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Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans un service d’addictologie Pierre Lahmek 1 , Nadine Meunier 1 , Laurent Michel 2 , Henri-Jean Aubin 3 , Sylvain Balester-Mouret 1 1. Hôpital Émile-Roux, pavillon Fouquet, service d’addictologie, 94450 Limeil- Brévannes, France 2. Centre Pierre-Nicole, 75005 Paris, France 3. Hôpital Paul-Brousse, pavillon Galilée, service d’addictologie, 94804 Villejuif, France Correspondance : Pierre Lahmek, hôpital Émile-Roux, pavillon Fouquet, service d’addictologie, 1, avenue de Verdun, 94450 Limeil-Brévannes, France. [email protected] Disponible sur internet le : 31 janvier 2014 Presse Med. 2014; 43: e17e31 ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com e17 Article original Summary Using transient elastography as a screening tool for liver fibrosis in addiction service Background > Most addictive behaviors are risk factors for chronic hepatitis. The level of liver fibrosis is the main pro- gnostic factor of chronic hepatitis. Transient elastography is a valid and accessible tool for measuring the level of liver fibrosis. Its routine use in addiction service is however poorly documented. Aims of the study > To test the feasibility of a systematic use of transient elastography as a tool for screening and diagnosis of liver fibrosis in patients hospitalized in an addiction medicine ward and to determine the prevalence of hepatic fibrosis, its predictive factors and etiologies and appreciate its evolution during alcohol detoxification. Patients and methods > Two hundred and twenty-seven patients were included, hepatic elastography was measured by two operators according to the standards. Threshold of fibrosis (F1) was 8 kPa, threshold cirrhosis (F4) was 13 kPa. Results > Hepatic elastography was performed in 208 (92%) patients. A body mass index greater than 30 was associated with the non-feasibility of transient elastography, anti-HCV Résumé Contexte > La plupart des conduites addictives sont des facteurs de risque d’hépatite chronique. Le niveau de fibrose hépatique représente le critère pronostique principal des hépatites chro- niques. L’élastométrie hépatique est un moyen valide et acces- sible pour le mesurer, son utilisation systématique dans un service d’addictologie est peu documentée. Buts de l’étude > Rapporter les résultats d’une utilisation systé- matique de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage et de diagnostic de la fibrose hépatique chez des patients hospitalisés dans une unité d’addictologie afin de confirmer sa faisabilité dans cette population, de préciser la prévalence de la fibrose hépatique, d’en déterminer les facteurs prédictifs, les causes potentielles et d’apprécier son évolution au cours du sevrage alcoolique. Méthodes > Deux cent vingt-sept patients inclus, mesure de l’élastométrie hépatique par deux opérateurs selon les normes en vigueur. Seuil de fibrose (F1) : 8 kPa, seuil de cirrhose (F4) : 13 kPa. Résultats > L’élastométrie hépatique a pu être effectuée chez 208 (92 %) des patients inclus. Un indice de masse corporelle > 30 était associé à la non faisabilité de l’élastomé- trie, une sérologie virale C positive était associée à une tome 43 > n83 > mars 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.07.027

Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans un service d’addictologie

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Page 1: Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans un service d’addictologie

Presse Med. 2014; 43: e17–e31� 2014 Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com

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Summary

Using transient elastography afibrosis in addiction service

Background > Most addictive bechronic hepatitis. The level of lgnostic factor of chronic hepatitvalid and accessible tool for mfibrosis. Its routine use in addictdocumented.Aims of the study > To test the fetransient elastography as a tool

liver fibrosis in patients hospitalward and to determine the prevpredictive factors and etiologiesduring alcohol detoxification.Patients and methods > Two

patients were included, hepaticby two operators according tofibrosis (F1) was 8 kPa, threshoResults > Hepatic elastography wpatients. A body mass index grewith the non-feasibility of tran

tome 43 > n83 > mars 2014http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.07.027

Utilisation de l’élastométrie hépatiquecomme outil de dépistage de la fibrosehépatique dans un service d’addictologie

Pierre Lahmek1, Nadine Meunier1, Laurent Michel2, Henri-Jean Aubin3,Sylvain Balester-Mouret1

1. Hôpital Émile-Roux, pavillon Fouquet, service d’addictologie, 94450 Limeil-Brévannes, France

2. Centre Pierre-Nicole, 75005 Paris, France3. Hôpital Paul-Brousse, pavillon Galilée, service d’addictologie, 94804 Villejuif, France

Correspondance :Pierre Lahmek, hôpital Émile-Roux, pavillon Fouquet, service d’addictologie,1, avenue de Verdun, 94450 Limeil-Brévannes, [email protected]

Disponible sur internet le :31 janvier 2014

s a screening tool for liver

haviors are risk factors foriver fibrosis is the main pro-is. Transient elastography is a

easuring the level of liverion service is however poorly

asibility of a systematic use offor screening and diagnosis ofized in an addiction medicinealence of hepatic fibrosis, its

and appreciate its evolution

hundred and twenty-seven elastography was measured

the standards. Threshold ofld cirrhosis (F4) was 13 kPa.

