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POUR N° 207 AVRIL 20183

En prenant pour cible les services

publics et la Fonction publique,

le gouvernement met clairement

en lumière ses intentions politiques.

Le « nouveau monde » d’Emmanuel

Macron est en fait un pur projet

libéral ou les préoccupations

sociales, les valeurs d’égalité, de

justice n’ont pas cours, ou l’argent

est roi. La démocratie y est aussi

fragilisée avec la marginalisation

des organisations syndicales.

Il s’agit en fait d’un bien vieux monde

loin d’un modèle social digne

du XXIe siècle.

Et la Fonction publique est

aujourd’hui clairement menacée.

Affaiblissement du dialogue social,

remise en cause du statut, salaires

« au mérite », externalisation

de missions, non reconnaissance

du travail… « En même temps »,

les 9 fédérations de fonctionnaires

viennent de dire au gouvernement

qu’elles n’acceptaient pas cette

orientation… Assurément un point

d’appui pour amplier la nécessaire

mobilisation dans notre secteur.

Car aujourd’hui, la colère gronde,

l’opinion doute devant des réformes

protant toujours aux mêmes. Et

c’est « en même temps » que Ephad,

retraités, fonctionnaires, cheminots,

étudiants… ne comptent pas laisser

faire !

Parmi les si nombreux slogans

de mai 68, il en est un qui disait

« A bas le vieux monde ».

En même temps, 50 ans après,

c’est toujours

d’actualité… car

c’est bien toujours

d’un autre monde

dont nous avons

besoin !

La FSU est

pleinement engagée

pour y contribuer !

ÉDITO

En même temps…nous aussi !

Bernadette Groison

5CESELa « chambredu futur » ?

17Services publics :l’État prive le local

10PJJUne vraiealternative àl’enfermement desenfants : la liberté

12Assises de la maternelleObligatoire dès 3 ans

24C’est demain Voiture électrique :une nouvelle èrepour l’automobile

14ParcoursupNon à la sélection

6Printemps 2018La Fonction publiquemobilisée

28Ouvrirles bibliothèquespubliques

30Rencontre avec Galin Stoev

Revue de la

Fédération Syndicale Unitaire

104, rue Romain Rolland

93260 Les Lilas

Tél. : 01 41 63 27 30

Fax : 01 41 63 15 48

Internet : www.fsu.fr

Mél : [email protected]

[email protected]

N° CP : 0720-S07429

N° ISSN : 1246-077 X

Directeur de la publication :Bernadette Groison

Rédaction :

Grégory Bekhtari,

Sandrine Charrier,

Pierre Garnier,

Matthieu Leiritz,

Jacques Mucchielli,

Marie-Rose Rodrigues-Martins.

Conception :NAJA presse

Publicité :Com d’habitude Publicité

Clotilde Poitevin

7, rue Emile LACOSTE

19100 Brive

Tél. : 05 55 24 14 03

[email protected]

Compogravure : CAG

Impression : SIEP

Crédit photo couverture :Mira/Naja

Prix au numéro : 0,70 €

Abonnement : 5,60 €

Si vous changez d’adresse,

veuillez communiquer

vos nouvelles coordonnées

à votre syndicat.

Joint à ce numéro, un

16 pages POUR Retraités.

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Àl’initiative des lycéens dePortland et de #neveragain,une manifestation gigan-

tesque a réuni 500 000 personnesà Washington.Le 14 février dernier, à Parklanden Floride, Nikolaus Cruz, 19ans, s’est introduit dans le lycéeMarjory Stoneman Douglasdont il avait précédemment étéexclu. Il a tué dix-sept per-sonnes. C’est la cinquante-troi-sième fusillade dans un établis-sement scolaire américaindepuis 2015 et il y en a eu quatreautres depuis. Cependant, cettefois-ci, la vague d’indignationsuscitée s’est traduite par unemobilisation qui vient renforcerles partisans du contrôle de lavente des armes à feu dans unpays où le droit au port d’armesest garanti par la constitution.Fait notable, ce mouvement estporté médiatiquement par lesadolescents qui ont survécu àcette fusillade. Ces derniers ont pris des ini-tiatives pour faire pression surles élus au Congrès et sur le

Un fort mouvement paralyse Mayotte depuis le 20 février.Quel en a été l’élément déclencheur?Le mouvement a débuté le 20 février après que de violentsaffrontements entre bandes rivales ont éclatéau lycée de Kahan le 19 janvier provoquant le droit de retraitdes enseignants et par la suite des chauffeurs de bus scolaireeux-mêmes « caillassés ». Le vice-rectorat a attenduquatre semaines avant de mettre en place une enquêtedemandée par le secrétaire du CHS-CT. Ces faits de violencesont récurrents et devenus insupportables dans l’île que lesmahorais considèrent abandonnée par les pouvoirs publics.Des mesures immédiates contre la délinquance organisée sontindispensables. Un collectif s’est formé, rejoint par uneintersyndicale, des élus et des associations. La FSU l’a, quantà elle, rejoint sous condition. En effet, elle refuse qu’unepopulation soit ciblée, en l’occurrence les migrants arrivant desComores. La FSU œuvre pour que les vraies raisons de cettesituation désastreuse soient analysées (84 % de la populationen dessous du seuil de pauvreté, décrochage scolaire, 27 %

de chômage) et revendique des mesurespour renforcer l’encadrement entitulaires dans les services publicsen rendant les postes plus attractifs.

Que réclament les citoyens de Mayotte?Plus d’État! La présence permanente dela gendarmerie, un encadrement de viescolaire renforcé, une réelle implicationde l’État dans ses fonctions régaliennes, un véritableinvestissement dans l’école, la santé (90 naissances en unejournée à la maternité de l’île qui ne peut en gérer que 50),la sécurité.

La venue de la ministre Annick Girardin a-t-elle apaisé?Non! Car elle propose un accord de principe. De belles parolesqui ne sont accompagnées d’aucune mesure concrètequi démontrerait un changement de posture de l’État.Donc le mouvement continue.

C ’ES

TL ’

ACTU

Henri Nouri,co-secrétaire FSUde Mayotte

© DR

Mayotte : « Plus d’État ! »

Un enfant surcinq non scolariséLes statistiques de l’UNESCO

sur le nombre d’enfants

non scolarisés dans le monde

se suivent et se ressemblent.

Selon ses chiffres dévoilés en

février, on dénombre environ

263 millions d’enfants,

d’adolescents et de jeunes

à travers le monde, un sur cinq,

qui ne fréquentent pas l’école.

63 millions d’enfants de 6 à

11 ans ne sont pas scolarisés,

qui devraient être inscrits

à l’école primaire. 61 millions

d’adolescents de 12 à 14 ans,

et 139 millions de jeunes en âge

d’aller au lycée, soit un sur trois,

vivent cette situation. L’Afrique

subsaharienne est

particulièrement touchée, avec

un taux global d’un sur trois,

les lles étant plus nombreuses

à être privées du droit à

l’éducation.

Dans le monde, la fréquentation

au lycée est symptomatique

de l’écart entre pays à faibles

revenus, où 59 % des jeunes

ne sont pas scolarisés, quand ils

ne représentent que 6 % dans

les pays à revenus élevés.

Ce constat se double d’une crise

des apprentissages. Un sixième

des enfants et des adolescents,

dont la majorité va à l’école,

n’atteint pas les seuils minimaux

de compétence en lecture

et en mathématiques.

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POUR N° 207 AVRIL 20184

président Trump afin de faireévoluer la législation actuelleen exerçant un contrepoidspopulaire à la National RifleAssociation (NRA), le puissantlobby pro armes qui financeles campagnes électorales denombreux politiques, issus duParti Républicain mais aussidu Parti Démocrate. Ainsi, le mercredi 14 mars, desdizaines de milliers de lycéensont quitté leur salle de classependant 17 minutes (autant que

#neveragain

March for our lives

de victimes de la tuerie de Par-kland) pour le « National SchoolWalk out ». Dix jours plus tard,c’est 1,5 million de personnesdans plusieurs centaines devilles, dont cinq cent mille àWashington, qui se sont ras-semblées pour «  la March forour lives », la plus grosse mani-festation anti armes à feu del’histoire des États Unis. Premier signe de l’impact decette mobilisation : en Floride,les dispositifs permettant detirer en rafale viennent d’êtreinterdits et l’âge légal pouracheter une arme est passé de18 à 21 ans.

Grégory Bekhtari

500000 personnesà Washingtonle 22 mars pourune législationsur les armes à feu.

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« Comment accélérerla transitionénergétique ? » :l’avis du CESERéduire les émissions de gaz

à effet de serre, développer les

énergies renouvelables, rénover

les bâtiments. Ces bonnes

intentions sont inscrites dans

la loi relative à la transition

énergétique pour la croissance

verte (LTECV).

Trois ans après l’adoption de la

loi, la trajectoire n’est pas bonne

puisque les émissions de gaz

à effets de serre n’ont pas

diminué, souligne le CESE.

Moyens insufsants, stabilité

non assurée. La France est

un des pays les plus en retard

dans le déploiement des énergies

renouvelables. La cohérence

entre les orientations décidées

nationalement et le local n’est

pas au rendez-vous. Enn, les

collectivités n’ont pas été dotées

de moyens pour décliner la

transition énergétique, rénover le

bâti et développer des transports

collectifs notamment, ni pour

mettre en place un service public

de la performance énergétique

et de l’habitat (SPPEH) pourtant

prévu par la loi.

Le CESE propose donc de se xer

des objectifs tenables comme

50 % d’électricité nucléaire

d’ici 2035, de développer les

alternatives au transport routier

individuel, de traiter les questions

alimentaires et agricoles.

Il demande des nancements

de l’ordre de 35 milliards inscrits

dans la durée ainsi qu’une loi

de programmation liée à LTECV.

Rationaliser les structures de

concertation, déployer le SPPEH

et rénover l’ensemble du bâti,

lever les obstacles,

administratifs notamment au

développement des énergies

renouvelables. Des pistes parmi

d’autres pointées par le CESE.

Emmanuel Macron l’a annoncé :le Conseil économique social etenvironnemental (CESE) va être

réformé. Chambre assez méconnue, ellesiège au palais d’Ièna à Pariset conseille gouvernement etparlement sur l’élaboration deslois et les orientations des poli-tiques publiques. Elle réunit lasociété civile dans toutes sescomposantes. Ses membressont désignés par les syndicatsde salariés (la FSU y est repré-sentée), de chefs d’entreprise,d’ONG, d’organisations dejeunesse. 40 personnalités qua-lifiées sont nommées par legouvernement. L’idée est defaire dialoguer toutes les caté-

CESE

La « chambre du futur » ?gories socioprofessionnelles,avec l’intérêt général en lignede mire. Laboratoire d’idéespour alimenter décideurs etlégislateurs, c’est un outil pourfaire évoluer la société. Concrè-tement, le CESE a inspiré laloi de transition énergétique…et a été à l’origine de la créationdu RMI. Il publie des avis (voirci-dessous).Pour qu’i l devienne «  lachambre du futur » un « car-refour des consultationspubliques », le président sou-haite réduire d’un tiers lenombre de ses membres etrevoir ses règles de représen-tativité, vers une présencerenforcée des associations et

Les Français, la société civileet le CESEUne enquête Ifop pour le CESE publiée en février a permis de mieuxcerner le rapport des Français à cette institution et plus largementaux organisations de la société civile (associations, ONG, syndicats,mutuelles…). 80 % les considèrent indispensables pour porterleurs préoccupations. En revanche, au sujet des relations entrepouvoirs publics (gouvernement, parlement) et société civile, 90 %souhaitent des pouvoirs publics plus à l’écoute. Après présentationdans l’enquête de ses principes de fonctionnement, 60 % déclarentavoir du CESE une bonne opinion. Concernant les pistes deréformes, celles qui permettent un contact plus direct du citoyenavec les pouvoirs publics sont plébiscitées : 81% des sondés sontfavorables à l’obligation pour le gouvernement de répondre à unepétition citoyenne passée par le CESE.

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des ONG. Mais comment yparvenir en réduisant sa com-position notamment ? Emmanuel Macron dit aussivouloir revoir le champ dessaisines du CESE. Ce dernierpeut en effet aujourd’hui êtresaisi par le gouvernement etle parlement. Édouard Phi-lippe s’est d’ailleurs emparéde cette possibilité, pour avoirson avis sur les thèmes du tra-vail indépendant, de la tran-sition écologique et des per-sonnes fragiles. Les lois deprogrammation doiventtoutes être examinées par leCESE avant passage à l’As-semblée et au Sénat. Il peuts’autosaisir sur des sujets qu’ilestime importants. Un droitde pétition permet égalementd’interpeller le CESE, au-delàde 500 000 signataires. Le pré-sident compte revoir ce droit,jugé parfois complexe etlimité, pour mieux prendreen compte l’expression directedes Français. Pour autant, leCESE s’est déjà autosaisi àpartir de pétitions pour tra-vailler sur des axes d’amélio-ration, comme la lutte contreles déserts médicaux.

Pierre GarnierÀ lire : lettre des représentants FSU au CESEwww.fsu-cese.fr

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La journée du jeudi 22 mars quise voulait, à l’appel de 7 syndi-cats de la fonction publique, une

démonstration de force face augouvernement, a incontestablementréussi à mobiliser, particulièrementdans les manifestations.Ehpad, retraités, fonction-naires, cheminots, jeunes ontrépondu « présent ! ». Les ser-vices publics, au cœur despréoccupations, sont au centrede vives attaques du gouver-nement, alors même que lesbesoins de la société sontimportants en la matière. Les tentatives de minoration,de la part du gouvernement,de l’ampleur de cette journéed’action ne peuvent masquerla façon dont il cherche àavancer pour faire passer enforce. Olivier Dussopt a beaudire que « L’enjeu du gouver-nement c’est d’écouter c’estde répondre aux interroga-tions », les 9 fédérations defonctionnaires (CGT, CFDT,FO, UNSA, FA FP, CGC,CFTC, Solidaires et FSU) ontdécidé de claquer la porte dela réunion qu’il présidait le4 avril dernier, sur le docu-ment « Refonder le contratavec les agents », après luiavoir rappelé qu’elles ne par-tagent pas les fondements dudocument d’orientation pro-posé par le gouvernement,

Printemps 2018

La Fonction publique mobiliséeet face à son refus d’en chan-ger les bases. Cet arc syndicalunanime dénonce un textequi « ne correspond pas surle fond aux attentes ni auxbesoins auxquels doit répon-dre la fonction publique », etdes points comme le recoursau contrat, l’affaiblissementdu dialogue social ou encorel ’ individual isat ion dessalaires. Après la mobilisation du22 mars un plan d’action seprofile dès ce mois d’avril(débats, meetings, conférencesde presse…). Une nouvelle

Selon l’OFCE, les grandsgagnants des mesuresde Macron seront…les plus riches L’observatoire français des

conjonctures économiques

(OFCE) a publié une étude pour

mesurer l’impact des effets

des mesures sociales et scales

du gouvernement. Les résultats

partagent pour 2018 les

ménages en trois ensembles.

