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PhD-FDEF-2012-04 Facult de Droit, dconomie et de Finance
THSE
Soutenue le 23/10/2012 Luxembourg
En vue de lobtention du grade acadmique de
DOCTEUR DE LUNIVERSIT DU LUXEMBOURG
EN DROIT
par
Ekaterina Islentyeva ne le 16 avril 1987 Moscou (Russie)
LAPPLICATION DU DROIT EUROPEN DE LA
CONCURRENCE AUX ENTREPRISES DES ETATS TIERS
Jury de thse Dr Jrg Gerkrath, directeur de thse Professeur, Universit du Luxembourg Dr Bruno Deffains Professeur, Universit Panthon-Assas Dr Isabelle Riassetto, prsident Professeur, Universit du Luxembourg Dr Ioannis Lianos Director of Center of Law, Economics & Society, University College London Dr Mark Cole, prsident supplant A-Professeur, Universit du Luxembourg
2
3
Svetlana,Sergey,IrinaetClment.
4
5
JevoudraisremerciervivementprofesseurJrgGerkrath(UniversitduLuxembourg),
directeurdecettethse,poursonsoutien,sesconseilstrsprcieuxetpourletempsquila
consacr laprsenterecherche.JeremercieaussidetoutmoncurClmentLabi (LL.M.,
MBA) pour la correction de la langue de la thse entire, pour nos discussions et pour sa
critiquequiaenrichicertainementcettetude. Jevoudraisaussiexprimermagratitudeau
professeur Isabelle Riassetto (Universit du Luxembourg) et au professeur Mark Cole
(UniversitduLuxembourg)pourleursconseilstrsprcisetpratiquesetpourleurtempset
aussi pour leur accord pour tre membres du jury de la thse. Je remercie galement le
professeurBrunoDeffains(UniversitPanthonAssas)etledocteurIoannisLianos(Director
ofCentreforLaw,Economics&Society,UniversityCollegeLondon)quiontaussigentiment
accept dtre les membres du jury de la prsente thse. Je voudrais dire aussi merci au
docteurPhilipMarsden(DirectorofCompetitionLawForum,BritishInstituteofInternational
andComparativeLaw),auprofesseurAmitaiAviram(Universityof Illinois)etauprofesseur
PaulStancil (Universityof Illinois)pour leursnombreuxconseils lesquelssont inclusdans la
thse. Je remercie galement Aleksey Sushkevich (Chef de la Direction Analytique du FAS)
pourlinformationsurledroitdelaconcurrencerusseetAnnieYingXue(UniversityofIllinois)
pour linformation sur le droit de la concurrence chinois. Je voudrais dire aussi merci
beaucoupmafamilleetmesamisquimontsoutenupendanttouscesannes.Votreaide
taittrsprcieuseetsansvousjenepourraisjamaisterminermarecherche.
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7
Lapplicationdudroiteuropendelaconcurrenceaux
entreprisesdestatstiers
ThseprpareaveclesoutienduneaidelaformationrechercheduFondsnationaldela
rechercheduLuxembourg
8
9
SOMMAIRE
Introductiongnrale
PartieI.Lapplicationdirectedudroiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
TitreI.Larglementationeuropennedelactivitdentreprisesdestatstierstouchantaumarcheuropen.
Chapitre1.Lapplicationdudroiteuropenauxentreprisesdestatstiers.Larglementation.Chapitre2.Lapplicationdudroiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
Lexcution.
TitreII.Lesproblmesissusdelapplicationdudroiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
Chapitre1.Lapplicationsimultanedesloissurlaconcurrencedeplusieurstatsetleprincipenon
bisinidem.Chapitre2.Lapplicationsimultanedudroitdelapropritintellectuelleetdudroiteuropendela
concurrenceauxentreprisesdestatstiers.Chapitre3.Lapplicationsimultanedudroitinternationalprivetdudroiteuropendela
concurrenceauxentreprisesdestatstiers.Chapitre4.LesrelationsentrelesnormesdudroitdelOMCtouchantlaconcurrenceetledroit
europendelaconcurrence.PartieII.Lapplicationindirectedudroiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
TitreI.Lacrationdergleshomognesdelaconcurrenceendehorsdunaccordinternationalsurlaconcurrence.Chapitre1.Lemodleconomiquecommepreuvedubesoindelacooprationinternationalerglant
laconcurrence.Chapitre2.Lemodleeuropendudroitdelaconcurrencecommebasepourledroitdela
concurrencedestatstiers.
TitreII.Lesdroitsnationauxdeslaconcurrencedestatstierssurlabasedumodleeuropen.
Chapitre1.LacooprationentrelUEetlaChinedansledomainedudroitdelaconcurrence.Chapitre2.LacooprationentrelUEetlaRussiedansledomainedudroitdelaconcurrence.
PartieIII.Versunaccordinternationalsurlaconcurrence.
TitreI.UnaccordinternationalsurlaconcurrenceauseindelOMC.
Chapitre1.LespropositionsdelUEdemesuresmultilatrales.Pourquoicroitonaudroit
internationaldelaconcurrence?Chapitre2.LOMCcommeplateformepourlacrationdundroitinternationaldelaconcurrence.
TitreII.Lemodledunaccordinternationalsurlaconcurrence.
Chapitre1.LapropositiondunmodledunaccordinternationalsurlaconcurrenceauseindelOMC.Chapitre2.LesatoutsetlesdfautsdunaccordinternationalsurlaconcurrenceauseindelOMC.
Conclusiongnrale
10
11
PRINCIPALESABBREVIATIONS
ADPIC L'Accord sur les aspects des droits de proprit intellectuelle qui
touchentaucommerce
Aff. Affaire
ANC Lesautoritsnationalesdelaconcurrence
CE Communautseuropennes
C.E.C.A. Communauteuropenneducharbonetdel'acier
CEE Communautconomiqueeuropenne
CJCE CourdejusticedesCommunautseuropennes
CJUE CourdejusticedelUnioneuropenne
Commission Commissioneuropenne
DoJ DepartmentofJustice
FAS ServicefdraleantimonopoledelaRussie
FTC FederalTradeCommission
FZ LoifdraledelaRussie
GATT Accordgnralsurlestarifsdouaniersetlecommerce
ICN Rseau international de la concurrence (International Competition
Network)
LAM LoiantimonopoledelaChine
N Numro
LOCDE L'Organisationdecooprationetdedveloppementconomiques
LOMC LOrganisationmondialeducommerce
op.cit. Prcit
LORD LOrganederglementdesdiffrends
p. Page
pp. Pages
REC Rseaueuropendelaconcurrence
RTDE Revuetrimestrielledudroiteuropen
s. suivants
TCE TraitinstituantlaCommunauteuropenne
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TCEE Traitinstituantlacommunautconomiqueeuropenne
TFUE Traitsurlefonctionnementdel'Unioneuropenne
TraitdeRome TraitinstituantlaCommunauteuropennede15mars1957
TraitdeParis TraitinstituantlaCommunauteuropenneducharbonetdelacier
de18avril1951
Tribunal TribunaldelUnioneuropenne
TPI TribunaldepremireinstancedesCommunautseuropennes
UE LUnioneuropenne
Vol. Volume
13
14
15
INTRODUCTIONGNRALE.
Letermedelvolutionestappelcoopration.
Ilsagitdunitmorale,deconcentrationpolitique
entretatssouverains.
RaymondAron,
LeFigaro,11.09.1967.
1. Introduction au sujet de la recherche. Le droit europen de la concurrence a
vocationsappliquernonseulementauxentreprisesressortissantesdestatsmembresde
lUnioneuropennemaisaussiauxentreprisesdestats tiers,dans lesconditionsdcrites
infradanscettetude,etdterminesdansunetrslargemesureparlinterprtation,par
les institutionseuropennes(laCommissioneuropenne, laCourdeJusticeet leTribunal),
desarticles101et102TFUE.Lapierreangulairedelapplicabilitdudroitdelaconcurrence
ces entreprises non europennes est la thorie de leffet, dont lapplication na,
paradoxalement, jamais t expressment confirme par la jurisprudence, mais dont
lexistenceendroitpositifestfacilementdmontrepar la lecturede ladite jurisprudence.
Ensubstance,etsousrservedesprcisionsetclarificationsapportesdans lecorpsde la
thse,lathoriedeleffetnoncequeledroiteuropenestapplicableauxentreprisesdes
tats tiers dans lamesure o elles commettent des actes qui ont un effet sur lemarch
europen. Une pareille application, directe et extraterritoriale, du droit europen, est
nanmoinsproblmatiqueenpratiqueet,sansdoute,surleplandesprincipes.
Ilnestgurebesoinderappelerquelconomiecontemporainesecaractriseparune
mondialisation sans cesse croissante des changes.Or, dans ce contexte, il nest pas rare
quedes conflits de lois assez graves soient signaler, notammentenmatirededroit de
concurrence.Commedcrit infra, il estpar consquent ainsi concevableque ledroitdun
tat membre de lUE, le droit europen, le droit de ltat dont lentreprise en cause est
ressortissante et, gnralement dans une moindre mesure, le droit de lOrganisation
mondiale du commerce soient applicable simultanment lamme situation, en plus de
touslesautresdroitsnationauxdestatsaffectsparlapratiqueincriminedanslamesure
16
ocestatsappliquenteuxaussilathoriedeleffet.Silsagissaitdunequestiondedroit
international priv, les scrupules ne seraient gnralement gure de mise: le juge saisi
appliquerait la rgledeconflitpertinente (parexemple, la rglebilatraledeconflit)pour
dterminerlaloiapplicable;toutauplussecontenteraitildappliquerdistributivementles
droitsdediffrentstatsdiffrentslmentsdefait.Leproblmeauquellespcialistedu
droitdelaconcurrenceestconfrontrsidedanscequeplusieursdroitsdelaconcurrence
soientapplicablessimultanmentauxmmesfaitsjuridiques.Ainsi,silentrepriseacommis
unacteayantunimpactsurntatsreconnaissanttouslathoriedeleffet,laditeentreprise
sera jugen foisetcondamne (potentiellement)n fois.Un tel rsultatnestvidemment
passatisfaisant.
Quid, en effet, du principe non bis in idem? On sait quen droit positif, il nest
applicable quenmatire pnale,mais le droit ne dit pas toujours la justice, et il semble
difficilementjustifiabledepouvoirprononceruneamendeautitredesmmesfaitsdevant
plusieurs fora diffrents pour la seule raisonque linfraction est qualifie dadministrative
plutt que de pnale. Il est tout le moins paradoxal, ce titre, de relever que la
dpnalisationoulanonpnalisationdudroitdelaconcurrenceconduitunelimination
desgarantiesaccordesaujusticiableendroitpnal.
De faon similaire, cette mondialisation des changes et lexistence de socits
multinationales dont elle est indissociable ont, empiriquement, pour effet de causer des
dommages prives dans des juridictions diffrentes, quoique dans cette espce les
problmesthoriquesneseposentpasaveclammeacuitquedanslecasdesamendesde
droitpublic,puisque,commereconnuendroitinternationalpriv,ilestjustequetoutesles
parties lses par un acte illicite puissent obtenir rparation, sans considration de leur
nationalitoursidence.Pourtant,lecumuldecesactionsdedroitprivestsusceptiblede
gnrerdesdifficultspratiquesnonngligeables.
Mais il est galementpossibleque le juge soit amen trancherdes situationso
plusieurs droits de la concurrence, simultanment applicables, dictent des solutions
opposesetdonc incompatibles.La jurisprudencenousaainsioffertunexemplefascinant
de conflit entre le droit europen et droit de lOMC dans laffaireMicrosoft1, qui sera
analyse plus en dtail dans le corps de la thse. LentrepriseMicrosoft, qui a son sige
socialdansltatdeWashington,auxtatsUnis,taitaccuse,surlefondementdelarticle
1TPI,17.09.2007,MicrosoftCorp.c/Commission,T201/04,Rec.2007p.II03601.
