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Phytothérapi © Springr-Vrlag Franc 2012 DOI 10.1007/s10298-012-0714-1 Formation continue Galénique et traitement Tisane : nutraceutique ou pharmaceutique ? L. Burau UFR sciences pharmaceutiques et biologiques, Institut de formation des acteurs de santé (IFAS), université Rennes-I, F-35043 Rennes cedex, France Institut de formation des acteurs de santé (IFAS), F-49130 Les Ponts de Cé, France Correspondance : [email protected] Nous vivons l’ère du changement : d’un côté un reposi- tionnement réglementaire des tisanes, de l’autre l’innova- tion marketing des boissons fonctionnelles. Se pose alors la question du caractère alimentaire ou pharmaceutique des infusions dans un contexte de développement nutra- ceutique. À partir des publications récentes (à partir des bases de données suivantes : Medline sur Pubmed, Else- vier Science Direct et Springer Link), tout d’abord sur le thé puis sur les autres plantes médicinales consommées en infusion, je vais essayer d’éclairer la notion d’effet physio- logique et les difficultés ou limites du concept de nutra- ceutique à la frontière des aliments et des médicaments. Mélanges de plantes : pharmaceutiques [2,4,9,10] hier, nutraceutiques demain… Avec l’avènement des phytomédicaments [3] (majoritairement en volume sur le marché, des poudres de plantes), puis plus récemment celui des compléments alimentaires, la tisane et l’herboristerie (vente des plantes en vrac, plus précisément les drogues végétales sèches coupées menu) sont tombées en désuétude. Si le projet de loi visant le rétablissement du diplôme d’herboriste qui a été soumis au Sénat aboutit, un coup de pouce sera donné au regain d’intérêt actuellement perceptible, notamment avec l’arrivée sur le marché de prépa- rations pour boissons dites fonctionnelles. Au-delà des thés parfumés, des infusions fruitées, après « Saveur du soir ® » (Lipton), « Infusion Rituel du coucher » (NoctaFlor ® , Yves Rocher), Fauchon innove avec la gamme de tisanes « Créa- tive ® » déclinées oxygène, réconfort (mélanges de plantes et huile essentielle [HE] pour infusion). Ces infusions sont mises sur le marché avec un positionnement alimentaire soit en tant que préparations pour boissons sur la base du règle- ment (CE) 1925/2006 [12,13], soit en tant que complément alimentaire au sens du décret 2006-352 (transposition en droit national de la directive 2002/46/CE) [6]. Paradoxalement, certains laboratoires ne renouvèlent pas le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de certains de leurs médicaments à base de plantes, dans le cadre de la directive européenne (2004/24/CE relative aux médicaments traditionnels à base de plantes) [8] et l’échéan- cier prévu et planifié par l’Afssaps. C’est le cas par exemple de plusieurs tisanes du laboratoire Lesourd (Anthylline ® , Arthritisane ® , Gastrotisane ® …) et des Arkofusettes ® du laboratoire Arkopharma qui ne sont plus commercialisées (état de l’AMM : archivée ou abrogée) [90]. En fait, l’article 7 de la loi n o 2011-302 (du 22 mars 2011) modifie l’article 2 de l’ordonnance n o 2007-613 du 26 avril 2007 portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine du médicament. En conséquence, les médi- caments à base de plantes dont la mise sur le marché a eu lieu avant le 27 avril 2007 devaient faire l’objet d’une demande d’enregistrement ou d’actualisation de l’AMM (procédure de validation) au plus tard le 30 avril 2011. À défaut, la commercialisation des produits concernés a cessé à compter du 1 er mai 2011. Autrement dit, certains phytomédicaments, notamment administrés sous forme de tisanes ne sont plus disponibles en pharmacie d’officine. Indépendamment des considérations d’ordre réglemen- taire, économique, voire marketing, nous avons voulu examiner l’intérêt des tisanes sous un angle scientifique afin de préciser si elles n’avaient qu’un caractère alimen- taire (boisson nutritionnelle) avec des bénéfices santé et des propriétés physiologiques ou fonctionnelles relevant de la nutraceutique (au sens de nutrition–santé) ou encore si elles présentaient des propriétés pharmacologiques avec des applications thérapeutiques ou médicales relevant du monopole pharmaceutique. Le thé, une boisson fonctionnelle à caractère nutraceutique selon la dose Les infusions de thé (feuille de Camellia sinensis [L.] Kuntze = C. thea Link = ea sinensis [L.] Kuntze) sont surtout consommées traditionnellement pour leur apport en caféine (ou théine = guaranine = matéine = 1,3,7-triméthylxanthine),

Tisane: nutraceutique ou pharmaceutique ?

