polystyrène Polyamide6.6

1939 1942 1943 1956 1957 1964Mélamine

formaldéhydePolyéthylène Silicone Polyformaldéhyde Polypropylène Polyoxyde de

phénylène

1965 1973 1973

Polysulfone Polytéréphtalate de butylène Polysulfure de phénylène

Propriétés : Les matières plastiques doivent leursuccès à l'extraordinaire variété de leurs proprié-tés. Elles peuvent être légères comme de laplume, transparentes comme du verre, mal-léables comme de la cire ou résistantes commel'acier. Il n'est donc pas surprenant que leursapplications soient innombrables et qu'ellessoient utilisées dans les conditions les plusdiverses. Les caractéristiques mécaniques desplastiques comptent parmi les plus importantes ~résistance à l'allongement, résistance à la ruptu-re, limite d'élasticité... Mais cela dépend de lanature des polymères. Bon nombre de polymères

cassent avant d'avoir atteint leur limite d'élastici-té apparente, mais la courbe représentative d'unmême polymère peut varier de tout au tout enfonction de la vitesse de déformation. Cela estd'une extrême importance du point de vue pra-tique : ainsi un polymère qui subit sans domma-ge des déformations importantes sous tractionpeut casser comme du verre sous l'influenced'une déformation rapide telle un choc. On peutaméliorer les caractéristiques mécaniques despolymères en les combinant avec des fibres deverre, de carbone, de bore (sur âme tungstène).

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Technique et performance

Module : chiffre indiquant la capacité d’une fibre à résis-ter à l’élongation. Plus les chiffres sont hauts, moins lafibre s’allonge.

Ténacité : Résistance à la rupture d’un cordage, expriméeen grammes/denier. Chiffre indiquant l’effort requis avantla rupture de la fibre. Plus le chiffre est élevé, meilleure estla ténacité.

Flexion : Exprimée en pourcentage. Pourcentage de résis-tance perdue après 60 flex : c’est la perte de la capacitéde la fibre à résister dans toutes les directions à soixanteallers et retours sur deux petits rouleaux superposés et oùla fibre s’angule à 90°.

Ultraviolets : Ils attaquent jour et nuit la fibre qui, sansprotection, voit sa ténacité chuter. C’est le nombre demois que met la fibre à perdre 50% de sa résistance ini-tiale.

Fluage : Allongement au-delà de l’élasticité sous fortecharge constante : c’est une déformation irréversible de lamatière sous l’action d’une charge constante.

Densité : Rapport de la masse volumique de la matièrepar rapport à la masse volumique de l’eau. La densité del’eau étant de 1,00 si la densité de la matière est inté-rieure à 1,00 ça flotte. Sinon, ça coule (sic). Rappel de lamasse volumique : masse/volume

Température : Pour les aramides, il s’agit de la tempéra-ture de dégradation, pour les autres fibres, il s’agit de latempérature de ramollissement et de fusion.

Abrasion/ragage : Différence de résistance d’une matièreaprès trempage dans l’eau de mer.

Résistance à l’eau de mer : Résistance de la matièreaprès trempage dans l’eau de mer.

Reprise d’humidité : Quantité d’eau que retient la fibreaprès immersion.

Résistance résiduelle avec un nœud : Toutes les matièresperdent une partie de leur résistance mécanique dèsqu’on leur impose une courbure élevée. Le nœud est le casextrême. Exprimée en pourcentage, c’est la résistancefinale de la fibre, une fois le nœud effectué.

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Allongementà

la rupture%

Densité Fluage Température deRamollis-sement

Températurede fusion

AbrasionRagage

Résistanceaux UV

Résistanceeau de

mer

Résistancerésiduelleavec unnœud%

Reprised’humidité

Polypropylène 12/20 0,91 Fort 120° 160° Tenuemédiocre

Mauvaisesans

traitementspécifique

Trèsbonne

50% 0,05%

Polyamide 6,6(Nylon)

