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1 THEME 2 LA GUERRE AU XXème SIECLE QUESTION 2 DE LA GUERRE FROIDE A DE NOUVELLES CONFLICTUALITES Chapitre 1 La Guerre Froide, conflit idéologique, conflit de puissances Un lieu : Berlin 1945-1989 Une crise : Cuba 1962 Un conflit armé : La guerre du Vietnam INTRODUCTION Définition du sujet : Dans ses modalités, la guerre Froide peut être analysée comme une conséquence de la conception de la guerre comme totale. En effet, les deux puissances en conflit recourent aux instruments de la guerre totale, tels que le complexe militaro-industriel, la propagande et l’encadrement idéologique, la répression des oppositions internes et le recours éventuel à des armes de destruction massive. La Guerre Froide (l’expression s’impose dès 1947) est à la fois un conflit idéologique et un conflit de puissances, dont les modalités et les rythmes témoignent de l’évolution du rapport des forces entre les Etats et aboutissant finalement à un nouvel ordre mondial a la fin du XXème siècle. Il s’agit d’un conflit idéologique entre deux systèmes qui prétendent incarner l’avenir du monde, mais aussi un conflit de puissances qui luttent pour le contrôle de régions entières : Les EUA cherchent à éviter la domination du continent eurasiatique par une seule puissance. Tandis que l’URSS veut assurer la protection de ses frontières occidentales, les EUA

THEME 2 LA GUERRE AU XXème SIECLE QUESTION 2 DE … · la répression des oppositions internes et le recours éventuel à des armes de ... finalement à un nouvel ordre mondial a

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THEME 2

LA GUERRE AU XXème SIECLE

QUESTION 2

DE LA GUERRE FROIDE A DE NOUVELLES CONFLICTUALITES

Chapitre 1

La Guerre Froide, conflit idéologique, conflit de puissances

Un lieu : Berlin 1945-1989

Une crise : Cuba 1962

Un conflit armé : La guerre du Vietnam

INTRODUCTION

Définition du sujet :

Dans ses modalités, la guerre Froide peut être analysée comme une

conséquence de la conception de la guerre comme totale. En effet, les deux

puissances en conflit recourent aux instruments de la guerre totale, tels que

le complexe militaro-industriel, la propagande et l’encadrement idéologique,

la répression des oppositions internes et le recours éventuel à des armes de

destruction massive.

La Guerre Froide (l’expression s’impose dès 1947) est à la fois un conflit

idéologique et un conflit de puissances, dont les modalités et les rythmes

témoignent de l’évolution du rapport des forces entre les Etats et aboutissant

finalement à un nouvel ordre mondial a la fin du XXème siècle.

Il s’agit d’un conflit idéologique entre deux systèmes qui prétendent

incarner l’avenir du monde, mais aussi un conflit de puissances qui luttent

pour le contrôle de régions entières : Les EUA cherchent à éviter la

domination du continent eurasiatique par une seule puissance. Tandis que

l’URSS veut assurer la protection de ses frontières occidentales, les EUA

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protègent leur zone d’influence sur le continent américain. Enfin, les deux

puissances reproduisent les vieilles rivalités impériales dans les pays du Tiers-

monde.

Par ailleurs, la singularité de ce conflit réside dans le fait que les deux

adversaires cherchent à éviter un affrontement militaire direct, la

possession de l’arme nucléaire inspirant une crainte énorme. Cet aspect nous

invite à nous intéresser dans cette leçon aux modalités selon lesquelles s’est

manifestée cette rivalité.

Problématiques

Pourquoi peut-on dire que la Guerre Froide est un conflit idéologique ?

Comment les deux puissances (URSS et EUA) se sont-elles affrontées

entre 1947 et 1990 ?

Plan de la leçon

1. RAPPEL : Une guerre d’un genre nouveau, la Guerre Froide.

2. Un lieu symbolique de la Guerre Froide : Berlin (1945-1989)

3. Une crise de la Guerre Froide : Cuba (1962)

4. Un conflit armé dans la Guerre Froide : La guerre du Vietnam

_______________________________________________________________

1. RAPPEL : Une guerre d’un genre nouveau, la Guerre Froide.

Base de connaissances pour comprendre la leçon : pages « leçon » du manuel

(124 et 130). Il est indispensable de maîtriser la chronologie des événements.

A- 1947-1953 : la formation de deux blocs opposés.

Apres la capitulation allemande de 1945, l’Europe se divise en deux zones

d’influence dominée chacune par une superpuissance porteuse d’un modèle

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idéologique qu’elles veulent chacune imposer au monde : les EUA

(démocratie libérale et capitalisme) et l’URSS (communisme).

Cette opposition idéologique offre un contexte à la montée des tensions.

D’abord, les désaccords entre les deux puissances portent sur l’avenir

politique et économique de l’Europe et tout particulièrement sur le sort de

l’Allemagne qui se retrouve entre 1947 et 1949 au cœur du conflit.

1947 marque la rupture définitive et explicite avec le développement des

doctrines Jdanov et Truman.