Les mesures prises se

compensent pour les classes

moyennes. Dans la balance,

l’abattement de 30 % de la taxe

d’habitation et l’élargissement du

crédit d’impôts pour les emplois

à domicile neutraliseront hausse

de la CSG pour les retraités, et

hausses de scalité écologique

et sur le tabac.

Les perdants sont les 5 % les

plus pauvres. En cause, la baisse

des allocations logements

et les hausses sur le tabac et

les énergies. La revalorisation

des prestations sociales

ne sufra pas à compenser

une perte de 0.6 % par an

et par ménage (60 euros).

Les grands gagnants sont

les 5 % les plus riches, avec

une hausse de 1.6 % c’est-à-dire

de 1730 euros, du fait de la

suppression de l’ISF et de la taxe

forfaitaire à 30 % des revenus

mobiliers. Les 280000 les plus

aisés verront leur niveau de vie

augmenter de 4.8 % soit

9600 euros.

L’étude montre que n 2019,

le niveau de vie des 5 % les plus

pauvres progressera de 0.2 %,

les plus riches sortants renforcés

avec 2.2 %. En tout, ces derniers

capteraient 42 % des gains

découlant des réformes.

Ça ruisselle !

Retraités : mobilisation énorme 162 initiatives dans toute la France et près de 200000 retraitésont manifesté le 15 mars à l’appel des organisations nationalesde retraités du groupe des 9 contre la hausse de la CSG et la baisseprogrammée de leur niveau de vie.La mobilisation a été une réussite éclatante: à Paris 30000manifestants ont délé de Montparnasse à la rue de Varenne,à quelques centaines de mètres de l’hôtel Matignon. À Marseille,à Nantes, Bordeaux, Lyon, La Rochelle, Angoulême, Grenoble, etc.les retraités sont descendus dans la rue massivement.Cette mobilisation exceptionnelle est à la mesure de la colère desretraités face à des mesures particulièrement injustes, à l’explosiondes prots du CAC 40, et à la suppression de l’ISF notamment.Les retraités sont exaspérés devant les refus répétés de les recevoirdu Président de la République, de Madame Buzyn et maintenantdu Premier Ministre. Exaspérés aussi de la morgue de ceux quiles traitent de «génération dorée».Loin d’être des « nantis», ils pratiquent tous les jours dans leurentourage, la solidarité intergénérationnelle. Ils étaientnaturellement le 22 mars, avec les actifs, pour défendre la Fonctionpublique et les Services publics, bien commun de toutes et tous.

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IRA/N

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POUR N° 207 AVRIL 20186

journée d’action est en vuecourant mai. La FSU, fer de lance et trèsattentive à construire desactions unitaires, œuvrerapour élever le rapport de forceet pour peser réellement surle gouvernement car les enjeuxpour l’avenir de la Fonctionpublique sont importants. Àsa feuille de route est inscritela poursuite de mobilisationsur le pouvoir d’achat, en vuedu rendez-vous salarial qui setiendra entre le 10 et le 20 juinprochain.

Pierre Garnier

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Le 31 janvier, Édouard Philippeannonçait vouloir « assouplir »le statut des agents publics, à

travers la rémunération au méritemais aussi le recours accru auxcontractuels.Alors que le gouvernementprépare la privatisation de laSNCF et s’en prend au statut«  trop protecteur » des che-minots, Gérald Darmanin,ministre de l’action et descomptes publics, persiste dansses intentions de «  plan dedépart volontaires ». Dans leNouveau Monde, le conceptmême de fonctionnaire à sta-tut semble déplacé, quand la

Fonctionnaires

Les raisons d’agirprécarité du salariat devientla norme. Rappelons quelques élémentsde cette politique ouverte-ment anti fonctionnaires :rétablissement du gel dupoint d’indice, retard d’un andans les mesures visant àaméliorer les carrières – etdonc les rémunérations – desagents prévues dans l’accordPPCR, hausse non compenséede la CSG, retour au jour decarence… Et le Premierministre de promettre un«  big bang  » de la Fonctionpublique, dans le cadre d’Ac-tion publique 2022, démarche

de réflexion devant aboutirsur des propositions d’évolu-tion des missions de servicepublic : en clair, quelles sontcelles dont l’État pourra sedélester au profit – dans tousles sens du terme – du privé ?De quoi justifier l’annonce de120 000 suppressions d’em-plois en 5 ans, le recoursaccru aux contractuels, lesrémunérations individuali-sées, la remise en cause desinstances de dialogue social(CHSCT, commissions pari-taires…). Et qui ne voit que derrière l’at-taque contre un statut des che-minots « archaïque » se dissi-mule mal l’envie d’en finiravec celui des fonctionnaires,héritage plusieurs fois moder-nisé des espérances et desvaleurs de la Résistance ? Le22 mars, de nombreux fonc-tionnaires étaient en grève eten manifestation. D’autres mobilisations serontnécessaires pour stopper cetteentreprise de démolition desservices publics, d’appauvris-sement des fonctionnaires etde dénaturation de leurs mis-sions.

Matthieu Leiritz

PPE : un débat publicAlors que le CESE (voir p 5) dresse un bilan pour le moins mitigéde la loi relative à la transition énergétique pour la croissanceverte (LTEVC), Nicolas Hulot lance un débat public censé pesersur le futur énergétique du pays. Le gouvernement a préparé undossier qui permet de comprendre les enjeux de la révision de laPPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), outil de pilotagede la politique énergétique créé par la loi de 2015. Elle exprimeles orientations et priorités d’action des pouvoirs publics pourla gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoiremétropolitain continental, an d’atteindre les objectifs de cetteloi. Énergies renouvelables, économies d’énergie, consommationd’électricité… du 19 mars au 30 juin, chacun est invité à donnerson avis. Ce débat porte sur la révision de la programmationl’énergie qui couvre 2018-2023 et 2024-2028. La révision seranalisée à la n de l’année 2018.

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POUR N° 207 AVRIL 20187

Égalité hommes femmesMarlène Schiappa a présenté

son projet de loi contre

les violences sexuelles et

sexistes. Mesure phare, le

renforcement de l’interdiction

des relations sexuelles entre

majeurs et moins de 15 ans

pour protéger les mineurs et

ne plus laisser aux tribunaux

le débat sur la question

du consentement. Autres

mesures : allongement

des délais de prescription pour

crimes sexuels sur mineurs

portés à 30 ans après

la majorité, création d’une

contravention d’outrage

sexiste et définition élargie

du harcèlement sexuel

et moral pour sanctionner

les raids numériques.

8 mars : pour l’égalitéà tous les niveaux Le 8 mars la FSU, engagée en

faveur des droits des femmes,

a organisé une grande

initiative pour l’égalité

femmes-hommes. Elle y a

porté ses mandats historiques

en matière d’égalité salariale

dans la fonction publique.

Car il y a moins bien payé

qu’un fonctionnaire :

c’est une fonctionnaire.

Pour transformer les

mentalités et permettre

une totale émancipation des

femmes, il faut une réflexion

sur l’égalité à tous les niveaux,

à commencer par l’École

et sans oublier le travail

et la sphère privée.

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Le 19 mars, les organisationssyndicales et patronales ont étéreçues au Ministère du Travail.

Au menu : le renforcement ducontrôle des demandeurs d’emploiet la gouvernance de l’UNEDIC, orga-nisme paritaire qui gère le systèmede l’assurance chômage.Sur le premier point, lesinquiétudes se sont confir-mées. La gravité des sanctionsinfligées aux chômeurs sus-pectés de ne pas rechercherassez activement un emploiest renforcée, avec une radia-tion d’un mois pour le pre-mier signalement. Cependant,les absences aux rendez-vousà Pôle emploi se solderont pardes radiations moins longues(quinze jours la première fois),mais peut-être plus fréquentes. Dans le cadre d’une expéri-mentation dans deux régions,les demandeurs d’emploi severront attribuer un journalde bord censé rassembler lesdémarches en vue de retrou-ver un emploi. L’expériencepourrait être généralisée aprèsun bilan. Rappelons que Pierre Gattaz,

avait suggéré l’établissementd’un contrôle quotidien desdemandeurs d’emploi. Lanotion d’« offre d’emploi rai-sonnable » sera précisée parune discussion entre le chô-meur et son conseiller pôleemploi, dans une approcheplus personnalisée. Pour le SNU Pôle emploi(FSU), l’objectif du gouverne-ment est moins d’accompa-gner le chômeur vers un retourà l’emploi que de le faire sortirdes statistiques. Pourquoi, aulieu de stigmatiser les deman-

Mineurs isolés :pour une protectionde l’enfance,immédiate,pleine et entière Le rapport sur la réforme

de l’évaluation et d’accueil

des mineurs isolés étrangers

qui vient d’être rendu semble

privilégier le transfert de

compétences des missions

d’évaluation et d’hébergement

d’urgence des départements

vers l’État. Ce serait

discriminatoire à l’égard

des jeunes exilés et confirme

la vision purement budgétaire

qui anime les pouvoirs publics,

préférant le terme de « flux »

à celui d’« enfant ».

Le projet est de créer

des centres de tri

et d’hébergement spécifiques,

où les jeunes seraient fichés

et évalués sans garantie

de pouvoir exercer leurs droits.

L’évaluation de la minorité et

de l’isolement pourrait relever

du Préfet, sans possibilité

d’appel. Un fichier national

biométrique est proposé

pour créer un système

de reconnaissance des jeunes

évalués majeurs, ce qui

est inacceptable en termes

de libertés individuelles.

Une telle réforme serait

contraire aux conventions

internationales. Pour la FSU,

les mineurs isolés doivent être

considérés avant tout comme

des enfants devant relever

de la protection de l’enfance

ordinaire. Le gouvernement

doit faire le choix du respect

des droits des enfants

en allouant des moyens

supplémentaires aux services

de la protection de l’enfance,

à commencer par les 5 M€

que coûterait la création

du fichier biométrique

des mineurs.

DéradicalisationLe gouvernement a rendu public le 23 février un nouveau « plande prévention de la radicalisation » qui comprend 60 mesuressuivant cinq grands axes. Le premier axe se concentre surl’école et sur internet. Le second concerne l’administration, lescollectivités territoriales et les entreprises. Le troisième insistesur le développement de la recherche sur ce phénomène social.Le quatrième aborde la prise en charge des personnesprésentant des signes de radicalisation, l’accompagnement deleurs familles et la coopération internationale. Le dernier traitede la réinsertion des mineurs de retour de zones d’opérationde groupes terroristes et du suivi des « détenus radicalisés ».Pour la FSU, le nécessaire besoin de sécurité ne peut êtredissocié d’une vigilance sur les libertés ni de moyensconséquents pour l’éducation et la protection de l’enfance.

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DIEU/

NAJA

POUR N° 207 AVRIL 20188

deurs d’emploi, ne pas plutôtrenforcer le contrôle du travaildissimulé ? Ou mieux vérifierles compétences de nombreuxorganismes privés en chargede la formation profession-nelle ? Enfin, le gouverne-ment, dans sa désormais tra-ditionnelle posture autoritaire,souhaite écarter les syndicatsdu pilotage de l’UNEDIC enlimitant strictement les condi-tions d’indemnisation deschômeurs. En route vers l’éta-tisation ?

Matthieu Leiritz

s o c i a l e s

Assurance chômage

L’ère du soupçon

© NE

TANG

E/NA

JA

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Suite à la polémique defévrier 2016 sur l’état de déla-brement des écoles à Marseille,

un plan Marshall des écoles a étévoté en octobre 2017 par le conseilmunicipal de Marseille. Il concerne34 écoles. Le partenariat public/privé(PPP) choisi pour la mise en œuvreprovoque des mobilisations initiéesnotamment par un collectif, dont laFSU est à l’origine.Ce plan prévoyant de démolir31 écoles et d’en construire oureconstruire 34 relève de l’ur-gence absolue.Mais les 413 autres écolesdevront attendre et cela créeun mécontentement qui aatteint son paroxysme lorsqueles usagers ont appris que lemode de financement choisipar la mairie prévoyait unaccord cadre PPP, qui confiaitla totalité du projet à des entre-prises privées et produirait

Plan Marshall des écoles à Marseille

La colère des habitants

ainsi un coût exorbitant à longterme atteignant 1,04 milliardd’euros, endettant la munici-palité pour les 25 ans à venir…et avec elle la population mar-seillaise. Pour le collectif, il s’agit d’une

véritable privatisation de lagestion des bâtiments muni-cipaux. Le Maire compte aveccette opération maintenir lesfinances annuelles mais restedans une vision à court termeet ne prend pas ses responsa-bilités. La colère des habitantsde la cité ne retombera pas desitôt.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

© DI

DOME

NICO/

NAJA

POUR N° 207 AVRIL 20189

s o c i a l e s

Les écoles en manifestationà Marseille le 22 mars.

Intelligence artificielle :c’est aussi l’affairedu publicLe président Macron a présenté

le 29 mars un plan

d’investissement d’1,5 milliard

de crédits publics sur 5 ans pour

développer l’intelligence

articielle (IA). Il suit une

recommandation du rapport

Villani qui préconise de doter

la puissance publique de moyens

matériels et humains. Mais

le chef de l’État ne reprend pas

la proposition sur l’attractivité

des carrières dans la recherche

publique, qui envisageait

un doublement des salaires

à l’entrée dans le métier, pour

éviter de voir le vivier se tarir.

Le montant alloué, très en deçà

du budget chinois par exemple,

sera pris sur des fonds

préexistants voire en partie

récupéré par redéploiement

budgétaire. Le choix fait est de

favoriser le secteur privé, au sein

duquel les chercheurs du public

pourront consacrer jusqu’à 50 %

de leur temps. Un effet d’aubaine

pour Samsung, Fijitsu et Deep

Mind, qui viennent d’annoncer

l’ouverture prochaine de centres

de recherche en IA en France.

