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Une entrevue avec PATRICE VEILLEUX Choix des textes, recherche généalogique et harmonisation par Louise Senécal Relations publiques par Lorraine Poulin Fluet

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Une entrevue avec

PATRICE VEILLEUX

Choix des textes, recherche généalogique et harmonisation par Louise SenécalRelations publiques par Lorraine Poulin Fluet

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Généalogie

Jean VeilleuxJos-Olivier Veilleux Saint-François 6-11-1828

Marcelline LessardJules Veilleux Saint-Victor 16-1-1855

1res noces : M.-Alvine Poulin Narcisse Pageau

2es noces : Odélina Veilleux Adèle Pageau Saint-Victor 19-11-1833élevée par Vital Cloutier M.-Josette Ouellet*

Patrice Veilleux Saint-Victor 30-8-1910né le 11-8-1911 3es noces Étienne Gosselin

Augustin Gosselin Saint-Joseph 1844Rose D.-Gagné

Caroline Gosselin Saint-Frédéric 21-9-1875 veuve de Gédéon Lessard àGeorges

Marie Labbé

Saint-Victor 18-7-1935Joseph Tardif

Pierre Tardif Saint-Joseph 1837Julie Dostie

François Tardif Saint-Victor 23-11-1874Olivier Roy

M.-Célina Roy 1852Rosalie Doyon

Fernande Tardif Saint-Victor 10-6-1912Georges Poulin

Joseph Poulin Saint-François 1847Zoé Bolduc

Yvonne Poulin Saint-Victor 1875*Voir, dans le Survol historique, partie 1,Vital Cloutier

Alexis Plante

Virginie Plante Saint-François 1835Rosalie Bureau

Patrice et Fernande, le 18 juillet 1935.Provenance : Patrice Veilleux

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LPF– Nous sommes le 22 février 1995et (Lorraine Poulin Fluet) j’enregistremonsieur Patrice Veilleux (à Jules).

Parlez-moi donc, au niveau del’école. Vous avez été secrétaire desannées?

PV– Oui, vingt-huit ans.

LPF– Vous avez commencé où?

PV– J’ai commencé secrétaire de laparoisse.

LPF– Vous dites que vous avezcommencé secrétaire de lamunicipalité?

PV– Oui, scolaire de Saint-Victor. J’airemplacé Ti-Fred Poulin (Alfred, aussidit Pater à Alfred).

LPF– Secrétaire scolaire. Vous n’avezpas travaillé du tout avec Ti-Fred?

PV– Non, je tenais magasin, maisj’étais secrétaire pareil. J’avais lecoffre-fort chez nous. Mon bureau étaitchez nous, quand j’ai commencé.

On a bâti la première école en’64 et la deuxième en ’66. C’était lamême école, mais ç’avait été agrandi.J’étais secrétaire du village et de laparoisse.

LPF– Mais avant ça, vous avez étésecrétaire de la paroisse pendantcombien d’années?

PV– Une quinzaine d’années certain1.

Écoles

LPF– Vous avez dû en voir de toutesles couleurs?

PV– Oui. Quand on a centralisé, ç’abrassé1 pas mal. Il fallait faire des avispublics. On les affichait et le mondearrivaient à l’assemblée et cassaient ça.

LPF– Ils ne voulaient pas s’en venir auvillage?

PV– Ce n’est pas ça. Ceux des rangsdisaient : «On ne pourra plus aller àl’école, ça va être fermé, les chemins.»p’is c’est ci p’is c’est ça. Ils ne raisonnaientpas comme nous-autres et j’ai dit : «Sivous voulez avoir des chemins, on ajustement le bon moyen. Quand ce seracentralisé, vous allez vous occuper deles faire ouvrir pour vos enfants, pourles emmener à l’école.» Mais çabrassait1!

L’avis public, le lendemainmatin, on l’affichait et onrecommençait jusqu’à temps qu’ils setannent : «Quand vous serez tannés defaire signer des contre-requêtes, ça vapasser.»

LPF– Mais dans tous les coins de laparoisse, ils ne voulaient pas s’envenir?

PV– Non, mais on ne se faisait pas aimer.Imagine-toi, ceux qui restaient dans lefond des rangs. «On ne pourra plus allerà l’école, on ne pourra plus aller à lamesse.» Puis ce n’était pas drôle!

LPF– Est-ce qu’il y en a qui vous ontremercié, après coup?

PV– Oui, puis il y a du monde qui esthaïssable de nature. Aye! on a eu desassemblées, quand ils ont fait desréparations à l’École Champlain, et ontenait les assemblées au couvent de LaStation. Quand ils ont réparé lecouvent, ils y ont fait des classes. Lacentralisation, ça emmenait du monde.Il n’y avait plus d’écoles dans les rangs,on les avait toutes vendues. On avaitfait deux classes en haut et deux classesen bas. C’était deux étages, ça.

LPF– À La Station?

PV– Oui, elle a été débâtie (au165, rue du Séminaire).

LPF– Combien gagnaient lesprofesseurs, à l’époque?

PV– Elles (les maîtresses d’école)avaient cent piastres par année et ellesétaient obligées d’acheter le bois à lacriée des âmes2. Le monde arrivaientavec du bois à vendre, du bois vert etdu bois pourri. Les maîtresses, aveccent piastres par année, elles étaientobligées de s’emmener du bois sec,pour chauffer le poêle. Puis elleslavaient leur école, elles fournissaientle savon et elles fournissaient tout.C’était la tristesse!

LPF– Elles ne gagnaient pas cher

PV– Celles qui faisaient l’école,comme au (rang) 6 (Nord), et quivoulaient y aller en voiture, il fallaitqu’elles payent.

LPF– Ou elles montaient à pied?

PV– Elles montaient à pied, quand il

En 1949, il est proposé parmonsieur Joseph Bernard et adoptéà l’unanimité que monsieur PatriceVeilleux soit nommé secrétairetrésorier de la municipalité scolairede la paroisse de Saint-Victor enremplacement de monsieur AlfredPoulin qui a donné sa démissionverbalement à la séance du 2 août.Ce nouveau secrétaire entre enfonction au prix fixé par le salaireminimum, soit vingt-cinq dollarspar mois. À cette même assemblée,le secrétaire est autorisé à allerchercher les livres et documentschez monsieur Alfred Poulin,secrétaire démissionnaire. MonsieurAlfred Poulin exige que le nouveausecrétaire-trésorier, Patrice Veilleux,soit accompagné du vérificateur descomptes, monsieur Albert Turmel,ce que tous les commissairesacceptent. Adopté.

Source : document épistolaire deHilaire Fortier, 12 mai 1990

En 1962, monsieur PatriceVeilleux fut nommé secrétairetrésorier au salaire de cent dollarspar mois.

Source : document épistolaire deHilaire Fortier, 12 mai 1990

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faisait beau, mais l’hiver, il fallaitqu’elles montent en voiture. Quand ç’achangé, il a fallu commencer à lespayer, les maîtresses. Le mondes’objectaient.

LPF– Est-ce que c’est la municipalitéqui payait les professeurs?

PV– Oui. Quand on s’est fusionnés, legouvernement donnait des octrois.Avant, il y en avait, des octrois, maisils ne figuraient pas le salaire normal.Ils faisaient figurer des salaires pouravoir l’octroi, pour que ça ne leur coûterien. C’étaient des petits jeuxépouvantables. Il fallait qu’ils payenttant, mais ils ne le donnaient pas. Il yavait le couvent. Les soeurs étaientpayées. Mais quand je suis rentré, c’estdevenu autrement. «D’abord, il vousfaut des diplômes, pour faire l’école.Alors vous allez montrer vos diplômeset chacune va être payée.» Ilstrouvaient que ça coûtait cher, aucommencement.