17
102 TFUE, davoir abus de sa position dominante sur le march des logiciels. Microsoft
arguait,lappuidesesprtentions,quellenepouvaittrecondamnepuisquelaccordsur
les ADPIC, sign dans le cadre de lOMC, garantissait lexercice des droits de proprit
intellectuelle(etdonc,enlespce,celuidesdroitsdauteursurlogiciel).Bienqueladfense
deMicrosoft nait finalement pas t victorieuse, laffaire a rendumanifeste le risque de
conflitentredroiteuropendelaconcurrenceetdroitdelOMC,surtoutenmatirededroit
de proprit intellectuelle, mais pas seulement quadviendratil lorsque lOMC
interprtera un accord sur les droits de douane de manire incompatible avec une
jurisprudence europenne? En tout tat de cause, ledit risque est encore plus difficile
quantifierpourlesentreprisesnoneuropennes.LaccordsurlesADPIC,affirmelaCourde
Justice,nestpasassezclairpourtredirectementinvocableparlespartiesaulitige;ilnelie
quesessignataires(dontlUnioneuropenne)envertuduprincipepactasuntservanda;et
pourtantlaCourdeJusticesembledevoirimposerauxentrepriseslerespectdelaccordsur
les ADPIC. Le concept mme dtat de droit, tenu par les rgles que luimme impose,
semblebranl.
Enguisedemtaphore,ilestpossiblededirequonanalysedabordlesracinesdun
arbre (la lgislation, les notions et les concepts gnrant lapplication extraterritoriale du
droit europen de la concurrence) puis ses fruits (les problmes issus de lapplication de
cettelgislationetdecesconcepts).
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Lobjetdeltudesemblecrucialdeuxpointsdevue.
En premier lieu, la position du droit positif est vectrice dune inscurit juridique
indniable pour les entreprises. Outre les rparations diverses auxquelles les personnes
ayantsubiundommagedufaitdelactivitillicitedelentrepriseontdroit(etquisemblent
unpendant logiqueetquitablede lopportunitoffertecettemmeentreprisedefaire
affaire travers le globe terrestre), la menace damendes est, sur le plan pratique,
extrmement difficile valuer (combien dtats concernes, et quels critres de calcul
utilisentils?)et,surceluidesprincipes,parfaitementinjuste.Ensuivantdistinctionopre
par Aristote2, et sur laquelle nous nous attarderons plus longuement infra, si la fonction
distributricedoiteffectivementsapprcierlchelledetouteslespersonneslses,onvoit
malcequelafonctionrtributricegagnesemanifesterplusieursfoispourlesmmesfaits.
Par ailleurs, et du fait mme de cette imprvisibilit, le droit positif entrane des
effets indsirables sur le plan conomique. Sans que ce soit le but (au moins avou) de
quiconque,laprtentiondelUnioneuropenneetdestatsquiappliquentleurdroitdela
concurrencedemanireextraterritorialedcourageindirectementlesinvestissementsetla
poursuite des activits commerciales des entreprises hors de leur frontires: nouveau,
quel directeur financier souhaiterait inscrire au bilan de sa socit une provision
littralement inquantifiable? Lexistence dune telle pe de Damocls reprsente bel et
bien une externalit ngative au sens donn cette expression par la thorie
microconomique pour les entreprises et donc, in fine, une perte conomique au niveau
mondial.3
Chaque chapitre de la thse dmontrera la ncessit de la rglementation
internationaledesrelationsconcurrentiellesentrelesentreprisesetlimpossibilitdergler
touslesproblmesissusdelaconcurrenceinternationaleauniveaulocal.4Onvoitdjque
lanaturedudroitde la concurrence (lequelentretientdes lienstroitsavec ledroitde la
2VoirAristote,EthiqueNicomaque,sousladirectiondeJulesTRICOT,Vrin,1994,540p.3Voir, par exemple, JeanJacques GABAS, Philippe HUGON, Les biens publics mondiaux et la cooprationinternationale,L'conomiepolitique4/2001(no12),p.1931.Accessiblesurwww.cairn.info/revueleconomiepolitique20014page19.htm.4SurlaloiglobalevoirGlobalLawWithoutaState,editedbyGuntherTEUBNER,Dartmouth,1997,305p.;voiraussiHansLINDAHL,ALegality:PostnationalismandtheQuestionofLegalBoundaries,TheModernLawReview73(1),2010,3056pp.
19
proprit intellectuelle et le droit priv) et surtout son caractre extraterritorial donnent
naissanceplusieursproblmes,queloncherchersoudre,auminimumenpartie.
Ainsi, aprs avoir examin les conditions dapplication du droit europen de la
concurrenceauxentreprisesdestatstiersetlesproblmesissusdunetelleapplication,on
arriveralaseuleconclusionpossible:lancessitdeconclureunaccordinternationalqui
pourraitrglerlesproblmeslislapplicationextraterritorialedudroitdelaconcurrence.
On proposera de choisir lOrganisation Mondiale du Commerce comme forum pour le
dveloppementetlaconclusiondunaccordinternationalsurlaconcurrence,lequelpourrait
donner uneplus grande scurit juridique aux entreprisesmultinationales, les entreprises
qui affectent les autres marchs que leur march dorigine, ce qui vise, finalement,
promouvoir le commerce international et protger la fois la concurrence et les
consommateursdemanirequitablepartoutdanslemonde.
Enoutre,onverraqueledroiteuropendelaconcurrencereprsente(aveclemodle
amricain) un des modles dominants du droit de la concurrence aujourdhui. Par
consquent, plusieurs tats suivent lexemple europen en vue damliorer oumme de
crer leurspropres loisconcurrentiellesdans lebutfinaldedonnerauxsesentreprises les
meilleuresconditionspourleuractivitconomiquesurlemarchnationaletsurlemarch
mondial. Particulirement, on analysera les cas de la Chine et de la Russie, lesquels
constituent les exemples les plus marquants de lemprunt du modle du droit de la
concurrenceeuropen.
Onexamineraenmmetempslesraisonsconomiquesduntelchoix.Ainsi,laidede
la thoriedes jeux,onmontrerapourquoi lechoixde lacooprationetde lunificationdu
droitdelaconcurrenceestlepluslogiquepourlaplupartpaysdumonde,etparlasuiteon
analyseraendtailslesexemplesdunetellecooprationentrelUEetlaChine,dunepart,
etlUEetlaRussie,dautrepart.
Enconcluantcetterecherche,onviseprsenterunesolutionauxproblmesdcrits
cidessus,souslaformedunmodledaccordinternational.Commelamontrlaguerre
des lois (tudie infra), la conclusiondun accorddans le casdun conflit parat la seule
solutionefficace.Aujourdhuilesaccordsbilatrauxneparviennentplusrsoudretousles
problmes de lconomie globale; il est donc ncessaire de recourir un accord
international multilatral sur la concurrence conclu, par exemple, dans le cadre de
lOrganisationMondialeduCommerce.
20
2.Introductionlaproblmatique:Todealornottodealaveclesentreprisesdes
tatstiers?Tobeornottobe:thatisthequestion?.5Avantdaborderlanalysedusujet
principal du premier titre de la thse, il parat utile de raconter la prhistoire de la
reconnaissancemodernede lapplicationdudroiteuropende laconcurrencedemanire
extraterritoriale,danslebutdemieuxcomprendrelagensedesproblmesexaminstout
aulongdelarecherche.
Il est tout fait possible imaginer qu lpoque o, suite au dveloppement du
commerce international, les entreprises des tats tiers6ont commenc entrer sur le
marcheuropen(crerdesfilialesouvendresesproduitsouservices),laquestionsuivante
a t pose aux autorits de lUnion Europenne: to deal or not to deal avec ces
entreprisestrangreslesconsidrerounepaslesconsidrer?
Ilestfaciledetraiterunefilialeduneentreprisetrangreinstallesurleterritoirede
lUE commenimportequelle autre entreprise europenne. En revanche, lpoque il ny
avaitpasderponselaquestiondelaresponsabilitdelasocitmrequisetrouvait
ltranger.Aussi,lasolutionappliqueraucasdunesimpleventedeproduits(ouprestation
deservices)dunesocittrangresurlemarcheuropen,sanscrationdunefiliale,tait
peuclaire.Unetelleventeaffectevidement lecommerce,etsielleestassez importante,
ellepourraitaffecter lecommerceentre lestatsmembreset,ainsi, formellementtomber
dans le champ dapplication du droit europen de la concurrence. Nanmoins, sans la
reconnaissance de lapplication extraterritoriale du droit de la concurrence il ntait pas
possibledepoursuivreuneentreprisequintaitpasphysiquementsurleterritoiredelUE.
Ainsi, la rponse la question to deal or not to deal (cestdire traiter les
entreprisesdestatstiersaffectantlecommerceentrelestatsmembrescommesujetsdu
droit europen de la concurrence), initialement ngative, a graduellement volu vers la
positive,cequiarsolucertainsproblmesconcernantlaprotectiondumarcheuropen,
mais aussi engendr en mme temps une plthore de problmes lis lapplication
extraterritorialedudroiteuropendelaconcurrence.
Commecelaatmentionnauparavant,lapremirerponselaquestiontodeal
or not to deal avec les entreprises des tats tiers dont lactivit affecte le march
europen?taitngative,danslamesureolarticle65deTraitdeParis(prdcesseur
5WilliamSHAKESPEARE,Hamlet3/1.6Saufprcisioncontraire, letermelesentreprisesdestatstierscomprendensoi,dans lecadredecettethse,touteslesentreprisesayantleursigesocialendehorsduterritoiredelUE.
21
delarticle85duTraitdeRome(devenupostrieurementlarticle81TCEetensuitelarticle
101TFUE))taitapplicableseulementauxentrepriseseuropennes.Cetarticlecomportait
linterdiction de tous accords entre entreprises qui tendraient sur le March commun,
directement ou indirectement, empcher, restreindre ou fausser le jeu normal de la
concurrence. On voit que larticle 65 navait pas de disposition expresse limitant son
champdapplicationdanslespace.Toutefois,unetellelimitationtaitfournieimplicitement
par la qualification matrielle que ces dispositions donnent aux ententes quelles
interdisaient.Ainsi,ilestvidentquelarticle65avaituneporteterritorialepluslimiteque
sessuccesseurs,enraisondeladfinitiondelanotiondentreprisequecomportaitleTrait
de Paris dans son article 80. En effet, aux termes de cette disposition, les entreprises, au
sensduTrait,taientcellesquiexercentuneactivitdeproductiondans ledomainedu
charbonetdelacierlintrieurdesterritoiresC.E.C.A.et,enoutre,encequiconcernait
lesarticles65et66(lesprdcesseursdesarticles101et102TFUE),lesentreprisesou
organismesquiexercenthabituellementuneactivitdedistributionautreque laventeaux
consommateursdomestiquesoulartisanat(lintrieurdesmmesterritoires).7
Ainsi,onpeutendduirequelententedevaitavoirtconclueentredesentreprises
C.E.C.A. pour que larticle 65 ft applicable. Une entente entre une entreprise
communautaire (europenne)8et une ou plusieurs entreprises noncommunautaires (non
europennes), et a fortiori une entente exclusivement entre entreprises non
communautaires, ne tombaient pas sous le coup de larticle 65. Lapplication
extraterritorialedelarticle65taitdoncexclueparlestermesduTraitdeParis.9
Toutefois, le Trait de Rome ne limitait pas la notion d entreprise aux entits
communautaires.Cependant,lesententesdontlimportancenedpassaitpasleslimitesdes
marchsintrieursdestatsmembresrestaientsoumisesaudroitdelaconcurrenceinterne.