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Ce colloque organisé par leSyndicat de la Magistrature,le syndicat des avocats de

France, l’OIP et le SNPES/PJJ, avecle soutien de la FSU, de la LDH et deDéfense Enfance InternationalFrance, visait à dénoncer les effetsnéfastes et contre-productifs despolitiques répressives appliquéesaux adolescents.Malgré les intempéries et lesproblèmes de transport occa-sionnés, près de 400 personnesétaient présentes.Introduit par Jean Marie Dela-rue, ancien Contrôleur Généraldes Lieux de Privation deLiberté, le colloque a réuni unpanel extrêmement riche d’in-tervenants, animé par l’asso-ciation Stop théâtre.« Les Centres Éducatifs Ferméssont bien des lieux d’enferme-ment des mineurs » martèle J.-L. Delarue, qui pointe la res-ponsabilité des politiquespénales dans l’augmentationde l’enfermement des mineurs,mais aussi le manque de solu-tions alternatives à l’incarcéra-tion d’où la surpopulationpénale.Pour le juriste Christophe Daa-douch, « il y a un vrai combatà mener pour obtenir la sup-

PJJ

Une vraie alternative à l’enferme-ment des enfants : la liberté

pression de la détention provi-soire des enfants », et rétablir leprincipe de la primauté del’éducatif sur le répressif quifonde la Justice des enfants. Mélanie Trouvé, avocate au TGIde Créteil, membre du syndicatdes avocats de France, a elle pré-senté deux situations de jeunespuis compare les réponses judi-ciaires: un adolescent français,issu de classe moyenne, par sonaisance à s’exprimer et la pré-sence de son entourage à sescôtés va bénéficier de tempspour évoluer quand la justicefrappe durement un mineurisolé étranger afghan.Nathalie Caron, membre du SN

Menaces surles CHS-CT et CAPSous prétexte d’apporter plus de

souplesse et moderniser l’action

publique, le gouvernement a lancé

4 chantiers de refondation du

contrat social avec les agents

publics. Il remet en cause le rôle

des CHS-CT et CAP dont il souhaite

réduire le nombre. Les CAP seraient

réduites à un rôle d’appel. La main

pourrait être donnée aux

employeurs de proximité et ainsi

ouvrir la porte à l’arbitraire. En clair,

il cherche à réduire le champ du

dialogue social et de l’intervention

des élus du personnel dans le

déroulement des carrières et dans

les conditions de travail

et d’exercice. La référence aux

institutions représentatives du

Personnel (IRP), vocabulaire issu

de la loi Travail, constitue

également une source d’inquiétude.

Si le fonctionnement

des CHS-CT et des CAP peut être

amélioré, leur rôle ne peut être

contesté dans la prise en compte

des conditions de travail des

agents et de la garantie contre

l’arbitraire possible des décisions

de l’administration. Mais s’agit-il

de refonder le contrat social

ou de le rompre?

Soutien à Gaël Quirante Gaël Quirante, secrétaire

départemental du syndicat SUD

Activités Postales 92 subit un

acharnement disciplinaire et pénal

totalement injustié. 10 tentatives

de licenciement en 14 ans et

presque un an de mise à pied

cumulées. Contre l’avis de

l’inspection du travail, la ministre

du travail a décidé de le licencier.

À l’image de bien d’autres

militantes et militants du

mouvement social, Gaël Quirante

est visé par une répression qui

constitue une atteinte aux droits

démocratiques des travailleurs

et travailleuses.

S’il est licencié, c’est en raison

de son activité de représentant

syndical.

La FSU dénonce la logique

répressive qui frappe aujourd’hui

le monde du travail : plus

de 4000 poursuites disciplinaires

ou pénales contre des grévistes

ou des manifestants depuis

le mouvement 2016 contre

la Loi travail.

Handicap : concertationDans le secteur public, qui recrute environ 30 000 personnesen situation de handicap chaque année, la direction généralede l’administration et de la fonction publique (DGAFP) a lancéla concertation dans le but de réformer la politique d’emploides personnes handicapées en présentant le 19 mars deux axesde discussions pour avril. Le premier est le nancement pérennede l’insertion professionnelle et du maintien dans l’emploi despersonnes handicapées. La réduction de la contribution au fondqui en est chargé (le Fiphfp) est envisagée pour les organismespublics qui emploient moins de 6 % de travailleurs handicapés,s’ils ont recours aux établissements et services d’aide parle travail (Esat). Le second axe englobe les questions de luttescontre la discrimination et de promotion et mobilité internes.

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EVIER

S/NA

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p u b l i q u e s

POUR N° 207 AVRIL 201810

du SNPES/PJJ-FSU et éducatriceen milieu ouvert, est intervenuesur l’incarcération quasi-systé-matique des jeunes mis en exa-men dans le cadre d’associationde malfaiteurs en vue de com-mettre un acte terroriste.Et Sonia Olliver, membre duSN du SNPES-PJJ/FSU deconclure : « Si nous sommesradicalement contre l’enferme-ment des adolescents, c’est aussiparce que nous savons que l’ac-compagnement éducatif de cesderniers à l’épreuve de la libertéest possible. »Voir la page Facebookdu SNPES-PJJ/FSU.

Matthieu Leiritz

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p u b l i q u e sp u b l i q u e s

POUR N° 207 AVRIL 201811

RestaurationscolaireEmmanuel Macron s’étaitengagé lors de la campagneà faire passer à 50 %la part de produits bio dansla restauration scolaire,promesse renouvelée lorsdes États généraux del’alimentation qui se sonttenus en octobre. Ce devraitêtre chose faite puisqueStéphane Travert, leministre de l’Agriculture,a déclaré que cet objectifserait inscrit dans la loipour l’horizon 2022. Leprésident avait égalementannoncé qu’il voulaitlégiférer pour rééquilibrerles contrats entreagriculteurs et distributeursainsi que sur le seuilde revente à perte an queles agriculteurs soientmieux rémunérés.Concernant le lien entresanté et alimentation,Stéphane Travers a indiquéau JDD qu’il rééchissaitavec la ministre de la Santé« à un fonds de préventionpublic-privé ». « Il fautinvestir dans la prévention,notamment vis-à-visdes jeunes, amplieret diversier les actionsd’éducation alimentaire,la sensibilisation,l’information »,a-t-il déclaré.

Les candidatures aux JOP (JeuxOlympiques et Paralympiques)peuvent s’accompagner d’accords

entre organisateurs et syndicats.S’il s’agit d’éviter de possiblesmouvements sociaux autour del’organisation des Jeux, la chartesociale signée notamment parla FSU avec le Comité de can-didature a bien d’autres moti-vations. Particulièrement celled’engager le Comité d’Organi-sation des Jeux (COJO), lesentreprises, les collectivités ter-ritoriales et autres acteurs de lapréparation à laisser un héritagesocial fort décliné autour de4 thématiques. Tout d’abord assurer l’exem-plarité sociale des Jeux. Uneprésence syndicale sera assuréeau sein du COJO. Les marchéspublics devront intégrer dimen-sions sociale et environnemen-tale. Développer l’emploi localet le tissu économique est posécomme objectif. Ensuite, l’enjeu est d’assurer laqualité de l’emploi et des condi-tions de travail, en prévenanttoutes formes de discrimina-tion, d’encourager la mixité, defavoriser l’accès à l’emploi des

JOP Paris 2024

Une charte sociale, pour quoi faire?

Décret ATSEM

Des évolutions

en logements sociaux après lesJeux et le sport en entreprise sedévelopper. Des actions de soli-darité internationale sont éga-lement annoncées. Bernard Lapasset, coprésidentdu Comité de Candidature etsignataire de la charte, déclarait« Nous voulons des Jeux exem-plaires et utiles. Nos Jeuxseront plus que quelquessemaines de compétition. Ilslaisseront une trace positive etpartagée par le plus grandnombre ; un héritage durablepour la population ». Beau défi qu’il conviendrade relever. La FSU y sera trèsattentive.

Pierre Garnier

Le Décret n° 2018-152 portantdiverses dispositions statutairesrelatives aux agents territoriaux

spécialisés des écoles maternellesest paru le 1er mars 2018. Il redéfinitle métier de 55 000 agents territo-riaux de catégorie C. Très attendu, il constitue unpremier pas mais ne répondpas à leurs revendications.La participation aux activités

pédagogiques est actée. Leurchamp d’implication précisé,à savoir les enfants de 2 à6 ans. Les ATSEM devien-nent membres de la commu-nauté éducative et partici-pent aux Conseils d’école.Il sera alors indispensableque ces heures de réunionssoient décomptées.Le décret apporte également

des évolutions pour leurdéroulement de carrière etleurs perspectives d’évolution. Ainsi elles pourront accéderau cadre d’emplois des agentsde maîtrise territoriaux sousconditions. Le concours interne seraouvert aux agents justifiant3 ans d’emploi d’ATSEM et lapossibilité d’être chargé de

coordination leur est offerte. Ces nouveautés restent tou-tefois insuff isantes . I ln’existe toujours pas d’adé-quation entre rémunération,qualifications requises et res-ponsabilités, ni de prises encompte de la pénibilité dutravail et des risques socio-professionnels.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

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VAUD

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A

jeunes de zones prioritaires, destravailleurs en situation de han-dicap, des chômeurs de longuedurée et des seniors. Le développement des compé-tences et la sécurisation des par-cours professionnels des salariéset des bénévoles devraient êtrefavorisés, notamment pas desreclassements. Validation desacquis ou certification devraientreconnaître l’engagement desbénévoles. Enfin, conférer au sport un rôlede moteur pour un développe-ment social et solidaire. Le Vil-lage Olympique devrait se muer

Assurer l’exemplaritésociale des Jeux.

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é d u c a t i v e s

POUR N° 207 AVRIL 201812

Francophonie,un enjeu mondial700 millions de francophonesen 2050… et moi, et moi,et moi! Un chiffre enaugmentationessentiellement grâce à ladémographie de certains paysafricains. Le 20 mars étaitjour de la francophonie.Une occasion pour la FSUimpliquée dans le Comitésyndical francophone del’éducation et de la formation(CSFEF) de réafrmer lanécessité pour les Étatsfrancophones de garantir laqualité et l’équité des serviceséducatifs et de rappeler quela francophonie syndicale estaussi un moyen d’agir avecles organisations qui luttent,dans de nombreux pays, pourl’accès ou le respect desdroits démocratiques, sociauxet syndicaux. Et de demanderau gouvernement depermettre à la languefrançaise de se faire « traitd’union » pour agir et êtrevectrice de solidarité et dedémocratie dans le monde.

Les assises de la maternelle des27 et 28 mars, présidées parBoris Cyrulnik, auraient pu être

l’occasion d’une grande concertationsur les pistes d’amélioration pourconforter cette école « première ».Elles se sont réduites à une suitede conférences choisies, n’ap-portant rien de nouveau parrapport aux programmes 2015exceptée l’annonce par le pré-sident de l’abaissement de l’ins-truction obligatoire à 3 ans. Les intervenants, en majoriténon spécialistes de la mater-nelle, s’y sont exprimés. Lescontenus des conférences ontcroisé, sans surprise, des retoursd’expérimentation en lien avecles neurosciences sur l’appren-tissage du langage, sur la sécu-rité affective favorisant lesapprentissages et l’importancedu rôle des ATSEM. Un accentfort a été mis sur les 0/3 ans.

Carte scolaire 2018

Déshabiller Pierre pour habiller PaulIl y a toujours eu des classes qui

ferment, mais il y a aussi desclasses qui ouvrent » a déclaré

Jean-Michel Blanquer sur PublicSénat à propos de la carte scolairequi prendra effet à la rentrée 2018.Un décryptage pour le primaire etle secondaire s’impose. La dotation « école primaire »pour la rentrée 2018 sera de3 881 postes. Mais il y a un« hic ». Le dédoublement desclasses de CE1 et des CP rele-vant de l’éducation prioritaire,mesure phare du gouverne-ment, nécessitera à lui seul5 442 postes. Le ministère adonc décidé de redéployer enrécupérant 1300 postes « plus

« de maîtres que de classes », prèsde 850 classes en maternelle,et 808 dans le rural alorsqu’Emmanuel Macron avaitpourtant promis « qu’aucunefermeture de classe n’auraitlieu dans les écoles de cam-pagne ». 334 postes sont dédiésau remplacement, 224 à l’en-seignement spécialisé, loin derépondre aux besoins. Ces fer-metures ont entraîné de nom-breuses mobilisations dans toutle pays rassemblant ensei-gnants, parents et élus. Pour-tant, la baisse démographiqueaurait pu permettre des allége-ments, plus de 100000 classesdépassant 25 élèves. En fait la

taille des classes augmenteraencore, en dehors des CP etCE1 en éducation prioritaire.Le second degré perd quant àlui 2 600 emplois de stagiaires.« Sans effet », déclare le minis-tre, qui continue d’affirmersans démonstration que cessuppressions, qui représentent« en vrai » 1 300 moyens d’en-seignement à temps pleindevant élèves, seront sansimpact sur les moyens d’en-seignement. Alors que 26 000élèves supplémentaires sontattendus, le ministère redé-ploye là aussi. Académies lesplus touchées ? Celles quiconcentrent les difficultés

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VAUD

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A

sociales. Lille : - 136 emplois(- 0,5  %) ; Amiens : - 91(- 0,7 %) ; Caen : -87 (- 1  %) ;Rouen : - 77 (- 0,7 %) ; Nancy-Metz (- 0,7 %). Les académies en forte augmen-tation démographique gagnentdes emplois. Les suppressionsd’emplois se solderont en faitpar une augmentation desheures supplémentaires (+16 %en collège dans l’Académie deVersailles, même tendance àLille) ou par des détériorationsdes conditions d’enseignement(hausse du nombre d’élèves parclasse, réduction d’horairesd’enseignement).

