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Newsletter n°1 – le temps des grandes découvertes ! Chère famille, chers amis, Me voila au Philippines depuis plus d’un mois : il est temps de vous donner quelques nouvelles ! Le mois de septembre a été riche de découvertes, de surprises et de rencontres. Après 22h de trajet et 3 vols, je suis arrivée à Tacloban où j’ai retrouvé Cécile, l’ancienne volontaire, pour quelques jours de « tuilage » : de quoi assurer la passation de la mission, me présenter à quelques responsables de programme et me léguer quelques essentiels de « survie » (comment se déplacer, se nourrir, où trouver du réseau wi-fi…). Une sorte de sas d’entrée bienvenu avant de me lancer dans la mission ! Je suis basée sur l’île de Samar, une des îles les plus pauvres de Philippines. Elle se remet difficilement du typhon Yolanda qui a tué plus de 5000 personnes en 2013 et laissé un souvenir traumatisant à la population. Il y a très peu de tourisme et les habitants sont toujours surpris de voir une « amerikana » (= tout personne « au nez pointu ») : les enfants me montrent du doigt, les adolescents pouffent (…) et les adultes me complimentent sur ma peau blanche (car oui : j’ai enfin trouvé un endroit où le teint « hiver sans fin » est apprécié à sa juste valeur). On y parle le waray, un des nombreux dialectes philippins, ainsi que le filipino qui est enseigné à l’école, et – heureusement pour moi – l’anglais.

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Newsletter n°1 – le temps des grandes découvertes !

Chère famille, chers amis,

Me voila au Philippines depuis plus d’un mois : il est temps de vous donner quelques nouvelles !

Le mois de septembre a été riche de découvertes, de surprises et de rencontres.

Après 22h de trajet et 3 vols, je suis arrivée à Tacloban où j’ai retrouvé Cécile, l’ancienne volontaire, pour quelques jours de « tuilage » : de quoi assurer la passation de la mission, me présenter à quelques responsables de programme et me léguer quelques essentiels de « survie » (comment se déplacer, se nourrir, où trouver du réseau wi-fi…). Une sorte de sas d’entrée bienvenu avant de me lancer dans la mission !

Je suis basée sur l’île de Samar, une des îles les plus pauvres de Philippines. Elle se remet difficilement du typhon Yolanda qui a tué plus de 5000 personnes en 2013 et laissé un souvenir traumatisant à la population. Il y a très peu de tourisme et les habitants sont toujours surpris de voir une « amerikana » (= tout personne « au nez pointu ») : les enfants me montrent du doigt, les adolescents pouffent (…) et les adultes me complimentent sur ma peau blanche (car oui : j’ai enfin trouvé un endroit où le teint « hiver sans fin » est apprécié à sa juste valeur). On y parle le waray, un des nombreux dialectes philippins, ainsi que le filipino qui est enseigné à l’école, et – heureusement pour moi – l’anglais.

En tant que coordinatrice de programmes de parrainage, je me déplace sur toute l’île. Je navigue donc entre les vans (climatisés !), pour les longues distances, les jeepneys (jeeps allongées et décorées, LE moyen de transport Philippin qui prend des passagers tant qu’on peut respirer – et encore), les tricycles (tuktuks locaux), ou encore les pedicabs : très pratiques pour la fin du trajet, lorsque vous ne savez pas où vous devez aller – ou à la philippine, éviter de marcher 50 mètres au soleil car vous risqueriez de bronzer.

Tricyle

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Début de mission

Au fil des semaines, j’appréhende les contours de ma mission. Pendant le mois de septembre, je suis allée rencontrer chacune des 12 responsables de programme (RP) de Samar. Elles sont les piliers de l’action d’Enfants du Mékong sur le terrain. Elles suivent les enfants, s’assurent de leur assiduité à l’école, leur proposent des activités éducatives, rappellent d’écrire les lettres aux parrains, gèrent la comptabilité, identifient les enfants les plus pauvres qui pourraient bénéficier d’un parrainage… Bénévolement, avec des attentions pour chacun, et sans chercher d’autre reconnaissance que la joie de voir un enfant gagner en confiance en lui.

Ce sont des Sœurs, des enseignantes ou des mères de famille. Et elles ont chacune des besoins différents, que je découvre au fil de mes rencontres avec elles. Pour certaines, ce sera une aide pour la comptabilité et la gestion financière du programme ; pour d’autres, l’organisation d’activités éducatives pour les filleuls, ou des conseils pour bien s’organiser. D’autres n’ont pas besoin d’aide : je pourrai puiser chez elles les bonnes pratiques à transmettre aux autres ! Avec elles, je visite aussi les familles des filleuls et futurs filleuls : les uns afin d’assurer la continuité du lien avec leur parrain, les autres afin de m’assurer que l’enfant est motivé par l’école, qu’il a vraiment besoin du parrainage, et pour rassembler les infos qui permettront de lui trouver un parrain.