Larticle 85 ne visait que les ententes susceptibles daffecter le commerce entre tats
membres.Cetarticlecomportait linterdictiondetousaccordsentreentreprisesquisont
susceptiblesdaffecterlecommerceentretatsmembresetquiontpourobjetoupoureffet
7Paul EECKMAN, Lapplication de larticle 85 du Trait de Rome aux ententes trangres la C.E.E. maiscausantdesrestrictionslaconcurrencelintrieurduMarchCommun,Revuecritiquededroitinternationalpriv,1965,pp.501502.8SuiteladoptionduTraitdeLisbonne,danslecadredalathseonutiliseletermeeuropenpourlesnotionsquiavanttaientqualifiescommecommunautaires.Toutefois,parfoispourprserverlecontextehistoriqueongardeletermeancien.9Paul EECKMAN,Lapplicationde larticle85duTraitdeRomeauxententestrangres laC.E.E,op.cit.,p.502.
22
dempcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence lintrieur duMarch
commun.Ainsi,pourquunetelleententetombesouslecoupdelarticle85,ilsuffitquelle
ait comme objet ou pour effet dempcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrencelintrieurdumarchcommun.10
Par consquent, onpeut conclureque lrede lapplicationextraterritorialedudroit
europendelaconcurrenceacommencavecladoptionduTraitdeRomeetaujourdhui
lapplication des articles 101 et 102 TFUE suit lesmmes principes. Comme le disait dj
Robert Kovar dans les annes quatrevingt, aucune politique de la concurrence ne peut
ignorerladimensioninternationale.11
Diffrents facteurs ont men cette situation: premirement, linternationalisation
croissantedesconomies,deuximement,lefaitquunetelleinternationalisationaitpouss
desentreprisessaffranchirdeslimitestatiquesetfinalement,limportanceaccordeaux
marchs trangers, dans la mesure o le dveloppement des socits multinationales
sinscritdanscetteorientation.12Ainsi,lapplicationextraterritorialedudroiteuropendela
concurrencetaitinvitable.
Historiquement, la question de lextraterritorialit sest premirement pose dans le
cadredudroitpnal.Ilsagissaitdesavoirsiuntatpouvait,sansviolerledroitinternational
public,punirsoituncrime,soituneatteintesascuritousoncrditdontunoutousles
lments constitutifs staient drouls lextrieur de son territoire. Ce type daffaires
provoquait un diffrend entre deux pays, si lun des deux, prenant fait et cause pour la
personne accuse, contestait le droit de lautre rprimer lacte incrimin. Toutefois, le
dbat ne slevait pas ncessairement au niveau intertatique. Ainsi si laccus tait un
ressortissantdeltatquiappliquaitsondroitousilactetaitvuavecunegalerprobation
parltatsurleterritoireduquelilavaitttotalementoupartiellementexcut.13
Cest avec lapplication extraterritoriale de plus en plus frquente de lois de nature
conomique (comme,par exemple, ledroit de la concurrence), sanctionnespnalement,
administrativementoucivilement,quelesdiffrendsentretatsontsurgidefaonrgulire,
chaquepays invoquant sa souverainetconomiquesoitpouragir, soitpourprotester. La
10Ibidem.p.504.11Robert KOVAR,Droit communautaire de la concurrence et droit international, Cahiers de droit europen,1986,p.127.12Ibidem.13Paul DEMARET, Lextraterritorialit des lois et les relations transatlantiques: une question de droit ou dediplomatie?,Revuetrimestriellededroiteuropen,1985,p.2.
23
frquenceaccruedesproblmesdextraterritorialitenmatirededroitdelaconcurrence
estvidemmentlerefletdelinternalisationdelavieconomique.Responsableouvictime,
unpersonnageesttoujoursenscne:lentreprisemultinationale.14
Il fautgalementsoulignerque lconomiemodernesecaractriseparsoncaractre
mondialetsouventcesontlessocitsmultinationalesquiontleplusdesuccs,quisontles
plusefficaces,quiproduisentplus,quicrentplus.Letableausuivant,construitsurbasedes
rapportsannuelslesplusrcents15,compilelesdixsocitsgnrantleplusderevenusau
monde.Toutessontdessocitsmultinationales:
Classement Socit tatdorigine Autreszonesdactivit
1 ExxonMobil tatsUnis Canada,Russie,UE
2 RoyalDutchShell PaysBas UE, Afrique du Sud, Philippines,
AmriqueduNord
3 Walmart tatsUnis Chine,Inde,Brsil,Nigria
4 BP RoyaumeUni UE,exURSS,Colombie,tatsUnis
5 Vitol PaysBas ExURSS,AfriquedelOuest
6 Sinopec Chine Canada,Brsil,Afrique
7 Chevron tatsUnis Mexique,Nigria,Australie
8 ConocoPhilips tatsUnis UE,Bangladesh
9 SamsungGroup CoreduSud Prsencemondiale
10 ToyotaMotors Japon AmriqueduNord,Europe
Lemondedelconomiemondialispromeutlecommerceinternational,il incitela
crationdentreprisesmultinationalesayantleursfilialesetlesinfrastructurespartoutdans
lemonde, qui vendent leur production dans chaque pays. Ainsi, chaque anne il y a plus
dentreprisesquiveulentsortirdeleurmarchdorigineetconqurirlesmarchsdesautres
pays,ensuivantlesexemplesdesgrandesrussitesdeleursglorieuxans
On sintresse lhistoire de la reconnaissance de lextraterritorialit du droit de la
concurrencedanslebutdecomprendremieuxlasituationjuridiqueactuelle.Enconstatant
quedeplusenplusdentreprisesdestatstiersaffectaientlemarcheuropen,suiteleur
14Ibidem.15 Voir www.exxonmobil.com, www.shell.com, www.walmart.com, www.bp.com, www.vitol.com,english.sinopec.com, www.chevron.com, www.conocophillips.com, www.samsung.com, www.toyotaglobal.com,06.09.2012.
24
activitconomiqueinternationale, lUEatobligedesoccuperdeceproblmeenvue
deprotgerlaconcurrencesursonterritoireetsesconsommateurs.Ainsi,ctaitsurtoutle
dveloppement du commerce international et lapparition de plusieurs entreprises
internationales sur le march mondial qui ont pouss les autorits de lUE changerla
rponsenotrequestion(dealornottodealaveclesentreprisesdestatstiers?)versla
positive: to deal. LUE a donc reconnu leffet extraterritorial de son droit de la
concurrence(danslecadredecetteintroductiononanalyseraleprocessusendtails).
Toutefois, le droit europen nest pas le seul droit de la concurrence appliqu de
manireextraterritoriale.Commeonleverradanslecadredelathse,presquetouslespays
prvoient lapplication extraterritoriale de leur droit national de la concurrence, car ils
affrontentlesmmesproblmesissusdelaprotectiondelaconcurrencesurleursmarchs
etlaprotectiondesconsommateurs.
Il est important de souligner que lide dappliquer le droit de la concurrence de
manireextraterritoriale,neauseindudroitamricaindantitrust,estrepriseaujourdhui
par presque tous les autres pays du monde. Nanmoins, avant quune telle pratique ne
devntreconnueetaccepteilyeutunelonguepriodedeguerredeslois.
Ainsi, ctait les tatsUnis qui ont appliqu le droit antitrust de manire
extraterritorialepourlapremirefoisendonnantnaissancelathoriedeleffet, laquelle
thoriequiseraexamineplusieursfoisdanslecadredecetterecherche.
Dans son grand arrt rendu dans laffaire United States v. Aluminum Company of
America (Alcoa)16, laCourdappeldestatsUnispour ledeuximecircuitadcidque
les tribunaux amricains taient comptents pour juger les comportements anti
concurrentielsadoptsltrangersiceuxciaffectaientintentionnellementlecommerce
lintrieurdestatsUnis.Cettedcisionestdevenuelapierreangulairedelapplicationdu
droitamricainde laconcurrence(ouledroitantitrustcommeonlappelleauxtatsUnis)
horsdesfrontiresdestatsUnis.17
Depuis Alcoa, cependant, lapplication extraterritoriale du droit amricain de la
concurrence a t la cause de problmes conomiques et politiques croissants pour les
tatsUnis, et ceci pour plusieurs raisons. Seuls les tatsUnis, lUnion europenne et
16VoirUSv.AluminiumCo.ofAmerica148F.2d416(2dCir.1945).17Reassessmentof InternationalApplicationofAntitrust Laws:BlockingStatutes,BalancingTests,andTrebleDamagesby Duke Univesrity School of Law, Law and Contemporary Problems, Vol.50, N 3, Summer 1987,p.197.Accessiblesurhttp://www.jstor.org/stable/1191671
25
lAllemagne cherchent activement appliquer leur droit de la concurrence hors de leurs
frontires,etseulledroitamricainpermetdobtenirdesdommagespunitifsdanslecadre
dune action de droit priv base sur lapplication extraterritoriale du droit de la
concurrence.18
Les conflits de politique de concurrence entre nations ont caus de nombreux
diffrends internationaux. Ils endommagent les relations internationales des tatsUnis et
ralentissent lapromotiondesapolitiqueextrieure.En fait, cesdiffrendsontsuscitdes
reprsailles,ycomprisdescontrelgislations(blockingstatutes)quidmontrentuncertain
ddain pour le droit amricain de la concurrence et sont conues pour dcourager son
application extraterritoriale. Ces contrelgislations taient de deux natures: certaines
empchaientlacollectedinformationsauprsdelautorittrangre,etdautrespriventde
toute force lesdcisions judiciairestrangrespouvantmenacer les intrtsdepersonnes
demanireextraterritoriale.19
Le RoyaumeUni, la France, le Canada et lAustralie figurent parmi les tats qui ont
adoptdescontrelgislationsenrponseunedesactionsentreprisesparlestatsUniset
perues comme abusives, pour protger leurs industries nationales du gouvernement
amricainetdedemandeursenjusticedansleLitigesurluranium.
LeLitigesurluranium20acommencdanslesannes1970lorsqueleDepartmentof
Justice a enqut sur lindustrie de lextraction duranium. Paralllement, des actions de
droitprivonttgalementdposes.Dans lunedentreelles, la socitWestinghouse
Electric Corporation allguait que les producteurs duranium en dehors des tatsUnis
staient entendus pour augmenter le prix de luraniumdans une si largemesure que les
contrats deWestinghouse taient devenus enpratique inoprables. Lors de la phasepr
contentieuse, Westinghouse a essay dobtenir des documents et des tmoignages de
producteurs trangers, ce qui a dclench des reprsailles de la part des pays trangers,
lesquelscroyaientqueleLitigesurluraniumntaitriendautrequunmoyendguisutilis
par les tatsUnis pour appliquer unilatralement ses politiques commerciales et
conomiqueslchellemondiale.21
18Ibidem.19Ibidem.pp.197198.20USv.GulfOilCorp.,Crim.N78123(E.D.Pa.,filedMay9,1978).21ReassessmentofInternationalApplicationofAntitrustLaws...,op.cit.,pp.198199.
