Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
« Quand M. Valéry Giscard d’Estaing accède à la présidence de la
République en mai 1974, il ne tarde pas à décider l’éclatement de l’Office de
radiodiffusion-télévision française (ORTF) – alors en situation de monopole –
en plusieurs chaînes publiques : TF1, Antenne 2 et FR3. ‘’L’ORTF est
supprimé’’, est-il spécifié dans l’article 2 de la loi du 7 août 1974. Le monopole
d’Etat sur les ondes n’est pourtant pas remis en cause. Par cette décision, le
nouveau pouvoir entend surtout rompre avec un symbole gaulliste, tout en
poursuivant […] le contrôle de l’information. […] Durant ce septennat, les
pressions sur l’information seront nombreuses, bien que V. Giscard d’Estaing
ait déclaré, le 6 janvier 1975, que ‘’la radio et la télévision ne sont pas la voix
de la France’’ […]. Quand la Gauche arrive au pouvoir en 1981, le ministre de la
communication, Georges Fillioud, promet une ‘’grande loi sur l’audiovisuel’’. Si
la loi du 29 juillet 1982 met fin au monopole de la programmation et proclame
que ‘’la communication audiovisuelle est libre’’ – c’est la naissance des radios
libres –, le pouvoir socialiste va, en ce qui concerne la télévision, […] offrir
cette nouvelle liberté à de grands groupes industriels ».
Marc Endeweld, « L’ORTF est supprimé », Le Monde diplomatique, avril
2020, (lien).
Pourquoi et comment le paysage audiovisuel français est-il transformé ?
Suivez le lien (ici) pour découvrir un reportage sur les radios
pirates en France.
La privatisation de la télévision en France : 1974 -1988. La création et la privatisation, de chaînes de télévision, financées par les recettes publicitaires, suscite l’intérêt des investisseurs, dans un pays ou le nombre de téléviseurs est passé de 13 millions à 30 millions entre 1975 et 1990.
Chaînes de télévisions Contexte d’apparition Actionnaires privés
Canal +
Création : 1984
Havas (publicité)
La Cinq
Création : 1986
Berlusconi (TV,
édition) & Hersant (presse)
TV6 – puis M6 Création : 1986
Lyonnaise des eaux (assainissement) &
Compagnie luxembourgeoise
de télévision (radio, TV)
TF1
Privatisation –
rachat à l’Etat: 1987
Bouygues (BTP)
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
2
3
4
Des salariés de l'ORTF – l’Office de radiodiffusion-télévision française créé en 1964 et
placé sous le contrôle du ministre de l’Information – défilent sous une banderole lors de la
manifestation appelée par les syndicats CGT et CFDT à Paris le 24 mai 1968 pendant la
grève générale de mai 1968 (lien).
1
« [En 1974]. […] l’introduction d’une logique libérale renforce le relatif désengagement financier de l’Etat. A la fin du septennat giscardien, l’Etat
culturel demeure faible et accorde la priorité au patrimoine. La politique culturelle n’est pas une priorité gouvernementale. […] [L]e primat d’une
logique libérale contribue à affaiblir les missions de service public du ministère. […] L’arrivée de la gauche au pouvoir conduit à une triple rupture.
L’essentiel est la rupture quantitative qui se traduit […] par un doublement du budget du ministère de la Culture. De plus, Jack Lang, qui bénéficie du
soutien du président François Mitterrand, sait incarner ce changement […]. La synergie entre la culture et l’économie est présentée comme une
priorité. Le décret du 10 mai 1982 traduit une volonté de démocratie culturelle. Tous les secteurs de la politique culturelle (la création davantage que
le patrimoine) bénéficient de ces accroissements quantitatifs et de ces ruptures qualitatives. Le ministère, peu favorable à la logique
décentralisatrice, conforte ses services déconcentrés et généralise des partenariats avec les collectivités territoriales. Les “grands travaux
présidentiels”, notamment le Grand Louvre et la Bibliothèque nationale de France, concentrent les engagements financiers de l’État sur Paris mais
réduiront ensuite, compte tenu des budgets de fonctionnement nécessaires, les marges de manœuvre du ministère de la culture. »
Publication en ligne de Philippe Poirrier, www.viepublique.fr, (lien).
