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1
UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE
Année : 2005 N° d'ordre:
ELABORATION D'UN DOCUMENT D'INFORMATION POUR LES FEMMES ENCEINTES
A PROPOS DES MARQUEURS SERIQUES MATERNELS DE TRISOMIE 21,
A PARTIR D'UNE ANALYSE QUALITATIVE
DE LA PRATIQUE DE 26 MEDECINS GENERALISTES.
THESE
PRESENTEE POUR L'OBTENTION DU DOCTORAT EN MEDECINE DIPLÔME D'ETAT
Clotilde PASSOT Née le 7 juin 1977, à Grenoble. Thèse soutenue publiquement à la Faculté de Médecine de Grenoble le 28 novembre 2005 Devant le jury composé de: Monsieur le Professeur Pierre-Simon JOUK Président du Jury Monsieur le Professeur Daniel FAGRET Monsieur le Professeur Jean-Claude PONS Monsieur le Docteur Jean-Charles RENVERSEZ Madame le Docteur Françoise PAUMIER-DESBRIERES Directrice de Thèse
2
PROLOGUE
Aux futurs parents, que sont mon frère, mes sœurs, et mes amis,
à qui sera proposé le dépistage prénatal de la trisomie 21.
Par amitié pour Laurent et Chantal, personnes atteintes de trisomie 21,
témoins de ma réussite au concours de fin de 1ère année.
3
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur PS Jouk
Vos cours d'embryologie m'ont laissé un souvenir édifiant. J'apprécie aussi votre
simplicité dans les relations humaines, alors que vous avez une grande responsabilité de
conseil génétique. Je vous remercie d'avoir fait un accueil chaleureux à mon projet de thèse et
d'avoir accepté d'en présider le jury.
A Monsieur le Professeur JC Pons
Je me souviens très bien de votre cours sur la « mécanique » de l'accouchement. Je
crois que vous aimez particulièrement l'obstétrique. Je vous remercie vivement d'avoir su
vous rendre disponible au pied levé pour juger ma thèse, et espère que vous avez retrouvé,
dans l'opinion des médecins généralistes, certaines réflexions de vos confrères gynécologues.
A Monsieur le Professeur Fagret
Après vos sympathiques cours de biophysique en 1ère année, je suis heureuse de vous
retrouver aujourd'hui dans mon jury. Je sais combien mon sujet de thèse est loin de votre
activité professionnelle actuelle. Votre nom, présent sur la feuille de prescription du CHU,
m'a conduit à faire appel à vous. Vous avez eu la gentillesse d'accepter, et je vous en remercie.
A Monsieur le Docteur JC Renversez
Vous êtes un des responsables du dosage des marqueurs sériques au laboratoire
du CHU. Vous ayant eu comme professeur de biochimie, je me suis adressée à vous au
moment de commencer ma thèse. Je vous remercie beaucoup pour les renseignements que
vous m'avez donnés, notamment à propos du congrès de médecine fœtale de mars 2005.
A Madame le Docteur F Paumier-Desbrières
Enseignante en médecine générale, vous aviez su passionner notre groupe d'internes
lors d'un enseignement sur la grossesse et l'allaitement au début de mon internat. Lors de mon
stage dans votre cabinet médical, vous avez vu naître ce sujet de thèse et avez accepté de
diriger mon travail. Je vous remercie pour votre accompagnement et vos conseils répétés de
méthodologie.
4
Au Dr C Cans, épidémiologiste au CHU de Grenoble
J'ai apprécié parler de mon travail à plusieurs reprises longuement avec vous qui
travaillez sur la fiabilité du dépistage de la trisomie 21 depuis sa mise en place. J'ai trouvé,
auprès de vous, beaucoup de soutien, d'encouragements et d'idées. Je vous en remercie
chaleureusement.
Au Dr B Dingeon, biologiste au Centre Hospitalier de Chambéry
Ce fut une chance pour moi de vous avoir au téléphone en septembre. Je vous remercie
beaucoup pour vos conseils bibliographiques et pour les documents transmis, notamment « Le
petit journal de printemps » publié par votre laboratoire en 2004.
A l'association Parents et Diagnostic Prénatal
J'ai eu beaucoup de plaisir à vous rencontrer: équipe de parents d'horizons divers,
réunie pour accompagner d'autres parents se retrouvant en situation de diagnostic prénatal. Un
grand merci pour vos réflexions sur le contenu du document d'information.
A P Viossat, Sage-femme échographiste et au Dr JLGuillon, pédiatre au CAMPS
Votre lecture critique des « généralités » m'a donné de l'assurance. Encore, merci.
A mes parents et à ma sœur Claire-Marie
Un petit mot ici pour vous car je ne sais pas comment j'aurais pu préparer ma thèse sans vous…
Maman, j'ai trouvé mon sujet de thèse parce que nous avions beaucoup parlé des marqueurs sériques ensemble lors de leur m se en p ace. C'estun super sujet! Nous pourrons continuer d'en parler.
i l
iPapa, ta relecture tranquille et tes conseils, notamment celui de travailler
comme si je fa sais une course en montagne m'ont aidé à garder le cap et à pas être seule avec mes idées. C'était très appréciable.
Clairette, tu es une vraie suporter: banderole en début de course, entraînement pour ne pas faiblir à mi-parcours, et fleurs à l'arrivée… Incroyable sœur que je n'ai pas fini de découvrir.
Bref, j'ai eu un soutien logistique et moral de choc. MERCI!
5
UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE
Domaine de la merci 38700 La Tronche
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS AMBLARD AMBROISE-THOMAS BACONNIER BALOSSO BARRET BAUDAIN BEANI BENABID BENHAMOU BENSA BERGER BESSARD BLIN BOLLA BONAZ BOSSON BOUGEROL BRAMBILLA BRAMBILLA BRICHON CAHN CARPENTIER CARPENTIER CESBRON CHABRE CHAFFANJON CHIROSSEL CINQUIN COHEN DE GAUDEMARIS DEBILLON DEBRU DEMONGEOT DESCOTES DUPRE DYON ESTEVE FAGRET FAUCHERON FAVROT FERRETTI FEUERSTEIN FONTAINE FRANCO FRANCOIS GARNIER GAUDIN GAY GIRARGET GUIDICELLI HADJIAN
Pierre Pierre Pierre Jacques Luc Philippe Jean-Claude Alim-Louis Pierre-Yves Jean-Claude François Germain Dominique Michel Bruno Jean-Luc Thierry Elisabeth Christian Pierre-Yves Jean-Yves Patrick Françoise Jean-Yves Olivier Philippe Jean-Paul Philippe Olivier Regis Thierry Jean-Luc Jacques Jean-Luc Alain Jean-François François Daniel Jean-Luc Marie-C. Gilbert Claude Eric Alain Patrice Philippe Philippe Emmanuel Pierre Henri Arthur
(surnombre) (surnombre) BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MEDICALE RADIOTHERAPIE MEDECINE LEGALE RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE DERMATOLOGIE-VENEREOLOGIE BIOPHYSIQUE ET TRAITEMENT DE L'IMAGE ENDOCRINOLOGIE CENTRE DE TRANSFUSION SANGUINE ONCOLOGIE MEDICALE PHARMACOLOGIE CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIOVASCULAIRE RADIOTHERAPIE HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MEDICALE PSYCHIATRIE PATHOLOGIE CELLULAIRE PNEUMOLOGIE CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIOVASCULAIRE CANCEROLOGIE ET HEMATOLOGIE MEDECINE VASCULAIRE THERAPEUTIQUE IMMUNOLOGIE ENDOCRINOLOGIE CHIRURGIE VASCULAIRE ANATOMIE BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MEDICALE GENETIQUE MEDECINE DU TRAVAIL MEDECINE NEONATALE MEDECINE INTERNE BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MEDICALE UROLOGIE CHIRURGIE GENERALE CHIRURGIE INFANTILE RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE BIOPHYSIQUE ET TRAITEMENT DE L'IMAGE CHIRURGIE GENERALE ET DIGESTIVE CANCEROLOGIE RADIOLOGIE PHYSIOLOGIE NUTRITION PARENTERALE GERIATRIE EPIDEMIOLOGIE ECONOMIE SANTE ET PREVENTION PEDIATRIE RHUMATOLOGIE NEUROCHIRURGIE ANESTHESIOLOGIE (surnombre) (surnombre)
6
HALIMI Serge NUTRITION HOMMEL Marc NEUROLOGIE JOUK Pierre-Simon BIOLOGIE DU DEVELOPPEMENT ET DE LA
REPRODUCTION JUVIN Robert RHUMATOLOGIE KRACK Paul NEUROLOGIE LE BAS Jean-François IMAGERIE MEDICALE LEBEAU Jacques CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE LECCIA Marie-Thérèse DERMATOLOGIE LEROUX Dominique GENETIQUE LETOUBLON Christian CHIRURGIE DIGESTIVE LEVERVE Xavier THERAPEUTIQUE LEVY Patrick PHYSIOLOGIE LUNARDI Joël BIOCHIMIE DE L'ADN MACHECOURT Jacques CARDIOLOGIE MAGNE Jean-Luc CHIRURGIE THORACIQUE VASCULAIRE MALLION J.Michel MEDECINE DU TRAVAIL ET RISQUES
PROFESSIONNELS MASSOT Christian MAURIN Max MEDECINE INTERNE MERLOZ Philippe BACTERIOLOGIE-VIROLOGIE MOREL Françoise CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIE MORO-SIBILOT Denis BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLECULAIRE MOUILLON Michelle ONCOLOGIE THORACIQUE MOUSSEAU OPHTALMOLOGIE Mireille MOUTET CANCEROLOGIE François CHIRURGIE PLASTIQUE, RECONSTRUCTRICE ET
ESTHETIQUE
PASQUIER Basile PASSAGIA ANATOMIE PATHOLOGIQUE Jean-Guy PAYEN DE LA GARANDERIE
ANATOMIE Jean-François ANESTHESIOLOGIE
PELLOUX PARASITOLOGIE-MYCOLOGIE Hervé PEPIN EXPLORATIONS FONCTIONELLES CARDIO-
RESPIRATOIRES Jean-Louis
PISON PNEUMOLOGIE Christophe PLANTAZ PEDIATRIE Dominique POLACK HEMATOLOGIE Benoit POLLAK NEUROLOGIE Pierre PONS GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE Jean-Claude RAMBEAUD UROLOGIE J.Jacques REYT OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE Emile RAPHAEL CHIRURGIE PLASTIQUE: RECONSTRUCTRICE ET
ESTHETIQUE Bernard
ROMANET OPHTALMOLOGIE J.Paul SARAGAGLIA CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIE Dominique SCHAAL GYNECOLOGUE-OBSTETRIQUE ET MED. REPROD. Jean-Patrick SCHMERBER OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE Sébastien SEIGNEURIN BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE, HYGIENE Jean-Marie SEIGNEURIN HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE Daniel SELE BIOLOGIE DU DEVELOPPEMENT ET DE LA
REPRODUCTION Bernard
SESSA CHIRURGIE THORACIQUE ET VASCULAIRE Carmine SOTTO HEMATOLOGIE ET TRANSFUSION Jean-Jacques STAHL MALADIES INFECTIEUSES Jean-Paul TIMSIT REANIMATION MEDICALE Jean-François VANZETTO CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES Gérald VIALTEL NEPHROLOGIE Paul VUILLEZ BIOPHYSIQUE ET TRAITEMENT DE L’IMAGE Jean-Philippe ZAOUI NEPHROLOGIE Philippe ZARSKI HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE Jean-Pierre
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UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE
Année : 2005 N° d'ordre:
ELABORATION D'UN DOCUMENT D'INFORMATION POUR LES FEMMES ENCEINTES
A PROPOS DES MARQUEURS SERIQUES MATERNELS DE TRISOMIE 21,
A PARTIR D'UNE ANALYSE QUALITATIVE
DE LA PRATIQUE DE 26 MEDECINS GENERALISTES.
THESE
PRESENTEE POUR L'OBTENTION DU DOCTORAT EN MEDECINE DIPLÔME D'ETAT
Clotilde PASSOT Née le 7 juin 1977, à Grenoble. Thèse soutenue publiquement à la Faculté de Médecine de Grenoble le 28 novembre 2005 Devant le jury composé de: Monsieur le Professeur Pierre-Simon JOUK Président du Jury Monsieur le Professeur Daniel FAGRET Monsieur le Professeur Jean-Claude PONS Monsieur le Docteur Jean-Charles RENVERSEZ Madame le Docteur Françoise PAUMIER-DESBRIERES Directrice de Thèse
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TABLE DES MATIERES
GLOSSAIRE.................................................................................................................................................... 10
1 INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 11 2 GENERALITES ........................................................................................................................................ 12
2.1 LA TRISOMIE 21. ................................................................................................................................. 12 2.1.1 Définition ...................................................................................................................................... 12 2.1.2 Epidémiologie ............................................................................................................................... 13 2.1.3 Etiologies cytogénétiques.............................................................................................................. 14 2.1.4 Expression phénotypique............................................................................................................... 16 2.1.5 Prise en charge médicale .............................................................................................................. 19 2.1.6 Prise en charge paramédicale....................................................................................................... 21 2.1.7 Intégration..................................................................................................................................... 22
2.2 LE DEPISTAGE PRENATAL DE LA TRISOMIE 21..................................................................................... 24 2.2.1 Définition et lignes directrices ...................................................................................................... 24 2.2.2 Historique...................................................................................................................................... 25 2.2.3 Déroulement pratique ................................................................................................................... 26 2.2.4 Fiabilité ......................................................................................................................................... 30 2.2.5 Avenir ............................................................................................................................................ 32 2.2.6 Polémiques .................................................................................................................................... 35
2.3 LES MARQUEURS SERIQUES MATERNELS............................................................................................. 38 2.3.1 Prescription des marqueurs sériques maternels ........................................................................... 38 2.3.2 Consultation de conseil génétique préalable................................................................................. 39
2.4 LE DEVOIR D'INFORMATION. ............................................................................................................... 42 2.4.1 Pourquoi informer?....................................................................................................................... 42 2.4.2 Qualités du consentement.............................................................................................................. 44 2.4.3 Quelle information donner? .......................................................................................................... 45 2.4.4 Comment informer? ...................................................................................................................... 46 2.4.5 Les difficultés d'informer............................................................................................................... 48 2.4.6 Cas particulier de l'information des femmes enceintes ................................................................. 49 2.4.7 Cas particulier de l'information dans le cadre du dépistage prénatal .......................................... 50 2.4.8 Elaborer un document écrit d’information.................................................................................... 52
3 PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE. ............................................................................................... 54 3.1 ELABORATION D'UN DOCUMENT D'INFORMATION ............................................................................... 54
3.1.1 Contexte: un manque d'information .............................................................................................. 54 3.1.2 Réflexion sur un document d'information...................................................................................... 56
3.2 ANALYSE DES DOCUMENTS D'INFORMATION PREEXISTANTS ............................................................ 58 3.2.1 Origine de ces documents ............................................................................................................. 58 3.2.2 Analyse des points clés abordés dans les différents documents .................................................... 59 3.2.3 Analyse de deux documents........................................................................................................... 62
4 MATERIEL ET METHODE ................................................................................................................... 65 4.1 DESCRIPTION DE L'ETUDE ................................................................................................................... 65 4.2 CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ............................................................................................. 65
4.2.1 Taille de l'échantillon.................................................................................................................... 65 4.2.2 Critères de sélection...................................................................................................................... 65 4.2.3 Critères d'exclusion....................................................................................................................... 66 4.2.4 Mode de sélection de l’échantillon................................................................................................ 66
4.3 DESCRIPTION DE L'ENQUETE ............................................................................................................... 67 4.3.1 Matériel de l'étude: le questionnaire............................................................................................. 67 4.3.2 Recueil de données : l'enquête téléphonique................................................................................. 68
4.4 METHODE D'ANALYSE DES DONNEES .................................................................................................. 68
9
5 RESULTATS ............................................................................................................................................. 69
5.1 CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ET DE L'ENQUETE TELEPHONIQUE........................................ 69 5.1.1 Caractéristiques de la population ................................................................................................. 69 5.1.2 Caractéristiques de l'entretien téléphonique................................................................................. 70
5.2 DEROULEMENT DE LA CONSULTATION................................................................................................ 71 5.2.1 Temps passé .................................................................................................................................. 71 5.2.2 Points importants abordés ............................................................................................................ 72 5.2.3 Outils utilisés................................................................................................................................. 74 5.2.4 Difficultés rencontrées .................................................................................................................. 74
5.3 NIVEAU DE CONNAISSANCE ET BESOIN DE FORMATION....................................................................... 76 5.3.1 Connaissance à propos des marqueurs sériques maternels .......................................................... 76 5.3.2 Connaissance à propos de la trisomie 21...................................................................................... 78
5.4 INTERET PORTE AUX PROPOSITIONS POUR AMELIORER L'INFORMATION DES FEMMES ......................... 80 5.4.1 Document d'information destiné aux couples................................................................................ 80 5.4.2 Document d'information pour les médecins .................................................................................. 81 5.4.3 Consultation consacrée aux MSM................................................................................................. 81
5.5 POINTS PRINCIPAUX A ABORDER DANS LE DOCUMENT D'INFORMATION .............................................. 82 5.5.1 Résultat positif............................................................................................................................... 82 5.5.2 Résultat négatif.............................................................................................................................. 83 5.5.3 Autres points importants ............................................................................................................... 84
5.6 EXPLIQUER LE DEPISTAGE PUIS LE DIAGNOSTIC .................................................................................. 85 5.6.1 Démarche en deux temps............................................................................................................... 85 5.6.2 Dépistage ...................................................................................................................................... 86 5.6.3 Diagnostic ..................................................................................................................................... 90
5.7 AUTRES PARAGRAPHES PROPOSES ...................................................................................................... 94 5.7.1 Paragraphe sur le consentement éclairé....................................................................................... 94 5.7.2 Paragraphe sur la trisomie 21 ...................................................................................................... 95 5.7.3 Fournir des données chiffrées ....................................................................................................... 97
6 PROPOSITION D'UN DOCUMENT D’INFORMATION ................................................................... 98 7 DISCUSSION........................................................................................................................................... 100
7.1 VALIDITE DES MATERIELS ET METHODES.......................................................................................... 100 7.1.1 Echantillon .................................................................................................................................. 100 7.1.2 Questionnaire et recueil de données ........................................................................................... 101 7.1.3 Méthode d’analyse des données .................................................................................................. 103 7.1.4 Méthode d'élaboration du document ........................................................................................... 104
7.2 PRATIQUE ET CONNAISSANCES ......................................................................................................... 105 7.2.1 Temps consacré à l'information .................................................................................................. 105 7.2.2 Qualité de l'information donnée sur les MSM............................................................................. 109 7.2.3 Qualité de l'information donnée sur la trisomie 21..................................................................... 114 7.2.4 Niveau de connaissance des médecins interrogés....................................................................... 115 7.2.5 Propositions pour l'avenir........................................................................................................... 118
7.3 CONTENU DU DOCUMENT D'INFORMATION ....................................................................................... 119 7.3.1 Caractéristique non obligatoire du test....................................................................................... 119 7.3.2 Données chiffrées ........................................................................................................................ 122 7.3.3 Trisomie 21.................................................................................................................................. 124 7.3.4 Autres points abordés.................................................................................................................. 130 7.3.5 Utilisation future du document d'information ............................................................................. 133
8 CONCLUSION........................................................................................................................................ 134 9 ANNEXES................................................................................................................................................ 136 10 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 157
10
GLOSSAIRE
ABA Association des Biologistes Agréés pour le dépistage prénatal
ANAES Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé
CAMPS Centres d'Action Médico-Sociale Précoce
CAT Centre d'Aide par le Travail
CCNE Comité Consultatif National d'Ethique
CHU Centre Hospitalier Universitaire
CLIS Classes d'Intégration Scolaire
CNGE Collège National des Généralistes Enseignants
CNMBRDPN Commission Nationale de Médecine et de Biologie de la Reproduction
et du Diagnostic Prénatal
cf conférer
CPDPN Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic PréNatal
HAS Haute Autorité de Santé
IEG Institut Européen des Génomutations
IVG Interruption Volontaire de Grossesse
INSERM Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale
JO Journal Officiel
MoM Multiple of Median
OMS Organisme Mondial de la Santé
P&DPN Parents et Diagnostic Prénatal
QI Quotient intellectuel
RCOG Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
SA Semaine d'Aménorrhée
SURUSS Serum, URine and Ultrasound Screening Study
VPP Valeur Prédictive Positive
11
1 Introduction Depuis l'arrêté du 23 janvier 1997, tout médecin se trouve dans l'obligation de
proposer les marqueurs sériques maternels (MSM) à ses patientes en début de grossesse [1].
La mise en place de ce dosage généralise l'accès au dépistage de la trisomie 21 à toutes les
femmes enceintes. Ce dépistage n'est pas obligatoire. Les futurs parents doivent prendre une
décision, éclairés par l'information délivrée par leur médecin.
Informer sur le dépistage de la trisomie 21 par les marqueurs sériques est complexe:
dans un temps limité, il faut apporter aux femmes tous les éléments nécessaires pour un choix
libre et éclairé, en recherchant un bon niveau de compréhension, et sans générer d'anxiété.
Malgré les mesures législatives encadrant l'information des patientes [2], des enquêtes
montraient dès 1998, que la prescription de ce test n'était pas précédée d'une information
claire et suffisante dans 40 % des cas [3, 4]. La possibilité d'élaborer une brochure explicative
pour les femmes enceintes avait été évoquée afin d'améliorer la qualité de l'information
délivrée par les professionnels [5].
En 2005, la qualité de l'information donnée aux femmes sur les marqueurs sériques
maternels ne s'est pas améliorée [6]. Aucun document d'information n'est utilisé en routine en
France, alors que l'effet bénéfique de tels documents sur le niveau de connaissance et l'anxiété
des femmes a été prouvé [7]. Au Royaume-Uni, différents documents d'information sur les
marqueurs sériques étaient utilisés dans les services de gynécologie-obstétrique, mais une
étude a montré que leur qualité était médiocre [8]. Depuis, un document national
d'information sur le dépistage de la trisomie 21 a été élaboré et diffusé auprès de tous les
professionnels suivant des grossesses [9].
L'objectif principal de cette étude est d'élaborer, à l'échelle locale, un document
d'information destiné aux femmes enceintes sur les marqueurs sériques maternels. L'objectif
secondaire est d'identifier les autres besoins de formation et d’information des médecins
généralistes à propos du dépistage prénatal de la trisomie 21.
Une enquête téléphonique auprès de 26 médecins généralistes, a été réalisée et les
données recueillies ont donné lieu à une analyse qualitative. Les points-clés à aborder dans le
document d'information ont été individualisés à partir des idées personnelles de ces médecins
et à partir de l'opinion des femmes enceintes exprimées dans la littérature. Un document de
synthèse est proposé.
12
2 Généralités
2.1 La trisomie 21. Les premières descriptions cliniques de la trisomie 21 remontent à plus de cent ans avec
H Langdon Down (1866). Un siècle après, son origine cytogénétique a été découverte par
J Lejeune, M Gaultier et R Turpin (1959). Depuis, les travaux de recherche sur la trisomie 21
se sont poursuivis dans les domaines de la génétique, des méthodes diagnostiques, et des
moyens thérapeutiques.
Pour faire le point sur cette affection, force est de constater que les informations sont
dispersées dans la presse médicale et ainsi que dans un livre de M Cuilleret, orthophoniste.
En 2005, il n'existe pas de livre médical français de référence sur la trisomie 21. Sans être
exhaustive, cette partie permet de savoir de quoi on parle au moment de proposer le dépistage
prénatal de la trisomie 21.
2.1.1 Définition
L'expression la plus fréquemment employée pour décrire la trisomie est « anomalie
chromosomique » ou « aberration chromosomique ». C'est ce qu'on constate dans différentes
références sur la trisomie 21, [10,11,12,13] et ce que LD Bryant a lui-même remarqué lors de
son analyse des différentes brochures anglaises sur les MSM [8]. Or, pour le commun des
mortels, ces termes n'ont pas de signification concrète. Quel mot doit-on employer alors?
Peut-on parler de « maladie »? Peut-on parler de « syndrome », comme les anglo-saxons?
Le dictionnaire [14] précise qu'un syndrome est « la réunion d'un groupe de
symptômes qui se produisent en même temps dans un certain nombre de maladies, et qu'ils
peuvent avoir des origines diverses, ce qui les distingue théoriquement de la maladie ». Par
ailleurs, il définit une maladie comme « une altération de l'état de santé, se manifestant par
des symptômes, et dont la cause est reconnue, ce qui l'oppose au syndrome. » L'étiologie
cytogénétique de la trisomie 21 étant connue, on en conclut que le terme adéquat pour
désigner la trisomie 21 est celui de « maladie ».
Le même dictionnaire donne une définition plus précise: la trisomie 21 est une
« maladie par aberration chromosomique », c'est-à-dire une « maladie congénitale due à une
13
anomalie de nombre ou de la structure du chromosome ». La trisomie 21 est donc une maladie
congénitale due à un chromosome 21 surnuméraire.
2.1.2 Epidémiologie
Incidence et prévalence annuelles de la trisomie 21
La prévalence et l'incidence de la trisomie 21 avant la mise en place du dépistage
prénatal étaient de 1 / 700 naissances, soit environ 1100 nouveaux cas de trisomie 21 par an
en France [10, 15]. C'était la maladie par aberration chromosomique la plus fréquente et la
première cause de retard mental.
Cette prévalence augmente de façon exponentielle avec l'âge de la maternité
(tableau 1). Cependant, la majorité des trisomies 21 survient chez les femmes jeunes car la
majorité des grossesses a lieu à cette tranche d'âge (< 38 ans) [4]. Le facteur de risque
« âge maternel » n'est pas suffisamment puissant pour que les enfants trisomiques naissent
majoritairement de femmes âgées.
On observe par ailleurs que la prévalence de la trisomie 21 à la naissance est bien
moins importante que celle à la conception. Il existe une sélection naturelle lors de la
grossesse. JK Morris estime à 43 % le nombre de pertes de fœtus trisomiques 21 après la fin
du 2ème mois de grossesse. Les pertes fœtales sont dues à la non viabilité de certains fœtus
atteints de trisomie 21 [16].
Tableau 1: fréquence de la trisomie 21 à la naissance en fonction de l'âge maternel [17].
Age 20 ans 25 ans 30 ans 35 ans 40 ans 45 ans
Fréquence 1 / 1550 1 / 1350 1 / 900 1 / 400 1 / 100 1 / 30
Evolution du nombre de naissances d'enfants souffrant de trisomie 21:
Depuis 20 ans, il existe une augmentation de l'âge de la maternité. Le nombre de
trisomies 21 à la naissance aurait dû augmenter. La généralisation du dépistage prénatal de la
trisomie 21 par les marqueurs sériques et l'échographie a stoppé ce phénomène.
14
Depuis 1998, l'Institut Européen des Génomutations (IEG) note dans ses rapports
annuels, que le nombre d'enfants nés vivants avec une trisomie 21 est inférieur au nombre
attendu.
En 2003, l'IEG constate que « 75 % des trisomies 21 sont des interruptions médicales
de grossesse » [18]. 15 à 20 % des trisomies 21 ne sont pas diagnostiquées en prénatal par
manque de sensibilité des tests ou par absence de recours au dépistage ou au diagnostic
prénatal. En cas de diagnostic prénatal de trisomie 21, 92 à 98 % des femmes ont recours à
l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) pour pathologie fœtale [10].
La prévalence et l'incidence de la trisomie 21 ont donc baissé. En 2000, on observe
pour la prévalence un chiffre de 1 / 1500, soit une incidence de 500 à 600 nouveaux cas
par an [19].
Incidence et espérance de vie:
On estime qu'il y a entre 60 et 90 000 personnes atteintes de trisomie 21 en France
en 2005 [15, 20].
Il y a soixante dix ans, L Penrose estimait l'espérance de vie de ces personnes à 9 ans
en moyenne. Avec l'amélioration de la prise en charge chirurgicale, médicale, paramédicale et
sociale, depuis les cinquante dernières années, l'espérance de vie des personnes atteintes de
trisomie a quadruplé. Elle a actuellement dépassé 50 ans [20, 15]. La surmortalité est
essentiellement liée aux étiologies suivantes: malformations cardiaques, hypothyroïdie et
syndrome démentiel [15].
2.1.3 Etiologies cytogénétiques
Il est utile dans le cadre d'une consultation de conseil génétique de connaître les
différentes origines cytogénétiques de la trisomie 21. Le tableau 2 (page14) et les définitions
qui le complètent permettent d'en avoir une vue d'ensemble.
15
Tableau 2: Les différentes étiologies cytogénétiques de la trisomie 21 [11].
HOMOGENE
LIBRE TRANSLOCATION ROBERTSONIENNE MOSAIQUE
CARYOTYPE 47, XY, +21 46 chr, dont 2 chr 21 libres et 1 chr 21 transloqué sur un chr acrocentrique
Une fraction seulement des
cellules est atteinte
5 % FREQUENCE 92 %
2,5 % 2,5 % 3 %
CARYOTYPE DES PARENTS Caryotypes normaux Un caryotype parental
porte la translocation
ETIOLOGIE
Non disjonction chromosomique lors de la meïose
au cours de la gametogénèse maternelle ou
paternelle
Translocation DE NOVO
Transmission d'une translocation parentale
équilibrée
Non disjonction chromosomique
lors de la mitose
au cours des 1ères divisions des cellules
embryonnaires
RISQUE DE RECURRENCE 0,5 à 1 % Non augmenté
Fonction du sexe du parent porteur et des
chromosomes impliqués Non augmenté
CONSEIL GENETIQUE
Caryotype chez les collatéraux
→ sujets porteurs
Abréviation utilisée dans le tableau 2:
chr pour « chromosome ».
Définitions des termes employés dans le tableau 2:
Libre: précise que les chromosomes sont indépendants.
Homogène: qualifie une anomalie chromosomique retrouvée dans toutes les cellules.
Translocation Robertsonienne: cas particulier de translocation impliquant deux chromosomes acrocentriques.
La translocation consiste en une fusion des chromosomes avec perte des bras courts, sans aucune conséquence
clinique directe pour le sujet porteur.
Chromosomes acrocentriques: autosomes dont le bras court de très petite taille ne code que pour des gènes
répétés. Il existe 2 groupes de chromosomes acrocentriques: le groupe D (les chromosomes 13, 14, et 15), et le
groupe G (les chromosomes 21 et 22).
Translocation équilibrée: translocation sans perte ni gain de matériel génétique et donc sans expression
phénotypique.
16
Dans une consultation de conseil génétique, en cas d'antécédent de trisomie 21 chez
les collatéraux ou chez les cousins, il apparaît nécessaire de proposer un caryotype aux
parents pour éliminer la possibilité d'être porteur sain de la translocation.
2.1.4 Expression phénotypique
Dans le cas de la trisomie 21, le phénotype s'exprime à différents niveaux: au niveau
physique par un syndrome dysmorphique, au niveau cognitif par une déficience mentale, et au
niveau viscéral par des malformations.
Syndrome dysmorphique
Un syndrome dysmorphique est une association de différences morphologiques à
l'origine d'un aspect inhabituel et différent de la personne.
Les signes dysmorphiques caractérisant la trisomie 21 ont fait l'objet de nombreuses
descriptions. Ils ne sont à l'origine d'aucune prise en charge spécifique. Leur description peut
être consulté sur le site d'Orphanet [12].
Aucun des signes morphologiques n'est pathognomonique de la trisomie 21. Il existe
un aspect évocateur du visage, du crâne et du cou.
Si la dysmorphie est aisément reconnaissable chez l'enfant et l'adulte, elle est souvent
moins évidente chez le nouveau-né, chez qui le seul signe notable peut être l'hypotonie.
Déficience mentale
Le handicap mental est à l'origine des difficultés d'autonomie de la personne atteinte
de trisomie 21. Aussi, est-ce la source de la majorité des questions de leurs parents.
► Domaines déficients
Au niveau intellectuel, sont touchées la mémoire à court terme et les capacités
d'abstraction. Il en découle de meilleures performances en vocabulaire qu'en grammaire, et
dans les tâches visuo-spatiales que verbales.
17
Les plus grandes difficultés se trouvent au niveau du langage. Ces troubles sont
plurifactoriels: difficulté d'articulation, difficulté d'autorégulation de l'intensité de la voix,
difficulté de fluence verbale, difficulté d'expressivité, et difficulté de grammaire [21]. Chacun
de ces obstacles s'explique par l'expression phénotypique de la trisomie 21 au niveau
d'organes différents. D'une manière générale chez les patients trisomiques, le niveau des
performances verbales est inférieur à celui des performances non verbales [22].
Au niveau psychomoteur: effectuer des mouvements fins, comme la préhension, n'est
pas naturel du fait d'un déficit neuro-sensoriel; effectuer des gestes rapides est rendu difficile
par la présence d'un temps de latence dû au retard de myélinisation; maîtriser l'amplitude de
ses mouvements nécessite un effort important du fait de troubles de l'équilibre
plurifactoriels [20].
► Intensité du retard mental
L'intensité du retard mental est très variable d'une personne à l'autre. Elle est fonction
de différents facteurs: les interactions entre le chromosome surnuméraire et le reste du
génome, le caractère homogène ou non de l'anomalie, et la qualité de la prise en charge
médicale et, probablement, familiale des enfants atteints [20].
Les conséquences pathologiques de la présence d'un chromosome surnuméraire ne
sont pas fixées dans le temps. Elles se développent à une vitesse variable selon chaque
individu. Il existe une plasticité cérébrale. En fonction de l'âge et des stimuli de
l'environnement, ces capacités peuvent être augmentées ou diminuées [23].
Une approche quantitative de ce retard mental est donnée par l'évaluation du quotient
intellectuel (QI) des personnes atteintes. Les valeurs données pour les personnes atteintes de
trisomie 21 vont de 38 à 70-80, ce qui donne une moyenne de 50, équivalent à un retard
mental modéré [11, 23].