26
Westinghouse a ainsi tent dobtenir des documents et des tmoignages de
dirigeants de Rio Tinto Zinc, Ltd., un producteur britannique duranium, nomm comme
dfendeurlaction.Aceteffet,Westinghouseadposunecommissionrogatoireauprs
des tribunaux britanniques. Quand laffaire est arrive devant la Chambre des Lords, le
gouvernement britannique est intervenu pour affirmer que les intrts nationaux du
RoyaumeUniexigeaientquelesdemandesdinformationsfussentrefuses.22
En rponseauLitigesur luranium, leCanadaaadoptdenouvelles rgles limitant
lapplication extraterritoriale du droit amricain de la concurrence: dabord, le Canada a
approuvunenouvellelgislationpermettantlaCommissionsurlesrglesrestrictivesdu
commercedesopposer lamiseenuvredejugementstrangersayantuneffetngatif
surlaconcurrenceauCanada.Enoutre,leparlementcanadienaapprouvleRglementsur
lascuritdelinformationrelativeluraniumen1976.Cesnouvellesrglesnavaientpour
but que dempcher la communication de documents situs au Canada aux parties
amricainesprivesauLitigesurluranium.23
Dans le cadre dune action analogue, un tribunal amricain navait pas appliqu la
doctrineadministrativede lactedegouvernementunproducteur franaisquine stait
pasprsentdevantcetribunaletencontestait lacomptence.Legouvernementfranais
interprtait ce refus comme un rejet des principes de courtoisie internationale dans la
mesureoleditrefuspouvaitpermettreauxjugesduntatdenqutersurlaconduitedes
personnesagissantsurinstructionduneautrepuissancepubliquesouveraine.Finalement,la
Franceapromulguunecontrelgislation.24
Enfin,leLitigesurluraniumaentranladoptiondedeuxnouvellesloisenAustralie,
lune empchant la communication dinformation et lautre lapplication des jugements
trangers.Legouvernementaustraliensopposaitfortementlenquteamricainecause
des graves effets quun jugement prononant des dommagesintrts pourrait avoir sur
lconomie australienne, dans des domaines tels que le financement de projets lis aux
ressources naturelles, lattractivit quant aux investissements trangers, le commerce de
luranium et dautres matires premires, et la viabilit financire () des socits
concernes,domainesquijouenttousunrlecapitaldanslaproductionetlexportationdes
ressources naturelles de lAustralie. Ces deux nouvelles lois ont t adoptes peu aprs
22Ibidem.p.199.23Ibidem.p.200.24Ibidem.
27
queWestinghouse a dpos des commissions rogatoires auprs des tribunaux australiens
afin dobtenir de nouvelles informations quant la participation dentits australiennes
lentente.Malgrlaloicontrelacommunicationdinformations,lestatsUnisontcontinu
leurenquteettentdobtenirdautresinformationssurlerledesentitsaustraliennes.Le
refus subsquent des producteurs australiens de se prsenter devant le juge ont fait
craindre lAustralie que les tribunaux amricains ne prononassent des jugements par
dfaut contre les socits australiennes, ce qui a conduit ce pays a promulgu une loi
autorisantlAttorneyGeneraldinterdirelapplicationdejugementstrangersendroitdela
concurrencedevantlejugeaustralien.25
Certaines contrelgislations contenaient des dispositions qui, simultanment,
empchaientlacommunicationdinformationsetrendaientlesjugementstrangerscaducs
dans lordre juridique national. D'autres se concentraient sur un seul but; ainsi, la loi
franaise se bornaitelle empcher la communication dinformations conomiques,
commerciales et techniques dans la mesure ou la scurit ou les intrts conomiques
essentielsde laFrancetaient touchs.Lamme loia interditgalementquiconque,en
France ou ltranger, de requrir la production de documents commerciaux de la part
duneentreprisefranaise.Laloinapaseubesoindunemiseenuvreadministrativepour
sappliquer.26
A contrario, le Protection of Trading Interests Act approuv par le parlement
britannique a restreint la fois la communication dinformations et lapplicabilit des
jugementstrangers: la loi a autoris le Secrtairebritanniqueau commercedempcher
toute communication dinformations lorsque lesdites informations sont hors de la
comptenceterritorialedelautoritrequranteetdimmobiliserlapplicationdejugements
trangersquiprononcentdes jugementsmultiples contredesdfendeursbritanniques. Le
Secrtaire au commerce disposait dune large autorit quant toute obligation ou
interdiction trangre dans lamesure o les intrts commerciaux du RoyaumeUni sont
affects.Enfin,laloipermettaitauxdfendeursbritanniquesdercuprerlemontantnon
compensatoire des dommagesintrts prononcs pour les consquences des actes non
entreprisdansleterritoiredeltatquiaprononcladcisionenquestion.27
25ReassessmentofInternationalApplicationofAntitrustLaws...,op.cit.,pp.200201.26Ibidem.p.201.27Ibidem.p.202.
28
Enfin,leCanadaetlAustralieontgalementtousdeuxadoptdescontrelgislations
dotsdunetrslargeporte.
Toutefois,iltaitvidentlecommerceinternationalnepouvaitpassedvelopperdans
lecadredetellehostilitentrelestats,ilfallaitmettrefincetteguerredesloiscomme
nimportequelleautreguerrequiempchedemenerunevieconomiquenormale.Ainsi,
la seule solution tait de conclure des accords internationaux en vue daffronter le
problmedapplicationextraterritorialedudroitdelaconcurrence.
Lepremieraccordbilatraldecetypeatconcluen1976entrelesdeuxnationsqui
disposaientlpoquedesmoyensdapplicationdudroitdelaconcurrencelesplustendus,
savoirlestatsUnisetlaRpubliquefdraledAllemagne.SuiteauLitigesurluraniumet
aux contrelgislationsqui enont rsult, les tatsUnisont concludes accordsanalogues
avec lAustralie, et, sous la forme dunmemorandum of understanding, avec le Canada.
Simultanment,laFranceetlaRpubliquefdraledAllemagneontsignuntraitsimilaire
surlesquestionsdeconcurrence.28
Tous les accords prcits exigent une coopration extensive entre les autorits
nationalesde laconcurrenceetobligent leursparties sefforcerdarriverdesdcisions
mutuellement acceptables lorsque les autorits des deux pays sont comptentes. Le
processus a t notablement amlior par laccord sur lapplication du droit de la
concurrencesignparlestatsUnisetlaCommissioneuropenneenseptembre1991.29
Toutefois,ilfautsoulignerquecetaccordatannulsuiteladcisiondelaCourde
Justice France c/ Commission de 1994.30 Selon la Cour, la Commission a dpass ses
comptencesenconcluantuntelaccord.
Nanmoins, la coopration entre lUE et les tatsUnis concernant le droit de la
concurrenceacontinudesedvelopperetlAccordentrelegouvernementdestatsUnis
dAmrique et la Commissiondes Communauts europennes concernant lapplicationde
leurs rgles de concurrence a t sign en 1995. Une telle coopration continue 28 P. M. ROTH, Reasonable Extraterritoriality: Correcting the Balance of Interests, International andComparativeLawQuarterly,Vol.41N2April1992,p.269.Accessiblesurhttp://www.jstor.org/stable/760921LesaccordsbilatrauxconcernantlacooprationdansledomainedudroitdelaconcurrencesontanalyssendtailsdansleChapitre2duTitreIdelathse.29Cetaccordadvelopplecadreesquissparlesquatreaccordsbilatrauxquilontprcd.Ilaprvu,entreautres,unenotificationdesenquteetuneconsultationentreautoritsde laconcurrence,unecoordinationentre les autorits charges de lexcution force, la possibilit pour une partie de demander lautre decommencer une enqute sur les activits qui affectent ses activits importantes, et une obligation pour lesdeux parties de prendre en considration les intrts dcisifs de lautre avant de dcider de lancer ou demodifieruneenquteouuneprocdureetquantlasanctionrecherche.30CJCE,9.08.1994,Francec/Commission,Aff.C327/91,Rec.1994p.I03641.
29
sintensifieretonprsenteralesaccordsentrelUEetlestatsUnisconcernantledroitetla
politiquedelaconcurrencedemanireplusdtailledansleChapitre2duTitreIdelathse.
IlfautnoterquellandcisifauxtatsUnisenfaveurdelaconclusiondeconclusion
dun accord avec lUE nest pas venu en rponse aux protestations europennes contre
lapplicationextraterritorialedudroitamricainmais,aucontraire,descraintesamricaines
quantlapplicationextraterritorialedudroiteuropendelaconcurrence.31
Ainsi, on voit que lUE a suivi en quelque sorte le mouvement gnral en dcidant
dappliquer son droit de la concurrence de manire extraterritoriale, ce qui tait
conomiquementet juridiquement logiqueetmmencessairedans lebutdeprotger le
marcheuropenetlesconsommateurseuropens.
3. Structure. Toutefois, comme on la dcrit audessus, premirement, lapplication
extraterritorialedudroiteuropendelaconcurrenceseproduisaitdemaniredirecte,mais
au fil du temps plusieurs pays du monde ont commenc de suivre lexemple de lUE et
adopterlesloisnationalesrassemblantbeaucoupaudroiteuropendelaconcurrence.On
appelleradanslecadredecettethsecetteexpansionendouceurdumodleeuropen
lapplication indirecte extraterritorialedudroit europende la concurrence.Cependant
aprsavoiranalyslapplicationdirecteetindirectedudroiteuropendelaconcurrenceaux
entreprisesdestatstiersonverraqueplusieursproblmesnaissentdunetelleapplication
et lasolutionquiparattre laplusefficaceest ladoptiondunaccord internationalsur la
concurrence au sein de lOMC. Ainsi, la thse est divise en trois parties: Lapplication
directedudroiteuropende laconcurrenceauxentreprisesdestatstiers(I),Lapplication
indirectedudroiteuropende laconcurrenceauxentreprisesdestats tiers (II)etVersun
accordinternationalsurlaconcurrence(III).
Cette structure permet de prsenter les problmes, les analyser et proposer une des
solutions possibles. On espre vivement que cette thse pourra tre utile pour plusieurs
tats et organisations rgionales et internationales (y compris lUE) ainsi que pour les
entreprises partout dans le monde, et quelle intressera les acadmiciens ainsi que les
praticiens.
31P.M.ROTH,ReasonableExtraterritoriality:CorrectingtheBalanceofInterests,op.cit.,p.271.
30
31
32
PARTIE I. LAPPLICATION DIRECTE DU DROIT EUROPEN DE LA CONCURRENCE AUX
ENTREPRISESDESTATSTIERS.
4.Lapplicationdirecte.Commeonlamontrauparavant,lapplicationdirectede
droiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesnoneuropennesatcommencesuite
ladoptionduTraitdeRome(articles85et86)(voirparagraphe2).
Toutdabord,ilestutiledeclarifierquedanslecadredecettethsesouslexpression
lapplicationextraterritorialedirectedudroiteuropende la concurrenceoncomprend
lapplicationdudroittellecommeonlaconnat:lesentreprisesdestatstierstouchantau
march europen sont obliges de respecter les exigences du droit europen de la
concurrence, et sils les violent la Commission europenne peut infliger les sanctions.
Toutefois, si lentreprise nest pas daccord avec la dcision de la Commission elle peut
porterplaintedevantleTribunaletlaCourdeJustice.Cependant,ilestpossibleaussipour
les autorits nationales des tats membres de lUE dappliquer le droit europen de la
concurrence aux entreprises des tats tiers, ainsi que leurs droits nationaux de la
concurrence,etcesprocduresserontexaminesattentivementdanslathse.
Parconsquent,laquestionlogiquesepose:commentexactementledroiteuropen
delaconcurrenceestappliqudemanireextraterritoriale?Onobservequeparlavoiede
lapplicationdenormesessentielles(articles101,102TFUE)lesinstitutionseuropennes(la
Commission, la Cour de Justice et le Tribunal) ont dvelopp les nouvelles conditions de
lapplication du droit europen de la concurrence aux entreprises des tats tiers telles
quelles sont, par exemple, la doctrine de leffet, la rgle de raison, la considration du
contexte conomique, etc. Ainsi, dans le cadre du Titre I de la prsente partie toutes ces
conditionsserontscrupuleusementanalysesenvuedexpliquerquandledroiteuropende
laconcurrenceseraappliquauxentreprisesnoneuropennes,quelleseralaprocdure,et
quelssontlesconsquencesdetelleapplication.
Ladeuximequestionquiseposedanslecadredelanalysedelapplicationdirectedu
droiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiersconcernelesdifficultsqui
apparaissenten loccurrence.Dans lebutde rpondre laquestion leprincipenonbis in
idemseraexamin,lasuitelespossiblesconflitsdelois.Ilfautsoulignerqueentreprises
33
des tats tiers doivent prendre en considration les normes du droit europen de la
concurrence,lesnormesdudroitnational,lesnormesinternationales(commeparexemple,
lesnormesdudroitdelOMCtouchantauconcurrence).Ilexisteaussilapossibilitduconflit
entre le droit de la proprit intellectuelle et le droit de la concurrence et entre le droit
internationalprivetledroitdelaconcurrence.