Puis ils ont été contents, aprèsun an ou deux. Le pire de tout, c’estqu’on ne faisait pas ce qu’on voulait,avec les commissaires. Il fallait prendreles bois du Québec, on n’avait pas ledroit de prendre les matériaux qu’onvoulait. C’est pour ça que les plafonds,ici, à l’école, c’était du bois vert, dubois collé. Mais quand c’est vert, ça necolle pas et les poutres, on a été obligésde tout faire remplacer ça.

LPF– C’était en ’64?

PV– Oui.

Écoles – Centralisation

LPF– Parlez-moi de la centralisation?

PV– Quand on a fait la centralisation,la première chose de toutes, c’était desavoir le millage. On avait tout pris,comme partir de chez Noël Groleau (àAmédée) à aller virer1 au village, il y a5 milles, partir du village à aller chezBernard Bolduc (à Arthur), les deuxbouts de paroisse, dans le même rang,3 Nord et 3 Sud, ça fait 10 milles.Ensuite, si tu remontes au 4 (Sud), chezFlorian Bolduc (à Arthur), il faut quetu additionnes ça.

LPF– Papa a déjà acheté des écoles.C’était juste pour vous en débarrasser?

PV– Oui, il fallait s’en débarrasser. Leterrain, ç’avait été donné à laCommission scolaire et la Commissionscolaire, il fallait qu’elle le donne ouqu’elle le vende une piastre.

LPF– Il fallait qu’elle le redonne auxgens, qui lui avaient donné?

PV– Oui. Au premier rang, quand ilsont élargi le chemin, il a fallu faire uncontrat enregistré, pour commencer,pour montrer qu’on était propriétaires.Ça nous avait été donné, mais on étaitpropriétaires. Et là, on avait le droitd’être payés.

LPF– Pour les terrains?

PV– Oui et pour passer avec lespoteaux et les choses, ils achetaient duterrain. Ça fait qu’ils nous ont donnéle prix qu’ils donnaient aux autres.

Le monde étaient arriérés.Mais ce n’était pas de notre faute. Onavait été élevés dans l’ignorance et c’estavec ça que les gouvernements nouscontrôlaient. Les prêtres pareil. Quandon a commencé à se déniaiser, ils onteu plus de misère, un peu. C’était letemps de la grande noirceur, qu’ilsappellent. Les usines, les manufactures,c’étaient aux Anglais. C’étaienttoujours les Anglais qui avaient l’argent

et nous-autres, on se tenait en arrière,comme des petits moutons, et on avaitpeur. On n’avait pas la connaissancevoulue et l’instruction voulue.

Caisses – Banque

LPF– Est-ce que vous avez euconnaissance des Caisses populaires(Desjardins), à l’époque, en 1909?

PV– Dans ce temps-là, c’étaient desCaisses paroissiales et ce n’était passur le même principe que les Caissespopulaires (Desjardins) d’aujourd’hui.Joseph Bernard (dit Bébé à Godfroiddit Got) avait parti ça avec Valère Paré(à Joseph). C’était comme une sociétéagricole.

Le monde entraient dans çapour avoir de l’argent et ils n’en avaientpas. C’était dur à partir.

LPF– Est-ce que vous en avez euconnaissance, quand c’est parti?

PV– J’en ai entendu parler, mais moi,comme marchand, j’étais avec lesbanques, la Banque du Canadiennational (ou Banque canadiennenationale). Ernest Veilleux (à Amédée),mon cousin, tenait la Banqued’Hochelaga (Banque canadiennenationale).

LPF– C’est quoi, la Banqued’Hochelaga?

PV– C’est une Banque qu’il y avait ici,où l’hôtel, au coin (au 277, ruePrincipale). C’était le docteurLacourcière (Henri à Joseph).

LPF– Le docteur avait un bureau là?

PV– Oui. Le docteur, c’était à lui, lamaison, et il avait un bureau dans samaison. Après ça (la familleLacourcière a quitté Saint-Victor pourQuébec en 1931), Ernest Veilleux (àAmédée) a pris la Banque (canadienne)nationale, le Canadien national, et cen’était qu’une succursale, ici. Lamaison mère était à Saint-Évariste.Henri Legendre était président (gérant)de ça.

Par ailleurs, c’est le7 janvier 1961 qu’il est questionpour la première fois decentralisation et de fusion des deuxmunicipalités scolaires en uneseule. /.../ La demande d’annexioneut lieu le 3 octobre 1961.

Source : document épistolaire deHilaire Fortier, 12 mai 1990

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Ils ont laissé aller ça et lapremière nouvelle qu’on a eue, c’est laBanque (canadienne) nationale qui aacheté ça. Ça s’est éteint tout seul. Ilsont fusionné ça et ça a disparu.

Mes enfants me demandaient :«Étiez-vous ménager2, quand vousétiez jeune?» Je n’étais pas ménager2

pantoute1, je n’en avais pas! Quand tun’en as pas, tu n’as pas besoin d’êtreménager2.

Valeur de l’argent

LPF– Vous faisiez beaucoup de chosesavec rien?

PV– Oui, justement. J’ai jusque chantéles messes à pied. Je montais le matin,de bonne heure, et je venais à boutd’arriver. On faisait une demi cenne1

par boîte de jus de tomates et desaffaires de même. Le bonbon, on faisaitune cenne1 du 3 livres. C’étaitépouvantable! Quand on faisait unepiastre, dans la journée, c’était unegrosse journée.

LPF– En 1933?

PV– Oui, aller jusqu’en ’45. Ç’a été

triste, c’était la Crise.

LPF– Parlez-moi donc de la Crise?

PV– C’était épouvantable, dans cetemps-là. J’ai encore des factures dedans ce temps-là. Quand on dit qu’onpayait le gaz trente-cinq cennes1 legallon, la mélasse quarante-cinqcennes1 le gallon. Et c’était tout à lamesure. L’huile de lin, la térébenthine,la mélasse.

LPF– Il fallait acheter ça dans descontenants?

PV– Le monde devaient emmener descontenants et s’en faire mettre dedans.

LPF– C’était cher, ça, quarante-cinqcennes1 le gallon?

PV– Oui, il fallait rentrer ça dans lacave. Ça pesait, ça! Yen que1 la tonnepesait 200 livres et, avec la balance1,ça faisait quatorze cents (1400) livres,une tonne de mélasse.

LPF– Les gens en consommaient, dela mélasse, dans le temps?

PV– Ils disaient que c’était bon pour lasanté.

Moi, j’ai eu un magasin etj’avais du monde de la parenté et desgrosses familles de dix, douze enfants.J’avais des comptes de mille piastreset moi, il fallait que je les paye. C’étaitgênant, mais je les passais à la Banque(nationale). Je leur faisais signer desbillets. Là, quand ils n’étaient pascapables de payer, ils donnaient unacompte. Là, quand tu renouvelais tonacompte, il fallait que tu payes.

Et puis ça leur coûtait del’argent, ça leur coûtait le double,quasiment. Sinon, je n’étais pas capablede tenir magasin. Quand le gars arrivaitet qu’il voulait être payé, il fallait bienque je prenne l’argent quelque part.Quand mon stock1 était parti, il fallaitque je le remplace. Si tout ce qui étaitparti n’était pas payé, bi’n... Quand oncommence avec de l’argent et quand

on commence avec er1 ien, ce n’est paspareil. Ma maison, je l’avais eue, maisil fallait de la face.

LPF– Quelqu’un vous l’avait donnée?

