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n° 20 - été 2011 - gratuit Western Trio [trap] Resistenz La Ruda Dossier : musiques actuelles et patrimoine

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Western Trio[trap]

Resistenz

La Ruda

Dossier :

musiquesactuelles et patrimoine

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103 Nicolas Richard4 brèves6 Resistenz8 Western Trio11 Facebook12 [trap]14 musiques actuelles

et patrimoine20 livres22 La Ruda25 disques31 coup de griffe : free parties32 playlists 24

Drago Pedros

Le réseau Tohu Bohucoordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / [email protected]

CHABADA Jérôme [Kalcha] SimonneauChemin Cerclère, route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87 / [email protected] / www.lechabada.com

BEBOP Emmanuel Bois28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30 / [email protected] / www.oasislemans.fr

FUZZ’YON Benoit Devillers18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedexT. 02 51 06 97 70 / [email protected] / www.fuzzyon.com

LES ONDINES Éric FagnotPlace d’Elva, 53810 ChangéT. 02 43 53 34 42 / [email protected] / www.lesondines.org

TREMPOLINO Lucie Brunet51 bd de l’Egalité, 44100 NantesT. 02 40 46 66 99 / [email protected] / www.trempo.com

VIP Manu LegrandBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89 / [email protected] / www.les-escales.com

Photo couverture : Resistenz (ValK)Directeur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile ArnouxOnt participé à ce numéro : Sébastien Bertho,Emmanuel Bois, Lucie Brunet, Sylvain Chantal,Benoît Devillers, Jonathan Duclaut, Eric Fagnot,Georges Fischer, Gérôme Guibert, Patricia Guyon,Rémi Hagel, Marie Hérault, Cédric Huchet, LuneLaurent, Yohan Le Belevec, Damien Le Berre,Anouk Le Bras, Manu Legrand, Gilles Lebreton,Camille Lemerle, Manon Michaut, AgatheMouchard, Chloé Nataf, Samuel Raymond,Benjamin Reverdy, Simon Robic, Jérôme Simoneau,Andréa Simonnet.Conception graphique : Christine Esneault Impression : Imprimerie ChiffoleauTirage : 10 000 exemplaires – Papier recycléSiret : 37992484800011ISSN : 2109-0904Tohu Bohu est une publication de Trempolino,51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseauinfo-ressources musiques actuelles des Pays dela Loire : Tohu Bohu.Prochaine parution : 4 novembre 2011Bouclage : 7 octobre 2011

21Les Mouillotins

©D

R Natural Mystic

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Nicolas Richard (aka Covalesky) fait bien d’avoir un deuxième prénom en guise de patronyme, et des’être en plus octroyé un pseudo. Ça lui donne peut-être ainsi l’impression d’avoir plusieurs vies.Ce qui ne serait pas du luxe à voir l’hallucinante multiplicité des casquettes du Monsieur.

Géographiquement, ce grand garçon un peu timide est passé d'Angers à Nantes en quelquesannées. On a connu des voyages initiatiques plus impressionnants. Musicalement, dans le mêmeintervalle, il sera passé de la batterie d’un groupe rock psyché/grunge (sic) au rôle deproducteur/manageur d’un artiste malien signé sur le label de Tortoise et Trans AM, patron de sonpropre label, et musicien dans deux groupes de post-rock et un autre de mambo/dub. Ça force déjàun peu plus le respect. Au milieu des années 90, à Angers, Nicolas est, comme tous les ados, emporté par le phénomèneNirvana & Co. Il joue d’ailleurs déjà dans un groupe avec plusieurs de ses compères actuels (FrédéricDrouin aka SmithSmith et Denis Richard aka D.En). Pourtant, c’est un groupe beaucoup plus prochede lui géographiquement qui va le retourner. Il découvre le premier maxi “Dub Promozione” deZenzile et se prend le dub en pleine face (“Une grosse claque à l'époque, une de celles qui vous faitchanger radicalement de cap”). Le groupe de rock dévore les disques de King Tubby, Lee Perry,Scientist et Cie et finit logiquement par muter lui-même en groupe de reggae/dub sous le nomd’Orange Dub. Parallèlement au groupe, ses membres fondent le collectif Molecules 5 et le label Sous le Manteaupour pouvoir sortir les productions individuelles de tout le monde sur des compilations digitales puisphysiques. Il y en aura cinq au total, ouvrant de plus en plus les portes sur l’extérieur pour finir paravoir des artistes reconnus sur le dernier volume en date : Mathias Delplanque (aka Lena), M. Takara(cf. Sao Paulo Underground, Hurtmold), Charles Oldman, File Under Rhythm (aka Werner, batteur deZenzile), etc.“À la fin d'Orange Dub, on s'est retrouvés avec Fred et Denis à Nantes, Samuel Foucault nous arejoint à la basse, et on a créé Lokka. On continuait à jouer une sorte de dub mais nos influences rockdu début commençaient à affleurer. En 2007, on a rencontré Charles-Eric Charrier suite à un concertmémorable de Lena & the Floating Roots Orchestra à L'Olympic et on a commencé avec lui un travail de 4-5 mois qui a donné naissance à ‘Gold & Wax’. Et un nouveau label : Joint VentureRecords. Ce premier album surprenait notamment ceux qui connaissaient Orange Dub par sesatmosphères post-rock à la Tortoise”. Qui dit Tortoise dit le label Thrill Jockey. Et c’est sur ce prestigieux label de Chicago que vient de sortirle premier album (et d’autres devraient suivre!) de Sidi Touré, guitariste malien enregistré, produit etmanagé par Nicolas. Suite à un séjour à Bamako en 2003, Nicolas rencontre Sidi et tombe amoureuxde sa musique et de la gentillesse de son auteur. De retour en France, il se propose de lui faire unMySpace. Les années passent, Nicolas retourne à Bamako, enregistre Sidi, revient en France, enparle à tout le monde, s’investit de plus en plus dans le projet sans trop s’en rendre compte. Jusqu’à“un merveilleux mois de mars où j'ai reçu un mail de Thrill Jockey”. Il serait trop long et trop compliquéde vous résumer ici tous les projets et sorties à venir dans lesquels notre homme est impliqué. On vous conseille plutôt d’aller faire un tour sur ses sites internet. Car, comme il le dit lui-même :“J'imagine que vu de l'extérieur tout ça peut paraître foutraque et flou, eh bien, ça l'est...”

L’HOMME À TOUTFAIRE

NicolasRichard

PAR KALCHA

PHOTO : DR

Infoswww.myspace.com/covalesky / www.myspace.com/lokka / www.jointventurerecords.org

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La Marmite Festival8e édition (72) concocte, du23 au 28 mai, des séancesjeune public (LaurentDeschamps), des soiréesconcerts avec MathieuBouchet, Imbert Imbert, LadyLike lily, Novels, Cercueil, KillThe Young, Lo'Jo, WatchaClan, Água Na Boca...www.tousceschaps.org

Nouveau lieu pluridisciplinairesur le port de Saint-Nazaire,le Beach Art Center accueilledes expositions, des installa-tions, des performances. Lesdeux graffeurs rock'n'rollPoch & Honet exposent leursœuvres du 11 juin au 10 juillet. www.beach-art-center.com

Artist'ô Champsse tiendra cetteannée le 23 juillet auVoide(Vihiers,49) avecSergentGarcia,Pigalle, Titi Robin,DJ Netik, Le Syndrome du Chat et Bruno Coupé. www.artistochamps.com

Le Festival Teriaki (72)revient pour sa 8e édition du25 au 28 août. Au programme : concerts(Clara Clara, Papaye, Les Trucs, Driver Driver,Meihn Sohn William…), installations (Euphorie par1024, Axes par PercevalMusic et Laurent Chomette,Dôme Sonic), ciné-concertjeune public, ateliers d’artsnumériques. http://teriaki.fr

Association choletaise, BlueWave Productions a, depuis2010, opéré de légères métamorphoses :programma-tion rockmétalextrêmesurNantes(Ferrailleurprincipale-ment) allantdes groupeslocaux auxConverge (USA) et consorts, services promo,management & booking.Prochain concert le 4 juinavec Mono + Khuda auFerrailleur. Une partie desbénéfices sera reversée à laCroix Rouge japonaise.

www.myspace.com/bluewaveproduction

Le 4 juin prochain, rendez-vous surla plaine desRonceray (72)pour la 25e Fête

Interculturelle.Manifestation

culturelle et populaire en plein

cœur de la Cité avec LaFanfare AOC, La Gabylie,Birdy Hunt et SusheelaRaman. www.umcs-lemans.fr

Le Foin de la Rue 2011 : 1er et 2 juillet, 4 scènes,27 artistes, 17 000 festivaliersescomptés, 700 bénévolesconfirmés !Éclectisme musi-cal, engagementécologique et responsable.www.aufoindelarue.com

Brain T-shirt est le fruit d'unecollaboration entre D-Drone et Mr Smith proposant des

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D-Drone. http://brain-tshirt.org

L'année 2011 sera intensepour Framix. Un maxi vientde sortir sur plate-formesdigitales uniquement. Deuxautres verront le jour mi-juin,puis un clip en juin aussi, etdébut octobre l'albumannoncé comme du “Elvis version jamaïcaine”. www.framix.fr

45 tours est un nouvel espacejeunes ouvert à Saint-Hilaire-de-Riez sur la côte vendéenne,qui sera amené à se transfor-mer en salle de concerts. Laprogrammation sera assuréepar des jeunes, encadrés parles animateurs. Inaugurationle 27 mai avec KaophonicTribu et La Jam. T. 02 51 59 94 30.

Art Sonic fêtera ses 20 ansles 10/11/12 juin. Située àMontaigu (fief rock historiquede la Vendée), concerts,spectacles, vidéo-projections...

en l'honneur de ses 2décennies.

www.artsonic.org.Interview desorganisateurs sur http://tohu-bohu-trempo.com

Muzi-ka, asso duvignoble nantais et

bien au-delà (Bosnie

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2006 et 2007), fera la fête àSaint-Lumine-de-Clisson (44)le 28 mai prochain lorsde son SmöllFestivöll. Après-midi avecSpace Wisperet jeux/marion-nettes, chora-les, lecturespour les petitsdès le midi,concerts bigarrésle soir (Iswor, Cave,Fabrique Clampin, EffetDefee, Slobodan Experiment,Le Singe Blanc, DJ Shakti etDocteur Jackson). http://muzi-ka.over-blog.com

Mad lenoir (www.myspace.com/madlenoir) est le lauréatdu tremplin mayennaisEmergences. Instruments traditionnels et guitares élec-triques, musiques africaineset sonorités rock, tourneriesafro-beat et vibrations reggae :bel univers ! Les 4 finalistesde l'édition 2011 bénéficie-ront d'une résidence pédago-gique et seront programmésla saison prochaine dans lessalles partenaires du tremplin.www.myspace.com/lesemergences

Nouveau studio d’enregistre-ment à La Roche-sur-Yon

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L'ADDM 53 entreprend uneétude sur les groupes etmusiciens en Mayenne.L'objectif est de mieux lesconnaître et de mieux qualifierleurs pratiques, difficultés et attentes, mesurer l'importance et la réalité despratiques musiques actuelles.Les conclusions de cetteétude seront publiées à larentrée. www.addm53.asso.fr

Ça devient une (bonne) habitude. Comme tous lesdeux ans depuis 2005,

le magazine trimestrielTranzistor – toute l’actualitémusicale du département dela Mayenne en 24 pages etpour 0 euro – publiera mi-juinune nouvelle édition de sa“compile”. Un disque comp-tant 16 titres pour découvrirla jeune garde de la prolifiquescène du 5.3. Faites le pleinde sons neufs ! www.tranzistor.org

Nouvelle édition de Couëronen Fête les 17 et 18 septembre avec musique,arts de rue, expos et projections. De quoi renquillerl'année avec sérénité !www.coueronenfete.fr

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ReSistenz ODE AUX FEMMES ET AUX LUTTES

Comment as-tu monté ce projet ?A : J'ai commencé par écrire des poèmes, réaliserdes bandes-sons en 2004. Le groupe s'est montépetit à petit, mais j'ai décidé d'avancer, de ne plusattendre les gens pour organiser des répétitions,faire des dates. Le groupe a eu plusieurs line-up,on s'est retrouvé un jour à ne jouer qu'à deux avecErwan, les autres n'étant pas disponibles. La baseest vraiment le duo, nous avons aussi un bassiste,Arnaud, qui nous rejoint parfois.

À quoi résistez-vous ?A : Resistenz signifie en allemand la désobéis-sance civile. En 1942, de jeunes Allemands sesont opposés aux jeunesses hitlériennes en distri-buant des tracts sur lesquels se trouvaient desextraits de poèmes prônant la liberté. Ces jeunesont été arrêtés et exécutés. J'ai écris une chansonsur eux, La Rose Blanche. Nos textes sont enga-gés, font référence à la citoyenneté, un thème quim'est cher. Sur le 2e disque, j'évoque aussi lesfemmes, des femmes engagées. On résiste à tout,

aux poils de chat, aux aboiements de chien (rires).E : On résiste à la conformité, à la normalité. On neveut pas rentrer dans une case, dans une catégo-rie, ce qui est bien difficile aujourd'hui. C'est unpeu comme nos amies de l'associationWonderground qui expriment une troisième, unequatrième, une cinquième voie. Être queeraujourd'hui, c'est exprimer sa différence, ne pasêtre un homme ou une femme, c'est plus complexe.A : C'est un peu comme les gens qui ont desnuméros de Sécu qui commencent par 3. Çaexiste vraiment ! Disons que pour moi, c'est hyperimportant de ne pas être pour, de s'indigner, decritiquer. Il faut le faire à bon escient, et, pour moi,en tant qu'artiste, c'est nécessaire de le faire.

