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RéSEAU INFO-RESSOURCES MUSIQUES ACTUELLES DES PAYS DE LA LOIRE LES ESPOIRS DE CORONTHIE éLODIE RAMA VON PARIAHS PLAISIR DOSSIER : AUTOUR DE L’AUTEUR N°27 AUTOMNE 2013 GRATUIT

TohuBohu27

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r é s e a u i n f o - r e s s o u r c e s m u s i q u e s a c t u e l l e s d e s Pays d e l a lo i r e

les esPoirs de coronthieélodie rama von PariahsPlaisir

dossier : autour de l’auteur

n°27automne

2013gratuit

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httP://tohubohu.tremPo.com

Photo : von Pariahs / fabien tijou

les versions lonGues (des articles de ce mag)Pépin&Plume

ce trimestre, retrouvez online :interviews artistes Profils

Blue MangoMarquees

Known as numbers

Kizmiaz RecordsLe Chat Noir

en Plus de l’annuaire réGional (qui recense GrouPes, assos, festivals, labels…), les annonces (trouver un musicien, un GrouPe, une batterie…), les conférences du réseau à venir…

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Sommaire

tohu bohu n°27 automne 2013 3

le kit de survie administratif en milieu culturel

les membres du réseauprésentent

infosBrèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 04

artistesLes espoirs de Coronthie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 06Élodie Rama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 08Von Pariahs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Plaisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

ProJetsK-Play . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Pépin&Plume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Génération yDes projets innovants en Pays de la Loire . . . . . . . 16

the neXt biG thinGParoles d’acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

dossierautour de l’auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

traces et imPressionsLivres du moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Portrait : Yohann Robyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

disquesDernières sorties musicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Playlists . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

le réseauCooRdiNatioN : Cécile arnoux / t. 02 40 46 66 33 / [email protected]

CHaBada / Jérôme Kalcha SimonneauChemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87/[email protected]/www.lechabada.com

BEBoP / Julien Martineau28 avenue Jean-Jaurès, 72100 Le MansT. 02 43 78 92 30/ [email protected]/ www.oasislemans.fr

FUZZ’YoN / Benoît devillers18 rue Sadi-Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon CedexT. 02 51 06 97 70/ [email protected]/ www.fuzzyon.com

LE 6PaR4 / Eric Fagnot177 rue du Vieux St Louis, 53000 LavalT. 02 43 59 77 80/ [email protected]/ www.6par4.com

tREMPoLiNo / Lucie Brunet6 bd Léon-Bureau, 44200 NantesT. 02 40 46 66 99/ [email protected]/ www.trempo.com

ViP / Emmanuel LegrandBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-NazaireT. 02 40 22 66 89/ [email protected]/ www.les-escales.com

Photo couverture : Les espoirs de Coronthie – nicolas maslowskidirecteur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile arnouxChroniqueurs/Rédacteurs : Lucie Beaudoux-Jastrzebski, arnaud Bénureau, Sébastien Bertho, Yann Bieuzent, eddy Bonin, Lucie Brunet, matthieu Chauveau, alexis Chevalier, tanguy Cloarec, Benoît Devillers, eric Fagnot, Georges Fischer, marie Hérault, atum Hood, Cédric Huchet, etienne Kervella, Damien Le Berre, Yoan Le Blévec, Johan Legault, emmanuel Legrand, Gilles Lebreton, Sandrine martin, Julien martineau, Jérôme Kalcha Simonneau, Dorine Voyaume .Secrétariat de rédaction : Benjamin Reverdy, amandine Rouzeau .

Conception graphique : DeuxPointDeux .com impression : Imprimerie Chiffoleau tirage : 7 000 exemplaires – Papier PeFC iSSN : 2109-0904dépôt légal : à parution Siret : 37992484800011 tohu Bohu est une publication de trempolino,6 bd Léon Bureau – 44200 nantes, et du réseau tohu Bohu, réseau info-ressources musiques actuelles des Pays de la Loire .Prochaine parution : 20 février 2014 Bouclage : 20 janvier 2014

www.lamallette.org

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infos

tohu bohu n°27 automne 20134

au tremplin + de Zyc succède Pt de zyc, un tremplin réservé aux groupes musiques actuelles de l’ouest de la Loire-atlantique, organisé par Quai des arts et le Point Jeune de Pornichet . Quatre groupes seront sélectionnés pour se produire à Quai des arts le vendredi 22 novembre .

« transmetttre », voici le thème des Journées professionnelles de réflexion et de recherche artistique qui se dérouleront les 13 et 14 décembre prochains (nantes), à l’initiative du Pont Supérieur, l’université de nantes et du tu .

www.lepontsuperieur.eu

Birds in uSa : après une tournée estivale à travers l’allemagne, les birds in row continuent d’exporter leur post hardcore made in Laval puisqu’ils entameront en ce début d’automne une nouvelle tournée américaine . une tournée marathon car, plus de 40 dates sont annoncées à travers les États-unis, en compagnie du groupe américain the Charriot .

en cette fin d’année, alors que la première version était épuisée, la fabuleuse histoire du rock nantais de Laurent Charliot est rééditée, 10 ans après sa première parution .

[email protected]

Chez twin daisies, ça se fête en K7 . L’anniversaire du projet nanto-américain 5 Little elephants voit la version originale de l’album bonifiée de 2 nouveaux morceaux . Sortez les lecteurs cassettes !

www.twindaisiesrecords.webs.com

L’association nantaise tuninG fork récupère les instruments de musique dont vous ne vous servez pas, pour les proposer

au prêt dans une « instrumenthèque » solidaire (principe similaire à une bibliothèque) . La pratique de la musique pourra ainsi être accessible à tous .

[email protected]

www.facebook.com/contact.tuningfork

51 numéros ! oui oui, tranzistor en est à son 51e numéro . un dossier rudement complet sur « musique et vidéo », des articles sur French Cowboy&the one, L’autre Radio, chroniques de disques, brèves, de belles illustrations . Retrouvez-le là :

www.tranzistor.org

en ce début d’automne, kizmiaz pointe 22 sorties de disques au compteur, et 5 années de fervente passion pour le rock’n’roll/garage/blues machin . une passion qui se fêtera les 29/11 et du 5 au 8/12 prochains au Chien Stupide, monsieur machin, Café du Cinéma,

BPm et Lieu unique avec la crème des genres (Birds are alive, magnetix, Slim Wild Boar . . .) !

www.facebook.com/kizmiaz.rds

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INFOs

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Couvre Feu passe à l’heure d’hiver . 7e du nom, couvre-toi invite Les ogres de Barback, andreas et nicolas, Kultur Shock et DJ Click le 7 novembre prochain à Saint-Brévin .

www.couvrefeu.com

Le festival hiP oPsession porté par Pick up Productions fêtera ses dix ans du 6 février au 9 mars 2014, on en parlera largement dans le prochain numéro de tohu Bohu . en attendant, Pick up présente la finale Buzz Booster le 16 novembre au Chabada (angers) avec Flynt en tête d’affiche .

www.pickup-prod.com

après avoir étrenné les platines dans le 8-5 et s’être exporté vers la capitale pour créer son label trad Vibe (qui, au passage, ressort actuellement tous les vinyles de Cortex ainsi qu’un album inédit), dJ moar

est de retour sur nantes avec dans ses valises deux nouveaux projets : Venice Beach, duo DJ nu disco et surtout un futur LP solo, dans une veine nu soul, avec en feat . la chanteuse australienne Sarsha Simone . Sortie digitale le 8 novembre .

www.moar.fr

elise Caron, Pierrick Lefranc, erik truffaz/enki Bilal, Roberto Fonseca, Jazz around the bunker, Glück . . . autant de beaux noms à l’affiche du festival Jazz temPo porté par le Collectif de Diffusion Du Jazz . 39 concerts sur toute la région, aussi bien chez l’habitant, qu’en café-concert ou salle, 39 occasions d’écouter de belles choses .

www.crdj.org

Les amateurs de microsillons angevins peuvent désormais ajouter une nouvelle adresse à leur terrain de chasse : dans la rue Baudrière à quelques pas de feu Black&noir, un autre Stéphane les accueille dans son home waX plein de galettes

diverses et variées (du reggae au post-hardcore), bien décidé à faire de son échoppe le lieu convivial que tout le monde attend ! et les mêmes amateurs qui seraient du côté du mans auront le même plaisir en se rendant au 2 ter rue du cirque avec le shop tritone vinyl .www.facebook.com/tritonevinyl

Réalisée par Sylvain Fras et emmanuel Parent, portée par le Pôle de coopération des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la Loire, l’étude la scène Jazz se veut être une synthèse d‘une trentaine d’entretiens réalisés auprès d’acteurs oeuvrant autour

du jazz : musiciens, labels, associations, collectifs… témoignant d’une vitalité mais aussi d’une certaine réalité économique .

www.lepole.asso.fr

non, Pizmo n’est pas un nouveau groupe de musique pour enfants, c’est le titre d’une super compile qui sort sur Fibrr Records/apo 33/metamkine . C’est aussi le nom d’un collectif d’artistes musiciens qui expérimentent le son et repoussent les frontières . Pour preuve : 53 minutes pour un seul et même titre qui vous emmène bien loin .

pizmo.free.fr

Léger décalage dans le temps pour les inouïs du PrintemPs de bourGes crédit mutuel . Cette année, vous pouvez postuler en ligne jusqu’au 4 novembre . Le festival, lui, aura lieu du 22 au 27 avril 2014 . Inscriptions sur :

www.reseau-printemps.com

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Artistes

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que s’est-il Passé Pour le GrouPe dePuis 2008 et la sortie du Précédent album : « tinkhinyi » ?

on a pas mal voyagé, avec deux ans de tournées successives un peu partout dans le monde . L’album « tinkhinyi », enregistré à Bamako, a super bien marché, on a remporté plusieurs trophées musicaux importants chez nous, comme les Djembés d’or . C’est aussi la première fois qu’un de nos albums était distribué en France . C’est au même moment que certains d’entre nous se sont installés en mayenne . Depuis d’autres sont partis à Lyon, mais nous sommes encore trois à vivre une partie de l’année à Laval : le danseur, le percussionniste et moi . on y a fait des rencontres intéressantes avec des artistes, on a beaucoup d’amis musiciens sur Laval . C’est la première ville européenne où je m’installe .

comment a été conçu ce nouvel album, « fouGou fouGou » ?

on l’a enregistré à Lyon au studio Supadope, le studio du Peuple de l’Herbe . C’est la première fois qu’on travaillait avec un arrangeur, jusque-là nous avions toujours arrangé nous-même nos albums . Sur les précédents, et comme souvent dans les

musiques traditionnelles, on travaillait notre musique de manière spontanée et directe, presque d’une seule prise, tout va très vite . Là on nous a donné les bons arrangements et des conseils pour que les morceaux soient plus aérés, plus peaufinés . on a aussi travaillé avec un ingénieur du son, qui connaît bien la musique mandingue, il nous a apporté sa vision . on a intégré, pour la première fois, des instruments traditionnels occidentaux, comme le banjo, la guitare électrique, la basse… notre son a vraiment évolué, on est très fiers de cet album .

à quoi fait référence le titre de cet album ?

au centre culturel que l’on a créé à Conakry en Guinée, baptisé Fougou Fougou Faga Faga, et qui signifie en langue Soussou « le départ des oiseaux », le bruit des ailes quand ils s’envolent . on a créé cet espace pour que les musiciens des espoirs, ceux qui ne tournent pas avec nous en dehors de Guinée, puissent travailler là-bas, organiser des concerts, jouer avec d’autres musiciens . C’est aussi pour accompagner les nouvelles générations de musiciens, donner de la valeur aux artistes guinéens, pour qu’ils puissent s’exprimer aussi en live . on leur propose des sortes de résidences, une semaine de travail, ou plus, pour préparer un spectacle .

les esPoirs de coronthieoiseauX miGrateurs

véritables stars de la musique traditionnelle mandinGue chez euX, en Guinée, les esPoirs de coronthie s’eXPortent aussi avec succès. Pas un hasard donc, si certains des quatorze membres du GrouPe ont investi l’heXaGone Pour y vivre et enreGistrer récemment leur 4e album : « fouGou fouGou ». rencontre avec menGué, chanteur et chef du GrouPe désiGné Par ses Pairs : un Pied à conakry et l’autre en mayenne.Par Yoan le BlévecPhoto : nicolas maslowski

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Artistes

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vous sortez d’ailleurs d’une semaine de résidenceà la salle des ondines à chanGé : sur quoi avez-vous travaillé ?

on a beaucoup travaillé sur le plan scénique, les chorégraphies, la façon de bouger, de se déplacer . Il nous manquait quelque chose de carré d’un point de vue scénique . avec les espoirs, on a déjà participé à des ballets de musiques de danse, on a suivi les grands maîtres guinéens de la danse . on a voulu renforcer tous ces aspects chorégraphiques sur scène . C’est aussi ce que j’aime observer chez des grands artistes comme Salif Keita ou alpha Blondy : comment ils se déplacent et occupent la scène .

quels sont les thèmes abordés dans ce nouvel album ?

on parle de la justice, de l’amour, de la vérité… Pourquoi la vérité ? Parce que dans plein de situations, si on ne se dit pas la vérité, rien ne peut changer . un pays sans vérité et sans justice ça ne peut pas bouger . Il y a aussi des textes entièrement en français, et ça c’est nouveau . on a par exemple le morceau « Fatigué », qui parle d’un constat simple : aujourd’hui partout où tu vas, tout le monde est fatigué par la politique, les politiciens corrompus .

quelle est Justement la situation Politique en Guinée ?