as performed in 208 (92%)ater than 30 was associatedsient elastography, anti-HCV

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Résumé

Contexte > La plupart des conduites addictives sont des facteursde risque d’hépatite chronique. Le niveau de fibrose hépatiquereprésente le critère pronostique principal des hépatites chro-niques. L’élastométrie hépatique est un moyen valide et acces-sible pour le mesurer, son utilisation systématique dans unservice d’addictologie est peu documentée.Buts de l’étude > Rapporter les résultats d’une utilisation systé-matique de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistageet de diagnostic de la fibrose hépatique chez des patientshospitalisés dans une unité d’addictologie afin de confirmersa faisabilité dans cette population, de préciser la prévalencede la fibrose hépatique, d’en déterminer les facteurs prédictifs,les causes potentielles et d’apprécier son évolution au cours dusevrage alcoolique.Méthodes > Deux cent vingt-sept patients inclus, mesure del’élastométrie hépatique par deux opérateurs selon les normesen vigueur. Seuil de fibrose (F1) : 8 kPa, seuil de cirrhose (F4) :13 kPa.Résultats > L’élastométrie hépatique a pu être effectuée chez208 (92 %) des patients inclus. Un indice de massecorporelle > 30 était associé à la non faisabilité de l’élastomé-trie, une sérologie virale C positive était associée à une

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Ce qui etait connu

� L’élastométrie hépatique est un moyen diagnostique efficient de la

fibrose hépatique chez les patients consommateurs excessifs d’alcool.

� En cas de maladie alcoolique du foie, l’existence d’une fibrose

hépatique est le facteur de risque essentiel d’évolution vers la cirrhose.

� Les patients ayant une conduite addictive ont potentiellement de

multiples facteurs de risque de fibrose hépatique : consommation

excessive d’alcool, infection virale B ou C, troubles métaboliques.

� Le diagnostic histologique de fibrose hépatique n’est pas possible en

routine chez les patients ayant une conduite addictive.

Ce qu’apporte l’etude

� La faisabilité de l’élastométrie est bonne chez des patients hospitalisés

en addictologie.

� La forte prévalence de la fibrose hépatique est confirmée chez les

patients ayant une conduite addictive par rapport à la population

générale.

� L’élastométrie hépatique permet un diagnostic de novo de la fibrose

hépatique pour la plupart des patients.

� La mesure de la dureté hépatique est influencée par le délai entre la

dernière consommation d’alcool et la réalisation de l’examen qui

idéalement devrait être effectué au moins 10 jours après la dernière

prise d’alcool en raison d’une diminution de la dureté hépatique au

cours du sevrage d’alcool.

� La connaissance par le patient de son score d’élastométrie et de son

évolution potentielle avec le sevrage d’alcool pourrait être utilisée

comme outil motivationnel d’aide au maintien de l’abstinence.

positive serology was associated with a lower reproductibilityof transient elastography. Of the 208 patients, 61 had liverstiffness � 8 kPa (prevalence of fibrosis of 29%), 25 had liverstiffness � 13 kPa, fibrosis was not known for 46 (75%) ofthe 61 patients with fibrosis. A fibrosis was independentlyassociated with the following variables: time between lastalcohol ingestion and transient elastography measurement< 8 days, GGT > 65 UI/L and serum concentration of platelets< 150 � 109/L. Thirty patients had a second transientelastography in a median of 21 days after the first measure-ment. The decrease in liver stiffness during detoxificationwas significant only for patients whose alcohol ingestion wasrecent.Conclusion > Our study confirmed that the measurement ofliver stiffness by transient elastography was an efficient toolfor the diagnosis and detection of liver fibrosis in patients withaddictive behavior. The decrease in hepatic elastographyduring alcohol detoxification may serve as a motivational tool.

mauvaise reproductibilité de l’examen. Parmi les 208 patients,61 avaient une dureté hépatique � 8 kPa (soit une prévalencede la fibrose de 29 %), 25 avaient une dureté hépati-que � 13 kPa, la fibrose n’était pas connue pour 46 (75 %)d’entre eux. La présence d’une fibrose était indépendammentassociée aux variables suivantes : délai depuis la dernièrealcoolisation et la réalisation de l’élastométrie < 8 jours,GGT > 65 UI/L et concentration sérique des plaquettes< 150 � 109/L. Trente patients ont eu une deuxième élas-tométrie hépatique dans un délai médian de 21 jours après lapremière mesure. La diminution de la dureté hépatique aucours du sevrage était significative uniquement pour lespatients dont l’alcoolisation était récente.Conclusion > Notre travail a permis de confirmer que la mesurede la dureté hépatique par élastométrie était un outil efficientpour le diagnostic et le dépistage de la fibrose hépatique chezles patients ayant une conduite addictive. La diminution del’élastométrie hépatique au cours du sevrage alcoolique pour-rait servir d’outil motivationnel.