Est-ce qu'un disque a un sujet textuel omni-présent ?A : J'avais décidé de centrer ce disque sur un seulsujet, envie d'écrire sur la condition des femmes etsur des destins de femmes qui me touchaient. J'ailu des biographies, des romans, je m'en suis

En ce début de mars 2011, découverte coup sur coup des derniers albums de PJ Harvey, de Mogwaï,et de Resistenz... Hasard ou pas, je ne peux m'empêcher de trouver dans ce dernier quelque chose desdeux premiers. La sensibilité et la foi féminine de la première, la puissance de la guitare, la profon-deur des sons, les riches harmonies chez les seconds. Ironie du sort, Anaïg évoque Dame PJ et Erwanle groupe Mogwaï, son dernier disque acheté, dans cette entrevue...

PAR CECILE ARNOUX

PHOTO : LUDOVIC FAILLER

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Infoshttp://www.resistenzpoesie.com

http://www.lethermogene.net

inspirée. PJ Harvey a fait un disque sur la guerreen Angleterre, j'aime cette manière de travailler.J'explique tout en détail dans une note d'intentiontéléchargeable sur www.resistenzpoesie.com,chanson par chanson, tout ce qui a pu m'inspirer.Mais finalement, dans les chansons, il ne reste pastoujours grand chose de ces recherches, l'impor-tant c'est vraiment de s'imprégner des évène-ments. Je crois que les artistes ont des sujets deprédilection récurrents. La condition des femmesm'importe, c'est un sujet qui revient régulièrementdans mes écrits et depuis longtemps. Pour autant,je ne me considère pas comme “féministe” (ausens de militante), car je ne fais activement partied'aucune association féministe. Je prends le termeféministe au pied de la lettre, selon moi, tout actemettant en valeur la condition féminine est fémi-niste, si on est une femme, je trouve qu'il est logi-que et naturel de se sentir féministe.

Erwan, comment as-tu composé la musique ?E : Je n'avais pas de matière au départ, j'ai travaillédans l'urgence. J'avais envie d'avoir le son d'autres personnes. Je ne suis pas bassiste, j'aipas forcément l'instrument ou l'ampli qu'il faut,j'avais envie de trompette mais je n'en joue pas.Bref, j'ai fait appel à des gens et je leur ai laissécarte blanche.

Alors, justement pourquoi ces invités là surl'album ?A : Ce sont des amis, des gens qui ont écouté lescompos, qui se sont engagés dans les morceaux.Ils ont une approche différente bien entendu.Cédric le batteur a besoin de s'imprégner des textes et va jouer en fonction de ce qu'il ressent dutexte, il chante avec sa batterie. Dan, ancien bat-teur de Kiemsa et actuel de No Chiefs, a joué plu-sieurs parties de batterie sur un même morceau, età chaque fois, on a gardé la 1ère prise. Pour MaudTrutet, je suis fan de son chant, c'est la perfectionvocale avec une technique monstrueuse. E : Pour Henri, ce n'est pas une question de technique, j'y trouve une personnalité, un son quilui est propre. J'aime beaucoup le jeu de guitarede Mathieu de El, ça me parle.

Il y a d'autres personnes que vous aimeriezinviter ?A : J'aimerais beaucoup inviter Luke Sutherlanddes Écossais Long Fin Killie, violoniste, guitariste,chanteur. Je l'ai rencontré lorsqu'il jouait avec JomiMassage, un groupe que j'avais fait venir à Nantesil y a quelques temps. J'aimerais aussi inviter EmilyPostic Bichon, une des piliers de l'assoWonderground, et fabuleuse batteuse.E : En fait, j'ai appris en achetant le dernier disquede Mogwaï que Luke Sutherland avait enregistré

des parties de violon sur ce disque. Mais sinon, per-sonnellement, j'aurais bien aimé Mat Pich en solo.Ça n'a pas été possible, il est très occupé.

La version live ramène à un peu d'humour, il ya comme un côté chaud et froid ? Pourquoi ? A : Je suis persuadée que pour faire passer untexte dense, sérieux, grave, un peu complexe, ilfaut bien rigoler avant. Il y a un véritable grandécart entre le titre “Louise” un peu disco, et puis“Les Chiens” qui parle de mort.

Vous travaillez à la Bouche d'Air dans le cadred’Artistes en Scène (dispositif d'accompa-gnement coordonné par Trempolino en partenariat avec des scènes de la Région -NDLR) ? Quels sont les axes de travail ?A : Ça fait longtemps qu'on voulait faire la résidence, elle tombe à poing nommé, on va travailler la forme, la mise en forme, la mise enespace. On est content de travailler avec AndréHisse (directeur de La Bouche d'Air - NDLR), il ades idées de développement pour nous, il est undes programmateurs qui programme le plus degroupes locaux, malgré les premières partiesimposées.

Retrouvez l'intégrale de cette interview surhttp://tohubohu.trempo.com

On aime l'urgence chez Resistenz,la franchise, la gravité, l'opiniâtretéet la poésie des textes. La musiquese trouve avant-tout dans ces tex-tes, dans les mots, dans leurs énon-ciations, elle intensifie ces urgencesà la manière de Programme,Expérience et consorts. Quelquesfaux plats comme “L'usage du monde” ou encore“Hassi Messaoud”, chansons aux profondeurs égalesà celles des compositions de Low ou de Dirty Three,des écarts plus dansants tels que “Louise@thedance-hall” avec un final digne d'Arcade Fire, cette deuxièmebiographie de Resistenz reste aussi troublante que lapremière. Elle vous hérisse les poils, affirmera certai-nes de vos convictions, pourra même vous donnermal au ventre. Les mots et les notes transpirent desens comme jamais, des intentions de plaidoyer.Quatre recompositions (After the bees, DelphineCoutant, H. Pluviôse et El), reflets tout autant égarés,servent merveilleusement le propos engagé.

Cécile Arnoux

ResistenzNos reflets égarésEdite-toi toi-même 2011

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Qu'est ce que ce projet a de différent par rapport à vos autres groupes respectifs ?JJ : J'ai joué dans moults projets très jazz, j'ai aussieu la longue et belle expérience Electrod. J'ai euenvie d'autre chose musicalement, un truc où je mefaisais plaisir.F : Nous jouons dans pas mal de groupes différents.Pour ma part, c'est Brome, Potter Project, La Fille duMardi, Boy & The Echo Choir. Western est quandmême bien rock, bien lourd dans le son. Le jazz estévidemment présent via les aspects harmoniques etl'improvisation. Le trio m'offre des libertés, j'ai plus deplace pour jouer, je travaille beaucoup le son et j'aiadapté ma batterie pour ce son, et j'y intègre desréférences aussi diverses que Jimi Hendrix,Radiohead, Miles Davis ou encore Portishead.

Comment vous voyez la fusion entre le rock etle jazz telle que vous la jouez ?JJ : On joue une musique instrumentale qui puisedans le rock et le jazz, mais on ne veut pas tomberdans l'écueil de faire du jazz-rock. On se défend de

çà, cette musique intéressante au début a subit despressions de producteurs qui ont mis l'accent surdes productions aseptisées. On se définit rock'n'jazz,c'est le son d'abord, son côté brut, le son qui guidel'improvisation et pas la virtuosité.F : Pour moi, c'est vraiment le son, on se rapprocheplus de prods de groupes de rock des années 90 surla recherche acoustique. Je me suis inspiré del'acoustique d'Happy Apple, de The Bad Plus, avecun son bien gras, bien profond.

Avez-vous (sans prétention bien sûr) le sentimentde faire une musique qui n'existe pas ?F : Je pense qu'on a une petite personnalité. Pour mapart, je joue des tempos lents, des tempos épilepti-ques, je vais à fond de cale, c'est très carré, breakéet précis. Mais de là à dire que c'est nouveau, je nepense pas. Les retours assez positifs qu'on nous faitne parlent pas d'individualités, mais d'un groupe etd'un son de groupe. JJ : On revendique clairement les artistes précités, onpuise dans des choses qui existent déjà. Mais, on

UNE CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE

A l'origine du trio, en 2008, Jean-Jacques, guitariste notamment de feu Electrod. Parti pris pour un format instrumental, qui fait référence au rock dans le son, au jazz et aux musiques improvisées. Desbars, l'édition 2008 et 2010 du festival Soleils Bleus, Le Pannonica en support de Sylvain Luc, le festivalJazz Tempo et bien d'autres, les belles dates s'enchaînent. Tout va vite chez Western, puisqu'à peinetrois ans d'âge et un 1er disque abouti qui sort chez Yolk. Retours sur les galops du trio avec Jean-Jacques et Fabrice.

PAR CÉCILE ARNOUXPHOTO : JÉRÔME BLIN

western trio

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joue un jazz instrumental extrêmement libéré, et ErikTruffaz nous a flatté en nous disant qu'il ne connais-sait pas d'autres groupes comme nous, tant dansnos jeux que dans nos morceaux.

Sidony Box était à l'honneur du dernier TohuBohu. Vous sentez-vous proches de cettefamille jazz assez récente défendu par Yolk ?F : La famille, c'est surtout One name for a crew (lecollectif auquel appartient Western Trio, tout commeSidony Box - NDLR). Yolk nous aide pour le disque,on apprécie la plupart des disques qu'ils ont produits.C'est vraiment bien d'être sur ce label avec notreapproche plus rock, une approche du son. SidonyBox a aussi cette approche. C'est Arthur qui nous amis en contact avec eux, Sidony Box étant aussimembre de One Name for a crew. Après, SebBoisseau était dans le jury lorsque j'ai passé monDEM de jazz au Conservatoire il y a deux ans. JJ : Nous sommes très flattés de sortir le disque surun label dynamique, indépendant, esthétique. Pourmoi, Yolk a contribué fortement à l'idée que l'onpuisse se révéler non pas dans une individualité maisdans un projet collectif, voire de groupes avec unnom. Nous trois revendiquons clairement l'apparte-nance à un groupe.

Vu votre univers assez rock, vous avez dû surprendre un public, celui de Jazz Tempo parexemple ?JJ : On a joué sur deux éditions du festival. Mais,c'est étrange, ça dépend vraiment des lieux. Le fes-tival se tient dans des bars, dans des lieux estampil-lés jazz, mais il n'y a pas de règle. On a pu surpren-dre quasi partout, et nous-même avons été surprisaussi par le public qu'on aurait pas imaginé dans ceslieux.

Comment avez-vous intégré ce festival ?JJ : C'est grâce à Cyril et Le Pannonica. Autant Yolknous aide beaucoup pour le disque, autant LePannonica nous soutient depuis le début. Dès 2009,on joue sur Jazz Tempo, on fait des interventions enmilieu carcéral l'année suivante via l'action culturelledu Panno, on fait un concert pédagogique. On fera lasortie du disque chez eux. C'est vraiment un soutiendu projet sur la durée.

Vous avez financé un peu le disque ?JJ : Oui, on a vraiment mis le paquet pour que le dis-que soit beau et bon. Enregistrement au studio KFLde Seb Condolo, un excellent ingénieur du son. Ledisque a été guidé quand même par notre résidencel'an passé avec Erik Truffaz suite à notre rencontredans le cadre de Soleils Bleus. On avait à coeur defaire un disque, de l'inviter sur le disque, et ce futpossible en partie grâce à Musique et danse en Loire-Atlantique qui nous a aidé financièrement.

Justement, comment avez-vous rencontré lespersonnes invitées (featuring) et pourquoi eux ?JJ : Nous avons rencontré Erik à Soleils Bleus. Bellerencontre humaine et artistique. On a travaillé avec luiau Terminus 3 de Saint-Herblain. Il s'est immiscédans la musique, et a porté un regard extérieur. Il aaffiné le son et les arrangements, et il a une vision trèspop des choses et nous a encouragé à aller un peudans cette direction. F : C'est un type qui vit la musique dans l'instant, etqui a énormément d'idées. Ses choix sont efficaces. JJ : Pour Federico (French Cowboy), j'ai eu l'idée dele solliciter suite à la pièce qu'Hervé Guilloteau a présenté l'année dernière au Théâtre Universitaire deNantes et dans laquelle il jouait de la musique. J'avaistrouvé ça super dans le son et l'ambiance.

Des envies de grands espaces dans votre musique ?JJ : Oui, je pense. Je suis fan de Jim Jarmusch,David Lynch, ces ambiances cinématographiques etj'essaie de les retranscrire un peu dans notre musi-que. J'aime bien l'idée d'espace musical, l'équilibrequ'on a pu trouver entre le côté live et la production.L'album porte bien son nom, et puis Jérôme Blin ducollectif Bellavieza nous a proposé de prendre desphotos à la mine d'Abbaretz. Je trouve que ça collevraiment à notre couleur.

Sortie de l’album le 21 mai 2011 au Pannonica à Nantes (invité Érik Truffaz).

Ce disque a de jazz ses construc-tions, l'individualité des instruments.Il a de rock le son, l'énergie, lesdistorsions. Il a des deux, quandils sont savamment amalgamés, la petite magie des Tortoise etconsorts : l'intensité des sons, lesmontées en puissance dans les mélodies, lesambiances accouchées, la liberté dans le jeu. Latriade s'acoquine avec Maître Truffaz qui densifietrois morceaux, Federico Pellegrini qui fait des promesses huit minutes durant, Sieur Condolo quioctroie une jolie tonalité au disque, et Portishead estjoliment repensé. Batterie, guitare et clavier bavardentlongtemps sans mot (en moyenne 6 minutes), érigentun ensemble pas très palpable. À l'image desvisuels, la musique de Western Trio est finalementassez aride, assez brute, vise l'essentiel, et se veutsans repère comme le titre le laisse imaginer. C'estbien ce qui est appréciable dans l'art.

Cécile Arnoux

Western Trio À l’Ouest de nulle partOne name for a crew / Yolk Records 2011

Infoswww.myspace.com/westerntrio

www.myspace.com/1name4acrewwww.yolkrecords.com

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NATURALMYSTICPAR MANU LEGRANDAFFICHE : DR

LE FESTIVAL DUB DE L'ESTUAIRE

Infoswww.myspace.com/caprootss

www.myspace.com/nolimitrecor

Au bout de l'Estuaire de la Loire, un festival programmechaque année la crème du dub stepper anglais. 2011verra la cinquième édition de Natural Mystic, un événement qui, au fil du temps, tisse des liens entreSaint-Nazaire et Le Royaume-Uni. Un festival porté par un musicien, Roger Giannini, nourri de multiplesrencontres et qui démontre que le Do It Yourself permet encore de réaliser de grandes choses.

