Une comédie de Michel Fournier - Le Proscenium · aides soignantes s’absentent, Mélanie retrouve ses facultés… ! Un jour, une des filles arrive avec une grande nouvelle…

N° 44 - Le secret de Mélanie Michel Fournier

Texte non libre de droits Texte déposé à la SACD 1 — 35

Une comédie de Michel Fournier

Michel FOURNIER 28 rue du Général de Gaulle

52300 Thonnance les Joinville Tél : 06.31.69.54.48

Mail : [email protected] [email protected]



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Le secret de Mélanie

Synopsis : Trois gardes malades se relaient pour assister une dame d’un certain âge. Mélanie est sourde et a beaucoup de mal pour se déplacer, malgré ses deux canes anglaises… Mais Mélanie, ancienne comédienne de théâtre, veut surtout de la compagnie. Quand les aides soignantes s’absentent, Mélanie retrouve ses facultés… ! Un jour, une des filles arrive avec une grande nouvelle… et tout va basculer pour un secret de polichinelle. Une pièce gaie et joyeuse, sans prise de tête. Durée 80/90 mn environ Le lieu : La pièce se situe dans un salon. Une petite table et trois chaises, une banquette, un guéridon. Une plante verte cache l’entrée cuisine. Le salon à trois portes : entrée, cuisine, chambre. L’époque : De nos jours Les rôles : Anne, la plus jeune, célibataire, avait un petit ami qui l’a quitté Marie, divorcée, quatre enfants sur les bras à nourrir, obligée de travailler pour les élever. Rose, mariée, deux enfants, son amant l’a quitté Mélanie, âgée, Ancienne comédienne, qui fait croire qu’elle est impotente, mais elle a un cœur d’or.



ACTE 1 Scène 1

Anne, Rose

Le rideau s’ouvre sur un salon, Anne est couchée sur la banquette et sommeille. Entre Rose, qui ne l’a pas vu de suite, elle va écouter à la porte de la chambre, hausse les épaules, retire son manteau et le

lance sur la banquette en partant vers la cuisine. Le manteau tombe sur Anne.

ANNE Sursaute et se relève le manteau sur la tête, mais reste assise sur le canapé.

Cela ne va pas non… de réveiller les gens comme ça, tu ne peux pas faire attention. Je ne savais pas que je ressemblais à un porte manteau.

ROSE Riant

Oh excuse-moi Anne, je te croyais dans la chambre avec Madame Mélanie. Tu dors pendant le service, c’est pas bien ça ! Mais pas bien du tout !

ANNE

Qu’es ce que je ferais dans la chambre de la patronne à cette heure là? Et puis, je ne dormais pas, je réfléchissais sur mon avenir

ROSE

Tu réfléchissais ? Toi ? C’est nouveau çà ?

ANNE Oh ! Ne commence pas avec tes plaisanteries à trois sous.

ROSE

Oh la la! Madame à ses règles…

ANNE Non, je n’ai pas mes règles… Et oui, cela m’arrive… rarement, mais ce matin je réfléchissais.

ROSE

En ronflant ?

ANNE Et alors, j’ai bien le droit de réfléchir tout haut à mon avenir. Non ?

ROSE

Compris, et c’est quoi ton avenir ?

ANNE Ben là… à L’instant… il est compromis… c’est pourquoi je réfléchissais.

ROSE

Tu réfléchissais à un avenir sans avenir ?

ANNE On peut le résumer comme ça, puisqu’il vient de s’écrouler.

ROSE

Qui ?



ANNE

Eric !

ROSE Eric est tombé ?

ANNE

Mais non, il vient de me quitter !

ROSE Ah bon ? Il vient ici pendant tes heures de travail?

ANNE

Parti, envolé.

ROSE Tu t’envoies en l’air, pendant la sieste de Madame Mélanie ?

ANNE

Pour m’envoyer en l’air ? Se regarde.

Allongée sur un divan ?

ROSE Oui, c’est souvent dans cette position ! Quoique… Moi je préfère… Enfin je ne vais pas te raconter mes petits secrets…

Elle se retourne, puis revient vers Anne. C’était bien ?

ANNE

Se frotte la tête, s’assied. Ok j’ai compris ! Niveau sous la ceinture, ce matin.

ROSE

Ben oui ça marche encore, même à 45 ans !

ANNE Il ne te reste plus beaucoup de temps, faut te dépêcher ma vieille…

ROSE

Merci, tu es gentille ce matin avec ta collègue préférée. Alors raconte moi… c’était comment ?

ANNE Mais rien de tout cela… Il m’a quitté, je te dis ! Barré, foutu le camp. Il est parti retrouver sa femme… Sa mère est morte…

ROSE

Bonjour le dialogue, tu peux essayer de me faire une phrase complète ?… Pauvre femme !

ANNE C’est de moi que tu parles ?

ROSE Non, de la mère.



ANNE

Pourquoi, tu l’a connais ?

ROSE Non, mais je me mets à sa place !

ANNE

Moi je préfère la mienne ! La mort ce n’est pas mon truc. N’empêche qu’il m’a quitté pour cette poufiasse.

ROSE

Il ne faut pas parler comme ça des morts, ça porte malheur…

ANNE Je ne te parle pas de la morte, je te parle de la poufiasse… sa femme est une poufiasse… Une vieille poufiasse…

ROSE

Se regarde de la tête aux pieds. Poufiasse peut – être ! Mais vieille, faut pas exagérer. On est de la même année !

ANNE

Ah oui ! La regarde, se mouche et dit tristement.

C’est drôle ! Je croyais que tu étais plus âgée qu’elle… Se fâche.

Me quitter pour sa femme et son fric… Elle crie.

Salaud !

ROSE Pas si fort, tu vas réveiller la patronne… Mais si sa mère est morte, il est peut- être tout déboussolé le pauvre… Le choc !

ANNE

Ce n’est pas sa mère qu’est morte… Tu ne comprends vraiment rien toi aujourd’hui !

ROSE Vas y raconte.

ANNE

La mère de sa femme est morte, il y a trois mois…

ROSE Paix à son âme.

ANNE

Il n’a même pas été à son enterrement, pour te dire si c’est un salaud….

ROSE Oh le salaud !

ANNE

Comme tu dis : le salaud… Il a apprit, il y a deux jours que sa femme a hérité de sa mère…



ROSE

Quand ?

ANNE Il y a deux jours ! Je viens de te le dire !t’es sourde ?

ROSE

Le fric ? Elle l’a touché quand ?

ANNE J’en sais rien moi ! Et puis cela n’a pas d’importance… Pourquoi tu me demandes ça ?

ROSE

Pour rien ! Simple curiosité ! J’aime bien avoir des détails. Tu vois une fois, mon mari…

ANNE Je m’en fous de ton histoire, de ton mari… de ton amant…

Elle se lève en colère.

ROSE De mon amant, comment tu sais ça toi ?

ANNE

Bof, j’avais un doute, maintenant je sais !

ROSE Tu sais, tu sais. Tu n’as pas de preuve…

ANNE

Sort une petite culotte de sous le canapé Et ça ?

ROSE

Ah ! Tu l’as trouvé où ? Voilà trois jours que je suis à sa recherche… Allez donne, je te raconterai !

ANNE Trois jours sans culotte ? Ben dit donc… Bon, ce n’est pas mon problème

Lui lance la culotte J’ai assez du mien… et puis je ne te raconterais plus rien…

ROSE

Oh si, raconte. Alors sa femme touche du fric et…

ANNE Hautaine, les bras croisés, le regard dur…

Elle a agité quelques billets et l’odeur du fric à fait rentrer le mouton dans la bergerie.