13,5/20 1,14 Moyen 230° 260° Bonnetenue

Moyenne Moyenne 60% 5%

Polyester 11/14 1,38 Faible 220° 260° Bonnetenue

Bonne Trèsbonne

50% 0,4%

Aramide 3,3/4 1,44 Trèsfaible

Dégradation à500°

Dégradationà 500°

Tenuemédiocre

Faible Moyenne 40% 5%

Polyéthy lènehaut module

3,5 0,97 Faible 110° 147° Trèsbonnetenue

Bonne Trèsbonne

55% 0,01%

Fibres Couleur Famille Origine Moduleinitial

Ténacité Performancemodule xténacité

Perte deperformanceà la flexion

Résistan ceaux UV

Elongationavant

rupture

PBOZylon

CuivreMarron

clair

aramide ToyobaJapon

1850 44 80 520 27% 2 à 3 mois 2,50%

CarboneHaute

ténacité

Noire carbone Mitsubishiet diverse

1350 100 135 000 100% Nonaffectée

1,20%

Spectra Blanche polyéthylène AlliedSignal et

DSM

1250 33,5 41 875 Pas d’effet 6-7 mois 5%

Dyneema Blanche polyéthylène 1050 37 38 850 Pas d’effet 6-7 mois 3,5%

KevlarEdge

Jaune aramide Dupont 1100 35 27 260 22% 2-3 mois 3%

Kevlar 49 Jaune aramide Dupont 895 24,1 22 207 25% 2-3 mois 1,50%

Twaron Jaune aramide AkzoNobel

880 24 19 058 25% 2-3 mois 1,50%

BlackTechnora

Noire aramide Teij inJapon

540 28,3 15 282 7% 3-4 mois 4,20%

PenPentex

Blanche polyester AlliedSignal

260 10,2 2550 Pas d’effet 6 mois 6%

PolyesterHT

Blanche polyester Dupont 100 7,9 1242 Pas d’effet 6 mois 8%

Nylon Blanche polypropylène Dupont 45 9,5 428 Pas d’effet 3-4 mois 12 à 13%

Caractéristiques des fibres synthétiques

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Des fibres aux cordages, Philippe Neiras.

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 12

Fibre Portrait Avantages InconvénientsPBO

(Polybenzoxal)

marque :Zylon

Famille desAramides

Dernière née des f ibres haute per formance,mise au point parDow Chemical et produite par le japonais Toyoba.Elle surpasse tout ce qui ex iste, rare et cher.Aspect cuivré ou marron clair. Elle ne fond pas à la flamme.Ellen’est pas orange (les voiles en PBO orange étaient en faitfabriquées avec du PBO dimension-polyant, protégé par un filmorangé Magna Shied qui absorbe jusqu’à 70% des UV.Son module initial t rès élevé permet de l’utiliser pour descomplexes très sophistiqués .FSE commercialise le Futura PBO en diamètre 4 à 14mm avecune gaine polyester 32 fuseaux.Marlow commercialise le PBO Racing en diamètre 6 à 12mm.Cousin commercialise le King Rope en diamètre 3,9 à 16mm.

La fibre la plusrésistante à ce jour.Pour la fabrication devoiles :-Déformationpratiquementinexistante. -Légèretéde la voile finie : elledivise par trois lamasse du tissunécessaire pour faireune voile.-Rapport poids/élongation presqueidéal.Pour les cordages :Allongement et fluagequas i nulUtilisée en tresse cettefibre remplaceavantageusement lecâble d’acier ou inox .On l’emploie sur desgréements dormants(haubannage), maisaussi pour desapplications à fortecharge : drisse,bastaques, étais oubras de spi, là oùchaque millimètrecompte.Les trimarans 60’l’utilisent beaucoup,notamment pour lesgalhaubans.L’équipe FranceTornado l ’avait adoptépour les trapèzes et lecâble traversier de foc.

Diffus ionconfidentielle.Prix exorbitant.Très sensible auxUV, voir à la seulelumière du jour.Sensible à laf lex ion.

SpectraDyneema

Famille desPolyéthylèneshaut module

La fibre spectra a été commercialisée en 1983 par l’américainAllied Signal. On la retrouve sous le nom de Dyneema enEurope commercialisée par le Hollandais DSM.C’est une Fibre polyéthylène à très haut module .Densité : 0,97, infér ieure à 1 : elle flotte. Point de fusion = 165°C. La fibrebrûle en dégageant une odeur de cire. Combine hauteperformance et durabil ité.C’est une fib re idéale pour les usages au long cours, car elleest peu sensible aux UV et se plie plutôt bien. C’est le cordageà tout faire actuel. Couleur blanche aspect soyeux.Cousin utilise le Dyneema SK 75 de DSM dans sa gamme :Top Star (écoutes) : diamètre 8 à 10 dégainableDyneestar (drisses et écoutes) en âme tressée en 16 fuseauxpour les diamètres 3 à 10mm et 12 fuseaux pour les diamètres12 à 18mm.Pour les diamètre 3 à 18mm : gaine extérieurepolyester 24 fuseaux et gaine intérieure de compactage pourles diamètres de 6 à 18mm.La Tresse Dynalight cousin avec enduction polyuréthane estun produit facilement épissurable, très bonne tenue au ragage ilexiste en différent coloris.FSE utilise du Dyneema/spectra en âme : Ocean color, Ocean300,Admiral racing,, cup line, wega, radial, admiral volcano,Extreme, Tonga.L’admiral racing est constitué d’une gaine intermédiaire enpolyester filé qui empêche le glissement de l’âme dans la gaine.Cette gaine facilite l’épissage car on peut la retirer lors de lafabrication de l’épissure.Le radial dyneema est beaucoup utilisé par les catamarans desport.