Le pays et la capitale Conakry ont beaucoup changé en quinze ans . en 2010, on a eu pour la première fois un président élu démocratiquement, alpha Condé . Le pays est donc plus tranquille, il y a beaucoup de travaux dans les villes, ça bouge . musicalement aussi, avec beaucoup d’artistes qui ont suivi nos traces . tout comme on avait pu, avec les espoirs, être inspirés au début par Les Étoiles de Boulbinet, un groupe important de la musique mandingue .

vous retournez souvent en Guinée ?

environ une fois par an, pendant quelques mois . Pour voir la famille, mais aussi pour travailler, jouer avec les espoirs . Quand on revient, on organise chaque week-end un concert, on tourne dans tout le pays . Là-bas, les gens connaissent nos chansons et nous saluent dans la rue, surtout depuis le succès du 2e album, « Dunuyia Iguiri » . on en a vendu 70 000 exemplaires, on a fait cinq fois le tour de la Guinée . Car on a touché les quatre régions du pays, les grandes villes comme les petits villages . Si en Guinée tu chantes l’amour et que tu dis la vérité, ça touche beaucoup les gens . Si on voit que notre public souffre de quelque chose, on va chanter cette souffrance . on chante aussi contre les politiciens . Le gouvernement a voulu à un moment toucher à notre centre Fougou Fougou Faga Faga . mais cet espace appartient à tous les Guinéens, et le public de Conakry s’est mobilisé pour le défendre .

comment occuPes-tu ton temPs en mayenne lorsque tu ne Joues Pas ?

en dehors des espoirs, je fabrique des instruments traditionnels guinéens : le gémbré, le bolon, le gongoma, la cascagnette… Je les vends sur internet ou après un concert si on me le demande . Ce sont ces instruments, qui, associés ensemble, forment la rythmique et le cœur de la musique mandingue . C’est une musique qui n’est pas propre seulement à la Guinée, mais qui touche toute l’afrique de l’ouest : le mali, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire…

quel reGard Portez-vous sur le Public français ?

C’est un public très attentif à la musique, il écoute beaucoup, avant de se lâcher . Les Français sont souvent très calmes au début des concerts, alors que nous, on envoie beaucoup dès le départ ! mais on commence à comprendre le public français, son énergie qui monte progressivement . on sait qu’au fil du concert notre musique l’attrape !

C’est l’album qui pourrait bien installer, pour de bon, Les espoirs de Coronthie au rang des plus grands groupes africains de son époque . Car voilà une sorte de classique instantané, qui fusionne à merveille les cultures guinéenne et européenne, tradition et modernité . La langue Soussou épouse les mots français ou anglais au sein de sublimes polyphonies, tandis que percussions effrénées et cordes mandingues entament une danse du feu avec la basse et les cuivres . titres lucides en guise de poings rageurs, appels à la fête électrisants ou chansons d’amour belles à pleurer : le big band de Conakry sait tout faire, jongle avec les registres et dévoile encore de nouvelles étoiles dans leur constellation musicale . À ce rythme-là on ne peut plus parler d’espoirs, mais bel et bien de nouveaux maestros .

Yoan le Blévec www.lesespoirs.com

les esPoirs de coronthieFougou Fougou Chapter two Records /Wagram – 2013

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Pourquoi avoir choisi de travailler avec david darricarrère (smooth/dtwice) ?

Il faut reprendre toute la chronologie du projet . J’ai commencé par travailler avec Benji Blow (tribeqa, Wax taylor, etc .) . Il est parti s’installer à Londres et là les choses se sont avérées un petit peu compliquées . J’ai fait quelques allers/retours de nantes à Londres mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas la façon dont moi j’avais envie de travailler . en accord avec Benjamin, j’ai récupéré les morceaux . J’avais en tête un certain nombre d’images . Je pense que ça me vient de mon bagage de styliste et de graphiste . J’avais vraiment des idées d’ambiances, de couleurs . La difficulté a été de trouver quelqu’un qui puisse me suivre, ce que Benji arrivait à faire assez facilement . J’ai rencontré David Darricarrère au cours du concert d’ouverture de Stereolux à nantes en septembre 2011 . Il y avait la carte blanche à Hocus Pocus où nous étions tous les deux invités . La façon dont il envisageait la musique était très proche de la

mienne, un peu comme 20Syl (Hocus Pocus, C2C) qui a également lui aussi un autre bagage que celui de la musique . on a des vocabulaires qui sont assez similaires . mais j’avais envie de travailler avec quelqu’un d’autre que 20Syl avec qui j’avais déjà beaucoup collaboré . J’avais envie de quelque chose d’un peu plus risqué . Ça s’est décidé assez vite, j’ai fait confiance à mon instinct et je me suis dit que David saurait comprendre ma démarche .

comment avez-vous défini les Partis Pris artistiquesdes 5 titres du eP ?

Prenons comme exemple « City of hope » . Pour ce morceau, j’avais vraiment une envie de percussions, de rythmiques « up tempo » qui correspondent aux battements du cœur et qui en même temps puissent renvoyer à mes origines antillaises . J’avais vraiment envie d’un morceau qui renvoie vers le « bele », une musique traditionnelle martiniquaise . Le « bele » vient d’une musique et d’une danse française qui s’appelle le « bel air », qui est une sorte de quadrille,

déJà familière de scènes conséquentes, auX côtés de c2c et hocus Pocus, ou bien au sein du blue aPPle quartet ; styliste et Plasticienne, elodie rama entend bien se faire un Prénom (son Père, hilaire rama, est lui-même un musicien réPuté). dePuis deuX ans, accomPaGnée de ses musiciens, elle alterne concerts intimistes et Premières Parties marquantes. son Premier eP vient de sortir. Par emmanuel legrandPhoto : mathieu renoult

élodie ramal’île étranGe

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mélangé à des danses africaines avec du tambour et des voix déclamées . Sur ce titre, je voulais aller au-delà ce que je faisais jusqu’à présent . D’autant plus que j’avais fait les choses un peu à l’envers . J’ai pas mal tourné avant d’enregistrer et le rendu sur scène n’était pas exactement ce que je voulais faire sur disque . Pour « Presqu’île », je voulais un morceau super aquatique, qui ait pour références les « ethiopiques » de mulatu astatke, avec des sonorités de vibraphones . David a donc dû faire un bon boulot d’arrangement et d’assemblage avec toutes mes idées d’instruments . « Strange island » avait été quasiment été bouclé avec Benji au moment où j’ai rencontré David . Il manquait des choses et c’est lui qui a terminé ce morceau-là .

l’idée d’insularité semble traverser la maJorité des titres du eP.

oui c’est une sorte de fil rouge . Dans mes références, il n’y a pas que de la musique . Il y a aussi la littérature : Césaire et Glissant . Chez edouard Glissant, un écrivain et philosophe martiniquais, l’idée de l’île antillaise est une sorte de modèle de mélange de populations pour le reste du monde . même si cela a été douloureux, ça reste un exemple de métissage . L’idée de l’île correspond à quelques-unes de mes obsessions autour de la géographie . Je fabrique des îles imaginaires en tant que plasticienne . C’est un vrai fil rouge dans ma démarche, qu’elle soit visuelle ou musicale .

outre les 5 morceauX oriGinauX, il y a 3 remiX.

J’ai toujours aimé l’idée de la relecture . Je les vois véritablement comme de nouvelles versions . J’ai laissé carte blanche à 3 artistes (20Syl, Dtwice et Le Parasite) sur des morceaux qu’ils ont choisis . Les morceaux sont très marqués dans les univers de chacun . La relecture, c’est une démarche que j’ai moi-même suivi jadis avec le Blue apple Quartet quand on prenait un standard de jazz qui avait déjà été revu 10 000 fois avec l’espoir d’en faire quelque chose de nouveau, en le confrontant à des sonorités hip hop ou des rythmiques drum’n’bass . Je me suis vu, à la fin des concerts, expliquer aux gens que ces morceaux existaient depuis les années 40 . et pour moi ça rejoint l’idée du métissage de Glissant : on va prendre deux choses différentes et elles vont créer quelque chose de nouveau .

tu as été très lonGtemPs associée à la GalaXie hocus Pocus, 20syl, c2c… là, tu Prends ton envol ?

J’assume complètement d’être rattachée à eux . même si 20Syl n’est pas le producteur de ce disque, ça reste vraiment mon « grand frère » . et même s’il n’est pas juste à côté, il suit toujours ce qui se passe . on reste très liés . Quand le disque de C2C était en train de se faire, j’ai suivi toutes les

étapes . et dans mon projet, je lui ai fait écouter très régulièrement des choses . J’ai voulu qu’il soit présent par un remix, même si ce n’était pas là sur tout le disque . même si je prends un chemin qui est un peu différent d’Hocus Pocus, je pense que ça reste très proche . Je ne pars pas dans du punk ! et je reste aussi très liée à atom, Greem et Pfel (les comparses de 20Syl dans C2C, nDLR) .

l’avenir ?

Pour l’instant, je vois à court terme . Cette sortie de disque va déterminer plein de choses . Je ne sais pas encore comment il va être perçu par les médias et le public, qui achètera le disque ou pas . Depuis peu, j’ai un tourneur et on travaille ensemble pour développer le projet sur scène . Le live est en train d’évoluer . on a fait une soixantaine de dates à 3 (Élodie Rama, Hervé Godard, Shen Roc) pendant deux ans et là c’est une nouvelle étape, à quatre (Élodie, Shen Roc, antoine Saint Jean et Julien Vinçonneau) . on va faire des concerts de sortie du disque à nantes et à Paris . Je ne sais pas encore s’il y aura un album par la suite . J’aime bien le format eP . et puis je voudrais me remettre à écrire, et peut être développer un label .

en cinq compositions et trois remix, Élodie Rama nous plonge dans son univers insulaire et oni-rique . Ceux qui l’ont connu en chanteuse jazz ou en side woman hip hop de luxe vont être quelque peu désorientés par la direction prise par cette jeune artiste . escortée par David – Dtwice – Darricarrère, Élodie Rama chante la langueur des archipels lointains et le spleen de nos vies urbaines . Son répertoire puise autant au cœur de ses racines martiniquaises (« City of hope » et ses percussions tribales) que dans le groove électronique orchestral d’un Cinematic orches-tra (« Winter blue ») . enfin, on retrouve, parmi les trois remixeurs conviés, la figure tutélaire de 20Syl (Hocus Pocus, C2C) qui nous propose une version sautillante et malicieuse de « City of Hope » .

emmanuel legrandwww.elodierama.fr

elodie ramaStrange IslandDo You Like Records /musicast – 2013

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il y a très vite eu une sorte d’enGouement des Prosvis-à-vis de von Pariahs, Plusieurs Gros labels voussollicitaient même Pour ce Premier album. est-ce que ça a été une Pression facile à Gérer ?

un engouement des pros, c’est pas une pression à gérer, il faut juste savoir reconnaître ceux qui vont dans ton sens et ceux qui n’y vont pas vraiment . C’est une histoire de choix plus que de pression en fait .

J’interPrète sûrement, mais J’avais l’imPression que « hidden tensions », le titre du disque, Pouvait Justement avoir un raPPort avec tout ça ?

Je n’y avais pas pensé . en fait, ce titre, comme notre musique, fait tout simplement référence à notre quotidien ; il n’a aucun rapport particulier avec tel ou tel évènement de notre histoire de groupe . mais, tu vois, la preuve que toute interprétation se vaut c’est qu’au final, s’engueuler avec des gens qui ne comprennent pas ce que tu crées comme

on a pu être amenés à le faire, ça nourrit bien évidemment des tensions . Pour le groupe déjà et même personnellement . mais des moments tendus dans la vie, il y en a plein, ça fait partie de la réalité, c’est normal . S’ils pouvaient se limiter à des négociations avec des labels, ce serait plutôt une excellente nouvelle ! D’ailleurs, pour clore le chapitre des labels, on a fini par trouver une maison de disque indépendante avec laquelle on peut s’exprimer pleinement parce qu’elle a entièrement confiance en nous . Ils s’appellent Yotanka, et ils sont d’angers .

vous avez séduit les Gens Grâce à vos Prestations live.ça devient Presque l’eXcePtion chez les Jeunes GrouPesauJourd’hui qui sortent désormais un disque suPerProduit avant même d’avoir fait trois concerts...quelles sensations vous Procure la scène (en tant que musiciens, mais aussi en tant que sPectateurs)?

en tant que spectateur, je dirais qu’en live les sensations sont moins constantes, mais plus

ils sont le nouveau nom que les Professionnels de la musique se chuchotent à l’oreille avec des étoiles Plein les yeuX. Pas imPressionnés Pour autant, les vendéens de von Pariahs continuent de faire ce qu’ils font le mieuX : Jouer un cold-Punk Jouissif et classieuX, comme sorti de 1979 et en même temPs résolu-ment moderne. rencontre avec le Guitariste théo radière, avant que le seXtet ne devienne inaccessible. Par KalchaPhoto : Fabien tijou

nouvelle vaGue

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tohu bohu n°27 automne 2013 11

radicales, et du coup, peut-être plus puissantes que sur album . Parce qu’en plus de la musique à laquelle tu es confronté en direct, tu as le spectacle vivant . en tant que musicien, c’est exceptionnel . en live il se passe des choses vraiment fortes, mais de manière beaucoup plus régulière que quand on est spectateur, parce qu’au moins deux facteurs essentiels sont réunis à chaque fois : une musique que tu adores, avec des gens que tu adores .

vous avez enreGistré l’album au mythique studio black boX. J’imaGine que les Patrons des lieuX ont dû vous raconter quelques anecdotes sur des GrouPes qui sont Passés là-bas avant vous ? vous nous racontezune histoire qui vous a marqués ?

