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Monsieur Paul Bernard Monsieur Hajime Inagaki Un torque achéménide avec une inscription grecque au musée Miho (Japon) (information) In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 4, 2000. pp. 1371-1437. Citer ce document / Cite this document : Bernard Paul, Inagaki Hajime. Un torque achéménide avec une inscription grecque au musée Miho (Japon) (information). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 4, 2000. pp. 1371-1437. doi : 10.3406/crai.2000.16219 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_4_16219

torque achéménide texte de Persée

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Monsieur Paul BernardMonsieur Hajime Inagaki

Un torque achéménide avec une inscription grecque au muséeMiho (Japon) (information)In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 4, 2000. pp.1371-1437.

Citer ce document / Cite this document :

Bernard Paul, Inagaki Hajime. Un torque achéménide avec une inscription grecque au musée Miho (Japon) (information). In:Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 4, 2000. pp. 1371-1437.

doi : 10.3406/crai.2000.16219

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_4_16219

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NOTE D'INFORMATION

UN TORQUE ACHÉMÉNIDE AVEC UNE INSCRIPTION GRECQUE AU MUSÉE MIHO (JAPON),

PAR M. PAUL BERNARD, MEMBRE DE L'ACADÉMIE, EN COLLABORATION AVEC M. HAJIME INAGAKI*

M. Hajime Hinagaki, conservateur et directeur du département de la recherche au musée Miho de Shigaraki, Japon, et moi-même avons l'honneur de présenter à l'Académie un torque achéménide en or décoré d'incrustations. C'est une pièce unique en son genre à la fois par son type, sa technique, la richesse de son décor et certaines affinités avec la bijouterie égyptienne, sans parler de la présence d'une inscription grecque qui fut rajoutée pour en indiquer le poids. Acquis récemment par le musée Miho, l'objet, de provenance inconnue, a déjà fait l'objet de deux notices, dont l'une fort substantielle, dans des catalogues d'exposition1 et il a donné lieu à divers commentaires dans différentes études2. Il nous a paru opportun d'intégrer dans un commentaire d'ensemble les réflexions qu'il a déjà suscitées en y joignant celles qui nous sont venues à nous- mêmes, en particulier à propos de l'inscription grecque qui n'avait pas été lue correctement la première fois.

Il s'agit d'un torque en or rehaussé d'incrustations colorées de grandes dimensions (diamètre 25 cm), composé de trois éléments : a. à l'arrière un élément tubulaire creux se terminant par deux têtes

* Nombreux sont les collègues qui ont répondu à nos demandes de renseignements, nous faisant profiter de leur savoir, nous ont ouvert généreusement les collections de leurs musées et nous ont procuré des photographies. C'est un plaisir pour nous de remercier Mm™ O. Inevatkina (musée des Peuples de l'Orient, Moscou), M.-Cr. Guidotti (Musée égyptien, Florence;, A. Caubet, A. Benoit (Louvre, département des Antiquités orientales), G. Pierrat (musée du Louvre, département d'Égyptologie) et D. Colon (British Muséum), MM. J. Curtis CBritish Muséum), H. Falk (Université de Gottingen), M. Amandry et Mme" I. Aghion et M. Avisseau (Cabinet des Médailles, Paris), M"'" D. Valbelle (Université de Lille), B. Meyer (Institut de Papyrologie, Sorbonnej, M.-D. Nenna (C.N.R.S., Maison de l'Orient, Lyon], MM. P. Briant (Collège de France), A. Lemaire (École pratique des Hautes Études, IVe section, Paris) et, au (intre d'archéologie ( IN. R. S. -École normale supérieure, MM. Fr. Grenet, (). Bopearachchi, G. Lecuyot à qui est dû le dessin fig. 7 et Mme M. Delassasseigne.

1. a. AncientArtfrom the Shumei Family Collection. New YorkJune20-September 1, 1996, Los Angeles County Muséum of Art. November 27-February 9, 1997, n° 19 (notice de K. Bezuel) ; b. Miho Muséum, South Wing. November Hth to December 21st 1997, n° 38 (notice de P. Mevers).

2. M. Pfrommer, 1998, p. 79 sq., 85 (n. 579), 96, 136 et 176; P. R. S. Moorey, *1998, p. 161, 162 et 165. J. Boardman, 2000, p. 194, fig. 5/78.

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de canards ; b. une large section étalée à plat occupant les trois quarts d'un cercle, et faite de quatre rangées concentriques d'éléments décoratifs, qui constitue le reste du torque proprement dit ; c. enfin un pectoral rectangulaire (6 x 4, 5 cm) à scènes figurées suspendu au collier par un ensemble de charnières (fig. 1 et 2). Le décor est fait selon la technique du cloisonné avec des incrustations de turquoise, de lapis lazuli, de cornaline et de verres colorés.

Nous traiterons successivement des questions suivantes : 1. Le type du torque: entre la Perse achéménide et l'Egypte : p. 1372- 1384; 2. Le pectoral-pendentif : un autre emprunt à l'Egypte : p. 1384-1387 ; 3. La technique du verre mosaïque: une technique égyptienne : p. 1388- 1389; 4. Orfèvres et artisans égyptiens au service du Grand Roi en dehors de l'Egypte: p. 1389-1392; 5. Le décor à incrustations polychromes : sa place dans l'art achéménide : p. 1392-1399; 6. L'iconographie a. : le combat-poursuite entre adversaires orientaux : p. 1400-1404; 7. L'iconographie b. : la personnalisation des équipements : p. 1405- 1406; 8. L'iconographie c. : les races de chevaux : p. 1407-1412 ; 9. Indications d'une date relativement tardive et traces d'une influence grecque diffuse : p. 1412-1416 ; 10. La localisation de l'atelier: Suse (?) : p. 1416-1418 ; 11. La date en chronologie absolue : le IV siècle avancé : p. 1418-1420 ; 12. L'inscription grecque : exemples d'inscriptions pondérales grecques dans l'Orient hellénisé : p. 1420-1425 ; 13. L'emploi du mot « statère» pour désigner le tétradrachme : p. 1426- 1428; 14. La date de l'inscription grecque : p. 1428-1429.

1 . Le type de torque : entre la Perse achéménide et l'Egypte

Le torque (fig. 1 et 2) se signale d'abord par sa forme qui ne ressemble pas aux types jusqu'ici connus dans l'art achéménide.

On connaît les torques achéménides d'abord par leurs représentations sur les reliefs de Persepolis où ils sont portés uniquement par les dignitaires perses et mèdes et les introducteurs des deux mêmes nationalités chargés de présenter au Grand Roi les différentes délégations de l'Empire. Ce sont de grands colliers circulaires rigides, qui se répartissent en deux catégories : à l'Apadana ils sont de sec-

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TORQUE MIHO 1373

FlG. 1. - Torque achéménide du musée Miho.

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1374 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 2. - Torque achéménide du Musée Miho ; le pectoral.

tion cylindrique3, généralement lisses, plus rarement torsadés (fîg. 3a) ; au Tripylon (dit également Salle du Conseil), à côté de quelques exemples du type précédent, ils ont, en majorité, l'aspect d'un large ruban plat qui s'amincit généralement en remontant vers le cou4 (fig. 3b). Les uns et les autres présentent un corps homogène, sans changement de profil5. Les quelques exemplaires réels qui se

3. Persépolis I, pi. 27-58 ; M. ROAF, 1983, pi. XIV a, b et XLVI b, d ; G. Walser, 1966, pi. 35 et 69.

4. Persépolis I, pi. 67, 68, 70C, 71B, 73B et 74C ; M. Roaf, 1983, pi. XXXIX et XLVI a, c. Les rares torques représentés sur quelques autres édifices de Persépolis sont de section cylindrique.

5. Il n'y a sur les reliefs de Persépolis aucun exemple de torque dont le corps, tubulaire ou plat, laisse voir une interruption, comme c'est le cas sur la plupart des exemplaires réels connus. Il est peu vraisemblable de supposer, comme on le fait souvent, qu'il puisse s'agir de torques ouverts dont les extrémités décorées auraient été systématiquement repoussées sur l'arrière du cou et se trouveraient de ce fait dissimulées par la chevelure tombante : encore dernièrement E. JACOBSON, 1995, p. 105. Le décor animalier qui garnissait les extrémités ouvertes était évidemment fait pour être vu. Dans le cas des torques tubulaires on sait, par divers exemplaires conservés (Suse, collection sibérienne de Pierre le Grand, etc.), que le corps du torque était fait de deux sections (ou plus) assemblées par emboîtement ou par des charnières, ce qui permettait d'ouvrir le torque pour faciliter sa mise en place.

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TORQUE MIHO 1375

FlG. 3 a et b. — Torques achéménides sur les reliefs de Persépolis. D'après M. Roaf, 1983, pi. XLIV a et b.

sont conservés se rattachent au premier type de section cylindrique'1, à cette différence près qu'ils sont ouverts, les deux extrémités de l'ouverture qui se situe à l'avant étant décorées de motifs animaliers, comme pour cet exemplaire du Louvre qui provient d'une tombe de Suse' (fig 15a et b). Les torques peuvent avoir également la forme d'un fil plus ou moins épais, lisse8 ou torsadé". Il arrive aussi, et cela surtout dans le domaine des nomades des régions périphériques, que le collier se love en spirales multiples"1 (fig. 4). Abstraction faite

6. E. Rehm, 1992, p. 79-87. 7. The Royal Ci/y o/Susa, p. 242 sq., n° 171. Voir aussi le torque à tête animale que porte

Darius 111 sur la mosaïque d'Alexandre de Pompéi au musée de Naples : M. PerommEH, 1998, p. 61-64, pi. 6.

8. S. I. RlDENKO, 1962, pi. XV (collection sibérienne); E. .lACOBSON, 1995, p. 121, 125, fig. 21-22 (Scythes de la mer Noire).

9. (). M. DALTON, 1964, pi. XVIII/122. Au lieu d'être torsadé le corps du torque peut, être strié de rainures transversales parallèles, remplies parfois d'incrustations, comme c'est le cas pour le torque de Suse (n. 46] (fig.l5a et b) et le torque Cuennol au Brooklyn Muséum, New York (n. 17). Voir aussi dans la collection sibérienne de Pierre le Grand, S. I. Ri.'DENKO, 1962, pi. XIII/1,2-4, XIV/l,et pour les Scythes du domaine pontique E. Jacobson, 1995, p.l 19-121, fig. 16-18 (Solokha; et 19-20 (Koul-Oba).

10. Exemplaire de la collection sibérienne de Pierre: le Grand, d'un style purement aehéménide: V. Schiltz, 1994, fig. 302 - S. I. IUdenko, 1962, pi. XVII E. Rehm, 1992, p. 82 sq. ; ici fig. 4. Autres exemplaires de la collection sibérienne plus tardifs : S. I. R.UDENKO, 1962, pi. X/3-4, XI/6, 7, XIII/1, 2-4, XIV/2, XVJ/1-3 et XVIII/1, 2, 4. Exemplaire d'Issyk (Kazakhstan) : K.A. AKISEV, 1978, pi. 28-29. Pour le domaine des Scythes de la mer Noire : E. Jacobson, 1995, p. 123 sqq., fig. 23-25.

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F j-o

1376 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 4. - Torque de la collection sibérienne, musée de l'Ermitage. D'après V Schiltz, 1994, fig. 302.

des éléments décoratifs animaliers en relief qui viennent s'ajouter à lui, sur l'ensemble de ces torques l'anneau, ouvert ou fermé, cylindrique ou plat, est d'une structure homogène, même s'il est fait de deux sections assemblées faites pour s'ouvrir11.

Au contraire le torque Miho, considéré sans son pectoral rectangulaire, est fait de deux parties soudées ensemble très dissemblables l'une de l'autre par leur aspect et leur structure. La partie principale (1) qui se développe sur une section de trois-quarts de cercle et qui était entièrement visible, étalée à plat sur la poitrine, est composée de quatre bandes juxtaposées où se succèdent de l'intérieur vers l'extérieur : a. une ligne de petits triangles ; b. une frise de profil semi-circulaire où se répète dix-huit fois, en directions opposées à partir de l'axe antérieur du torque, le motif géminé d'un cavalier en tenue nomade tirant de l'arc sur un autre cavalier semblablement vêtu qui s'enfuit en retournant la tête vers son poursuivant et en tendant vers lui un bras dans un geste d'effroi12 ; c. une frise de rhombes à côtés concaves ; d. une couronne de feuilles de lotus nelumbo à sommet retourné, séparées les unes des autres par des languettes et décorées chacune, en guise de nervure centrale, d'un merlon crénelé. La partie arrière du torque (2), plus courte puis-

11. Par exemple le torque de Suse mentionné à la n. 46 qui est fait de deux sections s'emboîtant l'une dans l'autre sur une longueur de 3,5 cm et fixées entre elles par une goupille.

12. Chaque cavalier occupe un compartiment rectangulaire délimité latéralement par une minuscule cloison en or et rempli, autour de la silhouette du cavalier, d'incrustations de turquoise. Le motif de la poursuite se trouve ainsi réparti sur deux rectangles adjacents.

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TORQUE MIHO 1377

qu'elle ne s'étend que sur un quart de cercle et nettement moins large, est de section tubulaire et se raccorde à la partie avant par les becs aplatis de deux têtes de canards qui garnissent ses extrémités. La chevelure du porteur, que l'on doit supposer tombante, à la perse, cachait la majeure partie de cette section postérieure dont on n'apercevait, à hauteur des omoplates, que les extrémités en têtes de canard13. Bien que non visible, cette partie arrière était finement enjolivée sur sa courbe supérieure par une frise, délimitée par deux lignes de triangles, qui déroulait une succession de vingt- quatre petits médaillons contenant chacun l'image d'un buste divin ou royal émergeant d'un croissant lunaire, à l'image de ceux que l'on trouve sur le pectoral (voir infra).

Pour ce type singulier de torque on ne peut faire, à notre connaissance, qu'un seul rapprochement. Il s'agit de la partie supérieure, seule conservée, du buste d'une statue en basalte noir d'un haut dignitaire égyptien de la XXVIIe dynastie, dans la collection du musée égyptien de Florence, que sa titulature gravée sur le pilier auquel était adossé le personnage désigne comme « prince »14 (fig. 5, 6a-b et 7). Sur le haut de la poitrine, par dessus la fine étoffe d'une robe échancrée sur le devant en triangle, s'arrondit en demi- cercle une large pectoral plat formé d'une plaque qui, à hauteur des clavicules, se raccorde à un collier tubulaire nettement moins large et dont seules les extrémités en têtes de lion sont visibles à l'avant de la lourde perruque qui tombe derrière les oreilles jusqu'aux épaules.

G. Botti qui fit connaître ce buste remarquait que le torque n'avait rien d'égyptien et le qualifiait de « purement perse » en renvoyant aux torques aplatis des dignitaires perses et mèdes du Tripylon de Persépolis. Sur le fond l'égyptologue italien n'avait pas tort, quand il voyait dans le torque du buste de Florence une intrusion de l'influence achéménide dans la tradition égyptienne, phénomène dont cette statue n'est qu'une manifestation parmi d'autres15, mais on

13. Comme les têtes de lion sur le torque du torse égyptien d'époque perse du musée de Florence : voir infra p. 1378 sqq.

14. G. BOTTI, 1956, p. 147 sqq. ; W. CuiXICAN, 1965, p. 153 sq., pi. 47-48. Haut, conservée du buste : 38 cm. Nous remercions Mme M.-Cr. Guidotti, conservatrice du Musée égyptien de Florence, de nous avoir procuré les photos de ce buste, qui sont celles de l'article de G. Botti, et de nous autoriser à les publier.

15. Sur les influences que la Perse exerça sur les arts de l'Egypte, surtout dans le domaine des arts mineurs, voir A. Roes, 1952 ; J. D. Cooney, 1953 a, b ; Id., 1965 ; W. CULLICAN, 1965, p. 152-155 ; Kl. Parlasca, 1979. C'est dans la toreutique que les modes achéménides connurent le plus vif succès, comme en témoignent quelques grands trésors de vaisselle d'argent (Pithom, Mendès, ensemble de New York, Tukh el-Karamusj : M. Pfrommer, 1987, p. 42-85 et 142-167. Cette faveur se prolongea au-delà même de la conquête d'Alexandre : il n'est qu'à voir le trésor de Tukh el-Karamus enfoui vers le milieu du iir siècle ainsi que les reliefs de la tombe de Pétosiris (vers 300 av. n. è.) où sont représentés des artisans égyptiens en train de confectionner des vases métalliques et un lit de types achéménides : G. L.EFEBVRE, 1923-1924,

2000 87

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FlG. 5. - Musée égyptien de Florence :

buste en basalte d'un dignitaire de la XXV II' dynastie (inv. 1 1200). Vue de face. A

vec l'aimable autorisation du m

usée.

Page 10: torque achéménide texte de Persée

Fie. 6 a et b. - Musée égyptien de Florenee :

buste en basalte d'un dignitaire égyptien de la XXVII1' dynastie. Profils droit et gaucbe. A

vec l'aimable autorisation du M

usée.

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o

FlG. 7. - Musée égyptien de Florence :

buste en basalte d'un dignitaire égyptien de la XXVII'' dynastie (inv. 11200).

Dessin de G. Lecuyot.

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TORQUE MIHO 1381

doit aujourd'hui nuancer son jugement. Pour nous qui disposons du torque Miho le rapprochement avec les colliers plats du Tripylon de Persepolis apparaît, en effet, comme approximatif, car le type représenté sur le buste de Florence et le bijou de la collection japonaise se distinguent des exemples figurés à Persepolis, qu'ils soient plats ou annulaires, par une différence essentielle, à savoir la discontinuité de leur structure faite de l'assemblage de deux éléments de nature et de dimensions différentes, l'un plat et largement développé à l'avant, l'autre cylindrique et plus court à l'arrière. Dira-t-on que ce type est le résultat d'un simple phénomène d'hybridation qui se serait opéré à partir des deux prototypes persépolitains, le plat et le tabulaire, dans quelque atelier royal de la Perse à l'abri de toute influence extérieure ? L'éclectisme qui caractérise l'art aché- ménide conduit plutôt à rechercher une explication dans la fusion de deux traditions artistiques différentes.