Comment la politique culturelle de l’Etat français évolue-t-elle et quelques sont les nouvelles formes de la culture populaire ?
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
Photographie du Ministre de la Culture, Jack Lang, lors de la première Fête de la
musique, le 21 juin 1982, (lien). Le ministère invite tous les musiciens, amateurs ou
professionnels, à participer et un millions de Français descendent dans la rue pour
écouter de la musique. Par la suite, le Ministre met en place d’autres manifestations
culturelles comme la Fête du patrimoine (1984) ou encore la Fête du Cinéma (1985).
Suivez le lien (ici) pour découvrir le premier volet d’un documentaire sur
l’émission H.I.P H.O.P diffusée en 1984 sur TF1. Un symbole de la « culture
de masse » autant que de la « culture jeune ».
2
3
1
1975 : la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse.
Comment évolue la place des jeunes dans la société française ? Quelles sont les enjeux de la démocratisation de l’enseignement secondaire et supérieur ?
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
Dès son élection à la présidence de la République, l'une des
premières mesures que prend Valéry Giscard d'Estaing est de
proposer l'abaissement de l'âge de la majorité électorale et civile de
21 à 18 ans. La loi est promulguée le 5 juillet 1974. Découvrez (ici),
un reportage diffusé quelques jours après.
Taux de chômage
en France
d’après les
données de
l’INSEE, (lien).
« La perspective grandiose d’un doublement des effectifs
en moins de quinze ans pourrait bien achever de désorganiser le
système universitaire français, qui n’est toujours pas parvenu à se
transformer en enseignement de masse. […] L’augmentation du
nombre d’étudiant ne doit pas être perçue comme la conséquence
plus ou moins fâcheuse de l’augmentation du nombre de bacheliers,
mais comme une réponse nécessaire aux besoins de la société et à la
demande du marché du travail. Bref, les universités se trouvent
investies d’une mission historique. […] [Pourtant,] avec son taux
d’échec impressionnant au premier cycle, avec la dure concurrence
que lui livrent les établissements qui pratiquent la sélection (grandes
écoles, IUT), la situation des universités n’est guère brillante. Or,
l’augmentation du nombre de bacheliers risque de la dégrader
encore. »
« L’avenir de l’Université. Deux millions d’étudiants en l’an
2000 ? », Le Monde, 9 mai 1987, (lien).
Dates et chiffres clés
1975 : Création du collège unique par René Haby, ministre de l’Education nationale. Cette
réforme, vise à démocratiser l’enseignement en assurant un « savoir minimal » pour tous les
élèves, en supprimant les filières de relégation et en créant des classes socialement
hétérogènes.
1981 : Création des zones prioritaires par Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale. La
circulaire du 9 juillet 1981 en précise l’objectif : « corriger l’inégalité [sociale] par le
renforcement sélectif de l’action éducative dans les zones et dans les milieux sociaux où le taux
d’échec scolaire est le plus élevé ».
Taux de scolarisation par âge (%)
1968 1978 1990
15 ans 62,1 91,2 97,6
18 ans 23,6 27,0 71,7
20 ans 4,0 3,2 35,2
Nombre de bacheliers pour
une tranche d’âge (%).
1968 1978 1990
19,6 25,3 43,5
D’après les données de l’INSEE
2
4
1
3
Comment évoluent la place et les droits des femmes dans la société française ? C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
« Ces années 1974-1975 sont décisives. L’entrée des femmes dans des professions de
plus en plus diversifiées, la déculpabilisation des mères en activité sont autant de
signes symboliques qui marquent l’évolution des mentalités. L’opinion, pourtant, n’est
pas totalement conquise : ‘’En 1979, écrit Henri Mendras, près de 40% des Français
pensaient que les femmes ne devraient pas travailler lorsqu’elles ont des enfants en
bas âge, et ils n’étaient plus que 29% à le dire en 1982’’ […]. La réalité bientôt
s’impose : désormais, ce sont les femmes en âge de procréer (25-40 ans) qui sont les
plus nombreuses dans les entreprises. Les décrets en faveur d’une plus grande égalité
s’accélèrent. En 1974, la mixité de tous les concours de la fonction publique est
décidée. […] Ces lois accompagnent la lente reconnaissance des femmes salariées. Le
changement de mode de penser est à souligner. Depuis longtemps, les femmes,
particulièrement les Françaises ont dû travailler par nécessité et par volonté, mais les
représentations dominantes étaient profondément rétives à l’acceptation de cette
idée. Aussi bon nombre de femmes intériorisaient une forme de culpabilité en se
heurtant aux difficultés de toutes sortes pour accéder aux postes de leurs choix. Après
1970, elles n’assument plus une activité professionnelle par effraction […]. »
Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, 2008.