Pierre Garnier

Assises de la maternelle

Obligatoire dès 3 ans

Les contenus annoncés avaientalerté dix partenaires de l’École,syndicats, dont le SNUipp-FSU,associations et courants péda-gogiques qui ont rappelé dansune lettre ouverte au ministreque c’est en agissant sur leseffectifs, la formation, l’aména-gement des espaces et du temps,le maintien de contenus d’ap-prentissages, la relation aux

familles, la présence effectivedes réseaux d’aide, que l’écolematernelle grandira encore. Desambitions loin d’être portéespar ces assises. Alors que l’école maternellen’est pas obligatoire, 97 % desenfants de trois ans sont déjàscolarisés. Quid de la scolari-sation des enfants de moins detrois ans, pourtant facteur deréduction des inégalités sco-laires?

Marie-Rose Rodrigues-Martins

97 % des enfantsde trois ans sontdéjà scolarisés.

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é d u c a t i v e s

POUR N° 207 AVRIL 201813

Articulés aux réformes dubaccalauréat et de l’accès àl’enseignement supérieur, les

projets de réforme du lycée généralet technologique augurent d’unetransformation profonde du systèmeéducatif et préfigurent une refonted’ampleur des programmes. Le lycéeen sortirait déstructuré avec uneoffre de formation réduite associéeà une augmentation des effectifspar classe. L’ensemble de ces réformesfait système et constituentchacune un maillon d’unechaîne qui amarre le lycée à

Lycée et baccalauréat

La logique de tri en marche !

nal. Désormais 40 % de lamoyenne générale au bacca-lauréat dépendrait à la fois ducontrôle continu et d’épreuvescommunes, sortes de « bacsblancs  » organisés en coursd’années à partir d’une banquenationale de sujets. Au total,on passerait donc de dix àdouze épreuves à une bonnevingtaine. Le baccalauréatnouvelle mouture prendraitde plus en plus l’apparenced’un bac maison dont la valeurdépendrait de la réputation dulycée, que le nombred’épreuves nationales, réduità cinq, ne pourra en aucun cascontrebalancer.

Un lycée au rabaisAu lycée, c’est moins demoyens et de formations: rabo-tage des horaires disciplinaires,des marges pour les effectifsréduits, réduction de l’offre enmatière d’options et de spécia-lités, diminution des possibi-lités de dédoublement… L’ac-compagnement personnalisé(AP) qui disparaît des grilles

horaires inclut une éducationau choix d’orientation. LeConseil régional aura la possi-bilité d’intervenir auprès desélèves dans le cadre de l’AP.La classe de Seconde se réduità 26 heures de cours obliga-toires, tout le reste devenantfacultatif ou aléatoire. Lesséries apparaissent commemaintenues dans la voie tech-nologique mais de fait leurspécificité s’efface, et le carac-tère optionnel des enseigne-ments technologiques deseconde risque de tarir les fluxvers ces formations. Les séries générales disparais-sent au profit de parcoursindividuels que l’élève serait« libre » de choisir en fonctionde son projet d’orientation etdes « attendus » définis par lesformations de l’enseignementsupérieur. Il est à craindre queseuls les initiés parviendrontà se retrouver dans ce jeu dontles règles sont implicites.

Sandrine Charrier

Baisse des recrutementsCette année le nombre de postes ouverts au concours deprofesseurs des écoles a subi une baisse de 10 % en moyennepar rapport à l’année 2017. Il passe de 13000 l’an passé à 11840cette année. Certaines académies sont particulièrement touchéespar cette baisse. C est le cas des académies de Montpellier,Toulouse ou Nantes qui voient leur nombre de places au concoursdivisé par deux. Ces chiffres inquiètent dans la mesure où lesbesoins prévus pour la rentrée 2019 restent criants et le recoursaux contractuels risque de s’accentuer de manière importante.La priorité donnée au primaire afchée par le ministre neconstituerait-elle qu’un slogan bien loin des besoins du terrain?Les engagements non pris parlent d’eux-mêmes.

MédecinescolaireSelon le conseiléconomique et social,l’Éducation nationale, au-delà des objectifs ambitieuxannoncés peine à assurer lesuivi des élèves en matièrede santé. Trop souvent, lesvisites médicales ne sontpas assurées, lesproblèmes de santé ou lestroubles de l’apprentissageinsufsamment détectés.Ces dysfonctionnementspèsent d’abords sur lesélèves les plus socialementdéfavorisés. Le CESEpréconise de renforcer laformation dans le domainede la santé et de laprévention, en associantprofessionnels de santéet acteurs éducatifs,de renforcer la médecinescolaire ou de rendreeffective la visite médicaledes enfants de six ans.

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IRA/N

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l’enseignement supérieur etl’isole du collège, désormaisconsidéré comme la fin de lascolarité obligatoire. Parcoursindividuels et bac « maison »organisent le lycée versionBlanquer.

Un bac « maison »La réforme du baccalauréatrenforce considérablement lepoids du contrôle local pourl’obtention du diplôme natio-

Lycéens et étudiants semobilisent contre la sélection.

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Violences dans les facsLes faits se suivent et se

ressemblent : à Montpellier,

Strasbourg, les assemblées

générales d’étudiants sont

perturbées, des jeunes agressés

verbalement et physiquement

par des groupes nationalistes.

La FSU condamne ces

agissements et appelle

les présidents d’universités

à la vigilance face au retour

de pratiques anti démocratiques

d’un autre temps.

Elle demande que la Justice

soit saisie an que les auteurs

de ces violences fassent l’objet

de poursuites judiciaires.

Elle attend de la ministre

de l’enseignement supérieur

et de la recherche et

du gouvernement fermeté

et intransigeance face

à de tels actes.

Maternelle : une lettreouverte au ministreDix organisations du monde

éducatif, à l’initiative du SNUipp-

FSU, ont écrit leur ambition pour

une école maternelle qui

« nécessite de vrais moyens et

une formation de qualité ». Elles

réafrment le rôle de l’école

maternelle, « fondamental pour

garantir la réussite de tous

les élèves » et pour elles,

« la scolarisation à 2 ans est un

facteur de réussite notamment

pour les enfants les plus

éloignés de la culture scolaire.

Les conditions d’accueil doivent

donc répondre à ces

exigences. »

Conseil d’État :pas de tirage au sortLe Conseil d’État vient de

conrmer la décision du tribunal

administratif de Bordeaux

d’annuler le tirage au sort pour

3 étudiants en STAPS et

d’ordonner au recteur de

les inscrire en L 1. La ministre

de l’enseignement supérieur

avait demandé au conseil d’État

d’annuler les décisions du

tribunal. Le conseil d’État s’est

appuyé sur l’annulation de

la circulaire du 24 avril 2017

prévoyant un tirage au sort pour

conrmer les décisions du TA.

Pour les élèves, la période desaisie des vœux et de validationdes dossiers est terminée.

Chaque formation de l’enseignementsupérieur est censée organiser unclassement afin de trier les candi-dats. La mobilisation dans les univer-sités grandit contre la sélection etle manque de moyens. Certains optent pour un clas-sement ex aequo de toutes lesdemandes dans les formationsnon-sélectives, d’autres refu-sent de classer ou considèrentque tout titulaire du bacca-lauréat est légitime pour can-didater. Il faut dire que lesdéclinaisons locales de Par-coursup ouvrent la porte àl’arbitraire.Le système autorise de pon-dérer les notes des bulletinsscolaires avec des coefficientsvariables en fonction desmatières ou du lycée d’origine,tout cela sous couvert dusecret de délibérations assi-milées à celles d’un jury.

Parcoursup

Non à la sélection

Enseignement professionnel public

Avis de tempête

Dans le même temps, bien peud’universités seront capablesde proposer aux étudiants lesplus fragiles un accompagne-ment réel. La réforme de l’ac-cès à l’enseignement supérieurinstitue donc clairement lasélection pour toutes les for-mations. Cela dit, la procédure

elle-même organise en amontle tri en multipliant les obsta-cles à la candidature : lettre demotivation, CV, attestationsd’activités extrascolaires. Tout cela est une aubaine pourles officines privées qui mul-tiplient les offres de coaching,et un drame pour les lycéensissus des milieux les plus défa-vorisés.

Sandrine Charrier

Le rapport Calvez-Marcon, sortile 22 février, pose le cadre d’uneréforme de la voie profession-

nelle qui risque de fragiliser l’en-seignement professionnel sousstatut scolaire public. La volonté d’instrumentaliserles lycées professionnels(LP) pour permettre au gou-vernement d’atteindre sesobjectifs en matière de déve-loppement de l’apprentissageest évidente à la lecture de cer-taines préconisations du rap-port. La scolarité en secondeprofessionnelle devrait servir à

sélectionner les meilleurs élèvespour l’apprentissage dès l’annéesuivante, tandis que les LPconserveraient les élèves en dif-ficulté scolaire et sociale.D’autre part, le projet de rem-placer les diplômes nationauxpar des blocs de compétencesrelève de la remise en causede la reconnaissance des qua-lifications et des droits dessalariés. À l’opposé de cettelogique, le SNUEP-FSU a faitentendre ses propositionspour améliorer les conditionsd’étude des jeunes et de travail

des enseignants. Dédouble-ment des enseignements, réin-troduction de savoirs généraux(dont la philosophie) et pro-fessionnels ambitieux, lien res-serré entre formation, diplômeet métier reconnu… Avec leSNETAP et le SNEP-FSU, etaux côtés de la CGT Educ’ac-tion, du SNETAA-FO, deSUD, du SNALC et du SNLC,il a cosigné une tribune uni-taire pour alerter l’opinionpublique sur les menaces dela réforme à venir.

Grégory Bekhtari

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Manifestation d’étudiants àMontpellier après l’agressiondans la faculté de droits.

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Suite à la publication du rapportBrunet, le gouvernement,représenté par le premier

ministre et les ministres du Travail,de l’Éducation et de l’Enseignementsupérieur ont annoncé le 9 févrierdernier les mesures envisagées ausujet de l’apprentissage dans lecadre de la loi dite « pour la libertéde choisir son avenir profes-sionnel ».Le projet de loi, qui concerneplus largement la formationprofessionnelle et l’assurancechômage, sera présenté enConseil des ministres le25 avril. Il prévoit le verse-ment d’une aide unique auxapprentis via un seul guichetet le report de la limite d’âgede 26 ans à 29 ans. Sur le plandes conditions de travail, ilprévoit des dérogations à ladurée du travail quotidiennedans certaines branches pro-fessionnelles (jusqu’à deuxheures de plus) et confirmeune rémunération en pour-centage du SMIC qui varieselon l’âge et la progressiondans le cycle de formation dubénéficiaire, contrairementaux préconisations du rapportBrunet sur ce critère.

Réforme de l’apprentissage

Des mesures dangereusespour l’avenir des jeunes

Enfin, le financement estappelé à être totalementrefondé. Les Centres de For-mation d’Apprentis (CFA), aunombre de 995 aujourd’hui,ne dépendront plus de sub-ventions, mais toucheront unesomme d’argent fixe en fonc-tion de la formation suiviepour chaque contrat signéavec une entreprise. La pérennité de nombre d’en-tre eux n’est donc plus assu-rée. Les régions perdent eneffet le contrôle du finance-ment des CFA, qui pourrontêtre créés directement par unebranche professionnelle ouune entreprise.

Écoles hors contratUne proposition de loi de la

sénatrice Françoise Gatel a été

votée le 29 mars à l’Assemblée

nationale pour renforcer

l’encadrement des écoles

hors contrat.

Établissements qui n’ont pas

signé d’accord avec l’État,

les écoles hors contrat, comme

des écoles Montessori ou

confessionnelles, ont une plus

grande liberté pédagogique et

ne sont pas tenues d’appliquer

les programmes. En 2016,

sur 1 300 établissements

privés hors contrat,

300 sont confessionnels dont

160 de confession catholique

et 40 de confession musulmane.

L’Éducation nationale vérie

que l’enseignement se fonde sur

le socle commun et que les lois

et les valeurs de la République

sont respectées.

De graves dysfonctionnements

ont été pointés. « Des

phénomènes de dérives,

notamment fondamentalistes »,

a déclaré le ministre de

l’Éducation. Le premier ministre

a proposé le renforcement des

contrôles dans le cadre du plan

de prévention de la

radicalisation. De nombreuses

entorses au cadre pédagogique

ont aussi été relevées.

La nouvelle loi allonge à trois

mois la période durant laquelle

l’autorité académique peut

s’opposer à une ouverture

d’école après déclaration de ses

futurs responsables et prévoit

une sanction accrue pour tout

établissement qui passerait

outre cette opposition

(15 000 euros d’amende

et 6 mois de prison ferme)

et xe un contrôle annuel

par les services de l’Éducation

Nationale.Cour des comptes,une orientation anglo-saxonneLe rapport de la cour des comptes paru en février 2018 a donnéson avis sur les pratiques d’évaluation des élèves et desenseignants dans l’Éducation Nationale. Les magistrats, faisant des éléments étudiés par certains organismes dont le CNESCO,préconisent de se diriger vers un système d’évaluationd’inspiration anglo-saxonne bien que des dérives possibles soientpointées comme le « Teaching to the test ». Un diagnostic quia suscité de nombreuses réactions dans le milieu de l’Éducation. R Goigoux, chercheur et membre du laboratoire Act-é, s’est élevécontre le parti pris que subit son étude « Lire, dire écrire au CP »remise en cause dans le rapport.

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é d u c a t i v e s

POUR N° 207 AVRIL 201815

Elles se verraient en revanchetransférer la mission de l’orien-tation professionnelle. Pour laFSU, la formation profession-nelle initiale des jeunes ne doitpas être confondue avec la for-mation continue des salariés.Elle doit être publique et admi-nistrée au niveau national.Confier ces missions auxbranches professionnelles etaux régions ne répond qu’auxbesoins immédiats des entre-prises d’un territoire dans unelogique utilitariste et va à l’en-contre de l’objectif d’une sco-larisation commune pour tousles jeunes jusqu’à 18 ans.

Grégory Bekhtari

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POUR N° 207 AVRIL 201817

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Macron,la Fonction publique est sous le feu des critiques

de la nouvelle majorité. Pourtant, les Françaisy restent attachés, notamment à son versant

territorial. Les Français plébiscitent les servicespublics de proximité.

Servicespublics : l’Étatprive le local

DOSSIER

...

Les Français apprécient les services de la

Fonction publique territoriale comme utile

pour répondre à leurs besoins. Mais selon

la commune où ils vivent, les disparités

sont importantes. Entre grandes villes par

exemple, des inégalités sur la qualité du service

d’éducation, de la culture, de l’animation, de l’aide

sociale, sont avérées. Paris, Marseille, Nantes

et Toulouse connaissent des situations diverses

(p. 19), notamment en termes de dépenses

de personnels par habitant.