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Page 1: Tisane: nutraceutique ou pharmaceutique ?

Phytothérapie© Springer-Verlag France 2012DOI 10.1007/s10298-012-0714-1

Formation continue

Galénique et traitement

Tisane : nutraceutique ou pharmaceutique ?

L. Bureau

UFR sciences pharmaceutiques et biologiques, Institut de formation des acteurs de santé (IFAS), université Rennes-I, F-35043 Rennes cedex, FranceInstitut de formation des acteurs de santé (IFAS), F-49130 Les Ponts de Cé, FranceCorrespondance : [email protected]

Nous vivons l’ère du changement : d’un côté un reposi-tionnement réglementaire des tisanes, de l’autre l’innova-tion marketing des boissons fonctionnelles. Se pose alors la question du caractère alimentaire ou pharmaceutique des infusions dans un contexte de développement nutra-ceutique. À partir des publications récentes (à partir des bases de données suivantes : Medline sur Pubmed, Else-vier Science Direct et Springer Link), tout d’abord sur le thé puis sur les autres plantes médicinales consommées en infusion, je vais essayer d’éclairer la notion d’effet physio-logique et les difficultés ou limites du concept de nutra-ceutique à la frontière des aliments et des médicaments.

Mélanges de plantes : pharmaceutiques [2,4,9,10] hier, nutraceutiques demain…Avec l’avènement des phytomédicaments [3] (majoritairement en volume sur le marché, des poudres de plantes), puis plus récemment celui des compléments alimentaires, la tisane et l’herboristerie (vente des plantes en vrac, plus précisément les drogues végétales sèches coupées menu) sont tombées en désuétude. Si le projet de loi visant le rétablissement du diplôme d’herboriste qui a été soumis au Sénat aboutit, un coup de pouce sera donné au regain d’intérêt actuellement perceptible, notamment avec l’arrivée sur le marché de prépa-rations pour boissons dites fonctionnelles. Au-delà des thés parfumés, des infusions fruitées, après « Saveur du soir® » (Lipton), « Infusion Rituel du coucher » (NoctaFlor®, Yves Rocher), Fauchon innove avec la gamme de tisanes « Créa-tive® » déclinées oxygène, réconfort (mélanges de plantes et huile essentielle [HE] pour infusion). Ces infusions sont mises sur le marché avec un positionnement alimentaire soit en tant que préparations pour boissons sur la base du règle-ment (CE) 1925/2006 [12,13], soit en tant que complément alimentaire au sens du décret 2006-352 (transposition en droit national de la directive 2002/46/CE) [6].

Paradoxalement, certains laboratoires ne renouvèlent pas le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM)

de certains de leurs médicaments à base de plantes, dans le cadre de la directive européenne (2004/24/CE relative aux médicaments traditionnels à base de plantes) [8] et l’échéan-cier prévu et planifié par l’Afssaps. C’est le cas par exemple de plusieurs tisanes du laboratoire Lesourd (Anthylline®, Arthritisane®, Gastrotisane®…) et des Arkofusettes® du laboratoire Arkopharma qui ne sont plus commercialisées (état de l’AMM : archivée ou abrogée) [90]. En fait, l’article 7 de la loi no 2011-302 (du 22 mars 2011) modifie l’article 2 de l’ordonnance no 2007-613 du 26 avril 2007 portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine du médicament. En conséquence, les médi-caments à base de plantes dont la mise sur le marché a eu lieu avant le 27 avril 2007 devaient faire l’objet d’une demande d’enregistrement ou d’actualisation de l’AMM (procédure de validation) au plus tard le 30 avril 2011. À défaut, la commercialisation des produits concernés a cessé à compter du 1er mai 2011. Autrement dit, certains phyto médicaments, notamment administrés sous forme de tisanes ne sont plus disponibles en pharmacie d’officine.

Indépendamment des considérations d’ordre réglemen-taire, économique, voire marketing, nous avons voulu examiner l’intérêt des tisanes sous un angle scientifique afin de préciser si elles n’avaient qu’un caractère alimen-taire (boisson nutritionnelle) avec des bénéfices santé et des propriétés physiologiques ou fonctionnelles relevant de la nutraceutique (au sens de nutrition–santé) ou encore si elles présentaient des propriétés pharmacologiques avec des applications thérapeutiques ou médicales relevant du monopole pharmaceutique.