Nous avons, en effet, peine à croire que l'Egypte ne soit pour rien dans la création de ce type original de torque alors que l'un des deux seuls exemples connus se retrouve au cou d'un haut fonctionnaire égyptien sous la domination perse, et que sur l'autre le pendentif en forme de pectoral rectangulaire décoré d'une figuration divine et la technique du verre mosaïque qui y est utilisée pour certains éléments d'incrustation, dont nous parlerons dans un instant,

l, p. 51-57 ; III, pi. 7-8 (artisans du métal préparant une phiale, des rhytons à protomes de cheval et de griffon cornu), 1 1 (menuisiers fabriquant un lit de parade décoré de motifs animaliers égyptiens et perses;. On ne peut plus aujourd'hui soutenir comme le faisait Ch. PICARD, 1930, p. 218-227, que les formes et les types achéménides confectionnés par cet artisanat égyptien au début de la période hellénistique n'auraient pénétré dans la vallée du Nil qu'à la faveur de la conquête d'Alexandre grâce aux imitations que s'étaient mis à faire les ateliers grecs de la Méditerranée aux V et IV siècles ; sur des imitations attiques en céramique de la vaisselle métallique achéménide voir M. C MILLER, 1997, p. 135-152 (« Persian Gold and Attic clay »). L'étude de la vaisselle métallique trouvée en Egypte [supra) a montré que les ateliers locaux imitaient directement les modèles perses dès le V siècle. Ch. Picard réagissait dans cette étude à un article de P. MONTET, 1926, qui faisait remonter la carrière de Pétosiris aux débuts de la première domination perse, avant 460, et attribuait à la Perse achéménide tout ce qui dans les représentations figurées se démarquait de la tradition purement égyptienne. Bien que la date haute du tombeau soutenue par P. Montet doive être abandonnée (dernière mise au point de B. MENU, 1994, 1995, 1998, sur la chronologie de la carrière de Pétosiris), ce qu'indiquait à elle seule l'hellénisation manifeste de l'iconographie et du style des représentations, et qu'il ait exagéré la part des données perses, l'égyptologue avait raison de souligner qu'un lit de parade orné de motifs animaliers typiquement perses constituait un emprunt à l'art achéménide là où Ch. Picard rie veut voir qu'un lit à la grecque. Pour la survivances des motifs achéménides dans la bijouterie ptolémaïque, voir aussi E. CoCHE DE LA FERTÉ, 1950. On mettra à part des œuvres dont l'iconographie perse a été dictée par la nationalité des personnages : statue de Darius I découverte à Suse mais sculptée en Egypte (D. STRONACH, 1974), stèles du Canal à versions cunéiformes représentant l'« Homme Perse », tête perse du Louvre découverte à Mem- phis (R. GfflRSHMAN, 1963, fig. 293), stèle funéraire d'un haut personnage perse au musée de Berlin (W. CliLLICAN, 1965, p. 154 sq., pi. 52 ; Kl. Parlasca, 1972, p. 76, pi. 5a), stèle funéraire de Saqqara où le personnage perse du registre inférieur est soit le père iranien du défunt soit le satrape (I. Mathieson, E. Bettles, S. Davies, H. S. Smith, 1995 ; P. Briant, 1999).

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1382 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

se rattachent manifestement à la tradition de l'orfèvrerie égyptienne. L'idée d'un bijou composite conjuguant certains éléments égyptiens et d'autres proprement achéménides ne devrait pas surprendre. Il avait bien fallu que les sculpteurs égyptiens apprissent à se familiariser avec les insignes honorifiques, vêtements et bijoux à la perse, que le Grand Roi distribuait à ses plus fidèles serviteurs16, quand les dignitaires locaux tenaient à se faire représenter avec ces marques d'honneur, fussent-elles de caractère étranger. Ainsi sur sa statue conservée au musée de Brooklyn, un ministre des finances et surintendant des bâtiments royaux à l'époque perse, du nom de Ptah-hotep, porte-t-il à la fois la tunique perse à manches évasées par dessus laquelle vient se draper, sous les aisselles, le manteau à l'égyptienne (fig. 8) et, sur sa poitrine, deux bijoux symbolisant sa double appartenance nationale et culturelle, l'habituel pectoral égyptien consacré par l'usage local, et l'un de ces grands torques achéménides décorés de figurines animales - en l'occurrence deux bouquetins affrontés - dont le Grand Roi gratifiait ses hommes de confiance17 (fig. 9). Un orfèvre égyptien aurait donc pu trouver sur place l'idée de l'élément tubulaire à protomes animales qui constitue la partie arrière du torque Miho (têtes de canards) et de celui de la statue de Florence (têtes de lions). On pourrait à la rigueur se demander si le large pectoral plat semi- circulaire de la statue égyptienne, plutôt que de dériver des pectoraux à l'égyptienne dits ousekh (fig. 10), ne remonterait directement à des modèles pré-aché- ménides tels qu'en offre le Proche-Orient, en Assyrie, dans l'Urartu, et dans le Nord-Ouest de l'Iran18. Mais il est difficile d'imaginer que des orfèvres égyptiens soient allés chercher si loin et dans une époque révolue l'idée d'un pectoral en forme de croissant qu'ils trouvaient chez eux et chez leurs maîtres perses.

Cependant ce que l'on décèle d'influence égyptienne ne saurait prendre le dessus sur le sentiment qu'un bijou aussi exceptionnel

16. M. C. Miller, 1997, p. 125-130. 17. J. D. COONEY, 1953 (a) ; B. VON Bothmer, 1960, n° 64, p. 76 sq., fig. 151-153 ; R. FAZ-

ZINI, R. S. BlANCHl, J. Romano, D. Spanel, 1989, n° 75 (R. S. Bianchi). J. D. CoNNEY, 1953 (a), fig. 7-8, en rapprochait le torque achéménide en or et incrustations de l'ancienne collection Guennol, passé dans la collection A. B. Martin puis au musée de Brooklyn, dont les extrémités se terminent par deux bouquetins très proches de ceux du torque de Ptah- hotep ; pour le torque Guennol voir « Animal Style * Art, p. 53, n°19 ; pour un fragment d'un torque analogue provenant du trésor de l'Oxus au British Muséum voir O. M. DALTON, 1964, pi. XX/136. Pour le motif des bouquetins retournant la tête de façon antithétique comme sur le torque de Ptah-hotep, voir un bracelet du City Art Muséum de Saint-Louis : W. Cullican, 1965, pi. 68. Pour d'autres personnages égyptiens vêtus de la tunique perse voir G. Botti, P. Romanelli, 1951, n° 40, p. 32-40, pi. XXVII, XXVIII et XXXI (Oudjahor- resnet), et surtout E. BRESCIANI, 1960, qui dresse la liste des sept exemples connus à l'époque. Les Perses sont également représentés dans leur costume national : voir les documents cités à la fin de la n. 15.

18. G. A. TlRACJAN, 1968 ; Miho Muséum, South Wing, n° 29 (Urartu, Vin'- vir s.).

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FlG. 8. - Statue de Ptah-hotep, XXVH' dynastie. Musée de Brooklyn.

D'après W. Cullican, 1965, pi. 47-48.

Fie. 9. - Statue de Ptah-hotep, XXVII' dynastie. Musée de Brooklyn. Détail des deux torques.

D'après J. D. CooNEY, 1953 a, fig. 5.

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F

1384 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

«*■«■)

FlG. 10. - Pectoral de la tombe des épouses de Thoutmosis III (XVIIIe dynastie), vers 1465. D'après C. Andrews, 1990, fïg. 103.

que le torque Miho, que sa somptuosité même et son iconographie qui exalte le pouvoir perse (voir infra) incitent à considérer comme une commande proprement royale, n'a pu être conçu et exécuté ailleurs qu'à la cour du Grand Roi. Le style même de sa décoration nous fait respirer la plus fine fleur de Fart achéménide. Si forte est en nous cette impression qu'elle n'est point battue en brèche par la présence sur le torque Miho d'autres emprunts à l'Egypte plus aisés à isoler et que nous devons examiner maintenant.

2. Le pectoral-pendentif : un autre emprunt à l'Egypte

Le pectoral rectangulaire porteur d'une imagerie divine - en l'occurrence le dieu iranien Ahura Mazda - est un autre legs du monde égyptien où le pectoral, loin d'être un pur ornement, est étroitement attaché à l'idéologie royale. C'est en effet un objet lié à l'origine à la célébration du jubilée royal, qui est censé assurer la perpétuation de Pharaon et de son pouvoir à travers le renouveau de la vie, et qui en est venu à être associé à la survie dans l'au-delà19. Porté également par les dieux qui profitent aussi de sa puissance

19. E. FEUCHT, 1967, 1971 et 1982 ; C. Andrews, 1990, p. 127-140 (exemplaires conservés).

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TORQUE MfflO 1385

magique20, réservé d'abord, parmi les mortels, au pharaon et à sa famille, il est passé dans le domaine commun sans jamais se départir de sa valeur prophylactique qu'il met au service du bien-être et de la protection des défunts. Il tient de ses origines à la fois l'imagerie royale et religieuse qui est la sienne (notamment le disque solaire et le scarabée, Isis et Nephthys, Osiris, Horus, Anubis, etc.) et la forme qu'il prend fréquemment, celle d'un pylône de temple ou d'une chapelle couronnés d'une gorge à l'égvptienne21, à l'intérieur de laquelle prend place la riche imagerie symbolique, à décor ajouré, surchargée d'incrustations de couleurs (fig. 11 et 12). L'usage du pectoral est encore bien attesté dans les dynasties tardives sur les représentations sculptées ou peintes de personnages, notamment sous les XXVIe et XXVIIe dynasties22.

Ce n'est donc pas par hasard si, sur le bijou Miho, la scène de combat a été doublée d'une représentation de divinité, à savoir le dieu suprême des iraniens, Ahura Mazda, et si elle occupe toute une moitié de la plaque. Flanqué de deux oiseaux qui ressemblent à des colombes, le dieu est figuré sous l'aspect habituel qui est le sien à l'époque achéménide, celui d'un buste d'allure royale (visage à longue barbe, tunique à manches évasées, couvre -chef en mortier), porté par une ou, plus rarement comme ici, par deux paires d'ailes, à quoi s'ajoute éventuellement sous le buste, comme sur le torque Miho, une queue étalée d'oiseau flanquée de deux appendices ruba- nés dont les extrémités s'enroulent en volutes23. La main droite est levée, ouverte, la paume vers le visage, en un geste habituel de

20. Les textes sacrés et les représentations figurées font état de l'offrande du pectoral aux dieux par le pharaon : par exemple au temple de Dendara dans sa reconstruction qui commence dans la seconde moitié du Ier siècle av. notre ère : S. CAUVILLE, 1999, p. 177 ; à Karnak, au temple de Montou-Rê, Ptolémée Évergète présente au dieu un pectoral décoré d'une barque portant le disque solaire pour « affermir son cœur » et « ennoblir sa gorge » : S. H. AUFRÈRE, 2000, p. 395-401.

21. C. ANDREWS, 1990, fig. 1, 34 (et 179), 43, 47 (contrepoids), 79, 115, 145, 173, 178 et 181 ; exemplaires où les supports du couronnement prennent la forme de tiges végétales : fig. 71, 99, 112 et 114 ; exemplaires en forme de plaques massives non ajourées : fig. 68 et 178.

22. Pour l'époque perse, outre la statue de Ptah-hotep, on mentionnera celle de Iah- messaneith au musée de Brooklyn avec un pectoral rectangulaire sur lequel est sculpté un pharaon adorant un dieu assis : B. VON Bothmer, 1960, n° 57, p. 67 sq., fig. 132-134. Pour la XXVI' dynastie on peut citer à Saqqara la statuette du dignitaire Psammétique abrité sous la vache Hathor : L'Egypte du crépuscule, fig. 132 ; à Abydos la statue du médecin Peftho- neith : ibid., fig. 291 ; un torse du British Muséum : C. Andrews, 1990, fig. 122. Pour les époques plus tardives, L'Egypte du crépuscule, fig. 213 (papyrus funéraire avec Osiris portant un pectoral), 249 (Naga, Nubie, temple d'Amon, Ier s. de n. è.), 343 (Kawa, époque méroï- tique).

23. Le type courant de l'Ahura- Mazda achéménide est doté d'une seule paire d'ailes, mais on a aussi des exemples avec deux paires : cylindre du British Muséum : J. BOARDMAN, 2000, fig. 5.18; monnaies de Mazaios à Samarie, ibid., fig. 5.53; cylindre de Pasargades : D. STRONACH, 1976, p. 178 sq., pi. 162 a-b ; bractées du trésor de l'Oxus : E. REHM, 1992, p. 422, fig. 182; et de Sardes: ibid., p. 422, fig. 181. Dans son étude citée à la n. 121, M. H. Inagaki insiste sur le lien étroit qui unit la divinité et les oiseaux qui la flanquent.

Page 17: torque achéménide texte de Persée

1386 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 11. - Pectoral de Toutankhamon (1336-1327). D'après C. Andrews, 1990, fîg. 47.

prière ou d'accueil. Au-dessous on aperçoit la main gauche tenant une fleur à corolle triangulaire, sans doute un lotus, marquée par une incrustation de turquoise. La plaque est bordée sur ses trois côtés libres de seize petits médaillons circulaires soudés à elle, où se trouve répétée la représentation sommaire, découpée dans de petites plaques d'or avec quelques détails indiqués par des coups de poinçon, d'un buste en tenue perse avec le haut mortier, faisant le même geste qu'Ahura Mazda et émergeant d'un croissant lunaire rempli d'une incrustation de turquoise. Il peut s'agir soit de la version simplifiée de l'image du dieu, sans les ailes, soit de celle du Grand Roi. Des médaillons avec la même représentation sont, nous l'avons vu (p. 1377), plaqués sur la partie arrière tubulaire du torque. Divine ou simplement royale, ou les deux à la fois, cette présence

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r \ 9.

TORQUE MIHO 1387

FlG. 12. - Pectoral de Psousennès I (XXI1 dynastie, 1039-991).

insistante investit le bijou de la protection du pouvoir suprême dont il devient le dépositaire.

Il n'est pas jusqu'au rideau tintinnabulant des huit chaînettes disparues avec leurs pendentifs, suspendues par autant d'anneaux soudés à la rangée inférieure de médaillons circulaires attachés à la base du pectoral, qui n'évoque des modèles égyptiens (fig. 11 et 12)24.

24. C ANDREWS, 1990, fîg. 47 (contrepoids d'un des colliers de Tutankhamon, 1336- 1327) : pendeloques en perles de verre et d'or se terminant par de petits pendentifs. Voir aussi le pectoral de Vani infra. Le plus souvent c'est une rangée d'éléments floraux articulés par des bélières qui occupent cette place : ibid., fig. 20, 79, 99, 120 et 173 ; parfois des figurations symboliques de nœuds tit d'Isis et de piliers d/ed d'Osiris : ibid., fig. 34 et 68 (dans ces deux derniers cas les éléments décoratifs forment une bande d'un seule venue).

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1388 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

3. La technique du verre mosaïque: une technique égyptienne

Le torque Miho est remarquable par la richesse de son décor d'incrustations de pierres de couleurs, turquoise, iapis-lazuli, cornaline, et de verres colorés, qui sont insérées dans des alvéoles délimitées par des fils ou de menus rubans d'or ou recreusées en champ levé dans le support. Nous reviendrons plus en détail sur la façon dont cette technique a été utilisée au service de l'iconographie prévue. Ce sur quoi nous voudrions insister ici, sans plus attendre, c'est que, parmi ces incrustations, celles en verres colorés avaient été préparées selon la technique dite du «verre mosaïque y»25 : ces incrustations de verre préfabriquées, dont l'assemblage forme la représentation voulue, comportent dans leur masse des détails préalablement préparés à l'aide d'une juxtaposition d'éléments monochromes de verres de diverses couleurs qui, une fois rapprochés, sont ensuite fondus ensemble en une seule incrustation avant la mise en place de cette dernière. C'est là une autre trait tout à fait remarquable du torque Miho et qui apparaît pour la première fois, nous croyons bien, sur un bijou achéménide. Cette technique du « verre mosaïque » a été utilisée pour indiquer certains détails dont la finesse dépassait les possibilités de miniaturisation compatibles avec une compartimentation nécessitant l'implantation de cloisons faites de rubans d'or. C'est grâce à cette technique qu'ont été obtenus sur le pectoral le rendu de l'ornementation du tissu des pantalons et des chaussures souples du fantassin et du cavalier en fuite (croisillons et pastilles bleu clair sur fond blanc) (fig. 2), le dessin des contours des têtes des chevaux, de leurs yeux et de leur harnachement (brun sur fond bleu clair) (fig. 25a et b), celui de l'œil et sans doute d'autres traits disparus du visage d'Ahura Mazda (mêmes couleurs)26. Les deux plaquettes en verre mosaïque qui remplissent les têtes des chevaux sont d'une telle finesse d'exécution qu'on y discerne jusqu'aux passants en crocs de sanglier, bien connus dans l'art et l'archéologie achéménides, où se croisent les lanières du harnais de tête27.

25. Connue aussi sous le nom de rniUefiori. L'étude récente de M.-D. Nenna, 1999, sur les verres de Délos permet de s'informer commodément du développement de cette technique, notamment p. 37-55, 145, 152 sqq., 170-174, et donne une bibliographie complète ; on fera un sort au catalogue de E. M. Stern, B. Schlick-Nolte, Early Glass ofthe ancient World 1600 B. C. -A. D. 50. Ernesto Wolf Collection, Ostfildern, 1994, qui comporte une copieuse introduction technique : nous avons pu prendre connaissance de cet ouvrage grâce à M1"" G. Pierrat, musée du Louvre, que nous remercions vivement. Voir également M.-D. NENNA, 1995.

26. Voir l'étude technique du torque par J.-Fr. de Lapérouse, D. Schorsch, L. Becker dans le catalogue Ancient Art from the S humei Collection (voir n. 1), p. 185.

27. Bien visibles sur la photographie de M. PFROMMER, 1998, pi. 18/3-5. Sur ces passe- brides voir P. Bernard, 1965, p. 271 sqq.

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TORQUE MIHO 1389

Le verre mosaïque est un perfectionnement de l'art du verrier qui est apparu d'abord en Egypte. On a longtemps pensé que cette innovation était à mettre au compte des ateliers de début de l'époque ptolémaïque à la fin du IVe siècle et au début du IIIe28 siècle av. notre ère (fig. 13). En fait un naos à incrustations portant le cartouche royal de Nectanébo II (360-343) attestait de son utilisation dès ce règne29 et la récente découverte de plaques à incrustations dans le temple d'Ayn Manawir, dans l'oasis de Kharga, permet aujourd'hui de faire remonter les plus anciens exemples de verre mosaïque jusqu'à la première domination perse en Egypte dans la deuxième moitié du Ve siècle av. notre ère30. Sur le torque Miho qui ne saurait être antérieur à la fin du Ve siècle (infra), l'utilisation de cette technique n'a donc rien de surprenant.

4. Orfèvres et artisans égyptiens au service du Grand Roi en dehors de l'Egypte

La coexistence de traits empruntés à la tradition de l'Egypte et du caractère achéménide affirmé du style et de la décoration sur lequel nous allons revenir trouverait l'explication la plus satisfaisante si l'on suppose que c'est dans un atelier d'orfèvres égyptiens travaillant à demeure dans l'un des grands centres du cœur de l'Empire - Ecbatane, Persépolis, Babylone, Suse -, sur des commandes du pouvoir royal et ayant pleinement assimilé l'esprit de l'imagerie achéménide, qu'a été inventé ce type nouveau de torque et produit le bijou de la collection Miho.

