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Caroline d’Hérouville
No1 Hutchana Village, Soi 2/13,
Anupas Phuketkarn Road
Talard Yai Sub-District, Mueang District
Phuket 83000, Thailand
+33 6 85 46 96 16 (Whatsapp)
http://caroinvietnam.tumblr.com/
http://bit.ly/carolinedh (Page de collecte: je suis à
près de 70% de mon objectif, il est encore temps de
participer !)
Un an au service des
Chère famille, chers amis,
omme le temps passe vite ! Il parait que ça veut dire qu’on ne s’ennuie pas,
et c’est vrai ! Ma petite routine quotidienne me plaît et malgré la non-
itinérance de ma mission à Phuket (souvenez-vous, je travaille dans un
centre qui accueille les enfants de migrants birmans et leur donne un accès
à l’éducation), je n’ai pas le temps de tourner en rond. Depuis ma dernière
newsletter, il s’en est passé des choses ! Entre mes cours d’anglais, les différents
évènements qui animent l’école et le pays, la situation des migrants birmans en
Thaïlande et mon petit déplacement en Birmanie, j’ai beaucoup de choses à vous
raconter. Promis, je vais essayer de faire court et de laisser parler les photos.
Bonne lecture !
Ma routine de « Teacher »
Quand j’étais petite, je rêvais d’être maîtresse d’école. Aujourd’hui, c’est bel et bien ce
que je suis… et quel travail ! Mais quelles récompenses en retour ! Il faut bien que je
vous l’avoue : mes enfants sont tout simplement fatigants. C’est bien simple, s’ils n’ont
pas un crayon dans la main et quelque chose à écrire sur leur cahier, c’est la cohue
dans ma classe. Entre celui qui s’est allongé sur le banc pour s’étirer, les deux autres
qui sont partis boire sans demander l’autorisation, le troisième qui s’est caché sous le
bureau et le cinquième qui s’amuse à taper sa voisine de devant… et ce, aussi bien
pour mes Grades 1 que pour mes Grades 5… ! Je suis fatiguée. Mais bien heureuse !
Voir les enfants progresser de jour en jour et oser parler anglais est une grande
C
1
satisfaction. Vraiment, quels beaux métiers que ceux de l’éducation. En parallèle, mon
niveau de thaï s’améliore… et ça, certains petits malins l’ont bien compris ! Pendant le
cours d’anglais on parle en anglais, et c’est tout ! Les photos qui suivent illustrent mon
quotidien et vous donnent un petit aperçu de mes classes. Voyez plutôt :
Mes enfants sont très intelligents : ils parlent déjà le dialecte de leur ethnie, le birman et le
thaï… et ils sont avides de parler et de comprendre d’anglais ! Les cours que je leur donne
sont donc très sérieux et j’y prends plaisir.
Ceux qui comprennent vite aident ceux qui ont plus de mal, et il y a toujours une bonne
ambiance dans ma classe. Mais ce que je préfère… c’est leur raconter des histoires… et
quelque soit leur âge, ils adorent ça aussi !
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Evènements
Finalement, ma routine quotidienne est souvent bousculée par différents évènements,
qui sont de véritables fêtes à l’école. Songkrane, anniversaires des enfants, Teachers’
day… le résumé de certaines de ces journées en photos :
Songkrane (nouvel an thaï). C’est aussi la fête
de l’eau. A l’école, on en a profité pour faire la fête
de l’école avant de partir en vacances pour une
semaine. Cérémonie de l’eau parfumée que les
enfants versent sur les mains des professeurs et
de leurs parents, talc sur le visage en guise de
bénédiction, et bataille d’eau géante dans la cour
de récré (et quelques jours plus tard, dans tout le
pays !) : c’était une journée placé sous le signe du
rituel, mais aussi de la détente.
Accueil d’une délégation de l’ambassade irlandaise en Thaïlande, préparé
comme l’un des plus gros évènements de l’année.
Danses thaïes, birmanes, modernes et même
irlandaise (apprise par mes bons soins), costumes
et maquillages traditionnels… On s’est pliés en
quatre… pour au final accueillir trois gentilles
dames très gênées de ce déploiement assez
excessif pour leur venue qui n’a pas duré plus de
2h. L’accueil à la thaïe quoi !
Anniversaires des enfants nés
entre Janvier et Juin. Ca serait
trop compliqué de les fêter tous
individuellement, alors faisons les
choses en grand juste deux fois
par an ! Grâce à un généreux
donateur, les enfants ont eu le droit
à des cupcakes… et ils étaient
ravis.
3
Thanaka (maquillage birman) et robe
Karen. La famille de mon amie m’a
(trop) bien accueillie.
Teachers’ day.
En Asie, les
professeurs sont
très respectés
car ils détiennent
le savoir. A
l’occasion de la
fête des
professeurs, pas
école, mais
cérémonie avec
costumes
traditionnels,
remise de fleurs
et prosternation.