ROSE Ahurie.

Ah bon, il va devenir berger ?

ANNE La regarde tendrement.

On dit que les jeunes sont cons, mais excuse moi les vieilles aussi.



ROSE

Pourquoi tu me dis ça ?

ANNE Laisse tomber … tu ne comprendrais pas. N’empêche que c’est un sacré salaud. Me larguer comme cela en pleine fin de mois.

ROSE

Début ou fin de mois, c’est pareil ?

ANNE Non ce n’est pas pareil !

ROSE

Ah oui ! J’ai compris… c’est une histoire de bourses vides ?

ANNE Oui, comment vais je tout payer maintenant ? Tu parles d’un salaud

ROSE

Tu l’as déjà dit… Mais tu m’avais aussi dit que… tu n’en voulais plus et que tu voulais le larguer ?

ANNE Ben oui, c’était toujours d’actualité… Jusqu’à hier, mais je ne voulais pas le quitter avant mon anniversaire, à cause de mon cadeau… Tu comprends… Et puis… Il reste une traite sur la télé à payer.

Anne raconte en arpentant la pièce. Hier soir, Monsieur rentre à vingt deux heures… Moi… Je lui demande d’où il vient ? Il me répond… « Anne, je pars!.. ». Moi… « Tu pars, mais tu viens juste de rentrer, tu as encore ta veste sur le dos… » Lui… « Je ne pars pas, je te quitte… »

ROSE Riant.

Il t’a devancé de deux jours, et tu n’as pas essayé de le retenir?

ANNE Non… Enfin…. Si… mais juste un peu ! Depuis que je sais que c’est pour du pognon qu’il m’a quitté, ça me fait moins mal. Un jour, il reviendra…

ROSE

Quand il aura bouffé le fric ! Enfin t’es jeune, t’en trouveras d’autres, un de perdu, dix de retrouvés…

ANNE Toute heureuse.

Oui j’en ai déjà repéré un, tu sais, le petit facteur… Le nouveau. Il est mignon, tu ne trouves pas ?

ROSE Si… mignon c’est bien le mot… Mais trop tard, il est déjà pris !

ANNE

Pris ?… S’il est marié ? Il n’a pas d’alliance !

ROSE Oh tu sais les alliances, ça ne veut pas dire grand-chose.



Elle montre la sienne. Regarde j’en ai une et personne ne sait rien de ma vie.

ANNE

Cela prouve que tu es mariée…

ROSE Ou veuve… ou cocue… ! Ce n’est pas un anneau qui reflète ta vie. Enfin, revenons au petit facteur… Non, il n’est pas marié… Mais je l’ai vu la semaine dernière au super marché et…

ANNE

Et ?

ROSE Ben, il était accompagné !

ANNE

Et si ce n’était pas sa femme…

ROSE Qui alors ?

ANNE

Sa sœur? Une collègue ? Juste une copine…

ROSE Eh non ! Ce n’était pas UNE femme.

ANNE

Un homme ? Son frère ? Un copain ?

ROSE Oui surement un copain… qui le tient par la main…

ANNE

Ça ne prouve rien, si c’est son frère…

ROSE Qui l’embrasse sur la bouche !

ANNE

Au Super Marché… Devant tout le monde ?

ROSE Devant tout le monde, eh oui !

ANNE

Ben dit donc, il a l’air si timide…

ROSE Avec les femmes ! N’empêche qu’il est sympathique, serviable et agréable… Ce qui n’était pas le cas tous les jours de ton salaud !

ANNE



Mais moi en attendant, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et quand ce matin à sept heures, je suis arrivée ici, j’étais déjà crevée. En plus la patronne, a voulu déjeuner au lit, elle avait mal aux jambes. Puis le bain, et enfin la promenade autour de la pièce ensuite elle m’a envoyée au marché chercher des légumes et des fruits. Le temps de faire à manger, j’étais morte. Alors quand elle, m’a dit « je vais faire la sieste », j’étais bien contente. Aussitôt assise, je me suis endormie.

ROSE

Tu vois… tu ne réfléchissais pas, tu dormais…

ANNE Bon, on ne va pas en faire un plat.

ROSE

Ok. Comment va-t-elle aujourd’hui,… calme ou tempête ?

ANNE Calme ! Il faut que je me sauve, je vais faire une petite course et au lit

ROSE

Toute seule !

ANNE Il faudra bien… Le facteur ne sonnera pas trois fois… La chasse était prévue deux jours après mon anniversaire. Alors… ! À demain, bonne journée.

Elle sort.

ROSE Bonne journée Anne.

Elle prend un chiffon et essuie la table, fait tomber un objet qui fait du bruit. On entend une voix.

MELANIE De sa chambre

On peut me lever, aujourd’hui, ….c’est vous Anne ?

ROSE Non, c’est Rose, j’arrive madame !

Le chiffon tombe par terre, Rose entre dans la chambre, quelques bruits.

ACTE 1 Scène 2

Rose, Mélanie Sortie de Mélanie avec deux cannes, suivie de Rose.

MELANIE

Ce chiffon par terre, c’est quoi ? C’est pour m’aider à me casser le col du fémur. Je glisse et hop au tapis la Mélanie. Ramassez le !

ROSE

C’est encore Anne qui a fait les poussières, et n’a pas rangé le torchon, je viens juste d’arriver Madame. Vous allez bien aujourd’hui ?

MELANIE

Vous étiez en retard !

ROSE



Non Madame, à l’heure !

MELANIE Va falloir que je trouve une pointeuse.

ROSE

Je vais appeler Pôle emploi

MELANIE C’est un de vos amis ? Il est bricoleur ?

ROSE

Qui ça ?

MELANIE Votre Paul… Emploi.

ROSE

Elle parle fort. Pôle emploi, l’ANPE si vous préférez

MELANIE

Pas besoin de crier, j’ai deux oreilles.

ROSE Parle doucement.

Moi aussi ! Vieille emmerdeuse…

MELANIE Vous parlez de vous ?

ROSE

Je n’ai rien dit Madame Mélanie

MELANIE Alors fermez là. Sourde peut être, mais pas aveugle…Je lis sur les lèvres!

ROSE

Manquait plus que ça.

MELANIE Bon alors, nous sommes d’accord, vous vous occupez de contacter ce Paul Emploi ?

ROSE

… ?

MELANIE Il est sérieux ? Jeune ? Propre ? Pas trop cher ?

ROSE

Doucement C’est dur de vieillir !

MELANIE

Mais, parlez plus fort, vous savez bien que je suis sourde ? Et pas derrière mon dos.



ROSE

Faudrait savoir… sourde, pas sourde… elle va me rendre folle aujourd’hui.

MELANIE Qu’es ce que vous marmonner ?

ROSE Fort.

Comment allez-vous aujourd’hui?

MELANIE Ou voulez- vous que j’aille avec deux jambes qui reculent plutôt qu’elles n’avancent !

ROSE

Que voulez vous faire cet après midi ? Jouer aux cartes ? Aux petits chevaux ?

MELANIE Arrêtez de me prendre pour une idiote ! Aux cartes, je n’ai pas le droit de tricher quand aux petits chevaux, pour sauter qui ? Ma pauvre Rose, vous avez vu ou cela l’a mené Marie, a vouloir sauter, elle s’est retrouvé avec quatre gosses et le cheval s’est sauvé !

ROSE

Oh Madame Mélanie, qu’elle langage et puis ce n’est pas gentil de dire du mal de Marie. Elle fait partie de notre équipe et on s’entend bien toutes les trois avec vous ? C’est elle qui est de nuit ce soir.

