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Université catholique de Louvain

Année académique : 2012 - 2013

Impacts des limites de l'e�cience énergétique

sur la production économique

Promoteur : Jeanmart Hervé Mémoire présenté par :

Vermeulen Olivier

en vue de l'obtention du grade d'ingénieur civil mécanicien

École Polytechnique de Louvain

"Le réchau�ement climatique est aussi le symptôme de l'a�aiblissement des solidari-

tés. De cet égoïsme collectif qui est le nôtre.

Hédonistes ironiques, jaloux de téléchargement libre, consuméristes insouciants et cruels.

Le réchau�ement en cours, c'est aussi l'in�nité de nos désirs. C'est l'accumulation de ca-

melote. Et notre désinvolture devant la mise en danger du monde.

C'est la montée de l'insigni�ance.

Et parce que nous sommes joyeux, innocents et sans c÷ur ...

Parce que la crise climatique n'est pas qu'à l'extérieur de nous ...

Parce qu'elle est en nous ...

... nous ne remarquons rien."

Philippe Squarzoni, Saison Brune.

Remerciements

J'aimerais commencer ce mémoire en remerciant mes chers parents pour le soutien

qu'ils m'ont o�ert tout au long de mes études. Ce parcours des moins conventionnels était

pour moi un réel chemin de découvertes perpétuelles et je les remercie de tout c÷ur de

m'avoir permis de vivre une si belle aventure.

Il y a une quantité innombrable de personnes à remercier de par l'in�uence qu'elles ont

eue sur mon développement personnel et donc �nalement sur la réalisation de ce mémoire.

Je n'arriverai jamais à tous vous nommer, car je ne suis même pas conscient de ce que

chacun de vous a pu m'apporter au cours de nos multiples échanges. Néanmoins j'aimerais

citer les quelques personnes principales qui m'ont plus spéci�quement permis de réaliser

ce mémoire.

Bien évidemment, dans le cadre de mes études, j'aimerais remercier mon promoteur,

Hervé Jeanmart. Premièrement pour son écoute et sa disponibilité depuis notre discussion

très éclairante en avril 2010 et deuxièmement pour la patience qu'il a eue depuis le début

de ce travail de �n d'études.

Une pensée particulière également pour les autres étudiants de la faculté avec qui nous

avons eu de nombreux échanges à propos de nos études, autant concernant le contenu que

les raisons. Ceci nous a amenés à créer le GRRI en �n d'année précédente et c'est plein

d'énergie que nous relancerons ce groupe dès la rentrée académique prochaine pour que

nos études apportent réellement, dans notre domaine, un plus à la société.

Rapidement, j'aimerais encore remercier Louis Possoz pour les riches échanges que

i

nous avons eues au cours de cette année, Arnaud Latiers pour son soutien tout au long

de ce mémoire malgré le changement de sujet à mi-route, Michel Cornet de Climact pour

son aide précieux à la réalisation de mon modèle d'e�cience, Bonne-Maman pour son

chaleureux accueil pendant la rédaction de ce travail et son oreille attentive pendant

mes multiples ré�exions, ainsi que toute personne qui désire sortir de l'insigni�ance dans

laquelle nous baignons et qui ose vivre pleinement les changements que ses découvertes

personnelles lui imposeront a�n de trouver une simplicité cohérente dans cette humanité

si follement complexe.

ii

Table des matières

Introduction 1

1 Le lien entre l'énergie et le PIB 2

1.1 Le produit intérieur brut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

1.1.1 PIB et consommation matérielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1.1.2 Le PIB, est-ce un bon indicateur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1.1.3 E�et rebond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1.2 Énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.2.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1.2.2 Les énergies fossiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1.2.3 Prévision énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

1.3 E�cience énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.3.1 Intensité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.3.2 Augmentation de l'e�cience énergétique . . . . . . . . . . . . . . . 15

2 Modèle théorique de l'e�cience énergétique 16

2.1 Croissance de l'e�cience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2.2 Limite supérieure de l'e�cience énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

2.3 Limite inférieure de l'e�cience énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

2.4 Dé�nition du modèle �nal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.4.1 Modèle historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.4.2 Écarts du modèle historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

3 Évolution temporelle de l'e�cience énergétique mondiale 28

3.1 Production énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

iii

3.2 Consommation énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

3.3 PIB de consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

3.4 E�cience mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

3.4.1 E�cience de l'industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

3.4.2 E�cience du transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

3.4.3 E�cience du bâtiment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

3.4.4 Limite supérieure de l'e�cience énergétique . . . . . . . . . . . . . 43

4 Prévisions énergétiques et impacts sur le PIB 47

4.1 Prévisions énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

4.1.1 Une prévision énergétique en fonction des impératifs climatiques . . 48

4.2 Les impacts sur le PIB mondial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

4.2.1 La solution énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

4.2.2 La solution climatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

Conclusion 60

Bibliographie 62

Annexes 66

iv

Introduction

Pour sortir de la crise de l'emploi qui touche actuellement de nombreux pays, une

solution est souvent mise en avant, la croissance économique. E�ectivement, la croissance

du PIB (produit intérieur brut) augmente par dé�nition la totalité des revenus d'une po-

pulation, ce qui permet donc de maintenir le nombre d'emplois, d'o�rir un revenu aux

personnes se trouvant sans emploi et ainsi de limiter le niveau de chômage.

Ce travail étudie le lien entre le PIB mondial et la consommation énergétique, c'est-à-

dire l'e�cience énergétique. Ceci permettra de mieux comprendre les exigences qu'impose

une croissance du PIB au niveau énergétique et les impacts que cela peut avoir sur l'en-

vironnement.

Remarquons que par dé�nition cette croissance du PIB augmente e�ectivement la ri-

chesse totale de la population et pourrait ainsi diminuer le nombre de personnes n'ayant

pas de revenu, mais d'un point de vue historique elle n'a pas toujours été une bonne so-

lution. Depuis les années '70 le chômage n'a cessé d'augmenter dans l'Union Européenne

malgré une augmentation continue du PIB. En e�et, il ne s'agit que d'une question d'al-

location de cette croissance, car si le revenu de toute personne active augmente propor-

tionnellement à l'augmentation du PIB, il ne restera plus rien de ce surplus de PIB pour

o�rir un emploi aux personnes se trouvant sans revenu.

Il n'est donc pas assuré économiquement que la croissance du PIB diminuera le chô-

mage au niveau mondial, mais ce travail se penche uniquement sur la faisabilité ou non

de cette croissance a�n d'apporter un complément de ré�exion aux dirigeants politiques

qui doivent trouver des réponses aux crises trop mal-connues de ces dernières années.

1

Chapitre 1

Le lien entre l'énergie et le PIB

Depuis l'air du temps l'homme utilise de l'énergie pour produire les biens matériels et

les services qui l'entourent. L'énergie est indispensable a�n de transformer les ressources

naturelles et de les rendre utiles. Ces transformations de l'environnement peuvent être des

modi�cations de vitesse, de température, de forme, de composition chimique, de position

dans un champ magnétique, de composition atomique ou encore des interactions entre

matière et rayonnement [24]. Mais une chose est certaine, il est impossible de produire

une richesse sans utiliser d'énergie.

1.1 Le produit intérieur brut

Le PIB (produit intérieur brut) est une représentation de la richesse d'une population,

il est dé�ni par Mankiw comme étant la valeur marchande de tous les biens et services

�naux produits dans un pays au cours d'une période [29]. Vu la libéralisation du marché

et les échanges économiques que cela a entraîné à travers le monde ainsi que les dé�s envi-

ronnementaux transfrontaliers, tel le climat et la biodiversité, il va de soi que la question

énergétique est une question planétaire, c'est pourquoi ce travail ne parlera que du PIB

mondial.

Il y a plusieurs manières de calculer le PIB ; il peut par exemple représenter la consom-

mation totale de la population, ainsi que le total des revenus de la population ou encore la

production totale des biens de consommation par les entreprises. Ces di�érentes sommes

2

sont évidemment équivalentes puisqu'elles représentent chacune la totalité du �ux d'ar-

gent qui circule à travers la population et qu'un �ux mesuré à des endroits di�érents dans

un circuit fermé est toujours le même.

Un détail assez important en ce qui concerne le PIB est l'in�ation de la valeur moné-

taire. E�ectivement, l'argent que gagne un salarié aujourd'hui ne peut être comparé avec

le salaire d'il y a 100 ans et le prix d'un kilo de pommes n'est plus le même que dans

le passé. C'est pourquoi il est primordial de parler en PIB réel et non en PIB nominal,

le premier correspond à la production de biens et services valorisée à des prix constants

et le deuxième à des prix courants [29]. Le PIB réel est calculé en choisissant une année

comme étant l'année de base pour les prix des biens et services produits, ce PIB réel n'est

donc pas a�ecté par les variations de prix et ne re�ète donc qu'uniquement les variations

de la production des biens et services dans un système économique.

Bien évidemment, ce travail n'utilisera que le PIB réel a�n de pouvoir comparer la

production (et donc la consommation) de biens et services de l'économie mondiale à travers

le temps avec l'évolution de la consommation énergétique. Ceci permet de ne pas fausser

les résultats et d'étudier réellement le pouvoir d'achat en fonction de la consommation

d'énergie qui est une donnée physique et ne connaît donc naturellement pas d'in�ation.

Durant ce travail l'année de base pour toutes les valeurs de PIB est l'an 2011 et la

monnaie utilisée le Tera dollar américain (un millier de milliards de dollars américains),

dont l'abréviation est TUS$.

1.1.1 PIB et consommation matérielle

Quand le PIB est calculé via les consommations de la population, il su�t de ré�échir

à tous les biens et services achetés quotidiennement pour comprendre ce que représente

exactement ce PIB. Ces dépenses sont en ordre aléatoire et de manière non exhaustive :

logements, voitures, appareils ménagers, voyages, nourriture, gadgets quelconques, vête-

ments, loisirs, soins médicaux et cetera. Ces activités consomment toutes de l'énergie, que

ce soit directement ou indirectement et donc intuitivement le PIB est déjà fortement lié

à la consommation énergétique.

3

Une recherche plus en profondeur de ce que représente le PIB permet de comprendre

encore mieux ce lien entre le PIB et la consommation matérielle, Mankiw [29] explique

dans Principes de l'économie comment est calculé le PIB d'une nation. De plus, une vul-

garisation très éclairante et proposée dans la vidéo "Measuring GDP using the Income

Approach and the Expenditure Approach" du site Welker's Wikinomics [42]. Celle-ci ex-

prime très bien ce qu'implique le PIB calculé par le biais des revenus ou des dépenses et

que cette dernière approche est e�ectivement liée directement à la consommation de biens

matériels, et donc également à leur production.

En e�et, ce PIB est la somme des dépenses des ménages, des entreprises, du gouvernement

ainsi que la di�érence entre l'export et l'import d'une nation. Cette dernière composante

peut être retirée quand il s'agit du PIB mondial et les trois premières composantes sont

respectivement la consommation de biens et services par la population, les investissements

en biens capitaux des �rmes c'est-à-dire les stocks et les structures (matières premières,

machines, bâtiments, ...) et �nalement les dépenses du gouvernement qui sont l'éducation,

les infrastructures, les soins médicaux et cetera.

La question qu'il faut donc se poser est si un découplage entre la croissance du PIB et

l'augmentation de consommation énergétique est possible. Selon les dé�nitions données

par Camara [6], un découplage absolu a lieu quand l'économie croît alors que la consom-

mation énergétique stagne ou diminue et il y a découplage relatif lorsque la consommation

énergétique augmente moins vite que les activités économiques.

La notion de découplage absolu paraît donc impossible vu la dé�nition du PIB ci-dessus.

En e�et, vu que celui-ci comprend des biens matériels nécessitant intrinsèquement une

consommation énergétique et que les services qui se trouvent dans le PIB ne sont pas

possibles sans un minimum de biens matériels a�n de réaliser ces services. Une augmen-

tation des services occasionnera donc également une croissance des biens indispensables

à la réalisation de ces services et donc �nalement une augmentation de la consommation

énergétique à la production de ces biens.

Une économie uniquement basée sur des services et qui importe les biens nécessaires à la

réalisation de ses services pourrait donc connaître un découplage absolu, mais vu qu'au

4

niveau mondial la question d'import et d'export ne se pose pas, il est raisonnable de dire

que le PIB au niveau mondial ne peut être découplé de manière absolue de la consomma-

tion énergétique.

Néanmoins, le PIB pourrait être découplé relativement de la consommation énergé-

tique en augmentant l'e�cience énergétique de la production des biens matériels indis-

pensables à cette croissance économique.

Cette e�cience énergétique, qui représente le PIB réalisé par rapport à la consommation

d'énergie au cours d'un laps de temps, est le sujet de ce travail, mais voici d'abord encore

quelques ré�exions importantes avant de se lancer dans le vif du sujet.