Si les tablettes élamites de Persépolis mentionnent sans préciser leur fonction des ouvriers égyptiens employés sur les chantiers du Grand Roi en Perside ou dans les régions voisines", l'une d'entre elles cependant enregistre, sous le règne de Darius I, la présence de

28. Caractères hiéroglyphiques : a. sur le sarcophage de Pétosiris (dernier quart du IV* s.- début du III' s.), notamment le plumage et la tête de la chouette, « chef-d'œuvre de l'artiste » : G. Lefebvre, 1924, p. 20, pi. 57; L'Egypte du crépuscule, p. 76, fig. 57 (couleurs) (ici fig. 13); VI. -D. NENNA, 1995, pi. XVIII/2, 3; b. sur celui de son frère Djed-Djehouty-ioue- fankh : L'Egypte du crépuscule, p. 195, fig. 182 ; Ernesto Wolf Collection (voir n. 25), p. 60 sq., fig. 90 ; E. Scamijzzi, 1965, pi. 107 sq. ; c. sur le sarcophage Gliddon : R. S. Bianchi, 1983, p. 34, fig. 6. Notons que les restes d'incrustations de verres opaques rouge et orange relevés par J. D. CooNEY, 1953, p. 27 sqq., sur les statuettes de lions achéménédisantes de Léonto- polis confirment la renaissance de la technique des incrustations de verres colorés à la période perse. Pour les antécédents de cette technique en Egypte, voir R. S. BlANCHI, 1983.

29. E. RlEFSTAHL, 1969, p. 70 sq., 109, n° 69; cf. aussi n'- 70-71 ; M.- D. NENNA, 1995, p. 377, pi. LXVTII/1

30. N. Grimai, « Travaux de l'IFAO en 1996, 1997 », Bulletin de l'Lnstitut français d'Archéologie orientale 97, 1997, p. 350 sq. ; M.-D. Nenna, 1999, p. 171, n. 63.

31. PFT, ri™ 1547, 1557, 1957 et 1806 ; PTT, n" 1, 9 et 15. Pour deux exceptions qui rompent ce silence sur les métiers des ouvriers égyptiens voir la n. suivante.

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1390 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 13. - Sarcophage de Pétosiris (musée du Caire), vers 300. La chouette, exemple de verre mosaïque. D'après L'Egypte du Crépuscule, Paris, 1980, fïg.57.

cinq orfèvres originaires de la vallée du Nil32. A Suse des tablettes en babylonien mentionnent des Égyptiens installés dans la capitale33. De son côté la célèbre inscription trilingue dite de fondation du palais de ce même Darius I à Suse fait état, parmi la nombreuse main-d'œuvre spécialisée que le souverain avait fait venir des différents provinces de l'Empire pour bâtir sa demeure, d'orfèvres égyptiens et mèdes chargés de travailler l'or34 ainsi que d'autres Égyptiens et Mèdes qui avaient pour tâche de « décorer le mur » (traduction par R. D. Kent de la version vieux- perse)35 ou « la terrasse » (version élamite dans la traduction de Fr. Vallat)36. On a constaté à Persépolis que des revêtements en métaux précieux et des incrustations de pierres et verres de couleur avaient été appli-

32. R. T. HALLOCK, 1985, p. 602 : tablette FT 1858 déchiffrée après la publication des Persépolis Fortification Tableti (1969), et consignant une distribution de nourriture. Une autre de ces tablettes supplémentaires, FT 1967, ibid., p. 607, mentionne 690 ouvriers égyptiens qualifiés de « stone removers ». Les tablettes élamitcs de Persépolis mentionnent d'autres orfèvres mais sans précision de nationalité, à qui sont distribuées des rations de céréales et de vin : PFTn"" 872, 874 (stationnés à Hidali) et 1805 ; sur l'une d'entre elles l'orfèvre reçoit un mouton par mois durant six mois, ration nettement supérieure à la normale et qui est indicative de l'importance reconnue au statut professionnel du personnage : F. VALLAT, 1994.

33. F. Joannès, 1990. Selon Ctésias, Fr. G.H, 688, F 13 (9-11), après sa victoire sur Psam- métique III, Cambyse aurait exilé à Suse le pharaon et 6000 de ses sujets, mais l'information est sujette à caution.

34. R. G. Kent, 1953, p. 144, 1. 49-55 (vieux-perse) ; Fr. Vallat, 1970, p. 58, 1. 45-52 (élamite).

35. R. G. Kent, 1953, p. 144, 1. 49-55 ; mais on a dans un autre passage : « the ornementation with which the wall was adorned, that came from Ionia » (1. 40-45).

36. Fr. Vallat, 1970, p. 58.

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TORQUE MIHO 1391

qués sur les reliefs pour le rendu de certains détails (couronnes royales, barbes)3', travail qui relèverait de la compétence des orfèvres. A Suse, où les reliefs de pierre étaient extrêmement rares58, on peut penser que le travail d'incrustation aurait porté sur certaines parties de la construction proprement dite comme les portes et les plafonds comme cela semble aussi avoir été le cas à PersépohV9. La contribution de la seconde catégorie d'ouvriers égyptiens qui avaient décoré le « mur » ou la « terrasse » est plus difficile à cerner, mais on peut penser qu'elle avait quelque rapport avec l'application de peintures sur les éléments architecturaux et les reliefs en pierre dont nous savons qu'ils avaient été, les uns et les autres, rehaussés de couleurs10. A Suse même, où la confection des panneaux décoratifs en briques cuites glaçurées pour la décoration des murs avait été confiée aux Babyloniens, c'est peut-être à des artisans égyptiens qu'on avait fait appel pour peindre, outre le décor architectural en pierre, l'enduit de torchis des murs de briques crues. Divers fragments de peintures murales recueillis au palais d'Artaxerxès II sur les bords du Chaour supposent en tout cas l'intervention de véritables peintres41. Les innombrables monuments de l'Egypte, les enlumi-

37. A. BRITT TlUA, 1978, p. 39 sq. et 58 sq. ; Persepolis II, pi. 40-41. 38. Persepolis I, p. 32 sq. ; A. LABROUSSE, R. BOUCHARLAT, 1974, p. 84 sq., fig. 43,

pi. XXXIV 39. Persepolis II, p. 71 sq., pi. 40/3. Les éléments d'incrustations de ce panneau pourr

aient avoir appartenu à une boiserie solidaire de la construction (porte ?). 40. Le travail d'A. Brut TlLIA, 1978, p. 31-69, porte essentiellement sur la polychromie des

reliefs de Persepolis. L'auteur y émet l'hypothèse que celle-ci serait l'œuvre d'ouvriers égyptiens familiarisés avec la technique du cloisonné à incrustations colorées si largement répandue dans la bijouterie égyptienne : ibid. p. 38 sq. R R. S. MOOREY, 1998, étend cette idée d'une influence de la technique du cloisonné aux frises de briques glaçurées de Suse et de Persepolis. Il faut compléter les observations d'A. Britt Tilia sur la polychromie des reliefs persépoli- tains par les observations faites par E. Schmidt sur l'enduit de torchis peint de motifs géométriques qui revêtait les colonnes de bois des pièces de la Trésorerie, notamment dans les salles 38 et 41 : Persepolis I, 1953, p. 160 sq., fig. 72/J ; également pièce 83 avec des motifs différents : ibid., p. 174. In revêtement peint tout à fait semblable à celui des colonnes des pièces 38 et 41 de la Trésorerie de Persepolis a été relevé à Pasargades sur la partie haute en bois des colonnes du Palais P, dont les murs eux-mêmes paraissent avoir été peints : D. STRONACH, 1976, p. 85, fig. 44. A Suse comme à Persepolis les chapiteaux en pierre à protomes animales étaient également peints : les indices sont rares mais incontestables : Persepolis I, p. 36 ; A. BRITT TlLIA, 1978, p. 68. A plus forte raison peut-on penser qu'il en était de même pour les chapiteaux en bois et les boiseries des plafonds (poutres et caissons;, comme c'était le cas dans l'architecture grecque où ces éléments étaient peints même quand ils étaient en pierre. Selon de Macquenem, SPA I, p. 325, les fûts des colonnes de l'Apadana de Suse étaient recouverts d'un enduit blanc jaunâtre ; néanmoins au palais du ( lhaour les bases des colonnes n'étaient pas peintes : A LABROUSSE, R. BoilCHARLAT, 1974, p. 80. Les façades peintes de tombes monumentales macédoniennes dont les couleurs furent protégées par la terre de leurs tumuli peuvent donner une idée de la polychromie de l'architecture achéménide. Si l'on fait abstraction de la frises des archers qui v figure, la reconstitution aquarellée d'un secteur du palais de Darius à Suse par M. Pillet, architecte de la mission française en Iran de 1912 à 1914, dans The Royal City ofSusa, fig. 15, est certainement au-dessous de la réalité pour ce qui concerne la richesse et la variété des couleurs qu'on peut déduire des observations faites sur les originaux.

41. A. Labrousse, R. Boucharlat, 1974, p. 83, fig. 42, pi. XXX/1.

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1392 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

mires de ses papyri étalaient au regard du conquérant étranger les créations d'une grande tradition picturale et la réputation de ses orfèvres était, ajuste titre, inégalée. On peut être certain que l'appel à l'artisanat égyptien ne s'arrêta pas avec le règne de Darius I et que les orfèvres, notamment, n'ont jamais cessé d'être actifs dans les ateliers royaux, en premier lieu dans ceux de Suse qui était la première capitale de l'Empire (voir infra).

5. Le décor à incrustations : sa place dans l'orfèvrerie achéménide

Après avoir analysé la dette du torque Miho à l'égard de la tradition égyptienne, il est temps de passer à tout ce qui relève en lui de l'art proprement achéménide.

L'orfèvrerie n'est pas le seul domaine où l'art achéménide manifesta un goût prononcé pour la polychromie. On vient de voir que les reliefs et le décor architectural étaient peints de couleurs vives, que ce fût sur fond de pierre ou sous la glaçure des briques éiimiUées42. Les tentures, les tapis, les étoffes, les meubles étalaient leurs teintes bigarrés43. Mais la bijouterie offrait aux ateliers aché- ménides héritiers de la tradition assyrienne, stimulés par les contacts directs avec l'artisanat égyptien, un champ d'activité privilégié, qui fut abondamment exploité, et où l'or avive de son éclat les pierres précieuses de couleur - lapis, turquoise, cornaline - ou des verres colorés insérés dans de petites alvéoles préparées à l'aide de fines lamelles d'or ou dans des logements creusés dans la masse du métal44. Une riche sépulture découverte à l'acropole de Suse et qui date de la fin de la période achéménide45 (fig. 14) offre une superbe

42. A. Britt TlLIA, 1978, p. 31-69. Pour les décors de briques émaillées à Suse voir The Royal City ofSusa, p. 223-242.

43. S. I. RUDENKO, 1970, p. 32 sq., pi. 148A (tenture de feutre à têtes de lions de fabrication locale reprenant un motif achéménide) ; p. 296 sqq., pi. 177 (tissus) ; p. 298-304, pi. 174-175 (tapis). Exemples de vêtement historié : A. Britt Tilia, 1978, fig. 6 (Persépolis) ; V. VON Graeve, 1987 (sarcophage d'Alexandre).

44. Sur la technique de l'incrustation en bijouterie voir J. McKeon, 1973, p. 109-117 ; E. Rehm, 1993, p. 105 sqq. ; P. R. S. Moorey, 1998.

45. J. DE MORGAN, 1905, p. 29-58; Fr. Talion dans The Royal City of Susa, 1992-1993, p. 242-252 ; ld., Les pierres précieuses de l'Orient ancien, 1995, p. 113-120 (étude de la technique et des pierres). La richesse du mobilier funéraire, la cuve en bronze (une baignoire) qui servit de cercueil, et la profondeur à laquelle celle-ci fut déposée (3 m environ par rapport au niveau achéménide), probablement dans un caveau voûté en briques crues, excluent un enterrement à la sauvette. La tombe, découverte en décembre 1899, avait été installée tout près du rempart sud-est, à 4 m au sud d'une chapelle néo-élamite, alors détruite et recouverte par le niveau achéménide, qui avait été élevée par le roi Shutruk-Nahunte (716-699), et dont le positionnement est donné par le plan Mémoire de la Délégation en Perse VIII, fig. 66 ; cf. aussi The Royal City of Susa, plan de situation à la p. XV et fig. 41 à la p. 124. Une photo d'archivé de l'édifice néo-élamite publiée par P. Amiet, dans Syria 44, 1967, p. 28, fig. 1, permet de visualiser l'emplacement de la tombe. Notons que les arguments invoqués par J. de Morgan en faveur d'une

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Illustration non autorisée à la diffusion

pOrr k

TORQUE MIHO 1393

FlG. 14. - La tombe achéménide de Suse avec son matériel. Aquarelle de M. Pillet, musée du Louvre. Avec l'aimable autorisation du Musée.

2000 88

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1394 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

illustration de cette technique de l'incrustation cloisonnée à travers tout un échantillonnage de types : torque46 (fig. 15), bracelets47 (fig. 16), boucles d'oreilles48 (fig. 17), appliques de vêtements49 (fig. 18) et perles diverses50. Pour chacun de ces éléments de parure les collections publiques et privées offrent différentes répliques, qui, même si elles ne sont pas toutes d'une pareille somptuosité, peuvent nous aider à nous faire une idée de ce que fut l'orfèvrerie achéménide51.

inhumation de femme âgée (usure des dents), à savoir la finesse des os, l'absence d'armes, le nombre et la richesse des éléments de parure, ne constituent pas une preuve absolue. Fr. Talion, dans The Royal City ofSusa, 1992-1993, p. 242, et dans Les pierres précieuses de l'Orient ancien, 1995, p. 114 sq., considère, elle aussi, que le matériel funéraire pourrait aussi bien convenir à un homme. Le lieu de la sépulture parlerait plutôt en faveur d'un dignitaire de haut rang, peut-être un membre de la famille royale, qui aurait exercé un commandement dans la citadelle voisine du palais. Pour la datation de la tombe voir infra p. 1418 sqq.

46. Torque de Suse : J. DE MORGAN, 1905, p. 43-48, pi. IV/1, fig. 70 et 71 ; The Royal City ofSusa, n° 171 (Fr. Talion), ici fig. 15a et b. Autres exemplaires : deux fragments appartenant sans doute à une seule et même pièce: a. Brooklyn Muséum: * Animal Style» Art, n°19; E. REHM, 1992, C3, fig. 58 ; b. British Muséum : O. M. DALTON, 1964, n° 136, pi. XX ; E. Rehm, 1992, C4, fig. 59 Ermitage, Saint-Pétersbourg: S. I. Rudenko, 1962, pi. XVII ; V ScJHLTZ, 1994, fig. 302 ; E. Rehm, 1992, C9, fig. 69. Sauf exception, nous ne citons que les pièces à incrustations tenues pour proprement achéménides à l'exclusion de celles qui manifestent à des degrés divers des influences émanant de cet art. Il en ira de même dans les notes suivantes pour les autres types de bijoux.

47. Paire de bracelets de Suse : J. DE Morgan, 1905, p. 43-48, pi. V/l-2, fig. 76 ; The.RoyalCuy ofSusa, rï» 172-173 (Fr. Talion) ; E. Rehm, 1992, A39, fig. 5 ; ici fig. 16. Autres exemplaires : collection Miho : Miho Muséum, South Wing, 1997, ri" 39 (paire), 40 et 41 (paire). British Muséum : 0. M. DALTON, 1964, n° 1 16, pi. I ; E. Rehm, 1992, Al 18, fig. 53 ; et au Victoria and Albert Muséum l'exemplaire formant paire avec le précédent : P AMANDRY, 1958, p. 11, pi. 8/5. British Mueum : O. M. Dalton, 1964, n°> 117-120 et 127-135, pi. XVII-XXI. - Collection Reber: SPA, p. 380, pi. 122D ; E. REHM, 1992, A85, fig. 29. Saint-Louis, City Art Muséum : W CuixiCAN, 1965, fig. 68.

48 . Paire de boucles d'oreilles de Suse : J. DE MORGAN, 1905, p. 50 sq., pi. V/3-4, fig. 78 ; E. Rehm, 1992, F106, fig. 132, ici fig. 17. Autres exemplaires : Muséum of Fine Arts, Boston : J. McKeon, 1973, p. 109-117, pi. I ; E. Rehm, 1992, F93 ; A. Britt Tilia, 1978, p. 39, pi. C/l exemplaire qui formait paire avec le précédent dans la collection N. Schimmel : Ancient Art. The Norbert Schimmel Collection, O. W. Muscarella éd., Mayence, 1974, n° 156; E. Rehm, 1992, F93, fig. 120. British Muséum : O. M. DALTON, 1964, n° 156, pi. XXI.

49. Appliques de vêtements : deux « boutons » de Suse : J. DE MORGAN, 1905, p. 51, fig. 79, pi. rV/2-3 ; The Royal City of Susa, n° 179 (Fr. Talion) ; E. Rehm, 1992, H41, fig. 141 ; ici fig. 18. Autres exemplaires : Pasargades : D. STRONACH, 1978, p. 204 sq., fig. 87/2, pi. 157a-b (« button ») ; E. REHM, 1992, p. 40, fig. 140 Trouvaille de Hamadan : (lions passant) : P. AMANDRY, 1958, p. 10, pi. 7/1 ; E. Rehm, 1992, H. 42, fig. 142 ; R. D. Barnett, « Ancient Oriental Goldwork », British Muséum Quartely XXI, 1959, p. 29. Dodone : Bulletin de Correspondance hellénique 80, 1956, p. 300, fig. 2. Collection Vidal (tête de griffon à collerette de mèches rayonnantes) : E. REHM, 1992, H69, fig. 168. - Léo Mildenberg Collection (plaque ovale avec aigle et cygnes, turquoise, verres bleus et rouges) : A. P. Kozloff, Animah in Ancient Art. From the Léo Mildenberg Collection, Cleveland, 1981, p. 37. Autres plaques diverses : Perse- polis II , pi. 41/3-5 (motifs floraux et géométriques) ; O. M. Dalton, 1964, n° 37, pi. XXI.

50. Perles diverses, pendentifs : Suse : J. DE MORGAN, 1905, p. 49 sq., fig. 77, pi. VI ; TheRoyal City ofSusa, n° 174 (Fr. Talion) (collier de perles cylindriques et pendentifs en forme de crochets) ; J. DE MORGAN, 1905, p. 51-55, fig. 81, 82, pi. IV/4, VI. Autres exemplaires : Persépolis : Persepolis II, pi. 43/8-9. Pasargades : D. Stronach, 1978, p. 122 (n° 28) et 206 sq., fig. 88/11 ; p. 172 (n° 29), p. 205, fig. 88/10, pi. 156a, en bas, à droite ; p. 172 (n° 30), pi. 156a, en bas, à droite, 157c. Séparateurs pour éléments de collier : Suse : J. DE MORGAN, 1905, p. 51 sq., fig. 80, pi. V/6 ; E. Rehm, 1992, D15n ; Persépolis : Persepolis II, pi. 43/10 ; E. Rehm, 1992, D15m.

51. Nous les avons énumérés dans les n. 45-50. Il faut aussi mentionner les incrustations sur ivoire : Persépolis II, p. 71, pi. 40/1 g, 2 ; pi. 41/3-5 ; pour des incrustations détachées de leurs supports voir ibid., p. 71 sq., pi. 40/3.

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FlG. 15 a et b. - La tombe achéménide de Suse. Musée du Louvre, Sb 2760. Torque, a. vue d'ensemble ; b. détail. Avec l'aimable autorisation du Musée.