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

Les maladies chroniques du foie sont une cause importantede mortalité et de morbidité dans la plupart des pays occiden-taux [1–4]. La consommation excessive d’alcool, l’infectionvirale chronique par les virus de l’hépatite C (VHC) et B(VHB) et la stéatose hépatique en sont les causes essentielles[5–13]. Certaines conduites addictives par les produitsconsommés ou leurs pratiques (injections parentérales) sontdes facteurs de risque de maladies hépatiques chroniques. Lesmaladies chroniques du foie sont une cause importante demorbidité parmi les patients ayant une addiction [5,14–18]. Laprévalence des maladies chroniques du foie chez ces patientsest cependant mal connue. Elle dépend de nombreuxparamètres : le type de prise en charge, ambulatoire ouhospitalière, la nature des produits consommés (alcool et/ouautres produits hépatotoxiques), l’existence d’une hépatitechronique virale B ou C, la performance du moyen diagnostiqueutilisé (examen biologique, radiologique ou histologique).Parmi les patients hospitalisés dans un service d’hépato-gas-troentérologie d’Île-de-France, une biopsie hépatique systéma-tique chez les consommateurs excessifs d’alcool a montré uneprévalence de lésions hépatiques significatives (cirrhose,fibrose, hépatite alcoolique aiguë) chez 57 % d’entre eux.Dans deux autres études effectuées dans la populationgénérale française auprès de personnes âgées de plus de40 ans pour l’une et de plus de 45 ans pour l’autre, la préva-lence de la fibrose hépatique chez les consommateurs excessifsd’alcool était inférieure à 15 % [19–21].L’apparition de lésions de fibrose hépatique et leur progressionvers la cirrhose caractérisent l’évolution péjorative de la plupart

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Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

des maladies chroniques du foie. Dans ces pathologies, la fibrosehépatique est un facteur pronostique important et une ciblethérapeutique [22]. Ces éléments justifient son dépistage.Cependant, la plupart des patients ayant une fibrose hépatiqueévolutive ou importante restent asymptomatiques pendant denombreuses années avant que la maladie se manifeste à unstade avancé par des complications [23,24]. Et la recherchesystématique d’une fibrose hépatique par biopsie hépatiquen’est pas adaptée aux patients pris en charge dans des structuresde soins en addictologie, compte tenu des contraintes de réalisa-tion et de la morbidité de cet examen [25–28].La mesure de la dureté hépatique par élastométrie hépatiqueou Fibroscan est une méthode intéressante dans ce contexte.Cette technique permet une évaluation de la dureté hépatiquequi est fortement corrélée au niveau de fibrose du foie constatésur les biopsies hépatiques faites simultanément. Plusieursétudes effectuées dans différents types de populations (hépa-tite chronique virale C, consommation excessive d’alcool, stéa-tose non alcoolique du foie) ont montré une bonne corrélationentre la mesure de l’élastométrie hépatique et le niveau defibrose hépatique sur l’examen histologique du foie [29–37]. Leseuil de dureté de 8 kPa est considéré par la plupart des auteurscomme la limite inférieure de la fibrose minime (F1) [38].Malgré la diffusion de cet examen, peu d’équipes d’addictolo-gie ont rapporté leur expérience quant à son utilisation systé-matique comme outil de dépistage et de diagnostic de lafibrose hépatique [39].Nous avons utilisé systématiquement l’élastométrie hépatiquecomme outil de dépistage et de diagnostic de la fibrosehépatique chez des patients hospitalisés dans une unitéd’addictologie. Notre objectif était de confirmer sa faisabilité,de préciser la prévalence de la fibrose hépatique, d’en détermi-ner les facteurs prédictifs et les causes potentielles et d’apprécierson évolution au cours du sevrage alcoolique.

Méthodes

PatientsLes patients admis dans l’unité d’addictologie entre janvier2011 et juin 2012 et désirant participer au protocole de soinsont eu une élastométrie hépatique après avoir été informés desmodalités de cet examen et de son intérêt. Différentes varia-bles cliniques, biologiques et radiologiques étaient mesuréeschez ces patients (voir annexe 1 en complement electronique).

Mesure de la dureté hépatique

Deux opérateurs mesuraient la dureté hépatique par élastomé-trie transcutanée pour l’ensemble des patients. L’appareilutilisé était un Fibroscan fabriqué et distribué par la sociétéEchosens (Paris, France). Cet appareil possédait une sondeenvoyant des ultrasons, montée sur l’axe d’un vibreur. Desvibrations de faible amplitude et de basse fréquence étaientémises par la sonde et provoquaient la diffusion d’une onde

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élastique se propageant à l’ensemble des tissus sous-jacents.L’acquisition des ultrasons permettait de mesurer la vitesse dedéplacement de l’onde élastique proportionnelle à la dureté dutissu traversé. Le résultat était mesuré en kilo Pascal (kPa) etcorrespondait à la médiane de la totalité des mesures. Seuls lesexamens permettant l’obtention d’au moins dix mesures vali-des avec un taux de succès d’au moins 60 % étaient pris encompte. La médiane était considérée comme représentative dela mesure réelle de la dureté hépatique uniquement si ladispersion des mesures n’était pas très importante (rapportde la différence entre le troisième et le premier quartile [IQR]sur la médiane < 30 %). La mesure de la dureté hépatique étaitsinon considérée comme non reproductible (mesures ne répon-dant pas aux critères définis plus haut) ou indéterminée(impossibilité d’acquérir un nombre suffisant de mesures vali-des). Conformément aux résultats d’études effectuées dans lapopulation générale française, le premier seuil de duretéhépatique définissant l’existence d’une fibrose hépatiqueminime (F1 le plus souvent selon la classification Métavir)était fixée à 8 kPa, le second seuil définissant une cirrhoseétait fixé à 13 kPa [20,38].

