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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives Remerciements Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Jacques Barrat pour le temps qu’il m’a consacré et pour l’aide précieuse qu’il m’a apportée dans la réalisation de ce travail. Je remercie vivement Monsieur le Professeur Francis Balle pour sa grande disponibilité et pour les conseils avisés qu’il m’a prodigués tout au long de cette année universitaire. Je tiens également à adresser mes sincères remerciements à Monsieur Philippe Quéau, Directeur de la division Information et Informatique de l’UNESCO, pour avoir accepté de participer au jury de soutenance de ce mémoire. Emmanuel Lacroix Page 1

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Remerciements

Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Jacques Barrat pour le temps qu’il m’a

consacré et pour l’aide précieuse qu’il m’a apportée dans la réalisation de ce travail.

Je remercie vivement Monsieur le Professeur Francis Balle pour sa grande

disponibilité et pour les conseils avisés qu’il m’a prodigués tout au long de cette

année universitaire.

Je tiens également à adresser mes sincères remerciements à Monsieur Philippe

Quéau, Directeur de la division Information et Informatique de l’UNESCO, pour avoir

accepté de participer au jury de soutenance de ce mémoire.

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Sommaire

REMERCIEMENTS SOMMAIRE INTRODUCTION

I. La situation de l’Internet au Burkina Faso en 2002

A. LE PAYS, SON INFORMATISATION ET SES INFRASTRUCTURES DE TELECOMMUNICATION

B. L’INTERNET : ACCES, UTILISATION, COMPETENCES ET PRODUCTION DE CONTENU

C. STRUCTURES NATIONALES ET ACTIONS INTERNATIONALES DE DEVELOPPEMENT

II. Entre culture orale et nécessité d’une maîtrise des nouvelles formes de

l’information : incidences et enjeux de l’internet en Afrique Francophone

A. CULTURE ORALE ET MEDIAS

B. LES INCIDENCES SOCIO-CULTURELLES DES NOUVEAUX MOYENS DE COMMUNICATION

C. ENJEUX DE L’INTERNET ET PLACE DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE DANS LA SOCIETE DE

L’INFORMATION

III. Quelles perspectives pour l’internet au Burkina ?

A. L’ENTREE DU BURKINA FASO DANS LA SOCIETE DE L’INFORMATION : COMMENT

ASSURER L’ACCES A L’INTERNET ET LE DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES

« UTILISATEUR » ?

B. ENTRE FRANCOPHONIE ET PRESENCE DU BURKINA DANS LA SOCIETE DE

L’INFORMATION : COMMENT FAVORISER LA CREATION DE CONTENU BURKINABE SUR LE

WEB ?

C. AU DELA DES ENJEUX LIES A LA SOCIETE DE L’INFORMATION, LES NTIC SONT

PORTEUSES EN ELLES-MEMES D’OPPORTUNITES ECONOMIQUES POUR LE BURKINA FASO

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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Introduction

Le rapport mondial sur le développement humain de 20021 souligne que le revenu

des 5% de personnes les plus riches au monde reste 114 fois supérieur à celui des 5

% les plus pauvres. Il ajoute qu’au cours des années quatre-vingt-dix, le nombre de

personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne est passé de

242 à 300 millions

A la rupture économique, traditionnelle, entre Nord et Sud, s’ajoute une nouvelle

coupure, celle de l’information et des transports. Un monde global se crée

progressivement qui rapproche Paris de Niamey ou de Tokyo mais aussi du plus

petit village Sénoufo de Côte d’Ivoire ou Bissa du Burkina Faso. Cette proximité se

construit principalement sur une base unilatérale qui autorise la plupart des habitants

des pays riches à profiter de tous les nouveaux outils de communication et de la

rapidité des transports mais qui ne permet que dans une faible mesure aux habitants

des pays pauvres d’avoir accès à ces nouveaux outils.

Pascal Renaud souligne2 ainsi qu’un habitant de la planète sur deux n’a jamais

téléphoné. Le rapport mondial sur le développement humain 2001 note que 72%

des internautes vivent dans les pays de l ’OCDE qui regroupent pourtant seulement

14 % de la population mondiale. Mike Jensen3 renchérit en remarquant que sur les

770 millions d’africains :

- 1 sur 13 a un poste de télévision (50 millions)

- 1 sur 40 a une ligne téléphonique fixe (20 millions)

- 1 sur 40 a un téléphone cellulaire (20 millions)

- 1 sur 130 a un ordinateur (5,9 millions)

- 1 sur 150 utilise Internet (5,5 millions)

- 1 sur 400 dispose d’un service de télévision à péage (2 millions)

1 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002, 2002 2 Pascal Renaud, quand la high-tech réduit le fossé nord-sud, Revue Futur(e)s numéro 4, mars 2001

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Les inégalités dans l’accès à l’information entre le Nord et le Sud sont flagrantes et

elles aggravent une rupture économique déjà considérable. Cette corrélation conduit

Philippe Quéau, à évoquer ainsi le web4 comme le standard « qui exclut les 2

milliards d’humains qui n’ont pas l’électricité, les 3 milliards d’humain qui n’ont pas

les 2 dollars par jours nécessaires pour survivre, et les 95% qui n’ont pas accès au

web ».

La société de l’information profite à ceux qui disposaient déjà de structures

industrielles et commerciales élaborées ; l’information exprimant souvent son

potentiel considérable en complément d’un savoir-faire. Philippe Quéau ajoute que

« les navigateurs du cybermonde maîtrisent des codes nouveaux aux avantages

comparatifs indéniables. Mais surtout ils se dotent de clés d'intelligibilité nouvelles,

dont sont cruellement exclus les nouveaux prolétaires du virtuel, ainsi dépossédés

des moyens de production cognitive et d'analyse symbolique qui leur permettraient

de se doter d'un point de vue efficace sur le monde ». A ces divergences entre Nord

et Sud viennent s’ajouter des divergences au sein même des pays entre élites

aisées, info-riches, et populations défavorisées, info-pauvres.

Le village global annoncé par Mc Luhan en 1969 apparaît progressivement et

marque les limites d’une organisation mondiale dominée par l’égoïsme des pays du

Nord. La société de l’information aggrave soudainement la rupture économique

entre le Nord et le Sud et provoque, par là même, le franchissement d’une ligne de

l’inacceptable. Parallèlement les entreprises multinationales échappent à tout

contrôle et amplifient encore le phénomène. Philippe Quéau remarque5 qu’elles

« utilisent au mieux les contradictions entre les lois, les règles nationales ainsi que

les échappatoires pour tirer leur épingle du jeu, en maximisant leurs profits, mais

sans aucune considération pour la responsabilité sociale planétaire que leur

puissance économique devrait leur faire assumer ». Dans ce concept, nombreux

sont ceux qui demandent une révision de l’ordre mondial et la mise en place de

nouveaux mécanismes de régulations.

3 Mike Jensen, L’Internet Africain : un état des lieux, www.africanti.org, février 2002 4 Philippe Quéau, Le paradigme de la baleine, du cafard et du lapin, http://www.educ-pop.org 5 Philippe Quéau, La planète des esprits, pour une politique du cyberespace, Odile Jacob, 2000

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Quelles seront les relations entre Nord et Sud dans un contexte d’accroissement des

déséquilibres mondiaux ? L’entrée dans la société de l’information n’oblige-t-elle pas

à redéfinir les relations internationales et les modes de vie de certains pays ?

Philippe Quéau répondant aux questions de l’association des Humains associés6

insistait sur la nécessité de développer un discours de rupture devant le constat de

l’état réel du monde. « Ce n'est pas parce que 10% des gens seulement produiraient

de la richesse, qu'il faudrait exclure les 90% restants. Sinon nous ne sommes plus

des hommes et cela revient à dire : "il y a 90% d'inutiles, exterminons-les !" Il faut

prendre un autre raisonnement : il y a 10 % de gens qui produiront la richesse

matérielle et 90 % qui pourront devenir peintres, formateurs, éducateurs, qui

produiront la richesse "virtuelle", immatérielle, sinon on ne tiendra pas le choc. »

Crise du capitalisme ? De nombreux journaux titrent dans cet esprit. Les inquiétudes

sont il est vrai, nombreuses : inquiétudes face à l’industrie alimentaire et à

l’agriculture productiviste qui s’étendent au détriment des pays pauvres et qui

nourrissent de plus en plus de personnes mais de plus en plus mal ; inquiétudes face

aux atteintes à l’environnement et aux incidences sur la planète du mode de vie des

pays industrialisés ; inquiétudes face au progrès scientifique et aux limites de ses

évolutions : bases de données génétiques peu contrôlées, brevetabilité de l’essence

humaine (le gène), prise en compte de données génétiques personnelles par les

assurances… ; inquiétudes face à la dérive du « tout juridique » et à ces

conséquences sur les systèmes de santé et aux relations humaines ; inquiétudes

face aux puissances financières et à la virtualité de la bourse et de ses excès.

Plus modérément, nous assistons sans conteste à une crise d’une conception

égoïste du capitalisme. L’avènement d’un monde global multiplie les effets des

comportements unilatéraux et égoïstes et les pays pauvres ne peuvent plus admettre

sans réagir ces abus des pays riches. Or, comme le note le Journal du Jeudi,

hebdomadaire burkinabé, en évoquant la terre et les enjeux écologiques du sommet

de Johannesburg, « ceux qui en profitent le plus, au point de la mettre en péril,

6 Entrevue avec Philippe Quéau, Cyberespace ou le jeu vertigineux du virtuel, les humains associé, revue intemporelle N°7 : Bonne nouvelle pour des temps difficiles, 1995

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

refusent de consentir des sacrifices à hauteur de leur profit. Mais le drame, c’est

qu’en dehors des coups de gueule, le reste de l’humanité est impuissante. La

fameuse théorie du pollueur payeur ne peut pas s’appliquer ici, parce que celui qui

pollue est aussi le plus fort ».

Face à l’impuissance des pays pauvres et à la surdité des pays riches, le risque est

grand de voir apparaître une violence dans les revendications du Sud. Les attentats

du 11 septembre, ont avec une violence peu commune, attiré l’attention sur la

divergence grandissante entre les pays industrialisés et le reste du monde. Loin de

nous l’idée de tenter d’attribuer à ces attentats une signification quelconque, mais

derrière cet évènement, le constat a pu être effectué que les populations de

nombreux pays pauvres se sont réjouis du malheur américain. Le général Myers,

chef d’état major de l’armée américaine à San Francisco évoquant le 11 septembre,

ne prédisait-il pas récemment7 que « le terrorisme est la première guerre mondiale

de l’âge de l’information » ? Doit-on y voir un premier pas vers l’avènement de la

violence dans les revendications du Sud ? Un an après, les Etats-Unis mènent une

politique plus frileuse et unilatérale que jamais et partout dans le monde, les

intellectuels et les journaux s’inquiètent de leur attitude. Quand The Monitor de

Kampala, un grand quotidien ougandais8, incite les pays les moins avancés à agiter

la menace d’une destruction des ressources forestières africaines comme moyen de

pression contre les occidentaux, on peut s’interroger sur l’état des relations futures

entre Nord et Sud, notamment si ce dernier est laissé à l’écart de la société de

l’information.

Cette constatation conduit à s’interroger sur le socle même de nos sociétés et sur les

modalités de gouvernance du monde dans les prochaines décennies. Mais elle

amène en premier lieu à conclure à l’urgence impérative d’inclure les pays du Sud

dans la société de l’information afin de ne pas fermer définitivement la porte à toute

opportunité de développement économique des pays les moins avancés. Il en va de

l’intérêt des pays pauvres comme de celui des pays riches, faute de quoi la

divergence entre Nord et Sud, sera si exacerbée qu’elle risquera d’engendrer des

relations de plus en plus violentes, contraires aux intérêts de chacun.

7 Jacques Isnard, L’armée américaine face au défi terroriste, in Le Monde, 5 septembre 2002, page 17 8 Johannesburg vu par la presse africaine, Le Monde, mardi 3 septembre 2002, page 16

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Parallèlement, la globalisation de l’information et de la culture induit une

uniformisation progressive des valeurs et des modes de vies. Les phénomènes

d’acculturation et de déculturation peuvent être constatés partout dans le monde.

Cette perte de culture profite principalement aux Etats-Unis qui, en diffusant les

produits de son industrie culturelle, ont su créer ce que Jacques Barrat qualifie de

« sous-culture coca-cola » et qui ouvre la voie à une domination plus générale et

notamment économique. Production cinématographique anglo-saxonne et boissons

soda ont depuis longtemps ouvert la voie à une industrie américaine florissante.

L’anglais s’est également imposé comme la langue internationale de référence et il

devient inconcevable de ne pas la maîtriser.

Derrière cette uniformisation culturelle et linguistique apparaissent donc des enjeux

économiques et politiques. Or, Internet est d’ores et déjà un espace constitué très

majoritairement de contenu anglophone. Le Burkina Faso, dont le français est la

langue officielle, doit, avec les autres pays de la zone francophone, tenter de faire

vivre et de conserver ses acquis linguistiques et culturels. Le Fespaco, festival du

cinéma africain de Ouagadougou représente un exemple réussi de la préservation

d’une culture africaine par le biais d’un média audiovisuel.

L’édition de contenus burkinabé sur le web s’avère difficile car le Burkina Faso est

confronté à une double barrière : d’une part la nécessaire maîtrise de la technologie

et d’autre part, l’adaptation d’une culture orale et sociale à un média écrit et

individuel.

Le Burkina Faso est donc confronté à un double défi afin de ne pas rester au bord de

la société de l’information et de ses enjeux économiques et politiques. Le premier

consiste à donner accès et à permettre l’appropriation des Nouvelles Techniques de

l’Information et de la Communication (NTIC) par sa population afin que cette dernière

maîtrise les outils de base de la nouvelle société de l’information. En second lieu, le

Burkina Faso doit faire vivre sa culture et sa langue en produisant du contenu

numérique sur le web. Cela dans un double objectif : préserver une culture qui

présente un intérêt en elle même et lutter contre une domination économique et

culturelle anglophone qui l’exclurait à terme de l’accès à l’information et qui

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

conditionnerait progressivement sa population à une relation économique de plus en

plus unilatérale consistant principalement en la consommation de produits anglo-

saxons.

Le choix du Burkina Faso comme objet d’étude peut enfin être éclairé par un triple

intérêt :

- Ancien Coopérant du Service National dans ce pays, j’ai assisté en 1997 à

l’arrivée de l’Internet à Bobo-Dioulasso et j’ai contribué en tant que responsable

informatique d’un centre de recherche médicale à l’informatisation et à la mise

en place d’une connexion aux inforoutes puis à la réalisation du site web du

Centre Muraz. Je suis resté très attaché à ce pays et aux questions liées au

développement des nouvelles technologies de l’information et de la

communication. J’ai dans cette logique réalisé plusieurs sites en relation avec

le Burkina Faso et milité au sein de plusieurs associations oeuvrant pour le

développement des NTIC et l’accès à l’éducation pour tous.

- Cet intérêt particulier m’a permis de bénéficier d’un réseau de relations à

Ouagadougou et Bobo-Dioulasso qui me semblait indispensable à une étude

sérieuse.

- Enfin, le Burkina représentait a priori des spécificités notables et avait été peu

étudié, à l’inverse de ses voisins. Le Mali, le Bénin et le Sénégal notamment,

bénéficiaient tous trois de nombreux rapports et études qui fournissaient une

image assez fiable de leur situation. Le Burkina, pays enclavé, apparaissant

presque en dernière position du classement du PNUD sur le niveau de

développement humain, souffre d’handicaps non négligeables dans son

insertion au sein de la société de l’information.

Après avoir examiné la situation de l’Internet au Burkina Faso en 2002, nous nous

pencherons sur les enjeux culturels, économiques et politiques liés à l’Internet en

Afrique et au Burkina Faso en particulier. Nous nous interrogerons enfin sur les

mesures à adopter pour faciliter l’utilisation de l’Internet et l’édition de contenu

numérique, ce qui nous permettra d’envisager les perspectives prochaines ouvertes

par l’utilisation de l’Internet et l’apparition d’un savoir-faire en conception web au

Burkina Faso.

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

I. La situation de l’Internet au Burkina Faso en 2002

Un point sur la situation de l’internet au Burkina Faso en 2002 passe, tout d’abord,

par une présentation du pays et un état des lieux de son informatisation et de ses

infrastructures de télécommunications. Matériels informatiques et systèmes de

télécommunications sont en effet actuellement les deux préalables à toute utilisation

de l’internet. L’examen de l’accès à l’internet, des utilisations qui sont faites de ce

média et des compétences techniques dans le pays, nous permettra ensuite

d’obtenir une idée précise de la réalité de l’internet au Burkina Faso. Enfin, nous

détaillerons les structures nationales, internationales et associatives qui encadrent le

développement des NTIC au « pays des hommes intègres ».

A. Le pays, son informatisation et ses infrastructures de télécommunication

Commençons par une présentation du pays et de l’histoire de son informatisation et

de ses télécommunications ; ce préalable nous permettra de mieux cerner la

situation humaine, géographique, politique et économique de l’ancienne Haute-Volta.

Le cadre de cette étude est en effet très éloigné des standards européens et mérite

d’être examiné soigneusement afin de bien saisir les enjeux du développement des

NTIC au Burkina Faso. Ce tableau sera ensuite complété par un panorama de la

situation actuelle de l’informatisation et des télécommunications.

11.. PPrréésseennttaattiioonn dduu BBuurrkkiinnaa FFaassoo

a) Le pays, ses richesses, sa population

(1) Histoire politique

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) La période précoloniale

Le Burkina Faso actuel est principalement issu des anciens royaumes Mossi qui se

sont constitués au XIe et au XIIe siècle : le Gourma, le Mamprousi, le Dagomba, le

Yatenga et le royaume de Ouagadougou. Ce dernier dirigé par le Mogho Naba devint

rapidement le plus influent.

Aux XIIIe et XIVe siècles, ces royaumes s'opposèrent aux grands empires de la

boucle du Niger (Mali et Songhay) qu’ils attaquaient fréquemment. La puissance de

leurs armées permit aux royaumes Mossis de préserver l'essentiel de leur

indépendance. Mais, à la fin du XVe siècle, l'Empire Songhay établit sa suprématie

sur la boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossis.

Ces royaumes Mossi présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et

une stabilité politique exceptionnelle : ils se maintinrent jusqu'à la conquête

française, à la fin du XIXe siècle.

Les Mossis participèrent peu au commerce transsaharien: les grands flux d'échanges

contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas et les Mossis furent

beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. À la veille de la

colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des

royaumes Mossis regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo et

le Tenkudogo. À l'est avait été édifié le royaume de Gurma, et l'ouest, dominé par les

souverains dioulas de Kong au XVIIIe siècle, était disputé entre plusieurs royaumes.9

(b) La période coloniale

La période coloniale débuta à la fin du 19ième siècle et prit fin en 1960 avec l’accès à

l’indépendance du pays.

Sur ordre du gouverneur du Soudan (le Mali actuel), une colonne française

commandée par le capitaine Destenave se rendit à Ouahigouya en 1895 et signa un

traité de protectorat avec le Yatenga. En 1896, l'armée française prit Ouagadougou.

9 www.francophonie.org

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L'ensemble du pays était occupé en 1897. Il fut d'abord intégré au Haut-Sénégal-

Niger, avant d'être institué en colonie indépendante sous le nom de Haute-Volta en

1919, avec Ouagadougou pour chef-lieu. En 1932, la colonie fut partagée entre le

Niger, le Soudan (Mali) et la Côte-d'Ivoire. Durant toute la colonisation, la résistance

se poursuivit. Le Mogho Naba demeura dans l'opposition. Les recrutements militaires

et le prélèvement de l'impôt suscitèrent de violentes révoltes (notamment

l'insurrection de Dédougou en 1915).

Le Burkina Faso profita finalement du mouvement de décolonisation des années 50-

60 pour accéder à l’indépendance qui fut proclamée le 5 août 1960. Cette dernière

fut accompagnée par des accords de coopération avec la France. Ces accords,

signés le 24 avril 1961 ont permis à la France de conserver une présence culturelle

et politique forte en Afrique de l’ouest et au Burkina en particulier.

(c) 1960 à 1983

(i) 1960-1966 : Maurice Yaméogo et la

première république

Maurice Yaméogo fut le premier président du pays.

En 1962, la Haute-Volta prit part à la constitution de l'Union Monétaire Ouest-

Africaine (UMOA). Elle participa également le 26 mai 1963 à la création de

l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).

En 1966, le premier président de la Haute Volta fut renversé après plusieurs mois de

tensions. Le commandant Sangoulé Lamizana10 prit le pouvoir.

(ii) 1966-1980 : Sangoulé Lamizana

La présidence de Sangoulé Lamizana fut ponctuée de nombreux revirements

constitutionnels et d’une recherche de la démocratie un peu balbutiante. Ainsi

s’enchaînèrent les périodes suivantes :

Emmanuel Lacroix Page 12

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

• 1966-1970 : Gouvernement militaire provisoire

• 1971-1974 : Ilième République

• 1974-1976 : Gouvernement de renouveau national

• 1976-1978 : Gouvernement "de transition" et Gouvernement "d'union

nationale"

• 1978-1980 : Illième République

(iii) Le Comité Militaire de Redressement

pour le Progrès National : 1980-1982

En 1980, un coup d’Etat militaire mit fin à la longue présidence de Sangoulé

Lamizana. Saye Zerbo, ancien ministre des Affaires Etrangères du gouvernement de

transition lui succéda. Le groupe de militaire au pouvoir prit le nom de Comité

Militaire de Redressement pour le Progrés National. Thomas Sankara fit sa première

apparition politique dans ce comité. Ce nouveau régime fut rapidement renversé par

un groupe de jeunes officiers qui en faisaient pourtant partie.

(iv) Le Conseil du Salut du Peuple (CSP) :

1982-1983

Deux personnages émergent de ce nouveau coup d’Etat : Jean Baptiste Ouédraogo

qui prit la fonction de Chef de l’Etat, et Thomas Sankara qui confirma ses ambitions

politiques en accédant au poste de premier ministre. Les relations houleuses entre

les deux hommes et leur différences de vues sur le type de régime devant être établi

conduisit le CSP a une succession de crises et à l’arrestation de Thomas Sankara

finalement libéré sous la pression populaire.

Blaise Campaoré, allié de Sankara et réfugié à Pô pendant la crise, marcha

finalement sur Ouagadougou avec les militaires du Centre d'entraînement

10 Sous la direction de Pascal Boniface, Atlas des relations internationales, éditions Hatier, septembre 1997

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

commando (CNEC) le 4 août 1983. Le Conseil National de la Révolution (CNR) fut

alors proclamé.

(d) 1983-1987 : Thomas Sankara et le Conseil National de la Révolution

Thomas Sankara accéda alors au pouvoir et instaura le Conseil National de la

Révolution.

Thomas Sankara a profondément marqué le pays par sa politique d’inspiration

marxiste et anti-coloniale. La légende de Sankara est encore très présente dans les

esprits et les anecdotes sur ses coups d’éclats affluent abondamment dès lors qu’on

demande quelques précisions.

Le Burkina Faso lui doit son nom actuel qu’il a donné à l’ancienne Haute Volta le 4

août 198411. Ce nom qui signifie « pays des hommes intègres », correspondait à

l’affirmation par Sankara d’une volonté de lutter contre la corruption. Nous avons

recueilli de nombreux témoignages qui confirment que la corruption avait

considérablement diminué à la fin de la présidence de Sankara. Si en 2002, le

Burkina Faso souffre à nouveau de ce fléau, il semble du moins en apparence que le

pays soit moins touché que ses voisins maliens et ivoiriens.

La présidence de Thomas Sankara a pris fin en 1987 par un coup d’Etat qui lui a

coûté la vie. La mort de cet homme politique tantôt adoré, tantôt controversé, marque

le début d’une remarquable ère de stabilité politique au Burkina Faso.

(e) 1987 à aujourd’hui : Blaise Campaoré

En 1987 Blaise Campaoré accède au pouvoir. Avec lui commence la « rectification »

qui évolue vers l’avènement de la quatrième République.

11 Sous la direction de René Otayek, Filiga Michel Sawadogo et Jean-Pierre Guingané, Le Burkina entre révolution et démocratie (1983-1993), éditions Karthala, 1996

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

L’homme politique est relativement contesté au début de sa présidence, les

sankaristes ne lui pardonnent pas la mort de leur leader et une tentative de coup

d’Etat manque de peu d’aboutir quelques années après son accession au pouvoir.

La mort du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 90 est à l’origine d’une

nouvelle contestation populaire. Le journaliste enquêtait sur le décès suspect d’un

employé du frère du président. Son assassinat dans son véhicule provoque une série

d’émeutes qui ne prend fin qu’après l’ouverture d’une commission d’enquête

internationale.

Pour ces raisons des réserves sont parfois exprimées sur Blaise Campaoré, mais le

Burkina Faso profite objectivement depuis près de quinze ans, d’une stabilité

politique peu commune en Afrique de l’Ouest. La démocratie y est effective quoi que

pratiquée de manière relativement autoritaire, le président de la république est élu au

suffrage universel direct et la situation de la presse et de la liberté d’informer est

qualifiée de sensible12 par l’association Reporter Sans Frontières (RSF), ce qui

correspond, au vu de la carte des libertés établie par l’association, à un mal

raisonnable pour la sous-région.

Cette stabilité a permis au Burkina Faso d’acquérir progressivement un statut

particulier en Afrique et au sein de l’OUA. Cette place l’autorise à intervenir en

médiation de certains conflits et l’influence politique du Burkina est considérable en

comparaison de son faible poids économique.

(2) Situation géographique et démographique

Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé en Afrique de l’Ouest, sa superficie

est de 274 000 km2 13. Il est encadré, au nord et à l’ouest par le Mali, à l’est par le

Niger. Au sud, ses frontières longent le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire.

Le climat du pays est très chaud et sec, les pluies sont rares et mal réparties (350

mm au nord contre 1000 mm au sud-ouest).

12 www.rsf.org 13 Géographica, Atlas mondial illustré, édition Könemann, 1999

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le rapport mondial sur le développement humain 2002, estime la population

burkinabé à approximativement 11,5 millions d’habitants en 2001. Les projections sur

2015 prévoient une population de 18,5 millions d’habitants. La population du Burkina

Faso est urbaine à 16,5%. On estime habituellement que la ville de Ouagadougou

regroupe près de 2 millions d’habitants et la ville de Bobo-Dioulasso environ 500

000. Notons également que 48,7% de la population a moins de 15 ans.

Le Burkina Faso est composé d’une multitude d’ethnies. On compte une soixantaine

de langues appartenant généralement à la famille nigéro-congolaise. Le Mossi est

parlé par 53 % de la population et constitue la langue ayant le plus grand nombre de

locuteurs. On peut citer aussi le bissa (38 %), le lobi (2,7 %), le peul (2,4 %), le lyélé

(2,1 %) et le marka (1,9 %).

L’ethnie principale est celle des Mossi. Ce peuple traditionnellement très attaché à la

hiérarchie, parle le moré. Il occupe une zone importante et notamment la ville de

Ouagadougou.

La langue française fédère officiellement les relations entre ethnies mais le moré est

très utilisé dans la région de Ouagadougou et le dioula dans la région de Bobo-

Dioulasso.

(3) Niveau de développement humain (selon les critères retenus par le PNUD)

L’indicateur de développement humain (IDH), mesure le niveau atteint par un pays

en termes d’espérance de vie, d’instruction et de revenu réel corrigé. Cet indicateur,

utilisé par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) a permis

de classer en 2002, 173 pays suivant leur niveau de progrès sanitaire et social.

Le rapport mondial sur le développement humain 2002 positionne le Burkina Faso au

169ième rang. Seuls le Burundi, le Niger et la Sierra Leone sont moins bien classés.

L’épidémie de SIDA qui touchait en 2000 333 000 adultes, a fait chuter l’espérance

de vie de 8 ans. Ceci alors que le Burkina n’est classé qu’en vingtième position sur la

Emmanuel Lacroix Page 16

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

liste des pays les plus touchés. Un burkinabé peut ainsi actuellement espérer vivre

46,7 ans. 6,5% de la population adulte est actuellement infectée par le virus HIV. La

mortalité infantile est également importante puisqu’elle atteint un niveau de 105

décès pour mille naissances. 24% de la population souffrait de malnutrition en 1999.

Le PIB du Burkina était, selon le rapport, de 2,2 milliards de dollars en 2000 (soit

environ 2,2 milliards d’euros). La croissance moyenne de ce dernier entre 1990 et

2000 est de 2.4% ; ceci alors que la variation annuelle de l’indice des prix à la

consommation est devenue négative entre 1999 et 2000 (-0.3).

Le budget du Burkina Faso était de 69 millions de dollars en 2001.

Le rapport mondial sur le développement humain indique que le Burkina consacre

3,6% de son PNB à l’éducation, 1,5% à la santé et 2,5% au service de la dette.

23.9% de la population était alphabétisée en 2000. Le taux d’alphabétisation des

jeunes adultes est plus inquiétant encore puisqu’il est seulement de 34,6% en 2000.

Ce chiffre est faible comparé à ceux de ses voisins malien, ivoirien ou béninois qui

sont tous proches de 60%.

Le SMIG est fixé à 26 000 francs CFA (environ 39,6 euros) et le salaire moyen d’un

fonctionnaire tourne autour de 75 000 francs CFA (environ 114 euros).

b) Histoire des technologies de la communication au Burkina

(1) histoire de l’informatisation et des télécommunications

(a) Les télécommunications

Le Burkina Faso disposait à son accession à l’indépendance, d’un réseau de

télécommunication essentiellement composé de lignes aériennes et de liaisons radio

à ondes décamétriques. L’exploitation de la partie internationale était assurée par

France Câble et Radio (FCR).

Emmanuel Lacroix Page 17

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le pays s’est doté en 1968 d’une structure chargée de gérer le réseau et les services

de télécommunication ainsi que d’exploiter une partie de la chaîne internationale ;

ceci bien que l'exploitation d'une partie de la chaîne internationale (télex, radio) soit

réalisée par FCR jusqu'en 1982 date à partir de laquelle le réseau était totalement

sous gestion de l'OPT.

Cette période a vu naître des centraux automatiques ainsi qu’une station terrienne

des télécommunications par satellite. Des liaisons hertziennes interurbaines et

internationales ont également été déployées parallèlement à la construction de

réseaux aéro-souterrains.

En 1987, l’OPT a été séparé en deux entités distinctes, l’ONP, gérant les activités

postales et l’ONATEL, assurant la poursuite des activités de télécommunication. Ces

deux entreprises continuant à bénéficier d’un monopole d’Etat.

La mise en place en 1988 d’un plan Directeur de Développement des

Télécommunications a permis l’essor important du réseau au cours de la fin des

années 80 et du début des années 90. Cette période a notamment permis de

développer la desserte automatique de plusieurs zones rurales et d'étendre le réseau

international.

En 1994 l'ONATEL a été transformé en société d'état. Cette transformation qui

s’inscrivait dans le cadre des mesures d'accompagnement au Programme

d'Ajustement Structurel signé entre l'Etat et les Institutions de Bretton Wood conférait

à l'ONATEL un monopole jusqu'en décembre 1998 date à laquelle un nouveau cadre

juridique et réglementaire portant réforme du secteur et une loi autorisant la

privatisation partielle de l'ONATEL ont été adoptés.

(b) L’informatisation

Le Burkina Faso a très tôt pris conscience de l’enjeu que représentait pour le pays la

maîtrise de l’outil informatique. Dès 1970, la création du Centre National de

Traitement de l’Information (CENATRIN) répondait à cette préoccupation.

Emmanuel Lacroix Page 18

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le développement de la micro-informatique sous sa forme actuelle a ensuite été

accompagné par les plans nationaux successifs. Le premier plan directeur

informatique national, plan quinquennal débutant en 1990, a permis un

accroissement important du niveau d’informatisation du pays. Selon Mahamoudou

Ouedraogo et Johachim Tankoano14, de 1990 à 1995, le taux de croissance annuel

des investissements en matériel informatique a été de 16,1%.

Pour les cinq années de ce plan, les investissements informatiques ont été estimés à

7 milliards de francs CFA, soit 1,67% des investissements globaux du pays.

Le parc informatique a quasiment triplé de volume entre 1990 et 1995, passant de

1000 à 2700 ordinateurs. Le rapport entre valeur du parc informatique et le PIB du

Burkina Faso, qui était de 0,68% en 1990, a atteint 1% en 1995. Selon Mahamoudou

Ouedraogo et Johachim Tankoano, ce taux correspond au seuil à partir duquel

l’impact de l’informatique sur l’économie du pays peut devenir significatif.

(2) Du Réseau Intertropical d’Ordinateur (RIO) développé par l’ORSTOM à l’internet « grand public » en Afrique

(a) Le RIO : embryon d’Internet en Afrique

Le Burkina Faso a été l’un des premiers pays d’Afrique à profiter d’un accès à

Internet. En effet, en juin 1989, des chercheurs de l’ORSTOM ont installé à

Ouagadougou un serveur UNIX et un réseau local TCP/IP de 5 ordinateurs. La

liaison de cet embryon d’Internet Burkinabé au reste du réseau mondial s’effectuait

par modem. Pascal Renaud15, chercheur à l’Institut français de la recherche

scientifique pour le développement en coopération (IRD, anciennement ORSTOM)

signale néanmoins que cette première connexion est restée très sous-employée

dans les premiers temps. Ce mini-réseau a donné progressivement naissance au

Réseau Intertropical d’Ordinateur (RIO), ancêtre de l’internet africain.

14 Mahamoudou Ouédraogo, Joachim Tankoano, Internet au Burkina Faso : réalités et utopies, éditions l’Harmattan, 2001 15 Pacal Renaud, Rompre l’isolement grâce au réseau des réseaux, un exemple burkinabé, le monde diplomatique, page 25, février 1996

Emmanuel Lacroix Page 19

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

En 1991, la mise en place par l’ONATEL d’un service de transmission de données

fiable, Fasopac, équivalent au Transpac français, a permis le développement de

l’utilisation de la messagerie électronique à l’ORSTOM. Mais c’est surtout la

préparation de la conférence de Rio en 1992 qui a donné une nouvelle ampleur au

réseau. Celui-ci, mise à la disposition de toutes les ONG participant au Sommet de la

Terre a donné ainsi la première impulsion à une collaboration technologique de la

recherche au Burkina Faso.

L’ORSTOM a créé alors le domaine « .bf » en collaboration avec l’Ecole Supérieur

d'Informatique (ESI) fondée par Johachim Tankoano.

En 1992, la ville de Bobo-Dioulasso fut également reliée au réseau. En 1994, à

l’occasion du deuxième colloque africain de recherche informatique, l’état du réseau

lui a permis de mettre à la disposition des chercheurs une salle reliée à Internet.

(b) Le Burkina Faso, exclu de l’initiative Leland

En 1996, l’USAID (United States Agency for International Development) lance

l’initiative Leland. Ce programme de la Coopération américaine a pour objectif de

sortir l’Internet de son cadre universitaire. Il propose à une vingtaine de pays

africains l’installation de liaisons spécialisées à haut débit (64 à 128 Kbs) entre

l’Internet américain et l’opérateur national de télécommunications.

Ce programme qui inclut l’installation des infrastructures et la formation de

techniciens, impose néanmoins une condition aux pays bénéficiaires : ces derniers

doivent engager une procédure de libéralisation du marché des télécommunications.

Le Burkina Faso, dont le marché des télécommunications n’a sans doute pas été

jugé suffisamment prometteur par les groupes de communications américains, n’a

pas bénéficié de cette proposition.

Le Burkina Faso, à l’instar du Cameroun, a donc choisi de s’équiper sur ses propres

fonds dans le même temps.

Emmanuel Lacroix Page 20

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(c) L’ouverture d’Internet au public en 1997

Le Burkina Faso a donc mis en place un service d’accès Internet à l’attention du

grand public à peu près au même moment que ses voisins. Le service a ouvert

officiellement à Ouagadougou le 19 mars 199716.

Le fournisseur d’accès international choisi, afin de relier l’ONATEL de Ouagadougou

au reste du réseau mondial, est l’opérateur canadien Téléglobe. Le nœud Internet

du Burkina, appelé Fasonet, initialement à 64 Kbps, est passé 256 Kbps puis à 1

Mbps.

(d) Les grandes dates : récapitulatif

L’IRD sur son site rio.net17 propose le récapitulatif suivant des grandes dates de

l’Internet au Burkina Faso :

1989 Démarrage des connexions Internet pour la messagerie à partir du noeud

central de l'Orstom à Ouagadougou

de 90 à 96 Ouverture aux sites Recherche-Universités, en particulier avec l'ESI

(Ecole Supérieure en Informatique); partenariat avec Joachim Tankoano,

directeur de l'ESI à cette époque.

93 Création du domaine national BF auprès de l'Internic; la gestion est

attribuée à l'ESI; la base est accueillie provisoirement par l'Orstom à MPL

Oct 94 "Déclaration de Ouagadougou" signée lors de CARI 94 par 65 participants

de 22 pays dont 18 pays africains pour promouvoir l'Internet en Afrique

Juillet 95 L'ESI présente un projet à la coopération française pour créer le Réseau

National de l'Education et de la Recherche (RENER) avec le soutien

technique de l'Orstom (formation, transfert des connaissances ...)

96 80 organismes autour du RIO, 400 utilisateurs, 40 MO de messages

échangés par mois

Oct 96 L'Orstom organise un séminaire de formation aux techniques de l'Internet

16 Emmanuel Guigma, L’Internet au Burkina Faso, www.itu.int/africainternet2000/countryreports/bfa_f.htm 17 http://www.rio.net/datecle-bis.html

Emmanuel Lacroix Page 21

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

destiné aux informaticiens de l'ESI, de la FAST (Faculté des Sciences) et

de la DELGI (Délégation à l'Informatique )

97 Installation d'une liaison internationale à partir de l'opérateur national

ONATEL

Mars 97 Transfert de la base BF de MPL vers Ouagadougou; le TLD est toujours

géré par Joachim Tankoano, la base est accueillie à l'Onatel

97 Création de l'ABUU, l'association Burkinabé des Utilisateurs d'Unix et des

Systèmes ouverts à l'initiative de Sylvain Zongo de l'Orstom

Mars 98 Une liaison spécialisée est installée entre l'Onatel et la Fast d'une part,

entre la Fast et l'Orstom d'autre part; les autres centres de recherche se

connectent aussi en cascade derrière la Fast, initiant ainsi le réseau

RENER

Décembre 98 Le réseau RENER est reconnu au niveau national

Après cet aperçu de l’histoire de l’informatisation et de la mise en place des

infrastructures de télécommunications, penchons nous maintenant sur le niveau

d’informatisation actuel du Burkina Faso et sur les difficultés auxquelles est confronté

le pays dans ce domaine.

22.. IInnffoorrmmaattiiqquuee :: ééqquuiippeemmeenntt dduu ppaayyss eett pprriixx pprraattiiqquuééss

a) Le niveau d’informatisation actuel

Au cours des dernières années, l’informatisation du pays a continué avec une

vigueur identique à celle des années 90. Ainsi, le recensement effectué dans le

cadre de l’élaboration d’un plan national d’action pour la résolution du bug de l’an

2000, a révélé que le parc informatique atteignait environ 10 000 machines à la fin

des années 90. Cet équipement correspond à un taux de croissance annuel moyen

de 35% entre 1995 et 2000.

Emmanuel Lacroix Page 22

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le passage à l’an 2000 et le développement de l’usage d’Internet ont conduit, selon

Charlemagne Zannou18, à un renouvellement fondamental du parc informatique,

notamment au sein des grandes entreprises et des organismes internationaux.

L’apparition depuis le début de l’année 2000, de filières de matériel d’occasion,

favorisent également l’informatisation des petites entreprises et des particuliers.

Le parc informatique burkinabé reste en 2002 relativement hétérogène mais sa

modernisation est bien avancée. La majorité du parc est constituée de Pentiums

même si ceux-ci continuent à cohabiter avec quelques 386, des 486 et même de très

rares 286.

Le Burkina Faso comprend actuellement selon l’Union International des

Télécommunications (ITU)19 :

- 0,21 téléphones portables pour 100 habitants.

- 8,38 internautes pour 10 000 habitants

- 0,1 PC pour 100 habitants

b) Un matériel informatique importé en totalité

Le Burkina Faso ne dispose d’aucun centre de production de matériel informatique.

L’ensemble du matériel utilisé dans le pays est donc importé.

L’importation du matériel informatique implique non seulement des coûts de transit et

des frais de douanes mais également des délais importants avant la réception des

commandes.

Afin d’illustrer les délais et les coûts nécessaires aux achats informatiques au

Burkina, nous avons servi d’intermédiaire pour une entreprise d’informatique de

Bobo-dioulasso. Voici le détail de la procédure et des coûts constatés :

18 Charlemagne Zannou, RIFOD, L’Internet au Burkina Faso, www.anais.org 2000 19 http://www.itu.int/home/index.html

Emmanuel Lacroix Page 23

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Un ordinateur était mis en vente sur le site web de l’entreprise Dell. Il ouvrait donc

logiquement la possibilité d’une commande électronique partout dans le monde. Or,

l’entreprise Dell précise sur le site20 dans les conditions de vente, que le matériel ne

peut être acheté qu’en France. Nous avons donc servi d’intermédiaire pour acheter

un ordinateur Pentium IV mis en vente au prix de 889 euros (frais de port en France

compris). A ce prix devait être ajouté 174 euros de TVA, normalement récupérable

puisque l’ordinateur était destiné à l’exportation.

Nous avons fait appel à une société de transit qui nous a facturé l’acheminement du

matériel jusqu’à Bobo-Dioulasso à 192 euros.

Avant même le paiement des droits de douanes au Burkina Faso et la marge

appliquée par le revendeur local, le coût de l’ordinateur est donc déjà plus élevé que

celui que supporte un français qui voudrait s’équiper du même matériel.

Effectivement, le français paye l’ordinateur en question 1063 euros (889 + 174). Le

burkinabé doit donc déjà supporter pour le même ordinateur 1081 euros (889+192)

de frais d’achat et d’acheminement.

En outre, les délais d’acheminement ont été particulièrement longs. L’opération

d’achat, pratiquée au début du mois de Juin 2002 n’a permis la réception du matériel

par l’entreprise au Burkina Faso qu’en Septembre 2002. Le transit par bateau,

s’effectuant par Abidjan, les seuls délais d’acheminement étaient supérieurs à un

mois.

c) Taxes et procédures

(1) Des taxes élevées sur les produits informatiques

Les droits de douanes et TVA applicables aux produits informatiques en 2001 sont

les suivants :

- 31,5% pour les équipements informatiques (y compris les logiciels fournis avec

les équipements)

20 http://www.dell.fr

Emmanuel Lacroix Page 24

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- 56,65% pour les logiciels importés séparément du matériel

- 31,35% pour les composants et pièces de rechange

- 31,35% pour les fournitures informatiques (à l’exception du papier, des

supports magnétiques et des rubans, qui sont soumis au taux de 56,65%)

- Les prestations de services informatiques (formation comprise) sont soumises

à une TVA de 18%.

Au final, après la marge du revendeur local, l’ordinateur en question a été vendu au

prix de 1 230 000 francs CFA ttc, soit 1875 euros. Rappelons que l’acheteur français

du même ordinateur peut l’acquérir pour 1063 euros.

Si l’on rapporte le coût de l’ordinateur au pouvoir d’achat dans chacun des deux

pays, l’on peut constater que l’effort consenti par un burkinabé pour acheter un

ordinateur est théoriquement 30 fois supérieur à celui d’un français. Il n’est donc pas

imaginable dans ces conditions d’envisager un mode de consommation comparable

à celui des pays européens.

(2) Des procédures d’importations allégées mais encore handicapantes pour les non ouagalais

L’autorisation préalable d’importation a été remplacée par la demande préalable

d’importation qui représente une procédure plus légère.

La procédure de contrôle SGS avant leur embarquement dans le pays d’importation,

reste cependant nécessaire pour les importations de matériels informatiques d’un

montant supérieur ou égal à trois millions de francs CFA.

Parallèlement, dans le cadre de ce travail, nous avons eu l’occasion d’interroger des

revendeurs de matériels informatiques : la majorité d’entre eux témoigne de la

difficulté de faire « sortir de douane » le matériel importé.

Les revendeurs de Bobo-dioulasso notamment, évoquent la difficulté d’obtenir le

matériel sans se rendre à Ouagadougou et les coûts parasitaires liés à ces

nombreux voyages.