PV– Mon père (Jules Veilleux àOlivier) avait acheté ça de JosephVeilleux (à Olivier), dans la Côte (duSéminaire ou Les-Trois-Côtes). Il avaittout’ fait’ instruire ses enfants. Un étaitmédecin (Roméo Veilleux à Joseph),l’autre dentiste (Henri Veilleux àJoseph). Il avait emprunté de l’argentde sa parenté. Henri Poulin, deMontréal, il avait un billet, et l’autrevoulait l’avoir. Il voulait être payé, maisil n’était pas capable.

LPF– C’est pour ça que vous avez eula maison?

PV– Oui. Bien, il a pris le billet. On acommencé avec de la cochonnerie et ila fallu tout refaire ça, cette maison-là.On avait mis vingt-cinq, trente mille,après ça.

LPF– Vous aviez eu ça pour pas cher?

PV– Dans ce temps-là, j’avais payé çaquinze cents. Le billet était de quinzecents piastres. Dans ce temps-là, millepiastres, c’était un homme riche.

LPF– Ça veut dire que c’était unegrosse maison, ça, à quinze centspiastres?

PV– Oui. En avant, il y avait lesRodrigue, les soeurs Rodrigue, desfilles de Joseph Rodrigue. Elles avaientun gros magasin qui avait brûlé, durantla messe. Je m’en rappelle, j’avais neufans (en 1921). Tout le monde était sortide l’église, monsieur! et c’était le grosfeu. Ç’avait tout décalotté, la peintureaprès ma maison. C’était juste en face.Deux étages, dans le coin. J’avais mis35 gallons de peinture, la première foisque j’ai peinturé ma maison.

C’était monsieur NapoléonRodrigue, sa femme, ses enfants, et ily avait les soeurs. La soeur Rodrigue(Blanche Rodrigue, soeur Saint-Irma),qui a été supérieure ici, et sa soeur

Le magasin général de la Station.Provenance: Patrice Veilleux

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classes, dans le Couvent, et il y avaitcent cinq élèves. Il y avait des classesde trente, quarante.

Écoles

LPF– C’étaient des gros groupes, pourles professeurs?

PV– Il y avait la maîtresse (EmmaLessard) Breton et des semaines, elleétait obligée de coucher chez nous. Destempêtes! et ils grattaient les cheminsavec des petites grattes1, pour leschevaux. Aye! elle n’était pas capable.Il faisait des tempêtes et ilsdescendaient le pain dans une poche,sur leur dos. Ça ne passait pas ni envoiture ni autrement. Les bancs deneige, c’était assez haut qu’ilstouchaient aux fils de téléphone. Maisce n’était pas dangereux, c’était de labroche1. Il n’y avait pas d’électricité,au commencement.

Quand je suis arrivé, on avaitle téléphone avec deux grossesbatterys4. Le téléphone sonnait un coup,deux coups, trois coups et c’est moiqu’ils appelaient. On a vu des affairespas mal. En quatre-vingts ans, onapprend.

Aujourd’hui, on a des beauxchemins et les enfants peuvent aller àl’école en blouse, en habit. On partaitet on restait embourbés1 dans les bancsde neige. Mais moi, j’ai été privilégiéparce que je suis parti de bonne heure,pour aller au collège. J’en ai sauvé desbons bouts.

LPF– Il y a eu de l’évolution beaucoup?

PV– Oui et ça pressait, on était enretard. Parce que plusieurs payaient

(Jeanne Rodrigue, soeur Marie-Octavie). Ils étaient plusieurs. C’esteux-autres qui ont parti cettecompagnie-là (Philippe Rodrigue, legarçon de Napoléon Rodrigue,fabriquait de l’eau de javel à ThetfordMines et venait la vendre ici).

LPF– L’eau de javel?

PV– Le père, à la fin, il restait à LosAngeles (Californie, États-Unis) et lamère supérieure (Blanche Rodrigue,soeur Saint-Irma), elle partait et elle yallait. Mononcle2 (Napoléon Rodrigue),il avait de l’argent, il lui payait sonvoyage.

La Station

LPF– Mais il y avait beaucoup de vie,avant, à La Station?

PV– Ah! oui, le double d’aujourd’hui.Il y en avait des deux côtés. Il y avaitle moulin à scie d’un côté.

LPF– C’était le moulin à scie à qui?

PV– Ils appelaient ça les Johnson. LeMoulin à scie (Johnson & Johnson) estpassé au feu par le tonnerre. Ensuite,on a eu une bricade.

LPF– Qui était propriétaire de labricade?

PV– Chose était dans ça, DominiqueBertrand (à Désiré). Ah! oui, il y avaitdu stock1! Et il y avait du monde, àpart de ça. Les familles étaient quinzepuis douze puis treize puis quatorze. Ily avait bien plus de monde, à Saint-Victor, qu’il y en a, aujourd’hui.

À La Station, il y avait trois

mieux leurs maîtresses que nous-autres.T’sai’, la Beauce, on a toujours ététraîneux1 un peu, en arrière des autres.On s’informait avant d’agir, mais onprenait du temps avant d’agir. LesBeaucerons ont toujours été pas malostineux1. Ça mûrit, mais un coup quec’est mûr, c’est dur à passer.

LPF– Vous disiez que la populationétait nombreuse?

PV– Une partie de Sainte-Clothilde,c’était de Saint-Victor. Il y avait deuxclasses du premier rang qui étaient deSaint-Alfred, mais ils étaient à nous-autres. On s’est fait manger sur tous lesbords. Même Saint-Jules, ici, deuxécoles, dans le (rang) 3 (Nord), et il n’yen avait plus yen que1 une, à la fin.

LPF– Vous êtes allé au collège où?

PV– Chez les Frères Maristes. En 1920et ’21, je suis allé au Collège Laval, àSaint-Vincent-de-Paul. Ensuite, je suisrevenu chez nous, je suis reparti pourLévis et je suis entré chez les frères.

LPF– Vous avez porté l’habit?

PV– Oui, sept ans. Quand a été le tempsde faire les derniers voeux : «Je ne faispas de voeux pantoute1 icite1!» Il a dit :«Vous êtes dans votre vocation.– C’est vous qui dites ça! C’est moiqui le sais, ce n’est pas vous-autres.»

LPF– Est-ce que c’est là que vous avezdéveloppé le goût du chant?

PV– Il fallait. On n’avait rien à faire, onne savait pas quoi faire. J’ai appris lamusique, le chant et les sports. Les sports,

En juillet 1917 : Le moulin dePetit (Gédéon) Plante est brûlé parle tonnerre (anciennement lemoulin Johnson & Johnson).

Source : Émilie Gosselin Lacourcière,Journal 1896-1920

Provenance: Normande Lessard Fecteau

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j’ai été décoré. Mon trophée est là.

LPF– Vous avez été décoré pour quoi?

PV– L’organisation des sports. On a étédécorés au Temple de la renommée, àSaint-Georges. C’était l’année passée,le 29 janvier (1994).

LPF– C’est parce que vous étiez ungrand sportif, vous?

PV– Parce que j’étais organisateur,dans les sports. Du hockey, du base-ball... On a eu du base-ball, à Saint-Victor, et du bon base-ball.

Train – Taxi

LPF– À La Station, le train et tout ça,vous avez eu connaissance ducommerce qui s’est fait, ici?

PV– Tout le monde se réunissait dansla salle de la station (de la gare) et çase contait des histoires et ça jasait. Ilsattendaient le train. Il était supposé êtreà l’heure, mais c’était rare qu’il était àl’heure. Alors le monde jasaient, enattendant. Il y avait du trafic. Aux fêtes1,les voitures arrivaient et venaientchercher leur monde.