Analyse statistique

Les résultats ont été exprimés par la moyenne � l’écart-type oula médiane et le pourcentage. Les variables cliniques, biologiqueset sociodémographiques associées à la faisabilité de la mesurede la dureté hépatique par élastométrie ont été déterminéesavec une méthode de régression logistique univariée et multi-variée. Les patients pour lesquels l’élastométrie était valide ontété répartis en deux groupes : groupe 1 pour les patients ayantune dureté hépatique < 8 kPa et groupe 2 pour ceux ayant unedureté hépatique � 8 kPa. Les caractéristiques des patients desdeux groupes ont été comparées en analyse univariée, selon letype de variables, par les tests de t de Student, le test du x2 ou letest exact de Fisher. Les variables cliniques, biologiques etsociodémographiques associées à la dureté hépatique ont étédéterminées avec une méthode de régression logistique univa-riée et multivariée. Les variables associées à la mesure dul’élastométrie en analyse univariée au seuil p < 0,2 étaientretenues dans l’analyse multivariée. Les variables associées àla mesure du l’élastométrie en analyse multivariée au seuilp < 0,1 étaient conservées dans le modèle final selon uneprocédure de sélection descendante. L’ensemble des tests sta-tistiques ont été effectués à l’aide du logiciel SPSS version 18(SPSS France). La signification statistique était définie pour unevaleur de p < 0,05 (test bilatéral).

Résultats

Faisabilité de l’élastométrie hépatiqueParmi les 286 patients hospitalisés durant la période de l’étude,227 (79 %) ont été inclus. La mesure de la dureté hépatique parélastométrie n’était pas reproductible (différence interquartile

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227 patients inclus

Élastométri e impossible (n=9 )

Élastométrie non reproductible (n=10)

208 patients évaluables

DH < 8kPa (n=147) 8 kPa ≤ DH≤ 13 kPa (n=36) DH > 13kP a (n=25)

Figure 1

Descriptif de l’étudeAprès exclusion des patients pour lesquels la mesure de la dureté hépatique (DH) par élastométrie était impossible ou non reproductible, 208 patients ont été inclus dans

l’analyse.

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

3 et 1 > 30 % de la médiane des mesures) chez 10 patients(4 %), et impossible pour 9 patients (4 %). Deux cent huitpatients ont été évalués (figure 1). Les facteurs associés à lavalidité de l’élastométrie sont dans le tableau I. Comparative-ment aux patients pour lesquels la mesure de l’élastométriehépatique était valide, la proportion de patients non fumeursou obèses était plus importante parmi ceux pour lesquels cettemesure était impossible (respectivement, 33 % et 45 % vs 5 %et 10 %, p = 0,04). Les facteurs associés à l’impossibilité et/ouà la non reproductibilité de la mesure de la dureté hépatiquepar élastométrie en analyse uni et multivariée sont dans le(tableau II). L’impossibilité et/ou la non reproductibilité de lamesure de la dureté hépatique par élastométrie était indépen-damment associée à un indice de masse corporelle (IMC)supérieur ou égal à 30 kg/m2 et à une séropositivité viraleC. Cette dernière variable était surtout un facteur de mauvaisereproductibilité.

Caractéristiques de la population étudiée

Au total, 208 patients ont eu une mesure valide de la duretéhépatique par élastométrie (caractéristiques détaillées dans letableau III). Dans cette population, la proportion d’hommesétait plus importante que celle des femmes (87 % vs 13 %).Pour 29 patients, le motif d’hospitalisation était la prise encharge d’une autre conduite addictive que la dépendance àl’alcool : dépendance aux opiacés (18 patients), au cannabis(2 patients), aux médicaments (7 patients), à la cocaïne

(2 patients). Quatre de ces patients avaient un score de fibrosesupérieur à 8 kPa : 3 étaient dépendants aux opiacés, et 1 aucannabis. Ces quatre patients avaient une consommationexcessive d’alcool associée à leur conduite addictive qui pouvaitexpliquer la fibrose.