Les Klaxons qui avaient fait venir un télescope pour lire, sur la Lune, les paroles des chansons qu’ils étaient en train d’enregistrer . . . au final, ils n’ont jamais pu sortir officiellement l’album en question, leur maison de disque l’a jugé beaucoup trop psyché . mais on peut le trouver sur des plateformes de téléchargement illégal, ils l’ont balancé, comme ils ne savaient pas quoi en faire .

est-ce qu’il y a un ou Plusieurs morceauX de ce nouvelalbum qui te tiennent Plus à cœur que les autres (Parce que c’est le frisson à Jouer sur scène, Parce qu’ils sont liés à un moment Précis, etc.) ?

Ils sont tous liés à des moments particuliers, et ils nous procurent tous autant de plaisir, mais à chaque fois d’une manière différente . on les aime tous autant les uns que les autres . C’est un peu comme si tu demandais à des parents lequel de leurs enfants ils préfèrent, tu vois .

vous avez dû écouter des GrouPes comme Joy division,the stranGlers ou talkinG heads. y êtes-vous venus au travers de GrouPes Plus récents ? ou bien étaient-cedes découvertes Parmi les vieuX disques de vos Parents/Grand(e)s frères/sœurs ? est-ce qu’il y a des Pans de vos Parcours musicauX qui étonneraient les Gens qui aiment votre musique ?

on a écouté beaucoup de groupes, mais celui qu’on préfère, c’est Von Pariahs .

même votre loGo a la classe des visuels du labelfactory. J’ai l’imPression que chaque détail comPte vraiment Pour vous ?

Il a été dessiné par adrien Gaillard (aka mac néma), avec qui on travaille depuis les débuts du groupe . Il a fait presque toutes nos vidéos, a imaginé les

pochettes de nos deux premiers eP et de notre double single, a dessiné et dessine toujours notre site internet . . . mais chaque idée est partie d’une envie commune . Pour le logo par exemple, ça nous semblait important de pouvoir être identifié rapidement avec un signe simple . Parce que nous on aimait bien dessiner les logos des groupes qu’on écoutait sur nos trousses ou nos sacs à dos à cette époque-là . Je pense qu’il n’y a pas un seul groupe qui n’ait pas passé quelques heures à gribouiller des initiales pour essayer d’en tirer un logo qui a de la gueule . nous, on est tombés d’accord sur celui-là avec adrien . au départ d’ailleurs il était plus épais . mais on trouvait ça plus classe dessiné avec un trait plus fin .

on trouve aussi étranGement Justin timberlake dans les remerciements du disque ? ça sent l’histoire drôle, ça, non ?

C’est juste que nous on pense que c’est l’homme de la situation . après, chacun fait comme il veut .

Comment six types comme vous et moi – qui n’étaient même pas nés à l’époque – réussissent – ils à faire revivre instantanément les meilleurs moments de Joy Division, the Cure ou the Wake ? mieux encore, comment les Von Pariahs réus-sissent-ils à jouer une musique aussi référencée sans jamais sonner revival ? Y aurait-il une sorte de virus de la cold wave – indestructible et mutant – qui posséderait les corps encore aujourd’hui ? Parce que la musique des Vendéens s’adresse bel et bien avant tout à votre corps . Impossible de ne pas se désarticuler comme un épileptique en entendant cette guitare tranchante, cette basse toute en ron-deur, cette batterie sèche comme un coup de trique et ces nappes de synthés fantomatiques . Les tubes potentiels s’enchainent, la touche « replay » s’use, le rimmel se mélange à la sueur : on ne s’est plus sen-tis aussi vivant depuis des lustres !

Kalchawww.vonpariahs.com

von PariahsHidden tensionsYotanka / Differ ant – 2013

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Artistes

tohu bohu n°27 automne 201312

que s’est-il Passé en 2 ans ?

Pas assez de choses à mon goût ! Je pensais qu’on allait faire plus de dates que ce que l’on a fait, mais il faut aussi composer avec les vies de chacun, travailler par période, et puis on n’a plus l’énergie qu’on avait à 20 piges . on a quand même fait notamment une belle date à Paris au Point Éphémère et une tournée en angleterre . Comparé à ce que l’on a pu vivre avec Powell, c’est peu . Le réseau, le paysage, la réalité économique ont beaucoup changé depuis .

vous avez aussi PréParé l’eP...

oui, et c’est la rencontre avec le label merci Connasse qui nous a « boosté » . on sera leur première signature, ils voulaient commencer leur aventure avec nous . Je trouve qu’ils ont une bonne démarche, saine et honnête . Il y a un vrai partage concernant les frais, les retours… Chacun dans l’équipe a ses compétences . . . C’est bien de leur filer un coup de main, de dire oui aux jeunes énergies qui arrivent .

vous réPondez Presque à une commande ?

Disons que c’est arrivé au bon moment . on avait l’intention d’enregistrer carrément un album mais on n’avait que 6 titres à l’époque, cela nous permet de passer à autre chose au niveau composition et de créer une actu pour aller jouer .

quel est le thème du eP ?

L’eP s’appelle « meditation medication » : on fait le constat qu’aujourd’hui, les gens ont besoin de se réfugier dans des croyances, méditation pour les religions . . . ou médication pour les médicaments . . . Il me paraissait intéressant de questionner chacun sur ce thème . . . Comment peut-on oublier les diffi-cultés qu’on rencontre aujourd’hui ? Soit dans le repli sur soi, dans la réflexion, soit en étant adepte de produits qui nous sortent de la réalité . . . mais on n’a pas cherché à faire un disque complètement conceptuel, même si on aimerait être dans un truc encore plus tordu . . . on y aspire en tous cas .

le constat de « meditation medication » est récent ?

C’est un constat qui date de longtemps, tout le monde demande des comptes, a besoin d’être assisté tout le temps . Quand quelque chose ne va pas, on ne se remet pas en question mais on remet l’autre en question . . . C’est un sentiment que j’ai : on n’arrive plus à se prendre en main . on retrouve cette prise de conscience dans les petites associations notamment, qui souvent se forment justement pour se prendre en main .

« meditation medication » : te sens-tu dans un de ces cas ?

moi je suis dans les 2 ! mais je pense me prendre en main via ma réalité de vie : j’ai fait le choix de ma

retour en 2011. deuX des eX-membres du GrouPe indie-rock Powell (rity à la Guitare/chant et la dJaG à la basse) s’entourent d’un nouveau batteur (Paul) et sortent, sous le nom de « Plaisir », leur 1er eP auto-Produit intitulé « traininG day ». 2 ans et quelques concerts Plus tard, ils reviennent avec « meditation medication » bien entourés et Prêts à en découdre avec la scène. rencontre avec rity. Par Julien martineauPhoto : dr

PlaisirénerGie brute

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Artistes

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vie, de mon métier . . . Cela a un coût : c’est le prix de la liberté . . . un copain m’avait dit : « on ne gagne pas sa vie, on achète sa liberté » . Cette phrase là je l’ai toujours en tête .

le Premier disque, Personnel, resPirait la nostalGiedu rock indé des 90’s... celui là reJoint un Peu la mouvance dance-rock Parfois...

toute cette nouvelle génération (Papier tigre, For-damage . . .) est hyper bien, j’adore . nous venons de cette scène des 90’s donc forcément l’influence est là . et puis il a fallu du temps pour trouver cette alchimie, même si on n’a pas cherché à ressembler à cette scène spécifiquement . mais ça fait plaisir d’être comparé à ces gens là . J’ai toujours adoré la scène noise de toute manière . . . À un moment, il y a eu une période un peu plus pop-rock ou emo, le côté mélodique avait pris le dessus mais la scène noise, via ce nouveau visage, a assimilé l’histoire du rock certainement grâce à Youtube, toutes ces choses modernes . . . C’est marrant de voir comment la musique est cyclique et comment les générations se remettent dans les vieilles choses pour en ressortir des nouvelles . nous, on est trop marqués par cette scène indie-rock américaine ! nirvana, Quicksand, Fugazi . . .

ce qui fait l’unanimité quand on voit Plaisir, c’est votre Présence scénique qui est assez folle...

Quand je fais de la musique je n’ai pas de contrainte de plateau : ce n’est pas chorégrahié . mais quand tu as l’ampli qui te « pousses au cul », tu as envie d’y aller . . . Je n’ai aucune recette là-dessus ! Le fait que je sois danseur me donne forcément une aisance, d’être dans le mouvement avec mon instrument . J’aime bien transpirer !

comment tu vois Plaisir dans les Prochains mois ?

Il y a une envie : défendre le disque sur scène . on est en train de s’organiser pour aller jouer, le disque n’étant pas une finalité pour nous . . . Sur scène on joue les morceaux différemment, on n’est pas à l’abri d’un virage dans un morceau . . . on n’a pas peur de remettre en question nos compos . on va aussi continuer de composer et on verra bien . mais le nom du groupe n’est pas innocent : on n’a pas envie d’essayer de se professionnaliser parce que ça nous enfermerait dans quelque chose qui consisterait à composer pour manger . C’est une vision un peu politique de la musique : je veux continuer de faire ce que je veux quand je veux avec la musique . avec Powell, on a fini par se sentir obligés de faire les choses . on était beaucoup plus à l’aise sur les petites scènes que les plateaux de SmaC . . . on a voulu des SmaC mais je trouve qu’elles font comme les scènes nationales : elles restent entre elles . Si tu n’as pas de tourneur, tu n’as pas de raison d’exister

aujourd’hui ? nous on a besoin de créer, fabriquer . . . Peu importe le support . J’aime suer ! on est plus assez dans le rapport au public mais plutôt dans la réalité économique . Il y a les gros plateaux, musicaux ou scènes nationales . . . Puis les salles intermédiaires, puis les mJC… et je t’avoue qu’humainement je préfère les petites scènes . on ne pense pas qu’au remplissage . . . Il y a de très bons groupes amateurs ! et à l’inverse, ce n’est pas parce que tu es estampillé « indépendant » que tu fais de la bonne musique . mais cela reste très embryonnaire . . . !

le monde du rock, c’était mieuX avant ?

Il y avait moins d’échanges qu’aujourd’hui, en tous cas au mans . . . Les groupes se regardaient de travers . . . maintenant on s’échange des plans, on discute et c’est plutôt riche pour ça . Il y avait moins de groupes et plus de facilités pour jouer, plus de lieux . et tu pouvais enquiller les dates sans trop de problèmes . aujourd’hui il y a moins de lieux, la vie a augmenté aussi . . . Pour exister, il faut être tout le temps visible : clips, affiches, etc . Je tire mon chapeau aux groupes comme I am a Curse par exemple . . . qui ont fait ce choix de ne faire que jouer . Quelle énergie il faut !

Racines rock-indé, fibre expérimentale : c’est la recette que nous avait servi Plaisir à l’occa-sion de la sortie de son 1er eP : « training Day » . À vrai dire, cela nous avait un peu laissé sur notre faim . mais les 2 ans d’attente auront été fructueux et le trio, via « meditation medica-tion », est allé chercher au delà des inspirations du premier disque tout en gardant les qualités qu’on lui connaissait . Basse/batterie terrible-ment efficaces, guitares atmosphériques et urgence comme ligne directrice, Plaisir navigue en eaux brutes . Le groupe arrive à condenser les belles époques de la musique noise, avec des accents parfois pop, parfois dance ou plus post-hardcore . . . et une volonté – toujours aussi pure – d’en découdre avec le public dans les antres du rock français . . . et pourquoi pas au-delà .

Julien martineauwww.plaisirband.com

Plaisirmeditation medicationmerci Connasse Records 180gr – 2013

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PROJETS

tohu bohu n°27 automne 201314

Depuis la disparition de quelques lieux emblé-matiques à La Roche-sur-Yon (Le Gaz’Bar, Le Bib’Kornus…), il est devenu compliqué pour des assos motivées par l’orga de concerts d’investir des bars un minimum adaptés . « ça a été la raison de nos premières rencontres », admet thibaut Herbreteau, membre de Coton-tiges et président de l’association K-Play . « J’ai rencontré les différentes assos pour voir si elles étaient motivées par un projet de lieu associatif » . un projet initial perdu de vue mais qui aboutit à une première vraie table ronde en octobre 2012, réunissant des assos ayant déjà quelques années d’existence, comme Yucundissima, Coton-tiges, triple H, Larsen, Humatomik, Domino Panda et de plus récentes telles que Rotaract’Yon et Vibrat’Yon (assos étudiantes) .

« L’idée est de se rassembler, aider et accompagner les plus jeunes, partager nos expériences, les bénévoles, le matériel… », explique Fabrice Daviet (vice-président de K-Play) . « ça permet aussi de rebooster les « anciens ». Si on prend Yucundissima dont je fais partie, c’est une asso composée aujourd’hui de trentenaires, avec des centres d’intérêt qui évoluent, des vies de famille qui se développent… Bref, un dynamisme en déclin. Plutôt que mourir, le collectif a permis de remotiver les troupes » .

et cela se concrétise en avril 2013 par l’organisation d’un festival . Sur trois jours : 14 artistes, groupes ou DJ sur 3 lieux et devant environ 500 personnes .

un premier acte pour mettre en avant le projet artistique du collectif : le développement et la diffusion sur La Roche de la scène locale et régio-nale avec une exigence de qualité . « Chaque asso a une esthétique qui lui est propre, entre le rock, le funk/hip hop, l’electro, le rap, le noise… », précise thibaut . « On garde tous notre liberté et on croise les genres sur le festival en complémentarité » .

L’objectif est de reconduire le festival en 2014, d’investir de nouveaux lieux et faire bouger le public dans la ville sur le principe du festival nouvelles Scènes à niort .