Emmanuel Lacroix Page 25

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les séjours de quelques jours à Ouagadougou dans l’unique but d’obtenir du

matériel sont fréquents et il est souvent nécessaire d’en effectuer plusieurs pour

obtenir le matériel concerné.

Ainsi, malgré les nombreux efforts et les réformes pertinentes lancées par

l’administration, la réalité de l’importation reste handicapante pour l’informatisation du

pays, ces difficultés touchent particulièrement les fournisseurs de services

informatiques, les entreprises et les organismes n’exerçant pas à Ouagadougou.

Un panorama de l’état du réseau téléphonique et des infrastructures de l’internet va

maintenant nous permettre de finaliser cet aperçu du pays.

33.. TTééllééccoommmmuunniiccaattiioonnss,, iinnffrraassttrruuccttuurreess eett pprriixx pprraattiiqquuééss

a) Le réseau téléphonique

(1) Etat des lieux

Le réseau téléphonique comptait en 2000, 15 commutateurs d’abonnés dont 12 sont

numériques. La capacité totale était de 77 212 lignes21.

Le parc de télécommunication est de 54 286 lignes22, dont 49 250 fixes et 5 036

clients mobiles. La densité téléphonique est de 0,4 téléphone pour 100 habitants.

Cette faible densité est en outre essentiellement concentrée dans les zones urbaines

puisque le raccordement des abonnés ruraux ne représente que 5,6% de la capacité

totale de raccordement installée dans tout le réseau du Burkina.

Quelques chiffres sont donnés par l’ONATEL dans l’idée d’illustrer les efforts

effectués par l’office pour le développement des télécommunications : 216 cabines

publiques sont en service, le réseau de télécommunication est essentiellement

numérique (87,5%), le taux d'efficacité en communications locales et interurbaines

21 Charlemagne Zannou, Internet au Burkina Faso, www.anais.org, 2000

Emmanuel Lacroix Page 26

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

est de 56,6%, le taux moyen de disponibilité des grandes liaisons de transmission

est de 99,5%, le chiffre d'affaires de l’ONATEL est passé en 10 ans de 6.750 millions

de franc CFA (environ 10 millions d’euros) à 33.153 millions de francs CFA (environ

50 millions d’euros) ; parallèlement, les investissements moyens annuels sont de 11

milliards de francs CFA (environ 16 millions d’euros) ; soit 4,34% des

investissements du pays.

Selon l’ONATEL, ces chiffres positionnent le Burkina Faso au quatrième rang de

performance en matière de réseaux téléphoniques en Afrique de l’Ouest.

(2) Un réseau téléphonique de mauvaise qualité

Malgré ces quelques éléments encourageants, le bilan de la situation des

télécommunications au Burkina Faso en 2002 ne peut pas être qualifié de succès.

Les communications téléphoniques sont chères et de mauvaise qualité. Il est par

exemple fréquent pour les usagers de supporter de multiples coupures ou une

« friture » sur la ligne pendant la saison des pluies qui s’étale d’avril à octobre. Les

délais nécessaires pour obtenir une ligne téléphonique peuvent également être très

longs.

Le succès de la téléphonie mobile à partir de 1996 est révélateur des difficultés

d’obtenir un service fiable par la téléphonie filaire. L’équipement du pays a été

extrêmement rapide et reflète l’attente d’une solution alternative au médiocre et

onéreux service de télécommunication fixe offert par l’ONATEL.

Il est néanmoins utile de rappeler que la mise en place et la gestion d’un réseau de

télécommunication sont deux services très coûteux. Par ailleurs, les sources de

revenus de l’état burkinabé ne sont pas nombreuses ce qui justifie en partie le niveau

des prix pratiqués par l’ONATEL qui est une entreprise d’Etat. Rappelons également

que ce pays est l’un des plus pauvres du monde, il apparaissait en 2001 dans les

trois derniers pays du classement IDH du PNUD. Enfin, le Burkina Faso est

régulièrement touché par de grandes endémies, l’espérance de vie y est donc très

réduite. Le pays porte donc l’essentiel de ses efforts sur le secteur de la santé qui

22 Site web de l’ONATEL, www.onatel.bf, 2002

Emmanuel Lacroix Page 27

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

semble effectivement prioritaire. Ces différents éléments expliquent partiellement la

qualité médiocre des services offerts par l’ONATEL.

(3) Un coût élevé des télécommunications

Les communications téléphoniques locales sont facturées par l’ONATEL 60 francs

CFA par tranche de six minutes. Une heure de connexion à Internet, hors frais

d’abonnement coûte donc 600 francs CFA, soit pratiquement un euro.

Le coût des télécommunications interurbaines et internationales est très élevé. A titre

d’illustration, le site web de l’ONATEL indique un coût de 840 francs CFA pour trois

minutes de conversation entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. Une conversation

de même durée entre Ouagadougou et Paris est facturée 2250 francs CFA.

Les télécommunications par téléphone mobile sont en revanche très appréciées des

burkinabé puisqu’elles sont facturées 180 francs CFA par minute. Il est donc

préférable de téléphoner de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso avec un téléphone

mobile qu’avec une ligne fixe. Notons cependant que bien que moins onéreux pour

les communications interurbaines, le téléphone mobile reste très cher pour un

burkinabé.

b) Infrastructures Internet

(1) Le service de transmission de données par paquets X25 (FASOPAC)

Un service équivalent au Transpac français a été lancé en 1992 par l’ONATEL :

FASOPAC. L’accès au réseau est possible par le biais du réseau téléphonique

commuté (RTC) depuis les principales grandes villes du pays. Il offre des débits

variant entre 9,6 Kbps et 64 Kbps. L’objet de Fasopac est principalement de fournir

aux opérateurs économiques des services de messageries par UUCP (Unix to Unix

Copy Programm).

(2) Réseaux locaux et liaisons spécialisées

Emmanuel Lacroix Page 28

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Des réseaux locaux ont été mis en place depuis une dizaine d’années. Les liaisons

spécialisées permettent également à certains organismes de fournir un accès

privilégié à Internet sous certaines conditions.

Le détail de ces accès est présenté dans le chapitre consacré aux accès à Internet

dans le pays.

(3) Etat du réseau public

Le point d’accès du Burkina Faso est de 2 Mbps. Il existe un serveur d’accès de 112

modems à Ouagadougou et un serveur d’accès de 32 modems à Bobo-Dioulasso.

Le serveur de Bobo-Dioulasso est relié à celui de Ouagadougou par une liaison

spécialisée à 2 Mbps. Notons qu’un nœud secondaire est en cours d’installation.

Des connexions permanentes TCP/IP de LAN sont possibles pour des débits allant

de 32 Kbps jusqu’à 128 Kbps. Le réseau distant est directement connecté sur le

Router Cisco de l’ONATEL. Le nœud national du Burkina Faso (Fasonet) compte

une dizaines de liaisons spécialisées installées au profit des fournisseurs d’accès, de

certains organismes et des structures de l’Etat.

La connexion par le réseau téléphonique commuté permet deux types d’accès :

- Accès à Internet en utilisant un programme d’émulation de terminal sur PC ou

un Macintosh équipé d’un modem.

- Accès à distance IP depuis un PC Windows ou un Macintosh, équipé d’un

modem, permettant un accès à toutes les fonctionnalités de l’Internet en

utilisant SLIP ou PPP.

L’accès à Internet est théoriquement possible à partir de toute ligne téléphonique du

pays au coût d’une communication locale. Ceci en composant le 1150.

Le projet Réseau Développement Durable (RDD) prévoit l'accroissement de la

capacité du noeud national avec un doublement du débit actuel ainsi que la

décentralisation des accès par la mise en place de cinq noeuds locaux.

Emmanuel Lacroix Page 29

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Ce panorama du pays, de la situation de son informatique et de ses

télécommunications va à présent nous permettre d’obtenir une vision plus claire de

l’accès à l’internet, du niveau d’utilisation de ce média ainsi que de l’état des

compétences techniques. Nous examinerons enfin le contenu des inforoutes

burkinabé.

Emmanuel Lacroix Page 30

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

B. L’internet : accès, utilisation, compétences et production de contenu

Nous avons vu que le niveau d’informatisation était faible et que la situation des

télécommunications n’était pas non plus satisfaisante. Ces deux difficultés, ajoutées

au difficile arbitrage entre développement technologique du pays et utilité des

ressources financières apportées par l’Office National des Télécommunications,

rendent les conditions de l’accès à l’internet très diverses selon les zones

géographiques ; nous nous attarderons particulièrement sur le statut privilégié de la

capitale. Nous observerons ensuite les pratiques des internautes et leur profil avant

d’observer quelques exemple d’utilisation de l’internet dans des cadres

professionnels ou associatifs.

11.. AAccccèèss àà ll’’IInntteerrnneett eett pprraattiiqquueess dd’’uuttiilliissaattiioonn

a) Les fournisseurs d’accès

(1) De nombreux FAI à Ouagadougou

Six Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) privés sont en concurrence à

Ouagadougou. L’ONATEL, l’opérateur national de télécommunication était en

situation de monopole au moment de l’ouverture de l’Internet au grand public en

1997 ; cette situation lui a permis de d’occuper une place prépondérante sur le

marché dont elle a su profiter par la suite. L’entreprise nationale disposait selon

Charlemagne Zannou de 3000 abonnés en 2000. Le nombre a nettement augmenté

en 2002 puisque l’ONATEL affiche maintenant (selon ses déclarations) environ 4000

abonnés par RTC et loue une centaine de lignes spécialisées de 32 à 128 kbps. Elle

gère également environ 8000 adresses email et héberge une centaine de sites en

.bf.

Les autres FAI sont :

- le CENATRIN, entreprise d’Etat chargée de l’informatique. Elle disposait en

2000 d’environ 550 abonnés selon Charlemagne Zannou. Nous avons pu

Emmanuel Lacroix Page 31

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

contacter au téléphone un responsable de l’entreprise qui affirme disposer

actuellement de 700 abonnés Le CENATRIN ne semble donc pas avoir profité

de façon conséquente de l’augmentation du nombre de connexion en 2 ans.

- LIPTINFOR, également entreprise d’informatique disposait en 2000 de 460

abonnés selon Charlemagne Zannou, le chiffre actualisé pour 2002 (déclaré au

téléphone par un responsable de l’entreprise), montre une nette progression

puisque l’entreprise affirme posséder actuellement près de 1000 abonnés.

- ZCP, arrivé en 2000 sur le marché, ne possédait que quelques abonnés à cette

date. L’entreprise annonce en 2002 près de 250 abonnés.

- River Télécom a lancé son activité en janvier 2001 et affiche 110 abonnés en

septembre 2002.

- Netaccess est le dernier arrivé sur le marché puisqu’il a lancé son activité en

février 2001. Ce démarrage tardif ne lui permet pas d’afficher plus de 120

abonnés en septembre 2002.

La majorité des FAI n’envisage pas pour l’instant une implantation dans d’autres

villes du Burkina. Près de 80% des lignes téléphoniques du Burkina sont exploitées à

Ouagadougou, ce chiffre relativise fortement l’intérêt commercial d’une implantation

dans des villes secondaires.

Enfin, il convient de ne pas oublier que la DELGI joue également le rôle de FAI pour

l’administration publique et que l’ensemble des fonctionnaires bénéficient d’un accès

gratuit à l’internet par son intermédiaire. Nous n’avons pas pu obtenir le chiffre exact

de fonctionnaires qui profitent réellement de ce service.

(a) Le CENATRIN

Le CENATRIN propose une seule formule qui consiste en une connexion illimitée23.

Cette formule est proposée au prix de 17 700 francs CFA ttc. A l'abonnement, une

caution de 35 000 francs CFA est demandée ainsi que 17 700 francs CFA

correspondant au premier mois de connexion. L'installation et la configuration sont

gratuites.

Emmanuel Lacroix Page 32

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) LIPTINFOR

Liptinfor propose trois formules24. Aucune ne nécessite une caution ou des frais

d’installation :

Formule mail :

Cette formule ne permet que l’utilisation de la messagerie. L’abonnement mensuel

est de 5000 francs CFA ttc. La minute supplémentaire est facturée 20 francs CFA ttc.

Formule Surf :

Cette formule permet l’utilisation de la messagerie et du web dans la limite de 30

heures d’utilisation mensuelle. L’abonnement mensuel est de 15 000 francs CFA ttc.

La minute supplémentaire est facturée 20 francs CFA ttc.

Formule illimitée :

Cette formule permet l’utilisation de la messagerie et du web avec une durée

illimitée. L’abonnement mensuel est de 17 000 francs CFA ttc.

(c) ZCP

Zongo Consulting Production (ZCP) est le dernier arrivé sur le marché de l’accès

Internet au Burkina Faso. Ce FAI, lancé par Sylvain Zongo amorti également sa

ligne spécialisée sur une activité de cybercafé avec l’entreprise « cyberfrite » que

nous évoquons dans le chapitre consacré aux cybercentres.

Selon le site web de Zcp25, l’entreprise propose trois formules pour l'accès à Internet.

Formule N°1

Accès illimité : Cette formule permet d'avoir un accès sans limitation mensuelle du

temps de connexion au serveur d'accès de ZCP.

Prix : 12 000 francs CFA ttc par mois.

23 www.cenatrin.bf 24 www.liptinfor.bf 25 www.zcp.bf

Emmanuel Lacroix Page 33

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Formule N°2

Accès illimité avec restriction de la plage d'accès. Cette formule permet d'avoir un

accès sans limitation mensuelle du temps de connexion au serveur d'accès de ZCP.

Du lundi au vendredi inclus de 19h00 à 06H30.

Le WE, du samedi 12H00 au lundi à 06H30.

L'accès au réseau sera également autorisé les jours légalement fériés au Burkina.

Prix : 7 500 francs CFA ttc par mois.

Formule N°3

Formule prépayée. Accès sans abonnement à 15 francs CFA ttc la minute.

En plus de ces trois formules de connexion à Internet, ZCP propose trois autres

services complémentaires en option. La redevance mensuelle de chaque option est

de 2400 francs CFA ttc.

- Option N°1 : accès au détail de la connexion à Internet afin de connaître la

durée cumulée d’utilisation et l'impact sur la facture téléphone à la fin du mois.

- Option N°2 : limitation du compte à l’utilisation de la messagerie et sur le site

Web de ZCP.

- Option N°3 : personnalisation de la plage d'accès à Internet.

Adresses Electroniques

L’abonnement inclut une adresse email (deux pour les entreprises). La création d’un

email supplémentaire est facturé 7 500 francs CFA ttc. Il n 'y a pas de redevance

mensuelle.

(d) River Télécom

River Télécom propose un tarif unique de connexion à 11 000 francs CFA ttc

mensuel, mais un responsable nous a affirmé qu’il s’apprêtait à ramener le prix à 10

000 francs CFA ttc.

(2) L’ONATEL avec Fasonet : le fournisseur d’accès à l’Internet en position de monopole dans tout le pays hormis la capitale

Emmanuel Lacroix Page 34

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) Les prix pratiqués par l’ONATEL

Le site web de l’ONATEL26 donne les informations suivantes concernant les prix des

prestations Internet de l’entreprise.

Formule 1

Formule à la durée comprenant un abonnement RTC avec une boite à lettre ( E-mail)

Création + remise en service : 13 630 francs CFA ttc

Redevance mensuelle : 6 136 francs CFA ttc.

Minute de connexion : 18 francs CFA ttc.

Formule 2

Formule forfait mensuel pour 10 heures de connexion comprenant un abonnement

RTC avec une boite à lettre ( E-mail)

Création + remise en service : 13 630 francs CFA ttc

Redevance mensuelle : 10 030 francs CFA ttc

Minute de connexion supplémentaire : 12 francs CFA ttc

Formule 3

Formule forfait mensuel illimitée comprenant un abonnement RTC avec une boite à

lettre (E-mail)

Création + remise en service : 21 300 francs CFA ttc

Redevance mensuelle : 17 700 francs CFA ttc

(b) La qualité du service offert par l’ONATEL

La qualité du service offert par l’ONATEL sur les connexions par RTC représente un

enjeu assez important puisque, hormis à Ouagadougou, ce mode de connexion est

l’unique moyen d’accéder à Internet dans le pays.

Tous les cybercafés de Bobo-dioulasso, seconde ville du Burkina Faso, utilisent par

exemple le service d’accès de cette entreprise. L’impact économique de Fasonet sur

26 www.onatel.bf

Emmanuel Lacroix Page 35

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

ces entreprises est donc conséquent, or nous avons rencontré plusieurs patrons de

cybercafés mécontents de ce service.

Les témoignages évoquent des ruptures fréquentes de connexions ou des échecs

immédiatement après la réponse du serveur. Ce cas de figure est très handicapant

économiquement pour les cybercafés puisque « l’entrée en connexion » avec le

serveur signifie que la communication téléphonique est comptabilisée par l’ONATEL

(60 francs CFA ttc forfaitaires) ; ceci alors que le serveur conclu ensuite à

l’impossibilité de poursuivre la connexion avec une « entrée sur Internet ».

Le préjudice est donc triple pour un cybercafé :

- D’une part il « paye de sa poche » le forfait minimum de communication

téléphonique avec le serveur malgré le fait que la connexion n’ait pas été

utilisée car il ne peut pas se permettre de facturer à son client l’inefficacité du

service de l’ONATEL. La multiplication de ce genre d’incident peut coûter très

cher sur une longue période.

- D’autre part cet accident de connexion détériore l’image du cybercafé, ses

clients ne comprenant pas toujours que l’échec de la connexion n’est pas de

son fait.

- Enfin, si l’accès à Internet représente l’unique activité de l’entreprise, il n’est

pas en mesure de l’exercer et ne peut donc amortir ni son matériel, ni ses

locaux, ni son abonnement Internet auprès de l’ONATEL.

Ainsi, 15 jours d’observation de l’activité d’un cybercafé de Bobo-Dioulasso au cours

du mois d’octobre 2001 nous a permis de constater que les connexions à l’internet

pouvaient être impossibles pendant plusieurs jours consécutifs, que les tentatives de

connexion répétées et inefficaces de la part des clients généraient des coûts

importants pour le cybercafé et que des clients insatisfaits se rendaient ensuite dans

d’autres cybercafés de la ville. Le responsable de l’entreprise nous a confirmé que

cette mauvaise qualité de service était habituelle quoi qu’en cours d’amélioration

depuis le début de l’année 2002.

Cette situation était déjà constatée en 2000 par Charlemagne Zannou qui notait dans

son étude sur l’Internet au Burkina Faso que seuls 9% des abonnés de Fasonet

jugeaient « bon » le service utilisé. Ceci alors que 100% des abonnés de LIPTINFOR

Emmanuel Lacroix Page 36

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

et 63% des abonnés du CENATRIN étaient satisfaits de leur FAI (50% jugeait même

la prestation de LIPTINFOR excellente).

Charlemagne Zannou constatait également que l’utilisation de Fasonet induisait en

moyenne 16 échecs de connexion par jour. Ceci contre 2 pour LIPTNIFOR et 1 pour

le CENATRIN.

b) Les points d’accès à l’Internet

(1) Les accès à domicile

Les accès à domicile sont peu fréquents. Notons que les fonctionnaires peuvent

profiter d’un accès gratuit à domicile par le biais de RESINA. Cela nécessite

cependant de posséder son propre matériel informatique ; or nous avons vu que ce

dernier était très onéreux au Burkina.

Une importante part des accès à domicile concerne les étrangers, souvent

européens, qui profitent d’un niveau de vie important et qui ont donc les moyens

d’acquérir ordinateur, téléphone fixe et connexion à Internet.

(2) Les accès professionnels

Nous nous limiterons ici à donner un aperçu des principaux accès professionnels à

l’internet, ce descriptif n’est pas exhaustif.

(a) Les entreprises

De nombreuses entreprises possèdent un accès à Internet par RTC, ces

abonnements profitent également aux employés qui peuvent ainsi accéder

gratuitement au réseau.

Il est intéressant de constater que le fournisseur d’accès à Internet ZCP propose une

option qui permet de restreindre l’accès à certaines plages horaires afin de donner

aux entreprises la possibilité de limiter l’utilisation d’Internet par leurs employés.

La connexion de la radio Horizon FM par une liaison spécialisée mérite d’être notée.

Emmanuel Lacroix Page 37

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les employés des cybercafés et des fournisseurs d’accès à Internet profitent

également d’un accès à Internet. Les employés des FAI sont notamment

particulièrement avantagés puisqu’ils peuvent utiliser un accès illimité et rapide.

(b) REFER : le réseau de la francophonie

Quatorze pays francophones dont le Burkina Faso, disposent d’un point d’accès à

l’Internet par l’intermédiaire du REFER, le réseau d’édition et de diffusion, sous

espace francophone de l’Internet mis en place par l’Agence francophone pour

l’enseignement et la recherche.

(c) RENER : le réseau de la recherche

Trois secteurs ont été identifiés comme pôle de développement des TIC lors du

premier atelier national sur les TIC organisé à Ouagadougou en 1996. Le premier de

ces secteurs était la recherche. Cela a conduit à la création du réseau RENER qui

relie les centres de recherche du Burkina Faso.

Un point d'accès internet par liaison spécialisée a été créé à l'Université de

Ouagadougou en décembre 1997. L'ORSTOM, le SYFED et le RESAFAD sont reliés

à ce point par des liaisons spécialisées.

L'Université de Ouagadougou, avec le soutien du gouvernement néerlandais, met en

place un centre de ressources informatiques qui est relié par fibre optique au point

d'accès RENER.

Le RENER donnait, en 2000, un accès à environ 500 personnes.

(d) RESINA : le réseau de l’administration

Le réseau informatique national de l'administration (RESINA) a été mis en place à la

suite du premier atelier national sur l'internet et les autoroutes de l'information. Son

centre se trouve à la Délégation Générale à l’Informatique (DELGI).

Emmanuel Lacroix Page 38

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Son extension doit permettre à toute l’administration de se connecter gratuitement à

l'internet. Ce réseau, réservé aux fonctionnaires, assure une bonne maîtrise des

nouvelles technologies dans l’administration. Nous avons vu qu’il permet également

aux fonctionnaires de se connecter depuis leur domicile s’ils sont équipés.

Chaque ministère ou département public dispose d'un sous-nom de domaine qu'il

doit gérer de manière autonome. Un réseau sécurisé permettant la communication

entre les différentes administrations est également prévu.

RESINA comptait en moyenne en 2000, 1200 abonnés pour 8 lignes

téléphoniques27.

(e) Organismes internationaux et représentations étrangères

La représentation du système des Nations-Unies dispose d’une liaison spécialisée à

64 Kbps. Celle ligne est partagée entre les délégations des différents organismes

des Nations-Unis. Il en est de même pour le personnel des ambassades du Canada,

des Etats-Unis et d’Allemagne. Le siège de l’UEMOA est, quant à lui, relié par une

liaison spécialisée à 128 Kbps.

Au total, ces représentations offrent un accès à Internet à environ 1000 personnes.

(3) Les accès communautaires

(a) Les accès commerciaux : les cybercafés

Sylvestre Ouédraogo notait en 200028, que la situation de l’accès à Internet était

nettement différente entre Ouagodougou et les autres villes du pays. Seule la ville de

Bobo-Dioulasso pouvait bénéficier d’un service proche de celui de la capitale. Alors

que dans ces deux villes, les cybercafés proposent des salles comprenant de

27 Charlemagne Zannou, RIFOD, Internet au Burkina Faso, www.anais.org, 2000 28 Sylvestre Ouédraogo, Accès aux nouvelles technologies de la communication (TIC) au Burkina Faso, une analyse des centres d’accès collectifs et des comportements des usagers Internet au Burkina Faso. www.anais.org. Septembre 2000

Emmanuel Lacroix Page 39

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

nombreux ordinateurs reliés en réseau, les accès dans les villes secondaires

consistent en un unique ordinateur utilisé alternativement pour la bureautique et pour

la connexion à Internet.

(i) Panorama des cybercafés

Notons que de nombreuses informations contradictoires circulent sur l’internet quant

à la situation des cybercafés au Burkina Faso. Certaines excellentes initiatives

comme celle re Ramata Soré, ont permettent d’obtenir un panorama en ligne depuis

septembre 2001, malheureusement les chiffres n’ont pas été tenus à jour et il est

difficile d’obtenir des réponses de la part des cybercafés. Enfin, quand ceux-ci

acceptent de participer à une enquête, les réponses sont rarement franches. Nous

pensons ainsi par exemple que le nombre de clients quotidiens des cybercafés a été

systématiquement sous-évalué par ces derniers. L’enquête menée par Anaïs29

montre ainsi une moyenne de fréquentation de 56 clients quotidiens, ce qui est bien

supérieur aux déclarations que nous avons recueillies.

(a) Une multiplication des points d’accès

efficaces à Ouagadougou

(i) De nombreux cybercafés

Ouagadougou, compte en 2002, une grande quantité de cybercafés qui profitent de

la multiplication (toute relative) du nombre de FAI dans la capitale. Le service y est

donc relativement rapide et plutôt efficace. On peut estimer qu’il existe environ une

trentaine de cybercafé reliant plus de 3 machines. Les petits points d’accès de moins

de 3 machines sont également nombreux.

La spécificité de l’accès à Internet dans la capitale réside dans le fait qu’il existe des

centres très importants reliant souvent plus de vingt ordinateurs. On peut ainsi

compter 5 cybercafés de cette taille à Ouagadougou. Par ailleurs, l’examen du

nombre de clients quotidiens de ces centres (déclarés par ces mêmes centres)

montre qu’il n’est pas rare que ces entreprises accueillent en moyenne plus de 50

Internautes dans une journée.

29 Femmes et TIC au Burkina Faso, http://www.anais.org/reseau/Fr/documents/burkina/femmes.html

Emmanuel Lacroix Page 40

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(ii) Des prix minorés grâce à des initiatives de gestion efficaces

Ouagadougou, avec ses quatre fournisseurs d’accès à Internet (FAI), bénéficie d’un

service privilégié. Ce choix plus large de FAI conduit à une amélioration du service

proposé par certains cybercafés.

Ainsi, Sylvain Zongo, qui avait précédemment lancé le Fournisseur d’Accès à

Internet ZCP, a appliqué les principes classiques de gestion des entreprises

médiatiques30 : il a amorti sur une autre activité les coûts fixes de location de la ligne

spécialisée indispensable à un FAI. Il a dans cette logique décidé d’ouvrir un

cybercafé relié par ligne spécialisée.

Le cybercafé peut ainsi profiter d’une connexion permanente et rapide à l’internet qui

le dispense notamment des frais de communications téléphoniques supportés par

ses concurrents et lui permet de pratiquer des tarifs inférieurs. Le cercle vertueux

ainsi créé, fait de son point d’accès, l’un des plus profitables de Ouagadougou.

En outre, Sylvain Zongo a eu l’idée de coupler son service d’accès à Internet à une

restauration de frites. Le concept ainsi créé, appelé « cyberfrites »31, a permis

d’attirer l’attention des médias dès le commencement du projet.

(iii) La multiplication des lignes spécialisées

Notre enquête a fait apparaître que de plus en plus de cybercafés bénéficient d’une

ligne spécialisée, cela est en premier lieu profitable aux internautes qui peuvent ainsi

bénéficier d’un accès plus rapide et plus confortable. L’exemple de Cyberfrite, que

nous venons d’évoquer, illustre l’avantage ainsi offert aux internautes de la capitale.

Ainsi, l’enquête effectuée en collaboration avec Issaka Campaoré a permis de

recenser 6 cybercafés disposant d’une ligne spécialisée à Ouagadougou.

30 Nadine Toussaint Desmoulins, L’économie des médias, PUF, 1996 31 François Laureys, Cybercafé à Ouagadougou, là où les frites et cyber font bon ménage, www.afribone.com

Emmanuel Lacroix Page 41

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) Les difficultés d’obtenir un service stable

à Bobo-Dioulasso malgré une situation

privilégié

Le service d’accès à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, est loin d’être aussi

efficace que celui de Ouagadougou. La ville de Bobo-Dioulasso est notamment très

désavantagée par l’absence de concurrence entre FAI. L’ONATEL est l’unique

opérateur d’accès à Internet et le service offert est relativement chaotique. Les

cybercafés en souffrent ainsi que les Internautes.

Il est fréquent de subir une interruption de service de plusieurs jours et la connexion

est assez instable.

Bobo-Dioulasso reste néanmoins plutôt avantagé au regard de la situation des

autres villes du Burkina Faso. En effet, la ville compte près une dizaine de

cybercafés mais également de nombreux petits secrétariats publiques qui offre aussi

ce service de manière occasionnelle, leur nombre est difficile à évaluer. La ville de

Bobo-Dioulasso possède en outre son propre nœud de connexion à l’internet.

Notre enquête a fait apparaître que les cybercentres disposent souvent de plus de 10

ordinateurs connectés. Elle nous a également permis de noter que mis à part AMC,

BI/PSI et Yamnet tous les autres cybers sont situés à moins de 1000 m du grands

marché.

Cybercentre Nb d’ordi connectés Info-élec 14

Espace internaute 10

Cisplus 12

Syanet 11

SOGECI 5

Yamnet 4

BIG 7

BI/PSI 10

Emmanuel Lacroix Page 42

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

AMC 4

Multicom NC

(c) Le difficile désenclavement des zones

urbaines secondaires et la totale absence de

service en brousse

Les autres grandes villes du Burkina Faso disposent d’accès aux inforoutes

beaucoup moins efficaces, les cybercafés sont rares à Banfora, Ouahigouya,

Koudougou et Kaya.

Le cas de Ouahigouya reflète relativement bien la situation de ces villes secondaires.

La ville n’avait encore aucun Cybercentre à l’été 2000. Quatre ont ouvert leur porte

entre cette date et l’été 2001. Le premier, alpha presse, a lancé son service à la fin

de l’année 2000 avec un cybercafé reliant deux machines entre elles. Trois autres

points d’accès ont suivis au cours de l’année, Cybercenter ouvrant en Juin 2001

avec 5 postes connectés. Espace Internaute, dernier arrivé lançant le même service

dans 6 autres localités au cours de la même année32.

En moyenne, chacune de ces villes secondaires disposent de 5 ou 6 cybercafés. Les

connexions sont obligatoirement effectuées via l’offre d’accès de l’ONATEL.

Effectivement, l’opérateur national se réserve le monopole de l’utilisation d’un

numéro de connexion spécial qui autorise la facturation d’une connexion entre tous

points du pays et le nœud de Ouagadougou au prix d’une communication locale.

Les villes précitées ainsi que le reste du territoire sont donc comme Bobo-Dioulasso,

soumis aux aléas de l’offre d’accès Fasonet.

Dans les villes de troisième ordre et dans les campagnes, la situation de l’accès à

Internet tient plus de l’anecdotique. Les connexions publiques existent mais sont le

fait de mini-opérateurs (un seul ordinateur connecté) et sont souvent associées à

une action de développement ou à l’intervention d’une quelconque ONG.

32 Eric Bernard, Explosion cyber à Ouahigouya (Burkina Faso), www.africanti.org, été 2001

Emmanuel Lacroix Page 43

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(ii) Prix pratiqués

(a) Prix pratiqués selon l’enquête menée par

Ramata Soré et diffusée sur le site du

RESAFAD

(i) Prix pratiqués à Ouagadougou

Voici quelques exemples des prix pratiqués33 dans les cybercafés ouagalais selon

une enquête réalisée par Ramata Soré, stagiaire du RESAFAD en septembre 2001 :

Nom du cybercentre

Quartier Tarif au 1/4d'heure

Datakunskap Zogona 500f cfa

Yame's service 1200 Lgmts 600 f cfa

Acotour-sarl 1200 Lgmts 500 f cfa

Télé Ent LTD Zogona 600 f cfa

BTF Zogona 750 f cfa

Géneral B.

2000 1200 Lgmts 700 f cfa

GTC Cité An III 750 f cfa

Ile 1200 Lgmts 500 f cfa

(ii) Prix pratiqués à Bobo-Dioulasso

Voici, selon la même étude, une illustration des prix pratiqués dans les cybercafés

Bobolais. On peut constater que les prix étaient légèrement supérieurs en moyenne

aux prix pratiqués à Ouagadougou.

33 http://www.bf.resafad.org/projetsDU/cybercentres/cybercentresbobo-ouaga.html

Emmanuel Lacroix Page 44

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Nom du cybercentre

Quartier Tarif au 1/4d'heure

ASM Centre ville-sect 1 1000f cfa

Multicom Centre ville-sect 1 1500 f cfa

Cyber Net Centre ville-sect 1 750 f cfa

Télécentre

Jonathan Centre ville-sect 1 750 f cfa

ISTEL Diarradougou 750 f cfa

Info Elec Centre ville-sect 1 750 f cfa

Sya Télécom Faragan -sect 1 750 f cfa

ABC Skasso-cira 750 f cfa

(b) Les prix à l’été 2002

Les prix ont considérablement diminué en deux ans. Au regard de notre enquête,

réalisée de juin à septembre 2002, il semblerait que les prix aient été réduits en

moyenne de moitié.

(i) Les prix pratiqués à Ouagadougou

Nous avons constaté les prix suivants à Ouagadougou :

Type

d’accès Fournisseur Internet

Tarif

(En FCFA)

L.S. Modem Fasonet Libtinfort Zcp Cenatrin Autre

Nb.

d’Ordi

connecté Les

15

Min

L ‘

Heure

Nbre Pers

connectée

par jour

* * * 8 400 1000 25

Emmanuel Lacroix Page 45

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

* * 3 400 1500 6

* * 12 250 1000 -

* * * 20 250 1000 -

* * 20 200 800 -

* * 20 300 1000 50

* * * 12 300 1200 60

* * * 8 500 2000 15

* * 10 200 750 32

* * 5 200 800 50

* * 7 300 1200 10

* * * 9 200 1000 25

* * 10 225 900 30

* * * 20 250 1000 25

* * 3 300 1000 20

* * 10 300 - 30

* * 8 300 1000 25

* * * * 10 225 900 15

* * 21 200 1000 32

(ii) Les prix pratiqués à Bobo-Dioulasso

Notre enquête a montré la pratique des prix moyens suivants à Bobo-Dioulasso : la

minute est facturée en moyenne 40 francs CFA ttc, la demi-heure coûte entre 700 et

500 francs CFA ttc, l'heure varie entre 1200 et 1000 francs CFA. Les prix

correspondent donc globalement à ceux pratiqués à Ouagadougou.

Notre enquêteur sur place constate par ailleurs que l'heure était encore récemment

facturée 2000 francs CFA et la minute à 50 francs CFA. La chute des prix est

principalement due selon ce dernier (lui même patron de cybercafé) à l'amélioration

du service de l'ONATEL et à la multiplication des cybercafés qui engendre une

concurrence bienfaisante pour les internautes.

Emmanuel Lacroix Page 46

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) Les accès non commerciaux, associatifs ou subventionnés

(i) Le centre d’accès Yam Net

Le centre d’accès à l’internet YamNet que l’association Yam Pukri à ouvert à

Ouagadougou dispose de plusieurs ordinateurs, connectés à l’internet par modem.

Notons que l’association a également récemment ouvert un centre à Bobo-

Dioulasso.

(ii) Les Centres Municipaux Multimédias

Cinq centres municipaux multimédias ont été ouverts par la municipalité de

Ouagadougou depuis février 1999. Cette opération, à l’initiative de la marie de

Ouagadougou et de l’Association internationale des maires francophones, a permis

d’ouvrir un premier centre en février 1999 avec 8 machines et une ligne spécialisée à

64 Kbps. Le second a ouvert en mai 2000 et compte 16 machines et une Liaison

Spécialisée (LS) à 128 Kbps.

Chaque centre accueille en moyenne 600 enfants par an et leur permet de bénéficier

d’une sensibilisation à l’internet et aux outils de bureautique (Word, Excel, Windows).

Des formations accélérées ont également lieu chaque été pour les élèves qui

étudient à l’extérieur de Ouagadougou.34

Le projet n’est évidemment pas rentable en terme économique et ne peut vivre que

grâce à l’appui de la commune de Ouagadougou.

Le choix de la sensibilisation aux outils Microsoft est cependant controversé. En

effet, ces outils sont chers. Des logiciels libres permettraient selon certains de mieux

investir l’argent consacré à l’informatique et aux télécommunications au Burkina

Faso.

34 Eric Bernard, , Centres Municipaux Multimédias (Burkina Faso), Africanti.org

Emmanuel Lacroix Page 47

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(iii) Le Centre d’Information sur la Recherche

et le Développement (CIRD)

Le Centre d'Information sur la Recherche et le Développement (CIRD) a été créé en

décembre 2000 après la fusion des fonds documentaires du Centre de Coopération

Internationale en Recherche Agronomique (CIRAD), du Centre d'Information sur le

Développement (CID) du Centre Culturel Georges Méliès et de l'Institut de

Recherche pour le Développement (IRD).

En plus d’un accès à de nombreux cédéroms, le centre offre une salle Multimédia

avec un réseau de 10 ordinateurs connectés à l’internet

c) Les Internautes

(1) Leur nombre

A la fin du mois de décembre 1997, soit à peine 9 mois après l’ouverture du réseau

au grand public, le nombre de machines connectées à l’internet était estimé à 900

par l’ONATEL. Le nombre d’utilisateurs était estimé à plus de 2000. En janvier 2000,

le Burkina Faso disposait d’environ 4000 abonnements par le biais de FAI privés.

En 2002, le nombre d’abonnements commerciaux à Internet est d’environ 6000 mais

cela ne reflète en aucune façon le nombre d’internautes. Aucune estimation du

nombre d’Internautes burkinabé en 2002 n’existe à ce jour. Nous ne nous risquerons

pas à tenter une évaluation. Cette opération est en effet très délicate puisque l’accès

à l’internet est, nous l’avons vu, principalement public et partagé. Seul un

recensement de population ou une enquête à très grande échelle permettrait donc

de donner une estimation précise de ce chiffre.

(2) Les profils des Internautes burkinabé

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) L’étude publiée par Sylvestre Ouédraogo en septembre 2000

Une étude publiée en septembre 200035 par Sylvestre Ouédraogo, professeur de

l’Université de Ouagadougou tentait de dresser un portrait des internautes burkinabé

et de leurs pratiques.

Cette étude qui portait sur un échantillon de 211 cas, montrait les caractéristiques

suivantes :

- Les internautes interrogés étaient principalement des hommes (68,7%)

- La majorité des internautes (46,9%) avaient entre 20 et 25 ans. Seuls 5,3%

des internautes avaient plus de 30 ans.

- 28, 6% avaient suivi des études de second cycle et 27, 6% des études de

premier cycle universitaire. Notons également que 19,4% des Internautes

avaient un niveau de Maîtrise.

- 72,5% de la population concernée était étudiante (48,3%) ou élève.

- Sur cette population, près de la moitié affirmait utiliser l’internet depuis plus de

24 mois, c’est à dire avant 1998, contre 23,7% qui disait ne se connecter que

depuis moins de 6 mois.

(b) Les résultats de notre étude menée de mai à Septembre 2002

(i) Méthodologie

L’enquête regroupe un échantillon de 100 personnes et a été menée par deux

canaux distincts :

- 50 personnes ont été interrogées à Ouagadougou par Monsieur Issaka

Campaoré qui a collaboré bénévolement à cette étude. Cette enquête a été

menée dans différents centres d’accès à Internet afin d’assurer une

représentativité maximale de l’échantillon. Ainsi, les enquêtés ont été

interrogés dans des services publics, des camps militaires, des églises, des

banques, des universités et des Cybercentres. L’enquêteur a également veillé

Emmanuel Lacroix Page 49

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

à interroger un échantillon le plus représentatif possible des personnes

remarquées dans les cybercafés.

- 50 autres personnes ont répondu à un questionnaire apparaissant en ligne sur

le site www.bobodioulasso.net. Ces personnes, toutes burkinabé, proviennent

donc d’horizons plus divers.

(ii) Résultats

(a) Sexe, âge

La majorité des enquêtés étaient des hommes, les femmes représentent 20% de

l’échantillon ; il est d’ailleurs intéressant de noter qu’elles n’ont représenté que 14%

des réponses obtenues via le formulaire en ligne.

L’âge moyen constaté est légèrement supérieur à 28 ans. La répartition des sondés

selon leur tranche d’âge donne les résultats suivants :

- 6% inférieur à 20 ans

- 52% entre 20 et 30 ans

- 25% entre 30 et 40 ans

- 4% entre 40 et 50 ans

- 3% supérieur à 50 ans

(b) Activité et niveau scolaire

Nous avons pu constater que les Internautes burkinabé sont beaucoup plus diplômés

que la moyenne. Ainsi, sur la population enquêtée, nous avons pu relever la

répartition suivante :

- 5 ont un niveau d’étude de Collège

- 19 ont un niveau de Lycée

- 28 ont un niveau de premier cycle universitaire

- 27 ont un niveau de deuxième cycle universitaire

35 Sylvestre Ouédraogo, Accès aux nouvelles technologies de la communication (TIC) au Burkina Faso, une analyse des centres d’accès collectifs et des comportements des usagers Internet au Burkina Faso. www.anais.org. Septembre 2000

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- 13 ont un niveau de troisième cycle universitaire

- 8 personnes n’ont pas répondu à cette question

Statut des sondés :

- 10 sont des élèves de collège ou de lycée

- 20 sont des étudiants

- 23 sont des fonctionnaires

- 11 sont des libéraux ou patrons d’entreprises

- 6 en recherche d’emploi

- 25 sont des salariés d’entreprises

- 5 personnes n’ont pas répondu à cette question

Leur domaine d’activité est large, on peut noter un éparpillement des réponses, nous

avons cependant pu noter

- 3 commerçants

- 5 financiers

- 10 informaticiens

- 6 inspecteurs du Trésor (nous craignons d’avoir un peu sur-représenté cette

catégorie)

- 3 concepteurs internet

- 2 secrétaires

- 2 comptables

- 2 militaires

(c) Antériorité de l’usage de l’Internet

La découverte de l’internet est en moyenne relativement récente, la majorité des

internautes burkinabé (64%) le sont devenus depuis l’année 2000 :

- 4 personnes connectées avant 1997

- 6 personnes connectées depuis 1997

- 5 personnes connectées depuis 1998

- 19 personnes connectées depuis 1999

- 27 personnes connectées depuis 2000

- 16 personnes connectées depuis 2001

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- 18 personnes connectées depuis 2002

- 5 personnes n’ont pas répondu à cette question

Cette information sur la faible antériorité de la découverte de l’internet, démontre la

nécessité de cette étude sur la population des internautes burkinabé. Effectivement,

la plupart des études menées, bien qu’excellentes, dataient de l’année 2000.

(3) Les pratiques des internautes burkinabé

(a) Constatations effectuées par Sylvain Zongo, responsable du fournisseur d’accès à Internet Zongo Consulting and Production (ZCP) et de « cyberfrites » en 1999

Sylvain Zongo, le patron du fournisseur d’accès ZCP et du cybercafé « cyberfrite »,

estimait en 199936 qu’environ 80% des connexions effectuées dans son cybercafé,

concernaient le « cyber-romantisme ». Il estimait même que de nombreuses clientes

de « cyberfrites » vivaient de leurs charmes sur le web.

Plus généralement, Sylvain Zongo précisait que la majeure partie des connexions en

journée était le fait d’étudiants qui recherchaient avant tout le « dating » (rencontre

en ligne) via le web et le chat (discussion en temps réel). En revanche, les soirées

étaient plutôt consacrées au courrier électronique.

Ce témoignage d’un patron de cybercafé est intéressant car il résulte d’une

constatation de visu qui n’est donc pas biaisée par les déclarations des enquêtés qui

sont soumis au regard de l’enquêteur et n’osent sans doute pas avouer le type de

pratiques décrites par Monsieur Zongo.

36 François Laureys, chez nos voisins, cybercafé à Ouagadougou : là où les frites et Cyber font bon ménage, www.afribone.com, 1999

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(b) Les études publiées en 2000

(i) L’étude de Charlemagne Zannou

L’étude menée par Charlemagne Zannou pour le compte du Réseau d’Information et

de Formation sur le Développement (RIFOD) aborde les pratiques des internautes

dans le cadre des ONG et des associations. Cette étude, publiée en 2000, montre

que dans le milieu associatif, l’Internet est utilisé prioritairement pour l’échange de

courriers électroniques.