Quand on est musicien, il y a deux manières d'envisager l'avenir : soit on se prend en main, soit onattend que ça se passe. Roger Giannini fait incontestablement parti de la première catégorie. Musicienoriginaire d'Angers, il arrive à Saint-Nazaire à la fin des années 90. Rapidement, il monte un groupedub, Cap Roots, avec des musiciens du cru. Même si la région de l'Estuaire de la Loire a déjà vu naître des groupes, des soirées ou des sound system reggae à cette époque, le dub stricto sensu n'estpas encore représenté. Version instrumentale de la musique jamaïcaine, propice à l'expérimentation,le dub décolle alors partout en France, quelques années après l'Angleterre. C'est d'ailleurs de la scènebritannique dub digital, dite “stepper” que viennent les principales influences de Cap Roots.

Quelle meilleure manière de partager la scène avec les artistes majeurs de ce courant que d'organisersoi-même des concerts pour les inviter. Grâce à l'entremise de Ras Abubakar, du mythique sound system Zion Gate Hi-Fi de Nantes, les Nazairiens nouent des liens avec des artistes britanniques.Ils montent une association et le 26 mars 2005 se déroule la première édition du festival Natural Mystic.Le haut de l'affiche est tenu par Kenny Knots et Nya Azania (la “Lionne rugissante de la scène reggaelondonienne”). Zion Gate Hi-Fi est également de la partie et bien évidemment Cap Roots. Les murs de la salle Jacques Brel, un lieu cher au cœur des Nazairiens, situé sur le port, tremblent sousles coups des basses des sound systems. Soutenues par la Ville de Saint-Nazaire, les éditions suivantes continuent de jouer la carte de l'échangerégional/Grande-Bretagne puisque Natural Mystic accueille aussi bien Miniman, Disciples, Jah Youthfamily que Dub Orchestra...Forte de cette dynamique, l'association développe également un label (No Limit Records), se lancedans le booking et la prestation technique (un sound system de 30 000 W !).

Natural Mystic #5 se déroulera samedi 14 mai 2011, salle Jacques-Brel à Saint-Nazaire.À l'affiche : Zion Train, Vibronics, The Blackstarliners, Cap Roots, Perch, Madu Messenger, Parvez,Steve Vibronics, Roger Sound System, Ayato, Sista Mice.

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8 ans après sa création, et malgré 230 millionsd’utilisateurs inscrits, MySpace ne plait plus.Ses membres, accros il y a quelques années,se sont lassés et se sont tournés versFacebook, dont le succès n’est plus àdémontrer. Malgré un récent lifting masquantà peine une opération de (re)séduction enversles musiciens, qui n’a pas fait mouche à encroire les Rois de la Suède et leur titre désormais célèbre “MySpace tu vas mourir”,et malgré la multitude d’outils en ligne ciblantles artistes (dont de nombreux ont déjà étéchroniqués dans ces pages), Soundcloud entête, il est quasi indispensable pour les groupes de réfléchir à leur présence surFacebook. Après tout, même si personne neles touchera tous à la fois, ce sont quandmême plus de 600 millions de personnes quiy sont inscrites, et il y a fort à parier que lepublic ciblé par vos créations s’y trouve pourune grande partie. Alors comment agrémenter

votre “page” Facebook, que beaucoup degroupes ou artistes ont déjà créée, afin debien mettre en avant vos créations ? iLike estl’application Facebook pionnière en matièrede musique. Présente depuis des années,elle vous permet aujourd’hui de publier vosmorceaux et dates de concerts sur votrepage, un classique, mais également d’yconcentrer votre présence en ligne (blog,Twitter, vidéos, ...) et de gérer les commentairesde votre communauté. Elle est très complètemais, malheureusement, un peu austère. Plusrécent, mais aussi plus beau, BandPage,édité par RootMusic, fait figure de sérieuxchallenger à iLike et est disponible en deuxversions : une version gratuite, et une versionpayante (1,99$ par mois) vous permettant depersonnaliser votre page plus en profondeur,sans la moindre connaissance technique.Snoop Dog, 50 Cent, Rihanna ou DJ Shadow

font même partie des poids lourds ayantadopté le système qui vous permet, toutcomme iLike, de faire écouter vos morceaux,de laisser la possibilité à vos “fans” de les partager sur leurs profils, de recueillir lorscommentaires, de publier vos dates deconcerts, etc. Enfin, il est plus qu’intéressantde s’attarder sur deux entreprises nantaisesvous permettant de vendre musique et produits dérivés sur votre page Facebook. La première, Lengow, n’est pas spécialementdestinée aux artistes, mais permet à n’importequel e-commerçant de vendre ses produitssur sa page. La seconde, montée par devieux briscards de la musique à Nantes,BB&PP, est notamment celle qui a créé laboutique en ligne de la compile Tohu Bohu(disponible sur http://shop.tohubohu.-trempo.com/). Sur ces boutiques, vous pouvezvous confectionner votre propre sélection demorceaux, que vous recevez sur un CD

directement chez vous. BB&PP propose,donc, également de vendre ses produits dérivés sur sa page. Ces deux solutions ont lemérite d’être régionales, certes, mais surtoutd’être très simples à mettre en place, tout enobtenant de vrais résultats, et une vraie boutique sur sa page. Pour résumer, entremusique, interactions, et vente de produitsdérivés, Facebook dispose de nombreusesapplications destinées aux artistes. Il ne fautcependant pas oublier l’essentiel : savoir créerdu trafic sur sa page, et pour ça, pas desecret, il faut être actif et définir une vraie stratégie de présence en ligne. La concurrenceest rude et nombreuse, spécialement surFacebook, alors il faut savoir se démarquer.Peut-être le sujet d’une prochaine chronique ?

www.ilike.com / www.lengow.fr / www.bb-pp.fr

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MySpace est mort

VIVE FACEBOOK !PAR SIMON ROBIC

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[trap]

Saint-NazaireZôl : Pour [trap], Saint-Nazaire c'est le berceau del'humanité.Merlin : Moi je vois un gros bloc en béton où onpeut faire toutes sortes de choses à l'intérieur.Z : Je pense qu'à Saint-Nazaire, Merlin y voitessentiellement le VIP... et mon appart'.M : J'y ai une chambre. C'est ma chambre en France.Z : Après, nous, on a des fantasmes commed'avoir une rue à notre nom à Saint-Nazaire.M : Voire peut être une place.Z : L'avenue du Général-de-Gaulle, avec ses pal-miers et son côté californien, renommée avenue[trap] pour l'occasion !

BerlinM : C'est le bordel, mais un bordel organisé. C'est

le lieu de naissance de [trap] en fait.Z : Pour moi c'est une espèce de zone libre, çagénère un gros vivier artistique mais à côté de ça,ça génère aussi une professionnalisation compli-quée. On n'est pas du tout dans la même sphèrequ'en France mais il y a une vraie interaction, unevraie ébullition artistique qu'on est à des lieuesd'avoir ici, avec de la liberté en plus, ça c'est clair.

L'albumZ : À la rentrée prochaine, ça serait pas mal. C'estl'idée. Et encore, un album on n'est même pas sûrs en fait. Je pense que des séries de EPseraient encore de circonstance pour nous. Et puis le label, on ne sait pas. On a des pistesmais rien n’est validé pour le moment. En termesde production, je pense qu'on n'est pas encore

À L'ASSAUT !

Deux têtes, quatre mains et quatre jambes, [trap], la bestiole qui monte, qui monte... Le duonazairo-berlinois continue de semer le chaos sur scène à grand coup d' “electro heavy core”. Lapaire Merlin (batterie)/Zôl (machines) passe en mode surmultiplié en cette année 2011. Après lesTrans Musicales de Rennes, ils s'attaquent au Printemps de Bourges en tant que DécouvertePays de la Loire. Avant cette étape importante pour le développement du projet, ils nous donnentleurs ressentis autour de quelques mots clefs qui définissent [trap].

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PAR MANU LEGRANDPHOTO : DR

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assez au point. Pour l'instant il y a le live. La production discographique viendra après, avecle choix esthétique, le mixage et le son à trouver.M : Il va falloir intégrer notre approche de la musique, qui est le live, à la production.Z : En live, on sent bien les trucs efficaces. Pour undisque, pour faire une production toute électroni-que, il faut quand même faire en sorte que l’acous-tique soit un peu sublimée pour être dans le vrai.

La scèneZ : Tout s'accélère parce que NeoNovo vient denous prendre en booking. C'est ça qui nousmotive surtout, nous confronter aux gens, directe-ment. C'est ce qu'on a fait jusqu'à présent mais làon compte le faire de manière un peu plusintense... et un peu plus organisée. La premièreannée d'existence de [trap] nous a obligée àbidouiller avec des bouts de ficelle, faire des datesimprobables, perdre pas mal d'argent ou engagner très très peu. On va rentrer dans un nouveau rythme où on va pouvoir mieux préparerle son. On aura moins de trucs à organiser denotre côté pour que les choses se fassent. On vapouvoir se concentrer sur la musique.

Du metal sans guitareM : Comment ça, sans guitare ?!Z : En fait, je suis guitariste de formation, c'étaitmon métier à la base. [trap] ça a toujours été prévuavec de la guitare. C'est juste que, comme on ades difficultés à faire rentrer la batterie dans un mixélectronique, la guitare, et bien c'est encore pire,avec les synthés par dessus. On commence toutjuste à trouver une bonne combine. Pour Bourges,on aura le premier concert avec la guitare. Ça vaêtre sensiblement la même chose puisque que lamusique de [trap], c'est des riffs de guitare et desynthés. Sauf que finalement ils vont être teintésd'un brin de plus de médium. Ça va être un peuplus heavy, finalement. Mais pas sur tous les morceaux. On va quand même maintenir quelquechose de dancefloor sur une partie du set. Mais onva pouvoir rentrer sur un système d'écriture et decréation un peu plus spontané. On va laisser lesséquences vivre un peu plus différemment. Un peuplus épuré et non pas minimal. On ne fait pas dela techno allemande.M : En tout cas, pas pour cet album. On sortirapeut être un single minimal éventuellement un jour,qui sait.

Un groupe ou un disque qui vous rassembleZ : On a toute une culture en commun, qui s’estrévélée lors de notre 1ère rencontre : toute la musique expé. On a écouté les même trucs, on estde la même génération : Mike Patton, Philip Glass,Steve Reich. Si on devait retenir un album je tedirais le premier Fantomas.M : C'est une valeur sûre.Z : Le truc qui t'arrive directement dans la face.

Un groupe qui vous sépareZ : C'est pas simple. Vu qu'on optimise notretemps à cause de la distance Berlin/Saint-Nazaire,on en perd pas à parler des trucs qui nousennuient profondément.M : Les trucs qu'on aime pas, on a juste à les zapper. On se concentre sur les trucs qu'on aime,du coup. Z : Dans le travail des instruments, comme on achacun de notre côté fait des expérimentationsassez poussées, et bien mine de rien on s'intéresse à tout. Même les pires styles de zic. Jesais que j'ai vraiment du mal avec la musiquelatino, mais par rapport à la guitare il a des chosesqui m’intéressent techniquement. Mais je ne peuxvraiment pas en écouter pour le plaisir. On a unegrosse culture jazz rock en commun, que l'on renie !J'ai appris la guitare avec Uzeb, Al Di Méola, AlainCaron, ce genre de conneries. M : King Crimson !Z : Ou Magma, pour les plus nobles... Et tout ça,et bien ça se voit dans notre musique, quand parfois il y a de petites envolées où on est en trainde se barrer dans le prog'. Et on est obligé de s'ar-rêter sinon ça deviendrait vraiment n'importe quoi.M : Moi aussi j'ai grandi là-dedans avec mon ins-trument, plus ça devient compliqué plus c'est fun.Z : Bref, c'est pas simple de nous dissocier musicalement.M : À part peut-être Vivaldi.Z : Exact ! Toi tu apprécies bien, moi je n'aime pas. M : Effectivement il aime bien Wagner, Bach,Stravinsky... Mais je me rappelle un fois, on se parlait sur Skype (qu'on utilise vraiment beaucouppour bosser ensemble !) et il m'a dit “Tu écoutesdu Vivaldi !”. La main dans le sac !

Infoswww.myspace.com/trapsound

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PAR SYLVAIN CHANTAL

ILLUSTRATIONS : JERONIMO

http://www.jeronimo-dk.com

Ces dernières années, nombred'ouvrages ou expositions sontconsacrés à l'histoire des musi-ques actuelles. Rockin'Laval,L'Olympic Club de Nantes, Rok,La fabuleuse histoire du rocknantais, il n'est qu'à consulter lesrayonnages des librairies del'Ouest pour jauger l'importancedu phénomène patrimonial.Simple effet de mode ou véritablenécessité de capitaliser le passé ?Tohu Bohu répond à cette ques-tion dans un dossier à relire d'iciquinze ans…

“Thésaurus”, “oralité”, “anthologie”,“arborescence”, “esthétiques”…Autant de noms aux résonancesbarbares employés par trois chercheurs réunis autour d'unetable. Non, nous ne sommes pas auCNRS, mais à la Cantine deTrempolino où un doux fumet nous indique que ce midi, ce sera poisson.Emmanuel Parent, docteur en anthropologiesociale et ethnologie, et Gérôme Guibert,docteur en sociologie et maître de conféren-ces à la Sorbonne, devisent avec Jean-PierreBertrand, président d'EthnoDoc et Arecxpo et finconnaisseur des musiques traditionnelles. Le butde leur rencontre ? Mutualiser les savoirs et l'expérience emmagasinés dans la “patrimoniali-sation” du trad' au profit des musiques actuelles.“Nous cherchions des moyens de transmissionde l'oralité, explique Jean-Pierre Bertrand. Or, à l'occasion d'un concours sur le patrimoine organisé par Chasse-Marée en 1995, nous avonsprésenté une base de données recensant cinquante chansons de marin. Nous avions un

stand karaokéqui a rencontréun franc succèsaup rès desgam ins . Ons'est dit : ‘Lavoilà l'idée !’”.Depuis, leRADdO (Réseaudes Archives etDocumentationde l'Oralité) estdevenu une référence dans le domaine desm u s i q u e s traditionnelles etson site internet,w w w. r a d d o -ethnodoc.com,est alimenté

quotidiennementpar quatre

personnes. “Sansoublier une arméede bénévoles”,

ajoute Jean-PierreBertrand. Gérôme Guibert et Emmanuel

Parent, missionnés par Le Pôle pour réaliserun outil de ce type pour les musiques actuelles enPays de Loire, prennent des notes et débattent.Que ce soit pour le trad' ou le rock, les objectifsde la “patrimonialisation” sont les mêmes : resti-tuer l'impact social de ces musiques, leur rôlesubversif ou non et l'énergie créatrice de culturesqui ont dépassé le simple champ musical.“J'attends d'eux la même chose que ce qu'ilsattendent de moi, confie le volubile Jean-PierreBertrand dont le dos de cabillaud est tranquillement en train de refroidir. En confrontantnos expériences, nous créons des viviers

PATRIMONIALTOUT ÇA…

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d'intelligence !” Pour autant, les trois ne sont pasd'accord sur tout.