« La première édition du festival a permis de nous tester, de voir si on était en capacité de s’entendre et de travailler ensemble. À nous désormais d’asseoir le collectif, d’affiner notre projet commun… Nous sommes en pourparlers avec la Ville de La Roche-sur-Yon pour une aide au fonctionnement, qui nous permettra notamment de pouvoir accéder à l’équipement du Fuzz’Yon en prenant en charge une bonne partie des frais de production sur quelques dates dans la saison. »

collectifkplay.asso.st

Par Benoît devillers

k-Play est un collectif d’assos de la roche-sur-yon qui a vu le Jour à l’automne 2012, Pour fédérer des associations yonnaises qui, Pour les Plus anciennes d’entre elles, voyaient leur motivation décliner. obJectifs : Parler d’une seule voiX, PartaGer les eXPériences, soutenir les initiatives et surtout, contri-buer à la diffusion de la scène locale et réGionale.

k-Play

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PROJETS

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émanation du saXoPhoniste nantais alban darche, PéPin&Plume vient se raJouter à la liste des labels discoGraPhiques nantais avec la vertueuse devise : « faire Pousser des ProJets Pour qu’ils s’envolent ».

Quelle mouche a donc piqué ce musicien pour créer un label dans le contexte de crise économique que l’on connaît ? « Bien-sûr, il n’est pas question de gagner de l’argent, mais en ciblant les publics et en ajustant la fabrication aux débouchés potentiels, on se situe dans une économie raisonnable. Nous comprimons au maximum les dépenses, nous n’avons pas le choix si nous voulons continuer à vivre de notre métier de toute façon ; que ce soit pour produire des disques ou des concerts, la réalité est la même, les artistes ne sont jamais rémunérés proportionnellement à leur investissement », rétorque-t-il . Il y a deux mouches, elles s’appellent Pépin&Plume, heu non… raison et envie !

La première production de Pépin&Plume se nomme L’orphicube (cf . chronique page 26) . elle fut rendue possible grâce à une campagne de crowdfunding ou financement participatif via la plate-forme ulule . est-ce l’unique façon de financer un disque en 2013 ? À cette question, alban répond par la négative mais y voit des intérêts . « Je ne pense pas que ce soit l’unique manière de financer un disque mais c’est

doublement intéressant. ça apporte une alternative aux trois modes de financements éventuellement cumulables qui existaient jusqu’alors : autoproduction – fonds publics – mécénat. Et ça permet de toucher de nouveaux publics. Ceci dit, le crowdfunding généralise et labellise une forme de souscription que j’avais utilisée pour produire le premier disque qui servit de carte de visite à l’avènement de Yolk en 1999, celui de Quartethno » .

C’est bien la suite numérique de la généreuse souscription des années 80-90 voire 2000 avec quelques atouts pointés par alban . « Le crowdfunding permet de fédérer une communauté autour d’un projet. Bien-sûr ceux qui ont répondu à notre sollicitation sont d’abords nos amis et notre public fidèle, mais je compte sur ce biais nouveau pour rameuter des gens nouveaux (…) Sur les plateformes de financement participatif on trouve aussi pas mal de souscripteurs qui sont intéressés d’abord par le système même. Ces gens misent sur un projet qu’ils ont découvert seulement parce qu’il était là et non pas parce qu’il relève de telle esthétique ou tel parti pris. Ensuite, vient le relais médiatique suite au succès du financement, ça permet de communiquer sur le mode opératoire en espérant toucher là aussi des publics nouveaux. »

une étude sur le jazz sortie récemment met en exergue un fort vivier en région Pays de la Loire1 . alban souscrit à cette réalité avec quelques interrogations : « Nous sommes sur une bonne voie de concertation entre pouvoirs publics, diffuseurs et musiciens (…) Je peux quand même préciser que d’un point de vue personnel, je note une grande précarité. Si je ne comptais que sur les apports directs d’argent public liés au jazz dans la région, je ne pourrais absolument pas en vivre » .

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur tohubohu.trempo.com

pepinetplume.com

1 FRaS, Sylvain, PaRent, emmanuel, maRZIn, Vianney (dir .) . La scène jazz : à nantes & Saint-nazaire . nantes : Le Pôle, 2013 . 12 p .en téléchargement ici :www.lepole.asso.fr/fichiers/donnees/12_pages_jazz_M.pdf

PéPin et Plumedu comPost et du souffle

Par cécile arnouxPhoto : silvain Joblin

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Génération y

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tous les trois mois, tohu bohu vous fait découvrir des artistes, courants musicauX, innovations tech-noloGiques, et autres actualités musicales. des Pas-sions naissent alors, des envies, un désir de Parta-Ger la musique que l’on aime. Peut être avez-vous ce désir brûlant de mettre des mots sur les émotions qui vous submerGent à l’écoute d’un disque.

Quel format adopter ? Quel rythme de publication ? Quel angle choisir ? autant de questions qui restent peut être sans réponse ! Je vais vous faire part de mon expérience de blogueur depuis maintenant deux ans chez Pixel Colors, blog d’actualités musicales ayant pour vocation – et raison de vivre – d’être un vecteur de partage et de découverte des musiques électroniques . Cinq personnes composent le staff : quatre rédacteurs et un DJ résident, JCB1, qui réalise un mix inédit tous les mois .

avant toute chose, il faut déterminer quels sont vos objectifs, vos désirs, et surtout pourquoi vous souhaitez créer un blog musical . Ces objectifs seront à la base de votre ligne éditoriale qui permettra de fidéliser vos lecteurs et/ou auditeurs . 

une fois cette ligne éditoriale fixée, le choix se portera désormais sur la plateforme à utiliser

pour partager vos écrits et découvertes . Wordpress, plateforme de gestion de blogs la plus populaire au monde est celle que je vous conseille . Gratuite, simple et à la fois puissante, elle est autant modulable que personnalisable . Deux options s’offrent à vous : être hébergé directement chez Wordpress (vous serez limités dans la personnalisation), ou choisir un hébergement externe qui vous permettra de modifier tout ce que vous voulez . Pour une vingtaine d’euros par an vous aurez un espace suffisamment conséquent pour débuter .

Parlons veille maintenant . Pour pouvoir alimenter votre blog, régulièrement, il faut avoir de la matière et pour ça il est indispensable d’organiser une veille constante et ciblée sur les styles musicaux qui vous plaisent . un outil comme Feedly vous permet de réunir tous les blogs et autres flux d’informations directement dans une seule et même interface . Cet agrégateur de flux RSS vous permet de ne rater aucune des publications de vos sites favoris, et ainsi d’être au courant – en temps réel – des nouvelles sorties .

À vous ensuite de déterminer de quelle façon vous souhaitez bloguer, et quels seront vos angles d’attaque . L’originalité prime, et vu la concurrence féroce à laquelle se livrent les nombreux blogs musicaux c’est plus que primordial . essayez de sortir des sentiers battus et de vous démarquer en proposant des contenus différents de ce que l’on peut trouver sur la blogosphère . L’utilisation de plusieurs médias est aussi un plus non négligeable : vidéos, écrits, ou audios… Diversifiez vous en gardant toujours une chose en tête, qu’est-ce que mes lecteurs veulent lire, écouter, ou regarder quand ils arrivent sur mon blog .

Ces pré-requis indispensables vous permettront de vous lancer corps et âme dans cette aventure, passionnante et enrichissante . Dans l’attente im-patiente de vous lire sur la toile, je vous invite à consulter mon blog www.pxlcolors.com, à commenter et à réagir sur notre page Facebook ou notre compte twitter !

Par alexis chevallierPhoto : alexis chevallier

PiXel colorsbloG or not

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The nexT big Thing

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delPhine Gastineaul’aUtre radiO (cHÂteaU-gOntier)L’autre Radio va fêter ses 5 premières années d’existence au mois de décembre . Ce sera l’occasion pour les bénévoles de participer à une semaine radio très spéciale au travers de leurs émissions et pour les auditeurs de découvrir ou redécouvrir l’histoire de cette belle aventure radiophonique .

rémi savinFanFare aOc (le mans)J’attends la 3e saison des « Hero corp » et aussi « Clerk 3 », le nouveau film de Jay & Silent Bob : en terme de cinéma alternatif c’est très très bon !

Pascaleles 4 JeUdis (le mans)Je voudrais une grande fête pour les mômes . une fête, éclectique, décalée, joyeuse . Pléthore de spectacles, de ciné, d’ateliers, d’animations, d’expos . . . Ici ? demain ? un rêve certainement .

Ghislain caillégrOUPe BBc sOUnd BOX (la rOcHe-sUr-YOn)J’attends la sortie du nouvel eP de BBC SounD BoX avec le concept « Label/brasserie », ça rend les choses excitantes . Voir en live « La Colonie de Vacances » . monter un groupe noise . Voir l’évolution de l’asso Los Herbos Crew, ils se bougent tellement ces mecs ici . et surtout mettre une claque sur scène à l’équipe du Fuzz’Yon pour notre concert en décembre !

Gaston de mareuil dJ dU dUO JUstesse (la rOcHe-sUr-YOn)La programmation des Von Pariahs à l’olympia avec Iggy Pop en première partie, que la Cnt instaure une commune autogestionnaire à l’échelle du département de la Vendée (ou au pire sur l’Ile d’Yeu) et que David Ghetto s’étouffe avec sa mèche .

fred lucasBassiste dU grOUPe marQUees (nantes)on a hâte de jouer aux trans musicales, pour montrer les résultats de tous ces mois de travail . C’est un peu comme un examen, une sanction (dans le bon sens du terme) . et puis c’est surtout un gros kiff ! en janvier paraîtra notre prochain clip, « Blown away » réalisé par Bertrand Coulon .

Pierre temPléassOciatiOn YamOY (nantes), rOUte dU rOcK (saint-malO)J’attends avec impatience le festival SoY pour les concerts et pour l’after, les tournées des artistes de La Route du Rock booking à venir, le dernier Bill Callahan en vinyle sur ma platine, aller manger chez Lulu Rouget (nantes), le prochain accident nucléaire, avoir le temps de revoir the Wire en entier, les prochaines vacances d’été . . .

simon batardièreassOciatiOn Pleins cHamPs (angers)nous attendons de venir à l’université Populaire d’angers libres et de repartir plus libres encore . nous attendons de vivre mieux et plus heureux . mais au final nous n’attendons rien car, au moment où vous lisez ces phrases, nous sommes déjà en train de faire .

future dust grOUPe (angers)on attend avec impatience la fin du travail sur notre nouvel eP qui est en cours de préparation . on attend également avec impatience le concert de Von Pariahs et Griefjoy le 12 décembre au Chabada, mais surtout le dernier épisode de la saison 5 de Breaking Bad !

florian béziergrOUPe adOne iPY (laVal)et bien . . ., la sortie de mon premier album « Je n’y suis pour rien » mi-octobre, les critiques du grand public et des réponses à mes mails, mes courriers et mes appels .

Paroles d’acteursun castinG d’acteurs de la réGion qui nous confient ce qu’ils attendent imPatiemment

Pour ces Prochaines semaines…

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DOSSIER

La scène se passe au printemps 1847 dans le café-concert Les ambassadeurs, à proximité de la place de la Concorde . trois musiciens sont attablés : ernest Bourger, Paul Henrion et Victor Parizot . L’histoire ne dit pas dans quelle quantité ils avaient fait honneur aux breuvages de l’endroit, mais le fait est qu’au moment de payer l’addition, ils se rebiffent . Pourquoi en effet devraient-ils régler leurs consommations, alors que l’établissement dans lequel ils se trouvent joue leurs œuvres sans aucune rétribution en retour ? S’ensuit un procès, que les trois trublions gagneront . Suite directe de cet incident : la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) voit le jour trois ans plus tard .

« Il faut rappeler que Mozart n’a jamais vécu de ses droits d’auteur et a été enterré dans la fosse commune », explique Patrick avril . Le délégué de la Sacem à nantes poursui : « Le droit d’auteur est un droit révolutionnaire. Il a fallu une loi contraignante pour que les auteurs soient reconnus au niveau de la propriété intellectuelle. Auparavant, c’était au bon plaisir du roi. » La loi révolutionnaire (au sens premier du terme) en question, c’est la loi Le Chapelier du 19 janvier 1791 qui introduit pour la première fois les principes du droit d’auteur . Revu à de nombreuses reprises depuis, il dépend aujourd’hui du Code de la propriété intellectuelle (CPI) de 1992 et définit l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose un auteur sur son

autour de l’auteur

Par damien le Berreillustrations : la casse – www.la-casse.fr

dans le domaine de la musique, les questions relatives à la ProPriété intellectuelle et au droit d’auteur s’aPParentent souvent à une JunGle imPé-nétrable. quelle Protection Pour les morceauX ? quels droits et obliGations Pour les artistes ? quelles Précautions Prendre ? voici quelques interroGations auXquelles ce dossier va tenter de réPondre. dans un univers en Pleine mutation, où la sacem, la société de Gestion collective des droits d’auteur, fait touJours fiGure d’acteur incontour-nable. malGré les critiques.

ProPriété intellectuelle, droit d’auteur, Gestion des œuvres musicales

OFF

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DOSSIER

œuvre . Sans rentrer dans de fastidieuses explications juridiques, on peut distinguer deux grands volets dans le droit d’auteur : le droit moral et le droit patrimonial . Dit plus trivialement : « l’esprit » et « les sous » .

moral(e) et Patrimoine

Le droit moral s’attache au respect de la démarche artistique et intellectuelle de l’auteur . Parmi les points principaux, il faut citer la mention obligatoire du nom de l’auteur et l’interdiction de toute altération de son œuvre (un point crucial pour tout ce qui touche aux reprises, voir encadré) si ce n’est par lui-même, puisqu’il peut la détruire . Le droit moral est par ailleurs perpétuel, ce qui signifie que les héritiers peuvent continuer à exercer ce droit sur l’œuvre de l’auteur après la mort de ce dernier .