Ainsi, l’auteur soulignait-il à l’époque que dans ce milieu, le courrier électronique était

le service le plus utilisé dans 100% des cas. L’auteur se penchant ensuite sur la

navigation sur la toile constatait qu’elle était pratiquée par 97% des internautes.

Dans la grande majorité des cas, les adresses des sites visités étaient connues par

le biais du bouche à oreille ou parce qu’un support écrit en avait fait la promotion.

L’utilisation des moteurs de recherche était extrêmement rare. Seul 11% des

personnes interrogées utilisaient un moteur ou un annuaire pour identifier des sites.

Les domaines de recherche sur l’internet étaient les suivants :

1. L'agriculture, l'élevage et l'environnement ( 97%) ;

2. L'éducation (40%) ;

3. Les sciences et techniques ( 35%) ;

4. La santé ( 32%) ;

5. L'informatique et bureautique ( 23%) ;

6. La culture ( 22%) ;

7. La politique ( 15%) ;

8. Le commerce (12%) ;

9. Les loisirs et voyages (4%) ;

10. Autres domaines ( 7%).

Le RIFOD notait également que les services tels que le chat, les newsgroups, les

visioconférences et autres services connexes n’étaient connus que par une minorité

d’internautes et n’étaient pratiquement pas utilisés.

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Enfin, d’une façon générale, la totalité des internautes estimait que le contenu trouvé

sur la toile ne correspondait pas à ses attentes. Soit parce que le contenu était en

anglais, soit parce les données consultées n’étaient pas spécifiques au Burkina.

(ii) L’étude de Sylvestre Ouédraogo

L’étude menée par Sylvestre Ouédraogo s’attardait moins sur les pratiques

proprement dîtes mais plutôt sur les bénéfices ressentis et sur les obstacles

rencontrés.

Nous apprenions ainsi que le principal avantage ressenti sur le plan privé concernait

le renforcement des relations personnelles qui était exprimé dans près de 70% des

cas. Cela confirmait le statut de vedette du courrier électronique dans l’internet

burkinabé.

Les bénéfices cités ensuite dans une bien moindre mesure, étaient

l’amoindrissement des coûts financiers, la facilité pour s’informer et l’épanouissement

personnel.

L’auteur s’intéressait ensuite aux bénéfices ressentis sur le plan professionnel.

L’amélioration dans la recherche arrivait alors nettement en tête avec près de 50%

des réponses. Venaient ensuite la facilité de communication dans le domaine

professionnel, l’inscription dans les écoles et l’obtention de bourses et le choix accru

des consommateurs.

Sylvestre Ouédraogo note que d’une façon générale, dans le milieu professionnel, le

courrier électronique remplace progressivement la télécopie et le téléphone, plus

coûteux à utiliser. L’auteur notait ainsi qu’une « page de fax à envoyer en France

coûte en 2 000 FCFA soit 20 FF. Il est possible d’envoyer un document de plus de

200 pages par fichier attaché et cela ne vous coûtera pas plus de 500 FCFA soit 5FF

à Yam Pukri par exemple.

Le coût d’équipement en matériel Fax est aussi élevé et il faut disposer d’une ligne

téléphonique et payer des coûts fixes mensuels en plus ».

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Enfin, dans les inconvénients rencontrés dans la recherche d’information, le coût

important de la navigation sur la toile était cité en premier lieu par plus de 30% des

internautes, le manque de maîtrise de l’anglais arrivant en deuxième position.

Notons, que plus généralement, la majorité des Internautes déclaraient être

confrontés à de nombreux problèmes (37.6%).

Il est intéressant de constater qu’une nouvelle fois, le manque de contenu

francophone sur la toile était cité par une importante quantité d’utilisateurs.

(iii) L’étude de Aicha Tamboura

Aicha Tamboura a mené en 1999-2000 une étude centrée sur les femmes

internautes au Burkina Faso37. Il en ressortait les informations suivantes.

Aicha Tamboura notait tout d’abord que l'information sur les différentes possibilités

de l’Internet se limitait souvent au courrier électronique (41,8%) et à la navigation sur

le web (38,8%). La connaissance des forums de discussion était rare (7,1%) et 54%

avait émis le souhait de pouvoir les fréquenter après que leur existence leur ait été

révélée.

Les femmes interrogées utilisaient plus l’internet dans le cadre professionnel que

pour des besoins personnels. Les principaux domaines qui faisaient l'objet de

recherche d'informations sur l’internet par ordre d'importance étaient :

1. La culture, 40%

2. Le commerce, 20%

3. Les sciences, 15%

4. L'éducation, 10%

Les avantages de l’Internet constatés par les utilisatrices interrogées étaient les

suivants :

1. Gain de temps : 36,6%

2. Efficacité : 26,7%

37 RECIF, Aicha Tamboura, Les femmes et les Technologies de l’Information et de la Communication au Burkina Faso, www.anais.org, Ouagadougou 2000

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

3. Economie budget : 26,7%

Les inconvénients étaient :

1. Les virus : 22,6%

2. Les problèmes de maintenance : 12,9%

3. Le coût : 12,9%

4. La non confidentialité : 9,7%

5. Les problèmes de connexion : 6,5%

Enfin, malgré les difficultés et les contraintes soulignées, le taux de satisfaction des

utilisateurs restait très élevé, 85%.

(c) Les résultats de notre enquête menée de mai à septembre 2002

(a) Des spécificités féminines

Il apparaît tout d’abord que notre échantillon comprend 20 femmes sur 100

personnes interrogées. Il est intéressant de noter que seules 7 femmes ont participé

au sondage en ligne. Nous ne savons quelles interprétations peuvent être données à

cette constatation. Les femmes burkinabé sont-elles moins attirées que les hommes

par un site qui, tel bobodioulasso.net, présente une ville de leur pays ? Ou ne

souhaitent-elle tout simplement pas, pour une raison quelconque (discrétion ?),

répondre à des sondages en ligne ?

L’étude publiée par le réseau Anaïs sur l’internet et les femmes burkinabé, souligne

également des spécificités féminines. Ainsi, le réseau montre que les femmes sont

plus nombreuses dans les grands cybercentres dans lesquels elles peuvent

représenter jusqu’à 25% des Internautes. Leur présence dans les petits centres est

en revanche beaucoup plus rare.

Notre enquêteur à Ouagadougou a également constaté que les femmes souhaitaient

beaucoup plus rarement communiquer des informations personnelles telles que

l’adresse de courrier électronique.

Emmanuel Lacroix Page 56

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) Lieu de connexion

Sur l’ensemble des sondés, nous avons pu constater qu’une écrasante majorité des

internautes se connectaient dans les cybercafés. Ils représentent le lieu de

connexion pour 68% des internautes sondés ayant exprimé une réponse. Vient

ensuite le lieu de travail qui représente une part importante des connexions,

notamment semble-t-il pour les salariés de l’administration.

- 65 personnes se connectent dans les cybercafés

- 20 personnes se connectent à leur travail

- 10 sondés se connectent à leur domicile

- 3 se connectent à un autre endroit (notre sondage en ligne limitait la liste de

réponse)

- 2 n’ont pas répondu à cette question

(c) Fréquence et durée de connexion

Les fréquences de connexion sont relativement bien étalées, on peut observer une

répartition des internautes en trois grandes masses :

- 27 personnes se connectent une fois par mois ou moins

- 37 personnes se connectent une fois par semaine environ

- 33 personnes se connectent une fois par jour ou plus

- 3 personnes n’ont pas répondu à cette question

A chaque connexion, les internautes restent un temps relativement important devant

l’ordinateur puisqu’on peut constater qu’ils sont 75% des sondés (à avoir répondu) à

passer plus de trente minutes devant la machine :

- 3 se connectent en moyenne 5 minutes

- 19 se connectent en moyenne 10 minutes

- 30 se connectent en moyenne 30 minutes

- 38 se connectent en moyenne 1 heure ou plus

- 10 n’ont pas répondu à cette question

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Notons que 19 internautes affirment se connecter au moins une heure chaque jour.

Cette sous-population qui constitue la crème des internautes burkinabé est

principalement connecté à domicile ou au travail.

(d) Services utilisés

51% des sondés citent le mail comme utilisation principale de l’internet. Les autres

réponses sont très diverses. Notons par exemple la recherche d’information, les

rencontres ou encore la recherche de cours en relation avec l’université (cité par 6

étudiants en utilisation principale et 6 autres en utilisation secondaire). Il est

intéressant de noter que l’internet rempli déjà en partie son rôle de bibliothèque

universelle pour les étudiants burkinabé.

d) Quelques exemples d’utilisation de l’internet dans un cadre

professionnel ou associatif

Examinons maintenant quelques exemples d’utilisation de l’internet dans des cadres

professionnels ou associatifs burkinabé.

(1) DEVENET : des cédéroms et un site

Le Réseau d’Information et de formation sur le développement (RIFOD) a lancé le

projet DEVENET. Celui-ci offre de l’information sur les acquis de la recherche liés au

développement durable. Cette information est publiée sur des supports multimédias

(cdroms, site web) à l’intention des professionnels du développement.

L’objectif du projet est de faciliter l’accès aux connaissances et la communication

entre les membres du réseau intervenant dans le développement durable.

Le site devenet.org regroupe notamment de nombreuses ressources sur

l’environnement, l’agriculture ou encore l’élevage.

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(2) L’utilisation de l’internet dans une association de Pô

Le site afridev.net évoque le cas de l’ONG Agir pour le Développement (APD),

association qui a de nombreux champs d’action :

- la préservation de l’environnement ;

- l’animation de « causeries-débats » entre les différentes classes sociales

(jeunes, femmes, hommes) ;

- l’organisation d’ateliers de formation sur les mouvements associatifs et sur les

produits locaux (beurre de karité) ou encore l’apprentissage des techniques de

recherche de marché ;

L’APD travaille aussi à la valorisation des produits de la cueillette et de certains

produits oléagineux. A ce titre elle fonctionne comme une coopérative de

commercialisation : elle collecte les produits et recherche des marchés prometteurs.

Cette dernière activité l’a motivée à vouloir utiliser Internet dans ses recherches de

partenaires pour écouler sa production de beurre de karité. La secrétaire exécutive

de l’association utilise l’internet depuis 1999 et s’en sert principalement pour la

messagerie électronique. Au siège social de l’association, à Pô, l’unique ordinateur

est utilisé pour le traitement de texte et ne dispose pas de connexion à Internet. La

connexion n’était en 2000 possible qu’à Ouagadougou, ville dans laquelle la

secrétaire ne se rendait en moyenne que deux fois par mois. Une personne relevait

et imprimait donc pour elle les messages reçus.

Le même système était mis en place pour la réponse : la secrétaire remettait sur

papier les messages à envoyer à une connaissance se rendant à Ouagadougou ;

celle-ci le transmettait à son tour à la coordonnatrice du centre d’accès Internet ;

cette dernière se chargeant de l’envoyer.

Les voyages à Ouagadougou représentaient pour la secrétaire exécutive des

occasions de surfer sur les sites des associations qui traitent de la formation et de

l’éducation. Elle recherchait également le cours des matières grasses (cacao) pour

fixer le prix de son beurre de karité. Elle suivait particulièrement le grand marché qui

Emmanuel Lacroix Page 59

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

s’ouvre aux pays producteurs de beurre de karité avec la possibilité que le beurre de

karité soit introduit dans la fabrication du chocolat. Elle recherchait enfin les normes

internationales pour les produits gras.

Les informations trouvées sur le web lui évitaient de se rendre régulièrement à la

chambre de commerce du Burkina Faso pour se renseigner sur les opportunités

d’affaires sur le marché international. ADN souhaiterait réaliser un site pour mettre

en valeur les actions qu’elle entreprend à ce niveau mais ne dispose pas

actuellement de ressources financières suffisantes pour sa création et son

hébergement. L’absence de connexion à l’internet dans les provinces du Burkina

Faso est un frein aux activités des différentes associations qui s’y trouvent.

(3) L’utilisation de l’internet par une entreprise informatique

AGI PLUS, comme beaucoup d’autres entreprises d’informatique du Burkina Faso

visite les sites Internet qui proposent du matériel informatique afin de comparer les

produits proposés par les fournisseurs avant de passer commande. Elle lance aussi

ses commandes par virement bancaire. Elle compare les coûts de livraison et les

modes de paiements. L’internet lui permet de proposer à ses clients des coûts

compétitifs.

Si AGI PLUS se sert de l’internet pour passer ses commandes, elle ne dispose pas

encore de site web pour présenter son entreprise et ses produits à sa clientèle.

Pour d’autres entreprises informatiques, l’absence de carte bancaire rend impossible

le commerce électronique. Citons par exemple, le cas de l’entreprise Bureautique

Informatique Gestion (BIG) qui ne possède pas de carte bancaire et qui doit donc

faire appel à des relations en Europe pour pouvoir acheter le matériel qu’elle revend

ensuite au Burkina.

(4) L’utilisation du courrier électronique pour favoriser les échanges dans le cadre d’un jumelage franco-burkinabé

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

La ville de Vendôme en France et celle de Boulsa au Burkina, sont jumelées depuis

1992. Un programme d’équipement en informatique et en télécommunication a été

mis en place en 1999 afin de faciliter les communications entre les deux partenaires.

Ce nouvel équipement a permis de développer des contacts plus fréquents et de

réduire les temps de réaction ainsi que les coûts de télécommunication. Le courrier

électronique a permis par exemple de préparer le voyage des jeunes de Vendôme à

Boulsa.

Le matériel, un ordinateur d’occasion, a été acheminé de Vendôme à la Maison des

Jeunes et de la Culture à Boulsa. La connexion a nécessité l’installation d’une ligne

téléphonique (106 euros) et un abonnement (15 euros/mois pour 10 heures de

connexion). Elle a été possible car le local de Boulsa dispose d’un groupe

électrogène.

Ce projet a représenté un investissement considérable au regard du budget dont

dispose la ville de Boulsa : 45 000 euros. La ville de Vendôme intervient à hauteur

d’un tiers de ce budget. Ce coût semble un peu disproportionné par rapport aux

avantages apportés. Certes, le projet a permis la diffusion des NTIC dans une zone

rurale. Mais des inconvénients apparaissent sur la durée :

- Seules quelques personnes ont accès à l’ordinateur à Boulsa, ce qui leur

confère un certain pouvoir dont elles sont susceptibles d’abuser.

- L’absence de techniciens informatiques rend les moindres dysfonctionnements

très vite problématiques. Une difficulté informatique a été dépannée par

téléphone, d’autres problèmes ont nécessité l’intervention d’une personne

extérieure. Le manque de formation des usagers - seules deux personnes

connaissent l ’utilisation du matériel - ne permet pas une utilisation optimale

(5) L’utilisation de l’internet par le Centre Muraz de Bobo-Dioulasso

Le Centre Muraz est un centre de recherche médicale. Le centre comprend environ

une trentaine de chercheurs. Il est connecté à l’internet depuis 1997, date de l’arrivée

de l’internet à Bobo-dioulasso. Le centre dispose d’un parc informatique d’une

quarantaine de machines dont près de la moitié est reliée à Internet.

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les chercheurs utilisent l’internet pour obtenir des informations dans le domaine de

la santé. Le courrier électronique est également très utilisé pour des échanges avec

les chercheurs des pays partenaires.

Le centre Muraz dispose également d’un site web créé en 1997 par un Coopérant du

Service National (CSN) français, gestionnaire du centre.

Ce panorama de l’accès à l’internet et de l’utilisation de cet outil au Burkina Faso doit

maintenant être complété par un aperçu des compétences et des formations

dispensées dans les domaines de l’informatique, des télécommunications et de

l’internet. Nous nous attarderons ensuite sur le problème de la fuite des cerveaux

mais également sur les bienfaits que peuvent apporter au pays, les compétences

acquises par des expatriés qui sont parfois les moteurs de l’internet burkinabé.

22.. EEttaatt ddeess ccoommppéétteenncceess tteecchhnniiqquueess

a) Compétences informatiques

(1) Les compétences en entreprises

L’informatique est utilisé dans de nombreuses entreprises en 2002. Les

compétences sont donc de moins en moins rares, surtout au sein des jeunes

générations. Il est cependant étonnant de constater que les outils Microsoft

détiennent une part très importante du marché et que les logiciels libres sont très mal

maîtrisés. Ceci alors que ces derniers, de par leur gratuité notamment, conviennent

nettement plus au contexte africain.

(2) Les formations universitaires, en entreprises ou pilotées par l’Etat

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) La Délégation générale à l’informatique (DELGI)

La DELGI réalise des formations à l’intention du personnel de l’administration. Une

partie importante du personnel administratif a dores et déjà été formée à

l’informatique par ce biais. Joachim Tankoano et Mahamoudou Ouédraogo estiment

que 20% du personnel administratif avait déjà profité d’une formation en 200138.

D’une façon générale, si la maîtrise de l’outil informatique va en s’améliorant, la

population capable d’utiliser un ordinateur reste largement minoritaire et quasi-

entièrement urbaine.

(b) Une école d’encadrement : l’Ecole Supérieure d’Informatique (ESI)

L’ESI est une école d’informatique créée en 1991 sous l’impulsion de la DELGI pour

assurer le développement des ressources humaines nécessaires à la mise en œuvre

des plans informatiques. L’école est dirigée par Joachim Tankoano qui est

également le Délégué Général à l’informatique. L’école profite donc du rôle central

joué par son directeur dans la politique informatique du Burkina Faso.

L’école forme chaque année une trentaine d’ingénieurs de travaux (BAC+3), elle

vient également d’ouvrir un cycle d’ingénieurs de conception (BAC+5).

L'ESI entretient par ailleurs des relations étroites avec l'université de Nancy et

l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)39.

(c) Deux écoles privées de formation à la maintenance informatique : l’ISIG et le CEFIG

Deux écoles privées, L'Institut Supérieur en Informatique de Gestion (ISIG) et le

Centre d'Etude et de Formation en Informatique et de Gestion (CEFIG) ont vu le jour

38 Mahamoudou Ouédraogo, Joachim Tankoano, Internet au Burkina Faso : réalités et utopies, éditions l’Harmattan, 2001 39 Pascal Renaud, Un exemple Burkinabé, in Le Monde diplomatique, février 1996, page 25

Emmanuel Lacroix Page 63

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

récemment. Elles délivrent des BTS en informatique de gestion et en maintenance

informatique.

(d) Les formations dispensés par les entreprises informatiques

Les formation pratiquées par les entreprises informatiques restent extrêmement

onéreuses, voici, à titre d’illustration, les prix pratiqués par deux grandes entreprises

informatiques du Burkina.

(i) Coûts pratiqués par Liptinfor

LIPTINFOR facture 3 heures de formation chez le client à 40.000 francs CFA htva,

soit approximativement 50 000 francs CFA ttc, ce qui revient à près à 76 euros.

L’assistance technique chez le client est quant à elle facturée 25.000 francs CFA

htva.

(ii) Coûts pratiqués par ZCP

Chez ZCP, le dernier FAI arrivé sur le marché, les trois heures d’initiation à la

Messagerie et à la navigation chez le client sont facturées 36 000 francs CFA ttc.

b) Compétences en gestion des infrastructures et en

télécommunication

(1) Les compétences en entreprises

(a) Les Fournisseurs d’Accès à Internet

Les FAI disposent tous d’une main d’œuvre compétente dans la gestion des

infrastructures de télécommunication, c’est en effet le cœur de leur métier. Il ne nous

a malheureusement pas été possible d’obtenir une estimation du nombre d’employés

disposant de ces compétences.

Emmanuel Lacroix Page 64

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) Les entreprises d’installation, de maintenance et de revente de matériels de télécommunications

Outre l’ONATEL, l’opérateur historique des télécommunications au Burkina Faso qui

regroupe l’essentiel des compétences techniques, il existe environ une dizaine de

fournisseurs locaux de matériels de télécommunications (câble téléphoniques,

postes, répondeurs téléphoniques, télécopieurs et autres matériels d’installation).

Ces fournisseurs effectuent fréquemment des installations d’intercommunications et

d’autocommutateurs privées. Ces installations ont principalement lieux dans des

entreprises ou dans l’administration.

Ces petites entreprises emploient donc une main d’œuvre qualifiée dans ce domaine

qui doit être comptabilisée dans le recensement des compétences en

télécommunication.

(2) l’Ecole Nationale des Télécommunications

L’Office National des Télécommunication (ONATEL) dispose d’un établissement de

formation professionnelle qui assure la formation initiale des cadres moyens de

l’entreprise. Ce centre de formation porte le nom d’Ecole Nationale des

Télécommunications.

L’école assure également la formation du personnel technique d’entreprises privées.

c) Compétences en Conception Internet

(1) Les compétences en entreprises

Les entreprises qui proposent des services de conception internet sont nombreuses

et la concurrence commence à faire baisser les prix qui étaient jusque là

démesurément élevés.

Cependant malgré la multiplication des entreprises, les compétences sont encore

rares et sont limitées à la seule programmation. La bonne connaissance des outils

graphiques semble être particulièrement peu répandue. Mais ces compétences sont-

Emmanuel Lacroix Page 65

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

elles utiles ? Leur utilisation n’est elle pas superflue pour ce pays ? On répondrait

volontiers par l’affirmative s’il s’agissait uniquement de produire du contenu à

l’attention de l’Afrique, mais ce serait oublier les opportunités offertes par la sous-

traitance de création multimédia au profit des pays industrialisés.

Nous reviendrons sur la nécessité de maîtriser ces compétences graphiques dans un

marché mondialisé.

(2) Les formations

(a) L’Ecole Supérieure d’Informatique (ESI) : une compétence informatique applicable à la conception Internet

Le programme de l’ESI prévoit l’enseignement de nombreux langages de

développement informatique.

Ces compétences, alliées à une familiarité avec les logiciels et l’informatique en

général, rendent l’apprentissage des techniques de conception Internet, relativement

aisé pour les diplômés. Elles sont particulièrement adaptées à la programmation de

systèmes de bases de données mais elles excluent en revanche les compétences

graphiques valorisées dans la communication web européenne.

(b) Le DU Communicateur multimédia du RESAFAD

L'expérimentation du Diplôme d'Université de Communicateur Multimédia a débuté

en avril 1999 à l'Université de Ouagadougou. Le campus électronique RESAFAD est

hébergé par le serveur de l'Université du Mans qui fournit également un service de

tutorat distant. Treize personnes sont entrées en formation. Des cours ont été

organisés. Devant la difficulté à identifier et recruter des intervenants locaux dans les

domaines de formation concernés, ils ont été pour la plupart dispensés par le

correspondant RESAFAD. Douze personnes ont été reçues. Les soutenances ont

permis la présentation de projets pertinents et intéressants. Les diplômes ont été

remis par l'Ambassadeur de France en juin 2000.

Emmanuel Lacroix Page 66

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

La réputation acquise par la formation, sur laquelle la Télévision Nationale du

Burkina, a réalisé un documentaire a permi, à l'issue d'une campagne d'information

menée en juin et septembre 2000, d'inscrire 40 nouveaux candidats à Ouagadougou

et 20 autres à Bobo-Dioulasso en partenariat avec l'ESI de l'UPB.

Le diplôme compte un Directeur et trois responsables pédagogiques. Ces derniers

ont été désignés pour encadrer les deux groupes d'étudiants inscrits à Ouagadougou

et celui de Bobo-Dioulasso. Leur tâche consiste à recruter les intervenants

pédagogiques, à planifier l'organisation pédagogique, à mettre en place les

évaluations.

Trois assistants de formation ont également été recrutés à Ouagadougou. Deux

d'entre eux sont chargés d'accueillir les usagers du centre et de veiller au bon

fonctionnement quotidien du centre. La troisième est chargée de gérer la

documentation et d'assurer le secrétariat de la formation.

(c) Les formations assurées par les associations oeuvrant pour le développement des TIC

Plusieurs associations effectuent des formations à l’utilisation des outils bureautique

ou d’Internet. Certaines proposent également des formations à la conception de

pages web. Citons par exemple le réseau Girafe-info, l’association NTBF, le club

arobase ou encore Yam pukri.

d) La fuite des cerveaux

(1) La fuite des cerveaux : une pénalisation importante des pays en voie de développement

Le rapport sur le développement humain publié par le PNUD en 2001 souligne à

travers l’exemple de l’Inde, les inconvénients représentés par la fuite des cerveaux

pour un pays en voie de développement : « en Inde, environ 100 000 diplômés

devraient ainsi bénéficier des nouveaux visas délivrés par les Etats-Unis. Les

ressources consacrées par leur pays d’origine à leur formation, en pure perte,

Emmanuel Lacroix Page 67

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

représentent 2 milliards de dollars par an. Du fait de cette fuite des cerveaux, il est

plus difficile pour les pays en développement de retenir les individus essentiels à leur

expansion technologique, dont les salaires s’alignent de plus en plus sur ceux du

marché mondial de l’emploi ».

(2) Le cas particulier des nouvelles technologies

Selon Le Monde Interactif40, le marché des nouvelles technologies provoquerait un

retour des cerveaux. Les nombreuses opportunités offertes par ce marché en Afrique

inciteraient de nombreux diplômés d’origine africaine partis étudier dans les pays du

Nord, à revenir dans leur pays.

Le Monde interactif cite ainsi le cas du Cameroun dans lequel « la plupart des

cybercafés ont été créés par des personnes ayant étudié et travaillé dans les pays

du Nord ». Le journal donne également l’exemple d’Albert Kamanou, diplômé de

l’Université de Louvain et retourné au Cameroun créer Global Net, un fournisseur

d’accès sans fil. Ce dernier, évoquant son retour, explique « qu’il y a tout à faire et

que les opportunités sont, ici, encore ouvertes ».

Cette constatation est cependant relativisée par l’organisateur du Salon Yaoundé

Netcom qui affirme que « les nouvelles technologies ne suscitent pas un retour

massif ».

Le secrétaire général de l’Observatoire des systèmes d’information, des réseaux et

des inforoutes au Sénégal (OSIRIS) constate par ailleurs que de nombreux cadres

africains de grandes sociétés occidentales, remarquent lors de leur passage au pays

le manque de certains services et mènent ensuite à distance des projets d’entreprise

ou des actions de développement sans se rapatrier physiquement.

(3) La diaspora au secours de l’Internet burkinabé

Heureusement pour les pays en voie de développement, la fuite des cerveaux peut

par ricochet présenter quelques avantages à terme. Ainsi, dans le cas de l’Inde, le

Emmanuel Lacroix Page 68

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

rapport du PNUD précise que « Les communautés émigrées peuvent accroître la

réputation de leur pays d’origine. Le succès de la diaspora indienne dans la Silicon

Valley, par exemple, semble modifier la façon dont le reste du monde perçoit l’Inde et

crée une sorte de label indien. Pour un programmeur de logiciels, être de nationalité

indienne est ainsi devenu un gage de qualité, à l’instar du « made in Japan » pour

l’électronique grand public ».

Dans le cas précis du Burkina, on est encore loin de l’image d’experts informatiques

gagnée par les ingénieurs indiens. Cependant la diaspora compte un certain nombre

de personnes dynamiques et motivées par l’idée de développer les NTIC dans leur

pays. Youn Sanfo et Cyriaque Paré illustrent bien ce cas de figure. Youn Sanfo est

un ingénieur informatique burkinabé qui habite en France, à Caen. Il a été l’un des

premiers à concevoir des applications portails sur le Burkina Faso et son site « point

de rencontre » a acquis une notoriété importante dans les butineurs de la toile

burkinabé. Il a plus récemment été à l’initiative de l’association NTBF pour la

promotion des NTIC et des logiciels libres au Burkina Faso.

Cyriaque Paré, attaché de presse à l’ambassade du Burkina en France, illustre

également ce cas de figure. Ce doctorant est à l’origine de travaux de recherche

intéressant sur les nouvelles technologies et les médias, il participe également

activement à toutes les listes de discussion liant l’internet et Afrique et il représente

souvent la principale source d’information sur le Burkina Faso dans les groupes de

discussion. Il anime en outre plusieurs sites en relation avec le Burkina dont le portail

burkinet (www.burkinet.com).

Penchons nous maintenant sur l’information en relation avec le Burkina qui circule

sur les inforoutes afin d’obtenir une idée précise de sa visibilité, de son niveau de

développement et du type d’applications qui ont émergé de la toile burkinabé. Nous

examinerons également les conditions d’hébergement de ces inforoutes et les prix

pratiqués sur le marché de la conception internet.

40 S. Fo., L’espoir du retour des cerveaux, Le Monde Interactif, édition du 9 mai 2001

Emmanuel Lacroix Page 69

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

33.. LL’’iinnffoorrmmaattiioonn bbuurrkkiinnaabbéé ssuurr lleess iinnffoorroouutteess

a) La visibilité et la pertinence d’une recherche sur le web

burkinabé

(1) Quantité

Les sites web sur le Burkina Faso sont en apparence nombreux en 2002. Une

recherche sur « Burkina Faso » avec le moteur de recherche Google41 permet

d’accéder à environ 816 000 résultats.

Cette première constatation doit être relativisée. D’une part, cela ne signifie pas que

les sites sont aussi nombreux mais seulement que les « mots clés » en question

apparaissent dans 816 000 sites environ. La même recherche limitée aux pages

francophones donne 167 000 réponses. L’information est donc principalement

d’origine anglophone. D’autre part, la même recherche appliquée par exemple au

mot « France », renvoie approximativement 32 500 000 réponses avec le même

moteur. Soit près de 40 fois plus.

Il est également intéressant de constater qu’à la pénurie de contenu en liaison avec

le Burkina Faso s’ajoute une pénurie de contenu d’origine burkinabé.

(2) Qualité, origine et pertinence des résultats

L’étude de la première page de résultats renvoyés par le moteur Google avec les

mots « France » et « Burkina Faso » est en ce sens explicite.

Tout d’abord, la recherche avec le mot France renvoie au 31 juillet 2002, la liste

suivante :

1. Yahoo France *

2. Météo France

3. France Telecom

41 http://www.google.fr

Emmanuel Lacroix Page 70

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

4. France-2

5. Bibliothèque Nationale de France

6. Air France (accueil en anglais)

7. France-3

8. Page d’accueil de Lycos multimania *

9. Air France (accueil en français)

10. Internet.com *

Le contenu renvoyé correspond donc en intégralité à des sites d’entreprises. La

majorité étant par ailleurs d’origine française (« * » apparaît à côté des sites d’origine

étrangère). Précisons que pour Lycos-multimania, le site renvoyé est celui de

multimania, entreprise française, passée récemment sous le contrôle de Lycos,

entreprise américaine.

La même recherche appliquée au Burkina Faso donne le résultat suivant :

1. Site du gouvernement burkinabé

2. Site de la CIA

3. Site sur le Burkina Faso (en anglais)

4. Site de l’ambassade du Burkina aux Etats-Unis (en anglais)

5. Site de l’ambassade du Burkina au canada

6. All africa.com (site en anglais)

7. Ambassade des Etats-Unis au Burkina (an anglais)

8. Site du bureau des affaires consulaires des Etats-Unis (en anglais)

9. Site de l’ONATEL

10. Site de l’ambassade de France au Burkina

On constate tout d’abord qu’aucune entreprise mis à part l’ONATEL n’intervient dans

la liste de résultat. On remarque ensuite que la majorité des réponses correspond à

un contenu d’origine étrangère au Burkina Faso.

Précisons cependant que cette constatation n’est valable qu’à l’instant du constat et

que la situation est susceptible d’évoluer à tout moment ; les règles qui définissent

l’ordre d’apparition dans les moteurs de recherche sont modifiées continuellement.

Emmanuel Lacroix Page 71

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

b) Panorama du web burkinabé

Dans ce chapitre, nous ne prétendons évidemment pas fournir un panorama

exhaustif des sites présents sur les inforoutes burkinabé, nous avons vu

précédemment que le nombre de pages sur le Burkina est déjà considérable malgré

le retard affiché par ce pays en la matière. Nous nous contenterons de donner un

aperçu le plus représentatif possible des types de contenu apparaissant sur les

inforoutes burkinabé.

(1) L’information d’origine burkinabé

(a) De nombreux sites officiels et une bonne information à l’intention des investisseurs potentiels

Le premier résultat d’une recherche sur le Burkina Faso renvoie sur le site du

gouvernement. Ce positionnement reflète la forte présence du contenu d’origine

gouvernemental au sein des inforoutes burkinabé. Il existe une dizaine de sites

d’origine institutionnelle :

www.primature.gov.bf (Site officiel du Gouvernement)

www.finances.gov.bf (Site du Ministère de l’Economie et des finances)

www.mairie-ouaga.bf (Site de la Mairie de Ouagadougou)

www.delgi.gov.bf (Site de la Délégation générale à l’informatique)

www.legiburkina.bf (Site sur la législation du BURKINA FASO)

www.ambf.bf (Site de l'association des maires du Burkina)

www.metss.gov.bf (Site du ministère de l'emploi du travail et de la sécurité sociale)

www.mediateur.gov.bf (Site du médiateur du Faso)

www.mae.gov.bf (Site du ministère des affaires étrangères )

http://www.zedcom.bf/annonces/ontb/ontb.htm (Office du tourisme)

(b) La recherche et l’éducation

Les sites dans le domaine de la recherche et de l’éducation sont encore peu

nombreux, on peut cependant noter les présentations suivantes :

www.univ-ouaga.bf (Site de l’Université de Ouagadougou)

www.profis.gov.bf ( Site du programme de formation au métier de l'image et du son)

Emmanuel Lacroix Page 72

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

http://www.isig.bf (site de l'Institut Supérieur en Informatique de Gestion)

www.ciospb.bf ( site du centre d'orientation scolaire et universitaire)

www.foner.bf ( site web du FONER, le fonds de éducation et recherche)

www.worldlinks.bf ( site du programme d'enseignement à distance de la banque

mondiale au Burkina)

www.droit-et-toile.net/fr/index.html ( site web sur le droit et la toile)

www.cafp.bf ( site web de la cellule d'appui à la formation professionnelle)

(c) Les sites portail

Les sites portail sur le Burkina sont en pleine explosion depuis deux ans. Les

tentatives de « monter un portail » sont nombreuses et les motivations diverses. On

constate une volonté des principales entreprises burkinabé de renforcer leur

notoriété en occupant ce terrain mais aussi des initiatives individuelles de burkinabé

qui ont été parmi les premiers à investir le terrain des NTIC et qui exploitent l’avance

conséquente qu’ils ont pu acquérir sur leurs compatriotes. Il est vrai que la rareté du

contenu burkinabé sur la toile incite à occuper ce marché.

http://www.netaccess.bf/

www.burkinet.com

www.burkina.org

www.burkinaonline.bf/

www.liptinfor.bf/

www.multimania.com/ysanfo/

(d) Les sites d’associations burkinabé

Les associations burkinabé sont de plus en plus présentes sur la toile et les sites

fleurissent, notamment ceux d’associations qui participent à la promotion des

nouvelles technologies.

http://www.yam-pukri.org (le site de l’association Yam pukri pour le développement

des NTIC au Burkina)

www.faso-ong.org/ (le site fédérateur des des ONG oeuvrant au Burkina)

www.rifod.org (le site de l’association RIFOD)

http://www.clubarobase.bf (le site du club arobase)

Emmanuel Lacroix Page 73

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(e) La promotion des produits du Burkina : un début encourageant

(i) Une plate forme d’information : le Trade

Point

Le Trade Point du Burkina Faso (http://www.tradepoint.bf) mérite une attention

particulière. Ce site consiste en une plate-forme d’information dédiée au commerce

international impliquant le Burkina Faso. La possibilité de publier des offres d’affaires

représente un important pas en avant pour les opportunités de commerce du pays.

Le succès du trade point est cependant encore très limité et l’existence du site

semble pour l’instant symbolique. Une comparaison rapide permet de constater que

pour 13 offres apparaissant sur le Trade point du Burkina le 31 juillet 2002, 1143 sont

en ligne sur celui du Sénégal.

(ii) L’artisanat

Le Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) dispose d’un site web

(www.siao.bf) qui permet une visite virtuelle du salon. Ce site existe également dans

une version en langue anglaise. Ce site permet d’assurer la promotion de l’artisanat

burkinabé partout dans le monde.

(iii) Les produits agricoles (haricots verts et

mangues)

Le Burkina Faso est un pays dont l’économie est principalement agricole. La

commercialisation des produits de l’agriculture représente donc un enjeu

économique important. Les inforoutes présentent en ce sens un potentiel indéniable.

Cet enjeu a bien été perçu par la fédération des industries agroalimentaires du

Burkina qui a mis en ligne un site vitrine de ses activités et de ses produits.

http://www.faso-ong.org/fiab/

Emmanuel Lacroix Page 74

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(iv) Les entreprises

Les entreprises à disposer d’un site web sont peu nombreuses au Burkina. A

quelques exceptions près, seules les plus grandes entreprises sont pour l’instant

présentes sur la toile.

www.fasonet.bf/pr-prao (Site du projet de la Société des Fibres et Textiles ;

SOFITEX)

www.onatel.bf (Site de l’ONATEL)

www.fasonet.bf (Site de l’ONATEL pour la clientèle abonnée aux différents services

internet)

www.cenatrin.bf (Site du CENATRIN)

www.cenatrin.bf/sogetel (Site de la Compagnie d’électricité SOGETEL)

www.liptinfor.bf (Site de la société LIPTINFOR elle-même)

(v) Les Médias

Les médias sont de plus en plus présents sur les inforoutes, la plupart d’entre eux

possèdent un site. Notons par exemple :

www.tnb.bf (Site de la Télévision Nationale du Burkina)

www.sidwaya.bf (Site des Editions SIDWAYA)

www.aib.bf( Site de l'agence d'information du Burkina)

www.fasonet.bf/hebdo( Site de l'hebdomadaire du Burkina)

www.lobservateur.bf ( Site de l'observateur Paalga)

(vi) L’art et la culture (cinéma, lettre, …)

Le Burkina Faso est un pays particulièrement connu et reconnu pour son cinéma

mais aussi pour sa musique, ses masques et ses contes. Plusieurs sites ont été mis

en ligne afin de promouvoir et de faire vivre sur les inforoutes ces différentes facettes

de la culture burkinabé.

www.fespaco.bf (Site du Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou

(FESPACO

Emmanuel Lacroix Page 75

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

www.culture.gov.bf ( Site du ministère des Arts et de la Culture)

www.museedegaoua.gov.bf ( Site du musée de Gaoua)

www.poterieduburkina.gov.bf ( Site sur la potérie au Burkina Faso)

www.museedelamusique.gov.bf ( Site du musée de la musique de Ouagadougou)

www.snc.gov.bf( Site de la semaine nationale de la culture)

http://www.bf.refer.org/texte/palabre4/index.htm (contes et légendes africaines)

(2) Les sites d’origine étrangère sur le Burkina Faso

(a) La promotion du tourisme : une affaire de « sites personnels »

Les sites qui présentent le Burkina sur un aspect touristique et à l’attention des

étrangers européens et américains sont principalement l’œuvre de ressortissants des

continents en question. Notons néanmoins que commencent à apparaître quelques

pages personnelles de burkinabé qui maîtrisent progressivement les techniques de

conception. Ces sites sont très nombreux, nous nous contenterons d’en citer

quelques uns, fréquemment présentés en « liens conseillés » sur les autres sites :

www.bobodioulasso.net (un portail humoristique sur la ville de Bobo-dioulasso

réalisé par un coopérant français).

http://membres.lycos.fr/michaud/burkina/main.htm (un site sur le Burkina réalisé par

un couple français).

http://www.vilain.de/ (un site sur le Burkina réalisé par un français)

(b) Aide au développement du commerce

Le site andines.com (http://www.andines.com), comme le site

commerceequitable.com propose la vente en ligne d’artisanat et de produits

agricoles africains. Une partie des objets proposés sont produits par des burkinabé.

Le site http://www.artisanatweb.com propose un service comparable spécialisé dans

l’artisanat.

Emmanuel Lacroix Page 76

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(c) Organismes internationaux, gouvernements étrangers et institutions de développement

Il existe de nombreux sites d’organismes internationaux et de représentations de

pays étrangers. Citons par exemple :

http://www.bf.resafad.org/ (site du RESAFAD, réseau de formation à distance au

Burkina)

http://www.bf.refer.org/ (site de l’agence universitaire de la francophonie au Burkina

Faso)

http://www.pnud.bf/ (site du PNUD au Burkina Faso)

www.ird.bf (Site de l’IRD ex ORSTOM)

www.france-burkina.bf (ambassade de France au Burkina)

www.francophonie.gov.bf (Site de la Francophonie)

www.snvburkina.org (Organisation Néerlandaise de Développement)

www.pnud.bf ( site web du PNUD Burkina Faso)

(d) Associations

Les sites web d’associations et d’ONG au Burkina Faso sont nombreux. Voici à titre

d’illustration quelques adresses de sites d’associations et d’ONG oeuvrant au

Burkina :

http://www.edukafaso.org

http://www.france-burkina.bf/CoopDec/ONG/AOI.html (aide ondotologique

internationale)

http://membres.lycos.fr/capdeveloppement/ (site d’une association havraise de

solidarité internationale)

c) L’hébergement du web burkinabé

Il est difficile d’estimer précisément le nombre de sites hébergés au Burkina.

Effectivement, de nombreux sites apparaissent en sous-domaine et sont donc peu

visibles.

Emmanuel Lacroix Page 77

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Notons que l’hébergement de sites web au Burkina est pour l’instant très onéreux et

de mauvaise qualité, il est même rare de pouvoir accéder depuis la France à certains

sites hébergés en .bf.

Voici une illustration des prix pratiqués par l’ONATEL, ceci pour une qualité de

service que nous estimons comparable à celle de l’offre proposée à 1.5 euros

mensuel par hébergement discount, entreprise d’hébergement basée à Toulouse.

Description Désignation des frais

Prix unitaire en F CFA

H TVA TVA TTC

Formule

http://www.fasonet.bf/nom du

domaine

Mise en service 15000 2700 17700

Redevance

mensuelle par

tranche

indivisible de 5

MO

25000 4500 29500

Formule http://www.nom du

domaine.bf

Mise en service 85000 15300 100300

Redevance

mensuelle par

tranche

indivisible de 5

MO

70000 12600 82600

Formule http://www.nom du

domaine.bf ou http://www.nom du

domaine.org

Mise en service 120000 21600 141600

Redevance

mensuelle par

70000 12600 82600

Emmanuel Lacroix Page 78

Page 79: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

tranche

indivisible de 5

MO

Formule site Web commercial

sécurisé http://www.nom du

domaine.bf ou http://www.nom du

domaine.com

Mise en service sur devis ! /

Redevance

mensuelle par

tranche

indivisible de 5

MO

sur devis ! /

L’entreprise Liptinfor propose pour sa part une unique offre au prix de 20 000 francs

CFA htva par mois par tranche de 5 Mo

ZCP propose enfin d’héberger un site Web pour 180 000 francs CFA par an et par

tranche de 5 Mo.

d) Un marché intérieur extrêmement limité

(1) Les coûts importants de la création Internet au Burkina Faso

(a) Les coûts pratiqués

Les coûts pratiqués en conception Internet sont difficiles à présenter de façon

catégorique et objective. Effectivement, le Burkina Faso est un pays dans lequel la

culture de la négociation des prix est très répandue. Comme, le disent fréquemment

avec humour les commerçants des marchés aux touristes intéressés : « il faut

regarder, c’est moitié cadeau, moitié pas cher ».

Emmanuel Lacroix Page 79

Page 80: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cet état d’esprit se reflète dans les prix de conception web et le premier prix annoncé

ne correspond que rarement à une juste estimation du coût estimé du travail mais

plutôt à l’approche la plus précise possible du prix que le client est prêt à payer pour

son site web.

La mise en concurrence permet de contrebalancer partiellement ce phénomène.

Mais un accord tacite entre les différents prestataires de conception web implique

qu’un organisme de coopération brassant des millions de francs CFA paiera sans le

moindre doute un site vitrine de 10 pages beaucoup plus cher qu’une entreprise dont

le directeur a une connaissance chez un prestataire de conception web.

(i) Les coûts pratiqués par Liptinfor

L’entreprise LIPTINFOR annonce sur son site, des prix de l’ordre de 50 000 francs

CFA htva par page web créée.

(ii) Les coûts pratiqués par ZCP

ZCP facture la création d’un domaine sous bf à 30 000 FCFA. La création d’un

domaine en .com ou .org coûte en revanche 90 000 FCFA. Notons que cette

opération prend au maximum une dizaine de minutes et coûte 12 euros sur le site

www.gandi.net.