MELANIE

Pour vous entendre, pour sur que vous vous entendez, sauf moi qui suis dur d’oreille, ou lorsque Anne, met sa musique de singes trop forte… Vous allez me faire un peu de lecture. Le journal, s’il vous plait, j’ai mal aux yeux aujourd’hui….Alors quoi de neuf en page départementale

Lire un article du jour sur un fait divers dans le journal local et vous pouvez changer les noms de village de chez vous. Vous pourrez aussi plus loin changer le département de naissance de Mélanie et

la faire naitre dans votre département. Bon, laissez tomber les mauvaises nouvelles. Lisez-moi les avis de décès…

ROSE

. Il n’y en a que trois aujourd’hui, Froncles, Marcel Boulanger 72 ans

MELANIE

Connais pas !

ROSE Jean Ardoin à Joinville 63 ans

MELANIE

Connais pas !

ROSE Thonnance les Joinville, Joseph Crapaut …

MELANIE

68 ans, celui là je connais, il était moche étant jeune, il n’avait déjà plus de cheveux à 30 ans. Je ne sais pas comment il a fait pour se marier. Faut dire qu’il avait du blé !



ROSE Ah ! Il était riche… c’est sûrement pour ça qu’il a trouvé une femme !

MELANIE

Non, il était agriculteur, le blé, c’était ça sa richesse, il n’y a pas que l’argent dans la vie. Il faut bien des pauvres aussi, sinon il n’y aurait plus de riches. Cela ne servirait à rien que tout le monde soit riche. Plus d’envieux… on aurait tout ce que l’on veut… Tiens en parlant de vouloir, il va bientôt être l’heure de mon thé. Allez en cuisine me préparez cela ma petite Rose avec quelques gâteaux… pas trop secs. Mes dents me font mal en ce moment !

ROSE

Vos dents, mais vous avez un dentier…

MELANIE Et alors, on ne vous a jamais dit que lorsqu’on vous coupe une jambe par exemple, vous avez toujours mal au pied. Alors moi j’ai mal aux dents !

ROSE

Vous voulez le journal en attendant votre thé ?

MELANIE Posez le là, je vais regarder les photos, c’est écrit trop petit… je n’ai pas mes lunettes !

ROSE

Je vais vous les chercher, elles doivent être dans la chambre ! Elle sort

MELANIE

C’est cela dans ma chambre… sur la commode.

ROSE Entrée de Rose avec les lunettes.

Voilà Madame, tenez, vos lunettes, je vais préparer votre thé.

MELANIE De toute façon j’ai mal aux yeux, je ne verrais rien, vous me le lirez tout à l’heure.

Rose quitte la pièce, Mélanie prend le journal et commence à tourner les pages. S’arrête sur un

article, elle n’a pas mis ses lunettes… Elle parle à Rose assez fort

MELANIE Tiens, il y a un article sur Thonnance les Joinville, ils sont en train de faire un nouveau lotissement ! C’est bien, le village va rajeunir. Et dire que je suis née en Haute-Marne. J’ai bien réussi ma carrière, aussitôt arrivée à Paris, j’ai eu la chance de commencer à jouer au théâtre. C’était oh… il y a bien trop longtemps. J’aimerais bien y retourner un jour dans ce village! Mais le voyage est trop long. Il ne me reste plus que cet abonnement au journal local qui me relie à ce département et encore, j’ai les nouvelles de la veille. Pas très fraîches les nouvelles.

ROSE

De la cuisine : IL y a combien de temps que n’êtes pas retournée en Haute-Marne ?

MELANIE

Oh ! Plus de quarante ans … Comme la vie passe vite… Je dois avoir une photo qui traîne par là. Elle se lève sans canne, et va chercher un album dans un tiroir.



Ah oui ! Quel joli département, mais bon, à part les vaches, et même elles, les pauvres, n’ont pas beaucoup de trains à regarder passer !

Elle feuillette l’album… Que sont ils devenu tous ces gens.

ROSE

De la cuisine Voilà c’est prêt, je prend la boite de gâteaux et j’arrive.

MELANIE

Se dépêche de regagner sa banquette et ses cannes Prenez votre temps, ne courrez pas, vous pourriez tomber, et vous casser la tasse. Surtout que le torchon est toujours par terre. Vous attendez sûrement que je tombe pour le ramasser, non ? Pas de réponse… elle doit être sourde aussi. Bon alors il arrive ce thé ?

ROSE

Arrive avec un plateau, tasse et gâteaux Vous me disiez, une photo ? Ou se trouve t elle ?

MELANIE

Dans un album … quelques part dans la commode… comment voulez- vous que je vous la montre, je ne vois déjà pas bien et en plus vous voudriez que je me déplace. Si je pouvais tout faire, je n’aurais pas besoin de vous.

ROSE

Exact, Madame Mélanie. Nous serions au chômage toutes les trois… avec cette crise qui n’en finie pas… Vous voulez que je remue votre thé.

MELANIE

Oui bien sur. Oh cette crise, elle me rappelle celle de trente neuf.

ROSE Trente neuf, mais vous n’étiez pas née.

MELANIE

Non, mais ma mère m’a raconté…

ROSE Votre mère, mais elle est partie avec un américain…

MELANIE

Oh suffit Rose ! Vous n’allez pas me rappeler ses souvenirs désagréables que j’essaye d’oublier.

ROSE Excusez-moi, j’ai cru un moment que vous étiez Alzheimer

MELANIE

Mais je ne perds pas la mémoire, tiens une question, au sujet de cet Alzheimer, son prénom vous le connaissez ?

ROSE

Je ne me souviens pas madame Mélanie !

MELANIE Eclate de rires



Et voilà, c’est le début de la maladie. Bon, c’est con, tout le monde la connaît cette blague, sauf vous évidemment… Mais elle me fait rire à chaque fois. Faites moi donc un brin de lecture.

ROSE

Le journal ?

MELANIE Quoi le journal ? Ah non ! C’est trop triste. Lisez moi plutôt un poème de Verlaine, cela m’aidera à me déstresser.

ROSE

Allant chercher un recueil Pourquoi êtes vous stressée aujourd’hui ? Vous n’avez reçu personne.

MELANIE

Lisez d’abord, vous comprendrez ensuite. Lisez-moi « Chanson pour elles »

ROSE Feuillette le livret et s’arrête.

Voilà : Paul Verlaine 1844 – 1896, et bien dites donc, cela ne nous rajeunis pas. Vous n’avez rien de plus récent…

MELANIE

Suffit Rose, lisez, je vous paie pour me supporter, et non le contraire, compris !

ROSE Ho la la ! Cela ne va vraiment pas aujourd’hui

Chanson pour elles

Ils me disent que tu es blonde Et que toute blonde est perfide, Même ils ajoutent " comme l'onde ". Je me ris de leur discours vide ! Tes yeux sont les plus beaux du monde Et de ton sein je suis avide. Ils me disent que tu es brune, …

Rose commente

Faudrait savoir ce qu’il veut, une blonde ou une brune…

MELANIE Pas de commentaire Rose, je vous prie…

ROSE Oui, oui je continue, je disais ça juste pour comme cela ! … … Qu'une brune a des yeux de braise Et qu'un cœur qui cherche fortune S'y brûle... Ô la bonne foutaise ! Ronde et fraîche comme la lune, Vive ta gorge aux bouts de fraise !