Ces valeurs de QI viennent d'une étude menée par Conolly et Gibson à la fin des
années 1970. Depuis, la prise en charge des enfants souffrant de trisomie s'est beaucoup
développée. On peut penser qu'elle a eu un retentissement positif sur ces chiffres [23].
Certains avancent que le QI aurait augmenté en moyenne de 20 % au cours des trente
dernières années [24]. Cependant, CC Cunningham annonce encore dans un article de 1996,
un QI médian d'environ 40 (extrêmes allant de 20 à 70) vers l'âge de 20 ans [15].
18
► Développement intellectuel
Après une période d'évolution très proche des enfants ordinaires lors de la petite
enfance, le développement des enfants trisomiques devient progressivement plus lent [23, 15].
Certaines étapes du développement sont très difficiles à dépasser pour certains de ces enfants,
notamment celles des tâches linguistiques. Cette incapacité à dépasser certains stades peut
expliquer les difficultés de progression dans le même temps sur d'autres plans. Ce
développement peut être qualifié en « sommets et plateaux » [23].
Le développement intellectuel se poursuit beaucoup plus tard que chez le jeune
ordinaire. Ce développement cognitif tardif est « potentiel » car il est dépendant d'un
environnement de bonne qualité. Les individus qui ont des environnements très stimulants ont
de meilleures performances que ceux qui sont dans un environnement moins stimulant. Ils
peuvent continuer à développer lentement leur vocabulaire, leur grammaire et aussi leurs
qualités sociales après 18-20 ans [21, 20].
Malformations viscérales
Les malformations viscérales ne sont retrouvées que dans la moitié des trisomies 21,
alors que la dysmorphie et le retard mental sont toujours présents. Ce sont essentiellement des
malformations cardiaques ou digestives.
Les malformations cardiaques sont les plus fréquentes (45 % des trisomiques), en
particulier le canal atrio-ventriculaire (45 % des cas) [25].
Les malformations digestives (10 % des trisomiques) comportent essentiellement la
sténose duodénale, l'imperforation anale, l'atrésie de l'œsophage, et la maladie de
Hirschprung.
19
2.1.5 Prise en charge médicale
La trisomie 21 n'a pas de traitement curatif à l'heure actuelle. Seules les prises en
charge médicale et paramédicale ont permis l'amélioration de la qualité de vie des personnes
atteintes. Elles permettent de dépister et traiter les pathologies associées, d'améliorer le
développement de l'enfant trisomique et d'aider les parents à retrouver une relation
« normale » avec lui.
Les personnes souffrant de trisomie 21 doivent pouvoir bénéficier d'une authentique
démarche de soins, adaptée à leur maladie. Ceci sous-entend, de la part des professionnels,
une approche diagnostique affinée et l'élaboration de programmes de suivi adaptés à chaque
individu [21]. Le tableau 3 (page 19) est une synthèse des conseils du Pr MO Réthoré et de
M Cuilleret à propos du suivi et du dépistage des pathologies associées à la trisomie 21 [25,
21, 22, 20].
Abréviations utilisées dans le tableau 3:
DS pour « Dérivation Standart »
↑ pour « augmentation »
↓ pour « diminution »
ORL pour « Oto Rhino Laryngologie »
OSM pour « Otite Séro Muqueuse »
20
Tableau 3: pathologies fréquemment associées à la trisomie 21, leur suivi et leur prévention
PATHOLOGIE ETIOLOGIE SUIVI PREVENTION
TROUBLES DE LA CROISSANCE
- 3,5DS comparé à la normale (courbe de croissance spéciale) troubles métaboliques divers + / - vie sédentaire, hypothyroïdie
poids et taille à chaque consultation
↑ apports alimentaires ↓ exercice physique
TROUBLES CARDIO LOGIQUES
Secondaires aux cardiopathies congénitales Cardiopathie d'apparition secondaire: Valvulopathies dégénératives Endocardite lors des soins dentaires
Echographie cardiaque Enfant: A la naissance, à 1 mois; puis à 1, 2 et 5 ans; enfin, avant et après la puberté. Adulte: Tous les 5 ans.
Antibiothérapie si soins dentaires
TROUBLES NEURO SENSORIELS
Hypoacousie secondaire à des affections ORL: OSM et cholestéatome Troubles ophtalmologiques: strabisme, cataracte et troubles de la réfraction
Suivi ORL régulier après un bilan auditif complet. Suivi ophtalmologique: dépistage avant l'école Puis suivi régulier.
Prévenir les surinfections ORL
TROUBLES ORL ET STOMATO LOGIQUES
Apnées du sommeil par hypertrophie des amygdales ou des végétations Troubles de la dentition du fait d'une mauvaise qualité de la mastication, d'un bruxisme fréquent et de la macroglossie
Surveillance qualité du sommeil Suivi par le dentiste bi annuel
Orthophonie
TROUBLES DERMATO LOGIQUES
Xérose cutanées Pelade
TROUBLES ORTHO PEDIQUES
Genu valgum, coxa vara, déformation du rachis Instabilité atloïdo-axoïdienne Du fait de l'hypotonie musculaire
Suivi clinique Clichés cervicaux dynamiques si sport à risque
Chaussures, voire orthèse adaptées Kinésithérapie motrice
MALADIES AUTO IMMUNES
HYPOTHYROIDIE MALADIE COELIAQUE DIABETE DE TYPE 1
Bilan thyroïdien: 1 / an chez l'enfant 1 / 2ans chez l'adulte Anticorps spécifiques en cas de symptômes Bandelette Urinaire au moindre signe évocateur
TROUBLES SEXUELS
Puberté normale. Hommes: stériles, séminomes ++, cancer prostate - - Femmes: fertiles, cancer sein - -, ménopause précoce
Surveillance taille et aspect des testicules Contraception à discuter
TROUBLES NEURO LOGIQUES
Epilepsie Démence de type Alzheimer
<1 an, syndrome de West >20 ans, crises diverses vers 60ans, ↓ langage, trouble du comportement et troubles neurologiques
TROUBLES PSYCHIA TRIQUES
Dépression +++ Signes évocateurs: retrait du monde, baisse de la communication, troubles du comportement
TR. HEMATO LOGIQUES
Leucémie Aigue Lymphoblastique
21
2.1.6 Prise en charge paramédicale
Une prise en charge précoce, adaptée, continue de l'enfant est primordiale pour son
développement.
► La prise en charge doit être précoce. M Cuilleret précise avec insistance que la prise en
charge doit débuter le plus tôt possible après la naissance de l'enfant, dès que les parents en
font la demande, et ajoute qu'il faut commencer au plus tard avant la fin du 6ème mois [20].
E Dikens ajoute que dans les pays nord américains, la prise en charge commence à la
maternité, dès l'annonce du diagnostic [23].
► La prise en charge doit être adaptée. Chaque enfant a un cheminement unique. Il faut
suivre son rythme, ne pas vouloir trop en faire, mais toujours l'accueillir avec ses
particularités [20].
► La prise en charge doit être continue. Si elle commence dès la petite enfance, elle doit se
poursuivre avec des pauses mais sans arrêt total, de l'enfance jusqu'au début de l'âge adulte. Il
peut même s'avérer nécessaire de poursuivre la prise en charge paramédicale à vie pour
maintenir les acquis [20, 21, 26].
Elle comprend de manière régulière de la kinésithérapie, de l'orthophonie et un travail
de psychomotricité.
M Cuilleret insiste sur l'importance d'obtenir un équilibre entre les deux grands types
de propositions: « Il faut dispenser un même nombre de séances psycholangagières et de
séances motrices afin de ne pas favoriser l'un au détriment de l'autre » [20].
Après le sixième mois, l'objectif est que l'enfant soit pris en charge deux fois par
semaine, une fois par le kinésithérapeute, une fois par l'orthophoniste.
Cette prise en charge est spécifique à la trisomie 21. Elle nécessite une formation des
professionnels afin d'être adaptée à cette pathologie. Elle est détaillée en annexe.
22
2.1.7 Intégration
En famille
La socialisation d'un enfant trisomique commence dès sa naissance par son intégration
dans la famille. Ce temps capital ne va pas de soi. C'est le travail parental qui permet aux
parents de retrouver confiance en cet enfant différent et de lui redonner sa place dans la
fratrie.
Avec un médecin généraliste ou un psychologue, doit se mettre en place le travail de
revalorisation du rôle parental. Ecouter en est le maître mot. Répondre aux questions, donner
des explications, dédramatiser, sont aussi indispensables. Ensuite, redonner confiance aux
parents afin qu'ils retrouvent une relation parent-enfant avec leur enfant trisomique et qu'ils
arrivent progressivement à lui redonner sa place dans la famille. Pour favoriser la mise en
place du dialogue parent-enfant, M Cuilleret invite les parents à emmener leur enfant avec eux
lors de ces entretiens [20].
A l'école
A la garderie comme à la maison, il apprend à vivre en groupe, à respecter la
discipline et à connaître aussi ses propres limites. Comme tout enfant, il doit bénéficier d'une
éducation faite de découvertes, de réussites et d'échecs [20].
Comme il a été dit précédemment (page 16), un environnement social stimulant est
très important pour son développement. Le fait d'aller en milieu scolaire normal aussi
longtemps que possible favorise beaucoup les progrès sur les plans du langage et du
développement psychomoteur [26, 15]. La majorité d'entre eux peut et doit bénéficier de la
scolarisation en milieu ordinaire au moins initialement [20].
Beaucoup d'enfants trisomiques apprennent donc actuellement à lire. Le niveau que
peut prétendre atteindre un enfant trisomique dans la lecture n'est pas bien défini car on
observe que des enfants porteurs de trisomie 21 peuvent atteindre un niveau de lecture d'un
enfant de 7 ou 8 ans mais sans avoir conscience de ce qu'ils lisent. La plupart des adolescents
lit des phrases et y trouve du plaisir mais il semble exister un bas niveau de compréhension.
La poursuite de la scolarisation peut être limitée par cet obstacle.
Lorsque l'enfant ne progresse plus à l'école, il faut envisager une scolarisation dans un
établissement plus adapté, tels que les Classes d'Intégration Scolaire (CLIS).
23
Il existe aussi des limites pratiques à l'intégration scolaire. Tous les établissements ne
désirent pas s'investir dans l'accueil d'enfants avec un handicap. Accueillir un enfant
trisomique nécessite de monter un projet d'accueil personnalisé au niveau pédagogique et un
dossier à visée administrative pour obtenir des subventions. Ainsi, les enfants et adolescents
trisomiques 21, qui en ont les capacités, n'ont donc pas toujours accès à une scolarité
ordinaire, notamment dans le secondaire [20].
A l'âge adulte
L'intégration dans la société des personnes atteintes de trisomie 21 passe, entre autres,
par le travail. La grande majorité travaille en Centre d'Aide par le Travail (CAT), mais
d'autres possibilités existent: le travail en atelier occupationnel, pour ceux qui ont le plus de
difficultés et le travail en milieu ordinaire pour ceux qui ont plus d'autonomie [20].
L'intégration sociale par le travail en milieu ordinaire est cependant rare, malgré l'incitation de
la loi à réserver 6 % des emplois à des salariés handicapés [27].
L'âge adulte est aussi le moment où la personne quitte le domicile familial pour avoir
sont lieu de vie propre, le plus souvent un foyer de vie collectif.
24
2.2 Le dépistage prénatal de la trisomie 21.
2.2.1 Définition et lignes directrices
Définition
Un dépistage est l'identification, à l'aide de tests cliniques ou biologiques, de
personnes probablement atteintes ou susceptibles de développer une maladie. Ces personnes
subissent ensuite des tests à visée diagnostique. Le dépistage s'applique donc à des
populations entières exemptes de risque particulier, ou du moins non-malades, à la différence
du diagnostic qui ne se pratique que chez des personnes malades ou fortement suspectes de
l'être [24].
Le but du dépistage prénatal est l'identification des femmes à risque d'avoir un enfant
atteint d'une pathologie que l'on peut détecter in utero afin de leur proposer un test de
diagnostic prénatal [24]. L'article L. 2131-1 du code de santé publique donne une définition
précise du diagnostic prénatal: « Le diagnostic prénatal s'entend des pratiques médicales ayant
pour but de détecter in utero chez l'embryon ou le fœtus une affection d'une particulière
gravité » [28, 29].
Lignes directrices
Les critères habituels du dépistage, tels qu’ils peuvent être adaptés à partir des
définitions de l’Organisation Mondiale de la Santé de 1968 et 1986, [30] sont:
► Que les pathologies recherchées soient suffisamment fréquentes et donc qu'il s'agisse d'un
problème de santé publique important.
► Que le test de dépistage ait une sensibilité et une spécificité correcte.
► Que l’innocuité du test le rende acceptable.
► Que l'observance du dépistage soit élevée.
► Que les patients soumis à ce dépistage soient informés de ses enjeux.
► Qu’un premier test ayant fait suspecter la maladie recherchée, on dispose d’un test
diagnostic fiable en seconde intention.
► Que le diagnostic fait, la prise en charge du patient soit clairement définie et efficace, c'est-
à-dire, qu'il existe des propositions à visée préventives ou curatives.
25
► Que le rapport entre le coût du dépistage et les bénéfices attendus soient corrects.
► Que le programme fasse l'objet d'un suivi et d'une évaluation de ses résultats.
Le Comité technique national sur l'échographie de dépistage a récemment rappelé en
France que la mise en place des stratégies de dépistage prénatal sous-entendait qu'existe [31]:
► Une prise en charge périnatale spécifique susceptible d’améliorer la santé des enfants
atteints ou de permettre une interruption de grossesse.
► Une réflexion sociale sur la place et les modalités d’accueil des enfants handicapés.
► La possibilité technique d’établir précisément le pronostic des affections dépistées, pour
pouvoir informer valablement les familles.
► Un accompagnement des couples par rapport aux effets indésirables du dépistage (anxiété
parentale, mortalité foetale liée aux gestes invasifs induits par le dépistage).
► Des possibilités réelles de dépistage par des opérateurs effectuant les examens en pratique
de routine.
2.2.2 Historique
Au regard de ces points clés, le dépistage prénatal de la trisomie 21 et des autres
anomalies chromosomiques s'est progressivement mis en place en France. Depuis 1980, les
femmes ayant un risque considéré comme suffisamment élevé pour justifier un prélèvement
de tissu fœtal à des fins diagnostiques se voient proposées un caryotype fœtal.
La définition du groupe à haut risque a varié au cours du temps en fonction de
l'évolution des connaissances scientifiques et des disponibilités techniques.
► En 1980, étaient considérées à risque les femmes de 38 ans et plus, les mères ayant déjà
donné naissance à un enfant avec anomalie chromosomique et les couples dont l'un des
membres était porteur d'une anomalie chromosomique. A ces femmes, était proposée une
amniocentèse.
► En 1988, la découverte de signes en faveur d'une anomalie fœtale à l'échographie
morphologique a été ajoutée à la liste des indications d'amniocentèse [32].
26
► Le 23 janvier 1997, le dosage des marqueurs sériques montrant un risque supérieur à
1 / 250 a été intégré aux indications de diagnostic prénatal [1].
► A peu près dans le même temps, la mesure de la clarté nucale, entre 11 et 13 Semaines
d'Aménorrhée (SA), a été retenue comme étant un signe d'appel échographique majeur de
trisomie 21 pour lequel on propose aussi un caryotype fœtal [24].
Ainsi en l'espace de 20 ans, le dépistage prénatal de la trisomie 21 s'est généralisé à
toutes les femmes enceintes.
2.2.3 Déroulement pratique
Le dépistage échographique des malformations ainsi que le dépistage par les
marqueurs sériques sont proposés systématiquement à la femme enceinte. En 2005, il
existe un dépistage en trois temps pour les femmes considérées comme non à risque de
trisomie 21 en début de grossesse.
- Echographie de datation de grossesse du 1er trimestre (entre 11 et 13 SA)
- Marqueurs sériques maternels du 2ème trimestre (entre 14 et 18 SA)
- Echographie morphologique du 2ème trimestre (entre 22 et 24 SA)
Ces examens n'ont pas de caractère obligatoire. La Haute Autorité de Santé (HAS)i rappelle
qu'il est essentiel d'informer clairement la femme de son droit d'accepter ou de refuser un
examen de dépistage [33].
Un choix éclairé suppose une information préalable. Une consultation
d'information s'impose avant tout test de dépistage prénatal de la trisomie 21. Seuls les
marqueurs sériques sont soumis à un encadrement réglementaire strict qui rend obligatoire
une consultation de conseil génétique préalable au dépistage sérique. En ce qui concerne le
dépistage échographique, il n'existait pas, jusqu'à l'année dernière, d'avis d'expert sur
l'information préalable. Dans son rapport d'avril 2005, le Comité technique national sur
l'échographie de dépistage traite de l'information à donner sur le dépistage échographique de
la trisomie 21 [31]. Dans ce rapport, les caractéristiques de l'information à donner
i L'HAS a été créée dans le cadre de la loi du 13 Août 2004 relative à l'assurance maladie. Elle reprend, entre autres, les missions de l'ANAES: promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels de la santé et du grand public.
27
préalablement au dépistage échographique sont très proches de celles données dans la
réglementation sur les marqueurs sériques maternels. On retrouve les mêmes objectifs de
contenu (objectifs, modalités, contraintes et limites du dépistage échographique) et de qualités
(information intelligible, invitant à la réflexion et à un choix en toute liberté). Le rapport
rajoute que cette information doit être délivrée le plus en amont possible du moment de la
réalisation des examens eux-mêmes et il propose à titre d’exemple deux documents pouvant
servir de soutien à cette information. Il suggère que ces feuillets d’information destinés aux
familles puissent être remis lors de la prescription de l'examen par le praticien en charge de la
grossesse, voire même, qu'ils soient intégrés à la demande d’examen.
L'accompagnement des parents est primordial lors du dépistage prénatal de la
trisomie 21. L'HAS insiste beaucoup sur le fait qu'il est nécessaire d'accompagner de manière
vigilante les parents au cours du suivi de grossesse. Elle précise qu'une consultation
supplémentaire peut être nécessaire notamment au cours du 1er trimestre. L'accompagnement
des parents doit donc être d'autant plus important au moment des examens de dépistage
prénatal [33].
Les examens de dépistage prénatal de la trisomie 21 indiquent la réalisation d'un
caryotype fœtal dans des situations précises. Ces indications dépendent du seuil de
positivité des différents examens de dépistage. Ce seuil de positivité exprime un compromis
entre la sensibilité et le taux de faux positif.
L'échographie du 1er trimestre:
Le seuil peut être formulé soit en valeur de l'épaisseur de la clarté nucale exprimée en dixième
de millimètre ou percentile, soit en seuil de risque exprimée en multiple de la
médiane (MoM)[34].
► Si le seuil est formulé en « épaisseur de la clarté nucale »:
Qu’elles soient exprimées en millimètre ou en percentile, ces valeurs seuil n'intègrent
pas le risque lié à l'âge de la patiente.
28
En millimètre, le seuil est fixé à 3mm. C'est le seuil le plus utilisé en France en 2002.
Plus rarement, on trouve utilisé un seuil de 2,5mm, augmentant la sensibilité mais
diminuant la spécificité.
En percentile, c'est en général le 95ème percentile de la clarté nucale en fonction de la
longueur crânio-caudale qui est préféré. Il présente l'avantage d'ajuster le risque à l'âge
exact de la grossesse.
► Si le seuil est formulé en « risque clarté nucale »:
Il est basé sur le rapport « valeur attendue sur valeur mesurée » et est exprimé
en MoM.
Ce mode de calcul a l'intérêt d'associer la modification de la taille de la clarté nucale
due à l'âge de la grossesse et à l'augmentation du risque de trisomie 21 lié à l'âge de la
patiente. Des logiciels permettant de calculer le risque automatiquement sont proposés
par différentes équipes. Pour pouvoir utiliser ces tables, il faut utiliser une technique
de mesure codifiée et se soumettre à un contrôle de qualité.
Il existe des limites de faisabilité à la mesure de l'épaisseur de la clarté nucale. Elles sont
évaluées à 1 à 5 % des mesures selon les auteurs [34].
Les marqueurs sériques maternels du 2ème trimestre:
Le test des MSM consiste à doser 2 ou 3 hormones dans un prélèvement de sang de la
mère: alpha-foetoprotéine (AFP), human chorionic gonadotrophin (HCG) et / ou estriol non
conjugué (uE3). Ce test peut donc avoir les noms de « double » ou « triple test ». En pratique,
ce dosage s’effectue dans la très grande majorité des cas à partir de l’AFP et de l'HCG.
Les résultats de ces dosages sont convertis en multiple de la médiane (MoM) pour
l'âge gestationnel, un logiciel calcule le risque de trisomie par rapport au seuil de 1 / 250. Ce
seuil de 1 / 250 avait été initialement institué pour atteindre les objectifs de sensibilité
de 65 % et de faux positif de 6 % [35].
L'échographie morphologique du 2ème trimestre:
Les malformations majeures amènent à proposer une amniocentèse. Ensuite, on trouve
les signes mineurs. Il faut mettre en évidence au moins deux signes mineurs de trisomie 21
pour poser l’indication de caryotype fœtal [36].
29
La récente méta-analyse publiée par le Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal
(CPDPN) de Grenoble a trouvé un rapport de vraisemblanceii pour six des signes
échographiques mineurs habituellement recherchés. Il s'agit, à 22 SA, d'une pyélectasie
supérieure ou égale à 5mm, d'une nuque épaisse supérieure ou égale à 6mm, de la persistance
des kystes des plexus choroïdes, de la brièveté conjointe des humérus et des fémurs inférieurs
au 10ème percentile, de l'hyperéchogénicité intestinale, et enfin de la longueur des os propres
du nez inférieure à 2,5mm [37].
BR Benacerraf donne globalement pour l’échographie du 2ème trimestre, des chiffres
de sensibilité de 65-75 % et de spécificité de 85-96 % [31].
Par ailleurs, persistent comme indications du caryotype fœtal, l'âge maternel supérieur
ou égal à 38 ans et les antécédents familiaux.
Lorsque le dépistage indique une amniocentèse et aboutit au diagnostic prénatal
de trisomie 21, les femmes, seules ou en couple, peuvent avoir recours à une IVG pour
pathologie fœtale. La trisomie 21 entre dans l'indication des interruptions de grossesse
pratiquées pour motif médical: « pathologie d’une particulière gravité, considérée comme
incurable au moment du diagnostic » [38]. Certains couples peuvent alors voir dans
l'interruption de grossesse pour raison médicale, une forme de prise en charge.
L'accompagnement des futurs parents est nécessaire quelle que soit leur décision quant
à la poursuite de la grossesse ou à une interruption volontaire de grossesse à but
thérapeutique [33]. En effet, le diagnostic peut modifier radicalement le suivi de la grossesse
(changement de site de naissance, interruption de grossesse, …) et entraîner un changement
d'interlocuteur. Il est conseillé de proposer aux futurs parents les coordonnées du Centre
Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal (CPDPN) le plus proche. La bonne coordination
entre les différents spécialistes concernés, sans exclure le médecin de proximité, est la
première condition du soutien émotionnel des couples bouleversés par l'annonce d'une
anomalie.
A Grenoble, une association de parents vient d'être créée afin « de soutenir les parents
concernés par le diagnostic prénatal dans l'élaboration de leurs propres réponses et
ii Le rapport de vraisemblance permet de traduire la majoration du risque de trisomie 21 due à la présence d'un signe.
30
l'appropriation de leurs choix ». Ces parents ont eux-mêmes été « confrontés à des situations
inattendues, complexes et douloureuses » lors d'une grossesse. Quelques professionnels, dont
une part de l'activité concerne de diagnostic prénatal (psychologue, généticien, sage-femme,
gynécologue, échographiste…), font partie de l'association. Cette association, « Parents et
Diagnostic Prénatal » (P&DPN), vient de mettre en place une permanence d'écoute
téléphonique hebdomadaire. La plaquette de cette association est présentée en annexe 7.
2.2.4 Fiabilité
Fiabilité du dépistage
En 2005, la stratégie de dépistage prénatal de la trisomie 21 est essentiellement basée
sur les MSM et la mesure échographique de la nuque fœtale vers 12SA.
Pour ce qui est des MSM, les résultats annuels ont dépassé les objectifs définis à la
mise en place, puisqu'ils permettent actuellement de dépister 70 % des trisomies 21, pour un
nombre d'amniocentèse variant entre 5 et 7 % [39, 40, 41].
De son côté, la pertinence du dépistage basé sur la mesure de l'épaisseur de la clarté
nucale est due à une sensibilité de 60 % à 70 % et une spécificité supérieure à 95 %,
équivalent à un taux de faux positifs de moins de 5 % [34, 41, 42]. D'autres avancent une
sensibilité plus élevée (75 %) pour une spécificité de 95 % [43]. Ces chiffres ne lui enlèvent
pas son caractère d'examen « opérateur dépendant ».
Contrôle de qualité du dépistage
Un contrôle de qualité biologique a été mis en place pour le dosage des MSM dès leur
généralisation. Les 70 laboratoires agréés sont regroupés en une association: Association des
Biologistes Agréés dans le dépistage prénatal de la trisomie 21 (ABA). Cette association
vérifie la qualité du dosage, et recueille les issues de grossesse des femmes ayant fait le
dépistage afin d'obtenir les chiffres de sensibilité et spécificité du dépistage.
Il n'existait pas initialement de contrôle de qualité de l'échographie. Ce n'est qu'avec le
rapport du Comité National Technique d'Echographie de Dépistage Prénatal, paru en
avril 2005, qu'est enfin exprimée au niveau national, officiellement, la nécessité de la mise en
31
place d'un contrôle qualité de la mesure de la clarté nucale par les différents échographistes.
En réalité, depuis quelques années les professionnels ont constaté la nécessité de ce contrôle
qualité. A Grenoble, on trouve un exemple pertinent de démarche visant à améliorer la qualité
des mesures échographiques. Depuis avril 2004, le CPDPN de Grenoble a mis en place un
contrôle qualité quant à la mesure de la clarté nucale avec évaluation des opérateurs. Chaque
échographiste évalué est ensuite habilité à utiliser un logiciel de calcul du risque, qui lui est
fourni. L’opérateur note l'âge de la patiente, l'épaisseur de la clarté nucale, la longueur crânio-
caudale du foetus et le résultat des marqueurs sériques en MoM. Le logiciel calcule
automatiquement le risque combiné. Par ailleurs, toutes les cent mesures, l’opérateur envoie
ses mesures de clarté nucale et de longueur crânio-caudale au CPDPN qui analyse la
cohérence statistique de sa pratique dans le temps.
On évoque aussi dans les congrès de médecine fœtale, la mise en place d'un contrôle
qualité des techniques d'amniocentèse [44]. Toute amniocentèse entraîne des risques de pertes
fœtales. C'est aussi une technique « opérateur dépendant ». F Muller avait estimé les risques
de fausse couche secondaire à l'amniocentèse à 0,86 % [45]. Ce risque est estimé à 1 % dans
l'ouvrage de synthèse de l'Institut National de la Santé Et de la Recherche
Médicale (INSERM) et dans la littérature en général [24, 44].
Conséquences secondaires à la spécificité et à la sensibilité du dépistage
Cette stratégie de dépistage chez les femmes sans facteur de risque, telle qu'elle est
pratiquée actuellement (MSM et épaisseur de la clarté nucale) de manière séquentielle, génère
entre 10 et 12 % d'amniocentèses (en cumulant pour chaque groupe le taux de dépistage
positifiii). Si l'on ajoute les autres indications de caryotype fœtal que sont l'âge maternel
supérieur ou égal à 38 ans, les antécédents d'aberration chromosomiques, et les signes d'appel
échographique à 22 SA, le taux de faux positifs augmente. Dans les Yvelines, une
amniocentèse est proposée dans 16 % des grossesses [46, 24].
Les résultats de l'amniocentèse sont normaux dans 97 à 99 % des cas, car la Valeur
Prédictive Positiveiv (VPP) du test évolue entre 1 / 70 et 1 / 100 [44, 47, 48]. C'est-à-dire que
seuls 1 à 3 % des caryotypes fœtaux montrent des anomalies de structure ou de nombre des
iii Le taux de dépistage positif est équivalent au taux de faux positif en terme de pourcentage, du fait de la faible spécificité du dépistage. iv La Valeur Prédictive Positive du test est la probabilité que le patient ait vraiment la maladie si le résultat du test est positif.
32
chromosomes. Toutes ces anomalies ne conduisent pas forcément à l'interruption de grossesse
pour raison médicale, notamment les anomalies des chromosomes sexuels.
La sensibilité du dépistage par les MSM, combiné ou associé à la mesure
échographique de la clarté nucale, ne permet pas le diagnostic prénatal de toutes les
trisomies 21: 20 % ne sont pas dépistées lors de la grossesse [18].
2.2.5 Avenir
L'évolution de la stratégie actuelle de dépistage paraît urgente. Comme il a déjà été
constaté, « la stratégie actuelle de dépistage est la plus dangereuse pour le fœtus, puisqu'elle
est associée, du fait du cumul des faux positifs, à 11 voire 16 % d'amniocentèse selon les
régions » [24, 49].
Dépistage combiné
La stratégie de dépistage combiné paraît être la stratégie d’avenir. Toutes les stratégies
ne couplant pas l’échographie et la biochimie donnent des résultats médiocres [41].
Déjà en 2001, F Audibert et M Dommergues proposaient un calcul de risque
« combiné ». A condition que la technique d’échographie ait fait l’objet d’un apprentissage
spécifique et d’un contrôle de qualité, ils estimaient qu’on augmentait beaucoup la fiabilité du
dépistage à combiner les deux tests, sérique et échographique. Ils notaient une sensibilité
de 90 % pour un taux de faux positif de 5 % (1 moins la spécificité) [43]. On retrouve les
mêmes résultats dans la méta analyse « Serum, URine and Ultrasound Screening
Study » (SURUSS): sensibilité de 87 % et spécificité 95 % [41].
Or, le seul dépistage officiellement reconnu en France repose sur la biochimie du
2ème trimestre [43]. Cette intégration capitale de l’échographie du 1er trimestre et des
marqueurs sériques maternels attend une modification des textes de loi pour se généraliser.
Dépistage du 1er trimestre seul
De manière concomitante aux études sur le dépistage combiné au 2ème trimestre, des
recherches ont eu lieu sur le dépistage de la trisomie 21 au 1er trimestre de grossesse [50].
33
En France, l’étude Echo PAPP-A.78 montre qu’un dépistage combiné échographique
et biochimique au cours du 1er trimestre permet l’obtention d’un dépistage d’au moins
80 % des trisomies avant 14 SA révolues et ce, pour un taux de faux positifs inférieur
à 5 % [46].
Ce dépistage au cours du 1er trimestre connaît des limites:
► Au niveau technique, la technique de diagnostic prénatal au 1er trimestre de la grossesse
est la biopsie de trophoblaste ou choriocentèse. Elle entraîne un surplus de pertes fœtales par
rapport à l’amniocentèse hormis chez les équipes entraînées. Or, on constate que de nombreux
centres n'ont pas l'habitude de ce type de prélèvement ce qui expose à de nombreuses pertes
fœtales si cette technique était généralisée [44].
► Au niveau cytogénétique, la technique pour obtenir un diagnostic est plus complexe à
partir de la biopsie qu'à partir de liquide amniotique.
► Au niveau biologique, on perd le dépistage des anomalies de fermeture du tube neural par
l'alpha Foeto Protéine.
► Au niveau éthique, on est amené à proposer à plus de couples un choix face à une IVG du
fait que plus de trisomie 21 sont dépistées qu'au 1er trimestre. En effet, 35 à 50 % des
grossesses dont les fœtus sont atteints de trisomie 21 s'arrêtent spontanément entre le 1er et le
2ème trimestre [16].
S’il faut modifier la stratégie actuelle de dépistage, et au vu des études sus-
mentionnées, on peut se demander quelle attitude sera donc adoptée au niveau national :
dépistage combiné du 1er ou du 2ème trimestre? En réalité, il apparaît que puisse être adoptée
une stratégie de dépistage combiné, échographique et biochimique, incluant 1er et
2ème trimestre.
Dépistage du 1er trimestre associé au dépistage du 2ème trimestre
La stratégie associant mesure de l'épaisseur de la clarté nucale, mesure de la PAPP-A
à 10 SA et les MSM du 2ème trimestre habituels, permettrait d'atteindre une sensibilité de 92 %
pour un taux de faux positif de 5 % et si l'on préfère opter pour des pertes fœtales minimales,
cette stratégie peut permettre d'avoir une sensibilité de 85 % pour un taux de faux positifs
de 1,2 % [41].
34
La décision de modification de la stratégie actuelle de dépistage prénatal de la
trisomie 21 appartient à l’instance nationale gérant le dépistage prénatal, c’est-à-dire l'Agence
de la Biomédecine.
Dépistage par l'ADN fœtal intracellulaire ou circulant dans le sang maternel
Un tout autre aspect du futur serait le dépistage de la trisomie 21 par l'analyse de
l'ADN fœtal intracellulaire ou circulant. Ces différentes méthodes de dépistage auraient
l'avantage d'être non invasives. Elles nécessitent cependant encore de nombreux
développements avant de pouvoir être appliquée au dépistage prénatal.
Au niveau de l'ADN fœtal intracellulaire, il n'y a pas actuellement d'utilisation
pratique des recherches. On se trouve confronté à deux problèmes. Le premier est d'origine
fondamentale: rien ne permet pour l'instant de déterminer si l'ADN fœtal inclus dans les
cellules maternelles est celui du fœtus actuel ou d’un fœtus de grossesses précédentes. Le
second est d'origine technique: l’analyse de cet ADN demande un travail qu'il n'est pas
possible d'envisager à grande échelle du fait de sa lourdeur technique.
