22
V a l é r i e L a r o u c h e tome I Les échos du passé

tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

V a l é r i e L a r o u c h e

tom

e 1

tome I Les échosdu passé

epine = 19/32” (0,594”) (232 pages)

coLL

ecti

oN

Page 2: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles
Page 3: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

m o n t r é a l

Page 4: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles
Page 5: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

t o m e i : n e l l i e

Les échos du passé

Page 6: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

du m ê m e Au t e u r

Au x É d i t i o n s Po r t e-B o n h e u r

Nellie

Les échos du passé (2012)

Les épreuves du présent (2012)

Les promesses de l’avenir (2012)

Page 7: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

t o m e i : n e l l i e

Les échos du passé

Valérie Larouche

Page 8: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Larouche, Valérie

Nellie

(Collection La clef)

Sommaire: t. 1. Les échos du passé -- t. 2. Les épreuves du pré-

sent -- t. 3. Les promesses de l’avenir.

Pour les jeunes de 12 ans et plus.

ISBN (v. 1) Imprimé 978-2-923898-31-5 Numérique 978-2-923898-73-5

ISBN (v. 2) Imprimé 978-2-923898-32-2 Numérique 978-2-923898-74-2

ISBN (v. 3) Imprimé 978-2-923898-33-9 Numérique 978-2-923898-75-9

I. Titre. II. Titre: Les échos du passé. III. Titre: Les épreuves du

présent. IV. Titre: Les promesses de l’avenir. V. Collection: Clef (Éditions

Porte-bonheur).

PS8623.A764N44 2012 jC843’.6 C2012-940917-0

PS9623.A764N44 2012

Imprimé au Canada

II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison

d’édition. La reproduction de cette publication, par quelque

procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d’auteur.

Dépôt légal – 2e trimestre 2012

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque nationale du Canada

Copyright 2012 © Les Éditions Porte-Bonheur

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt

pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada

par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Les Éditions Porte-Bonheur

Une division des Éditions du Cram Inc.1030, rue Cherrier, bureau 205

Montréal (Québec) Canada H2L 1H9Téléphone : 514 598-8547Télécopie : 514 598-8788

www.porte-bonheur.ca

Correction : Caroline Bourgault-Côté

Conception graphique et illustration de couverture :

Alain Cournoyer

Sources photographiques (couverture)© DM7, Angela Harburn, Philippe Devanne - Fotolia.com

Page 9: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

À ma famille, qui m’a toujours

soutenue dans mes choix ;

À ma sœur qui a pris plusieurs

coups durs pour moi ;

À mon père qui, ironiquement,

n’aime pas vraiment lire ;

Et surtout à ma mère, qui a toujours

été là dans les meilleurs moments...

et dans les bien pires ;

Ce livre est le vôtre.

Et à toi qui lis ces lignes,

Rêveur(euse) des temps modernes,

Toi qui entreprends, comme Nellie,

Ce grand voyage qu’est la vie.

?

Page 10: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles
Page 11: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

Chapitre premier

Nellie courait à perdre haleine. Le sentier de terre battue défilait rapidement sous ses pieds, alors que la nuit lui renvoyait le bruit de ses pas en écho, brisant le silence. Le silence ? Peut-être avait-elle enfin réussi à semer ses poursuivants ? L’adolescente risqua un coup d’œil par-dessus son épaule et aper-çut deux hideuses bêtes aux crocs acérés, qui fon-çaient toujours vers elle. Nellie accéléra, mais son souffle s’écourtait à chaque enjambée, brûlant ses poumons. La panique s’empara de la jeune fille ; elle était encore bien loin du manoir familial !