1.1.2 Le PIB, est-ce un bon indicateur ?

Le PIB représente le �ux d'argent qui existe dans la population, cet argent représente

donc le pouvoir d'achat de la population, sa capacité à consommer. E�ectivement, le PIB

n'est en aucun cas représentatif du bonheur de la population. Les dé�nitions de bien-être

et de bien-vivre trouvent toutes leurs importances dans ce débat. Le bien-être est un sen-

timent de sérénité et de confort et si ce confort consiste entre autres en les produits et

services à disposition de la population, alors le PIB pourrait être une des composantes

de la mesure du bien-être. Par contre le bien-vivre exprime plutôt l'aptitude à jouir de la

vie et à vivre pleinement tout instant, indépendamment du bien-être ; il n'y a donc pas

de lien entre la satisfaction du vécu de chaque instant et le PIB.

De plus, vu que le bien-être ne dépend pas uniquement de la consommation mesurée

par le PIB, même ce bien-être n'augmentera pas nécessairement quand le PIB augmen-

tera. La �gure 1.1 venant du Rapport de la Commission sur la mesure des performances

économiques et du progrès social réalisé par Stiglitz, Sen et Fitoussi [36] illustre l'évolu-

tion du bien-être en fonction de di�érents paramètres qui le composent et, malgré une

augmentation de la consommation, celui-ci peut e�ectivement connaître une diminution

dû à d'autres composantes comme par exemple le déclin d'un environnement sain.

5

Figure 1.1 � Ecart de soutenabilité dans un cas stylisé de non-soutenabilité environnementale :

Lorsqu'une consommation excessive conduit à une dégradation de l'environnement

celle-ci implique à son tour une réduction du bien-être.

Source : Stiglitz, Sen et Fitoussi, 2008.

Dans ce travail il s'agit uniquement d'étudier le pouvoir d'achat de la population

qui peut e�ectivement amener un bien-être plus élevé mais n'indique pas le bonheur de

la population lié au vécu personnel du moment présent. Et vu que cette consommation

matérielle nécessite une consommation énergétique minimale, il est tout à fait adéquat

d'étudier la dépendance énergétique du PIB.

1.1.3 E�et rebond

Avant de passer à l'angle énergétique, voici encore une dernière ré�exion à propos de

l'e�et que peut avoir une augmentation de l'e�cience énergétique d'un produit ou d'un

service.

L'e�et rebond est dû à notre comportement culturel de vouloir à tout prix consommer

tout ce qui est à disposition.

Comme le décrit Paul-Marie Boulanger dans son article "Consommer mieux, autrement,

6

moins" [4] un produit devenant moins énergivore verra son prix d'achat ou d'utilisa-

tion diminuer. Le consommateur pourra donc soit consommer plus de ce même produit,

soit consommer un produit supplémentaire, ce qui �nalement peut même augmenter sa

consommation d'énergie totale et donc son impact environnemental.

Il est possible de vivre une transition de sa consommation personnelle vers une consom-

mation moins énergivore ; une personne décide par exemple d'utiliser son argent pour

suivre des cours de chant ou des cours de yoga auquel il se rend à pied. Il consomme

personnellement moins d'énergie, mais il n'a pas le pouvoir de décider ce que fera le pro-

fesseur de chant ou de yoga avec l'argent qui lui est dû. Le passage vers une économie de

services ne consommant que peu d'énergie est uniquement possible si toute la population

change sa manière de consommer et donc également de produire.

Néanmoins, selon les chi�res de la CIA (Central Intelligence Agency, l'agence américaine

de renseignement), le PIB mondial est constitué de 63.9% de services, ne laissant que

30.2% à l'industrie et 5.9% à l'agriculture [8] ; la société actuelle est donc déjà forte-

ment dans une économie de services. Mais pour que ces services tournent correctement un

minimum de production matérielle est nécessaire a�n de rendre ces services possibles (ma-

tériel bureautique, transport, bâtiments et cetera). De plus la société occidentale continue

à consommer son argent, gagné en rendant des services dans son économie locale, en ache-

tant plus de biens matériels produits par les économies industrielles des pays en voie de

développement. Cette production est relativement de moins en moins énergivore grâce à

l'e�cience énergétique accrue, mais en absolu la consommation énergétique totale n'ar-

rête pas d'augmenter. La conclusion de Némoz et Wallenborn à propos de l'e�et rebond

est d'ailleurs : "Même si chaque pratique prise individuellement est plus � e�cace �

qu'autrefois, les nouvelles concaténations de pratiques entraînent une augmentation de la

consommation d'énergie, tant au niveau des ménages qu'au niveau sociétal" [31].

1.2 Énergie

Après l'étude plus approfondie de la dé�nition du PIB et de ses implications, voici

quelques remarques importantes à propos de ce que signi�ent la production et la consom-

mation d'énergie ainsi que quelques ré�exions sur les prévisions énergétiques pour le siècle

7

à venir.

1.2.1 Généralités

Une première remarque est que l'énergie ne peut être produite à partir de rien. L'éner-

gie provient toujours d'une source et peut être transformée de diverses manières depuis

sa forme disponible dans l'environnement en une autre forme d'énergie plus utile pour

l'homme.

La production énergétique est donc un abus de langage qui désigne la transformation

en énergie utile à l'homme à partir d'une énergie primaire et il ne s'agit donc pas d'une

production d'énergie au sens strict du terme. En e�et, selon le premier principe de la ther-

modynamique [25], lors de toute transformation, il y a conservation de l'énergie. L'énergie

produite découle donc nécessairement d'une autre source d'énergie, que celle-ci soit ther-

mique ou sous forme de travail. Il serait donc plus judicieux de parler de "transformation

énergétique" et non de production. Néanmoins, le terme de production énergétique est

utilisé à travers ce travail comme étant la production d'énergie utile à l'homme et sous-

entendra bien évidemment que cette énergie est bien le résultat d'une transformation

depuis une autre source d'énergie.

Il est donc indispensable de trouver des sources d'énergie a�n de pouvoir les transfor-

mer en énergie utile pour l'homme. Actuellement trois di�érentes sources d'énergie sont

disponibles.

La plus grande source est constituée des énergies fossiles qui ont mis des millions d'années

à s'enfouir sous terre, créant des molécules hydrocarbonées qui libèrent de l'énergie lors

de leur combustion [32].

La source d'énergie représentant la plus petite production totale est l'énergie nucléaire,

celle-ci est présente dans le noyau d'éléments lourds comme l'uranium et elle se libère par

�ssion du noyau en énergie thermique [1].

Finalement, la dernière source correspond aux énergies renouvelables qui proviennent de

trois sources primaires d'énergie : l'énergie prise à la lune et la géothermie qui ne repré-

sentent que des quantités négligeables et surtout l'énergie solaire, qui peut être une source

directe ou indirecte d'énergie [26]. Cette énergie solaire indirecte est une transformation

8

progressive de l'énergie solaire sous diverses formes d'énergie utiles à l'homme : l'éner-

gie cinétique des courants atmosphériques (i.e. le vent), l'énergie potentielle de l'eau (i.e.

l'évaporation et la précipitation qui sont à la base du cycle de l'eau), l'énergie calori�que

(i.e. la couche super�cielle des sols) ou encore l'énergie bio-chimique (i.e. la photosyn-

thèse et la biomasse). Mais contrairement aux énergies fossiles, les énergies renouvelables

ne sont consommées qu'à une vitesse moins élevée que celle à laquelle elles sont régénérées

par le rayonnement solaire.

Actuellement l'énergie primaire mondiale est constituée d'environ 85% d'énergies fos-

siles, de 10% de renouvelables et de 5% de nucléaire. De légères variations existent dans

ces chi�res selon les sources littéraires.

1.2.2 Les énergies fossiles

Vu l'omniprésence des énergies fossiles dans la consommation énergétique, il est indis-

pensable de s'attarder un instant sur celles-ci.

Premièrement, les énergies fossiles sont toutes des dérivées de l'énergie solaire stockées

pendant près de 200 millions d'années sous terre. En e�et, en suivant le raisonnement

donné par M. Papalexandris dans son cours Combustibles, combustion et transfert de

chaleur, ces combustibles proviennent de di�érentes formes de biomasse, à savoir des

végétaux terrestres ou du phytoplancton marin.

Au fondement de ces biomasses se retrouve toujours la photosynthèse chlorophyllienne

qui nécessite deux choses :

� les matières premières, à savoir du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène sous

forme de CO2 et de H2O ;

� une quantité d'énergie su�sante et de forme adéquate, c'est-à-dire un rayonnement

lumineux de longueur d'onde comprise entre 400 et 700 nm.

La photosynthèse comporte deux stades, tout d'abord la phase lumineuse durant laquelle

a lieu le captage de l'énergie solaire et ensuite la phase obscure au cours de laquelle sont

synthétisés des sucres (C6H12O6) par absorption de CO2 et de molécules d'eau.

Finalement, la transformation de la matière organique des végétaux en combustibles fos-

9

siles comporte deux étapes majeures : une étape biochimique à température modérée,

n'altérant que peu la structure cellulaire de base, et une étape thermochimique éliminant

les fonctions les moins stables, pour aboutir à un cracking terminal [32].

Deuxièmement, contrairement à leur mécanisme de formation qui en absorbait, la com-

bustion des énergies fossiles va de pair avec l'émission de CO2. Cette émission augmente la

concentration de CO2 dans l'atmosphère, empêche ainsi les rayons infrarouges de quitter

l'atmosphère et �nalement la terre de se refroidir su�samment.

Il est donc très probable que le réchau�ement climatique actuel est majoritairement

dû à l'utilisation des énergies fossiles depuis le début de la révolution industrielle [20].

D'ailleurs, comme indiqué à la �gure 1.2 venant du Rapport de la Commission sur la me-

sure des performances économiques et du progrès social [36], la plus grosse augmentation

de l'empreinte écologique de l'humanité est la surface de terres forestières nécessaire pour

absorber les émissions anthropiques de dioxyde de carbone, ce facteur se multipliant par

plus de 10 et passant à plus de 50% entre 1961 et 2005.

Figure 1.2 � Empreinte écologique de l'humanité par catégorie.

De plus, l'exploitation de ces sources d'énergie est plus rapide qu'elles ne peuvent

se régénérer et, même si de nouveaux gisements seront encore trouvés dans les années

10

qui viennent, il est physiquement indéniable qu'au rythme actuel l'approvisionnement en

énergie fossile diminuera ou a déjà diminué d'année en année comme le montre la �gure

1.3 de Murphy et Hall [30]. Car au rythme actuel, même un redoublement du stock estimé

ne retarde que de 27 ans le pic des énergies fossiles.

Figure 1.3 � Deux estimations de la production globale d'énergies fossiles : en gris clair l'esti-

mation basée sur un stock de 1850 Gb de pétrole, et en gris foncé une estimation

basée sur 3700 Gb (1Gb = 1 milliard de barils).

Source : Murphy et Hall, 2011.

En guise d'exemple, un petit calcul très simple montre que chaque personne ne pour-

rait utiliser qu'une cuillère à café de pétrole par an pour que celui-ci puisse être considéré

comme étant une source d'énergie renouvelable. Il a fallu environ 200 millions d'années

pour la constitution du stock d'énergies fossiles, par contre, au rythme actuel de consom-

mation, il su�t de 200 ans pour vider ce stock. L'ordre de grandeur est donc un épuisement

d'un million de fois plus rapide que le rythme de constitution du stock. En ramenant ceci

à la consommation actuelle d'énergies fossiles qui vaut environ 1 tonne de fossiles par

personne (jusqu'à 3 tonnes pour les Européens), cela donne, à une vitesse un million de

fois plus lente, une consommation 'renouvelable' du pétrole de 1 gramme par personne

par an (ou 3 grammes pour les Européens si les parts de la consommation totale restent

11

les mêmes) ce qui correspond environ à une cuillère à café par personne et par an.

A�n de garder le climat dans des limites soutenables pour l'humanité et vu l'épuise-

ment inévitable du stock d'énergies fossiles, la consommation de ces énergies doit indé-

niablement diminuer au plus vite.

1.2.3 Prévision énergétique

Cette diminution des énergies fossiles aura comme conséquence une raréfaction géné-

rale de l'énergie disponible. Car même s'il est bien évidemment indispensable d'augmenter

les sources d'énergies renouvelables et de prendre les bonnes décisions politiques en ce qui

concerne les centrales nucléaires, celles-ci ne remplaceront pas d'ici quelques décennies la

quantité d'énergie o�erte par les énergies fossiles.

Voici un bref calcul a�n de comprendre ceci plus rigoureusement.

Sachant que les énergies fossiles représentent 85% de l'apport énergétique, si cette quan-

tité d'énergie doit être remplacée en 10 ans, il faudrait une croissance de 20.9% par an de

renouvelables et de nucléaire sur 10 ans. Pour garder la croissance de la consommation

énergétique de 2.6% par an (croissance énergétique de 1965 à 2011) une croissance de

24.0% par an de renouvelables et de nucléaire est nécessaire. Si une période de 20 ans est

su�sante, cette croissance descend à 9.95% et 12.8% respectivement.

Par contre si le nucléaire doit être également remplacé dans ces mêmes laps de temps cela

donne des croissance de renouvelables de 25.9% et 29.2% par an sur 10 ans et 12.2% et

15.3% par an sur 20 ans.