Moi, quand je suis arrivé ducollège, c’était au mois de juillet-août,à l’été, et chez nous1 ne le savaientmême pas. J’étais allé faire ma retraiteà Saint-Vincent-de-Paul. Un de mesoncles (Frère Louis-Patrice Veilleux)était provincial et c’est lui qui m’avaitcabalé, pour ça. J’étais débarqué à LaStation et j’avais pris un taxi. C’étaitDidon Plante (Louis-Philippe àRichard). C’était le seul taxi qu’il yavait, par ici. J’avais pris Didon Plante,j’étais arrivé chez nous et ils ne lesavaient même pas.

LPF– Ils ont dû rester surpris?

PV– Ouais. «Bonjour» puis c’est fini!

LPF– Après le feu de ’41, où restaitArthur Veilleux (à Olivier)?

PV– Il restait dans la maison de FlorianPomerleau (à Gédéon).

LPF– Florian Pomerleau restait là?

PV– Oui, mais il ne restait pas dans ça.Une belle maison. Aye! les verrières,dans le châssis. C’était de quoi de beau,une maison chère.

LPF– Mais c’était avant qu’il aitl’hôtel?

PV– Oui. Après l’hôtel, il est déménagé

à Saint-Georges. C’était mon taxi, dansce temps-là, quand j’allais à Québec.

Clergé

LPF– Avez-vous gardé un bon souvenirdu curé Garon?

PV– Non. Ni de moi ni de bien d’autres.Il n’y en a pas qui n’ont pas eu des tapespar la tête. Surtout les filles. Elles semettaient toutes d’un côté et, dans cetemps-là, la mode, elles avaient toutesun petit béret qu’elles se mettaient surle coin de la tête. Il passait et il donnaitdes claques sur le béret, par la tête, etle béret r’volait 1 à terre. C’était un vraifou!

LPF– Il n’aimait pas les femmes?

PV– Ou il les aimait trop, si c’était unsigne d’amour! C’était sévère et lesgens pensaient que c’était pêché, toutce qu’ils faisaient. Ils allaient patineret c’était péché! C’était loin de laliberté! Ici, les élèves montaient chanterchez Dominique Doyon (à Joseph). Il

Provenance: Patrice Veilleux

Provenance: Patrice Veilleux

Lorsque Gédéon Pomerleauest mort, Florian Pomerleau àGédéon avait vingt ans. C’est lafamille Pomerleau qui avaitconstruit la maison et le docteurCyrille Pomerleau à Gédéon devaity faire son bureau : c’est la raisondes belles verrières.

Source verbale : Candide Plante Pomerleau

Arthur Veilleux (à Olivier) demeurait dans la rue du Séminaire(au 116, rue du Séminaire).Lorsque le feu de 1941 a détruit samaison, Arthur Veilleux a acheté lamaison de Florian Pomerleau(située au 124, rue Commerciale).Florian Pomerleau a quitté cettemaison pour acheter l’hôtel du coin,en 1938. Philippe Poulin avaitacquis cette maison de HenriLacourcière à Joseph, après le feude 1931.

Source verbale : Patrice Veilleux

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soupait et on attendait pour aller jouer.Il y avait une aréna2, là, à Mégantic, eton passait la journée là.

LPF– C’étaient des gros clubs? Est-ceque c’était avec Fernand Cloutier (ditTi-Gars à Odilon)?

PV– Oui. Puis il y avait le petit Noël.

LPF– Noël Veilleux (à Georges)?

PV– Oui. Il y avait de bons clubs. On ajoué au base-ball, aussi. Philippe Roy,du (rang) 7 (Nord), il y avait OmerDionne (à Tancrède), qui était marié àune de mes cousines, une fille(Germaine Veilleux Dionne) à JosephVeilleux (à Olivier).

arrive ici et il (le curé Denis Garon) semet à disputer. Ils allaient chanter, eux-autres, et faire de la musique, imagine-toi!

En tout cas, tout le mondeen avait peur. Les enfants en avaienttellement peur, à l’école, qu’ils nerépondaient pas. Ils se mettaient àpleurer, quand il posait des questions.Tu sauras que quand il faisait sa visiteparoissiale, on s’assisait1 sur une chaiseet on se tenait tranquilles.

Mais il en a arraché1. Il y avaitJean-Baptiste Veilleux (à Jules), monfrère, Gérard Langelier (à Albert)... Ily avait une gang1 qui servaient lamesse. Il avait un chapeau rond avecdes choses, des petites champlures1. Tun’avais qu’à ouvrir la champlure1 etl’eau sortait. Les gars remplissaient sonchapeau et ses claques1 d’eau et ilslaissaient ça là. Il partait à courir aprèseux-autres et eux-autres se sauvaientdans les jubés.

Aye! il s’en est fait, deschoses. Adrien Tardif (à Philippe),quand il y avait des concours, desconfessions, n’importe quoi, desretraites. Il y avait des confessionnaux,en bas, en dessous. En tout cas. «Vasme chercher Théodore, emmène-moi-le, je vais te confesser.» Théodore(Lepage à Georges) arrive pour dire sespéchés. Il dit : «Bi’n, commence par lespetits et après ça, je vais te donner ducourage pour les gros.» Tout d’uncoup, il avait vu arriver le curé (Denis)Garon. Il avait sorti du confessionnal,chose! Il était descendu à pied. Le curécourait en arrière, mais il n’avait pascouru longtemps.

LPF– Adrien Tardif, c’était qui?

PV– C’était un garçon à Philippe Tardif(à Pierre). Il ne s’est pas marié, lui.Mais c’était un gars qui pouvait fairen’importe quoi. Il était un bon gars,mais dans ce temps-là, on trouvait çaterrible. Il prenait de la boisson un peuet ça lui donnait de la bravoure, un peu.

LPF– C’était mieux de jouer des toursque de se battre?

PV– Mais il se battait pareil. C’était unsport. Si tu as remarqué, dans ce temps-là, il y en avait, des vocations. Lemonde n’avaient pas d’argent et ilsavaient pour son (leur) dire : «Tu vasêtre placé, tu n’auras pas de besoin degagner ta vie, tu vas manger trois foispar jour p’is tu vas être bien.» Puis ilss’en allaient là. Mais d’un coup, ils seréveillaient et ils le regrettaient. Ceuxqui avaient des grosses familles, ils enplaçaient quelques-uns.

La Station

LPF– À La Station, il y a eu le train?

PV– Ç’a duré pas mal longtemps, ça.On prenait le train, le matin, et ondébarquait le soir, à 4 heures. On

Équipe de hockey de la ligue Beauce-Frontenac.

Sur la première rangée, de gauche à droite: Léo Labbé, Victorien Veilleux (dit Ti-Vic), Saucier, LaurentLongchamps et Lucien Gamache.Sur la deuxième rangée: Patrice Veilleux, Gilles Poulin, Fernand Cloutier (dit Ti-Gars), Gérard Breton,Victor Duval et l’abbé Alexandre Fraser.En médaillon: Marcel Tardif.

«Aréna» de Mégantic, chauffée au bois (source: Patrice Veilleux et Fernand Cloutier).Provenance: Patrice Veilleux

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Feu 1941

LPF– Est-ce que vous avez euconnaissance du feu de ’41?

LPF– La maison (située au 115,rue du Séminaire) à Duval (Léopold àWilliam) était passée au feu?

PV– Oui. On a eu un feu qui partait dechez chose, celui qui tenait restaurant.Fortier (Odias à Hilaire).

LPF– Où il restait, (Odias) Fortier?

PV– La maison de Charles (Bernard) àGot, (au 112, rue du Séminaire) quiavait ça. Il (Odias Fortier) avait un beaurestaurant et les gars faisaient lescheveux.

LPF– C’est là que le feu a pris?