Les prix pratiqués pour la conception de sites web ne sont pas annoncés par

l’entreprise sur son site.

(b) L’illustration d’un paradoxe

Nous avons constaté au cours de notre enquête un cas de figure révélateur du

paradoxe engendré par le manque de compétences : une entreprise informatique

burkinabé ne disposant pas de compétences en conception Internet, sous-traitait à

un concepteur web français le développement de contrats obtenus au Burkina Faso.

Emmanuel Lacroix Page 80

Page 81: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Si l’on considère le rapport du niveau des salaires entre la France et le Burkina Faso

(salaire minimum environ 20 fois supérieur en France) et le prix de vente des sites

web également plus élevé en France, la sous-traitance d’un contrat obtenu au

Burkina Faso vers la France tient de l’aberration économique.

Dans l’absolu, cette forme de contrat est rentable puisqu’elle semble permettre à un

prestataire français de gagner une petite marge sur le contrat et à l’intermédiaire

burkinabé de conserver une commission satisfaisante.

Cependant, les sommes, rapportées au pouvoir d’achat dans chaque pays,

relativisent le constat et soulignent la nécessité de ne pas pérenniser ce type de

contrat en développant rapidement les compétences dans le pays.

(c) Les raisons des niveaux de prix pratiqués

Les coûts de la conception web au Burkina sont, nous l’avons vu, très élevés. Cela

peut s’expliquer par plusieurs facteurs :

- La rareté des compétences qui entraîne une inflation importante des devis.

- L’existence de fantasmes liés à l’Internet. Les clients sont prêts à consacrer

des sommes importantes pour être présent sur la toile, cette dernière étant

censé être porteuse d’un potentiel commercial miraculeux avec les pays

occidentaux.

- Les entreprises de conception savent qu’aucune d’entre elles n’a intérêt à

diminuer trop les prix. Un seuil plancher n’est donc jamais dépassé.

- Le matériel informatique coûte cher et doit être amorti

- Les ressources humaines capables de concevoir et de programmer des sites

sont rares et chères. Effectivement, ces personnes sont pour l’instant

majoritairement des ingénieurs et sont donc grassement payés.

Or, ces coûts élevés découragent les quelques organisations qui auraient réellement

un intérêt à diffuser de l’information sur le web.

Emmanuel Lacroix Page 81

Page 82: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Penchons nous maintenant sur les structures nationales, internationales et

associatives qui encadrent et accompagnent le développement de l’internet au

Burkina Faso.

Emmanuel Lacroix Page 82

Page 83: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

C. Structures nationales et actions internationales de développement

Examinons en premier lieu les structures nationales et le cadre de développement

des NTIC avant de nous pencher sur les caractéristiques du plan de développement.

11.. LL’’aaccttiioonn dduu ggoouuvveerrnneemmeenntt,, lleess ssttrruuccttuurreess dd’’eennccaaddrreemmeenntt

mmiisseess eenn ppllaaccee eett llee ppllaann ddee ddéévveellooppppeemmeenntt nnaattiioonnaall

a) Les organes et les cadres qui structurent l’internet au Burkina

Faso

(1) Le Conseil Supérieur à l‘Informatique du Faso

Le Conseil Supérieur à l’Informatique du Faso (CSIF) a été créé en 1997. Il est

présidé par le Chef du gouvernement, ses missions sont les suivantes :

- Définir et proposer au gouvernement les grandes lignes de la politique

nationale informatique en rapport avec les plans de développement

- Examiner les plans et les programmes informatiques

- Recommander tous projets, études et programmes dans les domaines

informatique et les disciplines connexes

- Préconiser toute mesure propre pour la maîtrise et la promotion de

l’informatique.

(2) La Délégation Générale à l’Informatique (DELGI)

La Délégation Générale à l’Informatique (DELGI) a été créée en 1997. C’est un

organe public d’aide à la décision, d’exécution et de contrôle de la politique

informatique de l’État. Son délégué général, actuellement Johachim Tokoano, est

nommé en Conseil des Ministres. La DELGI est rattachée au Premier Ministre. Ses

missions sont les suivantes :

- Planification, réglementation et contrôle de l’informatique

- Planification et suivi de la formation et de la recherche en informatique

Emmanuel Lacroix Page 83

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Délivrance des agréments pour la fourniture d’équipements et de services

informatiques

- Tutelle technique des centres de traitement informatique, des centres de

formation informatique et de toutes autres structures publiques dont l’activité

entre dans le cadre de ses attributions

- Supervision et validation des schémas directeurs informatiques des ministères

et établissements publics

- Promotion et vulgarisation de l’outil informatique

- Donner son avis sur tout marché informatique de l’état e de ses

démembrements

(3) Les ateliers

Des ateliers nationaux ont été lancés en 1996 et 1997 dans l’objectif d’engager des

réflexions sur le développement des nouvelles technologies au Burkina Faso. De

nombreuses pistes de développement sont issues de ces ateliers.

(4) Le cadre de référence pour le développement des TIC

Un cadre de référence a été défini afin d’assurer un développement global et

cohérent des TIC. Il a été approuvé par le Conseil Supérieur de l’Informatique du

Faso le 23 avril 1998.

Il poursuit les objectifs suivants :

- créer les conditions pour la bonne gouvernance en réduisant les charges et en

améliorant la circulation de l’information, la productivité, la qualité des services

et la pertinence des prises de décision ;

- aider le pays à développer les avantages concurrentiels qui vont lui permettre

de tirer le meilleur parti de la mondialisation, à travers une parfaite maîtrise et

une utilisation optimale des nouvelles technologies de l’information et de la

communication ;

Emmanuel Lacroix Page 84

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- garantir la rationalisation des efforts à consentir, un développement

conséquent des ressources humaines requises et la cohérence du cadre

institutionnel et de l’infrastructure nationale à mettre en place.

Ces intentions ont été traduites par quatre programmes sectoriels :

- La modernisation de l’administration

- La facilitation du commerce

- L’appui à l’éducation et à la recherche

- Le développement de centres communautaires

Et quatre programmes fédérateurs :

- La mise en place d’une infrastructure nationale de communication

- La sensibilisation et la formation

- Les choix technologiques

- L’organisation du secteur

(5) ONATEL/FASONET

L’Office National des Télécommunications (ONATEL) a été créé le 19 février 1987

sous la forme juridique d’un établissement public à caractère industriel et commercial

(EPIC), il a ensuite été transformé en novembre 1994 en société d’Etat. Ses

missions étaient à sa création les suivantes ; elles sont restées approximativement

les mêmes :

- La mise en place et l’exploitation rationnelle et efficace du service public des

télécommunications.

- L’application de la réglementation et de la législation en matière de

télécommunications, notamment les accords, les conventions et les règlements

adoptés par les organisations internationales des télécommunications dons le

Burkina Faso est membre.

- La préparation et l’exécution des plans et programmes de développement du

réseau national et international en vue de la desserte progressive, totale et

conséquente du pays en services de télécommunications.

- L’offre de services de qualité, au plus grand nombre sous la contrainte d’un

équilibre financier.

Emmanuel Lacroix Page 85

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(6) Le Centre National de Traitement de l’Information (CENATRIN)

Le Centre National de Traitement de l’Information (CENATRIN) a été créé au début

des années 70. Son avènement correspond à l’introduction de l’informatique au

Burkina Faso.

(a) Les missions du CENATRIN à sa création

Le CENATRIN était à sa création, un Etablissement Public à Caractère Industriel et

Commercial (EPIC), ses missions traduisaient une volonté d’optimiser l’utilisation du

matériel et la gestion des ressources humaines, toutes deux très rares à l’époque

dans le secteur informatique :

- L’acquisition et la gestion de centres informatiques

- La réalisation de tous travaux nécessaires au traitement de l’information

commandés par les services de l’Etat, les collectivités locales, les entreprises

et organismes publics, parapublics et privés.

- L’unification et la standardisation des moyens et des méthodes de saisie et

d’exploitation des données.

- La formation professionnelle du personnel informaticien en fonction de ses

propres besoins et de ceux des services utilisateurs des techniques de

l’informatique.

- L’initiation et la formation professionnelle aux techniques de l’informatique, du

personnel non informaticien des services utilisateurs des techniques de

l’informatique.

- L’information du public sur les techniques de l’informatique et sur les nouvelles

méthodes de gestion qu’elles permettent.

- La collecte de toute information nécessaire à la définition d’une politique de

l’informatique et la mise en œuvre de la politique arrêtée par le gouvernement.

De sa création en 1970 jusqu’à l’avènement de la micro-informatique à la fin des

années 80, le CENATRIN a assuré le développement d’applications informatiques

pour les principaux services de l’Etat.

Emmanuel Lacroix Page 86

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Au début des années 90, l’évolution du matériel et de l’informatique personnelle a

conduit l’Etat burkinabé à modifier son approche et à adopter le premier plan

directeur informatique national. La politique de centralisation des traitements

informatiques autours du CENATRIN a été abandonné au profit d’une politique de

rapprochement de l’outil informatique de l’utilisateur final.

(b) Les missions du CENATRIN depuis 1994

La nouvelle orientation a conduit à une redéfinition des missions du CENATRIN qui a

été transformé en 1994 en Société d’Etat. Les nouvelles missions du CENATRIN

sont les suivantes :

- La conception et / ou la commercialisation de solutions adaptées aux besoins

locaux basés sur une utilisation optimale des Nouvelles Technologies de

l’Information et de la Communication (NTIC).

- La fabrication, le montage et / ou la commercialisation d’appareillages

informatiques adaptés aux conditions locales d’utilisation.

- La réalisation de tous travaux nécessaires aux traitements de l’information

(développement de logiciels spécifiques, installation de réseaux locaux,

installation de systèmes, gestion de centres informatiques, maintenance et

dépannage d’appareillages informatiques), commandés par les services de

l’Etat, les collectivités locales, les entreprises et organismes publics,

parapublics et privés.

- La formation des utilisateurs.

- Le recyclage et le perfectionnement des informaticiens.

Le CENATRIN dispose d’un siège à Ouagadougou et d’un bureau à Bobo-dioulasso.

b) Caractéristiques du plan de développement des NTIC

Le gouvernement burkinabé a défini dans le plan quinquennal de 2000-2005, les

orientations générales de sa politique de développement humain durable. Le

gouvernement y a intégré l’usage des nouvelles technologies de la communication

(NTIC).

Emmanuel Lacroix Page 87

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Selon Charlemagne Zannou42, la stratégie de développement des NTIC peut être

caractérisée par trois éléments :

(1) Le développement de l’internet en adéquation avec la politique nationale de développement humain durable

La stratégie de développement des NTIC reflète le souhait de l’Etat burkinabé de

donner une priorité au développement humain tel qu’il est définit par le PNUD.

(a) Le développement de l'infrastructure de base et l’ouverture du secteur de la télécommunication aux opérateurs privés

La loi du 23 décembre 1998 organise la fin de trente années de monopole de

l’ONATEL. Des opérateurs privés ont déjà fait leur entrée sur le marché des

télécommunications. La concurrence devrait favoriser l’émergence d’un service plus

efficace et moins onéreux.

(b) La modernisation de l'Administration publique et l'interconnexion des différents services ministériels et des représentations Burkinabé à l'étranger

Un Intranet sécurisé administratif (RESINA) est en cours de réalisation. Le réseau

ainsi créé devrait permettre un meilleur accès à l’information dans l’ensemble des

services de l’Etat, notamment pour les services décentralisés.

La DELGI, noyau central de ce réseau, offrira un accès à l’internet aux services

publics.

(c) L'intégration sous-régionale et le renforcement de la coopération internationale

La compétitivité du Burkina Faso au sein de l'union économique et monétaire ouest

africain (UEMOA) passe par un renforcement de ses infrastructures de

42 Charlemagne Zannou, RIFOD, L’Internet au Burkina Faso, www.anais.org, 2000

Emmanuel Lacroix Page 88

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

télécommunications de base et son accessibilité par toutes les populations y compris

celles des zones rurales.

Il est, dans cette logique, prévu l'installation de points d'accès de proximité répartis

sur le territoire national en vue de développer la communication des populations

avec l'international.

Le gouvernement a parallèlement attiré l’attention de ses consuls et ambassadeurs

sur l’internet comme moyen de communication international. Ceci en vue d’améliorer

la communication auprès des partenaires internationaux et des représentations à

l’étranger.

(d) Le renforcement de l'état de droit et l'amélioration du débat politique

Le gouvernement souhaite développer des sites web d’information sur les

procédures administratives, appels d’offres… Ces sites permettront de renforcer

l’implication des citoyens dans la politique en leur donnant une information plus

limpide. Ceci dans l’objectif de renforcer l’état de droit et la démocratie.

(2) Une stratégie de développement des NTIC trop centralisée et orientée vers l’administration publique

Les bases de la politique nationale, jetées en 1996-97, insistaient fortement sur le

rôle central du DELGI. Cette centralisation n’est plus adaptée en 2002. Trop lourde,

la politique n’implique pas suffisamment le privé. Les choix stratégiques sont ensuite

inadaptés car ils ne sont pas orientés vers des outils gratuits tels que les logiciels

libres. Enfin, l’absence de sensibilisation du public burkinabé aux nouveaux outils de

communication ne permet pas aux acteurs économiques du pays de comprendre les

enjeux de sa maîtrise.

Emmanuel Lacroix Page 89

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(3) L’implication de l’Etat dans les services de télécommunications classiques et dans l’accès à Internet

En 1999, les recettes téléphoniques de l’ONATEL avoisinaient cinq cent millions de

francs CFA. Dans le même temps, les recettes des services Internet (connexion,

abonnement, etc.) étaient estimées à plus de quatre milliard de francs CFA. Ce

chiffre explique à lui seul le manque d’empressement de l’Etat à privatiser l’opérateur

national.

Les investissements initiaux de l’ONATEL et la création du 1150, service de

connexion au prix d’une communication locale partout sur le territoire, ont facilité

l’implantation de l’internet au Burkina Faso. Mais cela a également donné naissance

à une hégémonie et a instauré un environnement de concurrence déloyale puisque

seul l’ONATEL fourni un accès à l’internet via ce tarif local partout dans le pays. Cet

environnement handicape beaucoup le développement des services internet dans

les villes secondaires. Ces dernières ne peuvent pas profiter des services des

concurrents de l’ONATEL et la volonté politique semble faire défaut pour corriger

cette situation inéquitable.

Le Burkina Faso fait figure de retardataire dans la sous région puisque tous ces

principaux voisins ont donné aux entreprises les moyens de développer un service

rentable d’accès à l’internet. En moyenne chacun de ces pays possède ainsi une

dizaine de FAI.

Observons maintenant les actions internationales qui favorisent le développement

des NTIC au Burkina Faso.

Emmanuel Lacroix Page 90

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

22.. LLeess aaccttiioonnss ddee ccooooppéérraattiioonn ddeess EEttaattss,, ddeess ccoommmmuunnaauuttééss eett

ddeess iinnssttiittuuttiioonnss ddee BBrreettttoonn WWooooddss

a) L’action de la Francophonie et de l’Etat français

(1) REFER

Depuis 1994, l’AUPELF (Association des Universités partiellement ou totalement de

langue française) a mis en œuvre le projet REFER (Réseau Francophone de

l’Education et de la Recherche) afin de faire face à l'explosion d'information

numérique et créer un réseau d'information scientifique et technique universitaire

entre les pays du Nord et du Sud. Cela s'est notamment traduit par des accords de

recherche (groupes de travail), des bourses et l’édition d'ouvrages (le catalogue des

publications est présent sur http://www.auf.org/catalogue/).

(2) SYFED

Un deuxième organisme, le Système Francophone d'Edition et de Diffusion (SYFED)

a pour objectif de mettre à la disposition des universités une documentation

scientifique et technique multi-support en français (support papier, CD-Rom...)

susceptible de palier au peu de ressources informationnelles auquel sont souvent

confrontées les universités francophones.

L'AUPELF-UREF (ancien nom de l'AUF) voulait susciter et participer au démarrage

d'intranet et de réseaux universitaires dans les universités partenaires en organisant

notamment de nombreuses formations dans le centre SYFED. Un soutien fort aux

actions de formations de formateurs est parallèlement mené et des tentatives visant

à rendre efficiente la formation à distance sont menées.

(3) Le RESAFAD

Le Réseau Africain de Formation à Distance (RESAFAD) est une initiative de la

coopération française dont l’objet est de faire émerger des compétences en Afrique

en profitant des potentialités des TIC tout en affermissant la présence francophone

sur le continent.

Emmanuel Lacroix Page 91

Page 92: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

L'objectif du centre de ressources RESAFAD au Burkina Faso est de relayer les

actions du réseau, de former aux NTIC, de faciliter l'accès à des ressources

techniques et formatives, de dynamiser les échanges au sujet des NTIC pour la

formation et l'éducation.

Le RESAFAD agit au Burkina Faso depuis 1997. Le réseau a lancé de nombreuses

actions, citons notamment :

- La formation à distance de directeurs d'écoles dans le cadre du projet d’appui à

l’enseignement de base de la coopération française. Un CD-ROM élaboré par

un consortium de formateurs d'universités françaises est utilisé pour la

formation.

- Le cycle de formation aux services accessibles sur Internet destiné en priorité

aux cadres du secteur de l’éducation.

- Le Séminaire Interactif des Responsables de Planification (SIRP), dont

l'objectif était de permettre une communication régulière entre des

planificateurs africains de l'Education.

- Le lancement du Diplôme d’Université de Communicateur Multimédia évoqué

précédemment. Ce dernier a été expérimenté auprès de treize inscrits en

1999-2000.

- Enfin, dans le cadre du programme Supports Médiatisés pour la Formation

(SUMEF), cinq projets de réalisation de multimédia à caractère éducatif ont été

identifiés. Quatre ont été poursuivis.

(4) Centre de formation au multimédia

L'Agence de la Francophonie a de son côté financé le centre de formation au

multimédia du Centre Interafricain d'Etudes en Radio Rurale de Ouagadougou

(CIERRO).

(5) Le P@je

L'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) a lancé en 1999 le programme

"Campus numériques francophones", une initiative qui a permis d'ouvrir dans vingt

pays du Sud entre 300 et 500 accès à Internet et près de 10 000 messageries.

Emmanuel Lacroix Page 92

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le programme P@je a financé l'implantation de 4 "Points d'accès à Internet pour la

jeunesse" au Burkina Faso. Deux à Ouaga et deux en province (Tenkodogo et

Koudougou).

Le programme consiste à sélectionner sur dossiers des structures développant des

activités destinées à la jeunesse et possédant une structure susceptible d'offrir les

conditions optimum de fonctionnement pour un lieu d'accès à l’internet réservé aux

jeunes. Dans l’esprit du programme les jeunes doivent pourvoir accéder à Internet,

mais aussi souvent faire leur première rencontre avec l'outil informatique, à des coûts

compatibles avec leur pouvoir d'achat.

L'INTIF finance les coûts d'acquisition de 5 PC et des périphériques, la mise en

réseau des appareils, l'abonnement chez un FAI et les frais de connexion pour les 2

premières années de fonctionnement. Les structures étant censées réunir les

conditions pour autofinancer le fonctionnement du P@je à terme.

La situation par rapport à l’internet ayant considérablement évolué au Burkina

comme dans la majorité des pays, depuis 1999, année de la 1ère implantation à

Ouaga, les points d'accès publics ou privés se sont multipliés, les coûts de

connexion sont très variables selon l'option technique retenue. La situation, du moins

dans les grandes villes, s'est inversée, c'est-à-dire que les jeunes trouvent des

conditions d'accès plus économiques et plus confortables dans des cyber

commerciaux fonctionnant sur LS ou autres systèmes que dans les PAJE en RTC

avec des coûts de connexion téléphonique élevés et un débit lent.

(6) Fragments du monde

L’agence intergouvernementale pour la Francophonie, le fond Francophone des

inforoutes, le ministère de la jeunesse et des sports, celui de la culture et celui des

affaires étrangères ont par ailleurs apporté les fonds nécessaires au projet

Fragments du monde lancé à l’initiative de VECAM et de l’Institut National de la

Jeunesse et de l’éducation Populaire. Fragments du monde est un programme qui

consiste à permettre à des jeunes du monde d’utiliser Internet pour présenter un

Emmanuel Lacroix Page 93

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

fragment de la culture de leur pays. Tous les fragments sont ensuite réunis pour

former un atlas culturel du monde43.

Au Burkina Faso, des jeunes ont réalisés un site sur le « faux départ du

Mogho Naaba». Le Mogho Naaba est l’empereur Mossi. Une cérémonie mimant un

départ à cheval avorté a lieu dans la cour de son palais chaque vendredi. La

cérémonie commémore le départ raté d’un empereur Mossi qui comptait rejoindre et

punir son frère qui avait fui avec les fétiches sacrés, mais l’entourage de l’empereur

l’avait finalement persuadé d’annuler son projet, qui n’était pas souhaitable pour le

peuple Mossi.

(7) Université virtuelle Francophone

L'université Virtuelle Francophone (UVF) a été lancée officiellement en 1998 à

l'initiative de l'organisation internationale de la Francophonie.

b) La coopération néerlandaise

La coopération néerlandaise est particulièrement impliquée dans le développement

des NTIC au Burkina Faso. Elle a déjà conduit de février 1999 à février 2001 un

programme44 financé par L’IICD et Média Plaza qui a permis d’introduire les TIC

dans les boutiques d'informations et a abouti selon la SNV à :

- « l'utilisation des applications et produits multimédias dans le travail

d’information et de concertation des boutiques.

- l'utilisation d'Internet pour la recherche d’information pour les populations.

- La généralisation des échanges e-mails pour les contacts avec les boutiques

ainsi que la participation à des réseaux concernant la décentralisation et la

gestion des ressources naturelles ».

« Depuis janvier 2001, la SNV/BF appuie les initiatives en matière d'appropriation

des TIC des organisations intervenant dans les départements des boutiques

d'information .

43 http://www.fragmentsdumonde.org 44 http://www.snvburkina.org/

Emmanuel Lacroix Page 94

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Mise en place, en partenariat avec le PNUD, d’une radio communautaire à

Tansila intégrant les possibilités des satellites Worldspace (captage de

données audio et numérique sur radio numérique et ordinateur).

- Création d'un centre multimédia communal à Koloko : le projet est formulé

depuis Août 2001 et une requête de financement a été envoyée aux bailleurs

de fonds.

- Appui à la commune de Orodara pour la formulation du projet de création d'un

centre multimédia communal.

Enfin dans le cadre du renforcement des capacités, les organisations bénéficient

d'appui à la réalisation de bases de données afin d'améliorer la gestion de leurs

activités ».

c) Le CNUCED et le Trade Point

Le CNUCED a lancé en 1992 le programme Trade Point qui prévoyait la mise en

place à d’un système d’information et d’échanges sécurisés.

Le Trade Point du Burkina Faso est hébergé au sein de l’Office National du

Commerce Extérieur (ONAC). Ses objectifs sont :

- Faciliter l’activité commerciale en mettant l’information sur la réglementation à

la disposition de tous les acteurs économiques.

- Mettre le potentiel offert par l’Internet à la disposition des acteurs économiques

bukinabé afin de leur permettre de saisir toutes les opportunités offertes par la

mondialisation.

- Créer un cadre réglementaire favorable à la dématérialisation des procédures

de façon à favoriser le commerce électronique.

d) La Banque mondiale

(1) AfricaLink

Le programme AfricaLink mis en place par la Banque Mondiale doit permettre de

connecter plusieurs centres de l'Institut de l'Environnement et de la Recherche

Agricole (INERA) à la messagerie électronique, notamment ceux situés dans l'arrière

pays.

Emmanuel Lacroix Page 95

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le projet de Système d'Information et de Suivi de l'Environnement sur Internet

(SISEI) bénéficie de l'assistance de l'UNITAR (United Nations Institute for Training

and Research). Le SISEI-Burkina Faso consiste en une base de données sur

l'environnement au Burkina Faso, conçue et alimentée par toutes les institutions

intervenant dans le domaine.

(2) Université virtuelle Africaine

L'Université Virtuelle Africaine (UVA) a été lancée à l'initiative de la Banque Mondiale

en 1997.

e) Le PNUD : Initiative Internet pour l'Afrique (IIA) /Réseau de

Développement Durable (RDD)

Le projet Réseau Développement Durable (RDD) initié par le PNUD en 1991,

s'appuie sur différentes institutions dans le cadre du projet régional "Initiative Internet

pour l'Afrique" (IIA). Au Burkina Faso, il prévoit l'accroissement de la capacité du

noeud national avec un doublement du débit actuel ainsi que la décentralisation des

accès par la mise en place de cinq noeuds locaux, dont ceux de Bobo-Dioulasso et

de Koudougou.

f) L’UNESCO et le CRDI : projet de télécentres

communautaires polyvalents d’appui au développement humain

durable (TPC)

Ce projet vise l’implantation de télécentres communautaires polyvalents en zones

rurales. Ces centres assureront un accès aux nouveaux outils de communication

dans des endroits habituellement peu desservis. Placé sous l’égide de la DELGI, le

projet prévoit l’ouverture de 50 centres en zones rurales et la création de supports

multimédias permettant l’auto-formation. Le projet est co-financé par l’UNESCO et

par le CRDI.

Emmanuel Lacroix Page 96

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

g) La FAO et le projet de télécentres communautaires

polyvalents à BOUGNOUNOU

La FAO a lancé un programme de mise en place de télécentres communautaires

polyvalents dont l’objectif est triple :

- Assurer des services de communication sur des thèmes spécifiques tels que

l’éducation des filles, la santé ou la gestion des ressources naturelles ;

- Assurer, pour les populations rurales de Bougnounou, un accès aux

informations agro-météorologiques et environnementales et aux informations

sur le marché et les produits ;

- Former des acteurs du développement rural par le biais de supports

multimédias ;

h) L’IICD et l’Intranet FIAB

Le soutien économique de l’Institution Internationale pour l’Information de la

Communication pour le Développement (IICD) a permis à la Fédération Nationale

des Industries Agroalimentaire du Burkina (FIAB) de développer un réseau Intranet

qui facilite la transmission d’informations entre les différents opérateurs de la

fédération.

i) Le projet Inforoute Communale

L’Inforoute Communale du Burkina Faso est un carrefour d'échange d'informations

au profit du processus de décentralisation, des communes et de l'administration.

Les objectifs du projet sont les suivants :

- Permettre aux gestionnaires des mairies de bénéficier d’outils de gestion en

vue de l’amélioration de la gestion financière et administrative des communes.

- Donner aux organismes de tutelle, des outils d’aide à la décision afin de

permettre un meilleur accompagnement des compétences administratives et

financières des communes.

- Mettre en relation les communes par le biais des NTIC afin qu’elles puissent

offrir des services d’état civils décentralisés

- Permettre aux acteurs clés de disposer d’information permettant d’affiner des

actions stratégiques en matière de développement et de décentralisation

Emmanuel Lacroix Page 97

Page 98: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Assurer la pérennité et la consolidation future du projet d’Inforoute communale.

j) Divers

Le Burkina Faso est engagé dans plusieurs autres programmes sous-régionaux,

notamment :

- le Programme de lutte contre le Sida en Afrique Francophone qui utilise

l'internet pour connecter entre eux les chercheurs sur le Sida ;

- Le Connectivity Information and Training Centre for Internet (CITI) sous l'égide

de l'UNITAR doit permettre de former des techniciens pour fournir des services

internet aux organisations publiques et privées.

Observons enfin l’action associative dans le domaine des NTIC. De très nombreuses

associations et ONG oeuvrent pour le développement des nouvelles technologies au

Burkina Faso, nous ne pourrons donc pas être exhaustifs. Le milieu associatif est

extrêmement hétérogène et certaines associations comme RENER pèsent beaucoup

dans l’internet burkinabé.

33.. IInniittiiaattiivveess ddeess aassssoocciiaattiioonnss

a) L’association RENER

L’association RENER vise la promotion des technologies de l’information et de la

communication comme pilier du développement de l’éducation et de la recherche au

Burkina Faso.

L’association regroupe les principaux acteurs des NTIC au Burkina : le Conseil

Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur (CAMES), le Centre National de

la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), le Centre SYFED, l'Ecole

Emmanuel Lacroix Page 98

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Inter-Etats des Ingénieurs de l'Equipement Rural (EIER), l'ORSTOM, le Réseau

Africain de Formation à Distance (RESAFAD) et l'Université de Ouagadougou et

prochainement le Centre International de Recherche en Agronomie pour le

Développement (CIRAD).

L’action de l’association se traduit notamment par le développement du réseau

RENER, réseau de la recherche déjà évoqué précédemment. Chaque membre de

l’association est responsable de la mise en place et de la gestion de son réseau

local.

b) Réseau d’Information et de Formation sur le Développement

(RIFOD)

Le RIFOD45 est une Organisation Non Gouvernementale (ONG), son action se

concentre sur les objectifs suivants :

- Informer sur le potentiel du Burkina Faso en matière de nouvelles technologies

de l’information ;

- Communiquer sur des thématiques prioritaires liées au développement

durable.

- Organiser des formations sur place ou à distance sur les NTIC.

c) Yam Pukri

L’association Yam Pukri est une initiative de Sylvestre Ouédraogo, enseignant-

chercheur de l’Université de Ouagadougou. Elle regroupe des burkinabé qui

souhaitent promouvoir l’internet dans leur pays.

Yam Pukri46 signifie en français « éveil de l'intelligence ». L’association intervient

dans les domaines suivants :

- Formation en informatique et en Internet pour le public jeune de préférence ;

- Formation en pages web ;

- Formation en maintenance informatique ;

- Vulgarisation des nouvelles technologies ;

- Création et gestion de cybercentres (3 sont fonctionnels).

45 www.rifod.org 46 www.yam-pukri.org

Emmanuel Lacroix Page 99

Page 100: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Yam Pukri a notamment ouvert le centre Yam-net qui tient lieu de Centre de

Formation et de cybercentre avec une douze ordinateurs connectés à Internet.

Le centre comprend 2 salles de formations équipées d'une dizaine de machines

chacune.

Le cybercentre est ouvert à tous. Il est surtout fréquenté par des étudiants et des

élèves (40%). L’association souligne que c’est la messagerie électronique qui attire

le plus d’utilisateurs. Le cybercentre accueille en moyenne une vingtaine de

personnes par jour.

d) NTBF

L’association Nouvelles Technologies au Burkina Faso (NTBF) a été créée dans

l’objectif de promouvoir l’utilisation des nouvelles technologies et des logiciels libres.

L’association est présidée en France par Younoussa Sanfo et au Burkina par WEPIA

Korabié. Elle regroupe en majorité des personnes qui, à l’image du président français

de l’association, sont déjà impliquées à titre personnel dans l’animation de sites web

sur le Burkina.

L’association a organisé en 2002 le séjour de 5 mois d’un étudiant en informatique

français qui a assuré de nombreuses formations à la conception multimédia.

e) RECIF / ONG-BF

Les femmes représentent environ 52% de la population du Burkina Faso et jouent un

rôle socio-économique important dans la société. Elles sont non seulement souvent

piliers de l’économie notamment informelle et relais d’information pour l’éducation,

l’hygiène et la santé.

L’enjeu de la participation des femmes à la croissance est donc majeur. Or, les

facteurs socioculturels limitent fortement l’accès des femmes au savoir-faire

Emmanuel Lacroix Page 100

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

technique47. Un accès à l’information en général et aux NTIC en particulier doit leur

être ménagé afin de leur assurer une place dans la société de l’information.

C’est cette question qui a conduit le RECIF à agir en multipliant les initiatives en

faveur d’une meilleure connaissance des pratiques d’utilisation d’Internet par les

femmes48.

f) Le club@

Le club est une Association pour la promotion des NTIC dans les médias.

Les objectifs de l’association sont les suivants49 :

- Créer sur la problématique des nouvelles technologies de l'information et de la

communication (NTIC) pour les professionnels des médias un cadre convivial

d'échange d'idées

- Former les professionnels des médias à l'utilisation des NTIC ;

- Informer et sensibiliser les professionnels des médias sur les enjeux des NTIC

au plan national et international ;

- Inciter les professionnels des médias à sensibiliser les usagers sur les enjeux

des NTIC par la production d'articles et d'émissions sur le sujet ;

- Participer à des opérations d'information et de sensibilisation sur les NTIC au

niveau national et international ;

- Etablir des partenariats avec les opérateurs nationaux et internationaux en

matière de NTIC.

Le Club@ a organisé récemment une journée de formation sur les nouvelles

technologies de l'information et de la communication, avec l'appui de l'IICD, l'institut

pour la communication et le développement.

47 RECIF, Aicha Tamboura, Les femmes et les technologies de l’information et de la communication au Burkina Faso, www.anais.org, Ouagadougou, 2000 48 Olivier Barlet, Entretien avec Aicha Tamboura, Une utilisation africaine des nouvelels technologies entre les associations féminines, www.africultures.com, 1999 49 www.clubarobase.bf

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

g) Réseau Girafe-info

Le réseau Girafe-info agit en faveur de la création d’un contenu burkinabé sur le

web. Il a réalisé dans ce cadre une dizaine de sites web en relation avec le Burkina

Faso. Il effectue également des formations à la conception web, à la bureautique et à

l’administration réseau. Trois formations ont eu lieu dans ce cadre.

Après cet aperçu de la situation de l’internet au Burkina Faso en 2002, nous allons

maintenant nous pencher sur les enjeux qui accompagnent le développement de

l’internet dans ce pays et en Afrique Francophone d’une façon plus générale. Nous

examinerons auparavant les difficultés posées par la culture orale africaine dans le

développement de l’internet et nous observerons les incidences socioculturelles des

contraintes liées à l’utilisation des nouveaux outils de télécommunications.

Emmanuel Lacroix Page 102

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

II. Entre culture orale et nécessité

d’une maîtrise des nouvelles formes de

l’information : incidences et enjeux de

l’internet en Afrique Francophone

Le continent africain est fréquemment présenté comme celui de l’oralité. Nous

examinerons donc en premier lieu cette culture orale et les antagonismes qui

l’oppose à l’appropriation des médias écrits et virtuels.

A. Culture orale et médias La culture orale supposée de l’Afrique va dans le sens du développement de la radio,

média qui semble particulièrement adapté à ce continent. Observons la situation de

celle-ci au Burkina Faso avant d’en décortiquer les spécificités afin de comprendre

les atouts que présente la radio en Afrique.

11.. LLaa rraaddiioo :: mmooyyeenn ddee ccoommmmuunniiccaattiioonn aaddaappttéé àà ll’’AAffrriiqquuee

a) Aperçu de la radio au Burkina

(1) Radios internationales

Le paysage radiophonique au Burkina n'est pas tellement différent de celui de ses

voisins.

Les radios internationales telles que Africa numéro 1, RFI (Radio France

Internationale) ou encore la Deutsche Welle doivent actuellement compter avec la

concurrence des chaînes gérées par l’Etat ainsi que les chaînes commerciales qui

ont un taux d'écoute significatif.

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(2) Radios gérées par l’Etat

A côté des chaînes nationales et régionales (Radio Rurale, Radio Arc-En-Ciel,

Radio-Arc-En-Ciel Plus, Radio Bobo, Radio Gaoua), démembrements de la Radio

Nationale du Burkina, existent des radios locales mises en place par l'Etat et gérées

par les communautés locales (les radios de Diapaga, Djibasso, Gassan, Kongoussi,

Orodara et Poura).

(3) Radios commerciales

Les nombreuses radios FM commerciales sont principalement implantées dans la

capitale et dans quelques centres urbains de l'intérieur à côté des radios

confessionnelles. La première radio indépendante de l'Afrique noire francophone a

commencé à émettre en décembre 1990. Horizon-FM était la pionnière du nouveau

paysage médiatique qui commence à se dessiner en Afrique occidentale. Le succès

d’Horizon-FM Ouagadougou fut tel que son initiateur, Moustapha Thiambiano, mit

rapidement deux autres stations en service : Horizon-FM Ouahigouya en novembre

1992 et Horizon-FM Koudougou en janvier 1993.

Fort de cet exemple, les initiatives se sont ensuite multipliées, citons notamment

Radio Pulsar, Radio Savane, ou encore radio de l'Amitié.

(4) Radios associatives

Il existe enfin des radios associatives souvent localisées dans les zones rurales, à

l'initiative des associations ou ONG. Citons notamment Radio Salankoloto, La Voix

du Paysan ou encore Radio Kakoadb Yam Venegré.

(5) Radios confessionnelles

Les radios confessionnelles se sont également multipliées avec notamment les

chaînes suivantes : Radio Évangile Développement, Radio Maria, Radio Lumière

Emmanuel Lacroix Page 104

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Vie Développement, Radio Alliance Chrétienne (Bobo), Radio Évangile du Sud

Ouest (RESO) (Gaoua), Radio Notre Dame du Sahel (Ouahigouya)50.

b) Un média transportable et qui permet une autre activité

Jean-Paul Cluzel, président de Radio France Internationale (RFI) s’exprimant sur le

site Afrik.com51, évoquait la position de la radio en Afrique :

« On ne remplacera jamais la radio par Internet. Pour une raison bien simple :

la radio est le seul média dont on puisse bénéficier en faisant autre chose. On

écoute la radio en travaillant, en préparant la cuisine, en conduisant, ce que

vous ne pouvez pas faire en regardant la télévision ou en surfant sur Internet.

Le média radio est donc absolument spécifique. Autant je suis persuadé qu'il y

aura de profondes conséquences pour la télévision du développement

d'Internet en Afrique, et dans le reste du monde, autant la radio, sans négliger

l'importance du web, devra rester spécifique. Elle passe par la parole, par le

son. C'est un média mobile. »

Cette observation, même si elle reflète la position logique du responsable d’une

grande radio en Afrique, souligne néanmoins les réels avantages de ce média.

Jacques Barrat, dans Géographie économique des médias52, confirme cette

supériorité de la radio sur le continent africain. Il souligne que ce média est

totalement adapté à ces zones dont les économies sont restées traditionnelles. Le

transistor en particulier possède l’immense avantage de ne pas nécessiter

d’équipement électrique.

Il réaffirme par ailleurs les avantages de la radio en déclarant « l’avantage de la radio

demeure bien évidemment le fait qu’elle est facilement transportable, qu’elle permet

le maintien d’activités parallèlement à son écoute et qu’enfin, à tord ou à raison, elle

apparaît plus libre, plus directe et plus spontanée que le média télévision ».

50 http://www.cnpress-zongo.net/ 51 Olivia Marsaud, interview de Jean-paul Cluzel, Internet ne remplacera pas la radio, www.afrik.com, 31 janvier 2001 52 BARRAT Jacques, Géographie économique des médias, éditions LITEC, 1992

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Revenant plus spécifiquement sur l’adaptation du média au continent africain, il

ajoute « la radio, média roi, a encore de belles perspectives devant elle. D’abord

parce que la télévision, lorsqu’elle existe, est souvent très coûteuse et encore

réservée à une minorité de privilégiés ou à une élite. Enfin et surtout parce que les

possibilités de décentralisation de la radio lui permettent de toucher des publics très

spécifiques dans des langues régionales ou locales ».

c) Un média de culture « orale »

Le malien Amadou Hampaté Bah, ancien membre du conseil exécutif de l’UNESCO,

avait coutume de dire qu’en "Afrique, un vieillard qui meurt est comme une

bibliothèque qui brûle". Cette phrase reflète l’importance considérable de l’oralité en

Afrique. Cette dernière réside dans le fait que presque tout le patrimoine culturel

africain est mémorisé sous la forme orale. Traditions, secrets, contes, histoires, toute

la culture africaine circule par ce biais depuis plusieurs milliers d’années.

Dans la tradition africaine, la parole, cadeau des dieux, est sacrée et possède une

force magique. Le griot est le personnage clé de la diffusion de la culture par la

parole et par le chant. Le mot " griot " vient d'une incompréhension des

Occidentaux. Les colons ont comparé le griot malien au crieur public portugais, le

criado. Puis ils ont francisé criado en griot.

Bakary Soumano, chef des griots de Bamako, déclarait récemment que « le bon

griot est le gardien des traditions, le garant des coutumes, le dépositaire de la

mémoire collective, un rempart contre toute forme d'acculturation ». Grâce à l'action

des griots, qui profitent de tous les grands rassemblements (mariages, baptêmes,

enterrements…) pour ranimer la mémoire des ancêtres, les africains sont imprégnés

de cette culture. Tous les enfant connaissent l'histoire de leur famille, de leurs

ancêtres et la signification de leur nom. Les burkinabé s'adonnent également aux

« parentés à plaisanterie » qui lient des clans, ethnies, contrées, corps de métier

différents. C'est d'ailleurs cet humour au service de la paix sociale qui a contribué à

préserver le Burkina des guerres claniques ou ethniques53.

53 Le Mali des talents, guide touristique et culturel. Cauris Editions, 2002

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

La radio possède donc un avantage indéniable puisqu’elle associe un récepteur

transportable et peu onéreux (le transistor) à une culture orale totalement en

adéquation avec la tradition africaine. Il n’est pas surprenant dans ces conditions que

la radio soit fréquemment qualifiée de « média roi » en Afrique et que son succès soit

effectivement indéniable.

La tradition orale serait selon certain de plus en plus fréquemment complétée par

l’écrit ; ainsi Sophia Gazza nuance la prépondérance de l’oralité en affirmant dans

son ouvrage Les habitudes de lecture en Afrique subsaharienne et les

apprentissages traditionnels54 que la lecture apparaît de plus en plus comme une

nouvelle forme de divertissement directement lié au développement de la scolarité.

Elle se pratique collectivement, lors de veillées ou avec la communauté locale au

cours de séances de lecture publique. Le temps de la culture orale contre la culture

écrite semble dépassé même si, en Afrique, le savoir ne passe pas exclusivement

par l'écrit.

Après avoir examiné les atouts importants présentés par la radio en Afrique,

observons maintenant la relation de l’Afrique à l’écrit et au virtuel. Cela nous

permettra de mieux saisir les difficultés auxquelles se heurtent l’internet sur le

continent noir.

22.. LLaa ccuullttuurree ddee ll’’ééccrriitt eett dduu vviirrttuueell eett ll’’AAffrriiqquuee

a) Les difficultés des journaux africains face à la faiblesse de

l’alphabétisation

(1) Un analphabétisme handicapant

La situation de la presse dans le monde est évidemment intimement liée à celle de

l’alphabétisation. La presse en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier,

est en ce sens, fortement handicapée.

54 Sophia Gazza, Les habitudes de lecture en Afrique subsaharienne et les apprentissages traditionnels, collection : Perspectives sur le développement du livre africain n° 4. Groupe de travail de l'ADEA sur les livres et le matériel éducatif, 1997

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Effectivement, le continent noir est particulièrement touché par l’analphabétisme. Le

rapport mondial sur le développement humain 2002, montre un taux

d’analphabétisme certes en diminution, mais encore très important. Ainsi, un chapitre

consacré aux disparités mondiales en termes d’alphabétisation, montre un taux

d’alphabétisation des adultes en Afrique subsaharienne, de l’ordre de 60%. La

progression est importante par rapport à 1990 puisque le taux moyen était à cette

période de 50%.

Mais l’examen plus précis de la situation du Burkina Faso montre un taux

d’alphabétisation des adultes de 23.9%, ce taux très faible est particulièrement

bloquant pour le développement de la presse dans ce pays. Avec des tirages

maximum de l’ordre de 5000 exemplaires, la rentabilité de la presse au Burkina est

difficile à assurer.

(2) La presse quotidienne

L’étude du nombre de quotidiens publiés dans le monde ne montre pas de fossé

apparent entre le Nord et le Sud. C’est en rapportant le nombre de titres de presse

au nombre d’habitants qu’apparaît le profond déséquilibre entre le Nord et le Sud.

Ainsi, Jacques Barrat montre dans Géographie économique des médias55, que pour

1000 habitants, 337 quotidiens paraissaient au Nord en 1988 contre 43 seulement

dans les PVD.

L’examen de la situation de l’Afrique noire est plus calamiteux encore : avec 17 titres

pour 1000 habitants en 1988, l’Afrique noire se place au dernier rang des zones

géographiques définies par l’auteur pour son étude. Le continent noir n’éditait ainsi

que 1,9% des quotidiens parus dans le monde. La situation rapportée au tirage des

quotidiens aggravait le constat puisque l’Afrique noire ne représentait que 1,2% du

tirage mondial des quotidiens.