Fibre très légère. Elleest Hydrophobe :Stable par rapport àl’humidité . Elle ne perdaucune qualité à laflex ion. Très hauterésistance, faibleélongation.Une des fibresexotiques parmi lesmoins sensibles auxUV. On peut doncl’utiliser en simpletresse :(15 grammes aumètre pour un diamètre4 mm).Bonne résistance à larupture. Excellenterésistance à l’abrasionet aux intempéries.Résistance aux nœudset aux faibles rayons decourbure. Meilleurmodule et plus hauteténacité que le Kevlar.Spectra et dyneemasupplantent le Kev lar(fibre aramide à hautmodule très résistanteà l’allongement maissensible aux UV etn’aimant pas lesflex ions répétées.)

Présente un certainAllongement avantla rupture : fluage.Peut glisser lors decharge longue.

Page 7: Technique et performance echnique et perfor mance

Technique et performance

Fibre Portrait Avantages InconvénientsVectran

Polymère decristauxliquides

Très util isée dans les cordages le vectran est aussi utilisé pourla fabr ication des voiles de grande dimension. Arrivé en 1992avec america3 développé par Hoechs t Celanese.Généralement utilisé mixé avec d’autres matériauxDensité = 1,41Se décompose à 500° COn trouve chez Marlow : le vectran racing ou le excel vectranCousin propose le vecstarFSE propose un mixage dyneema/ vectran dans sa gammecupline à 70% dyneema et 30% vectran sous une gainepolyester 32 fuseaux. Le vectran stoppe le fluage du dyneemaLiros propose le vectran olympique : âme vectran et gainepolyester 32 fuseaux à haute ténacité

Très haute résistance,faible élongation Assezbonne caractéristiquesde résistance à laflex ion, ténacité trèsbonne. Bonnerésistance au f luageAllongement avantrupture excellentExcellente résistanceaux charges répétées.L’équipe de Francetornado l’a adopté pourréaliser les latéraux debout dehors.

Très sensible auxUV, résis te peu auxUV et à l’abrasion.Casse sansprévenir à causede son modulequelconque. Il fautle remplacersouvent. Supportemal les nœuds.Prix élevé auregard desperformances.

CarboneHaute ténacité

Depuis la sortie du P BO, en perte de vitesse en utilisationvoilerie. Très difficile à mettre en œuvre.

KevlarTwaron

Famille desaramides

L’apparition du dyneema ou spectra et du vectran ont renduobsolète l’uti lisation de cette fibre performante mais coûteuse.Liros propose le liros aramide : âme aramid kevlar twaron etgaine polyester diolen tressé 1 :1

Polyester HT Fibre la plus courante dans la confection des cordages ,vulgarisée sous l’appellation de tergal ou térylène.Densité = 1,38Point de fusion = 260°CLorsqu’elle brûle, elle dégage une fumée noire . Matériau à toutfaire par excellence (fil à coudre, fil à surlier) Il estuniversellement utilisé pour la gaine.Beaucoup utilisé pour les amarrages et mouillages.Cousin propose le Squareline ou le flat line idéal pour unencombrement limitéMarlow a développé le marlowbraid qui est donné pour unerésistance de 40% supér ieure aux polyesters traditionnels àdouble tresse. C’est la technique de fabrication avec une âme à3 torons qui permet ces performances : util isable pour drissesécoutes bras de spi pour des navigations « loisir sportif »Marlow développe également le 16 tresses matt et le doubletresse idéals pour les écoutes de GV.

Fibre très bon marché,bonne ténacité, bonnetenue à l’eau de mer etaux UV : résiste auxUV. Bonne résistance àla flexion. Excellenterésistance à l’abrasionreste souple en toutesconditions climatiques :ne se contracte pasavec l’humidité.Supporte très bien lesintempéries. Trèsbonne absorption deschocs. Bonne tenuedes couleurs, idéalepour les gaines.

Allongementbeaucoup plusimportant quen’importe quelleautre fibre.Caractérist iques unpeu juste pour lacompétition.Excellent rapportqualité prix

Polypropylène Fibre résistante mais souple.Densité = 0,91 inférieure à 1, elle f lotte.Point de fusion = 210°C Utilisé pour réaliser des remorques oudes lignes flottantes. Des filins de secours pour lancement debouée couronne.Quand elle brûle, elle dégage une odeur de cire.

Hydrophobe, léger peucouteux, assezélastique. Flottabilité,légèreté, pratiquementimperméable. Bonnerésistance à la flexionet à l’usure. Excellenterésistance à l’abrasionet aux intempéries.Absorbe l es chargesbrutales

Très peu résistant :caractéristiquemécaniquemédiocre, point deramolissement bas,inutilisable sur unwinch. Toronné outressé il est vitedésagréable, voireagressif au toucherdès les premierssymptomesd’usure.Peut perdre jusqu’à15% de sarésistance avecl’humidité : Secontracte avecl’humidité.