Bon, vous savez votre truc là, je n’ai rien compris. Alors ne me demandez pas de traduire. Rien ne vaut pas un bon polar

MELANIE

Ma pauvre fille, vous êtes d’une inculture. Vous connaissez un peu Paul Verlaine quand même…?

ROSE Un peu, ben oui mon neveu ! Ma sœur habite au 12 rue Paul Verlaine mais on ne l’a jamais rencontré au bistro du coin.

Elle éclate de rire Je rigole, bien sur que je sais… c’est un poète, même qu’il était amoureux d’un mec, Rimbaud, vous voyez moi aussi je suis cultivée. Au fait vous m’avez dit que je comprendrais pourquoi vous êtes stressée. C’est sur qu’a lire des machins comme ça, ça stresse…

MELANIE

Rose, c’est un poème d’amour et qui me rappelle un amour de jeunesse… Il était beau comme un dieu et un soir je me suis laissé aller dans ses bras en l’écoutant me dire ce poème… IL le disait mieux que vous.

ROSE

Heureusement ! Imaginé que vous me tombiez dans les bras ! Ca ferait jaser dans tout le quartier…. Madame Mélanie s’entiche de sa garde malade ! Ben ça en ferait du propre…

MELANIE

Ah ! Vous, ma bonne Rose, vous avez vraiment un humour décalé. Mais enfin…vous êtes trop jeune pour moi…

Rires des deux qui s’embrassent.

ROSE Vous avez du avoir beaucoup d’amoureux dans votre vie d’artiste ?

MELANIE

Oui, de trop, et c’est peut être pour cela que je suis seule aujourd’hui, je n’ai jamais su les garder. Allez prenez un petit gâteau avec moi, on ne va les pleurer ces hommes quand même !

ROSE

Ah non alors ! Au fait vous savez pour Anne.

MELANIE Pour Anne ? Non, racontez-moi.

ROSE

Son mec l’a quitté.

MELANIE Un perdreau de perdu, dix corbeaux de retrouvés.

ROSE

Il est retourné chez sa femme.

MELANIE Pour l’héritage? Ah le fric ?

ROSE

Quel héritage ?… c’est bizarre, quelquefois j’ai l’impression que vous…



MELANIE

Que vous quoi ?

ROSE Que vous écoutez aux portes… vlà c’est dit !

MELANIE

Ecoutez aux portes ? Chez moi ? Mais pourquoi faire grands dieux ?

ROSE Bon, bon je n’ai rien dit !... Bon vous avez fini…. Je vais faire la vaisselle puis nous ferons deux fois le tour de la pièce pour vous dégourdir les jambes.

MELANIE

Oui, mais avant j’aimerais bien une petite liqueur !

ROSE Ah non, le docteur a dit une fois par semaine, pas une fois par jour, Ce n’est pas bon pour votre cœur !

MELANIE

Allez faire votre vaisselle. Vous n’êtes pas gentille avec moi, vous profitez toutes, que je sois handicapée. Ah, si je pouvais me déplacer…

ROSE

Oui c’est ça, continué de ronchonner toute seule. Rose rentre à la cuisine.

MELANIE

Regarde vers le cuisine et écoute Rose chanter et remuer de la vaisselle Bon allez une petite liqueur, ça n’a jamais fait de mal à personne.

Elle prend une bouteille sur le guéridon verse dans la tasse l’avale rapidement, puis retourne s’asseoir. Entrée de Rose

ROSE

J’ai oublié votre tasse. Elle ne voit rien

MELANIE

Allez-y faites comme chez vous, prenez tout ! …. Oh elle m’a foutu une de ses trouilles, heureusement qu’elle n’a rien vu, elle m’aurait disputé. Allez ! Je vais en reprendre une goûte, pour me remettre de mes émotions.

Elle prend la bouteille et boit au goulot. On sonne à la porte

ROSE

Je vais ouvrir !

MELANIE Bien sur, comment voulez vous que j’y aille avec mes deux cannes.

On entend des voix dans l’entrée. Mélanie s’approche et écoute contre la cloison. C’est encore Anne, son copain est revenu chercher ses affaires…… Ils se sont disputés….. Elle dit qu’elle va se mettre à la boisson…. Qu’elle va vider la cave….. De sa patronne……Que c’est un salaud….

Réalisant



Mais la patronne c’est moi ! Elle parle de ma cave, elle veut vider ma cave… Elle retourne vite s’asseoir et crie

Rose, qu’es ce que c’est ?

ROSE Entre suivie d’Anne

C’est Anne, Madame, elle a oublié vos clés, pour demain !

ANNE Oui excusez moi, je suis partie si vite tout à l’heure que j’ai oublié vos clés, comme je passais pas loin, je me suis dit : Ma petite Anne va donc chercher le trousseau de Madame Mélanie.

MELANIE

Oui Anne, et n’oubliez pas d’être à l’heure. Demain je reçois la coiffeuse à 10h, alors quand vous arriverez à 8h, rapportez moi un bouquet de fleurs pour égayer cette pièce !

ANNE

Oui Madame, à demain matin, A bientôt Rose !

ROSE Oui et doucement sur le jaja !

Rose disparaît

MELANIE Rose ! Allez à la cave tout de suite pour me remonter une bonne bouteille, tant qu’il y en a encore.

ROSE

Oui Madame, tout de suite ?

MELANIE Oui tout de suite, on ne sait jamais et puis, non, remontez en trois, vaut mieux faire des réserves.

ROSE

Mais Madame vous n’allez pas vous mettre à la boisson à votre âge ?

MELANIE Ben tiens, il n’y a pas que les jeunes qui peuvent noyer leur chagrin, les vieux aussi ont soif. Quand à mes chagrins d’amour, il y a longtemps que je n’en rêve plus. Au fait, Rose comment va le copain d’Anne ? Bien j’espère, toujours aussi beau. Elle ferait bien de se méfier, un jour une belle passera et lui piquera !

ROSE

Mais Madame, je viens de vous dire qu’il l’a quitté.

MELANIE C’est bien ce que je disais, cela devait arriver, avec toutes ses garces qui lui tournent autour !

ROSE

Mais non pas pour une femme… Mais pour sa femme.

MELANIE C’est son affaire, s’il préfère sa femme, je l’ai rencontré une fois et il ne m’a pas beaucoup plu… Il avait une queue de cheval et des boucles d’oreilles… Je sais, je sais, il faut vivre avec son temps mais la femme du copain d’Anne, Vous la connaissez ?



ROSE Non pas vraiment. Je vais vous cherchez vos bouteilles, bougez pas… !

MELANIE

Pas de danger, prenez votre temps, n’allez pas tomber dans l’escalier de la cave, les marches sont glissantes et vous pourriez casser les bouteilles… N’oubliez pas d’éteindre la lumière quand vous serez remontée.

ROSE

En voix off Oui vaut mieux l’éteindre après être remontée parce que…

MELANIE

Se lève et va voir si Rose est bien partie, elle prend le tel, fait un numéro Jeanne c’est moi Mélanie… oui, je vais bien, merci…. Tu ne connais pas la dernière… attends que je te raconte…. Oui, le copain d’Anne, une de mes gouvernante, s’est tiré… et la petite a décidé de piller ma cave pour noyer son chagrin… alors quoi… ben si, j’ai décidé de sauver les meubles… je vais faire remonter les bouteilles et les vider toutes… oui c’est cela … Oui attends, je te rappelle, j’entends du bruit… la porte du bas….

Elle raccroche. Entrée de Marie.