Au niveau de l'ADN fœtal circulant, il est actuellement utilisable pour la détermination
du sexe pour le diagnostic prénatal des maladies liées à l'X (sensibilité et spécificité
de 100 %), mais non pour la trisomie 21. L'ADN fœtal est « dilué » par l'ADN libre circulant
maternel sans qu'on puisse l'isoler spécifiquement. On ne peut donc étudier que les séquences
géniques fœtales absentes ou différentes du génome maternel. Le diagnostic de la trisomie 21
n'est pas encore envisageable avec cette technique [51].
35
2.2.6 Polémiques
« L'objectif-même du dépistage de la trisomie 21 est contestable pour certains. » [24]
La stratégie de dépistage prénatal de la trisomie 21 peut être vue comme une dérive
du dépistage. On cite R Shojaiv: « Le diagnostic prénatal est un outils qui doit permettre de
prévoir un traitement à la naissance, d'améliorer l'accueil du nouveau-né en difficulté et
surtout de traiter et guérir des patients in utéro. Sa finalité n'est pas une interruption de
grossesse. Lorsqu'il détecte une affection "d'une particulière gravité", pour laquelle aucun
traitement n'est disponible "en l'état actuel des connaissances", les parents peuvent choisir de
recourir à une interruption médicale de grossesse. La trisomie 21 est actuellement la seule
pathologie à faire l'objet d'un dépistage de masse. Les stratégies de dépistage sont fondées sur
le fait que les parents ont la possibilité d'interrompre la vie d'une personne atteinte de cette
affection. L'impact de ce dépistage de masse s'est traduit par une diminution des naissances
des enfants trisomiques malgré l'élévation de l'âge des mères. Il semble que faute d'avoir su
soigner et prendre en charge les trisomiques 21, nous proposons plutôt de les
supprimer. » [15] Pour C Vassy, le groupe formé par les personnes ayant cette opinion,
représente un petit mais signifiant pourcentage [52].
La politique de dépistage de la trisomie 21 pose donc la question de l’eugénisme.
Le Pr E Papiernik, gynécologue-obstétricien à la maternité de Port-Royal à Paris,
ouvre la discussion : « Aujourd'hui notre société accepte ou même impose…une pratique de
l'eugénisme… Nous avons tous été soulagés dans les années soixante-dix quand une
technique nouvelle a permis de connaître in utero, entre 17 et 20 SA, l'anomalie
chromosomique du mongolisme. Nous avons tous été soulagés quand une technique nouvelle
d'échographie nous a permis de reconnaître la malformation congénitale majeure que
représentait l'anencéphalie. Dans les deux cas, notre société et nous-mêmes avons accepté de
prendre la responsabilité de décider d'une interruption thérapeutique de grossesse (…) Cela
signifie que la base éthique est nouvelle. Elle repose sur la prévention de la souffrance des
parents en face d'un enfant porteur d'une malformation majeure. Mais elle signifie aussi que
v R Shojai, dont il sera souvent fait référence dans ce travail, est gynécologue-obstétricien, pratiquant des interruptions de grossesse et des échographies au CHU-Nord de Marseille. Il vient de publier un article abordant la présentation du pronostic de la trisomie 21 en médecine prénatale. Il dit de son article que ce n'est pas « un plaidoyer pro-life », et qu'il tente simplement de jeter quelques pistes de réflexion sur le bien-fondé des pratiques actuelles de diagnostic prénatal [53].
36
nous avons accepté d'éliminer un être humain potentiel parce qu'il était différent. Nous avons
en réalité pris une décision eugénique. » [54]
JF Mattéi récuse cette accusation dans son rapport [55]. Les juristes consultés
affirment que l'extension prévisible du diagnostic prénatal éventuellement suivi d'interruption
de la grossesse ne constitue pas une pratique eugénique, si la décision en ces domaines est
laissée « à la responsabilité des personnes ». La dérive eugénique peut être évitée s'il ne s'agit
pas de l'organisation systématique de la sélection des enfants à naître, mais d'un choix
individuel possible pour chaque femme. « La moindre des exigences consiste alors en un
consentement libre, éclairé et exprès de la patiente après qu'elle ait été informée
correctement. » [56]
« Dans une société non eugéniste, nous devrions accepter que seulement 55 à 65 % des
femmes décident d'avorter un fœtus atteint. Le succès d'un programme de dépistage pour
anomalie congénitale ne devrait pas être trop étroitement défini. Il devrait prendre en compte
que 20 à 35 % de parents bien informés puissent ne pas choisir d'avorter. » [57] Le critère
d'évaluation cité par L Al-Jader par rapport aux politiques de dépistage prénatal amène à
douter de la qualité non eugénique du dépistage prénatal de la trisomie 21 en France.
D'autant plus que persistent de grandes questions éthiques.
« Notre société est-elle sur la voie d'une organisation collective d'une sélection opérée
avant la naissance? (…) Comment un tel dépistage ne pourrait-il pas renforcer l'attitude
générale de rejet que l'on peut constater dans notre société spécialement à l'égard de ceux
auxquels une anomalie confère une apparence d'étrangeté, comme c'est le cas pour la
trisomie 21? » [58] Pour éviter l'instauration de l'IVG des fœtus trisomiques comme une
norme sociale pouvant laisser croire au rejet des enfants trisomiques, JF Mattéi recommande
de développer la recherche sur la prévention et le soin des anomalies chromosomiques et aussi
de multiplier les structures d'accueil et de favoriser l'insertion dans la société des personnes
atteintes de ces anomalies [55].
Dans le résumé de son article, l'équipe dirigée par R Shojai exprime des doutes à ce
sujet. « Actuellement, il semble que le devenir du fœtus atteint de trisomie 21 soit en grande
partie influencé par l'orientation de notre société qui privilégie clairement le dépistage et
l'interruption de grossesse aux dépend de la recherche thérapeutique et la prise en charge des
enfants atteints. » [15]
37
Enfin, cette question de l'acceptation du handicap est soulevée par les personnes avec
un handicap interrogées par D Moyse et N Diederich [59]. D'après eux, les tests renforcent
l'idée que le handicap est une catastrophe. Ils dénoncent, non pas les individus qui ont recours
à l'avortement sélectif, mais plutôt le discours social, médiatique et médical qui tend à
légitimer la conviction suivant laquelle la seule solution permettant de « régler » les
difficultés des uns et des autres est l'élimination anténatale des futurs « handicapés ».
Un autre sujet de polémique est la iatrogénicité du dépistage de la trisomie 21.
L de Parscau présente le bilan suivant à propos du dépistage par les marqueurs
sériques uniquement. « Sur les 750 000 naissances annuelles, 1 100 cas de trisomie 21 dont
660 dépistés par les marqueurs sériques (60 %) et 440 non dépistés, avec
45 000 amniocentèses annuelles donc au moins 225 fausses-couches iatrogènes accidentelles
(0.5 à 1 % des amniocentèses). » [10]
« Et si l'on envisage le coût psychologique des faux positifs, on peut imaginer
44 340 femmes ayant été inquiétées à tort par des marqueurs sériques positifs. » [10]
38
2.3 Les marqueurs sériques maternels D'après les données de l'association ABA, 82 % des femmes enceintes de moins de 38
ans ont faits le test des marqueurs sériques, en 2002 [44 ].
2.3.1 Prescription des marqueurs sériques maternels
Quand?
L'arrêté du 11 février 1999 paru au Journal Officiel (JO) du 16 février 1999 affirme
que: « l'examen ne peut être pratiqué qu'au cours de la 15ème, 16ème, 17ème et 18ème semaine
d'aménorrhée » [60].
Les recommandations de l'HAS préconisent de réaliser les marqueurs sériques
maternels entre 14SA et 17SA+6j [33]. La feuille de prescription donnée par le laboratoire
Meyrieux donne ces mêmes dates limites.
Devant cette incohérence, des précisions ont été demandées au Dr Dingeon, membre
de l'association ABA. Il confirme les dates limites de prélèvement suivantes: de 14SA+0j
à 17SA+6j. Il explique cette incohérence entre le texte de loi et la pratique par l'apparition
d'une erreur lors de la rédaction de l'arrêté ministériel. Cette erreur, sans conséquence pour la
fiabilité du test, n'a jamais été corrigée.
Par qui?
Les prescripteurs du dépistage prénatal par les marqueurs sériques maternels sont des
médecins généralistes ou médecins gynécologues ou gynécologues-obstétriciens ou bien des
sages femmes. Aucune qualification précise n'est requise pour le prescripteur.
Le professionnel qui suit la grossesse, prescrit les marqueurs sériques. En Isère, la
place du médecin généraliste dans la surveillance de la grossesse a fait l'objet d'une thèse de
médecine générale en 2002. Le médecin généraliste y est considéré comme le référent au
1er trimestre de la grossesse dans 20 % des cas, mais uniquement dans 7,5 % des cas au
2ème trimestre [61]. Les MSM se prescrivant en début de 2ème trimestre, on peut se demander
quelle est la proportion de prescription émanant de médecins généralistes.
39
Quoi qu'il en soit, tout praticien lorsqu'il suit une grossesse, doit proposer le dépistage
de la trisomie 21 par les MSM. C'est une obligation de moyen existant depuis que les
indications de caryotype fœtal ont été élargies aux marqueurs sériques maternels.
Comment?
Il est précisé par la loi [62] qu'il faut joindre à la prescription des marqueurs sériques
maternels:
- l'attestation signée du médecin prescripteur. Cette attestation certifie qu'il a apporté à la
femme enceinte les informations définies à l'article R.162-16-7.
- une copie du consentement de la patiente. Ce consentement est recueilli sur un formulaire
conforme à un modèle fixé par arrêté du ministre chargé de la santé [2].
- les renseignements suivants:
- Date de naissance de la patiente,
- Meilleure estimation possible de l'âge gestationnel (datation à partir de la date de
dernières règles et datation échographique),
- Eventuellement d'autres données pouvant influer sur les valeurs des marqueurs,
notamment la notion de grossesse multiple [1].
2.3.2 Consultation de conseil génétique préalable
Un certain nombre de dispositions réglementaires encadrent la réalisation du dosage
des marqueurs sériques maternels en France. Une consultation médicale de conseil génétique
est rendue obligatoire par l'article R. 162-16-7 du code de la santé publique. Elle doit avoir
lieu avant le prélèvement des marqueurs sériques maternels [62].
Cette obligation a été rappelée dans la loi de bioéthique d'août 2004: tout acte en vue
d'un diagnostic prénatal « doit être précédé d'une consultation médicale adaptée à l'affection
recherchée » [29].
40
Contenu de la consultation
En France, les différents points-clés à abordés sont définis par la loi.
L'article R. 162-16-7 du code de la santé publique concerne l'obligation d'information
préalable à tout examen de cytogénétique ou de biologie destiné à établir un diagnostic
prénatal [62, 63]. Il oblige à aborder les points suivants lors de la consultation:
- l'évaluation du risque de maladie génétique de l'enfant à naître,
- l'information sur l'affection recherchée,
- l'information sur les prélèvements qui seront effectués: leurs risques et ce
qu'on peut attendre des résultats;
L’arrêté du 30 septembre 1997 donne le modèle du formulaire à utiliser pour recueillir
le consentement de la patiente à la réalisation du dosage des marqueurs sériques maternels [2].
Il décrit d'autres points importants à aborder avec la patiente pour que son consentement soit
éclairé: - Le but du prélèvement,
- La conséquence d'un résultat positif,
- La signification d'un résultat négatif.
En Angleterre, l'information indispensable à donner avant un test de dépistage prénatal
est défini, en 1993, par le Royal College of Obstetricians ans Gynaecologists (RCOG) [64]:
- Information sur la maladie depistée.
- Signification d’un résultat « risque bas ».
- Pourcentage de patientes à bas risque.
- Signification d’un résultat « risque élevé ».
- Pourcentage de patientes à haut risque.
- Risque de fausse-couche après le prélèvement offert aux patientes à haut risque.
- Pourcentage de patientes à haut risque qui auront un foetus trisomique.
- Dire qu’une interruption de grossesse est possible pour les patientes dont le test
diagnostique prouve que le foetus est trisomique.
Par ailleurs, il semble important que l'information sur le dépistage par les marqueurs sériques
maternels fasse prendre conscience de la situation impliquant des décisions successives [24],
et que le droit pour le couple d'accepter ou de refuser ce test soit clairement établi [33].
41
Qualités de l'information
L'information médicale préalable doit être intelligible, loyale et adaptée à la femme
enceinte [33]. Ces adjectifs reprennent ceux qualifiant l'information à donner à tout patient,
employés dans le code de déontologie: « loyale, claire et appropriée » [65]. Simplement, il
apparaît important ici que l'information soit adaptée à la femme enceinte, à son niveau
d'anxiété. Le Comité Consultatif National d'Ethique précise que cette information doit être
accompagnée d'un soutien psychologique [66].
Comme le dit M Dommergues: « La qualité de l'information est fondamentale. Le
dépistage des anomalies chromosomiques doit être expliqué avec tact, en particulier en ce qui
concerne la trisomie 21. En effet, certains couples considèrent que ce dépistage est sans
intérêt pour eux car ils n'envisagent pas une interruption de grossesse pour trisomie 21. A
l'opposé, d'autres parents pourraient considérer une absence d'information comme une perte
de chance. ».Il ajoute ensuite: « L'information doit donc être adaptée pour éviter de pousser
des parents à faire un diagnostic prénatal contre leur gré, et pour limiter l'anxiété induite par le
dépistage » [24].
42
2.4 Le devoir d'information. Dans un travail de l'Institut d'Etudes Politiques de Santé, il apparaît clairement que, de
manière générale, il existe une insuffisance d'information du patient. Alors que l'information
fait partie de la relation normale du médecin avec son malade, il est constaté que le premier
reproche que le patient fait au médecin est: « Il ne m'a rien dit ». Aujourd'hui, la demande
d'information des usagers est une réaction logique à l'encontre du corps médical qui ne sait
pas toujours répondre à ce besoin [67].
Depuis dix ans, le devoir du médecin et le droit du malade vis à vis de l'information sont
établis de manière formelle par de nombreux textes.
► En septembre 1995, la révision du code de déontologie a précisé, dans ses articles 35 et 36,
les devoirs du médecin en terme d'information et de recueil du consentement du patient [65]:
► En 1997, le conseil de l'Europe a proposé une « Convention européenne des droits de
l'homme et de la biomédecine ». Elle a été ratifiée en décembre 1999 [68].
► En mars 2000, l'Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES) a
publié des recommandations sur l'information du patient [69].
► Le 4 mars 2002, a été établie la loi 2002-303 du code de la santé publique. Elle a redéfini
les droits des patients en matière d'information [70]:
► En ce qui concerne la grossesse, l'HAS vient de publier en avril 2005 des
recommandations sur l'information des femmes enceintes [33].
2.4.1 Pourquoi informer?
Un consentement éclairé
Le code de déontologie rappelle la caractéristique contractuelle de la relation médecin-
patient. Or tout contrat implique le consentement des contractants. Donc, si la relation
médecin-malade est considérée comme un contrat, le consentement de la personne examinée
et soignée doit être recherché dans tous les cas [65]. Il en résulte l'obligation d'information.
L'ANAES explique le but principal de cette information: « L'information donnée par
le médecin au patient est destinée à l'éclairer sur son état de santé, à lui décrire la nature et le
déroulement des soins et à lui fournir les éléments lui permettant de prendre des décisions en
43
connaissance de cause, notamment d'accepter ou de refuser les actes à visées diagnostic et / ou
thérapeutique qui lui sont proposés. »[69]
Le conseil de l'Europe ainsi que l'état français, respectivement dans leur convention et
leur loi, expriment ce but, de manière inverse mais en gardant la même signification, dans la
phrase suivante: « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le
consentement libre et éclairé de la personne. » [68,70]
Le respect de l'autonomie du patient
L'obligation de consentement fait apparaître l'autonomie du patient dans sa relation
avec les professionnels de santé. Cela conduit les médecins à prendre en compte la volonté du
patient [68]. Elle replace médecin et patient dans une relation de confiance dont le partage
d'information est l'élément central [69]. Le consentement ne représente donc pas une fin en
soi mais la marque d'une relation de bonne qualité avec le patient: le médecin aide le patient à
réfléchir, lui apporte les explications qu'il souhaite, peut rectifier des erreurs d'appréciations,
et rappeler des données mal mémorisées. Ainsi, la relation médecin malade est avant tout la
relation de deux êtres, fondée sur l'expression de leur intelligence respective.
Si le consentement permet au patient de retrouver son autonomie, il lui permet aussi
d'être plus motivé dans sa prise en charge médicale, et de mieux adhérer à son propre
traitement. Le respect de ce droit du patient transforme celui-ci en acteur de son
traitement [67]. C'est ce qu'exprime l'article L. 1111-4 de la loi du 4 mars 2002: « Toute
personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des
préconisations qu'il lui fournit, les décisions concernant sa santé. » [70] Pour favoriser cette
prise de responsabilité conjointe, on retrouve à nouveau qu'il faut privilégier une relation
d'homme à homme, de personne à personne [67].
Cependant cela ne suffit pas pour que le consentement soit « libre ». D'après
O Dubois, spécialiste en déontologie médicale, la notion déterminante du libre choix du
patient est le degré d'empathie existant entre le patient et le médecin. L'empathie facilite le
dialogue et la compréhension entre deux êtres. Un médecin ne doit pas seulement posséder
compétence et savoir, il doit également savoir veiller au dialogue et à la compréhension, ce
qui nécessite une aptitude à la communication. Bien écouter la revendication, la plainte, la
demande d'une personne, permet de mieux y répondre, de mieux informer, d'obtenir un
« consentement véritablement éclairé » [67].
44
2.4.2 Qualités du consentement
« Le consentement doit être libre et éclairé. » [68,70] Ces adjectifs reprennent les
conditions indispensables pour respecter l'autonomie du patient.
Eclairé
La condition pour que le consentement soit éclairé est qu'il soit donné à la suite d'une
information objective du professionnel de santé responsable. Il est aussi nécessaire que soit
répondu de manière adéquate aux questions des patients [68].
Souvent, le consentement que donne le patient à son médecin est plus affectif
qu'éclairé. Ce n'est pas un « abandon inconditionnel », mais une confiance donnée par le
patient au médecin [67]. De son côté, le médecin, même s'il ne peut guère se passer de la
confiance de son patient, doit inviter au maximum celui-ci à prendre une décision pour lui-
même.
Libre
Pour consentir, il faut être libre. Mais, que signifie être libre pour un patient? Le choix
le dépasse: d'une part, la délibération est abstraite; d'autre part, le mal dont il souffre n'est pas
un objet; enfin, de nombreux imprévus et risques ne sont pas identifiés. Le malade est donc
« en situation de dépendance devant son médecin » [67]. Cependant la recherche de la liberté
du patient est une exigence éthique fondamentale pour le soignant. C'est pourquoi les
différents textes réglementaires détaillent ce principe par différentes sentences: « le malade a
le droit d'accepter ou de refuser ce que le médecin lui propose. » [65,68] « Le consentement
doit se faire en l'absence de pression. » [68]
La liberté du consentement implique aussi celle de pouvoir le retirer à tout moment et
la décision de l'intéressé doit alors être respectée après qu'il ait été pleinement informé des
conséquences de son refus, affirme la convention européenne [68]. En France, le conseil de
l'ordre des médecins conseille l'attitude suivante: « Si le malade, en état d'exprimer sa volonté,
refuse ce qui lui est proposé, le médecin ne doit pas se satisfaire d'un seul refus. Il doit
s'efforcer de convaincre le patient à lui apportant à nouveau toutes les précisions nécessaires,
en s'assurant qu'elles sont correctement comprises, et solliciter l'avis d'un consultant. » [71]
45
2.4.3 Quelle information donner?
Contenu de l'information à donner
On peut parler de double information devant les deux axes principaux à donner à
l'information. D'une part, il est recommandé d'informer de l'état du patient, son évolution
prévisible et les investigations et soins nécessités. D'autre part, la nature exacte et les
conséquences de la thérapeutique proposée ainsi que les alternatives thérapeutiques
éventuelles doivent aussi être abordée [67, 69].
Les renseignements fournis doivent être basés sur des connaissances établies [69]. Les
médecins doivent s'appuyer sur des informations fondées. Il ne peut exister d'information de
qualité qu'en recourant à des connaissances validées, et à des références médicales extérieures
à sa propre expérience médicale. On parle de médecine basée sur les preuves.
On ne se penchera pas ici sur les risques à indiquer: graves ou exceptionnels. Cette
nouvelle notion d'information sur tous les risques potentiels n'a pas fait l'objet de recherche
pour ce travail. Le risque dans le dépistage prénatal de la trisomie 21 se trouve
essentiellement représenté par le les fausses-couches secondaires à l'amniocentèse. Ce risque
est assez élevé et grave pour être exprimé à la patiente sans que cela ne pose de question.
Quant aux données chiffrées, certains auteurs prônent leur diffusion en se basant sur
des publications indiquant que les notions quantitatives sont mal exprimées et mal comprises
par un vocabulaire qualitatif [67]. Un médecin en santé publique se montre plus circonspect:
« Jusqu'où faut-il aller dans l'information, compte tenu du rôle du médecin et du message
d'espoir qu'il doit transmettre, les chiffres mal compris pouvant être anxiogènes ? » [67] On
peut reprendre l'exemple suivant d'un de ses collaborateurs: « une statistique telle qu'un taux
d'échec de 1 % ou d'un risque fatal de 0,3 % peut ne rien évoquer de concret pour le patient.
Mû par un raisonnement binaire, il n'y verra sans doute que la possibilité de mourir. » [67]
Quelles qu'elles soient, les informations délivrées aux cours d'une consultation
méritent d'être hiérarchisées [69] afin que celles susceptibles d'inquiéter le patient ne viennent
pas d'emblée gêner l'écoute des autres informations. Le médecin doit présenter les bénéfices
attendus des soins envisagés avant leurs inconvénients et risques éventuels.
46
Qualités de l'information à donner
Avec les trois termes suivants, l'HAS définit les qualités requises de l'information
donnée par le médecin:
► Une information loyale, c'est-à-dire une information honnête.
► Une information claire, c'est-à-dire une information intelligible, compréhensible.
► Une information appropriée, c'est-à-dire une information adaptée au patient [69].
O Dubois, expert en déontologie médicale, souhaite que soit ajouté à ces trois
qualificatifs, l'adjectif « progressif ». Cette proposition prend en considération la nécessité de
ne pas asséner trop brutalement l'information au patient, l'assimilation de l'information
requerrant un discours progressif du médecin, souvent distillé sur plusieurs rencontres [67].
Souvent les patients ne posent pas de questions lors du premier entretien, tant il leur
est difficile d'assimiler le message qui leur est transmis. Il faut leur laisser le temps de
formuler leurs questions. C'est pourquoi un second entretien paraît souhaitable [67].
Dans le même sens, I Durand-Zaleski pense que les patients qui bénéficient d'un temps
de réflexion et de préparation entre le moment de l'information et la prise de décision,
parviennent à un choix plus facilement [67].
2.4.4 Comment informer?
La communication est un art. Elle est à la base de l'acte médical. Différents moyens de
communication peuvent être utilisés pour faire passer une information. L'HAS rappelle la
primauté de l'information orale [69]. Les documents écrits d’information sont secondaires et
représentent un complément à l’information orale et un élément d'aide à la prise de décision.
L'information orale
Elle nécessite qu'on y consacre du temps et qu'on module son discours en fonction de
la situation du patient. Elle s'inscrit dans un climat relationnel alliant écoute et prise en
compte des attentes du patient [69].
Le discours médical, même s'il communique des données validées au patient, n'est pas
qu'un discours scientifique. Et, c'est ce qui en fait toute la difficulté: prendre la personne dans
47
son mal être peut être plus difficile que de répondre de manière technique à une demande qui
elle-même peut n'être que l'expression de ce malaise [67]. Et l'utilisation d'une « checklist »
des éléments importants à dire, même si cela permet au médecin de ne pas oublier d'indication
cruciale, ne doit pas réduire l'information en une énumération de points importants, rappelle
I Durand Zaleski [67].
Enfin au cours de la démarche d'information, l'HAS insiste sur le fait que le médecin
doit s'assurer que le patient ait compris l'information qui lui a été donnée [69].
Les écrits d'information
L'information écrite: complément de l'information orale.
Aux yeux des patients, il est évident que l'écrit vient confirmer l'information orale et
qu'il est le souvenir indispensable de ce qui lui a été communiqué lors de la consultation [67].
Le patient peut ainsi se reporter dans un second temps aux informations écrites et en discuter
alors avec toute personne de son choix, notamment avec les professionnels qui lui dispensent
des soins [69]. D’avantage, le document écrit peut être plus complet que l'information donnée
de manière simplifiée par oral et ainsi préciser les données rapidement évoquées par le
médecin.
L'information écrite: élément d'aide à la décision.
Les documents écrits accompagnent le patient dans la compréhension du but et du
déroulement des soins et des examens, des interventions et des différentes étapes du
traitement. Leur utilisation dans une véritable stratégie cohérente de communication, facilite
la participation des patients à la prise de décision les concernant [72].
L'information écrite: ses limites.
Cependant, tout le monde n'est pas convaincu de l'efficacité des documents remis ainsi
en fin de consultation aux patients. G Brücker, médecin de santé publique n'est pas persuadé
que les documents remis au patient soient compréhensibles pour tout un chacun, et soient une
réelle aide au cheminement des patients, surtout lorsqu'ils ne parviennent pas à formuler leurs
questions et ne désirent pas se prendre en charge [67].
48
L'information écrite: où et quand?
On constate que, dans les lieux qui favorisent la réceptivité des patients, comme les
salles d'attente où les patients s'ennuient, les posters, brochures et questionnaires ouvrent la
voie à une bonne communication ultérieure [67].
Par ailleurs, ces documents contenant des informations en vue d'une prise de décision,
il convient de les donner le plus précocement par rapport au moment où sera définitivement
prise la décision [49].
2.4.5 Les difficultés d'informer
Un patient ne retient que 50 % de ce qu'on lui dit lors d'une consultation [73]; dans le
cadre du conseil génétique, S Michie annonce même 70 %! [80]. Ce constat peut trouver
différentes explications:
► La première est que l'inégalité fondamentale qui existe entre le médecin et son patient
rend l'intégration de l'information difficile pour ce dernier. Il est utopique d'escompter de la
part du patient une parfaite compréhension des données du problème qui le concerne. En
effet, c'est lui qui, en tant que malade, est directement concerné par sa souffrance, voire son
angoisse. De ce fait, en plus de l'asymétrie des connaissances, il existe une asymétrie de
situation [73].
► Ensuite, vient le manque de temps des professionnels. Ils ont du mal à se rendre
disponible pour écouter et informer leurs patients. Le temps est une contrainte pour les
médecins. C'est même une incitation financière négative en France car le mode de
rémunération ne permet pas de prendre en compte le temps passé à l'information.
► Enfin, le patient, parfois, ne désire pas être informé ou avoir à prendre des décisions
sur sa santé: il invoque implicitement le droit de ne pas savoir. « Le consentement et son
corollaire "le malade doit décider", semblent imposer l'obligation pour le malade de "savoir
pour ensuite décider", alors qu'il n'en a pas toujours véritablement le désir et peut être pas les
moyens. » [73]
Ces limites à l'information du patient devraient être prises en compte autant de
manière individuelle que de manière collective. Pour l'instant, aucune démarche visant à
trouver un mode de rémunération du temps passé à l'information n'a abouti, mais des conseils
pour favoriser une bonne information des patients continuent à être publiés [33, 72].
49
2.4.6 Cas particulier de l'information des femmes enceintes
Dans le cas des femmes enceintes, les récentes recommandations de l'HAS [33]
décrivent que:
Bien informer, c’est…
Consacrer du temps à l’information de la femme enceinte ou du couple.
Apporter une écoute attentive pour mieux prendre en compte les attentes de la femme
enceinte ou du couple, leur permettre de poser des questions et d’aborder les problèmes
rencontrés.
Délivrer une information orale fondée sur les données scientifiques actuelles et sur les droits
et la réglementation ; la compléter, si possible, avec des documents écrits fiables.
Utiliser un langage et / ou un support adaptés, en particulier avec les personnes ayant un
handicap sensoriel ou mental ou avec celles qui ne parlent ni ne lisent le français.
Proposer, si nécessaire, une consultation supplémentaire (notamment en début de grossesse),
si le volume et / ou la nature de l’information à donner le requièrent.
Fournir des informations écrites (à défaut, indiquer où en trouver), notamment sur la
surveillance médicale de la grossesse, la prévention des risques et l’offre de soins locale.
Assurer la continuité des soins par le partage des informations entre les différents
professionnels concernés et la femme ou le couple.
Informer clairement la femme de son droit d'accepter ou de refuser un examen de dépistage,
après lui avoir expliqué, avant sa réalisation, l'utilité, les bénéfices escomptés et les éventuels
inconvénients et conséquences de cet examen.
Favoriser une prise de décision éclairée, c'est…
Créer des conditions de dialogue permettant aux femmes de poser des questions et de discuter
de problèmes éventuels.
Consacrer du temps à la délivrance de l'information et de la disponibilité d'esprit.
Délivrer l'information, si nécessaire de manière progressive, en fonction du volume et / ou de
la nature des informations.
50
Accompagner la grossesse, c'est…
Avoir une attention particulière à toutes les situations de vulnérabilité pour le couple,
notamment lors de l'annonce d'un résultat anormal.
On retrouve dans ces recommandations les caractéristiques de toute information au
patient, avec la spécificité des problèmes potentiels inhérents à la grossesse.
2.4.7 Cas particulier de l'information dans le cadre du dépistage prénatal
Une information « non directive ».
Dans le cas du dépistage prénatal, les parents sont invités à prendre une décision. Il ne
peut être adoptée une attitude paternaliste car « informer de manière non directive est un but
en soit dans le cadre du conseil génétique » [74, 75, 76].
Selon un pédiatre américain, informer de manière non directive a un autre sens que
fournir des informations de manière neutre au patient. En effet, il invite à sortir de la
traditionnelle relation asymétrique médecin et malade, pour guider le patient vers sa propre
décision. Pour cela, il préconise de demander au patient son avis sur la question avant même
de l'informer, de le réassurer dans sa capacité à prendre une décision personnelle, et surtout de
lui laisser beaucoup la parole [77].
Une autre équipe américaine a recherché l'avis de 300 médecins assurant des
consultations de conseil génétique. Selon 63 % d'entre eux, pour ne pas être directif, il faut
présenter les différents choix possibles. Il faut aussi être objectif (selon 36 %), et donner une
place important aux valeurs du patient dans le choix (selon 45 %) [74].
L'information non directive a ses limites: la connotation du ton de la voix, d'attitudes
corporelles, et d'expressions utilisées; l'incapacité du patient à comprendre; et parfois, un
choix qui est évident pour les parents comme pour l'équipe médicale [74].
Un « choix informé »
Une équipe de recherche anglaise « Psychology end Genetics Research Group »,
composée entre autre de S Michie, E Dormandy, et TM Marteau a beaucoup publié sur
l'information des parents dans le cadre du dépistage prénatal [78, 79, 80, 81, 82].
51
Elle a montré, entre autres, que:
► La connaissance est un faible déterminant de recours au dépistage: c'est un pré-requis
pour faire un choix informé mais ce n'est pas suffisant.
► Le « choix informé » requiert d'être le reflet des valeurs du couple et de son
engagement à la cohérence de leur attitude au cours du test.
► L'attitude initiale, c'est-à-dire avant toute information médicale, à propos du dépistage
a une forte valeur prédictive de recours ou non au dépistage. Elle démontre aussi
l'indépendance des variables « attitude » et « niveau de connaissance ».
Elle conclue que le niveau de connaissance ne semble pas influencer le choix des
parents mais leurs réactions psychologiques à la réception des résultats [79]. L'information
garde son importance, mais il semble nécessaire de veiller à ce que les parents fassent un
choix en accord avec leurs valeurs.
Un consentement « mutuellement éclairé »
« Parler du consentement en périnatalité semble poser d'emblée la question de la
relation entre le sujet supposé savoir le "médecin" et un sujet supposé ignorer "la future mère,
le futur père". La pratique quotidienne des praticiens engagés dans cette relation témoigne
d'une complexité bien autre: le "comment dire" l'emporte sur le "dire". La qualité de la
relation l'emporte sur le contenu du message d'information. (…) Il s'agit d'une casuistique,
d'une rencontre unique, dans laquelle l'expérience clinique, l'humanisme et l'écoute du
soignant sont déterminants. Informer n'est pas asséner un discours unilatéral, c'est aussi
accepter d'être "informé" par l'autre, le soigné. Il s'agirait alors d'un véritable "consentement
mutuellement éclairé". » [73]
Cette expression, employée par le Dr Luc Gourand échographiste, lors d'une journée
de réflexion d'éthique clinique de l'hôpital parisien Saint-Vincent-de-Paul, montre que l'écueil
le plus fréquent en contexte prénatal est plutôt le déficit de paroles ou de communication, que
le déficit d'informations.
52
2.4.8 Elaborer un document écrit d’information
Travail sur le contenu
Le guide méthodologique de l'HAS sur l'élaboration d'un document d'information
donne des conseils pour écrire un document d'information [72]. Il indique qu'il faut identifier
les besoins et les attentes des patients, puis rechercher les données scientifiques et les
brochures existantes sur ce sujet.
Pour l’HAS: « Trois groupes d’acteurs interviennent dans l’élaboration d’un document
à l’usage des patients et des usagers : le "promoteur", le "comité d’organisation" et le "groupe
de travail". Les patients et les usagers sont représentés dans le comité d’organisation et le
groupe de travail et participent à toutes les étapes de la conception du document écrit
d’information. »
Le « promoteur » est celui qui initie le travail et forme les équipes.