Fibrose hépatique : prévalence et facteurs prédictifs

Pour l’ensemble des 208 patients, la médiane de la mesure dela dureté hépatique par élastométrie était de 6,1 kPa (extrê-mes 2,3–73), 147 patients avaient une dureté hépati-que < 8 kPa (71 %, groupe 1) et 61 patients une duretéhépatique � 8 kPa (29 %, groupe 2). Ainsi, 29 % des patientsavaient potentiellement une fibrose hépatique. Parmi cespatients du groupe 2, le diagnostic de fibrose n’était pasconnu pour 46 (75 %) patients, huit (13 %) patients avaientun bilan biologique hépatique normal. L’existence d’une fibrosehépatique ne dépendait ni du sexe ni de l’âge. Le pourcentagede femmes ayant une dureté hépatique inférieure au seuil de8 kPa était plus important que celui des hommes mais demanière non significative (respectivement 78 % vs 69 %,p = 0,24). Il n’y avait pas de corrélation entre l’âge des patientset la dureté hépatique (coefficient de corrélation de Pearsonr = 0,08, p = 0,21).Les caractéristiques cliniques et biologiques des patientsdes groupes 1 et 2 sont détaillées dans le (tableau IV). Leniveau de la consommation d’alcool et la durée des périodesde consommation modérée ou d’abstinence n’étaient pas

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Tableau I

Caractéristiques des patients selon la faisabilité de l’élastométrie hépatique (EH)

Variables EH impossiblen = 9

EH non reproductiblen = 10

EH validen = 208

p

Âge (années) 49,7 W 10,7 45,4 W 5,6 44,6 W 9,8 0,29

Femmes 33 10 22 0,45

Tabagisme

Non-fumeur 33 0 5 0,04

Ancien fumeur 11 0 3

Fumeur actuel 56 100 92

Hospitalisation en rapport avec alcool 89 70 88 0,28

Consommation d’alcool (verres/j)1 14,6 W 7 18,8 W 9,4 18,1 W 9,8 0,45

Sérologie virale C positive 33 50 20 0,05

Dyslipidémie 11 20 14 0,84

HTA 22 10 18 0,76

Athérome 0 20 7 0,19

Diabète 0 10 7 0,67

IMC (kg/m2) 27 W 5,6 24,4 W 3,7 24,2 W 3,7 0,09

IMC (%)

< 25 kg/m2 33 50 56 0,04

25–29 kg/m2 22 30 34

� 30 kg/m2 45 20 10

PAS (mmHg) 139 W 12 130 W 22 134 W 19 0,55

PAD (mmHg) 81 W 12 77 W 12 79 W 14 0,84

Glycémie à jeun (mmol/L) 5,1 W 0,56 4,3 W 0,6 4,9 W 1 0,1

Triglycérides (mmol/L) 1,4 W 0,5 1,6 W 0,8 1,4 W 1,1 0,9

HDL-cholestérol (mmol/L) 1,6 W 0,8 1,4 W 0,9 1,8 W 0,7 0,18

LDL-cholestérol (mmol/L) 3 W 1,3 3,4 W 1,4 3 W 1,1 0,52

GGT (UI/L)2 70 (29–165) 110 (42–289) 104 (88–123) 0,67

ALAT (UI/L)2 27 (18–38) 35 (18–68) 43 (39–48) 0,57

ASAT (UI/L)2 33 (26–42) 47 (25–90) 48 (43–53) 0,44

Résultats exprimés en moyenne W ECT ou en % (sauf si spécifié).ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; GGT : gamma glutamyl transpeptidase ; HDL : lipoprotéine de haute densité ; LDL : lipoprotéine de basse

densité ; IMC : indice de masse corporelle ; PAD : pression artérielle diastolique ; PAS : pression artérielle systolique ; ECT : écart-type ; 95 % IC : intervalles de confiance à 95 %.1 Test de Kruskall-Wallis des rangs pour échantillons indépendants.2 Moyenne géométrique (95 % IC) suite à la normalisation des distributions.

Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

significativement différents dans les deux groupes. Les patientsdu groupe 2 s’étaient plus souvent alcoolisés durant la semaineprécédant leur admission (52 % vs 28 %, p = 0,001). Lespourcentages de patients consommant du tabac oud’autres substances psychoactives n’étaient pas significative-ment différents dans les groupes 1 et 2 (respectivement 92 %

tome 43 > n83 > mars 2014

et 57 % vs 92 % et 54 %, p = 0,97 et 0,69). Le pourcentage depatients ayant une maladie somatique en dehors d’une mala-die hépatique était similaire dans les deux groupes. Lespatients du groupe 2 avaient plus souvent un antécédent demaladie hépatique (coinfection virale ou maladie alcooliquedu foie).

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Page 6: Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans un service d’addictologie

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Tableau II

Variables associées à l’échec de la mesure de la dureté hépatique par élastométrie