Dans donc dans ce conteste et afin, de consolider une aire d’influence en

Europe, que les EUA proposent a tous les pays européens un programme

d’aide économique : le Plan Marshall. Celui-ci comporte 13 milliards de $

d’aide dont 90% sous forme de dons entre 1947 et 1951. Ce plan est rejeté

par les Etats communistes de l’Est. En Allemagne, EUA, France et GB décident

de fusionner leurs trois zones d’occupation. En réaction, Staline déclenche le

23 juin 1948, le Blocus de Berlin-Ouest qui constitue la 1ere crise aigue de la

Guerre Froide.

Deux années plus tard, en juin 1950, éclate la 2nde crise de la Guerre Froide.

L’armée nord-coréenne soutenue par l’URSS et la Chine communiste attaque

la Corée du Sud pro-américaine, Ce conflit armé ne débouche sur aucune

victoire. Les deux Corées demeurent séparées jusqu'à aujourd’hui : Ce 1er

conflit est emblématique de ce que sera désormais la Guerre Froide : un

affrontement idéologique qui se manifeste par un affrontement militaire

dans un pays tiers.

A partir des années 1950, le monde est divisé en deux camps (« Monde

bipolaire »). Chacun des eux camps scelle des alliances stratégiques (OTAN et

Pacte de Varsovie)

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B- 1963-1962 : Apres la mort de Staline, Khrouchtchev prône la

« coexistence pacifique » ponctuée de la crise de Cuba.

La « Coexistence pacifique » est une politique d’apaisement toute relative

qui doit permettre à l’URSS de rattraper son retard économique sur les EUA.

Toutefois, chaque camp reste attaché à la défense de son aire d’influence.

Ainsi, les EUA élaborent la doctrine des représailles massives, qui prévoit

une riposte en cas d’agression. En réponse l’URSS se dote d’une capacité de

dissuasion nucléaire.

Face à cet équilibre de la terreur, une guerre nucléaire devient alors peu

probable.

A la fin de cette période deux crises majeures viennent compromettre la

coexistence pacifique : en août 1961, la RDA construit à Berlin un mur

destiné à enrayer la fuite de ses citoyens vers la RFA. En 1962 à Cuba,

craignant le renversement de son tout jeune régime communiste, Fidel

Castro se rapproche de l’URSS. L’URSS installe alors sur l’île des missiles

dirigés vers les EUA. La menace de riposte nucléaire lancée par Kennedy fait

craindre une guerre nucléaire.

C- 1965-1975 : Une Détente fragile.

Au lendemain de la crise de Cuba, les relations Est-Ouest s’orientent vers une

détente des relations. A la stratégie des représailles massives succède le

principe de la riposte graduée : la réaction doit être proportionnelle à la

menace réelle.

Face à la menace nucléaire, des traités de désarmement sont signés (Accord

de non-prolifération nucléaire de 1968, accords SALT 1 limitant le nombre

d’armes stratégiques en 1972).

En Europe, la reprise du dialogue se traduit par l’OSTPOLITIK et aboutit en

1975 à la signature des Accords d’Helsinki. L’OSTPOLITIK est entreprise par

le chancelier social-démocrate Willy Brandt qui met fin à la politique rigide

menée par son prédécesseur Konrad Adenauer. Cette politique de

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rapprochement avec la RDA se traduit en 1972 par la reconnaissance de la

souveraineté de chacun et par l’échange de « représentants permanents ».

Avec les « Accords d’Helsinki » signés en 1975, pour la première fois, 32 Etats

européens des deux blocs, ainsi que l’URSS, les EUA et le Canada se

réunissent et signent des accords portant sur la sécurité européenne, la

coopération économique et la question des droits de l’Homme et des

libertés.

La politique de Détente s’explique aussi par les difficultés internes que vivent

respectivement les deux puissances :

L’hégémonie de l’URSS sur ses pays satellites est de plus en plus

contestée par des tentatives de libéralisation, notamment en Hongrie

en 1956 et en Tchécoslovaquie Printemps de Prague en 1968). L’URSS

envoie des troupes pour réprimer les manifestations.

Les EUA qui interviennent au Vietnam sont fragilisés par des

mouvements de contestation.

Au début des années 1970, le nouvel enjeu de la Guerre Froide s’étend au

Tiers-monde, à savoir l’Amérique Latine et les Etats africains qui ont acquis

leur indépendance. Les deux puissances en conflit tentent d’y imposer leur

hégémonie et leur modèle.

C’est dans ce contexte qu’il faut analyser le soutien des EUA au coup d’Etat

de Pinochet mené en 1973 contre Salvador Allende au Chili.

D- 1975-1991 : La « Guerre Fraîche », de nouvelles tensions dans un

contexte de remise en question des valeurs des deux blocs.

La Guerre Froide est relancée dans la 2nde moitie des années 1970.

L’URSS renforce ses positions en Europe (installations de missiles pointés vers

l’Ouest en 1977 et dans le Tiers-monde intervention en Afghanistan en 1979

et soutien de l’intervention vietnamienne au Cambodge).

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En riposte les EUA dans les années 1980 (Reagan au pouvoir) lancent contre

l’URSS un projet de bouclier spatial anti-missile (1983) et font installer des

fusées Pershing en Europe (Crise des Euromissiles).

Toutefois, la toute-puissance des EUA et de l’URSS est de plus en plus remise

en question par des pays émergents qui remettent en cause ce monde

bipolaire.

A l’Ouest, la CEE et le Japon entendent jouer un rôle politique autonome.

A l’Est la Chine s’éloigne de l’URSS.