Les fonctions conférées par l'HAS au « comité d'organisation » sont en autres de
« définir la stratégie de recherche bibliographique, de prévoir de réaliser des enquêtes
préalables afin d'identifier les besoins et attentes des patients et des usagers, et de définir les
thèmes indispensables à aborder, message principal et points clés du document ».
Le « groupe de travail » a pour mission première de: « Cibler le niveau d’information
essentiel en excluant le détail, à partir de l’analyse de la littérature et de l’exploitation des
enquêtes et entretiens avec les patients ou usagers. Lister, hiérarchiser l’information et établir
des priorités parmi les éléments de contenu, si ceux-ci sont trop nombreux. »
L'HAS préconise d'avoir des objectifs clairs et ciblés en terme de contenu avant
d'élaborer un document écrit d’information. Il s’agit de:
- Sélectionner le ou les messages essentiels ou points clés ;
- Identifier les informations secondaires indispensables à ajouter ;
- Définir la structure du document en élaborant un plan et estimant le volume de
texte pour chaque partie
53
Travail sur la formulation
L'HAS délivre dans son guide de précieux conseils de rédaction pour ce qui est de la
sémantique, la syntaxe et la structure du texte.
► Au niveau de la sémantique, elle invite à:
Utiliser un langage simple, précis et clair: pas de jargon, pas de synonymes, pas de
mots abstraits ou complexes.
Utiliser au maximum la voie active, avec un ton personnel pour inviter le lecteur à
s'impliquer, et un ton impersonnel pour présenter les complications et aspects négatifs.
Impliquer le patient en utilisant la forme directe du « nous » et du « vous », et en
activant ses connaissances préalables telle que « vous savez déjà que… ».
► Au niveau de la syntaxe, elle invite à:
Utiliser des phrases courtes et claires pour obtenir un texte percutant et clair.
Eviter les tournures de phrases négatives.
Utiliser la structure habituelle de la phrase (sujet-verbe-objet) pour une information
plus compréhensible et plus assimilable.
Formuler les phrases pour éviter toute ambiguïté de sens.
► Au niveau de la structure du texte, elle invite à:
Choisir un titre clair et court qui interpelle directement le patient. Il peut être
informatif ou incitatif avec si nécessaire un sous-titre explicite pour aider le lecteur à
anticiper le contenu.
Limiter le nombre de messages: un message essentiel et 3 à 5 points clés.
Insérer un système de hiérarchisation des informations ou de découpage du texte qui
facilite l'appropriation des messages.
Placer une phrase clé au début de chaque section pour inciter à la lecture.
Organiser le texte pour aider le lecteur à:
-aller du général au particulier,
- repérer les définitions et les identifier comme telles,
- comprendre les liens logiques entre les différentes informations,
- identifier une invitation, un conseil.
54
3 Problématique de recherche.
3.1 Elaboration d'un document d'information
3.1.1 Contexte: un manque d'information
Depuis dix ans, de nombreuses études européennes ont étudié la qualité de
l'information délivrée dans le cadre du dépistage prénatal de la trisomie 21.
TM Marteau a fait un état des lieux général en 1995. Dans sa revue de la littérature,
elle constate qu'il existe un mauvais niveau de compréhension des femmes, notamment sur la
fiabilité du test. Pour M Sadler, médecin en santé publique en Angleterre, il est rare que les
femmes aient compris le but des différents tests, leur fiabilité, la signification et les
conséquences d'un résultat positif et d'un résultat négatif, avant de donner leur consentement,
Une autre étude souligne, en plus, les faibles connaissances des femmes enceintes sur la
maladie dépistée [83].
A la recherche d'une explication, M Sadler a étudié ce que savaient les médecins sur les
marqueurs sériques maternels. Il constate que si les médecins savent comment prescrire le test
et l'utiliser, eux aussi en connaissent mal la fiabilité [84]. Par ailleurs, les professionnels de
santé sous-estiment le besoin d'information des patients et leur capacité de
compréhension. [78] Enfin, l'explication du test est d'autant plus difficile à faire comprendre
que les femmes sont jeunes ou ont un bas niveau d'éducation [4, 57, 83].
Au Royaume-Uni, l'analyse de la qualité de l'information s'est poursuivie. J Murray et
LD Bryant, additionnant leurs spécialités respectives en médecine de la reproduction et en
psychologie, ont effectué une analyse du contenu de 80 plaquettes utilisées pour informer les
femmes sur les marqueurs sériques. Ces documents sont très souvent incomplets [64] et
décrivent la trisomie 21 de manière négative [8]. A la suite de ces deux études, un document
national d'information a été élaboré [9].
En France, après la généralisation du dosage des marqueurs sériques maternels, des
équipes se sont penchées sur la qualité de l'information donnée aux femmes.
55
La première étude a eu lieu en Picardie en 1997, menée par J Gekas [4]. Elle montre
aussi que l'information des femmes est insuffisante. 67 % des femmes interrogées n'avaient
pas intégré la possibilité d'un faux négatif, 40 % n'était pas au courant du risque de fausse
couche secondaire à l'amniocentèse, et 40 % croyait que les marqueurs sériques étaient
obligatoires dans le suivi de grossesse.
Les résultats d'une enquête initiée par le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité
en 1998, comparés à l'enquête faite l'année précédente en Picardie, montrent une convergence
des opinions exprimées en terme d'insatisfaction [3]. En effet, les femmes pensent que les
explications reçues à propos des MSM sont claires et suffisantes dans 60 % des cas, ce qui
signifie que 40 % des femmes s'estiment mal informées.
En 1999, une autre étude a été menée en région parisienne par une équipe de
l'INSERM, dirigée par C de Vigan, pour déterminer les connaissances des femmes concernant
les tests de dépistage de la trisomie 21: 70 % des femmes connaissent la signification d'un
résultat positif; dans celles qui ont fait l'amniocentèse, 20 % ne savent pas qu'il existe des
risques de fausse-couche, et 40 % disent ne pas avoir été informées sur la possibilité d'une
IVG pour raison médicale en cas de diagnostic prénatal de trisomie 21 [49].
Ces travaux de recherche ayant eu lieu juste après la généralisation du dépistage, on
peut imaginer que cela explique leurs résultats. En fait, R Favre, chef de service du Centre
Médico-Chirurgical et Obstétrical (CMCO) du SIHCUvi de Strasbourg, prouve que la
situation n'a pas changé en Alsace. Ses résultats, en 2003, sont les suivants : 30 % des femmes
pensent que les MSM sont obligatoires dans le suivi de la grossesse, 40 % croient qu'un
chiffre inférieur à 1 / 600 est significatif de l'absence de trisomie 21, c'est-à-dire qu'elles
n'envisagent pas un faux négatif [6]. Il conclut ainsi : « A la question : " Le niveau de
l'information médicale sur les conséquences du dépistage est-il pertinent? ", la réponse est
clairement "NON ". »
L'insatisfaction des femmes en matière d'information ainsi que leurs difficultés de
compréhension du résultat du test de dépistage pointent la nécessité d'améliorer et d'adapter
les explications fournies par les professionnels de santé [3]. V Seror pose la question du
« Comment? » [24]. La documentation écrite contribue à augmenter le niveau d'information
des patients. Cela a été démontré dans le cadre du dépistage prénatal [83, 85]. Ces
vi Syndicat InterHospitalier de la Communauté Urbaine
56
constatations et l'absence de document écrit d'information pour les patientes à propos des
MSM en France, invitent à faire une proposition concrète pour combler ce manque.
C'est ce qu'exprime les experts de l'INSERM: « En combinant les données sur le
manque d'information et de compréhension, qui est fréquemment observé, ainsi que les
observations sur l'induction de sentiments d'anxiété – au moins temporairement – on peut
argumenter que le développement d'une approche adaptée de conseil professionnel et
l'élaboration de brochures compréhensibles et accessibles au grand public – avec une
information équilibrée – destinées à être intégrées dans le conseil, doivent précéder et
accompagner chaque initiative de dépistage. C'est une condition essentielle pour garantir un
effet psychologique positif de l'offre de dépistage à la population des femmes enceintes et aux
futurs parents. » [24]
3.1.2 Réflexion sur un document d'information
Le guide de l'HAS invite à faire figurer dans les documents d'information un maximum
de réponses aux questions que se posent habituellement les patients. Il donne une liste
indicative des interrogations-types habitant fréquemment les patients. La transposition de ces
interrogations, à la situation des femmes devant une proposition de dépistage prénatal par les
MSM, donne la liste suivante: Qu'est-ce que la trisomie 21? Pourquoi me propose-t-on un test
de dépistage? Suis-je la seule dans ce cas? Que peut-on attendre des résultats de ce test?
Existe-il des risques à le faire? Que me propose-t-on si le résultat est anormal? Où puis-je
trouver des informations complémentaires?
Les diverses études qui ont analysé la compréhension du dépistage de la trisomie 21 par
les MSM donnent aussi des éléments d'orientation sur le contenu d'un éventuel document
d'information sur ce sujet.
Dans une étude finlandaise menée par P Santalahti, on constate qu'un tiers des femmes
demandent à recevoir plus d'information notamment sur la maladie dépistée, et sur les
caractéristiques techniques du test [86]. Dans les articles précédemment cités de V Seror et
S Aymé, sont rapportés des commentaires de femmes permettant d'identifier ce même désir
57
d'information sur la maladie dépistée et, par ailleurs, leur désir de compréhension de la
fiabilité du test [3, 5].
On a déjà noté qu'il existe un manque de connaissance de la part des femmes de la
fiabilité du test et donc de la signification des résultats [4, 6, 83,]. On peut imaginer que
l'information à transmettre par écrit soit une aide pour combler ces lacunes et décrive, outre la
fiabilité du test, la signification de chacun des résultats possibles.
Enfin, P Santalahti rapporte que quelques femmes désireraient qu'on les invite à
réfléchir plus en profondeur. Elles aimeraient que leur soit proposé une rencontre avec un tiers
non médical afin de les aider à découvrir quel est leur choix personnel profond, afin de ne pas
se retrouver seules devant un choix présenté essentiellement sur le versant technique [86].
Dans le même registre, S Michie dit que ce ne sont pas des faits, des chiffres, que cherchent
les patients mais la sagesse [80]. On retient donc le désir d'une invitation à la réflexion
personnelle et en profondeur de la part des patientes.
J Murray base entre autres sont analyse des plaquettes d'information sur la présence de
quatre points importants pour les consommateurs: le taux de dépistage positif, le délai
d'attente des résultats, la manière dont ils leur seront communiqués et le taux de fausse couche
secondaire à l'amniocentèse [64].
Enfin, si l'on regarde les annexes du guide de l'HAS, on trouve un plan-type pour les
supports écrits d'explication des tests de dépistage. On y trouve la majorité des différents
éléments retranscrits ci-dessus. Il est décrit que, dans le contexte du dépistage, il est
recommandé d'aborder les points suivants: la maladie dépistée, sa fréquence et sa gravité,
décrire le test de dépistage, décrire les résultats qu'on peut attendre du dépistage, les suites
d'un éventuel résultats anormal, et enfin expliquer où le patient peut trouver des informations
complémentaires [72].
Cette réflexion, basée sur la récente publication de l'HAS et quelques articles
scientifiques, permet d'approcher les attentes des patientes en terme d'information écrite sur
les MSM. Elle n'est cependant qu'une approximation de l'attente des patientes. En effet,
S Michie relève le fait que les études manquent pour savoir qu'elle est l'information
considérée comme importante par les patientes [80].
58
3.2 Analyse des documents d'information préexistants
3.2.1 Origine de ces documents
Les documents recueillis suite à des discussions sur les MSM avec des professionnels
ou avec des femmes sont les suivants:
► Une plaquette élaborée en 1996 diffusée par l'INSERM au niveau national (annexe 2).
► Un document polycopié élaboré par le laboratoire de biochimie de Chambéry lors de
l'introduction du dépistage par les marqueurs sériques (annexe 3).
► Un document écrit par un gynécologue-obstétricien installé en ville (annexe 4).
Une recherche sur internet, à partir du moteur de recherche « Google » et avec les
mots-clés suivant: « trisomie 21 + dépistage + information », a permis de trouver deux
documents:
- le premier a été élaboré par une association de médecins généralistes parisiens [87],
- l'autre a été écrit par un gynécologue, le Dr G Sournies, pour le site Gyneweb [88].
Enfin, les documents de prescription des MSM élaborés par des laboratoires agréés
suivants ont été recueillis:
● Département de Biologie Intégrée du Centre Hospitalier Universitaire (CHU)
de Grenoble (annexe 1),
● Service de Biochimie du Centre Hospitalier de Chambéry,
● Laboratoire Marcel Meyrieux et Laboratoire LCL,
● Laboratoire de Pathologie et Biologie Médicale H. Dupoizat à Saint-Etienne.
59
3.2.2 Analyse des points clés abordés dans les différents documents
A partir des recommandations française et anglaise, une liste des informations à
transmettre dans le cadre du dépistage prénatal de la trisomie 21 a été dressée. Ensuite, on a
cherché dans les différents documents, si ces éléments y figuraient. Le tableau 4 est un
récapitulatif de cette recherche. Il permet la comparaison du contenu des différentes
plaquettes.
Tableau 4: description comparative du contenu des différents documents d'information.
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Mot « mongolisme » − + − + − + Fréquence (+ / - fonction de l'âge) − + + − − − Etiologie cytogénétique + + + + + − −► 5 + Gravité de l'atteinte + + − − + −
Item
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tris
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21
Conséquences socio-familiales − − − − − − −► 6 - Différencier dépistage / diagnostic + + + − + + −► 5 + Pourquoi ce dépistage + + − + + − Dates de la prise de sang + + + + + + −► 6 + Dépistage échographique − − + + − − Signification d'un résultat positif + + + + + + −► 6 + Existence de faux positifs − − + − − − Risque de trisomie 21 si les marqueurs sériques sont positifs + + − − + −
Risques de l'amniocentèse + + + + + − −► 5 + Déroulement de l'amniocentèse + − + + − − Proposition d'IVG en cas de diagnostic de trisomie 21 + − − + + −
Signification résultat négatif + − + + − + Sensibilité + + + − + + −► 5 + Test non obligatoire − − − − − − −► 6 - Ite
ms
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la tr
isom
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1
Consentement éclairé demandé + − − + + + 13 + 11 + 11 + 11 + 11 + 7 +
60
► En ce qui concerne les informations données par les plaquettes sur la maladie dépistée
c'est-à-dire la trisomie 21, sa fréquence et sa gravité, on observe que son étiologie
cytogénétique est systématiquement expliquée, mais que les conséquences socio-familiales ne
sont, de leur côté, jamais abordées. Quant à la gravité de l'atteinte, elle est présentée dans la
moitié des cas. A chaque fois, ce sont les termes « c'est la cause la plus fréquente de retard
mental » qui décrit la trisomie 21. Il est ensuite parlé de malformation: « c'est la cause la plus
fréquente des malformations congénitales », « la moitié des enfants atteints de trisomie sont
également porteurs de malformations ».
► Pour ce qui est de l'information donnée sur le test de dépistage par les marqueurs
sériques maternels, toutes les plaquettes ne sont pas complètes.
La signification d'un résultat positif est toujours expliquée, du fait de l'amniocentèse
secondaire. Ce n'est pas le cas de la signification d'un résultat négatif qui est omise dans 2 des
5 documents. Les limites de la fiabilité de ces résultats ne sont pas non plus précisées de
manière systématique: le taux de faux positifs n'est indiquée qu'une fois, la sensibilité est une
donnée chiffrée très fréquemment mentionnée (4 fois sur 5).
L'amniocentèse et ses risques sont toujours mentionnés, alors que son déroulement
n'est pas toujours précisé. Ses risques ne sont pas forcément exprimés que sous la forme d'un
pourcentage; on note aussi que ce pourcentage de fausse-couche est variable en fonction des
auteur: « cet examen présente un très léger risque d'avortement », « c'est un examen qui peut
être suivi de fausse-couche (environ 1 fois sur 100) », « c'est un examen un peu risqué: il peut
déclencher des contractions, ou dans de très rares cas entraîner un avortement », « c'est un
examen qui n'est pas dénué de risque car il peut être suivi de fausse-couche (dans notre
série 0,52 %) », « le risque de fausse couche provoqué par l'amniocentèse est de 0,5 % ».
Cette dernière manière d'exprimer le risque vient du document écrit par un gynécologue-
obstétricien installé en ville. C'est la formulation qui semble la plus neutre. On a vu que le
risque de fausse-couche secondaire à l'amniocentèse est plutôt de l'ordre de 1 % (cf page 30).
Le risque pour l'enfant d'être atteint de trisomie en cas de MSM positif n'est lui pas
toujours exprimé. Seules 3 des plaquettes rassurent ainsi les femmes: « heureusement
dans 98 % des cas le résultat du caryotype fœtal sera normal », « une amniocentèse est
proposée pour s'assurer que le fœtus a un caryotype normal ». Cette dernière phrase est
61
retrouvée deux fois mais avec des valeurs différentes: 95 % ou 98 % . Là encore, ce risque est
estimée entre 97 et 99 % dans la littérature. (cf page 30)
La possibilité d'un diagnostic prénatal débouchant éventuellement sur une proposition
d'IVG pour raison médicale est exprimée dans 3 plaquettes sur 5. « Si le fœtus a une
trisomie 21, une interruption médicale de grossesse peut être réalisée si les parents le
souhaitent. » « La découverte d'une trisomie 21 est faite à un moment où la maman a le choix
d'interrompre sa grossesse si elle ne souhaite pas accoucher d'un enfant malformé. » La
deuxième phrase rapportée est mal formulée car elle sous-entend qu'il y a un moment où la
femme n'a plus la possibilité d'avorter même en cas de trisomie 21, ce qui n'est pas le cas. La
première formulation est simple et neutre.
Enfin, au niveau pratique, les dates du prélèvement des MSM sont toujours
mentionnées.
► Pour ce qui est de l'aspect facultatif du test, aucun écrit ne dit explicitement que ce test
n'est pas un examen obligatoire.
Cet aspect est exprimé implicitement dans les documents: « toute femme peut
demander ce test », « c'est à vous de décider ce qui est le mieux pour vous ».
Dans les deux documents trouvés sur internet, il est consacré beaucoup de place pour
expliquer à la femme qu'elle a un choix à faire: « Dans cette affaire un peu délicate, vous êtes
le partenaire de votre médecin. N'hésitez pas à en discuter avec lui et à prendre une décision
en toute connaissance de cause. Il vous sera demandé de signer un document attestant que
vous avez bien compris tout l'enjeu de cet examen. » « Comment vous faire une opinion de ce
qui est le mieux pour vous? D'abord, en réalisant les conséquences de la pratique de ce test de
dépistage. Il est capital de bien admettre que c'est à vous de décider ce qui est le mieux pour
vous. »
Les feuilles ne laboratoires ne sont pas plus claires sur l'aspect facultatif du test. Le
choix de faire ou ne pas faire le test est exprimé, là encore, de manière implicite par
l'expression: « je consens… ».
62
3.2.3 Analyse de deux documents
Les feuilles de prescription provenant des laboratoires agréés étant des documents
obligatoirement donnés à la femme, il semble important de regarder les informations qu'elles
contiennent. Le document délivré par le laboratoire du Centre CHU de Grenoble est joint en
annexe 1.
Les feuilles de prescription des laboratoires s'organisent toutes en trois parties: une
pour les détails techniques (Nom, prénom, date de naissance de la patiente, poids, tabagisme,
nombre de fœtus, datation de la grossesse), une autre pour recueillir la signature du médecin
certifiant qu'il a bien informé la patiente selon l'article R. 162-16-7 du code de la santé
publique, et une troisième pour recueillir le consentement éclairé de la patiente. Le texte de
cette troisième partie est conforme au modèle fixé par le ministre chargé de la santé [2]. Il
informe sur les MSM.
Si on regarde le tableau 4 (page 58), on s'aperçoit que le texte du décret, inséré dans le
document, est incomplet. Il donne les informations les plus importantes: il explique la
signification des résultats, et leurs limites; mais ne décrit pas ce qui est proposé en cas de
diagnostic prénatal de trisomie 21 et ne parle de la trisomie 21 que par le terme de
« mongolisme ». Enfin, les informations intéressantes pour la femme sont parasitées par des
informations qui paraissent sans intérêt pour elle: il lui suffit de savoir que le dépistage se fait
par une prise de sang, il n'est pas utile pour elle de savoir combien de marqueurs sont dosés,
ni quel laboratoire effectuera ce dosage.
Même si ce travail porte sur le contenu des documents d'information, une remarque
s'impose quant à la forme donnée à l'information. En ce qui concerne les feuilles de
laboratoire, dans 3 cas sur 5, le texte d'information au bas duquel la femme appose sa
signature, se trouve écrit dans un encadré de petite taille. La lecture en est difficile. Un rapide
regard porté sur les feuilles de prescription des deux autres laboratoires suffit pour se rendre
compte que le simple fait de consacrer à ce texte législatif la totalité d'un format A4 permet de
le rendre plus lisible. Il semble donc important de laisser de l'espace à cette information.
63
Il est ensuite apparu important d'analyser la qualité de la plaquette diffusée par
l'INSERM (annexe 2). Le tableau récapitulatif montre que l'information transmise est
quasiment complète. Les éléments importants qui ne sont pas abordés sont la possibilité de
faux positifs, l'existence d'un dépistage complémentaire échographique et le caractère
facultatif du test.
La trisomie 21 est l'objet d'une courte présentation. Le mot « mongolisme » ne figure
pas. Le contenu des informations données sur la trisomie 21 revêt une tonalité négative.
Même la phrase « leur espérance de vie est maintenant de plus de 50 ans » peut ne pas être
ressentie comme totalement positive, car une des craintes des parents d'enfants handicapés est
leur devenir à leur mort.
L'explication du but du dépistage et des personnes cibles n'est pas très claire. Il est
annoncé au départ que « la moitié des enfants trisomiques 21 naissent de femmes jeunes »
sans que cette information soit suivie de l'intérêt des marqueurs sériques en particulier pour
les femmes jeunes.
Les points-clés sont bien présents mais ne sont pas présentés d'une manière didactique.
L'amniocentèse est présentée avant que ne soient évoqués les marqueurs sériques maternels.
Au lieu d'expliquer à la femme le but, les résultats possibles et les conséquences de ce test,
cette plaquette donne l'impression de chercher à expliquer comment on en est venu à proposer
un dépistage de masse pour sélectionner les femmes à qui sera proposé l'amniocentèse. Cette
organisation des informations peut être à l'origine de difficulté de compréhension des femmes
concernant le déroulement du dépistage.
Deux phrases ont une signification inadaptée:
► « Ce test vous permet donc de prendre une décision sur la nécessité ou non d'avoir une
amniocentèse. »
Il apparaît à l'auteur que ce n'est pas la femme qui décide ou non d'avoir une
amniocentèse. Le médecin prescrit cet examen s'il en a l'indication. Cette phrase trouve peut-
64
être historiquement sa justification dans le recours intempestif à l'amniocentèse des femmes
considérés à bas risque ayant les moyens de la payer.
La formulation semble mettre la femme dans l'erreur à un autre niveau. Elle présente
les résultats des MSM comme un élément de choix pour recourir ou non à l'amniocentèse. Or,
rester libre de ne pas faire l’amniocentèse, lorsque le test est positif, paraît difficile: d'une part,
parce que les parents se trouvent dans une situation d'incertitude les mettant dans un profond
désarroi et que l'amniocentèse apporte une réponse technique à cette inquiétude; d'autre part,
parce que les parents mettent « le pied dans la porte » du dépistage de la trisomie 21 avec les
MSM, et peuvent ne pas se sentir libres devant la proposition d'amniocentèse. « L'exigence
inconsciente d'uniformité dans nos comportements » explique comment seules quelques rares
personnes osent poser des actes contradictoires, dans le cas ici présent: refuser le test
diagnostique après avoir accepter le test de dépistage [89].
► « Toute femme qui souhaite savoir précisément quel est son risque d'attendre un enfant
trisomique 21 peut demander le test. »
Le mot « précisément » choque dans le cas de ce dépistage dont la sensibilité et la
spécificité sont vecteurs respectivement de faux négatifs et de faux positifs. Il confère un
caractère de certitude à ces résultats. Il n'en favorise donc pas une bonne compréhension.
Il faut reconnaître cependant des qualités de contenu à ce document. Sa qualité ne tient
pas seulement au fait que la majorité des éléments importants pour la femme y sont exprimés,
elle tient aussi au ton rassurant, positif et à la simplicité des phrases employées.
Ce travail préliminaire permet de constater que les documents d'information sur les
MSM en France sont perfectibles.
65
4 Matériel et Méthode
4.1 Description de l'étude L'objectif principal de l'étude était d'élaborer un document d'information pour les
femmes enceintes sur les marqueurs sériques maternels de trisomie 21.
A cette fin, une enquête téléphonique de 30 minutes a été réalisée auprès de
26 médecins généralistes maîtres de stage de l'Isère, du 15 septembre au 07 octobre 2005.
Leur opinion sur le contenu du document destiné aux femmes a été recueillie à partir d'un
questionnaire semi-directif. L'analyse qualitative de leur opinion est venue s'intégrer dans la
démarche d'élaboration de ce document d'information, après l'analyse des besoins
d'information des femmes sur ce sujet et l'analyse des différents documents d'information
préexistants. La synthèse de toutes ces données réunies a permis de proposer un contenu qui
paraît consensuel pour ce document d'information sur les MSM destiné aux femmes
enceintes.
L’objectif secondaire était de faire le point sur les connaissances et la pratique des
médecins généralistes concernant les marqueurs sériques afin de déterminer leurs besoins en
termes de formation et d’information.
4.2 Caractéristiques de la population
4.2.1 Taille de l'échantillon
26 médecins ont été interrogés. L'objectif qualitatif du travail demandait de recueillir
des données intéressantes, c'est-à-dire porteuses de sens et détaillées, afin d'appréhender au
mieux toute la complexité du sujet.
4.2.2 Critères de sélection
1 / Etre maître de stage dans l'Isère.
Les personnes interrogées sont des médecins généralistes dont le nom figure dans
l'annuaire des médecins généralistes adhérents au Collège National des Généralistes
66
Enseignants (CNGE) sur la subdivision de Grenoble (n = 82). Ces médecins reçoivent, en
stage dans leur cabinet, des internes de médecine générale. Ils exercent dans l'Isère.
2 / Avoir donné son accord pour participer à cette enquête téléphonique.
4.2.3 Critères d'exclusion
Etaient exclus les médecins généralistes prescrivant moins de 2 fois par an les MSM
ou refusant de participer à l'enquête téléphonique (n = 42).
Secondairement, ont été exclus les médecins avec lesquels il s'est avéré impossible de
se fixer un entretien téléphonique malgré leur accord initial (n = 8).
4.2.4 Mode de sélection de l’échantillon
L'échantillon de médecins a été individualisé à partir de l'annuaire des adhérents
au CNGE, fourni par le Dr C Fouillard, président de l'association locale des médecins
généralistes enseignants. La figure suivante décrit les étapes suivies.
82 médecins généralistes maîtres de stage dans l’Isère
48 joints par courrier électronique et rappelés par téléphone en l’absence de réponse
28 joints par téléphone
6 non joints
26 NON
22 OUI
12 OUI
16 NON
34 réponses positives
8 rendez-vous manqués
26 enquêtes téléphoniques réalisées
67
La longueur de l'enquête téléphonique a effrayé 4 médecins généralistes. Ils étaient
d'accord pour répondre à l'enquête mais uniquement par écrit. 4 questionnaires ont donc été
envoyés par la poste. 1 des médecins remplissait le critère d'exclusion et n'a donc pas été
inclus. 2 questionnaires sont revenus après la date d'analyse des résultats, ils sont compris
dans les 8 médecins avec lesquels aucun rendez-vous téléphonique n'a pu aboutir. Un seul
questionnaire envoyé est arrivé à temps pour pouvoir être utilisé. Il fait partie des
26 questionnaires analysés. Aucune différence n'a été faite avec les questionnaires remplis par
téléphone car les réponses y étaient argumentées.
4.3 Description de l'enquête 4.3.1 Matériel de l'étude: le questionnaire
Le questionnaire a été réalisé à partir des données de la littérature et des
recommandations nationales. Il a été testé auprès de 3 médecins généralistes n'exerçant pas
dans le département de l'Isère et répondant aux autres critères de sélection.
Le questionnaire comprend trois parties:
► La première partie est axée sur la pratique (questions 1 à 9), les connaissances
(questions 10 à 15) et le besoin de formation (questions 16 à 20) des médecins généralistes sur
la trisomie 21 et son dépistage par les MSM. Elle est composée majoritairement de questions
fermées. Cette partie avait pour objectifs de faire entrer le médecin généraliste dans le sujet,
en le remettant en situation de prescripteur, et de recueillir des données qualitatives sur la
prescription des MSM en médecine générale et d'identifier les besoins des médecins
généralistes en terme de formation et d'information.
► La deuxième partie (questions 21 à 25) est composée essentiellement de questions
ouvertes. Elle invite le médecin interrogé à une réflexion sur le contenu idéal d'un document
d'information destiné aux femmes enceintes à propos des MSM. La question 21 permet de
déterminer les éléments de ce document, considérés comme indispensables par les médecins.
Les questions 22 à 25 permettent de recueillir plus en détails leur opinion sur le contenu de ce
document. Elles sont accompagnées de réponses suggérées pour pallier au manque d'idée
spontanée des médecins constatés lors des tests préliminaires du questionnaire. Les médecins
devaient prendre position quant à ces suggestions.
68
► La dernière partie du questionnaire (questions 26 à 30) propose des moyens
d'améliorer l'information des femmes sur les MSM et le dépistage prénatal en général et
invite le médecin à faire des commentaires.
4.3.2 Recueil de données : l'enquête téléphonique
Le recueil de données a eu lieu par téléphone. Il était spécifié au médecin ou à son
secrétariat que répondre au questionnaire prenait environ 30 minutes.
Tous les médecins généralistes ont été interrogés par la même personne qui remplissait
le questionnaire au cours de l'entretien téléphonique. Pour ce faire, il a été utilisé la fonction
« haut parleur » du téléphone permettant à l'enquêteur d'être plus à même de retranscrire le
discours. Il a été recherché une retranscription la plus fidèle possible des réponses aux
questions ouvertes et ainsi que de toutes les réflexions faites sortant du cadre du
questionnaire.
Les questions ont été posées dans un ordre variable d'un médecin à l'autre. Cet ordre
dépendait des informations données par le médecin en réponse à la question précédente. Il a
été recherché une économie maximale de temps pour le médecin interrogé.
4.4 Méthode d'analyse des données Une analyse qualitative a été effectuée. Il n'a donc pas été recherché de significativité
statistique. La démarche a été de déterminer quels étaient les points qui rassemblaient la
majorité des professionnels et ceux pour lesquels ils étaient divisés.
Les données analysées sont les traces écrites des commentaires oraux faits par les
médecins interrogés lors de l'enquête téléphonique. Ce sont des données complexes,
s'inscrivant dans un discours, expression d'une expérience humaine.
L'analyse de ces données, qu'on peut appeler « verbatimsvii », a été guidée par les
conseils de Mme C Cans, médecin praticien hospitalier et épidémiologiste, et de la lecture de
l'ouvrage de P Paillé, L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales [90].
vii « verbartim (nom) = compte rendu fidèle fournissant le mot à mot d'une déclaration, d'un débat oral » [91].
69
5 Résultats
5.1 Caractéristiques de la population et de l'enquête téléphonique
5.1.1 Caractéristiques de la population
Sexe
Nombre de
médecins
Hommes 16
Femmes 10
Age
Nombre de médecins
< 40 ans 4
40 à 50 ans 13
> 50 ans 9
Fréquence annuelle
de prescription des MSM
Nombre de médecins
2-3 fois / an 6
4-5 fois / an 6
6-10 fois / an 8
> 10 fois / an 6
70
5.1.2 Caractéristiques de l'entretien téléphonique
Durée
Les interviews téléphoniques ont duré entre 25 et 60 minutes avec une moyenne de
35 minutes (4 données manquantes).
Satisfaction des médecins
Les médecins se sont dits satisfaits à la fin de l'entretien. L'un d'entre eux s'est plaint
de la longueur: « Trop long! » Il avait été interrogé sans prise de rendez-vous téléphonique
préalable. Etant disponible lors du premier appel, il avait préféré répondre dans la foulée.
Dans 5 cas, la question n'a pas été posée du fait du retard pris au cours de l'enquête.
Certains ont fait des commentaires. Les phrases suivantes en résument les idées: « C'est
un exercice de réflexion sur notre pratique. Rien que pour ça c'est intéressant. C'est l'occasion
de remettre au clair certaines connaissances. » « Ça me fait plaisir de voir qu'on fait des
thèses sur des questions éthiques et sur le pouvoir médical. »
71
5.2 Déroulement de la consultation
5.2.1 Temps passé Nombre de consultations
au cours desquelles il est parlé des MSM
Nombre de médecins
Au cours d'une consultation 7
Au cours de deux consultations 12
Au cours de trois consultations 7
Temps consacré aux MSM dans la consultation principale
Nombre de médecins
< 2 minutes 1
2 à 5 minutes 9
5 à 10 minutes 10
> 10 minutes 4
Données manquantes 2
Certains médecins (n=5) commentaient ainsi cette question: « ça dépend des
patientes ».
Consultations lors desquelles sont expliqués les MSM
Deux consultations sont particulièrement concernées par l'information sur les MSM:
► La 1ère consultation est la consultation où 9 des médecins interrogés parlent le plus
longuement des MSM. Elle a lieu en général au cours du 1er trimestre. Le médecin présente le
suivi de la grossesse à la femme et lui dresse un « calendrier de suivi de grossesse ».
► La consultation de début de 2ème trimestre est la consultation où 16 des médecins
interrogés expliquent et prescrivent les MSM. Elle fait suite à la l'échographie de datation de
grossesse. C'est, suivant les médecins et les femmes, la 2ème ou la 3ème consultation de suivi.