Une telle croissance énergétique serait un dé� de taille vu que la croissance des éner-

gies renouvelables n'atteint actuellement que 5% par an et que celle du nucléaire diminue

depuis les années '60 jusqu'à atteindre des taux négatifs ces dernières années. Faisons

donc un deuxième petit calcul.

Soit un taux de nucléaire stable et un taux de croissance des renouvelables de 5% par

an, la même quantité d'énergie qu'aujourd'hui est atteinte en un peu plus de 46 ans et il

faut 100 ans a�n de rattraper la croissance de 2.6% de consommation énergétique par an.

12

Valeurs qui augmentent légèrement à un peu plus de 47 et de 100 ans si le nucléaire est

également remplacé par les renouvelables.

Tous ces laps de temps sont en tout cas beaucoup plus longs que l'arrêt des énergies fos-

siles le demande a�n d'éviter un réchau�ement climatique plus qu'indésirable.

Il est donc tout à fait raisonnable de prétendre que la production énergétique est ac-

tuellement à un point culminant. Ce n'est donc plus qu'une question d'années pour voir

diminuer l'approvisionnement énergétique total, que ce soit de manière volontaire a�n

d'éviter une catastrophe environnementale due aux énergies fossiles ou quelques années

plus tard dans le chaos général suite à la catastrophe environnementale qui n'aura pas été

prise en charge de manière adéquate.

L'étude de l'e�cience énergétique permet de comprendre quelles seront les consé-

quences pour le PIB si la quantité d'énergie produite doit diminuer dans les années qui

viennent. Pour cela une prévision plus en détail de l'apport énergétique est faite au qua-

trième chapitre de ce travail après avoir estimé les limites d'e�cience énergétique.

Mais avant d'observer l'évolution de l'e�cience énergétique, voici encore quelques pe-

tites remarques à bien garder à l'esprit en lisant ce travail. Celui-ci ne prend en compte

que la quantité totale d'énergie disponible. La transformation des énergies primaires re-

nouvelables en énergies utiles pour l'homme a bien évidemment encore d'autres dé�s à

relever qu'uniquement la quantité d'énergie disponible, en voici quelques-uns :

� la raréfaction des matériaux nécessaires pour construire les infrastructures à cette

production énergétique ; celle des métaux en est un bon exemple comme l'expliquent

Bihioux et de Guillebon dans leur livre "Quel futur pour les métaux ?" [3] ainsi que

García-Olivares, Ballabrera-Poy, García-Ladona et Turiel [18] ou encore Delucchi et

Jacobson [13].

� la stabilité du réseau électrique qui nécessite un minimum de grandes productions

centralisées a�n d'avoir une fréquence stable sur l'ensemble du réseau ainsi que le

stockage de l'électricité a�n de pouvoir l'utiliser à tout moment [18].

� les transformations nécessaires à l'utilisation �nale d'énergie, le parc automobile

13

qu'il faut complètement transformer en voitures électriques en est un bon exemple.

� l'avantage que représentent les énergies fossiles, et en particulier le pétrole, en ma-

tière de densité énergétique est inégalable. Cela est indispensable pour ne pas avoir

une diminution directe de l'e�cience énergétique. L'aviation en est un bon exemple

qui sans kérosène aura beaucoup de mal à tenir le coup [28], même si selon certaines

sources [13] une réponse pourrait être de passer à de l'hydrogène électrolysé pour des

quantités non négligeables d'énergie, mais ceci demande certainement une recherche

rigoureuse dans les années à venir.

Les dé�s technologiques que relèvent ces di�érents points ne seront pas abordés au

cours de ce travail, bien qu'ils puissent également avoir des e�ets notables sur l'évolution de

l'e�cience énergétique, et l'énergie sera abordée dans le sens large du terme en supposant

un transfert aisé d'une source d'énergie à une autre si nécessaire.

1.3 E�cience énergétique

La dé�nition de l'e�cience est le PIB divisé par la consommation énergétique. Le PIB

représente la richesse produite et si cette richesse est produite en consommant une plus

petite quantité d'énergie, il s'agit e�ectivement d'une production plus e�ciente.

1.3.1 Intensité énergétique

L'intensité énergétique est l'inverse de l'e�cience. Et en e�et, si une même production

a lieu en consommant moins d'énergie, la production est moins intense énergétiquement.

Les termes d'e�cience et d'intensité énergétique doivent être utilisés avec parcimonie

dans des études à propos du découplage entre le PIB et la consommation énergétique.

Comme le souligne Fiorito [17], ce terme ne peut pas être utilisé pour des économies

nationales car d'autres facteurs, comme l'import ou l'export de produits nécessitants une

production plus ou moins énergivore, peuvent être les causes du découplage observé comme

l'indique également Camara [6] dans la �n de son article. Néanmoins, ce travail attaque

la question de l'e�cience et de l'intensité au niveau mondial et les e�ets invalidant les

14

études d'e�cience énergétique au niveau national ne sont pas présents quand l'ensemble

de l'économie mondiale est étudiée.

1.3.2 Augmentation de l'e�cience énergétique

A�n de permettre au PIB de croître comme il a pu le faire durant le vingtième siècle et

en tenant compte de la diminution de l'apport énergétique, il faut que l'e�cience croisse

plus rapidement que la croissance du PIB a�n de compenser la décroissance énergétique.

Cette augmentation de l'e�cience est présente depuis le début de l'humanité à des rythmes

di�érents, mais n'a jamais permis au PIB de se découpler de manière absolue de la consom-

mation énergétique. Car même si les technologies sont de plus en plus e�cientes, chaque

progrès technologique les rapproche petit à petit de leurs limites supérieures d'e�cience

énergétique qui est étudiée au chapitre suivant.

15

Chapitre 2

Modèle théorique de l'e�cience

énergétique

L'e�cience et l'intensité énergétique étant l'inverse l'une de l'autre, ces deux termes

seront étudiés en parallèle a�n de faciliter la compréhension du raisonnement poursuivi

dans ce travail.

2.1 Croissance de l'e�cience

Historiquement l'e�cience augmente d'année en année grâce notamment aux progrès

technologiques. Ceci permet d'augmenter la production de biens matériels sans que l'ap-

port énergétique ne doive pour autant croître aussi signi�cativement.

Ceci allant de pair avec une décroissance de l'intensité énergétique, une première ap-

proximation de cette dernière peut être réalisée par une exponentielle décroissante telle

que :

I(t) = q1.e−q2.(t−t0) (2.1)

En approchant les données expérimentales par cette formule, où t0 représente l'année

de référence de l'intensité énergétique, les signi�cations des deux paramètres sont :

� q1 = I(t0), l'intensité à l'année de référence des observations ;

16

� q2 = ε, la constante de décroissance, celle-ci dé�nit la courbure de la fonction dé-

croissante, au plus ε est grand, au plus l'intensité diminuera rapidement.

1700 1800 1900 2000 21000

1000

2000

3000

4000

5000

I(t)

[ Mtoe

TUS$

]Valeurs historiquesApproximation

Figure 2.1 � Évolution temporelle de l'intensité par approximation de la formule (2.1)

Ceci donne donc pour l'e�cience la formule suivante :

E(t) =1

I(t)= p1.e

p2.(t−t0) (2.2)

Où les paramètres sont :

� p1 = E(t0), l'e�cience à l'année de référence des observations ;

� p2 = q2 = ε, la constante de décroissance, qui dans le cas d'une fonction croissante

est plutôt appelée la constante de croissance.

Comme représenté aux �gures 2.2 et 2.1 cette approche suppose une e�cience in�nie

ainsi qu'une intensité diminuant jusqu'à zéro dans un -certes lointain- avenir.

Cette approche contient donc une erreur considérable pour les prédictions d'e�cience

et d'intensité énergétique. En e�et, il est impossible de produire une richesse sans consom-

mer d'énergie et il est donc nécessaire d'insérer une limite inférieure à l'intensité énergé-

tique ce qui induit une limite supérieure à l'e�cience énergétique.

Vu qu'il s'agit ici du noyau de ce travail, il est intéressant d'approfondir la ré�exion

a�n de ne pas se perdre à ce stade crucial de l'étude réalisée.

17

1700 1800 1900 2000 21000

0.005

0.01

0.015

E(t)[ T

US$

Mtoe

]

Valeurs historiquesApproximation

Figure 2.2 � Évolution temporelle de l'e�cience par approximation de la formule (2.2)

Une limite inférieure d'intensité implique qu'il est impossible de créer du PIB sans

consommation énergétique, mais qu'en est-il donc des économies basées principalement

sur les services ? Un service peut consommer moins d'énergie qu'une production indus-

trielle et produire plus de PIB que cette dernière, mais voici quelques ré�exions a�n de

mieux comprendre pourquoi le PIB est intrinsèquement lié à la consommation énergétique.

Tout d'abord une économie de services se construit à partir d'une économie de pro-

duction industrielle fortement ancrée, qui permet de réaliser ces services. Il ne serait pas

possible de produire les services actuels sans les ordinateurs et les modes de transports

multiples d'aujourd'hui. Contrairement à une économique nationale, il est donc impossible

de remplacer toute l'économie mondiale par une économie de services, il y aura toujours

une partie du PIB qui dépendra de la production industrielle et celle-ci évoluera propor-

tionnellement aux besoins du secteur des services.

Le calcul du PIB mondial par la somme des consommations au lieu de la somme des

revenus (ces deux sommes sont e�ectivement équivalentes) donne un tout autre aperçu du

lien étroit existant entre le PIB et la consommation énergétique. A�n de découpler le PIB

de la consommation énergétique, il faudrait que l'entièreté de la population dépense son

argent uniquement en des services ne consommant aucune énergie, ce qui est inimaginable.

18

Car, même s'il est possible de payer son voisin pour un cours de chant et de ne (quasi)

pas consommer d'énergie pour ce service, dès qu'il s'agit de transport, de se nourrir, de

s'habiller ou du chau�age des bâtiments, c'est-à-dire presque à chaque fois que de l'argent

est utilisé, de l'énergie est consommée.

Et voici une dernière remarque avant de passer à la suite du modèle théorique. Même

si une personne arrive à diminuer de manière fulgurante sa propre intensité énergétique,

c'est-à-dire de ne consommer quasi uniquement des biens ne demandant que très peu de

consommation énergétique. Celle-ci n'a aucune certitude que la personne payée pour tel

service ou tel bien n'utilisera pas cet argent de manière intense en consommation énergé-

tique. Il n'est donc uniquement possible de diminuer la consommation énergétique totale

si l'économie entière bascule vers des modes de production moins consommatrices d'éner-

gie et c'est e�ectivement les limites de ces modes de production actuels que représente

cette limite supérieure d'e�cience énergétique.

2.2 Limite supérieure de l'e�cience énergétique

Une limite inférieure d'intensité énergétique peut s'inscrire dans la formule de départ

(2.1) en y ajoutant une constante représentant l'intensité pour une valeur temporelle

in�nie. Ceci donne la formule suivante pour l'intensité :

I(t) = q3 + (q1 − q3).e−q2.(t−t0) (2.3)

Où le nouveau paramètre est :

� q3 = I(+∞), l'intensité pour des valeurs temporelles in�nies, c'est-à-dire sa limite

inférieure.

Par contre ceci donne une toute autre formule pour l'e�cience :

E(t) =1

q3 + (q1 − q3).e−q2.(t−t0)

=p3

1 + p3−p1p1

.e−p2.(t−t0)(2.4)

19

1700 1800 1900 2000 21000

1000

2000

3000

4000

5000

I(t)

[ Mtoe

TUS$

]

Valeurs historiquesApproximationLimite inferieure

Figure 2.3 � Évolution temporelle de l'intensité par approximation de la formule (2.3)

Où le nouveau paramètre est :

� p3 = E(+∞), l'e�cience pour des valeurs temporelles in�nies ou en d'autres mots

sa limite supérieure.

1700 1800 1900 2000 21000

0.005

0.01

0.015

E(t)[ T

US$

Mtoe

]

Valeurs historiquesApproximationLimite superieure

Figure 2.4 � Évolution temporelle de l'e�cience par approximation de la formule (2.4)

L'e�cience et l'intensité ainsi obtenues sont représentées aux �gures 2.4 et 2.3. Une

limite inférieure d'intensité peut paraître anodine, mais en comparant la �gure 2.4 et la

�gure 2.2 obtenue auparavant, la limite supérieure à la croissance d'e�cience prend toute

son importance.

20

Néanmoins des améliorations sont encore à faire à ce modèle. L'intensité est limitée

inférieurement, mais ne serait-ce pas le cas également pour l'e�cience ? Selon les approxi-

mations par les formules (2.3) et (2.4) l'e�cience aurait connu des valeurs décroissantes

jusqu'à zéro dans le passé. Mais est-ce vraiment réaliste ?

Dès que l'homme a été en mesure d'utiliser de l'énergie pour sa survie, une certaine ri-

chesse était présente, ne fût-ce que la chaleur ou la lumière d'un feu [33] et celle-ci pourrait

être assimilée à un certain niveau de PIB. Approximer ce PIB préhistorique est e�ective-

ment une a�aire fort compliquée et les données de la littérature comme celles que propose

DeLong [12] ne sont que des approximations du PIB reconstruites à partir de plusieurs

études historiques rigoureuses.