L’implication et le sens de l’engagement pour la communauté des responsables de programmes forcent mon admiration. Dans ce pays où la priorité est toujours donnée à sa famille, elles trouvent le temps et l’énergie de se consacrer aussi aux autres familles, pour leur apporter l’espoir d’une vie meilleure.

Jeepney bien chargé

Giovanna et Sister Grace (responsable de programme)

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Ensuite, le suivi des filleuls étudiant à l’université de Catarman, avec qui je vis. En tout, ce sont 22 jeunes de 17 à 24 ans, parrainés pour financer leurs études en agriculture, commerce, enseignement... Pleins de vie, ils sont très engagés dans la vie de l’université et motivés par leurs études. Avec eux, j’ai mis en place une série d’activités sur le thème « Avoir des rêves – et les réaliser » : en les aidant à formuler une liste de rêves, à en décliner des objectifs personnels et à déterminer comment les réaliser, l’objectif est de les encourager à se projeter et à se fixer des ambitions.

J’organiserai dans les prochains mois avec les RP des activités «

filleuls sont tous demandeurs d’activités communes avec les autres programmes : ils sont ravis de partir en expédition et de rencontrer d’autres jeunes !

Rencontres avec les filleuls

Ce sont des jeunes motivés qui concilient leur travail scolaire avec leurs responsabilités à la maison (aller chercher l’eau à la pompe, faire la lessive, aider leurs parents aux champs…). Et ils sont généralement en tête de classe.

Leurs situations familiales sont très variées : certains vivent avec leurs parents et 10 frères et sœurs dans une maison de 3 pièces, beaucoup ont des familles explosées, où au moins l’un des deux parents est parti tenter sa chance à Manille, ou vit à quelques rues avec sa « nouvelle famille ». Leurs parents sont pêcheurs, fermiers (noix de coco, riz, fruits…) ou conducteurs de pédicab. Des emplois précaires aux revenus minces et irréguliers. Ils vivent dans des maisons le plus souvent construites en matériaux légers : feuilles de palmiers, bambou, tôle, qui risquent autant du typhon lui-même que des inondations qui y font suite.

Pour ces familles, avoir un enfant parrainé par Enfants du Mékong constitue l’espoir d’une amélioration du quotidien. Même s’il y a beaucoup d’universités gratuites aux Philippines, il faut payer l’uniforme, les transports, les livres, et les projets qui nécessitent souvent l’achat de matériel (voire de poulets - vivants - pour les étudiants en agriculture)… des frais impensables pour ces

Avec un groupe de filleuls, après une présentation de la France et des régions de leurs parrains

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familles où les parents sacrifient déjà tant pour nourrir leurs enfants. Le filleul aura donc une chance d’être diplômé de l’université, et de trouver un emploi pour soutenir sa famille.

J’apprends progressivement à créer le contact avec eux. Je m’attendais à avoir des discussions faciles : beaucoup sont au lycée, ils pratiquent l’anglais quotidiennement... Mais ils sont pour la plupart très timides, et n’osent pas parler anglais de peur de faire des erreurs. Il faut dire qu’aux Philippines, une note de 75/100 est mauvaise et 85 correcte : cela laisse peu de place aux erreurs ! Or un filleul qui ne veut pas parler ne parlera pas : il se lancera dans une analyse poussée de son gros orteil, ou vous tournera le dos.Alors, on entre en contact par les jeux plus que par les mots, et les silences – pour leur laisser la possibilité de parler quand ils se sentent en confiance.

Les Philippines

En parallèle de mes missions, je découvre aussi la culture et le mode de vie philippins. Et autant dire que je vais de surprise en surprise ! Pas un jour ne passe sans que quelque chose ne me surprenne. Et même si ma zone de confort me manque parfois, c’est surtout une expérience vivifiante d’être en permanence attentive au moment présent !