Tous ces problmes sont analyss dans le cadre de la premire partie de la thse
divise en deux titres: La rglementation europenne de lactivit dentreprises des tats
tierstouchantaumarcheuropenetLesdifficultsissuesdelapplicationdudroiteuropen
delaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
Nanmoins,nonseulement lapplicationdirectedudroiteuropende laconcurrence
auxentreprisesdestatstiersestpossible.Danslecadredeladeuximepartiedelathse
lapplicationindirectedudroiteuropendelaconcurrenceseraanalysendtails.
34
35
36
TitreI.LARGLEMENTATIONEUROPENNEDELACTIVITDENTREPRISESDESTATSTIERS
TOUCHANTAUMARCHEUROPEN.
5.CommeonaconcludanslecadredelIntroductionGnrale(voirparagraphes1et
2) ledroit europende la concurrenceest tout fait applicableauxentreprisesdestats
tiers.Ainsi,encontinuant larecherche,onposeplusieursquestionsauseinduTitre Ide la
premirepartiedelathse.Premirement,ilfautprciserquiappliqueledroiteuropende
la concurrence aux entreprises des tats tiers et de quelle faon? Deuximement, il est
ncessaire de montrer clairement quels problmes apparaissent en cas dapplication du
droiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers?
Parconsquent, leTitre Iestdivisendeuxchapitres: lepremierestconsacr la
rglementation de la concurrence sur lemarch europen visvis aux entreprises non
europennesetledeuximelaprocduredapplicationdesnormesdudroiteuropenaux
entreprises des tats tiers.Consquemment, lesconditionsdans lesquelles lesentreprises
des tats tiers sont obliges de prendre en considration les rgles europennes de la
concurrence et, donc, de les respecter seront analyses et aussi quelles sont les
consquences,pouruneentreprisenoneuropenne,encasdeviolationdudroiteuropen
delaconcurrence.
37
38
Chapitre 1. Lapplication du droit europen de la concurrence aux entreprises destats
tiers.Larglementation.
Cestlaconcurrencequimetunprixjusteauxmarchandises
etquitablitlesvraisrapportsentreelles.
Montesquieu,
DelEspritdeslois.32
6. Les notions de base et la rglementation. Dans le cadre du prsent chapitre,
laccentseramissurlesnormesmatriellesdudroiteuropendelaconcurrenceapplicables
surtout aux entreprises noneuropennes, ce qui servira de fondement pour toute la
recherche. Ainsi, le chapitre est divis en cinq sections: (1) la notion dentreprise, (2) la
thorie de leffetcomme le fondement de lapplicabilit du droit europen de la
concurrenceauxentreprisesdestatstiers,(3)lesrglesessentiellesdudroiteuropende
laconcurrenceapplicablesauxentreprisesdestatstiers,(4)lesinstitutionseuropennes
appliquant telles rgles, et (5) les conditions et critres dapplication de ces rgles
labores par les institutions comptentes. Ces sections schmatisent le systme du
conceptdelapplicationdudroiteuropendelaconcurrenceauxentreprisesdestatstiers.
Sansladoptiondelathoriedeleffet,ilestimpossibledappliquerledroiteuropendela
concurrencedemanireextraterritoriale;dsquonadmetlapplicabilitdudroiteuropen
delaconcurrenceauxentreprisesnoneuropennes,ondoitidentifierquiexactementces
normessontdestines,quellessontlesrglesessentielles,autrementdit,quelleestlabase
du droit europen de la concurrence, et, finalement, qui applique ces rgles et de quelle
faon.
32Sur la nature du droit de la concurrence voir, par exemple,Oles ANDRIYCHUK,Rediscovering the Spirit ofCompetition:On theNormativeValueof theCompetitiveProcess, EuropeanCompetition Journal,Vol.6N3December2010,pp.575610.VoiraussiRogerJ.VANDERBERGH,PeterD.CAMESASCA,EuropeanCompetitionLaw and Economics. A Comparative Perspective, Intersentia, 2001, 598 p.; Competition Law: EuropeanCommunity.PracticeandProcedure.ArticlebyArticleCommentary,1stedition,generaleditors:GnterHIRSH,Frank MONTAG, Franz Jrgen SACKER, Sweet&Maxwell, London, 2008, 2845p. et Ioannis LIANOS, LaTransformationduDroitdelaConcurrenceparleRecoursl'AnalyseEconomique,EmileBruylant,2007,1688p.
39
Aprs avoir discut et analys attentivement ces cinq sujets onpourra aborder les
questionspluscomplexes,mentionnescidessus.Toutefois,avantdecommencerlanalyse
dequestionsparticuliresetspcifiques,ilestncessaire,commenoncdjplusieursfois,
de prsenter la base lgislative et les principes fondamentaux du droit europen de la
concurrenceconcernantlesentreprisesnoneuropennes(comme,parexemple,lafameuse
thoriedeleffet)etlesinstitutionsessentiellesappliquantcedroitdanslebutdeprsenter
le cadre gnral de la thse en vue de montrer la ncessit dadoption des normes
internationales du droit de la concurrence dans le but de protger la concurrence de
manireefficaceetadquatedanslemondedelconomieglobale.
Section1.Dfinirlentreprise.
Comme laprsentethseestconsacreauxentreprises ilestplusquencessairede
dfinir la notion d entreprise. Ainsi, ce paragraphe est consacr la dfinition de la
notiondentreprise,delunitdentrepriseetdesrelationsmrefiliale.
1.Lanotiondentreprise.
7.Toutdabord,ilfautsoulignerquelesarticles101et102TFUEvisentexpressment
les comportements adopts par les entreprises, pourtant la notion dentreprise nest pas
dfiniepar le Trait, de telle sorteque touteffortpourdfinir lanotiondentreprisedoit
sappuyeressentiellementsurlajurisprudence.
Trstt,laCourdejusticeaprcisquelanotiond'entreprisetaitavanttoutde
natureconomique.33L'accentmis sur l'unitconomique pluttque sur l'entit juridique
taitclairementnonc,parexemple,danslarrtHydrothermen198434:
Lanotiondentreprise,placedansuncontextededroitdelaconcurrence,doittre
comprisecommedsignantuneunitconomiquedupointdevuede l'objetde l'accorden
causemmesi,dupointdevuejuridique,cetteunitconomiqueestconstituedeplusieurs 33Lentrepriseestconstitueparuneorganisationunitairedlmentspersonnels,matrielsetimmatriels,rattache un sujet juridiquement autonome, et poursuivant dune faon durable un but conomiquedtermin,CJCE,12.07.1962,Mannesmannc/HauteAutorit,Aff.19/61,Rec.00675,point705.34CJCE, 12.07.1984,HydrothermGertebauGmbH v Compact del Dott. Ing.Mario Andreoli& C. Sas., Aff. C170/83,Rec.1984p.02999,point11.
40
personnes, physiques ou morales. 35 La dfinition dun ensemble donn de personnes
commeentrepriseestundescritreslespluscruciauxdelanalysedelaCommissionetde
laCourdeJusticedanslecadredelapplicationdesarticles101et102TFUE,danslamesure
ocesarticles,situsaucurmmedudroiteuropendelaconcurrence,sontdestinsaux
entreprises et y sont applicables sans considration de leur nature juridique ni de leur
organisation. Cependant, il faut noter que, pour des raisons dapplicabilit effective, les
dcisionsstatuantsuruneinfractionnepeuventtreadressesquauxentitsdotesdela
personnalitmorale.36
Enoutre,danslaffaireGeneralQumicaetautresc.Commission37laCouradcritla
notion dentreprise de manire trs prcise. En premier lieu, il est raffirm quune
entreprise est toute entit poursuivant une activit conomique, sans considration de
sonfinancementnidesonstatutjuridique38,etque,parailleurs,elledoitsanalyserenune
unitconomique, laquellepeutsecomposerdepersonnes juridiquementdistinctes. Ilen
rsultelogiquementque,puisquetouteentitconomiqueviolantledroitdelaconcurrence
doit rpondre de cette violation eu gard au principe de responsabilit personnelle39, la
filialenepeut esquiver la responsabilitdcoulantdes actes commispar sa filiale lorsque
mreetfilialenefontquuneseuleetmmeunitconomique,enparticulierlorsque,bien
que dote dune personnalit juridique distincte, cette filiale ne dcide pas de son
comportement sur lemarchdemanire indpendante,maisaucontraire se contentede
mettre en uvre, pour toutes les questions importantes, les instructions reues de la
socitmre, au vu des liens conomiques, organisationnels et juridiques entre les deux
35VoiraussiTPI,10.03.1992,ShellInternationalChemicalCompanyc/Commission,Aff.T11/89,Rec.1992p.II00757,point311;CJCE,24.10.1996,VihoEuropeBVvCommission,Aff.C73/95P,Rec.1996p.I05457,points50, 53; TPI, 11.03.1999, ARBED c/ Commission, Aff. T137/94, Rec. 1999 p. II00303, point 90, et TPI,11.03.1999,Unimtalc/Commission,Aff.T145/94,Rec.1999p.II00585,point600.36CJCE,10.09.2009,AkzoNobeleta.c/Commission ,C97/08P,Rec.2009p.I08237,point57:Linfractionaudroitcommunautairedelaconcurrencedoittreimputesansquivoqueunepersonnejuridiquequiserasusceptibledesevoirinfligerdesamendesetlacommunicationdesgriefsdoittreadressecettedernire().Ilimportegalementquelacommunicationdesgriefsindiqueenquellequalitunepersonnejuridiquesevoit reprocher les faits allgus. Voir aussi Richard BURNLEY, Group Liability for Antitrust Infringements:ResponsibilityandAccountability,WorldCompetitionJournal,Volume33,Issue4,December2010,p.596.37CJCE,20.01.2011,GeneralQumicaeta.c/Commission,Aff.C90/09P,points3440.38 Voir CJCE, 28.06.2005, Dansk Rrindustriand et a. c/ Commission Aff. jointes C189/02P, C202/02P,C205/02P toC208/02PetC213/02PRec.2005 I5488,point112;CJCE,10.01.2006,CassadiRisparmiodiFirenzeeta.,Aff.C222/04,Rec. 2006p. I00289,point107,etCJCE,11.07.2006,FENIN c/Commission,Aff.C205/03P,Rec.2006p.I06295,point25.39AkzoNobeleta.c/Commission,point56.
41
personnesmorales40, ou suivant la prsomption de dtention totale nonce dans larrt
Akzo.