55 BARRAT Jacques, Géographie économique des médias, éditions LITEC, 1992

Emmanuel Lacroix Page 108

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Ainsi le tirage moyen d’un quotidien africain pour 1000 habitants était d’environ 10

exemplaires, ceci contre approximativement 310 exemplaires pour les quotidiens

européens.

(3) La presse périodique

L’examen de la situation de la presse périodique en 1988, montre un retard important

des pays du Sud. L’Afrique notamment disposait de peu de titres dont le tirage

étaient par ailleurs très faible en comparaison des tirages de leurs équivalents dans

les pays développés.

b) L’internet, un média qui nécessite la maîtrise de l’écrit,

l’appropriation technologique et qui rompt la relation de

communauté physique

L’internet est un média qui présente de nombreux inconvénients, il semble au

premier abord très peu adapté à un contexte africain :

- Nécessité d’investissement en matériels (un ordinateur, un onduleur)

- Nécessité de disposer d’infrastructures (électricité, branchement téléphonique

à peu près stable)

- Nécessité de posséder des compétences (maîtriser la technique, savoir lire et

écrire)

Ces nombreux inconvénients semblent proscrire son utilisation en Afrique.

Cependant, force est de constater qu’une adaptation de l’outil au contexte africain

est possible. En effet, les usages collectifs ont permis de régler les questions de

coûts et d’infrastructures. La question de l’analphabétisation pourrait également être

réglée progressivement par le développement de contenus de plus en plus

« multimédias » et s’appuyant sur le son et l’image plus que sur l’écrit.

Le concept de l’auto-formation rendu possible par ce type de contenu est

fréquemment évoqué comme une perspective intéressante du développement des

NTIC en Afrique.

Emmanuel Lacroix Page 109

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Reste un problème majeur : celui de la relation individuelle à la machine. Elle

s’oppose à la relation orale et communautaire répandue en Afrique. Mais la culture

orale et communautaire peut être perçue comme complémentaire à la technique. Le

concept de médiateurs, dont le succès est avéré en France comme au Sénégal,

démontre que l’utilisation directe de la machine n’est pas obligatoire. La diffusion de

l’information est nécessaire et l’internet la révolutionne, mais une relation indirecte à

ce nouveau média est envisageable et semble adaptée au contexte africain,

notamment rural.

Cela conduit Jean-Michel Cornu, le directeur scientifique de la Fondation Internet

Nouvelle Génération à déclarer56 : « L'Internet est très adapté à l'Afrique. Non pas

pour toucher tout le monde, mais pour que tout le monde soit touché ».

Enfin, le mariage de l’oralité et du virtuel est possible ; Joachim Tankoano et

Mahamoudou Ouédraogo57 suggèrent par exemple le développement « de pages

web formées essentiellement de contes pour enfants ». Ces deux responsables de la

communication numérique au Burkina, soulignent que par « ce canal, les populations

locales et les franges concernées pourraient retrouver leur compte au niveau de leur

préoccupation à s’ouvrir aux valeurs universelles tout en restant bien enracinées

culturellement ».

Le projet cyber-griot procède de cette logique. Egalement intitulé « sous l’arbre à

palabres », ce site lancé en collaboration avec les institutions francophones, permet

la consultation en ligne, de contes et de légendes burkinabé.

56 Olivia Marsaud, entretien avec Jean Michel Cornu, Internet un outil africain, www.afrik.com 57 OUEDRAOGO Mahamoudou, TANKOANO Joachim, Internet au Burkina Faso : réalités et utopies, éditions l’Harmattan, 2001

Emmanuel Lacroix Page 110

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cet aperçu de la relation entre culture orale et appropriation des outils du virtuel,

nous a éclairé sur les difficultés auxquelles se heurte le développement de l’internet

sur le continent africain. L’examen des incidences socio-culturelles du

développement des technologies de l’information va maintenant nous permettre

d’apercevoir les risques d’acculturation présentés par l’apparition des nouveaux

outils de communication et des contraintes liées à leur coût, à leur pratique

individuelle ou à la nature de leur support dans une société pauvre et à forte tradition

sociale et orale. Nous nous attarderons notamment sur une étude réalisée sur

l’introduction du téléphone chez les Sanan au Burkina Faso.

Emmanuel Lacroix Page 111

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

B. Les incidences socio-culturelles des nouveaux moyens de communication

Examinons tout d’abord la situation et les causes de l’acculturation. Commençons

notamment par décrire le court-circuit qui découle de l’avènement de la société de

l’information et de la globalisation. Nous observerons ensuite les effets des

mondialisations et de la globalisation sur les cultures africaines.

11.. UUnnee aaccccuullttuurraattiioonn pprrooggrreessssiivvee

a) Le court-circuit

Philippe Quéau intervenant au Congrés de Locarno en avril 1997, évoquait les

importantes modifications de nos sociétés engendrées par l’avènement de la société

de l’information. Il présentait notamment le phénomène du court-circuit qu’il

définissait comme la mise en contact immédiate de points du globe auparavant

séparés par des distances géographiques considérables et désormais réduites à

presque rien.

Ce phénomène se traduit selon lui de trois manières :

- La glocalisation, contraction du local et du global, court circuit géographique

et territorial du fait des mondialisations des marchés, des capitaux, des

informations. Mais également liée à la mondialisation de la pollution ou encore

de la déculturation.

- La désintermédiation qui se traduit par l’éviction des intermédiaires de toutes

sortes, rendus inutiles par les nouvelles technologies de distribution de biens

ou de services immatériels. Une perte de pouvoir de taxation de ces flux

immatériels par les Etats-nations en résulte.

- La dérégulation, qui reflète la démission de la politique régulatrice devant les

lois du marché.

Ces courts-circuits méritent qu’on s’y attarde et qu’on en observe les conséquences

sur les cultures locales. Quand la France possède le poids politique et les moyens

Emmanuel Lacroix Page 112

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

financiers pour tenter d’introduire l’idée d’une exception culturelle face à la « machine

culturelle » anglo-saxonne, les pays les moins avancés ne peuvent que consommer

les produits issus d’une industrie culturelle que Jacques Barrat qualifie d’

« accessoire du commerce pour une idéologie libérale mondialiste et nivelante »58.

b) Les mondialisations et leurs effets

Plusieurs mondialisations créent la glocalisation selon Philippe Quéau. Attardons

nous sur certaines d’entre elles.

(1) Mondialisation de la production : l’exemple de l‘impact culturel de l’application des normes ISO au Maroc

L’étude menée par Noureddine EL AOUFI et Michel HOLLARD sur L’impact des

normes d’entreprises sur l’organisation de l’industrie marocaine59 montre que les

retentissements culturels des normes industrielles sont réels.

L’étude de l’application des normes ISO 9000 qui reposent sur des procédures

écrites visant à rendre compréhensible et lisible le mode de fonctionnement qualité

de l’entreprise, font conclure aux auteurs qu’elles « marquent, ce faisant, la fin d’une

culture orale par formalisation et systématisation de tous les savoir-faire formels et

informels ».

(2) Mondialisation de l’information et des contenus des programmes : impact culturel du mimétisme des journalistes africains

Jacques Barrat souligne dans Géographie économique des médias60, la rareté avec

laquelle les journalistes africains utilisent les services de l’Agence Panafricaine

d’Information. Le recours systématique de ces derniers aux services de l’Agence

58 Jacques Barrat, La francophonie et les autoroutes de l’information, dialogues, avril 1996 59 Noureddine El Aoufi et Michel Hollard, Impact des normes d’entreprises sur l’organisation de l’industrie marocaine, http://www.ambafrance-ma.org 60 BARRAT Jacques, Géographie économique des médias, éditions LITEC, 1992

Emmanuel Lacroix Page 113

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

France Presse ou de Reuter leur donne selon lui une part de responsabilité dans le

niveau d’acculturation actuel de l’Afrique.

(3) Mondialisation des cultures : impact des industries culturelles et des nouveaux appareils de communication

André Nyamba, évoque dans La parole du téléphone61, l’impact considérable sur le

mode de vie africain de la mondialisation culturelle. Il affirme que l’image « d’une

communauté villageoise chaleureuse » relève aujourd’hui d’une méconnaissance de

« l’Afrique des villages ». Cette fausse représentation, selon lui encouragée par les

partisans d’un développement local, ne signifie rien à l’heure où on rencontre dans

les villages du Burkina Faso, des jeunes, baladeurs sur les oreilles, écoutant une

musique moderne inconnue des anciens.

Les traditions de solidarité se sont selon lui éloignées et ne correspondent plus qu’à

un souvenir. Les premiers émissaires de cette globalisation sont selon lui « les

nouveaux appareils autonomes de communication individuelle ».

c) La disparition progressive des médias traditionnels

Jaques Barrat remarque dans Géographie économique des médias, que depuis le

début des années quatre-vingt-dix, les médias modernes comme la radio et la

télévision grignotent peu à peu les derniers domaines dans lesquels régnaient

encore les médias traditionnels. Il constate par exemple qu’au début des années 90,

le nombre de transistors chez les Beti du Cameroun était supérieur au nombre de

tam-tam ou de mvet, moyens de communication traditionnels.

Jacques Barrat signale que les médias modernes sont beaucoup plus rapides pour

propager les informations « du temps réel » comme par exemple les résultats de

matchs de football. La forme spectaculaire que prend l’information avec les médias

61 André Nyamba, La parole du téléphone, significations sociales et individuelles du téléphone chez les Sanan du Burkina Faso, sous la coordination d’Annie Chéneau-Loquay, Enjeux des technologies de la communication en Afrique, éditions Karthala, 2000

Emmanuel Lacroix Page 114

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

modernes ne laisse pas la place aux systèmes traditionnels vieux de plusieurs

millénaires.

Les médias traditionnels n’ont cependant pas encore tout à fait disparu car

l’information par le biais des médias modernes restent l’apanage d’une certaine élite

qui sert d’intermédiaire entre les médias audiovisuels et le reste de la population.

L’information transite ensuite au sein des villages par le biais des médias

traditionnels ou de l’expression orale. Une certaine complémentarité est donc

apparue entre anciens et nouveaux médias. Jacques Barrat prédit cependant une fin

prochaine de cette complémentarité qui ne survivra pas au développement des

nouvelles formes de communication.

Attardons nous maintenant sur le cas de l’arrivée du téléphone chez les Sanan au

Burkina Faso. Cet exemple nous permettra d’illustrer les importantes incidences

socioculturelles des technologies de la communication et de leurs contraintes.

22.. LLeess iinncciiddeenncceess ssoocciiooccuullttuurreelllleess ddeess TTIICC :: llee ccaass ddee ll’’aarrrriivvééee dduu

ttéélléépphhoonnee cchheezz lleess SSaannaann

Les statistiques habituellement mises en avant d’une ligne pour 200 habitants

tiennent compte de tous les espaces confondus, or la télédensité urbaine est

beaucoup plus importante que celle des zones rurales.

Au Burkina Faso, l’accès des zones rurales au téléphone est très limité, on trouvait

en 1999, moins d’une ligne pour 2000 habitants.

« L’Afrique des villages » est souvent absente des débats sur les

télécommunications, or l’implantation des technologies de l’information et de la

communication n’est pas neutre et entraîne de nombreuses perturbations dans

l’organisation sociale des communauté rurales. L’étude menée par André Nyamba

est en ce sens instructive.

Emmanuel Lacroix Page 115

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

a) Les significations sociales du téléphone chez les Sanan du

Burkina Faso

(1) Origine des Sanan et description de leurs systèmes de communication et de leur organisation sociale avant la venue du téléphone

(a) Organisation sociale

La parole a une grande importance chez les Sanan du fait de leur organisation

sociale et de leur histoire.

Les Sanans se sont sédentarisés dans le nord ouest du Burkina Faso en se

constituant sous la forme de communautés villageoises comprenant chacune entre

500 et 3000 habitants. Les villages sont découpés par quartiers plus ou moins

autonomes et plusieurs corps de métiers spécialisés comme les griots ou les

forgerons se distinguent.

Leur structure sociale est patrilocale : la place du père de famille est prépondérante.

Ils ne possèdent pas la forte hiérarchie qu’on peut observer chez leurs voisins Mossi.

Ils croient en Lawa, le Dieu de la pluie. Pour eux Lawa a une connotation de pluie

bienfaisante annonciatrice de bonnes récoltes et donc de paix sociale. Actuellement,

Islam et Christianisme, religions importées, prennent de l’ampleur, au point que

Jésus et Allah sont fréquemment invoqués lors des salutations.

(b) Système éducatif et système de reproduction sociale

Le chef de la concession et le chef de terre possèdent tous deux une autorité morale.

Leur parole a valeur de commandement. Ils pratiquent la polygamie et les familles

sont grandes. Les enfants ont de plus une grande importance, ils entretiennent une

Emmanuel Lacroix Page 116

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

relation très étroite avec leur famille au sein de laquelle ils reçoivent leur première

éducation avant de devenir les enfants de la communauté.

« L’école des blancs » a introduit de nombreux changements dans leur système

éducatif, elle a notamment conduit à une plus forte individualisation au détriment du

groupe social et de son système d’organisation familiale.

Tous les Sanan sont des cultivateurs, mais certains commerçants commencent à

apparaître. Le téléphone présente d’ailleurs certains avantages pour l’exercice de ce

nouveau métier. Enfin, les Sanan possèdent quasiment tous dans leur famille un

individu qui « fait un travail de blanc », c’est à dire un salarié. L’impact de ces

personnes qui ont quitté le village pour la ville ou même l’étranger est important dans

leur rapport au téléphone.

(2) L’impact du téléphone

(a) L’organisation sociale et la venue du téléphone

L’étude menée par André Nyamba a montré que la venue du téléphone faisait

apparaître des questions et des problèmes identiques dans l’ensemble des villages

sur lesquels portaient l’enquête. Ces questions étaient par ordre d’importance, les

suivantes :

- La désignation du responsable de la cabine téléphonique

- Le choix de l’emplacement de la cabine

- Les heures d’utilisation du téléphone

(i) La désignation du responsable

Le consensus qui émergeait pour la désignation du responsable se portait dans la

plupart des cas sur des personnes qui avaient fait l’école et qui avait donc, en

quittant le village, expérimenté l’extérieur de leur milieu. Ils avaient en ce sens

quelque chose « d’étranger » qui leur donnait une similitude avec le téléphone.

Emmanuel Lacroix Page 117

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Au delà de cette méfiance vis à vis du téléphone, une certaine compétition avait lieu

pour la gestion de la cabine, source de prestige. Le responsable serait en effet le

point de contact avec l’extérieur disposant de la primeur de l’information. Cette

médiation avec un extérieur menaçant dans un contexte de mondialisation et de

mutations sociales ne pouvait être assuré que par une personne choisie

raisonnablement en fonction de « l’idée que les Sanan se font d’eux-mêmes et de

l’étranger ».

(ii) Le choix de l’emplacement

Le choix de l’emplacement de la cabine, provoqua une compétition beaucoup plus

vigoureuse. Nous avons vu que les quartiers disposent d’une autonomie importante

dans les villages et l’identification des individus à leur quartier est forte. La présence

de cette « chose de Blanc » dans le quartier était donc source de prestige.

L’emplacement de la cabine donna lieu à des palabres qui ne tenaient plus du tout

compte des impératifs techniques qui étaient pourtant admis et compris. L’impératif

social primait sur les questions techniques : l’emplacement de la cabine était un

enjeu de pouvoir. Le consensus fut finalement trouvé pour des lieux à caractère

neutre afin de ne pas créer de jalousies.

(iii) Les horaires d’utilisation

Enfin, concernant les heures d’utilisation, les esprits s’accordèrent rapidement à

constater qu’il était impossible de prévoir les heures d’appel et qu’il ne fallait pas

restreindre outre mesure les horaires « d’ouverture » de la cabine. Des cas

d’urgences furent notamment évoqués comme les décès et les maladies « qui ne

préviennent pas ».

L’arrivée du téléphone entraîne donc une plus grande conscience du temps.

Effectivement il sera dès lors nécessaire d’être présent à l’heure exacte pour un

appel extérieur, il sera également nécessaire de savoir à quelle heure appeler

quelqu’un pour être certain de le trouver.

Emmanuel Lacroix Page 118

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le téléphone va ainsi accélérer le rythme des relations sociales et donner aux Sanan

une conscience aiguë du temps. Les populations confrontées à son introduction

étaient conscientes de ces perturbations probables de leur organisation.

(b) Les relations sociales et l’utilisation du téléphone

L’enquête montre que la majorité des Sanan pensaient, a priori, utiliser le téléphone.

Les cas les plus évoqués concernaient l’entretien de relations avec l’extérieur, la

gestion de rapports de parenté, ou le développement des échanges économiques.

La venue du téléphone était souhaitée par 97% des Sanan en milieu rural. Ce taux

reflète une demande forte de contact avec l’extérieur. Elle s’explique par

l’enclavement des zones rurales et le coûts des déplacements.

Si 76% des personnes interrogées savaient ce qu’était le téléphone, nombreux sont

ceux parmi eux qui définissaient son utilisation comme « parler dans le fil de la

corde », allusion au fil téléphonique tendu entre les poteaux le long des routes.

b) Impact du téléphone sur la parole

(1) Le rôle de la parole chez les Sanan

La parole est un élément primordial dans l’organisation sociale chez les Sanan. Elle

est au centre de leur éducation, les veillées de conte sont l’occasion de son

apprentissage. Ce savoir dire précède chez eux le savoir faire, lui même préalable

au savoir être. La parole représente donc le pilier de tout un système.

La confrontation de ce rôle déterminant qu’à la parole à l’outil de communication

qu’est le téléphone, qui impose une durée limitée de parole, ne peut donc avoir lieu

sans incidences.

(2) Les salutations et le téléphone

Emmanuel Lacroix Page 119

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les salutation représentent un rituel important de la vie familiale dans de

nombreuses ethnies. Elles « constituent un indicateur de l’identité individuelle et de

l’appartenance à un lignage ».

Le matin, le villageois va « saluer l’aîné de la famille, s’enquérir de sa santé, savoir

s’il a passé une bonne nuit ; il s’agit de longues litanies répétitives dons l’objectif de

toute évidence n’est pas prioritairement d’ordre informationnelle ; l’objectif est

d’entretenir les bonnes relations familiales avec ses longues litanies des

bénédictions et des souhaits ; le rituel s’étend également jusqu’aux belles-familles à

côté de la concession ou dans d’autres quartiers du village ».

Le symbole de ces relations réside dans l’expression préalable aux salutations qui

consiste à dire « salut à toi… ça fait deux jours ». Cette métaphore souligne que le

temps a paru long depuis la dernière rencontre afin de bien signifier à l’autre qu’il

nous a manqué, deux journées représentant la limite tolérable entre deux rencontres

au sein de la famille.

André Nyamba s’interrogeait en 1999 : les salutations allaient elles disparaître au

téléphone ? Quelles en seraient les incidences en terme d’organisation sociale ?

Un premier élément de réponse peut dores et déjà être précisé : l’arrivée du

téléphone mobile dans les principales villes du Burkina Faso a fait pratiquement

disparaître les salutations des relations sociales s’effectuant par ce nouveau moyen

de télécommunication.

c) A terme, quelles incidences du téléphone sur les

comportements collectifs et individuels des Sanan ?

Sur le plan individuel, il semblerait que le téléphone ait introduit une nouvelle notion

qui pèsera sur le positionnement par rapport à la famille et à l’espace villageois : le

devoir d’informer et d’être informé.

André Nyamba précise ainsi :

Emmanuel Lacroix Page 120

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

« Par ailleurs, le téléphone exercera sur l’individu une pression pour

reconsidérer désormais sa représentation du monde extérieur ; par exemple il

ne se lancera plus dans une émigration sans une information au préalable ».

Sur le pan collectif, la conscience du temps sera plus forte, elle « accélèrera les

relations à la famille, au lignage » ; paradoxalement cette accélération

« s’accompagnera de la restriction formelle de leur expression, en terme de durée

essentiellement ; sans pour autant savoir si ce sera en bien ou en mal ; et les

réflexions du genre « pourquoi tu ne m’as pas appelé ? » deviendront à la fois

nouvelles et courantes dans le groupe, car il existera toujours le désir d’entretien de

ces relations ; or avant la question ne se serait même pas posée ».

Enfin, l’ouverture du village au monde à travers l’introduction de l’information

modifiera certainement les « habitudes et les pratiques en matière de production

économique et de reproduction sociale ».

Cet aperçu des incidences socioculturelles de l’introduction du téléphone chez les

Sanan permet de mesurer l’étendu du fossé qui sépare les grandes villes des pays

riches, des villages enclavés des pays du Sud. Il permet également d’apercevoir

l’impact socioculturel de l’introduction des techniques de l’information et de la

communication dans ces espaces ruraux et les phénomènes d’acculturation qui

pourraient en découler.

Ce préalable nous conduit à observer les profondes modifications induites par

l’avènement de la société de l’information, nous examinerons ensuite la situation de

l’Afrique Francophone dans cette société et sur les enjeux représentés par le

développement des NTIC. Auparavant, nous examinerons les inégalités entre Nord

et Sud dans l’accès à l’information.

Emmanuel Lacroix Page 121

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

C. Enjeux de l’internet et place de l’Afrique Francophone dans la société de l’information

Une présentation de l’histoire récente de l’information et du lien qui rattache cette

dernière au développement nous permettra de mieux appréhender par la suite les

enjeux qui accompagnent le développement de l’internet dans le monde et l’Afrique

Francophone en particulier. Nous étudierons le lien entre cette situation et le sous-

développement ainsi que les luttes idéologiques qui entourent la perception de cette

relation entre information et développement. Nous verrons également que les

disparités Sud-Sud face à l’information sont également très marquées.

11.. LLeess iinnééggaalliittééss ffaaccee àà ll’’iinnffoorrmmaattiioonn

a) Les disparités Nord-Sud face à l’information

(1) La perception du déséquilibre d’information entre Nord et Sud

(a) La théorie de l’exploitation et la montée d’une contestation

(i) La théorie de l’exploitation néo-

impérialiste

Francis Balle dans Médias et Sociétés62, décrit les théories de l’exploitation néo-

impérialiste qui soutinrent ensuite le contenu du rapport Mac Bride, point d’orgue de

la revendication pour un nouvel ordre mondial de l’information.

En 1913, Rosa Luxembourg défendait dans l’Accumulation du capital, la thèse selon

laquelle le capitalisme devait, pour survivre, exploiter d’autres sociétés, non

capitalistes.

62 Francis Balle, Médias et Sociétés, 10ième édition, Montchrestien, pages 615 à 628, 2001

Emmanuel Lacroix Page 122

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cette idée fut reprise dans les années 60 par des auteurs américains suivis par des

français, dont Samir Amin et Arghiri Emmanuel qui développèrent le thème de

l’échange inégal.

L’ouvrage publié en 1974 par Pierre Jolée, intitulé Le pillage du tiers-monde,

souligne que la situation des échanges entre le Nord et le Sud n’a cessé de se

détériorer au détriment du tiers-monde au cours des années cinquante et soixante.

Le caractère inégal de ces relations garantissait selon lui la prospérité du Nord

capitaliste au dépend d’un sous-développement croissant du Sud.

Armand Mattelard suggère également en 1976, dans Multinationales et systèmes de

communication, que les multinationales, au service de l’Etat américain, sont les

piliers d’une exploitation capitaliste mondiale. L’impérialisme culturel qui s’exprime

par de nombreux investissements dans les médias et les activités culturelles

permettant par ailleurs de diffuser des modèles de consommation capitaliste

renforçant cette exploitation.

(ii) 1973-1976 : montée de la contestation

(a) Septembre 1973 : la IVième conférence

des non-alignés à Alger

En 1973, la quatrième conférence des pays non alignés donne lieu aux premières

déclarations dénonçant le déséquilibre de l’information. La déclaration finale de la

conférence souligne la nécessité de réorganiser une information dont les instruments

ont été, pour la plupart, légués par les anciens colonisateurs.

La nécessité d’une « appropriation collective des satellites de communication ainsi

que de l’élaboration d’un code de conduite international pour leur utilisation » est

également évoquée. « La prise en main de l’information par les pays du tiers-

monde » est le mot d’ordre pour mettre fin à l’aliénation culturelle du Sud par le Nord.

Globalement, les questions de l’information ne représentent cependant qu’un des

aspects de la conférence d’Alger qui est consacrée aux questions posées plus

généralement par le nouvel ordre économique mondial.

Emmanuel Lacroix Page 123

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) 1975 : décision commune

En janvier 1975, l’ensemble des ministres des Affaires étrangères des pays non

alignés prend la décision de créer un pool commun des agences de presse.

(c) Mars 1976 : symposium de Tunis

Cette décision est suivie par le symposium de Tunis qui donne lieu à la mise en

accusation extrêmement explicite des agences de presse internationales : « Les

pays non-alignés souffrent de la mainmise sur les moyens de communication de

masse par les pays développés qui ont le monopole de la plupart des moyens de

communication dans le monde, et par le canal duquel sont diffusées la plupart des

nouvelles et sont signalées les diverses activités dans les pays non alignés ».

(b) Evolution du début des années 70 jusqu’à 1985

(i) La conférence de l’UNESCO de 1976 et

la revendication pour un « nouvel ordre

mondial de l’information »

En novembre 1976, la conférence générale de l’UNESCO réunie à Nairobi, donne

lieu à l’expression publique de la montée de la contestation engagée dans les pays

non alignés depuis quelques années. La conférence ouvre ainsi la voie à une

spectaculaire fronde des pays du Sud en faveur d’un rééquilibrage de l’information.

(a) La triple accusation du Sud contre le

Nord

(i) Les pays du Nord passent le Sud sous silence

Le Sud estimait que les moyens d’information des pays du Nord ne consacraient

qu’une place minimale voire nulle aux évènements des pays du Sud. L’exemple de

l’accession du Surinam à l’indépendance en novembre 1975, a pris en ce sens, une

valeur de symbole. L’événement n’a occupé que quelques lignes (3% de

l’information consacrée à l’étranger) dans les principaux journaux du continent sud-

Emmanuel Lacroix Page 124

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

américain alors que le pays concerné est plus vaste que l’Angleterre. 70% de

l’information publiée sur l’étranger par ces mêmes journaux était dans le même

temps consacrée aux pays industrialisés.

(ii) L’information est tronquée ou déformée

Les pays du Sud estimaient que les agences de presses internationales, toutes

occidentales, offraient une image du Sud conforme à leurs intérêts. Nous avons vu

que l’accession du Surinam à l’indépendance avait occupé 3% de l’information

étrangère publiée dans les journaux d’Amérique latine. La totalité de cette

information venait des agences de presse des pays occidentaux.

De même, 80% de l’information consacrée aux pays industrialisés provenait

également de ces agences de presse.

Les pays du Sud affirmaient donc que la presse du monde entier donnait une image

fausse du tiers monde. Cette image étant par ailleurs négative puisque les agences

de presse ne s’intéressent au pays du Sud qu’en cas d’évènements dramatiques,

coups d’Etat, cyclones ou autres catastrophes. A l’image de Madame Indira Gandhi,

Premier Ministre de l’Inde, le Sud plaidait « nous voulons entendre ce que disent les

africains sur les évènements en Afrique et donner l’explication indienne des

évènements de l’Inde ».

(iii) Les pays du Nord font preuve d’un impérialisme culturel et colonisent les esprits

La libre circulation de l’information entre le Nord et le Sud et l’invasion du Sud par les

médias et les films des pays riches qui en résulte, donnaient lieu, selon les pays

pauvres à une colonisation des esprits. Cette propagande culturelle aurait pour objet

de pérenniser la situation de domination mise en place à la colonisation.

(b) La revendication d’un nouvel ordre

mondial de l’information (NOMIC)

Emmanuel Lacroix Page 125

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cette triple accusation contre les agences de presse internationale, s’accompagne

de la volonté d’un Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication

(NOMIC), idée fortement soutenue par l’Union Soviétique. A l’enjeu d’un

rééquilibrage venait s’ajouter, selon Jacques Barrat, les enjeux géopolitiques d’une

lutte idéologique entre communisme et capitalisme. Le déséquilibre était bien réel,

mais le cœur de la bataille se trouvait dans l’établissement d’un lien entre domination

culturelle et économique. L’examen de la question fut finalement reportée à la

conférence suivante.

(ii) La commission Mac Bride

La résolution adoptée par la 19ième conférence générale de l’UNESCO conduisit son

Directeur Général, a créer en 1977, une commission internationale d’étude sur la

situation et les perspectives d’évolution de la communication dans le monde. La

direction de cette commission fut confiée à Sean Mac Bride, prix Nobel et prix

Lénine, fondateur d’Amnisty International. Elle donna lieu selon Jacques Barrat à « la

plus grande consultation internationale jamais entreprise dans le domaine des

médias ».

Les résultats des travaux arrivèrent en février 1980 sous la forme d’un rapport intitulé

« Voix multiples, un seul monde ».

Le rapport était articulé autour de cinq thèmes portant sur :

- Communication et société

- Communication aujourd’hui

- Déséquilibre, distorsion et démocratisation

- Cadre institutionnel et professionnel

- La communication demain

De l’ensemble du rapport ressort l’affirmation de la domination du Nord sur le Sud et

la responsabilité des pays capitalistes occidentaux et des Etats-Unis en particulier

dans cette situation.

Emmanuel Lacroix Page 126

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Selon Francis Balle, l’assemblée générale de l’UNESCO, réunie à Belgrade en

octobre 1980 n’a pas approuvé le rapport Mac Bride et s’est contentée de prendre

acte de sa remise. Il ajoute « qu’au delà des arrières pensées idéologiques, le

rapport Mac Bride a néanmoins ouvert la voie au pragmatisme ».

(iii) La conférence intergouvernementale sur

les politiques de la communication en

Afrique

La Conférence intergouvernementale sur les politiques de la communication en

Afrique s’est tenue du 22 au 31 juillet 1980 à Yaoundé. Elle fut l’occasion de

souligner que le déséquilibre dans la circulation des informations à destination ou à

provenance de l’Afrique trouvait ses origines dans l’histoire de la colonisation.

(c) L’après Mac Bride

(i) Le Programme International pour le

Développement de la Communication

(PIDC)

La conférence de Yaoundé et les remous provoqués par le rapport Mac Bride

provoquèrent, sur proposition américaine, les premières réflexions qui conduirent à la

création du PIDC lors de la 21ème session de la Conférence générale réunie à

Belgrade.

Les objectifs de ce programme étaient « d’accroître la coopération et l’aide en faveur

du développement des infrastructures de la communication et réduire l’écart entre les

divers pays dans le domaine de la communication ».

L’examen du bilan du programme entre 1981 à 1991, montre le lancement en Afrique

de près de 100 projets pour une somme de 22 millions de dollars.

Emmanuel Lacroix Page 127

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(ii) La fin du NOMIC

La fin des années 80 marquèrent l’enterrement progressif du NOMIC autant au sein

des pays du tiers-monde que lors des rencontres de l’UNESCO. Les origines de ce

reflux sont multiples : le départ des Etats-Unis qui quittèrent l’organisation en 1985,

la détente des relations est-ouest avec l’arrivée au pouvoir de Mickael Gorbatchev en

URSS. L’arrivée de Frederiko Mayor à la tête de l’UNESCO en 1987 marqua

l’enterrement définitif du NOMIC.

(iii) Des conceptions multiples

Ces débats ont donné lieu par la suite à une diversité de conceptions relatives à

l’information. Francis Balle63 distingue trois thèses qui s’expriment dans les pays du

tiers-monde :

- La thèse modérée s’exprime dans des pays qui, tel le Sénégal par la voix de

son ancien président, souhaitent retrouver leur identité culturelle. Ces pays

pensent que les médias peuvent contribuer au développement tout en

respectant la souveraineté nationale.

- La thèse socialiste évoque la nécessité d’une « décolonisation de

l’information » qui doit passer par une nationalisation complète des agences de

presse et des entreprises d’information. Dans cette conception, le journaliste

est un militant de l’information au service de sa patrie.

- La thèse libérale n’est pas le fait de gouvernements mais d’individus

protestataires ou dissidents. Elle dénonce d’une part l’hégémonie culturelle du

Nord et le contrôle de l’information par les Etats dans les pays du Sud. Le

plaidoyer de deux journalistes tunisiens , Fethi Houidi et Ridha Najar, pour un

nouvel ordre « national » de l’information, s’inscrit dans cette logique.

Du côté des pays occidentaux s’expriment des hésitations entre reconnaissance de

la légitimité des revendications des pays pauvres et dénonciation de l’hypocrisie qui

consistent à présenter la « domestication de l’information comme une

démocratisation ou une libération par rapport aux puissances étrangères ».

63 Francis Balle, Médias et Sociétés, 10ième édition Montchrestien, 2001

Emmanuel Lacroix Page 128

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(2) Un déséquilibre global réel

Jacques Barrat montre dans Géographie économique des médias64, que le

déséquilibre d’information entre le nord et le sud s’exprime tout d’abord par une

répartition inégale des infrastructures nécessaires à la production et ensuite par une

nette supériorité du Nord en matière de production.

(a) Une répartition inégale des infrastructures nécessaires à la production d’information et de biens culturels

Les déséquilibres liés aux infrastructures de production sont, d’après Jacques Barrat,

fortement liés aux capacités technologiques des pays et plus encore à leur

puissance financière.

(i) La production de papier culturel

Ainsi, en 1985, l’examen de la production de papier culturel dans le monde montrait

que l’essentiel (85%) était produit dans les pays développés. L’Afrique qui possède

pourtant un immenses potentiel forestier, produisait moins de 1% du papier culturel

consommé dans le monde.

Cette sous-production s’explique selon Jacques Barrat, d’une part par la faiblesse

générale de l’industrie en Afrique et d’autre part par l’ancrage profond de la culture

orale sur ce continent.

(ii) La production de papier journal

Un constat identique pouvait être fait à la même époque concernant le papier journal.

Pour une production des pays en voie de développement inférieure à 7%, l’Afrique

ne parvenait pas à dépasser 1%.

(iii) Les émetteurs radio et TV

En matière d’émetteurs radio et TV, l’Afrique représente une part négligeable de

l’équipement mondial. Avec, depuis 1985, une part d’environ 2% de l’équipement

64 Jacques Barrat, Géographie économique des médias, éditions LITEC, 1992

Emmanuel Lacroix Page 129

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

mondial, l’Afrique n’a pas réussi à maintenir la moyenne de 5% qu’elle avait atteint

entre 1980 et 1984.

Précisons cependant, en matière de radiophonie, que l’Afrique a particulièrement

développé ce média dans les années 80 et 90. Il est probable que le nombre

d’émetteurs radio du continent a augmenté fortement et que les chiffres proposés ne

reflètent plus la réalité. Le manque de temps et les difficultés rencontrées pour réunir

des informations sur les parties les plus essentielles de ce travail, ne nous a pas

permis de réunir des chiffres plus récents sur ce point.

(b) La supériorité du Nord en matière de production d’information et de biens culturels

(i) L’édition

L’Afrique noire éditait en 1986, environ 10 000 titres contre près de 250 000 en

Europe. Ces chiffres correspondaient pour l’Afrique noire à l’édition de 1,2% des

publications parues dans le monde. L’examen du nombre de titres parus par habitant

montrait également un fossé important puisque l’Afrique disposait d’un tirage de 23

titres pour un million d’habitants alors que l’Europe atteignait 578 titres pour un

nombre identique de personnes.

(ii) La presse quotidienne et périodique

Nous avons précédemment fait le constat de la situation difficile de la presse en

Afrique noire. Cette situation reflète un contexte très peu adapté au développement

des médias écrits dans cette zone. Entre analphabétisme, tradition orale et sous-

développement, la priorité des dépenses pour les africains se porte rarement sur la

consommation des produits de presse.

(iii) Le cinéma

Le cinéma représente un média particulièrement choyé dans les pays du Sud. Le

continent asiatique est un très important producteur autant que consommateur.

L’Afrique noire, si elle ne brille pas la quantité de sa production, se distingue

Emmanuel Lacroix Page 130

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

néanmoins par la qualité de ses œuvres et par le dynamisme de ses réalisateurs. Le

Burkina Faso mérite notamment d’être signalé pour son Festival de cinéma africain,

le Fespaco, qui regroupe tous les deux ans la quasi-totalité des cinéastes du

continent ainsi que de nombreux producteurs des pays développés.

Des cinéastes tels que Idrissa Ouédraogo ou Gaston Kaboré assurent également au

cinéma burkinabé une renommée internationale qui n’a pas d’égale en Afrique.

(iv) La radio et la télévision

Dans le domaine de la production de contenu pour la radio et la télévision, les pays

développés sont, à l’exception du Brésil et du Mexique, les seuls à pouvoir faire face

aux importantes dépenses nécessaires à leur avènement. L’Afrique est une fois

encore, quasiment absente de ce marché.

En matière de consommation cependant, l’Afrique, nous l’avons vu, est le continent

de la radiophonie.

(3) Un déséquilibre amplifié par l’apparition des nouvelles technologies

(a) Photographie de l’accès aux NTIC dans le monde

Selon le Rapport mondial sur le développement humain de 2002,

d’approximativement 500 millions aujourd’hui, les utilisateurs de l’internet devraient

passer à près d’un milliard d’ici 2005. L’accès à l’information via Internet, en se

généralisant, exclura d’autant plus les individus qui n’y auront pas accès. Or, le

rapport note précisément que 72 % des internautes vivent dans les pays de l ’OCDE,

qui ne représentent pourtant que 14 % de la population mondiale. 164 millions

d’entre eux se trouvent aux Etats-Unis.

La bande passante internationale accessible à l’Afrique est inférieure à celle dont

dispose la métropole brésilienne de São Paulo. Et les capacités de transmission de

Emmanuel Lacroix Page 131

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

l’Amérique latine sont elles-mêmes globalement équivalentes à celles de la ville de

Séoul, en République de Corée du Sud.

Certaines technologies beaucoup plus anciennes ne sont toujours pas parvenues

jusqu’aux pauvres. L’électricité, couramment utilisée depuis l’invention de l’ampoule,

dans les années 1870, reste toujours inaccessible pour quelques 2 milliards de

personnes, soit un tiers de la population mondiale.

L’Afrique reste un continent anecdotique dans l’accès à l’internet. Le Rapport

mondial sur le développement humain de 2001 montre qu’entre 1998 et 2000, alors

que le nombre d’internautes exprimés en pourcentage de la population, progressait

de plus de 28% aux Etats Unis, il ne croissait que de 0.3% en Afrique

subsaharienne.

Le rapport montre également que le coût mensuel d'accès à l’internet en

pourcentage du revenu mensuel moyen est source d’inégalités énormes dans le

monde. A titre d’illustration, en 2000, un américain consacrait en moyenne 1,2% de

son revenu à sa connexion à l’internet. En revanche, l’obtention d’une connexion

pour un habitant du Népal nécessiterait d’investir 128% de ses revenus.

(b) Le développement des NTIC en faveur du développement selon le PNUD

Le rapport mondial sur le développement humain conclut que les technologies de

l’information et des communications peuvent avoir un impact important sur le

développement, car elles peuvent permettre de surmonter les obstacles de

l’isolement social, économique et géographique, accroître l’accès à l’information et à

l’éducation, et permettre aux individus pauvres de prendre davantage part aux

décisions qui influent directement sur leur vie.

En évaluant le potentiel des TIC, le rapport évoque de nouvelles opportunités

d’émancipation politique (comme en témoigne la campagne mondiale par courriers

électroniques qui a contribué à renverser le président Estrada aux Philippines, en

janvier), les réseaux sanitaires (comme en Gambie et au Népal), l’apprentissage à

Emmanuel Lacroix Page 132

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

distance (comme en Turquie) et la création d’emplois (comme au Costa Rica, en

Afrique du Sud et en Inde).

Sakiko Fukuda-Parr, auteur principal du rapport, indique que ce n’est qu’un début : «

Les TIC représentent un véritable espoir pour la démocratie et la diffusion du savoir

aux individus pauvres ». Le rapport cite les ordinateurs à bas prix et les écrans

tactiles pour les personnes ayant des difficultés de lecture comme des exemples de

technologies en cours de développement et qui pourraient considérablement

renforcer l’autonomie des pauvres.

Mais le rapport conclut également que jusqu’ici, on est passé à côté de nombreuses

opportunités technologiques essentielles pour les pauvres, par manque de demande

sur le marché et en raison de l’insuffisance des financements publics. Les

chercheurs du secteur privé répondent aux besoins des consommateurs à revenu

élevé, plutôt qu’à ceux des personnes qui ont un faible pouvoir d’achat. Les fonds et

les incitations accordés par le secteur public à la recherche et au développement

pourraient compenser ces insuffisances du marché, mais, selon le rapport, jusqu’ici,

dans les pays en développement comme dans les pays développés, les pouvoirs

publics n’apportent pas le soutien nécessaire.

(c) Deux axes divergeant entre pays du Sud et pays du Nord

Le PNUD mettait récemment en parallèle trois facteurs qui reflètent l’état de

développement des NTIC dans le monde : nombre d’accès à Internet, nombre de

sites web et coût de la connexion. Cette juxtaposition l’amenait à conclure que dans

les pays développés, davantage d’individus accèdent à davantage d’information pour

un coût inférieur. Ce cercle vertueux de l’accès à l’information exprime tout son

potentiel dans les pays développés.

A l’inverse, comme le souligne Monsieur le Professeur Francis Balle65, « des

infrastructures de télécommunications peu développées (nombre de téléphones, en

moyenne, inférieur à 1% de la population) entraînant des coûts de communication

Emmanuel Lacroix Page 133

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

trop élevés : tel est le cercle vicieux du sous-développement. Le faible taux de

consommation ne permet pas d’investir dans des liaisons spécialisées à coût

forfaitaire qui pourraient briser ce cercle. De nombreuses connexions entre pays

africains transitent par l’extérieur du continent : une liaison Côte d’Ivoire - Sénégal

passe par Paris ».

b) Des disparités Sud – Sud très marquées

(1) Des contrastes entre pays du Sud

Monsieur le Professeur Jacques Barrat insiste dans Géographie économique des

médias66 sur les disparités qui existent entre les pays du Sud. Elles sont, selon lui,

plus encore marquées que celles qui séparent les pays du Nord des pays du Sud.

La chute de l’Union Soviétique a entraîné, poursuit-il, la fin de la notion de Tiers

Monde. Il convient maintenant de distinguer parmi les pays du Sud, quatre groupes,

classés en fonction du niveau de développement de leur média et de celui de leur

économie.

(a) Les pays nouvellement industrialisés

Ce groupe comprend « les pays sous développés les plus modernes, les plus

occidentalisés où les médias ont suivi la croissance économique dans ses envolées,

tout en conservant qualitativement les traditions culturelles liées à de vieilles

habitudes en matière de presse écrite ».

Jacques Barrat classe dans cette catégorie les dragons asiatiques et des vieux pays

de peuplement blanc en Afrique.

(b) Les pays les moins avancés

« Les pays sous-développés les plus pauvres et les moins modernisés où la

médiocrité des médias est un corollaire de l’état d’arriération de l’économie. C’est le

65 Francis Balle, Médias et Sociétés, 10ième édition, Montchrestien, 2001 66 Jacques Barrat, Géographie économique des médias, édition LITEC, 1992

Emmanuel Lacroix Page 134

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

cas pour l’essentiel des pays africains ou la tradition de l’oralité a freiné l’explosion

d’une presse écrite apportée par la colonisation et où la faiblesse de la croissance

économique a fait réserver la télévision à des privilégiés citadins. Lorsque la

télévision y est moderne, c’est que la greffe technique qu’elle représente est

particulièrement récente. La radio y est donc le média roi à la fois parce que sa

technologie est des plus simples et qu’elle est peu coûteuse ».

(c) Les pays en voie de développement

« Les pays sous-développés en situation intermédiaire où les décalages entre

croissance économique et croissance des médias sont flagrants. C’est par exemple

le cas des pays musulmans pétroliers à forte croissance où la débauche médiatique

n’a en rien aidé à un quelconque développement. Les mêmes décalages existent

dans des pays de vieilles civilisation écrite, où la presse a conservé ses lettres de

noblesse, mais où l’essor de la l’audiovisuel a été soit freiné, soit favorisé pour des

raisons tantôt politiques, tantôt financières, comme en Turquie, au Liban, en Egypte,

en Inde, en Argentine, au Pérou. Le Maghreb constitue un bloc un peu à part dans la

mesure où la presse écrite de qualité y est pour l’essentiel francophone, et

l’audiovisuel le plus consommé, d’origine étrangère ».