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la
clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette
opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis
l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous
réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous
réclamons l’avortement libre ».
« Manifeste des 343 » publié dans le Nouvel Observateur, 5
avril 1971. Parmi les signatures : Simone de Beauvoir,
Marguerite Duras, Brigitte Fontaine, Gisèle Halimi, Jeanne
Moreau, Françoise Sagan, Agnès Varda, etc.
Suivez le lien (ici) pour
découvrir un extrait du discours
de Simone Veil à l’Assemblée
nationale, le 26 novembre 1974.
Pensez à consulter la rubrique
« éclairage ».
PPO
Le manifeste « Je me
suis fait avorter » est une pétition
signée par 343 Françaises,
s’exposant alors à des poursuites
pénales pouvant aller jusqu’à
l’emprisonnement.
Photographie de l’AFP. Un
policier tente de refouler une
dizaine de femmes qui
participent à une marche
féministe le 26 août 1970 sur
la place de l'Etoile à Paris,
(lien).
2
4
1
3
Comment l’épidémie de sida devient-elle une question de société, un objet de mobilisation et de luttes politiques ?
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER PPO
« Un groupe de vingt-deux spécialistes français du sida […] viennent de répliquer, dans
un communiqué, aux propos tenus par M. Jean-Marie Le Pen lors de l’émission télévisée ‘’L’heure
de vérité’’. ‘’Dire que le sida est une maladie extrêmement contagieuse, nécessitant la mise à
l’écart des malades, est contraire aux données de la science et de la pratique médicale écrivent-
ils1. […]. ‘’Dire que les préservatifs ne protègent pas contre une maladie sexuellement
transmissible est absurde. ‘’Il est normal et souhaitable que les hommes politiques donnent au
sida l’importance qu’il mérite. Il n’est pas acceptable qu’ils usent de contre-vérités pour
provoquer des réactions de panique à des fins partisanes. D’autre part, les associations
d’entraide et de lutte contre le sida ont exprimé ‘’leur intense émotion et leur inquiétude face
aux mensonges’’ de M. Jean-Marie Le Pen. […] Pour sa part, Mme Michèle Barzach, ministre
déléguée chargée de la santé et de la famille, avait qualifié, le 7 mai, de ‘’désinformation’’ les
assertions de M. Jean-Marie Le Pen. ‘’M. Le Pen, comme d’habitude a utilisé des moyens
simplistes’’ a déclaré Mme Barzach, qui estime qu’ ‘’il est irresponsable de faire d’une maladie un
combat politique. »
Interview de Michèle Barzach, Ministre de la Santé de 1986 à 1988, Le Point, 22 mai 2013 (lien). 1 Jean-Marie Le Pen déclare lors de cette émission que le sida peut se transmettre par ‘’la transpiration, les
larmes, la salive’’.
Pour lutter contre le sida, des associations se
forment. En 1984, AIDES est créé pour prévenir et lutter contre la
stigmatisation des maladies. Elle informe le grand public et est
rapidement reconnue comme un interlocuteur par les pouvoirs
publics. En 1989, ACT UP PARIS est fondée pour lutter contre
l’indifférence du grand public comme l’inertie du pouvoir politique
et scientifico-médical. En 2017, Robin Campillo, réalise un film de
fiction sur ACT UP PARIS.
Evolution du nombre de nouveaux
diagnostics du Sida en France :
1983 : une centaine de cas
1985 : plus de 600 cas
1987 : 2200 cas
1991 : 4700 cas
Les principales étapes de la recherche et de la prévention
1981 : premiers cas recensés aux Etats-Unis
1982 : identification du Syndrome d’Immunodéficience
Acquise (sida)
1083 : Découverte du virus responsable du sida par une
équipe de l’Institut Pasteur (France).