Qui détient la légitimité pour définir ce qui estpatrimonial ou non ? N'est-il pas trop tôt pourjuger de ce qui est collectable ou ne l'est pas ? “Il serait dangereux et présomptueux d'éliminerdes choses”, insiste notamment EmmanuelParent. On cite alors pour exemple, la premièreproduction de Dominique A, le 45 tours “Éphémérides”. Les morceaux ne sont pas forcément bons, mais l'objet a pris toute sonimportance au vu de la brillante carrière de l'ancien Orvaltais. “On doit récolter un maximumde données et poser ensuite des questions pluslarges, explique Gérôme Guibert. Je réinscrisDominique A dans la démarche et je le remets ensituation. Avant on parlait d'une ‘œuvre de qualité’, mais en fin de compte, çane veut pas dire grand-chose.Prenons l'exemple des peintres impressionnistes.Sur le moment, ondisait que c'était nul,que c'était de l'arna-que. À l'inverse, on aaccordé de l'impor-tance à l'Art pompier.Ce n'est que plus tardque les valeurs ontchangé.” Et le sociolo-gue d'insister sur la différence entre “inven-taire” et “patrimoine” :“Quand tu fais uninventaire, tu as déjàdéfini ce qu'est lepatrimoine. Le drame,c'est qu'on voudraitque tout soit du patri-moine.” En tout cas,Jean-Pierre Bertrandpréconise de le traitertout de suite ce fameuxpatrimoine : “Il naît du quotidien. Il ne faut pas leconsidérer comme étant du passé.” Le trèsrécent mouvement de la “tektonik” est alors cité

en exemple. On ne doit pas forcément attendrepour se pencher sur ce phénomène né en 2006.

“Patrimonialisé”, le rock rentre-t-il dans lerang ?Quand on interroge les uns et les autres sur ledanger que la “patrimonialisation” puisse faire ren-trer dans le rang les musiques actuelles, GérômeGuibert intervient aussitôt : “De toute façon, lerock est devenu une culture commune. Quand j'aicommencé à travailler sur les musiques actuellesil y a quinze ans, c'était un sujet très décrié à lafac, comme la prostitution ou le cannabis. Alorsqu'aujourd'hui, le débat est complètement dés-amorcé”, explique celui qui intervient aujourd'huisur le sujet à la sacro-sainte Sorbonne.

“De toute façon, il y a eu insti-tutionnalisation du rock dès

lors que les salles ontété financées avecde l'argent public,déclare NicolasMoreau, l'un des instigateurs du projetRockin'Laval (cf enca-dré p.17). Ce n'estplus une musique derebelles, mais declasses moyennes.Malheureusement,en France, on consi-dère qu'une choseest morte quand elleentre au musée…”L'application deméthodes scientifi-ques pour capitaliseret valoriser cette cul-ture musicale donneen tout cas du crédit

à sa “patrimonialisa-tion”. “Par nos actions, nos démarches stratégi-ques et notre rigueur scientifique, confirme Jean-Pierre Bertrand, nous prouvons que le secteur

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“Malheureusement, en France, onconsidère qu'une chose est mortequand elle entre au musée ”

“Le drame, c'est qu'on voudrait que tout soit du patrimoine”

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n'appartient pas qu'à certaines élites.” HyacintheChataigné, responsable de l'observation et desétudes à la Fédurok (fédération qui regroupe leslieux de musiques actuelles et qui a créé une“commission patrimoine” avec la Fédération desScènes de Jazz et musiques improvisées),enfonce le clou. “Faites l'expérience de taper‘musiques amplifiées’ sur Google et voyez lerésultat sur Wikipedia. Il est écrit que ce ‘termeinstitutionnel a été créé par les directions régiona-les des Affaires culturelles en France’. Or ce termea été inventé par Marc Touché en 94-95 ! Ça illus-tre bien le débat. Il y a effectivement un danger derentrer dans le rang, mais autant que cela viennede nous, que ce soit nous, les acteurs, qui racon-tions l'histoire. Nous avons la légitimité pour laretracer et parler de la structu-ration du secteur qui s'opèredepuis vingt-cinq ans. C'estun enjeu important que delégitimer notre existence.”

Qui patrimonialise ?Au-delà des sociologues citésplus haut, qui “patrimonialise” ?“En ce moment, il y a un changement sociétal, expliqueGérôme Guibert. Les histo-riens commencent égalementà s'intéresser au sujet. Le 6avril 2011, se tenait par exem-ple un séminaire, au CentreMalher à Paris, sur l'histoiresociale du rock, avec pourinvité Philippe Manœuvre.C'est un phénomène nouveau.”“Qu'on travaille sur la socio-histoire du rock était en effetimpensable il y a encore vingtans, confirme Eric Fagnot duCIRMA (Laval). Il y a aujourd'huiune volonté de conservationautour de la culture dominantede la moitié du XXe siècle.C'est peut-être un effet de mode, mais c'est sur-tout une envie de faire partager cette culture leplus largement possible. Les musiques actuellessont en perpétuel mouvement. On regarde lepassé pour anticiper le futur.” En plus des cher-cheurs et historiens, le travail de “patrimonialisation”est souvent effectué par de simples passionnés.

Imprimeur dans le civil, Laurent Charliot s'est parexemple lancé dans l'écriture de La fabuleuse histoire du rock nantais. Il a par la suite contribuéà la rédaction de Rok, un ouvrage en deux tomesqui réunit Brest, Rennes et Nantes. “Au lendemaindu 20e anniversaire de EV, en 2001, j'ai eu l'idéed'entreprendre l'écriture de l'histoire du rock nantais. Ce soir-là, EV avait invité de nombreuxmusiciens locaux, des groupes actuels, maisaussi de vieilles gloires locales qui reformaientleurs combos pour cette occasion. Le bar deL'Olympic ressemblait à un remake des émissionsAvis de recherche ou Perdu de vue ! Au vu duplaisir de chacun à se remémorer telle ou tellepériode de la scène locale, je suis rentré chez moi,j'ai allumé mon ordi et j'ai ouvert un fichier Word

que j'ai intitulé : Lafabuleuse histoire durock nantais... PourRok, c'est différent.C'est Frank Darcel, ex-guitariste de Marquisde Sade, qui m'a proposé de collaborerà l'écriture d'un livresur le rock enBretagne, de Brest àRennes en passantbien sûr par Nantes...”Nicolas Moreau, l'undes instigateurs deRockin'Laval, confirmecet état de fait : “Depuisquelques années, onobserve un mouve-ment porté par despassionnés n'ayantpas le profil de cher-cheurs. Généralement,ceux qui sont dans latransmission ont entre30 et 40 ans. Ils sont àun moment de leur vieoù ils éprouvent le

besoin de revenir en arrière. Quand tu as 20 ans,tu ne réfléchis pas au désir de valoriser des archives.”La volonté de retracer l'histoire peut égalementvenir des salles de musiques actuelles elles-mêmes, comme ce fut le cas l'an dernier avecL'Olympic à Nantes. L'association Songo, quigère le lieu depuis quinze ans, a confié au

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Laval en amontFace à Rennes et Nantes, ses glorieux voisins,Laval n'est pas en reste. L'an dernier, la ville aaccueilli une exposition retraçant quaranteans d'histoire du rock dans le chef-lieu de laMayenne. Couplé avec la sortie d'un livre,“Rockin'Laval” a rencontré un franc succèsauprès du grand public. Deux de ses instiga-teurs, Éric Fagnot et Nicolas Moreau, nousracontent la genèse de ce projet bicéphale.

Marc Touché, le sociologue qui a apporté sonconcours à la réalisation de “Rockin'Laval”, l'affirme d'emblée dans la préface du livre : “Il nes'agit pas de participer au concours de la ville laplus ou la moins rock”. Pas de guéguerre doncavec Nantes et Rennes par exemple, mais lavolonté “de témoigner de l'émergence et de l'installation de nouvelles valeurs, mœurs et coutumes musicales, ancrées dans la vie ordinaire, à Laval et dans ses environs, dans uncontexte national et international électrique”.Pourtant, c'est bien d'un “défi” dont il s'agissaitpour Nicolas Moreau, l'un des protagonistes duprojet initié par l'ADDM 53, la ville de Laval et leCIRMA Les Ondines. “Monter ce type d'événe-ment à Laval n'était pas évident. Ça sonnaitcomme une blague par rapport à des villes plusimportantes. Mais c'est un défi qu'on a pousséjusqu'au bout. On s'est assez vite rendu comptequ'il s'est passé plein de choses à Laval et qu'onavait de la matière. Je ne crois pas au particula-risme des villes ; il y a de la matière partout, saufque ça prend des couleurs différentes selon l'endroit...” Éric Fagnot, qui jouait dans un groupedu cru au milieu des années 90, se rappellecependant de la spécificité lavalloise. “J'évoluaisdans un milieu rural. Or, se produire à Laval,c'était un challenge. Si tu y réussissais, tu pouvaisjouer n'importe où dans le monde ! Il n'y a pas eude groupes de renommée nationale ou internatio-nale à Laval, certains l'ont seulement frôlée, maisil y avait un réel bouillonnement.”À l'origine, Nicolas Moreau et Éric Fagnot pensaient juste réaliser un dossier pour la revueTranzistor sur le rock en Mayenne. Mais à forced'exhumer moult disques et matériaux, le duo arapidement décidé de voir plus grand. Le résultat ?Un ouvrage largement documenté sur l'histoiredu rock à Laval de 1960 à 2000 (tiré à 1 400exemplaires) et une exposition qui s'est tenue du

7 novembre2009 au 28février 2010.Fruit d'unevaste enquêteinitiée en avril2 0 0 7 , “Rockin'Laval”s'est construitsur la based'ent ret iensa v e c d e s personnalitésl i é e s a u mi l ieu desm u s i q u e sactuelles. “Ona fait unec e n t a i n ed'interviewspour raconterdes trajec-toires depersonnes,e x p l i q u eN i c o l a sMoreau. Du coup, on estvraiment rentrédans le détail,ça a pris plusde corps.” Les Lavallois se sont ainsi véritablementapproprié ce travail. “L'expo a été fréquentéeaussi bien par des gamins de 14 ans que par desgens de 50-60 ans restés attachés à la musiquede leur jeunesse, confie Nicolas Moreau.Beaucoup venaient en famille. Les musiciens faisaient de la com' dans leurs réseaux et, pourcertains, revenaient une dizaine de fois. C'estdevenu leur expo. Par contre, ma déception, c'estque ça n'a intéressé qu'un public très local alorsque nous pensions généraliser…” “Ça ne s'adres-sait pas à un public pointu, mais à tous lespublics, tempère Éric Fagnot. Il y avait une finalitépédagogique dans ce projet. Un musicien connude Laval m'a dit par exemple : ‘C'est cool carmon môme a pu voir ce que j'ai fait quand j'avais18 ans’.” L'un des objectifs de “Rockin'Laval”était également de montrer aux jeunes que lesproblèmes étaient les mêmes il y a quarante ans,en évitant surtout de tomber dans le discourspasséiste du “c'était mieux avant”…

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magazine Paplar le soin de raconter la vie de cetancien cinéma devenu salle de concerts. Et lepublic adhère : les trois ouvrages précités ontconnu des chiffres de vente plus que corrects enlibrairie.

Comment assurer la pérennité de cette mission ?Base de données sur internet, livres, expositions,la “patrimonialisation” adopte diverses formes. Onpeut évidemment citer également les enregistre-ments sonores. Henri Landré, l'un des tauliers deJet FM, détient nombre d'archives dans leslocaux de la radio herblinoise, dont certaines sontdisponibles sur internet. La station, qui vient defêter ses vingt-cinq ans, est de fait un acteurimportant de la vie des musiques actuelles.

“Mais je considère nos divers enregistrementsdavantage comme des témoignages sonores plu-tôt que des œuvres du patrimoine. Ça devient dupatrimoine quand l'artiste meurt… Nous avonspar exemple des choses sur Vic Chesnutt ou ElliotSmith, aujourd'hui décédés. À Jet, nous réfléchis-sons à l'idée d'une compilation retraçant nosvingt-cinq ans d'histoire. En nous servant parexemple des sessions Happy Hour que nousavons organisées à L'Olympic. Nous avons toutelégitimité pour les exploiter, de même que nosdiverses émissions de radio. Pour les enregistre-ments de live, c'est plus compliqué. Il faudraitrecontacter les groupes et leur demander l'autori-sation de réexploiter ces enregistrements pourlesquels je n'avais le droit qu'à une seule diffusion.”Sur ce point, Hyacinthe Chataigné émet desréserves. “Je ne remets pas en cause l'utilité de lapatrimonialisation, mais on se trouve fréquem-ment confronté à un blocage juridique avec lesayants droit, tant pour les matériaux audio quephoto ou vidéo. Alors il faut se poser la questionde savoir comment les contenus vont être acces-sibles et qui va pouvoir les consulter !” Le salariéde la Fédurok évoque aussi un autre problème :celui des crédits attribués à la patrimonialisation,souvent versés de manière aléatoire. “Tout ce tra-

vail de conservation prend beaucoup de temps etmobilise des moyens humains. Le Petit Faucheuxà Tours a par exemple reçu une aide du Ministèrede la culture pour cela, mais celle-ci n'a pas étéreconduite l'année suivante ! Comment voulez-vous pérenniser une telle mission ainsi !?”