PV– Oui (six maisons ont brûlé). Il yavait du gaz, je ne le sais pas trop. Entout cas, ça a fait une explosion. Il n’yavait pas d’eau! On avait yen que1 àregarder brûler. Là, mononcle2 Arthur(Veilleux à Olivier) a brûlé.

LPF– Comme ça, les élèves duSéminaire étaient montés, pour aider aumonde?

PV– Ils jettaient de la neige, pouréteindre.

Maison d’Arthur Veilleux, brûlée en 1941 (située au116, rue du Séminaire).Provenance: Patrice Veilleux

Provenance: Adrienne Doyon Rodrigue

Provenance: Adrienne Doyon Rodrigue

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PV– Bi’n oui! Mais on montait, cen’était pas trop long! Je montais! Ça,tu les ménageais et, tout d’un coup,ça partait, ça, monsieur! Le mors auxdents! Une fois, on avait une jumentet elle était dure, elle avait cassé unmors. Elle part et elle va pour se jeter.Oh! monsieur, je l’avais ramenée dansle chemin et là, je l’avais fouettée. Ah!oui. On partait le dimanche matin et àmidi, on venait dîner icite1.

LPF– Vous partiez le dimanche matinde Thetford (Mines)?

PV– Oui.

LPF– Vous deviez avoir desraccourcis?

PV– Ah... Les chemins qu’il y aaujourd’hui.

Famille

LPF– Vous, votre femme (FernandeTardif Veilleux) venait de Saint-Victor?

PV– Voisin de mon magasin (à LaStation). Ils ont été élevés dans cettemaison-là, eux-autres. Ils l’ont venduepour un magasin. À La Station, ils ont eudeux ou trois magasins. Noël Bernard(à Godfroid dit Got) a été dans ça.

PV– La couverture avait brûlé. Mais iln’y avait pas d’eau! Ils avaient deshoses1 et des pompes. Parce que nous-autres, on a eu une patinoire, à LaStation. On avait des pompes et onpompait de l’eau. On arrosait et on enavait tant qu’on voulait. On avait lapompe (au village) et quand c’était letemps de la partir, elle ne partait pas.Et quand le feu était pris, ce n’était plusle temps de réparer ça

Chevaux – Ouests

LPF– Est-ce que vous avez euconnaissance des chevaux?

PV– Ah! oui. Ils grattaient les cheminsjusqu’au village, avec ça. Dans cetemps-là, il y avait des borlots1 et il yavait un cône, dans le milieu. Le chevalpassait sur un bord et la voiture passaitde l’autre bord.

LPF– Il devait y avoir desmésaventures, de temps en temps?

PV– Oui. Hermann (Veilleux à Jules)en a eu, mais pas moi. Papa (JulesVeilleux à Olivier) avait des chevauxvigoureux et il en a assez échappés,c’était épouvantable! Ils appelaient çades ouests2 et j’étais descendu, une fois,à Saint-Joseph avec ma soeur (IdaVeilleux Poulin) la plus vieille, et elledisait : «Aye! Tu vas le faire mourir!– Lui va mourir. Moi, j’mourrai pas.»On était arrivés, un Fortin (Napoléon)qu’il y avait là, parenté avec PhilippeGrondin (il est son gendre). Il dit :«Aye! Tu maganes1 les chevaux.– Mais as-tu déjà eu connaissance quej’en ai échappé ou que je me suis faitcasser des jambes, par des chevaux?Non, hein?! Bi’n, ils ne me lescasseront pas. Je vais leur casseravant.» Hé! oui, les chevaux. On allaità Thetford (Mines). Ma soeur (IdaVeilleux Poulin) restait là et on montaità Thetford (Thetford Mines). Quandson mari (Napoléon Poulin) est mort,elle avait du bois, elle faisait couper çaen deux et elle allait vendre ça sur lemarché, à Thetford.

LPF– C’était loin, ça, monter là?

LPF– Est-ce que Noël Bernard avait unmagasin?

PV– Oui. Il a eu un gros magasin. Il ena eu un à La Station, chez Jean-BaptisteDoyer. C’était un gros magasin (un autremagasin que celui de Patrice Veilleux).Aye! il vendait de tout et il allait livrer.

LPF– C’était le magasin général?

PV– Oui, pareil comme1 j’ai eu. J’ai étéchanceux parce que mon père (JulesVeilleux à Olivier) avait un bon nom.Puis Ernest Veilleux (à Amédée).

Ernest Veilleux

LPF– Ernest Veilleux vous a aidé?

Maison de Fernande et Patrice. Provenance: Patrice Veilleux

BJ– Ça emmenait du mondebeaucoup, à La Station, et çaemmenait du monde, aussi, dans lemagasin de Patrice Veilleux. C’étaitbon, pour La Station.

LPF– Le commerce?

BJ– Exactement. Ça faisait gagnerles gens de l’endroit.

Source : Entrevue de Bernard Jolicoeur, parLorraine Poulin Fluet, 13 mars 1995

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PV– Je leur disais, je leur demandais.Il ne m’a pas fait tort, Ernest Veilleux(à Amédée). C’est papa (Jules Veilleuxà Olivier) qui l’avait élevé. Il était allédans les collèges, lui aussi. Il était alléà New York (États-Unis) et il parlaitl’anglais.

LPF– Est-ce qu’il avait une famille?

PV– Non, i’ avait pas d’enfants. Il amarié la soeur de Charlotte Fortin(Charles Fortin à Fortunat), Fedora(Fortin Veilleux dit La Puce). Elle, elleétait ménager2, c’était terrible!

LPF– Vous dites que c’est votre père(Jules Veilleux à Olivier) qui l’a élevé(Ernest Veilleux à Amédée)?

PV– Il était dans les collèges et il venaitdurant les vacances.

LPF– C’était pas mal à l’avant-garde,aller à New York (États-Unis), dans letemps.

PV– C’est les frères qui l’avaientenvoyé là.

LPF– Ah! puis il est sorti de chez lesfrères?

PV– Oui et il s’est en venu. Il y en aplusieurs qui allaient chez les frères etqui faisaient des pères (de famille),après! Moi, je l’ai portée (la soutane)sept ans.

Magasin – Livraison

LPF– Avez-vous eu connaissance desusuriers?

PV– Pas dans le sens du mot, un vraiusurier. D’abord, il n’y avait pas de garsqui avaient de l’argent assez, pour fairede l’argent. Un gars qui avait trois ouquatre mille piastres, dans ce temps-là,c’était un riche.

Mon premier char1, je l’avaispayé dix-huit cent cinquante piastres.J’étais allé voir ça, avec Patrick Cliche,à Saint-Georges. J’ai eu dix-sept

chars1. Aye! ils faisaient deux ans et jefaisais 60 000 milles, en deux ans.

LPF– Pourquoi, donc?

PV– Je passais par les portes. Je nelivrais pas, je chargeais. En 1948, j’aidit : «On va décoller d’icite1!» Là,j’allais porter mes commandes, jedescendais dans le premier rang et jelaissais mes commandes. Eux-autres(Jules et Roger Veilleux à Patrice), ilsles préparaient et moi, je prenaisd’autres commandes. Des téléphones,au travers ça.

LPF– Mais vous alliez chez les gens,chercher leurs commandes?

PV– Oui, à la maison.

LPF– Et là, vous reveniez chez vous?

PV– Je montais le 3 (Nord), jedescendais par le premier rang (Nord),je montais le 7 (Nord) , je redescendaispar le 5 (Nord) et après ça, je faisais le4 (Nord) tout seul.

Histoire de famille

LPF– Parlez-moi de votre père. Ilrestait dans le 4 (Nord)?

PV– Oui (entre le 275 et le 285,Rang 4 Nord).

LPF– Est-ce que vos parents vous ontparlé des chemins, quand ça s’est tracé?