De leurct, les juristesamricainstrouvent leconceptdentreprisesibyllin,et
tandisquepresquechaqueanalysedelaCourdeJusticeoudelaCommissioncommencepar
chercher tablir si les acteurs reprsentent une entreprise ou une association
dentreprises,lestribunauxamricainsneconsacrentpresquepasdnergierecherchersi
ledroitantitrustsappliqueauxentitsencause.Cependant,commeiltaitmentionnau
dessus,leTFUEnedfinitpasletermeentreprise.41
Commeon lanotauparavant, la jurisprudencenonceque lanotiondentreprise
comprend toute entit exerant une activit conomique, indpendamment du statut
juridique de cette activit et de son mode de financement. Il peut sagir dun
dmembrement de ltat sans personnalit juridique autonome (service de monnaies et
mdailles, direction de la mtorologie nationale en France), dune socit, dun
tablissement public, de coopratives, de fondations, dentreprises artisanales ou de
personnesphysiquesexerantuneactivitconomique.42
8. Lactivit conomique. La question qui se pose est alors la suivante: questce
quuneactivit conomique?Selon ladoctrine, il sagitdetouteactivitdurablequi
consisteproduire,distribueroucommercialisersesrisquesunbienouunservicesansquil
yaitlieudeconsidrerlanaturedelactivit,lanaturedubienouduservice,nilaqualitou
lestatutdelentitquiexercecetteactivit43.Toutefois,laCommissioneuropennedfinit
uneactivitconomique commeuneactivit,but lucratif ounon,qui impliquedes
changes conomiques44. La nature de lactivit conomique en cause importe peu au
regarddelaqualification.Sagissantdesentitsdedroitpriv,leprincipeatappliquaux
hypothses lesplusdiverses,parexemple,auxexpditeursendouane45,auxorganisations
40AkzoNobeleta.c/Commission,point58.41TheBoundrariesofECCompetitionLaw:TheScopeofArticle81, reviewedbyTerryCALVANI,TheAntitrustBulletin,Vol.51,N4/Winter2006/1023.42CatherineGRYNFOGEL,Droitcommunautairedelaconcurrence,L.G.D.L.,Paris,2008,pp.1719.43 Ch. BOLZE, Revue de Jurisprudence communautaire, n spcial, Novembre 1987, cit par CatherineGRYNFOGEL,Droitcommunautairedelaconcurrence,L.G.D.L.,Paris,2008,pp.17.44DcisiondelaCommission,du20juillet1999,relativeuneprocdured'applicationdel'article82dutraitCEetdel'article54del'accordEEE(AffairenIV/36.888Coupedumondedefootball1998)[notifiesouslenumroC(1999)2295].45TPI,30.03.2000,CNSDc/Commission,Aff.T513/93,Rec.2000p.II01807.
42
sanitaires 46 , aux mandataires agrs auprs de lOffice europen de brevets 47 , aux
architectes 48 et aux avocats, qui, exerant une activit conomique, sont qualifis
dentreprisesausensdudroiteuropendelaconcurrencesansquelanaturecomplexeet
techniquedesservicesquils fournissentet lacirconstanceque lexercicede leurprofession
estrglementsoientdenaturemodifierunetelleconclusion49.50
Pourtant, cest le fait doffrir des biens ou des services sur un march donn qui
caractriselanotiondactivitconomique,nonlactivitdachatentantquetelle51.Celleci
ne relve du droit de la concurrence que si elle seffectue en vue dune revente sur le
march.Ds lors, cest bien le caractre conomiquede lutilisationultrieure duproduit
achetqui dterminera le caractrede lactivit dachat. Par applicationde ces principes,
lorganisme grant le systme national de sant publique en Espagne qui fournit
gratuitement des prestations de sant ses assurs ne constitue pas une entreprise,
lorsquil achte les produits utiliss dans les hpitaux espagnols une association (la
FENIN):danscecas,ilnevendpassesprestationssurunmarch.52Celatant,cepremier
critre de lentreprise connat deux exceptions, savoir lexercice de prrogatives de
puissancepubliqueetlaccomplissementdunefonctionexclusivementsociale.53
2.Laresponsabilitdelasocitmre.
9. Aprs avoir dfini la notion de lentreprise, il est logique danalyser les relations
entre la socitmre et sa filiale, comme il arrive souvent quune entreprise europenne
soitunefilialeduneplusgrandeentreprisenoneuropenne.Ainsi,onposelaquestionde
savoir sil est possible dimposer galement des amendes la socitmre du fait des
violationsdudroitdelaconcurrencecommisesparsafilialesurlemarcheuropen?Cette
questiontaitabordepourlapremirefoislammepoquequelathoriedeleffettait
formuledanslarrtBguelin.
46CJCE,25.10.2001,FirmaAmbulanzGlcknerc/LandkreisSdwestpfalz,Aff.C475/99,Rec.2001p.I08089.47TPI,28.03.2001,IMAc/Commission,Aff.T144/99,Rec.2001p.II01087.48CJCE,29.11.2001,GiuseppeContec/StefaniaRossi,Aff.C221/99,Rec.2001p.I09359.49CJCE,19.02.2002,Wouterseta.,Aff.C309/99,Rec.2002p.I01577.50VoirCatherineGRYNFOGEL,Droitcommunautairedelaconcurrence,L.G.D.L.,Paris,2008,pp.1719.51FENIN,C205/03P,op.cit.52CatherineGRYNFOGEL,Droitcommunautairedelaconcurrence,L.G.D.L.,Paris,2008,pp.1719.53Ibidem.
43
Ce furent les arrts Sandoz et Geigy (aussi connu comme laffaire matires
colorantes et Dyestuffs) qui se prononcrent sur la possibilit de poursuivre une
entreprise ayant son sige dans un pays tiers pour les restrictions de la concurrence
survenues sur le march europen54. Dans le cadre de ces arrts la Cour prcise que le
comportement des filiales dentreprises trangres qui avaient dtermin de manire
imprative lesprixet lesautresconditionsdeventedeces filialesmettaitdirectementen
causelessocitsmrestrangres.Pourlapplicationdelarticle101TFUE(cettepoque
larticle 85 TCE) une entreprise dun pays tiers, il nest pas requis que cette entreprise
disposeduntablissementlintrieurdumarchinterne(point13).55Laresponsabilitde
lasocitmreendroiteuropendelaconcurrenceestaussidiscuteendtailsdanslale
cadrededeuximepartieduprsentchapitre.
Selon Sandoz et Geigy: La Communaut a le pouvoir de prendre les dispositions
ncessaires pour garantir lefficacit des mesures institues en vue datteindre les
comportements prjudiciables la concurrence qui se sont manifestes dans le march
commun,mmesilauteurdecesfaitsasonsigedansunpaystiers(point4).
Un an plus tard, dans larrt Europemballage Corporation et Continental Can
Company56la Cour se trouva confronte encore une fois au mme problme. La socit
amricaine Continental Can avait pris, par lintermdiaire de sa filiale 100 %
Europemballage Corporation, contrle de la plus importante entreprise allemande
fabriquantdesemballagesmtalliques,puisceluidelaplusgrandeentreprisenerlandaise
dummesecteur.57
LaCommissionavaitcondamncettedernireacquisitionsurbasedelarticle86TCE
(102 TFUE), estimant que Continental Can dtenait une position dominante et avait ainsi
exploitabusivementcetteposition.LessocitsContinentalCanetEuropemballageavaient
introduit un recours en annulation devant la Cour. Quoique, en lespce, la Cour ait
54CJCE,14.07.1972,SandozAGc/Commission,Aff.5369,Rec.1972,p.00845;CJCE,14.07.1972,J.R.GeigyAGc/Commission,Aff.5269,Rec.1972,p.00787.VoiraussiImperialChemicalIndustriesLtd.c/Commission,Aff.4869;BadischeAnilin&SodaFabrikAGc/Commission,Aff.4969;FarbenfabrikenBayerAGc/Commission,Aff. 5169; SA franaise des matires colorantes (Francolor) c/ Commission, Aff. 5469; Casella FarbwerkeMainkur AG c/ Commission, Aff. 5569; Farbwerke Hoechst AG c/ Commission, Aff. 5669; Azienda ColoriNazionaliACNAS.p.A.c/Commission,Aff.5769.55AlexJAQUEMIN,Entreprisestrangresetpolitiqueeuropennedeconcurrence,Revuetrimestriellededroiteuropen,1973,p.415416.56CJCE,21.02.1973,EuropemballageCorporationetContinentalCanCompanyc/Commission,Aff.672,Rec.1973,p.00215.Voir aussiValentineKORAH,An IntroductoryGuide toECCompetition LawandPractice, 9thedition,HartPublishing,Portland,2007,p.144.57AlexJAQUEMIN,Entreprisestrangresetpolitiqueeuropennedeconcurrence,op.cit.,p.420.
44
effectivement annul la dcision de la Commission parce que cette dernire navait pas
dlimit assez nettement le march en cause, elle a cependant confirm linterprtation
extensivequelaCommissionadonnlarticle86(102TFUE).58
Aucoursdesplaidoiries,lespartiesrequrantesontvoqulargumentselonlequella
Commission aurait outrepass ses pouvoirs: la dcision attaque (les articles 1 3) visait
ContinentalCanqui,nayantpasdesigeetnexerantaucuneactivitsurleterritoiredes
tats membres, ne serait pas, selon les principes gnraux du droit des gens, soumise
lautoritde laCommission,ni la juridictionde laCourde Justice.Autrementdit, onne
saurait imputer cette entreprise le comportement de sa filiale, sans porter atteinte au
principefondamentaldelautonomiedelapersonnalitjuridique.59
La Commission a rtorqu que mme en appliquant strictement le principe de
territorialit,ilnefaitpasdedoutequelestats(ainsiquelUE(CEcettepoque))sont
habilitsappliquer leur lgislationauxactesaccomplissur le territoiredexercicede leur
souverainet, quelle que soit la nationalit des auteurs de ces actes. Continental a
prcismentagi lintrieurde laCommunaut (lUE)par lintermdiairedune filiale. Les
argumentsdesrequrantsrelventdslorsdunecooprationformelle.Comptetenudu
butdanslequelContinentalaconstituEuropemballageetdufaitquecelleci,bienquayant
unepersonnalitjuridique,navaitaucuneindpendanceconomique,onnesauraitprendre
enconsidration lapersonnalit juridiquedEuropemballageauxfinsdapplicationdudroit
europende laconcurrence.Ainsi,danssonarrt, laCourdonne,surcepoint, raison la
Commission.60Lefaitquelafilialeaitunepersonnalitjuridiquedistinctenesuffitpaspour
carter la possibilit de son comportement soit imput la socitmre; le fait que
ContinentalCanntaitpastablisurleterritoiredundestatsmembresnesuffitpaspour
lasoustrairelapplicationdudroiteuropendelaconcurrence.61
Trente ans plus tard la Cour raffirme cette position dans sa dcision Archer62en
nonantque:Lasocit,auseindungroupe,assurelacoordinationdelaproductionet
58Ibidem.59Ibidem.60Ibidem.61Ibidem. Voir aussi Jean BOULOUIS, RogerMichel CHEVALLIER, Daniel FASQUELLE, Mark BLANQUET, Lesgrandsarrtsdelajurisprudencecommunautaire,Tome2.Droitcommunautairedesaffaires.Marchintrieur.Politiquescommunautaires.5edition.Dalloz,Paris.2002,pp.310325.62 TPI, 9.07.2003, ArcherDaniels Midland Company etArcherDaniels Midland Ingredients Ltd c/Commission,Aff.T224/00,Rec.2003p.II02597.
45
de la vente des produits sur le march europen est concerne directement et
individuellementparunedcision,priseparlaCommissionsurlefondementdelarticle85du
Trait,adresseuneautresocitdummegroupetabliedanslundestatsmembreset
relativesapolitiquedelivraisonversunautretatmembre.
Aujourdhuiencherchantimputerlaviolationdudroiteuropendelaconcurrence
dune filiale sa socitmre la Commission Europenne utilise un algorithme en trois
tapes:
1) Elle identifiequelle entit exacte sest conduite illgalement (par exemple, une
foistabliquedesemploys63oudesmandataireseffectifs64onteudescontacts
constitutifs dune collusion, leur employeur ou mandant sera responsable de
leursactesmmesilsignoraientquelereprsentantdelentrepriseavaitcommis
linfractionenquestion);
2) Puiselle vrifie si lapersonnemoraleen jeu faitpartiedungroupequipourra
tretenuresponsabledelinfractionenqualitdunitconomique;
3) Enfinelledterminequelle(s)entit(s), lintrieurdecetteentitconomique
unique, sera(ont) tenue(s) responsable(s) de linfraction pour ce qui est de
limpositiondelamende.