L’autre versant du droit d’auteur, le droit patrimonial, touche à l’exploitation de l’œuvre . Il comprend d’une part le droit de représentation, c’est à dire « la communication de l’œuvre au public, par un procédé quelconque », comme le définit le CPI . C’est le cas des concerts et des diffusions par les médias . et d’autre part le droit de reproduction, soit « la fixation matérielle de l’œuvre par tous procédés », sur quelque support physique que ce soit . Ces droits s’exercent du vivant de l’auteur et se poursuivent au bénéfice de ses ayants droit durant une période de 70 ans après sa mort . Suite à quoi le droit d’exploitation de l’œuvre (mais pas le droit moral) tombe dans le domaine public .

tout auteur peut donc exiger une rémunération auprès des diffuseurs de son œuvre (radios, télés, internet . . .) . mais pour l’artiste, comment savoir où, quand et comment est utilisée sa musique ? Comment procéder au recouvrement de ses droits ? C’est là qu’interviennent les sociétés de gestion collective des droits, comme la Sacem en France .

PercePtion et réPartition

« Il est important de bien préciser que la Sacem n’est pas une société d’État, mais une société privée à but non lucratif.

l’autre modèle : le coPyriGht britannique et américainQue dit la loi en matière de reprise ? tout d’abord qu’il existe une première distinc-tion entre live et enregistrement : sur scène, n’importe qui peut reprendre n’importe quoi . C’est quand il s’agit d’enregistrement que les choses se compliquent avec l’intervention du droit moral de l’auteur, qui préserve l’intégrité de son œuvre . Si la reprise respecte tous les aspects de la création d’origine (texte, ryth-mique, harmonie, mélodie), on est dans le domaine de l’interprétation . même si cette version donne des boutons à l’auteur original ou à ses ayants droit, il n’a aucun moyen de s’y opposer . en revanche, c’est lui qui bénéfi-ciera de l’intégralité des droits générés . mais si la reprise modifie substantiellement la ver-sion originale, que ce soit au niveau des textes (y compris dans la cas d’une adaptation dans une langue différente) ou de la musique, il est nécessaire d’obtenir l’accord de l’auteur . Si celui-ci le donne, il faut alors déposer l’arran-gement du morceau, ce qui permet de toucher une petite partie des droits . on se doute bien que la frontière entre interprétation fidèle et arrangement peut être difficile à définir . Dans les faits, l’usage est donc de demander l’auto-risation avant d’enregistrer une reprise .

rePrenons tous en chœur, mais Pas n’imPorte comment

Le droit d’auteur n’est pas le seul modèle juridique de pro-tection des œuvres de l’es-prit . S’il est majoritaire dans l’union européenne, des pays comme Chypre, l’Irlande, malte et le Royaume-uni appliquent de leur côté le copyright et son célèbre © . Pays auxquels il faut notamment rajouter

l’australie, le Canada, l’Inde . . . et bien entendu les États-unis . Bien que présentant un grand nombre de points communs, le copyright s’attache histori-quement plus à l’aspect éco-nomique (les droits patrimo-niaux) et n’accorde qu’un droit moral restreint comparé au droit d’auteur . Il faut toutefois

préciser que ces différences semblent s’estomper, en raison d’un rapprochement entre les deux modèles . avec, d’un côté, le droit d’auteur qui tend à ren-forcer son volet économique, et de l’autre le copyright qui intègre de plus en plus large-ment le droit moral .

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tohu bohu n°27 automne 201320

DOSSIER

Elle ne perçoit donc pas de taxe ni d’impôt, mais des droits, qui sont le salaire des créateurs. Quand la taxe va dans les caisses de l’État, les droits d’auteur vont, eux, dans les caisses de la Sacem, pour être ensuite redistribués aux auteurs, tient à éclaircir Patrick avril . Et ce n’est pas obligatoire d’adhérer. Il n’y a pas de monopole de droit mais un monopole de fait. »

Forte de ses 162 ans d’existence (c’est la plus ancienne société d’auteurs dans le monde) et de cette position monopolistique, la Sacem est une machine imposante, avec une force de négociation certaine . « Il y a une forme de pression face aux diffuseurs. Que pourrait faire un auteur isolé face à Canal+, par exemple ? », argumente Patrick avril . Ce qui permet à l’institution d’afficher des chiffres pharaoniques : 145 000 membres (dont 17 000 étrangers), 70 millions d’œuvres protégées dans tous

les genres (de la musique de film à la techno), 620 000 diffuseurs payant des droits, pour 800 millions d’euros perçus sur l’exercice 2012 .

Il faut dire que le champ de perception est large : de la sonorisation du bal des pompiers à la clé uSB, en passant par le concert, le numérique, les supports physiques ou les médias classiques tV/radios . Ce sont d’ailleurs ces derniers qui apportent la manne la plus conséquente (38 %), suivis de près par la diffusion publique (concerts, discothèques, cinéma) . Le gros quart restant se répartit entre l’international (la Sacem a des accords de réciprocité avec ses homologues à l’étranger), la copie privée (taxe sur l’achat de supports pouvant stocker de la musique), les droits de reproduction phonographiques (que payent les labels) et ceux issus d’internet . même s’ils sont en augmentation, ces derniers ne représentent à l’heure actuelle que 2,5 % du total . À noter enfin que la Sacem revendique une grande précision dans l’identification des œuvres utilisées : 80 % des droits perçus seraient du « œuvre par œuvre », les 20 % restants étant obtenus par sondage ou en tenant compte des habitudes de consommation .

mais au fait, qui touche quoi ? « C’est simple et mathématique. Pour une œuvre donnée, c’est à dire un titre, les droits se répartissent à hauteur de 1/3 chacun entre l’auteur (le texte), le compositeur (la musique) et l’éditeur s’il y en a un (voire plus loin). S’il n’y a pas d’éditeur, c’est 50 % pour l’auteur, 50 % pour le compositeur. Dans le cas d’un groupe avec un seul auteur pour les textes et plusieurs musiciens qui composent, l’auteur garde ses 50 % texte, les 50 % musique étant divisés entre les compositeurs. Il faut préciser que les droits du simple interprète d’une œuvre ne relèvent pas de la Sacem mais de l’Adami (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes) ou de la Spedidam (Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes de la musique et de la danse. »

Là où ça se complique, c’est quand il s’agit de savoir quel montant de droits peut espérer un auteur . « Il est difficile de répondre, avance Patrick avril . Une diffusion sur des médias locaux comme TéléNantes, Jet FM ou Prun’ rapporte moins que sur Hitwest, qui elle-même rapporte moins que sur France Inter... »

la Prime auX Gros

et quand on pose la question à des artistes professionnels à l’audience confirmée – sans être des mastodontes des charts – on obtient souvent la même réponse : certes, ils touchent des droits, mais pas de quoi faire bouillir la marmite . Federico Pellegrini, du groupe rock French Cowboy, annonce la couleur : « Disons que là, j’ai deux mois de carence d’intermittence et que les 1 000, 2 000 ou 3 000 euros de droits Sacem que je vais gagner sur l’année vont me permettre de joindre les deux bouts. » Son de cloche à peu près identique chez

fiche Pratique : l’adhésion a la sacem, mode d’emPloiSi les modalités de fonctionnement de la Sacem ne sont pas toujours simples, les conditions d’adhésion le sont (relativement) .

Il faut :

avoir composé ou écrit au moins cinq œuvres (comprenez morceaux, pas albums !)

Justifier d’un début d’exploitation de l’une de ces œuvres. Que ce soit par la diffusion publique d’une ou plusieurs œuvres interprétées cinq fois, au cours de cinq séances différentes, sur une période supérieure à six mois (il faut alors fournir les attestations de diffusion établies par les organisateurs de spectacle, médias . . .) ou par l’enregistrement d’au moins une œuvre sur support physique vendu dans le commerce (il faut alors en fournir un exemplaire) .

Remettre un enregistrement sonore, accompagné du texte écrit s’il s’agit de chansons.

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DOSSIER

Denis Péan du groupe Lo’Jo . « Les cachets représentent la majorité de mes revenus, même si j’ai besoin des droits d’auteur pour avoir un niveau de vie correct. » arno Gonzalez, artiste électro vivant de sa musique depuis une dizaine d’années, confirme : « Cela reste anecdotique. Je gagne ma vie en étant sur scène. Mais j’ai un éditeur depuis peu, qui a réussi à me récupérer les droits de 8 années d’impayés. C’est une bonne surprise. »

L’éditeur en question, c’est Philippe artero, un indépendant, en marge des maisons de disques ou des sociétés d’audiovisuel qui possèdent leurs propres services éditoriaux . après 27 ans au sein de la Sacem, ce qui lui permet de connaître parfaitement les rouages de la maison : « Très performante pour la perception, moins pour la répartition » . Il a monté art Sonik, une société d’édition qui compte manu le malin et donc arno Gonzalez parmi ses « poulains » . « Mon métier a deux facettes. La première est d’accompagner mes auteurs afin de leur faciliter les démarches administratives et juridiques dans la gestion de leurs droits. La deuxième est de les mettre en contact avec tous les professionnels de la musique (tourneurs, programmateurs, réalisateur de clips...) à même de favoriser leur développement. Même si l’éditeur s’adresse à des auteurs qui ont déjà une notoriété et génèrent un certain volume de droits. L’artiste a un souci premier qui est de faire des disques et de se produire, pas de gérer son portefeuille d’auteur. C’est là que j’interviens : mon boulot est de booster les droits d’auteurs de mes

les antennes de la sacem en Pays de loire

angers5, bis boulevard maréchal-Fochtél . : 02 90 92 21 00

Nantes29, quai de Versaillestél . : 02 90 92 21 10

La Roche-sur-Yon31, boulevard maréchal-neytel : 02 90 92 20 20

Laval128, Quai avesnièrestél . : 02 90 92 21 50

Le Mans7, rue Boucheriestél . : 02 90 92 22 60

À noter qu’outre ses fonctions de perception et de répartition des droits, la Sacem a également une mission d’engagement auprès de la création musicale dans sa diversité, avec 15 000 projets artistiques soutenus ces dix dernières années .

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DOSSIER

artistes. Avec leur agenda et leurs contrats, je reconstitue leur carrière, j’identifie les organisateurs, afin d’encaisser les droits présents, mais aussi ceux qu’ils n’ont pas touchés par le passé. Pour faire simple, l’auteur qui s’occupe tout seul de ses droits va toucher 100 % d’une petite galette. Celui qui a un éditeur faisant bien son travail aura 1/3 de droits en moins, mais sur une galette beaucoup plus grosse. »

et il est là, le grief principal adressé à la Sacem : la répartition des droits favorise à outrance les gros . ainsi, en 2011, deux tiers des sociétaires n’ont rien perçu . et parmi ceux qui ont touché quelque chose, encore deux tiers ont touché moins de 1 000 euros sur l’année . Dans ces conditions, on peut se poser la question suivante : à 127 € l’adhésion (à vie, certes) par individu, le jeu en vaut-il la chandelle ?

Pour Boris adamczyk, chargé d’information à la Fracama (Fédération régionale des acteurs culturels et associatifs musiques actuelles en Région Centre) : « C’est une question de timing. Quand le projet commence à se professionnaliser, quand le groupe se met à remplir des fiches Sacem pour ses concerts et à être diffusé en radio, il faut faire l’adhésion. Sinon, ce serait un manque à gagner. Mais pour les groupes en début de développement, on répond qu’il est inutile d’aller dépenser de l’argent, pour l’instant. »

en libre diffusion ?

Pour ces groupes en début d’activité, il prône les licences libres . « Pour moi, le libre est une vision pragmatique. Je pense qu’on peut l’utiliser sans avoir forcément un discours militant selon lequel il faut donner sa musique parce que la culture doit être accessible à tous », poursuit-il . « Ce pour quoi militent les licences libres et notamment les Creative Commons, c’est avant tout la reconnaissance de la paternité de l’œuvre, la mention BY. Après, l’auteur d’une œuvre peut également choisir d’autoriser son utilisation commerciale, qu’elle soit samplée, utilisée dans une compile... Parce que le souci du groupe n’est généralement pas de toucher des droits d’auteur, mais de protéger ses morceaux. Et de toute façon, le nœud du problème aujourd’hui, c’est la diffusion. »

une vision en partie partagée par antoine moreau . artiste et enseignant-chercheur en arts numériques, il est un militant historique du libre . et à l’initiative de la rédaction de la licence art Libre qui autorise la copie, la modification et la transformation des œuvres . elle interdit l’appropriation exclusive de ce qui a été ainsi mis en commun . Ce qui est le principe du copyleft . en libéralisant les droits sur les œuvres des auteurs, le libre ne fait, selon lui, que valider des usages qui existent déjà dans la réalité, notamment sur internet . « La gestion collective des droits d’auteur n’est absolument

les autres moyens de ProtéGer sa musique

même si se faire « voler » son tube relève plus du fantasme que du risque réel, les plus précautionneux disposent, outre le dépôt à la Sacem, de deux autres solutions :

l’envoi à soi-même de son œuvre en recommandé avec accusé de réception, le tout dans une enveloppe inviolable ; penser à ne pas l’ouvrir sauf devant le juge si procès il y a

le dépôt auprès du Snac (le Syndicat national des auteurs et compositeurs) sous forme de partitions ou de support enregistré (35 € pour 4 chansons) .