Pour compliquer les choses, un épais brouillard se leva d’un coup, obligeant Nellie à ralentir. Les créatures poussèrent d’affreux grognements dans son dos ; sans doute souffraient-elles également de cette brume. L’adolescente dut bientôt s’arrê-ter complètement et se rendre à l’évidence : elle ne savait plus du tout où elle était. Les bêtes en profi-tèrent pour se rapprocher et un souffle tiède frôla la cheville de la jeune fille. Dans un élan de peur mêlé d’espoir, Nellie plia les genoux et bondit dans les airs, même si elle ignorait totalement ce qu’elle ferait une fois revenue au sol. Toutefois, à son grand

Page 12: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

étonnement, l’adolescente ne retomba pas. En fait, son corps s’allégea jusqu’à la laisser flotter dans le vent, telle une plume. L’instant de surprise passé, Nellie jeta un regard vers le bas et vit les affreu-ses créatures trépigner de mécontentement sous ses pieds. Un sourire aux lèvres, la jeune fille eut soudainement envie de battre des bras. Alors len-tement, elle s’envola plus haut, et plus haut encore, par-dessus le brouillard. Un sentiment de sécurité parcourut son corps en frissons et s’échappa de son être en soupirs de soulagement ; Nellie volait hors d’atteinte de tous les maux de la terre. Un éclat de rire franchit ses lèvres et elle se mit à glisser sur le vent, volant et virevoltant, planant et piquant, goû-tant une liberté nouvelle.

Le ballet aérien continua longtemps. L’adoles-cente n’avait aucune envie de redescendre, mais le ciel se para bientôt des couleurs de l’aurore, si-gnalant la fin de l’envolée, et Nellie alla se poser gracieusement devant chez elle. À peine avait-elle mis pied à terre qu’une main se posa sur son épaule et la secoua doucement.

— Chérie, il est temps de te lever, sinon tu seras en retard.

Nellie mit un moment avant de revenir à la réa-lité. Elle était couchée dans son lit finement sculpté. Sa mère venait de quitter sa chambre.

La poursuite, l’envol, cette sensation de bien-être, tout cela n’avait encore été qu’un rêve, comme toutes ces autres fois où elle s’était élevée dans les airs, libre et légère. Quel dommage !

Le cœur lourd, la jeune fille s’extirpa de ses draps, se glissa hors du lit et retomba dans sa triste vie.

Page 13: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

— Au moins, pensa-t-elle, aujourd’hui sera mon dernier jour à la Petite école.

À moitié enchantée par cette idée, Nellie enfila sa robe de chambre et descendit l’escalier dans l’air matinal alourdi par l’odeur du petit-déjeuner.

Sur la grande table de la salle à manger, le cuisi-nier et son aide avaient déposé du pain aux noix, des fruits frais et différentes sortes de céréales. Nellie soupira. Cela faisait maintenant des années qu’il n’y avait plus qu’elle et sa mère à cette table – mis à part quelques jours durant les vacances d’automne – et pourtant, un festin les y attendait chaque matin. La jeune fille se contenta d’attraper deux fruits et s’ins-talla sur le rebord de la fenêtre donnant sur le jardin. Le soleil réchauffait la terrasse où s’étaient étendus Garth, le border collie, et Wulf, le groenendael, les gardiens du domaine. Une minute plus tard, la mère de Nellie entra dans la pièce, accompagnée de sa servante personnelle. Nellie n’avait jamais aimé être suivie de la sorte et s’était donc arrangée pour faire congédier toutes les servantes qu’on lui avait assignées au fil des ans. Elle pouvait désormais aller et venir à sa guise. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne s’en était plaint, mais elle savait bien que tout cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles issues de nobles familles devaient y faire leurs études. C’était cela ou devenir prêtresse. L’adolescente soupira : quel avenir était-ce là ? Ni l’une ni l’autre de ces « carrières » ne

Page 14: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

lui faisait envie, mais avait-elle vraiment le choix ? Après tout, elle portait le nom des de Bastonfor, et jamais rien ne changerait cela.

Dame Lliane de Bastonfor – épouse dévouée et mère aimante – s’approcha de sa fille et déposa un baiser sur ses cheveux.

— Bon matin, petite fée. Ne souhaites-tu pas manger quelque chose de plus consistant en ce jour spécial ?

— Qu’a-t-il donc de si spécial, ce jour ? grogna Nellie.