NylonPerlonankalon

Polyamides

Densité = 1,14, il ne flotte pas.Point de fusion =215° à 255°Ils brûlent un peu moins fac ilement que les polypropylènes ets’ils fondent , ils gouttent moins que les polypropylènes. Quandil brûle la flamme dégage une fumée blanche à odeur de céleri.Cordage tout usage pour amarres de quai, ligne de mouillage,ligne de corps mort.donc tout corgdage nécessitant une bonneélasticité et pour les garcettes rabans et sangles.Les productions réalisées à partir de cette fibre sont câblées en3,4 ou 8 torons. Avec 3, 4 torons, les épissures sont aisées ;avec 8 torons, le cordage a une surface plus douce : toucherplus agréable et moins de formation de coques.Cousin propose le cordage polyamide référence TN en 3torons

Souple et élastique, ilabsorbe les chargesbrutales. Il est en faitidéal pour les amarres.Bonne ténacité etélasticité. Meilleurerésistance aux UV queles polypropylènes bienque la fibre jaunissevite mais ceci affectepeu la résistance ducordage.

Tendance à malvieill ir : devientraide ; faiblerésistance,rétraction et pertede résistance dansl’eau. GrandallongementAssez souple maisse durcissant àl’eau (tauxd’absorption assezélevé)

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Page 8: Technique et performance echnique et perfor mance

Des fibres aux cordages, Philippe Neiras.

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 14

2.2. Le coureur face au choix d'uncordageL'évolution des techniques de tressage associéeaux caractéristiques exceptionnelles des fibressynthétiques a permis de diminuer fortement lediamètre des cordages : donc de gagner en légè-reté et souplesse. Le premier élément dans lechoix d'un cordage est de connaître la charge quilui sera imposée. Une campagne de mesures réa-lisées sur les Tornados a permis de connaître lacharge sur les différents bouts utilisés : on a rele-vé par exemple, jusqu'à 240 kilos sur les latérauxde tangon.De là, on peut en déduire la résistancedemandée au cordage et choisir le cordage adap-té. Bien entendu on prend une marge de sécurité: le bon choix peut être de sélectionner le dia-mètre du cordage qui rentre à 30% de la chargede rupture. La charge de rupture est la valeurexprimée en déca-newton à laquelle le cordagecasse un déca-newton a est égal à 1,02 kilogram-me cette donnée apparaît dans tous les cata-logues constructeur. On parle aussi de ténacitépour les fibres et fils. Elle se calcule par le rapportde la force de rupture du cordage au poids aumètre d'un même cordage : pour deux cordagesd'un poids au mètre identique(et pas forcément demême diamètre ), celui qui a la ténacité la plusgrande a une résistance à la rupture supérieure.Si on considère qu'en régate on utilise les cor-dages à 35% de leur charge de rupture, on utilisela forMule suivante charge de rupture = surfacede voile en m2 x vitesse du vent en nœuds x0,0021 x 5. On peut considérer que les tensionsexercées sur les cordages augmentent linéaire-

ment en même temps que le déplacement dubateau : les constructeurs de cordages donnentdans leur catalogue l'évolution des tensions enfonction du déplacement du bateau. Mais biensûr, rien ne remplace des mesures sur l'eau à l'ai-de de capteurs adaptés. Ces mesures permettentde connaître précisément les charges sur tous lescordages utilisés. Pour les Tornados par exemple,une nouvelle campagne de mesure s'imposeaprès la modification du gréement (double trapè-ze, adoption d'un spi et augmentation de la surfa-ce de GV et de foc. L'allongement des cordagesdoit être pris en considération, on distingue troisformes d'allongement:

- L'allongement élastique : dans ce cas leretour à la taille initiale est total et immédiat.

- L'allongement temporaire : très difficile à éva-luer et à prendre en compte car le retour à lataille initiale après allongement est progressif.

- L'allongement définitif : dans ce cas le corda-ge ne retrouve jamais totalement sa longueurinitiale en raison des modifications de sa géo-métrie propre.

Les cordages sont testés par les constructeurs,en général après une série de six charges à 50%de la charge de rupture (Marlow). La difficultépour pouvoir comparer les produits d'unconstructeur à un autre vient du fait que les testsréalisés ne sont pas tous sur le même protocole: il convient donc lorsqu'on lit les donnéesconstructeurs de bien vérifier si les tests prati-qués sont identiques, malheureusement, c'estrarement le cas.