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DOSSIER

pas adaptée au matériau numérique. Cela ne profite qu’aux plus gros. Les petits ou les débutants ont énormément de mal à prendre leur place financière. » avant de développer : « Les pratiques de l’art sont des pratiques de partage et d’échange. Il ne s’agit pas de nier l’œuvre matérielle – cela reste le moment où la création se formalise. Mais force est de constater qu’elle est financièrement dévalorisée à cause des usages numériques. Elle peut donc servir de vecteur d’appel pour le moment de création vivant qui est le concert. Aujourd’hui, les musiciens vivent de la scène. »

à l’est, du nouveau ?

Le libre n’est-il alors qu’un moyen de diffuser, partager et faire connaître sa musique de manière moins restrictive, en renonçant à toucher ses droits d’auteur ? Pas sûr, puisqu’une nouvelle forme de gestion collective des droits semble sur le point de voir le jour . Certes, cette initiative allemande est pour l’instant confidentielle . Pour preuve, quand on tape « C3S » sur Google, on tombe d’abord sur la Contribution sociale de solidarité des sociétés ?!? La C3S qui nous intéresse signifie, quant à elle, Cultural Commons Collecting Society . et elle vient de terminer avec succès sa campagne internet de financement participatif (voir le dossier du tohu Bohu n°22) . L’objectif : se poser, dans le domaine des musiques libres, comme une alternative à la Gema, la Sacem allemande, avec une vision pan-européenne sur le long terme . Les reproches adressés à la Gema sont grosso modo les mêmes que ceux faits à la Sacem : position monopolistique, frais de fonctionnement importants, opacité, obligations contraignantes pour les sociétaires, répartition inégalitaire . et, surtout, non-reconnaissance des droits des artistes ayant choisi d’avoir recours aux licences libres . tout comme en France, où l’accord passé en 2010 entre la Sacem et Creative Commons est loin de convaincre tout le monde, dans la mesure où il ne concerne que les morceaux sous licence BY-nC (paternité-usage non-commercial) . Partant de ce constat, la C3S propose des principes de fonctionnement sensiblement différents . avec un dépôt des œuvres à l’unité (alors que la Sacem oblige au dépôt de toutes les œuvres) . une rémunération dégressive dans le temps et en fonction du nombre de diffusions (les nouveaux et les petits seraient ainsi favorisés) . ou encore la possibilité de retirer ses œuvres à tout moment (contre 3 ans pour la Gema et 10 ans pour la Sacem) .

Plus de souplesse, un mode de répartition plus équitable et plus adapté aux nouveaux usages du numérique : la démarche mérite d’être suivie . même si, pour l’instant, dans le domaine du droit d’auteur sonnant – et plus ou moins trébuchant – les fameuses feuilles jaunes de la Sacem restent un passage incontournable .

biblio eXPressÉlaborée par sandrine martinchargée du fonds documentaire au centre informations-ressources Pays de la loire – trempolino

aXEL, Philippe . BY-NC-ND, droits d’auteur et Internet : la solution ? : Plaidoyer pour l’intégration du principe des licences Creative commons BY-NC-ND par les filières culturelles . Paris : Lulu .com, 2011 . 95 p .

BErgEr, Virginie . Quelle est la différence entre droit d’auteur et copyright ? [en ligne] . In : Don’t believe the Hype Save the music, not the Industry . Disponible sur : goo .gl/fi1We (consulté le 10/10/2013) .

BOuVErY, Pierre-Marie . Les contrats de la musique . Paris : IRma, 2008 . 346 p . Coll . métiers de la musique .

CD’O, Constance, Élodie . Dossier : Streaming et Téléchargement : les dessous de la musique en ligne . Le transistor, 2013, no36, p . 16-19 .

CHiraCHE, Emmanuel . Covers : une histoire de la reprise dans le rock. marseille : Le mot et le reste, 2008 . 205 p . Coll . Formes .

Ecran Total Musique Info : l’hebdomadaire des professionnels du cinéma, de l’audiovisuel et de la musique . Sous la dir . de Florence Bonvoisin . Clichy : Larivière, 2012 . Revue hebdomadaire . ISSn 1165-8045 .

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tiLtFEStiVaL. [26 mars 2009] . « Mashup : Quelle création pour quels Droits ? » – Partie 2 Législation [vidéo en ligne] . In : Youtube . Disponible sur : goo .gl/u4oQmr (consulté le 10/10/2013) .

tOurniEr, Jean-Loup . Vivre de sa musique avec la Sacem . Paris : Rocher, 2006 . 356 p .

VinCEnt, Jean . Droits d’auteur et droits voisins : propriété, titularité, cession . Paris : Weka, 2009 . 118 p . Coll . action culturelle .

Volume ! : La reprise Bis . Saint-amant-tallende : mélanie Séteun, février 2010, n°7-2 . ISSn 1634-5495 .

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tohu bohu n°27 automne 201324

Great black musicPhilippe robert, Éditions Le Mot et le reste – 2008 – par KalchaCe n’est pas le premier livre de Philippe Robert dont on vous parle dans nos pages (on l’avait même interviewé pour son itinéraire folk il y a quelques numéros), et cette réédition de son « Great Black music » recevra autant d’éloges que ses congénères . Le journaliste s’y attache à présenter 110 albums dans des styles a priori très différents (du free jazz au rap, en passant par le dub, le hardcore ou l’afro-funk) mais qui constituent finalement une seule et même grande entité, la Great Black music . entendez par là les velléités avant-gardistes et progressistes des musiciens issus de la communauté noire de créer une sorte de « musique classique noire » (et par conséquent plus simplement de divertissement) . Profitez donc de l’érudition de Philippe Robert et (re)découvrez tous ces trésors signés nina Simone, LKJ, the art ensemble of Chicago, madvillain, the meters ou Bad Brains . L’auteur, comme à son habitude, dose avec intelligence les classiques, les découvertes et les raretés . Chacun peut donc commencer le livre à son niveau .

Jazz dans le new-york des années follesrobert nippoldt, Hans-Jürgen Schaal, Édition taschen – 2013 – par KalchaComme à leur accoutumée, les Éditions taschen sortent un magnifique livre illustré (+ CD) sur une période primordiale de l’histoire de la musique . on se retrouve en effet au début des années 20, à errer de club en club dans les nuits de Harlem, à la rencontre des futurs grands noms du jazz (Jelly Roll morton, Fats Waller, Coleman Hawkins, Bessie Smith, Louis armstrong, Benny Goodman, Glenn miller, Duke ellington, Sydney Bechet, Cab Calloway et beaucoup d’autres qui sont passés à côté de la postérité) pour essayer de saisir ce frisson nouveau qui s’emparait alors de la Big apple et qui influencerait toutes les musiques du siècle à venir . on apprend d’ailleurs au gré des nombreuses anecdotes de l’ouvrage que le jazz aurait très bien pu rester confiné à la nouvelle-orléans si des parasites qui ravageaient les plantations de coton au début du siècle n’avaient pas obligé la communauté noire a émigrer massivement vers les villes du nord (new-York, Chicago, Detroit . . .) pour y trouver du travail, emportant avec elle ce drôle de blues qui swingue . on ne les en remerciera jamais assez !

Photo : Copyright robert nippoldt

bob marley & the wailers : 1973-1976Lee Jaffe, Jérémie Kroubo Dagnini, Éditions Camion Blanc – 2013 – par KalchaJe vois d’ici votre mine déconfite . Quoi ? encore un livre sur Bob marley ??? on connaît déjà tout de son histoire . . . mouais, pas si sûr . Combien savaient par exemple que parmi les Wailers se trouvait un harmoniciste américain blanc ? très proche de marley, Lee Jaffe vivra dans sa maison de Hope Road pendant des années et sera à ses côtés lorsque plusieurs des morceaux les plus emblématiques du Rasta seront composés . Plus tard, il produira même quelques disques mythiques de Peter tosh dans des conditions d’ailleurs pas toujours très légales . autant vous dire que vous vivrez les choses de l’intérieur et racontées sans complaisance ni langue de bois . Le journaliste français Jérémie Kroubo Dagnini pousse même parfois l’américain dans ses retranchements et permet ainsi à cet entretien à bâtons rompus de mieux comprendre l’Histoire sans se faire parasiter par la légende . mafia, trafics en tout genre, spiritualité, business, seconds couteaux oubliés et gros spliffs de ganja rythment ce récit passionnant sur un des musiciens les plus importants du 20e siècle .

traces et imPressions

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traces & impressions

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quand des artistes mythiques se font mash-uPer Par un dessinateur a l’humour corrosif, ça donne un bloG – et maintenant un livre – qui aPPorte un Peu de dérision a un milieu qui n’aime rien tant que se Prendre au sérieuX.

comment est venue l’idée de cette « discothèquedétournée » ?

C’était un peu la conséquence naturelle de trois facettes de ma personnalité : j’ai toujours dessiné pour moi depuis que je suis tout gosse ; j’adore détourner, trouver des surnoms aux gens ; je suis fan de musique depuis toujours . en 2008, on m’a offert un carnet en forme de vinyle et je me suis surpris à parodier des pochettes de disques . . . De fil en aiguille, on m’a incité à faire un blog . Comme je suis nul en coloriage, j’ai demandé à une copine infographiste, meurie, de mettre en couleurs mes dessins . elle a vite apporté bien plus que ça au projet, en recréant par exemple les bonnes typographies des disques, l’idée du vinyle qui sort de sa pochette, etc . Du coup, tout ça m’a donné envie de pousser le concept en écrivant une sorte de biographie improbable des nouveaux artistes qu’on créait . « La Discothèque Idéale Détournée » était née .

qu’est-ce qui crée l’étincelle de déPart ? une similitudeGraPhique ? une ressemblance Phonétique ?

Il n’y a pas foncièrement de règle . C’est souvent le hasard d’une situation qui entraine le gag . Pour Lemmy Winehouse par exemple, c’est simplement venu parce que j’étais en train de ranger des disques de motörhead et amy Winehouse au boulot, et que l’idée d’associer ces deux artistes si éloignés et en même temps si proches m’a fait marrer . Sur le blog, je fais parfois un simple mash-up de deux pochettes, sans forcément écrire de biographie si j’ai pas l’inspiration . Je veux pas faire de remplissage . Il y a des tas de pochettes qui ont déjà été l’objet de parodies comme celles des Beatles ou des Stones, donc je ne veux pas m’y atteler sans idée vraiment originale . Pareil pour des trucs un peu nazes dont il serait facile de se moquer méchamment . Je vois pas trop l’utilité du truc . . .

et Justement, est-ce qu’il y a des disques Pour lesquelstu as des idées mais que tu n’as Pas encore réussi à concrétiser ?

J’en ai bien une douzaine encore dans les cartons . Soit c’est le dessin qui pose problème, soit c’est l’histoire . . . Par exemple, j’aimerais bien faire un truc sur Gotham Project, un mix entre Gotan Project et Gotham City (la ville de Batman) . Je visualise bien ce que je voudrais atteindre, mais je galère sur le dessin . Parfois, y a des trucs qui se font super vite, en deux/trois semaines, et d’autres trucs qui trainent pendant des mois . et il suffit d’une fulgurance pour que tout se déclenche .

la discothèque idéale detournéerobyo & Meurie, autoédition – 2012 – par KalchaSi vous connaissez des vendeurs aux rayons disque des supermarchés culturels (enfin, ceux qui restent), vous devez déjà avoir entendu leurs anecdotes hilarantes de clients qui écorchent – pour ne pas dire qui charcutent – les noms de leurs artistes préférés, surtout si ces derniers sont anglophones . Le dessinateur Robyo, vendeur à la FnaC d’angers, en connaît des centaines plus drôles les unes que les autres . Ça a même fini par lui donner envie de créer ses propres personnages improbables, comme Lemmy Winehouse, Coeur de Picrate, ugly Kidjo, Black eyed Keys ou 15Cent, dont il raconte les existences complètement loufoques dans son blog « La Discothèque Idéale Détournée » . Parodiant les pochettes véritables, l’angevin s’en donne à cœur-joie et laisse libre cours à son sens de l’humour absurde et irrévérencieux, dans la lignée des monty Pythons, Dupontel ou la « Rubrique-à-Brac » de Gotlib . Ce premier livre autoédité compile donc ses meilleures trouvailles . À sortir à l’heure du digestif entre potes pour se payer une bonne tranche de rire !

Pour savoir où vous procurer le livre en région, contactez Robyo : [email protected]

discothequedetournee.blogspot.fr

rOBYO

Par KalchaPhoto : dr

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tohu bohu n°24 hiver 201326

Passons rapidement sur le nom de ce groupe mixte qui nous envoie promener sur une fausse piste : une bande de faux jeunes surfant sur la mode de la chemise à carreaux et de la barbe fournie . Les nantais de moustache museum ne sont pas des suiveurs . La preuve avec la sortie de ce deuxième eP, « on the run », étonnant de bout en bout . alors que cette quinte royale et folk rock s’ouvre avec un Flaws se présentant à nous trop bien sapé, mous-tache museum le débraille en lui faisant enfiler, à mi-parcours, une énergie rock . « on the run » n’est donc pas la carte postale d’un ouest américain ar-tificiel, mais une invitation à découvrir un univers multiple où la mélancolie se mêle au ravissement . on y entend le Herman Düne de la grande époque . mais la force de moustache museum est d’avoir rendue discrètes leurs différentes influences .

arnaud Bénureau

moustache museumOn tHe rUnouich’eaters Records – 2013moustachemuseumbandcamp .com

disques

l’orPhicubes /tPépin&Plume Records – 2013www .pepinetplume .com

alban Darche, ou le John Zorn nantais ? Comme son homologue new-yorkais, Darche est un sax alto, compositeur hyper-prolifique à la riche actu discographique, qui, via son label, arpente les différents sillons d’un jazz pointu et déjan-té . Si ce disque n’est pas une production Yolk, il en possède néanmoins les traits principaux . Les têtes sont connues (Ripoche, Donarier, Bois-seau…), et cette nouvelle aventure s’inscrit dans la continuité du travail du nantais chez Yolk . on y retrouve le goût d’alban Darche pour les choses faussement simples, qui donnent des crampes aux neurones des musiciens sans pour autant laisser sur le trottoir les béotiens . Voici une petite-grande-formation à géométrie variable, aussi folklorique que symphonique . et pour finir en trois mots : comme dirait l’autre, « Putain, ça joue ! » .