Sa mère s’était toujours montrée charmante avec ses enfants, mais au fond d’elle-même, Nellie lui en avait toujours voulu de ne jamais s’être rebellée contre sa situation. Héritière unique de la fortune des de Guèdes, Lliane avait suivi le parcours régu-lier des dames de cour. Graduée de la Petite école, elle avait rapidement été acceptée à la Grande, puis avait obtenu le statut de damoiselle auprès de son altesse, la regrettée reine Ursule. À peine un an plus tard, alors âgée de dix-sept ans, Lliane de Guèdes épousait Godfroy de Bastonfor et fondait avec lui une famille exemplaire. Deux garçons, beaux et forts, élevés dans la pure tradition des de Bastonfor, et une fille qui devrait maintenant suivre le chemin déjà tracé pour elle, soit celui emprunté par sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère avant elle. Nellie aurait voulu pleurer et crier, s’enfuir peut-être. Mais pour faire quoi ? Elle n’avait aucun rêve, aucun désir pour l’avenir à part celui d’être libre de ses choix.

— Eh bien ! répondit sa mère, tu seras bientôt ac-cueillie dans le monde adulte.

Page 15: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

Nellie haussa les épaules.— Et alors ? Une dame de plus à la cour. J’en tré-

pigne d’impatience…Sans attendre de réponse, la jeune fille grimpa

à sa chambre où, sur sa commode, elle découvrit deux parchemins scellés. Madame Parvillion, l’in-tendante, avait dû les recevoir dans le courrier du matin. Nellie reconnut le premier sceau de cire : c’était celui des Vanderglas. Il s’agissait sans doute de son amie Gwen. L’adolescente déroula le papier :

J’ai hâte de te voir ! J’ai quelque chose de fantasti-que à partager. À plus tard ! Gwen.

Nellie sentit poindre l’envie. Gwenivre Vanderglas était la plus jolie fille du pays – la plus détestable aussi, selon ses tuteurs – et elle semblait toujours si heureuse. Tout lui réussissait, alors que Nellie pataugeait dans l’angoisse constante du lendemain et de l’avenir en général. Néanmoins, leur amitié était profonde et remontait à leur enfance. Jamais Nellie n’aurait pu survivre sans Gwen. Du moins le croyait-elle sincèrement.

Les yeux de la jeune fille se posèrent sur le second parchemin, dont le sceau lui était inconnu. Elle le décacheta rapidement et lut :

Très chère Nellie de Bastonfor, me ferez-vous l’hon-neur de m’accompagner au bal des gradués ? Je vous attendrai aujourd’hui sous le grand if derrière l’école. À tout de suite, Nichola de la Garde.

Nellie écarquilla les yeux.— Nichola ? s’étonna-t-elle. Le seul et l’unique

Nichola de la Garde m’invite, moi, à être sa parte-naire de bal ?

L’adolescente ne put s’empêcher de hurler de joie. Avec une toute nouvelle énergie, elle revêtit sa plus

Page 16: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

belle robe – la vert pomme qui faisait si bien ressor-tir ses yeux couleur émeraude – et coiffa sa longue chevelure de flammes torsadées. Un coup d’œil à son reflet dans le miroir la ravit. Certes, elle n’était pas Gwen, mais, du haut de ses quinze ans, elle était sans doute l’une des plus belles filles d’Amaraat. Et puis, c’était elle que Nichola avait invitée au bal et pas une autre !

Le cœur bondissant d’allégresse, Nellie monta à bord de l’une des carrioles familiales et se mit en route vers un avenir beaucoup plus réjouissant que ce qu’elle envisageait ce matin même.

Page 17: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

Chapitre ii

La carriole à peine arrêtée, Nellie en bondit. Dans la foule, elle chercha des yeux Gwen et Deirdre, ses amies d’enfance. La seconde était assise à la fontaine, le nez dans un livre, comme d’habitude, mais la première restait introuvable. Tant pis ! Nellie fonça vers Deirdre pour lui annoncer la grande nouvelle : elle accompagnerait Nichola au bal ! Plus qu’une vingtaine de pas et elle pourrait enfin par-tager sa joie avec quelqu’un. Mais déjà on sonnait le rassemblement dans la grande salle. Alors que Deirdre entrait dans le bâtiment, Nellie en profita pour s’éclipser. Elle aurait tant voulu parler à son amie, mais elle souhaitait également se rendre sous le grand if avant d’aller en cours.