72
5.2.2 Points importants abordés
Réponses à la question 11:
Les médecins présentent le dépistage par les MSM comme un test, parmi d'autres,
permettant une estimation du risque pour la femme d'attendre un enfant trisomique. La notion
de « risque » (dépistage du risque, groupe à risque, évaluation du risque…) apparaît dans le
discours de 19 d'entre eux.
Un des médecins dit: « Il existe deux manières de dépister la trisomie 21,
l'échographie et les marqueurs sériques. L'échographie est beaucoup plus performante et plus
fiable. Afin de ne pas multiplier les tests, je ne considère pas qu'il soit nécessaire de faire les
marqueurs sériques maternels. »
Un autre explique: « C'est une précaution pour tenter de savoir si le futur bébé à une
anomalie chromosomique. »
Un dernier s'exprime ainsi: « Je donne peu d'information, des informations neutres.
C'est une des raisons pour lequelles, une fois que le test est prescrit, il est rarement fait. »
9 fois, les MSM sont présentés en parallèle du dépistage échographique. Dans 2 cas,
la prescription des MSM est fonction des résultats de l'échographie.
La fiabilité des MSM est expliquée ainsi: « ce test n'est pas fiable à 100 % », « ce n'est
pas tout blanc ou tout noir », « ce n'est pas un examen de certitude ». Certains ajoutent que ce
n'est pas un test qui permet d'éliminer toute pathologie fœtale.
La signification des résultats est rarement détaillée:
► 4 médecins expliquent la signification d'un résultat négatif. Les autres expriment la
sensibilité du test ainsi « ce n'est pas un test parfait. Il ne donne pas des résultats avec 100 %
de certitude ».
► 6 médecins expliquent la possibilité de faux positifs de manière explicite.
73
L'amniocentèse est citée par une grande majorité des médecins comme conséquences
d'un résultat positif, mais pas par tous: 9 n'en parlent pas spontanément. Les risques potentiels
inhérents à l'amniocentèse ont été exprimés par 5 médecins.
Enfin, 3 médecins invitent leurs patientes à réfléchir sur leur attitude en cas de
diagnostic de trisomie 21, concernant l'interruption de grossesse.
Réponses aux questions 4, 5 et 9:
Tous les médecins généralistes disent que le test n'est pas obligatoire (n=25). Seul un
médecin oublie de le dire. « Ca doit se comprendre à mon discours… », dit-il.
Quant à inviter la patiente à en parler avec son conjoint, les réponses sont partagées:
« jamais » (n=8), « rarement » (n=2), « souvent » (n=4) et « toujours » (n=11).
En ce qui concerne les données chiffrées, les médecins en donnent: « jamais » (n=14),
« rarement » (n=2), « souvent » (n=6) et « toujours » (n=1).
Les pourcentages donnés sont par ordre décroissant:
- la fréquence des naissances d'enfants trisomiques en fonction de l'âge (n=8),
- le risque de fausse-couche secondaire à l'amniocentèse (n=5),
- la sensibilité du test (n=4).
Le taux de faux positifs et le risque de trisomie 21 lorsque les MSM sont positifs sont
deux données chiffrées jamais données par les médecins généralistes interrogés.
74
5.2.3 Outils utilisés
► 3 médecins n'utilisent pas de document écrit pour prescrire les MSM ou informer les
femmes.
► Les autres utilisent des papiers qui sont de sources souvent différentes. Pour 19 d'entre
eux, ce sont des feuilles de prescription venant d'un des 4 laboratoires agréés suivant: CHU,
Meyrieux, St Etienne ou LCL. 4 médecins interrogés ont élaborés leur propre document
d'information à partir de documents trouvés sur internet ou de conversations avec des
collègues. 1 médecin utilise la plaquette de l'INSERM. Personne n'utilise de manière isolée
les décrets d'application.
5.2.4 Difficultés rencontrées
Niveau d'aisance ressentie lors de l'information sur les MSM
Nombre de médecins
Pas du tout à l'aise
4
Pas très à l'aise 2
A l'aise 10
Très à l'aise 8
Données manquantes
2
Jugement porté sur l'information à donner sur les MSM
Nombre de médecins
Très difficile 0
Difficile 11
Facile 11
Très facile 1
Données manquantes
3
18 médecins se disent « à l'aise » voire « très à l'aise » lors de la présentation de ce
test. Par contre, ils n'ont pas tous la même facilité à le présenter.
75
Synthèse des arguments en rapport avec l'aisance ressentie
A l'aise
voire très à l'aise Pas à l'aise
voire pas du tout à l'aise
« Je sais à quoi ça sert. »
« Je sais l'expliquer. »
« Je connais les patientes. »
« Je ne l'impose pas. »
« Les résultats ne sont pas très clairs. »
« Je ne suis pas très convaincu. »
« Un choix difficile à faire pour les patientes. »
« Inquiétude engendrée par le test. »
Arguments des médecins trouvant le test des MSM difficile à expliquer:
► C'est humainement difficile à présenter: « La femme est heureuse d'être enceinte et
subitement, on lui explique que son bébé peut être trisomique. » C'est difficile « pour la
patiente de parler de ces choses-là », et notamment d'envisager « ce qu'elle ferait en cas de
diagnostic prénatal de trisomie 21 ».
► C'est difficile de ne pas engendrer de l'anxiété: « On propose un test dont les résultats
ne donneront pas de certitude. » « La charge émotionnelle est majeure, obturant
l'entendement. »
► C'est difficile de faire comprendre le test: « Alors même que la patiente semble avoir
compris le test à la fin de mes explications, il s'avère souvent à la réception des résultats,
qu'elle n'a rien compris. » « C'est d'autant plus difficile à comprendre pour les femmes qu'elles
ont un niveau intellectuel modeste. »
76
5.3 Niveau de connaissance et besoin de formation
5.3.1 Connaissance à propos des marqueurs sériques maternels
Connaissance de la fiabilité du test:
Sensibilité
Nombre de médecins
Réponse correcte 7
Réponse incorrecte 0
Il ne sait pas. 18
Donnée manquante 1
Taux de faux positifs (soit 1 moins la spécificité)
Nombre de médecins
Réponse correcte 1
Réponse incorrecte 3
Il ne sait pas. 21
Donnée manquante 1
Connaissance pratique de la réalisation du test:
Date à partir de laquelle on peut faire le test
Nombre de médecins
Réponse correcte 18
Réponse incorrecte 1
Il a un pense-bête. 5
Donnée manquante 2
Date jusqu'à laquelle on peut faire le test
Nombre de médecins
Réponse correcte 15
Réponse incorrecte 4
Il a un pense-bête. 5
Donnée manquante 2
77
Formation et besoins en formation:
Formation
Nombre de médecins
Document de l’INSERM 5
Document des laboratoires 3
Séance de formation continue 11
Discussion entre confrères 11
Presse médicale 5
Besoin de formation exprimé
14 médecins expriment un besoin de formation sur le dépistage prénatal de la
trisomie 21 par les MSM et 11 n'en n'éprouvent pas le besoin (une donnée manque).
► Les commentaires faits par ceux qui ressentent un besoin de formation sont:
« nécessité de réactualiser mes connaissances », « besoin d'information sur la fiabilité du test
et sur les protocoles actuels de dépistage », « besoin de chiffres permettant de me réassurer et
me motiver pour prescrire ce test », « besoin de voir l'impact du dépistage sur la population
car je renvoie un papier décrivant l'issue de la grossesse, mais je n'ai pas de retour… ». Un
dernier dit: « Ca serait pas mal, un petit peu d'information sur ce dépistage, surtout en cas
d'évolution. »
► Dans ceux qui ont répondu « non » à cette question, les réponses sont modérées. Ils ne
ressentent pas un besoin pressant de formation « sinon je serais allé chercher l'information »,
mais pensent, malgré cela, qu'il y a toujours à apprendre afin de s'améliorer.
78
5.3.2 Connaissance à propos de la trisomie 21
A la question 10, 22 médecins ont répondu qu'ils ne parlent pas de la trisomie 21 en
présentant les MSM.
Les patientes ne posent pas de question sur la maladie car elles la connaissent:
« Quand je parle de la trisomie 21, elles voient tout de suite la tête… » Ils disent le mot
« trisomie 21 » et regardent « ce que ça réveille » chez leur patiente. Si ça n'évoque rien chez
elle, 5 médecins disent utiliser le mot « mongolisme » ainsi: « Vous savez? Les enfants qu'on
appelle mongoliens? » « la trisomie 21 ou mongolisme ». Les patientes comprennent alors.
Par ailleurs, certains médecins ne parlent pas de la trisomie 21 car ils jugent que ce
n'est pas le moment en début de grossesse et que les patientes ont bien le temps d'y penser si
le test est positif. Ils considèrent cette information anxiogène.
A la répétition de la question: « Que diriez-vous si votre patiente vous posait des
questions sur la trisomie 21? », les médecins sont parfois embêtés: « je ne sais pas par quelle
gymnastique, je m'en sortirais ». 3 médecins retournent la question à la patiente afin de savoir
ce qu'elle sait déjà et afin de connaître un peu mieux ce qu'elle aimerait savoir.
Les détails les plus fréquemment donnés sont l'étiologie cytogénétique, l'existence
d'un retard mental et de malformations plus ou moins graves.
De manière ponctuelle, il a été présenté un enfant trisomique comme un enfant qui
nécessite une attention et un encadrement pendant longtemps, et qui est un futur adulte
handicapé. La longue espérance de vie de ces personnes a été citée deux fois.
Enfin, un des médecins a eu cette phrase originale: « Ce ne sont pas forcément des
enfants qui meurent ou des enfants qui sont malheureux. » Un autre dit qu'il partage, avec la
femme ou le couple, sa connaissance de la trisomie en parlant d'un de ces patients qui vit dans
un foyer et travaille en CAT.
Suivi de personnes atteintes de trisomie 21
12 médecins ont une ou plusieurs personnes atteintes de trisomie 21 dans leurs patientèle.
79
Besoin de formation exprimé
► 18 médecins ne ressentent pas de besoin d'information sur la trisomie 21.
► Ceux qui ont des patients trisomiques ne rencontrent pas de problèmes particuliers.
Seul, un des médecins interrogés, a une grande demande d'information. Il se trouve démuni
devant un nourrisson trisomique de 2 mois. Il ne sait pas à qui l'adresser pour une prise en
charge spécifique précoce. Il est aussi demandeur de conseils pratiques pour la prise en
charge et d'une plaquette bien faite sur les aides médicales et associatives qu'on peut proposer
à des parents se retrouvant dans cette situation.
80
5.4 Intérêt porté aux propositions pour améliorer l'information des femmes
Opinion des médecins sur les propositions Nombre de médecins
OUI NON Donner un document d'information aux patientes à propos des MSM. 18 7
Recevoir un rappel d'informations scienti-fiques sur le dépistage de la trisomie 21. 21 4
Consacrer une consultation entière à l'information sur les MSM. 8 18
Rendre obligatoire une consultation d'information sur le dépistage prénatal. 8 17
5.4.1 Document d'information destiné aux couples
Les médecins favorables à un tel document ont fait quelques commentaires: « ça serait
bien », « ça m'intéresse: les documents servent à faire ressortir les questions des patients »,
« quel médecin ne voudrait pas un support efficace, pratique… ». Ces médecins restent aussi
sur leur réserve: « tout dépend de comment il est fait, de sa qualité », « il faudrait que je le
teste, ça dépend du document ».
Les raisons exprimées par les médecins non favorables à cette proposition sont:
► « 1 / On reçoit trop de documents; 2 / il serait plus judicieux d'améliorer la formation des
généralistes; 3 / une plaquette, ça coûte cher, mieux vaut rémunérer des formations. »
► « Je n'aime pas les supports, je ne m'en sers pas. C'est didactique, ça permet de ne rien
oublier, mais cela ferme la porte aux questions informelles du patient, et peut même entraîner
chez lui des difficultés à poser ses questions car il est sensé trouver toutes ses réponses dans
le document. »
► « On a des papiers partout. Je ne m'en sers pas. Il faudrait plutôt prévoir une source
électronique. »
► « Un document écrit donne l'impression de couvrir le médecin devant la loi. »
► « Tout dépend de la qualité du document. Il faudrait que je le teste. Je dois être d'accord
avec son contenu. »
81
5.4.2 Document d'information pour les médecins
21 médecins interrogés désirent recevoir un document d'information pour eux sur
dépistage prénatal de la trisomie 21. 10 d'entre eux en attendent un rappel de la fiabilité du
test de manière scientifique, sous forme de données chiffrées. Voici quelques propositions
isolées: « avoir un arbre décisionnel », « clarifier la stratégie de dépistage combiné, sérique et
échographiques »…
5.4.3 Consultation consacrée aux MSM
Un tiers des médecins interrogés considère que l'explication sur les MSM nécessite
une consultation entière. Ils sont le même nombre à être favorable à l'institution d'une
consultation obligatoire pour informer les femmes sur le dépistage prénatal en général.
Les autres pensent qu'il ne faut pas séparer l'information sur les MSM ou le dépistage
prénatal en général des consultations de suivi habituelles. Certains disent: « Il faut que la
consultation de suivi de grossesse soit suffisamment longue (environ 30 minutes) pour
pouvoir inclure l'information sur les MSM dedans. »
Quant à leur disponibilité pour informer la patiente, les avis sont partagés: « On a les
moyens d'y consacrer assez de temps. » « C'est impensable de consacrer une consultation
entière sur ce sujet car nous n'avons pas le temps. »
En ce qui concerne une consultation obligatoire sur le dépistage prénatal en général:
► D'un côté, il y a ceux qui trouvent ça « pas mal », qui trouvent même qu'on pourrait
« informer en même temps sur les dépistages néonataux » pour préparer la future maman;
► De l'autre, il y a ceux qui sont opposés à cette idée: ces médecins se méfient du terme
« obligatoire ». Obliger toutes les femmes à recevoir une information sur le dépistage
ressemble pour l'un d'eux à une démarche eugéniste, le libre choix de la femme n'étant pas
respecté: elle serait obligée d'entendre une information qu'elle ne désire peut-être pas
connaître. D'autres arguments sont encore avancés: « Tous les médecins ne sont pas dans
cette démarche de qualité au niveau de l'information fournie. Rendre obligatoire une telle
consultation ne fera pas que certains soient moins expéditifs. » Certains médecins se
positionnent tout de suite du côté financier: ils demandent une rémunération spéciale pour
cette consultation. Par ailleurs, « Il faudrait voir si c'est rentable en terme de santé publique. »
Enfin, certains pensent que: « Ca risque d'alourdir beaucoup les démarches. »
82
5.5 Points principaux à aborder dans le document d'information
L'item le plus fréquemment énoncé dans la question 21 (8 médecins sur 24) est:
« décrire la signification et les conséquences des résultats ». Cela semble être le point
principal, l'information indispensable à voir apparaître sur le document destiné aux femmes.
Plus loin dans l'enquête, on observe que 21 médecins sur 24 sont d'accord avec le
principe d'un paragraphe sur l'explication des résultats. Seuls 3 médecins n'en voient pas
l'intérêt: « donner les résultats doit avoir lieu lors d'une discussion médecin malade », « il n'y
a pas de résultat en dehors d'une consultation ».
2 médecins n'ont pas répondu aux questions 21 et 24. L'un d'eux ne désirait pas
travailler sur ce document d'information car il ne comptait pas l'utiliser. Les réponses de
l'autre étaient partielles car il explique très peu les MSM dans sa pratique: il propose le
dépistage de la trisomie 21 presque uniquement par l'échographie.
5.5.1 Résultat positif
La phrase proposée pour exprimer le résultat positif n'a pas fait l'objet de remarques. Il
paraît donc consensuel d'écrire dans le document écrit d'information: « En cas de test positif,
il vous sera proposé une amniocentèse. »
Cette phrase exprime la conséquence du résultat positif, mais n'exprime pas sa
signification en terme de risque de trisomie 21. La question de l'expression du risque pour
l'enfant d'être trisomique en cas de dépistage positif n'a pas été posée dans le paragraphe sur
le dépistage. Elle l'a été dans celui sur les données chiffrées.
On décompte 12 réponses « pour », 10 réponses « contre » regroupant notamment 6
médecins opposés à voir figurer tout chiffre dans la plaquette. Seuls 4 médecins se sont dits
opposés à voir figurer ce chiffre en particulier.
Ces 4 médecins étaient d'accord pour qu'apparaissent un petit nombre de données
chiffrées, ils ont choisi celles qu'ils voulaient voir figurer dans la liste proposée. On peut
considérer ces réponses négatives comme des « non » d'élimination. L'opposition des
83
médecins, par rapport à la présence de ce pourcentage dans le document, n'est donc pas
majeure.
Quant à la manière d'exprimer ce risque, on comprend, en regardant leurs
commentaires, qu'il faut « surtout ne pas inquiéter ». On peut imaginer la formulation
suivante comme correspondant à l'attente des médecins interrogés:
En cas de test positif, il vous sera proposé une amniocentèse. Le risque de trisomie 21 est
malgré tout faible: 98 % des amniocentèses sont normales.
5.5.2 Résultat négatif
Décrire la signification d'un résultat négatif s'impose aux médecins interrogés.
Leurs réflexions peuvent nous orienter sur la manière d'exprimer ce résultat: « ce n'est
pas une réponse à 100 % », « la prise de sang ne permet pas de dire Blanc ou Noir, mais
permet de dire qu’il y a quelque chose d’anormal », « dans ce cas, il persiste de très rares cas
de trisomie 21 », « vous n'êtes pas protégés de tout », « un résultat négatif n'élimine pas les
autres malformations ».
Il n'y pas qu'une seule notion à faire passer d'après les médecins. Non seulement, il
faut expliquer la notion de risque persistant de trisomie 21, mais il faut aussi faire comprendre
que ce test dépiste d'autres anomalies (par exemple, les anomalies de fermeture du tube
neural) mais non pas toutes.
Par ailleurs, si on regarde à nouveau les propositions faites à la question 21, on
découvre que 4 médecins soulignent l'importance d'expliquer la signification de « groupe à
risque ». Il leur semble important que les femmes recevant un résultat négatif aient compris
ce que signifie « ne pas être dans un groupe à risque ». Il faut pour cela parler de probabilité.
Comment exprimer alors ce que signifie un résultat négatif? Au regard des remarques
des différents médecins généralistes, on peut imaginer l'exprimer ainsi:
Un résultat négatif ne signifie pas l'absence de tout risque pour l'enfant de trisomie 21 ou
d'autres anomalies. Il dit simplement que vous avez une probabilité moins élevée de
trisomie 21 pour votre grossesse que les femmes de 38 ans ou plus.
84
5.5.3 Autres points importants
Opinion des médecins interrogés sur la place des différents paragraphes dans le document d'information
OUI NON Données manquantes
Décrire la trisomie 21 18 6 2
Expliquer les étapes de dépistage et de diagnostic
22 0 4
Expliquer les résultats et leurs implications
21 3 2
Donner des données chiffrées
18 6 2
Parler du consentement 23 1 2
85
5.6 Expliquer le dépistage puis le diagnostic Si on se penche sur l'explication des étapes « dépistage » puis « diagnostic », on
s'aperçoit, alors que les intitulés des paragraphes paraissent consensuels, que leur contenu ne
l'est pas.
5.6.1 Démarche en deux temps
L'expression « démarche en deux temps » a été remise en question plusieurs fois.
► « On peut faire le 1er temps mais pas le 2ème. » est la première critique rapportée. Le
médecin qui s'exprime ainsi peut vouloir signifier deux choses différentes:
1 / Cette démarche en deux temps n'est pas obligatoire. Il est possible de refuser le 2ème temps,
qu'est l'amniocentèse, lorsque les MSM sont positifs. Pour lui, l'expression « démarche en
deux temps » ne laisse pas de place à la liberté de choix de la femme.
2 / Cette démarche en deux temps ne concerne en fait qu'une petite partie des femmes
enceintes: celles dont les MSM seront positifs. De son point de vue, parler du temps du
diagnostic par l'amniocentèse n'a pas sa place dans une brochure pour toutes les femmes
enceintes.
► L'aspect systématique du « 2ème temps » à visée diagnostique est réfuté par un autre
médecin. Pour lui, du fait de l'utilisation du calcul du risque combiné à partir des test sérique
et échographique, l'amniocentèse peut ne pas être proposée alors que les MSM sont élevés.
Malgré ces critiques, il paraît nécessaire de présenter la stratégie de dépistage comme
une démarche en deux temps. Tout dépistage est suivi d'un examen plus approfondi en cas
d'anomalie. Un des médecins illustre cela en prenant un exemple: « C'est comme pour
l'hémoccult, il faut prévenir le patient que si les résultats reviennent positifs (présence de sang
dans les selles), il faudra prévoir dans un 2ème temps une coloscopie. »
Les arguments critiques présentés ci-dessus amènent cependant à présenter cette
« démarche en deux temps » de manière moins carrée. Ainsi, on peut imaginer intégrer cette
notion dans l'explication du dépistage et de son déroulement.
En fonction des résultats des MSM, vous pourrez être amenées à faire un deuxième examen à
visée diagnostique: l'amniocentèse.
86
5.6.2 Dépistage
2 médecins disent ne pas aimer le mot « dépistage ». Ils le trouvent difficilement
compréhensible pour les patients. Plutôt que de parler de test de dépistage, ils préfèrent parler
d'« évaluation du risque ».
Surpris par cette remarque, on a recherché ce qu'elle pouvait signifier. Malgré le fait
qu'une bonne partie de la médecine générale concerne la médecine préventive, le terme
dépistage n'est peut être pas encore compris de tous les patients. La différenciation dépistage
et diagnostic semble loin d'être évidente pour tout un chacun.
On imagine donc, que cette remarque est due à la préoccupation de ces 2 médecins de
bien se faire comprendre de leurs patients, en employant des mots qu'ils comprennent.
En ce qui concerne le but du dépistage, on note qu'il est, aussi, souvent expliqué en
utilisant le terme « risque ». On trouve dans les commentaires des médecins interrogés, les
formulations suivantes sur le dépistage: « ça donne l'estimation d'un risque, pas un
diagnostic », « il s'agit de déterminer si la femme fait partie d'un groupe à risque ».
Dans la question 23, l'item présentant le but du dépistage « rechercher si la femme fait
partie d'un groupe à risque » a été considéré, peut-être à tort, comme ne portant pas à
discussion et n'a pas été proposé systématiquement lors de l'enquête téléphonique. Les 7 fois
où il a été proposé à la critique du médecin interrogé, il a été accepté. L'un d'eux a ajouté que
l'on pouvait comparer cela au dosage de l'Antigène Spécifique de Prostate (PSA) pour
dépister un cancer de prostate.
Il semble donc nécessaire d'aborder la notion de risque pour définir le dépistage et
expliquer son but. On reprend la formulation d'un des médecins: « ce dépistage est une
évaluation du risque » dans la proposition suivante.
Le test des MSM permet d'évaluer le risque pour la femme de porter un enfant atteint de
trisomie 21. C'est un test de dépistage.
87
Aborder la technique échographique de dépistage de la trisomie 21 dans une
plaquette sur les MSM, a été plébiscité par tous les médecins pour ce qui est de l'échographie
de 12SA.
Par contre, présenter dans cette plaquette le dépistage par l'échographie de 22SA, a
amené les médecins généralistes à faire quelques réflexions. Certains pensent qu'il n'est pas
opportun d'en parler (n=3), car « on mélange tout », « c'est un dépistage trop tardif », « c'est
du domaine du spécialiste ». 2 hésitent à le voir figurer dans le document d'information pour
les femmes et ne se prononcent pas. Les 15 médecins trouvant cette information utile dans ce
document n'ont pas fait de réflexions. 6 données manquent.
Lors des réponses spontanées à la question 21, 6 médecins sur 24 ont jugé important
que le dépistage échographique figure dans le document d'information mais ils n'ont pas
détaillé de quelle échographie ils parlaient précisément. Les commentaires, faits au sujet de
l'échographie dans la première partie du questionnaire, concernaient à chaque fois
l'échographie du 1er trimestre. Il y a donc tout lieu de penser que l'échographie que ces
6 médecins veulent voir figurer dans le document est celle du 1er trimestre.
Parler du dépistage échographique paraît consensuel; détailler ce dépistage en parlant
des deux échographies a recueilli l'accord de plus de la moitié de l'échantillon. La deuxième
échographie de dépistage semble cependant être moins importante pour les médecins
généralistes que la première. On peut envisager de présenter le dépistage échographique ainsi:
L'échographie est un autre examen de dépistage. Deux échographies sont proposées au cours
de la grossesse. Elles permettent, aussi, d'évaluer le risque d'attendre un enfant atteint de
trisomie 21.
Quelques remarques sur les détails pratiques du dépistage par les MSM à aborder:
► De manière spontanée, 6 médecins sur 24 expriment qu'il est important que les MSM
soient présentés comme une prise de sang. Dans le questionnaire, l'item correspondant à
« prise de sang » est « risques physiques nuls ». Cet intitulé n'a pas été proposé lors de
l'enquête téléphonique. Cette expression n'est pas explicite. Elle est la conséquence évidente
de tout test sérique ou sanguin. Il n'a pas semblé intéressant pour finir de poser cette question.
88
Seules les réponses à la question 21 permettent donc de noter qu'il faut parler des MSM en
terme de prise de sang.
► De leur côté, les dates doivent aussi être mentionnées. « C'est important », disent les
médecins interrogés, notamment car « souvent les patientes laissent passer la date », et car
« ce dépistage doit être fait de manière très rigoureuse ». Aucun ne s'est opposé à voir figurer
les dates sur la plaquette. Un médecin dit qu'elles peuvent n'être mentionnées que de manière
secondaire et un autre invite à ce qu'elles soient incluses dans un calendrier de grossesse.
Dans le questionnaire, la manière dont il faut présenter ces dates a été peu détaillée. Certains
ont vanté la qualité des feuilles de prescription fournies par leur laboratoire où il faut noter
précisément sur le calendrier, dans quel intervalle, la patiente doit faire la prise de sang.
► Enfin, il a été envisagé de parler des délais de réception du résultat des MSM. Lorsque
cette proposition a été faite aux différents médecins, elle n'a été confrontée à aucune réponse
négative. Effectivement, « cette analyse demande quand même du temps », « ça peut rassurer
les patientes », même si certains disent que « leurs patientes les appellent peu pour connaître
ce résultat ».
Une remarque importante a été fait par trois d'entre eux: ce sont les médecins
prescripteurs qui reçoivent les résultats et qui les transmettent à leur patiente. Ce point-là
aurait pu faire partie des items proposés dans le questionnaire. Des médecins l'ont
spontanément évoqué, il pourrait avoir sa place dans le document d'information.
Quant à indiquer un délai, selon les médecins, c'est un délai plus ou moins long, entre
7 à 10 jours. L'un d'eux invite à ne pas mettre ce délai en terme de jours, mais en terme de
semaines, car « ce n'est pas perçu de la même manière ». On peut effectivement envisager de
parler d'un « délai d'une à deux semaines » pour la réception des résultats.
Pour donner les informations pratiques nécessaires aux femmes, on peut écrire:
Cette prise de sang doit être faite à des dates précises: entre 14 et 18 SA. Demandez à votre
médecin de vous les préciser sur le calendrier. Votre médecin recevra les résultats dans une à
deux semaines. Il vous les transmettra.
89
Dans la partie sur le dépistage, des questions ont été posées sur les risques
émotionnels et psychologiques dus aux MSM.
Les médecins sont plus nombreux (n=10) à préciser que ces conséquences n'ont pas à
figurer dans une plaquette d'information qu'à avoir acquiescé à cette proposition (n=8).
D'après leurs commentaires, ce sujet est plutôt à aborder au cours de l'acte médical, au sein du
dialogue médecin-patient.
Les remarques de deux médecins: « Il faut savoir ce qu'on veut: ce sont les risques de
tout examen. On ne peut pas avoir de dépistage sans attente anxieuse secondaire. » et « On est
un peu dans la politique de l'autruche: ne rien dire est mentir, dire est agressif. » montrent la
difficulté de déterminer avec justesse si cet item doit figurer dans le document pour les
femmes.
Par ailleurs, l'absence de remarque de la part des médecins « pour » peut faire penser
qu'ils ont répondu sans avoir pris de recul, sans s'être réellement interrogés et dans ce cas,
cela majorerait le nombre de médecins non favorables à voir ces risques présentés par écrit.
Il ne ressort aucun accord professionnel de ces résultats. Il exister une tendance à ne pas
mentionner ces risques psychologiques dans un document écrit destiné aux patients.
90
5.6.3 Diagnostic
Alors que parler de l'amniocentèse fait consensus (n=22), on s'aperçoit que tous les
médecins ne sont pas d'accord sur les points à aborder et sur la manière de les exprimer.
3 médecins se sont formellement opposés au fait de donner des détails concernant
l'amniocentèse: « ne pas en parler car ce ne sera pas fait dans tous les cas », « les femmes
savent en gros ce que c'est ». L'autre argument avancé est que cela augmente la quantité
d'information à paraître sur le document d'information. « On ne peut pas faire une plaquette
sur toute la prise en charge potentielle d'une maladie. » « Il faut retirer les parasites de
l'information. »
► Dans les propositions spontanées des médecins concernant l'amniocentèse, ce sont
surtout les risques de fausse-couche secondaire qui ont été mentionnés (6 cas sur 24).
Lorsque la question leur a été posée de manière directe, 19 médecins pensent que ce
risque doit être mentionné et 5 considèrent que c'est une information qui ne doit pas
apparaître.
Pour ceux qui pensent que cette information n'a pas lieu d'être dans une plaquette, la
moitié est en fait opposée initialement à parler du test diagnostic, leur position par rapport au
risque de l'amniocentèse en découle.
► 10 médecins considèrent inadaptés de décrire le déroulement de l'amniocentèse dans
une plaquette sur les MSM. A cette même proposition, on constate aussi 9 réponses positives
et 7 données manquantes. Par ailleurs, aucun n'a spontanément dit qu'il fallait décrire
comment se passait cet examen.
Expliquer ce qu'est l'amniocentèse ne fait donc pas consensus et ne semble pas être la
donnée la plus importante à voir figurer.
► Les délais de réception des résultats est un élément important à signaler par écrit pour
12 médecins interrogés: « C’est important de donner les délais de réception des résultats de
l'amniocentèse car c’est une période d’incertitude intolérable. » « Ce sont 3 longues semaines
d'attente. »
91
Par contre, 8 y sont opposés. Ceux-là exposent l'argument déjà présenté ci-dessus,
d'une information trop précoce, non nécessaire à ce stade de la grossesse.
L'avis des praticiens ne permet pas de trancher en ce qui concerne les détails de
l'amniocentèse à aborder dans un document écrit d'information sur les marqueurs sériques.
Une exception cependant, il semble consensuel de mentionner le risque de fausse-couche. Il
peut être formulé de la manière suivante:
Il arrive dans 1 % des cas qu'une fausse couche ait lieu suite à une amniocentèse.
Pour ce qui est de la technique de diagnostic, on avait envisagé discuter avec les
médecins de la nécessité de parler des différentes techniques: choriocentèse, amniocentèse,
ponction de sang fœtal. Il est rapidement apparu évident, qu'hormis l'amniocentèse, les autres
techniques étaient exceptionnellement rencontrées dans les grossesses suivies en médecine
générale. La question n'a donc plus été posée après la 5ème enquête téléphonique. Par contre,
les questions sur le déroulement de l'amniocentèse, ses risques et les délais de réception des
résultats ont été abordées dans toutes les enquêtes téléphoniques.
Parler d'IVG pour raison médicale comme potentielle conséquence du diagnostic
prénatal de trisomie 21 ne rassemble pas la totalité des médecins.
6 médecins ne veulent pas voir apparaître le mot IVG dans la plaquette. Les raisons
invoquées sont surtout la peur que le terme « IVG » blesse la femme et cela, pour rien, car la
grande majorité des femmes ne seront pas confrontées à ce choix d'un éventuel IVG.
Cette phrase « diagnostic de trisomie 21 = proposition d'IVG pour raison médicale »
ne fait donc pas consensus et on peut se demander si ce n'est pas dû à sa formulation.
Plusieurs médecins invitent à la reformuler. Ils suggèrent, comme exemple, les phrases
suivantes: « une décision pourra être prise en cas de diagnostic de trisomie 21 », « vous êtes
invitées à réfléchir à votre attitude en cas de diagnostic de trisomie 21 ».
92
Par ailleurs, 2 médecins ne s'étant pas opposés à l'utilisation du mot « IVG pour
pathologie fœtale » dans la plaquette invitent aussi à reformuler l'item sus-mentionné de
manière plus neutre: « une information avec le médecin autour d'une IVG peut être discutée
en cas de trisomie 21 ».
Au contraire, pour un des médecins généralistes, il faut absolument parler de l'IVG car
« c'est leur seule motivation pour faire les MSM ».
On décompte donc d'un côté, 13 médecins ayant validé cet item de la question 23, et
même 2 médecins ayant spontanément exprimés leur désir qu'apparaisse dans le document la
possibilité d'une IVG en cas de diagnostic prénatal de trisomie; et de l'autre, 6 médecins ayant
répondu fortement qu'ils ne voulaient pas qu'apparaisse la notion d'IVG.
Ces données très diverses ne font ressortir aucun consensus médical à propos de la
présentation, dans un document sur les MSM, de la possibilité d'IVG pour raison médicale en
cas de diagnostic prénatal de trisomie 21.
Les commentaires des médecins invitent à ce que l'information l'IVG soit la plus neutre
possible.
Pour finir sur le paragraphe sur le diagnostic prénatal de la trisomie 21, une dernière
suggestion est faite aux médecins à propos des risques psychologiques de l'amniocentèse.