ACTE 1 Scène 3

Rose, Mélanie, Marie

MARIE Dans l’entrée voix off

Rose c’est moi Marie, la vieille fait toujours la sieste Entre et tourne le dos à Mélanie

Ce soir je serais en retard, je suis obligée de travailler une heure de plus chez Casino… Je voulais te prévenir.

Se retourne et voie Mélanie sur sa chaise qui fait semblant de dormir. Oh merde…

Entrée de Rose avec trois bouteilles

ROSE Fort

Qu’es ce que tu fais là toi ?

MARIE Chut !

Doucement La vieille dort ! Je venais te dire que je serais en retard ce soir, je fais la fermeture de Casino. Tiens tu piques le pinard toi aussi ?

ROSE

Comment…. Moi aussi ?

MARIE Ben, c’est que… j’en ai raflé deux hier pour mon repas de dimanche avec la famille.

ROSE

Moins fort, elle pourrait entendre…



MARIE Une sourde qui dort, ça n’entend rien !

ROSE

On ne sait jamais, elle dort peut-être d’un œil !

MARIE Rigole

Dort d’un œil sur ses deux oreilles… la classe, la mémé… Alors ce pinard ?

ROSE Non, ce n’est pas pour moi, c’est pour elle.

MARIE

Je suis en pleine déprime, depuis mon divorce, avec mes quatre gosses à nourrir je suis obligée de faire des heures supplémentaires partout… On s’en boit une sous le nez de la vieille ?

ROSE

Ne l’appelle pas comme ça, elle est gentille avec nous…

MARIE Je ne l’appelle pas, je la siffle… la bouteille ! Depuis qu’elle ne marche plus toute seule, elle est de plus en plus emmerdante… Allez ouvre une chopine, on s’en jette un derrière le gosier et je me sauve…

ROSE

Non ! Elle va se réveiller…

MARIE Mais non, elle est sourde, allez donne

Elle prend une bouteille, part à la cuisine, on entend le bouchon sauter. Rose guette Mélanie qui sursaute.

ROSE

Et bien voilà, tu l’as réveillé… Non elle rêve…

MELANIE Comme dans un rêve

Oh le joli bruit de bouchon ! A la tienne Etienne ! A la tienne mon vieux… Elle retombe dans son faux sommeil. Marie arrive deux verres à la main.

MARIE

Tu parles toute seule maintenant Rose.

ROSE Arrête, Elle a bougé, et elle parle en dormant !

MARIE

Et alors ! Laisse là parler cette brave femme… Allez tiens mémère, à la tienne Etienne.

ROSE A la tienne ma vieille.

MELANIE

Dans son pseudo sommeil, chante



Boire un petit coup c’est agréable, boire un petit coup c’est doux, mais il ne faudrait pas, abuser du vin de la bourgeoise…

MARIE

Ben dis donc, tu as raison, elle parle dans son sommeil… On croirait qu’elle vit les événements en direct.

ROSE

Elle me fout la trouille !

MARIE Bois et tais toi !

ROSE

Je n’aime pas le rouge. Anne m’a dit qu’il était bon ?

MARIE Je savais qu’elle aussi, en buvait en cachette. Qu’elle belle équipe on fait, tu ne trouve pas ?

MELANIE

Dans son sommeil Des ivrognes, oui Madame, j’emploie des ivrognes.

ROSE

Tu vois, elle le sait… elle t’a vu… on va être virée…

MARIE Mais non elle rêve, regarde je lui passe le verre sous le nez, elle ne réagis même pas.

ROSE

N’insiste pas trop…

MARIE Qu’es que tu peux être trouillarde toi !

ROSE

Je ne tiens pas à perdre ma place pour un verre de vin.

MARIE Bon allez, j’arrête… un dernier pour la route. Tu sais pour Anne… son mec est retourné chez sa femme… tous des salauds les mecs, on ne peut pas leur faire confiance

ROSE

C’est vrai ça, regarde le tien, il t’a laissé avec les quatre gosses ?

MARIE Mais non… c’est moi qui l’ai quitté !

ROSE

C’est pareil, c’est toi qui as les quatre gosses à nourrir

MARIE Et ça mange à cet âge… le frigo est souvent vide…

ROSE



À qui le dis-tu. Tu verras, ce sera pire quand ils seront adultes. Prends ton temps pour arriver ce soir, j’ai rien de prévu.

MARIE

Bon d’accord, allez, j’y vais. A ce soir ma poule… Elle sort

ROSE

Regardant Mélanie Ma pauvre dame, si vous entendiez tout cela, vous seriez vraiment surprise de votre personnel. Les bons employés se perdent et vous devez faire avec. Elles boivent votre vin, dorment sur le canapé, vous font des grimaces et vous, vous êtes là à dormir gentiment. Comme un bébé… C’est beau l’inconscience. Bon faut que je travaille un peu. Allez Rose va faire la vaisselle… si elle se réveille et qu’elle voit les verres cela va barder…

MELANIE Ouvre un œil

Et bien Rose, c’est quoi ce verre…

ROSE Mais c’est votre verre de vin. Je l’ai mis à chambrer le temps que vous dormiez.

MELANIE

Ah oui c’est vrai je me suis endormie quand vous êtes allée à la cave et j’ai bien dormi, j’ai même rêvé…

ROSE

Ah oui et de quoi avez-vous rêver Madame Mélanie ?

MELANIE Oh, rien de bien important, vous étiez toutes les trois autour de moi, des employées modèles et nous étions en train d’arroser quelque chose, mais je ne me souviens plus quoi, par contre je suis sure d’une chose…

ROSE

Oui dites-moi ?

MELANIE Je suis certaine de n’avoir encore rien bu moi…

ROSE

Donne le verre plein Alors à votre santé

MELANIE

A une santé qui m’est chère, la mienne.

ROSE Vous n’avez pas encore fait vos mouvements aujourd’hui et je suppose que vous n’en n’avez pas plus envie que d’habitude.

MELANIE

Et bien si, aujourd’hui, je suis en forme et j’ai bien l’intention de le rester… Mettez-moi la musique de Véronique et Davina…

Envoi de la musique.



Venez m’aider à me relever… passez moi ma canne que je m’appuie dessus… Un, deux, trois…

ROSE Un pas en avant, un en arrière… doucement…

MELANIE

Allez faire ma chambre, j’arriverais bien à faire quatre mouvements toute seule Rose sort et Mélanie se lâche doucement au son de la musique – cette fin de scène doit être très

comique sur la gestuelle

NOIR

ACTE II Scène 1 Mélanie

Mélanie est seule en scène, elle est en train de lire un texte théâtre « Chienne de ville et chien des champs» sans lunette en arpentant le salon.

MELANIE

Tous les dimanches, c’est pareil, pas moyen de faire ma promenade matinale… Et le petit déjeuner avec mes croquettes au soja et mon bol de lait ? C’est que j’ai faim moi ! Et il n’y a plus beaucoup d’eau dans ma gamelle. Bon ! Je patiente encore un peu, si ça ne bouge pas… je hurle à la mort et je réveille l’immeuble. Sniff, sniff. Je m’appelle, heu non, on m’appelle Happye. Je suis une jeune chienne de quatre ans.

Entrée d’Anne, un panier de légumes à la main

ANNE

Ben ça alors, vous lisez sans lunette ?

MELANIE Troublée, elle cherche ses lunettes autour de son cou et s’accroche à une chaise.

Je ne lis pas je récite…

ANNE Sans cane ?

MELANIE

Parce que vous, vous lisez avec une cane ? Aidez moi donc à m’asseoir, au lieu de racontez n’importe quoi !

ANNE

Et doucement, la jeune chienne de quatre ans, faudrait ne pas essayer de mordre.