Les collectivités ont aussi de plus en plus

de difcultés à nancer les services. En effet,

la réforme initiée en 2014, après des premières

baisses de dotation d’un montant de 11 milliards

d’euros, leur impose à présent 13 milliards

d’économie à réaliser d’ici 2022. L’égalité de

traitement dans l’accès à ces services qui sont

des biens communs, sur tous les territoires, va-t-

elle encore perdre du terrain ? Les recompositions

territoriales issues des lois MAPTAM et NOTRe

vont-elles encore y contribuer ?

Les agents de la FPT, qui font vivre les services

de proximité et dont le travail est reconnu

Dossier réalisé par:Grégory Bekhtari, Sandrine Charrier,Pierre Garnier, Matthieu Leiritz,Marie-Rose Rodrigues-Martins.

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POUR N° 207 AVRIL 201818

par les Français (p. 20),

risquent de voir leurs

effectifs baisser et

de devenir la variable

d’ajustement de ces

réformes. L’annonce

de 70 000 suppressions

de postes dans la FPT aura

un impact tant sur les

personnels, avec le recours

aux contrats (p. 21) que

sur les services rendus.

Pourtant, la situation des

services publics de proximité

est déjà tendue dans

certains départements alors

que là, plus qu’ailleurs,

ils contribuent à réduire

les inégalités. C’est le cas

en Seine Saint-Denis, dans

un contexte de

désengagement nancier

de l’État (p. 22).

À l’inverse, les communes

disposant de marges

de manœuvres se lancent

de plus en plus dans des

« budgets participatifs »

nançant des projets

exprimés par des citoyens,

comme à Paris, Rennes…

mais aussi

Tilloy-lès-Mofaines

s’y sont mises ! (p. 22).

Pour Philippe Laurent,

président du Conseil

supérieur de la fonction

publique territoriale (CSFPT),

la réduction des nances

sur les territoires entraîne

des discriminations.

Pourtant, « on sait lutter

contre ces inégalités.

Réguler, rééquilibrer, cela

relève d’un acte politique.

Encore faut-il en avoir

la volonté et les moyens. »

Selon Didier Bourgoin,

secrétaire général du

SNUTER FSU, « Il y a une

baisse généralisée des

budgets de fonctionnement

et d’investissement.

Les collectivités risquent

alors de coner ces missions

au privé, ou de choisir des

partenariats public/privé .

Elles seront amenées

à accroître la scalité

ou à réduire les dépenses. »

(p. 23)

D o s s i e r...

Mais si « la fonction publique ter-ritoriale est très novatrice  etregroupe aujourd’hui une extraor-dinaire diversité de métiers »comme le souligne Anicet le Pors1,elle doit s’adapter à de nouvellesconfigurations.

Les services à la personneLe service à la personne est appeléà se développer parce que les Fran-çais vieillissent et vivent de plus enplus longtemps. Jardinier, assistantde vie qui s’occupent au quotidiendes personnes seules ou isolées,coiffeur à domicile, livraison derepas, autant de besoins qui peinentparfois à trouver les ressourceshumaines nécessaires, notammentdu fait de salaires peu attractifs etde perspectives limitées. Pas étonnant dès lors que les Fran-çais souhaitent voir augmenter prio-ritairement les moyens dédiés auxservices aux personnes âgées etdépendantes, comme à la sécuritéet aux établissements scolaires. Maisd’autres évolutions créent desbesoins nouveaux. Les nouvellestechnologies et l’expertise des usagerschangent le regard sur les services.On parle de services publics numé-

Selon une enquête Ifop initiée par leConseil supérieur de la Fonctionpublique territoriale (CSFPT) et

publiée il y a un an, met en lumière queneuf Français sur dix jugent les servicespublics utiles au quotidien, et estimentqu’ils contribuent à leur qualité de vie etleur bien-être. Deux Français sur trois considèrentglobalement qu’ils sont en adéqua-tion avec les besoins des citoyens.Ils se disent à la fois très attachéset considèrent très utiles les servicescomme la propreté, la sécurité(pompiers notamment), toutesactions en faveur de l’environne-ment (eau, collecte des déchets,assainissement…). Ils mettent aussi en tête de leurspréoccupations les services liés auxétablissements scolaires – l’actiondes agents territoriaux y étant jugéetrès utile – au réseau de transportet à la circulation, aux personnesâgées et dépendantes et à la petiteenfance (Protection médicale infan-tile, crèches municipales…). Même quand ils ne s’en servent pasdirectement, l’idée que ces servicessatisfont à des besoins d’intérêtgénéral est largement partagée parles usagers.

Les Françaissouhaitentvoir augmenterles moyensdédiés auxservices auxpersonnesâgées etdépendantes,comme à lasécurité et auxétablissementsscolaires.

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Services publics :une proximité indispensable

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POUR N° 207 AVRIL 201819

riques pour des Français qui s’esti-ment souvent mal informés sur lesservices publics de proximité. Les possibilités d’information, deconsultation et de coopération à dis-tance sont élargies, mais l’aspect« médiation », en contact direct et encomplémentarité avec la population,va prendre une dimension nouvellepour nombre de métiers de la « ter-ritoriale ». Des réunions sur le thèmedu développement durable et biend’autres sujets, permettent égalementd’assurer cette médiation. On peut souhaiter qu’elle favoriseune meilleure adéquation entre lesbesoins sociaux et les politiquespubliques. Qu’elle permette d’asso-cier les usagers pour aider les col-lectivités à inventer les services dedemain (p. 22), dans l’idée que lesbesoins fondamentaux et l’égal accèsde tous les individus doivent êtresatisfaits sur l’ensemble du territoire,valeurs qui fondent l’utilité socialedes services publics de proximité.

(1) Ancien ministre de la fonction publique et des réformesadministratives, conseiller d’État honoraire.

Privatisation :pas la solutionSeuls trois Français sur dixsouhaitent un transfert au privéintégral (9 %) ou majoritaire(21 %) de la gestion des servicespublics de proximité assuréespar les collectivités locales ausecteur privé. À raison puisqueles privatisations n’ont amenépar le passé aucune améliorationde qualité de service, mais plutôtune restriction de la couverturedu territoire et l’exclusion d’unepartie des usagers. Descollectivités ont au contraireréintégré des missionsauparavant passées au privé.À Vierzon, la remunicipalisationde la restauration scolaire apermis de baisser le coût pourles familles, et aux enfantsde manger bio. Idem à Annonaypour la gestion de l’eau, oùle prix du mètre cube a baisséde 23 %. D’ailleurs les Françaissouhaitent très majoritairement(84 %) une augmentationou à minima un maintien de cesservices publics. Cependant, prèsd’un Français sur six refuse uneaugmentation des impôts locaux.

Pour satisfaire les besoins des citoyensen faisant vivre des services publicsde proximité, les collectivités terri-

toriales sont parfois à la peine, d’autantque pèse sur les budgets la baisse desdotations de l’État. De grandes disparitésexistent entre collectivités. Ainsi, les charges de fonctionne-ment par habitant, comprenantprincipalement les dépenses de per-sonnel, les participations obliga-toires notamment au service dépar-temental d’incendie et de secours,les intérêts de la dette et les sub-ventions versées, sont très variablesd’une ville à l’autre. Elles représen-tent le double à Paris (2 366 €) parrapport à Marseille (1111 €), quandla moyenne des villes de plus de100 000 habitants s’élève à 1 570 €.Toulouse et Nantes avec respecti-vement 1 340 € et 1 266 € pointentsous la moyenne. Les dépenses en personnel par habi-tant représentent 889 € à Paris,670 € à Toulouse et 620 € à Nantes.Marseille, qui bat tous les records

de pauvreté fait pâle figure avec117 € de subvention pour une villede cette importance. L’école primaire, principale dépensedes communes, est encore pluscriante d’inégalité. Paris par exem-ple peut s’offrir 700 professeurs dela ville employés par la mairie(PVP) en art, EPS et musique, ceque de très rares villes peuvent sepermettre. Dans le rural, nombre de com-munes sont obligées de consacrerla moitié de leur budget aux écoles,ce qui yleur laisse peu de margepour les autres postes.Quant à Marseille, ses écoles enpiteux états font l’actualité. Laville affiche pour 444 écoles et74 000 élèves 181 M€ de fonction-nement et 57 d’investissement. Leretard pris est énorme en matièred’investissement Et la mairie yrépond en faisant appel à des par-tenariats public/privé qui à termese révéleront encore plus coûteux.(voir p. 9)

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Les transports(ici letramwayde Marseille)sont undes postesde dépensesparmi les plusimportantsavecles écoles.

Budget des communes :le grand écart

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Réforme territoriale : des iné-galités d’offres et de services

Les lois de décentralisation successivesen France depuis les années 80 ontprofondément modifié la répartition

des compétences en matière de servicesrendus à la population principalementdans trois domaines : les politiquessociales destinées aux publics en difficulté,l’éducation, et les politiques de transportpublic routier et ferroviaire. À partir de 2014, deux lois vont seconjuguer pour favoriser le renfor-cement des intercommunalités : laloi de janvier 2014 de modernisa-tion de l’action publique territorialeet d’affirmation des métropoles(« MAPTAM ») et la loi d’août2015 portant Nouvelle Organisa-tion Territoriale de la République(« NOTRe »). La loi NOTRe estvenue confirmer la montée en puis-sance des régions, intercommuna-lités et métropoles. Avec cette loi

les départements se trouvent prisen étau entre métropoles et régions.Ces lois ont mis l’accent sur la« rationalisation » de l’offre de ser-vices publics, la recherche de lamutualisation et de la rentabilité.

Inégalité d’accès au service publicOr les collectivités territoriales dis-posant de ressources financièrestrès inégales, le principe républicaind’égal accès des usagers aux servicespublics se trouve remis en cause.L’État se désengage. Les dotationsde l’État aux collectivités ont ainsisubi une baisse de 11 milliardsentre 2015 et 2017 alors que denouvelles compétences ou missionsleur étaient confiées sans totalecompensation. À cela s’est ajoutél’«  effort supplémentaire » de1,2 milliard demandé par le minis-

Agents et emploissous tensionUn tiers de l’effectif total des

fonctionnaires, soit quelque

1.9 million d’agents - y compris

environ 94 000 agents sous contrats

aidés - travaillent dans la Fonction

Publique Territoriale (FPT). Ils

exercent dans les collectivités

territoriales, communes,

départements et régions, et dans les

établissements publics à caractère

administratif liés à ces collectivités.

Plus ils travaillent en proximité avec

le public, plus ils sont appréciés : les

agents communaux bénécient d’une

bonne image auprès de 75 % des

Français. 10 % des effectifs de la FPT

est catégorie A (direction et

conception) ; 14 % catégorie B

(application et maîtrise) ; et 77 %

catégorie C (exécution). 75 % des

agents sont employés par les

organismes communaux et

intercommunaux. Le taux de

féminisation s’élève à 61 %.

L’été dernier, les collectivités locales

ont été mises en difculté avec

l’annonce brutale de Muriel Pénicaud

de baisser le nombre de contrats

aidés. Le rapport sénatorial

Magner/Dufaut, publié en février,

souligne que de nombreux secteurs

ont été touchés dans la FPT.

L’État restreint les dotations, ce qui

oblige les collectivités à augmenter la

pression scale et/ou à supprimer des

emplois, détériorant le service rendu

aux usagers.

Les agents qui font vivre les services

publics de proximité sont tributaires

de l’action de l’État qui devrait dénir

les prérogatives de chaque collectivité

an d’assurer la continuité des

services de proximité, renforcer

le système de péréquation pour

garantir une égalité sur les territoires

et interdire les privatisations.

Lesmétropoles,aujourd’huiau nombrede 22, ont étérenforcéespar les loisMAPTAMen 2014et NOTReen 2015.

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Recours aux contractuels :une extension à craindreUn des quatre axes de la « refondation

du contrat social » présenté par legouvernement en mars concerne le

recours aux contractuels. Une extensionde cette possibilité qui risque d’avoir desconséquences sur l’offre de servicespublics de proximité pour les agents etles usagers de la FPT.Le cadre consiste pour le gouver-nement à définir des missionsn’ayant pas de spécificité propreau service public (ex : le numérique)et à chercher les secteurs et les mis-sions concernés par l’extension durecours au contrat. Le recours à ces personnels pré-caires est pourtant déjà développédans la FPT. Il concerne plus de50 % des recrutements ces der-nières années, 18,7 % des effectifs,356 800 employés dont 247 700relèvent de la catégorie C*. Ce tauxde non titulaires est le plus élevédes trois versants de la FP et lesfemmes y sont surreprésentées.Huit des neuf organisations syn-dicales de la FP préoccupées parles conditions d’emplois de ces pré-caires ont signé un courrier auministre des comptes publics le23 janvier 2018. Elles exigent unplan de titularisation et une sécu-risation de leurs parcours pour fairesuite aux mesures du plan de titu-larisation précédent dit Sauvadet.Alors que l’État prétend continuerà faire du recours aux contrats unedérogation et s’inquiète de la pré-

Le recours aucontractuelsse développedans toutesles catégories.

École :des inégalitésDans le domaine de l’Éducation,et notamment le primaire, laréforme des rythmes scolaires,dont le coût et l’organisation ontété renvoyés à la charge desmunicipalités, a encore aggravéla disparité des situationslocales, entre gratuité desactivités périscolaires ettarication, avec une grandedisparité de l’offre d’activitéspériscolaires, au détrimentnotamment des zones rurales.En 2011, une étude menée parle SNUipp-FSU montrait déjà queles dotations communales auxécoles variaient de 1 à 10 selonles municipalités.

tre Sapin. Plus récemment, l’exo-nération progressive pour 80 % desfoyers de la taxe d’habitation, dontle gouvernement annonce qu’ellesera compensée par l’État, entraîneun manque à gagner considérablepour les collectivités.