La fabrication des cordages : La base est donc la fibre :polyamide, polyester, aramide ou polyéthylène. Ces fibrespeuvent êtres continues ou discontinues. Elles sont livréesaux fabricants de cordage sous forme de bobines par lesgrands groupes de l’industrie chimique. La fibre continueest la matière première constituée de fibres de très gran-de longueur (de la longueur de cordage) appelées fila-ments, ils offrent un fini lisse plus résistant à l’abrasion etplus solide que le discontinu. La fibre discontinue est lamatière première constituée de fibres courtes (15 centi-mètres) qui procure le touché coton et permet d’obtenir unfini mat.

Deux méthodes sont utilisées pour la fabrication des cor-dages : le tressage et le câblage. Et c’est là qu’intervientle savoir du fabricant, certaines techniques sont jalouse-ment gardées par les cordiers. les machines tournent enpermanence dans un bruit assourdissant : la fabrication sepassent dans l’automatisme le plus complet. La visited’une usine de fabrication telle celle de Cousin près deLille, est très impressionnante.

Le câblage : Il donne un cordage toranné. il consiste àassembler plusieurs groupes de fibres entre elles, cesfibres sont légèrement tordues (duites) pour obtenir partorsion inversée un taron (fil de cadet). Il faut au moinstrois torons pour réaliser un cordage. Chaque opérationest réalisée avec des torsions inverses pour éviter le déco-mettage.

Le tressage : Il consiste à entrelacer deux groupes égauxde duites provenant des fuseaux d’un métier à tresser. Lamoitié des fuseaux tournent dans le sens des aiguillesd’une montre , l’autre dans le sens inverse. Un cordage

tressé peut avoir plusieurs formes : simples tresse, tresseplate ou creuse, une ou deux tresses sur âme constituéed’un faisceau de fils parallèles. L’âme est la partie quisubit la quasi totalité des efforts, la gaine assure elle unrôle de protection. Réalisée en fibres discontinues, lagaine apporte un confort exceptionnel de préhension.

La machine à tresser est constituée d’un plateau rotatifchargé de 8 à 16 fuseaux et la qualité du cordage dépendde la tension du fil et de la vitesse d’enroulement. En effetun fil mal équilibré réduit la durée de vie d’un cordage etdiminue sa charge de rupture : la charge n’étant plusrépartie équitablement. Par exemple, pour une tresse 8fuseaux, si 3 fuseaux sont plus tendus que les autres, ilsencaisseront les efforts de façon disproportionnellelorsque le cordage sera sous tension. Ces 3 fuseaux secasseront avant les 5 autres. Pour une finition en doubletresse, deux passages sont à effectuer sur la machine.Dans les cordages l’âme peut donc être constituée de 3torons, de fils parallèles ou tressée. La tresse extérieureest constituée de 8, 16 ou 32 fuseaux. Le tressage 32fuseaux confère une excellent tenue à l’abrasion sur blo-queurs, self tailing et winchs, de plus, il ne coque jamais.

Il y a donc 4 étapes dans le processus de fabrication : 1 : Des filaments parallèles sont torsadés pour obtenir

les fils initiaux, 2 : Ces fils sont à leur tour torsadés, 3 : Les fils obtenus sont torsadés pour obtenir des torons

ou fuseaux.4 : Les torons ou fuseaux sont travaillés pour former le

cordage.

Page 9: Technique et performance echnique et perfor mance

Technique et performance

L'accastillage est également déterminant : il fautsavoir si l'accastillage utilisé correspond avec lescaractéristiques du cordage choisi, car la performan-ce du cordage en dépend.Diamètre des réas : le diamètre intérieur doit êtreégal à 5 fois, au moins, le diamètre du cordage prévu.Le cordage s'adapte plus ou moins aux réas selonqu'ils sont montés sur roulement à aiguille ou à billes.Le parcours du cordage est déterminant : frotte-ments et courbures importantes sont à prendre encompte dans le choix. L'arrêt du cordage sous tensionest également à prendre en considération : angula-tion et nature des taquets.Les nœuds amoindrissent la résistance du cordage,les épissures sont deux fois plus efficaces: la possibi-lité ou non de réaliser des épissures est donc capita-le dans le choix. Les catalogues indiquent cette don-née appelée résistance aux nœuds : la charge de rup-ture étant fortement réduite, la résistance aux nœudsest donnée en pourcentage de la charge de ruptureusuelle du cordage sans nœud. La possibilité d'installer des protections parsurgainage ou de protéger des zones de ragage(cuir, adhésif...) est également à prendre en considé-ration.Le Souci permanent du coureur est d'optimiser lerapport efficacité/poids : Les fibres haut modulegrâce à leur grande résistance permettentde diminuer le diamètre du cordage pour une résis-tance équivalente à une fibre bas de gamme d'un dia-mètre supérieur - le gain de poids est donc important.Entre des fibres haut module, il peut y avoir aussirecherche d'un gain de poids, par exemple: le dynee-ma racing de Marlow est la plus légère des fibresdyneema. De plus, un cordage de ce type peut enco-

