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764 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT l’étude elle a été réalisé au 4 e jour en moyenne, voire plus tard. Dans cette étude, aucun des patients n’a eu de clichés dynami- ques à distance. Enfin, une étude comportant 52 patients est insuffisante pour tirer de conclusions définitives, il s’agit plus d’une étude qu’il faudrait qualifier de préliminaire. Magnetic resonance imaging in combination with helical com- puted tomography provides a safe and efficient method of cervi- cal clearance in the obtunded trauma patient N.A. STASSEN, V.A. WILLIAMS, M.L. GESTRING, J.D. CHENG, P.E. BANKEY J Trauma, 2006, 60, 171-177. Des doutes sur l’intérêt de l’arthrodèse associée à la synthèse des fractures comminutives dorsale et lombaire Dans ce travail prospectif, on a comparé les résultats obtenus dans le traitement chirurgical des fractures comminutives tho- raco-lombaires et lombaires, selon que l’on associait ou non une arthrodèse à la correction instrumentale postérieure. Cinquante- huit patients ont été intégrés dans cette étude et tirés au sort dans les deux groupes. Il y eût ainsi 30 arthrodèses et 28 ostéosynthè- ses non greffées. Les indications opératoires étaient classiques : en l’absence de trouble neurologique, on a opéré les patients qui avaient plus de 20° de cyphose vertébrale, ou plus de cinquante pour cent d’encombrement canalaire, ou encore plus de 50 % de perte de hauteur du corps vertébral. En présence de troubles neu- rologiques (déficit in complet ou complet), les patients étaient opérés sans tenir compte de ces critères anatomiques. Sur le plan technique, les auteurs ont réalisé des montages courts et ont souvent instrumenté la vertèbre fracturée. La greffe était placée sur les lames après décortication, et un corset a toujours été utilisé en postopératoire. Il n’y avait pas de différence significative initiale entre les deux groupes quant à la cyphose fracturaire. En revanche, en postopé- ratoire la correction de la cyphose vertébrale, le gain de hauteur sur le corps vertébral et la perte de cette hauteur au cours du suivi (24-71 mois, moy 41) se sont révélés meilleurs dans le groupe sans arthrodèse. Bien entendu, il en a été de même pour les pertes sanguines (303 ml-572 ml) et la durée des interventions (162 minutes-224 minutes). Il n’a pas été observé de différence entre les deux groupes pour ce qui concerne le devenir fonction- nel des blessés. Les auteurs défendent l’option sans fusion dans le traitement des fractures comminutives chirurgicales. Commentaire : ce travail est très favorable à l’ostéosynthèse iso- lée dans le traitement des fractures comminutives (23 % des patients arthrodésés ont à terme des douleurs sur le site de greffe et la perte de correction sagittale ne diffère pas d’un groupe à l’autre). Il est étonnant que le pourcentage de vis fracturées soit également identique. Il faut peut-être incriminer la technique de greffe, postérieure et non pas postéro-latérale, et donc mécani- quement moins efficace. D’autres études similaires seraient uti- les pour étayer ce premier travail. Is fusion necessary for surgically treated Burst fractures of the tho- racolumbar and lumbar spine? A prospective, randomized study S. WANG, H. MA, C. LIU, W. Y U, M. CHANG, T. CHEN Spine 2006, 31, 2646-2652. Une stratégie contre les métastases vertébrales Il s’agit d’une conférence d’enseignement sur la prise en charge chirurgicale des patients atteints de métastases rachidiennes dont on rappelle la fréquence (40 % des patients atteints d’un cancer) et le cancer primitif le plus souvent en cause (sein, prostate, et poumon). Les auteurs exposent les classifications utilisées dans cette affec- tion, non pas tant celle de Frankel ni celle de Harrington qui sont obsolètes que celle de Tokuhashi liée au pronostic et à l’espé- rance de vie et plus récemment celle de Tomita, qui utilise trois facteurs pronostiques (grade de malignité, existence d’une métas- tase viscérale traitable ou non, nombre de métastases osseuses). On pourra alors déterminer un score à partir duquel on s’orientera vers une excision marginale permettant un contrôle local à long terme de la maladie, une excision intra lésionnelle, une chirurgie palliative antalgique ou une abstention chirurgicale. Les différents traitements chirurgicaux sont ensuite abordés met- tant en balance risques et avantages des traitements d’exérèse et de la chirurgie palliative. Le moment de cette chirurgie est diffi- cile à optimiser puisque si 5 à 10 % des patients qui ont une métastase rachidienne développent une épidurite compressive, seuls 20 % d’entre eux deviendront symptomatiques. On rap- pelle que la compression médullaire lente répond bien à la chi- rurgie décompressive au contraire de la décompensation brutale. La radiothérapie conventionnelle peut être le seul traitement en cas de mauvais pronostic et si le patient n’a pas ou peu de trou- bles neurologiques. Elle est habituellement efficace sur la dou- leur, évite l’apparition de troubles neurologiques et inhibe la croissance tumorale. 2500 à 4000 cGy sont habituellement déli- vrés en 8 à 20 fractions journalières. Les marges d’irradiation sont larges pour compenser les mouvements du patient, ce qui entraîne une irradiation délétère des organes adjacents et du névraxe. Dans l’étude de Patchell comparant la résection métas- tatique suivie de radiothérapie et la radiothérapie seule dans le traitement des métastases vertébrales neuro-agressives, on a démontré l’efficacité prédominante du groupe avec chirurgie. La radiochirurgie stéréotaxique permet de limiter le champ d’irradiation à la seule zone métastatique et donc de diminuer tout à la fois les doses nécessaires au contrôle tumoral et l’irra- diation parasite des organes de voisinage. La résection tumorale par radiofréquence est encore d’utilisation anecdotique. Le chapitre concernant vertébroplastie et kyphoplastie souligne la morbidité plus importante de ces techniques appliquées aux métastases vertébrales en comparaison avec ce qui était observé dans la fracture ostéoporotique. Leur intérêt doit cependant être souligné en raison de leur grande efficacité antalgique, et des moindres doses de radiothérapie nécessaires aux vertèbres ainsi traitées. Dans la série de Fourney, comptabilisant 97 interven- tions chez 56 patients, on a observé 84 % d’amélioration, 9 % de patients inchangés et 9 % de fuites de ciment. Bibliographie de 90 références citant Jeramond, Onimus et Le Huec, mais pas Sénégas. Current concepts in the management of metastatic spinal disease The role of minimally-invasive approaches K. SINGH, D. SAMARTZIS, A.R. V ACCARO, G.B. ANDERSSON, H.S. HAN, J.G. HELLER J Bone Joint Surg (Br), 2006, 88, 434-442.