Par contre il est nécessaire d'ajouter également cette limite inférieure à l'e�cience a�n de

se rapprocher de la réalité physique de l'e�cience.

2.3 Limite inférieure de l'e�cience énergétique

Cette limite inférieure de l'e�cience correspond à une limite supérieure de l'intensité.

En e�et, dans les modèles précédents, comme à la �gure 2.3, un décrochage important

était présent entre les données historiques de l'intensité et son approximation pour le

passé. Ajouter une limite inférieure de l'e�cience ne donne pas l'impression de changer

grand chose, mais cela a un e�et considérable pour les valeurs historiques de l'intensité.

Ajouter une limite inférieure à l'e�cience donne la formule suivante pour celle-ci :

E(t) = p4 +p3 − p4

1 + p3−p1p1−p4 .e

−p2.(t−t0)

=p3 + p4.

p3−p1p1−p4 .e

−p2.(t−t0)

1 + p3−p1p1−p4 .e

−p2.(t−t0)(2.5)

Ce qui donne pour la totalité des paramètres :

� p1 = E(t0), l'e�cience à l'année de référence des observations ;

� p2 = ε, la constante de croissance ;

� p3 = E(+∞), l'e�cience pour des valeurs temporelles in�nies, c'est-à-dire sa limite

supérieure ;

21

� p4 = E(−∞), l'e�cience historique de départ autrement dit sa limite inférieure.

1700 1800 1900 2000 21000

0.005

0.01

0.015

E(t)[ T

US$

Mtoe

]Valeurs historiquesApproximationLimites inf et sup

Figure 2.5 � Évolution temporelle de l'e�cience par approximation de la formule (2.5)

E�ectivement ceci à un impact considérable sur la formule de l'intensité énergétique :

I(t) =1 + p3−p1

p1−p4 .e−p2.(t−t0)

p3 + p4.p3−p1p1−p4 .e

−p2.(t−t0)

=q3 + q4.

q3−q1q1−q4 .e

−q2.(t−t0)

1 + q3−q1q1−q4 .e

−q2.(t−t0)(2.6)

Où les paramètres deviennent comme pour l'e�cience :

� q1 = I(t0), l'intensité à l'année de référence des observations ;

� q2 = ε, la constante de décroissance ;

� q3 = I(+∞), l'intensité pour des valeurs temporelles in�nies, ce qui correspond à sa

limite inférieure ;

� q4 = I(−∞), l'intensité historique de départ, c'est-à-dire sa limite supérieure.

Comme illustré aux �gures 2.5 et 2.6, il persiste néanmoins encore une certaine dis-

cordance entre les points expérimentaux et l'approximation réalisée. Ceci sera discuté au

prochain paragraphe avant de dé�nir quel modèle sera utilisé dans la suite de ce travail.

22

1700 1800 1900 2000 21000

1000

2000

3000

4000

5000

I(t)

[ Mtoe

TUS$

]

Valeurs historiquesApproximationLimites inf et sup

Figure 2.6 � Évolution temporelle de l'intensité par approximation de la formule (2.6)

2.4 Dé�nition du modèle �nal

Ce chapitre propose un regard critique sur l'approximation trouvée au point précédent

a�n de proposer �nalement les fonctions d'approximation de l'e�cience et de l'intensité

qui seront utilisées pour la suite de ce travail.

2.4.1 Modèle historique

La dernière approximation peut être encore fort éloignée de la réalité historique de

l'e�cience et de l'intensité énergétique. Mais ceci n'est plus un problème de modélisation

dû à la physique du problème ; cette erreur est due au fait qu'il s'agit ici d'une modélisa-

tion mathématique d'une évolution historique et non d'une évolution physique soumis à

des lois scienti�ques claires et précises.

Considérons la formule (2.5) de l'e�cience. La valeur de l'e�cience du point d'in�exion

n'a aucune liberté par rapport aux limites supérieure et inférieure. En e�et, l'année -en

abscisse- à laquelle a lieu l'in�exion de la fonction est dépendante des données expérimen-

tales, mais son e�cience -en ordonnée- se trouve exactement au milieu des deux limites.

Soit E ′′(tinfl) = 0 et donc tinfl l'année d'in�exion, ceci donne :

E(tinfl) =p3 + p4

2=E(+∞) + E(−∞)

2(2.7)

23

Cela impliquerait que les avancées technologiques ont permis une augmentation exponen-

tielle de l'e�cience jusqu'à un certain moment (la date où a lieu l'in�exion de la courbe

ou tinfl) et qu'après tinfl l'e�cience a encore augmenté de la même quantité, mais en

se rapprochant déjà de l'asymptote horizontale en +∞, c'est-à-dire avec une diminution

progressive du taux de croissance depuis tinfl.

Comme il est visible à la �gure 2.7 la dérivée de la fonction (2.5) de l'e�cience est symé-

trique par rapport à la date d'in�exion et suit une courbe de Gauss.

1700 1800 1900 2000 2100 22000

0.005

0.01

E(t)

1700 1800 1900 2000 2100 22000

0.2

0.4

x 10−4

E’(t)

E’(t)E(t)

Figure 2.7 � Évolution temporelle de l'e�cience et du taux de croissance de l'e�cience selon

les formules (2.5) et (2.8)

Où la dérivée de E(t) vaut :

E ′(t) =(p3 − p4).p3−p1p1−p4 .p2.e

−p2.(t−t0)

(1 + p3−p1

p1−p4 .e−p2.(t−t0)

)2 (2.8)

Ceci correspond historiquement au fait que l'homme est confronté dans ses découvertes

technologiques à une di�culté accrue de se rapprocher de la limite supérieure d'e�cience

et que la croissance des découvertes diminue donc à force de se rapprocher de la limite

supérieure.

Par contre, historiquement, la croissance de l'e�cience ne doit pas nécessairement évoluer

selon une courbe gaussienne comme le suggère la formule (2.8).

24

Une première proposition de ce à quoi devrait ressembler la croissance de l'e�cience,

ainsi que l'e�cience en découlant, est décrite ci-dessous, mais une étude plus approfondie

à ce sujet devrait être menée a�n de se rapprocher d'avantage de l'évolution historique de

l'e�cience énergétique.

En se rapprochant de la limite supérieure de l'e�cience énergétique la croissance d'ef-

�cience diminue progressivement, mais l'ingéniosité de l'homme lui permet de garder une

croissance plus élevée pendant encore certaines décennies. Ceci a comme conséquence que

la courbe gaussienne de la croissance d'e�cience n'est pas symétrique comme le propose le

modèle, mais augmente encore d'avantage pour chuter plus rapidement quand les progrès

technologiques se rapprochent de plus en plus de la limite d'e�cience.

Figure 2.8 � Correction historique de l'évolution temporelle du taux de croissance de l'e�cience

La croissance de l'e�cience suit donc plutôt une courbe comme celle représentée à

la �gure 2.8. L'intégrale des deux cloches est identique, car il y a la même quantité de

progrès technologiques à réaliser avant d'atteindre la limite supérieure d'e�cience, mais le

chemin parcouru par l'humanité pour y parvenir est très di�érent suivant le cas observé.

En e�et, la croissance en 'courbe gaussienne déformée' donne pour l'e�cience énergétique

l'image se trouvant à la �gure 2.9.

25

Figure 2.9 � Correction historique de l'évolution temporelle de l'e�cience énergétique

Cette courbe d'e�cience, ainsi que sa dérivée à la �gure 2.8, a été faite avec un logiciel

de dessin et ne représente donc aucune réalité physique. Même si elles pouvaient mieux

correspondre aux données expérimentales, il ne s'agit ici que d'une approche intuitive,

n'étant pas basée sur des valeurs physiques sûres.

C'est pourquoi, à travers la suite de ce travail, l'e�cience et l'intensité seront respective-

ment représentées par les formules (2.5) et (2.6).

2.4.2 Écarts du modèle historique

Bien évidemment le modèle proposé ci-dessus ne correspondra pas non plus exacte-

ment à l'évolution historique de l'e�cience énergétique car cette évolution dépend des

grands événements qui ont in�uencé la capacité de l'humanité à mettre son énergie dans

l'innovation de ses technologies de production. Ce qui donne quelques écarts par rapport

à la courbe du modèle théorique.

En guise d'exemple, la �gure 2.10 représente l'évolution de l'intensité de 1800 à 2011.

Cette évolution, reconstruite à partir des données de Smil [34], de BP [5], de DeLong

[12] et de la World Bank [44], n'a pas suivi une courbe parfaite comme le proposent nos

approximations. Plusieurs paliers sont visibles tout au long de l'histoire, causés par des

26

progrès technologiques et des grandes découvertes, les principaux se trouvent aux alentours

de 1850, 1875 et 1920. Ces sauts d'amélioration de l'intensité pourraient par exemple être

respectivement dus à la découverte de la machine à vapeur, au moteur électrique et au

début de la consommation massive d'énergies fossiles. Mais ces détails ne changent pas

l'allure générale de l'évolution temporelle de l'intensité et le modèle proposé ci-dessus

reste donc tout à fait approprié pour l'approche que propose ce travail.

1800 1850 1900 1950 20000

500

1000

1500

2000

[ Mtoe

TUS$

]

Figure 2.10 � Évolution historique de l'intensité énergétique de 1800 à 2011.

Source : Smil, 2010 et BP, 2013 pour la consommation énergétique et DeLong,

1998 et World Bank, 2013 pour le PIB mondial.

Ici se termine l'étude du modèle théorique de l'e�cience énergétique. La suite de ce

travail est une application de ce modèle théorique aux données de l'économie mondiale.

27

Chapitre 3

Évolution temporelle de l'e�cience

énergétique mondiale

Dans ce chapitre l'e�cience mondiale est modélisée à partir des données historiques de

PIB et de consommations énergétiques ainsi qu'à partir des prévisions faites en matière

d'e�cience dans les di�érents secteurs économiques.

Di�érents scénarios sont présentés et comparés. Ce qui permet de réaliser des prédictions

du PIB mondial en fonction des prévisions énergétiques pour les décennies à venir au

chapitre suivant.

3.1 Production énergétique

Avant de commencer, voici une petite remarque par rapport aux unités utilisées dans

ce travail pour l'énergie. Étant donné que les énergies fossiles représentent la majorité

de la production énergétique, il est habituel de présenter les quantités d'énergie en mé-

gatonnes d'équivalent pétrole (Mtoe). L'unité SI de l'énergie étant le joule, 1 Mtoe vaut

41868 ∗ 1012 J ou 10000 Mtoe valent 418.68 EJ.

Les seules sources d'énergie primaires disponibles sur terre sont le soleil qui envoie par

rayonnement en constance 173000 TW ce qui correspond environ à 130300 ∗ 109 Mtoe

d'énergie par an ainsi que l'énergie géothermique du noyau central de la terre et l'énergie

provenant de la lune qui ensemble représentent 30TW ou 22600 Mtoe par an [26] [32].

28

La consommation énergétique a été l'outil principal pour le développement de l'huma-

nité à travers l'histoire [33]. Jusqu'à la �n du 18ème siècle cette consommation est restée

fort constante et celle-ci était quasi uniquement constituée de biomasse.

Par contre, comme représenté à la �gure 3.1, depuis la première révolution industrielle les

sources énergétiques se sont diversi�ées et la consommation énergétique totale n'a cessé

d'augmenter [19].

Figure 3.1 � Historique de la consommation mondiale d'énergie primaire par source (en EJ).

Source : adapté de Nakicenovic et al., 1998 et Grubler, 2008.

Les sources d'énergie sont actuellement divisées de la manière suivante :

� 80% d'énergies fossiles qui sont subdivisées en :

� 33% de charbon,

� 41% de pétrole,

� 26% de gaz ;

� 5% d'énergie nucléaire ;

� 15% d'énergies renouvelables subdivisées en :

� 36% d'hydraulique,

� 62% de biomasse,

� 2% d'autres renouvelables (principalement l'éolien et le solaire).

Les énergies fossiles sont des énergies non-renouvelables car elles sont consommées à

29

une vitesse plus élevées que celle à laquelle elles ne peuvent se régénérer. De plus, leur

combustion émet inévitablement du CO2, ce qui entraîne un e�et de serre dans l'atmo-

sphère et participe à un réchau�ement climatique anthropique jamais observé auparavant

[20].

En ce qui concerne l'énergie nucléaire, cette technologie n'émet pas de CO2 pour pro-

duire de la chaleur et ainsi générer de l'électricité. Néanmoins cette énergie doit être

contrôlée de manière très rigoureuse a�n d'éviter des catastrophes comme celles de Tcher-

nobyl ou de Fukushima.

Finalement, les énergies renouvelables sont également controversées.