Le thé, une boisson fonctionnelle à caractère nutraceutique selon la doseLes infusions de thé (feuille de Camellia sinensis [L.] Kuntze = C. thea Link = Thea sinensis [L.] Kuntze) sont surtout consommées traditionnellement pour leur apport en caféine (ou théine = guaranine = matéine = 1,3,7-triméthylxanthine),

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substance psychostimulante qui permet d’augmenter la vigilance (combattre la fatigue) et d’améliorer les perfor-mances cognitives à court terme (mémoire, concentration, raisonnement). Sur la base des recherches cliniques, l’effica-cité est avérée [44,65,74,78,79]. Une dose d’au moins 60 mg de caféine est nécessaire en général pour obtenir un effet notable. Cependant, les grands consommateurs de boissons caféinées pourraient avoir besoin de doses plus importantes (200 mg et plus) en raison d’un phénomène d’accoutumance. Les effets de la caféine varient selon les individus en fonc-tion de leur degré de tolérance. La caféine pourrait être utile pour le traitement des maladies dégénératives du cerveau causées par le vieillissement [28]. Elle pourrait aussi contri-buer à une réduction du risque de maladie de Parkinson (à 300 mg/j) [25]. Si d’autres actions sont possibles comme l’amélioration de l’endurance et de la force musculaire, en revanche l’effet diurétique de la caféine traditionnellement évoqué n’est pas démontré [17].

Les teneurs apportées ne sont pas toujours celles que l’on croit ou que l’on peut lire : selon les types de thé, les concentrations en caféine varient de 14 à 61 mg par tasse [24]. À titre de comparaison une tasse de café en contient en moyenne entre 80 et 150 mg, une cannette de Red-Bull® 80 mg et un comprimé de Guronsan® (spécialité de réfé-rence qui contient aussi vitamine C et glucuronamide) apporte 50 mg de caféine. Dans un projet de décret relatif aux compléments alimentaires, la dose maximale journa-lière a été proposée à 300 mg. Outre la caféine, qu’il soit noir ou vert, fermenté ou non, le thé contient plusieurs polyphénols, vaste famille de phytochimiques antioxydants dont les principaux sont les catéchines [36,49]. La qualité de l’eau (sa minéralisation), la température et le temps d’infusion influencent le contenu en antioxydants du thé que l’on boit. Contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, ce n’est pas l’eau distillée qui extrait le mieux mais l’eau minérale (type Hépar® ou Contrexéville® fortement minéralisées), voire l’eau du robinet lorsqu’elle est calcaire. Les autres conditions optimales sont une température de 90 °C et un temps d’infusion de 10 à 15 minutes. Plus le temps d’infusion est court (deux à trois minutes), plus le taux d’extraction des polyphénols est faible. Autrement dit, le totum (ensemble des constituants qui participent à l’activité biologique) varie non seulement selon les caracté-ristiques du thé (drogue végétale utilisée) [23] mais égale-ment selon les conditions de préparation de l’infusion.

Les vertus du thé, à la fois noir ou vert (fermenté ou non) font l’objet d’une importante littérature [26,27,32,70,86,87] : l’effet bénéfique lors du syndrome métabolique (effet hypoglycémiant et hypolipémiant) [73] serait imputable à un glycoside de flavone (l’isoquercitrine), inhibiteur de l’aldose réductase [75]. Vu le potentiel de bénéfices santé, et ses nombreuses propriétés physiologiques, le thé représente bien l’archétype même d’une boisson fonctionnelle [20,22]. Sans même faire l’état de l’art avec une mise à jour biblio-graphique des données scientifiques relatives au thé, plusieurs remarques ou commentaires peuvent déjà être formulés.

Primo, l’infusion de thé renferme un totum composé d’une substance bioactive principale, la caféine, accompagnée d’un ensemble polyphénolique complexe (surtout des catéchines), sujet à une variabilité qualitative multi factorielle. Secundo, la caféine elle-même présente un spectre d’activités biolo-giques avec une sensibilité individuelle des consommateurs et un phénomène d’accoutumance. De ce fait, la valeur seuil entre les principaux effets physiologiques (de type psycho-stimulant) et des effets susceptibles de relever de la phar-macologie n’est pas réellement définie. Dans la mesure où certains effets sont de nature subjective [34] de type placebo, et que les effets de la caféine sur l’humeur semblent répondre selon un phénomène d’hormesis, il devient délicat de cerner la frontière entre le physiologique et le pharmacologique. Si l’on considère les interactions médicamenteuses, les choses se compliquent encore davantage. À petites doses, la caféine renforce la sensation de bien-être et réduit l’anxiété, alors qu’à doses élevées elle augmente la nervosité, l’irritabilité et l’anxiété [51,80]. Ce phénomène de non-linéarité de la rela-tion effet–dose est appelé hormèse ou hormesis. De plus, les polyphénols sont non seulement susceptibles de modifier la cinétique d’absorption de la caféine, mais présentent des propriétés multicibles, surtout antioxydantes, c’est-à-dire non spécifiques.