E- 1991 : l’effondrement de l’URSS et la fin de la Guerre Froide.

La Détente ayant permis de multiplier les échanges économiques et culturels

avec l’Ouest, les valeurs occidentales suscitent de nouvelles aspirations dans

les sociétés communistes.

A son arrivée au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev prend conscience de la

nécessité de reformer la société soviétique à laquelle la priorité mise sur la

course aux armements a fait prendre du retard.

Il décide alors de libéraliser la vie économique et politique de son pays

(Glasnost et Perestroïka). Ce mouvement entraîne la chute du mur de Berlin

le 9novembre 1989.

2. Un lieu symbolique de la Guerre Froide : Berlin (1945-1989)

Pendant toute la durée de son existence, depuis le 7 octobre 1949 date de sa

fondation jusqu'en 1989, la RDA, conformément a la position de l’URSS, a

toujours refusé toute unité de l’Allemagne. Immédiatement après la fin de la

2nde Guerre mondiale, cette position se cristallise à Berlin. De même, c’est à

Berlin que se cristallise le refus du bloc de l’Ouest d‘accepter définitivement

la partition de l’Allemagne.

C’est pourquoi, dès les années qui suivent la 2nde Guerre mondiale, Berlin

devient l’enjeu central de la Guerre Froide.

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A- Blocus (1948-1949)

Berlin Ouest est enclavée dans le territoire de l’Allemagne de l’Est et seuls trois couloirs de circulation, terrestres et aériens relier Berlin Ouest de l’Allemagne de l’Est.

Le 24 juin 1948, Staline ordonne un blocus qui bloque tous les accès routiers et ferroviaires vers Berlin-Ouest dans l’objectif d’étouffer la ville qui ne reçoit désormais plus aucun approvisionnement et donc d’étendre leur zone d’influence. Le chancelier ouest-allemand Konrad Adenauer l’interprète comme une volonté de la part des Soviétiques de s’emparer de la partie occidentale de la ville (« forcer les Occidentaux à se retirer et faire passer toute la ville sous leur autorité ».

Le Blocus de Berlin dure du 24 juin 1948 au 12 mai 1949. C’est la première tension diplomatique et militaire entre les deux puissances depuis l’énonciation des Doctrines Truman et Jdanov.

Pour riposter, les EUA organisent un pont aérien qui dure 11 mois. Toutes les 3 minutes, un avion-cargo ravitaille Berlin-Ouest. En un an, près de 2,5 millions de tonnes de marchandises sont acheminées.

La persévérance des EUA incite Staline à lever le blocus le 12 mai 1949. En effet, le maintien du pont aérien, malgré 76 morts et un coût financier considérable, finit par contraindre les Soviétiques à mettre fin au blocus. RDA et RFA sont alors deux Etats distincts.

B- Construction du mur (1961)

Berlin est de nouveau l’objet de tensions entre les deux blocs en 1961 : un

mur séparant Berlin-Ouest (55% de la ville) et Berlin-Est est construit par la

RDA avec l’accord de l’URSS, dans la nuit du 12 au 13 août 1961. La

construction de ce mur de 155 km (+ miradors) est motivée par des raisons

idéologiques et économiques :

Economiques : le contraste entre la prospérité de Berlin-Ouest

alimentée par l’aide américaine et l’austérité de Berlin-Est devient de

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plus en plus frappant et insupportable pour les habitants de l’Est qui

« votent avec leurs pieds » en fuyant leur pays. En août 1961,

l’émigration cumulée depuis la création de la RDA concerne désormais

3,6 millions de personnes.

Idéologique : Cette émigration massive qui a fait perdre a la RDA près

du cinquième de sa population a une signification politique car elle

montre le refus de la population de vivre dans une dictature

communiste et fait perdre sa légitimité à cet Etat.

La construction du mur permet effectivement de contrôler les flux de

population. Tandis qu’avant la construction, 500.000 personnes

franchissaient quotidiennement la ligne de démarcation entre Berlin-Est et

Berlin-Ouest sans que la police de la RDA ne parvienne à contrôler ses

déplacements ; entre août 1961 et 1989, seules 5.075 personnes réussissent

à s’évader de l’Est au péril de leur vie (588 morts).

Ce mur est davantage qu’un simple mur.

D’abord sont posés des barbelés et grillages autour de Berlin-Ouest les 12 et

13 juin 1961, puis pendant un pont estival du 13 août, la RDA construit ce

mur présenté comme un « mur de protection antifasciste ». Les Occidentaux

n’ont aucun moyen de s’y opposer, sauf à déclencher une guerre. Des unités

armées encerclent Berlin-Ouest de façon hermétique et la construction du

mur se réalisent en un temps record.

Le mur s’accompagne d’autres réalisations afin de le rendre

infranchissable et empêchant de s’en approcher : route pour les patrouilles,

réseau de lampes pour éclairer le mur, 302 tours de surveillance, des mines

anti-personnelles, des pièges, des alarmes. A partir de 1965, le mur est

surmonté d’un tuyau pour empêcher la prise de main.