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1396 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 16. - La tombe achémé- nide de Suse. Musée du Louvre, Sb 2761, 2762. Bracelets. Avec l'aimable autorisation du Musée.

FlG. 17. - La tombe achémé- nide de Suse. Musée du Louvre, Sb 2764, 2765. Boucles d'oreille. Avec l'aimable autorisation du Musée.

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rr

TORQUE MIHO 1397

FlG. 18. - La tombe achéménide de Suse. Musée du Louvre, 2766. Appliques en forme de boutons. Avec l'aimable autorisation du Musée.

L'incrustation fut donc un procédé couramment utilisé par les orfèvres achéménides. Ce qui est plus rare - mais le hasard de la conservation et des trouvailles est sans doute en partie responsable de cette rareté -, ce sont les pièces où l'insertion de pierres et verres colorés, au lieu d'être une simple enjolivure ou un élément secondaire du décor, devient la figuration elle-même et donne lieu à des véritables compositions où motifs géométriques et floraux sont subordonnés à la représentation de personnages humains et d'animaux. Dans cette catégorie dont le torque Miho est le représentant le plus notable on rangera, outre divers bijoux et appliques de Suse et d'ailleurs figurant Ahura Mazda, mentionnés aux n. 48-50, les pièces suivantes : a. un pectoral en or en forme de croissant d'Armavir (Arménie), comportant deux oiseaux couchés (colombes ?) disposés antithéti- quement de part et d'autre d'un motif d'arbres stylisés, au-dessus d'une rangée de lotus alternativement en boutons et épanouis qui constituent la bordure inférieure52 (fîg. 19) ; b. un pectoral trapézoïdal provenant d'une tombe de Vani (Golchide) divisé en deux bandes horizontales encadrées de motifs géométriques

52. Longueur : 9 cm ; largeur max. 2,7 cm . Les incrustations en pâte de verre bleu clair, blanc et noir sont presque toutes perdues. G. A. TlRACJAN, 1968 ; repris par le même, 1988, p. 61-63, pi. XIV en haut. L'auteur souligne les liens typologiques avec les pectoraux urar- téens et considère que ce bijou de style incontestablement achéménide est une production locale. Voir aussi B. V. ARAKELJAN, 1976, p. 57 sq., pi. II (couleurs), LXV ; J. Santrot, J. Khat- chatrian, dans Arménie, 1996, n° 180, p. 196 (meilleure photo).

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1398 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 19. — Armavir (Arménie), Musée d'Érévan. Pectoral aux colombes, époque achéménide ; D'après Arménie, 1996, n° 180.

et représentant l'une deux griffons ailés adossés et l'autre deux oiseaux tournés vers la gauche ; huit longues pendeloques se terminant par des grenades sont suspendues à la base du pectoral5'5. Dans une réutilisation l'objet a été transformé en pendentif au moyen d'une fibule triangulaire qui permettait de l'épingler à un vêtement.

Quels que soient les ateliers d'où sont sorties ces deux pièces auxquelles les spécialistes arméniens et géorgiens attribuent une origine locale, leur style est indissociable de l'art proprement achéménide et autorise à les prendre en compte ici ;

c. une plaquette faite d'une mince feuille d'or décorée en cloisonné d'un personnage en tenue nomade conduisant par une longe un dromadaire, découverte dans le sanctuaire de Takht-i Sangin en Bactriane du Nord'1 (fig. 20).

53 Haut. 6,2 cm. Incrustations de turquoise et de cornaline. C). LORDKIPWIDZÉ, 1979, p. 62 sq., fig.17; G. R. Tsetskhladzé, 1993-1994, p. 15, fig. 5; A.M. Ghqonïa, 1981, p. 40- 46 ; J. Boardm.w, 2000, p. 196, fig. 5/80.

54. Dimensions : 1,7 cm x 1,2 cm. I. R. PlCHlKJW, 1992, p. 31-35, fig. 17 ; 13. A. Litvins- KIJ, I. R. PlCHIKJAN, 1995, fig. 2. Les auteurs parlent d'incrustations de pâte (de verre ?) de couleur blanche (notamment pour le fond), jaune, jaune ocre, bleue, rosé, marron rouge ; la légende de la photographie de la première citée des publications mentionne la cornaline et la pâte de verre. Selon les auteurs cette plaquette serait à rapprocher pour le type et la fonction de celles au décor incisé qui faisaient partie de la trouvaille de POxus (O. M. I).\I,TO\, 1964, n'" 48-100) et qui représentaient des ex-voto offerts dans un sanctuaire. Kri dehors de la question de savoir si le trésor dit de l'Oxus, dont la découverte fortuite remonte; aux années 1877-1880, provient ou non du sanctuaire de Takht-i Sangin fouillé dans les années 1975-1985 par B. A. Litvinskij et I. R. Pichikjan (c'est l'avis des auteurs mais pas de P. BERNARD, 1994, p. 101 -10f3 ; également objections à la théorie; des fouilleurs par J. Cl'RTls, 1977, p. 235-2'38, qui

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TORQUE MIHO 1399

FlG. 20. - Takht-i Sangin (Bactriane) Plaquette en or à incrustations de pierres précieuses, époque achéménide.

D'après ACSS, 1995, p. 198, % 2.

En dépit de sa mutilation et de ses très modestes dimensions, la pièce bactrienne prend toute son importance quand on considère que, comme le torque Miho, dépassant l'esprit purement décoratif des autres pièces, elle vise à offrir une vraie représentation figurée.

toutefois en dernier ressort s'abstient de trancher), le caractère votif de la plaquette de Takht- i Sangin ne laisse pas place au doute puisqu'elle a été trouvée à l'intérieur même du temple. Mais on peut se demander si l'on aurait eu recours à une technique aussi élaborée que le cloisonné à incrustations pour façonner une offrande isolée d'aussi faibles dimensions. On verrait mieux cette plaquette comme un élément d'un objet composite. Elle aurait pu être sertie à l'origine dans un cadre, ce qui expliquerait l'absence d'une bordure, jugée à bon droit « uriu- sual » par les auteurs (1995, p. 198) et sans laquelle la pâte de verre blanchâtre qui tapisse le fond n'aurait pu être ni posée ni maintenue en place. Dans ce cas elle aurait pu faire partie d'un objet comportant plusieurs plaquettes de même type, comme un collier du Metropolitan Muséum qui est fait d'une série de plaques enfilées sur deux fils par des œilletons latéraux et représentant un écuyer marchant contre le flanc de son cheval : Ancient Near Eastern Art. The Metropolitan Muséum o/Art, P. O. Harper éd., 1984, n° 65 ; E. REHM, 1992, E85, p. 125 sq., fig. 93 ; également fig. 40 et 77 ; J. Boardman, 2(XX), fig. 5/77a-b. Une deuxième plaquette de dimensions analogues (2 cm de côté), avec les restes d'un créature ailée, trouvée non loin de la première dans la même pièce du temple de Takht-i Sangin (B. A. LlTVlNSKIJ, I. R. PlCHIKIAN, 1995, p. 196 sq. ; pas d'illustration), pourrait se rattacher à un objet du même type. La rangée de trous poinçonnés signalée par les auteurs sur un côté de la plaquette au chamelier reste inexpliquée aussi bien dans l'interprétation des auteurs que dans celle que nous proposons nous-mêmes. Ceux-ci mentionnent également un troisième feuille d'or (5 cm x 1,9 cm), non décorée celle-là, et qui provient aussi du temple : ibicl., p. 196, fig. 1.

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1400 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

6. L'iconographie a : le combat-poursuite entre adversaires orientaux

L'orfèvrerie achéménide n'hésite pas non plus à rivaliser avec la glyptique dans la représentation de véritables scènes figurées, en particulier des scènes de bataille.

De toutes les scènes de combat que nous connaissons dans l'art achéménide à travers les arts mineurs de l'orfèvrerie et de la glyptique55, celle du torque Miho est de loin la plus ambitieuse dans sa conception et sa composition à cinq personnages évoque invinciblement celles de certains cylindres, où le nombre des protagonistes dépasse celui d'un simple duel. On peut penser que l'orfèvre du torque, fut lui-même, à l'occasion, graveur en intailles56.

Le centre de la composition dont les acteurs sont tous des orientaux est occupé par deux cavaliers, l'un pourchassant l'autre. Tandis que le poursuivant bande son arc vers son adversaire, celui-ci, pris de panique, s'enfuit vers la droite tout en se retournant pour mesurer le danger qui le presse, le bras droit tendu vers le vainqueur dans un geste de détresse impuissante, la main gauche également levée serrant un arc désormais inutile. Derrière le cavalier vainqueur deux fantassins de son camp se hâtent vers la scène du combat mais n'y sont pas encore engagés. Figurés côte à côte, en silhouettes dédoublées, ils portent presque verticalement dans leur main droite une lance qu'ils appuient sur leur épaule droite ; celui du fond, gravement endommagé, avance en outre, semble-t-il, le bras gauche. Le cavalier vaincu est précédé d'un fantassin de son propre camp, qui, entraîné dans la déroute, s'enfuit à toutes jambes vers la droite. Esquissant un geste de défense, il brandit de la main droite un pic de combat57 en direction du cavalier ennemi vers lequel il retourne la tête et qui l'aura bientôt rejoint; son bras gauche inerte pend le long du corps, la main ouverte, sans arme.

55. Le relief rupestre de Bisutun présente le souverain non pas comme triomphant sur le champ de bataille mais comme couronnant sa victoire par l'exécution des chefs révoltés captifs.

56. La glyptique elle-même n'hésitait pas à s'approprier les scènes à personnages multiples de la grande sculpture : ainsi la scène de l'audience royale de Persépolis reproduite sur un cachet utilisé par le satrape de Daskyleion : M. G. Miller, 1997, p. 93, 122, fig. 126.

57. Persépolis II, p. 100, pi. 78/1 et 79/1 (exemplaire en bronze) ; le pic comme arme rovale représentée sur les reliefs de Persépolis et de Naqsh-i Rustam : Persépolis I, p. 133, pi. 98-99 CSalle aux cent colonnes) ; p. 166, pi. 171 (Trésorerie; ; Persépolis III, pi. 43/A, 49- 51 et 71 (tombes royales); apporté comme présent par la délégation XVII (Sogdiens ?) : G. WALSER, 1966, pi. 24 ; voir aussi une plaque en or du trésor de l'Oxus représentant un nomade combattant brandissant cette arme : O. M. DALTON, 1964, pi. XV/85 ; également combat de nomades sur une plaque en os d'Orlat, près de Samarkand (alentours de n. è) : K. ABDULLAEV, 1995a, fig. 10. Le pic est aussi figuré dans des scènes de combat sur des gemmes achéménides : par exemple SPA, pi. 124A. C'est une arme bien attestée par les trouvailles archéologiques dans l'Eurasie des nomades à partir des Vlir-Vir siècles av. notre

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TORQUE MfflO 1401

Alors que les représentations de combat dans l'art achéménide mettent en général aux prises des Orientaux et des Grecs58, ces derniers ayant immanquablement le dessous, le torque Miho illustre le thème, moins fréquent mais qui n'est pas rare, du combat où des Orientaux s'affrontent entre eux59 (fig. 21-23). Sur le bijou de la collec-

ère : Stepnaja polosa, 1992, pi. 63, 69, 70, 72, 74 et 84 ; V. D. KUBAREV, 1987, p. 65-69, fig. 23, pi. 12, 16, 46, 58, 66, 78, 81 et 86 ; exemplaires dans les tombes des nomades saces du Pamir (V-lir s. av. n. è.; : B. A. LlTVlNSKU, 1972, p. 120 sqq., pi. 43/3-4 et 5-6. L'ouvrage de M. V GoRELIK, 1993, donne une riche documentation graphique mais le commentaire succinct qui l'accompagne ne renvoie que rarement à la bibliographie groupée alphabétiquement à la fin du volume, si bien qu'il est le plus souvent impossible de retrouver la bibliographie propre à telle ou telle pièce ; c'est le cas entre autres des exemplaires des tombes saces du Pamir dont nous avons tenu à citer la publication d'origine. L'ouvrage de Gorelik traite des pics de combat aux p. 53-57, notamment p. 55 sq., pi. XXVIII.

58. Infra une liste des scènes de combat Grecs-Orientaux dans la glyptique achéménide ou influencée à des degrés divers par l'art achéménide. Elle est dressée principalement d'après J. BOARDMAN, 1970, p. 431 -438 ; sauf mention spéciale nous renvovons aux illustrations de cet ouvrage : n"" 47 (pi. 849), 48 (SPA, pi. 124D), 49 (A. Furtwàngler, 1900, I, pi. XII/18), 50 (fig. 282), 71 (C. H. Smith, C. A. Sutton, W. F. Cook Collection, Londres, 1906, n° 174, pi. 7) f.Greek Style»), 117 fpl. 881), 119 (fig. 291; H. Seyrig, 1952, p. 196, pi. XXXI/1), 120 (A. Furtwàngler, 1900, 1, pi. XI/9), 122 (M. E. Maximova, 1928, fig. 2), 123 (pi. 883), 131 (G. M. Richter, 1956, pi. 22/134 « Mixed Style » ; cf. aussi ibid.,p\. 22/135), 353 (pi. 974), 369 (A. Furtwàngler, 1900, 1, pi. XI/15), 370 (fig. 310) et 371 (E. Porada, Corpus of the Near Eastern Seah. I, The Morgan Library, New York, 1948, n° 834, pi. 125, « Other styles »;. Ajouter H.-P. Francfort, 1975, fig. 1 ; L. Bregstein, 1996, p. 58 sq., pi. 9. Scènes de style franchement achéménide : SPA, pi. 124A ; A. FURTWÀNGLER, 1900, III, p. 121, fig. 82 et 83-84 ; Persepolis II, pi. 9/n° 28. Notons quelques exemples de scènes de Grecs ou de soldats armés à la grecque combattant entre eux : J. BOARDMAN, 1970, n"" 54 (pi. 851), 55 (Anatolia I, pi. 12), 335 (fig. 309 : scène d'engagement dans le combat de corps de troupe grecs ; post-achéménide;. Sur le cylindre du cabinet des Médailles de Paris (ancienne collection H. Seyrigj, de style grec, P. BORDREUIL, 1986, n° 139, a proposé de reconnaître dans le guerrier triomphant d'un combattant nu, genou à terre, un Galate (pantalons et tunique à manches longues, casque; ; la date donnée est le Iir siècle av. notre ère ; cf. J. BOARDMAN, 2000, p. 159, fig. 5/7 ; le style est grec.

59. 1. Collection Newell : H. HENNING VON DER OSTEN, 1934, n° 453, pi. 31 ; Id., 1956, pi. 69 ; SPA, pi. 123E ; pour l'inscription vieux-perse voir R. G. Kent, 1953, p. 157, Sf (l'un des Artaxerxèsj ; 2. British Muséum : O. M. Dalton, 1964, n° 114, pi. XVI ; SPA, pi. 124X ; 3. Cabinet des Médailles, Paris : L. Delaporte, 1910, n° 403 ; A. S. F. Gow, 1928, pi. IX/4 ; R. Ghirshman, 1963, fig. 331 ; 4. Ermitage, n° 19499 (trouvé à Kertsch; : A. Furtwàngler, 1900, III, p. 119, fig. 79 ; J. Boardman, 2000, p. 159, fig. 5/6 ; N. M. Nikulina, 1994, p. 85, fig. aux p. 419 sq. ; 5. Moscou, musée Pushkin : S. Strelkov, « The Moscow Artaxerxes Cylin- der Seal», American Institute for Iranian Art and Archaeology 5, 1937, p. 17-21, fig. 2; N. M. Nikulina, 1994, p. 85, fig. à la p. 418 ; inscription vieux-perse au nom d'un Artaxerxes (III probablement) ; 6. W. Hayes Ward, 1910, n° 1048 ; 7. Id., 1910, n° 1052 : J. Junge, 1939, p. 63 sq., pi. II, 2r à partir du haut (authenticité pas assurée; ; 8. British Muséum : H. B. WAL- ters, 1926, n° 435 ; J. Boardman, 1970, p. 352 et 432, n° 72, pi. 864 et pi. couleurs p. 307/3 ; M. E. Maximova, 1928, col. 668, fig. 26 ; ici fig. 23 ; hormis le sujet et la mise en scène perses, le style est purement grec, autant que l'est la chasse perse sur le lécythe à reliefs de Xénophante, J. BOARDMAN, 2000 , fig. 5/93a-d ; 9. Ermitage, n° 375 : J. Boardman, 1970, p. 314 et 353, pi. 882 ; M. E. MAXIMOVA, 1928, fig. 3, ici fig. 10, et 10. Bruxelles : L. Speleers, Cat. intailles II, n° 1458 ; 10. Persepolis II, pi. 9, n'~ 29, 30 et 31 (empreintes de sceaux; ; 11. Oxford, Bodleian Library : empreinte du sceau d'Arsamès, satrape d'Egypte dans la seconde moitié du V siècle : J. BOARDMAN, 2000, p. 165 et 241, n. 34, fig. 5/21. En tête de la série il faut placer le cylindre de stvle néo-élamite inscrit au nom de Cvrus d'Anshan, grand-père de Cyrus le Grand (Vir

s.' av. n. è.; : P. AMIET, 1973, p. 15, 29 (n" 28), pi. W28;

R. SCHMITT, 1981, n° 93 ; P. BRIANT, 1996, p. 102, fig. 3b.

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1402 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 21. - Cylindre achéménide (empreinte), Cabinet des Médailles, Paris, n° 403. Combat entre Orientaux. D'après R. Ghirshman, 1963, fîg. 331.

tion japonaise le thème prend une forme connue dans les arts des peuples de la steppe, et qui met en scène des cavaliers qui en poursuivent d'autres. L'attestation la plus ancienne de cette variante est fournie par un manchon en or de la collection sibérienne de Pierre le Grand, des V-rv" siècles av. notre ère60. Aux alentours de notre ère, le motif est illustré sur les reliefs en terre crue d'un pavillon royal à Khalchajan en Bactriane, où une troupe de eataphractaires est mise en déroute par des nomades armés à la légère61. Il est bien attesté dans l'iconographie parthe et sassanide62.

Mais il était déjà implanté dans Fart achéménide puisque, outre le torque Miho, il a fourni le sujet d'une intaille de l'Ermitage représentant un cavalier cuirassé qui, lance au poing, rattrape deux adversaires montés65 (fig. 22). Quelque temps après la conquête d'Alexandre un maître graveur illustra le thème de la poursuite dans

60. S. I. Rudenko, 1962, pi. XXII/18 et fig. 29. 61. G. A. PlGACENKOVA, 1971, p. 65-3; P. BERNARD, 1987 (identification du thème de la

poursuite au lieu d'une scène de défilé triomphal) ; H. von Gaix, 1990, p. 48 sq., fig. 8, qui ignore la rectification de P. Bernard.