Si jusqu’à 300 mg/j nous sommes dans des apports compatibles avec la consommation moyenne des bois-sons sources de caféine, à l’opposé, au-delà de 600 mg (ou autre valeur limite supraphysiologique à définir ?), on peut s’interroger sur la finalité recherchée. Entre les deux, nous pouvons considérer qu’il s’agit d’obtenir un effet physio-logique ou fonctionnel spécifique ou particulier au-delà d’un simple intérêt nutritionnel, qui pourrait relever de la nutraceutique. À ces doses, nous avons vu précédemment que de tels apports pouvaient être utiles dans le traitement de certaines maladies dégénératives ouvrant la voie d’une utilisation en tant qu’adjuvant ou complément d’un traite-ment thérapeutique [88]. Ce qui sous-entend implicitement un élargissement du champ des nutraceutiques et la nécessité d’une clarification des limites du physiologique.

Une autre approche s’appuie sur la référence à la mono-graphie tisane de la Pharmacopée française [1]. Celle-ci recommande, pour le thé vert comme le thé noir, de consommer une dose quotidienne de 250 à 500 ml d’une infusion à 10 g/l pendant 15 minutes. Ce qui est équivalent à deux–quatre tasses d’infusion préparée avec un sachet-dose de 1,25 g de thé. Force est de constater que, dans le cas du thé, la monographie tisane de la pharmacopée reflète bien la tradition, mais n’intègre pas les données de l’éva-luation scientifique.

Boissons hygiéniques succédanées du thé : maté, rooibos et karkadéL’infusion de maté, le thé du Paraguay (feuille d’Ilex para-guariensis St.-Hil. = I. paraguayensis Lamb.) possède des

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propriétés similaires à celles du thé chez l’animal [37,38,46,62]. Les implications santé [57] des composés bioactifs confèrent au maté un caractère nutraceutique [35].

Le thé rouge (Aspalathus linearis [Burmann F.] R. Dahl-gren, ou rooibos dont l’infusion est la boisson nationale en Afrique du Sud, appréciée pour son goût et son arôme) donne une infusion sans caféine, riche en polyphénols [48,82] et substances bioactives présentant un potentiel antioxydant [40,41,52,60]. Les propriétés protectrices vis-à-vis de la santé dites de chémoprévention [54,55] sont bien docu-mentées [52,53,69,77]. Le thé rouge constitue une alternative au thé en tant que boisson hygiénique dans le cadre d’un régime santé [42,52]. Le Honeybush, Heuningbos (feuille de plusieurs espèces de Cyclopia) est également tradition-nellement consommée en Afrique du Sud comme infusion sans caféine à la manière du thé [43,47,77,85].

Depuis longtemps, le karkadé ou oseille de Guinée (fleurs d’Hibiscus, Hibiscus sabdariffa L. ; le bissap des Africains) figure parmi les plantes médicinales libérées du monopole pharmaceutique en France et qui peuvent être mélangées à d’autres. Le résultat d’un essai clinique récent (randomisé, en double insu versus placebo) montre un effet de réduction de la tension artérielle normale modé-rément élevée chez des volontaires sains [61]. Les valeurs de pressions artérielles systoliques et diastoliques passent respectivement de 12,9 à 12,2 et de 7,9 à 7,6 mm de mercure (Hg) en six semaines avec la consommation de trois tasses d’infusion (240 ml par tasse) à raison de 1,25 g de drogue végétale par tasse. Une tasse apporte en moyenne 22 mg de polyphénols (exprimés en équivalent acide gallique) et 7 mg d’anthocyanes. Cette étude confirme les résultats analogues obtenus précédemment chez des diabétiques de type II [64].