(d) Les pays se réclamant du marxisme

« Les pays sous-développés qui continuent plus ou moins de se réclamer du

socialisme, où la situation des médias d’Etat est à l’image de leur économie et de

leur régime politique : Chine, Vietnam, Corée du Nord, Cuba, Angola et

Mozambique ».

(2) Des contrastes entre centres urbains et zones rurales au sein des pays du Sud

A ces différences considérables entre pays du Sud, s’ajoutent des disparités

importantes entre zones urbaines et rurales des pays du Sud. Ainsi l’examen de la

situation des télécommunication fait apparaître les éléments suivants :

Emmanuel Lacroix Page 135

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les villes africaines sont généralement bien desservies même si les délais sont

parfois excessif pour obtenir une ligne de téléphone fixe. Ainsi, au Sénégal et en

Côte d'Ivoire, 80 à 90% du parc de lignes se trouverait en zones urbaines ou

industrielles.

A l'opposé, les zones rurales sont parfois totalement privées de raccordement au

RTC (Réseau Téléphonique Commuté) de l'opérateur historique, alors que près de

80% de la population active africaine vit en milieu rural.

En terme de télédensité, cette disparité entre grande agglomération et reste du pays

est particulièrement notable. En 199467, la télédensité dans la plus grande ville de

chaque pays s'élève à 2,39, pour seulement 0,21% dans le reste des pays, ce qui

constitue un ratio ville principale/reste du pays de 11,4. La spécificité de l'Afrique

subsaharienne, qui privilégie nettement les zones urbaines, se trouve confirmée par

comparaison avec le reste de l'Afrique, où le ratio n'est que de 4,5.

André Nyamba, dans La parole du téléphone68, insiste ainsi sur le cas du Burkina

Faso et dénonce le discours d’un responsable des télécommunications qui après

avoir présenté le chiffre d’affaire et le bénéfice important de l’ONATEL avait

demandé « qui dit mieux ? ». Le chercheur s’indigne en évoquant une satisfaction

malvenue des responsables des télécommunications qui se félicitent de résultats

obtenus au dépend de la pus grande partie des zones rurales dans lesquels le

téléphone reste inaccessible.

De la même façon, l’équipement en radio et en télévision dans les zones rurales est

bien inférieur à celui des zones urbaines.

67 Jean Marchal, les solutions technologiques disponibles, in cédérom Internet au Sud, édité par Pascal Renaud, 1999

Emmanuel Lacroix Page 136

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Ce panorama de la relation entre information et développement nous a permis de

saisir l’importance de la maîtrise de l’information par les pays du Sud, mais

également ses limites et les luttes idéologiques qui ont perturbé la compréhension de

son poids réel.

Observons maintenant les modifications majeures qui découlent de l’avènement de

la société de l’information. Quadruple révolution, confusion et multiples contradictions

nous amèneront à conclure à la nécessité de réinventer les outils du savoir pour

permettre l’intégration des pays du Sud dans cette société.

22.. UUnnee nnoouuvveellllee ssoocciiééttéé,, ddee nnoouuvveeaauuxx eennjjeeuuxx

a) Une quadruple révolution

Philippe Quéau évoquait dans Identité culturelle et éthique de l’universel69, la

quadruple révolution que provoque l’entrée dans la société de l’information.

(1) Une révolution culturelle

L’avènement de la société de l’information, dont l’internet est un pilier, n’est pas une

simple révolution technique, c’est une bouleversement beaucoup plus profond qui

s’opère.

Le nouveau média peut être comparé à une imprimerie universelle , personnelle,

ubiquitaire, instantanée et très bon marché. L’invention est comparable à l’apparition

de l’alphabet. Elle nous conduit à une nouvelle manière d’être et modifie notre regard

sur le monde.

Cette révolution pourrait conduire à l’émergence d’une intelligence collective, très

utile pour résoudre des problèmes de plus en plus complexes et globaux.

(2) Une révolution sociale et économique

68 André Nyamba, La parole du téléphone, sous la coordination d’Annie Chéneau-Loquay, Enjeux des technologies de la communication en Afrique, éditions Karthala, 2000 69 Philippe Quéau, Identité culturelle et éthique de l’universelle, Enjeux des technologies de la communication en Afrique, sous la coordination de Annie Chéneau-Loaquay, éditions Karthala, 2000

Emmanuel Lacroix Page 137

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

L’économie est dématérialisée progressivement ; les entreprises et les institutions

deviennent globales. Le fossé se creuse entre le « temps réel » de la finance et de la

spéculation qui transfère des millions d’euros par jour et le temps long de l’émigration

des hommes chassés par la faim ou la guerre. La lenteur des hommes devient

disqualifiante.

(3) Une révolution politique

La dérégulation des télécommunications et la déterritorialisation liée intrinsèquement

au cyberespace conduiront toutes deux à une diminution de la souveraineté des

Etats.

Devant un tel choc, Philippe Quéau s’interroge : « de quelle sagesse avons nous

aujourd’hui besoin ? »

Il est selon lui nécessaire d’adopter aujourd’hui une éthique universelle pour réguler

une économie mondialisée. Cette éthique donnera une assise plus ferme à l’Etat

actuellement tenté par la démission. Elle pourra servir de base à la constitution d’une

civilisation mondiale.

b) La confusion

Cette quadruple révolution nous plonge dans une société nouvelle, inconnue et

introduit une confusion des plans de lecture et d'interprétation. Cette confusion

touche d’abord au langage, on confond les images et les réalités, les métaphores et

les modèles, les mots et les concepts.

Elle touche ensuite à l'exercice des différents plans de l'esprit, on confond ses divers

domaines d'intervention : la pensée claire et la pensée obscure, le songe et la raison.

C'est également une confusion des valeurs, au sens économique comme au sens

philosophique. « L'éclatement des bulles financières et foncières, la mise en état de

lévitation virtuelle des marchés spéculatifs, l'abstraction sans racine des grands

indicateurs économiques ou de la valeur des monnaies, ne permettent plus

Emmanuel Lacroix Page 138

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

aujourd'hui de dire ce que vaut le yen, ou le mètre carré à Ginza »70. Cette confusion

des valeurs se traduit également par le renversement des fins et des moyens, le

Marché prime sur les hommes, l'économie du réel est asservie à une spéculation

purement virtuelle.

C'est enfin une confusion des niveaux de réalité et de vérité : la simulation, la réalité

virtuelle, la réalité augmentée, deviennent parfois plus réelles que le réel, et

contribuent à perturber notre compréhension de la nature et du réel même.

La quadruple révolution évoquée précédemment est également la source de

contradictions multiples de la société en transition.

c) Des contradictions multiples

(1) Contradictions entre le lieu et le non lieu, le local et le global

Le cyberespace, sans frontière et par nature supra-national s’oppose aux territoires,

aux pays. Le développement croissant des communautés virtuelles (financières,

intellectuelles…) semble aller de paire avec l’essor des ghettos du monde réel.

Parallèlement, les villes mondes se développent, plus éloignées de leurs banlieues

que de l’autre ville du monde la plus lointaine. Des pays entiers sont jugés inutiles

aux marchés.

(2) Contradictions entre le droit et le non-droit

Les lois nationales s’appliquent aux mêmes espaces virtuels que d’autres avec

lesquelles elles sont en contradiction. A l’image des objets néonazis apparaissant sur

le site nord-américain Yahoo et dont la vente fut interdite par la justice française, le

cyberespace autorise toutes les contradictions.

70 Philippe Quéau, l’université de l’universel, Congrès de Locarno, 30 avril - 2 mai 1997 : Annexes au document de synthèse CIRET-UNESCO

Emmanuel Lacroix Page 139

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Philippe Quéau évoque par exemple la « contradiction aussi entre la défense du

copyright et la promotion d’un régime de copyleft préoccupé avant tout par la

circulation des idées pour la recherche et l’invention ».

(3) Contradictions entre l’intérêt général et les intérêts particuliers, entre la fin et les moyens

Devant les frondes organisées par quelques intérêts privés en faveur de la rétribution

de leurs propriétés intellectuelles, quelle doit être la place réservée à l’intérêt

général ? Les tentative de breveter le génome humain, pourtant quintessence du

patrimoine commun de l’humanité, démontrent le poids croissant du domaine privé

au détriment du domaine public. Quelle sera la place réservée à chacun de ces

domaines dans le cyberespace ?

Il est nécessaire de développer un espace public riche sur les réseaux, il permettra

l’accès à la connaissance, à l’expression de la diversité culturelle et à la logique

participative. L’inversion du rapport actuel entre privé et public devra passer, comme

le demandait déjà Kant, par une transformation des citoyens en « législateurs de

l’universel ». C’est cette condition qui permettra l’événement d’une éthique

universelle.

d) Entrée de l’Afrique dans la société de l’information et

université de l’universel

(1) La coupure : une exclusion de l’Afrique

Le court-circuit (glocalisation, désintermédiation, dérégulation) provoque en réaction

la création de ghettos et de tribus excluantes. Les infos-riches et les infos-pauvres

sont placés sur deux courbes de développement divergentes. Les infos-riches ont

accès aux NTIC et peuvent tirer au mieux parti du réseau pour accroître leurs

connaissances, ce qui contribue à creuser davantage encore l’écart avec les infos-

pauvres. La capacité à utiliser les NTIC fournit un avantage comparatif important, de

nouvelles clés d’intelligibilité et de compréhension du monde qui permettent de

creuser l’écart symbolique et matériel avec ceux qui restent au bord des inforoutes.

Emmanuel Lacroix Page 140

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Ces nouvelles formes d’exclusion sont préoccupantes car elles coupent le monde en

d’énormes blocs dont certains pans entiers sont totalement mis sur le côté d’une

nouvelle société.

A ces nouveaux défis, l'Université de demain devra selon Philippe Quéau71, opposer

une triple réponse. Elle devra être catalytique, connectée, coopérative.

(2) Réinventer l’enseignement pour répondre à ces nouveaux défis : l’université de l’universel

(a) Une université catalytique

L'université de demain doit être catalytique : elle doit dissoudre et rendre possible.

Elle doit être transdisciplinaire et donner les moyens de mettre les champs

disciplinaires en relation.

Elle devra avant tout donner les moyens de comprendre les nouvelles formes

d’intelligibilité du monde virtuel. Il faut maîtriser la navigation sur les océans du savoir

et permettre l’auto-apprentissage et le travail de collaboration en développant des

ressources d’une pensée globale.

Philippe Quéau prédit ainsi que « La pensée en terme de systèmes permettra d'avoir

une vue d'ensemble des multiples liens possibles entre causes et effets, entre

modèles et réalités. La pensée expérimentale, qui fait varier certains aspects d'un

problème tout en en conservant invariants certains autres, permet d'explorer

exhaustivement un ensemble de possibilités et de résultats, de les comparer, de les

extrapoler. On privilégiera la simulation et la recherche épistémologique, les

expériences de pensée et l'expérience de "nouvelles réalités" ».

71 Philippe Quéau, l’Université de l’universel, Congrès de Locarno, 30 avril - 2 mai 1997 : Annexes au document de synthèse CIRET-UNESCO

Emmanuel Lacroix Page 141

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(b) Une université connectée

L’Université de demain doit être universelle, connectée par l’internet à toute les

bases de données et centres de savoir de la planète. Elle ne manquera pas de

données brutes, de textes, d'images et de sons.

Elle devra également enseigner la préservation des identités locales, tout en ne

perdant jamais de vue son utopie globale. Elle devra notamment protéger la diversité

culturelle contre les tendances du marché à rationaliser et à harmoniser.

(c) Une université coopérative

A l’image du mouvement de la copie libre, la coopération devient une nécessité

vitale, et une exigence éthique. La capacité à travailler en groupe, en réseaux, en

partenariat sera primordiale.

L’environnement d'apprentissage doit être global, ouvert, au service de tous, en tous

lieux, à tous moments et dans tous les domaines du savoir. « Les laboratoires

virtuels, les réseaux d'hopitaux, d'école, de bibliothèques, de musées, de serveurs

d'archives en ligne constitueront une nécessaire infrastructure coopérative globale . Il

faudra développer la coopération intellectuelle, les expériences de pensée

collecticielle, le jumelage virtuel de groupes de recherche, les réunions virtuelles

qu'autorisent les techniques de groupware ».

La société du travail sera remplacée à terme par une société de « pleine activité

fondée sur l'intégration, la participation, la créativité culturelle et sociale, et sur des

valeurs de paix, de tolérance, de respect de l'Autre, de compassion, de symbiose

avec la nature. »

L'Université de l'Universel devra fournir les cadres intellectuels et moraux pour un tel

avènement.

« Dans la période de crise grandissante que nous allons traverser, la priorité devra

être de contribuer à recréer le lien social dissous par le triple mouvement de

confusion, de mise en court-circuit et de coupure ». La tâche de l'Université de

Emmanuel Lacroix Page 142

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

l'Universel sera prioritairement de définir et promouvoir une culture véritablement

universelle. Cette dernière devra s’opposer aux cultures stéréotypées et

hégémoniques que le marché tentera également de diffuser universellement. Le

Marché ne pourra cependant, et c’est sa limite, satisfaire que les besoins solvables.

L'enjeu de la culture de l'Universel sera de s'adresser à tous, son terrain d'action

privilégié sera le domaine public, gratuit par nature, et qu'il faudra rendre plus

accessible et plus attrayant. Créer un lien social global par une culture

authentiquement universelle, voilà la mission de l'Université de l'Universel.

(3) Les premiers pas vers la mise en place d’une université universelle

Les objectifs assignés par Philippe Quéau à l’Université de l’Universel sont

poursuivis dès aujourd’hui par de nombreux projets nationaux et internationaux. Le

premier pas consiste à créer des centres de savoir et d’enseignement connectés.

Pascal Renaud soulignait déjà dans la revue Université72 en mars 1997, qu’en

« Afrique francophone, par exemple, on constate qu'il y a très peu de bibliothèques,

notamment universitaires, très peu de centres de documentation, et qu'ils sont tout à

fait insuffisants en termes de contenus. Internet apporte donc quelque chose

d'extrêmement précieux puisqu'il permet l'accès à une sorte de bibliothèque de taille

considérable, qui recèle une bonne partie de la production scientifique mondiale.

Beaucoup de richesses en anglais bien sûr, mais aussi en français.

Sur le plan de l'apprentissage à la recherche personnelle, Internet pourrait devenir un

instrument de formation essentiel pour le Sud. La capacité d'autonomie est

déterminante pour monter une entreprise, pour diriger des équipes, pour développer

des activités économiques, sociales ou politiques. Pour cela, il n'y a pas besoin

d'investissements très lourds, mais de formation technique. Les cinquante ou cent

ordinateurs de l'université de Ouagadougou, au Burkina Faso deviendront, une fois

reliés à l'Internet, des points d'accès à une immense bibliothèque virtuelle. Ils

pourront servir à la documentation et à la formation de milliers d'étudiants ».

72 Roger Tréfeu, entrevue avec Pascal Renaud, in Revue Université, vol 18-1, mars 1997

Emmanuel Lacroix Page 143

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) Universitas 21

Constitué de 18 universités, Universitas 21, est un consortium multinational pour

l'internationalisation de l'enseignement supérieur, dont le siège est à Singapour.

(b) U21 global

Un projet d'université en ligne, U21 global, dont l'objectif est de vendre des

formations supérieures à des régions du monde où la demande est croissante mais

où des universités de type traditionnel ne seraient pas viables, se développe.

(c) Université virtuelle Francophone

L'université Virtuelle Francophone (UVF) a été lancée officiellement en 1998 à

l'initiative de l'organisation internationale de la Francophonie.

(d) Université virtuelle Africaine

L'Université Virtuelle Africaine (UVA) a été lancée à l'initiative de la Banque Mondiale

en 1997.

(e) Autres projets locaux et exemples de logiciels libres pour l’enseignement

(i) Initiative sénégalaise

La Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) informait le 11 juin 200273 que le

président sénégalais, Abdoulaye Wade, avait annoncé qu'il avait réuni la somme

nécessaire au financement de son projet d'Université du futur africain (UFA). Cette

nouvelle université devrait accueillir près de 5 000 étudiants de tout le continent et

sera reliée par Internet, pour chaque matière enseignée, à une université étrangère.

Bien plus qu'une coopération, le projet repose sur une "codiplômation" : les diplômes

seraient décernés par l'UFA et par l'université étrangère qui aura accepté le

partenariat.

73 www.fing.org

Emmanuel Lacroix Page 144

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(ii) Une plate-forme logicielle libre : Claroline

Claroline (Classroom Online) est une plate-forme logicielle d’enseignement en ligne

développée par l'Université catholique de Louvain. Elle permet aux enseignant de

créer et administrer un support interactif pour leurs cours en ligne.

Claroline est distribuée sous licence GPL, elle est donc gratuite et le code source est

ouvert à ses utilisateurs. Une communauté contribue bénévolement au

développement et à l'avancement de Claroline qui existe à présent en 8 langues74.

(iii) Les cours du MIT américain bientôt

accessibles aux pays du Sud par Internet

Les professeurs du Massachussetts Institute of Technologogy (MIT), l’institut de

technologie américain, ont annoncé qu’ils allaient prochainement mettre en ligne le

contenu des leurs conférences, exercices, examens, travaux dirigés, manuels,

expériences et simulations ainsi que des démonstrations et une grande partie de la

bibliographie et du programme d'enseignement.

La base de données du MIT contient plus de deux mille cours qui sont accessibles

gratuitement (si ce n'est pas à usage commercial). Les quatre-vingt-dix premiers

seront mis en ligne dans les prochains mois75.

Aux questions soulevées par Philippe Quéau sur les nouvelles normes

d’interprétation et à sa proposition de développer la place de l’espace public dans le

cyberespace pour maintenir la diversité culturelle dans une société universelle, la

francophonie propose pour sa part, l’usage du français comme barrière à

l’uniformisation culturelle. Elle présente l’enjeu géopolitique du développement de

contenus en français comme un impératif majeur. Après avoir rappelé le statut

Francophone du Burkina Faso, nous observerons les enjeux de la Francophonie et

74 www.ntbf.org 75 Louis-Martin Essono - http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=17385, 7-8-2002

Emmanuel Lacroix Page 145

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

du rôle des NTIC dans ce défi Francophone. Nous poserons enfin l’utilité de la

création d’un contenu en langues ethniques sur les inforoutes.

33.. EEnnjjeeuuxx ddee llaa FFrraannccoopphhoonniiee ffaaccee àà llaa ggllooccaalliissaattiioonn

a) Le Burkina Faso : un pays officiellement Francophone et dont

la population maîtrise très mal l’anglais

Au Burkina Faso très peu de personnes maîtrisent l’anglais. L’étude menée au

Burkina par Sylvestre Ouedraogo76 et publiée en décembre 2000, montrait que le

manque de familiarité avec cette langue était cité en troisième position par les

internautes interrogés sur les problèmes qu’ils rencontraient dans la recherche

d’information. Cette réponse apparaissait derrière « problèmes multiples » et

« recherche coûteuse ». La réponse « problèmes multiples » correspondait en outre

probablement en partie à une mauvaise maîtrise de l’anglais.

Selon l'Association Réseaux et Développement77, il n'y aurait en juillet 2002 que 2,81

% du contenu des sites Web en français dans l'ensemble de la Toile mondiale. Ceci

contre 75 % de contenu en langue anglaise.

Le français occupe une place encore moindre dans les forums de discussion avec à

peine 1,5 % des échanges, très loin derrière l’anglais utilisé à 80 % pour les

échanges sur le Net.

L’absence de maîtrise de la langue anglaise représente donc un handicap important

dans l’accès à l’information.

b) Enjeux géopolitiques du développement d’un contenu

Francophone sur les inforoutes

(1) Quels sont les enjeux de la Francophonie ?

76 Sylvestre Ouedraogo, accès aux nouvelles technologies de la communication au Burkina Faso, www.anais.org, Ouagadougou, Septembre 2000 77 http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=3803

Emmanuel Lacroix Page 146

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Monsieur le Professeur Jacques Barrat souligne dans Géopolitique de la

francophonie78, l’enjeu géopolitique majeur représenté par la francophonie et la

nécessité induite d’un développement d’un contenu francophone sur Internet.

Charles Durand dans La mise en place des monopoles du savoir79 s’interroge

également sur la situation actuelle et démontre que l'adoption officielle ou officieuse

de l'anglais comme véhicule de communication internationale dans le seul domaine

scientifique entraîne un certain nombre d'effets pervers plus importants que les

bénéfices que cette pratique est censée apporter à ses promoteurs. Plus

particulièrement, dans le cadre universitaire, elle entraîne la formation de monopoles

en opposition absolue aux principes de libre accès au savoir dans des

établissements d'enseignement supérieur libres et ouverts.

L'actuel quasi-monopole du savoir technico-scientifique moderne détenu par les

Anglo-américains - que certains refusent encore d'admettre - n'est pas lié aux seuls

mérites de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs. Pour une large part, ce quasi-

monopole est la conséquence directe de l'adoption de la langue anglaise comme

langue internationale en science et en technologie, démultipliant ainsi la visibilité du

monde anglo-saxon dans ces secteurs au détriment de celle des autres.

(2) L’émergence des NTIC et la Francophonie

L’absence d’une structure de direction centralisée pour l’internet offre, selon

Jacques Barrat, une chance pour la diversité des expressions culturelles. Il est

important dans cette logique que les pays francophones maîtrisent l’environnement

technologique et maintiennent une stratégie d’ensemble80. Il est notamment

nécessaire de créer un contenu français sur Internet.

C’est une approche semblable que développe le japonais Kenzaburô Ôé81, prix

Nobel de littérature, qui voit dans l’internet, le « média de résistance pour les

individus » qui permettra de contrebalancer le fait que les Etats, les relations

internationales et toute la planète sont « écrasés par la langue d’un seul pouvoir ».

78 Jacques Barrat, Géopolitique de la francophonie, PUF, 1997 79 Charles Durand, La mise en place des monopoles du savoir, éditions l’harmattan, 120 pages, 2002 80 Jacques Barrat, La francophonie et les autoroutes de l’information, dialogues, avril 1996 81 Kenzaburô Ôé, Internet et moi, Le monde diplomatique, décembre 1998

Emmanuel Lacroix Page 147

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(a) Face à la stratégie hégémonique anglo-saxonne, la Francophonie doit « occuper le terrain » des NTIC

Selon Jacques Barrat, « les consortiums américains des industries de l’information

se concertent chaque année au sein d’association telles que ACM (Association

Computing Machinery) ou CUI (Computer User Interforce) ». Ils ont selon lui, une

stratégie qui consiste à s’implanter dans les réseaux européens et à acquérir des

droits sur les richesses européennes de contenu (œuvres d’art, encyclopédies…) qui

fournissent ensuite la matière première de l’édition électronique.

Il ajoute que « c’est notamment l’objet de la création de la société Continuum par

Microsoft ». Les pays de la francophonie doivent donc présenter un front uni face à

ces stratégies.

(b) Actions de la Francophonie

La Francophonie doit donc non seulement assurer la présence de contenus

francophones, mais aussi élaborer les normes et les outils propres à engendrer un

modèle francophone d’accès à la connaissance. C’est donc bien la bataille des

contenus informationnels au sens large (culture et procédure d’accès) qui est

engagée.

Selon Jacques Barrat, « la Francophonie doit orienter prioritairement ses

investissements dont le volume est nécessairement limité, en direction des éléments

constitutifs (contenus francophones, numérisation des fonds patrimoniaux…) de son

espace virtuel. Cela se fera partiellement au détriment du développement

d’infrastructures qui ne pourraient que se mettre au service de l’effort de guerre

américain. »

Une politique francophone de l’information devra soutenir les efforts en matière de :

- « Numérisation des fonds culturels et produits francophones, condition même

d’une présence de la Francophonie sur l’Inforoute ;

Emmanuel Lacroix Page 148

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Standardisation des formats d’échanges, qui rend possible la communication et

la réutilisation des ressources ;

- Normalisation afin que les francophones puissent communiquer sur l’inforoute

dans leur langue. Une participation massive aux comités internationaux semble

s’imposer, faute de quoi la langue française pourrait se trouver appauvrie au

nom d’impératifs techniques. Ainsi, par exemple, la norme ISO Latin 8859-1

persiste à ignorer le caractère « oe » ;

- Navigation : il s’agit de rendre disponible des outils de recherche et de

navigation en français permettant d’utiliser au mieux les ressources des

réseaux. »

La coopération apportée à court terme par les pays développés de la

Francophonie et les bénéfices probables à long terme du développement de la

Francophonie sur l’internet représentent des tremplins pour accéder à la modernité.

Le « pays des hommes intègres » a donc tout intérêt à favoriser la stratégie

Francophone et profiter de son appartenance à cette communauté.

c) Un contenu en langues ethniques sur les inforoutes : un enjeu

culturel au delà des enjeux géopolitiques de la Francophonie

Le français est la langue officielle de 13 pays d’Afrique noire. La population

officiellement francophone représente dans cette région approximativement 120

millions d’habitants.

Jacques Barrat estime que seuls 10% de cette population parle réellement le

français correctement. Le français est effectivement l’outil de communication officiel

de l’administration et des relations internationales ainsi que la langue de

l’enseignement. Mais dans la pratique il est faiblement utilisé en tant qu’instrument

de communication et d’échange social au quotidien.

Jacques Barrat oppose francophonie et approche anglo-saxonne en affirmant que

« la Francophonie s’oppose à une idéologie libérale mondialiste et nivelante qui fait

de la culture un accessoire du commerce ». La Francophonie, plus qu’un tremplin

commercial, participe à une lutte pour le maintien de la pluralité.

Emmanuel Lacroix Page 149

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Ce combat pour la diversité d’expression et de culture se joue également au niveau

ethnique. Si le français est bien le lien fédérateur qui doit être maintenu et amplifié, il

n’implique pas pour autant une disparition des particularismes et de la diversité

ethnique. Ainsi, la création d’un contenu en langues ethniques permettrait d’une part

de conforter l’embryon de culture africaine sur le web et d’autre part de donner accès

à un contenu aux africains qui ne sont francophones qu’officiellement et qui

représentent selon Jacques Barrat, près de 90% de la population totale des pays

francophones (jusqu’à 95% au Mali).

Il serait par exemple envisageable de mettre à la portée des burkinabé des contenus

en langues ethniques organisés sous la forme de portails locaux. On peut également

imaginer, à l’image du site de l’association Edukafaso, de créer une version de

chaque site burkinabé dans la langue majoritaire de la zone concernée par le site.

L’association a ainsi traduit le site www.edukafaso.org en dioula, langue

majoritairement utilisée dans la région de Bobo-dioulasso.

La création de ce type de contenu pourrait dans un premier temps être encouragée

pour les sites des associations oeuvrant au Burkina Faso.

Cette présentation des incidences et des enjeux du développement de l’internet en

Afrique Francophone va nous permettre dégager les perspectives offertes par

l’internet au Burkina Faso et d’envisager clairement les objectifs de long, moyen et

court termes. Il convient en premier lieu de dégager les conditions préalables et les

solutions qui permettront l’amélioration de l’accès à l’internet au Burkina Faso. Nous

observerons ensuite les facteurs de développement du contenu burkinabé sur la

toile. Nous examinerons enfin les opportunités commerciales directes portées par les

NTIC.

Emmanuel Lacroix Page 150

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

III. Quelles perspectives pour l’internet

au Burkina ?

La condition préalable à la maîtrise des nouveaux outils de la communication, est

l’alphabétisation de la population. Ceci n’est pas un mince défi dans un pays de

tradition orale et dont la population est dans sa grande majorité analphabète.

L’amélioration de l’informatisation et des télécommunications intervient ensuite

comme condition nécessaire au développement des points d’accès à l’internet.

L’utilisation véritable du réseau nécessite enfin le développement des compétences,

véritables clés d’accès aux savoirs virtuels. Toutes ces modernisation nécessitent

cependant d’importants investissements, nous verrons que des solutions ont été

proposées pour financer les infrastructures et le développement de l’internet africain.

A. L’entrée du Burkina Faso dans la société de l’information : comment assurer l’accès à l’internet et le développement des compétences « utilisateur » ?

Le développement de l’alphabétisation est le premier pas vers une appropriation des NTIC. Nous verrons que les enjeux de l’alphabétisation sont considérables et qu’ils font l’objet d’un travail important de la part de l’UNESCO. Nous nous pencherons ensuite sur quelques exemples d’actions nationales et associatives dans le domaine de l’éducation.

11.. DDéévveellooppppeerr ll’’aallpphhaabbééttiissaattiioonn :: llee pprreemmiieerr ppaass vveerrss uunnee

aapppprroopprriiaattiioonn ddeess NNTTIICC

Comment l'Afrique, et plus précisément certains pays du Sahel, peuvent-ils atteindre

un niveau d'alphabétisation optimal pour assurer l’indispensable maîtrise des outils

préalable à l’entrée dans la société de l’information ?

Emmanuel Lacroix Page 151

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cette question est vaste et a donné lieu a de nombreuses publications et des points

de vues divergeant. Après avoir examiné la situation et les enjeux de l’éducation,

nous nous pencherons sur les pistes soulevées par l’UNESCO dans ce domaine

ainsi que sur l’action d’une association française au Burkina Faso.

a) Panorama, et enjeux

(1) Aperçu de l’éducation dans le monde

Le dossier d’information sur l’éducation pour tous publié sur le site web de la section

de l’éducation de l’UNESCO82, précise que des progrès réels ont été réalisés depuis

la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous (Jomtien, Thaïlande,1990), vers les

objectifs de l 'Education pour tous :

« 10 millions d'enfants supplémentaires sont scolarisés chaque année ; le niveau

d'alphabétisation des adultes est passé à 85 % pour les hommes et à 74 % pour les

femmes ; le nombre d 'enfants dans le primaire est passé de 599 millions en 1990 à

681 millions en 1998 ; celui des enfants non scolarisés a reculé de 127 à 113

millions. »

« Dans le même temps, plus de 100 millions d 'enfants, dont une majorité de filles,

restent exclus de l'éducation. Si rien n'est fait, ils rejoindront les 875 millions

d'adultes analphabètes, dont près des deux tiers sont des femmes ».

« Dans les pays en développement, on estime qu ’un enfant de 6 à 11 ans sur cinq,

soit 113 millions, n ’est pas scolarisé. 60% sont des filles. Neuf pays – le

Bangladesh, le Brésil, la Chine, l’Egypte, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, le Nigeria et

le Pakistan – abritent 70 % des analphabètes du monde. Les filles et les femmes

sont les premières concernées. L’Asie du sud compterait 60 % de femmes

analphabètes. A l ’échelle mondiale, une femme sur quatre ne sait pas lire ».

« La qualité de l'éducation demeure souvent faible et inégale. En Asie du sud et en

Afrique subsaharienne, moins des trois quarts des élèves atteignent la cinquième

82 dossier d’information sur l’éducation pour tous, www.unesco.org

Emmanuel Lacroix Page 152

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

année primaire. La recherche a pourtant démontré que six années d 'éducation

primaire sont nécessaires pour atteindre des capacités durables en écriture et en

calcul ».

« La pandémie de VIH/sida menace de saper les progrès accomplis en matière

d’alphabétisation et d’éducation générale. Dans les pays d ’Afrique les plus touchés,

jusqu’à 10 % des enseignants pourraient être emportés par le virus au cours des

cinq prochaines années ».

« De nombreux pays ont réalisé des progrès spectaculaires dans le développement

de la scolarisation, l'amélioration des taux de rétention et d'achèvement scolaires et

la réduction des disparités sexuelles. La scolarisation a doublé en cinq ans en

Ouganda, au Malawi et en Mauritanie, avoisinant un taux brut de 100 %. Le Bénin et

la Guinée-Bissau ont également bien accru la scolarisation dans le primaire.

Certaines régions sont également proches de l 'éducation primaire universelle. Elle

est déjà réalisée dans les pays développés et les pays en transition ; et les régions d

'Asie orientale/Océanie et 'Amérique latine / Caraïbes touchent quasiment au but ».

(2) Enjeux de l’éducation

La brochure publiée par la section de l’éducation de l’UNESCO83, note que

l’éducation « apporte aux enfants, aux jeunes et aux adultes la capacité de réfléchir,

d’effectuer des choix et de mener une vie meilleure. Elle brise le cycle de la pauvreté

et constitue une des clés du développement économique et social. L’éducation des

mères a des répercussions hautement bénéfiques sur la santé, le bien-être familial et

la fécondité.

- En Ouganda, quatre années d ’éducation primaire augmentent la production d

’un fermier de 7 %;

- En Zambie, l’enfant d ’une mère ayant fréquenté l’école primaire a 25 % de

chances de survie en plus que l ’enfant d ’une mère sans éducation ;

83 brochure de communication de la section éducation de l’UNESCO, www.unesco.org

Emmanuel Lacroix Page 153

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Au Bangladesh, les femmes ayant reçu une éducation secondaire ont trois fois

plus de chances de se rendre à une réunion politique que les femmes non

éduquées ;

- Les filles éduquées sont généralement beaucoup moins exposées au virus du

sida ».

b) Les objectifs de Dakar et l’idéal de l’éducation pour tous

La Conférence mondiale sur l’éducation pour tous (Jomtien, Thaïlande, 1990) a fait

de l’éducation de base une des grandes priorités du développement. Depuis, des

progrès réels ont été accomplis : 10 millions d’enfants supplémentaires sont

scolarisés chaque année, et le niveau d ’alphabétisation des adultes est passé à 85

% pour les hommes et à 74 % pour les femmes.

En avril 2000, le Forum mondial sur l’éducation (Dakar, Sénégal) a permis l’adoption

du Cadre d’action de Dakar qui définit les objectifs de l’éducation pour tous et les

stratégies pour les atteindre.

Ce document retient 6 objectifs dans la lutte contre l’illettrisme :

1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l 'éducation

de la petite enfance, et notamment des enfants les plus vulnérables et

défavorisés.

2. Faire en sorte que d'ici à 2015 tous les enfants, notamment les filles, les

enfants en difficulté et ceux appartenant à des minorités ethniques, aient la

possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de

qualité et de le suivre jusqu'à son terme.

3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en

assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet

l'acquisition de connaissances ainsi que de compétences nécessaires dans la

vie courante.

4. Améliorer de 50% les niveaux d'alphabétisation des adultes, et notamment

des femmes, d'ici à 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux

programmes d 'éducation de base et d 'éducation permanente.

Emmanuel Lacroix Page 154

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

5. Eliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et

secondaire d'ici à 2005 et instaurer l'égalité dans ce domaine en 2015 en

veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à

une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite.

6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l'éducation dans un souci

d’excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d 'apprentissage

reconnus et quantifiables notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture

et le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante

Le Cadre d’action de Dakar fixe en outre trois grandes échéances :

1. « 2002 : finalisation des plans d’actions nationaux. D ’ici 2002,tous

les pays devront avoir établi ou renforcé des plans d’action nationaux,

définissant des stratégies concrètes pour la réalisation des objectifs de

Dakar. Ces plans s’inscriront dans les stratégies de lutte contre la

pauvreté existantes et seront préparés en consultation avec l

’ensemble de la société civile (responsables communautaires,

enseignants, parents, apprenants, etc.).

2. 2005 : réaliser l’équité entre filles et garçons. D ’ici 2005, l’équité

devra être instaurée entre garçons et filles dans l’éducation primaire et

secondaire.

3. 2015 : réaliser l’éducation pour tous. 2015 est la date butoir de

l’universalisation de l’éducation primaire obligatoire et de l ’amélioration

de 50 % des niveaux d’alphabétisation des adultes ».

c) Exemples d’actions nationales ou associatives

(1) Le développement d’un secteur éditorial en langues nationales

Afin de résoudre le problème de l'illettrisme, la plupart des pays africains

francophones ont inscrit l'utilisation des langues africaines comme une stratégie

incontournable pour améliorer et développer leurs programmes éducatifs. Cette

stratégie vise principalement l'intégration des langues africaines comme moyen de

communication orale et écrite dans l'enseignement.

Emmanuel Lacroix Page 155

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Hassina Alidou Ngame résume les stratégies mises en place dans une publication

intitulée Stratégies pour le développement d’un secteur éditorial en langues

nationales dans les pays du Sahel : Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal84.

(2) L’amélioration de l’accès aux livres en Afrique

L'accès limité aux livres et aux bibliothèques a eu un impact très important sur

l'éducation en Afrique. C’est ce qu’affirmait la Banque mondiale en soulignant que «

La rareté des matériels éducatifs dans les salles de classe représente l'obstacle le

plus sérieux à l'efficacité de l'éducation en Afrique ».

Dans cette logique, Diana Rosenberg85 analyse l'accès, l'approvisionnement et

l'utilisation de matériels complémentaires de lecture dans un certain nombre de pays

africains. Elle montre comment de grands espoirs, des plans ambitieux et des efforts

individuels ont été annulés à cause d'une planification, de moyens et d'infrastructures

inadéquates et d’un manque de suivi dans la formation des enseignants à

l'enseignement par les livres.

(3) Une action associative au Burkina : EDUKAFASO

L’action de l’association Edukafaso s’inscrit dans la logique de l’UNESCO.

L’association se présente de la façon suivante : « Edukafaso est une O.S.I.

(Organisation de Solidarité Internationale) de droit français constituée sous la forme

d'une association loi 1901. Elle est basée en Région parisienne. Elle compte 150

adhérents de tous âges, de toutes conditions et professions, répartis dans la France

entière, et pour une petite partie à l'étranger. Un quart des adhérents sont connectés

à Internet. Sur les trois points où elle agit (Bobo Dioulasso, Tougan et Konsabla),

Edukafaso dispose de correspondants qui veillent à ce que les fonds soient bien

84 Hassina Alidou Ngame, Stratégies pour le développement d'un secteur éditorial en langues nationales dans les pays du Sahel Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal, Collection : Perspectives sur le développement du livre africain n° 8. Groupe de travail de l'ADEA sur les livres et le matériel éducatif, 2000. 85 Diana Rosenberg, Des livres pour les écoles. Améliorer l'accès aux ouvrages de lecture en Afrique, 2000

Emmanuel Lacroix Page 156

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

employés et répartis équitablement. Avec un budget de fonctionnement annuel très

modeste (11 000 euros), elle aide plus de 400 enfants à suivre leur scolarité ».

Il est intéressant de noter que, conformément aux conclusions de l’UNESCO,

l’association intervient prioritairement sur le développement de l’éducation de base :

« Son champ d'action est l'éducation de base, cycle qui correspond à notre

éducation primaire (CP - CM2) et qui prévoit l'acquisition par les enfants des

compétences élémentaires : savoir lire, écrire et compter. Elle intervient sur le plan

matériel (distribution de fournitures scolaires, mis en place de cantines de brousse,

paiement des frais de scolarité), mais aussi culturel. Elle établit ainsi des

rapprochements entre écoles primaires de France et du Burkina et promeut la culture

burkinabé à travers ses supports d'information (journal de l'association, site internet,

newsletter…). Elle met également en place des bibliothèques jeunesse qui servent

de support à son action éducative. A terme elle sensibilisera les maîtres à l'utilisation

du multimédia et d'Internet et à leurs vertus éducatives ».

Par ailleurs, Edukafaso privilégie l’enseignement des filles et l’action dans les zones

rurales :

« Edukafaso s'adresse avant tout aux enfants les plus défavorisés en leur donnant

les moyens matériels de suivre les enseignements. Les priorités concernent les

zones rurales beaucoup moins pourvues en équipements scolaires que les

agglomérations. La scolarisation des filles est plus particulièrement suivie. La volonté

de l'association est à la fois d'élargir la base de bénéficiaires mais également de

suivre les enfants dans la durée. En ce sens, les écoliers qui intègrent le cycle

secondaire sont accompagnés par Edukafaso ».

Dans le domaine des NTIC, Edukafaso a d’ores et déjà engagé des actions de

sensibilisation. Un « chat » a par exemple été organisé à l’occasion de la fête de

l’internet 2002 entre Bobo-Dioulasso et un collège de Seine et Marne. L’opération,

relayée par de nombreux médias a atteint pleinement son objectif de sensibilisation.

Emmanuel Lacroix Page 157

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

L’alphabétisation est certes indispensable, mais pas suffisante, le développement de

l’accès à l’internet passe également par une amélioration de l’informatisation et des

infrastructures de télécommunications. Observons maintenant quelles sont les

conditions nécessaires à ce développement.

22.. AAmméélliioorreerr llee nniivveeaauu dd’’iinnffoorrmmaattiissaattiioonn eett lleess iinnffrraassttrruuccttuurreess ddee

ttééllééccoommmmuunniiccaattiioonnss

a) Informatisation

(1) Des signes positifs

Le passage à l’an 2000 a permis d’accroître le parc informatique et de le renouveler

en partie. Parallèlement, le « boum » informatique des années quatre-vingt-dix a

donné naissance dans toutes les grandes villes du Burkina à des secrétariats publics

informatisés. Ces petites entreprises offrent des services de bureautique et

favorisent la rencontre de la population avec l’informatique.

Enfin, le développement et le succès grandissant du marché du matériel d’occasion

confirme l’intégration progressive de la culture informatique dans les couches

moyennes de la population.

(2) Un abaissement des droits de douanes ?

La question de l’abaissement des droits de douanes et des taxes sur le matériel

informatique en Afrique est récurrente. Il est d’usage de demander que ceux-ci soient

abaissés afin de favoriser le développement de l’informatique dans les pays les

moins avancés. Nous nous permettrons de remettre en question cette logique en

opposant la nécessité de favoriser l’informatisation au statut de produit de luxe du

matériel informatique et à la nécessité pour un des pays les plus pauvres du monde

de maintenir une de ses rares sources de revenu.

La question de l’arbitrage doit être posée : la source de revenu représentée pour

l’Etat par les droits de douanes et les taxes sur le matériel informatique vaut-elle

Emmanuel Lacroix Page 158

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

moins que le bénéfice potentiel attendu d’un abaissement de ces taxes ? Alain

Mingat notait dans cette logique dans Le Monde Diplomatique86 que « les ressources

budgétaires sont globalement rares en Afrique eu égard à la faiblesse de la base

fiscale des pays, si bien que les arbitrages à faire s'avèrent plus difficiles et doivent

par conséquent avoir une justification factuelle plus forte ».

Nous pouvons constater que le matériel informatique est un produit de luxe. Quel

que soit le niveau des taxes et du transit, le coût du matériel acheté hors taxe en

Europe est déjà d’un niveau tel qu’il est inaccessible pour l’essentiel de la population

du Burkina Faso. Nous avons vu en effet qu’un Pentium 4 (passons sur les

caractéristiques détaillées) pouvait être acheté 889 euros HT en France en juillet

2002. Nous avons vu également que le coût du transit de cet ordinateur vers le

Burkina représenterait 192 euros. Le vendeur appliquant une marge, le prix moyen

de vente de l’ordinateur au Burkina est donc compris entre 1800 et 2000 euros.

Le niveau de prix du matériel informatique est tel que nous pouvons supposer que

les personnes qui s’équipent sont plutôt fortunées et que l’ajout de quelques dizaines

d’euros à un achat qui dépasse déjà 1000 euros ne pèse pas lourd dans la décision

d’achat. Une importante part du parc informatique des particuliers est en outre

détenu par des expatriés européens qui disposent habituellement de revenus

confortables. Notons également que la plupart des organismes internationaux ainsi

que les structures de l’Etat profitent d’une exonération quasi totale de taxes et de

droits de douanes.

Enfin, le cas des grandes entreprises mérite d’être examiné. Elles sont susceptibles

d’allouer un montant fixe à l’équipement informatique et réduisent donc le nombre de

machines achetées en fonction du niveau des taxes. Ce cas de figure est peu

courant au Burkina Faso. Les grandes entreprises sont effectivement très peu

nombreuses. Sans doute serait-il cependant souhaitable de réserver des accords

spécifiques à ces dernières.

86 Alain Mingat, Les nouveaux outils de l'évaluation scolaire, Le monde diplomatique, décembre 2000, page 33

Emmanuel Lacroix Page 159

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Notons enfin que les ressources issues des taxes et des droits de douanes sur

l’informatique, représentaient pour l’Etat un montant important, non négligeable sur

un budget qui atteignait 69 millions de dollars en 2001.

Toutes ces raisons nous conduisent à adopter une position relativement nuancée sur

la nécessité d’une baisse du niveau des droits de douane.