re être allégé en le dégainant: on va l'alléger de 65%de son poids. Cette diminution du poids se fait sansaltérer la force ni la résistance à l'allongement du cor-dage : le dyneema étant très résistant aux UV et àl'abrasion, il faut, autant que possible, l'utiliser dégai-né.Le choix de la gaine est important: une gaine pluslisse permet une diminution de la friction et une aug-mentation de la vitesse des passages aux différentspoints de contact avec l'accastillage : on empanne parexemple plus vite et mieux grâce à un choix judicieuxde gaine sur une écoute de spi de catamaran desport.Les qualités de préhension et de confort dans lamain sont capitales pour des actions efficaces sur lesréglages : le diamètre est certes un critère, mais laqualité de la gaine en est un autre. Autrement dit c'estla gaine qui fait la raideur ou la souplesse d'un corda-ge : le pas utilisé pour son tressage est déterminentou plus exactement l'espacement des points. Plus lepas est serré, plus la gaine est raide. Plus la gaine estsouple ou lâche plus elle est sensible à l'abrasion. Unautre élément intervient : le point de fusion. La tem-pérature monte vite sur un cordage qui frotte en alleret retour sur un réa (cas de la drisse de spi en Tornadopar exemple), l'élévation de température fragilise doncle cordage et si le polyester est souvent préféré pourréaliser les gaines c'est que son point de fusion est de260 degrés contre 130 pour le dyneema.

Le coureur qui veut se lancer dans une démarched'optimisation des cordages doit d'abord établir lanomenclature des bouts utilisés, le tableau suivantétait utilisé par l'équipe de France Tornado qui tra-vaillait avec la société COUSIN.

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Utilisation DiamètrePoids

Grammes/mètre

Couleur Ame Gaine Métrage Echantillon référence

Ecoute gv Dégressif 10à 5

Rose Dyneema Polypropylène 10

Ecoute focDégressif 8

à 5Gris Dyneema Polypropylène 12,50

Rotation de mât 6 Noir fil rouge

Dynees tar :âme à pas

long tresséeen

polyéthylènearomatique

Polyester

Cunningham gv 6 Dégainé Rouge Topstar 5,30

Cunningham foc 4 Blanc fil noir DyneestarChappepolyester 4,20

Chariot gv 6 Noir fil vert Dyneestar Polyester 3,10

Barber foc 5 Noir fil jaune Dyneestar Polyester 5

Point t ire foc 5 Noir fil rouge Dyneestar Polyester 1,70

Trapèze et estrope foc 5 Noir fil bleu Dyneestar Polyester 0,80

Remontée dérive 5 Noir fil jaune Dyneestar Polyester 3,1

Drisse gv 4 Blanc fil bleu Dyneestar Polyester 19

Drisse foc 1,3 Jaune fil rouge Super aram Polyester 12

Transf ilage latéraltrampoline 3 Rose fil jaune Super aram Polyester 2,30

Transf ilage arrièretrampoline

3 Rose fil jaune Super aram Polyester 1,90

Règlage bôme555

Noir fil jauneNoir fil rougeNoir fil bleu

DyneestarDyneestarDyneestar

PolyesterPolyesterPolyester

1,100,901,50

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Des fibres aux cordages, Philippe Neiras.

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 16

Ce tableau du Tornado standard a été réactualisépour le Tornado sport, il permet donc aux coureursde définir chaque utilisation des bouts , deconnaître le poids de ses bouts, la qualité, lemétrage précis. Dans la colonne échantillon, lecoureur peut couper un morceau de chaque boutet le coller dans l'espace réservé. Lors d'une dis-cussion avec le fournisseur, ce tableau permet unevue complète de l'équipement du bateau en cor-dage et permet une discussion très précise.Une fois l'inventaire de ce qui est utilisé fait grâceau tableau, le coureur doit se fixer des objectifs.Par exemple, lors de la collaboration entre l'équipede France Tornado et la société Cousin pendantles Préparations Olympiques de 1996 et 2000, Lesobjectifs étaient de tester des tressages différentsdans la gamme des âmes dyneema de façon àchoisir entre 3 tressages possibles : Le tressage

cousin standard ; Le tressage serré ; Le tressageintermédiaire. En ce qui concerne les gaines, l'ob-jectif était de tester les gaines polypropylène pourles écoutes de foc. De tester les gaines polyestercontinu serré (PCS), les gaines polyester disconti-nu (PD) et les gaines polyéthylène. Différents pro-totypes ont été réalisés :

- Proto 1 : âme diamètre 3 dyneema, gainetresse polyester continu serré.

- Proto 2 : âme diamètre 3 dyneema, gainepolyester discontinu.

- Proto 3 : âme diamètre 4 dyneema, gainepolyester discontinu.

Le but étant de gagner du poids sur les écoutes endiminuant le poids sec et humide et en adoptantdes cordages dégressifs.