La construction du mur de Berlin a des conséquences considérables pour la

population de l’ensemble de la ville de Berlin. Parmi les 500.000 personnes

qui franchissaient quotidiennement la ligne de démarcation entre les deux

zones de la ville avant l’édification de ce rempart, beaucoup ne le faisaient

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pas de manière définitive, mais pour se rendre à leur travail, rendre visite à

leur famille ou effectuer des achats, ce qu’ils ne pourront plus faire. 63.000

berlinois de l’Est perdent alors leur emploi à l’Ouest, et 10.000 de l’Ouest

perdent le leur à l’Est. Les familles sont séparées et certaines ne se reverront

plus avant le 9 novembre 1989.

C- Chute du mur (1989)

La chute du mur de Berlin se produit le 9 novembre 1989 constitue une

rupture au sein de la Guerre Froide.

Quels sont les facteurs internes et externes à la RDA qui expliquent la chute

du mur de Berlin ?

Facteurs externes à la RDA :

Les démocraties populaires ouvrent leurs frontières. Ainsi, en 1989, le

gouvernement de la RDA ne parvient plus à contrôler l’émigration de

sa population vers l’Ouest car celle-ci utilise un nouvel espace de

transit, la Tchécoslovaquie, pour se rendre en Hongrie. Ce dernier pays

finit, sous la contrainte des milliers de voitures fuyant l’Est, par ouvrir

ses frontières avec l’Autriche. Cette ouverture est définitivement actée

le 10 septembre 1989 par le démantèlement définitif du Rideau de fer

à la frontière austro-hongroise. Le mur de Berlin, qui peut désormais

être contourné par les Allemands de l’Est, perd alors son utilité initiale.

L’arrivée au pouvoir d’un nouveau dirigeant à la tête de l’URSS en

1985, M. Gorbatchev, provoque des mutations profondes dans le bloc

de l’Est. En octobre, M. Gorbatchev annonce que l’URSS refuse

d’intervenir dans les démocraties populaires (comme ce fut le cas en

1956 lors de l’insurrection de Budapest et en 1968 lors du « Printemps

de Prague »). Désormais, les démocraties populaires sont libres de

choisir leur système politique.

Facteurs internes à la RDA :

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Les manifestations se multiplient en RDA. Erich Honecker qui dirigeait

la RDA depuis 1971 démissionne peu avant d’ouvrir la frontière avec la

RFA le 9 novembre 1989. Les manifestants commencent à détruire le

mur de Berlin.

Quelles sont les conséquences de la chute du mur de Berlin ?

La chute du mur de Berlin a pou conséquence d’annoncer la fin de la Guerre

Froide et la réunification allemande : le 3 octobre 1990, la RFA et la RDA

redeviennent un seul pays avec Berlin unifiée comme capitale. Le chancelier

ouest-allemand Helmut Kohl soutenu par la France a opéré cette

réunification.

La chute du mur de Berlin est révélatrice de la fin de l’opposition entre

l’URSS et le monde occidental. Au sommet de Malte du 2 décembre 1989, au

côté de M. Gorbatchev, le président G. Bush père annonce la fin de la Guerre

Froide.

PERSONNAGE CLE

Mikhaïl Gorbatchev : Adhérent du PC depuis 1952, il devient membre du

Politburo en 1980 et secrétaire General du Parti en 1985. Il tente de

reformer le système soviétique en lançant la Perestroïka (libéralisation de la

vie économique) et la Glasnost (libéralisation de la vie politique). En politique

extérieure, il multiplie les appels au désarmement qu’il négocie avec les EUA.

Il organise le retrait soviétique d’Afghanistan et en 1989, il refuse d’utiliser la

force pour empêcher la fin des régimes communistes dans les démocraties

populaire d’Europe de l’Est. Contraint d’accepter le démembrement de

l’URSS, il démissionne le 25 décembre 1991. Il reçoit le prix Nobel de la Paix

en 1990.

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3. Une crise de la Guerre Froide : Cuba (1962)

Problématique : Pourquoi peut-on dire que la crise des missiles de Cuba

en 1962 représente le paroxysme de la Guerre Froide ?

Au moment ou la crise de Cuba va éclater la bipolarisation du monde est

désormais une réalité. Elle se manifeste par divers systèmes d’alliances.

A- Aux origines de la crise de Cuba

a- Apres la révolution cubaine de 1959, les EUA perdent leur

influence sur Cuba.

En effet, pendant les années 1950, les EUA exerçaient une influence

considérable sur la politique de Cuba puisque le chef d’Etat de la dictature

cubaine, Fulgencio Batista était un allié direct de la puissance étasunienne

dont il protégeait les intérêts sur l’île. Lorsque triomphe la révolution

castriste le 31 décembre 1958, Batista se refugie d’ailleurs aux EUA. Apres le

triomphe de la révolution cubaine et à cause de la position géographique de

Cuba, la stratégie américaine est remise en cause puisque que désormais une

tete de pont socialiste se trouve dans l’arrière cours des EUA.

Fidel Castro, avec l’aide d’Ernesto “Che” Guevara arrive au pouvoir à la tête

d’une guérilla soutenue par la majorité de la population cubaine. Son

gouvernement est alors reconnu par celui des EUA en janvier 1959.

b- Après la Révolution, commencent les pressions des EUA sur le

nouveau régime castriste qui aboutissent à une montée des

tensions entre Cuba et les EUA

En effet, immédiatement après le triomphe de la révolution, Fidel Castro

entreprend une reforme agraire le 17 mai 1959 qui affecte les grands

propriétaires terriens, au premier rang desquels se trouve la United Fruit

Company (nationalisée par Fidel Castro) qui fait pression sur le

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gouvernement des EUA pour qu’il exerce des représailles contre le

gouvernement de Castro. De fait, cinq mois après la reforme agraire, le 21

octobre 1959, un bimoteur contre-révolutionnaire mitraille La Havane,

provoquant 2 morts et une cinquantaine de blessés, tandis qu’un second

avion lance des tracts de propagande subversifs.