PV– Non, c’était avant ça. Mon père(Jules Veilleux à Olivier), il avait eu laterre de son père (Olivier Veilleux àJean) et c’était de père en fils. Monpère, il a eu trois femmes (Marie-Alvine Poulin, Odélina Veilleux puisCaroline Gosselin). La première(Marie-Alvine Poulin) n’a pas eud’enfant, la deuxième (OdélinaVeilleux), elle a eu Hermann (Veilleuxà Jules). Ils sont six ou sept. Et ladernière, c’était une (Caroline)Gosselin. C’est parent avec GérardGosselin et Henri Gosselin, ma mère.Papa allait à toutes les expositions.Québec, Sherbrooke... Et il l’avaitconnue au bureau de poste deSherbrooke.

LPF– La troisième (Caroline Gosselin)?

PV– Oui.

LPF– Combien vous êtes?

PV– On est quatre. Deux gars et deuxfilles. Le dernier, c’était Jean-BaptisteÀ remarquer, les chaudières à paquets.

Provenance: Patrice Veilleux

Marie Grondin et Arthur Veilleux.Provenance: Patrice Veilleux

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organisateur, non plus. «Ils vonts’endetter.» Quand ç’a été fini, lesprêtres lui donnaient la main et«Félicitations!»

LPF– Mais ç’avait été une belleréussite?

PV– Ah! tout le monde n’en revenaitpas.

LPF– Mais combien de fois ils avaientfait la représentation?

PV– Ils étaient supposés la faire à tousles soirs. Mais le premier soir, il amouillé1.

(Veilleux à Jules), que mononcle2

Arthur (Veilleux à Olivier) a élevé.Parce qu’il est venu au monde et elle(Caroline Gosselin Veilleux) est mortede ça, l’accouchement. Il est arrivé unetempête et il avait fallu aller chercherun médecin (Édouard Roy) à Saint-Éphrem, pas un ne voulait (et pouvait)venir.

LPF– C’était en quelle année, ça?

PV– En 1917.

LPF– Le docteur Lacourcière (Henri àJoseph) n’était pas là?

PV– Peut-être. Ah! il ne devait pas êtrelà.

LPF– Avez-vous connu le docteurFortin (Eugène à Joseph)?

PV– Oui. C’est lui qui a accouché tousmes enfants. Il venait à la maison, dansce temps-là. On en a eu sept et il y en aeu cinq de morts, morts quasiment envenant au monde. Ils avaient lajaunisse. Il aurait fallu qu’on leurchange le sang dans les 24 heures. Ona eu des jumeaux, au travers de ça.

Centenaire

LPF– Benoît (Taschereau) étaitprésident des Fêtes du Centenaire?

PV– Oui, (Benoît) Taschereau, auCentenaire, ils l’avaient mis inspecteurde l’asphalte, des chemins. Il étaitprésident des Fêtes du Centenaire.

LPF– Mais il n’était pas professeur,dans le temps?

PV– Oui, il était professeur, mais ilprenait des vacances. C’est moi qui aeu la job et c’est pour ça que, quand jesuis arrivé icite1, quand je suis arrivéchez nous, après avoir été secrétaire. Ilarrive chez nous et dit : «Je ne sais pasce que tu vas dire, mais on aurait besoinde toé1. Ah! tu n’as pas grand-chose àfaire. On veut se former un comité,»p’is ci p’is ça. J’ai accepté.

On a fait juste une assemblée

et on m’a nommé secrétaire. J’ai dit :«Astheure1, icite1, ils ont voulum’embarquer dans toutes sortesd’affaires.»

Ils avaient fait un comité,avant. Il y avait Valère Paré (à Joseph),Ernest Veilleux (à Amédée), les deuxmaires : Poléon Veilleux (Napoléon àJoseph, maire du village) et BelonePrévost (Bénoni à Joseph-Gédéon, sic :le maire de la paroisse était DominiqueRoy).

LPF– Ç’avait été des grosses fêtes?

PV– Hé! mais on en a arraché1. Il yavait eu des gros mots, cette fois-là,avec le curé Nelson Lévesque. Onproposait des affaires et on avait unebelle organisation. On était partis, lecomité, et on était allés engager l’abbé(Léo) Duval, au Séminaire, pour le côtéartistique des Fêtes (du Centenaire). Onétait venus à bout de le décider et onlui donnait tant. Il ne voulait pas, maison lui donnait. C’était bénévole et onlui a dit : «Vous n’avez aucune res-ponsabilité. La finance, vous n’avez pas laresponsabilité de ça. On a besoin de vosservices, pas plus.»

Premièrement, le curé, il étaitlà, Nelson Lévesque. «On vous a misprésident d’honneur. Mais présidentd’honneur, vous n’avez pas le droit auchapitre, vous n’avez pas le droit devoter, vous n’avez pas le droit de fairerien. Vous êtes là parce qu’on a besoinde vous et vous allez nous aider, nousfaire des suggestions. Comme c’est là,vous brakez1 une machine qui nemarche pas. Quand elle ne marche pas,il ne faut pas la braker1!»

On avait eu une assemblée etil avait dit des bêtises à monsieur (Léo)Duval. Il disait : «C’est bi’n beau, c’estbi’n beau, mais...» Aye! ç’avait coûtécher! Le théâtre, dehors. Et le premiersoir, il mouillait1 à siaux1. Ils étaientdeux cent quarante acteurs et il fallaitqu’ils disent tous quelque chose ouqu’ils figurent.

LPF– Mais vous n’aviez pas besoin deNelson Lévesque ?

PV– Oh! non. Il n’était pas

HR– Il y avait deux prêtres, ici, puisdeux servantes. Cou’don’1, lescurés se faisaient servir! Il y avaitdeux servantes, avant! La vieilleEva (Lessard à Georges) puis l’autre(Fernande Bilodeau).

SR– Elle est à l’Aube Nouvelle.

HR– Le curé Lévesque (Nelson)leur avait laissé la maison.Pourquoi ils avaient deux femmes?Ils étaient des gros mangeu’s!?

Source : Entrevue d’Hermyle Roy, parSolange Roy Larivée, 2 mars 1995

LPF– Nelson Lévesque, il vouspayait une piastre par jour?

FB– Oui, la secrétaire. Il était malinmais il avait un grand coeur. Il étaitcomme un père.

Source : Entrevue de Fernande Bilodeau, parLorraine Poulin Fluet, 23 février 1995

Fernande Bilodeau, secrétairedu curé Nelson Lévesque.Éva Lessard, photographeProvenance: Fernande Bilodeau

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qu’à cause du feu, ç’avait été reportéquatre ans plus tard.

PV– Non. Officiellement, il fallait quece soit en ’52. C’était selon l’église.Pour le temps, on avait desmicrophones. C’étaient Benoît Gagnonet Jolicoeur qui fournissaient ça.

LPF– De Beauceville?

PV– Oui. Jolicoeur était de Saint-Georges et (Benoît) Gagnon, deBeauceville. Ils avaient emmené toutce qu’il fallait et ils nous avaientorganisés.

Clergé – Curés – Chants

LPF– Est-ce qu’il y avait du chant?

PV– Il y en avait, dans la pièce dethéâtre. Ensuite, il y avait un choeur dechant. Le curé avec lequel j’ai été lemieux servi, c’était Elzéar Parent(1938).

LPF– Avant Nelson (Lévesque)?

PV– Oui. Il paraissait sévère, mais... Ilavait été supérieur, au Séminaire, ici,et je me suis bien adonné1 avec. Celuiavec qui j’ai eu quelque chose, ç’a étéChristy Foy.