Il convient de noter que, lorsquil est prouv que la socitmre a donn des
instructions sa filiale ayant pris part lentente ou tait consciente du comportement
incrimin (sans tre intervenue), ladite socit mre sera considre comme participant
directe la violation de la rglementation sur les ententes, et partant, responsable
directementetindividuellement.Parailleurs,lessocitssituesaudessusdelafilialedes
niveaux divers de lorganigramme peuvent tre tenues solidairement responsables pour
avoir exerc leur influence sur la politique commerciale de la filiale en infraction, ce qui
renforcelesconclusionsdelaCommissionlorsdeleurexamensubsquentparlaCour.65
63CJCE,7.06.1983,Musiquediffusionfranaisee.a.c/Commission,Aff. jointes100/80103/80,Rec.1983p.01825,point 97; TPI, 20.03.2002,HFBe.a. c/Commission, Aff. T9/99,Rec. 2002p. II01487,point 275; TPI,20.03.2003,BruggRohrsystemec/Commission,Aff.T15/99,Rec.2002p.II01613,point58;TPI,29.04.2004,TokaiCarbonvCommission,Aff.T236/01,Rec.2004p.II01181,point277.64TPI,11.12.2003,MinoanLinesc/Commission,Aff.T66/99,Rec.2003p.II05515,points138139.65Pourplusdinformationsur la responsabilitparentaleendroiteuropende laconcurrencevoirEkaterinaISLENTYEVA,Likefather likesonTheparental liabilityundertheEUcompetition lawtoday,GlobalAntitrustReview2011,acessiblesurhttp://www.icc.qmul.ac.uk/GAR/GAR2011/GAR%20journal%202011.pdf
46
I.Lunitconomique.
10. Les actions entreprises par une filiale peuvent, selon la Cour de Justice et la
CommissionEuropenne,treimputessasocitmrelorsqueladitefilialenedtermine
pas sa propre conduite sur le march de manire indpendante, mais au contraire, se
contentedemettreenuvre,pourtouteslesquestionsimportantes,lesinstructionsreues
de la socitmre, au vu des liens conomiques, organisationnels et juridiques entre les
deux personnes morales. Dans une telle situation, mre et fille constituent une unit
conomique et donc une seule et mme entreprise au sens du droit europen de la
concurrence.66
Il est intressant de noter que dans laffaire Imperial Chemical Industries Ltd c/
Commission en 1972 (aussi connu comme ICI, matires colorantes et Dyestuffs) la
CourdeJusticeavaitlapossibilitdeseprononcersurlapplicationextraterritorialedudroit
delaconcurrence,maissestabstenuedestatuersurlexistenceoulabsencedeladoctrine
deffet dans le cadre du droit europen de la concurrence et a fond sa dcision sur la
doctrine de lunit conomique. Le jugement tait critiqu lgard de ladite approche,
surtout en prenant en considration le fait que les preuves dexistence de lunit
conomiquentaientguresubstantielles.67PourtantlaCommission,supporteparlAvocat
gnralMayras,afavorislacceptationdeladoctrinedeffet68.Elleasoutenulidequeles
effetssubstantielsetprvisiblessurlemarcheuropendevaientprovoquerlapplicationdu
droiteuropendelaconcurrence.69
Lautre arrt important mentionner dans le cadre de cette discussion est larrt
Knauf Gips.70Cette dcision rendue par la CJUE a fourni dintressantes pistes quant aux
caractristiquesdeladiteunitconomiquedansunesituation(idiosyncratique)desocits
sursdtenuesparuneseulefamille.LaCourarappellasocitappelante(KnaufGips)
que Lexistence dune unit conomique peut ainsi tre dduite dun faisceau dlments
66AkzoNobele.a. c/Commission,op.cit., voiraussiErikH.PIJNACKERHORDIJKandSimone J.H.EVANS,TheAkzoCase:UpaCorporatetreeforParentalLiability forCompetitionLawInfringements, JournalofEuropeanCompetitionLawandpractice,2010,Vol.1,No.2,p.127.67ArielEZRACHI,ECCompetitionLaw.AnAnalyticalGuidetotheLeadingCases,HartPublishing,Portland,2008,p.277.68Conclusionsjointesdel'AvocatgnralMayrasprsentesle2mai1972,Rec.1972p.00619.69ArielEZRACHI,ECCompetitionLaw.AnAnalyticalGuidetotheLeadingCases,op.cit.,pp.273274.70CJCE,01.07.2010,KnaufGipsKGvCommission,Aff.C407/08P,Rec.2010p.I06375.
47
concordants,mmesiaucundeceslments,prisisolment,nesuffitpourtablirlexistence
dunetelleunit.71
Leregroupementdelamreetdelafilledansuneseuleetmmeentreprisepermet
laCommissioneuropenneetlaCourdelesdclarertoutesdeuxresponsablespourles
infractionsdudroitdesententescommisesdirectementparlafilleseulement.Desurcrot,il
estde jurisprudenceconstanteque laCommissiona lapouvoirdimputer la responsabilit
dcoulantduneconduiteillgalesoit lamre,soit lafille,soit lamreet lafillede
maniresolidaire.72
II.Influencedcisive:telpre,telfils.
11.Gnralement,selonlajurisprudenceeuropenne,lasocitmrepeutexercer
uneinfluencedcisivesurlaconduitedesafilialeetilyauneprsomptionrfragableque
ladite socitmre exerce effectivement cette influence sur sa filiale. Le critre essentiel
consisteenlexercicerelparlasocitmreduneinfluencedcisivesurlaconduitedesa
filiale, laquelle influence peut tre prsume lorsque la mre dtient prs de 100 % du
capitalsocialdesafiliale.Siunetelleinfluenceexistebeletbien,lasocitmrepeuttre
tenueresponsabledelinfractiondudroiteuropendelaconcurrencecommiseparsafiliale,
moinsquelleneparviennedmontrerlacomplteautonomiedecettefiliale.Bienquen
droit europen des fusions, la simple possibilit de contrle suffise caractriser une
concentrationpourlesbesoinsdelimputationdesviolationsdesarticles101ou102TFEU,il
est ncessaire de prouver la fois lexistence dune possibilit de contrle et celle de
lexerciceeffectifduditcontrle(lequelpeuttreprsumdanslesconditionsprvuesparla
jurisprudence).
71Enlespce,lesactionnairesdelasocitmreetdesautressocitsdugroupesontlesmmes,savoir21personnesphysiquesappartenant lammefamille; lesdeuxassocisenchargede lagestionde lasocitmreoccupaientcettemmefonctionauprsdesautressocits;uncontratdefamillestipuleenfinque lessocits du groupe seront soumises une direction et une gestion uniques. De manire encore plusremarquable, laCouraprisnoteque toutes les statistiquesdeventecommuniquspar lappelante faisaientrfrencelintgralitdessocitsdugroupeetqueladiteappelantea,demanirespontane,communiqulaCommissionleschiffresdaffairesdetoutescessocitslorsdelaphaseprjudiciaire(points6571).72TPI, 24.03.2011, Pegler c/ Commission, Aff. T386/06, point 103; voir aussi TPI, Raiffeisen Zentralbanksterreicheta.c/Commission,Aff.jointesT259/02T264/02etT271/02,Rec.2006p.II05169,point331.
48
Lautre facteur important dans cette quation est la priode pertinente. Lors de
lanalyseduneaffairedonne,laCommissioneuropenneexamineralapriodepertinente
aucoursdelaquellelasocitmrea,ounapas,exercuneinfluencedcisive.
Ainsi,onpourraitsedemandersi lasocitmreseratenueresponsabledufaitde
limplicationdesafilialedansuneententeparcequelesdeuxsocitsreprsententenfait
uneseuleunitconomiqueetquelesactionsdelunequelconquedesdeuxneseraquela
suite de leur stratgie gnrale. Il est tentant de proposer, avec une certaine ironie, que
lantiqueapprochetelpre,telfils,oudanscecasparticulier,peuttre,telfils,telpre,
rsume lattitude gnrale de la jurisprudence europenne en matire dimposition
damendes la socitmre du fait des infractions au droit europen de la concurrence
commisesparsafiliale73.Apparemment,onprsumequilesttrsimprobablequunefiliale
dtenuepresqueintgralementpuissetreimpliquedansuneententesanslasupervision
de sa mre (tel pre, tel fils), par consquent, la mre doit tre punie pour le
comportementdesafille(telfils,telpre).
12.Laresponsabilitdelasocitmre.Parailleurs,lamotivationdelaCommission,
lorsquelledcidede tenirune socit responsable,est ladissuasion, laquelle se compose
daumoinsdeuxlments:dunepart,lemontantdelamendeaugmenteconsidrablement
avecladimensiondelentreprise:parexemple,leplafond(10%)delamendeestcalculsur
lechiffredaffairetotaletmondialdelasocitmre(legroupe)74etdesmultiplicateurs
finsdissuasivespeuventtreprononcscontredesentitsparticulirementvastes.Dautre
part, la responsabilit solidaire dune socitmre solide financirement assure dans la
plupart des cas que lamende sera effectivement paye et a un effet disciplinaire plus
prononcquantaugroupeprisdanssonensemblequuneamendeprononcelencontre
duneentitplusmodeste.
Il est intressant de noter quaux tatsUnis, une socitmre ne peut tre tenue
responsabledufaitdesagissementsdesafilialequesicettesocitmretaitellemme
directement implique ou si la distinction juridique apparente entre mre et fille est un
leurre.75En effet, la pierre angulairede la responsabilit sociale en droit amricain est la
73CetteanalogieestjusteuneillustrationetnesuggrepasquelaCommissioneuropenneprsumequelesentreprisesformentuneseuleentitsansvrifierquecestbienlecas.74Voir, par exemple, TPI, 29.04.2004,Tokai Carbon andOthers v Commission, Aff. jointes T71/03, T74/03,T87/03etT91/03,Rec.2004p.II01181,point390.75PeterNYGH,TheLiabilityofMultinationalCorporationsfortheTortsoftheirSubsidiaries,EuropeanbusinessOrganizationLawReview2002/3:5181,p.65.
49
prsomption de sparation entre entits juridiquement distinctes, 76 qui peut tre
combattue en perant ou en soulevant le corporate veil (voile social), mais les
tribunauxsontpeuenclinsadmettredetellesexceptions.77Unesimpledtentiondeparts,
uncontrlecommun,etunesurveillanceactivede lafillepar lamrenesuffisentpas.On
doit prciser toutefois, que laprocduredepleabargaining (approximativement plaider
coupable)conduitdansdenombreuxcasunecooprationentrecoupableetautoritsde
concurrence78, y comprisquantunaccord sur lapersonnemorale tenue responsableau
seindugroupe.
III.Laprsomptiondedtentionintgrale.
13.LejugementrenduparlaCJUEdanslaffaireAkzoreprsenteundveloppement
importantdelajurisprudencemodernesurlaresponsabilitparentaleduneentreprise
mrepourlesactionsdunedecesfiliales.Cetarrtindiquelamarchesuivredanslescas
o une socitmre est dclare responsable sur la base dune prsomption dinfluence
dcisive sur une filiale intgralement ou presque intgralement. Simultanment, larrt
permit de clore le dbat portant sur linterprtation de la jurisprudence antrieure
concernantlutilisationdelaprsomptionsanspreuvesadditionnelles.