Malgré la convergence des effets bénéfiques sur la tension artérielle [63,83] les données ne sont pas encore suffisantes pour formuler des recommandations thérapeutiques [86]. L’infusion de karkadé présente un effet de réduction de la tension artérielle physiologiquement et modérément élevée mais non pathologique. Autrement dit, en l’état actuel des connaissances, à défaut de satisfaire aux critères de la médecine fondée sur les preuves (evidence-based medicine), le karkadé présente des effets physiologiques bénéfiques pour la santé, caractéristiques des produits nutraceutiques. Je suggère d’intégrer la consommation de tisane d’hibiscus au quotidien pour contribuer à maintenir normale la ten sion artérielle.

Infusions de plantes médicinales de vente libreLa tisane de camomille contient peu d’apigénine libre mais une teneur élevée en apigénine-7-O-glycoside [81]. Voilà une illustration de l’impact de la forme hétéroside ou génine (ou aglycone) sur la biodisponibilité des molé-cules bioactives. Compte tenu du nombre de groupements hydoxyles des sucres, les hétérosides sont beaucoup plus

hydrosolubles que les aglycones. Les formes hétérosides sont généralement prédominantes dans les plantes. Une centaine de constituants bioactifs (soit un « totum », ensemble de phytochimiques ou microconstituants du métabolisme secondaire) sont présents dans la camomille romaine (Chamaemelum nobile [L.] All. = Anthemis nobilis L.) dont une trentaine de flavonoïdes. À cette composi-tion complexe est associé un large spectre de propriétés biologiques (profil physiopharmacologique). Pour d’autres plantes libérées, traditionnellement utilisées, comme la matricaire, camomille vulgaire ou camomille alle-mande (Matricaria recutita L. = Chamomilla recutita [L.] Rausch. = M. chamomilla L.), les données cliniques chez l’homme sont absentes [58,59]. Cependant, il n’y a aucune raison de décourager les patients souffrant de maladies fonctionnelles, telles que la dyspepsie, de consommer ces plantes en tisanes [16,39]. La tisane de matricaire pourrait contribuer à la prévention de l’évolution d’une hyper-glycémie et de ses conséquences [45]. De même, sa compo-sition complexe est responsable de ses actions multicibles médicinales et de sa valeur nutritionnelle [76]. L’utilisa-tion des tisanes mérite davantage d’intérêt dans le cas de maladies dites fonctionnelles pour lesquelles les causes sont mal connues et pour lesquelles les traitements symp-tomatiques ne sont parfois que des palliatifs limités. Ces tisanes peuvent aussi contribuer au maintien de certaines fonctions physiologiques normales.

La tisane de menthe poivrée (feuille et sommités fleuries de Mentha x piperita L., variété Mitcham) contient 21 % de l’HE de la drogue initiale (soit 25 mg/l, majoritairement le menthol) et environ 750 mg/l de polyphénols corres-pondant à un rendement d’extraction de 75 % [29]. Plus récemment, 182 mg de polyphénols étaient quantifiés dans une infusion à partir d’un sachet-dose ou infusette [30]. L’infusion de graines de fenouil amer (Foeniculum vulgare Mill. Var. vulgare) contient environ 300 à 1 500 ppm (µg/l) d’estragole (ou méthylchavicol), respectivement selon que l’infusion a été réalisée avec les graines entières ou broyées [72]. Le passage dans l’infusion d’une partie des composés terpéniques des huiles essentielles est intéressant à signaler.

Si l’infusion de sauge officinale (Salvia officinalis L.) renferme également une quantité importante de poly-phénols responsable de l’activité antioxydante [50,56], une grande variabilité est observée selon les marques commerciales [89]. De même, l’infusion de verveine citronnée ou verveine odorante (Aloysia triphylla (L’Hérit.) Britton = Lippia citriodora H.B.K.) est une source de polyphénols antioxydants [14]. Celle de sauge grecque ou sauge trilobée (Salvia fruticosa Mill. = S. triloba L. f.) est une source d’acide rosmarinique qui pourrait contri-buer au contrôle du glucose plasmatique [18]. Celle de ficus de Malaisie, figuier à feuille en delta ou figuier gui (Ficus deltoidea Jack) est riche en proanthocyanidines et en flavan-3-ol responsables des 85 % de l’activité antioxydante totale [67].