Prenons l'exemple de la biomasse dont l'utilisation croît fortement ces temps-ci, mais,

comme l'explique par exemple le documentaire "La fausse promesse d'une énergie propre"

réalisé par Ste�en Weber et Reinhard Hornung en 2013, il ne s'agit plus uniquement de

résidus de bois que l'homme ramasse pour se chau�er ou cuire ses aliments. Une part

croissante de la biomasse actuelle provient d'agriculture intensive. Tout d'abord cette

agriculture intensive est dépendante d'une forte consommation d'énergie fossile pour sa

production d'engrais et de pesticides. De plus, elle provoque des bouleversements sur le

marché de denrées alimentaires tel le maïs ou le colza et met donc en di�culté les petits

agriculteurs qui doivent s'aligner sur ces nouveaux prix. La production même du biogaz

n'est pas non plus exempte de risques environnementaux, des fuites peuvent naître dans

les cuves de production de méthane qui est un gaz à e�et de serre encore plus mauvais

pour le climat que le CO2.

Amener la production de biogaz à grande échelle doit donc être suivi du début de la

�lière jusqu'à l'utilisation �nale du biogaz a�n de s'assurer que l'utilisation de celui-ci

ne produise �nalement pas plus de gaz à e�et de serre que le gaz naturel qu'il est sensé

remplacer et que sa production ne mette pas en danger l'activité économique d'une grande

partie de la population [41].

En ce qui concerne les sources d'énergie solaire et éolienne, leur bilan carbone doit

également être contrôlé, mais une fois que ceux-ci sont mis en fonctionnement, la produc-

tion d'électricité (ou de chaleur dans le cas des panneaux solaires) permet e�ectivement

30

une production d'énergie neutre en carbone.

Toute production énergétique peut donc, à des niveaux di�érents, avoir des e�ets in-

désirables sur l'environnement et/ou sur le système économique mondial ; a�n d'éviter ces

problèmes environnementaux et/ou sociaux, chaque nouvelle production d'énergie doit

être précédée d'une ré�exion à propos de la durabilité du projet énergétique et ensuite

être mise en place accompagnée d'un suivi rigoureux.

3.2 Consommation énergétique

La consommation énergétique mondiale est majoritairement destinée aux secteurs de

l'industrie, du transport et du bâtiment.

La �gure 3.2 représente la consommation énergétique pour les di�érents secteurs en

2007. L'industrie a consommé 3015 Mtoe, le transport 2300 Mtoe, le bâtiment 2759 Mtoe

et il y a eu 3955 Mtoe d'autres consommations des 12029 Mtoe totaux de 2007 [23].

Figure 3.2 � Pourcentages de la consommation énergétique des di�érents secteurs en 2007.

Source : International Energy Agency, 2010.

Dans ce travail les données de Smil [34] et de BP [5] sont utilisées a�n de représenter

la production mondiale d'énergie. Leurs données, qui sont obtenues respectivement par

reconstruction historique et par mesure directe, sont représentées à la �gure 3.3.

31

1800 1850 1900 1950 20000

5000

10000

15000

[Mtoe]

SmilBP

Figure 3.3 � Historique de la consommation énergétique mondiale.

Source : Smil, 2010 et BP, 2013.

Une légère di�érence existe pour certaines valeurs, mais la moyenne des di�érences

relatives entre les valeurs de Smil et de BP ne vaut que 4.4% (3.1) pour les années 1970,

1980, 1990, 2000 et 2008, qui sont les cinq années pour lesquelles les deux sources disposent

de données énergétiques.

∆ =

∑ |SMILi−BPi|SMILi+BPi

2

n= 4.4% (3.1)

1800 1850 1900 1950 20000

5000

10000

15000

[Mtoe]

RenouvelablesNucleaireFossiles

Figure 3.4 � Historique de la consommation énergétique mondiale par source.

Source : adapté de Smil, 2010 et BP, 2013.

Finalement les valeurs utilisées pour la consommation totale seront donc les valeurs de

32

BP de 1965 à 2011 et les valeurs de Smil pour les valeurs antérieures. Les données de Smil

sont corrigées linéairement du rapport entre les valeurs de BP et de Smil en 1965 jusqu'à

l'annulation de cette correction en 1800 a�n d'obtenir l'énergie mondiale comme illustré

à la �gure 3.4. Cette �gure est en mégatonnes d'équivalent pétrole (Mtoe) et correspond

donc bien au nombre d'exajoules (EJ) de la �gure 3.1 vu que 10000 Mtoe = 418.68 EJ.

3.3 PIB de consommation

Les données de DeLong [12] et de la World Bank [44] seront utilisées a�n de repré-

senter le PIB mondial. Comme expliqué dans le premier chapitre, ce PIB est en monnaie

constante a�n de représenter correctement la richesse d'année en année et d'échapper au

malentendu que crée une monnaie courante.

La représentation du PIB mondial est donnée à la �gure 3.5.

1800 1850 1900 1950 20000

20

40

60

80

[TUS$]

Figure 3.5 � Évolution temporelle du PIB mondial en TUS$ constant de 2011.

Source : adapté de DeLong, 1998 et World Bank, 2013.

A�n de réunir les données de DeLong et celles de la World Bank, le même ajustement

est utilisé sur les données de DeLong que sur les données de Smil pour la consommation

énergétique.

33

3.4 E�cience mondiale

A�n de représenter l'augmentation d'e�cience qu'il est possible d'obtenir au niveau

mondial il est nécessaire d'étudier les di�érents secteurs qui constituent la consommation

énergétique actuelle, c'est-à-dire l'industrie, le transport, le bâtiment et les autres. Une

fois cette limite théorique connue il est possible de l'ajouter dans le modèle théorique du

chapitre 2 et ainsi de prédire l'e�cience énergétique pour les décennies à venir.

Di�érents scénarios sont étudiés pour calculer cette limite supérieure d'e�cience éner-

gétique, les deux sources principales de cette modélisation sont le rapport "Energy Tech-

nology Perspectives 2010 - Scenarios & Strategies to 2050" de l'Agence internationale de

l'énergie (IEA) [23] ainsi que l'étude "Vers une Wallonie Bas-carbone en 2050" (WBC2050)

qui est une modélisation du scénario énergétique wallon d'ici 2050 réalisée par la société

de consultance en énergie et changement climatique Climact [9].

3.4.1 E�cience de l'industrie

Voici les di�érents secteurs qui seront détaillés dans ce paragraphe a�n de représenter

la limite supérieure d'e�cience de l'industrie :

� la sidérurgie (616 Mtoe) ;

� la cimenterie (240 Mtoe) ;

� la chimie et la pétrochimie (879 Mtoe) ;

� la papeterie (164 Mtoe) ;

� l'aluminium (93 Mtoe) ;

� les autres (1023 Mtoe).

Ceux-ci correspondent aux secteurs repris par la IEA et les valeurs entre parenthèses

représentent la consommation énergétique de chacun des secteurs en 2007 en mégatonnes

d'équivalent pétrole. La consommation totale de l'industrie était de 3015 Mtoe en 2007.

A�n de calculer l'e�cience totale, les e�ciences de chaque industrie seront sommées

en les pondérant par leurs consommations énergétiques listées ci-dessus.

Ce qui donne �nalement les résultats se trouvant au tableau 3.1 pour le secteur industriel.

34

IEAWBC2050

1 2 3 4

Sidérurgie 27.5 6.5 11.8 30.1 42.0

Cimenterie 35.0 13.0 17.0 34.0 41.0

Chimies 49.2 11.0 23.2 46.7 58.5

Papeterie 26.9 5.0 15.0 30.0 40.0

Aluminium 11.6 4.7 9.9 18.9 23.8

Autres 15.0 4.7 9.9 18.9 23.8

Total 29.7 7.6 15.0 31.1 39.9

Table 3.1 � Pourcentage d'augmentation de l'e�cience des secteurs industriels par rapport à

leurs consommations actuelles.

Le rapport "Energy Technology Perspectives 2010 - Scenarios & Strategies to 2050"

de l'IEA utilise dans ces prévisions les meilleures technologies disponibles actuellement

(BATs = best available technologies).

Climact propose quant à lui di�érents scénarios dans son modèle qui sont dépendants

des avancées technologiques qui seront mises en place d'ici 2050. Ce modèle WBC2050

fait donc des prévisions de nouvelles technologies encore inaccessibles actuellement mais

susceptibles d'être présentes d'ici 2050.

Les di�érents secteurs industriels sont commentés brièvement ci-dessous a�n d'avoir

un aperçu de la manière à laquelle les scénarios ont été réalisés.

La sidérurgie

Il y a trois procédés principaux dans la sidérurgie :

� les hauts fourneaux fonctionnant principalement à partir de minerai de fer (de 70 à

100%) ;

� les fours à arc électrique par recyclage de ferraille (également de 70 à 100%) ;

� la réduction directe de fer qui peut se faire à partir de minerai tout comme de fer-

raille.

35

Les fours à arc électrique consomment moins d'énergie que les hauts fourneaux et une

amélioration peut se faire en transitant vers ce mode de production. Néanmoins cette

transition est limitée vu la disponibilité de ferraille ; dans de nombreuses économies émer-

gentes comme la Chine ou l'Inde la �lière à hauts fourneaux va donc rester le mode de

production majeur.

Ceci donne une amélioration possible de 133 Mtoe par rapport aux 616 Mtoe de consom-

mation en 2007 selon le rapport de l'IEA. Ce qui donne une diminution d'intensité de

21.6% et donc une augmentation d'e�cience de 27.5% via la formule (3.2) qui est uti-

lisée pour l'ensemble de ce chapitre quand il s'agit de transformer un pourcentage de

diminution d'intensité en un pourcentage d'augmentation d'e�cience.

i2 = i1 − i1 ∗%i

m

e2 =1

i1 − i1 ∗%i

= e1 ∗(

1

1−%i

+ 1− 1

)

= e1 + e1 ∗(

1

1−%i

− 1

)

m

%e =1

1−%i

− 1

(3.2)

Dans le modèle WBC2050 plusieurs améliorations sont étudiées en plus de l'augmen-

tation d'e�cience générale des procédés, qui vaut 6%, 10%, 15% et 20% selon les di�érents

scénarios. Tout d'abord la réduction de smelt permet une amélioration de l'e�cience pour

les hauts fourneaux (de 0.8%, 2.7%, 5.6% et 8%) qui est pondérée à deux tiers de la

production totale. Ensuite le recyclage du gaz permet une amélioration de 17% et 25%

pour les hauts fourneaux (donc également pondérée à deux tiers) dans les deux derniers

scénarios.

La cimenterie

La production d'une tonne de ciment consomme actuellement entre 2.9 et 4.7 GJ

d'énergie dont 3.2 à 4.5 GJ d'énergie thermique. Avec une moyenne de 3.6 GJ par tonne

36

de ciment la consommation en 2007 était de 240 Mtoe d'énergie pour la production de

2774 mégatonnes de ciment.

Comme décrit dans le rapport de l'IEA, l'utilisation des BATs permettrait une ré-

duction par rapport à 2007 de 42 Mtoe pour l'énergie thermique, ce qui correspond à

une consommation de 3.2 GJ par tonne de ciment. Pour la consommation électrique un

gain de 5.2 Mtoe est réalisable et �nalement la disponibilité de substituts au mâchefer

permettrait de descendre le rapport mâchefer-ciment à 0.7, ce qui donnerait encore des

gains théoriques de 15 Mtoe d'énergie thermique.

Ceci donne une diminution de 25.9% de l'intensité et donc une augmentation de 35.0%

d'e�cience.

Dans le modèle WBC2050 une substitution du clinker par du laitier permet une réduc-

tion des émissions, mais l'e�cience énergétique n'en est pas changée et reste 13%, 17%,

34% et 41% pour les di�érents scénarios.

Figure 3.6 � Évolution temporelle de l'e�cience énergétique de la production de ciment expri-

mée en tonne de ciment par Gigajoule [27].

Source : adapté de Worrell, 2008.

37

L'étude de ce secteur permet de se rappeler que ces valeurs ne sont bien évidemment

que des prévisions d'e�cience si des améliorations sont réellement apportées au niveau

des di�érents secteurs. Comme le montre la �gure 3.6, le taux d'e�cience de la production

de ciment n'a plus réellement augmenté depuis les années '80 [27].

Les prévisions faites dans ce travail doivent donc nécessairement être accompagnées

d'une di�usion des meilleures technologies à travers tout le secteur industriel en question.

La chimie et la pétrochimie

Le rapport de l'IEA utilise pour les secteurs chimiques les meilleures technologies dis-

ponibles dans l'industrie (BPTs = best practice technology) au lieu de BATs car ceci est

beaucoup plus représentatif de ce qui est réalisable à grande échelle. Grâce à l'intensi�ca-

tion et l'intégration des procédés, la cogénération, le recyclage et la récupération d'énergie

un gain de 290 Mtoe peut être obtenu par rapport au 879 Mtoe de 2007.

Ce qui donne une diminution de 33.0% d'intensité et une augmentation d'e�cience de

49.2%.

Les mêmes améliorations sont représentées dans le modèle WBC2050.