FICHE D’IDENTIFICATION

REFERENCE :

DÉSIGNATION :

O :……………mm Longueur :………….m Poids gr/m sec : …………..mouillé :……………..Résistance à la rupture : ………….daNAllongement : à 25% RR :………….%Allongement à 50% RR :……………%Allongement à 75% RR : …………..%

CRITÈRES : PEU IMPORTANT = IMPORTANTSouplesseCompacitéAbrasionConfort

Remarques :

N° de fiche :Date d’émission :

ÉCHANTILLON

Composition : Ame :Couverture :Couleur :Traitement :

Rapport d’essaiSérie tornado

Observations

Nbre d’heuresd’utilisation

Conditions vent 1 à 3 4 à 5 6 à 7

Critères Tres bienadapté

Bien adapté Mal adapté Inutilisable

Souplesse

Tenue auxtaquets

Toronnage

Glissementgaine/âme

Abrasion

Usure auragage

Résistance à larupture

Elasticité

Poids

Etanchéité

Identificationcouleurs

Epissurage

Remarques :

Schéma d’utilisation :

Une fois le cordage sélectionné, les rapports d'es-sai effectués par les coureurs étaient alors consi-gnés sur une fiche, qui permettait un aller et retourentre le fabricant et les coureurs :Une fiche d'identification a alors été réalisée :

Page 11: Technique et performance echnique et perfor mance

Technique et performance

De cette façon, il est possible de réaliser un excel-lent travail de coopération entre un fournisseur etles coureurs. Dans la définition d'une stratégie depréparation olympique, toutes les composantes dela performance sont prises en compte et les cou-reurs sont en perpétuelle recherche de leur optimi-sation. Dans le cadre d'un travail d'équipe, la com-posante technologique permet de définir desobjectifs communs qui lient et qui cimentent legroupe. En effet, la voile est un sport individuel etparticulièrement la voile olympique où un seulbateau par série et par nation participe aux JeuxOlympiques : les Coureurs sont donc adversairespuisqu'il faudra sélectionner un équipage et unseul. Pourtant, les équipages coopèrent entre euxdans les phases de préparation, car le groupe per-met de traiter plus d'objectifs en réalisant plus

d'essais, en répartissant les tâches. Le rôle del'entraîneur est alors primordial car il se situe à l'in-terface : c'est lui qui garantit la répartition équitabledes tâches lorsque l'objectif est fixé, c'est lui quipeut être à l'origine d'un plan de développementou tout au moins lui qui peut organiser le travail ducollectif. Il peut être à nouveau à l'interface entre lefournisseur et les coureurs : il peut faire la synthè-se des essais en collectant les fiches d'essai,organiser les rencontres avec les fournisseurs,assurer le suivi des commandes, contrôler laréception des commandes etc. Les coureursgagnent ainsi un temps précieux qu'ils peuventinvestir dans d'autres composantes.Tout est ques-tion de confiance et d'organisation entre le coachet les coureurs.

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Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 18

Technique et performance

PASSAGE BOUÉE AU VENT AVEC CROISEMENTBÂBORD-TRIBORDRÈGLES ISAF : 18.3

Thierry POIREY Tech

niqu

e et

perfo

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ce

A chaque numéro, nous vous proposons une étude de cas réglementaire permettant d'exposer une ou plu-sieurs règles ISAF. La présentation se fera systématiquement à l'aide d'un logiciel de dessins "TSS", et d'untableau reprenant les phases suivantes :

- Positions des bateaux,- Descriptions de la situation en désignant le prioritaire et non prioritaire,- Obligations de l'un ou de l'autre, - Actions réalisées, - Règles applicables.

Enfin “Décisions et règles enfreintes”, “Remarques” et “Commentaires” viennent compléter le simple exposéde "l'établissement des faits” indispensable à toute délibération de jury.

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Technique et performance

Cahiers de l’ENV - Janvier 2004 - p. 19

Décisions et règles enfreintes :Noir en virant dans les 2 longueurs est soumis à la règle18.3 (a) par rapport à Gris et à la règle 18.3 (b) surBlanc.Noir enfreint la règle 18.3 (a) sur Gris en position 2. Noir enfreint la règle 18.3 (b) sur Blanc en position 3.

Noir sera pénalisé selon les règles du chapitre 5 (dis-qualification ou autres)

Blanc qui a touché la bouée ne sera pas pénalisé enapplication de la règle 64.1 (b)

"Pénalités et exonération :

Quand, à cause d'une infraction à une règle, un bateaua obligé un autre bateau à enfreindre une règle, la règle64.1 (a) (Pénalisation suite à une infraction à une règle),ne s'applique pas à ce dernier qui doit être exonéré. "

Remarques :L'étude des Cas ISAF est toujours riche d'enseigne-ment. Nous ne pouvons que vous encourager à le faireen lisant le "livre des cas ou jurisprudence", au-delà dusimple résumé des cas ci-dessous relatifs à cette règle18.3.