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L’infusion de citronnelle (ou lemongrass, Cymbo-pogon citratus [D.C.] Stapf.) possède des propriétés anti-inflammatoires dues aux glycosides de la lutéoline [31]. Celle de menthe verte (= menthe crépue, menthe douce, menthe nanah, Mentha spicata L. = M. viridis L.) aurait des effets antiandrogènes significatifs [15,33]. L’apport en minéraux (Ca, Mg, Cu et Fe) des infusions est faible et peu significatif au regard des apports nutritionnels conseillés (ANC) [19,68,71]. De manière générale, l’apport en nutri-ments des tisanes est certes limité alors que celui en subs-tances antioxydantes est important et ubiquitaire.

La tisane de fenugrec (graines de Trigonella foenum-graecum L.) serait utile pour augmenter la production de lait chez la femme allaitante (galactagogue maternel) [84]. Une étude clinique récente (double insu contre placebo) montre que la tisane de passiflore (Passiflora incarnata L.) n’a que des bénéfices subjectifs à court terme sur le sommeil chez les sujets sains avec des fluctuations de la qualité du sommeil [66]. La passiflore n’est pas une plante médicinale libérée par le décret de 2008, alors que mani-festement ces propriétés pharmacologiques ne semblent pas avérées. Cela repose la question de la pertinence des critères ayant servi à l’établissement de cette liste. Ces données montrent la nécessité de réévaluer régulièrement les plantes compte tenu du nombre de publications dont elles font l’objet. Une périodicité de trois à cinq ans au maximum serait à envisager.

Conclusion

Peu de plantes médicinales sont capables de satisfaire les critères d’évaluation tels qu’exigés par la démarche scien-tifique actuelle. Cependant, beaucoup d’entre elles utilisées sous forme de tisane présentent un intérêt santé, certes modeste en termes d’apport nutritionnel en oligoéléments, mais particulièrement utile en apport de substances de protection (chémoprévention) et à effets physiologiques. Autrement dit, si peu de plantes présentent des propriétés pharmacologiques au sens propre du terme (c’est-à-dire pharmaceutique ou thérapeutique), la plupart (sinon l’ensemble) des tisanes de plantes médicinales présentent des effets physiologiques leur conférant un caractère nutra-ceutique au sens de nutrition–santé.

C’est pourquoi, la modification de la pharmacopée d’août 2008 [5] est justifiée et que la question du rétablissement du diplôme d’herboriste mérite d’être réexaminée [11]. Cepen-dant, cette rapide revue montre la complexité des phéno-mènes biologiques que ce soit du côté biologie végétale et matières premières ou du côté biologie animale et consom-mateurs. C’est pourquoi j’affirme qu’il ne suffit plus de bonnes connaissances en botanique pour être herboriste, mais qu’un ensemble de disciplines doivent être maîtrisées pour devenir aujourd’hui un conseiller de santé et offrir au consommateur un conseil éclairé et pertinent avec un rapport bénéfice/risque positif.

Enfin, la croissance exponentielle du nombre de publi-cations scientifiques (confère la bibliographie) et cette complexité illustrée dans cette revue sur les tisanes nous conduisent inexorablement à reconsidérer le modèle d’éva-luation des médicaments appliqués aux préparations à base de plantes. Un modèle d’étude adapté à un médicament monosubstance sur une cible pharmacologique (ou un symptôme) défini ne permet pas d’évaluer correctement un extrait naturel complexe (un totum) à effets multicibles biologiques… C’est toute la difficulté et la problématique des essais cliniques pharmaceutiques comparativement à la nutraceutique. Une approche systémique et les méthodes dites de convergence permettent de réduire la part d’incer-titude en situation complexe. C’est bien le cas des tisanes davantage nutraceutiques que pharmaceutiques.

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du 19/07/2000, monographie tisanes, 11060–11062 2. Article 10 bis (art. L. 5125-1-1 et L. 5125-1-1-1 (nouveau) du code de la

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médicinales inscrites à la Pharmacopée 5. Décret no 2008-841 du 22 août 2008 — art. 1 6. Décret no 2006-352 du 20 mars 2006 relatif aux compléments alimentaires 7. Directive 2002/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 10 juin

2002 relative au rapprochement des législations des États membres concernant les compléments alimentaires

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9. Loi no 2007-248 du 26 février 2007 portant diverses dispositions… Article 1. L’article L. 3110-3 du code de la santé publique est ainsi modifié…

10. Pharmacopée française, Xe Éd., liste des plantes médicinales, 2007, Afssaps, Saint-Denis

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du 20 décembre 2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires

13. Règlement (CE) no 1925/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 concernant l’adjonction de vitamines, de miné-raux et de certaines autres substances aux denrées alimentaires

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