62. Époque parthe : Bisutun : Tr. S. K.AWAMI, 1987, p. 157 sqq., pi. 3, fig. 1 ; H. von Gaix, 1990, p. 11 sqq., pi. 1-2; Id. dans Bisutun, 1996, p. 68-71, pi. 12/1, fig. 4. Doura-Kuropos : B. Goldman, A. M. G. Little, 1980, fig. 2, pi. II-VII ; B. Ghirshman, 1962, fig. 223 ; H. von G A IX, 1990, p. 52-55, pi. 18. Époque sassanide : B. GHIRSHMAN, 1962, fig. 165-166; H. von Gaix, 1990, p. 20-30, fig. 3, pi. 5-8 (Firouzahad) ; R. Ghirshman, 1962, fig. 219-220; H. VON Gaix, 1990, p. 30 sq., pi. 9 (Naqsh-i Rustam).

63. Leningrad n° 375 : voir n. 59, n° 9.

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TORQUE MfflO 1403

un style purement grec mais avec des protagonistes perses : un cavalier a rejoint un char qu'il poursuivait et il perce de sa lance le compagnon du cocher64 (fîg. 23). Sur la gemme en question qui fut achetée à Bagdad et qui fait partie des collections du British Muséum, cette représentation d'un combat entre orientaux où un char est attaqué par un cavalier est indépendante, malgré la proximité des dates, de celle de la fuite de Darius III devant Alexandre telle qu'elle fut traitée sur la peinture de haute époque hellénistique que copia la célèbre mosaïque du musée de Naples et sur des représentations du même sujet figurées sur une série de vases apuliens65 (sur ces œuvres voir infrd).

Maintenir la cohésion et la paix intérieure de ce vaste empire n'était pas une tâche de tout repos. Les mouvements de sécession qui menacèrent son unité lors de la prise de pouvoir de Darius I en 522-521, le soulèvement des cités grecques d'Ionie (500-493) ou plus tard celui des cités phéniciennes (351-345 ?)œ, la grande révolte des satrapes au IVe siècle (366-358), ou la rébellion de Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès II (404-401), l'émancipation de l'Egypte à la fin du Ve siècle qui ne fut reconquise qu'en 342 ne sont que les manifestations les plus notoires des dangers d'éclatement auxquels dut faire face le pouvoir central67, soit qu'il ait eu à briser des rebellions provoquées par des membres de la famille royale ou des grands personnages de l'Etat achéménide, soit que le danger soit venu de soulèvements des populations locales et de leurs chefs. Sauf dans le cas de la révolte ionienne, le camp des mutins était fait d'Orientaux. Il fallait compter aussi avec la menace permanente que représentaient sur les frontières orientales les tribus nomades dont les rapports avec l'Empire étaient ambigus et dont les déplacements étaient pratiquement incontrôlables. Le thème du combat entre orientaux correspondait donc aux réalités de l'histoire et il avait très naturellement sa place dans une iconographie qui célèbre le pouvoir suprême sous l'image d'un roi guerrier triomphant de ses ennemis et des monstres68.

64. British Muséum n° 435 : voir n. 59, n° 8. 65. Une série de décadrachmes émis dans un atelier du Proche-Orient dans les der

nières années du règne d'Alexandre ou quelque temps après sa mort portent une représentation du roi à cheval attaquant à la lance Porus qui s'enfuit sur son éléphant : A. STE- WART, 1993, p. 201-206 et 433 (bibliographie), fîg. 68-69. Malgré tout ce qu'il peut y avoir d'hellénisé dans le style, il est impossible de ne pas reconnaître dans la composition une continuité avec le schéma traditionnel de la poursuite à l'orientale.

66. Voirn. 113. 67. Les sources classiques mentionnent encore bien d'autres conflits que ceux-là : voir

P. Briant, 1996, index, s. t>. « révoltes ». Il faut y ajouter les nouveautés ou précisions apportées par la documentation cunéiforme : par exemple en dernier lieu P. BRIANT, 1992 (révoltes babyloniennes sous le règne de Xerxès).

68. Parler de « scènes de guerres civiles » comme le fait M. PFROMMER, 1998, p. 173 à propos du torque Miho et de l'intaille du British Muséum n° 435 (voir n. 59, n° 8), c'est donner à ces représentations un contenu politique trop précis.

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Illustration non autorisée à la diffusion

1404 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 22. - Searaboïde en calcédoine, musée de l'Ermitage, n° 375, époque acheménide. Combat- poursuite de cavaliers orientaux.

D'après J. Boardman, 1970, fïg. 882.

FlG. 2'3. - Searaboïde de cornaline, British Muséum, n° 435, fin de l'époque acheménide ou début de la période hellénistique. Cavalier oriental rattrapant un char monté par deux Orientaux. D'après J. Boardman, fïg. 864.

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TORQUE MfflO 1405

7. L'iconographie b : la personnalisation des équipements

L'orfèvre a pris grand soin de différencier visuellement les adversaires. Tous portent la tenue des nomades, pantalons et kaftan, qui est commune dans le monde iranien à l'ensemble des cavaliers, hommes de la steppe ou pas, mais qui est aussi celle des combattants à pied69. Sur les kaftans du torque Miho les pans antérieurs sont coupés en oblique et dégagent le dessus des cuisses70. Mais, par- dessus leur kaftan, les vainqueurs, à la différence des vaincus, sont cuirassés. Le cavalier porte un type de cuirasse bien particulier, propre au domaine achéménide, qui monte haut à l'arrière pour protéger la nuque1 et est pourvu au bord inférieur d'une rangée de lambrequins (fig. 21). La cuirasse des deux fantassins de gauche est d'un type plus simple, sans lambrequins et probablement sans protège-nuque. Les vainqueurs sont coiffés d'une couvre-chef arrondi qui moule le crâne et descend sur les mâchoires , une sorte de casque soit métallique soit en cuir ou feutre72. Les fuyards portent au contraire le bashlyk, le classique bonnet des nomades muni de languettes qui descendent sur les joues et sur la nuque ; à l'avant, au-dessus du front, la calotte forme une boursouflure73, qui dénote

69. Selon les sources classiques les Perses avaient hérité cette tenue des Méfies. 70. A l' Apadana de Persépolis ce type de manteau est porté par la délégation XVII, dans

laquelle on s'accorde généralement à reconnaître celle des Sogdiens : G. WALSER, 1966, pi. 24 et 69. Mais sur les façades rupestres des tombes royales le port de ce même manteau est étendu à d'autres peuples de l'Asie centrale et de l'Europe orientale : ibid., dépliant I, n"" 7, 8, 14, 15, 24 et 25. Voir aussi (). M. DALTON, 1964, p. IX sq. On se gardera donc d'attribuer une signification ethnique trop précise au manteau à pans obliques en dehors du fait qu'il faisait partie de la tenue de certains peuples de la steppe.

71. dette cuirasse à protège-nuque est portée aussi bien par des fantassins que par des cavaliers comme en témoignent de nombreuses représentations sur des gemmes : Persépolis II, p. II, pi. 9, n° 30; A. Furtwangler, 1900, III, p. 121, fig. 82; ibid, I, pi. XI/9;.S'/M, pi. 123E et 124A ; H. Seyrig, 1952, p. 196, pi. XXXI/1 ; J. Boardman, 1970, fig. 291, pi. 881, 882 et 883 ; M. K. Maximova, 1928, fig. 2 ; H.-P. Francfort, 1975, fig. 1 ; L. Delaporte, 1910, n° 403. Selon M. PFROMMER, 1998, p. 77, n. 518, elle figure sur plusieurs combattants orientaux de la mosaïque d'Alexandre. D'après les représentations de la glyptique le protège-nuque prolonge sans interruption la partie arrière de la cuirasse. La «mirasse retrouvée dans la tombe dite de Philippe à Vergina, bien qu'elle fût de type grec, était pourvue d'un protège-nuque analogue, fait d'une plaque rectangulaire distincte mais fixée sur le corset: M. ANDRONIKOS, 1984, p. 144, fig. 95-96. Le protège-nuque dont il est ici question ne se confond pas avec la haute collerette métallique qui formait une pièce à part et qui est bien attestée de l'Iran à la Chine : Xénophon, Cyropédie VI, 1, 29 ; De l'art équestre XII, 2 (armement perse; ; P. BERNARD, 1987, p. 762 sq. ; M. V. GoRELIK, 1987, p. 116 sq., fig. 2-4; K. ABDliLLAEV, 1995b. p. 173 sq., fig. 4/2, fig. 6/2-4 et 13 fAsie centrale) ; M. V GoRELIK, 1993, pi LVI/ 19, 21 'Chine;.

72. Même type de casque sur deux des quatre combattants orientaux du cylindre du Cabinet des Médailles : L. Delaporte. 1910, n° 403, pi. XXVIII, ici fig. 21. Pour les casques métalliques utilisés par les Perses et les Mèdes voir M. V. GoRELIK, 1982, p. 91-94, pi. I ; plus généralement sur la typologie des casques en Iran et en Asie centrale jusqu'à la Chine voir le même, 1993, p. 168-175, pi. LXII.

73. Cf. le bonnet des Sogdiens à l' Apadana : G. WALSER, 1966, pi. 70.

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1406 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

un matériau souple, du cuir probablement. Un couvre -chef gît à terre, abandonné, sous le ventre du cheval du vainqueur. Bien que sa forme le rapproche des « casques » moulants du camp des vainqueurs, on sera tenté de l'attribuer à celui des fuyards, d'autant que son incrustation de couleur vert foncé se retrouve sur le bashlyk du cavalier en fuite. On notera que sur les manteaux des vaincus le haut des manches était barré d'une sorte de brassard qui se différenciait par une incrustation de couleur aujourd'hui perdue et qu'il faut sans doute se représenter comme une broderie de l'étoffe74.

Dans ce même camp des vaincus on remarque, grâce à la conservation de certaines incrustations exécutées selon la technique du verre mosaïque dont nous avons parlé plus haut, le riche décor de certaines étoffes : sur les pantalons du fantassin de l'extrême droite motif de bandes croisées longitudinales et transversales délimitant des carrés ponctués d'une cercle (rosette ?) ; cercles (rosette ?) sur les chaussures souples du cavalier, tous ces motifs sont en bleu clair. La disparition des incrustations ne permet plus de savoir quelle ornementation avaient reçue les pantalons des vainqueurs à gauche. On notera que derrière le cavalier en fuite, au-dessus de la croupe de sa monture, dépasse une pièce d'équipement allongée qui conserve des traces d'une incrustation bleuâtre (turquoise ?) et dont la forme recourbée rappelle celle d'un arc qui émergerait à moitié d'un carquois suspendu au flanc gauche du cheval75. C'est effectivement l'endroit où l'on attend cette arme. L'explication serait satisfaisante si le cavalier ne tenait déjà un arc dans sa main gauche.

L'arc des deux cavaliers est du type composite à double courbure. Les fantassins du camp vainqueur sont armés d'une lance qu'ils portent appuyée sur une épaule, puisqu'ils ne sont pas encore engagés dans la mêlée, alors que dans le camp adverse le fantassin se défend avec un pic de combat qu'il brandit d'une main76. Le souci d'exactitude de l'orfèvre va jusqu'à indiquer par un renflement le talon de la lance de l'un des deux fantassins de gauche, que l'on retrouve identique sur l'arme des gardes royaux à Persépolis et à Suse (fig. 24), et qui se détachait, souligné par une incrustation perdue, sans doute en turquoise comme pour la haste et le fer qui la terminait77. Ce détail correspond à une garniture métallique arrondie dont un exemplaire a été trouvé récemment dans la fouille franco-ouzbèke de Samarkand-Afrasiab.

74. Cf. V. Schiltz, 1994, fig. 124-127 (vase de Koul-Oba) ; 177 (plaque-agrafe, collection sibérienne de l'Ermitage) ; Gold mis Kiew, 1993, fig. 17, 19 et 20 (casque de Perederieva Mogila).

75. Comme, par exemple, l'intaille H. SEYRIG, 1952, pi. XXXI/2. 76. Sur cette arme voir n. 57. 77. The Royal City ofSusa,ri» 155 et 156.

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TORQUE MfflO 1407

8. L'iconographie c : les races de chevaux

L'effort de différenciation s'est également porté sur les chevaux et leur harnachement. Le gabarit des bêtes est le même dans les deux camps, mais l'artiste a donné à la monture du vainqueur une tête au profil nettement arqué avec un front fuyant et un museau arrondi, caractéristique des chevaux proprement iraniens de l'art achémé- nide (fig. 25a), alors que la monture du cavalier en fuite présente une tête à profil droit qui l'apparente aux chevaux que nous dirions de race « arabe »78 (fig. 25b). On a sur les reliefs de Persépolis la même opposition entre, d'une part, les chevaux des haras royaux et ceux des délégations anatoliennes à la tête à profil arrondi79 (fig. 26) et, d'autre part, ceux des délégations syrienne, libyenne et thrace proches de ceux que l'on rencontre dans l'art grec80 (fig. 27). Quant aux bêtes des délégations centre -asiatiques, elles ressemblent davantage à celles du second groupe sans toutefois se laisser confondre avec lui81. On notera sur une intaille achéménide un souci analogue de distinguer le cheval à tête arrondie du vainqueur perse de ceux de deux nomades qu'il poursuit et qui ont pour montures des bêtes à museau droit*2. Ainsi les meilleurs des artistes achéménides avaient-ils cherché à exprimer dans leurs œuvres la diversité des races chevalines de l'immense empire que tous pouvaient contempler lors des grandes réunions des délégations des peuples venues pour la remise des tribus à Persépolis ou lors du rassemblement des armées. Comment n'auraient-ils pas été sensibles à la place centrale du cheval dans la vie et la culture iraniennes ?

Il serait toutefois hasardeux de vouloir aller plus loin et de se risquer, à partir de simples représentations, à des considérations précises sur les races de chevaux et leur rapport avec les diffé-

78. Contraste déjà souligné par M. PFROMMER,1998, p. 176, n. 1133. 79. Écurie royale : M. RûAF, 1983, pi. XII ; Miho Muséum, West Wing, 1997, n° 32, p. 75 et

77, ici fig. 26 (illustration particulièrement parlante] ; délégations anatoliennes : III (arménienne) : G. Walser, 1966, pi. 10 ; IX (cappadocienne) : ibid., pi. 16. Sur les races de chevaux à Persépolis voir G. WÀLSER, 1966, p. 104 sqq. ; E. HERZFELD, 1968, p. 6 sq. ; St. BlTT- NER, 1985, p. 228-232. M. Pfrommer est revenu à plusieurs reprises sur ces chevaux asiatiques « à museau d'ovidé » (« ramkopfig ») dans son ouvrage de 1998, p. 49, n. 345, p. 67, n. 455, p. 71, 78 sqq. et p. 176, n. 1133. C'est peut-être à ce profil très particulier que font allusion l'adjectif aiu.o( « camus » qu'Hérodote, V, 9, applique aux « poneys » des Sigynes, peuple d'au-delà de l'Istros, qui se réclamait justement d'une ascendance mède, et « la tête recourbée », Yaduncum caput des chevaux des Huns chez Végèce [Mulomedicina III, 6, 5).

80. VI (syrienne) : G. WALSER, 1966, pi. 83 ; XXII (lybienne) : ibid., pi. 20 ; XIX (thrace) : ibid., pi. 84.

81. Délégation VI (Scythes Tigraxauda) : G. WALSER, 1966, pi. 83; XVI (Sagartiens) : pi. 23 ; XVII (Sogdiens) : pi. 84.

82. J. Boardman, 1970, pi. 882.

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Illustration non autorisée à la diffusion

f\Loô

1408 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

1...—'*'"' i

FlG. 24. - Soldat de la garde royale, frise de briques glaçurees, Suse. Musée du Louvre, Sb 3302. D'après 7%e Royal City of Susa, n° 155.

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TORQUE MIHO 1409

FlG. 25 a et b. - Torque Miho. a. le cavalier poursuivant : tête en verre mosaïque du cheval ; b. le cavalier poursuivi : tête en verre mosaïque du cheval. D'après M. PKKOMMKR, 1998, pi. 18/4, 5.

rentes ethnies de l'Empire. Même supposés fidèles, les documents figurés ne peuvent justifier ce genre de conclusions générales qui font hésiter les spécialistes eux-mêmes, même quand ils disposent d'un matériel zoologique abondant, comme c'est le cas pour les kourganes gelés de l'Altaï8'*. Il faut compter aussi avec les conventions iconographiques propres au milieu artistique. C'est probablement parce que le grand peintre à qui l'on doit l'original reproduit sur la mosaïque d'Alexandre à Pompéi était grec que les chevaux des cavaliers perses à la bataille de Gaugamèle sont morphologiquement identiques à ceux des Macédoniens8', alors que

81 S. I. IUl)K\kO, 1970, p. ~>6' sq., résume les conclusions (le V. (). YÏTT, 1952, sur les x d'origine locale, trapus cl vigoureux, de race moti- ■ race supérieure du Ferghana; ; recherches actuelle- juc de nouvelles fouilles de kourganes gelés de l'AI- uvera d'utiles remarques sur les races chevalines.

chevaux des tombes de l'Altaï (cheval golc du t\ pe Pr/.ewalski, et chevaux d ment en cours sur le matériel organi taï: II. -P. Kr-wcfort, 2()(K). On tn notamment dans le monde gréco-rou

84. \1. Pfrommkr. 1998, p. 78 sq. ain, dans J. K. A\DF.iiso\, 1961, p.

2000 89

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1410 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

FlG. 26. - Musée Miho. Fragment d'une frise de l'Apadana de Persépolis. Chevaux « niséens » des haras royaux. Avec l'aimable autorisation du Musée.

l'habillement et l'armement perses ont fait, de sa part, l'objet de notations visant à leur restituer un caractère typiquement oriental. Sur la gemme du British Muséum dont il a été question plus haut (n. 58, n° 8, fig. 23), le graveur, un maître du dernier classicisme, ayant à représenter un cavalier perse poursuivant un char monté par deux orientaux, n'a, lui non plus, omis aucun détail susceptible de donner de la couleur locale aux costumes et au char, mais les chevaux avec leur têtes nerveuses et leurs museaux effilés, légèrement concaves, si différents des lourdes bête « niséennes » de Persépolis, ne dépareraient pas un char d'Apollon8'. Qui pourrait dire si les chevaux à tête gracile et museau fin, que montent sur les frises de Xalcajan en Bactriane, aux environs de notre ère, les nomades Yue-chi, reproduisent fidèlement les caractères physiques de leurs montures et non pas plutôt le type consacré par l'art grec que les artistes qui avaient modelé ces reliefs tenaient de la tradition grecque dont

85. G. Richtkk, 1 008, n° 502 (1; ; .1. B(MRI)M\\, 1970, p. M\, fîg. H(V\ et pi. couleurs à la

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TORQUE MIHO 1411

FlG. 27. - Persépolis. (Cheval de la délégation des Thraces (XTX). D'après G. Walser, 1966, pi. 84.

ils étaient encore tout pénétrés8'' ? Sans doute les graveurs d'in- tailles donnent-ils la préférence, quand ils représentent des cavaliers orientaux, aux chevaux à museau arrondi87, mais ce n'est pas une règle absolue88. A l'intérieur d'une même aire culturelle coexistent des types différents : ainsi en Arménie le cheval de type (f niséen » d'un célèbre rhyton d'Erébuni terminé par une figure de cavalier8" contraste fortement avec la protome de cheval de type plutôt arabe d'un autre rhyton de même provenance armé-

8(5. (>. \. Pl'G\CE\KOVA, 1971, p. 71 sq., fi g. 82-84. Le moule en plaire d'un cheval pris sur une vase métallique trouvé dans la fouille d'Aï Khanoum est l'un de ces modèles qui ont diffusé en Asie centrale l'image grecque traditionnelle du cheval : P. Bernard, dans (RAI, 1971, p. 433 sqq., flg. 25. On notera aussi que sur une tenture d'une tombe prineière de Noïri Ula, elle aussi des environs de notre ère, les chevaux d'un groupe de nomades, de petite taille, ont une morphologie d'une grande finesse : K. TREYER, 1940, n" 48, pi. 40. Leur tête ne ressemble en rien à celle des chevaux royaux persépolitains.