MELANIE C’est bon, excusez moi, mais vous arrivez comme ça chez moi, vous m’avez surprise en plein travail.



ANNE Mais comment avez vous fait pour vous levez de votre fauteuil toute seule ?

MELANIE

Je ne sais pas, un miracle peut être, depuis le temps que je prie…

ANNE Ah bon ! Vous priez maintenant ?

MELANIE

Heu, non ! C’est vrai je ne prie pas non plus…

ANNE Alors comme ça, vous vous êtes remise au boulot, faîtes voir ce texte « Chienne de ville et chien des champs » Je suppose que la chienne de ville c’est vous ?

MELANIE

Bien sur, j’avais envie de me remettre un instant dans la peau d’un nouveau personnage.

ANNE Vous auriez pu prendre l’autre rôle, cela vous aurait été plus facile. Un vieux chien, il ne vous reste juste à changer de sexe !

MELANIE

Cela suffit, gardez votre humour pour séduire vos futur amants.

ANNE Vous sous-entendez quoi ?

MELANIE

Rien, mais quand on est plus assez séduisante pour garder son amant, on ne traite pas les autres de…

ANNE De vieux ! Voilà qui est dit. Et comment vous savez cela, vous ! Je vous croyais sourde…

MELANIE

Moi oui, mais les murs ont des oreilles ici.

ANNE C’est surtout une langue de pute qui vous a raconté cela. Elle est incapable de tenir sa langue.

MELANIE

Si vous parlez de Rose, elle ne m’a rien dit. Mais si vous parliez moins ma petite Anne, personne ne serait au courant de votre vie privée. Passez moi ce texte je vais essayer de le travailler…

ANNE

Travailler ? Vous ? Enfin, c’est vraiment étrange ! Vous lisez sans lunette, vous marchez sans canne, vous ne priez pas… vous ne nous auriez pas joué la comédie de la vieille dame infirme.

MELANIE

Vieille dame infirme, comme vous y allez…

ANNE Et si ça se trouve vous n’êtes même pas sourde ? C’est pour cela que vous savez pour Eric et moi.



MELANIE Ah si, je suis sourde, la preuve c’est que je ne vous ai pas entendue entrer. C’est bien la première fois d’ailleurs.

ANNE

La première fois que quoi ?

MELANIE Que je… marche, lis et n’entends pas… Oui vous avez raison !

ANNE

Vous avouez nous avoir joué la comédie ?

MELANIE Non, que c’est étrange. Mais… aujourd’hui… on est vendredi ?

ANNE

Je ne vois pas le rapport. Oui, on est vendredi. La preuve, je reviens du marché.

MELANIE Tout s’explique dans la vie, il suffit de chercher un peu.

ANNE

Chercher quoi ?

MELANIE La canne… les lunettes… enfin le miracle.

ANNE

Le miracle faut pas exagérer non plus, c’est plutôt l’arnaque…

MELANIE Ecoutez ma petite, regardez-moi… Es ce que j’ai l’air d’une arnaqueuse… A mon âge.

ANNE

Oh vous savez les arnaques les plus grosses sont celles qui sont les plus faciles à avaler.

MELANIE Je vous laisse avaler ce que vous voulez, moi je vous dis que c’est une sorte de miracle, de jour de chance.

ANNE

Je ne comprends toujours pas.

MELANIE Aujourd’hui… c’est vendredi 13. C’est jour de chance. Au fait vous m’avez pris mon astro à gratter

ANNE

Oui, je vous l’ai acheté votre astro comme tout les vendredi 13 Elle lui tend un ticket

Vous pouvez le gratter.

MELANIE Merci, voyons voir si la chance me souris encore

Elle met ses lunettes



Mais ce n’est pas mon signe…

ANNE Non c’est le mien, je n’avais pas envie de jouer le votre

MELANIE

Mais c’est moi qui paie.

ANNE Heureusement, je n’ai pas envie de perdre sur toute la ligne.

MELANIE

Furieuse Et bien je ne le gratterais pas

Elle jette le ticket.

ANNE Pas de problème.. Je vais le faire moi même!

MELANIE

Non ! Je vous interdis de toucher à mon astro.

ANNE Comme vous voulez

Elle pose le ticket sur la table. Moi je vais aller préparer le repas de midi.

MELANIE

Qu’es ce qu’on mange aujourd’hui.

ANNE Pour un vendredi 13 je vais vous faire une bonne soupe à l’oseille et des radis en entrée. Ce sera toujours ça de gagner.

MELANIE

Pauvre fille, si c’est de l’humour, il ne me fait pas rire. Aidez-moi à rejoindre ma chambre. On sonne.

Qui c’est qui vient encore nous m’emmerder ?

ANNE Vous emmerdez ? Mais moi aussi cela me dérange dans mon travail.

MELANIE

Allez ouvrir au lieu de dire n’importe quoi. C’est vrai ça ! Allez ouvrir la porte, fait parti de votre travail.

On sonne de nouveau.

MELANIE Crie.

C’est bon, j’arrive ! Doucement.

Allez-vous aller l’ouvrir cette porte ou quoi ?

ANNE Voilà, voilà j’y vais…



On sonne de nouveau. J’arrive, j’arrive.

Elle sort. Mélanie s’approche pour écouter. Elle se trouve bousculée par l’entrée de Marie et se retrouve au sol.

MARIE

Regarde Mélanie par terre et se retourne vers Anne qui entre. Qu’es ce qu’elle fiche par terre, c’est elle qui nettoie le sol ?

ANNE

Ben je ne sais pas…Quand tu as sonné je suis venue t’ouvrir, elle était debout au milieu de la pièce.

MARIE Parce que si elle t’aide à faire le ménage, ce n’est pas juste, moi elle ne m’aide pas… Tu fayottes toi ?

ANNE

Non je t’assure, elle…

MELANIE Assise par terre.

Vous allez me laisser là encore longtemps ?

MARIE Vous ne descendrez pas plus bas…

Elle prend un cousin et le lance à Mélanie. Si c’est trop dur, mettez le cousin sous vos fesses… Il faut que je vous raconte les filles.

MELANIE Interloquée.

Les filles ? C’est a moi qu’elle parle ?

ANNE Calmement.

Non c’est à moi qu’elle s’adresse.

MELANIE Elle a dit « filles »au pluriel.

MARIE Enervée.

Je n’ai jamais dit « Au pluriel », j’ai juste dis « Faut que je vous raconte…

MELANIE … les filles »… c’est du pluriel.

Marie prend le bras de Anne et la conduit sur le divan.

MARIE Assied toi ma chérie, sinon tu vas tomber sur ton cul.

MELANIE

C’est déjà fait pour moi… Bon alors… Les filles, vous m’aidez à me relever, je ne vais quand même pas rester assise par terre à mon âge.

ANNE

Fais semblant de se lever



Je vais vous relever.

MARIE Reste assise toi, je te dis …Quand a vous écoutez moi aussi, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer.

ANNE

Tu es enceinte ?

MELANIE Elle a dit une grande nouvelle.

ANNE

Ben c’est une nouvelle quand même, non ?

MELANIE Elle a déjà quatre gosses, ce n’est pas nouveau.

MARIE

Commence à s’agiter, puis s’apprête à sortir. Si je ne vous intéresse pas, je me casse, j’irais voir Rose pour lui raconter… Elle m’écoutera… Elle !

ANNE

Ne te fâche pas, on s’interroge c’est tout. N’es ce pas Madame Mélanie ?

MELANIE Oui bien sur… Mais vous pourriez peut-être me relever ?