Et si les choses se perdaient ?Tout le monde s'accorde à dire que la “patrimo-nialisation” revêt une importance cruciale, certainsmême employant le terme “d'urgence” à réalisercette mission. Seul avis discordant dans toutesles personnes interviewées pour ce dossier, celuide Vincent Moon, à l'origine de la création de La Blogothèque. Le weblog musical, qui accumule les enregistrements vidéo depuis 2004,est une mine d'archives de toutes sortes.Pourtant, Vincent Moon réfute entièrement l'idéede patrimoine. “Je déteste cette idée d'archivage.Je la considère même comme un danger nostalgique qui enferme les choses. Alors je comprends toute cette vague, due notamment aufait qu'aujourd'hui les moyens d'enregistrer sontnombreux, mais je trouve important que certaineschoses soient détruites, qu'elles disparaissent…Il faut absolument perdre des choses.” Et au fondc'est vrai, les artistes sont-ils heureux que l'onconserve l'intégralité de leur production ? Le jouroù l'auteur de ce dossier a failli divorcer parce queson épouse avait jeté à la poubelle le master de“Boulba”, la première K7 de Dominique A pardes-sus laquelle l'Orvaltais avait enregistré un morceau inédit, le sieur Dominique avait envoyéun mail : “Embrasse ta femme. Je ne la remercieraijamais assez d'avoir fait disparaître cette K7.”

“Tout ce travail de conservationprend beaucoup de temps et mobi-lise des moyens humains”

TOHU BOHU SUR LES ONDES :musiques actuelleset patrimoinenovembre 2011La Place - Trempolino (Nantes).En direct sur Jet FM (91.2).

À retrouver sur :

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Travail tremporaire

Fin septembre, “Portraits Singuliers”retracera, à La Fabrique, vingt ans d’histoirede Trempolino ainsi que des acteurs et musiciens qui ont fréquenté l'association.Vincent Priou, directeur de l’association nantaise, et Lucie Brunet, qui coordonnent leprojet avec Chloé Nataf, nous en dessinentles très nombreux contours.

Il arrive en rendez-vous avec son set de table griffonné de partout. Des idées pour retracer l’his-toire de Trempolino, Vincent Priou en a euesbeaucoup avec son équipe. À l’occasion de sondéménagement à La Fabrique prévu en septembreprochain, l'association-acteur historique desmusiques actuelles va en profiter pour revenir survingt ans d’accompagnement des pratiques artis-tiques. “Notre problème, explique le directeur dela structure, c’est que des bulldozers vont toutraser à peine aurons-nous tourné les talons !C’est une histoire forte qui disparaît. Nous avonsdonc décidé de regarder dans le rétroviseur et deraconter ceux qui ont fait notre histoire.”Beaucoup de gens sont en effet passés, un jourou l’autre, par les fameux bâtiments du boulevardde l’Égalité, qui pour y répéter, qui pour demanderun soutien. L'association a souhaité mettre envaleur tous ces parcours, ces bouts d'histoire quidessinent les musiques actuelles depuis 20 ans.Dans le cadre de ce projet intitulé “PortraitsSinguliers”, l’équipe de Trempo a donc mis enroute la réalisation d’une série de portraits, sousdes formes diverses. “Nous avons d’abord sélec-tionné une liste de personnes en lien avec lemilieu musical mais pas uniquement musiciens,raconte Lucie Brunet. Cela va des responsablesde catering au colleur d’affiches, en passant parles musiciens eux-mêmes. Puis nous avonsconfié l’exécution de leurs portraits à plusieursartistes.” Pour le volet vidéo du projet, une carteblanche a ainsi été confiée au vidéaste nantaisCharlie Mars. L’homme à la cagoule a totale latitude pour apporter son regard forcémentdécalé. La journaliste Capucine Frey a, pour sapart, mission de réaliser des capsules sonores,comme par exemple celle du sociologue/mélomane/ex-Crash Gérôme Guibert. Pour lapartie écrite, des passionnés de musique oumusiciens devenus aujourd'hui des écrivains sont

invités à rédiger un témoignage, sur le regardbienveillant de Sylvain Chantal (votre fidèle serviteuret rédacteur en chef de Paplar). Des photographes,comme Phil Journé et Rémi Goulet, apporterontégalement leur contribution en piochant dansleurs archives. Le résultat de tous ces travauxsera présenté sous la forme d'une installationmontée au sein du nouveau bâtiment deTrempolino. “Ce projet, nous le voulions artistiqueet aucunement nostalgique, conclut VincentPriou. Nous nous sommes demandés : ‘C’estquoi Trempo pour le public ?’. Cela permettrad’apporter une certaine lisibilité sur ce que nousfaisons, sur ce projet qui a construit une nouvellerelation entre les acteurs et les décideurs.”

Rendez-vous à La Fabrique à partir du 30septembre. Et le 24 juin, pour l'ultime fête du51, boulevard de l’Égalité…

NB : Et comme chacun a son bout d'histoire,“Portraits Singuliers” invite le public à créer sonpropre objet à partir des documents qui serontprésentés lors de l'exposition. Plus d’infos à partir de septembre 2011.

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La Tecktonik, vous vous souvenez ? Mais si, les p'tits jeunes habillés en fluo avec des crêtes qui dansent sur de la techno dans les rues de France et de Navarre... En 2007, toutle monde en parle et une folie médiatique s'abat sur ce mouvement... Aussi vite oubliéqu'arrivé ? Que nenni, vous dira Anne Petiau ! Dans Technomedia, cette sociologue spé-cialiste des musiques électroniques, décortique ce mouvement des “danses électros” quisont apparues en 2002 et sont le prolongement d'autres cultures spontanées (la disco, lehip hop, le punk...), amplifiées par une appropriation en masse des marques, des majorset des médias. Il s'agit également de la première manifestation culturelle de cette généra-tion de jeunes née avec le numérique. Internet, le web 2.0 avec ses réseaux sociaux, lessites de partages de vidéos, les blogs ont joué un rôle primordial dans la médiatisation deces “danses électros”. Cet ouvrage de 138 pages, sans jargon de sociologue, mais avecforce, témoignages et références, retrace l'historique de cette culture, tout en re-posantle contexte continuellement (historique de l'électro, de la danse, des supports, de l'indus-trie musicale, d'internet...). Simple, efficace et tout simplement passionnant !

Chloé Nataf

FUNK & SOUL COVERSJoaquim Paulo & Julius Wiedemann, Éditions Taschen, 2010.

BOSSA NOVA AND THE RISE OF BRAZILIAN MUSIC IN THE 1960'S

Gilles Peterson & Stuart Baker, Soul Jazz Publishing, 2011.

LE FOND DE L'AIR EFFRAIE – ABÉCÉDAIRE ROCK DÉRANGÉPatrick Foulhoux, Pyromane Books, 2010.

TECHNOMEDIA : JEUNES, MUSIQUE & BLOGOSPHÈREAnne Petiau, Éditions Seteun, 2011.

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D’habitude, un abécédaire rock démarre par AC/DC et finit par ZZ Top. Celui-ci commenceavec “Ah ben putain” et termine sur Zen Guerilla. Vous l’aurez compris, Patrick Foulhouxn’aime pas trop faire comme tout le monde. Cet ex-journaliste rock (Rolling Stone, AbusDangereux, Rock Sound, Kérosène…), aujourd’hui à la tête du très bon label Pyromane(Gâtechien, Tokyo Sex Destruction, Kafka…), a plutôt choisi de faire un abécédaire autobio-graphique. Comprendre : des groupes qui ont compté pour lui dans son parcours multi-cas-quettes (organisateur de concerts, label-manager, groupie, journaliste, etc.). Son style estdirect, immodéré, anti-langue de bois (mais non, je n’ai rien dit sur Philippe Manœuvre) etdonc rafraichissant. Et soyons honnête vous ne connaîtrez probablement pas tous les artis-tes cités ici. Outre les quelques “stars” (The Stooges, Les Thugs, Beatles, Iggy Pop, NeilYoung…), vous devriez rapidement vous passionner pour The Nomads, Woman, Fixed Upou Cheater Slicks une fois ce livre – au titre “sanantonionesque” - refermé. Plus que conseillédonc à tous ceux qui recherchent de nouvelles sensations fortes !

Kalcha

Les plus jeunes de nos lecteurs s’étonneront peut-être de lire que leurs ainés ont parfoisacheté un disque juste parce que sa pochette laissait présager du meilleur. Il faut dire qu’onparle là d’une époque où on n’avait guère d’autre choix que d’acheter un album si on vou-lait l’entendre, et donc à fortiori après sa date de sortie officielle. Oui, on sait, ça parait din-gue aujourd’hui ! Ceux qui regrettent le bon vieux temps peuvent d’ailleurs directement seruer sur ces deux magnifiques livres tout à la gloire des pochettes 30X30 de vieux vinylesqui grésillent. Le premier se concentre sur les mouvements soul et funk, le second (Englishonly) sur la bossa nova brésilienne des 60's. Sélectionnées par des passionnés spécialistes(Joaquim Paulo avait déjà signé un très bon “Jazz Covers” en 2008, et on ne présente plusGilles Peterson et Suart “Mr Soul Jazz Records” Baker), toutes ces pochettes impression-nent par leur pouvoir d’évocation : chaque page tournée donne des fourmis dans les doigtset les oreilles. On se demande à quoi ressembleront les livres numériques qui sortiront dans30 ans pour compiler les plus jolis petits dossiers jaunes ou bleus d’aujourd’hui.

Kalcha

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Infoswww.myspace.com/lesmouillotins

www.mouillotins.fr

À la veille de la dixièmeédition du festival, lesMouillotins continuentde creuser leur sillondans un territoiredépourvu de politiqueculturelle structurée enmatière de musiquesactuelles. À l'image deleur événement, l'associa-tion mise sur des valeursd'entraide et de partage pourfaire vivre la culture en milieurural.

Fondée en 1999, l'AMAC (Association MouillotinsAnimation Cuillé) milite pour la diffusion de la cultureen milieu rural en positionnant les musiquesactuelles comme un enjeu indissociable à sonrayonnement territorial. Depuis sa création, l'association s'appuie sur un dynamisme localpour développer un festival dont elle fêtera ledixième anniversaire en juin 2011. Elle s'estconstruite une identité autour d'une tradition sécu-laire locale à forte tonalité sociale. Celle-ci consistaità récolter des œufs la nuit du 1er mai pour les redistribuer aux plus démunis : “Les fondateurs dufestival avaient comme volonté première deconserver la dimension solidaire de la tradition desMouillotins au sein de celui-ci. Ils voulaient mettreen place un festival qui puisseencore rendre service à la population,et venir en aide à sa frange la plusdémunie... Une idéologie qui pousseles organisateurs à reverser la moitiédes bénéfices des soirées de l'association, puis du festival, à desassociations caritatives locales, unedifférente tous les ans.” rappelleAntoine, l'unique permanent de lastructure.

Implantée dans le Sud OuestMayenne, l'association participe activement à son aménagement en multipliant des projets(concerts, festival jeunepublic Les Mouillos) ayantpour objectif commun devaloriser l'identité culturelle

du territoire. Son crédoreste le festival, qui après

avoir connu quelques soubre-sauts, refait surface en 2009.

Un changement de cap salutairerecentré sur des objectifs artistiques

plus conformes à l'image de son public etvolontairement accessibles avec des propositionsgratuites tout au long du festival : “On a su, enchangeant de formule, attirer l’attention du public.Cette formule ‘Concerts-fanfares-arts de rue’ touche plus de personnes, un public intergénéra-tionnel. Ce partage et ce croisement de générationreflètent bien les membres qui composent l’association... La gratuité reflète avant tout lavolonté de la part de l'association de conserverson public, d'attiser sa curiosité par l'attrait de ladécouverte, avec une programmation sans têted'affiche, c'est aussi une façon de toucher un pluslarge public”, explique Antoine.

Pari réussi puisque les deux dernièreséditions ont attiré entre 3 000 et 5 000 personnes. Une consécrationpour les 200 bénévoles mobiliséspour l'événement. En attendantune dixième édition qui s'annonceprometteuse, il faudra assurémentcompter sur cette dynamiqueassociative dans les années à venir,bien décidée à pimenter le territoired'un souffle vibrionnant.

PAR ÉRIC FAGNOTPHOTO : DR

L’ASSO QUI FANFARONNEles mouillotins

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LA RUDA PLUS C’EST LONG,PLUS C’EST BON

Philly (saxophone)Me voilà adolescent avec un saxophone alto dansles mains, dans la même situation que Bruno dansle film “Le Péril Jeune” quand il essaie de déchiffrerun chorus de Hendrix ! On veut mais on n’a pasencore les moyens techniques pour y arriver alorson écoute les disques. Cette écoute devient notrepremière nourriture musicale, celle qui nousaccompagne pendant toute une vie de musicien.On s'en éloigne souvent mais on y revient toujours.Maceo Parker est vite devenu l'incontournable dema discothèque. Cet artiste correspond encore àl'idéal d'une carrière musicale, d'une vie de musique.Début auprès d'un monstre nommé JamesBrown, entouré de partenaires cuivres tout aussifantastiques, Fred Wesley et Pee-Wee Ellis.S'ensuivent plusieurs collaborations et une carrièresolo époustouflante. Plusieurs albums au compteur,250 concerts/an en moyenne ! On reste dans lefunk mais le son s'inspire des musiques actuelles,les compositions s'enrichissent de chants, legroupe s'étoffe, évolue jusqu'au dernier disque

“Roots and Grooves” où Maceo Parker s'entoured'un Big Band comme au bon vieux temps ! Voilàun artiste en tournée mondiale perpétuelle et enconstante évolution musicale. Premier concert en1964 avec son frère Melvin à la batterie pourJames Brown, prochain concert au Chabada àAngers le jeudi 9 juin 2011... 47 ans de carrière. Pan !