J’avais commencé, dans cetemps-là, à faire du chant. Il venaitquelqu’un qui donnait le bon ton, et ils’était mis à mettre des tableaux, dansle choeur, avec les notes, dessus. Il nous

LPF– Ç’avait été une semaine de tempset il y a eu juste un soir où il pleuvait?

PV– Oui. On avait fait venir (Maurice)Moronof.

LPF– C’était qui, ça?

PV– C’était un danseur, un monteur dechorégraphies. C’était une compagniede danse, avec ses filles. Il était venuavec toutes ses filles et ilspensionnaient au Séminaire, icite1. Onleur avait loué des chambres.

LPF– Il était de Montréal, lui?

PV– Oui. Le soir, après le spectacle, ildescendait chez nous, réveillonner,manger.

LPF– Qu’est-ce qu’il y avait eu, à partcette grande pièce de théâtre?

PV– On avait un comité pour chaquechose. Il y avait les gars à Jean-Thomas(Lessard à Antoine), Guy Lessard (àJean-Thomas), Gilles Poulin (à Oram).Chacun avait son ouvrage à faire et ilrendait compte à l’abbé (Léo) Duval dece qui ne marchait pas.

LPF– Vous aviez rentré dans votreargent?

PV– Oui.

LPF– Aviez-vous fait de l’argent, avecça?

PV– Non.

LPF– La paroisse a été fondée en 1848,mais elle a été érigée canoniquementen ’52. Est-ce que c’est vrai que vousaviez reporté les Fêtes (du Centenaire)quatre ans plus tard?

PV– Non.

LPF– Comme ça, même si la paroissea été fondée en 1848, ce n’est pas vraique ça devait être fêté en 1948?

PV– Non.

LPF– Parce que moi, je m’étais fait dire

Patrice Veilleux a eu undifférend avec Nelson Lévesque, ausujet du Centenaire, alors qu’avecChristy Foy, son différend portaitsur les chants, à l’église.

Source verbale : Patrice Veilleux

Chorale

HDB– Les chorales?

PB– Alexandre Fraser, c’était un ancien élève du Séminaire qui, dans l’tempsd’l’abbé Christy Foy, et probablement l’abbé (Nelson) Lévesque, au début, il amonté des chorales. Il y a eu Benoît Fecteau, qui a été un élève de cette chorale-là,Gérard Langelier, Noël Lessard, Adrien Rodrigue, Maurice Rodrigue, Gilles Poulin,Hector Jolicoeur et bien d’autres, Jean Breton (Jules et Gérard Breton, AlfredCloutier, Lucien Plante, Alfred à Alfred Poulin dit Pater). Le monde étaient dansla chorale, dans c’temps-là. Il entraînait bien ses élèves. C’était un chant grégorien,dans c’temps-là et celle qui était l’organiste, c’était une demoiselle Poulin (SimoneVeilleux mariée à Jean-Marc Poulin à Oram), et i’y a eu Ghislaine Langelier,aussi, après.

Source : Entrevue de Patrick Bouffard, par Huguette Doyon Bouffard, 20 octobre 1995

faisait descendre la gamme par demi-ton et ci p’is ça. Il me demande ça, àmoi.

J’ai dit : «Si vous voulez,monsieur le curé, avant de descendreça par demi-ton, je vais aller mettre lessignes à la bonne place. Parce quequand vous avez un signe, du long dela route, quand vous l’avez trop tard,c’est trop tard, vous êtes dans le clos.Vous êtes mieux d’avertir. Faites lessignes à la bonne place. Je vais vousles faire, les signes. Vous avez desbémols, des dièses... Combien vous enavez? Vous ne le savez même pas! Ilne faut pas leur envoyer ça par la têteet arrangez-vous! P’is dire que vousn’êtes pas capable de monter p’is quevous n’êtes pas capable de descendre!»Hé! crime1. Ça l’avait insulté.

Là, on avait des exercices dechant, le dimanche après-midi, et moi,j’étais allé à une exposition. Le soir,on chantait les vêpres. Je téléphone àCharles (Charles-Eugène) Lapointe, Ti-Bé Bureau (Louis-Philippe à Joseph).«Viens avec moi, chanter mes vêpres!»Le curé rentre : «Au nom du Père etdu Fils et du Saint-Esprit. Chapelet!

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Concert

Nous nous en voudrions dene pas signaler la nouvelle visite demonsieur Lucien Capron, accompagnécette fois de mademoiselle RachelDuval, son élève, soeur de monsieurl’abbé Léo Duval. Le chant demademoiselle Duval fut trèsapprécié et le récital encoremagnifique. Merci à ces talentueuxartistes.

Source : Séminaire du Sacré-Coeur, Rappel,Saint-Victor, décembre 1948, no 7, p. 90

Aux Fêtes du Centenaire de Saint-Victor, des femmes costumées devant le couvent des Soeurs Servantes du Saint-Coeur-de-Marie.

Devant: Nicole Veilleux, Jacqueline Cloutier, Francine Cloutier, n.c. et n.c.Deuxième rangée: Carmen Lessard Tardif, Thérèse Doyon Mathieu, Alice Veilleux, Jeanne Veilleux Cloutier, Rachelle Roy Fortin, Monique Bureau Rodrigue, AgatheBernard Plante, Aline Bolduc Veilleux, Carmelle Duval et Marie-Laure Drouin Roy.Au centre: Fleur-Ange Jolicoeur, Lucille Cloutier Groleau, Noëlla Mathieu Lessard, Alice Roy Poulin, Joséphine Lagueux Mathieu, Yvonne Jolicoeur Bernard, n.c., OdetteLacourcière, Rose-Hélène Poulin Paré, Bibiane Beaudry Fecteau, n.c., Isabelle Champagne Roy, Dézilda Bernard Plante, Mariette Leclerc Bureau et Jeanne d’Arc ParéPoulin.Derrière: Aurore Bertrand Cloutier, Claire Bertrand, Claire Lessard Cloutier, Carmelle Veilleux, Édith Veilleux Bernard, Agnès Mathieu Vachon, Ida Poulin Doyon,Yvonne Mathieu Poulin, Henriette Fortin Plante et Luce Bertrand.

Éva Lessard, photographeProvenance: Fernande Bilodeau

Provenance: Marthe Lacourcière

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PV– La première, c’était la vieilleFortin (Rosée, fille de Philippe Fortin).Ils étaient tous musiciens. Il y avait ledocteur Roméo (Veilleux à Joseph) etle dentiste (Henri Veilleux à Joseph),qui jouaient de la clarinette, du piano,etchetera. Omer Dionne (à Tancrède)pareil.

LPF– Avez-vous chanté avec GérardLangelier (à Albert)?

PV– Il a chanté vers la fin.

LPF– Vous dirigiez la chorale, vous?

On va le dire, le chapelet!» Il y en a unqui lui avait dit que j’avais fait du chantet qu’ils étaient tous venus à moi et pasà lui. Mais il a tenu son bout, quandmême. Il n’y avait plus de chant. Maisil était instruit, il prêchait bien.

LPF– Vous dites qu’il avait réparél’église, à ce moment-là?

PV– Oui. Il avait tout’ réparé l’église.Il avait fait la dorure, il avait posé deslustres et des lumières, en avant. Il avaittout refait ça en neuf.

LPF– Il était fier, aussi?

PV– Ah! oui. Mais il ne connaissaitrien, dans le chant. Il pensait peut-êtrequ’on venait juste de venir au monde.

LPF– Vous, vous avez chanté quandmême longtemps, à l’église?

PV– Oui. Je chantais les messes, lematin, à part de ça. C’était mon revenu,quand j’ai commencé, avec le magasin.

LPF– Combien vous aviez, pourchanter, le matin?

PV– J’avais quinze cennes1 la messe.