Cas ISAF n°93 :Lorsque deux bateaux sont sur des bords opposés, larègle 18.3 commence à s'appliquer quand l'un d'eux ter-mine un virement de bord à l'intérieur de la zone desdeux longueurs. Lorsque la règle 18.3 (b) s'applique, etdonc que la règle 15 ne s'applique pas, un bateau sousle vent est toutefois soumis à la règle 16.1 s'il modifie saroute.

Cas ISAF n°95 :La règle 18 s'applique seulement si les deux bateauxsont sur le point de passer une marque ou un obstacle.Lorsque les bateaux étaient sur le même bord à l'ap-proche de la marque au vent et que le bateau à l'exté-rieur vire de bord, la règle 18 ne s'applique pas encore,même si les deux bateaux sont maintenant sur le pointde passer la marque, puisqu'ils sont alors sur des bordsopposés. Si l'autre bateau vire ensuite de bord, il est sou-mis à la règle 18.3.

Commentaires :

Ces situations sont évidemment courantes et souventdangereuses. C'est pourquoi, les législateurs ontédité cette règle depuis la mise en place des nouvellesrègles en 1997.

Situation de Noir par rapport à Gris :La principale défense de Noir sera de prouver que Grisétait tellement hors-cadre que ce dernier a pu l'éviter enlofant sans dépasser le près. La défense n'est pasimpossible mais Noir aura sans doute besoin de bonstémoins !

Situation de Noir par rapport au Blanc :Noir devra prouver qu'il avait laissé tout l'espace néces-saire et suffisant à Blanc. Bonne chance !

En cas de réclamations sur l'eau (fréquentes !), le Noira intérêt au moindre doute, à effectuer une pénalité eneffectuant un 720°. On comprendra que la défense estdélicate, et qu'il est sans doute moins pénalisant d'ef-fectuer un 720° que d'être disqualifié pour la mancheBilan :On peut résumer la règle 18.3 selon les termes "nonjuridiques" suivants :

- Il n'est pas interdit de virer de bord dans les deux lon-gueurs de la bouée au vent. Mais si tel est le cas, lebateau qui a viré de bord ne doit poser quasiment aucunproblème au(x) bateau(x) qui arrive(nt) en tribord amuressur la zone du cadre. (modifications de route, gêne pourpasser la bouée... ).

- Tactiquement et réglementairement, en approchebâbord amures sur la bouée au vent avec une situationqui s'annonce conflictuelle avec les bateaux tribordamures, deux choix se présentent :

1. Abattre pour ne pas virer dans les deux longueurs.Seule la règle 13 du virement de bord devra être res-pectée comme en pleins champs sur un bord deprès ou de vent arrière.

2. Croiser devant les bateaux tribord amures (si pos-sible évidemment !), et virer bien au-dessus pour lais-ser les tribords s'engager sous le vent afin qu'ils pas-sent la marque sans problème.

Positions DESCRIPTIONS OBLIGATIONS ACTIONS REALISEES REGLES

1

Blanc sous le vent prioritaire surGris. Les 2 ba teaux en tribordamures prioritaires sur Noir àenviron 4 longueurs de labouée sur le bord du cadre.Noir en bâbord amures non-prioritaire légèrement devantBlanc et Gris.

Noir doit se maintenir de Blanc et Gris.Gris doit se maintenir à l ’écart deBlanc

RAS Noir est soumis à l a règle10 sur Blanc et Gris.Gris est soumis à l a règle11 sur Blanc.

2

Noir en tribord amure àl’intérieur des 2 longueurs.Blanc en route libre derrièreNoir.Gris au vent de Noir et réclame.

Noir en finissant de virer dans les 2longueurs devient non-prioritaire parrapport à Blanc et G ris quis’approchaient de la marque. VoirRègle 18.3 (a)

Noir finit son virement debord dans les 2 longueursde la bouée.Gris lofe au-delà du prèspour éviter Noir après lafin de son virement debord.

Blanc est en route librederrière toujours sur saroute.

Règle 18.3 (a) :Noir ne do it pas obligerGris à naviguer au-delà duplus près pour l’éviter nil’empêcher de passer lamarque.

3

Blanc s’engage sous le vent deNoir et ré clame en touchant labouée.

Noir doit laisser de la place à Blancqui devient engagé à l’intérieur.Blanc doit abattre pour prendre saroute normale car il est engagé surNoir en provenant d’une route librederrière (posit ion 2)

Noir abat sur Blanc quiprend sa Route Normaleet qui par conséquenttouche la bouée.

Règle 18.3 (b) :Noir doit donner de laplace si Blanc devientengagé à l’ intérieur,auquel cas l a règle 15 nes’applique pas.Règle 17.1 :Route normale