En plus de l'amélioration générale d'e�cience de 6%, 10%, 20% et 24% selon les di�érents

scénarios, l'intensi�cation permet tout d'abord une augmentation supplémentaire de 5%,

10%, 20% et 24% de l'e�cience énergétique et ensuite l'auto-production électrique une

augmentation de 3.2%, 6.7% et 10.5% de l'e�cience dans les scénarios 2, 3 et 4. Ces

dernières sont calculées suite aux 33%, 66% et 100% d'auto-production selon les scénarios,

par le biais de cogénérations, qui, vu que la consommation électrique représente 38% de la

consommation du secteur chimique et qu'une cogénération optimale pourrait apporter une

diminution optimale de 25% en intensité énergétique, permet une diminution de l'intensité

de 3.1%, 6.3% et 9.5% sur l'ensemble du secteur.

La papeterie

La papeterie représentait 164 Mtoe en 2007 et le rapport de l'IEA décrit une amélio-

ration de l'e�cience grâce à di�érentes technologies à mettre en place. Tout d'abord 16

38

Mtoe peuvent être épargnées dans l'apport énergétique thermique ainsi que 6.8 Mtoe dans

l'apport électrique. Ensuite 6 Mtoe supplémentaires peuvent être gagnées en recyclant le

papier à 60% comme c'est le cas actuellement dans l'Union Européenne. Et �nalement la

cogénération permettrait dans ce secteur de récupérer encore 6 Mtoe, ce qui donne une

diminution totale de 21.2% d'intensité et donc une augmentation de 26.9% d'e�cience.

Le modèle de WBC2050 ne détaille pas les augmentations en e�cience, mais ne

s'éloigne pas vraiment de la valeur de l'IEA avec 5%, 15%, 30% et 40% selon les dif-

férents scénarios.

L'aluminium

La production d'aluminium a consommé 93 Mtoe en 2007, dont 50 Mtoe d'électri-

cité. L'amélioration des fonderies et des ra�neries a permis une augmentation d'e�cience

considérable dans les dernières années. Les BATs permettront une diminution d'encore

9.7 Mtoe par rapport à 2007 comme décrit dans le rapport de l'IEA, ce qui équivaut à

une diminution d'intensité de 10.4% et une augmentation d'e�cience de 11.6%.

Dans le modèle WBC2050 aucun chi�re n'est donné pour l'aluminium car ce secteur

ne représente pas une grosse consommation énergétique en Wallonie. Pour les di�érents

cas de ce modèle l'hypothèse est prise que l'e�cience du secteur de l'aluminium connaîtra

la même augmentation d'e�cience que les autres secteurs industriels, qui sont expliqués

ci-dessous.

Les autres secteurs

Vu que la consommation énergétique des plus petits secteurs industriels devient telle-

ment petite, une étude de leur augmentation d'e�cience est inintéressante pour un aperçu

macroscopique comme le propose ce travail. C'est pourquoi l'hypothèse suivante est faite :

l'augmentation d'e�cience des "autres secteurs industriels" est égal à la moyenne des sec-

teurs repris ci-dessus divisée par deux.

Cette hypothèse est sortie comme étant la plus représentative de l'e�cience atteignable

au niveau mondial lors d'une entrevue avec Climact pour la raison suivante. Suite à leur

39

petite part dans la consommation énergétique totale ainsi qu'à la multitude de procédés

di�érents, il est moins intéressant de promouvoir la recherche dans ces domaines. De plus,

les secteurs étudiés précédemment ne seront pas remplacés facilement par de nouveaux

secteurs vu leur nécessité pour le développement d'une économie moderne. Il est donc tout

à fait raisonnable d'estimer que l'e�cience de la totalité des petits secteurs augmentera

de la moitié de la moyenne des plus grands secteurs industriels. Ce qui donne les valeurs

reprises au tableau 3.1.

Par contre, a�n de calculer l'e�cience �nale des scénarios du modèle WBC2050, deux

secteurs sont ajoutés au calcul. En e�et, la chaux et le verre se trouvent dans les chi�res

wallons et peuvent donc être également utilisés pour calculer l'e�cience totale de l'indus-

trie. Les augmentations d'e�cience pour la chaux sont 13%, 23%, 30% et 36% et pour le

verre 8%, 28.3%, 56.5% et 68%. Les pourcentages des scénarios 2, 3 et 4 du verre sont

les sommes de di�érentes augmentations d'e�cience ; tout d'abord l'augmentation d'ef-

�cience du procédé général (15%, 30% et 36%), ensuite l'utilisation d'oxyfuel améliore

l'e�cience encore de 12%, 24% et 29% et �nalement l'augmentation en calcin représente

encore des augmentations de 5%, 10% et 12%, pondérées à 25%.

Totalité du secteur industriel

Une augmentation d'e�cience de 29.7%, selon le scénario de l'IEA, et de 7.6%, 15.0%,

31.1% et 39.9% selon les di�érents scénarios du modèle WBC2050, peut donc être atteinte

pour la totalité du secteur industriel.

Les valeurs du modèle WBC2050 reprenant les industries wallonnes ont une moyenne de

23.5% et ne sont donc pas fort éloignées de l'augmentation prévue par l'IEA au niveau

mondial.

3.4.2 E�cience du transport

La �gure 3.7 illustre l'évolution des di�érents modes de transport. En 2007, pour une

consommation totale de 2300 Mtoe, les véhicules légers représentent une consommation

de 1172.4 Mtoe d'énergie, les camions 507.7 Mtoe, l'aviation (passagers et marchandises)

251.5 Mtoe et �nalement les autres transports sont responsables des 368.4 Mtoe restant.

40

Figure 3.7 � Évolution de la consommation énergétique mondiale par mode de transport.

Source : International Energy Agency, 2009b.

Le tableau 3.2 représente les valeurs de l'augmentation maximale d'e�cience énergé-

tique du transport au niveau mondial en fonction des di�érents scénarios retenus.

IEAWBC2050

1 2 3 4

Véhicules légers 30 20 40 50 55

Camions 25 0 35 50 60

Avions 30 0 35 50 60

Autres 10 0 35 50 60

Total 25.7 10.2 37.5 50.0 57.5

Table 3.2 � Pourcentages d'augmentation de l'e�cience énergétique du transport par rapport

à sa consommation actuelle.

Les valeurs pour les di�érents modes de transport sont directement reprises du rapport

de l'IEA et du modèle WBC2050 et pondérées en fonction de la part de l'énergie totale

utilisée en 2007 par chacun des modes de transport.

41

3.4.3 E�cience du bâtiment

La limite supérieure d'e�cience pour le secteur du bâtiment sera abordée pour les

di�érents scénarios comme dans les sous-chapitres précédents.

Figure 3.8 � Économies d'énergie pour le bâtiment par secteur par utilisation �nale en 2050.

Source : International Energy Agency, 2010.

La �gure 3.8 montre les gains en énergie possibles pour le secteur du bâtiment selon le

rapport de l'IEA. Ceux-ci sont calculés pour un scénario d'e�cience maximale par rapport

à un scénario de référence qui n'a pas d'augmentation d'e�cience d'ici 2050. Ce dernier

prédit 4407 Mtoe de consommation énergétique pour le bâtiment et le scénario de mise

en place des meilleures techniques disponibles arrive quant à lui à une consommation de

2898 Mtoe.

Ceci permet de trouver la diminution d'intensité possible selon le rapport de l'IEA par

l'équation suivante :

intbatIEA=

4407− 2898

4407= 34.2% (3.3)

Et �nalement l'augmentation d'e�cience par la formule (3.2), qui vaut 52.1%.

En ce qui concerne l'augmentation d'e�cience disponible dans le modèle WBC2050,

deux données sont disponibles :

42

� Les exigences en matière de rénovation et de construction de bâtiments neufs amé-

liorent la performance moyenne du parc de 50%, 60%, 67% et 84% selon les di�érents

scénarios.

� La consommation totale des appareils diminue de 25%, 35%, 55% et 65%, l'e�cience

augmente donc de 33.3%, 53.8%, 122.2% et 185.7%.

Cette première amélioration représente la plus grande part des économies en énergie

réalisables et contient les éléments suivants : la taille des bâtiments, la mitoyenneté de

ceux-ci, les performances d'isolation de leur enveloppe, ainsi que les techniques de chauf-

fages et le confort souhaité dans les bâtiments.

La deuxième amélioration comprend les appareils se trouvant dans les bâtiments et ne

représente qu'une petite partie de la consommation totale. Dans ceux-ci sont compris les

appareils électroménagers, l'éclairage des bâtiments ainsi que les autres appareils élec-

triques multiples (télévision, ordinateur et cetera). Une meilleure gestion de la mise en

veille de ces appareils, la gestion intelligente de leur mise en fonctionnement ainsi qu'une

amélioration des appareils eux-mêmes sont entre autre les améliorations possibles.

Les pondérations utilisées sont de 90% pour les améliorations thermiques des bâti-

ments et de 10% pour les améliorations des appareils électriques. Ce qui donne les valeurs

suivantes pour l'e�cience du bâtiment des di�érents scénarios du modèle WBC2050 :

48.3%, 59.4%, 72.2% et 94.2%.

3.4.4 Limite supérieure de l'e�cience énergétique

Après le calcul des secteurs de l'industrie, du transport et du bâtiment il reste encore

les autres secteurs consommateurs d'énergie. Ceux-ci sont approximés de la même manière

que les plus petits secteurs de l'industrie, c'est-à-dire en prenant la moyenne des secteurs

étudiés (dans ce cas l'industrie, le transport et le bâtiment) et en divisant cette moyenne

par deux.

L'ensemble des secteurs sont représentés au tableau 3.3 pour les di�érents scénarios

étudiés. La totalité des di�érents secteurs est à nouveau une pondération en fonction de

43

leur consommation énergétique, qui se trouve pour l'an 2007 dans la première colonne du

tableau.

Consommation Augmentation d'e�cience énergétique

énergétiqueIEA

WBC2050

1 2 3 4

Industrie 3015 Mtoe 29.7 7.6 15.0 31.1 39.9

Transport 2300 Mtoe 25.7 10.2 37.5 50.0 57.5

Bâtiments 2759 Mtoe 52.1 48.3 59.4 72.2 94.2

Autres 3955 Mtoe 17.9 11.0 18.7 25.6 31.9

Total 12029 Mtoe 30.2 18.6 30.7 42.3 53.1

Table 3.3 � Pourcentage d'augmentation de l'e�cience énergétique totale par rapport à la

consommation énergétique actuelle se trouvant dans la première colonne.

Bien évidemment l'e�cience maximale ne peut être atteinte que si tout est mis en place

pour transiter vers des nouvelles technologies moins consommatrices d'énergie. C'est pour-

quoi ce travail propose trois scénarios di�érents d'augmentation d'e�cience parmi ceux

étudiés dans ce chapitre.

Le premier est un scénario de business as usual (BAU) qui correspondra à la plus

petite valeur d'augmentation de chaque secteur étudié, c'est-à-dire le premier scénario

du modèle WBC2050. En e�et, les valeurs minimales demandent déjà une amélioration

considérable des procédés industriels et il est donc raisonnable d'émettre l'hypothèse que

sans politique de changement ce scénario sera celui de la continuité actuelle.

Ensuite, le deuxième scénario reprend les meilleures technologies disponibles (BATs) et

sera la valeur moyenne pour tous les secteurs étudiés. Il se trouve donc bien à mi-chemin

entre les technologies futures qui pourraient voir le jour dans un avenir plus ou moins

lointain et les technologies utilisées actuellement à grande échelle et se retrouvant dans le

premier scénario.

Et le troisième scénario (MAX) reprend les limites supérieures maximales de chaque

44

secteur, ce qui correspond au quatrième scénario du modèle WBC2050.

Ceci donne �nalement le tableau 3.4 pour les augmentations d'e�cience qui seront

utilisées dans la suite de ce travail.

Scénarios BAU BATs MAX

Industrie 7.6 24.7 39.9

Transport 10.2 36.2 57.5

Bâtiments 48.3 65.2 94.2

Autres 11.0 21.0 31.9

Total 18.6 35.0 53.1

Table 3.4 � Di�érents scénarios d'augmentation de l'e�cience énergétique totale par rapport à

la consommation énergétique actuelle.

Les trois scénarios du tableau 3.4 permettent de calculer di�érentes évolutions de l'ef-

�cience énergétique mondiale comme illustré à la �gure 3.9.

1800 1900 2000 2100 22000

0.002

0.004

0.006

0.008

0.01

[ TUS$

Mtoe

]

MAXBATsBAU

Figure 3.9 � Évolution temporelle de l'e�cience énergétique selon les 3 scénarios du tableau 3.4

Même si le scénario MAX représente une augmentation d'e�cience de presque le triple

du scénario BAU (53.1% par rapport à 18.6%), ces di�érents scénarios ne di�èrent pas

45

tellement. En e�et, l'ajout d'une limite est beaucoup plus contraignante que la valeur

exacte à laquelle celle-ci se trouve.

La �gure 3.9 illustre bien que les trois courbes suivent la même évolution et sature à dif-

férents niveaux, c'est-à-dire à 6.5[GUS$Mtoe

], à 7.4

[GUS$Mtoe

]et à 8.4

[GUS$Mtoe

]respectivement. Ce

qui ne représente qu'une diminution de 22.6% de la limite supérieure du scénario MAX

par rapport à celle du scénario BAU.