1984 : Création de l’Association AIDES.
1985 : Mise au point du premier test de dépistage.
1986 : le nom VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) est
adopté.
1987 : Levée de l’interdiction de publicité pour les
préservatifs – Premier traitement permettant de ralentir la
progression du virus – Décret autorisant la vente libre de
seringues en pharmacie afin de lutter contre la propagation
du VIH chez les toxicomanes.
1988 : Première journée de lutte contre le sida à l’initiative de
l’Organisation mondiale de la santé.
1989 : Création de l’association ACT UP PARIS.
1991 : Le ruban rouge devient le symbole mondial de la lutte
contre le sida.
Vous pouvez utiliser la bande-annonce (ici) pour montrer que l’association organise des
actions spectaculaires et porte un discours constestataire pour faire pression sur les
pouvoirs publics et les laboratoires médicaux..
2
4
1
3
Pourquoi et comment la peine de mort a-t-elle été abolie en 1981 ? C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER PPO
« Le rejet de la peine capitale, constamment réclamé par
les grands courants de pensée et plusieurs fois évoqué devant les
assemblées parlementaires, n’avais jamais pu, encore, s’imposer
clairement à la conscience collective, comme si la nation toute
entière, agitée depuis deux siècles de ce tourment, n’osait s’en
débarrasser. Or le principe en est, désormais, tacitement admis
puisque le peuple français s’est prononcé à deux reprises pour des
candidats qui se réclamaient de l’abolition. Il faut donc en tirer les
conséquences, et traduire dans nos lois un choix auquel les
électeurs ont implicitement consenti. En rappelant que les études
faites conduisent à la même conclusion : il n’existe entre
l’évolution de la criminalité sanglante et l’absence ou la présence
de la peine de mort aucune corrélation. Le moment est venu pour
la France, qui fut si souvent à l’avant-garde des libertés et du
progrès du droit, de combler le retard qu’elle a pris en ce domaine
par rapport aux pays d’Europe occidentale qui refusent un
châtiment considéré comme une peine inhumaine, dégradante et
cruelle. Trop longtemps accrochée à cette survivance d’un autre
âge, la France se trouve aujourd’hui, du fait d’un profond
renouveau intérieur, en mesure de rejoindre une opinion
internationale qui, par la voix d’organisations diverses et, tout
récemment, par celles du Conseil de l’Europe et de l’Assemblée
des Communautés européennes, s’est prononcée sans ambiguïté
contre le maintien de la peine de mort. »
Projet de loi n°310 portant abolition de la peine de mort et porté
par Robert Badinter, Garde des Sceaux, 26 août 1981.
Evolution de l’opinion des Français sur la peine de mort (%)
Découvrez (ici) un reportage sur le vote réalisé à
l’Assemblée nationale le 19 septembre 1981.
Le basculement de l’opinion publique en défaveur de la peine de mort est
« […] ‘’un effet de génération, selon Carine Marcé de TNS Sofres. Le résultat
aussi d’ ‘’une élévation générale du niveau d’étude’’ depuis vingt ans. Son
enquête el montre : le rejet de l’exécution capitale s’accroît avec le diplôme.
[…] Cette désaffection s’est accélérée au milieu des années 1990, ‘’avec
l’arrivée d’un président de droite qui officialise l’impossibilité d’un retour en
arrière’’. Ce qui était un choix imposé par François Mitterrand devient une
norme, édictée par la Commission européenne, confirmée par Jacques
Chirac. »
Christophe Boltanski, « La peine de mort enterrée il y a un quart de
siècle », Libération, 9 octobre 2006.
2
3
4
1
Comment évoluent la place de l’immigration et l’idée de son « intégration » dans la société française ?
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
Visionnez – de 00:00 à 40:48 – le dernier épisode de ce documentaire réalisé par Yann Coquart
et diffusé en septembre 2018 sur une des chaînes de France télévision. Vous pouvez retrouver
la vidéo (ici) ou en DVD au CDI.