Les deux tableaux suivants permettent de se rendre compte que les avis sont très
partagés, aussi bien en ce qui concerne l'exposition des difficultés psychologiques secondaires
à l'attente des résultats, que celles liées à la prise de décision d'une IVG en cas de diagnostic
prénatal de trisomie 21.
Difficultés psychologiques dues à l'attente des résultats de l'amniocentèse
Nombre de médecins Elles doivent figurer dans le document d'information. 9
Elles ne doivent pas figurer dans le document d'information. 9
Données manquantes 8
93
Difficultés psychologiques dues à la prise de décision
en cas de diagnostic prénatal de trisomie 21
Nombre de médecins Elles doivent figurer dans le document d'information. 8
Elles ne doivent pas figurer dans le document d'information. 9
Données manquantes 9
Chez les médecins qui sont « contre », on retrouve des arguments déjà évoqués à
propos de toute information sur l'amniocentèse.
Ensuite, l'argument majeur est que cette information doit faire partie du dialogue du
médecin avec la femme enceinte mais ne doit pas figurer par écrit. La même argumentation a
été rapportée pour les risques psychologiques secondaires aux MSM. Dans le cadre post-IVG
ou amniocentèse, un des médecins dit que présenter ces risques psychologiques: « C'est
comme si vous leur suggériez les difficultés de la vie! »
Quelques médecins ont détaillés pourquoi il sont favorables à ce qu'apparaissent ces
risques psychologiques par écrit. L'un dit: « C'est indispensable d'en parler. » L'autre désire
faire comprendre qu'une amniocentèse positive amène à proposer un IVG tardif pour raison
médicale et que « cet IVG est plus traumatisante qu'une IVG précoce, physiquement et
psychologiquement, car il a lieu à un moment où la femme est déjà très attachée au bébé car
elle le sent bouger ». Un troisième explique qu'il faut dire aux patients que « ce sera une
décision difficile à prendre ».
Sur cette question des conséquences psychologiques potentielles en cas de dépistage positif
indiquant l'amniocentèse, aucun consensus ne ressort. L'avis des médecins interrogés ne
permet pas à lui seul de trancher.
94
5.7 Autres paragraphes proposés
5.7.1 Paragraphe sur le consentement éclairé
6 médecins mentionnent que ce test n'est pas obligatoire en réponse à la question 21. ,
D'après la question 25, 23 médecins désirent voir apparaître au moins une phrase sur ce sujet
dans le document d'information. Leurs réactions au sujet des items soumis à leur critique sont
peu nombreuses. Deux propositions semblent cependant être à reformuler: la « possibilité de
changer d'avis à tout moment » et « le corps médical suivra la décision du couple quelle
qu'elle soit ».
Pour ce qui est de « la possibilité de changer d'avis à tout moment », un médecin a fait
remarquer que les femmes peuvent en effet changer d'avis, mais « uniquement jusqu'à une
certaine date ». Un autre trouve que cet item n'invite pas à prendre de décision alors que les
femmes doivent bien se décider à un moment donné.
De son côté, la phrase « le corps médical suivra la décision du couple quelle qu'elle
soit » est reformulée par un des médecins de manière plus simple et surtout en utilisant la voie
passive lui conférant ainsi un ton plus neutre: « Le choix des parents sera respecté. »
Par ailleurs, d'autres reformulations des divers items sont proposées par les médecins
interrogés: « C'est un examen proposé, non obligatoire, qui se fait à telle période, et dont le
résultat… » « C'est un examen non obligatoire mais fortement recommandé. »
Enfin, il semble important, pour certains, de voir apparaître l'obligation législative de
signer un consentement car sinon « elles ne comprennent pas pourquoi il est nécessaire de
signer ».
L'encadré suivant se veut être une synthèse de l'opinion personnelle des différents médecins:
Cette prise de sang vous est proposée. Elle n'est pas obligatoire. Vous êtes invitée à réfléchir,
si possible en couple, pour déterminer si vous désirez faire ce test de dépistage. Votre choix
sera respecté. Un papier vous sera donner à signer en cas de consentement.
95
5.7.2 Paragraphe sur la trisomie 21
Décrire cette maladie ne rassemble pas tous les médecins interrogés: 6 ne pensent pas
qu'un paragraphe sur la trisomie 21 soit nécessaire dans un document d'information sur les
MSM. Même si 18 ont un avis contraire, 1 médecin sur 4 ne désire pas que cette maladie soit
détaillée dans le document.
L'argument principal des médecins qui sont "contre" est la « crainte d'effrayer les
femmes », « de casser leurs rêves de bébé », d'autant plus que « 9 femmes sur 10 ne seront
pas concrètement concernées par le diagnostic prénatal de trisomie 21 », qu'« il n'y a pas
d'ambiguïté dans l'esprit des femmes sur cette maladie » et enfin qu' « on ne prend pas en
compte le degré d'anxiété différent chez chaque femme en donnant cette information par
écrit ».
Les médecins favorables à la présentation de la trisomie 21 dans leur document
mettent cependant en garde contre une information trop détaillée ou pouvant effrayer les
couples.
Dans les questions sur l'information à donner sur la trisomie 21, on s'est d'abord arrêté
sur celles concernant le mot "mongolisme".
Sur ce sujet, beaucoup d'avis n'ont pas été recueilli: 13 données manquent, dont l'avis
des 6 médecins ne désirant voir apparaître aucune explication sur la trisomie 21 sur le
document d'information.
Il s'avère que les avis sur le terme "mongolisme" sont partagés. 9 médecins sont
« contre » et 4 médecins sont « pour ». On retrouve dans le tableau suivant la diversité de
leurs commentaires.
"pour" "contre"
« Il faut arrêter avec le politiquement
correct. »
« C'est le mot que j'utilise. »
« J'emploierais les deux mots: "trisomie 21"
et "mongolisme". »
« Il ne faut pas parler de mongolisme:
c'est péjoratif; ça fait penser à "gogol". »
« Je n'aime pas ce terme. »
« Je laisserais la possibilité de traduire le
terme "trisomie 21" au médecin lors de la
consultation, s'il en ressent le besoin. ».
96
Malgré la disparité des réponses, on peut conclure que la tendance serait de ne pas mettre ce
terme de "mongolisme" dans une plaquette d'information.
Les réflexions des médecins sur la trisomie 21 font ressortir que les femmes ont plus
besoin d'information sur les conséquences de la maladie en terme d'autonomie, de vie
sociale et familiale, que sur la description de la maladie en elle-même.
Leurs commentaires sont divers:
● Pour décrire la maladie: « visage différent », « difficultés à apprendre mais l'apprentissage
se fait bien si on prend le temps », « gravité variable », « possibilité d'un lourd
polyhandicap », « ce n'est pas un bébé ordinaire ».
● Pour décrire ses conséquences sur la vie quotidienne: « enfant qui demande du temps »,
« il faut se faire aider », « ça implique beaucoup d'investissement », « c'est un combat de tous
les jours ».
● Pour décrire son pronostic et ses conséquences sociales: « c'est un futur adulte handicapé »,
« la majorité des personnes trisomiques vivent en institution », « ce ne sont pas des
monstres », « il y a des personnes trisomiques très heureuses qui apportent quelque chose de
différent à la société », « les trisomiques ont une vision différente de la vie ».
● Pour décrire ses conséquences sur la vie familiale: « un trisomique peut trouver sa place
dans une famille », « il dépend à long terme de ses parents », « sa présence a un
retentissement familial au long cours », « il peut entraîner un déséquilibre entre les enfants et
dans la vie de couple ».
Plusieurs médecins sont opposés à ce que soient présentées ces conséquences sur la
vie de famille car « c'est trop intrusif » et puis « accueillir un enfant a toujours des
conséquences ».
De fait, expliquer l'origine de cette maladie au niveau cytogénétique est
incontournable pour tous les médecins désirant que soit expliquée la trisomie 21.
En résumé, il est difficile de conclure sur l'information à donner sur la trisomie 21 à partir de
l'opinion des médecins interrogés. Ce qui semble envisageable pour un grand nombre de
médecins, c'est une explication neutre pour ne pas effrayer les femmes, donnant peu de place
97
à la description de la maladie, afin que puissent être exprimées plus longuement les
conséquences de la trisomie 21 sur la vie de la personne atteinte et de ses proches.
5.7.3 Fournir des données chiffrées Un médecin sur 4 s'oppose à voir figurer des pourcentages dans le document pour les
femmes.
La transcription des commentaires de ces 6 médecins donne: « des chiffres bruts, c'est
trop difficile à prendre "dans la tronche" », « elles ne sauront qu'en faire », « elles ne sont pas
demandeuses », « elles ne sont pas cadre supérieur », « j'ai peur de l'interprétation qu'elles
peuvent en faire », « il vaut mieux rester dans le flou ».
Dans ceux qui désirent voir figurer des données chiffrées, il y en a 7 qui ont répondu
« oui »à tous les items. Ceux-là désirent voir apparaître tous les chiffres proposés.
Les 11 autres expriment que, « oui », il faut donner des chiffres, mais qu'il faut en donner
peu. Les choix ont été les suivants:
- fréquence de la trisomie 21 en fonction de l'âge maternel:
OUI (n=9) données manquantes (n=1)
- pourcentage d'enfants trisomiques dépistés par les MSM (= sensibilité):
OUI (n=7) données manquantes (n=0)
- pourcentage de résultats positifs au dépistage (= environ, 1 moins la spécificité):
OUI (n=5) données manquantes (n=1)
- risque d'avoir un enfant trisomique si le dépistage est positif:
OUI (n=5) données manquantes (n=2)
- risque de fausse-couche suite à l'amniocentèse:
OUI (n=5) données manquantes (n=2)
Les propositions qui sont les plus souvent nommées, comme devant apparaître dans le
document d'information, sont la fréquence de la trisomie 21 en fonction de l'âge et le
pourcentage de risque de fausse-couche secondaire à l'amniocentèse.
98
6 Proposition d'un document d’information
Dépistage de la trisomie 21 par les marqueurs sériques maternels
Une prise de sang vous est proposée. Elle n'est pas obligatoire. Vous êtes invitée à réfléchir, si possible en couple, pour déterminer si vous désirez faire ce dépistage. Voici quelques explications.
Quel est le but des marqueurs sériques? Le test des marqueurs sériques permet d'évaluer le risque de trisomie 21 pour la
grossesse. C'est un test de dépistage, comme l'échographie. Il n'a pas une fiabilité de 100 %.
En fonction des résultats des marqueurs sériques et de l'échographie, vous pourrez être amenée à faire un deuxième examen: l'amniocentèse. C'est un examen qui dit avec certitude si l'enfant est atteint de trisomie 21.
Qu'est-ce que la trisomie 21? La trisomie 21 est une maladie congénitale due à un chromosome surnuméraire. Elle
entraîne une morphologie particulière et un retard mental. L'intensité du handicap est variable: certaines personnes trisomiques sont polyhandicapées, d'autres ont un QI presque normal. Aucun élément ne permet d'en déterminer le degré à la naissance.
Un enfant atteint de trisomie 21 présente des difficultés diverses. Ses troubles du langage et psychomoteurs nécessitent une prise en charge spécialisée. Les apprentissages lui prennent plus de temps qu'à un enfant ordinaire. Tout cela est difficile pour des parents. Aussi, il est important qu'ils demandent de l'aide.
A l'âge adulte, il a du mal à vivre en autonomie complète. Il travaille souvent dans un milieu plus ou moins protégé. Comme toute personne, il a besoin d'affection et de temps de la part de ses proches. Il apporte à ceux qui le rencontrent un regard différent sur la vie.
99
Comment se passe le dépistage de la trisomie 21? La trisomie 21 est dépistée au cours de la grossesse par deux échographies et par les
marqueurs sériques: - La première échographie a lieu entre 11 et 13 Semaine d'Aménorrhée (SA). - La seconde échographie a lieu entre 22 et 24 SA. - La prise de sang des marqueurs sériques doit être faite entre 14 et 18 SA.
Demandez à votre médecin de vous préciser les dates sur le calendrier. C'est important de respecter ces dates.
Votre médecin reçoit les résultats une à deux semaines après. Il vous les transmet.
Quels sont les résultats possibles? Concrètement, on obtient les résultats suivants:
► Le plus souvent, c'est un résultat négatif. Il ne signifie pourtant pas, pour votre bébé, l'absence de tout risque de trisomie 21 ou autres anomalies, car 30 % des trisomies 21 ne sont pas dépistées par ce test. Il dit simplement que vous avez une probabilité moins élevée de trisomie 21 pour votre grossesse que les femmes de 38 ans ou plus.
► Dans 6 % des cas, le résultat est positif, et il est alors proposé une amniocentèse. Le risque de trisomie 21 est malgré tout faible car 98 % des amniocentèses sont normales.
Qu'est-ce que l'amniocentèse? Une amniocentèse est un examen de diagnostic prénatal. C'est une piqûre dans le
ventre de la maman. L'analyse des cellules du bébé présentes dans le liquide prélevé permet de déterminer avec certitude si le bébé est trisomique 21. Il arrive, dans 1 % des cas, qu'une fausse couche ait lieu suite à une amniocentèse.
En cas de diagnostic prénatal de trisomie 21, il peut vous être proposé une interruption de grossesse.
Pourquoi vous demande-t-on une signature? Ce test de dépistage n'est pas obligatoire. Un papier vous sera donné à signer en cas de
consentement.
Chaque personne a une opinion propre sur le dépistage sérique de la trisomie 21. Vous êtes invitée à exprimer votre désir profond. Votre choix sera respecté par le corps médical.
100
7 Discussion
7.1 Validité des matériels et méthodes
7.1.1 Echantillon
La majorité des prescriptions de marqueurs sériques émane de gynécologues
médicaux ou gynécologues-obstétriciens. Il a néanmoins été décidé de travailler auprès de
médecins généralistes.
En effet, le suivi de grossesse ne fait pas partie de la pratique quotidienne de tout
médecin généraliste mais fait partie de ses compétences. Selon l'étude de J Perret, une
grossesse sur cinq est suivie au cours du premier trimestre par un médecin généraliste, dans la
circonscription de Grenoble [61]. Selon d'autres, 50 % des grossesses seraient suivies au
premier trimestre en médecine générale [92].
L'apparition des MSM dans le suivi de grossesse, il y huit ans, a fait entrer la pratique
du conseil génétique dans les cabinets de médecine générale [93]. L’information sur les
marqueurs sériques est difficile à transmettre. Pour étudier les difficultés rencontrées, il a
donc été choisi une population médicale ayant dû intégrer cette pratique pour une utilisation
épisodique.
La population des médecins généralistes maîtres de stage a semblé intéressante pour
notre enquête téléphonique.
D’une part, on pouvait penser que ces médecins, recevant des internes de médecine
générale en stage, s’interrogent sur leur pratique. En accueillant des résidents, ils s’exposent à
leurs questions et à leurs remarques sur leur manière de mener une consultation. Il était donc
espéré de cette population des réponses argumentées.
D’autre part, on pouvait penser que ces médecins savent se rendre disponibles pour les
étudiants en médecine, ce qui était un atout important dans le cas de cette enquête
téléphonique d’une durée d’environ 30 minutes.
Le critère d'exclusion « prescrire moins de 2 fois par an les MSM » a permis
d'éliminer les médecins généralistes ne prescrivant que très occasionnellement ce test.
Initialement la limite d'exclusion était de « prescrire moins de 3 fois par an les MSM ». Or,
101
les premiers médecins interrogés se sont avérés n'être en situation de prescription que 2 ou
3 fois par an. Lors de la présentation de l'enquête, ils s'étaient cependant considérés comme
ne présentant pas de critère d'exclusion, avaient accepté de consacrer une plage horaire de
30 minutes pour l’entretien téléphonique et se sentaient concernés par le sujet. Leurs réponses
se sont avérées argumentées et réfléchies, il a donc été décidé d'abaisser le seuil d'exclusion à
« moins de 2 fois par an ». Les médecins prescrivant « 2 à 3 fois par an » les MSM
représentent le quart de l'échantillon.
Le questionnaire devant donner lieu à une analyse qualitative, un échantillon de 20 à
30 sujets était suffisant. Il n'a pas été recherché dans la population des maîtres de stage un
échantillon représentatif de la population des médecins généralistes du département de l’Isère
car aucune méthode statistique n'était utilisée.
7.1.2 Questionnaire et recueil de données
L’ordre des questions a influencé le recueil de données.
L'utilisation du questionnaire a révélé que les questions de la première partie
(questions 1 à 20) n'étaient pas toutes à une place adaptée. La question 11 aurait dû se trouver
en début de questionnaire, après la question 3. Elle étudie la manière d'informer des médecins
interrogés sur les MSM. Les questions 3, 4, 5, 7, 8 et 9 auraient pu, dans ce cas, être utilisées
pour préciser les réponses à la question 11. Lorsque le questionnaire était posé dans l’ordre, il
amenait à des répétitions dans les réponses.
Par ailleurs, l'ordre choisi initialement pour les questions 2 à 20 pouvait influencer
certaines réponses. Mis face à leurs lacunes en terme de connaissance de la fiabilité du test
(questions 12 et 13), les médecins pouvaient être plus enclins à répondre en faveur d'une
formation sur ce sujet (question 18). Cette question en début d'enquête n'aurait sans doute pas
eu autant de réponses positives.
Enfin, pour pallier à la longueur du questionnaire et économiser le temps des
médecins interrogés, l'ordre initial des questions n'a pas toujours été respecté. Cette technique
d'interview explique une partie des données manquantes et gêne la comparaison des réponses
entre les différents praticiens.
102
Quelques questions manquaient de précision.
D’une part, certaines questions n'étaient pas formulées de manière explicite, comme la
question 11. L'analyse de la pratique des médecins généralistes se basait sur cette question
alors que sa formulation n'invitait pas clairement le médecin à expliquer comment il informe
les couples sur les MSM. Il était demandé au médecin comment il explique la fiabilité du test
aux patientes, et non pas le test en lui-même (avec ses buts, son déroulement et ses
conséquences). Une question du type « Pouvez-vous m'expliquer le dépistage de la
trisomie 21 par les MSM comme si j'étais une de vos patientes? » aurait permis d'obtenir une
réponse plus adaptée.
D’autre part, les réponses attendues n’étaient pas prédéfinies. Des grilles de réponses
auraient dû être préparées pour les questions ouvertes. A la question 11, une série d'items
aurait pu être prédéfinie afin que l'enquêteur puisse cocher les thèmes abordés, par exemple:
« possibilité de faux positifs, taux de dépistage positif, possibilité de faux négatifs, nombre de
trisomie 21 non dépistées par les marqueurs sériques, possibilité d'amniocentèse en cas de
résultat positif, risque d'attendre un enfant trisomique en cas de marqueurs sériques positifs,
risques de fausse couche suite à une amniocentèse… ». Cette série d'items aurait facilité le
recueil et l’utilisation des données.
Les données recueillies ont été influencées par l'enquêteur.
Le recueil de données qualitatives est basé sur une approche compréhensive de l'autre.
On s'est efforcé d'avoir une attitude empathique afin que le médecin interrogé se sente libre.
Cependant, ce qu'exprime le médecin ne pouvant qu'interpeller l'enquêteur, la retranscription
des verbatims a pu en être influencée [90].
De plus, l’enquêteur a parfois dû faire une synthèse du discours du médecin interrogé.
Retranscrire les données orales en menant un entretien téléphonique s'est révélé difficile par
moment. Lorsque le flux verbal du médecin interrogé était trop rapide, certaines données
(expressions, réflexions, …) n’ont pas été retranscrites de manière simultanée. L’enquêteur a
cherché à les reformuler au plus proche. Comme les entretiens téléphoniques n'ont pas été
enregistrés, il n'a pas été possible de revenir en arrière, de réexaminer les processus observés,
ou les témoignages livrés, de manière à pouvoir interpréter au plus juste les réponses données.
Il y a eu une perte d'information et de précision des réponses.
103
Enfin, une donnée qualitative est par essence une donnée complexe et ouverte [90].
Elle peut prendre la forme de mots, d'expressions, de phrases, ou de locutions porteurs de
sens au moment du recueil. Retranscrire dans leur contexte, une hésitation, un soupir, s'est
avéré difficile; et en rechercher le sens a rarement été fait au cours de l'enquête du fait de la
longueur du questionnaire en lui-même. Comme le dit P Paillé: « On ne peut jamais tout
transcrire d'un témoignage: le ton, l'intensité, le timbre, la clarté de la voix … » [90]
7.1.3 Méthode d’analyse des données
Cette méthode était adaptée à l'objectif principal de cette enquête.
L'analyse qualitative est un exercice intellectuel pour faire émerger du sens [90]. Il a
permis de déterminer les opinions des médecins généralistes sur le contenu d'un document
d'information pour les couples et de les analyser.
Une des qualités de cette méthode est de permettre d'approcher la complexité du
réel [90]. Les avis des médecins sur certains points divergent. Utilisant les conseils de
P Paillé, il a été cherché à « mettre en perspective les différentes données recueillies pour
essayer de les faire parler ».
L'analyse des données a été influencée par l'interprétation du chercheur.
L’analyse qualitative est une démarche complexe où le chercheur doit faire des choix.
Il existe, comme lors du recueil de données, un biais dû à la personnalité de l’investigateur.
« Il importe d'être attentif au fait que l'analyse parle bien souvent autant de l'analyste, de sa
société et de sa culture que du phénomène analysé. » [90] Dans le cas présent, de nombreux
choix ont été faits lors de l’analyse des données; l’enquêteur a aussi dû prendre position pour
rédiger le document d'information.
104
Cette analyse qualitative n’était pas adaptée à l’objectif secondaire, en raison du
nombre insuffisant de médecins interrogés.
D’une part, il aurait pu être recherché une relation entre le type de formation et le
niveau de connaissance et, de même, une relation entre ce niveau de connaissance et la qualité
de l’information donnée.
D’autre part, les résultats auraient pu être ainsi généralisés comme cela a été fait dans
l’étude de S Ricard auprès de 140 médecins, qui montrait que le temps moyen de consultation
sur les MSM était de 10 minutes en médecine générale [92].
7.1.4 Méthode d'élaboration du document
Ce document n’a pas été élaboré en équipe. « Promoteur, comité d'organisation et
groupe de travail », tels qu'ils sont définis par l'HAS, sont une seule et même personne.
La présence d'un « promoteur » aurait pu donner plus de portée à sa démarche. On
peut d'autant plus le regretter qu'un document d'information pour les femmes répond aussi à
une demande des professionnels [24].
Par ailleurs, un travail d'équipe aurait pu permettre la réalisation d'une enquête
préliminaire auprès des femmes. Une enquête concernant les attentes des femmes enceintes
en terme d'information sur les MSM fait défaut dans la littérature. Cette enquête auprès des
patients est fondamentale avant tout travail d'élaboration d'un document d'information leur
étant destiné [72].
Des avis extérieurs ont cependant été pris auprès d'experts pour confirmer les
prérequis scientifiques utilisés dans ce document. De même, la proposition de document a été
soumise à l'association P&DPN.
Enfin, en comparant l'organisation de ce travail aux « étapes clé de l'élaboration d'un
document écrit » données par l'HAS, on voit que la majorité des étapes ont été respectées.
105
7.2 Pratique et connaissances
7.2.1 Temps consacré à l'information
Les médecins ne prescrivent pas les marqueurs sériques maternels comme un
examen de routine. D'expérience, les examens de routine (sérologie toxoplasmose, et autres
sérologies au cours de la grossesse) demandent des explications de moins de 2 minutes.
Lors de l'enquête téléphonique, il était très souvent répondu à la question 3: « environ
5 minutes ». La majorité des médecins dit passer 5 à 10 minutes pour présenter les MSM.
Dans un travail réalisé en 1998 sur 140 médecins généralistes, ces praticiens prenaient en
moyenne 10 minutes pour cela.
Dans le questionnaire (annexe 5), il n'était pas demandé de donner la durée précise de
leurs explications mais une approximation de celle-ci en faisant un choix parmi les intervalles
prédéfinis: « moins de 2 minutes », « 3 à 5 minutes », « 5 à 10 minutes » et « plus de
10 minutes ». Etant donné la taille de l'échantillon, il n'était pas prévu d'obtenir une moyenne.
Le résultat obtenu, sous forme d'intervalle, a cependant moins de précision qu'une moyenne.
Par ailleurs, l'écart entre « environ 5 minutes » et « en moyenne 10 minutes » est
important. Cette différence peut s'expliquer de différentes manières:
► L’échantillon est de petite taille.
► Les médecins ont du construire leur discours depuis 1998. Confrontés à la difficulté de
présentation de ce test au moins deux fois par an, ils ont réfléchi sur le contenu de cette
consultation. On peut penser que ce discours construit va directement à l'essentiel et qu'il
prend donc moins de temps.
► Ce test de dépistage de la trisomie 21 est de plus en plus connu des femmes, il a donné
lieu à de nombreux écrits de vulgarisation.
Au contraire de l'enquête de P Santalahti, où 50 % des MSM étaient présentés comme
un examen de routine [86], on constate que dans notre échantillon, et dans celui de S Ricard,
du temps est spécialement consacré à leur explication.
106
Le temps consacré à l'information est court.
On peut se demander, si consacrer « environ 5 minutes » aux MSM, suffit pour
informer correctement les couples.
Dans son rapport, S Ricard écrit « Des experts en génétique évaluent à une trentaine
de minutes une présentation du test parfaitement menée. » [92] Dans une communication
personnelle, le Dr G Bourrouillou, généticien au CHU de Purpan, insiste sur le fait que « cette
information demande un MINIMUM de 10 minutes » [94].
Le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) considérait, en 1993, que cette
information devait être délivrée lors d'une consultation particulière [66]. Il n'en précisait pas
la durée mais il recommandait que cette information soit donnée dans un centre agréé de
diagnostic prénatal.
Ces recommandations n'ont pas été suivies lors de la généralisation du dépistage. En
pratique, les MSM sont présentés lors d'une consultation mensuelle de suivi de grossesse.
Selon ces généticiens, cette information semble presque nécessiter une consultation entière.
Cependant, aucune étude n'a été retrouvée sur le temps nécessaire pour informer de manière
claire, loyale et appropriée les couples concernant les MSM.
L'information sur les MSM est tardive au cours de la grossesse.
Les médecins parlent des marqueurs sériques au cours de plusieurs consultations. Cela
répond au conseil de délivrer l'information progressivement, afin de laisser le temps à la
patiente d'y réfléchir et de formuler ses questions [67]. Laisser cet intervalle libre entre deux
consultations pourrait améliorer le niveau de connaissance et diminuer le niveau d'anxiété des
couples.
Une étude anglaise décrit l'efficacité d'un mode d'information en deux temps [95]. La
démarche évaluée nécessite deux consultations : lors de la première, le dépistage est présenté
puis une brochure d'information est remise à la patiente; avant la deuxième consultation, les
connaissances de la femmes sont évaluées par un questionnaire ; les éléments incompris ou
non connus sont immédiatement repris avec la femme lors d'un entretien personnalisé. Cette
méthode améliore significativement le niveau de compréhension des patientes.
107
Les réponses à la question 2 montrent que les médecins interrogés expliquent
généralement les MSM durant la consultation qui suit la première échographie. Ces médecins
évoquent les marqueurs sériques lors de la première consultation de grossesse mais ne les
expliquent réellement qu'au moment où il faut les prescrire. Le résultat de la question 2 ne
permet donc pas de déduire que le niveau de compréhension des couples soit meilleur.
Recommander d'expliquer les MSM lors de la première consultation de grossesse serait plus
efficace.
De même, présenter ce test précocement permettrait d'améliorer la gestion de l'anxiété
des couples face à ce test. C'est une des propositions, faites par l'équipe de Gynécologie-
Obstétrique de Tours, pour réduire l'anxiété liée au diagnostic prénatal. C de Vigan suggère
que ce test soit expliqué en début de grossesse, suivi de la remise d'une brochure
explicative [49]. S Ricard abordait aussi ce problème. Dans son étude, 60 % des médecins
généralistes parlent tôt des MSM au cours de la grossesse afin de minimiser l'angoisse de la
femme. « En lui laissant du temps pour réfléchir avant de se décider si elle fera ou non le test,
l'angoisse aura le temps de s'atténuer ou le risque sera oublié. » [92] La dernière partie de cet
argument ne paraît cependant pas valable. Une femme pour donner son consentement éclairé
doit avoir intégré tous les éléments pouvant peser dans la décision, en particulier les risques.
Il est nécessaire de prendre le temps, au moment du dépistage, d'envisager quelle
attitude le couple adopterait en cas de résultat positif. En effet, lorsque ce résultat arrive, le
couple se retrouve, dans une situation qui demande de prendre rapidement une décision vis-à-
vis de l'amniocentèse. « N'y a-t-il pas urgence à prendre son temps, à donner du temps à ce
couple, en le faisant réfléchir avant le test? » [86]
Les médecins ne sont pas intéressés par une consultation consacrée aux MSM.
Quelques propositions ont été faites devant l'aspect chronophage de la présentation
des MSM.
Il a été proposé aux médecins qu'une consultation du début de grossesse soit
entièrement consacrée aux MSM, voire aux différentes étapes du dépistage prénatal habituel
lors d'une grossesse. J Gekas avait fait une proposition similaire à la fin de son article: « Le
calendrier de grossesse devrait être prévu pour, d'une part consacrer une consultation entière
aux marqueurs sériques et pour que, d'autre part, les résultats des marqueurs sériques tombent
108
au moment d'une visite programmée. » [4] Cette proposition n'a pas entraîné de changement
dans la pratique.
Les deux tiers des médecins interrogés pensent que l'information sur les MSM, même
si elle nécessite du temps, ne doit pas sortir du cadre d'une consultation habituelle de suivi de
grossesse et, au contraire, doit être mélangée au reste des informations. Ils font simplement
remarquer que l'intérêt pour eux d'accepter la mise en place d'une consultation obligatoire sur
les MSM, serait que cette consultation soit rémunérée à sa juste valeur. En effet, en France,
aucune rétribution financière, liée au temps passé à informer les patients, n’est prévue.
Dans la même proportion, ils ne sont pas favorables à ce que devienne obligatoire une
consultation d'information sur le dépistage prénatal.
L'entretien du 4ème mois, récemment instauré, pourrait être utilisé pour vérifier le
niveau de compréhension des femmes sur les MSM et expliquer les éléments incompris. Cette
proposition a été faite par un médecin interrogé. Or, « l'entretien du 4ème mois doit être
l'occasion d'évoquer les questions mal ou peu abordées avec la future mère lors des examens
médicaux prénataux: questions sur elle-même, … » [96], vérifier le niveau de connaissance
des femmes sur les MSM ne fait pas partie de ses objectifs. De plus, c'est au quatrième mois
qu'ont lieu les MSM, cet entretien peut avoir lieu trop tard par rapport aux dates de
prélèvements des marqueurs.
En Angleterre, certaines équipes présentent ce test au cours d'une consultation
habituelle du suivi de grossesse, d'autres le présentent lors d'une consultation particulière. Le
recours au dépistage est plus élevé lorsque le test est présenté avec les autres examens de
suivi de grossesse. L'équipe de TM Marteau s'est demandée comment les méthodes de
présentation du dépistage pouvaient favoriser un choix informé. Elle a mesuré le niveau de
choix informé à l'aide de 7 questions et montre qu'il est bas. Du fait du manque de puissance
de son étude, elle n'a pu conclure sur l'efficacité d'une visite particulière sur le dépistage pour
améliorer le nombre de couples faisant un choix informé [82].
Avant de poursuivre la réflexion sur des moyens pour augmenter le temps imparti à
l'information sur le dépistage, il semble nécessaire de prouver que consacrer plus de temps à
cette information aide les couples à faire un choix informé.
109
7.2.2 Qualité de l'information donnée sur les MSM
Les médecins interrogés parlent du dépistage comme d'une estimation du risque pour
l'enfant d'être atteint de trisomie 21.
En effet, il est très important de parler de probabilité car « un nombre considérable de
femmes ne comprennent pas qu'il ne s'agit pas d'un diagnostic certain mais de l'identification
d'un risque plus élevé » [24].
En même temps, un « résultat probabiliste est très difficile à comprendre et peut être à
l'origine de beaucoup de confusion » [24]. De manière significative, V Goel montre que plus
la femme est âgée, plus elle a un niveau d'éducation élevé, et plus elle a un niveau social
élevé, meilleur est son niveau de compréhension [83].
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que certaines femmes peuvent avoir du mal à
comprendre le concept d’un risque exprimé sous forme d’une fraction [4].
Enfin, C Julian-Reynier donne un exemple de variabilité de la perception du risque. Il
montre qu'à valeur de risque égal (1 %), « les femmes sont plus nombreuses à percevoir le
risque comme élevé lorsque celui-ci concerne la possibilité d'une trisomie 21 fœtale, que
lorsqu'il porte sur la possibilité de perte du foetus suite au diagnostic prénatal » [97].
La plupart du temps, les praticiens expliquent les résultats.
La majorité parle de la proposition d'amniocentèse en cas de résultat positif et dit que
c'est l'amniocentèse qui donnera le diagnostic. Un quart mentionne explicitement la
possibilité de faux positifs. A la question 11, ils ont rarement verbalisé l'explication du
résultat négatif.
Leur formulations de la fiabilité du test: « ce n'est pas du 100 % », « les résultats ne
sont pas " blanc " ou " noir " » expliquent, de manière implicite, la signification des résultats
positifs et négatifs. L'absence de formulation explicite de la signification des résultats peut
expliquer le fait que certaines femmes n'aient pas la notion de faux négatifs [4, 6] et / ou de
faux positifs [49].
L'information donnée concernant les MSM doit permettre « d'éviter qu'il n'y ait
confusion dans l'esprit de la future mère entre le découverte de l'appartenance d'un groupe à
risque accru et le diagnostic d'une trisomie 21 chez le fœtus » [66]. Pour les 7 à 8 % de
110
femmes persuadées que leur enfant est trisomique à la réception de MSM positifs [49], il est
nécessaire de décrire de manière explicite la signification d'un résultat positif. Ces femmes
sont à risque de croire à l'anormalité de leur enfant, même si son caryotype revient
normal [94].