MARIE S’énerve.

Faudrait savoir, vous voulez toujours être assise et là vous nous emmerdez pour vous mettre debout ! C’est chiant les vieux, jamais contents… On a vraiment un métier de merde, on mériterait des médailles. Vous êtes assise, vous y restez… Compris ?

MELANIE

Si vous le dites ! Mais je pourrais peut-être…

MARIE Non !

ANNE

On pourrait l’asseoir sur le divan, comme nous.

MARIE Bon, allez d’accord…

Elle l’aide à relever Mélanie, mais n’y arrive pas. Elle apostrophe Anne. Tu bouges ton cul toi ? Tu viens m’aider à la relever, je n’y arrive pas.

ANNE

Faudrait savoir si on s’assied ou si on se lève… Madame Mélanie a raison, t’es chiante toi ce matin.

MARIE Lâche Mélanie qui retombe assise.

Chiante moi ?



MELANIE Hé, j’ai rien dis moi, oh et puis merde… j’en ai marre.

Elle se relève toute seule devant les deux filles étonnée.

MARIE Ben ça alors, on se fait chier à l’aider, et elle se lève toute seule.

ANNE

C’est un miracle.

MELANIE Gênée de se voir découverte.

Oui c’est ça, c’est un miracle. Elle tourne sur elle, heureuse.

Un miracle, ben qui l’u cru.

MARIE Les miracles n’existent pas, vous nous avez berné avec vos béquilles. Vous êtes plus agile que nous. Comédienne !

MELANIE

Je sais c’était mon métier… Et puis je vais vous calmer moi, si vous racontez à qui que ce soit que je marche sans canne, vous perdez votre emploi de dames de compagnie…

ANNE

Et pourquoi ?

MARIE L’arnaqueuse c’est vous, pas nous !

MELANIE

Vous oubliez une chose, mesdames… c’est que… votre patron ne comprendrait pas qu’il faille trois femmes pour une fausse handicapée, une seule pourrait suffire et encore pour ne pas faire grand-chose… alors fuiiiit … la porte ou alors au mieux dispersée chez quelques vieux grabataires, ronchons aux mains baladeuses…

Plus fort. Alors silence, compris ?

Marie et Anne se regarde. Bon d’accord, on ne dira rien à personne.

ANNE

Interrogative à Anne. On peut prévenir Rose quand même.

MELANIE

Non, Rose ne saura rien. Deux ça bavardent alors… trois ça colportent.

ANNE Mais Rose, c’est la plus âgée, elle va se taper le même boulot qu’avant, à vous chouchouter, vous faire marcher, tout cela.

MELANIE

Mais rien ne change, vous ferez pareil, vous m’aiderez à marcher, faire de l’exercice, tout ça…

MARIE



Mais c’est abominable, vous êtes pire que ce que je croyais. Vous êtes une vieille… une vieille…

MELANIE Toute heureuse.

Comédienne, je sais. Bon alors, ma petite Marie, je croyais que vous aviez une grande nouvelle à nous annoncer.

MARIE De nouveau excitée

Tenez-vous bien, ça va vous trouer le cul.

MELANIE C’est déjà fait.

ANNE

Très étonnée. Pourquoi vous la connaissez déjà sa grande nouvelle ?

MELANIE

Ecroulée de rire. Je vous aime Anne, avec vous on ne s’ennuie pas… vous savez que vous êtes d’un naturel.

ANNE

Toujours étonnée. Ca veut dire quoi… Que je sois naturelle, c’est vrai que je n’ai jamais aimé le maquillage.

MARIE

Ca veut dire que t’es… CON !

ANNE Ah bon et pourquoi ? C’est con de ne pas aimer le maquillage, c’est mieux de rester au naturel.

MELANIE

Bon, laissez Marie… Alors cette grande nouvelle.

ANNE Je croyais que vous saviez ?

MELANIE S’énerve.

Ca suffit, taisez-vous… Cinq minutes de conneries, c’est bon, après ça donne l’impression que vous le faites exprès… Ce n’est plus naturel !

ANNE

Ne vous fâchez pas, Madame Mélanie, je dirai rien… plus rien !

MARIE Ca m’étonnerais, chasse le naturel, il revient au galop.

MELANIE

Bon alors, vous accouchez ?

ANNE Je savais bien que t’étais enceinte…



MARIE Mais non, t’es conne où quoi ?

MELANIE S’énerve.

Taisez-vous… Mais on s’en fout qu’elle soit enceinte, oui on s’en fout… On veut juste savoir !

ANNE Rapidement en tapant dans ses mains comme une petite fille.

Si c’est un garçon ou une fille ?

MARIE Mais tu le fais exprès ou quoi ?

MELANIE

Non elle ne se force pas, c’est naturel chez elle.

ANNE Vous parlez de quoi ? Moi j’aimerais bien savoir… Vous allez dire que je suis curieuse… Hein, si dites moi ?

MARIE

Tu es curieuse !

ANNE Et vous patronne, vous ne me le dites pas ?

MELANIE

Vous êtes curieuse !

ANNE Et bien je vous réponds. Je suis curieuse, j’aime bien savoir… Je peux te poser une question Marie ?

MELANIE

Allez-y, mais vite hein ?

ANNE Où ? Je vais où madame Mélanie, parce que j’aurais aimé savoir avant d’y aller.

MARIE

Arrête Anne, tu as fumé ce matin ? Pris des comprimés ?

ANNE Fumé non, je ne fume pas, mais j’ai pris ma pilule ce matin, on ne sait jamais sur qui ont peut tomber…

MELANIE

Vous avez raison Anne, je devrais faire comme vous, prendre la pilule, comme ça si je tombe sur une conne, je ne serais pas…

ANNE

… Enceinte ? A votre âge ? Mais avec qui grand dieu ?

MELANIE



Marie, je vous propose d’aller préparer mon diner, vous resterez manger avec nous Anne, cela vous remplira le ventre, si on n’arrive pas à remplir le cerveau. Et au dessert vous nous annoncerez la bonne nouvelle, Marie, mais pas avant. Vous allez venir me faire un peu de lecture dans ma chambre Anne.

ANNE

Se lève et se dirige vers la chambre. Pas des poèmes, je n’aime pas lire des poèmes.

MELANIE

Où allez-vous comme ça ?

ANNE Ben dans votre chambre, pour vous lire un truc.

MELANIE

Venez m’aidez à me relevez d’abord… aidez-moi à marcher, vous savez bien que je n’y arrive plus toute seule.

Anne aide Mélanie à marcher, elles disparaissent dans la chambre. Marie les regarde.

MARIE Comédienne, va ! Bon allez…. je vais préparer le diner. Faut bien quelqu’un travaille dans cette maison.

NOIR

ACTE III Scène 1

La lumière monte sur un salon vide, des bouteilles sont vident, de la musique sort d’un haut parleur. Il semble que l’on ait fait la fête dans cette maison. Une porte qui claque, des pas, Rose entre, défait son

manteau en regardant le désordre. ROSE

Ben, c’était Marie avant moi… Tu parles d’un chantier, ils ont fait la fête ici. On entend ronfler. Rose va à la porte de la chambre. Ecoute.

Ce n’est pas la patronne qui ronfle, je n’entends rien dans la chambre. Elle se retourne et regarde la pièce, puis s’approche d’une couverture dans un coin.