Longeant les murs, glissant dans l’ombre, l’ado-lescente se rendit sans peine à la clairière derrière l’école. Le grand if était en vue. Le cœur battant, le sourire immuable et une légère nausée l’accompa-gnant, Nellie pressa le pas. Pourquoi fallait-il que cet arbre soit si loin ? La jeune fille crut qu’elle n’arrive-rait jamais. Ah ! si seulement je pouvais voler comme dans mon rêve, pensa-t-elle.

Page 18: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

Mais l’amour ne donne-t-il pas des ailes ? Ainsi, avant d’en avoir conscience, l’adolescente fut à six ou sept enjambées de son futur cavalier : il lui tour-nait le dos. Et il n’était pas seul. Une voix mélodieuse lui répondait.

Soudain craintive, Nellie dévia de sa route et alla se cacher derrière un gros chêne tout près. Personne ne semblait l’avoir vue. La voix de Nichola lui parvint :

— Mon honneur – et mon orgueil, je dois l’avouer – se complaisent dans l’idée de vous mener au bal, charmante demoiselle.

Un rire léger et cristallin flotta dans l’air. Nichola poursuivit :

— Ainsi, vous acceptez mon invitation ?— Mais avec joie, répondit l’inconnue. Après ce

qui s’est passé entre nous hier soir, il ne saurait en être autrement.

Cette voix, pensa Nellie, ce rire, je les connais ! Non, ce ne peut être…

La jeune fille risqua un coup d’œil à sa rivale. Une longue chevelure dorée, un profil parfait, de grands yeux bleus, un port de reine, un raffinement inné, une élégance princière et une voix de cristal. Gwen !

Prise d’un vertige, Nellie s’appuya contre l’arbre, laissant couler des larmes de rage et de déception sur ses joues. Comment son amie avait-elle pu faire cela ? Avec lui ! Avait-il envoyé un parchemin à Gwen également ? Nellie n’entendait plus que le bruit as-sourdissant de son cœur éclatant en milliers de morceaux. Un instant, elle hésita entre s’enfuir ou se laisser mourir sur place. Elle rejeta finalement les

Page 19: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

deux options et choisit de se montrer, faisant un pas hors de l’ombre rassurante du grand chêne. Nichola s’était penché pour embrasser Gwen, mais cette dernière, en apercevant son amie, se mit à bondir de joie. De toute évidence, elle n’était au courant de rien. Gwen courut vers Nellie afin de lui commu-niquer son bonheur. Nichola se retourna vivement et ses yeux couleur d’eau calme furent balayés par une vaguelette de panique. Nellie inspira profon-dément et renvoya un regard dur à celui qui s’était joué de ses sentiments. Gwen stoppa net en voyant le visage haineux de son amie. Nellie ne prononça pas une seule parole et regagna l’école d’un pas dé-terminé. Elle aurait tant voulu retourner chez elle et pleurer toutes les larmes de son corps, mais cela aurait conféré la victoire à Nichola, qui ne la méritait pas. Écrasant son chagrin à chaque pas et gonflant le torse, ce fut la tête haute que Nellie poussa les portes de la grande salle.

L’avant-midi passa plus lentement que tout ce que Nellie avait connu jusqu’ici. Dans la grande salle divisée en deux – d’un côté les garçons, de l’autre, les filles – s’étaient succédé maîtres et dames de la cour, afin d’expliquer en quoi consistaient leurs tâches quotidiennes. Il y eut ensuite une séance de rencontres avec d’actuels apprentis et damoiselles de la cour, durant lesquelles les futurs gradués pou-vaient poser toutes les questions qu’ils voulaient.