L'absence de connaissance des faux négatifs peut faussement réassurer les parents par
rapport à la trisomie 21 pour leur enfant. Il est indispensable que les parents aient compris
qu'un résultat normal n'est pas un « certificat de normalité » [66].
Quelques médecins expriment les risques de fausse-couche secondaire à
l'amniocentèse, mais aucun n'exprime spontanément le risque de trisomie 21 si les
marqueurs sériques sont positifs.
Ces deux risques font partie des points-clés de l'information à donner lors de la
prescription des MSM en Angleterre [64]. Ils sont aussi soulignés dans l'introduction d'une
étude canadienne comme étant capitales avant de faire le test: « Les femmes avant de faire le
test doivent savoir que la plupart de celles qui recevront un résultat positif n'auront pas
d'enfants trisomiques. » [7] En France, il est demandé de présenter les risques de
l'amniocentèse à la parturiente, mais il n'est pas demandé formellement d'informer les couples
sur le risque de trisomie 21 en cas de positivité des MSM. [63].
Les résultats de la question 14 montrent que le risque de trisomie 21, quand les MSM
sont positifs, est peu connu des professionnels. La réception d'un résultat de MSM positif met
la femme dans une situation de doute à propos de la normalité chromosomique du bébé
qu'elle attend. Savoir que l'estimation du risque, donnée isolément par les MSM, est faible,
leur permettrait d'envisager autrement la réalisation d’une amniocentèse.
Peu de médecins parlent de l'interruption de grossesse proposée en cas de diagnostic
prénatal de trisomie 21.
Pourtant, dès 1993, le CCNE rapporte que « Le problème de l'attitude du couple vis-à-
vis de l'interruption de grossesse doit être abordé avant la prise de sang. » [66] F Muller
reprend ces termes et explique comment l'absence d'information conduit à une angoisse
maternelle profonde si la patiente appartient au groupe à risque et ne désire ni amniocentèse
ni IVG [47].
111
L'information sur la possibilité d'une IVG en cas de diagnostic prénatal de trisomie 21
ne fait pas partie du contenu de la consultation d'information sur les MSM en France. C'est
par contre un point à aborder d'emblée selon les recommandations anglaises.
Pour le Pr I Nisand, gynécologue-obstétricien à Strasbourg, « L'interruption de
grossesse pour raison médicale ne peut pas être une proposition médicale mais doit être une
demande des parents. » [98]
Il semble que tous les médecins précisent que ce n'est pas un test obligatoire.
Comment expliquer alors le résultat de R Favre? Son enquête montre, qu'en Alsace,
30 % des femmes considèrent ce test comme obligatoire [6].
► Les médecins disent que ce test n'est pas obligatoire mais sont par ailleurs directifs.
On a pu constater au moins deux attitudes directives (cf page 71) soit pour
déconseiller les MSM, soit pour fortement conseiller ce test. Un autre médecin confie qu'il
pense décourager ses patientes tellement il est peu motivé.
Les autres médecins interrogés ne semblent pas donner leur avis lors de la consultation
de conseil génétique. Cependant, si on reprend les critères des équipes américaines
(cf page 39) l'information donnée n'est pas totalement « non directive » [74]. Entre autres,
aucun médecin ne dit chercher à connaître les valeurs du couple afin que la décision prise soit
en fonction.
► Les médecins ont répondu positivement à la question 3, alors que dans leur pratique
cet aspect non obligatoire est plus implicite qu'explicite.
L'information donnée par les médecins généralistes est incomplète comparée au
contenu recommandé pour cette consultation de conseil génétique.
Selon TM Marteau, les médecins donnent peu d'information car ils sous-estiment les
besoins des patients, et parce qu'ils craignent que beaucoup d'information rende les patients
anxieux [78]. Ces résultats peuvent donc être un reflet de la réalité.
Différentes études montrent qu'une information complète n'inquiète pas les
femmes [76, 78]. Les verbatims montrent que les médecins généralistes n'en sont pas
convaincus. Il pourrait être intéressant de sensibiliser les professionnels à ce propos.
112
Aujourd’hui, le contenu de la consultation de conseil génétique préalable aux
techniques de dépistage prénatal semble relativement établi. On peut se demander alors
pourquoi l'information transmise est incomplète
Il se peut que les médecins n'aient pas connaissance de ces recommandations ou qu'ils
ne les aient pas retenues. On note que la « checklist » donnée par le RCOG anglais donne huit
points précis à aborder [64]. Les recommandations françaises sont moins précises mais
existent et sont accessibles. L'article R. 162-16-7 du code de la santé publique figure sur la
majorité des feuilles de prescription fournies par les laboratoires agréés.
Les autres arguments expliquant l'incomplétude de cette information sont le manque
de connaissance des médecins, et leur manque de temps [52].
Rares sont les médecins qui utilisent un document d'information.
La grande majorité des médecins interrogés utilisent un seul document: le papier
fourni par le laboratoire d'analyses médicales pour informer les femmes.
Ce document comprend une partie à signer par la femme où il est donné quelques
indications sur le test. R Favre montre qu'on ne peut pas considérer la feuille de laboratoire
comme un document d'information car 60 % des femmes interrogées en fin de grossesse ne se
souviennent pas avoir lu et signé un papier provenant du laboratoire [99].
Un quart des médecins utilise un document d'information, en général élaboré par eux-
mêmes. Or, en 1996, un document a été élaboré par l'INSERM pour expliquer aux femmes ce
nouveau test de dépistage. Il s'avère peu utilisé en médecine générale. Comment expliquer sa
mauvaise diffusion? Il semble nécessaire d'y réfléchir avant de prévoir la diffusion d'un
nouveau document sur ce sujet.
Informer les femmes ou les couples sur le dépistage de la trisomie 21 n'est pas
simple, comme l'exprime la moitié des médecins interrogés.
On peut comparer les médecins dans cette situation, « à des éléphants dans un magasin
de porcelaine » [73]. Au moment d'aider le couple à construire leur parentalité autour de ce
projet d'enfant, le médecin vient poser une question intrusive engendrant une réflexion
douloureuse. Comme disent certains médecins lors de l'enquête: « C'est humainement difficile
à expliquer. »
113
D'une part, il est générateur d'un « surcroît sensible d'anxiété » [100].
D'autre part, il est assez difficile à comprendre au niveau individuel pour les femmes:
en terme de fiabilité: « La prise de décision des femmes requiert d'intégrer rapidement une
information complexe. » [3] et en terme de conséquences: « Le recours au dépistage prénatal
de la trisomie 21 est généralement vécu comme une décision unique alors qu'elle est
potentiellement génératrice de décisions ultérieures. » [49]
Informer le couple signifie que la femme en parle à son partenaire ou bien qu'il soit
présent lors de la consultation. Un tiers des médecins interrogés ne cherche pas à inclure le
futur père dans cette réflexion. L'enquête de P Santalathi, montre que seul un tiers des
femmes en parle à leur mari. Sachant que mari et femme n'ont pas forcément le même avis
sur la question, il semble important de redonner la place au futur père dans la discussion sur
le dépistage prénatal.
Enfin, une bonne information diminue la demande d'explication et d'informations
supplémentaires mais ne peut l'annuler complètement. [85]. Il reste toujours une part d'anxiété
à l'origine d'un sentiment d'insatisfaction que même un conseil génétique personnalisé de
qualité ne peut résoudre.
L'information transmise est influencée par le niveau de motivation du
professionnel.
Certains médecins perdent leur motivation par rapport aux MSM, notamment suite à
une expérience de suivi de femmes dont les résultats se sont avérés être faux positifs ou faux
négatifs. Il en est de même pour les médecins ayant du accompagner un couple ayant perdu
leur bébé indemne de trisomie 21 suite à une amniocentèse. « La pratique de ce dépistage à
l’échelle d’un cabinet de médecine générale peut être lassante, étant donné la rareté de la
trisomie 21, et même frustrant, si la seule trisomie 21 advenant lors des grossesses suivies,
fait partie des 30 % " loupés " statistiquement. » [101] Lors de l'enquête, quelques réflexions
ont été faites dans ce sens.
114
7.2.3 Qualité de l'information donnée sur la trisomie 21
Peu d’information est donnée sur la trisomie 21 dans le cadre du dépistage prénatal
en médecine générale. Le décret n°95-559 du 6 mai 1995 habituellement signé des médecins
prescripteurs est donc incomplètement respecté.
Par ailleurs, quelques informations erronées sont données, telles que: « ce n'est pas
une maladie, c'est une anomalie », « l'atteinte est variable allant d'une personne
polyhandicapée à une personne presque normale ». La recherche préliminaire d'une définition
précise de la trisomie 21 a permis de mettre le doigt sur la première erreur de langage. En ce
qui concerne le « polyhandicap », on s'aperçoit que ce terme ne correspond
qu'exceptionnellement à une personne atteinte de trisomie 21. Le Ministère de la Santé en
donne la définition suivante: « handicap grave à expression multiple présentant un déficience
mentale sévère associée à des troubles moteurs entraînant une restriction extrême de
l'autonomie » [102].
Ces différentes erreurs et la retenue des médecins pour parler de la trisomie 21
montrent qu'il est difficile de parler de cette maladie au cours de la grossesse. Quelques
médecins interrogés l'ont exprimé simplement: « C'est pas facile à expliquer. » R Shojai
évoque dans sa conclusion le manque d'objectivité des médecins en ce qui concerne
l'information sur la trisomie 21 [15]. Dans le cadre de cette étude, on ne peut pas parler de
manque d'objectivité de la part des médecins car ils ne semblent pas avoir de parti pris.
Par ailleurs, C Williams montre que souvent les médecins eux-mêmes n'ont pas reçu
une information objective sur la pathologie car ils sont rarement confrontés à des
trisomiques tant sur le plan personnel que professionnel et parce que leur connaissance est
essentiellement théorique [15]. Ce n'est pas non plus le cas des médecins interrogés ici, car
presque la moitié d'entre eux a un ou plusieurs trisomiques dans sa patientèle. Ces médecins
ont donc a priori un regard réaliste.
Enfin, l'enquête montre que les médecins considèrent leur niveau de connaissance
sur la trisomie, suffisant pour leur exercice professionnel, et ne se remettent pas en question
à ce propos. Cependant, la pauvreté et les quelques erreurs de leurs descriptions orales sur
cette maladie peuvent amener à s'interroger sur leur réel niveau de connaissance.
Il semble donc important de sensibiliser les médecins sur la qualité de l'information à
délivrer sur la trisomie 21 car 70 % de femmes rapportent que l'information sur la trisomie 21
est inadéquate [4].
115
7.2.4 Niveau de connaissance des médecins interrogés
La connaissance des médecins généralistes sur la fiabilité du test est mauvaise.
Un quart connaît la sensibilité, aucun ne connaît la spécificité des marqueurs sériques.
Cela ne semble pas être dû à un biais de sélection, car une étude de santé publique anglaise a
identifié, lors d'une enquête auprès de 288 médecins généralistes, que les praticiens savent
prescrire le test, en connaissent grossièrement les conséquences mais n'en connaissent pas la
fiabilité [84].
Une autre étude anglo-saxone a montré que la femme ne peut prendre une décision
éclairée que si le niveau de connaissance de son interlocuteur médical est suffisant [57]. Il est
donc important de travailler à améliorer ce niveau de connaissance des médecins
prescripteurs. Eux-mêmes sont demandeurs d'information sur la fiabilité des marqueurs
sériques.
Les médecins interrogés nous donnent plusieurs raisons à leur méconnaissance
de la fiabilité du test.
Certains disent que la formation a été insuffisante. L’un dit que lors d’une séance de
formation, l’interlocuteur n’était pas convaincu par l’utilisation des marqueurs sériques. Cette
formation a été très hétérogène: les discussions entre confrères et les séances de formation
continue sont les moyens les plus fréquemment mentionnés. La presse médicale a rarement
été mentionnée.
Dans le travail de S Ricard, la formation par le biais de la presse était beaucoup plus
importante: 50 % des médecins avaient été formés par ce moyen. Par ailleurs, dans son étude,
les médecins spécialistes avaient été beaucoup plus nombreux à suivre une séance de
formation continue (70 %) que les généralistes. Les médecins interrogés ont consacré moins
de temps que les gynécologues à se former sur cette consultation de conseil génétique qui ne
représente qu'une petite partie de leur exercice professionnel. De plus, les séances de
formation continue citées par les médecins généralistes avaient souvent pour sujet le suivi de
grossesse en général. Le temps imparti à ce test dans ces formations devait être probablement
peu important.
116
Une autre explication est l’absence de réactualisation des connaissances. Aucun
médecin n'a eu de mise à jour de ses connaissances sur ce test.
Les médecins ont besoin d'un document d'information sur les marqueurs
sériques maternels pour améliorer leurs connaissances.
Les deux premiers médecins interrogés ont demandé un document d’information sur
les MSM pour eux-mêmes. La question 28 a été ajoutée au questionnaire afin de déterminer si
cette attente était partagée des autres professionnels. Elle a fait l’unanimité auprès des
médecins. D’après eux, ce document doit comporter un rappel de la fiabilité des MSM,
présenter l’actuelle stratégie de dépistage de la trisomie 21 et ses conséquences au niveau
national.
En Savoie, il a été ainsi édité un petit journal au printemps 2004 [101]. On y trouve un
rappel de la sensibilité et de la spécificité des MSM, la description de la stratégie actuelle de
dépistage de la trisomie 21 et sa probable évolution, la répercussion de ce dépistage au niveau
national, et la conduite à tenir dans certains cas particuliers. Par ailleurs, est redéfinie la
stratégie de dépistage des défauts de fermeture du tube neural et est donnée la signification
des différents profils biochimique obtenus avec les MSM. Enfin, les auteurs cherchent à
motiver les prescripteurs à remplir correctement les feuilles de prescription.
Travailler sur le contenu de ce document est une manière de répondre au
manque de connaissance des médecins généralistes.
Dans un tel document, il semble nécessaire qu’apparaissent la description du dépistage
biologique et échographique, mais aussi la possibilité d’un dépistage combiné pouvant
modifier l’interprétation des résultats pris isolément. En effet, cette stratégie tendant à se
généraliser, les médecins doivent en être informés, en attendant sa formalisation. Pour
répondre aux carences des médecins, la sensibilité et la spécificité de chaque examen doivent
être précisées; et en réponse à la demande exprimée lors de l’enquête, l’impact de ce
dépistage au niveau national paraît aussi devoir figurer.
117
Les médecins interrogés notent que ce dépistage demande à être très rigoureux. Il faut
donner la datation échographique de la grossesse et préciser s'il y a des jumeaux. Dans
certains laboratoires, il faut mentionner, en plus: le poids de la patiente, et si elle fume. Par
ailleurs, il faut faire signer son consentement à la patiente. Un médecin dit: « On m’a
demandé deux fois de recalculer la datation de la grossesse devant des résultats positifs.
Ceux-ci se sont avérés négatifs après ce nouveau calcul… » Rappeler au prescripteur d’être
vigilant dans les informations fournies au laboratoire est important. Le nombre de demandes
incomplètes en témoigne: 5 à 7 % des prescriptions, arrivant au laboratoire agréé de
Chambéry, sont incorrectement remplies [101].
On s’interroge sur l’importance de décrire la conduite à tenir dans les cas
particuliers suivant : âge maternel supérieur ou égal à 38 ans, gémellité ou procréation
médicalement assistée. Aucune question de l’enquête ne porte sur ce sujet-là. Dans le
discours des médecins, il ne semble pas que les MSM soient proposés aux patientes âgées,
alors qu’on sait que les MSM ont une sensibilité de 95 % à cet âge où les grossesses sont
souvent particulièrement précieuses [44]. Faire figurer l'apport des MSM dans le dépistage de
la trisomie 21 chez les femmes âgées semble donc important. De même, aucune remarque n’a
été faite sur les cas de gémellité et de procréation médicale assistée. Ces grossesses étant des
grossesses compliquées, elles sont suivi en milieu spécialisé. Dans un document destiné à des
médecins généralistes, il ne semble pas nécessaire que soit présentée la conduite à tenir dans
ces deux derniers cas.
Quelques médecins ont interpellé l’enquêteur sur le fait que les MSM ne dépistent pas
que la trisomie 21. Peu de médecins semblent le savoir. Il paraît important de le rappeler aux
médecins prescripteurs. Dans le petit journal édité en Savoie, il est expliqué quelles anomalies
suspecter devant les différents profils anormaux des marqueurs sériques. Aucune demande
d'information si détaillée n'a été formulée par les médecins interrogés. Noter qu'un profil
anormal de marqueurs sériques nécessite un avis spécialisé pourrait suffire.
Enfin, ce document doit être évolutif. Les médecins généralistes expriment leur désir
d'être informés en cas de modification de la stratégie de dépistage.
118
7.2.5 Propositions pour l'avenir
Les médecins ont une réelle attente d'un document d'information sur le dépistage, pour
eux-mêmes. Il est nécessaire d'y répondre rapidement. Bien qu'une évolution de la stratégie
de dépistage se dessine, il n'est pas souhaitable d'attendre pour mettre à jour les connaissances
des médecins car aucune date n'est fixée pour ce changement.
Avec les questions 12, 13 et 14, ils ont pris conscience de leur manque de
connaissance de la fiabilité du test. Cette carence, récemment identifiée, peut les rendre plus
attentifs à ce document et aux informations qu'il contient lors de sa réception. En effet, les
médecins généralistes sont submergés d'informations médicales. L'envoi rapide d'un
document d'information pour les professionnels pourrait se servir de cet "effet secondaire
bénéfique" de l'enquête téléphonique.
TM Marteau rappelle que, à l'échelle d'un service hospitalier, la qualité de
l'information s'améliore à partir du moment où sont mises en place des formations [78]. Dans
le cadre de la médecine générale, la dispersion géographique rend la participation aux
formations plus difficile. Le bénéfice collectif d'une telle proposition sera certainement
moindre que ce que décrit TM Marteau à l'échelle d'un service hospitalier; le bénéfice, qu'on
peut en attendre, sera essentiellement individuel.
Enfin, d'autres pistes restent à approfondir:
► envisager une étude à grande échelle et étendue aux gynécologues afin de confirmer
ces résultats;
► mener une enquête auprès des femmes enceintes pour déterminer quelle information
elles désirent recevoir lors de cette consultation [72];
► poursuivre le travail de réflexion sur les éléments permettant de prendre une décision
éclairée à la suite de l'équipe de TM Marteau (cf page 49);
► proposer une évaluation de pratique professionnelle axée sur les MSM.
Enfin, d'autres études devront être envisagées pour s'assurer de l'amélioration du
niveau de connaissance des médecins suite à la diffusion des moyens de formation.
119
7.3 Contenu du document d'information
L’objectif principal de cette étude était d’élaborer un document d’information sur les
marqueurs sériques maternels pour les femmes enceintes. Le contenu d’une plaquette
d’information a été proposé à la fin des résultats. Peut-on considérer ce contenu comme
valable ?
Ce document d'information a été construit à partir de la confrontation des désirs des
patientes, des propositions faites dans le guide de l'HAS et de l'opinion personnelle des
médecins généralistes. Son contenu est source de discussion car des choix ont été faits par
l'auteur lorsque les données divergeaient.
Afin d'analyser le contenu de ce document, on procède de la manière suivante: on met
le contenu de ce document bout à bout, lignes après lignes; puis on sépare les différents
éléments informatifs en fonction des qualités suivantes: « opinions des médecins
majoritairement en faveur de cette information », « opinions des médecins divergentes par
rapport à cette information », « informations demandées par les femmes ou recommandés par
l'HAS » et « informations ajoutées par l'auteur ».
Cet exercice montre que la grande majorité du texte est tirée de l'analyse qualitative
des résultats de l'enquête: 17 lignes viennent des résultats paraissant consensuels; 5 lignes
sont des éléments choisis par l'auteur, alors qu'ils ne ressortent pas comme consensuels; enfin,
3 lignes viennent des recommandations et de la littérature. Le paragraphe sur la trisomie 21
n'a pas été pris en compte: il est discuté plus loin.
7.3.1 Caractéristique non obligatoire du test
Il est important d'insister sur le fait que les MSM ne sont pas obligatoires.
D'une part, l'association D&DPN a insisté sur ce point : c'est la première chose qui
doit apparaître sur le document destiné aux femmes.
D'autre part, 30 % des femmes considèrent toujours ce test comme obligatoire [6].
120
Les femmes ne comprennent pas pourquoi ce test est facultatif. Les médecins se disent
parfois interrogés sur ce point. Faire signer son consentement à la femme est une manière de
s'assurer qu'elle a compris le test et ses conséquences, et de notifier sa démarche volontaire.
Cela est rendu nécessaire par la loi, suite aux préconisations du Pr JF Mattéi. (cf page 35)
La raison principale de faire comprendre à la femme au début de la plaquette que ce
test n'est pas obligatoire est la suivante: désirant ce qu'il y a de mieux pour son bébé à venir,
la femme ne pense pas que les propositions venant du corps médical soient à discuter. Elle est
prête à accepter la proposition du professionnel. Rendre explicite cet aspect facultatif en
début de document permet de réveiller la lectrice, femme enceinte « disciplinée » par rapport
à la conduite à tenir en cours de grossesse.
De même, il a semblé indispensable de rappeler à la femme à la fin de la plaquette,
que c'est à elle de faire un choix. La phrase évoquant les différentes opinions possibles a été
suggérée par une question susceptible d'être posée par un patient, retranscrite dans le guide de
l'HAS: « Mon cas est-il unique ? En quoi mon expérience est-elle comparable à celle des
autres ? » [72] Elle a pour but de montrer à la femme que, concrètement, elle a le choix et
qu'elle est capable de prendre une décision personnelle comme toutes les femmes enceintes.
C'est une manière de lui rendre sa totale liberté: les opinions sont diverses, elle aussi a le droit
d'avoir son opinion propre.
Il est important d'inviter à la réflexion, si possible en couple.
Il n'a pas été demandé lors de l'enquête s'il fallait inviter les femmes à intérioriser leur
choix, c'est-à-dire, à faire un choix en accord avec leurs valeurs. Les discussions avec les
membres de l'association Parents et Diagnostic Prénatal (P&DPN) confirment cependant ce
qu'avait retranscrit P Santalahti [49] dans son article: l'importance d'une réflexion en
profondeur.
Le mot « valeurs » signifie, non pas les valeurs de leur famille, de la société ou de leur
religion, mais les valeurs qu'elles portent en elles, intégrées comme leur, fruits de leur histoire
familiale, sociale et spirituelle. En effet, ce sont elles qui vivent ce choix, ce sont elles qui
121
vont en assumer les conséquences toute leur vie. Il est donc très important que ce soient elles
qui prennent position, afin de pouvoir mieux porter ce choix ensuite.
Malgré la pratique hétérogène des médecins généralistes, il semble nécessaire de
trouver une place pour le futur père dans le document. Cela permet de l'associer à la réflexion
et à la prise de décision. Inclure le partenaire dans la prise de décision permet, notamment,
de préparer le couple dans son ensemble et ainsi de prévenir leur vulnérabilité en cas
d'annonce d'un résultat anormal. Cela répond aux recommandations de l'HAS où les deux
noms communs « la femme » et « le couple » sont sans cesse associés [33].
Il est important d'encadrer cette réflexion.
La dernière phrase du document se veut rassurante. La femme et son partenaire ne
sont pas seuls devant ce choix: le corps médical est là pour les accompagner.
L'HAS conseille d'indiquer où le patient peut trouver d'autres informations. On peut
envisager ici de parler de l'association P&DPN. Cette association n'apporte pas
d'informations. Son but est d'écouter les parents, de les épauler dans leur démarche de
réflexion personnelle.
Cette proposition répond à la demande exprimée par des femmes dans l'enquête
finlandaise [49]. Elles expriment le désir de rencontrer une tierce personne pour réfléchir sur
ce sujet avant de s'engager, pour ne pas être seules face à ce choix et pour prendre le temps
d'identifier leur réponse propre.
Avant de mettre les coordonnées de l'association P&DPN sur la plaquette, il faut en
parler avec ses membres. En effet, le but de cette association est l'écoute des parents dans le
cadre du « diagnostic » prénatal et non pas dans le cadre du « dépistage » prénatal.
Les phrases « ce test est proposé à toutes les femmes enceintes », « chaque personne a
une opinion propre… » ont été insérées pour répondre à la question fréquemment posée par
les femmes: « Suis-je la seule dans ce cas? » [72]
122
7.3.2 Données chiffrées
Toutes les données chiffrées qui avaient été proposés lors de l'enquête, sont présentes
dans le document, inclues dans le discours. C'est un choix de l'auteur afin d'illustrer le propos
et de le rendre plus concret.
Les limites de compréhension des données chiffrées par les patients sont connues
(cf page 44), c'est pourquoi elles ne sont pas présentées isolément mais « expliquées » par le
propos qu'elles illustrent.
Les chiffres apparaissant dans le document correspondent à l'actuelle stratégie de
dépistage. Ils devront être revus en cas de modification de la stratégie de dépistage et
l'amélioration de la fiabilité des différents tests.
► La première donnée chiffrée semblant nécessaire aux médecins généralistes est la
fréquence de la trisomie 21 en fonction de l'âge maternel.
On peut se demander la raison de sa prépondérance: c'était le premier chiffre de la liste
proposé aux médecins par téléphone; ou bien, les médecins interrogés présentent les
marqueurs sériques différemment en fonction de l'âge de leur patiente… Aucune raison n'est
évidente. Cette donnée chiffrée a donc été intégrée dans le document pour respecter l'avis des
professionnels.
Ce chiffre ne fait pas partie des données importantes à donner pour le RCOG [64]. Par
contre, en France, il est recommandé de donner aux parents le risque de maladie génétique
pour l'enfant à naître [63].
Il a semblé indispensable d'ajouter que la majorité des enfants trisomiques naissent
chez des femmes jeunes. En effet, la fréquence de trisomie 21 en fonction de l'âge, exprimée
de manière isolée, pourrait donner l'illusion aux femmes jeunes que cette maladie ne les
concerne pas, et le dépistage non plus.
123
► La seconde donnée chiffrée devant figurer d'après les médecins est le pourcentage de
risque de fausse-couche suite à une amniocentèse.
Depuis la loi Huriet, tous les risques doivent être mentionnés au patient, ce qui
explique cette opinion des médecins.
Cette donnée paraît aussi importante aux yeux des usagers [64]. Il a été recherché une
formulation de ce risque, la moins agressive et donc la moins anxiogène possible.
► L'apparition des chiffres de sensibilité et de spécificité semble très importante,
malgré l'avis des médecins interrogés. Ces chiffres sont des illustrations fortes de la
signification des résultats négatifs et positifs
► Il semble nécessaire de mentionner le risque pour l'enfant d'être atteint de
trisomie 21 au cas où les marqueurs sériques sont positifs.
En effet, c'est une donnée rassurante. Seuls 2 % des caryotypes reviennent anormaux.
La très grande majorité des femmes inquiétées par des marqueurs sériques positifs, porte un
enfant sans anomalie chromosomique. Donner ce chiffre, c'est fournir à la femme un
argument pour qu'elle ne désinvestisse pas sa grossesse.
Pour que l'effet rassurant soit maximum, la phrase expliquant le risque pour l'enfant
d'être atteint de trisomie 21 si les MSM sont positifs a été tournée de manière positive.
124
7.3.3 Trisomie 21
Ce paragraphe sur la trisomie 21 trouve sa justification dans les recommandations
françaises [63, 69] et anglaises [64]. Dans les deux cas, la maladie dépistée est mentionnée en
premier dans la liste des informations à donner. Ce paragraphe répond aussi à une demande
des femmes. 50 % des femmes considèrent ne rien savoir sur la trisomie 21 [8, 83]. Enfin,
décrire la trisomie 21 par écrit permet de compléter une information donnée très
succinctement à l'oral du fait du manque de temps [15].
LD Bryant a montré que les écrits d'information sur les MSM étaient eux-mêmes très
pauvres en information sur la trisomie 21: la médiane du nombre de phrases décrivant la
trisomie 21 est de 1 et un tiers des documents ne contient aucune information [8]. Les
plaquette françaises étudiées au début de ce travail donnent aussi une information peu
abondante et de tonalité négative.
Il semble donc nécessaire, malgré l'avis contraire d'un quart des médecins interrogés,
de décrire la trisomie 21 dans ce document.
Il est important de s'interroger sur la manière de décrire la trisomie 21.
Par respect pour les personnes atteintes de trisomie 21, il est nécessaire de délivrer une
information neutre. La valeur de la vie des personnes avec un handicap mental ne peut être
préjugée par personne [59]. Au niveau scientifique, il n'existe que très peu d'études évaluant
la qualité de vie des individus atteints du syndrome de Down [15].
En France, il existe une faible acceptabilité sociale de la trisomie 21, comme en
témoignent le nombre élevé d'IVG pour pathologie fœtale et d'abandons à la naissance [15].
Pour R Shojai, l'information donnée aux femmes sur la trisomie 21 n'est pas objective.
Or, une description négative de la trisomie 21 favorise le recours des parents à
l'interruption de grossesse en cas de diagnostic prénatal, par rapport à une description
neutre [8]. LD Bryant rapporte comment l'équipe de TM Marteau a analysé l'effet de textes et
de photographies sur la perception de la trisomie 21 par des femmes enceintes, et a abouti à
ce constat.
125
Par ailleurs, il faut prendre en considération que cette information doit pouvoir être
lue, aussi bien en prénatal, qu'après la naissance d'un enfant trisomique. Il est important que
les parents, vivant l'épreuve de la découverte de la trisomie 21 de leur enfant à la naissance,
ne soient pas blessés par cette information lue après coup.
LD Bryant fait remarquer comment les brochures destinées au dépistage prénatal ont
un contenu plutôt négatif et portant sur les déficiences alors que celles destinées aux parents
accueillants un enfant trisomique ont un ton positif et insistant sur les avancées médicales vis-
à-vis de cette maladie [8].
Il importe donc de ne pas adopter cette attitude ni de donner une perception négative
de la trisomie 21 aux futurs parents.
Le terme « mongolisme » n'a pas été utilisé.
Comme le font comprendre les médecins de l'échantillon, le mot « mongolisme » est
porteur de beaucoup d'« images »: il fait appel à « ce qu'on voit dans la rue ». Il tend à réduire
ces personnes à leur apparence. Même si ce mot a le mérite d'être compris par tous, il ne
semble pas souhaitable qu'il apparaisse dans le document.
De plus, la divergence d'opinion des médecins n'invite pas à l'utiliser dans le
document, et surtout, les parents s'y opposent. Ils le trouvent péjoratifs, réducteur.
L'association P&DPN a refusé en bloc qu'on se serve de ce mot: « L'écrire, c'est le
cautionner! » Cette réaction forte a donné du poids au choix de ne pas utiliser ce terme.
Certaines phrases de ce paragraphe sont incorrectes ou maladroites.
La présentation de ce document à des membres de l'association P&DPN a mis en
relief qu'il fallait modifier ou enlever les phrases suivantes:
126
► « Certaines personnes trisomiques sont polyhandicapées, d'autres ont un QI presque
normal. »
On a déjà vu pourquoi le terme « polyhandicap » n'est pas adapté pour décrire la
trisomie 21. Par ailleurs, l'utilisation du groupe de mots « quotient intellectuel », n'est pas
souhaitable dans ce document pour les parents.
Le quotient intellectuel permet d'évaluer le niveau de développement mental et donc
de caractériser le handicap mental. C'est un terme utile en épidémiologie mais qui paraît
extrêmement réductrice au niveau individuel. Cette expression amène à ne considérer les
personnes atteintes de trisomie 21 qu'en fonction de leur niveau intellectuel.
De plus, les chiffres de QI sont des chiffres marquants. Dans cette phrase, le niveau
de QI annoncé est porteur de pronostic. Comme tout chiffre de pronostic médical, il
représente la limite de l'espoir des familles. Il ne permet pas aux proches de rêver l'avenir de
l'individu concerné autrement que par le niveau intellectuel annoncé. Les chiffres de QI
peuvent être interressants dans le suivi de l'enfant, mais leur place est limitée dans le discours
avec les parents.
Cette phrase, apportant des informations fausses ou réductrices, a donc été enlevée du
document. Elle n'apparaît pas dans la dernière version du document d'information présenté en
annexe 8.
► « Tout cela est difficile pour des parents. Aussi, il est important qu'ils demandent de
l'aide. »
La présence de cette phrase avait été motivée par le fait qu'il est difficile pour les
parents de demander de l'aide après l'arrivée d'un bébé trisomique. Elle se voulait donc
incitatrice. Elle s'est révélée être perçue de manière négative dans son contenu, pour
n'exprimer qu'une évidence. On décide donc de l'enlever du paragraphe.
► « A l'âge adulte, il a du mal à vivre en autonomie complète. Il accède souvent à un travail
en milieu protégé. »
La formulation de ces deux phrases l'une à la suite de l'autre donne une tonalité
négative. Même si leur contenu est neutre, la répétition est pesante. Ces deux informations ont
été réunies dans une seule et même phrase afin d'alléger leur formulation.
127
Comparaison avec l'information donnée dans la plaquette anglaise.
Il est très intéressant de lire l'information donnée sur le syndrome de Down dans la
brochure anglaise, récemment élaborée à propos du dépistage de la trisomie 21
(annexe 6) [9].
Le contenu informatif de cette brochure prend 15 pages de format A5. 2 pages sont
consacrées à la trisomie 21 et un tiers de cette information concerne la fréquence de la
trisomie 21. On peut séparer l'information donnée sur la trisomie 21 en quatre parties:
► Description de la personne souffrant du syndrome de Down comme une personne à part
entière avec sa personnalité propre, et de son handicap comme entraînant des difficultés
d'apprentissages.