En juin-juillet 1960, en représailles à un refus de raffinage de pétrole

soviétique (l’URSS a établi en février 1960 des relations diplomatiques et

commerciales avec Cuba) par les entreprises étasuniennes basées à Cuba,

Fidel Castro nationalise les intérêts étasuniens à Cuba.

Ces représailles sont suivies le 17 avril 1961 par le débarquement de la Baie

des Cochons (Bahia Jiron). Il s’agit d’une tentative de Coup d’Etat contre Fidel

Castro réalisée par 1.400 hommes soutenus par une force aérienne. La

majorité sont des exilés cubains entraînés par la CIA. Plusieurs villes sont

bombardées, mais l’armée castriste réussit à vaincre cette offensive.

J.F. Kennedy qui a succédé à Eisenhower le 20 janvier 1961, assume la

responsabilité de cette action pourtant préparée et financée par son

prédécesseur.

En outre, en novembre 1961, les EUA déploient 15 missiles en Turquie et 30

autres en Italie, capables d’atteindre le territoire soviétique. Finalement, le 7

février 1962, les EUA mettent en place l’embargo contre Cuba, toujours en

vigueur.

B- 13 jours de crise qui font craindre un conflit ouvert entre les deux

puissances.

C’est donc dans ce contexte d’extrême tension entre Cuba et les EUA que

débute la crise des missiles soviétiques.

En mai 1962, Nikita Khrouchtchev envoie 50.000 soldats, 36 missiles

nucléaires SS-4 et 2 SS-5 ainsi que 4 sous-marins à Cuba pour empêcher les

EAU d’envahir l’île = opération Anadyr. Or, Cuba se trouve à moins de 200km

de la Floride.

A partir de ce moment, les événements et l’Histoire s’accélèrent :

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Le 14 octobre 1962, un avion-espion US découvre et photographie les sites

d’installation des missiles à tête nucléaire à Cuba.

Le 16 octobre, Kennedy convoque le Conseil de Sécurité Nationale. Le

Secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Mc Namara propose un blocus

maritime de Cuba jusqu’au retrait des missiles.

Le 22 octobre, 4 sous-marins soviétiques sont aux portes de Cuba. Kennedy

demande à Khrouchtchev de cesser les opérations. Les sous-marins

soviétiques reçoivent cependant l’ordre de poursuivre leur chemin. Kennedy

obtient alors le soutien des autres Etats membres de l’OTAN en cas de

guerre.

Le 24 octobre, 30 cargos soviétiques s’avancent vers Cuba, et 4 d’entre eux

contiennent des missiles nucléaires. Khrouchtchev ne prend pas le risque

d’un conflit armé et décide donc de ne pas rompre le blocus. Il considère que

les missiles déjà installés à Cuba suffisent.

Finalement, le 25 octobre, 12 cargos font demi-tour, tandis que les autres

poursuivent leur chemin.

Le 26 octobre, la position de Khrouchtchev semble se durcir. L’armée

américaine se lance alors à la poursuite d’un des sous-marins.

Le 27 octobre, un avion-espion américain est abattu. Kennedy donne l’ordre

de bombarder les sites des missiles si une nouvelle agression a lieu. A ce

moment, Khrouchtchev laisse entendre qu’il est prêt à négocier.

Le 28 octobre, dans une 2nde lettre, Khrouchtchev laisse entendre qu’il ne va

pas négocier, ce qui provoque immédiatement l’annonce par la CIA que 24

missiles sont désormais opérationnels et pointes vers Cuba.

A ce moment, un véritable bras de fer dans lequel chaque chef d’Etat évalue

jusqu’ou peut aller son adversaire.

Finalement, Khrouchtchev fait démanteler les missiles et le lendemain il fait

retirer ses navires. En échange, les EUA s’engagent à ne pas attaquer Cuba et

à retirer leurs missiles installés en Turquie.

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ANALYSE DE 2 DOCUMENTS : CONFRONTATION DE DEUX POINTS DE VUE SUR UN MEME EVENEMENT.