Quels tournants politiques la France connaît-elle entre 1974 et 1988 ?
C 1.2 & C2.3 CONTEXTUALISER & ARGUMENTER
« En 1974 une page a été tournée, une étape de seize années de la vie nationale s’est
achevée. Il semble bien qu’on vienne tout simplement d’assister à la fin du gaullisme. […] M.
Giscard d’Estaing […] marque très vite qu’il n’entend nullement être le gardien de l’héritage,
mais veut au contraire transformer et rajeunir la Ve République. […] La nomination de trois,
bientôt quatre femmes à la tête de ministères ou secrétariats d’Etats, les nouvelles
dénominations ou responsabilité de plusieurs départements – qualité de la vie, condition
féminine, action sociale ou travailleurs immigrés – tous ces choix, dont certains étonnent,
expriment une volonté d’innovation, de rupture avec les vieilles habitudes. […] Les successifs
plans de lutte contre l’inflation […] s’accompagnent de mesures sociales parfois hardies –
garanties pour la perte ou la recherche d’un emploi, relèvement rapide du minimum vieillesse,
promesse d’extension de la Sécurité sociale à tous les français, etc. – que la gauche ne
désavouerait pas. Et voilà plus sérieux : la majorité civile, abaissée à dix-huit ans, la loi sur la
contraception, la libéralisation de l’avortement entreprise, et cette fois votée […]. »
Pierre Viansson-Ponté, « La fin du gaullisme », Le Monde, 1er
janvier 1975.
Caricature de Plantu, Le Monde, 11 mai 1981.
« L’alternance de 1981 comporte le risque d’une remise en cause des
institutions. Ce sont en effet les adversaires du régime qui sont les triomphateurs de
1981. Le nouvel hôte de l’Elysée a été le critique le plus impitoyable de la pratique
politique du général de Gaulle, qui lui inspire son pamphlet de 1965, Le Coup d’Etat
permanent. On peut donc se demander si, appuyé sur la nouvelle majorité de
l’Assemblée nationale, il ne va pas revenir vers ce système parlementaire dont la
gauche a la nostalgie. Or, rien de tel ne se produit, et François Mitterrand se coule sans
sourciller dans le costume institutionnel taillé aux mesures de Charles de Gaulle, peu
soucieux de se priver des moyens de gouvernement que lui assure la Constitution de la
Ve République. […] A ce stade, le système gaullien, un moment ébranlé de 1976 à 1981,
se retrouve reconstitué, mais au profit des adversaires du gaullisme : un président-
monarque maître du jeu politique, un gouvernement mettant en œuvre la politique
décidée par le Président, un Parlement sous contrôle dominé par un parti du
Président. »
Serge Berstein et Michel Winock, La République recommencée, Histoire de la France
politique, 2008.
« En 1981, j'avais 10 ans, et ma famille était totalement giscardienne. Aussi la victoire de M. Mitterrand a été accueillie avec une grande stupéfaction et une incrédulité totale. L'impression aurait été la même si l'on avait annoncé une invasion des Huns. Ma mère a fondu en larme en regrettant par avance que l'héritage du gaullisme parte en fumée. Mon frère aîné, quant à lui promettait, qu'il ne se marierait jamais devant le portrait de Mitterrand ; promesse qu'il n'a évidemment pas respectée. » « J'avais 10 ans à l'époque, et je me souviens de la tête de mon père au moment où Mitterrand est apparu sur l'écran... C'était le début de la fin, la guerre civile, l'arrivée des chars russes ! Puis le lendemain matin, je suis parti à pied comme d'habitude à l'école, un peu inquiet car guettant les premiers soubresauts qu'il avait annoncé... Et rien ! La vie continuait ! »
Témoignages extraits de l’article « 10 mai 1981, Je m’en souviens comme si c’était hier », Le Monde, 10 mai 2015, disponible en ligne (ici).
A l'annonce de l'élection de François Mitterrand à la présidence de
la République, un homme danse sur le toit d'une voiture, place de
la Bastille à Paris, le 10 mai 1981, (lien).
Découvrez (ici), un bref documentaire sur les
cohabitations dans la Ve République et
notamment la première d’entre-elles entre
1986 et 1988.
2
4
1
3
5
6