87. .1. Boardman, 1970, flg. 881, 882, 888, 889, 890, 904, 924, 925, 927, 928 et 929; II)., 2000, flg. 5/9 et 10. On rapprochera aussi le tesson peint d'époque perse trouvé à Masat lliïviïk (Phrygiej, représentant un cheval avec le profil courbe caractéristique de la tête: II)., 2000, ]). 200, flg. 5/851). Le contraste surprenant entre la robe sombre opaque de la bête et la couleur claire de la tête sur laquelle se détachent les détails du harnachement rappellent l'opposition analogue (pie l'on trouve sur le torque Miho entre le verre mosaïque de la tête et les incrustations du pelage. On a l'impression que le peintre du vase imitait un décor à incrustations.

88. la, 1970, flg. 831, 843 850, 863, 905 et 992 ; II)., 2000, flg. 5/20. 89. B. N. Arakeuan, 1976, p. 42 sq., pi. LVI-1A II ; Arménie, 1996, n° 182, p. 197-200

(F. ler-Marlirosov ;. Cf. aussi le rhyton de la collection Miho, \fifto Muséum, Snulh Winff, 1997, n° 35.

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1412 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

nienne90. Même si l'on doit, en raison de ces incertitudes, renoncer à vouloir préciser l'aire géographique des vaincus du torque Miho - quoique l'Asie centrale pour des raisons historiques évidentes vienne en tête des suppositions - , on mettra du moins au crédit de l'orfèvre le souci d'avoir fait en sorte que vainqueurs et vaincus apparaissent comme appartenant à des ethnies différentes : tout le monde savait quel nom mettre sur le camp des vainqueurs. Ce n'est pas par hasard si sur le sceau personnel du satrape perse de l'Egypte ce soit un Mède, ainsi caractérisé par son couvre-chef et son goryte, qui triomphe d'un adversaire en tenue nomade91.

Il n'est pas jusqu'aux tapis de selle qui n'aient été individualisés. Sur la monture du cavalier vainqueur le bord inférieur du tapis est pourvu d'une rangée de grosses franges formées chacune d'une virgule accolée à un élément circulaire marqué au centre d'un point, motif décoratif qui n'est pas sans rappeler certains tapis des cavaliers perses du sarcophage dit d'Alexandre de Sidon92 ffig. 28). En revanche sur le cheval du fuyard la couverture était dépourvue de franges, ses bords inférieur et arrière sont simplement découpés en ondulations. On ne peut s'empêcher d'être frappé par l'absence sur les chevaux du torque Miho du type de bordure le plus courant sur les tapis de selle orientaux, à savoir les franges en demi -nierions. Faut- il ne prêter à cette singularité aucune signification particulière ou, au contraire y voir l'intention d'écarter un poncif décoratif trop ressassé ? L'effort que l'on relève dans le style pour desserrer le carcan d'un art s'exprimant dans un langage de convention nous invite à préférer la seconde interprétation.

On notera enfin que sur la frise de l'élément semi- circulaire du torque les chevaux des cavaliers qui poursuivent un adversaire ont la queue nouée, mode fréquente dans l'art achéménide.

9. Indications d'une date relativement tardive et traces d'une influence grecque diffuse

II est devenu banal de souligner les difficultés que l'on rencontre à dater les productions de l'art achéménide qui, étroitement lié à

90. B. N. Arakeuan, 1976, p. 43, pi. LVIII. Ou encore pour la Thraee le cheval typiquement « niséen » du rhyton de Borovo, M. PFROMMER, 1998, pi. 19/1, qui s'oppose à ceux de la délégation XIX des Skudra à Persépolis, G. W/VLSER, 1966, pi. 84. Les représentations de chevaux dans le trésor de l'Oxus présentent la même dichotomie : type à museau arrondi : O. M. DALTON, 1964, pi. W, X, XIIF8, 44, 46 et XIV/45 ; type à museau droit : ibid., pi. II/9, IX et XI/99.

91. Voirn. 59, n° 11. 92. V. vo\ Graeve, 1987, fig. 9-12 M. Pfrommer, 1998, fîg. 5 (en haut et en bas à

droite).

Page 44: torque achéménide texte de Persée

o

s

o

FlG. 28. - Sarcophage dit d'Alexandre, Sidon. Musée d'Istanbul.

Tapis de selles des cavaliers perses. D'après M. PFROMMKR, 1998, fig. 5.

Page 45: torque achéménide texte de Persée

1414 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

l'idéologie conservatrice du pouvoir, est en permanence tenté de répéter, dans un style convenu, des formules iconographiques fixées à l'avance. Sans doute cette tendance peut-elle s'assouplir dans les arts mineurs quand l'artiste s'adresse à des clientèles qui ne sont plus celles des cours ou habitent dans les provinces loin des capitales fréquentées par le Grand Roi.

En ce qui concerne le torque Miho, on s'accorde à lui reconnaître, mais sans donner d'explication, une date dans la période achéménide tardive. Il nous semble que cette opinion, qui nous paraît juste dans son principe, peut se prévaloir de quelques raisons précises.

On pourrait tout d'abord dire que l'utilisation d'une technique aussi évoluée que le verre mosaïque et la composition ambitieuse d'une scène de combat à cinq personnages engagés dans une action complexe qui font du torque Miho une pièce exceptionnelle se conçoivent mieux dans une stade avancé de l'art achéménide. Mais ce type de raisonnement fondé sur le concept d'une évolution linéaire d'un art doit être manié prudemment. On est sur un terrain plus solide en constatant que l'imagerie du torque comporte un certain nombre de détails stylistiques qui s'accommodent difficilement d'une date haute.

Malgré les conventions que présente la silhouette du fantassin qui, dans la scène de combat, s'enfuit à l'extrême droite (torse de face, tête et jambes de profil), l'attitude du corps penché vers l'avant, emporté par l'élan de la course, le mouvement très souple des jambes qui se plient et des genoux qui fléchissent sans rien d'anguleux ni de mécanique, le pied droit en retrait qui décolle du sol mais le touche encore de la pointe, la tête rejetée vers l'arrière comme pour mieux voir l'adversaire monté qui attaque du haut de son cheval, tout cela rompt avec la rigidité des schémas achémé- nides et n'est guère explicable sans une certaine familiarité de l'orfèvre avec l'esprit naturaliste des représentations à la grecque. On mettra également au compte d'une influence grecque le souci de diversifier les attitudes qu'un artiste travaillant dans les premiers temps de l'Empire se serait contenté de répéter sans changement. Ainsi, dans le groupe des deux fantassins porteurs de lance à l'extrémité gauche, l'orfèvre se libère de la tentation de reproduire mécaniquement le schéma, certainement présent à son esprit, de personnages identiques côte à côte qui se surimposent en silhouettes décalées, connu aussi bien dans la sculpture93 que dans la glyptique94. Le personnage du fond se distingue de son compagnon

93. Persépolis : Persepolis I, pi. 72, 87B-C. 94. J. Boardman, 1970, pi. 877 (Paris, Bibliothèque nationale) ; ibid., pi. 882 (Leningrad, n° 375) ; SPA, pi. 123Q (Berlin)

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TORQUE MIHO 1415

qui l'occulte partiellement au premier plan par le geste qui détache son bras gauche avancé, poing fermé95. Enfin, au-dessus de la scène de combat, la patte soulevée des oiseaux qui encadrent Ahura Mazda, introduit un élément de vie et de naturel qu'on ne s'attend pas à trouver dans une composition d'esprit héraldique.

Nous avons pensé pouvoir discerner une certaine ressemblance dans la forme très particulière des franges du tapis de selle entre le cavalier vainqueur du torque Miho et certains des cavaliers perses du sarcophage d'Alexandre (p. 1412). Faudrait-il en déduire que ce détail iconographique représente sur le torque Miho un apport gréco- perse ou voir en lui, dans les deux représentations, un motif décoratif strictement perse connu par ces seuls exemples ? Rien ne permet de décider entre les deux possibilités.

On hésitera, malgré les apparences, à reconnaître un autre emprunt à l'iconographie grecque dans l'attitude des cavaliers en fuite (pectoral et frise du torque proprement dit), qui, dans un réflexe d'épouvanté ou de supplication, se retournent vers leur poursuivant et tendent un bras vers lui96. Il est vrai que ce geste fait partie du répertoire expressif le plus courant de l'imagerie grecque et qu'on le trouve en particulier sur la mosaïque d'Alexandre du musée de Naples où Darius III s'enfuyant sur son char devant Alexandre est figuré dans cette attitude97, ou encore sur des peintures de vases apuliens des environs de 330 environ qui représentent des variantes du même épisode98. Mais c'est oublier que ce geste est également utilisé dans les arts orientaux pour exprimer les mêmes émotions, notamment dans le domaine néo- assyrien99 où il figure en bonne place dans les scènes de guerre, notamment de cavaliers pourchassés par un adversaire, et qu'il fait partie du répertoire des ateliers achéménides de graveurs d'intailles comme en témoigne une scène de poursuite de cavaliers sur un scaraboïde de l'Ermitage100 (fig. 22). Il ne faut pas chercher ailleurs, selon nous, l'origine de sa présence dans les représentations de poursuite à cheval du torque Miho.

Même si l'on doit renoncer à faire de ce dernier motif un emprunt au domaine grec, on sent par les autres détails évoqués que sur le

95. J. BO/VRDMAN, 2000, p. 194, dessin fig. 5/78, distingue un arc dans la main gauche avancée.

96. M. Pfrommer, 1998, p. 176. 97. Voir en dernier lieu la monographie de Id., 1998; voir aussi A. STEWART, 1993,

p. 130-150. 98. M. Pfrommer. 1998, p. 173-186, fig. 27 ; A. Stewart, 1993, p. 150-157. 99. Y. Parrot, Assur. 1969, fig. 50 et 52 ; J. Read, British Muséum, Assyrian Sculpture, 1983,

fig. 58; J. K. Anderson, 1961, pi. lia. 100. Voir n. 59, n° 9. Sur le cvlindre néo-élamite du grand-père de Cyrus (supra n. 59)

le fantassin qui s'enfuit poursuivi par un cavalier lève les bras au ciel tout en retournant la tête.

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1416 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

pectoral du torque Miho les conventions achéménides se font moins pesantes et que les représentations de personnages sont touchées par un frémissement de naturel venu certainement d'une certaine présence de l'esthétique grecque dans l'horizon artistique de l'orfèvre.

Il aura fallu du temps pour que les effets de ces contacts, même distants et non recherchés, avec l'art grec se fassent sentir chez un artiste oriental, surtout si le torque Miho, comme nous en faisons l'hypothèse, fut une commande officielle exécutée dans un atelier royal. Les contraintes attachées à la production de ce type d'objets qui, grâce à l'utilisation de formules décoratives bien établies, devaient immédiatement être identifiés comme des cadeaux honorifiques émanant du Grand Roi limitaient le champ de l'innovation qui aurait fait appel à des formes grecques, alors que les emprunts faits à l'Egypte, eux, se conciliaient plus aisément avec le substrat perse-achéménide.

Les critères stylistiques recommandent donc de placer le torque Miho au plus tôt vers la fin du V siècle et de préférence au rv siècle.

10. La localisation de l'atelier: Suse (?)

Le lieu de trouvaille du torque Miho qui aurait pu nous fournir quelque indication sur l'atelier d'où il était sorti nous demeure inconnu. On doit donc s'en remettre pour localiser cet atelier, auquel nous sommes également redevables de la paire de bracelets à corps de bouquetins de la même collection Miho, qui forment manifestement avec lui un seul et même ensemble101, à une étude comparative susceptible d'établir des affinités stylistique entre ces pièces et des objets d'origine bien connue. Plusieurs des bijoux découverts dans la tombe achéménide de l'acropole de Suse que nous avons déjà eu l'occasion de mentionner plus haut présentent justement un certain nombre d'éléments décoratifs caractéristiques exécutés dans la technique du cloisonné qu'ils partagent avec le torque et les bracelets à bouquetins du musée Miho.

L'élément le plus significatif, car il n'est pas, autant que nous le sachions, attesté ailleurs, est une frise faite d'une rangée de rhombes à côtés concaves qui se touchent par les pointes de leurs angles : sur le torque Miho frise médiane ; à Suse sur le torque102 étroite bande derrière la crinière des têtes de lions (fig. 15) et sur la

101. Miho Muséum, South Wing, 1997, n° 39. 102. The Royal City ofSusa, n° 171.

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TORQUE MIHO 1417

paire de boucles d'oreilles discoïdales103 frise associée, comme sur le torque Miho, à une zone de pétales à bout retourné (fig. 17). Chacun de ces rhombes est rempli d'une incrustation de turquoise (ou de lapisj, ponctuée en son centre d'un minuscule clou d'or fiché dans la pierre précieuse. Les côtés des rhombes délimitent latéralement entre eux des alvéoles en amandes et forment en haut en en bas avec les bords de la frise d'autres alvéoles en sections de cercles. Tous ces compartiments sont incrustés de turquoise et de lapis.

La silhouette du buste d'Ahura Mazda ou de la personne du Grand Roi inscrite dans des médaillon circulaires et portée par un croissant lunaire se retrouve sous la même forme extrêmement stylisée et découpée dans une feuille d'or avec détail poinçonnés à la fois sur le torque Miho (disques périphériques du pectoral et applications sur la partie tubulaire arrière du torque), à Suse sur une paire de boutons104 (fig. 18) et sur des séparateurs de collier105, ainsi qu'à Persépolis où un séparateur de même type a également été recueilli10".

Une imbrication d'éléments triangulaires à bout arrondi et recourbé simule de fines plumes sur la tête et le cou des canards du torque Miho. A Suse la même imbrication est utilisée pour la crinière des têtes de lions du torque107 (fig. 15) et des bracelets108 (fig. 16). On la retrouve à la même place sur une paire de bracelets à double enroulement du trésor de l'Oxus109.

Les analogies étroites et dans certains cas exclusives que nous venons de relever entre le torque Miho et le matériel de la tombe de Suse, dont les principales pièces (torque, bracelets, boucles d'oreilles, boutons; présentent entre elles une forte homogénéité de technique, de système décoratif et de style, autorisent à formuler l'hypothèse d'un atelier commun qui aurait pu se trouver à Suse même110. En revanche on ne sait rien du lieu de trouvaille du torque Miho si ce n'est qu'il provient vraisemblablement d'une tombe comme l'indique la paire de bracelets à bouquetins ailés qui fut certainement découverte avec lui et qui fut fabriquée

103. The Royal City ofSusa, n° 178 ; Les pierres précieuses de l'Orient ancien, fig. 242c (détail agrandi).

104. The Royal City of Susa, n° 179. On rapprochera aussi pour ce motif et la manière dont il a été traité une paire de boucles d'oreille répartie entre le musée de Boston et la collection N. Schimmel : voir n. 48.

105. J. de Morgan. 1905, p. 52 et 80, pi. V/6 ; E. Rehm, 1992. D15n, fig. 69. 106. Persépolis II. pi. 43/10 ; E. REHM, 1992, D15m. fig. 69. 107. The. Royal City ofSusa, ri' 171. 108. Ibid.,ri 172-173. 109. (). M. Dalton, 1964. n" 117 et 118, fig. 65, pi. XVIII/118; E. REHM, 1992, A44, fig. 9. 110. Pour des mentions d'orfèvres à Persépolis ou Hidali xair supra n. 32.

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1418 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

par le même orfèvre111, les trois pièces ayant été mises en même temps sur le marché des antiquités.

11. La date en chronologie absolue : le IV siècle avancé

Si le rapprochement que nous venons de faire est exact, les deux trouvailles devraient donc être à peu près contemporaines.

Dans la tombe de Suse, parmi le matériel funéraire, ont été recueillis deux sicles d'argent d'Arados112 que le fouilleur J. de Morgan a rattachés à un groupe de monnaies de cette ville datées globalement par E. Babelon des années 350-332113. On a donc attribué l'inhumation et son matériel au troisième quart du IVe siècle, à la fin de la période achéménide, datation qui pendant longtemps n'a pas été contestée, ni par les numismates ni par les spécialistes de l'orfèvrerie achéménide114. Ces monnaies viennent d'être réexaminées par Mme J. Elayi, qui propose pour elles, à partir de la meilleure connaissance que l'on peut avoir aujourd'hui des monnayages phéniciens grâce à l'enrichissement du matériel numismatique et archéologique115, une datation sensiblement plus haute, dans le dernier quart du Ve siècle116. Si l'on accepte celle-

111. Miho Muséum. South Wïng, n° 39, où une commune provenance est attribuée aux trois objets, ("est en Asie Mineure, mais non exclusivement, que des fouilles clandestines ont livré depuis une trentaine d'années quantité d'objets achéménides ou apparentés, notamment la haute vallée de l'Hermos : I. ÔZGEN, J. ÙZTÛRK, 1996 ; cf. D. VON BoTHMER, 1981. L'Afghanistan et le Pakistan ont également été fertiles en trouvailles d'antiquités achéménides : I. R. PlCHlKYAN, 1997, où l'auteur défend à l'aide d'arguments invraisemblables la thèse, qui lui est chère, d'une appartenance de ce lot d'objets précieux à l'ancienne trouvaille du trésor de l'Oxus faite à la fin du XIX1' siècle.

112. J. DE MORGAN, 1905, p. 57 sq., décrit ces monnaies et renvoie pour comparaison à l'ouvrage d'E. Babelon, Les Perses achéménides, 1893, mais ne les illustre pas. Elles figurent anonymement, sans référence à la tombe de Suse, dans l'ouvrage de G. Le RlDER, 1965, p. 205, n° 508, pi. XXXVII. ("est M1"1' J. ELAYI, 1992, qui les a identifiées parmi les trouvailles monétaires de Suse rapportées au cabinet des Médailles de Paris d'après la description laissée par J. de Morgan.

1 13. En termes historiques ces quinze à vingt années correspondent à la période qui va du rétablissement de l'autorité d'Artaxerxès III sur la Phénicie révoltée à l'instigation du roi de Sidon Tennès jusqu'à la soumission d'Arados à Alexandre : E. BABELON, 189.3, p. CLVI sqq. Sur cette révolte phénicienne dont la chronologie demeure floue voir Diodore, XVI, 40-46 ; commentaire de P. Briant, 1996, p. 701-704. E. Babelon, 1893, p. CLV, faisait commencer le monnayage d'Arados vers 400 en même temps que celui de Tyr, de Sidon et de Byblos.