DOCUMENT 1 : Le 22 octobre 1962, John Kennedy s'adresse à la nation américaine (extraits) Au cours de la semaine dernière, des preuves indubitables ont établi qu'une série de bases de lancement de missiles offensifs était maintenant en préparation dans cette île captive. Chacun de ces missiles, en résumé, peut frapper Washington, le canal de Panama, le cap Canaveral, Mexico, ou toute autre ville située dans la partie sud-est des Etats-Unis, en Amérique centrale ou dans la région des Antilles (...) Cette transformation précipitée de Cuba en une importante base stratégique - du fait de la présence de ces armes puissantes, à longue portée et manifestement offensives, susceptibles de porter la destruction massive et instantanée - constitue une menace explicite à la paix et à la sécurité de toutes les Amériques (...) J'ai donné des ordres pour que soient prises immédiatement les premières mesures suivantes: Premièrement: pour arrêter l'édification de ce potentiel offensif, un embargo rigoureux est instauré sur tout équipement militaire offensif acheminé vers Cuba. Tous les bateaux de n'importe quelle sorte se dirigeant vers Cuba, venant de n'importe quel pays ou de n'importe quel port, devront rebrousser chemin, s'il est établi qu'ils contiennent des cargaisons d'armes offensives (...) Deuxièmement: j'ai ordonné de continuer et de renforcer l'étroite surveillance de Cuba et de l'édification de son potentiel militaire (...) Troisièmement: la politique de notre pays sera de considérer tout lancement de missile nucléaire depuis Cuba contre toute nation de l'hémisphère occidental comme une attaque de l'Union soviétique contre les Etats-Unis, appelant en représailles une riposte complète contre l'Union soviétique. (...) Sixièmement: conformément à la charte des Nations Unies, nous demandons ce soir une réunion d'urgence du Conseil de sécurité afin de répondre à la plus récente menace soviétique à la paix du monde (...) Articles et documents numéro 1309, La Documentation française, 30 octobre 1962.

DOCUMENT 2: Déclaration du gouvernement soviétique du 23 octobre 1962. (Extraits)

Le président des Etats-Unis cherche à justifier ces actions agressives sans précédent par des considérations

selon lesquelles Cuba constituerait une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

Le président des Etats-Unis a déclaré dans son allocution que si une seule bombe nucléaire tombait sur le

territoire des Etats-Unis, les Etats-Unis riposteraient. Une telle déclaration est pleine d'hypocrisie, car

l'Union soviétique avait déjà déclaré bien des fois qu'aucune bombe nucléaire soviétique ne tomberait sur

les Etats-Unis ni sur n'importe quel autre pays si aucune agression n'était perpétrée. Les armes nucléaires

créées par le peuple soviétique se trouvent entre les mains du peuple et ne seront jamais utilisées à des fins

agressives. Mais si les agresseurs déclenchent une guerre, I'Union soviétique riposterait alors de toutes ses

forces. La nécessité de l'aide soviétique dans le renforcement de la défense de Cuba s'explique par le fait

que la République cubaine a été l'objet, dès les premiers jours de son existence, de menaces permanentes

de provocations, de la part des Etats-Unis. Rien n'arrête les Etats-Unis même pas l'organisation d'une

intervention armée à Cuba, comme cela a eu lieu en avril 1961, pour priver le peuple cubain de la liberté et

de l'indépendance qu'il a conquises. Pour le placer à nouveau sous la domination des monopoles américains~

pour faire de Cuba un fantoche des Etats-Unis.

Paris : La Documentation française, 3 novembre 1962.

CONSIGNE :

Apres avoir présenté les documents, vous confronterez les points de vue des EUA et de l’URSS face

à la crise des missiles.

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ELEMENTS DE REPONSES

1 - Après avoir présenté les documents et les acteurs de la crise, expliquez dans quel

contexte et pourquoi une crise internationale éclate à propos de Cuba en 1962.

Présentation des 3 acteurs : Kennedy, Khrouchtchev, Castro

Nature des 2 documents : Discours TV et déclaration solennelle. Volonté de part et

d’autre de médiatiser la situation (action de propagande).

Destinataires multiples : nations EU et soviétique, mais aussi opinion mondiale et

alliés des 2 camps.

Contexte général : rapports EUA/URSS, récente crise de Berlin (construction du

mur)

Contexte local : 1961, Baie des cochons, situation géostratégique de Cuba,

relations EUA/Cuba depuis la Révolution.

2 – Analysez la réaction américaine et les décisions prises par Kennedy. En quoi sont-

elles caractéristiques de la stratégie américaine à cette époque ? (S’appuyer pour

chaque élément de réponse sur des citations adaptées tirées du document)

Etre sensible au ton du discours.

Embargo

Stratégie des représailles massives (missiles nucléaires. CF. Turquie)

Poursuite de la stratégie de l’endiguement du communisme.

Pour les EUA, au-delà de Cuba, l’enjeu est l’Amérique latine que Kennedy veut

conserve comme la chasse-gardée (« Patio trasero ») des EUA. Crainte d’une

extension du communisme (Ex. « Alianza para el Progreso »).

3 - Comment l'URSS réagit-elle au discours de Kennedy ? Comment les soviétiques

justifient-ils leur action à Cuba ? (Analysez plus particulièrement le passage en italiques).

Présentation par Khrouchtchev comme une agression « impérialiste »

Khrouchtchev fait référence à l’épisode de la baie des Cochons qu’il faut rappeler.

4 - Quelle est l'issue de cette crise ? Quelles en sont les conséquences pour les relations

internationales ? Quelles en sont les conséquences immédiates et à plus long terme

pour Cuba ?

Retrait des fusées de Cuba et promesses de non-agression des EUA (retrait des

fusées de Turquie).

Détente (Téléphone Rouge) s’amorce : faire référence aux 1era accords de la

Détente.

Affaiblissement de Khrouchtchev

16

Isole de Cuba et ancrage dans le bloc soviétique

Persistance du différend EAU/Cuba.

C- Une crise qui marque le début de la Détente

Le blocus entraîne un face à face entre militaires américains et soviétiques.

Tandis que Kennedy et Khrouchtchev négocient tout en affichant beaucoup

de fermeté, chaque camp mobilise tout son arsenal militaire. La tension

atteint son paroxysme puis retombe après le retrait des armes de Cuba et de

Turquie.