Rénovations

HDB– Est-ce qu’i’ y a des rénovations dont tu te souviens, dans l’église?

PB– L’abbé Christy Foy (curé de 1941 à 1945), un Irlandais qui était né à Saint-Pierre-de-Broughton, avait fait la rénovation de l’église, une très grosse rénovation.I’ avait commencé à enlever des choses, comme la chaire, i’ avait fait poser deshaut-parleurs, à l’intérieur de l’église, c’était nouveau, ça. I’ avait eu les vitrauxqui avaient été installés, i’ avait mis un nouveau tabernacle, i’ avait tout peinturél’église, i’ l’avait lavée et i’ l’avait peinturée, la voûte, partout. I’ avait peinturé lemaître-autel et les deux autels latéraux d’une couleur bronze, rose presque. Çafrappait un peu. Ils ont été repeinturés en blanc. /.../

Chaire

C’était la chaire. I’ avait enlevé la chaire, parce qu’i’ en avait plus besoin, i’avait les haut-parleurs. La chaire était après la première colonne du côté gauche, i’avait un escalier qui montait dans la chaire. La chaire était toujours au niveau dujubé et le prêtre, en parlant assez fort, sa voix portait à ’grandeur de l’église.

Source : Entrevue de Patrick Bouffard, par Huguette Doyon Bouffard, 20 octobre 1995

LPF– Et vous montiez à pied?

PV– Oui et j’allais aux trois messes.J’avais quarante-cinq cennes1. Jechantais les messes avec Émile Fecteau(à Adélard).

LPF– Il chantait bien, lui?

PV– Oui. Les Fecteau chantaient bien.Alfred (Fecteau à Adélard) chantaitbien.

LPF– Henri (Fecteau à Adélard), est-ce qu’il chantait?

PV– Non. Jean-Louis (Chapdelaine àDavid) chantait. Jean-Baptiste Veilleux(à Jules) avait une belle voix. On avaitune bonne organiste, en plus, Simone(Veilleux).

LPF– C’était qui, Simone Veilleux?

PV– C’était une fille à Joseph Veilleux,mononcle2 Joseph (à Olivier), dans laCôte (du Séminaire ou Les-Trois-Côtes).

LPF– Et c’était qui, avant SimoneVeilleux (mariée à Jean-Marc Poulin àOram)?

Basse messe

HDB– Et la différence entre unebasse messe et une grand-messe?

PB– Aux basses messes, i’ y avaitseulement un chantre, qui s’plaçaitdans l’banc des marguilliers, enavant, qui chantait pendant la messedu matin, vers 7 heures et demie, 8heures. Il chantait, ils appelaient çaune messe chantée, c’étaient lesbasses messes chantées.

Source : Entrevue de Patrick Bouffard, parHuguette Doyon Bouffard, 20 octobre 1995

Simone Veilleux et Fernande Tardif.Provenance: Patrice Veilleux

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PV– Oui.

LPF– Vous l’avez dirigée longtemps?

PV– Une dizaine d’années. Il est venuun temps où j’ai dit : «On va slacker2

un peu.»

Industrie – Lainages Victor

LPF– Avez-vous été un des organisateursde la souscription pour la fondation desLainages Victor?

PV– Oui. Il fallait ramasser de l’argentet, la première nouvelle qu’on a eue, iln’y avait pas d’argent. Ouellet (Elzéarà Joseph) était venu chez nous, ledocteur Fortin (Eugène à Joseph) et toutça et ils ont dit : «On arrête ça, on n’apas d’argent.– Mais crime1! comment ça vousprend? On va faire des billets, deschèques.» On était payés tant par annéeou tant par six mois et c’est comme çaqu’on ramassait, pour avoir unegarantie de partir.

Ils avaient de la vieillemachinerie et ils avaient parti ça. Lesgars, comme le gendre (Roger Dutil àMathias) d’Édouard Lacroix, ilsavaient de vieilles machines, eux-autresaussi, et ils avaient parti ça. Ils avaientengagé du monde. Mais ils ne lespayaient pas, ils n’avaient pas d’argent.

Ils étaient trois ensemble :Roger Dutil, (Rodolphe) Rodrigue,(Fernand) Poulin, ils l’appelaientPoussette. Ils se sont endettés par-dessus la tête et après ça, ils ont lâchéça.

Là, le père Duval (William àCharles), il a fait une assemblée avectous les actionnaires. Le monde avaientpris des parts, dans ça. C’est sûr qu’onétait prêts à perdre, mais là, le père(William) Duval nous a offert d’ache-ter ça et de payer tout le monde quiavait travaillé là.

LPF– Comme ça, il y a eu un débutavant William Duval?

PV– Oui. La shop1 était partie quandle père (William) Duval a pris ça.C’étaient des gars qui avaient travaillé

dans les shops1 qui avaient parti ça.

LPF– Roger Dutil?

PV– Oui. (Rodolphe) Rodrigue, unboulanger de Saint-Georges.

LPF– Ça veut dire que Poussette(Fernand Poulin) et Roger Dutil (àMathias) ont eu ça... quoi? Un an, deuxans? (voir les entrevues d’IrenéeGroleau et de Normande LessardFecteau)

PV– Ah! une coupl’ 2 d’années.

LPF– C’était de la laine?

PV– Oui, des couvertures. Ilsramassaient de la vieille laine et ilspassaient ça.

LPF– Ç’a démarré comme ça et après,William Duval (à Charles) est arrivé.

PV– Là, il nous a demandé si on voulaitreprendre des parts. Plusieurs ont prisdes parts et le monde avaient peur, ilsvendaient leurs parts pour rien. Cen’étaient pas des gros salaires, enpartant.

LPF– Ç’a été bon, pour Saint-Victor?

PV– Oui.

LPF– Raymond (Boucher à Joseph ditBébé) allait vendre des couvertures àla porte de l’église, en Abitibi?

PV– Oui, monsieur! Et il achetait dulainage. Roger (Veilleux à Patrice) atravaillé beaucoup, avec.

LPF– Lui, c’était le comptable etRaymond (Boucher), il conduisait lecamion?

PV– Oui.

LPF– Est-ce qu’il a fait ça longtemps,avec Raymond Boucher?

PV– Trois ou quatre ans. Ils faisaientdes grosses runs2. Ah! il a eu du fun2,avec ces gars-là.

Hôtel de Florian Pomerleau

LPF– Florian Pomerleau (à Gédéon),est-ce que vous vous souvenez de lui,quand il avait l’hôtel?

PV– Bi’n oui, on était chums1. On allaità Québec ensemble et on faisait descoups. Florian, il était game1 enmautadit! Il était drôle. On était à Saint-Georges, dans la côte, où le Cimic, etdans ce temps-là, ça portait deschapeaux durs. Il dit : «Regarde le p’titvieux, il va perdre son chapeau.» Illâche les brakes1 et le chapeau r’vole1!Mon Florian passe à côté puis... : «Tuvas te faire prendre, on n’est pas àSaint-Victor, icite1!»

LPF– Il avait frappé l’autre char1 enavant?

PV– Il l’avait frappé en arrière. Il a dûle briser, un peu. Florian (Pomerleau àGédéon) disait : «Moi, je prends de toutet je n’abuse de rien.» Une fois, onétait rendus dans Sainte-Agathe-de-Lotbinière, dans ce coin-là, on étaitcomplètement écartés1. Sa femme(Candide Plante Pomerleau) y était,itou2, mais il ne l’écoutait pas, il faisaitson affaire. On était rendus, onmangeait des fraises, dans le clos. J’aidit : «On est complètement écartés1, ons’en va pas chez nous pantoute1.»Florian : «Je prends de tout et jen’abuse de rien.– Pour moi, tu as abusé!»

Fin de l’entrevue