Les Philippins ont un sens de l’accueil impressionnant : ils vous proposent systématiquement de vous asseoir à l’instant où vous avez passé le seuil de leur maison, vous proposent à manger…

Princess, avec son petit frère et sa maman, au retour du champ

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Souvent, la maitresse de maison voyant que je suis pieds nus (ayant laissé mes chaussures à l’entrée), retire ses tongs pour me les prêter.Très affables, ils cherchent le contact, sourient, disent bonjour. Cela surprend au début, d’autant plus que le phénomène est largement amplifié pour « l’amerikana ». Lorsqu’on discute (en particulier lors des meetings avec les RP ou les filleuls), on prend d’abord le temps pour chacun d’entrer dans la conversation. Donc on n’aborde pas immédiatement le sujet principal – et si ce sujet risque de mettre l’un des deux interlocuteurs en difficulté, on ne l’aborde tout simplement pas. J’apprends donc à laisser durer les silences, à poser des questions anodines pour attraper des informations au passage, et à trouver des moyens dérivés pour faire passer des messages.Et je dois dire que même si je ne trouve pas cela toujours facile, j’apprécie beaucoup de pouvoir discuter vraiment avec les gens, en prenant le temps de les connaitre mieux sans chercher l’efficacité à tout prix.

Ce qui m’a le plus étonnée jusqu’à maintenant dans mes rencontres, c’est que les Philippins ne disent pas non : ils changent de sujet, ou ne disent rien, comme s’ils n’avaient pas entendu. Une autre technique pour se débarrasser d’un sujet qui ne leur plait pas est de subitement ne plus savoir parler anglais, et se mettre à faire des phrases truffées de mots waray, avec un accent si épais qu’on reconnait à peine les mots anglais.

Musique, basket ball et combats de coqsC’est le pays de la musique : tout le monde chante (souvent très bien), beaucoup jouent de la guitare ou des percussions, dansent… Le karaoké est un sport national et la sortie par excellence en famille ou entre amis. Il y a de la musique partout, et quel plaisir d’entendre les filles chanter au foyer ! Sur les 14, il y en a toujours une qui chante quelque part !

Après le karaoké, l’activité la plus répandue est le basket ball. Il y a des terrains partout – dans les cours d’école, au milieu de chaque « barangay » ou quartier/village, sur les parvis des églises... Les Philippins sont aussi férus de combats de coqs. Je n’y ai jamais assisté, mais j’en subis les conséquences chaque jour : il y a des coqs PARTOUT, le plus souvent accrochés (comme ça aucun risque qu’ils s’éloignent de sous ma fenêtre pour crier au milieu de la nuit !).

Enfin, on ne peut pas parler des Philippines sans parler de religion. Avec plus de 80 millions de Catholiques, c’est le premier pays catholique d’Asie et le 3ème au niveau mondial. Les Philippins sont très pratiquants, les églises débordent (littéralement : à chaque messe, les retardataires suivent la célébration de l’extérieur). Pour eux, l’Italie c’est Rome et Assise, et la France, c’est Lourdes. Une Sœur m’a demandé un jour si la France était loin de Paris – passé un cours moment de désarroi, j’ai compris et lui ai répondu qu’il y en avait pour environ 8 heures en voiture.

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Il n’est pas rare de voir les gens faire des signes de croix avant de prendre un repas, en passant devant une église, ou lorsque le tricycle démarre (ce qui ne manque pas de me faire ressentir une pointe de panique quand c’est le conducteur qui se signe…).

Vivre le moment présent

Je n’en doute pas, les prochains mois seront encore pleins de découvertes et de surprises. J’essaie de vivre chaque moment intensément, de prendre le temps de vivre chaque rencontre simplement, d’être présente à 100 % pour les responsables de programme et les filleuls.

Je suis ravie d’avoir décidé il y a quelques mois de quitter mon canapé et ma chaise de bureau, pour vivre cette aventure et faire de mon mieux pour apporter mes compétences et ma bonne volonté aux plus pauvres. J’ai hâte de partager ces expériences avec vous au fil des mois !

Un immense merci pour votre soutien, qui rend cette mission possible. C’est une vraie force pour moi de vous savoir à mes côtés, sur laquelle je pourrai m’appuyer pour lutter contre le découragement dans les moments où la pauvreté, les difficultés familiales des filleuls ou l’impression de ne pas faire assez semblent insurmontables.

C’est aussi une motivation supplémentaire de pouvoir partager avec vous les moments de joie, les progrès et les succès des filleuls !

A très bientôt, Marie

Pour parrainer un enfant ou simplement vous renseigner sur l’action d’Enfants du Mékong, allez voir sur parrainage.enfantsdumekong.com

Et pour soutenir ma mission, c’est toujours possible, http://soutienbambou.enfantsdumekong.com/detail/coordinatrice_de_programme_de_parrainage_philippines___2018.html