Les zones ruralesparticulièrement touchéesLes nouveaux transferts de com-pétences nés des lois NOTRe etMAPTAM n’ont fait qu’accroîtreles déséquilibres territoriaux etont provoqué un abandon pro-gressif de certains territoires, enparticulier le milieu rural. Endécembre dernier, le PremierMinistre Édouard Philippe, endéplacement dans le Lot, a déclarévouloir « réinventer le servicepublic des territoires », dans lecadre du « programme actionpublique 2022 ». Loin des grandesmétropoles, le Lot détient le tristerecord de France des maisons desservices publics, dernier échelonde cette organisation territorialeaprès les régions, métropoles,départements et intercommuna-lités. Une seule personne sert ainsid’interface pour la CAF, Pôleemploi, la CPAM, la Mutualitésociale agricole ou la caisse deretraite. Pour la FSU, l’égal accès des usagersaux services publics, quel que soitle territoire, est une nécessité démo-cratique toujours à réaffirmer. ©

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POUR N° 207 AVRIL 201821

carité montante, il encourage lescollectivités à le développer. Le pré-sident de l’Association des Admi-nistrateurs Territoriaux de France,Fabien Tastet, demande un « pla-fonnement à 10 % sur les postes àdirection » afin de limiter le recru-tement des contractuels qui avoi-sine aujourd’hui 32 % dans cettecatégorie. De plus le recours aux contratscoûte plus cher à la collectivité. Unagent de catégorie A sous contratcoûte 1,53 % de plus qu’un titulairepuisque les cotisations patronalessont plus importantes. Si ce recoursaux contractuels devait augmenter,il conviendrait alors de revoir lesconditions d’embauche. Aucunegestion ou évolution de la carrièrede ces agents n’est en effet encadréepar des règles. Aujourd’hui, 66 % des agents de laFPT l’intègrent après une périodecontractuelle. Reste les questions d’impartialité,de neutralité, de contrôle et decontinuité du service liées auxcontrats. Et au final la volonté d’uneremise en cause du recrutementstatutaire dans certains secteurs. Des problématiques portées par laFSU et ses syndicats dans le cadredes rencontres « Action publique2022 » et dans les mobilisations.

*Source : Bulletin d’information statistique de la Directiongénérale des collectivités locales, déc. 2017.

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Dans le 93, département concentrantle plus de jeunes et de pauvres deFrance métropolitaine, peut-être plus

qu’ailleurs, les enjeux des services publicsterritoriaux sont lourds.« Dans certains quartiers, la PMI(Protection maternelle et infantile)est le dernier service public présentauprès des gens… » déclare JulienFonte, attaché territorial au Conseildépartemental de Seine SaintDenis, co secrétaire général duSNUTER FSU.Outre la PMI, c’est-à-dire le suivides femmes enceintes et des enfantsde moins de 6 ans, dans unedémarche non de soins mais deprévention ou de vaccination, laFPT assure les missions liées à laprotection de l’enfance, aux acti-vités périscolaires, aux centres deloisirs… Avec le Val de Marne, le93 est ainsi le seul à développer descrèches départementales, palliantautant que faire se peut les diffi-cultés financières de communestrop pauvres.D’ailleurs, faute de moyens – et« localement de volonté politique »

D o s s i e r

POUR N° 207 AVRIL 201822

nous dit Julien Fonte – les com-munes peinent à créer des postes,d’où un nombre important devacataires, de contractuels à tempspartiel, soit près de 40 % des effec-tifs contre une moyenne nationaleà 25 %Dans un contexte de baisse des

La nouvelleréforme dela Métropoledu GrandParis risquede fairedisparaître lesdépartementsde la « petitecouronne ».

Des citoyens votent sur des projets pour améliorer leur cadre de vie,ou passer à des modes de circulation douce, ou encore nancerdes équipements sportifs ou culturels. Ils peuvent déposer des idéesde réalisations et choisir par un vote de plus en plus souvent en ligne, lesprojets qui se concrétiseront. Il s’agit pour le politique d’associer davantageles citoyens, qui se réunissent, débattent et se déterminent. Pour AntoineBézard, fondateur du site « lesbudgetsparticipatifs.fr », « on a unedélibération réelle, qui aboutit à la réalisation de projets, contrairementà beaucoup de consultations de citoyens ». De Paris, à Tilloy-lès-Mofainesen passant par Rennes, des territoires très divers s’en emparent. Paris avec92 millions d’euros octroyés en 2017, ou Rennes avec 3,5 millions d’euros,ont choisi d’y consacrer 5 % du budget d’investissement de la ville.D’autres communes de 1 à 2 %.Pour autant, les budgets ne portent pas toujours l’ambitionde réorienter les ressources publiques vers les plus démunisou les quartiers défavorisés. La ville de Paris dédie toutefois un tiersde ses projets aux quartiers populaires.

45 villes pratiquent le budget participatif

93 : mon service public va craquer

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dotations de l’État, ce dernier n’hé-site pas à se décharger de certainesmissions vers les départements,accentuant ainsi le poids de situa-tions déjà inégalitaires. Ainsi desmineurs isolés étrangers, dont lenombre ne cesse d’augmenter dansle 93 et vient s’ajouter aux situa-tions existantes, avec un éducateurou une éducatrice spécialisée pour30 à 40 jeunes alors que la normeétait encore récemment de 25 situa-tions maximum par agent.Enfin, pèse la menace d’une nou-velle réforme de la Métropole duGrand Paris visant à transférerles missions des départementsvers les établissements publicsterritoriaux (l’échelon intercom-munal de la métropole). Ellerisque de faire disparaître lesdépartements de la « petite cou-ronne  » (92, 93 et 94). JulienFonte interroge : « Quel est le bonéchelon territorial pour chaquemission ? On ne prend jamais letemps du bilan, malgré 25 annéesde lois successives de décentrali-sation… Pourquoi ne pas natio-naliser le financement du RSA, oula protection de l’enfance ? Lesdépartements sont économique-ment inégaux, alors commentpourraient-ils assurer leurs mis-sions au même niveau pour lesusagers ? C’est une question dedémocratie, finalement. »

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POUR N° 207 AVRIL 201823

Quelles seront les conséquencesde ces économies?Philippe Laurent : Ces mesuresreprésentent un danger supplémen-taire, après la baisse des ressourcessupportée entre 2015 et 2018, tantau niveau des investissements quedes services. Or, globalement, lesmaires se refusent à toucher aux ser-vices publics de proximité. Ils neveulent pas altérer la qualité de vieni l’offre, notamment parce que cesont les plus modestes qui subiraientle plus gros préjudice. Didier Bourgoin : Il y a une baissegénéralisée des budgets de fonction-nement et d’investissements. Enconséquence il y aura moins d’in-vestissements dans les secteurs voirie,eau, et moins de services en termesd’aide sociale. Les collectivités ris-quent alors de confier ces missionsau privé ou de choisir des partena-riats public/privé. Elles seront ame-nées à accroître la fiscalité ou àréduire les dépenses.

Seront-elles les mêmesd’une collectivité à l’autre?P.L. : L’État réduit les financementssur les territoires. Cela entraîne desdiscriminations. Il faudrait unerépartition des richesses sur tout leterritoire. Les collectivités rurales,par exemple, sont très fortementimpactées. Au sein des métropolesil y a aussi des inégalités. Certainessont très attractives et d’autres peu.On sait lutter contre ces inégalités.Réguler, rééquilibrer, cela relève d’unacte politique, encore faut-il en avoirla volonté et les moyensD.B. : Certaines collectivités ont unemasse salariale de plus de 50 % deleur budget. Elles n’auront pas d’au-tre marge de manœuvre que de laréduire donc de supprimer desemplois. C’est déjà le cas. Onconstate un nombre de postes nonpourvus aux concours ou pas devolonté de recruter.

L’État impose 70000 postes dansla FPT. Comment réagissez-vous?P.L. : Concrètement ces suppressionsse feront sur le dos des services auxhabitants : ATSEM, animation, cul-ture, sport. Il peut y avoir de la sous-traitance ou délégation de servicepublic, dans le domaine de la pro-preté par exemple, mais la qualitérisque d’être moindre alors que dansle même temps, les missions desmairies augmentent. Elles gèrent deplus en plus d’actes administratifscomme les PACS. Cela nécessite desaugmentations d’effectifs. Ce qui aun coût. Les ATSEM voient leursmissions évoluer par décret, leur rôleégalement. Mais il faudra revoir leurrémunération et leur recrutementen conséquence. D.B. : Les 500 plus grosses collectivitéslocales vont avoir des contraintes.Leur masse salariale sera limitée àune augmentation de 1,2 %. Avec ceque représentent les avancementsd’échelons ce ne sera pas possible.Les suppressions d’emplois consti-tueront donc la seule alternative. C’estle cas à la Réunion où la suppressionde 200 postes est annoncée. Le gou-vernement réussit ainsi à faire uneRGPP à la sauce territoriale.

Quelles conséquencespour les usagers?P.L. : Les axes routiers se détériorentet les usagers sont mécontents. Cesderniers n’ont pas seulement l’exi-gence de l’entretien de la voirie, maisaussi liée à la sécurité avec l’atténue-ment des difficultés liée aux condi-tions météorologiques, c’est-à-direune réactivité immédiate face auxintempéries… Dans les conditionsactuelles, c’est impossible. Les mai-ries finissent par entretenir les cen-tres-villes et le reste est délaissé. Parailleurs, la plupart des réseaux degaz et d’électricité datant du débutdu XXe siècle sont à renouveler. Celan’a pas été anticipé et donc le retard

Il faudraitunerépartitiondesrichessessur tout leterritoire.

Territoriale : « Une baissegénéralisée des budgets »

Alors que l ’État demande aux col lect iv ités de réduire leurs dépenses de 13 mil l iards d’euros d’ ic i à 2022,après avoir supprimer la taxe d’habitat ion pour 80 % des contribuables, entretien croisé avecPhi l ippe Laurent président du Consei l supérieur de la fonction publ ique territoriale et Didier Bourgoin,secrétaire général du SNUTER-FSU.

““accumulé risque de ne pas être rat-trapé. Il faudrait renouveler 2 %chaque année des réseaux pour tenirl’engagement. Pour les services enlien direct avec les usagers, les mai-sons de services au public, pourraientêtre une solution. Les agents qui ytravaillent sont polyvalents. Ce quipeut être positif. Mais souvent, ilsne bénéficient pas de toute la for-mation nécessaire et devraient aumoins pouvoir avoir recours à desplateformes d’experts. Ceci dit, leconcept de maison de service publicest intéressant parce qu’il est prochedes gens. Mais tout le monde n’estpas logé à la même enseigne. Lesgrandes villes s’en sortiront assezbien car elles ont des richesses. Enrevanche, les plus petites villes sontdans une situation difficile et desmaires se découragent. Les démis-sions de plus en plus nombreusesdémontrent l’ampleur de la situation. D.B. : Cela impactera certains dis-positifs : TAP, aide sociale, anima-tion, culture, sport… En fonctiondes choix politiques tel secteur outel autre sera touché. Les maires ysont contraints par la réforme.

Didier Bourgoin, secrétaire généraldu SNUTER-FSU.

Philippe Laurent, président du Conseilsupérieur de la fonction publiqueterritoriale.

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c ’ e s t d e m a i n

POUR N° 207 AVRIL 201824

Avec 149 086 nouvelles imma-triculations en 2017, corres-pondant à un bond de 43 %

des ventes, le parc de voitures élec-triques en Europe atteint la barredes 500 000 véhicules.La France se place endeuxième position sur le po-dium mais sa Renault Zoé estle véhicule préféré en Europeavec 31 302 nouvelles imma-triculations en 2017. Au-jourd’hui, pratiquement tousles constructeurs s’apprêtentà lancer des modèles 100 %électriques, les mesures derestriction de circulation et lesnouvelles normes de réduc-tion d’émission les forçant às’engager sur le marché del’électrique, même si desfreins à son développementpersistent. L’histoire de la voiture élec-trique n’est pas récente. En ef-fet, le premier prototype devoiture voit le jour en 1830.Avec l’invention de la pre-mière batterie électrique re-

chargeable au plomb acide ellepeut prendre son essor. 70 ansplus tard, la Ford T, équipéed’un moteur à explosion, fi-nancièrement accessible, ma-nœuvrable, apparaît. Son essorva entraîner le déclin de la voi-ture électrique toujours enprise avec des problèmes debatterie et inadaptée au déve-loppement du réseau routier.Elle réapparaît après les an-nées 60 avec les préoccupa-tions environnementales et lesfluctuations du cours du pé-trole jusqu’au choc de 1973suivi de l’embargo des pays del’OPEP. L’idée d’un transportdurable s’installe mais il fautattendre 1990 pour qu’un vraiprojet soit lancé avec le zéroÉmission Véhicule (ZEV) enCalifornie.

La moitié de la productionpétrolièreEn France Renault s’intéressele premier à cette idée en 1992.Mais l’échec de la Kangoo

Elect’road commercialisée en2003, avec seulement 500 vé-hicules vendus, l’incite à aban-donner la production. Face àdeux grands défis de ces pro-chaines décennies que sont lalimitation à 2° du réchauffe-ment, les transports consom-mant la moitié de production

de pétrole et produisant plusde CO2/km, et l’inversion dela courbe des affections pul-monaires dues aux émissionsde particules de CO2, un plannational est proposé enavril 2010 par les ministres del’industrie et de l’écologie,Christian Estrosi et Jean-LouisBorloo. Il prévoit la mise encirculation de 2 millions de vé-hicules à l’horizon 2020. Unecharte associant PSA, Renaultet 12 grandes villes acte alorsl’installation de bornes et lelancement de 50000 véhiculesdans un premier temps.

59 000 bornes d’alimentationAujourd’hui, on compte59 000 bornes sur le territoire.Or le problème d’autonomieconstitue un des principauxfreins au développement del’électrique, alors que ses qua-lités de performance dyna-mique, de silence, de l’absenced’émission de CO2 en roulant,

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Voiture électrique

Une nouvelle èrepour l’automobile

La loi relative à la transition énergétiqued’août 2015 donne obligation à l’État et auxcollectivités d’intégrer une part de véhiculesélectriques dans leur parc à chaquerenouvellement ou acquisition. Ainsi l’Étatdevra renouveler 50 % de tous ses véhicules(65 000) par des véhicules à faible émission(émissions inférieures à 60 g/km). Quant auxcollectivités elles devront en acquérir 20 %lors de toute nouvelle acquisition ourenouvellement pour les véhicules de moinsde 3,5 tonnes (125 000) et prévoir une étudetechnico économique sur l’opportunité

d’acquérir ces véhicules pour ceux ayant un volume supérieur. Elles bénécieront pour cela du bonusécologique et de la prime à la conversion ainsi que d’aides pour l’installation de bornes de recharge.L’application se faisant attendre, une circulaire portant obligation pour les hauts fonctionnairesde l’État de rouler en voiture électrique pour donner l’exemple est prévue.