114. En dernier lieu M""" Fr. Talion dans The Royal City ofSusa, 1992-1993, p. 242, qui n'a pu connaître l'article de M1"'' J. Elayi, reprend la fourchette de 350-332 donnée par E. Babelon. De même A. D. H. BlVAR, 1961, p. 195 sq., accepte également, d'après les monnaies, une date autour de 350 av. notre ère, tout en précisant que la phiale en argent à décor de feuilles de nelumbo qui faisait partie du matériel funéraire aurait pu être acquise par le défunt en Egypte même durant la seconde domination perse, à savoir pendant les années 342-332 av. notre ère : cf. aussi n. 119.

115. J. Elayi, 1993. 116. Ead., 1992.

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TORQUE MIHO 1419

ci117, on prendra garde toutefois que le repère chronologique modifié que livreraient ces monnaies n'est pas absolument contraignant. Le matériel de la tombe peut théoriquement, soit dans son entier soit en partie, être ou plus ancien ou plus récent que les monnaies, selon que d'autres critères qui ne relèvent pas de la numismatique imposent de le rajeunir ou de le remonter dans le temps. Nous avons exposé plus haut les facteurs stylistiques qui, à notre sens, plaident pour une date plutôt tardive dans l'époque achéménide. Nous inclinons donc à penser que, si les études à venir devaient confirmer la date haute des deux sicles d'Arados, il faudra les dissocier chronologiquement du reste du matériel de la tombe de Suse, d'autant que leur conservation jusqu'à leur enfouissement ne paraît pas avoir été conditionnée par les nécessités ordinaires de la circulation monétaire. Leur présence est, en effet, surprenante dans la sépulture d'un personnalité de haut rang appartenant aux milieux achémé- nides, à proximité immédiate du palais royal. Malgré l'absence des indications qu'aurait pu fournir éventuellement leur emplacement à l'intérieur de la tombe, dont le fouilleur n'a rien dit, on peut être certain que ces monnaies ont été déposées auprès du corps non pour leur valeur de numéraire, mais pour la signification particulière qu'elles avaient pour le défunt ou la qualité de talisman qu'on leur attachait118. Qu'il y ait eu dans ces conditions un décalage chronologique entre leur date d'émission et leur dépôt dans la tombe de Suse n'aurait donc rien de très surprenant119.

117. Tout ou presque repose sur la forme de l'œil de la tête masculine du droit que J. de Morgan disait être représenté de profil alors que M1™ J. Elayi reconnaît un œil de face. Le très mauvais état de conservation du droit de ces monnaies, que j'ai pu examiner personnellement grâce à l'obligeance de M. Amandry, conservateur en chef du Cabinet des Médailles, rend le jugement difficile.

118. J. ELAYI, 1992, p. 269, parle d'amulettes et mentionne des cas de tombes phéniciennes qui contenaient aussi des monnaies divisionnaires.

119. La phiale en argent à décor de feuilles de nelumbo et de fleurs de lotus (The Royal City oj Susa, n6 170), trouvée avec les autres objets de la tombe, s'accommoderait du maintien de l'ancienne datation basse à laquelle ni la typologie ni la décoration ne s'opposent: H. Lischey, 1939, p. 125, n° 2, et p. 127 ; M. Pfrommer, 1987, p. 133, ri. 1 7 1 et 867. A. D. H. BlVAR, 1961, abaisserait même la date jusqu'à la période correspondant à la seconde occupation perse de l'Egvpte (342-332). C'est lors d'un séjour fait à ce moment-là dans le pays que l'occupant de la tombe de Suse aurait acquis, avec la phiale, les deux monnaies d'Arados, ainsi que deux amulettes typiquement égyptiennes (l'une en forme de sphinx, l'autre de chat) qui faisaient partie du matériel funéraire. A. D. H. Bivar attribue également à un atelier égyptien avant fonctionné dans les années qui ont suivi la conquête d'Alexandre une autre phiale de type « achéménide » avec le nom iranien de son propriétaire inscrit en araméeen itryprn - « qui bénéficie de la gloire du [dieu; Tir » : cf. TtpiôdTT|Ç et Tia<ja<j>épiT|Ç). Mais la date autour de 300 communiquée à l'auteur par l'iranologue bien connu W. B. Hen- ning pour l'inscription de ce vase repose uniquement sur des critères paléographiques et ne peut être tenue que comme approximative.

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Ainsi considérons -nous que les bijoux susiens et, avec eux, le torque Miho se situent quelque part dans la période qui va du début du IVe siècle à la conquête d'Alexandre. Notre préférence irait à une date plutôt avancée dans cette période, car on voit bien que sur le torque Miho la rigidité du style achéménide a eu le temps de s'assouplir dans un climat artistique qui, même dans les ateliers royaux par vocation traditionalistes, devient de plus en plus perméable à une esthétique grecque diffuse, largement disséminée par les contacts qui, tout au long du IVe siècle, se multiplient entre la Perse et le monde grec. On n'opposera point à cette date que les connotations égyptiennes du torque se concilient mal avec le fait que l'Egypte avait alors échappé à la domination perse et qu'elle ne s'y retrouva soumise qu'en 342, pour une dizaine d'années jusqu'à la conquête d'Alexandre (332). Exécuté vraisemblablement dans un atelier royal hors d'Egypte, le bijou échappe à l'objection. Quant aux raisons particulières qu'on aurait pu avoir en haut lieu, à Suse ou dans toute autre capitale achéménide, de passer commande d'un bijou honorifique teinté de goût égyptien, même si les Perses avaient alors évacué la vallée du Nil, il en est tellement de plausibles qu'il vaut mieux ne pas s'étendre sur elles.

12. L'inscription grecque. Exemples d'inscriptions pondérales grecques dans l'Orient hellénisé

Au revers du pectoral a été gravée une inscription grecque donnant le poids de l'objet MN • A • ÀP * C (angulaire) (fig. 29a et b). Dans la notice la plus développée, celle du catalogue Miho Muséum, West Wing (1997), n° 38, cette date avait été mal lue car l'abréviation M N pour mna « mine » n'avait pas été reconnue comme telle, non plus que le sens de la dernière lettre en forme de sigma carré qui représente, dans le système de numération alphabétique appliqué ici, l'ancien digamma grec, c'est-à-dire le chiffre 6120. Il faut donc

120. Sur le système de numération alphabétique (par exemple A - 4) qui succède au système dit acrophonique (où A = ôéra =- 10), voir M. (iUARDUOCI, 1967, 1, p. 422-428 ; M. N. ToD, 1979, p. 84-139. Le système alphabétique, longtemps concurrencé par la notation acrophonique qui est plus ancienne, ne commence vraiment à s'affirmer que vers le milieu du IIIe siècle av. notre ère pour finalement éliminer son rival au début du rr siècle av. notre ère. Mais la date n'explique pas tout car les considération locales jouent également leur rôle dans l'adoption de tel ou tel système numérique, (l'est ainsi qu'Athènes contribua à la large diffusion de la notation acrophonique qui fut longtemps courante chez elle (les comptes de Délos en pleine époque hellénistique utilisent encore cette notation;. Dans les tombes royales de Vergina qui datent en gros du 3e quart du IV siècle av. notre ère, les indications de poids sur les vases en argent suivent, à une exception près, la nouvelle numération alphabétique : M. ANDRONIKOS, 1984, p. 157 sqq. (tombe dite de Philippe), p. 212 (tombe dite du Prince), mais à Amphipolis un acte de vente du milieu du IIIe siècle av. notre ère utilise la

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TORQl'E MItIO 1421

FlG. 29 a et h. — Musée Miho. Le torque. L'inscription grecque du revers : a. photographie ; b. fac-similé.

lire : « une mine, 6 drachmes. » La correction fut faite peu de temps après par M. H. Inagaki lui-même dans un publication japonaise121. Nous avons jugé qu'il serait utile, eti la reprenant ici, de la rendre accessible aux lecteurs non japonais. Si brève qu'elle soit, cette inscription pondérale mérite quelques éclaircissements qui aideront, de leur côté, à tirer de sa présence sur le torque Miho un certain nombre d'enseignements.

notation acr<>]>honi(|iie sous l'influence persistante de son ancienne métropole athénienne : M. 15. Il VIY.OPOl LOS, 1991, p. 48 sq. <i\° 10; et 57. C'est le même système acrophonique qui est attesté sur une phialc en or de l'anagjuristc à la fin du IV siècle (II. C\HN, 19(>0;, ainsi qi sur la eoupe en argent aux masques de théâtre dite « de l?ari » ou du trésor de Tarentc dans le deuxième quart du IIP siècle av. ri j). 4()sqq., VI. Pl'IîOUUKR, 1987, p. Y\2-YM\\ cf. n. Hl;. Ces (loti système alphahélique, pour lesquels entrent en ligne de rompt lions chronologiques que d'usage local rappelons que nous

■ncore « Coppa Tarcntina » tre ère l\<]. L as, 1!)87, inenls dans l'adoption du aussi bien des considera-

gnorons la provenance du lorque Miho empêchent de tirer aucune conclusion précise pour la date de son inscription gnh((]\)c de l'emploi qui y est fait de ce système numérique.

121. H. Inagaki, Shurnci Bijutu, Shuinei Culture Foundation, 5 Novemher 1997, p. 70, n. 70.

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II ne fait pas de doute que nous nous trouvons ici dans un système pondéral fondé sur une drachme attique de 4,32 g et une mine correspondante de 432 g. Le poids inscrit sur l'objet est donc de 432 + 26 g, soit 458 g. La différence de 36 g avec le poids réel actuel qui est de 422,5 g s'explique par les parties manquantes, à savoir essentiellement les huit pendeloques accrochées au pectoral et un certain nombre d'incrustations.

La notation du poids sur un objet en métal précieux permet de s'assurer que ledit objet n'a subi aucune soustraction de son métal ni aucune substitution. Elle est donc liée à la conservation de l'objet dans une réserve familiale d'objets précieux ou dans une trésorerie d'Etat ou dans un trésor de sanctuaire, les deux derniers cas n'en faisant souvent qu'un. Lorsque l'inscription grecque fut apposée sur le torque Miho, celui-ci était devenu la propriété de Grecs, qu'il se soit agi d'un particulier, d'une cité (par exemple le butin des guerres médiques à Athènes)122 ou d'un prince. Si l'inscription avait enregistré l'entrée du torque dans une collection ou une trésorerie iranienne, elle aurait été rédigée dans une des langues écrites en usage dans l'Empire, le vieux-perse, l'élamite, le babylonien, l'égyptien ou plus probablement l'araméen, utilisé couramment comme langue de travail dans les chancelleries123. Cette observation n'exclut pas a priori la possibilité que l'acquisition de ce torque par un Grec se soit faite alors que le pouvoir achéménide était encore en place, mais elle rend plus probable une date dans les débuts de l'hégémonie grecque au Proche-Orient, elle-même plus conforme à la paléographie de l'inscription (cf. infra).

La mention sur un objet de son poids en métal précieux est une pratique bien attestée dans le monde grec à la fois par les inventaires des trésoreries et par les trouvailles archéologiques. Dans les inventaires, sans que ce fût une règle, la gravure du poids sur les objets, destinée à faciliter la transmission de magistrat en magistrat des biens dont ils avaient le dépôt et qui étaient soumis à un

122. D. B. Thompson, 1956 ; M. C. Miller, 1997, p. 29-62. Dons du Grand Roi à des cités : Hérodote, VII, 116 ( à Acanthe vêtements mèdes) ; VIII, 120 (à Abdère akinakès en or et tiare brochée d'orj.

123. On connaît de nombreux vases en métaux précieux ou en pierre où le nom du roi accompagné d'un titre est gravé en vieux-perse, élamite, babylonien, ou hiéroglyphique égyptien, ou dans plusieurs de ces langues à la fois, beaucoup plus rarement en araméen : Persepolis II, p. 84-91, notamment p. 87; P. Amiet, 1990; M. C. Miller, 1997, p. 129; A. ZoilRNATZI, 2000, p. 694 sqq. ; R. ScHMITT, 2001 (sous presse ; je remercie l'auteur de m'avoir permis de prendre par avance connaissance de son étude;. Clés inscriptions faisaient de ces vases des cadeaux honorifiques du Grand Roi. (Test pourquoi on a choisi les quatre langues « nobles » de l'Empire, de caractère cérémoniel, de préférence à l'araméen à vocation utilitaire. Ces récipients pouvaient être inscrits à l'avance dans les trésoreries royales où ils étaient conservés comme en témoignent certains exemplaires retrouvés dans celle de Persepolis.

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contrôle lors de la passation de pouvoir, est fréquemment mentionnée avec ou sans le nom des dédicants et des divinités honorées, et exceptionnellement avec celui du fabricant. Nous donnons quelques exemples parmi des centaines121.

L'inscription du poids est mentionnée lors d'une vérification par la pesée qui confirme le chiffre : ainsi à Athènes au Parthénon, IG II 2, 1443, 130-131 : « une phiale en or lisse (c'est-à-dire sans décor), pesant le poids qui est écrit sur la phiale : 189 drachmes 3 oboles » ; 4>idtXr| xwf) ^a àyovoa oTaQ[ibv o èmyéypaTTTai êm ttjl 4>LdXr|t. A Délos, ID 1432 (132/1 av. J.-C.j, A b, II, 25-28, le poids total de deux vases dits rhodiens correspond bien à la somme des poids inscrits : TaOTa fyyayev crraôéVra êiu t6 aÙTO. Il arrive qu'on constate une différence entre poids inscrit et poids réel : à Délos au temple des Athéniens, en 279 av. J.-C, IG XI 2, 161, B, 107-114, sur 21 couronnes accrochées aux murs de l'édifice il est dit que 8 excèdent à la pesée leur poids inscrit (on ne s'explique pas pourquoi) : ô TTéfiTTToç èmypcuf^v eîxev 113 drachmes 3 oboles; crraôeiç ôè eÏXkwev 122 drachmes125. La mention des 13 autres couronnes est simplement accompagnée d'un poids, ce qui laisse entendre que leur poids réel coïncidait avec leur poids inscrit, bien qu'il ne soit pas fait état expressément de ce dernier. Au sanctuaire d'Apollon Didyméen, les administrateurs enregistrent à plusieurs reprises des offrandes <xv£mypa(J>oç ôXKfjç kcù vo(j.ia|j.aToç ; « sur lesquelles ne sont inscrits ni le poids ni l'étalon » (Didyma II, 467, 12-13 ; 468, 12- 13 ; 469, 6-8 ; 433, 18-20)126, ce qui implique que d'autres comportaient des inscriptions de ce type127, même si elles ne sont pas mentionnées. Dans les inventaires du Parthénon pendant une soixantaine d'années, entre 402/1 et 341/0, se répètent sans la moindre modification les poids de 20, puis de 27 hydries. En fait les trésoriers recopiaient sans vérification par la pesée les poids gravés sur les vases, puisque le poids global des vingt premières hydries effectivement pesées en 402/1, lors de l'entrée de ces vases dans le trésor d'Athéna, ne correspond pas exactement à la somme des poids individuels, et que cette différence aurait dû être corrigée lors des pesées individuelles ultérieures si celles-ci avaient vraiment eu lieu128. Dans certains cas l'inscription du poids est même rendue obliga-

124. Nous les empruntons pour la plupart à l'étude de J. TrÉHEUX, 1965, p. 53 sqq. 125. Cf. à Athènes IG IF, 1463, A, 15 sq. ; 1440, B, 30, 38 et 42 ; 1444, 30 ; 1449, 29-30. 126. A Didvmes le poids d'une phiale est donné en drachmes « épiohoriques », celui

d'une autre en « drachmes d'étalon d'Alexandre », 'AXeÇàvôpeicu : Didyma. II. Die Inschrif- ten, 471, 6-9.

127. Dans les inventaires attiques on trouve parfois ârypa(j>oç pour àvETr(ypa<j)oç : J. TrÉ- HEUX. 1965, p. 66. Quand l'objet se prête mal à une gravure directe, le poids peut être porté sur une étiquette (TréTEUpovj, comme à Délos pour une couronne : IG XI, 2, 208, 12.

128. J. Tréheux, 1965, p. 51-55.

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1424 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

toire : à Mylasa, à la fin du IIe siècle av. J.-C, les citoyens honorés par la tribu des Hyarbesites s'engagent à consacrer au Zeus patron de la tribu un vase à boire ou une phiale en argent pesant 100 drachmes d'étalon alexandrin et dont l'inscription gravée mentionnera, outre le dédicant et le Zeus des Hyarbesites, le poids129 : on voulait par cette obligation s'assurer que les remerciements des personnages honorés par la tribu ne se matérialiseraient pas par des offrandes au rabais.

Des exemplaires réels de vases d'or et d'argent parvenus jusqu'à nous matérialisent sous nos yeux ce type d'inscriptions pondérales. Là encore on se contentera de quelques exemples empruntés principalement à l'Orient hellénisé. Au IVe siècle av. notre ère sur une phiale à omphalos de Panagurishte le poids est donné à la fois en drachmes grecques et en dariques130. Sur une coupe du trésor de Tarente se lit également son poids131. A Vergina, sur les 20 pièces en argent du service à boire que contenait la tombe dite de Philippe cinq portaient des inscriptions pondérales dont trois donnant les poids en drachmes attiques1'2. Il en va de même avec l'hydrie funéraire en argent de la tombe dite du Prince sur le même site133. Trois des riches ensembles de vases d'argent entrés récemment au J. Paul Getty Muséum de Malibu en provenance de l'Iran parthe et de l'Asie centrale134 et qui couvrent la période des deux derniers siècles av. notre ère contiennent respectivement

129. W. Blûmel, 1987, n° 301. 130. H. Cahn, 1960. 131. P. WlîIIXEUMIER, 1930, pi. VIII ; la, 1939, p. 399, pi. XIX. L'inscription est incom

plètement conservée. Sur cette coupe aujourd'hui disparue, dite « de Bari » ou encore « Coppa Tarentina », qui fut découverte fortuitement un an avant le gros du trésor, mais dont l'appartenance à ce dernier ne fait pas de doute, voir M. PFROMMER, 1987, p. 132-136, 162 sq. et 249, qui la date des années 280-260 ; cf. aussi n. 120.

132. VI. Andronikos, 1984, p. 157 sqq. : 2 coupes à anses : a. H B et 3 traits horizontaux 62 + 0,5 si l'on considère que les traits horizontaux désignent des fractions d'unités, proba

blement des oboles, pour un poids de 266,2 g, soit une unité de 4,26 g ; b. H F et 3 traits horizontaux = 63 + 0,5 pour un poids de 269,8 g, soit une unité de 4,25 g; une passoire : outre le nom macédonien de Machatas, au génitif MAXATA (le propriétaire d'originej, AAAAI 41 (numérotation acrophoniquej pour un poids de 171,45 g, soit une unité de 4,18 g. Sur deux bols en argent les chiffres de 92, 17 et 94,5 pour des poids correspondants de 192,2 et 195,7 g donnent une unité de poids de 2,07/08 g qu'on ne s'explique pas : l'hémidrachme se justifie difficilement alors qu'on utilise ailleurs la drachme.