Analyse univariée Analyse multivariée

Variables OR 95 % IC p OR 95 % IC p

Âge � 45 ans 1,54 0,6–4 0,38 1,6 0,6–4,8 0,35

Femme 0,97 0,3–3,1 0,95 0,6 0,2–2,5 0,5

IMC � 30 kg/m2 4,1 1,4–11,7 0,01 4,8 1,4–17,1 0,02

Triglycérides > 1,7 mmol/L 1,2 0,4–3,6 0,72

Cholestérol > 6,1 mmol/L 1,6 0,6–4,8 0,34

LDL > 3,75 mmol/L 2,4 0,9–6,3 0,08

HDL < 1,15 mmol/L 2,7 1–7,2 0,05 2 0,7–6,3 0,21

Glycémie à jeun > 5,9 mmol/L 0,6 0,1–4,9 0,64

GGT > 65 UI/L 0,8 0,3–2 0,64

ALAT > 45 UI/L 0,34 0,1–1,1 0,06 0,4 0,1–1,3 0,12

Sérologie virale C positive 2,9 1,1–7,8 0,03 4,8 1,5–15,2 0,01

ASAT > 40 UI/L 0,57 0,2–1,5 0,26

Hypertension artérielle1 1,73 0,7–4,5 0,26

Diabète2 0,85 0,2–3,9 0,83

Dyslipidémie3 1,38 0,5–3,6 0,51

Tabagisme 0,33 0,1–1,1 0,08

Addiction autre que tabac4 0,7 0,3–1,8 0,46

Dernière alcoolisation > 10 jours 0,53 0,2–1,6 0,28 1,1 0,3–3,8 0,8

Analyse uni- et multivariée, calcul des odds ratio (OR) et intervalles de confiance à 95 % (95 % IC).ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; GGT : gamma glutamyl transpeptidase ; HDL : lipoprotéine de haute densité ; LDL : lipoprotéine de basse

densité ; IMC : indice de masse corporelle.1 Pression artérielle systolique > 140 mmHg et/ou pression artérielle diastolique > 90 mmHg et/ou traitement antihypertenseur.2 Glycémie à jeun > 5,9 mmol/L et/ou traitement antidiabétique.3 Cholestérol > 6,1 mmol/L et/ou triglycérides > 1,7 mmol/L et/ou traitement hypolipémiant.4 Abus dépendance actuelle aux opiacés et/ou à la cocaïne et/ou au cannabis et/ou à d’autres substances illicites et/ou aux médicaments.

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

Les variables associées à la présence d’une fibrose hépatique(dureté hépatique � 8 kPa) en analyse uni- et multivariéefigurent dans le tableau V. La présence d’une fibrose hépatiqueétait indépendamment associée aux variables suivantes : délaidepuis la dernière alcoolisation et la réalisation de l’élastomé-trie < 8 jours, GGT > 65 UI/L et concentration sérique desplaquettes < 150 � 109/L.

Causes potentielles de fibrose hépatique

Une cause était fortement suspectée chez l’ensemble des61 patients ayant une fibrose hépatique potentielle (dureté

hépatique � 8 kPa). La consommation excessive d’alcool étaitla seule cause observée chez un patient (2 %). Pour les autres, ilexistait plusieurs causes potentielles à l’origine de la fibrosehépatique : 49 (80 %) patients avaient une consommationexcessive d’alcool (> 3 verres par jour) pendant au moins dixans, 18 (29 %) patients avaient une sérologie virale C positivedont 6 avec une charge virale négative (quatre après untraitement médical et deux spontanément), 41 (67 %) patientsavaient des anomalies métaboliques : diabète et/ou dyslipidé-mie et/ou surcharge pondérale (IMC > 30 kg/m2) et/ou hépa-tomégalie hyperéchogène à l’échographie abdominale.

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Tableau III

Caractéristiques des 208 patients ayant eu une mesure valide de la dureté hépatique

Variables Hommes Femmes p

Effectif 182 26

Âge (années) 44,4 W 9,6 45,2 W 10,8 0,6

Tabagisme

Non-fumeur 5,5 4,4 0,91

Ancien fumeur 3,1 2,2

Fumeur actuel 91,4 93,3

Motif d’hospitalisation en rapport avec alcool 90 80 0,09

Alcoolisé à l’entrée dans le service 43 16 0,001

Âge de début de la consommation excessive d’alcool 26 W 8 30 W 1 0,002

Consommation déclarée d’alcool (verres par jour) 19 W 10 13 W 8 < 0,001

Addictions associées sauf tabac1 55 60 0,57

IMC (kg/m2) 24 W 3,4 25 W 4,7 0,47

IMC (%)

< 25 kg/m2 58 49 0,15

25–29 kg/m2 34 33

� 30 kg/m2 8 18

Pression artérielle systolique (mmHg) 135 W 20 130 W 17 0,19

Pression artérielle diastolique (mmHg) 79 W 15 76 W 12 0,13

Maladie associée à la consommation excessive d’alcool 22 9 0,05

Sérologie virale C positive 19,8 20 0,97

Glycémie à jeun (mmol/L) 4,9 W 1 5,1 W 1 0,25

Triglycérides (mmol/L)2 1,31 (1,2–1,4) 1,06 (0,9–1,2) 0,05

Cholestérol (mmol/L) 5,5 W 1,3 5,3 W 1,5 0,34

HDL cholesterol (mmol/L) 1,8 W 0,7 1,9 W 0,7 0,59

LDL cholesterol (mmol/L) 3 W 1,2 3 W 0,9 0,88

GGT (UI/L)2 117 (96–142) 67 (48–94) 0,01

ALAT (UI/L)2 45 (40–51) 37 (29–48) 0,09

ASAT (UI/L)2 50 (45–57) 39 (31–49) 0,06

VGM (fl) 98 W 9 97 W 10 0,52

Plaquettes (109/L) 222 W 77 245 W 79 0,09

Dureté hépatique, kPa, médiane (min-max) 6,1 (2,3–73) 6 (2,6–49,6) 0,16

Pathologie psychiatrique associée 71 89 0,02

Résultats exprimés en moyenne W ECT ou en % sauf si spécifié.ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; IMC : indice de masse corporelle ; GGT gamma glutamyl transpeptidase ; HDL : lipoprotéine de haute densité ;

LDL ; lipoprotéine de basse densité ; VGM : volume globulaire moyen ; ECT : écart-type.1 Addictions à la cocaïne et/ou héroïne et/ou cannabis et/ou médicaments et/ou autres substances illicites.2 Résultats en moyenne géométrique (95 % IC) pour normalisation de la distribution.

Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

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Tableau IV

Descriptif des 208 patients selon les résultats de la dureté hépatique

Dureté hépatique

Variables < 8 kPa � 8 kPa p

Effectif 147 61

Âge (années) 43,7 W 10 46,8 W 9 0,06

Femmes 24 16 0,24

Tabagisme

Non-fumeur 5,4 4,9 0,97

Ancien fumeur 2,7 3,3

Fumeur actuel 91,8 91,8

Motif d’hospitalisation en rapport avec alcool 85 93 0,1

Alcoolisé à l’entrée dans le service 26 64 < 0,0001

Âge de début de la consommation excessive d’alcool (années) 26,7 W 9 26,6 W 7 0,94

Durée cumulée des périodes de consommation modérées ou nulles (mois) 22,9 W 43 16 W 34 0,27

Durée cumulée des périodes de consommation excessive (années) 15,3 W 8 18,7 W 9 0,01

Délai élastométrie et dernière alcoolisation < 8 jours 28,3 51,5 0,001

Consommation déclarée d’alcool en verres par jour 17,6 W 9 19,4 W 10 0,22

Addictions associées sauf tabac2 57 54 0,69

IMC (kg/m2) 24 W 4 24 W 4 0,63

IMC (%)

< 25 kg/m2 57 53 0,63

25–29 kg/m2 34 33

� 30 kg/m2 9 13

Pression artérielle systolique (mmHg) 133 W 19 134 W 22 0,81

Pression artérielle diastolique (mmHg) 78 W 14 79 W 15 0,67

Fibrose ou maladie hépatique antérieure3 3 13 0,01

Maladie associée à la consommation excessive d’alcool en dehors d’une maladie hépatique 16 26 0,1

Sérologie virale C positive 16 29 0,05

Diabète4 12 12 0,88

Dyslipidémie5 51 48 0,64

HTA6 44 44 0,99

Pathologie psychiatrique associée 80 62 0,01

Glycémie à jeun (mmol/L) 4,9 W 1 4,9 W 1 0,54

Triglycérides (mmol/L)1 1,2 (1,1–1,3) 1,3 (1,2–1,4) 0,91

Cholestérol (mmol/L) 5,5 W 1,4 5,5 W 1,2 0,74

HDL-cholestérol (mmol/L) 1,8 W 0,8 1,8 W 0,6 0,53

LDL-cholestérol (mmol/L) 2,9 W 1,2 3 W 1 0,44

GGT (UI/L)1 71 (60–84) 258 (187–354) < 0,0001

ALAT (UI/L)1 37 (32–42) 64 (52–78) < 0,0001

ASAT (UI/L)1 39 (35–43) 79 (63–97) < 0,0001

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

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Tableau IV (Suite)

Dureté hépatique

Variables < 8 kPa � 8 kPa p

VGM (fl) 96 W 9 101 W 11 0,01

Plaquettes (109/L) 236 W 74 206 W 83 0,01

Résultats exprimés en moyenne W ECT ou en % sauf si spécifié.ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; GGT : gamma glutamyl transpeptidase ; IMC : indice de masse corporelle ; HDL : lipoprotéine de haute densité ;

LDL : lipoprotéine de basse densité ; VGM : volume globulaire moyen ; ECT : écart-type ; 95 % IC : intervalles de confiance à 95 %.1 Résultats en moyenne géométrique (95 % IC) pour normalisation de la distribution.2 Addictions à la cocaïne et/ou héroïne et/ou cannabis et/ou médicaments et/ou autres substances illicites.3 Maladie alcoolique du foie ou coinfection virale C ou B.4 Glycémie à jeun > 5,9 mmol/L et/ou traitement antidiabètique.5 Cholestérol > 6,1 mmol/L et/ou triglycérides > 1,7 mmol/L et/ou traitement hypolipémiant.6 Pression artérielle systolique > 140 mmHg et/ou pression artérielle diastolique > 90 mmHg et/ou traitement antihypertenseur.

Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

Intérêt de l’élastométrie pour le diagnostic decirrhose

Parmi les 61 patients ayant une fibrose hépatique, 25 (41 %)avaient une dureté hépatique supérieure à 13 kPa, pouvantfaire suspecter la présence d’une cirrhose. Parmi ces patients,ce diagnostic avait été suspecté préalablement à la mesure dela dureté hépatique sur des arguments anamnestiques, clini-ques, biologiques, endoscopiques ou échographiques chez12 patients (20 %). La possibilité de l’existence d’une cirrhoseétait ainsi révélée par la mesure de la dureté hépatique chez13 patients. Parmi eux, la mesure de l’élastométrie hépatiqueétait le seul examen évocateur de cirrhose chez sept patientspour lesquels il n’existait aucun signe clinique, biologique,endoscopique ou échographique de cirrhose (figure 2).