(3) Le développement du logiciel libre

Nous avons évoqué précédemment l’enjeu souligné par Philippe Quéau, du

développement d’un espace public de l’information. Les logiciels libres procèdent de

cette philosophie et leur utilisation ainsi que leur développement représentent des

enjeux déterminants pour l’entrée de l’Afrique dans la société de l’information.

Dans le cas du Burkina Faso, plusieurs organismes participent à la promotion de ces

logiciels. L’association NTBF souligne par exemple l’importance de l’abandon de

l’utilisation des logiciels payants et notamment des produits Microsoft omniprésents

dans le monde.

Nous regrettons à ce sujet que des organismes comme les centres multimédias

municipaux ne participent pas à la promotion de ces logiciels et mettent a contrario

l’accent sur les outils Microsoft.

(4) La nécessité d’une coordination des différentes actions et d’une recherche de synergie

De nombreuses associations oeuvrent dans le domaine du développement de

l’informatique et des nouvelles technologies au Burkina Faso ; cependant les

témoignages semblent montrer qu’aucun rapprochement de ces différentes

organisations n’a été effectué pour l’instant.

Il semble pourtant que la mise en place d’une structure de coordination permettrait

une importante synergie dans l’action des ONG. La création d’un site web auto-

animé par les associations et permettant une information en temps réel de

Emmanuel Lacroix Page 160

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

l’ensemble des groupes sur les actions menées et sur les envois de frets, permettrait

sans aucun doute des économies importantes pour l’ensemble des associations. Le

Trade Point illustre ce concept appliqué au commerce.

Le site web Faso-ONG, site portail des ONG du Burkina, lancé par l’association Yam

Pukri (http://www.faso-ong.org) représente un premier pas important dans cette

logique. L’aspect vitrine et annuaire du site reste cependant limité et il convient

d’aller plus loin et d’offrir une plate-forme d’échange digne de ce nom, ce qui

nécessite l’utilisation de bases de données. L’association Yam Pukri travaille en ce

sens.

b) Infrastructures de télécommunication

(1) L’enjeu de la boucle locale radio

Selon Jean Marchal87, expert en télécommunication et développement, l'évolution

technique permet aujourd'hui d'envisager les technologies radio comme une

alternative au réseau filaire traditionnel. Les technologies radio permettent un

déploiement rapide et adapté à la demande, pour des densités d'abonnés faibles et

fortes.

Tous les industriels promettent que les technologies radio permettront d'offrir des

services aussi perfectionnés que ceux proposés sur un réseau "filaire" (voix, Internet,

vidéocommunication), avec en outre la possibilité de fournir des services de mobilité

sur une zone réduite, pour un investissement initial relativement mesuré.

C'est pourquoi la boucle locale radio constitue un enjeu important du développement

des télécommunications, particulièrement en zones enclavées à faible densité, et un

marché stratégique pour les opérateurs et les industriels.

L'intérêt de cette technologie réside pour une bonne part dans son coût relativement

modéré et surtout progressif. En effet, la planification du réseau de distribution est

87 Jean Marchal, les solutions techniques disponibles, in cédérom Internet au Sud, édité par Pascal Renaud, 1999

Emmanuel Lacroix Page 161

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

plus simple puisqu'il n'est en général pas nécessaire de connaître a priori la position

exacte des futurs clients.

L'exploitant peut, par ajout ultérieur d'antennes, augmenter la capacité du réseau et

sa couverture en fonction de la demande, ce qui lui assure une meilleure

progressivité des investissements en fonction du nombre d'abonnés que dans le cas

d'une solution filaire.

Il y a également un enjeu réglementaire et concurrentiel : la boucle locale apparaît

comme une brèche dans les monopoles existants, permettant éventuellement

l'émergence d'opérateurs locaux, partiellement ou totalement pris en charge par les

populations locales. L'utilisation d'infrastructures hertziennes devrait en effet

permettre de déployer un réseau à moindre coût et plus rapidement que dans le cas

d'infrastructures filaires, et ainsi de permettre réellement l'apparition d'opérateurs

locaux, agissant là où l'opérateur historique n'a pas voulu s'impliquer.

La boucle locale radio peut être enfin conçue comme un vecteur de développement

des services à haut débit (multimédia, nouveaux services). La boucle locale filaire

paraît en effet moins adaptée dans sa structure actuelle à la fourniture de services

haut débit que des réseaux déployés dans les fréquences de la gamme des micro-

ondes.

Au Bénin, le FAI Firstnet a développé une offre de connexion par onde radio depuis

fin 2000. Elle a permis de connecter de nombreux points d’accès à l’internet dans ce

pays et l’offre, bien qu’encore en rodage, peut dores et déjà être considérée comme

un succès88.

(2) Les bénéfices attendus de la libéralisation du secteur des télécommunications

La loi du 23 décembre 1998 fixe les conditions de libéralisation du secteur des

télécommunications au Burkina Faso. Cette réforme, suggérée par le Fond

88 Ken Lohento, Maîtrise sociale des TIC en Afrique : Analyses d’expériences d’utilisation des TIC, www.iafric.net, avril 2001

Emmanuel Lacroix Page 162

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, s’articule autours des points

suivants :

- Abandon du monopole des télécommunications

- Libéralisation du secteur avec ouverture du marché burkinabé à de nouveaux

opérateurs

- Mise en place d’un organe de régulation du secteur

La loi prévoit la répartition suivante du capital de l’ONATEL :

- 63% à des investisseurs privés

- 34% à l’Etat

- 3% aux salariés

L’ouverture du secteur a également conduit à l’arrivée de nouveaux opérateurs sur le

marché des télécommunications. Les sociétés TELECCEL et MSI CELLULAR

INVESTMENTS à travers sa filiale CELTEL ont ainsi lancé des prestations à

l’attention du grand public avec l’ouverture officielle de leurs réseaux en janvier 2001.

Les deux entreprises ont également accordé des agréments à des sociétés

commerciales pour la distribution de leurs produits.

Si l’introduction de la concurrence dans les télécommunications semble être

profitable pour la qualité de service et pour les prix pratiqués, des questions

subsistent quant à la rentabilité réelle à terme des privatisations.

(3) Bénéfice sectoriel et bénéfice global : les réserves émises face à la logique de libéralisation

De nombreux économistes du développement émettent en effet des doutes sur le

bénéfice global pour le pays d’une politique de libéralisation économique. La grande

désillusion, ouvrage publié récemment par le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz89

a notamment popularisé une approche très critique de l’action du FMI dans les pays

du Sud.

89 Joseph E. Stiglitz, La grande désillusion, fayard, 2002

Emmanuel Lacroix Page 163

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

D’autres, pionniers de l’internet en Afrique, émettent également des réserves sur

l’efficacité des politiques d’ouverture des marchés des télécommunications en

Afrique de l’Ouest.

Pascal Renaud notait90 notamment que ces libéralisations imposées par les

institutions de Bretton woods, s’appuient sur un mythe selon lequel l’internet serait le

résultat de la politique américaine de dérégulation des télécommunications. Il

souligne que cette relecture idéologique renforce la légitimité des acteurs

commerciaux du réseau et qu’elle est totalement contraire à la réalité. Ni en Europe,

ni aux Etats-Unis, affirme-t-il, le déploiement du réseau ne s’es effectué à la faveur

de libéralisations. Il démontre ensuite que la progression du parc informatique est en

revanche stimulé par les interventions de l’Etat dans le financement des

infrastructures.

Pascal Renaud rappelle que l’internet est alimenté par des fonds publics depuis sa

naissance et que c’est le projet NSFnet de la National Science Fondation (NSF) qui a

contribué le plus à son développement. Ce projet actif jusqu’en 1995 s’est ensuite

désengagé progressivement au profit des opérateurs privés. Pascal Renaud souligne

que c’est dans ce cadre, fortement subventionné et protégé du marché que l’Internet

s’est développé et stabilisé aux Etats-Unis. Cela le conduit à s’interroger : « si le

démarrage de l’Internet s’est appuyé, au Nord sur une intervention massive de l’Etat,

est-il sérieux de proposer aux pays les plus pauvres de faire appel au marché ? »

Samir Amin91 abonde également dans ce sens en affirmant que la déréglementation

des télécommunications dans les pays du Sud permet aux entreprises de

s’approprier des profits juteux et qu’elle est « catastrophique pour la majorité des

pays du monde ».

90 Pascal Renaud, Vers la désertification technologique du sud ? in enjeux des technologies de la communication en Afrique, éditions Kathala, 1999 91 Samir Amin, de l’outil à l’usage, ? in enjeux des technologies de la communication en Afrique, éditions Kathala, 1999

Emmanuel Lacroix Page 164

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Nous allons maintenant observer que favoriser l’accès à l’internet signifie également

de multiplier les endroits qui permettent à la population d’accéder aux nouveaux

savoirs ; ceci pour un coût raisonnable et avec un éventuel accompagnement

technique.

33.. FFaavvoorriisseerr ll’’aaccccèèss àà ll’’IInntteerrnneett

a) Le coût de l’accès à Internet en question

(1) Le coût des communications téléphoniques pour les fournisseurs d’accès à Internet concurrents de l’ONATEL

L’ONATEL est l’opérateur national de télécommunications mais l’office est également

le plus important fournisseur d’accès à l’internet du pays. Ce double statut lui donne

un avantage comparatif par rapport à la concurrence qui mérite d’être signalé.

L’ONATEL, en ne donnant pas à la concurrence les avantages dont elle profite,

empêche la baisse des prix d’accès à l’internet dans le pays. Hormis à

Ouagadougou, les prix sont ceux du plus cher des opérateurs, c’est à dire ceux de

l’ONATEL.

Effectivement, alors que l’ONATEL offre, par le biais du numéro 1150, un tarif unique

de télécommunication dans tout le pays pour l’accès à l’internet (au prix d’une

communication locale), elle ne reconnaît pas à ses concurrents la possibilité de

profiter également d’un numéro d’accès à tarification spéciale.

Cette situation empêche la concurrence d’offrir un service dans les zones du Burkina

Faso dont le potentiel commercial n’est pas suffisant pour permettre qu’un opérateur

loue une ligne spécialisée.

Nous soulignerons sur ce point qu’il est uniquement question de volonté politique. Ce

qui peut cependant se comprendre facilement au vu du niveau important des

Emmanuel Lacroix Page 165

Page 166: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

recettes issues de l’Internet pour l’ONATEL qui reste pour encore quelques mois une

société d’Etat.

(2) Le coût d’une ligne spécialisée

Selon le site web de l’ONATEL, un accès permanent à Internet par une ligne

spécialisée à 64 Kbps représente, hors frais de mise en service, un coût mensuel de

1 003 000 Fcfa (soit à peu près 1500 euros / mois). Si l’on ajoute à ce prix celui de

« location vente modem série synchrone » qui représente un coût de 94.400 francs

CFA mensuel, la location d’une ligne spécialisée coûte approximativement 1 100 000

francs CFA chaque mois.

Ce coût, fixé par l’ONATEL, dépasse légèrement le prix moyen d’une ligne

spécialisée 64 Kbps en Afrique qui est, selon François Ossama, de 800 000 F

CFA92.

Le coût d’une ligne spécialisée rend très difficile le développement d’un accès à

Internet bon marché, fiable et rapide.

Une projection sur l’amortissement d’une ligne spécialisée par un cybercafé donne

une idée limpide de la difficulté de développer ce service sans l’amortir en parallèle

avec une activité de FAI.

En effet, si l’on considère un cybercafé possédant cinq ordinateurs, louant un local et

une ligne spécialisée à 64 Kbps. Le chiffre d’affaire mensuel nécessaire pour

atteindre le seuil de rentabilité peut être estimé approximativement (hors frais

financiers et salaires) de la façon suivante :

- 1 ordinateur coûte environ 1 200 000 F CFA. En amortissant chaque ordinateur

sur 5 ans, l’amortissement mensuel total sera d’environ 100 000 F CFA.

- La location d’un local en centre ville de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso

peut être estimé à environ 100 000 F CFA par mois.

- La location de la ligne spécialisée coûte 1 000 000 FCFA par mois.

92 François Ossama, Les nouvelles technologies de l’information. Enjeux pour l’Afrique subsaharienne, éditions l’Harmattan, 2001

Emmanuel Lacroix Page 166

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Le total, hors frais financiers et hors salaires, peut donc être évalué à près de 1 200

000 F CFA par mois.

Le coût d’une heure d’Internet dans un cybercafé étant de 1000 FCFA, il est

nécessaire pour amortir les charges que le cybercafé ait chaque mois, un minimum

de 1200 heures d’activité. Ce qui signifie que chaque ordinateur doit être occupé 9,6

heures par jour, toute l’année, avec une journée de fermeture hebdomadaire. Cela,

nous le rappelons, sans salaires, ni frais financiers.

On peut dès lors facilement constater qu’un cybercafé ne peut amortir une liaison

spécialisée sur une seule activité. Cela explique d’une part le faible nombre de

cybercafés (quoi que croissant) qui disposent d’une liaison spécialisée et d’autre part

que très peu d’entrepreneurs se contentent de fournir l’accès à l’internet et multiplient

les activités afin d’amortir les coûts fixes de location de la ligne. Nous avons évoqué

précédemment le cybercafé de Sylvain Zongo, également FAI, ce cas de figure

illustre parfaitement notre propos.

b) Pour une appropriation progressive des NTIC dans le monde

rural : la création de postes de médiateurs

L’Afrique des villages peut-elle être laissée sur le bord des inforoutes ? Il est vrai que

les obstacles apparaissant dans les zones rurales semblent souvent

infranchissables. Nous avons tracé précédemment un panorama des conditions

nécessaires à l’utilisation de l’internet. Cet outil nécessite notamment un niveau

d’alphabétisation très éloigné des réalités du monde rural ; il implique également une

appropriation technique inenvisageable à court terme ; il nécessite enfin des

infrastructures et un équipement onéreux.

Le principe de réalité nous force à nous interroger sur les modalités que pourraient

prendre l’implantation des NTIC en zone rurale. Les nombreuses questions posées

par la simple arrivée du téléphone chez les Sanan du Burkina Faso nous amènent à

douter de la possibilité d’introduire l’internet dans les campagnes.

Emmanuel Lacroix Page 167

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cependant, le succès d’opérations telles que DEVENET ou le constat effectué par

de nombreux chercheurs des avantages offerts par les télécommunications en

matière de développement économique du monde rural, soulignent la nécessité de

faire entrer l’Afrique des villages dans la société de l’information.

Comment concilier ces principes antagonistes ? Le développement des postes de

médiateurs au Sénégal mérite qu’on s’y arrête. Annie Chéneau-Loquay et Pape

N’diaye Diouf évoque dans Disponibilités et usages des technologies de la

communication dans les espaces de l’échange au Sénégal93, le cas d’un médiateur à

Sandaga, le grand marché du centre de Dakar. Babacar Diop a installé une petite

entreprise de conseil et de formation en communication dans un nouveau centre

commercial à côté du grand marché. Son entreprise dispose d’une connexion à

l’internet. Il a ouvert des boîtes aux lettres électroniques aux commerçants et les

informe à partir d’informations trouvées sur le web. Il a par exemple évité à l’un d’eux

de se rendre à Hong-Kong en lui fournissant les renseignements dont il avait besoin.

Ce type de services pourrait se développer et créer des emplois privés dans les

contextes ruraux qui réuniront suffisamment de demande pour permettre une activité

rentable. Une adaptation de cette fonction de médiation à une logique d’action

publique, pourrait également être envisagée dans les autres situations. Soulignons

que ce principe de médiation est utilisé en France depuis plusieurs années.

c) Le cas du Sénégal : le développement des cabines

téléphonique et des télécentres

Au Sénégal, un politique de développement des télécentres a permis d’accroître

considérablement la télédensité et de développer de la sorte un maillage de

télécommunication favorable au développement des NTIC.

En milieu rural, la SONATEL (opérateur public de télécommunication du Sénégal) a

installé gracieusement des cabines téléphonique et en à confié la gérance aux chefs

des communautés rurales concernées. En moyenne, deux milliards de francs CFA

93 Annie Chéneau-Loquay, Pape N’diaye Diouf et Thibaud Le Renard, Disponibilités et usages des technologies de la communication dans les espaces de l’échange au Sénégal, Sous la coordination d’Annie Chéneau-Loquay, Enjeux des technologies de la communication en Afrique, éditions Karthala, 2000

Emmanuel Lacroix Page 168

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

sont investis annuellement dans les zones rurales, soit environ 15% des

investissements annuels. L’objectif est de mettre le téléphone à moins de 5 km de

tout citoyen. Les recettes de ces infrastructures rurales ne couvrent cependant pas

les charges d’amortissement d’exploitation mais la SONATEL remplit parfaitement sa

mission de service public. A terme, l’existence de lignes téléphoniques pourra être

exploitée pour des accès à l’Internet.

Parallèlement, en milieu urbain, des autorisations ont été délivrées à des personnes

physiques pour qu’elles ouvrent et exploitent des petits centres de

télécommunication appelés « télécentre privé ». Le projet avait débuté en 1992 avec

l’installation de 4 télécentres et a rapidement pris une ampleur étonnante.

Gaston Zongo note que cette « politique de développement des télécentres contribue

à améliorer les conséquences néfastes de la faible densité téléphonique et de la

mauvaise productivité du secteur africain des télécommunications, en corrigeant un

tant soit peu leur impact, et peut, moyennant une analyse plus poussée, permettre

une meilleure connaissance de la structure de la clientèle (élément important de la

planification). Enfin les télécentres, après avoir rendu le téléphone populaire, peuvent

servir de points d’accès aux autoroutes de l’information. S’ils sont organisés et

conseillés, les exploitants des télécentres pourraient, avec les profits réalisés,

investir en équipements adéquats, pour se connecter à l’Internet, servir de centres

de consultation et d’hébergement pour les PME/PMI, les artisans et autres clients

individuels pour de nombreux services à valeur ajoutée et intensifier leur impact

socio-économique et financier pour une actualisation sur l’offre de service ».

Le Burkina Faso a approché le Sénégal pour tirer profit de son expérience et les

télécentres sont de plus en plus nombreux au « pays des hommes intègres »,

notamment à Ouagadougou.

Assurer l’alphabétisation, l’informatisation, le développement des infrastructures et

des points d’accès ne sera pas suffisant si la population ne dispose pas des

Emmanuel Lacroix Page 169

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

compétences qui permettent de découvrir les nouveaux océans du savoir. Cette

appropriation technologique nécessite de mobiliser les différents acteurs, de

multiplier les formateurs, de mener des actions de sensibilisation et de capitaliser les

expériences.

44.. DDéévveellooppppeerr lleess ccoommppéétteenncceess «« uuttiilliissaatteeuurr »»

a) Impliquer le monde associatif et élaborer un plan de

coordination

Les besoins en formation de l’Afrique sont considérables et s’expriment dans de

nombreux domaines. Le manque de formateurs est réel et il représente le problème

central du développement des compétences. Le site burkinet.com nous apprend

ainsi que « le gouvernement du Burkina Faso a annoncé vendredi que quelque 1.100

enseignants manquaient dans les établissements secondaires par rapport aux

besoins en effectifs pour l'année scolaire 2002/2003. "Si dans une classe qui est

censée avoir cinq enseignants, vous n'en avez que deux, il est évident qu'ils ne

peuvent pas enseigner l'ensemble des plages

horaires prévues pour cinq personnes", a déploré le ministre burkinabè des

Enseignements secondaire et supérieur, Laya Sawadogo, au cours d'une conférence

de presse à Ouagadougou. "Cette situation a une répercussion sur le rendement de

l'enseignement", a ajouté M. Sawadogo, qui tient "la déperdition des enseignants et

la construction anarchique d'établissements" pour responsable de ce déficit ».

Il conviendrait donc dans cette logique de mobiliser l’ensemble des ressources

humaines de bonne volonté.

Sans doute serait-il souhaitable de publier un « livre blanc » des actions de formation

prioritaires ou de mettre en ligne un site qui aiguillerait les associations sur les

besoins en formation du pays.

D’une façon générale, la création d’une structure d’information à l’intention des

associations serait souhaitable. Elle permettrait de faciliter les actions et de

concentrer les investissements sur les aspects les plus importants du développement

des compétences.

Emmanuel Lacroix Page 170

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

b) Former des formateurs

La formation de formateurs est une solution au manque de main d’œuvre dans la

formation. Cependant cela ne peut être effectué que dans un cadre matériel et social

qui assure la pérennité des formations et l’exploitation des compétences acquises.

La formation de formateur doit donc s’inscrire dans un projet global bien défini.

c) Mener des action de sensibilisation et initier le plus tôt

possible les élèves à l’informatique

Il est indispensable que des actions de sensibilisation telle que la fête de l’Internet

continue à être réalisée afin que la population prenne conscience du potentiel offert

par l’internet. L’exemple du « chat » mis en place par l’association Edukafaso entre

Bobo-Dioulasso et un collège de Seine et Marne mérite d’être à nouveau souligné

comme une illustration d’une action efficace de sensibilisation.

Parallèlement il est nécessaire de conduire des actions de sensibilisation dans les

écoles et de fournir à ces dernières des équipements informatiques et un

accompagnement éducatif afin d’habituer les élèves le plus jeune possible à utiliser

ces outils.

d) Capitaliser les expériences

(1) Pourquoi capitaliser ?

Le nombre de formations menées au Burkina Faso est déjà conséquent. Ainsi une

recherche rapide sur le web permet de découvrir plusieurs témoignages de

formateurs qui présentent leur action et évoquent les aléas de leurs expériences. Il

peut s’avérer très intéressant de « décortiquer » le contenu de chacun de ces

rapports afin d’en conserver l’essence et d’améliorer progressivement la pertinence

des interventions autant sur le fond que sur la forme.

Emmanuel Lacroix Page 171

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

L’examen d’un témoignage d’une jeune femme intervenant pour le compte de la

Francophonie et pris au hasard de la toile permet par exemple de dégager certains

éléments :

(a) Des conditions précaires d’enseignement

La jeune femme, d’origine canadienne, fait d’abord part de sa surprise quant aux

conditions matérielles d’enseignement :

« Je suis arrivée alors que les locaux n'étaient pas aménagés et les ordinateurs,

toujours dans leurs boîtes.

Étant contrainte à un seul ordinateur et un branchement Internet turbulent, je donnais

la formation aux abonnés sur une base individuelle ou en groupe de deux personnes.

Parfois, il y avait deux participants, mais 5 ou 6 personnes nous entouraient pour

écouter. »

(b) La difficulté de planifier la formation

Les aléas du Burkina rendent toute planification très difficile, la formatrice fait ainsi

part du fait qu’elle n’a pas pu aborder la formation telle qu’elle l’avait imaginé :

« Lors de notre formation pré-départ du Canada, on nous avait avertis que nos

attentes, nos objectifs, notre plan de travail changeraient sans doute pour s'adapter

aux réalités du terrain. Je sous estimais à quel point mes tâches en tant que

formatrice seraient variées.

La formation telle que je l'avais anticipée, n'a pas eu lieu. Toutefois, j'ai travaillé pour

aider les gens en tenant compte de leurs connaissances et aptitudes en

informatique. J'ai côtoyé des internautes de tous les niveaux : à la fois des gens qui

avaient peur de l'ordinateur et des gens qui en connaissaient beaucoup plus que

moi. »

(c) Des repères culturels différents qui rendent l’enseignement plus difficile

Enfin, les différences culturelles rendent l’enseignement difficile car les métaphores

ne sont pas toujours explicites :

Emmanuel Lacroix Page 172

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

« Je donnais souvent des exemples pour illustrer des notions ou des concepts de

l'informatique. Parfois, je me rendais compte que mes exemples étaient pertinents

dans un contexte nord-américain, mais avaient comme résultat d'assombrir les

choses pour les Burkinabé. Ce fut tout un défi d'imaginer des exemples pertinents

pour illustrer des concepts qui leur sont complètement étrangers.

Un jour, j'assistais un élève à créer une adresse de courriel. Le concept du mot de

passe lui étant complètement nouveau, j'ai voulu lui donner un exemple. Je lui ai

expliqué l'utilité d'un mot de passe en lui donnant l'exemple du mot de passe au

guichet automatique dans une banque. Il est inutile de vous dire que mon exemple

n'a pas éclairé mon ami.

Au début, j'ai eu du mal à vraiment saisir s'ils avaient compris. Par contre, il a été

intéressant de constater que les gens étaient de plus en plus à l'aise avec moi au fur

et à mesure qu'on se voyait, car ils posaient de plus en plus de questions. Parfois,

j'étais émerveillée qu'un abonné ait compris une manipulation ou un concept du

premier coup, alors qu'il avait du mal à comprendre une notion que moi je

considérais plus simple. »

(2) Comment capitaliser ?

La capitalisation des expériences est essentielle. Elle pourrait par exemple prendre

la forme d’un site web dédié à la formation au Burkina Faso et autorisant une

animation participative sur le modèle de SPIP.

Nous encourageons dans cette logique, l’association NTBF, qui a effectué un

premier pas déterminant dans le sens d’une capitalisation des expériences, d’une

implication commune franco-burkinabé et qui utilise SPIP comme technique de

communication.

Il nous semble essentiel que ce travail de mise en commun, soit transversal et

permette l’accumulation de connaissances autant du côté des associations que de

celui des professionnels.

Emmanuel Lacroix Page 173

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Interrogeons nous enfin sur les moyens de financer ces ambitieux investissements.

De la taxe sur les brevets proposée par Philippe Quéau à la taxe sur les bénéfices

apportés par les NTIC aux pays riches suggérée par Pascal Renaud, plusieurs

solutions existent.

55.. FFaavvoorriisseerr llaa ccrrééaattiioonn dd’’uunn eessppaaccee ppuubblliicc ddee ll’’iinnffoorrmmaattiioonn eett

ffiinnaanncceerr llee ddéévveellooppppeemmeenntt ddeess iinnffrraassttrruuccttuurreess eenn AAffrriiqquuee

a) Une taxe sur les brevets ?

Le projet « The Public Domain.02 » vise à consolider l’espace public de l’internet en

construisant un secteur ouvert à tous les usages, sauf les utilisations commerciales,

comprenant des textes et des logiciels d’auteurs vivants, et financé par des

ressources publiques ou une taxe sur les télécommunications. En France, Philippe

Quéau s’est fait le défenseur de l’approche du domaine public.

Ce dernier intervenant en janvier 2000 dans Le Monde Diplomatique posait la

question suivante : à qui appartiennent les connaissances ? Dans cette réflexion sur

les brevets et la propriété intellectuelle, Philippe Quéau notait que fin 1997,

l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) avait décidé de diminuer

d'environ 15 % les redevances imposées aux entreprises désireuses de déposer des

brevets industriels. La raison de cette diminution se trouvait dans le surplus financier

dégagé par l’organisation en raison de l’augmentation fulgurante du nombre de dépôt

en 10 ans.

Philippe Quéau soulignait avec ironie que « le fait qu'une organisation internationale

gagne trop d'argent est, à l'heure actuelle, rarissime. Et les idées ne manquent pas

pour affecter à l'intérêt général de tels fonds, provenant continûment d'une des

sources financières les plus profondes qui soient... »

Cela amenait cet intellectuel à remarquer que « les brevets industriels, et plus

généralement toutes les productions intellectuelles protégées par les lois sur la

Emmanuel Lacroix Page 174

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

propriété intellectuelle, utilisent pour une bonne part un fonds commun

d'informations, de savoirs et de connaissances appartenant de manière indivise à

l'humanité tout entière. Il serait juste, dans une optique de « bien commun mondial »,

d'utiliser les revenus obtenus par l'OMPI grâce au dépôt des brevets. Par exemple,

pour encourager la création d'une bibliothèque publique mondiale virtuelle,

uniquement constituée de textes appartenant au domaine public, et donc accessibles

à tous gratuitement.

Cela serait d'autant plus juste que, dans des organisations internationales comme

l'OMPI, c'est la puissance publique combinée des pays membres qui est mise au

service de la défense des intérêts privés des déposants. Le coût de l'infrastructure

juridique et policière permettant le renforcement effectif de la propriété intellectuelle

est, en effet, entièrement supporté par des fonds publics ».

L’auteur concluait en rappelant qu’un rapport du PNUD proposait qu’une partie des

fonds collectés auprès des détenteurs de brevets puisse également servir à financer

des recherches négligées du fait de leur manque d'intérêt pour le « marché ». « Ces

sommes pourraient être allouées aux agences des Nations unies dont on sait

qu'elles sont notoirement sous-financées. Ces agences pourraient alors d'autant

mieux jouer le rôle de régulation de la recherche au niveau planétaire qu'on attend

d'elles, rôle que le marché laissé à lui-même est bien incapable de remplir ».

b) Taxer les bénéfices apportés par les NTIC à la croissance

des pays riches ?

Pascal Renaud, chercheur à l’IRD et à l’Unitar, reprenait en 2001 dans la revue

futur(e)s94 l’idée émise par le Programme des Nations unies pour le développement

(PNUD) de taxer les e-mail. Il commentait cette solution en affirmant que « l'Union

européenne n'hésite pas à taxer les bénéfices réalisés dans les villes industrielles du

Nord pour aider le Sud ou l'Est du continent. En toute logique, les promoteurs de la

mondialisation devraient assumer la redistribution mondiale des ressources au profit

des zones défavorisées. Les NTIC sont, nous dit-on, à l'origine de 10 % à 20 % de la

croissance actuelle. Pourquoi ne pas reverser 1 % ? Et donner, par exemple, un

ordinateur au Sud pour cent vendus au Nord ? ».

94 Pascal Renaud, Quand la high-tech réduit le fossé nord-sud, in futur(e)s numéro 4, mars 2001

Emmanuel Lacroix Page 175

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

c) Les propositions issues du débat de l’AFTIDEV

D’autres propositions méritent d’être signalées, notons par exemple celles issues du

débat en ligne sur la maîtrise sociale des nouvelles technologies en Afrique sur le

forum AFTIDEV (http://www.aftidev.net) :

- Les redevances perçues lors de l’exploitation par l’Afrique des infrastructures

de commutations du Nord durant les communications ;

- La mise en place d’une taxe sur les communications électroniques,

- La mise en place d’une taxe sur les noms de domaines;

- Taxe sur les profits des activités économiques liées aux nouvelles technologies

de l’information des filiales au Sud des entreprises du Nord.

Le panorama des solutions pour favoriser l’accès à l’internet au Burkina ayant été

dressé, intéressons nous maintenant à la production et à la mise en ligne de contenu

burkinabé sur les autoroutes de l’information.

La création du contenu de la toile burkinabé doit en premier lieu éviter les pièges liés

aux fantasmes des entrepreneurs face à un nouveau média dont le potentiel semble

a priori immense, mais qui est dans les faits moins « magique » qu’il n’y paraît. Nous

définirons les axes qui permettront au Burkina Faso de définir ses priorités de

communication et d’éviter tout mimétisme. Nous examinerons ensuite les moyens de

favoriser la création de contenu en diminuant les coûts pratiqués par les entreprises

de conception web.

Emmanuel Lacroix Page 176

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

B. Entre Francophonie et présence du Burkina dans la société de l’information : comment favoriser la création de contenu burkinabé sur le web ?

Les risques liés aux fantasmes des entrepreneurs face à un média en apparence

« magique », sont importants. Il convient d’éviter le mimétisme et les entreprises

doivent faire preuve de retenue.

11.. LLeess rriissqquueess ddeess ffaannttaassmmeess eett ddeess uuttooppiieess ppoouurr lleess

eennttrreepprreenneeuurrss

a) Ne pas construire de contenus « à l’occidentale »

Face à l’avènement d’un nouvel outil de communication qui permet, chose rare, de

communiquer du Sud vers le Nord, les risques sont grands de voir survenir des

fantasmes sources de dépenses inconsidérées.

Les entrepreneurs burkinabé doivent se méfier des services « à l’occidentale » ; le

public cible n’est pas le même, le nombre d’internautes diffère également. Le modèle

d’un financement par la publicité n’est, par exemple, pas un modèle adapté au

contexte africain (pas assez de public notamment). On peut cependant se demander

également si ce modèle est adapté à l’Europe elle-même. Les nombreuses faillites

de « start up » lancées dans le secteur de l’internet à la fin des années 90 ont

introduit un doute légitime sur ce point.

Nous avons pu noter que de nombreux sites burkinabé proposaient des insertions

publicitaires, nous nous permettrons de douter de l’intérêt de cette démarche au vu

du faible nombre d’internautes burkinabé. Le mimétisme n’est certainement pas

souhaitable, il est indispensable que le Burkina exploite ses singularités et crée un

contenu adapté à son contexte

Emmanuel Lacroix Page 177

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Les questions sous-jacentes à tous projets de site web dans le secteur privé doivent

être tout d’abord celle de l’intérêt du projet puis celle de sa rentabilité.

Ces questions sont en fait identiques dans tous les domaines d’activité et il n’existe

aucune raison pour que l’Internet fasse exception au principe. Cependant les

nombreux fantasmes issus du média peuvent provoquer des décisions irrationnelles.

b) Illustration du principe

(1) Un commerçant de Ouagadougou

Le site de l’agence Syfia International rapporte un exemple qui illustre parfaitement

les dépenses inconsidérées consécutives aux fantasmes qui règnent parfois autour

des nouvelles technologies au Burkina Faso.

Il cite l’exemple d’un commerçant de Ouagadougou qui possède un site web réalisé

en 1998 par le CENATRIN. L’activité du commerce consiste à vendre des produits

alimentaires tels que le riz, le sésame et le karité.

L’article, ironique, évoque l’adresse web erronée qui apparaît sur la carte de visite du

commerçant. Cette erreur, loin d’être anecdotique, est révélatrice d’une

méconnaissance totale du média. En février 2000, le commerçant ne possédait

toujours pas de connexion Internet et n’avait jamais envoyé ni reçu le moindre

courrier électronique. Son site web présente un bon de commande en ligne, mais ni

les références ni les tarifs des produits ne sont indiqués et le commerçant n’a jamais

reçu la moindre commande.

Le commerçant en question a déboursé en 1998, 1,6 millions de francs CFA pour

l’achat de son site (2 439 euros).

Ce cas ne reflète pas l’état d’esprit de tous les entrepreneurs du Burkina Faso, mais

nous avons pu constater que la méconnaissance du média et de son impact réel

étaient fréquemment sources de dépenses exagérées. Un autre cas, à Bobo-

Dioulasso, vient illustrer également ce principe.

Emmanuel Lacroix Page 178

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(2) Un hôtelier de Bobo-Dioulasso

En octobre 2001, un hôtelier de Bobo-Dioulasso discutait d’un projet de site web

avec un concepteur web français. Le concepteur français proposait un prix de 200

000 F CFA pour la réalisation d’un site web plaquette pour l’hôtel (304,9 euros).

L’hôtelier, ne comprenant pas que le prix était annoncé en francs CFA et réagissant

donc par rapport à un prix de 200 000 francs français, envisageait sérieusement le

contrat, mais négociait tout de même en demandant une réduction du prix de moitié.

Il envisageait donc de payer un site web « plaquette » 100 000 francs français, soit

approximativement le double du prix qui serait proposé en France pour le même

service. Comprenant finalement son erreur, l’hôtelier s’est exclamé : « Je signe tout

de suite : à ce prix là ce n’est plus de la coopération, c’est du social ! ».

Cela reflète parfaitement la combinaison des fantasmes et des coûts trop élevés de

la conception web dans le pays. En effet, un hôtelier de Bobo-Dioulasso peut il

espérer réellement un retour supérieur aux 200 000 F CFA investis ? La question

mérite d’être posée.

Cependant, ces considérations comportent une forte part de subjectivité dans la

mesure où elles résultent uniquement d’une connaissance intuitive du web et du

marché du tourisme au Burkina Faso.

Après avoir désigné les services que le Burkina Faso doit absolument assurer, nous

allons maintenant examiner le type de contenu que le Burkina Faso doit créer en

priorité avant d’insister sur la visibilité des créations.

Emmanuel Lacroix Page 179

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

22.. QQuueell ccoonntteennuu bbuurrkkiinnaabbéé ssuurr llee wweebb ??

a) Posséder ses propres structures et ses services adaptés

Le Burkina Faso doit développer ses propres structures et ses services pour des

utilisations adaptées au contexte africain. L’exemple du courrier électronique illustre

cet enjeu.

Les internautes du Burkina Faso, nous l’avons vu, utilisent principalement le courrier

électronique sur l’internet. Rares sont ceux qui possèdent leur propre email hébergé

chez leur FAI ; la majorité utilisent les services de sites web comme Yahoomail ou

hotmail. Cela amenait en juin 2001 Sylvestre Ouédraogo à attirer l’attention sur les

risques liés à ce type d’utilisation. Il affirmait ainsi sur le site FING.ORG, « il y a un

problème que l'on oublie souvent : chez nous il n'y a pas d'internet local. Toutes nos

données sont stockées à l'extérieur, aucune dans le pays ! Si une boîte de

messagerie type Hotmail tombe en panne, c'est foutu. Au moindre problème on perd

tout ».

Cela a conduit à la création du service Wenadougou webmail, qui permet le stockage

burkinabé du courrier burkinabé. Cet exemple illustre la nécessité de développer

certains services et d’impliquer d’avantage le Burkina Faso dans la gestion des

infrastructures de l’internet.

b) Définir des secteurs prioritaires

(1) A qui s’adresse le contenu web du Burkina Faso ?

Avant tout, nous avons déjà montré que l’utilisation de l’internet ne va pas dans le

sens de la culture orale du Burkina Faso. L’information burkinabé sur le web ne doit

donc être envisagée que comme un complément exhaustif à une information déjà

connue, mais en aucun cas comme l’unique canal d’information sur un sujet donné.

Cela rend difficile pour l’instant la mise en place de systèmes d’informations partagés

sous la forme d’intranet par exemple. Ces derniers sont déjà difficiles à faire

fonctionner dans les pays occidentaux de « culture écrite » et il serait périlleux

d’investir dans des « gadgets » non utilisés dans la pratique.

Emmanuel Lacroix Page 180

Page 181: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Sur le court terme, les internautes occidentaux peuvent constituer une cible

pertinente pour le développement de sites burkinabé sur le web. En effet, les

principaux enjeux de court terme pour le Burkina résident dans la valorisation du

savoir-faire, de la main d’œuvre ou de la culture du pays auprès des pays riches.

(2) Les secteurs qui doivent être favorisés

Plusieurs secteurs peuvent être valorisés en priorité et bénéficier par exemple d’une

aide de l’Etat pour le développement de leur contenu web. Notons par exemple le

tourisme qui représente un important potentiel économique pour le Burkina Faso. Un

portail des hôtels existe mais l’information n’est pas tenue à jour et le site est très

mal référencé. Il est dommage que cette information, cruciale pour les touristes, ne

gagne pas en visibilité.

La promotion des produits industriels, artisanaux et agricoles mérite également d’être

favorisée, la plate forme commerciale initiée par le Trade point doit être développée

d’avantage et être mise plus en avant par le gouvernement. D’une manière générale,

la réalisation technique d’une plate-forme d’information ou d’un site web ne constitue

que tout au plus 50% du travail, le lancement et le décollage fonctionnel doit

catalyser autant de volontés si ce n’est plus.

L’utilisation de la technologie web dans une perspective de recherche médicale et

peut également être envisagée dans le cadre d’une coopération sous-régionale.

Enfin, la promotion des artistes et de la culture du Burkina peut permettre de

développer des opportunités intéressantes pour le pays. La notoriété de ces artistes

à l’étranger provoquera notamment des retombées touristiques à terme.

c) Rendre visibles les créations multimédia

(1) Le poids du référencement

On estime le nombre de pages sur Internet à plusieurs milliards. Le fait de proposer

un contenu ne peut donc être considérée comme une fin en soit, il s’agit de lui

Emmanuel Lacroix Page 181

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

donner ensuite une visibilité. Le référencement des créations sur les moteurs et

annuaires est, en ce sens, indispensable.

(2) La capitalisation de la visibilité sous la forme de réseaux et de portails

La création de portails est une stratégie classique pour assurer la visibilité de

contenu sur la toile. Dans le cas du Burkina Faso, il semble évident que la publicité

ne peut être une source de financement pour la création d’un portail. Les médias

classiques souffrent déjà de la rareté des investissements publicitaires, ceci alors

qu’ils touchent une part beaucoup plus large de la population.

Le développement de stratégies de portail résultera donc d’une recherche de

notoriété (comme l’a fait par exemple l’entreprise CENATRIN) ou d’une volonté de

développer un espace public national sur l’internet (comme l’a fait Younoussa Sanfo

avec son site Burkinet).

Il est inévitable que les entreprises cherchent à améliorer leur positionnement sur le

marché et qu’elles usent dans cette logique de stratégies favorisant leur notoriété ;

mais dans le cas des portails développés dans l’intérêt commun (tel burkinet), nous

incitons à limiter le nombre d’initiatives et à capitaliser sur une expérience réussie.

(3) La création d’une liste officielle des contenus d’intérêt général

La visibilité importante de certains contenus du web burkinabé permettrait de

favoriser l’intérêt général des burkinabé. La création d’une liste de sites présentant

un caractère d’intérêt général comme le Trade Point, le site du Fespaco, le site de

coordination des ONG et d’autres expériences réussies, permettrait de donner un

supplément de visibilité aux sites qui correspondent à la stratégie de développement

de l’internet du pays.

La rareté du contenu burkinabé est là encore une chance : le site du gouvernement

burkinabé arrive systématiquement bien placé sur les moteurs de recherche. Une

Emmanuel Lacroix Page 182

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

page de ce site pourrait ainsi être consacrée à la mise en avant de cette liste en

insistant sur le l’intérêt général présenté par les sites concernés.

(4) La mise en place d’une charte technique de création multimédia

Une véritable coopération entre les différents acteurs pourraient également passer

par la mise en place d’une charte technique de création multimédia permettant une

intégration facilité de chaque nouveau site dans un portail pré-existant. Il suffit pour

cela que toutes les pages soient « optimisées en pourcentage » et que les menus

soient intégrés en « include » sous forme de bandeaux. L’utilisation de normes

graphiques comme un fond blanc et un minimum d’images va également dans ce

sens.

Cette charte technique permet d’intégrer l’information facilement dans un portail tout

en respectant le souhait légitime ou non des acteurs de valoriser leur propre action

sur leur propre site.

Ce travail de recherche sera publié sur l’internet dans cette logique.

Penchons nous maintenant sur les moyens d’assurer un développement rapide de la

toile burkinabé. La diminution des coûts et la création d’une agence nationale de la

création multimédia nous semble notamment des objectifs prioritaires.

33.. CCoommmmeenntt ffaavvoorriisseerr llaa ccrrééaattiioonn dd’’uunn ccoonntteennuu bbuurrkkiinnaabbéé ??

a) Favoriser la conception de contenu en brisant les coûts de

conception

A l’image du cercle vicieux du sous développement des télécommunication que

Francis Balle décrit95 en évoquant « des infrastructures de télécommunications peu

95 BALLE Francis, Médias et Sociétés, 10ième édition, Montchrestien, pages 615 à 628, 2001

Emmanuel Lacroix Page 183

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

développées entraînant des coûts de télécommunication trop élevés », la création de

contenu sur les inforoutes du Burkina Faso, souffre du nanisme du marché potentiel

au Burkina.

Les sociétés et les organismes qui souhaitent se doter d’un site web ne sont pas

nombreuses ce qui n’incite pas à la création d’entreprises spécialisées. Les

entreprises qui proposent des services de création multimédia exercent toutes une

activité annexe, complémentaire.

Les coûts de conception web sont ainsi encore trop élevés actuellement. Ce niveau

de prix ne reflète pas les coûts habituellement pratiqués pour la vente de « matière

grise » au Burkina Faso. Ces coûts disproportionnés freinent la création de sites web

et il devient urgent de crever cette « bulle internet ». La concurrence et la meilleure

répartition des coûts fixes (multiplication des activités) sont nécessaires mais ne

seront pas suffisantes pour atteindre rapidement un niveau de prix acceptable. La

solution pourrait résider dans une intervention de l’Etat.

b) L’intervention de l’Etat pour le développement d’un contenu

prioritaire : la création d’une agence nationale de conception

multimédia

Nous avons vu précédemment que la création de contenus burkinabé sur les

inforoutes représentait un enjeu important pour le pays. Au delà de ces enjeux de

long termes, l’existence de certains contenus que nous avons qualifiés

précédemment de prioritaires, représente un intérêt urgent. Or les coûts

disproportionnés pratiqués actuellement par les entreprises de conception web

freinent la création de ces sites d’intérêt national.