Une stratégie contre les métastases vertébrales

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764 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT

l’étude elle a été réalisé au 4e jour en moyenne, voire plus tard.Dans cette étude, aucun des patients n’a eu de clichés dynami-ques à distance. Enfin, une étude comportant 52 patients estinsuffisante pour tirer de conclusions définitives, il s’agit plusd’une étude qu’il faudrait qualifier de préliminaire.

Magnetic resonance imaging in combination with helical com-puted tomography provides a safe and efficient method of cervi-cal clearance in the obtunded trauma patient

N.A. STASSEN, V.A. WILLIAMS, M.L. GESTRING, J.D. CHENG,P.E. BANKEY

J Trauma, 2006, 60, 171-177.

Des doutes sur l’intérêt de l’arthrodèse associée à la synthèsedes fractures comminutives dorsale et lombaire

Dans ce travail prospectif, on a comparé les résultats obtenusdans le traitement chirurgical des fractures comminutives tho-raco-lombaires et lombaires, selon que l’on associait ou non unearthrodèse à la correction instrumentale postérieure. Cinquante-huit patients ont été intégrés dans cette étude et tirés au sort dansles deux groupes. Il y eût ainsi 30 arthrodèses et 28 ostéosynthè-ses non greffées. Les indications opératoires étaient classiques :en l’absence de trouble neurologique, on a opéré les patients quiavaient plus de 20° de cyphose vertébrale, ou plus de cinquantepour cent d’encombrement canalaire, ou encore plus de 50 % deperte de hauteur du corps vertébral. En présence de troubles neu-rologiques (déficit in complet ou complet), les patients étaientopérés sans tenir compte de ces critères anatomiques.Sur le plan technique, les auteurs ont réalisé des montages courtset ont souvent instrumenté la vertèbre fracturée. La greffe étaitplacée sur les lames après décortication, et un corset a toujoursété utilisé en postopératoire.Il n’y avait pas de différence significative initiale entre les deuxgroupes quant à la cyphose fracturaire. En revanche, en postopé-ratoire la correction de la cyphose vertébrale, le gain de hauteursur le corps vertébral et la perte de cette hauteur au cours du suivi(24-71 mois, moy 41) se sont révélés meilleurs dans le groupesans arthrodèse. Bien entendu, il en a été de même pour les pertessanguines (303 ml-572 ml) et la durée des interventions(162 minutes-224 minutes). Il n’a pas été observé de différenceentre les deux groupes pour ce qui concerne le devenir fonction-nel des blessés. Les auteurs défendent l’option sans fusion dans letraitement des fractures comminutives chirurgicales.Commentaire : ce travail est très favorable à l’ostéosynthèse iso-lée dans le traitement des fractures comminutives (23 % despatients arthrodésés ont à terme des douleurs sur le site de greffeet la perte de correction sagittale ne diffère pas d’un groupe àl’autre). Il est étonnant que le pourcentage de vis fracturées soitégalement identique. Il faut peut-être incriminer la technique degreffe, postérieure et non pas postéro-latérale, et donc mécani-quement moins efficace. D’autres études similaires seraient uti-les pour étayer ce premier travail.