Pierrot (chant)Cela peut paraître curieux mais c'est Eddy Mitchellqui me vient à l'esprit. J'avoue avoir une oreille trèsdistraite sur ce qu'il fait depuis une vingtaine d'an-nées mais quand j'étais jeune on l'écoutait souventavec mon père. On aimait bien le personnage,sentiment alimenté par “La Dernière Séance” lemardi soir quand ça causait western. Il achèveaujourd'hui sa carrière et je l'évoque d'autant plusvolontier. Il est synonyme pour moi de paix au foyercar quand ses disques tournaient c'est que çaallait bien. Avec d'autres il représente un peu cettejeunesse et c'est aussi ce qui compte avec lesartistes qui s'inscrivent dans la durée... Des

La Ruda fête ses dix-huit ans de carrière en même temps que son huitième album studio. On a doncvoulu torde le coup du cliché qui voudrait qu’un groupe qui dure finit forcément par devenir une parodie de lui-même. Tout le groupe (sauf Richard, 2e guitariste, sans doute encore en train d’hésiterentre ses disques) s’est plié au jeu de l’interview spéciale “Artiste qui dure mais qui ne lâche rien” !

PAR KALCHAPHOTO : PHILIPPE VIOUXLES FILMS DU RÉEL

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moments heureux et on leur en sait gré. J'ai trouvédernièrement en vinyle l'album “Seul” de 1966 oùfigure un de mes morceaux préférés, “Sociétéanonyme”. J'aime bien le savoir là, le sortir de sapochette, l'écouter parfois. Il fait partie de ma vie.

Xavier (basse)Bad Brains est un des groupes qui m'ont vraimentmarqué. Découvert par hasard sur une vielle cas-sette que j’avais repiquée sur un pote, leur premieralbum fut pour moi une révélation. Je n'avaisjamais entendu des rastas jouer aussi vite desmorceaux punk-rock avec un bon gros dub à lasuite pour repartir de plus belle... Quelques albumsà posséder absolument : le tout premier albuméponyme sorti sur ROIR (1982), “Rock For light”(1982), “I Against I” (1986), “Live” (1988), jusqu’audernier en date, “Build A Nation” (2007), produitpar un Beastie Boys… Les Bad Brains seront d’ail-leurs présents au Hellfest 2011 !

Manu (batterie)Mon choix se tournerait vers Fishbone pour leurélégance dans le mélange des genres (ska, reg-gae, rock, fusion...) et parce qu'ils ont su traverserles années avec classe. Écoutez leur premier mini-album “Ugly”, c’est un classique. On les a croisésplusieurs fois avec La Ruda (Dour, Bologne ou auFujirock au Japon) et ce fut à chaque fois uneénorme claque. Angelo, figure emblématique dugroupe, restera à mon goût le chanteur le pluscharismatique que j'ai rencontré.

Daddy (trompette) Je dirais Arturo Sandoval. Né à Cuba en 1949, ilest LE trompettiste du XXe siècle. Fort de la cultureclassique mais aussi de la musique traditionnellecubaine et de tous les style du jazz, il possède unetechnique phénoménale toujours au service de lamusique. Il repousse sans cesse les limites del'instrument. Révélation en live en 1985 au PetitJournal à Paris, concert offert par mon frangin, jem'en suis toujours pas remis ! Album coup decœur : “I remember Clifford” où il rend un magnifi-que hommage à Clifford Brown, trompettiste noiraméricain décédé à 26 ans, le roi du phrasé.Acclamé dans le monde entier, il fait environ 200concerts/an... Depuis 40 ans. Respect !

Rodolphe (trombone)Je suis influencé depuis mon plus jeune âge par leson rauque et puissant de Gary Valente, trombo-niste solo du Very Big Carla Bley Band. Ce type aconfirmé ma passion. Il a une maîtrise rythmique dutrombone absolument déconcertante. Je conseille-rais le disque “Big Band Theory” de Carla Bley.

Fred (guitare)Esthètes et terroristes du kitsch, inspirés par BadBrains, Minor Threat ou Run Dmc, les BeastieBoys tiennent le haut du pavé depuis plus de 30ans ! Ils alignent des tubes qui collent à leur épo-que et je finis même par croire que c'est l'époquequi colle aux Beastie Boys. “Check your Head”mescotche toujours à l'écoute et je me délecte à cha-que sortie estampillée B-Boys. Du visuel jusqu'à laproduction, les New-Yorkais gardent ce coté exci-tant de l'autoproduction et du DIY. Ca ne fait pasde compromis et c'est toujours fresh ! J'étais àBercy pour la tournée “Hello Nasty” : diffusion en360°, scène en forme de vinyle géant ! Gros grosconcert ! Pour moi, il sont les Beatles du 21e siècle.Et vu que Richard est puni, je placerai un groupebonus parce que j’ai une anecdote : on a joué avecles Skatalites pour la 1ère fois en 1995 au GrandDuc et en loge commune. À l'époque, c'était notre5e concert et on avait un camion et du matos vrai-ment pourris. Quand ils sont arrivés, leur camionétait encore plus pourri que le nôtre et ils nous ontdemandé de jouer sur notre matos... Ils l'ont faitsonner bien mieux que nous. J'ai cette image deRoland Alphonso, le saxophoniste, en coté descène en train de nous regarder. Ça fait partie desconcerts marquants qui me guident !

Infoswww.laruda.fr

Un snobisme latent dans le micro-cosme musical (auquel on participesans doute parfois) voudrait qu’ungroupe festif soit moins respectablequ’un groupe torturé ou pluscontemplatif. Pendant qu’on conti-nue de discuter en tête à tête avecnotre nombril, La Ruda aura passéces dix-huit dernières années à jouer son punk-rocksautillant un peu partout dans le monde, vendu desdizaines de milliers de disques, connu des hauts, sesera relevée de ses bas, aura converti des tas desceptiques pendant des concerts “tsunamiques” etcompte surtout bien continuer sur sa lancée avec cenouveau “Odéon 10/14”. Comme AC/DC fait duAC/DC, La Ruda fait du La Ruda. En différent maisen pareil. Et c’est sans conteste elle qui le fait lemieux. Tohu Bohu d’honneur pour l’ensemble deleur œuvre !

Kalcha

La RudaOdéon 1014Wagram 2011

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Derrière le Drago Pedros, Hang the DJ, une associationpilotée par un certain Jean-Marc, nantais originairede Brest, plus précisément de Plougastel. Le conceptest bel et bien basé sur cette double-identité : proposer un plateau nanto-brestois. Il va sans direque le bonhomme connaît la scène nantaise, lascène plutôt rock. Mélomane client du mêmeMélomane (disquaire nantais), voyant défiler bonnombre de jeunes gens jean et Converse au pied,médiator dans la poche pour certains, à sa terrasse,celle du LCR (Le Cercle Rouge). Quant à la scène brestoise, JM délèguera aux militants du fanzinebrestois Mazout la programmation. L'idée est doncbien de valoriser cette scène qu'elle soit nantaise oubrestoise, et d'insuffler des rencontres voire deséchanges.Nantes avait accueilli à Bitche le match-aller en septembre 2010, et fait carton plein. Le retour sepasse naturellement à Brest les 30, 31 mars, 1er et 2avril. Petit coup d'oeil rapide sur un festival sans prétention.Avant toute chose, évoquons cette véritable délégation nantaise qui fait la route en mini-bus dèsle mercredi 30 mars pour prêter main forte à l'asso-ciation. Des têtes bien connues de la terrasse duLCR, des antennes de Jet FM, de certains groupes,lieux, labels nantais. C'est assez incroyable. Au final,

on a parfois l'impression d'être à Nantes durant ces4 jours, car rajoutons à ces bénévoles et aux groupesquelques irréductibles de musique et amoureux/reusefou de la Bretagne, plus particulièrement du Finistèredont je fais partie. Après une entrée en matière sous forme de “barathon” le mercredi soir (fatigante aux dires desquelques présents), c'est bien au mythique Vaubanque le marathon se poursuit. Quel lieu ce Vauban !Endroit magnifique pour un joli plateau : FaustineSeilman, The Foves, Von Pariahs, French Cowboy etDonkey Saplot. On dira que l'affluence minime aurapu calmer les ardeurs ou les énergies des groupes.Pas de grand concert, mais un bon esprit.Pour les deux autres soirs, on met les petits platsdans les grands, en montant un chapiteau au Parc àChaînes, port de commerce, à quelques encabluresde la jolie Rade de Brest. Muscadet offert à l'apéro,le chapiteau est convivial, on y sent la mer. Se sui-vront sur ces deux jours une bonne douzaine deprojets, avec une thématique plutôt rock et électro levendredi, une dominante assez 60's le samedi.Difficile de revenir en détail sur chacun d'eux, onretiendra les performances de Fordamage,Mnemotechnic, El, Les Blousons, Siam, Les RoyalPremiers... Un accueil simple, un catering soigné, unpublic qui s'exprime, emballé semble-t-il, et quisemble apprécier la bière (celle du Bouffay tiens !). Il y avait quelque chose d'alternatif, de punk ou dumoins indé au Drago Pedros de Brest. Un truc portéà bout de bras par des bénévoles, 200% associatif,et je vous avouerais que ça se ressent. Des groupesspontanés, un public tout autant, des bénévolessouriants et pas pressés... Ajouter à cela lesembruns, le sable, la lumière du Finistère, week-endfinalement revigorant !

Une chouette version sonore est à retrouver ici :http://www.jetfm.asso.fr/site/Tutto-Per-Tutti-mercredi-13-avril.html

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pedros

Infoswww.dragospedros.com

www.myspace.com/dragospedros

ON NE PEND PAS LES ROCKEURS !

PAR CÉCILE ARNOUX

AFFICHE : DR

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Longtemps qu’un groupe de hardcore ne m’avaitpas procuré telle sensation de fraîcheur, le genre secantonnant trop souvent à paraphraser New-Yorkais et consorts… Ce qui en soit n’est pas undrame, mais l’énergie ne suffit pas toujours à vaincrela lassitude. Oubliez donc le hardcore à papa pourpeu qu’on vous mette dans les oreilles le nouvelalbum de AS WE DRAW (ex-Hard Off Hearing).Lines Breaking Circles creuse un peu plus le sillondu trio lavallois, dans un post-hardcore qui a oubliéd’être mou et chiant. Fougue de jeunesse me direz-vous, pas du tout, les structures sont suffisammentcomplexes et le jeu maîtrisé pour que l’on goûtedans cet album la maturation et l’exigence qui l’ontfait aboutir à un tel résultat. Loin d’un son mastocsorti d’un caisson de décontamination, on prône icil’authentique, avec un son assez rock’n’roll. Y’apas à dire, en matière de hardcore, Laval is All !Benoît Devillers

BOCAGE nous invite auvoyage musical réservéjusqu’alors à la scène : unciné-concert sur Nanouk l’Esquimau (RobertFlaherty, 1921). Le documentaire, un des premiersdu genre, tourné dans la baie de Hudson, retracela vie des inuits, à travers le quotidien de Nanouket sa famille. Timothée et Claire proposentaujourd’hui ce souvenir sonore, un disque sur leurlabel Sosei Records. Percussions, chants aérienset langages inventés, guitares éthérées, bruitagesen tout genre, colorent l’image de longues mélopées, d’influences ethniques, de mélodiespresque boréales. Ce carnet d’aventure illustré,fait de candeur et d’humanité, révèle les magnifiques reflets blancs bleu d’un Bocageilluminé.

Cédric Huchet

A l’heure où tant de groupes hexagonaux choisissent, parfois par paresse, souvent pour lamusicalité, de chanter en anglais, d’autres ontdécidé d’organiser la résistance. Il en va ainsi desMayennais de BA’AL : la langue française, dansun parlé-chanté à la sèche théâtralité, est le cœurde leur rock mutant. Les consonnes claquentcomme des coups de fouet et les mots, tout encirconvolutions phonétiques et poétiques, s’enroulent en spirale autour des guitares vicieuses et des claviers abrasifs, aux motifs hypnotisants. C’est une musique sombre, volontiers sérieuse et lettrée, qui s’aventure surdes contrées inhospitalières et peu foulées cheznous : au bord d’un feu de joie quelque part sousTerre, où les mots sont des braises ardentes, et lechant une incantation. Saurez-vous résister àl’épreuve des Ba’al?

Yohann Le Blévec

Quand on potasse les bouquins de médecine, ondécouvre que le BRUXISME

est cette habitude (très irritante pour l'entourage)de mouvement inconscient de la mâchoire, principalement pendant le sommeil. Le choix dece nom ne relève bien évidemment pas duhasard. Cet album traduit l'envie de ces membresde montrer les crocs. Issus de quelques formations mythiques de la région (Shout, Hemp,Toxxic TV, Hutchinson...) ces vieux briscardsdéboulent toutes guitares dehors. Dans la lignéede la vague post hard core américaine de la fin du20e siècle (Quicksand, Orange 9mm, CIV...),Bruxisme ressuscite le fantôme des fabuleuxPortobello Bones. Et si la rage est bien présente,le groupe n'oublie pas les mélodies et ose mêmele chant en français sur un titre. Un album réfé-rencé, certes, mais qui refuse le passéisme,témoignage d'un groupe résolument volontaire.