La création d’une agence nationale de conception multimédia proposant des devis à

faible marge pourrait permettre d’aligner le niveau de prix de la conception web sur

ceux habituellement pratiqués dans le pays. Cette agence pourrait être consultée par

tous les individus ou organismes correspondant aux critères de « contenu

prioritaire » ; elle fournirait ainsi à ces derniers des propositions financières

Emmanuel Lacroix Page 184

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

raisonnables, libre aux entreprises privées de conception web de s’aligner ensuite

sur les prix proposés.

Penchons nous maintenant sur les opportunités économiques portées en elles-

mêmes par les NTIC. Nous insisterons notamment sur la nécessité de développer

une industrie de l’information et nous examinerons les conditions de la mise en place

de la sous-traitance informatique.

Emmanuel Lacroix Page 185

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

C. Au delà des enjeux liés à la société de l’information, les NTIC sont porteuses en elles-mêmes d’opportunités économiques pour le Burkina Faso

En premier lieu, les opportunités offertes par les NTIC nécessitent de développer une

industrie de l’information. Nous allons voir en effet que l’information est porteuse d’un

marché lucratif. Nous nous attarderons notamment sur le développement de logiciels

pour le compte des pays industrialisés, très demandeurs de main d’œuvre qualifiée

dans le domaine informatique.

11.. LLaa nnéécceessssiittéé ddee ddéévveellooppppeerr uunnee iinndduussttrriiee ddee ll’’iinnffoorrmmaattiioonn

Il est impératif pour le Burkina Faso, comme pour la plupart des autres pays

d’Afrique subsaharienne, que l’entrée dans la société de l’information ne s’effectue

pas qu’en tant que consommateur des produits de l’information distribués par les

pays du Nord. Nous avons déjà vu que la production d’un contenu francophone et

africain présentait un enjeu important pour la région. Mais avant même les enjeux de

long terme représentés par l’insertion du Burkina dans la société de l’information et

par le développement d’un contenu francophone, le développement des

compétences en production multimédia destinés au marché international pourrait

représenter en elle même une source de revenu conséquente pour le pays.

(1) L’information : un marché porteur

Comme le souligne François Ossama dans Les nouvelles technologies de

l’information, enjeux pour l’Afrique subsaharienne96, les investissements dans le

secteur de la conception Internet, sont en général moins lourds que dans l’industrie

et donc plus accessibles aux opérateurs économiques africains. Il évoque l’exemple

des pays asiatiques. Des pays comme Taiwan regroupent de très nombreuses

petites entreprises d’à peine 100 personnes qui produisant des milliers de cartes

96 François Ossama, Les nouvelles technologies de l’information. Enjeux pour l’Afrique subsaharienne, éditions l’Harmattan, 2001

Emmanuel Lacroix Page 186

Page 187: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

mères par mois. Ces entreprises investissent plus de 5% de leur bénéfice net dans

la recherche ce qui leur permet de rester compétitive et de concurrencer les

entreprises occidentales.

La production de matériel n’est cependant pas le créneau le plus adapté à l’Afrique.

Nous insisterons plutôt, sur la production de logiciels et de supports multimédias

(sites web, Cdrom). Ces dernières productions se résument davantage à de la

créativité. C’est ce qui explique selon François Ossama que de nombreux

programmes ont été développés par des étudiants avant d’être récupéré par les

grands éditeurs comme Microsoft.

(2) L’externalisation de la programmation par les pays riches

Le marché de « l’offshore programming » mérite une particulière attention. Ce terme

désigne le procédé par lequel les grands éditeurs comme Oracle ou Microsoft, sous-

traitent à des sociétés de pays en développement, l’écriture ou la traduction de leurs

logiciels.

L’Inde représente un exemple particulièrement réussi de pays qui a su attirer les

investissements pour le développement de logiciels. Ainsi la ville de Bangladore

dans l’Etat de Kartataka a plus en commun avec la Sillicon Valley américaine

qu’avec les quartiers pauvres de calcutta. Les très nombreuses entreprises

informatiques développent pour l’essentiel, des logiciels pour le compte des plus

grandes entreprises occidentales. En 1996, le pays avait exporté pour 600 millions

de dollars de logiciels informatiques. En 2001, les exportations ont atteint 2,5

milliards de dollars.

Il est intéressant dans cette logique de noter que le Burkina Faso avec des coûts de

main d’oeuvre extrêmement faible pourrait s’introduire dans les énormes marchés de

la sous-traitance informatique. La saisie de données représente à elle seule un

marché de trois milliards de dollars par an.

Emmanuel Lacroix Page 187

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

b) Le développement d’une image qualitative et l’attrait des

investisseurs

A terme, la qualité des développements et l’habitude de la sous-traitance peut

représenter pour le Burkina Faso, une chance de présenter une nouvelle image

internationale globalement positive de partenaire intéressant dans le domaine de la

sous-traitance de services.

Michel Roussin, ancien ministre de la coopération intervenant dans Le Monde97,

posait la question suivante : « Comment donner confiance aux investisseurs

étrangers quand les entrepreneurs locaux ne croient pas réellement en l'avenir de ce

continent ? »

Pour y parvenir, il est selon lui nécessaire que l'intégration régionale soit forte et

reconnue. Ce qui implique d’établir « des priorités dans le transfert de souverainetés

nationales au niveau régional : en créant, comme cela a été fait en Europe, une

agence susceptible d'assurer la gestion d'infrastructures régionales ; en

encourageant les initiatives visant à harmoniser l'environnement des affaires au

niveau régional ; en créant une structure régionale de négociation sur les questions

multilatérales, à l'image de la Regional Negociation Machinery des Caraïbes.

L'investissement étranger constitue avec l'investissement local l'élément moteur de la

croissance et de l'emploi. Le secteur privé africain doit s'approprier la technologie la

meilleure et investir lui-même sur le continent. Comment donner, en effet, confiance

aux investisseurs étrangers quand les entrepreneurs locaux ne croient pas

réellement en l'avenir de l'Afrique ? Les conditions essentielles pour atteindre cet

objectif : mettre en place un environnement politique, juridique et financier stable

ainsi qu'une administration efficace, pour assurer le fonctionnement d'un Etat de droit

qui donne une visibilité de long terme aux investisseurs ; fixer l'épargne locale en

s'attaquant à la fuite des capitaux, à la corruption, et améliorer les structures

financières en favorisant la création ou en renforçant les marchés de capitaux locaux

existants ; concentrer l'APD sur des projets significatifs, viables et ayant un impact

visible ; redéfinir les conditions du partenariat public-privé (PPP) ; diffuser une image

97 Michel Roussin, Afrique, indispensables opérateurs privés, Le Monde, 27 juin 2002

Emmanuel Lacroix Page 188

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

positive de l'Afrique ; donner une priorité à la formation professionnelle ; conduire des

actions d'envergure en faveur de l'intégration du secteur informel dans l'économie ».

Michel Roussin précise en outre que « la mise en place des infrastructures de

communication entre tous les pays d'Afrique est un impératif pour la croissance et la

valorisation des richesses. Dans ce domaine à forte intensité capitalistique exigeant

un savoir-faire pointu, rien ne pourra se faire de manière durable sans une

concertation étroite entre le secteur privé, les bailleurs de fonds et la puissance

publique ».

L’ancien ministre conclue enfin son intervention en affirmant que « l'Afrique recèle

d'immenses potentiels de croissance. Pour les concrétiser, il faut créer les conditions

qui permettent l'émergence d'un tissu d'entrepreneurs locaux et de tirer les bénéfices

de la croissance mondiale. Les pays d'Afrique nous proposent aujourd'hui un mode

de coopération qui n'est plus celui de la simple main tendue. Nous devons y

répondre par un contenu approprié, en osant aller au-delà du débat sur le taux de

contribution par rapport au PIB des pays riches ».

Penchons nous maintenant sur les conditions de mise en œuvre de la sous-traitance

informatique en insistant en premier lieu sur la nécessité d’une démarche de

prospection puis sur les efforts à effectuer nécessairement dans le domaine de la

formation. Nous examinerons pour finir le cas du Sénégal, exemple réussi d’une

activité de téléservices en Afrique de l’ouest.

22.. CCoommmmeenntt ppeerrmmeettttrree llaa mmiissee eenn ppllaaccee ddee llaa ssoouuss--ttrraaiittaannccee

iinnffoorrmmaattiiqquuee ??

a) Initier la sous-traitance par une démarche de prospection

Devant les difficultés d’attirer la confiance des investisseurs ou d’obtenir des contrats

de sous-traitance, notamment dans le domaine de l’informatique, le Burkina pourrait

initier elle même une démarche de prospection après avoir créé le cadre nécessaire

à une activité efficace.

Emmanuel Lacroix Page 189

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Dans le domaine des NTIC, nous avons précédemment proposé la création d’une

agence nationale de conception multimédia chargée d’établir des devis et de

concevoir des sites pour le développement d’un contenu prioritaire sur les inforoutes

du Burkina. Ces mêmes agences pourraient ensuite créer une mini-filiale en Europe

chargée de prospecter les entreprises en proposant un service de création

multimédia. La structure européenne prendrait en charge la gestion de projet et

l’interface avec le client et l’agence burkinabé développerait graphisme et structure

technique.

Cette « prise en main » par le Burkina du développement commercial de son activité

dans le domaine des TIC, permettrait au pays d’acquérir une reconnaissance de ses

compétences et lui assurerait à terme de se positionner comme un sous-traitant des

pays du Nord dans le domaine de l’internet. Cela pourrait également, à terme, ouvrir

la voie à un développement plus global.

b) Développer des compétences correspondant aux besoins de

la sous-traitance

(1) Le développement des compétences en infographie

Nous avons vu précédemment que les compétences en infographie étaient pour

l’instant relativement rares au Burkina Faso, leur développement est important car

ces techniques sont au centre de la communication numérique des entreprises des

pays riches.

La maîtrise de la technologie flash est notamment devenue incontournable dans les

pays occidentaux et il serait utopique de vouloir prospecter les marchés de la

communication des pays riches sans disposer d’une main d’œuvre qui connaisse

parfaitement cette technologie.

Le développement d’une stratégie de sous-traitance passe donc d’abord par une

formation adaptée de la main d’œuvre au Burkina Faso. Cela implique notamment

Emmanuel Lacroix Page 190

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

l’acquisition de compétences graphiques et l’étude des standards graphiques

occidentaux.

(2) Les langages de programmation

Les compétences en programmation sont plus répandues au Burkina Faso : l’ESI,

excellente école, forme des ingénieurs de bon niveau qui sont capables de réaliser

des programmes de qualité et d’adapter facilement leurs compétences à la

conception web.

Le bon niveau de cette formation et la multiplication des ressources universitaires en

ligne, pourraient être mis à profit pour effectuer une veille permanente sur les

évolutions technologiques et pour acquérir systématiquement une avance sur les

autres pays. L’apparition du langage XML aurait par exemple pu permettre au

Burkina Faso de posséder un avantage comparatif s’il avait rapidement mis en place

une stratégie dans ce sens. L’utilisation de ce langage a en effet mis près de 4 ans à

se généraliser, ceci alors que son potentiel était connu depuis plusieurs années.

Observons, pour finir, le cas du Sénégal qui a su développer un service efficace de

sous-traitance informatique.

c) Le cas du Sénégal

Le Sénégal représente un exemple intéressant d’un pays d’Afrique de l’ouest

francophone lancé sur le marché mondial des offres de services issues des NTIC98.

Dans une étude intitulée Le développement du commerce électronique en Afrique :

le cas du Sénégal99, Abdoulaye Ndiaye, chercheur, définit les téléservices comme «

toute prestation de services à valeur ajoutée, entre entités juridiques distinctes,

utilisant les outils de communication ».

98 Bassirou Ndiaye, Sud TIC n°1, www.anais.org, extrait de Sud Quotidien du mardi 27 juin 2000 99 Abdoulaye Ndiaye, "Développement du commerce électronique en Afrique : le cas du Sénégal", Programme d’Assistance Coordonnée à l’Afrique dans le domaine des services (Capas), Union Internationale des Télécommunications (UIT), octobre 1999

Emmanuel Lacroix Page 191

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Cette étude nous apprend que plusieurs structures ont déjà été créées au Sénégal et

se développent au gré d’une demande de plus en plus précise et pointue. Certaines

sociétés se sont spécialisées dans leurs offres et ont créées des structures

spécialisées dans un secteur donné. C’est le cas par exemple de la société

“Mastercad” créée pour satisfaire la demande en Conception assistée par ordinateur

(Cao) et Dessin assisté par ordinateur (Dao). Cette société s’est notamment

consacrée à la numérisation de plans.

Une autre société, Téléservices S.A. dont la Sonatel détient 34% du capital, offre des

services de télésaisie de documents et d’informations juridiques sur le système

judiciaire sénégalais. Téléservices S.A. collabore avec de grandes multinationales de

l’informatique.

Une autre entreprise de téléservices, Alphacad, reprend, grâce à un logiciel de

dessin assisté par ordinateur, de vieux plans d’architecture de la France qui avaient

été dessinés, à l’époque, à la main, et les envoie par la voie électronique sous forme

de fichiers. L’entreprise Pictoon S.A. réalise des dessins animés pour des clients

européens tandis qu'Africa Net fait la télésaisie d’horoscopes pour des clients

français qui les publient sur l’internet et sur le minitel.

La société Addaxim offre une solution intranet aux entreprises. Elle offre également

un système de câblage réseau susceptible de combiner la voix, les données, l’image

et l’énergie.

Modou Diouf100, responsable de la formation et du Campus numérique de Dakar a

réalisé une étude qui classe ces téléservices en cinq grandes catégories :

- Téléservices d'information et de médiation (téléservices de courtage et

médiation téléinformatique ;

- Téléservices de compensation, catalogues électroniques, etc) ;

- Téléservices fonctionnels (télésecrétariat, télésaisie, télétraduction,

téléinterprétariat, téléconseil, télégestion, etc) ;

100 Modou Diouf, Nouvelles technologies de l’information et de la communication au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Sénégal, Agence Universitaire de la Francophonie.

Emmanuel Lacroix Page 192

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

- Téléinformatique (téléingénierie, téléassistance technique, télédéveloppement

de logiciels, téléarchivage, etc) ;

- Télégestion, télésurveillance d’équipement ou de réseaux (télésurveillance et

télégestion des équipements de chauffage et climatisation, télésurveillance des

ascenseurs, télégestion des réseaux d’eau, d’électricité, de gaz et d’éclairage

public, etc).

Le gouvernement a tenu un conseil interministériel en juillet 1999 en vue d’examiner

les voies pour promouvoir les téléservices au Sénégal. Plusieurs décisions ont été

prises, notons par exemple l’éligibilité des entreprises de téléservices au régime des

entreprises franches d’exportation qui leur confère des avantages fiscaux et

douaniers, la dotation du Conseil supérieur de l’industrie de moyens financiers et

techniques pour faciliter la certification des entreprises de téléservices aux normes

ISO 9000, etc.

L’existence d’une forte diaspora à travers le monde représente en outre un atout

important car elle a permis de favoriser les contacts entre l’offre et la demande.

Les acteurs de l’industrie de l’information sénégalaise insistent maintenant pour

qu’un certain nombre de contraintes soient levées afin que le Sénégal soit prêt à

répondre au maximum de sollicitations.

Ces contraintes résident notamment dans “le coût des télécommunications et

notamment le système de tarification actuellement en vigueur qui est proportionnel

au temps de connexion et qui n’offre aucun choix de paiement d’un montant

forfaitaire mensuel et enfin qui n’offre aucune différenciation entre un appel

téléphonique local et une connexion Internet”. Ces coûts élevés de la communication

sont dissuasifs pour les usagers, maillon essentiel de la chaîne des téléservices. Au

plan des outils et des coûts, on peut noter également “l’absence de culture

technologique, la faiblesse du taux d’équipement informatique, la méconnaissance

des possibilités offertes par les téléservices, le coût élevé des équipements, de la

maintenance et, parfois, la mauvaise qualité de l’énergie électrique”.

Emmanuel Lacroix Page 193

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Au plan institutionnel, les obstacles au développement des téléservices résident

dans l’existence de trop nombreuses structures et d’un manque de coordination dans

la mise en œuvre de la politique nationale. Les acteurs notent également l’absence

d’une promotion du Sénégal, non plus seulement comme une destination touristique

mais aussi comme un pays de services.

Ces différentes actions, ajoutées à un potentiel significatif notamment lié à l’avance

certaine du Sénégal sur ses voisins dans le domaine industriel et commercial, ont

permis au pays d’acquérir un statut reconnu bien qu’encore naissant dans le

domaine des téléservices informatiques.

Emmanuel Lacroix Page 194

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Conclusion

Nous avons montré que d’un point de vue global, philosophique et politique,

l’intégration des pays du Sud dans la société de l’information représentait une

nécessité absolue. Les enjeux économiques, culturels et pratiques de la

Francophonie incitent également à favoriser l’entrée des pays d’Afrique Francophone

dans la société de l’information. Ceci implique de développer l’accès à l’internet, la

maîtrise technologique et la production de contenus.

Le développement de l’accès à l’internet au Burkina Faso implique certains

préalables qui rejoignent parfois d’autres impératifs de développement. Il en est ainsi

du développement de l’éducation et de l’objectif affiché par l’UNESCO d’atteindre

« l’éducation pour tous ». L’alphabétisation représente effectivement le premier et

indispensable pas vers la maîtrise des nouveaux outils de communication qui, tels

l’internet, fonctionnent à partir d’un support écrit. Dans le même temps mais dans un

contexte plus ambitieux, l’éducation passe également par la formation de la

population à l’utilisation des nouveaux outils de communication dont les premiers

représentants sont l’ordinateurs et la messagerie.

Le développement des infrastructures de télécommunication et de l’informatisation

du Burkina s’inscrivent également comme des efforts incontournables et la

privatisation de l’Office national des Télécommunications (ONATEL) procède de

cette logique.

L’accès à l’internet doit être favorisé par la multiplication des points d’accès et par le

développement de solutions adaptées à l’Afrique, c’est à dire l’usage partagé des

nouveaux outils de communication. En premier lieu, l’accès RTC, qui nécessite des

Emmanuel Lacroix Page 195

Page 196: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

communications téléphoniques fréquentes et qui entraîne de nombreux surcoûts, doit

être remplacé progressivement par un accès continu à coût fixe.

Enfin, la notion de service public ne doit pas être oubliée et l’implantation de la

téléphonie et de l’internet en zones rurales doit être favorisée. La multiplication des

télécentres et la création de postes de médiateurs permettraient d’avancer dans ce

domaine. Il est également souhaitable que soit tenu compte des incidences socio-

culturelles de ces nouveaux outils sur les populations.

Au delà du nécessaire développement de l’accès aux nouvelles technologies, la

création d’un contenu burkinabé sur les inforoutes regroupe également de multiples

enjeux. Entre sauvegarde d’une culture précieuse, l’existence de ressources en

français (et donc accessible à une population non-anglophone) et le poids politique

et économique de la zone francophone, le développement de la toile burkinabé est

loin de représenter un enjeu anecdotique. La formation à la conception doit donc être

favorisée.

Ces enjeux stratégiques et les grands axes qui en découlent soulèvent d’autres

objectifs et enjeux de court terme. Dans ce dernier volet, le plus concret, plusieurs

points sont améliorables et plusieurs défis doivent être relevés .

Nous regrettons par exemple l’éparpillement des projets, le manque de coordination

des différents acteurs. Ainsi, un coopérant français à Ouagadougou affirmait encore

récemment sur une liste de diffusion consacrée aux nouvelles technologies que

« pour le cas du Burkina, il est patent de constater que la mobilisation pour les TIC

existent mais encore plus de déplorer un flagrant délit d'éparpillement de tous les

projets, du RESAFAD à la Banque mondiale, PAJE, NTBF, CDSPTT, AID, Burkina,

Yam Pukri, Club @, projets universitaires (Ouaga-Bobo) et autres de la DELGI ,

coopération hollandaise, belge et allemande et j'en passe (…), il est déplorable de ne

pas sentir un vrai désir d'harmonisation que seul le Burkina lui-même peut insuffler ».

Derrière cette nécessaire coordination, apparaît l’enjeu de la visibilité sur l’internet.

La création de sites web centralisant les informations de toutes les origines afin de

permettre l’information des différents acteurs est, dans cette logique, indispensable.

Emmanuel Lacroix Page 196

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Nous avons souligné que cela était souhaitable dans le domaine de l’action

associative mais aussi dans celui du commerce ou encore de la coopération. La

désignation d’une liste de sites représentant un intérêt national peut également

s’avérer intéressante.

Le renforcement d’une collaboration globale pour le développement des inforoutes

au Burkina Faso pourrait continuer par l’utilisation d’une charte technique facilitant

l’intégration des informations des sites sur un portail commun. La non multiplication

des portails est également souhaitable dans cette logique.

Parallèlement, le Burkina Faso doit éviter le mimétisme et construire ses propres

inforoutes en les adaptant au contexte africain. Ceci en se méfiant des mirages

portés par les nouvelles technologies et en s’appropriant les outils de son

indépendance, non pas dans une logique anticolonialiste mais dans un esprit de

coopération et de limitation des risques. Pour Microsoft, l’exploitation de l’entreprise

de courrier en ligne Hotmail ne représente que des enjeux financiers. Pour le Burkina

Faso, l’arrêt de l’activité de cette messagerie signifierait la perte d’une part

importante de l’information numérique du pays. Cela va dans le sens de la création

de services comme webanougou, le service de courrier en ligne de Ouagadougou.

Le développement de contenus burkinabé sur la toile mondiale doit être favorisé.

Des programmes de coopération oeuvrent déjà pour la création de ressources

numériques au Burkina. Cependant, nous avons vu que le niveau de prix pratiqué

pour la conception internet était encore largement prohibitif et qu’il risquait de freiner

la création de certains contenus qui représentent un intérêt pourtant crucial pour le

pays. La création d’une agence nationale de conception multimédia sans objectif de

profit pourrait répondre à cette préoccupation.

Enfin, au delà des utopies portées par l’avènement d’un marché mondial et par les

techniques d’information qui permettraient potentiellement aux produits burkinabé de

trouver des débouchés, les NTIC sont porteuses en elle mêmes d’opportunités

commerciales. Nous avons notamment examiné le potentiel offert par le marché du

développement informatique et internet tout en attirant l’attention sur les difficultés

auxquelles sera confronté le Burkina pour attirer les investisseurs et acquérir le statut

Emmanuel Lacroix Page 197

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

d’interlocuteur valable. La création d’une petite structure chargée de prospecter en

Europe pour le compte d’entreprises informatiques burkinabé, représente selon nous

une solution à ce manque de confiance.

Les défis auxquels le Burkina Faso doit faire face à long, moyen et court termes,

dans le domaine des NTIC sont considérables. Ce pays enclavé, dont l’indice de

développement humain est l’un des plus bas du monde, n’est cependant pas seul

pour amorcer cette pente. Il peut compter en premier lieu sur la coopération sous-

régionale qui regroupe des pays confrontés aux mêmes défis et dont certains,

comme le Sénégal, ont déjà franchis quelques étapes importantes et disposent donc

d’une connaissance empirique qui doit être partagée. Le Burkina Faso continuera

également à être assisté par les pays occidentaux et par des institutions

internationales comme l’UNESCO. Les pays Francophones, à travers leurs

organisations, apporteront enfin un soutien non négligeable afin d’atteindre ces

objectifs.

Emmanuel Lacroix Page 198

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Bibliographie

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BARRAT Jacques, Géopolitique de la francophonie, PUF, 1997

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DURAND Charles, La mise en place des monopoles du savoir, éditions l’harmattan,

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Emmanuel Lacroix Page 199

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Site du club@. Association pour la promotion des NTIC dans les médias

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Site web sur le droit et la toile

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Site de l’association Edukafaso

http://www.edukafaso.org

Site fédérateur des ONG oeuvrant au Burkina

www.faso-ong.org/

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http://www.faso-ong.org/fiab/

Site du projet de la Société des Fibres et Textiles, SOFITEX

www.fasonet.bf/pr-prao

Site de l’ONATEL pour la clientèle abonnée aux différents services internet

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Site du Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou (FESPACO)

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Site de la fête de l'internet au Burkina Faso.

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Site du Ministère de l’Economie et des finances

www.finances.gov.bf

Site de la fondation internet nouvelle génération

www.fing.org

Site de l’ambassade de France au Burkina

www.france-burkina.bf

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http://www.france-burkina.bf/CoopDec/ONG/AOI.html

Site de la Francophonie au Burkina

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Site du projet fragments du monde

http://www.fragmentsdumonde.org

Site web du FONER, le fonds de éducation et recherche

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Site de la francophonie

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Site de l'Institut Supérieur en Informatique de Gestion

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Site de l’IRD ex ORSTOM

www.ird.bf

Site de l’ITU

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Site sur la législation du BURKINA FASO

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Site du FAI LIPTINFOR

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Site de l'observateur Paalga

www.lobservateur.bf

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Site de la Mairie de Ouagadougou

www.mairie-ouaga.bf

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

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Site du ministère de l'emploi du travail et de la sécurité sociale

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Site du « point de rencontre » de Younoussa Sanfo

www.multimania.com/ysanfo/

Site du musée de la musique de Ouagadougou

www.museedelamusique.gov.bf

Site du musée de Gaoua

www.museedegaoua.gov.bf

Site web du FAI netacces

http://www.netaccess.bf/

Site de l'association NTBF pour la promotion des NTIC au Burkina Faso.

http://www.ntbf.net/

Site de l’ONATEL

www.onatel.bf

Site sur les NTIC dans les médias au Sénagal

http://www.panos.sn/

Site du PNUD au Burkina Faso

http://www.pnud.bf/

Site officiel du Gouvernement

www.primature.gov.bf

Site du programme de formation au métier de l'image et du son

www.profis.gov.bf

Emmanuel Lacroix Page 213

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

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www.poterieduburkina.gov.bf

Site de l’association RIFOD

www.rifod.org

Le site du réseau RIO

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Site de l’association Reporter Sans Frontières

www.rsf.org

Site du SIAO

www.siao.bf

Site des Editions SIDWAYA

www.sidwaya.bf

Organisation Néerlandaise de Développement

www.snvburkina.org

Site de la semaine nationale de la culture

www.snc.gov.bf

Site de Thot, publication hebdomadaire en ligne consacrée à l'actualité et au

développement de la formation à distance, particulièrement dans les pays de la

francophonie

http://thot.cursus.edu/

Site de la Télévision Nationale du Burkina

www.tnb.bf

Site du Trade Point du Burkina

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

http://www.tradepoint.bf

Commission économique pour l’afrique. Nations-unies

http://www.uneca.org/aisi/nici/Burkina%20Faso/burkinab.htm

Site de l’Université de Ouagadougou

www.univ-ouaga.bf

Site du programme d'enseignement à distance de la banque mondiale au Burkina

www.worldlinks.bf

Site de l’association Yam-Pukry, pour la promotion des NTIC au Burkina Faso

http://www.yam-pukry.org

Site du FAI ZCP

www.zcp.bf

Office du tourisme

http://www.zedcom.bf/annonces/ontb/ontb.htm

Emmanuel Lacroix Page 215

Page 216: Télécharger l'étude au format PDF

L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

Table des matières

REMERCIEMENTS..................................................................................................... 1 SOMMAIRE................................................................................................................. 2 INTRODUCTION......................................................................................................... 3

I. La situation de l’Internet au Burkina Faso en 2002 .................................................... 10 A. LE PAYS, SON INFORMATISATION ET SES INFRASTRUCTURES DE TELECOMMUNICATION 10

1. Présentation du Burkina Faso ..................................................................................10 a) Le pays, ses richesses, sa population ....................................................................10

(1) Histoire politique ..........................................................................................10 (2) Situation géographique et démographique ...................................................15 (3) Niveau de développement humain (selon les critères retenus par le PNUD) 16

b) Histoire des technologies de la communication au Burkina.................................17 (1) histoire de l’informatisation et des télécommunications ..............................17 (2) Du Réseau Intertropical d’Ordinateur (RIO) développé par l’ORSTOM à l’internet « grand public » en Afrique ......................................................................19

2. Informatique : équipement du pays et prix pratiqués ...............................................22 a) Le niveau d’informatisation actuel .......................................................................22 b) Un matériel informatique importé en totalité .......................................................23 c) Taxes et procédures ..............................................................................................24

(1) Des taxes élevées sur les produits informatiques..........................................24 (2) Des procédures d’importations allégées mais encore handicapantes pour les non ouagalais ............................................................................................................25

3. Télécommunications, infrastructures et prix pratiqués ............................................26 a) Le réseau téléphonique .........................................................................................26

(1) Etat des lieux.................................................................................................26 (2) Un réseau téléphonique de mauvaise qualité ................................................27 (3) Un coût élevé des télécommunications.........................................................28

b) Infrastructures Internet..........................................................................................28 (1) Le service de transmission de données par paquets X25 (FASOPAC) ........28 (2) Réseaux locaux et liaisons spécialisées ........................................................28 (3) Etat du réseau public.....................................................................................29

B. L’INTERNET : ACCES, UTILISATION, COMPETENCES ET PRODUCTION DE CONTENU ........31

1. Accès à l’Internet et pratiques d’utilisation .............................................................31 a) Les fournisseurs d’accès .......................................................................................31

(1) De nombreux FAI à Ouagadougou...............................................................31

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(2) L’ONATEL avec Fasonet : le fournisseur d’accès à l’Internet en position de monopole dans tout le pays hormis la capitale .........................................................34

b) Les points d’accès à l’Internet ..............................................................................37 (1) Les accès à domicile .....................................................................................37 (2) Les accès professionnels...............................................................................37 (3) Les accès communautaires............................................................................39

c) Les Internautes......................................................................................................48 (1) Leur nombre..................................................................................................48 (2) Les profils des Internautes burkinabé ...........................................................48 (3) Les pratiques des internautes burkinabé .......................................................52

d) Quelques exemples d’utilisation de l’internet dans un cadre professionnel ou associatif .......................................................................................................................58

(1) DEVENET : des cédéroms et un site............................................................58 (2) L’utilisation de l’internet dans une association de Pô ..................................59 (3) L’utilisation de l’internet par une entreprise informatique...........................60 (4) L’utilisation du courrier électronique pour favoriser les échanges dans le cadre d’un jumelage franco-burkinabé .....................................................................60 (5) L’utilisation de l’internet par le Centre Muraz de Bobo-Dioulasso .............61

2. Etat des compétences techniques..............................................................................62 a) Compétences informatiques..................................................................................62

(1) Les compétences en entreprises....................................................................62 (2) Les formations universitaires, en entreprises ou pilotées par l’Etat .............62

b) Compétences en gestion des infrastructures et en télécommunication.................64 (1) Les compétences en entreprises....................................................................64 (2) l’Ecole Nationale des Télécommunications .................................................65

c) Compétences en Conception Internet ...................................................................65 (1) Les compétences en entreprises....................................................................65 (2) Les formations ..............................................................................................66

d) La fuite des cerveaux ............................................................................................67 (1) La fuite des cerveaux : une pénalisation importante des pays en voie de développement ..........................................................................................................67 (2) Le cas particulier des nouvelles technologies...............................................68 (3) La diaspora au secours de l’Internet burkinabé ............................................68

3. L’information burkinabé sur les inforoutes ..............................................................70 a) La visibilité et la pertinence d’une recherche sur le web burkinabé.....................70

(1) Quantité.........................................................................................................70 (2) Qualité, origine et pertinence des résultats ...................................................70

b) Panorama du web burkinabé.................................................................................72 (1) L’information d’origine burkinabé ...............................................................72 (2) Les sites d’origine étrangère sur le Burkina Faso.........................................76

c) L’hébergement du web burkinabé ........................................................................77 d) Un marché intérieur extrêmement limité ..............................................................79

(1) Les coûts importants de la création Internet au Burkina Faso......................79

C. STRUCTURES NATIONALES ET ACTIONS INTERNATIONALES DE DEVELOPPEMENT...........83 1. L’action du gouvernement, les structures d’encadrement mises en place et le plan de développement national ...............................................................................................83

a) Les organes et les cadres qui structurent l’internet au Burkina Faso....................83 (1) Le Conseil Supérieur à l‘Informatique du Faso............................................83 (2) La Délégation Générale à l’Informatique (DELGI) .....................................83

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L’internet au Burkina Faso en 2002 : situation, enjeux et perspectives

(3) Les ateliers ....................................................................................................84 (4) Le cadre de référence pour le développement des TIC ................................84 (5) ONATEL/FASONET ...................................................................................85 (6) Le Centre National de Traitement de l’Information (CENATRIN) .............86

b) Caractéristiques du plan de développement des NTIC.........................................87 (1) Le développement de l’internet en adéquation avec la politique nationale de développement humain durable ................................................................................88 (2) Une stratégie de développement des NTIC trop centralisée et orientée vers l’administration publique..........................................................................................89 (3) L’implication de l’Etat dans les services de télécommunications classiques et dans l’accès à Internet ...........................................................................................90

2. Les actions de coopération des Etats, des communautés et des institutions de Bretton Woods...................................................................................................................91

a) L’action de la Francophonie et de l’Etat français .................................................91 (1) REFER..........................................................................................................91 (2) SYFED..........................................................................................................91 (3) Le RESAFAD...............................................................................................91 (4) Centre de formation au multimédia ..............................................................92 (5) Le P@je ........................................................................................................92 (6) Fragments du monde.....................................................................................93 (7) Université virtuelle Francophone..................................................................94

b) La coopération néerlandaise .................................................................................94 c) Le CNUCED et le Trade Point .............................................................................95 d) La Banque mondiale .............................................................................................95

(1) AfricaLink.....................................................................................................95 (2) Université virtuelle Africaine .......................................................................96

e) Le PNUD : Initiative Internet pour l'Afrique (IIA) /Réseau de Développement Durable (RDD) .............................................................................................................96 f) L’UNESCO et le CRDI : projet de télécentres communautaires polyvalents d’appui au développement humain durable (TPC) .......................................................96 g) La FAO et le projet de télécentres communautaires polyvalents à BOUGNOUNOU..........................................................................................................97 h) L’IICD et l’Intranet FIAB.....................................................................................97 i) Le projet Inforoute Communale ...........................................................................97 j) Divers....................................................................................................................98

3. Initiatives des associations .......................................................................................98 a) L’association RENER...........................................................................................98 b) Réseau d’Information et de Formation sur le Développement (RIFOD) .............99 c) Yam Pukri .............................................................................................................99 d) NTBF ..................................................................................................................100 e) RECIF / ONG-BF ...............................................................................................100 f) Le club@.............................................................................................................101 g) Réseau Girafe-info..............................................................................................102

II. Entre culture orale et nécessité d’une maîtrise des nouvelles formes de l’information : incidences et enjeux de l’internet en Afrique Francophone....................... 103

A. CULTURE ORALE ET MEDIAS ........................................................................................103 1. La radio : moyen de communication adapté à l’Afrique ........................................103

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a) Aperçu de la radio au Burkina ............................................................................103 (1) Radios internationales.................................................................................103 (2) Radios gérées par l’Etat ..............................................................................104 (3) Radios commerciales ..................................................................................104 (4) Radios associatives .....................................................................................104 (5) Radios confessionnelles..............................................................................104

b) Un média transportable et qui permet une autre activité ....................................105 c) Un média de culture « orale ».............................................................................106

2. La culture de l’écrit et du virtuel et l’Afrique.........................................................107 a) Les difficultés des journaux africains face à la faiblesse de l’alphabétisation ...107

(1) Un analphabétisme handicapant .................................................................107 (2) La presse quotidienne .................................................................................108 (3) La presse périodique ...................................................................................109

b) L’internet, un média qui nécessite la maîtrise de l’écrit, l’appropriation technologique et qui rompt la relation de communauté physique ..............................109

B. LES INCIDENCES SOCIO-CULTURELLES DES NOUVEAUX MOYENS DE COMMUNICATION112

1. Une acculturation progressive................................................................................112 a) Le court-circuit ...................................................................................................112 b) Les mondialisations et leurs effets......................................................................113

(1) Mondialisation de la production : l’exemple de l‘impact culturel de l’application des normes ISO au Maroc .................................................................113 (2) Mondialisation de l’information et des contenus des programmes : impact culturel du mimétisme des journalistes africains....................................................113 (3) Mondialisation des cultures : impact des industries culturelles et des nouveaux appareils de communication...................................................................114

c) La disparition progressive des médias traditionnels ...........................................114 2. Les incidences socioculturelles des TIC : le cas de l’arrivée du téléphone chez les Sanan ..............................................................................................................................115

a) Les significations sociales du téléphone chez les Sanan du Burkina Faso.........116 (1) Origine des Sanan et description de leurs systèmes de communication et de leur organisation sociale avant la venue du téléphone............................................116 (2) L’impact du téléphone ................................................................................117

b) Impact du téléphone sur la parole .......................................................................119 (1) Le rôle de la parole chez les Sanan.............................................................119 (2) Les salutations et le téléphone ....................................................................119

c) A terme, quelles incidences du téléphone sur les comportements collectifs et individuels des Sanan ?...............................................................................................120

C. ENJEUX DE L’INTERNET ET PLACE DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE DANS LA SOCIETE DE L’INFORMATION ...................................................................................................................122

1. Les inégalités face à l’information .........................................................................122 a) Les disparités Nord-Sud face à l’information.....................................................122

(1) La perception du déséquilibre d’information entre Nord et Sud ................122 (2) Un déséquilibre global réel .........................................................................129 (3) Un déséquilibre amplifié par l’apparition des nouvelles technologies .......131

b) Des disparités Sud – Sud très marquées ............................................................134 (1) Des contrastes entre pays du Sud................................................................134 (2) Des contrastes entre centres urbains et zones rurales au sein des pays du Sud 135

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2. Une nouvelle société, de nouveaux enjeux..............................................................137 a) Une quadruple révolution ...................................................................................137

(1) Une révolution culturelle ............................................................................137 (2) Une révolution sociale et économique........................................................137 (3) Une révolution politique .............................................................................138

b) La confusion .......................................................................................................138 c) Des contradictions multiples...............................................................................139

(1) Contradictions entre le lieu et le non lieu, le local et le global...................139 (2) Contradictions entre le droit et le non-droit................................................139 (3) Contradictions entre l’intérêt général et les intérêts particuliers, entre la fin et les moyens...........................................................................................................140

d) Entrée de l’Afrique dans la société de l’information et université de l’universel 140

(1) La coupure : une exclusion de l’Afrique ....................................................140 (2) Réinventer l’enseignement pour répondre à ces nouveaux défis : l’université de l’universel...........................................................................................................141 (3) Les premiers pas vers la mise en place d’une université universelle..........143

3. Enjeux de la Francophonie face à la glocalisation ................................................146 a) Le Burkina Faso : un pays officiellement Francophone et dont la population maîtrise très mal l’anglais ...........................................................................................146 b) Enjeux géopolitiques du développement d’un contenu Francophone sur les inforoutes ....................................................................................................................146

(1) Quels sont les enjeux de la Francophonie ? ................................................146 (2) L’émergence des NTIC et la Francophonie................................................147

c) Un contenu en langues ethniques sur les inforoutes : un enjeu culturel au delà des enjeux géopolitiques de la Francophonie....................................................................149

III. Quelles perspectives pour l’internet au Burkina ? .................................................... 151

A. L’ENTREE DU BURKINA FASO DANS LA SOCIETE DE L’INFORMATION : COMMENT ASSURER L’ACCES A L’INTERNET ET LE DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES « UTILISATEUR » ? ...............................................................................................................151

1. Développer l’alphabétisation : le premier pas vers une appropriation des NTIC.151 a) Panorama, et enjeux............................................................................................152

(1) Aperçu de l’éducation dans le monde.........................................................152 (2) Enjeux de l’éducation .................................................................................153

b) Les objectifs de Dakar et l’idéal de l’éducation pour tous .................................154 c) Exemples d’actions nationales ou associatives...................................................155

(1) Le développement d’un secteur éditorial en langues nationales.................155 (2) L’amélioration de l’accès aux livres en Afrique.........................................156 (3) Une action associative au Burkina : EDUKAFASO ..................................156

2. Améliorer le niveau d’informatisation et les infrastructures de télécommunications 158

a) Informatisation....................................................................................................158 (1) Des signes positifs ......................................................................................158 (2) Un abaissement des droits de douanes ? .....................................................158 (3) Le développement du logiciel libre ............................................................160 (4) La nécessité d’une coordination des différentes actions et d’une recherche de synergie...................................................................................................................160

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b) Infrastructures de télécommunication.................................................................161 (1) L’enjeu de la boucle locale radio................................................................161 (2) Les bénéfices attendus de la libéralisation du secteur des télécommunications ................................................................................................162 (3) Bénéfice sectoriel et bénéfice global : les réserves émises face à la logique de libéralisation.......................................................................................................163

3. Favoriser l’accès à l’Internet .................................................................................165 a) Le coût de l’accès à Internet en question............................................................165

(1) Le coût des communications téléphoniques pour les fournisseurs d’accès à Internet concurrents de l’ONATEL ........................................................................165 (2) Le coût d’une ligne spécialisée...................................................................166

b) Pour une appropriation progressive des NTIC dans le monde rural : la création de postes de médiateurs ...................................................................................................167 c) Le cas du Sénégal : le développement des cabines téléphonique et des télécentres 168

4. Développer les compétences « utilisateur » ...........................................................170 a) Impliquer le monde associatif et élaborer un plan de coordination....................170 b) Former des formateurs ........................................................................................171 c) Mener des action de sensibilisation et initier le plus tôt possible les élèves à l’informatique .............................................................................................................171 d) Capitaliser les expériences..................................................................................171

(1) Pourquoi capitaliser ?..................................................................................171 (2) Comment capitaliser ? ................................................................................173

5. Favoriser la création d’un espace public de l’information et financer le développement des infrastructures en Afrique................................................................174

a) Une taxe sur les brevets ? ...................................................................................174 b) Taxer les bénéfices apportés par les NTIC à la croissance des pays riches ?.....175 c) Les propositions issues du débat de l’AFTIDEV ...............................................176

B. ENTRE FRANCOPHONIE ET PRESENCE DU BURKINA DANS LA SOCIETE DE L’INFORMATION : COMMENT FAVORISER LA CREATION DE CONTENU BURKINABE SUR LE WEB ?....................177

1. Les risques des fantasmes et des utopies pour les entrepreneurs...........................177 a) Ne pas construire de contenus « à l’occidentale » ..............................................177 b) Illustration du principe........................................................................................178

(1) Un commerçant de Ouagadougou...............................................................178 (2) Un hôtelier de Bobo-Dioulasso...................................................................179

2. Quel contenu burkinabé sur le web ? .....................................................................180 a) Posséder ses propres structures et ses services adaptés ......................................180 b) Définir des secteurs prioritaires ..........................................................................180

(1) A qui s’adresse le contenu web du Burkina Faso ? ....................................180 (2) Les secteurs qui doivent être favorisés .......................................................181

c) Rendre visibles les créations multimédia............................................................181 (1) Le poids du référencement..........................................................................181 (2) La capitalisation de la visibilité sous la forme de réseaux et de portails ....182 (3) La création d’une liste officielle des contenus d’intérêt général ................182 (4) La mise en place d’une charte technique de création multimédia ..............183

3. Comment favoriser la création d’un contenu burkinabé ? .....................................183 a) Favoriser la conception de contenu en brisant les coûts de conception..............183 b) L’intervention de l’Etat pour le développement d’un contenu prioritaire : la création d’une agence nationale de conception multimédia .......................................184

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C. AU DELA DES ENJEUX LIES A LA SOCIETE DE L’INFORMATION, LES NTIC SONT PORTEUSES EN ELLES-MEMES D’OPPORTUNITES ECONOMIQUES POUR LE BURKINA FASO ....186

1. La nécessité de développer une industrie de l’information ....................................186 (1) L’information : un marché porteur .............................................................186 (2) L’externalisation de la programmation par les pays riches ........................187

b) Le développement d’une image qualitative et l’attrait des investisseurs............188 2. Comment permettre la mise en place de la sous-traitance informatique ? ............189

a) Initier la sous-traitance par une démarche de prospection..................................189 b) Développer des compétences correspondant aux besoins de la sous-traitance ..190

(1) Le développement des compétences en infographie...................................190 (2) Les langages de programmation .................................................................191

c) Le cas du Sénégal ...............................................................................................191

CONCLUSION ........................................................................................................ 195 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................... 199 ANNEXES............................................................................................................... 215

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