La crise de Cuba a constitué un événement marquant pour l’ensemble de

l’opinion internationale suspendue aux réactions de Kennedy et

Khrouchtchev. On a alors vraiment craint l’éclatement d’une nouvelle guerre

mondiale, nucléaire cette fois-ci. A ce titre, on peut donc dire que la crise de

Cuba constitue le paroxysme de la Guerre Froide. Cette crise montre que

l’arme nucléaire modifie les modalités de la guerre au cours de la 2nde

moitie du XXème siècle :

La guerre nucléaire conduisant à une destruction totale et mutuelle, la

guerre directe entre les deux Grands devient improbable. La seule

façon de se protéger d’une attaque est de faire peser sur l’ennemi une

menace équivalente : c’est l’ « équilibre de la Terreur » = dissuasion.

La violence ne disparaît pas cependant : les conflits deviennent

périphériques (dans le Tiers-Monde), localisés et sans arme nucléaire.

La résolution de la crise de Cuba engage le processus de Détente.

17

4. Un conflit armé dans la Guerre Froide : La guerre du Vietnam

(1965-1975)

INTRODUCTION

Dans le contexte général de la décolonisation des années 1950-1060, le

Vietnam accède à l’indépendance en 1954. Par ailleurs, toute possibilité

d’extension des deux blocs en Europe étant impossible, le Tiers-Monde qui a

récemment accède à l’indépendance, devient alors un enjeu majeur pour les

deux Grands et la Guerre Froide prend une dimension mondiale.

La Guerre du Vietnam doit être analysée depuis la perspective de la politique

de « containment » (endiguement [du communisme] en français) des EUA.

Apres une période de simple assistance militaire, les EUA décident à partir de

1964 directement dans le conflit afin d’ « endiguer » le communisme.

Cependant, la Chine et l’URSS n’envoient pas de forces armées. Elles se

contentent de fournir au Vietnam du Nord une aide matérielle et financière.

Il s’agit donc bien d’une guerre indirecte qui caractérise les conflits de la

Guerre Froide.

DEFINITIONS

Endiguement ou Containment : Stratégie politique adoptée par les EUA

visant à stopper l’extension de la zone d’influence de l’URSS au-delà des

limites atteintes en 1947. Elle se manifeste par des interventions armées ou

politiques destinées à réprimer les pays susceptibles de devenir

communistes.

Théorie des dominos : Selon cette théorie géopolitique développée aux EUA

à partir de 1954 par le président Eisenhower, le basculement idéologique

d’un pays en faveur du communisme serait suivi des mêmes

bouleversements dans les pays voisins. Pendant, la Guerre Froide c’est au

nom de cette theorie que les EUA ont justifié de nombreuses interventions

militaires dans le monde, dont le Vietnam afin de prévenir une éventuelle

domination communiste du Sud-est asiatique.

18

A- Les origines de la guerre.

a- Un pays issu de la décolonisation française.

Le Vietnam est une ancienne colonie française (Indochine) qui lutte pour son

indépendance entre 1946 et 1954. La France perd la guerre. A l’issue de cette

guerre, l’ancienne Indochine est divisée en plusieurs pays : Cambodge, Laos

et deux Vietnam. VOIR CARTE PAGE 136.

Le Vietnam est divisé en deux Etats. Le Vietnam du Nord est communiste

(Hanoi, capitale) et soutenu par l’URSS et la Chine, tandis que le Sud est une

dictature militaire soutenue par les EUA (Saigon, capitale).

b- Pour les EUA, l’intervention appartient à une logique

d’endiguement du communisme.

Le principe d’endiguement du communisme est énoncé dès 1947 par Truman

pour empêcher l’extension du communisme au-delà des frontières atteintes

en Europe en 1947.

En outre, l’Asie du Sud-est revêt une importance géostratégique : il s’agit

d’empêcher les communistes de prendre le contrôle de Singapour et du

Detroit de Malacca, route incontournable entre l’Asie, l’Océan Indien, le

Moyen-Orient, la Méditerranée et l’Europe.

Face aux pressions du Vietnam du Nord sur le Sud en vue d’une réunification

du pays, les EUA interviennent d’abord en envoyant des « conseillers

militaires » avant d’intervenir militairement à partir de 1964.

c- Pour les Vietnamiens, la guerre se situe dans le prolongement de

la lutte contre le colonialisme.

Pour les dirigeants du Nord-Vietnam, cette guerre est une guerre contre

l’idéologie capitaliste et impérialiste. Il s’agit bien d’un conflit de la Guerre

Froide.

19

Toutefois, pour comprendre l’ardeur au combat du peuple vietnamien, il faut

considérer que pour les Vietnamiens, ce conflit ne revêt pas la même

dimension, il n’entre pas dans la même logique de Guerre Froide.

En effet, la population vietnamienne, essentiellement composée de paysans

souvent analphabètes, la présence américaine est perçue comme une

colonisation au même titre que l’ancienne présence française.

B- L’intervention des EUA au Vietnam

a- 1964 : le début de l’intervention militaire.