Manu Legrand

As We DrawLines breaking

circlesThroatruiner Records 2011

BocageMusique pour Nanouk

Sosei Records 2010

BruxismeRien de plusUncisive Label 2011

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Ba'alS/tAP 2011

VINYLECDNUMÉRIQUE CD

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C’est un bon accueil que nous faisons au 1er opushuit titres, dont trois remixes, du combo sarthois.Les protagonistes de CASSIUS BELLY réalisentune belle performance musicale. À la fois rap, elec-tro, dub, pop et rock, il est aisé de l’assimiler à unebande son tout droit sortie d’un thriller palpitant,d’un roman noir angoissant, d’un film d’animationdont on serait le héros ou d’un scénario à laTarantino narrant une cavale sans alternative…C’est en quelque sorte un bal électronique sur fondde musique profonde, trépidante et solennelleexprimant la gravité du ton de certaines actualités.Ne manquons pas de saluer les divers featurings etcollaborations avec les rappeurs Sooolem (HenriMash) et Monsieur Saï, la trompette de Marki, la voix du poète Mr Mad, et les touches electros deMarti et d’Otherness Society. Plus qu’un supportaudio, cette production est un réel objet, fruit dutravail artisanal de LaMachine Folle et des mainsdes Cassius Belly.

Emmanuel Bois

ANDRÉ CHARBONNEAU, que rien ne destinaitau flamenco, semble pourtant bien tombé dans lamarmite andalouse. Après avoir mijoté dans lepays de Cordoue au contact des “grands”comme José Antonio Rodriguez, il s'imprègne etdigère l'esprit flamenco avec gourmandise. Cenouvel album solo démontre, s'il en était besoin,qu'il s'est approprié l'esprit et la maîtrise technique du flamenco. Maîtrise poussée à sonparoxysme, jusqu'à aplatir parfois les effets“coup de sang” si caractéristiques aux guitaristesflamenco, cette étincelle transmise aux danseuseset danseurs, qui s'exprime en retenue - explosion.Malgré la variété des genres visités (rumba, fandango, solea, sigueria), l'écoute reste un peulinéaire dans les mélodies. Mais le voyage enFlamenquie laisse toujours de belles et fortesimpressions sonores.

Gilles Lebreton

Cassius BellyHeurts

AP 2011

AndréCharbonneauFlamencoAndaluciaSunset France 2011

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Clin d'oeil possible à la bio-graphie de la jeune alle-mande, clin d'oeil certain à unrock'n'roll noir et second degré. Emmené par unediva, langoureuse parfois, rageuse souvent, habitéetout le temps, le quintet joue, aussi paradoxal quecela puisse paraître, une musique basique qui setrouve être originale et racée dans ses mélanges.Du garage, du punk, du Two Tone, du cabaret, del'alternatif, de l'électro... CHRISTIANE F valse avecles genres, revendique sans doute plus un universqu'une étiquette. Un univers inquiétant, tendu,révolté aussi, mais subtilement contrebalancé parde l'ironie et de la légèreté. Les pâlots de ChristianeF auraient pu composer la bande-son deFrankenstein, de Dracula, avec son instrumentationqui fait la grand écart entre acoustique et électri-que. C'est sans nul doute sur scène que cela peutse vérifier et que le propos prend toute sonampleur. Cécile Arnoux

CLYTEM SCANNING est lenouveau projet solo de

Marianne, ex-chanteuse du groupe ShaneCough, rejointe par Arnaud Fournier (guitariste deHint & La Phaze). Débarrassée des guitaresputassières de Shane Cough 2e époque,Marianne revient à ses premières obsessions :une electronica shoegaze entre Aphex Twin etSeefeel. Bien sûr, sa voix rappelle toujours autantBjörk dans les moments calmes et PJ Harveydans les hurlements, mais la demoiselle a suffi-samment de charisme pour ne pas passer pourune simple copycat. Cet “Armada” repose sur unlit de percussions synthétiques au groove glacial,sur lequel n’ont plus qu’à folâtrer libidineusementvoix sensuelles, nappes rampantes et guitaresnoisy. Très belle pochette au passage qui devraitvous faire préférer la version vinyle.

Kalcha

Christiane FLes aventures sonores

de Christiane FAP 2011

ClytemScanningArmadaClytem Records 2011

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Look classe et ambience cold wave. Ça fait plusde vingt ans que LSK marque la communautéinternationale des musiques dark, du collectifEvidence jusqu’à la collaboration avec GerardMalanga. Dans la même lignée, DEMIAN CLAVpropose une musique forte et cohérente. Maisposons une hypothèse. L’originalité ici estconstruite sur ce qui devrait à la base constituerun non sens artistique. La jonction de deux cou-rants a priori incompatibles. D’abord, le rock pro-gressif, dans son expression la plus rococo, avecdes solos de guitare qui dégoulinent et desconcepts à n’en plus finir. Si le groupe cite Vander Graaf Generator comme influence, je penseplutôt pour ma part au Pink Floyd crépusculairede “Final Cut”. Un mouvement dévié par la partgothique du groupe, plus proche toutefois desLegendary Pink Dots que de Sisters of Mercy.Une sorte de gothique beat-nik pré-batcave. Singuliermais trippant.

Gérôme Guibert

Soyons francs, vous n’aurezpeut-être pas (tous) envie devous passer ce disque lesoir en rentrant d’une journée de boulot. La musi-que de ERWAN CO n’est pas facile, c’est mêmeun euphémisme. Fuyant les genres et les formatsconnus, le duo pourrait se rapprocher de gaislurons comme Diabologum, Programme ouEncre. Voire d’un Psykick Lyrikah en moins hiphop. Quinze titres relativement courts libèrentdonc une poésie abstraite déclamée/slamméed’une voix monocorde mais urgente sur fond dezébrures de guitares affolées. Pas trop de quoidanser la queuleuleu donc. Mais si vous aimez lamusique introspective qui écorche là où ça sup-pure, il est fort probable que vous trouviez votrebonheur avec Erwan Co. En interview sur http://tohubohu.trempo.com

Kalcha

Balades cavalières en pays occitan pour un DEBARROS caminaire (nomade) franchissant lescols pyrénéens, voir si, sur l'autre versant, setrouve le bonheur trop souvent insaisissable.Fougue et chaleur des rythmes brésiliens setélescopent avec la mélancolie des mots, fusion-nent avec des guitares aux accents flamenco.L'Andalousie n'est pas loin. Dominique a jeté toutson être dans ces compositions aux arrange-ments foisonnants et raffinés, qui portent destextes nous renvoyant aux destins manqués.Pourtant la voix est chaleureuse et sûre et la lan-gue occitane charrie ses soleils et ses galets pourles rouler en rivières espagnoles. Le chanteur saf-fréen, disparu depuis plus d'un an déjà, nous livreson message posthume : un dernier blues avantd'partir.

Gilles Lebreton

Pour son 1er EP 5 titres,BENOÎT GAUTIER fait men-tir l'adage “Les cordonniers

sont les plus mal chaussés”. Il avait magistrale-ment réalisé les albums de Mathilde en Juillet etde Momo, il a parfaitement su chausser le sien.Pas de virtuosité gratuite, pas de démonstrationveine pour ce trio guitare, basse, batterie quisonne haut et fort son southern folk-rock. Ledrumming dense et subtil, les lignes de basseintelligentes et puissantes portent des riffs deguitare qui chantent autour de la voix grave, sen-suelle et bilingue de Benoît. L'intro “d'Edie”sonne comme le Cheval fou de Neil Young, unrégal ! Bilingues sont les textes cinématographi-ques de Daniel Morvan, dessinant les figures d'unrêve américain. On pense à David Mc Neil et onsalue l'irréprochable mise en musique. Il faut sedépêcher pour emporter l'un des mille exemplairesnumérotés de cette excellente mise en bouche.

Georges Fischer

Demian ClavWisteria Lodge

Prikosnovénie 2011

Dominique De BarrosCaminaireDaqui 2011

Erwan CoTrois poumons

AP 2011

Benoît GautierS/tAP 2011

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GLÜCK est de ce genre de formations généreu-ses qui annoncent la couleur dès le départ... Engarder sous la pédale ? Jamais ! L'album est untrain à grande vitesse lancé dans une jungle touf-fue de drums et de cuivres. Opérant initialementpour le compte de la fanfare Zéphyrologie et dugroupe Sansara, les trois musiciens forment letrio en 2009, fruit d'une fusion entre les codes dela drum & bass et la chaleur des instrumentsacoustiques. Emmenés par une énergie hors ducommun, les douze titres d'”Acoustic Jungle” etleurs parties improvisées font mouche, je défiequiconque de ne pas succomber à leur délicieusecadence. Non sans rappeler Red Snapper et cesambiances exaltées d'une époque où un jazzcharnu rencontrait les machines, la copie est propre et soignée et l'on ne pourra que se réjouird'une telle entrée en matière.

Jonathan Duclaut

Foutraque, joyeux et rafraî-chissant, le duo LES DELPHESprovoque une euphorielégère avec ses ritournelles pop déglinguées. Onaime particulièrement “Tout le monde en profite”comptine situationniste sur rythmique automati-que ou ce “Pas trop” où plane l'ombre du meilleurKaterine. On pense aussi à Lilicub en savourantce cocktail musical et textuel. Les ingrédients(liste non-exhaustive) : un brin de ukulélé léger,une brouette d'ironie, des contemplations dés-axées du réel, des bourrasques de synthé enplastique, des louches d'idées bizarres, unepointe de non-sens, des kilomètres de rythmiquemachinique, un soupçon de rébellion, quelquestouches de cuivres ronflants, un filet de troubleérotique et des nuées d'amour polymorphe. Cesfaux naïfs sont de vrais filous et c'est bon.

Georges Fischer

Les chanteurs français d'aujourd'hui n'ont plusbesoin de traduire des tubes américains commele faisaient les yéyés. Les chanteurs français fontdes tubes américains, en anglais. JORIS ETREBECCA ont beau venir du Far West guérandais,leurs racines sont plongées de l'autre côté del'Atlantique. Ce duo prouve que la qualité d'unartiste ne se mesure pas aux décibels, mais à lasincérité de son chant, à la limpidité de ses compositions. Guitare, tambourin, voix exprimentdéjà beaucoup. Dépouillé, leur folk atmosphériqueprend quelques accents de country, de blues etde léger psychédélisme à la Neil Young. Joris etRebecca se démarquent parce qu’ils chantentensemble, à l'unisson. Cela peut interpeller aupremier abord (pourquoi ne pas harmoniser ?), onfinit par réaliser qu'ils créent ainsi la voix dugroupe, qui est faite de deux voix. Voices of

America.

Rémi Hagel

Voici le nouvel album desFRÈRES LÉON : “Le RoiSinge”. Il est composé de 9

chansons originales inspirées du conte tradition-nel chinois “La clef de Sun Wu Kong”. Ça com-mence par l’entrée en scène du Roi Singe, mi-homme, mi-singe. Il aimerait qu’on le délivrede sa cage. Il demande alors aux Frères Léon dese mettre sur la piste de la clef qui lui rendra saliberté. Un long périple les attend. Leur baladedémarre au Muséum d’Histoire Naturelle, etcontinue sur une île fantastique, avec un crabecommerçant, un cochon dans l’espace, un poisson rouge triste… La suite est à découvrir enécoutant le disque dont les chansons sont trèsjoyeuses. Les textes sont passionnants. Aprèsécoute, on a très envie d’aller voir ce conte surscène, conte mis en scène par PhilippeChasseloup.

Lune Laurent (9 ans)

GlückAcoustic jungle

Must Records 2011

Joris et RebeccaAn acoustic taleLes Disques en Chantier 2011

Les DelphesS/t

AP 2011

Les frères LéonLe Roi SingeVictor Mélodie 2011

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A l’écoute de cet EP, plus aucun doute n’est pos-sible : le chat est le meilleur ami de l’homme et ilest nettement plus rigolo que ces hypocrites decanidés. Et le fieffé greffier est joueur. Avec“Surprise-Partie !” MAMBA4CATS s’est donnépour ambition de concilier “l’art de plaire et dedistraire”. Concrètement, ça donne un électromâtiné de jazz, de jungle, de sons bidouillés, deritournelles des 50’s, de swing, de scratch, demusiques de l’est, de trucs chopés à droite et àgauche, du meilleur des vinyles de derrière lesfagots, de boucles en veux-tu en voilà, avec desgros morceaux de dialogues de films en noir etblanc dedans. Le morceau “Estoy”, concentrépur de sonorités slaves, conviendrait parfaite-ment à la B.O. d’un film de Kusturica ou de TonyGatlif. On sent que Freadz (Kazamix), Dj Spok etArturo Rotunda qui ont composé cette galette sesont amusés et veulent fairedanser. Et croyez moi, çamarche… J’ai testé en soirée.

Marie Hérault

MYABARAKA propose unson nouveau. C’est suffisam-ment rare pour être noté. Lesteel-drum, cette percussion musicale deTrinidad, est venu à nous par les steel-bands,massifs et festifs. Ludmilla Allais-Benbouali, aliasMya, en fait un instrument d’accompagnementde ses chansons parlées-chantées métissées. Ilapporte une musicalité riche, se prêtant aussibien au reggae qu’aux mélopées caribéennes ouaux boucles électrorientales, et suffisamment discrète pour ne pas faire passer Myabaraka pourun OVNI. Si ce n’était qu’un concept, l’aventurefinirait par s’essouffler. Au contraire, on se laissefacilement porter par cette invitation au voyage,habilement habillée par les samples chauds et larythmique de la seconde tête du groupe,Christophe Piot, aka Chrisdup. Métissages descultures, quête d’identité et humanisme sont lesfils directeurs des textes que Mya donne à enten-dre d’une voix fraîche.Rémi Hagel

Untel, ça pourrait être nous, c'est peut-être vous.Dans ce 1er album, MANON, jeune compositeur-interprète, aborde avec beaucoup de sensibilité, desincérité et de façon très intimiste des thèmes pou-vant sembler banaux mais qui n'en sont pas moinsimportants. Elle parle de l'accident de moto du voisin d'en face, de la timidité d'un certain Marïus,de sa peur du regard des autres, du grand amourde sa grand-mère, de plein d'autres choses, deplein d'autres gens... Avec seulement un piano, unukulélé, une guitare et une basse, elle crée avec sesmusiciens une douce atmosphère qui nous faitrêver et nous invite à rejoindre tour à tour l'ado quimarche à côté de ses pompes, celle qui regretteson petit copain ou le couple “d'improbables qui secomplaisent pour soulager leur malaise”. Vouspouvez faire “l'impoli” comme nous le suggèreManon et abuser de cette écoute, nous sommes

sûres, que comme nous,vous allez adorer !