Is fusion necessary for surgically treated Burst fractures of the tho-racolumbar and lumbar spine? A prospective, randomized study

S. WANG, H. MA, C. LIU, W. YU, M. CHANG, T. CHEN

Spine 2006, 31, 2646-2652.

Une stratégie contre les métastases vertébrales

Il s’agit d’une conférence d’enseignement sur la prise en chargechirurgicale des patients atteints de métastases rachidiennes donton rappelle la fréquence (40 % des patients atteints d’un cancer)et le cancer primitif le plus souvent en cause (sein, prostate, etpoumon).Les auteurs exposent les classifications utilisées dans cette affec-tion, non pas tant celle de Frankel ni celle de Harrington qui sontobsolètes que celle de Tokuhashi liée au pronostic et à l’espé-rance de vie et plus récemment celle de Tomita, qui utilise troisfacteurs pronostiques (grade de malignité, existence d’une métas-tase viscérale traitable ou non, nombre de métastases osseuses).On pourra alors déterminer un score à partir duquel on s’orienteravers une excision marginale permettant un contrôle local à longterme de la maladie, une excision intra lésionnelle, une chirurgiepalliative antalgique ou une abstention chirurgicale.Les différents traitements chirurgicaux sont ensuite abordés met-tant en balance risques et avantages des traitements d’exérèse etde la chirurgie palliative. Le moment de cette chirurgie est diffi-cile à optimiser puisque si 5 à 10 % des patients qui ont unemétastase rachidienne développent une épidurite compressive,seuls 20 % d’entre eux deviendront symptomatiques. On rap-pelle que la compression médullaire lente répond bien à la chi-rurgie décompressive au contraire de la décompensation brutale.La radiothérapie conventionnelle peut être le seul traitement encas de mauvais pronostic et si le patient n’a pas ou peu de trou-bles neurologiques. Elle est habituellement efficace sur la dou-leur, évite l’apparition de troubles neurologiques et inhibe lacroissance tumorale. 2500 à 4000 cGy sont habituellement déli-vrés en 8 à 20 fractions journalières. Les marges d’irradiationsont larges pour compenser les mouvements du patient, ce quientraîne une irradiation délétère des organes adjacents et dunévraxe. Dans l’étude de Patchell comparant la résection métas-tatique suivie de radiothérapie et la radiothérapie seule dans letraitement des métastases vertébrales neuro-agressives, on adémontré l’efficacité prédominante du groupe avec chirurgie.La radiochirurgie stéréotaxique permet de limiter le champd’irradiation à la seule zone métastatique et donc de diminuertout à la fois les doses nécessaires au contrôle tumoral et l’irra-diation parasite des organes de voisinage.La résection tumorale par radiofréquence est encore d’utilisationanecdotique.Le chapitre concernant vertébroplastie et kyphoplastie soulignela morbidité plus importante de ces techniques appliquées auxmétastases vertébrales en comparaison avec ce qui était observédans la fracture ostéoporotique. Leur intérêt doit cependant êtresouligné en raison de leur grande efficacité antalgique, et desmoindres doses de radiothérapie nécessaires aux vertèbres ainsitraitées. Dans la série de Fourney, comptabilisant 97 interven-tions chez 56 patients, on a observé 84 % d’amélioration, 9 % depatients inchangés et 9 % de fuites de ciment.Bibliographie de 90 références citant Jeramond, Onimus et LeHuec, mais pas Sénégas.

Current concepts in the management of metastatic spinal diseaseThe role of minimally-invasive approaches

K. SINGH, D. SAMARTZIS, A.R. VACCARO, G.B. ANDERSSON,H.S. HAN, J.G. HELLER

J Bone Joint Surg (Br), 2006, 88, 434-442.