1964 : Incident du Golfe du Tonkin. Les EUA prétendent qu’un navire

étasunien a été attaqué par les Nord-vietnamiens (alors que l’opération a été

maquillée par la CIA, mais on ne le savait pas à l’époque). Le président

Johnson demande alors au Congrès de modifier les règles d’engagement de

son pays dans une guerre (jusqu’alors, il ne pouvait déclarer que des guerres

limitées), ce qui est accepté : Avec la « Résolution du golfe du Tonkin », le

Congrès accorde davantage de pouvoirs au président en matière miliaire.

C’est alors que Johnson entraîne son pays dans une guerre ouverte au

Vietnam.

Mars 1965 : 3.500 Marines (Les «nuques de cuir ») débarquent à Da-Nang. A

partir de cette date, les EUA sont entraînés dans une guerre longue. Entre

cette date et 1973, 500.000 hommes sont envoyés au Vietnam. Les EUA

rétablissent le service militaire qui dure 18 mois.

b- L’enlisement dans la guerre.

Au cours d’une première période, l’intervention militaire EU est avant tout

défensive : contrôle des points-clés du pays (les villes) pour bloquer le

passage des Nord-vietnamiens le long de la route qui traverse la jungle le

long de la frontière avec le Laos et le Cambodge.

20

Cependant, les pressions du Viêt-Cong (communistes) obligent les EU à

changer de stratégie :

Installation de « bérets-verts » (forces spéciales) dans les montagnes,

le long de la frontière pour y construire des camps, amener les

populations locales à prendre les armes contre les communistes.

Operations aéroportées pour trouver et détruire l’ennemi (opération

« search and destroy »).

Bombardement aérien du Nord-Vietnam (opération « Rolling

Thunder »).

Politique de propagande auprès des populations rurales pour les rallier

à la lutte anti-communiste (soigner gratuitement, don de matériel…)

Toutefois, la guerre est de plus en plus meurtrière : 58.000 morts EU sur la

durée de la guerre, ce qui est relativement élevé si l’on considère qu’il y avait

seulement 1 combattant pour 15 hommes présents au Vietnam.

c- La guerre vue du Viêt-Cong

L’armée du Viet-Cong (communistes) a deux visages :

L’armée du Nord-Vietnam : armée régulière, bien équipée (par les

Russes et les Chinois)

L’ALN : Armée de Libération Nationale, guérilla communiste qui se bat

dans le Sud-Vietnam et théoriquement sous les ordres du Nord-

Vietnam. Ses combattants des cachent dans la jungle, les montagnes,

sous terre même.

Tous ces soldats se battent avec une très grande détermination que les EU

n’évaluent pas à sa juste mesure. Les soldats du Nord-Vietnam supportent

des conditions de vie terribles (maladies jungle, faim, blessures), une

discipline de fer et il y a entre eux une forte cohésion et un grand esprit de

camaraderie (la structure de base d’une unité du Viet-Cong est constituée

de 3 hommes, souvent issus du même village qui se soutiennent et

21

s’entraident). Cette cohésion est renforcée par un respect de croyances

traditionnelles communes.

C- Les effets de la guerre du Vietnam.

a- Le poids de l’opinion publique dans la défaite américaine

La défaite des EUA s’est jouée essentiellement sur le terrain de l’opinion

publique américaine de plus en plus hostile à la guerre (ce pays ne peut

mener une guerre sans le soutien de ses citoyens).

Le poids de l’opinion publique et des medias EU a été particulièrement fort

au cours de l’offensive du Têt en 1968. Le Têt est une fête très importante

chez les Bouddhistes. C’est le moment qui fut choisi par les Nord-vietnamiens

pour lancer une attaque au cœur même de la présence EU (bases militaires,

Saigon, grandes villes du Sud). Ce fut un échec militaire pour le Nord,

cependant les combats de rue filmés en direct par des journalistes EU et vus

par les citoyens américains ont causé un grand traumatisme moral parmi la

population EU convaincue jusque là que les EUA intervenaient pour sauver la

démocratie. Or, avec ces images, les citoyens EU découvrent la détermination

du peuple vietnamien face à la puissance EU. Le traumatisme s’accroît alors à

mesure que la durée de l’intervention s’allonge.

C’est pourquoi, les manifestations en faveur du retrait des troupes EU se sont

multipliées au cours des dernières années de la guerre.

b- Une guerre qui révèle les fractures de la société américaine.

Plus que militaire, la défaite EU a surtout été sociale et politique : la guerre

du Vietnam a révélé et amplifié les fractures au sein de la société EU.

Les manifestations pacifiques organisées dans les campus universitaires et

réprimées violemment révèlent la fracture générationnelle.

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Enfin, la place des noirs dans la guerre (le plus souvent dans des unités

combattantes), tandis que la question des droits civiques des noirs n’est pas

réglée aux EUA, provoque des mouvements de violence (émeutes à Detroit

après l’assassinat de Martin Luther King en 1968).

LA GUERRE DU VIETNAM A LAISSE DES TRACES DANS LA MEMOIRE

COLLECTIVE DE LA POPULATION EU :

Les images de la guerre ont traumatisé la population car elles mettent

en évidence une puissance violente, notamment contre les civils et par

conséquent, remettent en question les valeurs que défendent les EU.

D’ailleurs, depuis la guerre du Vietnam les journalistes de guerre sont

étroitement surveillés.

Pour les EU, c’est la première fois qu’ils doivent accepter qu’ils n’ont

pas gagné une guerre.