On n’est pas
habitués à ça
chez nous…
mais cela fait la particularité et la beauté des cultures thaïes et birmanes dans
lesquelles je suis plongée.
Une semaine en Birmanie
Non, je n’y suis pas allée en vacances ! Oui, le
peu que j’en ai vu était magnifique et attachant,
malgré la pauvreté de ce pays détruit par la
dictature militaire dont il peine à réparer les
dégâts. Enfin, j’ai eu la chance de découvrir le
pays de mes enfants, et de comprendre donc
la raison de leur migration vers la Thaïlande.
Officiellement, j’y allais pour renouveler mon
visa thaï. J’ai également mis ce déplacement à
profit pour rendre visite à une ancienne
« teacher » birmane qui a quitté le centre voilà
trois mois, après vingt ans d’expatriation en
Thaïlande (la plupart des birmans qui émigrent
ont pour projet de revenir au pays, après avoir
envoyé assez d’argent à leur famille). La
famille de mon amie vit dans un village Karen
extrêmement pauvre (pas d’eau ni d’électricité).
J’ai donc pris un maximum d’informations et
monté un dossier pour EDM, dans l’espoir
d’une ouverture de programme d’ici l’année prochaine ; ça sera le rôle du prochain
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bambou Birmanie. Lors de mon séjour, j’ai été très touchée par la gentillesse et
l’accueil des birmans, et la beauté du pays, encore très peu gâchée par les
infrastructures touristiques.
La situation des migrants en Thaïlande
C’est la partie moins drôle de cette newsletter. Malheureusement, les familles des
enfants que nous recevons vivent dans des conditions extrêments difficiles… qui sont
pourtout souvent meilleures que celles qu’ils ont quitté dans leur pays. Il faut savoir
que s’ils sont là, c’est qu’ils ne savaient pas que leur situation serait illégale et poserait
problème. En Thaïlande, le statut de réfugié n’existe pas. Face à l’afflux de migrants,
les autorités ont récemment durci les lois relatives aux migrants, augmentant les
amendes pour les employeurs et propriétaires (qui, entre nous, violent souvent les
droits de l’homme et la dignité des employés birmans en les sous-payants et en les
logeant dans des conditions très difficiles) et bloquant les procédures d’obtention de
documents légaux. Résultats : la police effectue des descentes, souvent violentes,
dans les communautés où vivent les migrants, et un véritable exode se met
doucement en place pour retourner au pays, dans la crainte des conséquences en cas
de contrôle. Ayant visité la Birmanie il y a peu, je sais ce qui les y attend, et j’espère
sincèrement que leur pays s’en sortira et leur permettra de construire un futur plus sûr.
C’est vrai, le phénomène des migrants est actuel partout dans le monde. Etant en
contact tous les jours avec cette population birmane en très grande pauvreté (pauvre
à Phuket, et encore plus pauvre au pays), je me sens touchée par son histoire et par
les raisons qui l’ont poussé à tout quitter pour tenter sa chance ailleurs. C’est pourquoi
je suis ravie de participer à l’éducation des enfants, qui n’ont rien demandé et qui sont
si heureux de venir à l’école tous les matins.
Mes enfants
Ah mes enfants. Car oui, ce sont vraiment mes enfants. Il m’est très difficile de mettre
des mots sur l’attachement et l’amour que j’ai pour eux. Câlins, bisous, mots
touchants, regards heureux… Vraiment, je suis comblée. C’est bien simple, je me
sens calme et heureuse à chaque fois que je croise le regard de l’un ou de l’autre.
Comme j’en ai plus de 180, je me sens donc rarement seule à l’école. Voici quelques
jolis clichés de ces enfants du bonheur, qui font de ma vie ici un doux moment chaque
jour qui passe :
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Pour conclure !
Il est bien difficile de vous raconter tout ce que je ressens et tout ce que je vis à
travers quelques pages et quelques photos… Pour simplifier : ce que vous pensez
que je ressens en lisant cette lettre, je le ressens en fait mille fois plus et de manière
très intense. Je m’attache chaque jour un peu plus à mes enfants et à mes collègues
(si c’est encore possible de s’attacher plus). Récemment, un enfant avec qui j’avais
créé un lien tout particulier est retourné vivre en Birmanie avec sa famille, et je ne
vous cache pas que les adieux ont été très difficiles. Avec du recul, je pense que c’est
ce qui fait la beauté de ma mission : pouvoir recevoir et donner ces marques d’amour
et d’affection au point de créer des relations uniques et très fortes, dans les deux
sens.
Merci infiniment pour votre soutien.
Ma prochaine newsletter sera la dernière. C’est dur à
écrire et dur à réaliser... Et je vous avoue que je redoute
le moment du départ ! A deux mois de la fin de ma
mission, je pense cependant avoir déjà vécu au-delà de
ce que j’avais imaginé et je ne peux que m’en réjouir.
Tout cela est bien sûr en grade partie grâce à vous.
Caroline
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