Sébastien Bertho

entre pop renversante et musique de film épique, Faune aime brouiller les pistes . Ces trois morceaux en sont la parfaite illustration . Les mélodies sont entrainantes et enjouées, ac-compagnant parfaitement les textes du groupe . Sublimés par leurs multiples influences qui se ressentent dans leurs compositions, le trio nous fait voyager dans plusieurs dimensions, à la fer-veur d’un Django Django français . La Faune qui nous entoure semble danser autour de nous et fêter cet hymne à la nature déclamé d’une voix douce et rêveuse . La force de ce trio est de nous embarquer dans leur vision d’une musique puis-sante, planante, et onirique . La poésie qu’il nous offrent est comme une déclaration d’amour à la vie, à l’amour, et à toutes les composantes de l’humain . Laissez les prendre le contrôle sur vos émotions, vous les remercierez .

alexis Chevallier

fauneeP#001

aP – 2013www .faune .tv

rotters damncircUs and trains

aP – 2013www .rottersdamn .tumblr .com

« Circus and trains » est un voyage à part entière . nous sommes transportés dans une atmosphère folk grâce à l’itinérance d’un groupe d’artistes supposés saltimbanques . D’une ambiance feu-trée et bohème, la musique de Rotters Damn – le jeu de mots est subtil – n’est pas sans rappeler un feu de camp nocturne près duquel une diseuse de bonne aventure nous épie mystérieusement . en fermant les yeux, timothée Gigan Sanchez et son envoûtante voix rauque et un poil chevrotante nous attire vers son monde forain des années 1930 . L’interlude musical relie parfaitement les quatre autres morceaux comme le train soude les villes et la pochette de l’eP est aussi là pour nous le prouver . « Circus and trains », une ode au pèle-rinage à la saveur délicieusement vintage .

Lucie Beaudoux Jastrzebski

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disques

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Connu comme le loup blanc, le quatuor nantais ne l’est pas . Pas encore . avec des textes qui ont du chien, un flow qui file la chair de poule et des mélodies qui font mouche, passer à côté de ce groupe, ce serait l’art d’ignorer l’elephanz qui est dans le salon ! Car en bons pachydermes, les frangins et consorts envoient du lourd avec leur musique à facettes . Loin d’une pop cupcake trop sucrée, la leur est plurielle et mue au fil des mor-ceaux . Chatouillant tantôt le rock ou enlaçant un folk option carrousel, tantôt se lovant dans des airs un poil chamallow ou s’agitant sur un son carrément plus dancefloor, elle est une véritable ode au changement . une invitation également lancée en son époque par un illustre David et dont elephanz partage apparemment plus que le goût de la réverb’ . « Ch-ch-ch-ch-changes », pour vous mettre la puce à l’oreille . . . ne faites pas ces yeux de merlan frit, écoutez plutôt !

atum Hood

Voilà un album qui ne cache pas son jeu et où la couleur métissée est clairement annoncée : il s’agit là d’un véritable travail sur la voix sous toutes ses formes : harmonies, rythmiques, slam, rap… Line tafomat, marianne Jagut et Céline Honorine – les trois chanteuses de Blue mango – font de leur voix un instrument à par entière sur des mélodies épurées et directes . elles proposent un disque sensuel et très féminin, qui n’est pas sans rappeler la french soul des nubians (la po-chette d’Ébaébaïo serait-elle d’ailleurs un clin d’œil à leur album one Step Forward ?) où chaque mot et chaque expression semblent ciselés et délicatement choisis . textes engagés, chroniques féminines ou contes, hommages aux femmes de la planète ou questionnements, le maloya y côtoie la soul et le breakbeat se frotte au jazz . on se promène de continents en pays au gré d’une musique libre et d’influences bien assumées .

Marie Hérault

Comme on aimerait que tous les chanteurs « à textes » aient le courage de l’aventure musi-cale que mène Guillaume Boust et ses compa-gnons ! Les textes, Guillaume Boust les écrit sur des mètres et avec une syntaxe classique . Peu d’ellipses mais du sens, plutôt rouge, plutôt loquace contre les ennemis du peuple et pour protéger nos vies minuscules et fières . De sa voix ample, il scande, parfois à contre-mots, un par-ler-chanter déclamatoire et vibrant soutenu par la guitare versatile de Didier Dayot posée sur le soubassement d’une contrebasse boisée et d’un drumming fin et énergique . Quant au format des chansons, il laisse la place à la musique et ne se fait pas d’illusion sur ses chances dans les radios commerciales : six minutes, vous vous rendez compte ! une mention spéciale pour sa énième version du « temps des Cerises » qui bouscule ce classique jusqu’au chorus fiévreux du sax d’ewan Dayot . un disque prometteur pour ce jeune artiste déterminé .

georges Fischer

elePhanztime FOr a cHange

naïve / Warner / tSK music – 2013www .elephanz .com

blue manGoÉBaÉBaÏOmenkali – 2013www .bluemango-music .com

Guillaume boustsaisOns rOUgesmouft’art – 2013www .guillaumeboust .fr

en quatre titres et une vingtaine de minutes, le quartet de Julien Vinçonneau (guitare) démontre ici toute l’étendue de son art . Impeccablement entouré de Florian Chaigne (batterie), Xavier nor-mand (contrebasse) et d’elie Dalibert (sax alto) débauché de Sidony Box pour l’occasion, Julien Vinçonneau soigne son jeu de guitare bipolaire (tantôt doux, tantôt franc du collier) et aussi ses arrangements . Les standards de Wayne Shorter et Joe Henderson, entre cool jazz et post-bop, sont parfaitement interprétés mais ce sont sur-tout Föne, une composition originale et Redemp-tion Song/evolution, une reprise de . . . Bob marley qui impressionnent . ouvertement moderne dans sa volonté de brouiller les frontières entre jazz mélodique, réminiscences de free et rythmiques plus binaires (le final quasi-heavy de la chanson de marley), le quartet a déjà sa place au sein de la scène jazz nantaise la plus prometteuse .

Matthieu Chauveau

Julien vinçonneau quartet FÖne

aP – 2013 jvquartet .bandcamp .com

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disques

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birds are alivemOnstre nÉ

Kizmiaz Records – 2013www .birdsarealive .fr

Fidèle et toujours renouvelé, écorché et toujours énergique, Philippe ménard nous surprend encore par la richesse des compositions de ce 9e album aux accents rock . Fidèle, car on retrouve ses thèmes habituels autour des références du blues (la femme, le looser . . .) écrits avec la sobriété, la poésie du quotidien, support naturel du genre . Re-nouvelé, car les mélodies des guitares sont encore là, imaginatives, inspirées, transcendant la magie du blues . Énergique, cela devient un lieu commun de le dire tellement Philippe ménard nous trans-porte par sa fougue à jouer, par le mordant un peu sauvage de ses amorces de riffs évoquant ces légendes tels Son House, Johnny Winter . Philippe ménard n’interprète pas le blues, il l’incarne, le digère, lui donne chair, c’est le partage de la vie (il nous invite au café de La Perle dans un superbe « Down at the Pearly Café » à la simplicité volon-taire) . Véritable sacerdoce rock pour ne pas som-brer dans un trou d’air : may Day .

gilles Lebreton

timorés d’émotions trop intenses, passez direct votre chemin ! « amour et Papouasie » possède ce pouvoir de libérer la bête ou la folie qui som-meille en nous . tour à tour rassurant, inquiétant, enjoliveur et agité, l’album nous pousse dans nos retranchements . Le voyage s’ouvre avec une ber-ceuse insidieuse « Chaleur malheur » pour mieux nous bousculer ensuite . Le lyrisme de Claire Gru-pallo et la voix perverse d’etienne anclin nous guident durant cette expérience hors du commun et sensorielle, façon rite chamanique . L’alchimie de ces deux êtres étant soutenue par le talentueux Jonathan Seilman, « amour et Papouasie » est une pure merveille . « Libera me » avant-dernier mor-ceau clôture en toute délicatesse ce rêve éveillé . Dans un tout autre registre, la dernière fois que je me suis laissée aller à ce type d’expérience, c’était lors de l’écoute de « my God Is Blue » de Sébastien tellier… L’univers aurait-il plusieurs Dieux ?

Dorine Voyaume

PhiliPPe menardmaYdaY

aP – 2013www .philippemenard .com

sieur et dameamOUr et PaPOUasieKythibong / L’autre Distribution – 2013www .sieuretdame .fr

Les oiseaux nantais sont bien vivants, et bien vivaces . Pondre un disque tel que « monstre né » est une belle preuve d’amour du rock n’roll authentique, celui qui grince, qui suinte et qui sue . entre garage, post-punk et blues, la musique de Birds are alive résonne et fait res-surgir parfois les fantômes d’elvis (par la voix notam-ment) ou des Clash, ajoutant une touche de mélan-colie dans ce mouvement nonchalant, désenchanté mais heureux . nous voilà tapant du pied avec entrain, appréciant quelques chœurs popisants entre deux riffs souples ou nerveux, parfois les deux simultané-ment . arrivés à la fin des 10 pistes, on réalise l’ampleur du talent de Birds are alive, faisant preuve d’un feeling d’un autre temps et dépoussiérant le rock 60’s par des inspirations nouvelles . Le travail sonore est d’ailleurs effarant de crédibilité, profondément organique, équi-libré . « monstre né » est avant tout une vraie grosse claque rythmique et mélodique flanquée d’un visuel hyper classe . on n’espérait pas mieux .

tanguy Cloarec

biniduYesKythibong / La Baleine – 2013binidu .bandcamp .com

Qu’est-ce qui a bien pu conduire ces 3 là à ce mariage inattendu ? S’il est vrai que Vincent Dupas navigue depuis longtemps dans les eaux mélancoliques de my name Is nobody et les torrents dévastateurs de Fordamage, Pneu est quant à lui identifié dans les tu-multes d’un math noise décomplexé . et pourtant, en dehors peut-être de la voix haut perché du premier, peu de choses trahit l’identité de ces trois lascars . Ce premier essai en 7 titres regorge en effet d’orchestra-tion colorées, de folk lumineux, d’envolées presque glorieuses, dont les reliefs ne sont pas sans rappe-ler quelques grands noms d’amérique du nord . mais c’est à une patte bien locale que l’on doit ces ritournelles entêtantes . tour à tour empreint d’une certaine frénésie, toujours à l’aise dans une écriture mélodique complexe, la batterie et les 2 guitares s’accordent à coups d’embardées harmoniques, où guetter l’ascension finale devient une obsession . ma-riage inattendu ? oui, mais mariage réussi, prononcé en bonne et due forme par Kythibong . . . Évidemment .

Cédric Huchet

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disques

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titi zaroPOÈme de ZOreOl

tata Zora Productions / L’autre Distribution – 2013

www .titizaro .com

Zoréol, masculin, contraction de « zoreille » et de « créole » : enfant né d’une union entre un(e) zoreille et un(e) créole . L’album de titi Zaro, Poème de Zoréol, est avant tout un mélange d’influences . La musique est douce, reposante et revêt une profondeur mélancolique qui nous in-vite à la prendre au sérieux . elle rappelle Camille dans ses meilleures inspirations ou de lointains échos des chœurs de Lo’Jo, mais l’on trouve vite une identité propre à ce duo féminin qui fait du bien au corps tout entier . Si vous aimez la finesse – mais se peut-il que vous ne l’aimiez pas ? – alors il vous faut prendre le temps d’écouter ça . tout est mélodique chez titi Zaro, la musique certes, mais aussi les textes, créoles ou français, qui dégagent des sonorités si plaisantes qu’on en oublierait presque d’en capter le sens . ne com-mettez pas cette erreur car à la forme, titi Zano ajoute le fonds . L’album la lé bon, fo écouté ça !

Johann Légault

À une époque où tant d’artistes semblent se copier les uns les autres avec empressement au point de devenir quasi-interchangeables, la musique de Known as numbers fait plaisir à entendre . Les quatre nantais ralentissent la cadence et osent les coups d’oeil dans le rétro, notamment vers le slowcore hanté des 90’s, mais pas seulement . Ces chansons sombres, s’apparentant au folk dans leur construction, au rock dans la tension qui émane de leurs finals en crescendo, et surtout, la voix grave et résignée de Lukas Wiedner se sont pas sans rappeler un groupe pour le coup bien contemporain : the national . avoir un son iden-tifiable entre mille, c’est bien, avoir des chansons mémorables, c’est encore mieux . Écoutez donc encore et encore le titre « Shiver » modèle de son-gwriting classique, pour comprendre que Known as numbers n’est pas un groupe de plus, qui ne fait que passer, malgré son nom modeste .