En plus de n’avoir aucun intérêt pour ces gens qui représentaient un avenir dont elle ne voulait

Page 20: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

n e l l i e

l e s É c h o s d u PA s s É

pas, Nellie ne pouvait chasser de son esprit cette scène horrible vécue plus tôt. Elle savait bien que Deirdre, la fille la plus intelligente de la Petite école, se doutait de quelque chose, mais elle n’avait pas envie d’extérioriser sa douleur. Pas tout de suite, du moins.

L’heure du déjeuner sonna enfin et le ballet culinaire commença. Les étudiants de la Petite école, tous enfants de nobles, prirent place autour de quatre tables de banquet disposées en carré. Comme chaque jour, les tuteurs circulèrent et corri-gèrent tout dos courbé, fourchette mal tenue ou voix trop élevée. Nellie s’assit avec grâce et s’emmura dans un mutisme entêté. N’y tenant plus, Deirdre risqua la question, malgré le visage fermé de son amie :

— Vas-tu me dire ce qui se passe à la fin ?— As-tu parlé à Gwen dernièrement ? demanda

Nellie.Deirdre haussa les épaules.

— Oui, hier à la sor t ie des cours, comme toujours.

— Elle ne t’a pas contactée depuis ?— Elle m’a envoyé un parchemin ce matin

disant qu’elle avait quelque chose à nous raconter. Pourquoi ?

Une tutrice passa derrière les jeunes filles.— Mademoiselle de Mantelle, vos coudes s’éloi-

gnent trop de votre corps.— Oui, madame de Bacce, répondit Deirdre en

corrigeant sa posture.Nellie brisa un pain et en posa un morceau sur

sa langue. Une fois la tutrice passée, Deirdre réitéra

Page 21: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles
Page 22: tome I Les échos du passé...cela était sur le point de changer. Surtout si on l’ac-ceptait à la Grande école – ce qui était fort probable, puisque la plupart des jeunes filles

V a l é r i e L a r o u c h e

Imprimé au Canada

p o r t e - b o n h e u r. c a

tome 1 Ne l l ie : Les échos du passé

Valér ie Larouche

« Le dragon plana paresseusement et Nellie retint des larmes de bonheur. Un frisson n’atten-dait pas l’autre. L’air frais coulait dans ses che-veux, caressant son crâne. Le ciel sentait bon la pluie mêlée de soleil. Elgor s’éleva encore et la jeune fille leva les bras : elle put enfin effleurer ces insaisissables nuages blancs qui paraissaient si près sur la terre mais restaient pourtant tou-jours hors d’atteinte. Et les bras ainsi levés, les doigts touchant le ciel, Nellie eut une révélation. Elle avait enfin trouvé sa voie.

Elle ne savait ni quand ni comment, mais elle serait un jour dragonnière du roi. »

Dans un monde lointain, Nellie de Bastonfor, fille de sire Godfroy et de dame Lliane, arrive à cette mince et cruelle ligne qui sépare la vie d’enfant de celle d’adulte. Elle doit décider ce qu’elle fera du reste de sa vie : devant elle, un métier drôlement plus attrayant que celui de dame de cour : « dragonnier » du roi. Le problème, c’est que seuls les gar-çons peuvent devenir dragonniers…

Tour à tour – et souvent concurremment –, Valérie Larouche est libraire, chanteuse, auteure et illustratrice. Passionnée d’imaginaire depuis sa plus tendre enfance, elle a publié nombre de nouvelles et de courts textes dans diverses revues dédiées à la littérature de genre, avant de se mettre sérieusement à l’écriture de romans. Nellie est sa première œuvre romanesque publiée.

tom

e 1

Nel

lie :

Les

écho

s du

pas

Valé

rie

Laro

uche

ISBN Imprimé 978-2-923898-31-5 Numérique 978-2-923898-73-5

tome I Les échosdu passé

epine = 19/32” (0,594”) (232 pages)

FaNt

asy

/ sc

ieNc

e-Fi

ctio

N 1

2 an

s +

coLL

ecti

oN L

a cL

eF