133. M. Andronikos, 1984, p 212, fig. 183 ; R. Ginouvès et a/ii, 1993, fïg. 145 : MNAI E, au-dessous APA HH, soit 5 mines et 68 dr. - 2195 g.

134. M. PFROMMER, 1993. En ce qui concerne les inscriptions araméennes, l'auteur donne les chiffres en drachmes d'après un déchiffrement de R. Degen, mais l'absence d'une étude systématique par un spécialiste nous prive encore de renseignements importants : outre des noms « iraniens » de toreutes, on aimerait savoir si, d'après le formulaire et la paléographie, un certain nombre d'entre elles, notamment celles du trésor I, n'ont pas été apposées simultanément, ce qui aurait pu se faire à l'occasion de l'entrée des vases dans une collection ou une trésorerie. Pour un autre rhyton d'époque parthe (I" s. av. n. è.-Ier s. de n. è.) avec une inscription araméenne donnant le poids en drachmes voir A. N. GUNTER, P. JETT, 1992, n° 11.

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TORQUE MIHO 1425

8 inscriptions araméennes et deux grecques135 pour le trésor I, 3 inscriptions araméennes pour le trésor III136, 2 inscriptions araméennes et 2 grecques1'7 pour le trésor IV. M. Vickers s'est efforcé de montrer que ces poids, qui sont donnés en drachmes tant en araméen qu'en grec, correspondent en gros à l'étalon attique que la conquête d'Alexandre avait imposé à l'Orient138. Un trésor de vases en argent romains et locaux trouvés dans la région de Taxila et dont les 41 pièces couvrent la période du Ier siècle av. notre ère et du Ier siècle ap. notre ère"9 compte 9 exemplaires inscrits dont les inscriptions indiennes en kharoshthi mentionnent, outre le nom des propriétaires, les poids en « sta- tères » (sadera), autrement dit en tétradrachmes, selon la dénomination en usage dans l'Empire séleucide (cf. infra), en drachmes [drakhmd) et en sous-multiples de la drachme, ces derniers représentant, sous des noms indiens, les subdivisions correspondant à l'obole ou sixième de la drachme {dhanaia-dha- neà) et au tétartémorion ou quart d'obole [andika)m.

135. Sur le bol 18 figure au génitif le nom BAFHNOZ où l'on reconnaît la racine iranienne baga * dieu ». L'indication de poids P()f = 173 pour un poids réel de 297,4 g correspond à un unité de 1,71 g qu'on ne sait à quel étalon rattacher. Sur le bol 22 le chiffre de PK8 - 129 pour un poids de 521,6 g donne une unité de 4,04 g, soit une drachme attique.

136. L'inscription araméenne du rhyton n° 74 n'a pas été déchiffrée. 137. bol 77 : AYTOZf?) TO ZEYTOZ AP PQA: « Cette paire (de vases) 194 drachmes » (le

deuxième chiffre est un koppas, ce qui donne pour le poids de 374 g que pèse ce seul exemplaire conservé de la paire une unité de 3,85, qu'on peut assimiler à une drachme attique légère. L'habitude de peser les vases par lot est bien attestée dans les inventaires grecs. Rhyton 128 : chiffre 67.

138. M. VlCKERS, 1995, p. 176-185. On trouvera dans cet article des références à d'autres études où l'auteur cherche à montrer que les objets d'or et d'argent mentionnés dans les inventaires grecs comme creux d'Athènes, Délos, Didymes et autres lieux, ont été façonnés à partir de quantités de métal précieux dont les poids exprimés en drachmes attiques équivaudraient presque toujours grosso modo à des chiffres ronds de dariques et de sicles perses. Pour M. Vickers ces équivalences révèlent l'influence de la richesse en métaux précieux de l'Empire achéménide. Si séduisant que soit un tel effort de théorisation pour donner une cohérence métrologique à des données en apparence anarchiques, on gardera quand même présent à l'esprit que les poids mêmes dont se servaient les Grecs pour leurs pesées manifestent des variations déconcertantes qui ne se ramènent pas toutes à fies changements d'étalon : voir à propos de poids syriens séleucides les remarques en ce sens de P.-L. Gatier, dans Syria 63, 1986, p. 375-378, qui rappelle les conclusions des études de H. Seyrig sur ce matériel. .

139. Il vient d'être publié par Fr. Baratte dans le Journal des Savants, 2001, p. 249-307. Pour les inscriptions indiennes publiées par H. Falk en annexe de l'étude de Fr. Baratte voir la note suivante.

140. H. Falk, ibid. , p. .307-319. ( les statères du Gandhara pèsent entre 17,38 g et 15,49 g, ce qui correspond à l'étalon d'Alexandre en vigueur dans l'Empire séleucide f 17,3-16.8 g; et dans le royaume gréco-bachïen dont le Gandhara fut le voisin pendant plus de cent ans avant d'être rattaché au rovaume indo-grec pendant les deux derniers siècles av. notre ère. Pour d'autres inscriptions kharoshthi sur des vases en argent de la région voisine du Bajaur aux alentours de notre ère, voir R. Salomon. B. Goldman. 1990; R. Salomon, 1996; H. F.ALK. 1998.

2000 90

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1426 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

13. L'emploi du mot « statère » pour désigner le tétradrachme

L'appellation de « statère » appliquée à une monnaie d'argent pesant quatre drachmes était courante dans le monde grec au moins dès le Ve siècle av. notre ère. C'est ce qui ressort de l'emprunt du mot par l'araméen pour désigner dans les documents rédigés dans cette langue par l'administration achéménide en Egypte à la fin du Ve siècle les tétradrachmes grecs, représentés en grande partie par les célèbres « chouettes » athéniennes, pour les paiements en argent141. Le terme avec sa valeur pondérale et monétaire ainsi fixée accompagna la conquête grecque dans le Proche-Orient et l'Asie profonde. Dans les documents cunéiformes de la Mésopotamie séleucide les prix sont toujours exprimés en mines et shekels d'argent (donc en poids d'argent), mais ils sont payables en statères, c'est-à-dire en tétradrachmes d'argent de tel ou tel roi séleucide dont le nom est précisé, et qui doivent être en bonne condition (pas trop usés)1'2. Dans la Bactriane occidentale encore fortement hellénisée de la première moitié du Ier siècle de notre ère, l'inscription grecque d'une phiale en or de la nécropole de Tillia-tepe note le poids en statères-tétra- drachmes : 41 statères fCTA MA) pour 638 g, ce qui équivaut à un statère-tétradrachme de 15,56 g143. Dans la même nécropole celui d'une petite boîte en argent de 86 g est estimé à 5 statères et deux drachmes (CTA E/B), ce qui donne un statère-tétradrachme de

141. B. Porten, A. Yardani, 1986 SQ, B4/5, 1. 3 ; B 4/6, 1. 4, 7 ; A4 12, 1. 12 ; C 3/13, 1. 8 ; B 3/12, 1. 5, 14 ; C 3/7, ar. 2. La forme STTR/STTRY est directement transcrite tlu grec. Il est parfois précisé qu'il s'agit « d'argent d'Ionie » K.SP YWN, c'est-à-dire d'argent grec. Je dois ce renseignement à mon collègue de l'École pratique des Hautes Etudes, Wc section, M. André Lemaire (P. B.). L'équivalence du statère grec dans les documents araméens d'Egypte avec le tétradrachme est assurée par l'équivalence qui y est donnée avec deux shekels d'argent. Sur la circulation de l'argent grec dans l'Egypte achéménide voir D. ScHLliMBERGER, 1953, et une mise au point récente, avec bibliographie, de mon confrère G. Le RlDER, 1997, p. 83-93, à propos de la théorie de T. V Buttrev qui accorde une place plus importante qu'on ne le faisait jusque-là aux émissions locales de pseudo-athéniennes par rapport aux authentiques chouettes importées de l'Atfique (P. B.). On signalera que sur le poids d'Abydos en forme de lion couché (V s. ?) du British Muséum (voir T. C. MlTCHELL, 1973) la mention de « statère » dans l'inscription ara- méenne est rien moins qu'assurée: tel est l'avis d'A. Lemaire qui confirme là-dessus mes propres doutes (communication personnelle du 25 mars 2001). On notera qu' un document ara- méen de la satrapie d'Egypte qui date de la première moitié du V" siècle mentionne une taxe en « statères d'or » prélevée sur les bateaux grecs commerçant avec les ports égyptiens : P. BRIANT, R. Descat, 1998, p. 75 sqq.

142. G. J. P. MacEwan, 1981, p. 138 ; cf. p. 72, 74, 83, 86, 88, 91, 101 et 103 ; L. T. Doty, 1977, p. 52, 72, 77, 208, 274 et 279. Dans les manuscrits de Doura-Europos l'unité de compte est toujours la drachme ou le denier romain, mais dans un graffito mentionnant des objets en argent leur poids est donné en statères : Dura, Preliminary Report, IV, p. 133, n° 266, 1. 1 ; SEG VII, n° 428 ; D. Feissel, J. Gascou, dans Journal des Savants, juillet- décembre 2000, p. 172 sq.

143. V. Sarianidi,1985, p. 251, tombe IV, n°31, fîg. 138 et 139.

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TORQUE MIHO 1427

15,60 g. et une drachme de 3, 90144. Deux autres inscriptions grecques se trouvent sur deux assiettes du musée de l'Ermitage provenant de l'Est iranien ou de l'Asie centrale hellénisée. Sur l'une, en argent, on lit un poids en drachmes113. En revanche sur l'autre qui est en or, est mentionné le poids de la paire qu'elle formait avec une pièce jumelle disparue et dont l'unité de 7-8 g environ pourrait correspondre à l'étalon du statère-or (8, 60 g) instauré par Philippe et Alexandre146. Le système pondéral de l'Iran sassa- nide repose également sur le statère (ste/j- tétradrachme et la drachme147.

Dans l'ensemble du monde grec lui-même le quadruple de la drachme et le poids correspondant que les numismates désignent sous le terme de « tétradrachme » n'apparaissent dans les textes épigraphiques et papyrologiques que sous l'appellation de « statère »H8, que ces mêmes numismates appliquent dans leurs travaux à l'unité de l'étalon-or. L'ambiguïté, qui n'est qu'apparente car les numismates sont avertis par le contexte de ce que le mot recouvre dans les inscriptions et textes anciens, vient du fait que le même mot « statère » était utilisé dans l'Antiquité à la fois pour le tédradrachme d'argent et le statère d'or149, car le terme

144. Id, ibid., p. 241, tombe III, n° 41, fig. 141. Le signe composite qui sépare le E du B ne peut pas être un T comme l'écrit l'auteur de la publication, qui n'aurait de sens ni comme lettre ni comme chiffre (3(X) !) ; il doit plutôt s'agir de l'abréviation avec ligature AP - 6pax|J.a(.

145. K. V. TREVER, 1940, n° 22, p. 101 sqq., pi. 30 : £eirrapx p(3. L'inscription est bien lisible mais elle pose des problèmes de compréhension. Dans les trois lettres apx qui précèdent les deux lettres finales donnant le chiffre 1 02 (lettres plus grandes que les autres; et séparées de celui-ci par un espace il est difficile de ne pas reconnaître l'abréviation Spx pour ôpaxuaÉ, même si la première lettre ressemble indubitablement à un a cursif. Il pourrait s'agir d'une faute du graveur, comme on est en droit également d'en soupçonner une autre dans la quatrième lettre du terme £eut qui précède, où il faut sans doute lire l'abréviation de Cevfyoç, « paire », avec un y au lieu d'un t. K. V Trever, tout en lisant £eOyoç, a confondu le mot avec Cuyoç, « balance », « poids », ce qui l'a conduit à supposer que l'unité de poids était l'hémidrachme attique. Si on UtCeOyoç, comme nous proposons de le faire, l'unité de poids pour la paire d'assiettes en argent serait de 3,89 g { 198,7 x 2 : 102), chiffre proche de la drachme.

146. K. V Trever, 1940, n° 21, p. 99-101, pi. 30 : ZEYT XPYC H <■ 2 signes. Du fait de la confusion de sens qu'elle a faite entre £e\3"yoç et Cvy6ç, l'auteur n'a pas vu que le poids était ici celui d'une « paire » d'assiettes, estimé en xpwoî, c'est-à-dire en statères d'or {infra, p. 1428). La première des trois dernières lettres est clairement un H soit 70. La lecture des deux suivantes comme K et E par M""' K. Trever me paraît impossible. Leur total est forcément inférieur à la dizaine. Le nombre exprimé par trois chiffres est donc compris entre 70 et 79, ce qui, pour un poids réel de 284,2 g X 2 568,4 g pour la paire, donnerait une unité pondérale de 7-8 g, correspondant à une unité qui équivaudrait en gros à un statère de 8,60 g.

147. Pr. (). Skjaervo, Pr. (). Harper, 1993 ; N. Sims- Williams, 1993. 148. Au contraire Tite-Live, décrivant la monnaie d'argent athénienne exhibée dans les

triomphes romains au IIe siècle av. notre ère, utilise la transcription latine tetrachmum du grec . tétradrachme » : XXXVII, 46, 3 ; 59, 4 ; XXXIX, 5. 15 ; 7, 1.

149. Le terme de statère s'applique par exemple aux monnaies d'or de Crésus : Hérodote, I, 54, 94 ; /G, P, 458, 1. 25-33 (achat de « statères de Crésus » pour la statue chrysélé- phantine d'Athéna, au Parthénon d'Athènes). La « darique » perse était aussi appelée darei- kos stater (Hérodote, VII, 28) ou state.r tout court (Hérodote, VII, 29 ; cf. aussi Thucydide, VIII, 28, 4).

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est étymologiquement synonyme de « poids » indépendamment de la nature du métal. Dans le cas de l'or il est accompagné de la précision « d'or » xpvoovç, XP^creoç, laquelle pouvait ne pas être exprimée quand le contexte ne laissait subsister aucune ambiguïté sur le métal150. Le plus souvent cependant, s'agissant de monnaies d'or, le mot « statère » était sous-entendu et la réalité qu'il représentait se trouvait désignée de façon explicite par l'adjectif substantivé xpuaouç, XP^creoç151, dont le poids variait selon le système monétaire en vigueur, l'opposition principale étant entre le domaine du chrysous établi par Alexandre au poids de 8,60 g, qui s'imposa à l'ensemble du monde grec à l'exception de l'Egypte, et cette dernière qui utilise un autre étalon et d'autres unités monétaires (Toctodrachme et le didrachme ptolémaïques, le mnaeion romain = 28 g ; le trichryson = 18 g ; le pente kontadrach- mon). Dans l'Egypte aussi bien ptolémaïque que romaine le poids des bijoux, tel qu'on le trouve en particulier dans les inventaires des dots de mariage, est exprimé en drachmes pour l'argent et pour l'or en TeTàpTCU (seizième du |i.i>aeiov de 28 g, soit 1,75 g)152 et en uvaeta.

14. La date de l'inscription grecque

Des six lettres de l'inscription en cursive majuscule seul le mu est susceptible de fournir un indication chronologique qu'on prendra avec la prudence requise pour un texte aussi court et dont la gravure à l'aide d'une pointe sur une surface métallique - un pointillé très serré - ne s'effectuait pas dans les mêmes conditions que le tracé à l'encre sur manuscrits ou vases qu'on peut invoquer à titre de comparaison, ni même que l'incision des inscriptions sur pierre. La forme incurvée des branches du mu, avec une courbure très prononcée de la branche médiane, oriente vers les dernières décennies

150. Il arrive aussi que la précision « d'argent » soit donnée pour des statères-tétra- drachmes de ce métal : Sylloge\ n" 525/7-8 ; 671/A,1 1-12 ; Kl. BRINGMANN, H. von STEUBEN, 1995, n" 91/12-13 ; 93 (E 3)/12-13, 17-18. Parfois la précision est donnée à propos de la mine que le statère accompagne comme sous-multiple : par exemple Sylloge\ n° 631/3.

151. On vérifiera aisément ces données en consultant l'index de W. Dittenberger, Syl- loge\ s. v. (JTaTrjp, xpùoxoç-oùç,, ou l'ouvrage de Kl. Bringmann ET H. von Steuben, 1995. Sur la tetartê et les mesures pondérales dans l'Egypte romaine, voir la mise au point de H. Cuvigny, 1995, p. 25 sq.

152. Voir S. Russo, ID99, passim; J. Ogden, 1996, p. 191-196. Pour l'or laTeTdp-rri n'apparaît que vers le milieu du ir siècle av. notre ère. Dans les archives de Zenon, outre la mine uvâ et ses sous-multiples ('demi, quart, huitième; ou multiples, on trouve le statère-tétra- drachme : P. W. PESTMAN, 1981, B, p. 546 sq. Je remercie vivement M"" B. Meyer, qui a bien voulu me servir de guide dans mes recherches à l'Institut de Papyrologie de la Sorbonne (P.B.).

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du IVe siècle et dans la première moitié du nT153. Les autres lettres sont plutôt conservatrices dans leur forme.

L'utilisation de signes d 'interponction formés de deux ou trois points disposés verticalement est de règle dans les inventaires grecs où ils sont appelés par la nécessité de séparer dans la rédaction les différentes pièces cataloguées. Leur présence qui n'était pas indispensable sur le torque Miho tant l'inscription est courte, et où ils ont été pourtant multipliés - ils isolent chacun des quatre éléments, à la fois les deux noms de poids et les deux chiffres correspondant -, pourrait indiquer qu'ils avaient été notés mécaniquement par un graveur habitué à utiliser fréquemment de tels signes d'interponc- tion sur des listes d'inventaires. Aussi l'hypothèse d'une inscription apposée sur le torque Miho lors de son entrée dans une trésorerie contrôlée par une autorité grecque plutôt que lors d'une acquisition par un simple particulier est à envisager sérieusement. Nous sommes ainsi orientés vers la période 325-275 (plutôt vers la deuxième moitié de cette période), durant laquelle le torque Miho serait tombé, dans des circonstances et par des cheminements que nous ignorons, entre les mains d'un des conquérants macédoniens de l'Empire perse dont l'identité échappe à toute spéculation.

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153. dette forme du mu est déjà présente sur la proclamation de Peucestas fils de Makartatos à Saqqara sous Alexandre : R. SEIDER, 1990, fig. II/4. Elle est de règle dans le dossier de Zenon (261-239) : ibid., fig. 11/40, 41 et 61. Sur les textes précis que nous citons du dossier Zenon, comme sur le torque Miho, la haste verticale droite du nu ne descend pas aussi bas que la gauche. Parce qu'il s'agit d'un support analogue et d'une gravure également en pointillé, on citera aussi la dédicace sur plaque d'or du temple d'Osiris à Canope par Ptolémée III Évergète I ''246-222) avec des mu analogues mais dans une écriture visiblement plus évoluée : A.-J. LETRONNE, 1842-1848, pi. Va. Lors des remarques qui ont suivi notre présentation, mon confrère J. IRIGOIN a souligné les traits déjà « hellénistiques » de l'inscription Miho (P. B.).

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1430 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

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MM. Pierre Amandry, Jean Irigoin, Jean-Pierre Mahé, correspondant de l'Académie, Jean Favier et Philippe CONTAMINE interviennent après cette note d'information.