Matthieu Chauveau

known as numbersmangin

aP – 2013knownasnumbers .bandcamp .com/

Romero Groove Band, c’est du funk qui donne envie de claquer des doigts . Ce deuxième album, « Blue Hip Funkzz Hop », à la structure funk disait-on, invite à peu près tous les courants musicaux américains à sa table . Les platines de l’excellent DJ Slade (toujours dans les bons coups) côtoient les riffs jazzy ou bluesy mais toujours bien sen-tis des guitares de Stéphane Ramin, les envolées « saxophoniques » de François Babin, ou les inspi-rations synthétiques de Florent Landreau, le tout sur une base rythmique qui sert de lieu de ren-contre à toutes ces influences . tout est bon, rien à jeter, dans cet album équilibré, d’une grande ma-turité où chaque instrument trouve sa place . Si la qualité scénique de la formation est à la hauteur de ce que laisse présager l’album, alors on peut s’attendre à vivre de grands moments de bon-heur, fusionnels sans doute avec Romero Groove Band, un groupe à suivre, assurément .

Johann Légault

romero Groove bandBlUe HiP FUnKZZ HOPVivier Prod – 2013www .romerogrooveband .com

aeristemPleex-tension – 2013 www .facebook .com/aeRIStemPLe

Post-métal, rock-prog ou autres étiquettes me semblent bien superflues pour décrire la musique de ce groupe . aeris c’est une main de velours dans un gant de fer . on sait que manu adnot (Sidony Box) affectionne les riffs rentre-dedans et les unissions de shreader, on (re)dé-couvre là que c’est également un compositeur qui aime donner du temps à ses idées, et laisser planer des ambiances . avec ses quatre musiciens techniquement implacables, aeris se dote d’une artillerie lourde et se donne les moyens de ses ambitions . Que d’évolutions depuis la première mouture de ce groupe . Les compos sont plus abouties, le son de groupe plus ample et puissant et les nouveaux arrivés dans le groupe (emerson Paris et Louis Godart) apportent avec eux leurs expériences . Belle récompense, qui plus est, d’être signé par un label appartenant à l’univers du groupe magma !

Sébastien Bertho

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en France, c’est connu, on n’a pas de pétrole mais on a des idées . Benjamin Piat, lui, n’a pas beaucoup d’argent mais il a du talent . et ça lui a suffi pour donner envie à Pierre Lebas (ex-chanteur de La Ruda), Seb martel (ex-guitariste de -m-), B-Roy (ex-accordéoniste de manu Chao) ou Richard Pauvert (ex-guitariste de La Ruda) de l’accompagner – d’une manière ou d’une autre – sur ce premier disque sous son véritable état civil (Benjamin a déjà sorti quelques démos sous le nom de Benouzz) . Dans sa « Boîte à musique », Piat digère donc l’influence des groupes préci-tés grâce à des idées arrangement pertinentes . Cuivres, xylophone ou piano agrémentent ainsi ses jolies ritournelles, créant souvent le petit plus qui marque l’esprit et colle la mélodie dans le ciboulot . Dans un titre du disque, l’angevin chante « La vie est faite de détails importants » . La musique également .

Kalcha

alors qu’il remet le couvert cet hiver avec Hint, arnaud Fournier présente son nouveau projet, une formation de 4 guitaristes devant un mur d’ampli . Beats électro, basses sourdes, l’album débute tambour battant par un « Ride away » aux relents indus, au chant inquiétant et entêtant, avant de nous embarquer sur son terrain fa-vori : une noise ultra dansante, aux rythmiques synthé-tiques . C’est ce que le groupe développe tout au long de l’album : une musique sous tension aux guitares satu-rées sur des rythmiques dancefloor, tout en se permet-tant quelques incursions dans d’autres styles . Car Dead Hippies démontre aussi une vraie capacité à captiver son auditoire sur des plages plus cinématographiques, en développant un post-rock aérien, nous immergeant dans un décor western ou encore en proposant une re-prise d’un morceau du Velvet underground . DH propose un premier album complet et réussi . Reste à confron-ter ce projet instrumental à l’épreuve de la scène où le manque de batterie pourrait s’avérer un vrai handicap .

Yann Bieuzent

benJamin PiatBOÎte a mUsiQUe

La Fabrik acoustik 2013www .benjaminpiat .sitew .com

dead hiPPiesKill me sWeetY

Kshantu / L’autre Distribution – 2013www .facebook .com/deadhippiesdead

À l’image d’une nature en pleine mue autom-nale, moongaï se dérobe enfin de sa nymphe . Ici, pas de feuilles venant mourir au sol, mais un premier album qui éclôt avec la promesse d’une exode saisissante . Le dandy geek et la poupée choucroutée cultivent en effet une fascination certaine pour l’astre lunaire, dont le reflet se devine jusque dans leur nom . Chacun nourri de son bagage musical, ils sondent ensemble les tréfonds d’un électro-folk magnétique habité d’une folie douce . À une exception près, le duo conjugue le verbe en français pour nous conter des histoires de zombies, de déboires culinaires ou de scaphandre . Les trajectoires sonores, aussi lunatiques que cosmiques, trahissent leur ap-partenance à une lignée de poètes aussi allumés qu’eux (Björk, Radiohead) . Les matières électro-niques enrobent cuivres, cordes et chœurs, la dualité est prégnante . Vous ne rêvez pas, vous êtes en orbite .

atum Hood

moonGaïcOsmOFamille Warner – 2013www .moongai .com

Composé d’anciens de la fanfare Zéphyrologie, Slurp BB sévit depuis 2005 autour du répertoire des second lines de la nouvelle-orléans . Inspiré par le Dirty Dozen Brass Band et le Rebirth Brass Band, et par toute la musique néo-orléanaise en général, ce collectif mouvant pré-sente ici « Injuns » (terme d’argot américain désignant les amérindiens, ou native americans), né d’une rencontre de 2011 entre ses créateurs (X . thibaut et P . Gelebart) et J . Hills, R . Skipper, W . Harris, R . Williams, ou encore Kirk et Charles Joseph . Ce disque est constitué de deux line-up : le sextet fondateur, et une formation de 9 musiciens, ajoutant caisse claire, grosse caisse et deux cuivres en plus . Ces derniers dansent et s’entremêlent, portés par une section rythmique inventive et variée, le tout enre-gistré live, au plus près du son de la rue . Slurp BB s’appa-rente finalement à un délicieux bonbon funk-jazz, adop-tant la forme d’une fanfare dynamique et ingénieuse . Ça joue simplement sans être simpliste, dans une bonne humeur irradiante . Indispensable pour garder la banane .

tanguy Cloarec

slurP bbinJUns

Flux Productions / Cie DtC – 2013www .slurpbb .com

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orGanic soulOUt OF cOntrOl

aP – 2013organicsoul .bandcamp .com

PePso stavinskyVOir la lUneaP – 2013

soundcloud .com/pepso-stavinsky

michel et Jean-Guy, oui d’accord . Des frères jumeaux ? un duo d’humoristes ? Les associés d’une boîte d’in-formatique qui se risquent à sortir un disque pour le fun ? Fun assurément ! mais non, michel et Jean-Guy ne sont pas frères mais comme deux têtes sous le même bonnet, et quelque part un peu humoristes . Fa-çon Deschiens dans le look et le propos, façon Philippe Katerine (avec lequel ils partagent les mêmes origines géographiques) ou encore Kazero dans l’interpréta-tion, le duo use du second degré . Les deux plaisantins évoquent des histoires de dépanneuse, de ferry, d’un hôtel normand, Jefferson airplane . . . Côté musique, le propos lorgne vers le rock’n’roll, le garage pop avec un brin de chanson façon Jorge Bernstein & the Pioupiou-fuckers (chroniqué dans ces pages pour le tohu Bohu n°26), et une parenthèse afro (« Soap song ») . accords de guitare assez simples, tempo classique, rien d’ex-traordinaire pourtant . et pourtant, on aime . La simpli-cité, l’humour, le décalé . . . comme Katerine .

Cécile arnoux

michel & Jean-Guyart BrUtLe mouton Vert – 2013www .micheletjeanguy .com

Il y a soixante-dix ans, Saint-exupéry envoyait le Petit Prince dans les étoiles . Quelques temps plus tard, un américain déguisé en bonhomme michelin flanque ses sabots sur la Lune et aujourd’hui c’est un angevin qui investit les lieux . « Voir la lune », premier album solo fait l’effet d’une bombe, l’ar-rière-train vissé sur sièges éjectables ! Respectant à la fois les codes classiques du « boom bap », c’est pourtant sans gène qu’il les emmerde tel un tau-lard en cavale et un soiffard de liberté . L’opus est riche de sens, c’est rien de le dire, l’auteur a cueilli ses plus belles roses pour vous offrir un bouquet de rimes indomptables . Il est un artisan des plus doux voyages imaginaires tout comme il déverse de l’acide sur la fausse confrérie du rap : « . . .Éradi-quez tous vos rappeurs pédophiles, qui visent un public d’enfants même pas poilus . . . » . on chronique ce boulot comme on l’écoute, en totale apesanteur . Les gens ne savent pas mais très vite, ils sauront . . .

Etienne Kervella

Pas facile de cataloguer la musique d’organic Soul . Les nantais balancent en effet dans leur marmite afrobeat, hip hop, dub, nu-soul, reggae-ton et jazz-funk qu’ils font ensuite cuire à gros bouillons . Du coup, plutôt qu’aux habituels té-nors du genre (antibalas, the Souljazz orchestra, Seun Kuti . . .), on penserait davantage à une ver-sion afro-latine de the Herbaliser ou bien encore Belleruche . Les amateurs de grooves cuivrés de-vraient donc y trouver facilement leur bonheur . Pour notre part, il nous a peut-être manqué un petit je-ne-sais-quoi dans la production (un son trop propre ?) pour définitivement nous embar-quer . Ce chipotage mis à part, on reconnaît sans peine au trio d’avoir trouvé un équilibre cohérent entre ses divers ingrédients et signé un premier album tout à fait recommandable . et qui doit probablement prendre toute sa dimension sur scène . . .

Kalcha

Je sais que commencer une chronique par : « Les influences sont palpables et évidentes (miossec, Delerm, Gainsbourg, Biolay, Furnon . . .) », c’est pas bien ! tout de suite, on pense qu’il s’agit d’une énième copie d’un nouvel artiste de la nouvelle Chanson Française actuelle . . . et blablabla . eh bien là ce n’est pas le cas . Il semble même s’en défendre dans le titre de cet album 13 titres « Je n’y suis pour rien » . tout d’abord percussionniste, pianiste et un peu guitariste (comme il le dit), cet artiste mayennais a seulement commencé à composer textes et musiques il y a 3 ans et son 1er concert ne date que de quelques mois . À 25 ans, adone Ipy sort enfin l’album de la ma-turité . Pas mal pour un 1er album me direz-vous ! Par contre aI (tu permets que je t’appelle aI ?), si tu ne connais pas l’excellent « olive et moi », je te conseille de le découvrir au plus vite, tu ne devrais pas y être allergique .

Eddy Bonin

adone iPyJe n’Y sUis POUr rienaP – 2013www .facebook .com/adoneipy

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Playlists

alBan darcHe – resPOnsaBle laBel PÉPin et PlUme

theo bleckmann + kneebody, twelve sonGs by charles ives, Winter & Winter – 2008 (JaZZ)KneeBoDY est un des rares groupes de jazz actuels dont la musique me séduit totalement . Leur collaboration avec le magnifique chanteur theo Bleckman (fidèle des projets de John Hollenbeck avec qui nous avons un quartet) donne une relecture sublimée et actuelle des mélodies de Charles Ives . J’adore .

witold lutoslawski, twenty Polish christmas carols, naXOs – 1946 (mUsiQUe classiQUe)Parmi les reprises et réinventions des folklores de noël, les Polish Christmas Carols de Lutosławski sont dans les plus prégnantes et émouvantes que je connaisse . Ce disque ne paraît pas de saison pourtant il fait écho à mon travail actuel puisque je prépare la sortie et les concerts de « my Xmas traX » pour décembre 2013 .

Jerez le cam quartet, ofofof, manana – 2012 (JaZZ tangO)on est amis depuis longtemps avec Gerardo et j’ai participé cet été à un de ses enregistrements pour le théâtre, avec notamment Iacob maciuca qui joue aussi dans mon groupe StRInGeD . Je me suis à l’occasion replongé avec bonheur dans sa musique, belle et vivante . et ce disque est un magnifique objet de découpages en 3D, à ne pas confier à un enfant de moins de 3 ans !

les esPOirs de cOrOntHie – grOUPe

sekouba bambino, sinikan, sYllart PrOdUctiOns – 2010 (mandingUe)Les arrangements modernes de cet album étaient vraiment novateurs en Guinée, et ce chanteur est considéré comme l’un des plus grands du pays à ce jour .

daby toure, diam, Virgin – 2005 (mandingUe)Les espoirs ont découvert cet artiste peu de temps après leur arrivée en europe, et cet album nous a accompagnés très très souvent sur nos longs trajets de tournée (2010) . D’ailleurs le disque est tout rayé, tellement il a été manipulé !

mad lenoir, beremian, aP – 2010 (mandingUe)Le seul artiste africain (Burkina Faso) en mayenne avant l’arrivée des espoirs . C’est une évidence pour le groupe de parler de madou ici .

har, mar suPerstar, bye bye 17, cUlt recOrds – 2013 (sOUl)on croirait entendre une pépite 60’s sortie de chez motown, mais non, ce trentenaire (faux) sosie de Danny DeVito a juste la Soul dans le sang !

asG, blood drive, relaPse – 2013 (PUnK stOner)Le stoner psyché des américains ravira les fans de Fu manchu, Kyuss, Baby Woodrose et autres Queens of the Stone age .

dJak, liGhts / shadows // shadows / liGhts, aP – 2012 (rOcK)Ce six-titre, véritable machine à tubes, montre les angevins sous un jour plus electro-pop . on attend juste, comme le sous-entend le titre de l’eP, qu’ils sortent de l’ombre pour être dans la lumière .

YOHann rOBYO – aUteUr