État et collectivités : devoir d’exemplarité

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POUR N° 207 AVRIL 201825

du prix bas de l’énergie (2 eu-ros aux 100 km pour 8,5 eurospour le moteur thermique),du peu d’entretien et des tarifsd’assurance attractifs consti-tuent des paramètres positifs.Le projet de loi de program-mation de transition énergé-tique adopté le 22 juillet 2015prévoit de lever ce frein au dé-veloppement en prévoyantl’installation de 7 millions debornes d’ici 2030. Actuelle-ment la petite Zoé peut par-courir 150 à 200 km, ce quireste encore trop peu pourconvaincre les acheteurs. Uneétude IPSOS de 2016 révèle àce propos qu’une autonomie

minimale de 300 km déclen-cherait l’achat d’un véhiculeélectrique pour 72 % desFrançais. De plus le temps de chargeavoisine les 10 heures pourune simple prise électrique et4 à 8 heures pour une borne.Les batteries, quant à elles,sont louées pour 40 à 80 eurospar mois ce qui donne un coûtélevé. Des pistes  d’améliora-tion sont étudiées : rechargepar proximité de contact (in-duction), celle par drone, bat-terie à charge rapide (To-shiba) ou nouvelle batterie aulithium (Fraunhofer InstituteAllemagne), les constructeursn’hésitant plus à investir dansla recherche afin d’atteindreleurs objectifs.

Un premier pas…Mais la voiture électrique est-elle le miracle écologique at-tendu ? Dans un rapport de2016, l’agence de l’environne-

ment et de la maîtrise del’énergie (ADEME) met enbalance la conséquence posi-tive à court terme pour lesémissions de CO2, la pollutionsonore et le système de mobi-lité, avec la consommationimportante d’énergie pri-maire. Pour l’Ademe, la voi-ture électrique consomme au-tant d’énergie primaire qu’unvéhicule diesel, si l’on prenden compte tout le process, de-puis la production d’électri-cité jusqu’à la propulsion duvéhicule. En conséquence, sesémissions de CO2 dépendentdu mode de productiond’électricité. Mais ses détrac-teurs, qui estiment que sa pro-duction est plus favorable aux

constructeurs automobilesqu’à une véritable transitionénergétique, vont plus loin.Pour le journaliste-juristeGuillaume Pitron (voir ci-des-sus) «  la voiture électrique,c’est la délocalisation de la pol-lution… La voiture électriqueévite d’assumer le coût écolo-gique de nos comportements.On transfère la pollution dansles mines chinoises, africainesou latino-américaines, ayantbesoin de graphite, de terresrares, de cobalt, de lithium ». La voiture électrique est ce-pendant considérée commeun premier pas vers le déve-loppement durable, maisd’évidence pas le dernier.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

Guillaume Pitron :« Nous délocalisonsla pollution »

La voiture électrique assure-t-elle latransition énergétique ?Oui et Non. Oui parce qu’elle constitueune alternative technologique dans unbasculement d’un monde énergétiquementpollué. Elle en est un des piliers. Non parce que l’extraction des métauxpermettant le fonctionnement des voituresne fait que déplacer le problème. Cettetransition nous place dans une nouvelledépendance. Il convient d’adopter un regard critiqueet objectif sur la question au-delà des discours naïfs.

Vous parlez d’un transfert de pollution. Qu’en est-il ?Il conviendrait d’évaluer les gaz à effets de serre généré ailleurspuisque les métaux utilisés pour le véhicule électrique sontrecyclés en dehors de notre pays. L’État s’astreint à un objectifde 40 % de baisse des émissions de CO

2dans le paquet climat

énergie d’ici 2030. Il s’agit d’un véritable effort engagé.Mais si on relocalise les énergies on ne parviendra pas àl’atteindre en réalité. En refusant d’extraire ces métaux nousavons laissé d’autres pays, la Chine essentiellement, l’assumer.En délocalisant l’extraction, en refusant de recycler, nousdélocalisons la pollution.

Quelles seraient les solutions selon vous ?Nous assistons à une transition paresseuse. Avec lesperspectives de croissance il faut regarder au niveau macro etnon plus micro. Améliorer la technologie en exigeant l’extraction« propre », quitte à l’extraire en France pour se réclamer dupropre. Et tout recycler. Or ce n’est pas fait. Il faut éco-concevoirtous les produits et se questionner sur le type de mobilité quel’on veut. Et la solution réside certainement dans les transportsen commun.

En avril 2010, un plannational concocté parles ministres de l’industrieet de l’écologie,Christian Estrosiet Jean-Louis Borloo,prévoyait la mise encirculation de 2 millions devéhicules à l’horizon 2020.

Guillaume Pitron,journaliste etréalisateur. Auteurde « La guerre desmétaux rares -La face cachée de latransition énergétiqueet numérique »(Éditions LLL).

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ENCE

ANNE

& AR

NAUD

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L’art rom de Ceija Stojkaà la Maison rougeSi son ls n’avait fait appel àquelques amateurs d’art, lescentaines d’œuvres de l’artiste romCeija Stojka, décédée en 2013,seraient restées dans des placards.Parmi eux, Antoine de Galbert,propriétaire de la Maison rouge àParis, et Xavier Marchand,commissaire d’expositions, qui œuvredepuis longtemps à Marseille pour laculture de toutes les communautésde France. Ce dernier est à l’initiativede la première exposition destableaux de Ceija Stojka à la Friche laBelle de Mai à Marseille l’an dernier.Jusqu’au 20 mai, c’est à la Maisonrouge, boulevard de la Bastille àParis, qu’est le travail de l’artisteautodidacte, auteure de saisissantesimages de sa culture et de la terreursubie par sa communauté vouée augénocide par les nazis. Les œuvressélectionnées expriment tout celaavec la candeur du regard del’enfant que Ceija était alors, enAutriche, son pays natal. Un autrepan de sa production révèle lebonheur de vivre parmi les siens,près des roulottes du voyage.L’exposition donne aussi à lire desextraits de son recueil Auschwitzest mon manteau et autres chantstsiganes.Également projeté à la Maison Rouge,un documentaire réalisé parl’universitaire Karin Berger, qui l’arencontrée en 1986. L’herbe verterepousse toujours narre la vie aucamp d’extermination de Bergen-Belsen. Resurgit le souvenir du seularbre qui, au printemps, apporta sesfeuilles et sa sève pour nourritureà la jeune Rom, et ainsi la sauva.Ce n’est que sur le tard, en 1988, queCeija Stojka commence à peindre,défendant de l’oubli une culture tantméconnue du reste du monde.

C u l t u r e l l e s

POUR N° 207 AVRIL 201826

Ni oui ni nonComment sait-on

qu’on aime? Pourquoi

sommes-nous tous

différents ? Pourquoi

j’existe toujours? Pen-

dant quatre ans, Tomi

Ungerer a répondu

chaque mois, en mots

et en dessins, aux

questions que posaient

des enfants âgés de 3

à 10 ans au très

sérieux Philosophie Magazine. L’imagina-

tion, les incessants jeux de mots et l’hu-

mour subversif du jeune nonnagénaire lui

permettent de rebondir avec clarté, voire

en dessin, sur des questions d’une grande

profondeur. Un recueil de ces échanges,

intitulé « Ni oui ni non », vient de paraître

à l’école des loisirs.

Mémoire de l’avenirDepuis 2002, l’asso-

ciation Mémoire de

l’avenir utilise l’art pour

mener des actions de

médiation auprès de

publics fragiles, contre

les discriminations, les

stéréotypes et les pré-

jugés. Elle dispose éga-

lement d’une galerie à Paris, sur les hau-

teurs de Belleville, où elle organise chaque

mois une exposition d’art contemporain

sur des thématiques liées à ses préoc-

cupations : après l’égalité homme-femme

en mars, la paix en avril.

Max et MiloMax, 11 ans (et demi!), vit avec ses parents

dans une cité tranquille. Clavier dans un

groupe de rap, il entend un jour une

musique inconnue, celle de Daniel Baren-

boim, le grand chef d’orchestre. Le Maestro,

conscient du don de l’enfant et de sa curio-

sité, décide de l’accompagner dans son

apprentissage de la musique classique,

mais à sa manière. En 52 épisodes de

12 mm, l’univers de Max navigue entre

les compositions du rappeur Akhenaton,

co-fondateur de IAM, et le talent d’instru-

mentiste de Barenboim. La série d’anima-

tion Max et Milo est diffusée sur France 4

à 17h15.

Osorio et la dictatureargentineDans son dernier

roman, l’écrivaine

argentine Elsa

Osorio mêle c-

tion et réalité,

intrigue policière

et documentaire,

pour évoquer les

zones d’ombre de

la dictature argen-

tine entretenues

par des lois bloquant non seulement le

travail de la justice, mais aussi celui des

historiens. La romancière ne s’en tient

pas là, interrogeant les contradictions de

ses acteurs et de ses victimes. Double

fond (Éditions Métaillé) est au cœur de

ces moments où l’on ne sait plus qui joue

quel jeu et à quelle n. Il s’intéresse à

une cellule discrète de la junte dénommée

Centre pilote de Paris, mise en place dans

la capitale pour repérer les opposants et

se faire des amis dans le monde politique

européen.

Banksy’s Dismalandand OthersDeux installations très subversives de

l’artiste anglais Banksy, le parc d’attraction

Dismaland et le Walled Off Hotel face

au mur israélien en Cisjodanie, ont été

saisies par son ami, le photographe bri-

tannique Barry Cawston. Des œuvres

exposées dans l’ancien complexe sidé-

rurgique de Völklinger Hütte dans la Sarre,

jusqu’au 4 novembre 2018.

Des photographies de la sta-

tion de Weston-super-Mare

et du site sidérurgique

de Völklinger Hütte complè-

tent cette exposition épous-

touante à plus d’un titre.

Le musée de la Palestine n’est

encore qu’un vœu, il n’existe

pas. Pourtant son histoire a

commencé à s’écrire avec les

dons de grands artistes arabes

et européens, coordonnés par

Ernest Pignon-Ernest. Parmi les

donateurs, Claude Viallat,

Hamed Abdalla, Robert Combas, Rachid Koraïchi. Les 140 pre-

mières œuvres de ce musée d’art moderne et contemporain,

initié par Jacques Lang, président de l’Institut du monde arabe

(IMA) et l’ambassadeur de Palestine à l’Unesco, Elias Sambar,

sont visibles jusqu’au 13 mai à l’IMA. Une partie des recettes

de l’exposition est reversée à l’association d’art moderne et

contemporain de la Palestine.

Un musée pour la Palestine

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POUR N° 207 AVRIL 201827

La figuration, une exposition inattendue à LondresL’exposition All too human, Bacon, Freud and

a century of painting life offre une imageinattendue d’un siècle de peinture. Jusqu’au

27 août à la Tate Britain de Londres, une expositionqui marque.La nouvelle exposition de la Tate Britainaurait pu n’être qu’une présentation detalentueux artistes britanniques valorisantun pan de l’histoire de l’art modernejusqu’à aujourd’hui. Mais ce que proposeElena Crippa, la commissaire de All toohuman (Tous trop humains), va bien plusloin. Sa sélection d’artistes faite sur labase de la figure (au sens de visage et defiguration) invite à percevoir la complexitéchangeante de l’humain. Il est vrai que, de Cézanne à l’abstractionformelle d’un Pollock ou d’un Rothko,l’art moderne relègue souvent au secondplan la représentation de la figurehumaine. All too human nous convaincqu’une autre esthétique du XXe siècle, toutaussi novatrice, met l’humain au centrede ses recherches. La vingtaine d’artistesbritanniques exposés ont en commund’être parvenus à rendre visibles, à traversla seule figure humaine, des expériencespersonnelles et sociales douloureuses dansles contextes sociaux et historiques trèsdifférents. Réunis autour des embléma-tiques Francis Bacon et Lucian Freud, cescréateurs allient une représentation sen-sible d’êtres avec lesquels ils entretiennentdes liens d’amitié ou d’amour au plaisirsensuel de l’organiser de leurs pinceaux.

Vaincre l’apparence On voit alors se déployer une humanitéqui ne se limite pas à son apparence. Elleest avant tout intérieure et changeante.Un être peut offrir l’apparence d’unhomme et être femme, comme l’exprimesans caricature Paula Rego. Tous lesartistes sélectionnés ont œuvré en ce sens,empruntant les voies ouvertes par OttoDix, Chaïm Soutine, Alberto Giacometti,également présents dans l’exposition.Concevoir l’image d’une intimité mou-vante semble paradoxale tant notre appré-hension de la peinture est souvent figée :Francis Bacon est précisément passé maî-tre dans l’expression du portrait en mou-vement d’êtres solitaires. Ses déformations

exposés, le lien quiengage leur peinturede la femme est pro-fond, voire doulou-reux et mystérieux.Walter RichardStickert, loin de lamodernité impres-sionniste, offre uneNuit d’été (1906)plombée par la froi-deur blafarde etcruelle du voyeurisme.Stanley Spencer peintson épouse, modèle etmuse, en préservant laforce tranquille de sonregard où perce labienveillance. De sa

magnifique touche, Lucian Freud dépeintfemmes et hommes nus alanguis, endor-mis, sans complaisance ni traitementsexué. Ces portraits très humains, émer-geant de tout autre prétexte esthétique,trouvent ici leur force vitale, l’évidenced’une vérité qui fait se rejoindre les écritsde Nietszche et les théories du genre deJudith Butler. Les tréfonds de l’humanité,dans leur magnifique complexité, jaillis-sent d’un créateur à un autre comme unappel vibrant à la sincérité. Une exposi-tion qui fera date.

Véronique Giraud

Lucian Freud dépeint femmes et hommesnus alanguis, endormis, sans complaisanceni traitement sexué.

La dernière salle de l’expositionfait place aux jeunes artistescontemporaines qui poursuiventle dialogue avec leursprédécesseurs. Celia Paul,Cecily Brown, Jenny Saville etYiadom-Boakyeont des approches esthétiquestrès distinctes maiselles explorent, à travers lescouleurs et les inventionsformelles que permet lapeinture, des manièresinédites d’aborder la gurehumaine comme moyende dépasser les stéréotypes dela féminité.