Suite aux di�érentes valeurs d'e�cience trouvées dans ce chapitre il est intéressant

d'étudier quels sont les impacts que ceci peut avoir sur le PIB mondial.

46

Chapitre 4

Prévisions énergétiques et impacts sur

le PIB

Ce dernier chapitre propose une étude en plusieurs étapes. Tout d'abord une prévision

de la courbe énergétique mondiale est proposée suivi des e�ets que cela entraîne pour le

PIB mondial.

Et ensuite un sous-chapitre est dédié aux besoins énergétiques a�n de maintenir le PIB à

sa croissance actuelle.

4.1 Prévisions énergétiques

Vu qu'un découplage absolu est impossible entre l'économie et la consommation éner-

gétique et vu qu'un découplage relatif connaît également des limites comme étudié aux

chapitres précédents de ce travail, il est primordial de remplacer les sources d'énergies

fossiles par des énergies renouvelables a�n d'éviter une crise écologique et pouvoir pour-

suivre un développement économique aussi �orissant qu'aujourd'hui, voir l'accroître.

Ce paragraphe propose une modélisation de l'énergie disponible pour le 21ème siècle,

qui comme expliqué au premier chapitre risque e�ectivement d'être un des plus grands

dé�s pour l'humanité.

Voici tout d'abord un bref rappel des di�érents problèmes liés à l'approvisionnement

47

énergétique.

Tout d'abord il s'agit de sortir au plus vite de la consommation d'énergies fossiles a�n

d'éviter une catastrophe climatique. Ceci est uniquement possible en remplaçant cette

énergie par d'autres sources d'énergie. Actuellement les alternatives sont les énergies re-

nouvelables et le nucléaire. Tous les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients et il

s'agit donc de proposer un modèle d'accroissement de ces deux sources d'énergie tout en

restant dans un scénario réaliste pour le maintien de la planète.

De plus ces nouvelles sources d'énergie connaissent également certaines limites. La né-

cessité de matériaux à leur construction est une des premières limites [3]. Deuxièmement,

les sources elles-mêmes sont limitées, par exemple les réserves de nucléaire se videront à

leur tour, et encore plus rapidement si elles sont utilisées à grande échelle. Et même le

soleil est limité ! E�ectivement, il envoie jusqu'à 173000 TW d'énergie solaire en continu,

mais ceci n'est pas une quantité in�nie d'énergie et, de plus, faut-il pouvoir rendre cette

énergie utile pour l'humain [21].

4.1.1 Une prévision énergétique en fonction des impératifs clima-

tiques

A�n d'o�rir un modèle réaliste de l'apport énergétique pour les futures décennies,

quelques hypothèses sont émises, celles-ci sont expliquées en détail dans la suite de ce

sous-chapitre.

� Les énergies renouvelables croîtront avant de saturer à leur tour.

� Les énergies nucléaires resteront stables au niveau actuel.

� Les énergies fossiles sont actuellement à un point culminant et diminueront de ma-

nière équivalente à ce qu'elles ont augmenté.

48

Les énergies renouvelables

Ces énergies doivent être promues un maximum a�n de répondre au problème clima-

tique le plus rapidement possible. Par contre, comme énoncé au paragraphe précédent,

elles satureront également, tout d'abord car elles connaîtront une limite de matériaux dis-

ponibles à leurs productions [3] et surtout car ces énergies sont également limitées dans

leurs disponibilités annuelles [21].

Dale et al. proposent un modèle énergétique tenant compte de ces di�érentes limites et

arrivent à une stabilité énergétique de 600EJ par an [10] comme illustré à la �gure 4.1.

Cette limite de 14330 Mtoe par an permet de prédire l'évolution des énergies renouvelables

en leur imposant une limite supérieure de production annuelle.

Figure 4.1 � Production énergétique annuelle totale en[EJan

].

Source : Dale, Krumdieck et Bodger, 2012.

Le nucléaire

Le maintien du nucléaire à son niveau actuel suppose un remplacement des anciennes

centrales par des nouvelles au cours des prochaines décennies. E�ectivement les ressources

sont également limitées (à 41800 Mtoe au total) et un bref calcul montre qu'à la consom-

mation actuelle (d'une moyenne de 616 Mtoe par an pour les 10 dernières années) les

ressources ne tiendront que 70 ans. Néanmoins, une production d'énergie à 616 Mtoe par

49

an peut être maintenue dans la prévision pour les deux raisons suivantes.

� Les nouvelles technologies en matière de nucléaire pourraient voir le jour avant la

�n de l'uranium et le recyclage des produits de �ssion pourrait subvenir comme

remplaçant pendant encore de nombreuses années.

� Cette quantité de 616 Mtoe ne représente que 4% de la totalité de l'apport éner-

gétique mondial �nal et cette hypothèse ne met donc certainement pas en péril la

validité du résultat �nal de ce travail.

Les énergies fossiles

Comme l'a suggéré Hubbert en 1956, la consommation d'énergie fossile va diminuer

en suivant une gaussienne comme représenté à la �gure 4.2, jusqu'à ne représenter plus

qu'une fraction de ce qui est consommé aujourd'hui [30].

Figure 4.2 � Courbe de Hubbert pour la production de pétrole dans le monde.

Source : Hubbert, 1956.

De plus, cette consommation doit diminuer au plus vite a�n de ne pas représenter

de danger pour le climat. C'est pourquoi il est raisonnable d'imaginer que la production

d'énergie fossile devrait diminuer dans les décennies à venir de la même manière qu'elle a

augmenté dans les décennies passées. Évidemment il risque de rester encore des énergies

fossiles inexploitées, mais il est primordial pour l'humanité de ne pas sortir d'avantage de

carbone de la terre, ce qui permet d'émettre cette hypothèse.

50

Ces di�érentes hypothèses sont rassemblées à la �gure 4.3 pour chacune des sources

d'énergie. Les valeurs numériques de ces courbes se trouvent en annexe de ce travail.

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

[Mtoe]

RenouvNucleaireFossiles

Figure 4.3 � Prévision de la production énergétique mondiale des di�érentes sources d'énergie.

Totalité de la production énergétique

La prévision énergétique totale est réalisée en sommant les quantités d'énergie dispo-

nibles de chacune des sources, ce qui est illustré à la �gure 4.4.

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

[Mtoe]

RenouvNucleaireFossiles

Figure 4.4 � Prévision de la production énergétique mondiale jusqu'en 2200.

Un creux dans l'apport énergétique est donc observé suite à la diminution d'énergie

51

fossile dans les prochaines décennies. Ce creux est petit à petit comblé grâce à la croissance

des énergies renouvelables qui plafonneront à leur tour autour de 2200.

4.2 Les impacts sur le PIB mondial

Cette prévision énergétique permet de calculer le PIB pour les années à venir en fonc-

tion des di�érents scénarios d'e�cience énergétique proposés au chapitre précédent.

La �gure 4.5 présente les di�érents scénarios de PIB possibles en fonction des augmen-

tations d'e�cience selon le business as usual (BAU), les meilleures technologies disponibles

(BATs) et la limite supérieure maximale de l'e�cience énergétique (MAX). Les valeurs

numériques de ces courbes se trouvent en annexe de ce travail.

1800 1900 2000 2100 22000

50

100

150

[TUS$]

MAXBATsBAU

Figure 4.5 � Évolution du PIB mondial en fonction de la production énergétique et des di�érents

scénarios d'e�cience énergétique.

Les di�érents scénarios ne di�èrent pas énormément et il s'agit surtout d'une di�érence

pour les PIB �naux atteints vers 2200. Ceux-ci vont de 101.5 à 126.1 TUS$ en passant par

113.8 TUS$ pour le scénario des BATs, ce qui correspond à une diminution de maximum

20% pour le scénario de BAU par rapport au scénario maximal. En ce qui concerne le

creux de PIB qui en résulte jusqu'aux alentours de 2070, celui-ci ne di�ère que de 52 à 58

TUS$, c'est-à-dire une di�érence de 10%.

52

Une chose est certaine, si les hypothèses de production énergétique présentées ci-dessus

sont suivies, le PIB mondial diminuera jusqu'à un creux aux alentours des années 2060-

2070. Ce creux du PIB, contrairement aux di�érences entre les trois scénarios, est assez

conséquent, vu qu'il s'agit d'une chute de 17 à 25%. Bien évidemment, cela pourrait être

intéressant d'éviter cette chute du PIB a�n de garder une stabilité économique dans la

société.

Deux solutions sont proposées a�n de répondre à ce problème de chute du PIB. La pre-

mière comble tout simplement le manque d'énergie par des énergies fossiles et la deuxième,

appelée solution climatique, est une première ré�exion à propos de la réelle nécessité d'une

telle croissance du PIB pour l'humanité.

4.2.1 La solution énergétique

A�n de maintenir le PIB mondial stable et de l'amener à sa limite supérieure proposée

par les énergies renouvelables autour de 2200 sans créer d'instabilité économique, il est

possible d'étudier la question dans l'autre sens. Une prévision du PIB est faite à la �gure

4.6 a�n d'éviter cette instabilité économique que créerait une chute de ce dernier.

1800 1900 2000 2100 22000

50

100

150

[TUS$]

P IB3P IB2P IB1

Figure 4.6 � Di�érentes prévisions du PIB mondial se stabilisant à un PIB maximal en fonction

des énergies renouvelables disponibles en 2200.

53

Les di�érents PIB correspondent aux valeurs suivantes :

� PIB1, PIB du scénario MAX calculé au point précédent ;

� PIB3, prévision du PIB selon une courbe sigmoïde allant vers la limite supérieure

du PIB1 ;

� PIB2, la moyenne entre le PIB1 et le PIB3.

Le scénario PIB3 représente une croissance soutenue du PIB pendant les décennies à

venir avant de se stabiliser par manque de ressources énergétiques au même niveau que

les autres scénario du PIB.

Le scénario PIB2 représente quant à lui une croissance plus modérée dès maintenant a�n

de rejoindre plus modestement la limite supérieure du PIB mondial imposée par la limite

en énergies renouvelables.

Grâce à la prévision d'e�cience énergétique calculée dans ce travail, ces prévisions du

PIB permettent de trouver l'énergie nécessaire a�n de réaliser une telle richesse mondiale,

cette quantité est illustrée à la �gure 4.7.

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

[Mtoe]

P IB3P IB2P IB1

Figure 4.7 � Production énergétique nécessaire aux di�érents PIB en fonction de l'e�cience

énergétique du scénario MAX calculé au chapitre précédent.

Cette disponibilité énergétique est bien évidemment constituée d'énergies renouve-

lables, de nucléaire ainsi que d'énergies fossiles. Vu que l'augmentation des renouvelables

54

et le maintien du nucléaire ne peuvent pas répondre à une telle augmentation de la de-

mande énergétique, il faudra faire appel aux énergies fossiles a�n de combler ce manque

énergétique.

La quantité d'énergies fossiles est obtenue en soustrayant les renouvelables et le nucléaire

de la totalité d'énergie nécessaire, cette quantité d'énergies fossiles nécessaire a�n de sa-

tisfaire les di�érents scénarios du PIB est représentée à la �gure 4.8.

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

[Mtoe]

P IB3P IB2P IB1

Figure 4.8 � Quantité d'énergie fossile nécessaire a�n de répondre à la demande des di�érents

scénarios du PIB mondial.

La réduction des énergies fossiles dans cette solution énergétique est beaucoup trop

lente pour répondre aux problèmes climatiques. La �gure 4.9 montre les surplus d'énergie

fossile nécessaire a�n de répondre aux di�érents scénarios de PIB.

A�n de pouvoir suivre la croissance du PIB comme proposé à la �gure 4.6 une impor-

tante quantité de carbone devra être brûlée en plus de ce que nous consommerons dans le

scénario de référence. Le scénario PIB3 consomme quasi la même quantité de fossiles que

ce que nous avons déjà consommé et se stabilisera ensuite comme les autres scénarios par

manque de ressources. Vu la quantité de carbone émis par ce scénario, il peut, avec une

très grande probabilité, être quali�é de catastrophe climatique pour les siècles à venir.

En ce qui concerne le scénario PIB2, celui-ci est déjà plus modéré que le précédent, mais

une quantité non négligeable de carbone sera également émise et l'incertitude pour une

55

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

[Mtoe]

P IB3-P IB1P IB2-P IB1P IB1

Figure 4.9 � Surplus d'énergie fossile nécessaires par rapport à une réduction progressive des

fossiles comme prévu au sous-chapitre précédent. Les courbes verte et bleue re-

présentent la quantité de fossiles nécessaire en surplus de la production d'énergies

fossiles prévue selon la courbe rouge.

sécurité du climat est quand même fort présente.

Vu que ces di�érents scénarios du PIB mondial sont réalisés avec une augmentation

maximale de l'e�cience énergétique, ces résultats sont à utiliser avec précautions. Car une

e�cience qui n'augmente pas autant que prévu par le scénario MAX dans le chapitre pré-

cédent signi�e qu'une encore plus grande quantité d'énergie fossile doit être consommée

a�n de répondre à notre soif de croissance économique.