Un clodo squatte l’appartement, la porte n’était pas fermée à clé, il est rentré, c’est saoulé et maintenant il dort dans ce coin. Marie n’est pas sérieuse et comme Madame Mélanie et sourde, elle n’a rien entendu… J’appelle les flics ? Non, il va y avoir enquête et Marie sera virée, c’est à moi de faire le boulot. Tu vas voir ce que tu vas voir mon gars. Elle sort vers la cuisine et reviens avec un balai, une ficelle et pointe le manche contre la couverture

et crie. « Police, les mains en l’air »

Deux mains sortent de la couverture doucement, puis une tête sous une capuche. Allez debout, les mains dans le dos, ne te retournes pas, j’ai mon arme contre ton dos, je vais t’attacher, tu ne bouges pas où je tire.

Elle lui attache rapidement les mains dans le dos. Et le retourne. Montre ta gueule, sale poivrot. Merde Marie, c’est toi ?

MARIE Tu m’as fais une de ses peur !

ROSE Tu fais quoi là ?



MARIE

Je te regarde !

ROSE Sérieusement, tu faisais quoi couchée sous cette couverture.

MARIE

Encore éméchée. Rien, je dormais… C’est interdit de dormir enroulée dans une couverture ?

ROSE

Par terre ! Chez la patronne !

MARIE Ben on est devenue copine avec Mélanie, on a arrosé la bonne nouvelle.

ROSE

Copine avec la patronne ? Arrosé la bonne nouvelle ? Tu es saoule toi !

MARIE On était saoule.

ROSE

Madame Mélanie aussi ?

MARIE Ben oui, c’est elle qui a commencé, puis Anne a suivi et après moi.

ROSE

Anne était là aussi ?

MARIE Ah ! Tu ne l’as pas vu elle ? Elle est passée où, cette conne.

Elle appelle.

Anne… Ma sœur Anne… Où es tu ? Ou…ou… ou !

ROSE Chut, tu va réveiller la patronne.

MARIE

M’en fout ! On est copine… et jsais tout…

ROSE Mais tu sais quoi ?

MARIE

Chut ! Je ne dirais rien… Mouche cousue…

ROSE Mouche cousue ?

MARIE



Bouche… Cousue… Oh ! Putain j’ai un de ces mal de tête… Bon, le rouge ! Mais ça fait mal au crane, mais c’est super bon quand on le boit entre copines…

Elle crie de nouveau. Copine hou… hou… Chopine… heu non Copine…

ROSE

Tu ferais mieux de t’allonger sur le divan, je vais aller chercher un gant de toilette et de l’eau fraiche. Elle sort vers la cuisine puis crie

« Sort de dessous cette table Anne, mais tu es saoule aussi » Elle revient poussant devant elle Anne, saoule aussi, ébouriffée.

MARIE

Coucou… oh la tronche, t’es pas dessaoule toi !

ROSE Tu parles, elle était couchée sous la table, elle m’a foutue une de ces trouilles, allez sur le divan et passez-vous de l’eau sur le visage.

ANNE

Ah non, pas d’eau après ce bon vin.

MARIE Ce serait un crime.

Elle crie. Pas d’eau, pas d’eau, pas d’eau…

ROSE

Vos gueules les mouettes, vous allez réveiller la patronne. Elle leur frotte le visage en les aspergeant. Les filles s’ébrouent. Un bruit sourd dans la chambre.

Et voilà, vous l’avez réveillé, je vous préviens, moi, je ne vous soutiendrais pas quand elle va vous voir dans cet état, c’est la porte assurée.

MARIE Mais je te dis que c’est une copine.

ANNE

Oui, on est trois copines, on sait un truc, mais, nous avons promis de ne pas te le dire.

MARIE Ta gueule toi, tu vas finir par lâcher le morceau.

ANNE

Mais non, j’ai promis et une promesse c’est une promesse.

ROSE Vous êtes saoules comme des barriques pleines de vin.

ANNE Vident… Des barriques vident… Faut nous laisser dormir un peu, avant de rentrer.

MARIE

Tu as raison, Anne… Tu nous laisses une heure et tu nous réveilles Rose. Elles se rendorment sur le divan.

ROSE



Les voilà rendormies. Bon ce bruit dans la chambre de la patronne c’était quoi… je vais aller voir. A peine dit, que la porte s’ouvre sur Mélanie, debout sans canne, échevelée une bouteille à la main à

moitié vide. Elle semble saoule aussi. Rose tombe à genoux. Seigneur…

MELANIE

Qui c’est qui fait le bordel chez moi ?

ROSE Ce n’est pas moi Madame.

MELANIE L’aperçois.

Ah t’es là toi ? Que fais tu fais à genoux, tu crois que c’est le moment de prier, faut me nettoyer ce bordel vite fait, et sans bruit…

Elle pose son doigt sur ses lèvres et retourne vers sa chambre. Chuuuut, pas un bruit… Je ne veux rien entendre… Le moindre bruit me fait mal au crane.

Elle se retourne et crie. « Compris ! »

Et disparaît dans la chambre. Aux cris, les deux autres sortent de leur sommeil et crient ensemble.

MARIE et ANNE « Silence ! »

Rose est toujours à genoux et se tient la tête.

ROSE Les deux employées saoulent, la patronne qui marche sans canne, et qui n’est plus sourde, il faut que je me pince pour me réveiller. C’est un cauchemar. Bon à trois, je me pince la cuisse… si je crie, c’est que c’est la réalité…

Elle se pince et crie. Aiiiiiiii….

ANNE, MARIE et MELANIE

Ta gueule.

ROSE Doucement

Mais, j’ai mal moi…

NOIR

ACTE III Scène 2

Rose et en train de balayer le salon, arrive Anne avec un panier de courses. Elles s’embrassent. ROSE

Bonjour ma petite Anne, tu es en avance ce matin.

ANNE Vu le chantier que nous avions laissé hier soir, je me suis dit qu’il serait bien que je participe au nettoyage, mais je vois que tu as tout rangé et nettoyé.

ROSE

Oui j’ai presque fini… Tu parles d’un bordel que vous aviez mis hier …



ANNE

Avec la patronne !… Je vais poser les courses à la cuisine. Elle sort vers la cuisine et on entend sa voix.

Tu as fait la vaisselle aussi… Tu es rapide.

ROSE C’était surtout des verres à laver…

Arrivée d’Anne.

ANNE Tu sais qu’Eric, m’a appelé ce matin ?

ROSE

Eric, non ? Comment le saurai-je ?

ANNE Oui, c’est vrai. Figure toi qu’il m’a proposé un diner en tête à tête dans un grand restaurant de la ville.

ROSE

Tu vas y aller ?

ANNE Peut-être, je ne sais pas encore, tout va dépendre de Mélanie.

ROSE

Ah oui Mélanie… Elle dort encore ce matin.

ANNE Avec ce qu’elle tenait hier, rien de drôle qu’elle dorme encore… Moi ça va, j’encaisse… et Marie ?

ROSE

Quoi Marie ? Avec ses quatre gosses, elle a sûrement du boulot chez elle.

ANNE Ton mari a du être étonné que tu sois rentrée plus tôt ?

ROSE

Non, il était chez sa mère avec les enfants.

ANNE Suis-je bête, c’était merci……… Vous souhaitez connaître la fin, merci d’envoyer votre demande avec vos coordonnées complètes (Nom, prénom, adresse complète, téléphone et nom de la troupe) à [email protected] Vous recevrez le texte complet rapidement. Si vous décidez de jouer, il faudra demander une autorisation à la SACD et avertir l’auteur.

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Une comédie de Michel Fournier - Le Proscenium · aides soignantes s’absentent, Mélanie retrouve ses facultés… ! Un jour, une des filles arrive avec une grande nouvelle…