Camille Lemerle et ManonMichaut (Lycée La Colinière,

Nantes)

OUTRAGE, l’aventure conti-nue ! Ça commence par uneimpression de déjà vu, du

ska-punk, sûrement dû à l’écoute des cuivres…mais aussi et surtout à un retour sur leur adoles-cence. Nostalgie oblige après 15 ans d’existence !C’est souvent en regardant dans le rétro qu’on(re)trouve le sens de ce que nous faisons et de ceque nous avons entrepris (?). Ryzhom est enquelque sorte la résurrection du vent de la révolteque portait les “Outrageois” à leurs débuts. Est-ce qu’ils ont senti le courant de l’indignation etdes révolutions arabes qui prévoiraient un échoen terres occidentales ? Dans tous les cas, çasonne et ça joue. Ils ont toujours autant d’énergieles gaillards ! Le quintet se prête même au jeu del’acoustique, use de ses talents en italien etmême en espagnol. Toujours sur fond de punk-rock, on assiste à quelques envolées électriquesproches du metal.

Emmanuel Bois

Mamba4Cats Surprise-Partie !

Kazamix Records 2011

ManonUntel a dit çàLes Disques en Chantier 2011

MyabarakaS/t

AP 2011

OutrageRyzhomOutrage AOSP / Mosaïc Music Distribution 2011

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À l’heure où la pop actuelle est saturée d’effetsélectros et d’autotune, THE DANCERS (ex-MistySocks) sort un premier EP tout simplement rafraî-chissant. C'est avec les “Eyes closed” qu'on seplonge dans l'univers d'un groupe frais et printa-nier. Les morceaux sont entraînants, s’enchaînentavec légèreté, les refrains restent en tête. C'estun brin de plaisir à l'écoute, avec une alternancede voix féminine et masculine agréable et totale-ment bienvenue, qui en est tout adouci. Le côtépop-rock rappelle Pony Pony Run Run ou ArcticMonkeys mais aussi et surtout The Pipettes.C'est un “Dancing Game”, une énergie délivrée,une “New Chemistry” appréciable et à appré-cier. On ne peut tout de même pas nier l'exis-tence des Dancers qui ont offert un concert àParis le 24 février dernier et qui vous feront àcoup sûr danser. Et six chansons, ça n’est passuffisant !Anouk Le Bras et AndréaSimonnet (Lycée LaColinière, Nantes)

Quelque chose nous dit quesi on cherche dans les dis-ques de chevet de VAGINA-TOWN on devrait trouver quelques albums desCramps, de Devo et de Suicide. Parce que leurtrès beau (quelle pochette !) nouvel EP vinyle faits’accoupler à la perfection le voodoo punk despremiers, la pop mongoloïde des seconds et leblues synthétique des derniers. Autant dire queles Nantais auraient des choses à partager avecles Montpelliérains de 69 (ex-Sloy). Ces quatretitres garage indus no wave (et pourquoi pas ?)vous rentrent dans le lard dans les règles de l’art– et réciproquement – sans même se retournerpour voir si vous vous relevez. Une bonne sortiede plus à attribuer au label nantais KizmiazRecords auquel on va finir par se fier les yeux fermés. Mais les oreilles grandes ouvertes.En interview sur http://tohubohu.trempo.com

Kalcha

Oui, derrière SIEUR ET DAME se cachent bien ungarçon et une fille. Mais il s'agit là de l'uniqueconcession faite à la raison par le duo nantais. Àmoins que l'on considère raisonnable d'associertextes crypto-érotiques, voix féminine lyrique etchants théâtralisés à l'extrême, le plus souventsur des morceaux bricolés à base de piano ouguitare... Un concept band baroque inécoutable,donc ? Plutôt le groupe à la personnalité la plusforte entendu depuis un moment ! Peut-êtreparce qu'à l'image des soeurs CocoRosie à leursdébuts, il se crée une alchimie aussi improbableque vénéneuse entre ces deux voix, miracle char-mant souligné par le minimalisme de l'instrumen-tation. La fausse pureté candide (mais vraie bellevoix) de Dame offrant ainsi un contre-champ idéalà la grivoiserie enjouée, parfois presque animale,de Sieur. Si cette perversion se veut discrète, elle

est en tout cas délicieuse. Damien Leberre

La musique de VICOPARA-DIS est assise sur des groo-ves musclés et des thèmes

accrocheurs. D’une mouche endiablée aux orches-trations cuivrées malicieuses à un slow pink-floydo-tiersenien, le quintet nous emmène dans ununivers riche d’influences. Tantôt l’électrojazz orien-tal d’Ibrahim Maalouf (“Mouche”), tantôt les cha-leurs cuivrées de Soul Jazz Orchestra(“Ethiologic”). Sur “Billie”, David Morand laisseentrevoir toute la sensualité de son jeu au bugledans un chorus planant, tant par son coté épuréque profond. “De tout temps, l’une des caractéris-tique fondamentale des êtres humains, est qu’ils sedéplacent”, nous enseigne “Red Windows”. Eneffet, à l’écoute du premier opus de cette formationnantaise vous ne tiendrez pas en place. Alorsremuez, dansez, et laissez-vous porter par cettemusique qui, l’été arrivant, va tomber à pointnommé pour mettre un peu de grooves pimentésdans nos appareils auditifs.

Sébastien Bertho

The DancersNew Chemistry

AP 2011

Sieur et DamePerversion discrèteKythibong 2011

VaginatownLSD

Kizmiaz Records 2011

VicoparadisS/tAP 2011

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Coup de griffe !

Infoshttp://ufisc.org - www.technotonomy.org

La dérive droitière du Gouvernement ne touche pasuniquement les étrangers ou les pauvres.Récemment, elle a, de nouveau, pris pour cible lesjeunes organisateurs de free parties.

Alors que depuis quelques années, et notammentdans l’Ouest, un statut quo semblait s’être établientre les sound systems et les pouvoirs publics,depuis novembre dernier, la hache de guerre sembleà nouveau déterrée. Pour preuve, quelques évolu-tions législatives incluses dans le fameux paquetLoppsi 2 et, surtout, une radicalisation de la répres-sion sur le terrain. Pour le volet légal, trois anglesd’attaque interviennent contre cette frange de la jeunesse qui a décidément tous les torts : le matériel, les lieux de vie et la surveillance.Concernant le matériel, l’article 35 de la Loppsi 2prévoit que tout matériel saisi peut être vendu surdemande du juge d’instruction, une fois qu’il n’estplus utile à la manifestation de la vérité. La plupart dutemps, dans les cas des saisies de sonos (qui sontpossibles depuis 2002 en cas de fêtes illégales), lejuge prononce la restitution du matériel dans les 6mois. En effet, dans le calme d’un tribunal elles appa-raissent souvent moins illégales au procureur qu’onréveille à 2 h du matin sans l’informer du contexte.Ce texte permet une solution facile pour, une fois deplus, contourner les juges, ces laxistes notoires.Le Gouvernement a ensuite tenté de taper sur leshabitats mobiles ou alternatifs qui sont aussi une desmarques de cette culture qui cumule toutes les tares.Avant que le Conseil constitutionnel ne rejette letexte, il suffisait de la volonté d’un Préfet et 48 heuresde délai pour détruire les habitats qui n’étaient pasconformes au code de l’urbanisme, même s’ils’agissait d’un camion aménagé dans la cour deses parents.Comme une bonne répression ne va pas sans unbon flicage, la fusion Police-Gendarmerie a permis,en novembre dernier, la création d’une cellule spéci-fique du SDIG (ex-RGs) ayant pour vocation de tra-quer sur le net les organisateurs de soirées rave etautres manifestations de jeunes. Depuis, l’efficacitéde ce service a été maintes fois vérifiée, nos

pandores facebookistes ayant pris pour habitudede balancer à leurs collègues gendarmes les nomset adresses des organisateurs qui annoncent leurmanifestation sur internet. Sauf que…. allant évide-ment au plus simple, les coups tombent en prioritésur ceux qui organisent des soirées légales dans dessalles prévues pour cela et dûment annoncées. Unsimple coup de fil au Maire de la commune concer-née ou au propriétaire de la salle de spectacles pourle menacer de graves ennuis et le tour est joué, lafête avortée. Les jeunes qui jouent le jeu des organi-sations carrées et sérieuses en sont les premièresvictimes. Mais qu’on se rassure, ceux qui choisissentla clandestinité ne sont que rarement inquiétés…avant la fête. Par contre, une fois la fête commencée, c’est toutl’arsenal répressif qui se met en place. CRS, hélicop-tères, Flash-Ball, tasers... tout est bon pour fairepayer aux musiciens impudents leur audace et leurenvie de liberté. Le 31 décembre dernier, une jeunefille était défigurée à vie par un coup de Flash-Ball enplein visage pour ne pas avoir fui assez vite le lieu dela rave en cours d’évacuation. Une étude menée par l’association Technotonomyentre le 1er février et le 15 mars 2011 (6 week- ends)dénombre plus de 25 fêtes mises en danger, avor-tées, interrompues ou saisies à la fin. Dans le lot, desfêtes en salle, légales, des soirées à 50 dans les boisou a 500 dans un hangar loué. Dans tous les cas lamême sévérité. Un autre point commun important : lerefus de s’engager des élus locaux, surtout en milieurural. Plutôt que d’envoyer leurs spécialistes jeunesse ou culture à la rencontre des jeunes, lamajorité des élus, autant de gauche que de droite,préfèrent, par calcul électoral simpliste, interdire et laisser les forces de l’ordre compenser leur manque de prise de responsabilités. Coincés depuis 15 ans entre le marteau et l’enclume, rejetés des SMAC et autres lieux de culture car défenseurs de l’amateurisme et du libreaccès des publics à la culture, les acteurs des freeparties n’ont encore une fois le choix qu’entre laradicalité ou la disparition.

PAR SAMUEL RAYMOND DE TECHNOTONOMY

PHOTO : MME HOURS

FREE PARTIES : LES RAISONS DE LA COLÈRE

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Nicolas Richard, aka Covalesky, musicien, producteur

Playlists

FORDAMAGE, Belgian Tango, Kythibong, 2008 (rock)“‘Belgian Tango’ ressort à l'occasion de leur nouvelle tournée, avec un morceau bonus enregistrélive avec des musiciens de Marvin, Papier Tigre, Room 204, etc. Vu en live récemment, une tuerie !”

Anaïg et Erwan, Resistenz

TOMA SIBIBE, Le Génie Donkili, Djahkooloo Records, 2010 (musique pour enfants)“Conte musical autour de l’histoire de Donkili, génie de la musique et des sons. Le message de cette

aventure est clair : partage, don de soi et joie de vivre ensemble. En conclusion un bel album, métissé,dansant avec de jolies mélodies et des sourires. Un véritable rayon de soleil pour les enfants.”

LA CANAILLE, Par Temps de Rage, L'Autre Distribution, 2011 (chanson rock)“Découverte 2007 du Printemps de Bourges, un album oscillant entre hip hop/slam

et orchestration rock dans la lignée du projet Zone Libre. Les textes sont subtiles, le son est fat, l'ensemble est une bonne grosse claque qui donne goût à la fessée,

le projet s'écoute en boucle de la piste 1 à 12, attention car : ‘Le soulèvement aura lieu’.”

LA BELLE BLEUE, Morceaux de Papier, AP, 2010 (chanson)“Album sincère, textes poétiques et touchants, musique roots'n’roll….

Les Guérandais de La Belle Bleue nous offrent un authentique second album où se mêlent guitares, percussions, sitar, mélodica, didjéridoo… À découvrir de toute urgence”

Collectif Amac, festival Les Mouillotins

MATTHEW DEAR, Black City, Ghostly International, 2010, (électro, rock)“La classe ! Son album brasse des musiques qui ne sont pas particulièrement ma tasse de thé

mais là il y a des morceaux imparables, une synthèse entre les musiques de club et les dépressions de salons, un pur plaisir !”

LHASA, Lhasa, Audiogramme, 2009 (folk)“Janvier 2010, et voilà elle est partie... Pas suffisamment reconnue, mère de douceur et sauveused’âmes perdues. Combien de chagrins envolés sur sa musique, sur ses mots si justes, sur lesmusiques si parfaites dont elle savait s’entourer. Des regrets, de la tristesse ? Quand une magnifique histoire se termine, il faut se dire ‘au moins nous avons eu ça’, 3 beaux disques.”

L'EFFET DÉFÉE, Al Trop, AP, 2010 (rock expé)“Maude Trutet aka Mood, jeune et talentueuse artiste porte corps et âme ce projet magnifique quiravira les amateurs de rock progressif et féérique. Dans son univers, on s’exprime à l’envers pourcomprendre à l’endroit que la société des hommes devrait ouvrir les yeux et se taire, que le surnaturela de quoi nous apprendre et d’autres leçons de choses utopiques mais indispensables.”

LOW, Drums and Guns, Sub Pop, 2007 (rock indie)“Un disque lumineusement sombre, minimaliste mais néanmoins dense, Low se réinvente sans tirerun trait sur leurs précédents opus, un vrai tour de force.”

FUTURE ISLANDS, In Evening Air, Thrill Jockey, 2010 (minimalisme, new wave, pop)“Derrière leur ‘tube’ ‘Tin Man’ se cachent d'autres petites merveilles portées par une voix à la Joe

Cocker (si, si, c'est un compliment...), mélancoliques, froides, dépressives, second degré, profondes...”

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