Ce choix de maintenir la croissance du PIB au niveau actuel est donc un choix politique

à faire en sachant que de réels problèmes climatiques risquent très probablement de se

produire.

Y aurait-il donc une solution proposant un climat viable pour les décennies à venir ?

4.2.2 La solution climatique

E�ectivement, la responsabilité se trouve dans les mains des politiques a�n de prendre

les bonnes décisions en matière de sauvegarde du climat. Cette responsabilité devrait oser

une diminution du PIB total pour les décennies à venir en soutenant la recherche dans les

56

énergies renouvelables a�n de répondre aux besoins minimaux des populations. Une baisse

du PIB se traduirait par une diminution de la consommation matérielle très énergivore

dans laquelle notre société baigne actuellement et ouvrirait la porte à d'autres emplois du

temps pour tout un chacun. Mais comme le montrent Cassiers et Delain [7], il n'y a pas

de lien entre le PIB et le bonheur d'une population, alors une baisse du PIB serait-elle

tellement catastrophique ?

Et que cela signi�erait-il pour le PIB par personne ?

Voici d'abord di�érentes prévisions de la population mondiale totale jusqu'en 2200. Une

prévision de DeLong [12] s'y retrouve, ainsi que les 3 scénarios proposés par les Nations

Unies [39].

1800 1900 2000 2100 22000

0.5

1

1.5

2

2.5

3x 10

4

(1)

(2)

(3)

(4)

Population(M

illions)

UNLow (1)UNMedium (2)DeLong (3)UNHigh (4)

Figure 4.10 � Di�érents scénarios de l'évolution de la population mondiale.

Source : Nations Unies, 2004 et DeLong, 1998.

Actuellement le PIB mondial vaut environ 70 TUS$ et il y a plus ou moins 7 mil-

liards d'humains sur la planète. Cela fait grosso modo 10000 US$ par personne par an

et vu qu'il ne s'agit pas uniquement de la population active, mais bien de la totalité de

la population mondiale, ceci est tout à fait convenable en terme de richesse moyenne. Ce

PIB par personne risque e�ectivement de connaître de fortes variations en fonction de la

population mondiale totale.

La �gure 4.11 représente le PIB mondial par personne en fonction des prévisions de la

population mondiale se trouvant à la �gure 4.10.

57

1800 1900 2000 2100 22000

5000

10000

15000

(1)

(2)

(3)

(4)

[ US$

pers

]

P IB3P IB2P IB1

Figure 4.11 � Évolution du PIB mondial par personne en fonction des di�érents PIB de la

�gure 4.6, ainsi que des di�érents scénarios de la population mondiale de la �gure

4.10 (indiqués par les chi�res entre parenthèses). En pointillé noir se trouve le

PIB par personne en fonction de la prévision de population de DeLong et d'un

PIB correspondant au scénario de référence, c'est-à-dire avec une diminution des

énergies fossiles dès aujourd'hui.

Le PIB par personne dépend e�ectivement de plusieurs scénarios ; du choix de l'éner-

gie consommée par an a�n de créer un PIB total le plus élevé possible, de la quantité

d'humains sur la terre ainsi que de l'e�cience énergétique.

Le scénario le plus probable en terme de population mondiale et suivant une production

énergétique a�n de préserver le climat (le scénario en pointillé à la �gure 4.11) procure

un PIB par personne qui diminue fortement jusqu'à 2060-2070 pour croître ensuite jus-

qu'à une stabilisation, aux alentours du PIB par personne actuel, en fonction des énergies

renouvelables disponibles ainsi que de la régulation de la population comme proposé par

DeLong (qui est le scénario en gras à la �gure 4.11).

Il est donc raisonnable de prévoir une diminution de la consommation économique par

personne dans les décennies à venir a�n de ne pas engendrer un désastre climatique. Mais

un PIB par personne même autour de 5000 TUS$ par an doit permettre une vie décente

en matière de besoins vitaux pour chaque humain. Cette nécessité climatique à revoir le

58

PIB à la baisse doit donc aller de pair avec une qualité de vie raisonnable pour chacun.

A�n d'éviter une société de chaos et de guerre, il s'agit de diminuer notre consomma-

tion et de réinventer notre emploi du temps. Comme l'explique à merveille De Schutter

[15], l'existence humaine ne peut plus être basée sur la seule consommation à tout prix,

qui entraîne une croissance inévitable du PIB et de la consommation énergétique vers des

plafonds intolérables pour la planète.

Cette diminution de la consommation totale doit être accompagnée d'une diminution des

inégalités à travers les populations. En e�et, une diminution des inégalités donnera plus

de pouvoirs aux populations défavorisées et celles-ci ne connaîtront plus cette pression

constante de devoir recopier le modèle de consommation e�rénée dans lequel baigne la

société capitaliste actuelle. D'ailleurs, d'après une étude de Wilkinson [43] une diminution

des inégalités améliore réellement le bien-être d'une population, contrairement au PIB qui,

à partir d'un certain seuil, n'a pas d'e�et signi�catif sur celui-ci.

Même si ce changement de mentalité vers le "moins, mais mieux" est e�ectivement une

solution assez utopique d'un point de vue culturel, il est indéniable que d'un point de vue

scienti�que, vu le dérèglement climatique que le maintien d'une croissance du PIB peut

entraîner, cette croissance économique à tout prix est une solution encore plus utopique

pour un développement durable.

59

Conclusion

Suite à cette étude de l'e�cience énergétique il est raisonnable d'a�rmer que le souhait

de croissance du PIB que proposent les politiques actuelles a�n de répondre aux crises

économiques, ne pourra se passer d'une consommation d'énergie accrue. En e�et, insérer

une limite physique à l'e�cience, tel discuté au chapitre 3, relie le PIB et la consomma-

tion énergétique de manière indissociable et les choix politiques en matière de croissance

économique devront être pris en connaissance de cause.

J'invite donc vivement le secteur des sciences humaines à étudier comment une société

peut tourner de manière durable en choisissant de vivre une diminution du PIB total tout

en gardant un accès aux besoins primaires pour chaque être humain.

Si néanmoins j'ose m'avancer un peu dans la sphère des sciences humaines, la politique

devra réguler cette consommation, et donc également son marché de production, a�n que

nous restions dans des limites acceptables pour le climat, comme le propose le scénario

énergétique du point 4.4.1 au chapitre 4. Cette diminution de production économique doit

être accompagné d'une redistribution plus équitable à travers les populations, ce qui risque

d'être plus compliqué pour les pays occidentaux qui vivent actuellement bien au-dessus

de cette moyenne durable qui devra un jour devenir la norme pour tous.

Les humains trouveront leur liberté dans le choix de leur panier de consommation, mais

avec une consommation absolue qui ne dépasse pas des seuils irréalistes comme c'est ac-

tuellement le cas. Car, vu que les consommations relatives de chacune de nos activités,

c'est-à-dire leurs intensités énergétiques, se rapprochent de leurs limites inférieures, il est

maintenant nécessaire de choisir volontairement de consommer moins et de vivre plus

simplement a�n de diminuer notre consommation absolue et de sauvegarder, pour les gé-

nérations à venir, l'environnement que nous connaissons aujourd'hui.

60

Les choix que nous faisons aujourd'hui créent l'image dont l'histoire se souviendra de

nous, ce qui rend nos choix extrêmement importants. Certains, comme la comédienne

Audrey Vernon, osent parler de "nouveaux nazis" [40] en imaginant ce que les générations

futures diront de notre société, et même si cela paraît un peu trop extrémiste et déplacé,

ces mots font ré�échir aux choix à faire aujourd'hui pour ne pas tomber dans ce genre de

con�it intergénérationnel dans les décennies à venir.

Oserons-nous donc mettre en place de réels changements politiques a�n de préserver un

endroit de bon-vivre pour les générations futures ?

Car il s'agit �nalement de trouver tout simplement le bon équilibre entre le nombre

d'humains sur terre et l'énergie solaire disponible a�n de vivre dans les limites physiques

de la planète tout en augmentant la qualité de vie de chacun. Pour ceci il faudra réinventer

notre emploi du temps tout en diminuant la production totale. Ce qui signi�e également

une diminution du temps de travail. Mais n'est-ce pas ce que nous désirons tous ? Tra-

vailler moins et pro�ter plus ...

Mais pro�ter autrement, e�ectivement.

61

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65

Tableaux des données utilisées

Dans cette annexe se trouvent les valeurs de la consommation ou de la production

énergétique, valeurs équivalentes au niveau mondial vu qu'il n'y a pas d'import et d'ex-

port, et du PIB mondial utilisées dans ce travail.

Jusqu'à l'année 2011, les valeurs de la production énergétique sont une adaptation des

valeurs de Smil [34] et de BP [5] et de 2012 à 2200 il s'agit d'une projection énergétique

en fonction des hypothèses émises au point 4.1.1 du chapitre 4.

Ces valeurs se trouvent au tableau 1 à la page suivante.

Le PIB mondial se trouve au tableau 2 et est reconstruit à partir des valeurs de De-

Long [12] et de la World Bank [44] jusqu'à 2011 et est ensuite une approximation en

fonction des di�érentes évolutions de l'e�cience énergétique calculées au chapitre 3 et de

la production énergétique se trouvant également dans cette annexe.

66

Année Fossiles Nuclear Renouv Total Année Fossiles Nuclear Renouv Total

1800 8 0 478 486 2010 10407 626 1611 12644

1810 11 0 502 513 2011 10689 599 1653 12941

1820 13 0 525 539 2020 9324 616 2037 11977

1830 23 0 549 572 2030 7650 616 2454 10720

1840 31 0 597 628 2040 6570 616 2970 10156

1850 49 0 621 670 2050 5181 616 3573 9370

1860 92 0 597 689 2060 3501 616 4268 8385

1870 142 0 597 739 2070 2187 616 5047 7851

1880 223 0 598 821 2080 1532 616 5892 8041

1890 344 0 574 919 2090 1206 616 6779 8602

1900 517 0 527 1044 2100 1019 616 7678 9313

1910 797 0 552 1349 2110 848 616 8558 10022

1920 950 0 602 1552 2120 627 616 9390 10633

1930 1082 0 632 1714 2130 415 616 10151 11183

1940 1310 0 637 1948 2140 271 616 10826 11714

1950 1743 0 673 2417 2150 175 616 11408 12198

1960 2671 0 823 3494 2160 110 616 11896 12622

1970 4657 17 933 5608 2170 66 616 12296 12978

1980 6079 161 1051 7291 2180 39 616 12619 13273

1990 7134 453 1185 8771 2190 25 616 12935 13576

2000 8118 584 1320 10022 2200 17 616 13181 13814

Table 1 � Production énergétique de 1800 à 2200 pour les di�érentes sources d'énergie.

Jusqu'en 2011 il s'agit d'une reconstruction à partir des données de Smil et de BP.

Après 2011 les valeurs sont une projections en fonction des hypothèses formulées au

point 4.1.1 du chapitre 4 de ce travail.

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Année PIB Année PIB Année PIB1 PIB2 PIB3

Année PIB Année PIB Année PIB1 PIB2 PIB3

-1000000 18 1820 431891 2011 69981922 69981922 69981922

-300000 159 1830 495923 2020 64739374 67123408 68996634

-25000 538 1840 559954 2030 59599909 62720237 65273478

-5000 885 1850 623986 2040 58125859 61859401 65033010

-2500 3997 1860 768360 2050 54995814 59094600 62700206

-1000 11011 1870 912735 2060 50253254 54459816 58274538

-500 23790 1880 1170393 2070 47853828 52250301 56345650

1 32078 1890 1541337 2080 49684912 54606956 59301170

500 34539 1900 1912280 2090 53731789 59391321 64901268

750 42454 1910 2459032 2100 58678861 65176335 71616688

1000 61222 1920 3005783 2110 63579806 70913308 78296531

1100 68660 1930 3907583 2120 67825813 75914423 84168420

1200 64915 1940 5203659 2130 71638988 80418492 89482280

1300 55638 1950 7076904 2140 75297944 84733874 94573208

1400 77883 1960 11885394 2150 78623008 88656818 99209669

1500 101722 1970 19997361 2160 81526543 92087055 103275615

1600 133520 1980 29152508 2170 83966236 94976002 106713815

1700 173032 1990 40127612 2180 86510696 97967494 110247274

1800 303828 2000 53158572 2190 88565560 100390170 113121880

1810 367859 2010 68124834 2200 90165369 102268753 115340650

Table 2 � PIB mondial de -1000000 à 2200.

Jusqu'en 2011 il s'agit d'une reconstruction à partir des données de DeLong et de

la World Bank. Après 2011 trois scénarios di�érents sont proposés, ceux-ci sont des

prédictions du PIB en fonction des trois scénarios BAU, BATs et MAX de l'e�cience

énergétique présentés à la �n du chapitre 3 de ce travail ainsi qu'à la projection

énergétique dont les valeurs se trouvent également dans cette annexe.

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