En substance, cette dcision a confirm linterprtation par la Commission dune
longue srie de jurisprudence antrieurement Akzo. La prsomption de dtention
(presque) intgraleestapparuepour lapremire fois,demanire implicite,dans laffaire
ICI79, loccasion de laquelle la Cour a utilis pour la premire fois la notion d"unit de
groupe"puisatformuleexpressmentdansladcisionAEG80.Laprsomptionatpar
lasuiteconfirmeparlaCourdeJusticedansBPBIndustries81etStora82,etpareillementpar
76Ibidem.77VoirA.M.Kashfiv.PhibroSalomon,Inc.,628F.Supp.727;1986U.S.Dist.LEXIS29337,[**11].78VoiraussiWalterE.Heller&Co.v.VideoInnovations,Inc.,730F.2d50,53(2dCir.1984)etMilesv.AmericanTel.&Tel.,730F.2d193,19596 (5thCirc.1983),etCoastalStatesv.Zenith,446FSupp.At337,Williamsv.McAllister,534F.2dat21andFidenasA.G.v.Honeywell,Inc.,501F.Supp.1029,103538(S.D.N.Y.1980).79CJCE,14.07.1972,ICIc/Commission,Aff.4869,Rec.1972p.00619,point139.80CJCE,25.10.1983,AEGc/Commission,Aff,107/82,Rec.1983p.3151,point50.81CJCE, 6.04.1995,BPB Industries andBritishGypsum c/ Commission, Aff. C310/93 P, Rec. 1995 p. I00865,point11.82CJCE,16.11.2000,StoraKopparbergsBergslagsc/Commission,Aff.C286/98P,Rec.2000p.I09925,point29.
50
le Tribunal dans Stora 83 , Limburgse Vinyl, 84 Michelin II,85 Tokai Carbon (II) Specialty
Graphites (unesocit japonaise),86GluconatedeSodium87etDaimlerChrysler (unesocit
amricaine),88entre autres. Il est noter que la Cour na requis dindices additionnels
commeconditiondapplicationdelaprsomptiondansaucundecesarrts.
LadcisionAkzoaaffirmque:
ilexisteuneprsomptionrfragablederesponsabilitdessocitsmresdufaitdes
infractionsdeleurfilleslarglementationdesententesdanslecasdunedtention
100 %89, car en un pareil cas ladite socit mre exerce effectivement une
influencedterminantesurlecomportementdesafiliale.90
IV.LaprsomptionaucribledelaCourEDH.
14. Une socit nerlandaise, dont le nom na pas t rendu public, a rcemment
demand la Cour Europenne des Droits de lHomme (Cour EDH) dexaminer la
prsomptiondedtention intgrale,aumotifquecelleci violerait certainesdispositions
delaConventionEuropennedesDroitsdelhommesurlaprsomptiondinnocence.91Bien
que le sort de cettedemande soit encore inconnu, il faut noter que les cas antrieurs de
83TPI,14.05.1998,StoraKopparbergsBergslagsc/Commission,Aff.T354/94,Rec.1998p.II02111,points7884.84TPI,20.04.1999,LVMe.a.c/Commission(PVC II),Aff. jointesT305/94,T306/94,T307/94,T313/94toT316/94,T318/94,T325/94,T328/94,T329/94etT335/94,Rec.1999p.II00931,points961,984et985.85TPI,30.09.2003,Michelinc/Commission(MichelinII),Aff.T203/01,Rec.2003p.II04071,point290.86TPI,15.06.2005,TokaiCarbonCo.c/Commission(TokaiIISpecialtyGraphites),Aff.jointesT71/03,T74/03,T87/03etT91/03,Rec.2005p.II00010,points5860.87TPI,JungbunzlauervCommission,Aff.T43/02,point125;TPI,AvebevCommission,Aff.T314/01,point136;AkzoNobelNVc/Commission,op.cit.,point83.88TPI,15.09.2005,DaimlerChryslerAGc/Commission,Aff.T325/01,point221.89ErikH.PIJNACKERHORDIJK,SimoneJ.H.EVANS,TheAkzoCase,op.cit.,p.127.(Lesitaliquessontmoi).90LaffaireAkzo concernait une entente entre les principaux producteurs europens de chlorure de choline(vitamineB4).Lesparticipantseuropenslententeontconcluunaccordsurlesprixetlesaugmentationsdetarifspourcertainsmarchsnationauxetpourlesconsommateursindividuels,sesontmutuellementaccorddespartsdemarch,etsesontconvenusdecontrler lesdistributeurset lesconvertisseursduproduit,afindviter toute concurrence extrieure. Le 9 dcembre 2004 la Commission dans sa dcision a nonc quelentente constituait une grave infraction larticle 101 TFUE et a impos des amendes aux membreseuropens du cartel. Pour fixer le montant de lamende la Commission a pris en considration le poidsconomique de lentreprise prise dans son ensemble plutt que de se contenter de celui des quatre filialesdirectementimpliquesdanslentente. Concernant la possibilit de rfuter la prsomption voir Richard BURNLEY, Group Liability for AntitrustInfringements:ResponsibilityandAccountability,WorldCompetitionJournal,Vol.33,Issue4,12.2010.91VoirplusdinformationdanslesystmeMLex.
51
prsomption de culpabilit nont pas t automatiquement condamns par la Cour, sa
positiontantnanmoinsqueLarticle6par.2 (art.62)ne sedsintressedoncpasdes
prsomptionsdefaitoudedroitquiserencontrentdanslesloisrpressives.Ilcommandeaux
tatsdelesenserrerdansdeslimitesraisonnablesprenantencomptelagravitdelenjeuet
prservantlesdroitsdeladfense.92
V.Filialespartiellementdtenues.
15. La situation des filiales dtenues dans une proportion nettement infrieure
100%demeureincertaine.Lajurisprudencercentenafourniquunclairageincompletsur
ltendue de la prsomption lorsque la dtention est infrieure 100 %. Le Tribunal a
expressment tendu lapplication de la prsomption au cas dune dtention 98 %,
confirmantainsilapplicationparlaCommissiondelaprsomptiondedtentionintgrale
danslaffaireMCAA.Selonlejuge:latotalitoulaquasitotalitducapitaldunefilialeest
dtenueparsasocitmreetque,parconsquent,cettedernireestenmesuredexercer
uneinfluencedterminantesurlapolitiquecommercialedesafiliale,ilincombelasocit
mre de renverser la prsomption93. Cette position est dans la ligne du jugement plus
anciendu Tribunal dansMichelin c. Commission94, au cours duquel le Tribunal a confirm
lapplicationdelaprsomptionunesocitmredtenantplusde99%maismoinsde100
% de sa filiale. Dans le pass, la Commission a appliqu la prsomption une dtention
majoritairedeseulement96%(FlatGlass95etPeroxydedHydrogneetPerborate96).
DanssadcisionsurlecasdArkema,leTribunalastatuequesocitmrequidtient
laquasitotalitducapitaldesafilialesetrouve,enprincipe,dansunesituationanalogue
celle dun propritaire exclusif, en ce qui concerne son pouvoir dexercer une influence
dterminante sur le comportement de sa filiale, eu gard aux liens conomiques,
organisationnelsetjuridiquesquilunissentavecladitefiliale.Parconsquent,laCommission
estendroitdappliquercettesituation lemmergimeprobatoire,savoir recourir la
prsomption que ladite socit mre fait usage effectif de son pouvoir dexercer une
92ECHR,07.10.1988,Salabiakuv.France,10519/83,point28.Pourplusdinformationsurlesrelationentreledroit de la concurrence et Droit de lHomme voir Linda ARCELIN, Lalliance raisonnable entre droit de laconcurrenceetCEDH,RevueLamydelaConcurrence,Avril/Juin2007N11pp.100110.93TPI,30.09.2009,ArkemavCommission,Aff.T168/05,Rec.2009p.II00180,point70.94MichelinII,op.cit.,point290.95DcisiondelaCommission,FlatGlass,89/93/EEC,JO1989L33,p.44,point451.96DcisiondelaCommission,COMP/F/38.620,HydrogenPeroxideandPerborate,points428429(96.48%).
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influencedterminantesurlecomportementdesafiliale.Certes,ilnestpasexcluque,dans
certains cas, les associs minoritaires puissent disposer, lgard de la filiale, de droits
permettantderemettreencauselanalogiesusvise(point53)97.
Par consquent, on peut se demander jusquo le pourcentage de dtention peut
descendre avant que la Cour ne dcide que la prsomption nest plus applicable, dans la
mesureoladcisionnefournitaucuncritre,numriqueouautre,quantaucalculduntel
plafond.
Rcemment, la CJUE a confirm la position du Tribunal en prodiguant un nouvel
clairage sur la question de la responsabilit parentale loccasion de son jugement en
appelquantlanciennesocitmredArkema,ElfAquitaine.BienquelaCJUEaffirmeque
la leve de la prsomption nest pas en ellemmeune probatio diabolica, elle casse la
dcisionduTribunalcontreElfAquitainedanslamesureoleTribunalnapasassezmotiv
son refus dexclure la prsomption face aux arguments prsents par Elf Aquitaine. Il est
remarquablequeladcisionsappuiesurlanotiondedroitsdeladfense.98Ainsi,aprsles
dcisionsrendueslendroitdArkemaetdessocitsressortantdesongroupe,laquestion
de la dlimitation du domaine dapplication de la prsomption de dtention intgrale
reste ouverte,mais reste dpendante des choix politiques de la Commission Europenne,
laquellesestmontrepourlinstantrticenteappliquerlaprsomptionpourlescasola
participationtaitprochede100%.99
Quandlaconduiteillgaleatmiseenuvreparunecoentreprise,laCommission
examinetouslesfaitsafindedterminersiuneouplusieurssocitsmresontexercune
influencedcisivesurlacoentrepriselpoquepertinente.Jusquici,dansdescassimilaires,
la Commission na pas appliqu la prsomptionmais a dmontr linfluence dcisive des
socitsmres.
97TPI,7.06.2011,ArkemaFrance,AltuglasInternationalSA,AltumaxEuropeSASc/Commission,Aff.T217/06,Rec.2011p.00000.98CJCE,29.09.2011,ElfAquitaneSAvCommission,Aff.C521/09P,Rec.2011p.00000.Voiraussi,ConclusionsdelAvocatGnralM.PaoloMengozziAff.C520/09PElfAquitaneSAc/Commissioneuropenne,point13,oilmentionnequelerequrantnediscutepaslapplicationdelaprsomptionparlaCommissiondanslescasolasocitmredtient98%ducapitaldelafiliale.99Concernant la (non)applicabilit de la prsomption voir Richard BURNLEY, Group Liability for AntitrustInfringements:ResponsibilityandAccountability,WorldCompetitionJournal,Vol.33,Issue4,12.2010.
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16. Responsabilit des socitssurs. Lorsque la Commission Europenne peut
tablirquedessocitssursontagideconcertentantquunitconomique,ellepeuten
teniruneresponsabledelinfractiontandisquecest lautrequiaparticipdirectement.100
Ceci sexpliquepar le fait,quediffrentesentits lintrieurde lentreprisepeuventtre
lieslinfractionetdoncconstitueruneentreprise:habituellement,lafilialeconsacreaux
ventesassisteauxrunionsconstitutivesdelententemaisleproduitfinalestfabriquparla
filialechargedelaproductionettoutesdeuxsontsupervisesparlasocitdegestion.
Ainsi, en guise de conclusion, on pourrait dcrire la prsomption de dtention
presqueintgraleencestermes:siprsde100%despartsdelafilialesontdtenuesparla
mre, on peut prsumer, en droit europen de la concurrence, que cette socitmre a
exercuneinfluencedcisivesurlafilialeetpeutdonctretenueresponsabledelaviolation
dudroitdesententescommiseparsafiliale.Nanmoins,lasocitmrepeutcartercette
prsomptionenprouvantquellenexeraitpasdinfluencedcisivelpoquepertinente.
Conclusion.
17. Ainsi, on voit que si une entreprise noneuropenne a une filiale tablie sur le
territoiredelUEetcettefilialecommetuneviolationdudroiteuropendelaconcurrence,
la socitmrepourratre sanctionnensembleavec telle filiale, sielle (la socitmre)
imposaitlinfluencedterminantesursafiliale.101Ilestintressantdenoterquedanscecas
de figure, il nyapasmmebesoinde la thoriede leffet, la thoriede la responsabilit
parentaleseraitsuffisante.
Consquemment,aprsavoirdterminqueledroiteuropendelaconcurrenceest
tout fait applicable aux entreprises des Etats tiers, suite lapplication de la t