Artistes femmes des années 2000

des corps et des visages font l’effet d’unenarration muette qui, au-delà de l’identitéde la personne représentée, exprime uneuniversalité douloureuse rarement atteinte.

L’autre modernité féminineComposée dans les musées de modèleset prostituées offertes contre argent, lareprésentation de la femme moderneaccompagne les fantaisies urbaines de laconsommation du luxe, du sexe, dudivertissement. Mais pour les artistes

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C u l t u r e l l e s

POUR N° 207 AVRIL 201828

L’académicien Erik Orsenna etNoël Corbin, inspecteur généraldes affaires culturelles, ont

remis les conclusions de leur«  voyage au pays des bibl io-thèques ». Avec la conviction qu’ilfaut ouvrir bien plus largement ceslieux dont, loin de l’image poussié-reuse, ils décrivent l’extraordinairevivacité.Rédiger un rapport sur la lec-ture pour un écrivain n’est pashabituel. Pas de place pour lacréation, l’imagination seconcentre sur des propositionsde politique publique. L’écri-vain Erik Orsenna a acceptéla mission du ministère de laCulture à titre bénévole. Et aconçu un « voyage au pays desbibliothèques » pour la menerà bien en compagnie de NoëlCorbin, inspecteur général desaffaires culturelles. Après cetour de France de trois mois,de septembre à décembre2017, dédié à la connaissanceconcrète des divers lieux de lalecture publique du pays,l’académicien et son compère

des IG ont rendu fin févrierleur rapport Voyage au paysdes bibliothèques . Lireaujourd’hui, lire demain. L’ob-jet est « d’élargir encore la fré-quentation du premier réseauculturel français ». Fort de cettecertitude que « la lecture est lacondition de l’accès à toutes lesconnaissances, la condition del’accès à une pleine humanité »,le Prix Goncourt a pris sonrôle « d’ambassadeur de la lec-ture » au sérieux.

Des « lieux du vivre »Première constatation àl’heure du numérique  : si  lesbibliothèques « sont des lieuxdu livre », elles sont aussiaujourd’hui « des lieux duvivre ». L’expression « rat debibliothèque » qui conférait àson détenteur l’aspect pous-siéreux, vouté et au teint blancde celui qui ne connaît ni lalumière du jour ni l’effort phy-sique, ne peut plus s’appliqueraux personnes, très souventjeunes, qui fréquentent

aujourd’hui ces lieux. Nonseulement l’offre inclut lenumérique, mais les salles sontégalement gagnées par le col-laboratif autour de discussionset d’échanges sur les thèmeslus. Les lieux de lecture parti-cipent de ce fait à la réduction«  des fractures de notresociété ». La dernière étude endate (juin 2017) sur les publics

et les usages des bibliothèquesmunicipales confirme ce nou-veau rôle : « autrefois axé surl’emprunt et le livre, il s’est for-tement diversifié, en lien avecla richesse des services proposéspar les bibliothécaires, sur place,en ligne ou hors-les-murs. Lieude travail et de formation,d’échanges et de rencontres, dedétente et de loisirs, la biblio-thèque publique s’adresse à touset conserve une bonne imageet une forte légitimité auprèsde ses publics comme des nonusagers ».

Élargir les heures d’ouvertureConclusion : il faut ouvrir pluslargement ces magnifiquesespaces d’échanges et de ren-contres que sont les lieux delecture pour aider leur trans-formation en « maisons de ser-vice public culturel ». Celacommence par la gestion desheures d’ouverture. La France ouvre en effet para-doxalement ces institutionspubliques culturelles que sont

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Ouvrir les bibliothèquespubliques

Numériser tous les ouvrages de laBibliothèque nationale de France (Bnf)pour les mettre à la disposition dupublic dans une immense bibliothèquevirtuelle : c’est le pari que l’historienJean-Noël Jeanneney, alors présidentde la Bnf, avait lancé pour résisterà l’offensive de Google. Le géantaméricain signait alors des conventionsavec toutes les bibliothèquesnationales pour numériser l’ensemble

du patrimoine mondial. C’est ainsi qu’est née Gallica qui fête cette année ses vingt ans. Labibliothèque virtuelle a entraîné avec elle plusieurs partenaires en France et dans le monde,particulièrement dans les pays francophones. Elle dispose de 500 000 livres et 40 000 visiteurs seconnectent chaque jour à sa plateforme. En 2017, elle a donné naissance à Gallicadabra, applicationgratuite de lecture sur tablette pour les enfants. Seul regret, la dimension européenne du projetn’a su séduire l’immense British Library qui a préféré s’en remettre à Microsoft.

Gallica, bibliothèque numérique de la Bnf, a 20 ans

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POUR N° 207 AVRIL 201829

Culture Françoise Nyssenapprouve ce rapport en seprononçant pour que ces lieuxservent également à l’aide auxmigrants dans leur apprentis-sage du français (une biblio-thèque au moins par dépar-tement), à la lutte contrel’exclusion numérique et àl’insertion professionnelle(avec des permanences dePôle emploi comme c’est lecas à Brest), à la sensibilisationaux fake news (trois biblio-thèques au moins par dépar-tement). En général, à la mul-tiplication des échangesculturels comme l’atelier cui-

sine de la médiathèque de laSeyne-sur-mer, ou lesconcerts, expositions, jeux col-lectifs que les deux rappor-teurs ont découverts au coursde leur Tour de France. Avecl’idée que « chaque rencontreen permet une autre ». Et bienentendu en multipliant lesactions avec les établissementsscolaires pour l’aide à la lec-ture. C’est bien par là que toutcommence. Mais les huit mil-lions d’euros prévus à cet effetdans le budget 2018 semblentbien insuffisants au regard desobjectifs affichés.

Jacques Mucchielli

Réactions : les acteursdéplorent le manque de moyensDe l’association des directeurs de bibliothèques municipales àl’association Bibliothèques sans frontières, dont le rapport saluele travail, le rapport d’Erik Orsenna et Noël Corbin est plutôt bienaccueilli quant à son constat de la diversité des offres etde la qualité du travail des bibliothèques qui assurent la lecturepublique sur tous les territoires du pays. Mais tous les acteurssoulignent le point qui fâche : les moyens mis en œuvre. Les huitmillions ajoutés par la ministre de la Culture au budget 2018font l’effet d’une goutte d’eau. L’essentiel des dépensesnouvelles qu’il faudrait réaliser pour tenir les propositionsdu rapport, notamment en termes de personnel pour élargirles heures d’ouverture, semble être à la charge des budgetsde communes déjà exsangues.« Il faut augmenter les aides aux bibliothèques, car ce ne sontpas les municipalités qui vont prendre en charge ces extensionsd’horaires » a ainsi réagi la sénatrice Françoise Laborde (PRG),rapporteure du budget du secteur du livre, alors que le sénateurPierre Ouzoulias (PCF) s’étonne que l’État soit si généreux dansses exigences auprès des communes alors qu’il est si peuengagé pour les bibliothèques universitaires. Nombre d’acteurs

soulignent égalementl’incohérence qu’ily a à promouvoirles bibliothèquesdépartementales aumoment où l’on sabredans les budgetsde départements.Même tonalité du côtéde Bibliothèques sansfrontières qui rappelleque pour assurer auxcitoyens uneouverture plus large« les bibliothèquesdoivent bénécier d’unsoutien signicatif del’État ». Avis quepartage la FSU.

Le rapport préconisel’ouverture des bibliothèquespubliques le dimanche eten soirées (ici, la médiathèquede Montpellier, sous la gardede Démosthène).

Leur attractivité ne fait aucundoute. Si l’on en croit l’étudedéjà citée, 40% des Françaisâgés de plus de quinze ans lesont fréquentées en 2016, soit5% de plus que dix ans aupa-ravant.Étendre les horaires d’ouver-ture en soirée et le week-endafin de « lutter contre la ségré-gation culturelle » est une pro-position des rapporteurs quichiffre la nécessité à uneamplitude de 45 heures pourles communes de plus de20 000 habitants et 50 heurespour celles de plus de 100 000habitants qui devraient enoutre ouvrir au moins un deleurs lieux de lecture ledimanche.

Multiplier les usagesCette ouverture du dimancheest également une nécessitépour les bibliothèques univer-sitaires sous tutelle de l’État,qui devra également mettre lamain à la poche pour aider lescollectivités. La ministre de la

les bibliothèques aux heuresoù les gens sont au travail etles ferme en soirée. Une com-paraison avec les autres payseuropéens est redoutable,même pour Paris qui disposepourtant de moyens que luienvient les autres communes.La capitale n’est capable den’offrir qu’une moyenne de 38heures d’ouverture parsemaine dans ses bibliothèquesmunicipales contre 98 pourCopenhague, 84 pour Amster-dam ou 78 pour Londres. LaBibliothèque du Centre Pom-pidou relève un peu lamoyenne avec une propositionde 60 heures par semaine.Mais Paris dispose d’une situa-tion bien différente desquelques 16 500 lieux de lec-ture du pays, dont seulement130 sont ouverts le dimanche.

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r e n c o n t r e

POUR N° 207 AVRIL 201830

Comment êtes-vous arrivé

à la Comédie-Française?

Pendant une répétition à Liège, j’aireçu un appel me demandant si celam’intéressait d’y présenter un spec-tacle. Suite à une défection, la salledu Vieux Colombier était vacante.La directrice Murielle Mayette avaitchoisi trois comédiens dans la troupeet cherchait un metteur en scène.Alors que je ne parlais pas français,je leur ai demandé de lire le texte deMarivaux choisi. Je n’y comprenaisrien mais, après l’avoir écouté, jeleur ai dit : « comment osez-vousm’inviter? Vous ne me connaissezpas, je suis peut-être un voleur devoitures ». La réponse de MurielMayette m’a convaincu: « J’ai en têtedix metteurs en scène et je sais trèsbien ce que ça va donner. Avec vous,je ne le sais pas du tout. Ça peut êtreune catastrophe ou quelque chose detrès intéressant ». Le spectacle a euun beau succès et elle m’a proposéde faire un classique français dansla Salle Richelieu. Là encore, j’étaisétonné de la proposition mais ellem’a dit : « Ici nous sommes tellementorientés vers nous-mêmes que nousavons besoin d’un regard extérieurqui peut nous raconter autrement ».

La Bulgarie fait pourtant partie

de l’Europe…

Oui, mais on ne sait pas où sont cesBulgares, ce qu’ils font, et en mêmetemps « Ah ils peuvent raconterquelque chose de nous assez intéres-sant ». J’ai monté L’illusion Comique,puis Le jeu de l’amour et du hasard.Pour moi, Marivaux fut une révéla-tion. Je l’avais lu en russe, en bulgare,mais je ne comprenais pas l’intérêt.Précisément parce que c’est l’auteurfrançais par excellence. Il parvient àune telle sophistication dans la langue

qu’il est impossible de le traduire.Dans chaque phrase est cachée unemécanique de jeu, non pas juste unepensée paradoxale. C’est devenu unde mes auteurs préférés. Et j’ai eu dela chance de le découvrir avec lescomédiens du Français.

Parce que vous avez eu la curiosité

de le comprendre…

Je ne parlais pas la langue, je n’aipas fait grand-chose pour mériterd’être là où je suis aujourd’hui. Jene me suis jamais projeté. Si j’avaischoisi quand j’avais vingt ans, jeserais peut-être resté à Londres, ouen Allemagne. Je connaissais lalangue anglaise. Pour moi, la culturefrançaise était quelque chose d’en-fermé, à laquelle on ne peut pas avoiraccès si on n’a pas la langue. Enanglais, pour demander un café, onpeut le faire très vite, ensuite çadevient plus difficile pour expliquerquelque chose de plus complexe. Enfrançais, ne fusse que pour demanderun café, ça demande beaucoup plusd’effort.

Et pour le théâtre?

Un Allemand me disait récemment:si tu veux faire du théâtre en Alle-magne, c’est très clair : tu dois partird’un point A, arriver à un point B,puis à un point C, etc. En France,ça peut se passer en un éclair, dupoint A tu peux arriver du jour aulendemain au point D. Il y a quelquechose d’imprévisible et on ne saitpas comment ça marche. C’est l’es-prit français, c’est le caprice, lachance, l’alchimie… Ça raconte unpeu les deux cultures. J’ai l’impres-sion que je n’ai pas fait grand-chosepour avoir tout ça, ce n’est pas inten-tionnel. Je fais juste ce que je fais lemieux, et ce que j’aime faire.

Né en Bulgarie,Galin Stoevest diplôméde l’Académiedu théâtre et ducinéma à Sofia,où il travailledès 1991 commemetteur enscène etcomédien.Ses débutsremarquésle mènenten diverslieux d’Europeet du monde(Londres,Leeds, Bochum,Stuttgart,Moscou, BuenosAires, etc.) où ilsigne plusieursmises en scène.

Galin Stoev : « Mon identité vientde mon travail »

Gal in Stoev est depuis janvier 2018 le directeur du théâtre national de Toulouse. Après une mult ituded’expériences de la mise en scène dans différents théâtres d’Europe et du monde, i l a ressentila nécessité de s’arrêter dans un l ieu.

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VETEL

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LUTOV

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Le contexte français a été très favo-rable à ce que je voulais proposer,offrir. Très à l’écoute. Je me suis faitadopter par ce contexte avec bien-veillance et facilité.

Comment êtes-vous passé de

la Comédie-Française à Toulouse?

Ça m’a pris du temps de m’imagineroccuper un poste de pouvoir. C’estaussi lié à mon histoire personnelle,avoir grandi en Bulgarie et considérerque tout ce qui était lié au pouvoirétait a priori vain. Cela m’arrangeaitde passer d’un contexte à un autre,de m’enfermer dans mon espace decréation puis de partir. Cela m’a per-mis de rester un étranger, d’avoirtoujours une porte de sortie. On peutvivre pendant longtemps comme çapuis un jour se joue une crise d’iden-tité. On se dit : quel est le sens demon appartenance? Elle n’est pasgéographique, mon identité vient demon travail. Et il est presque impos-sible de s’y enraciner. À un moment,je me suis dit que ce serait bien sij’arrivais à manifester dans la matièretout ce que j’ai accumulé. Et demanière beaucoup plus pérenne, sta-ble. Ça me touche de sentir à quelpoint je suis prêt à accepter d’êtreprésent dans cette réalité, dans le faitd’être ici.

Propos recueillis par Véronique Giraud

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