► Description du pronostic pour la vie adulte en terme de travail et d'autonomie.
► Description des pathologies associées et de la prise en charge existante.
► Description de l'espérance de vie d'une personne atteinte de trisomie et des risques
neuropsychologiques qui sont liés à la vieillesse.
Dans chaque partie est citée la variabilité de l'atteinte en fonction des personnes, ce
qui donne un ton positif à cette information. Cette variabilité est même rappelée en encart:
« Il n'existe pas de personne type souffrant du syndrome de Down. »
La comparaison avec l'information sur la trisomie présentée, pages 97 et 98, révèle
que les anglais se sont permis de ne pas parler de l'étiologie cytogénétique de la trisomie 21.
Cette information qui apparaît dans tous les documents français en rapport avec cette maladie
n'est pas citée dans cette brochure. Ses auteurs ont donc choisi de ne pas mettre une
information qui paraît importante pour les professionnels mais qui ne l'est pas pour les
femmes.
Par ailleurs, les anglais n'emploient pas les termes « retard mental » ou « handicap
mental ». Ces termes ont une connotation négative. Quelqu'un présentant un retard mental,
n'est-il pas vu comme un « retardé »? Celui présentant un handicap mental, d'emblée
considéré comme un « handicapé »? On remarque que dans le document discuté, ces termes
sont utilisés à trois reprises dans la première partie du paragraphe! Pour en rendre la tonalité
moins négative, il semble donc nécessaire de reformuler les phrases: on choisit de ne pas voir
apparaître le terme de « retard mental », jugé plus négatif que l'expression « handicap
mental » par les mères d'enfants trisomiques; enfin, on ne répère pas ce terme.
128
On se pose la question de la validité du paragraphe sur la trisomie 21 du
document d'information présenté.
► Le contenu de ce paragraphe correspond aux « désiderata » des médecins: il porte plus
sur les conséquences sociales et familiales que sur les aspects médicaux.
Le médecin prescripteur doit informer sur les « caractéristiques de la maladie
dépistée » [63]. Le terme « caractéristique » est vague: si on considère les caractéristiques de
la trisomie 21 comme son expression phénotypique, on note que les malformations
congénitales ne sont pas présentées; si on considère que ces caractéristiques englobent aussi
les pathologies associées, l'information proposée est très incomplète.
Or, les médecins invitent à donner une autre direction au paragraphe. Leur opinion
rejoint les recommandations faites par LD Bryant: il faut que cette information réponde aux
besoins du couple, qu'elle inclue les aspects sociaux, éducatifs et se rapportent au
développement d'un enfant trisomique; cette information doit être aussi abondante que celle
concernant les aspects médicaux [63].
Les résultats obtenus, confirmés par cette étude anglaise, ont été pris en compte.
L'information ne concerne donc pas seulement les « caractéristiques » de la trisomie 21.
► La tonalité de ce paragraphe dans sa version initiale est négative. Les modifications
décrites ci-dessus ont permis d'obtenir un contenu neutre.
Afin de conférer plus d'humanité, et de ce fait, une tonalité positive à ce paragraphe, il
a été choisi, dans la proposition discutée, de décrire la trisomie de manière générale, et
ensuite, la vie d'une personne atteinte de l'enfance à l'âge adulte. Aucune remarque n'a été
faite à ce sujet par les membre de P&DPN. Dans la brochure anglaise [9], la trisomie 21 ne
fait jamais l'objet d'une présentation générale. Cette remarque invite à réfléchir à l'utilité de
cette information pour les couples.
L'analyse de la tonalité de cette description de la trisomie 21 donne une estimation de
4 éléments informatifs neutres, de 4 positifs et de 7 négatifs. Cette répartition confère donc
inévitablement un caractère négatif à l'information sur la trisomie 21. En Angleterre, le critère
de qualité, pour un document d'information, est un contenu équilibré, comprenant des phrases
129
positives, négatives et neutres [8]. Suite, à cette remarque, le contenu de ce paragraphe a été
revu. La dernière version du document (annexe 8) en ressort plus équilibrée: 4 éléments
informatifs sont neutres, 3 sont positifs et 4 sont négatifs.
► Les dernières phrases du paragraphe n'ont pas prêté à discussion.
Avec son handicap, il apporte, à ceux qui le rencontrent, un regard différent sur la vie.
Cette phrase est tirée des réflexions des médecins de l'échantillon (cf page 95). Elle
confère un rôle aux personnes atteintes de trisomie 21. Elle redonne de la valeur à leur vie.
Elle fait appel à une autre image de la trisomie 21: celle véhiculée par Pascal Duquenne,
acteur souffrant de trisomie 21, dans le film « Le Huitième jour ».
Comme toute personne, il a besoin d'affection et de temps de la part de ses proches.
« Il ne s'agit pas de donner une information angélique ni de minimiser l'épreuve que
représente le fait de devoir vivre avec un handicap mental. Il ne s'agit pas, à l'inverse, de
donner une représentation monstrueuse des personnes atteintes. Il s'agit de dépeindre la réalité
de la vie de ces personnes qui ne se réduit pas à leur handicap. » [59] Cette réflexion de
D Moyse, professeur de philosophie, spécialisée dans l'analyse des problèmes éthiques
soulevés par le dépistage prénatal, confirme l'auteur dans son choix d'écrire une telle phrase
dans ce document. Elle rappelle aussi un des verbatims: « Ce ne sont pas des monstres.»
► Ce paragraphe sur la trisomie 21 a été écrit à partir des résultats de l'enquête, puis amélioré
à partir des commentaires de parents et d'experts, et de la comparaison à la brochure nationale
anglaise. Il répond aux différentes attentes, à certains critères de validité mais nécessite des
amélioration. Une réflexion approfondie, sur le contenu et sur la formulation, associant
parents et experts, doit être poursuivie.
130
7.3.4 Autres points abordés.
L'explication de la signification d'un résultat négatif doit être reformulée, car la
signification d'un résultat négatif en terme de « probabilité » est difficile à comprendre.
On peut imaginer expliquer ce que signifie « ne pas être dans un groupe à risque » à
partir de ce qu'implique « faire partie d'un groupe à risque ». Pour la dernière version du
document d'information, il est donc utilisé la formulation suivante: « Un résultat négatif ne
signifie pas l'absence de tout risque pour l'enfant de trisomie 21 ou d’autres anomalies. Il dit
simplement si vous faites ou non partie des femmes à haut risque à qui on proposera une
amniocentèse. »
Par ailleurs, il a sciemment été choisi de ne pas utiliser l'expression « non à risque ».
Cette formulation est trompeuse. Elle peut se comprendre comme signifiant « normal » alors
qu'elle exprime uniquement le fait d'être « à bas risque » [64].
Malgré les résultats disparates, les détails de l'amniocentèse ont été donnés.
Dans la dernière version, la modification de la tournure des phrases expliquant ce
qu'est l'amniocentèse a donné à ces informations un ton moins agressif.
Par ailleurs, le mot de diagnostic prénatal apparaît deux fois, à proximité du mot
amniocentèse. C'est une manière d'enseigner à la patiente la définition du diagnostic prénatal
et de bien différencier le diagnostic du dépistage. L'HAS exprime de souci pédagogique dans
ses recommandations (cf page 52).
Le délai de réception des résultats de l'amniocentèse n'a pas été mentionné. C'est une
information importante la moitié des médecins. Cependant, faire figurer le délai de réception
de deux examens différents paraît favoriser leur confusion.
Par ailleurs, on a choisi de parler de la possibilité d'IVG pour raison médicale en
cas de diagnostic prénatal de trisomie 21.
Il a été recherché une formulation la plus neutre possible à partir des propositions
faites au cours de l'enquête. Les deux phrases présentées viennent des verbatims.
131
Par contre, les risques émotionnels et psychologiques dus aux MSM, à
l'amniocentèse, et à l'IVG n'ont pas été mentionnés.
Ces aspects négatifs ne doivent pas être cachés: dans le contexte général, l'HAS
recommande de décrire les risques psychologiques d'un examen [72]. Cependant, dans le
contexte du dépistage prénatal de la trisomie 21, ces conséquences s'avèrent difficiles à
présenter. Comme dit un des médecins, c'est suggérer les difficultés.
Dans le document présenté, la patiente est mise en garde contre ces difficultés par
l'invitation insistante à réfléchir avant de faire le dosage des MSM. Cette invitation ne se veut
pas négative, mais empathique. C'est une manière implicite d'exprimer les risques
psychologiques de ces examens, sans donner une tonalité négative au document écrit.
Certaines phrases du document d'information ne viennent pas des résultats de
l'enquête téléphonique, par exemple, la fiabilité des tests de dépistage et de diagnostic.
Lors de l'enquête, il a été abordé la manière de présenter les différents examens en vue
du diagnostic prénatal et la signification de leurs résultats, mais on ne s'est pas penché sur la
manière d'exprimer leurs fiabilités en elles-mêmes. Cependant il est recommandé d'expliquer
à la femme leurs différentes fiabilités. C'est pourquoi, cette fiabilité est exprimée dans le
premier paragraphe. Là encore, les verbatims ont été la source des termes employés.
Certaines informations auraient dû trouver leur place dans le document.
► Du fait des problèmes posés par la découverte fortuite d'anomalie chromosomique autre
que la trisomie 21 sur le caryotype fœtal, il semble important de devoir préparer les couples à
cette éventualité. « Les découvertes fortuites ont un impact émotionnel plus fort que les
diagnostics prévisibles, d'autant que la gestion de l'incertain est difficile pour les
couples. » [24]
G Bourrouillou a proposé d'ajouter cette phrase à la fin du paragraphe sur
l'amniocentèse: « Selon la technique utilisée, le résultat de l'amniocentèse peut mettre en
évidence d'autres particularités chromosomiques. » [94] Elle n'a pas été insérée: ajouter cette
information conférait au paragraphe un contenu majoritairement négatif. « Piqûre », « fausse-
couche », « autres anomalies chromosomiques » sont autant de termes pouvant effrayer les
parents. Il n'a pas été trouvé de formulation permettant de diminuer cet aspect négatif.
132
Par ailleurs, la recherche bibliographique n'a pas été orientée pour préciser la
fréquence actuelle de découvertes fortuites d'une anomalie chromosomique. On ne pouvait
pas parler de ce risque sans avoir de précision sur sa fréquence. De même, il aurait fallu se
renseigner sur la gravité des répercussions de ces anomalies chromosomiques.
► De même, la possibilité de dépister d'autres anomalies (anomalies de fermeture du tube
neural, trisomie 18 …) à partir d'un profil de marqueurs sériques anormal n'est que
rapidement évoqué dans le paragraphe sur les résultats négatifs.
► L'HAS recommande de donner des références où les patients peuvent aller trouver plus
d'informations: références d'associations, de sites internet… On a parlé de l'association
P&DPN comme d'une aide à la réflexion. Au cas où les parents désireraient plus
d'information sur la trisomie 21, il faut aussi donner les coordonnées d'associations
regroupant des personnes atteintes de trisomie 21 et leurs proches. Aucune autorisation
n'ayant été recherchée auprès de ces associations, ces détails ne figurent pas dans le
document.
La formulation des phrases a été modifiée pour en améliorer la compréhension.
Dans un souci de vulgarisation, des termes simples ont été utilisés, comme par
exemple, l'adjectif « supplémentaire » au lieu de « surnuméraire » généralement utilisé pour
caractériser le chromosome 21 en trop. De même, une allitération a fréquemment été utilisée
« trisomique ou non »: s’il n'est pas clair pour le couple qu'un examen diagnostique donne
une certitude, cet ajout permet de le souligner.
On peut se demander si ce document n'est pas trop long. L'association P&DPN
constate cette longueur, mais dit aussi: « Soit on propose un test et on donne l'explication qui
correspond, soit on ne le propose pas. Comme il doit être proposé, il faut l'expliquer de
manière suffisante. »
133
7.3.5 Utilisation future du document d'information
Ce travail avait pour but de proposer un document d'information pour les femmes
enceintes à propos des MSM afin d'améliorer leur niveau de compréhension. Aucune étude
similaire n'existe en France: c'est donc une première approche du problème.
Un document d'information destiné aux femmes a été élaboré: on en a présenté les
limites. Or, une certitude reste: il est urgent d'améliorer la qualité d'information des femmes à
propos du dépistage de la trisomie 21, notamment par les MSM. Il s'agit maintenant de
répondre à cette attente en donnant suite à ce travail, dans un cadre plus formel.
Si on se fixe comme objectif d'élaborer un document en vue d'une diffusion nationale,
il est nécessaire de respecter les conseils de l'HAS. La méthode utilisée ici ne suffit pas. Dans
ce cas, on peut reprendre comme base de travail, la problématique de recherche, et comme
base pour une enquête auprès des patientes, le document d'information qu'on a élaboré. En
testant le contenu de ce document auprès des couples, on peut déterminer les informations
importantes pour eux et mettre en relief les éléments qui leur posent question.
Ce travail peut être utilisable d'une autre manière. On peut imaginer partir des
résultats obtenus pour poursuivre la recherche de consensus concernant le contenu du
document. A notre connaissance, au moins une méthode pourrait servir pour atteindre ce but:
la méthode Delphi (annexe 9) [103] où les experts mobilisés sont invités à donner leur point
de vue sur les résultats divergents et à l'argumenter. Cette méthode permettrait de trouver de
nouveaux éléments consensuels, d'identifier ceux qui sont superflus ou manquants au
document, d'approfondir les raisons des opinions opposées et de rechercher une formulation
la plus consensuelle possible pour ces informations écrites.
Enfin, on peut envisager d'utiliser le document d'information proposé tel qu'il est. Ce
document présente les avantages d'être complet, à jour, et d'avoir été élaboré en tenant compte
du point de vue de professionnels. Ce document peut déjà s'avérer utile dans sa forme actuelle
pour les médecins, d'une part, pour informer leurs patientes enceintes, et d'autre part, pour
eux-mêmes. Ils peuvent trouver dans les données chiffrées du document une première remise
à jour de leur connaissance de la fiabilité du test, en attendant un document plus complet et
scientifique pour eux-mêmes.
A l'époque où le contrôle de qualité concerne toutes les étapes de la stratégie de
dépistage prénatal de la trisomie 21, il semble indispensable que cette information soit elle-
même de qualité pour en diminuer au maximum le retentissement psychologique.
134
8 Conclusion Thèse soutenue par Clotilde Passot
Titre: Elaboration d'un document d'information pour les femmes enceintes sur les
marqueurs sériques maternels de trisomie 21, à partir d'une analyse qualitative de la
pratique de 26 médecins généralistes.
Le test des marqueurs sériques maternels est un test de dépistage de la trisomie 21
proposé systématiquement au début de la grossesse. Il n'est pas obligatoire. Les femmes
enceintes ont donc une décision éclairée à prendre.
Certaines études montrent que leur niveau de compréhension est bas, ce qui fait
supposer que l'information est de qualité insuffisante. Il semble donc nécessaire de proposer
des moyens pour améliorer cette information.
L'objectif principal de cette étude est d'élaborer un document écrit d'information sur
les marqueurs sériques à destination des femmes enceintes. L'objectif secondaire est
d'identifier les besoins de formation des médecins généralistes concernant ce dépistage.
A cette fin, une enquête téléphonique a été réalisée auprès de 26 médecins
généralistes, exerçant en Isère. La première partie du questionnaire portait sur la manière de
présenter les marqueurs sériques maternels, et sur les connaissances du médecin interrogé. La
seconde partie était un travail de réflexion avec chaque médecin sur le contenu du document
d'information. Les résultats ont été obtenus par analyse qualitative des données de l'enquête.
Dans cette étude, seuls 7 médecins généralistes connaissent la sensibilité des marqueurs
sériques maternels, et un seul connaît leur spécificité. La grande majorité sait quand doit être
fait ce test (n=20), se sent à l'aise dans son explication (n=18) et y consacre plus de 5 minutes
(n=14). 19 médecins présentent généralement ce test comme une « estimation du risque ».
Les médecins expliquent presque toujours la signification d’un résultat positif (n=17) mais
rarement celle d’un résultat négatif (n= 4). 4 médecins parlent de la trisomie 21. Enfin, les
données chiffrées sont « rarement » ou « jamais » présentées (n=16).
135
Cette information orale semble donc incomplète.
La première raison en est le manque de connaissance de la fiabilité du test. Cette
carence peut être due, soit à leur faible niveau de formation, soit à l'absence d’actualisation
des connaissances. Un document pour les médecins, rappelant la fiabilité du test, pourrait
répondre à ce manque.
La deuxième raison est, pour certains, le sentiment que l'information au sujet du
dépistage prénatal est anxiogène, ce qui les conduit à en dire le moins possible.
La majorité des médecins interrogés (n=18) sont intéressés par un document
d’information à destination des couples. Celui-ci doit unanimement contenir : la présentation
des marqueurs sériques, l’explication des résultats possibles (positifs et négatifs), la
possibilité d’une amniocentèse secondaire et le caractère facultatif du test. Les opinions sont
divergentes concernant la place à donner à la description de la trisomie 21, aux détails
pratiques sur l'amniocentèse et à l'interruption de grossesse pour raison médicale.
Un document d’information a été élaboré à partir de l'avis des professionnels
interrogés, de recherches sur les attentes des femmes et d’une analyse comparative des
documents préexistants.
Cette étude à échelle locale ouvre la porte à un travail de plus grande envergure. Le
document proposé pourrait servir à un travail de recherche de consensus auprès d’experts et
de parents. Par ailleurs, il convient de réfléchir à la formation et à l’information des médecins
généralistes sur ce sujet.
Vu et permis d'imprimer
Grenoble, le novembre 2005
Le Doyen:
Professeur Bernard Sele
Le Président de thèse:
Professeur Pierre-Simon Jouk
136
9 Annexes
Annexe 1: Feuille de prescription des MSM délivrée par le laboratoire du CHU de Grenoble
Annexe 2: Plaquettes de l'INSERM
Annexe 3: Plaquette du Laboratoire de Chambéry
Annexe 4: Document élaboré par un Gynécologue-Obstétricien
Annexe 5: Questionnaire
Annexe 6: Paragraphe sur la trisomie 21 de la brochure anglaise
Annexe 7: Plaquette de l’association Parents et Diagnostic Prénatal
Annexe 8: Dernière version du document d’information
Annexe 9: Description de la méthode Delphi
144
Annexe 5: Questionnaire pour les médecins généralistes à propos de la prescription des marqueurs sériques de la trisomie 21
1. Combien de fois par an prescrivez-vous les marqueurs sériques maternels ? 3-5; 5-10;>10 Les questions suivantes concernent votre PRATIQUE: Comment se passe votre consultation? 2. Lors de combien de consultations pendant la grossesse parlez-vous des marqueurs sériques maternels ? 1, 2, 3, 4, 5
Lesquelles, précisez… 1ère consultation de suivi 2ème consultation de suivi après l’écho de 12SA 3ème consultation de suivi Autres… 3. Combien de temps cela vous prend-il dans la consultation? <2min, 3-5min,5-10 min,>10min 4. Précisez-vous que ce n'est pas un test obligatoire? OUI, NON Précisez … 5. Invitez-vous la patiente à en parler avec son conjoint? Toujours, souvent, rarement, jamais 6. a Lors de la présentation de ce test, comment vous sentez-vous : Très à l'aise /à l'aise / pas très à l'aise / pas du tout à l'aise ? b Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous ressentez cela?... 7. Quels papiers utilisez-vous lors de la consultation? écrit d'information? OUI, NON écrit certifiant votre consultation de conseil génétique? OUI, NON écrit notifiant le consentement de la patiente? OUI, NON Pas de papiers écrits utilisés. OUI, NON 8. Quelles sont les sources de vos formulaires ? écrits personnels ? OUI, NON écrits fournis par un laboratoire de biologie agréé? OUI, NON décrets d'application de mai 1995? OUI, NON
145
9. Donnez-vous des données chiffrées? Toujours, souvent, rarement, jamais Lesquelles?... Sensibilité OUI, NON Spécificité OUI, NON Taux de faux positifs OUI, NON Fréquence de naissance d’enfants trisomiques chez les femmes de son âge OUI, NON Fréquence des fausses couches suite à une amniocentèse OUI, NON Risque d’avoir un enfant trisomique si elle fait partie du groupe à risque OUI, NON Les questions suivantes concernent vos CONNAISSANCES sur la trisomie 21 et son dépistage par les marqueurs sériques. Sur la Trisomie 21 10. Pouvez-vous me dire ce que vous expliquez aux patientes qui vous demandent des informations sur la trisomie 21? Sur le dépistage par les marqueurs sériques maternels 11. Pouvez-vous me dire comment vous expliquez la fiabilité de ce test aux patientes? 12. Quelle est la sensibilité de ce test ? (= la probabilité que le test soit positif si le bébé est porteur de la trisomie 21) <10%; 10-30%; 30-50%; 50-70%; 70-90%;>90%; je ne sais pas. 13. Quel est le taux de faux positifs de ce test ? (= le taux de résultats positifs chez les femmes porteuses d'enfants sains) <3%; 3-5%; 5-7%; 7-9%; >9%, je ne sais pas. 14. Qu’expliquez-vous à votre patiente si les marqueurs sériques sont positifs ? Quel est le risque pour l’enfant d’être trisomique? 15. Quelles sont les "dates limites" du prélèvement? ……SA + … j et ……SA + … j
146
Les questions suivantes concernent votre FORMATION. Sur la trisomie 21 16. a Ressentez-vous un besoin d'information sur ce syndrome? OUI, NON b Précisez… Sur la consultation de conseil génétique préalable aux marqueurs sériques 17. Comment avez-vous été formés sur les marqueurs sériques maternels ? documents provenant du ministère de la santé ou de l'INSERM; brochures de laboratoire; presse médicale EPU et autres séances de formation continue discussions entre confrères autres… 18. a Ressentez-vous un besoin de formation par rapport aux marqueurs sériques? O,NON b Précisez… 19. a Comment jugez-vous l'information des femmes sur les marqueurs sériques maternels : Très facile / Facile / Difficile / très difficile à donner? b Quelles sont les difficultés rencontrées?... 20 a Vous n'utilisez pas habituellement de support d'information, désirez-vous avoir un document sur les marqueurs sériques à donner à vos patientes? OUI, NON b Vous utilisez un support d'information pour vos patientes sur les MSM, désirez-vous un support différent de celui que vous avez?... OUI, NON Pourquoi?... La fin de notre entretien concerne la construction d'un document d'information pour les patientes. Pour les questions suivantes, je fais appel à vos idées personnelles. 21. Est-ce que vous pourriez me dire quels sont les items indispensables selon vous, qui devraient figurer dans cette brochure?... … … … …
147
… … ... … 22. Pensez-vous qu'il faille un paragraphe sur la trisomie 21 ? OUI, NON, si OUI: Quel devrait être son contenu? Fréquence de l’atteinte Origine cytogénétique: chromosome 21 surnuméraire Description de la maladie Dysmorphie Retard mental Malformations associées Utilisation du mot "mongolisme" Pronostic de la maladie Variabilité de l’atteinte Absence de traitement curatif Espérance de vie Conséquence sur la vie de couple et famille Autres… 23. Dans un paragraphe sur le dépistage prénatal de la trisomie 21: Quelles informations mettriez-vous dans cette brochure sur les marqueurs sériques? Préciseriez-vous que c’est une démarche en 2 temps ? Le dépistage Décrieriez-vous… ? ses buts = rechercher si elle fait partie d’un groupe à risque ses conséquences : résultat positif = proposition d’amniocentèse Parleriez-vous uniquement des marqueurs sériques maternels ou parleriez-vous aussi des autres techniques de dépistage ? l’échographie du 1er trimestre l’échographie du 2ème trimestre Donneriez-vous… ? les dates habituelles de ces examens le délai de réception des résultats des marqueurs sériques Décrieriez-vous les risques du dépistage ? physiques : nuls psychologiques, émotionnels : non négligeables
148
le diagnostic Décrieriez-vous… ? ses buts = avoir la certitude sur la présence ou l'absence de trisomie ses conséquences : diagnostic de trisomie 21= proposition d’IVG pour raison médicale Parleriez-vous ? uniquement de l’amniocentèse ou aussi des autres techniques type choriocentèse? déroulement de l’examen délai de réception des résultats Les risques du diagnostic: physiques, dus à la technique psychologiques, dus au délai d’attente des résultats dus à la prise de décision / IVG en cas de trisomie Autres explications sur le dépistage et le diagnostic prénatal de la trisomie 21… Donneriez-vous des chiffres ? OUI, NON, si OUI : lesquels ? Risque d’enfant trisomique en fonction de l’âge Pourcentage d’enfants trisomiques dépistés par les marqueurs sériques Pourcentage de résultats positifs au dépistage Risque d’avoir un enfant trisomique si le dépistage est positif Risque de fausse couche suite à une amniocentèse 24. Pensez-vous qu'il faille un paragraphe sur l’explication des résultats de ce dépistage? OUI, NON, si OUI: mettriez-vous dans la plaquette … ? a à propos du résultat négatif Equivaut à un risque faible N'élimine pas la possibilité d'une trisomie 21. Autres… b à propos du résultat positif Equivaut à un risque élevé Ne signifie pas que l'enfant est trisomique. Implique une proposition d'amniocentèse Et une proposition d'IMG si le caryotype affirme la trisomie 21 Autres… c à propos du choix de ne pas faire le test Démarche d'acceptation du bébé tel qu'il est Autres…
149
25. Pensez-vous qu'il faille insister sur le consentement éclairé? OUI, NON, si OUI: Que mettriez-vous à ce sujet dans la plaquette ? Aucun des examens de dépistage n’est obligatoire. Possibilité de changer d’avis à tout moment. Décision de couple si possible. Importance d'un choix libre, personnel. Obligation législative de signer un consentement. Le corps médical suivra la décision du couple quelle qu’elle soit. Autres… Si nous faisions d'autres propositions à propos de cette prescription: 26. Pensez-vous que l'information sur les marqueurs sériques nécessite une consultation entière? OUI, NON Pourquoi… 27. Désireriez-vous que soit rendue obligatoire une consultation d'information sur le dépistage prénatal en général ? OUI, NON Vos réflexions à ce sujet… 28. Désireriez-vous un papier d'information sur le dépistage de la trisomie 21 pour vous médecin? OUI, NON Qu'en attendriez-vous?... 29. Avez-vous des commentaires à faire par rapport aux marqueurs sériques? OUI, NON Précisez… 30. Etes-vous satisfait de notre entretien téléphonique? OUI, NON 31. Désirez-vous que je vous envoie la proposition de plaquette élaborée grâce aux remarques de chacun? OUI, NON Quelques précisions vous concernant: 32. NOM et Prénom 33. date de l'appel _ _ _ _ 34. durée de l'interview: _ _ min 35. sexe: ……M F 36. âge: ….. (<40; 40-50; >50)
37. codage de la fiche: _ _ 38. téléphone: __ __ __ __ __ 39. adresse mail: …………………………………..
154
Annexe 8: Dernière version du document d’information
Dépistage de la trisomie 21 par les marqueurs sériques maternels
Une prise de sang pour dépister la trisomie 21 vient de vous être proposée par votre médecin. Elle n'est pas obligatoire. Voici quelques explications.
Quel est le but des marqueurs sériques? Le test des marqueurs sériques permet d'évaluer le risque de trisomie 21 pour la
grossesse. C'est un test de dépistage, comme l'échographie. Il n'a pas une fiabilité de 100 %.
En fonction des résultats des marqueurs sériques et de l'échographie, vous pourrez être amenée à faire un deuxième examen: l'amniocentèse. C'est un examen diagnostique qui établit avec certitude si l’enfant est atteint de trisomie 21 ou non.
Ce test est proposé à toutes les femmes enceintes. La trisomie 21 est plus fréquente chez les femmes âgées : Le risque est de 1 / 1000 à 30 ans, de 1 / 500 à 35 ans et de 1 / 100 à 40 ans. Cependant, la majorité des enfants trisomiques 21 naissent chez des femmes jeunes car ce sont elles qui ont le plus d’enfants.
Qu'est-ce que la trisomie 21? La trisomie 21 est une maladie congénitale due à un chromosome 21 supplémentaire.
Elle entraîne une morphologie particulière et un handicap mental. L'intensité de l'atteinte est variable: aucun élément ne permet d'en déterminer le degré à la naissance.
Un enfant atteint de trisomie 21 présente des difficultés diverses. Les apprentissages lui prennent plus de temps qu'à un enfant ordinaire. Ses troubles du langage et psychomoteurs nécessitent une prise en charge spécialisée précoce.
A l'âge adulte, il accède souvent à un travail en milieu protégé, mais rarement à une vie complètement autonome. Comme toute personne, il a besoin d'affection et de temps de la part de ses proches. Avec son handicap, il apporte à ceux qui le rencontrent un regard différent sur la vie.
Comment se passe le dépistage de la trisomie 21? La trisomie 21 est dépistée au cours de la grossesse par les échographies et les
marqueurs sériques. - La première échographie a lieu entre 11 et 13 Semaine d'Aménorrhée (SA). - La seconde échographie a lieu entre 22 et 24 SA. - La prise de sang des marqueurs sériques doit être faite entre 14 et 18 SA.
C'est important de respecter ces dates. Demandez à votre médecin de vous les préciser sur le calendrier.
155
Quels sont les résultats possibles? ► Le plus souvent, c'est un résultat négatif. (<1 / 250) Il ne signifie pourtant pas l'absence de risque de trisomie 21 ou d'autres anomalies pour votre bébé, car 30 % des trisomies 21 ne sont pas dépistées par ce test. Il dit simplement que vous ne faites pas partie des femmes à risque, auxquelles est proposée une amniocentèse.
► Dans 6 % des cas, le résultat est positif (>1 / 250), et il est alors proposé une amniocentèse. Le risque de trisomie 21 est plus élevé que la normale. Il reste malgré tout faible, car 98 % des résultats de l'amniocentèse sont normaux.
Votre médecin reçoit les résultats une à deux semaines après la prise de sang. C’est lui qui vous les transmet.
Il peut, dans une certaine mesure, combiner les informations apportées par l'échographie et par la biologie, avant de vous proposer ou non une amniocentèse. En associant ces deux techniques, actuellement 85 % des trisomies sont dépistées avant la naissance.
Qu'est-ce que l'amniocentèse?
Une amniocentèse est un examen de diagnostic prénatal. Elle vous est proposée en cas de test de dépistage biologique ou échographique positif.
C'est une ponction dans le ventre de la maman, comme une piqûre. L'analyse des cellules du bébé, présentes dans le liquide prélevé, permet de déterminer avec certitude s'il est porteur de trisomie 21 ou non. Il arrive, dans 1 % des cas, qu'une fausse couche ait lieu suite à une amniocentèse.
Il est important de réfléchir en profondeur, si possible en couple, sur votre attitude en cas de diagnostic de trisomie 21 au cours de la grossesse. Une interruption de grossesse peut être discutée avec l’équipe médicale.
Pourquoi vous demande-t-on une signature? Ce test de dépistage n'est pas obligatoire. Il vous est demandé de signer un
consentement pour s’assurer que vous avez compris ce que signifient et impliquent les résultats, avant de le faire.
Chaque personne a une opinion propre sur le dépistage de la trisomie 21. Vous êtes invitée à exprimer votre désir profond. Parlez-en avec votre partenaire. Votre choix sera respecté par le corps médical.
Document élaboré par C Passot, en novembre 2005, pour sa thèse de médecine générale.
156
Annexe 9: Description de la méthode Delphi
But
La méthode DELPHI a pour but de mettre en évidence des convergences d'opinion
et de dégager certains consensus sur des sujets précis, grâce à l'interrogation
d'experts, à l'aide de questionnaires successifs.
Description de la méthode
PHASE 1: FORMULATION DU PROBLEME. Elle consiste à définir avec précision le
domaine d'investigation et à élaborer le questionnaire.
PHASE 2: CHOIX DES EXPERTS. Les critères sont l'indépendance de l'expert et sa
capacité à envisager l'avenir dans le domaine étudié
PHASE 3: RECUEIL DES RESULTATS. Le questionnaire est envoyé aux experts.
Celui-ci doit le renvoyer en évaluant son niveau de compétence pour chaque
question. Des questionnaires successifs sont envoyés afin de diminuer la dispersion
des opinions et de préciser l'opinion consensuelle médiane. Au deuxième tour, ils
sont informés des résultats du tour précédent, doivent fournir une nouvelle réponse
et la justifier si elle est fortement déviante par rapport au groupe. Au troisième tour,
chaque expert doit commenter les arguments déviants. Quant au quatrième tour, il
donne la réponse définitive: opinion consensuelle médiane et dispersion des
opinions.
Utilité et limites
La quasi certitude d'obtenir une convergence des opinions à l'issue des
questionnaires successifs, et un recueil d'information riche et abondant.
Cependant, cette méthode est longue, la procédure est contraignante. Alors qu'en
apparence c'est une procédure simple, facilement applicable dans le cadre d'une
consultation d'experts.
157
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167
EPILOGUE
C'est la variété des êtres qui fait leur richesse,
si tu diffères de moi, loin de me diminuer, tu m'augmentes…
Antoine de Saint Exupéry
168
SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté, de mes chers condisciples et devant l’effigie
d’Hippocrate, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans
l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuitement à l’indigent et n’exigerai jamais un salaire au
dessus de mon travail. Je ne participerai à aucun partage clandestin d’honoraires.
Admis dans l’intimité des maisons, mes yeux n’y verront pas ce qui s’y passe ; ma
langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les
mœurs, ni à favoriser le crime.
Je ne permettrai pas que des considérations de religion, de nation, de race, de parti ou
de classe sociale viennent s’interposer entre mon devoir et mon patient.
Je garderai le respect absolu de la vie humaine.
Même sous la menace, je n’admettrai pas de faire usage de mes connaissances
médicales contre les lois de l’humanité.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants
l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert
d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.