Évolution de la fibrose hépatique au cours dusevrage alcoolique

Parmi les 61 patients ayant une dureté hépatique � 8 kPa,30 ont eu une nouvelle élastométrie hépatique. Les caractéris-tiques cliniques, biologiques et sociodémographiques de cespatients (âge, sex-ratio, quantité et durée de la consommationd’alcool, addictions associées, IMC, volume globulaire moyen,ALAT, ASAT, GGT, lipoprotéines, plaquettes, hémoglobine,présence d’une maladie liée à la consommation excessived’alcool, d’une comorbidité somatique ou psychiatrique,d’une coinfection virale, d’un trouble du métabolisme desgraisses ou des sucres, d’une HTA) n’étaient pas significative-ment différentes de celles des 31 patients n’ayant pas eu dedeuxième examen. La mesure initiale de l’élastométrie hépa-tique des 30 patients contrôlés n’était pas significativementdifférente de celles des 31 patients non contrôlés (respective-ment, médiane [min-max] : 13,1 [8–73] vs 11,6 [8–48],p = 0,25). Le délai médian entre les deux mesures de ladureté hépatique était de 21 jours. Il existait une différence

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significative entre les valeurs des médianes des deux mesures,la deuxième étant significativement plus faible que la première(respectivement, 9,9 vs 13,1, p = 0,001) (figure 3). La duretéhépatique médiane lors de la deuxième mesure était plus faiblepour les 22 patients contrôlés et ayant consommé de l’alcooldans les dix jours précédant la première mesure que pour les8 autres patients qui n’avaient pas consommé d’alcool dansles dix jours précédant la première mesure (respectivement,8,4 vs 12,1, p = 0,035) (figure 3). La différence entre les deuxmesures de la dureté hépatique n’était significative que pourles patients dont l’alcoolisation datait de moins de 10 joursavant l’hospitalisation.

DiscussionLa mesure de la dureté hépatique par élastométrie est unetechnique validée et diffusée pour les patients ayant unemaladie chronique du foie. Son utilisation systématiquecomme outil de dépistage d’une maladie chronique du foiechez des patients admis dans un centre de traitement desaddictions a été peu évaluée. C’était un des objectifs de notretravail. La faisabilité de l’examen était bonne (dureté hépatiquemesurée chez 92 % des patients), la surcharge pondérale étantle principal facteur limitant de la mesure. Près de 30 % despatients avaient une fibrose significative (dureté hépati-que � 8 kPa). Vingt-cinq (11 %) patients avaient potentielle-ment une cirrhose, il s’agissait d’une découverte pour 13 (52 %)d’entre eux et l’élastométrie était le seul examen permettant lediagnostic de cirrhose pour sept (28 %) patients. Le caractèrerécent de l’alcoolisation (dans les dix jours précédant l’admis-sion), l’augmentation de l’activité sérique des GGT et une faibleconcentration sérique des plaquettes étaient les facteursprédictifs indépendants de fibrose hépatique. La mesure dela dureté hépatique diminuait significativement au cours du

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Tableau V

Variables associées à une fibrose hépatique significative (dureté hépatique � 8 kPa)

Analyse univariée Analyse multivariée

Variables OR 95 % IC p OR 95 % IC p

Femme 0,63 0,3–1,4 0,24 0,9 0,4–2,4 0,9

Âge � 45 ans 1,5 0,8–2,7 0,2 1,1 0,5–2,3 0,8

Durée cumulée de la consommation excessive d’alcool > 10 ans 2 1–4,2 0,05 1,7 0,7–3,9 0,2

Alcoolisé à l’entrée dans le service 5,1 2,7–9,6 < 0,0001

Consommation d’alcool > 15 verres par jour 1,2 0,6–2 0,6 0,7 0,3–1,4 0,3

Délai élastométrie hépatique et dernière alcoolisation < 8 jours 3 1,5–5,2 0,01 2,3 1,4–5,7 0,01

Fumeur 1 0,3–3 0,9

Autres addictions en dehors du tabac1 0,9 0,5–1,6 0,7

ATCD de fibrose ou de maladie hépatique 5,4 1,6–18,7 0,01 2 0,5–8 0,4

IMC � 30 kg/m2 1,6 0,6–4 0,34 2,2 0,7–6,5 0,17

Sérologie virale C positive 2 1–4,1 0,05 1,6 0,6–4,1 0,34

Diabète2 0,9 0,4–2,4 0,9

Dyslipidémie3 0,9 0,5–1,6 0,6

HTA4 1 0,5–1,8 0,9

Troubles psychiatriques 0,5 0,2–0,8 0,01 0,5 0,2–1,2 0,1

Cholestérol > 6,11 mmol/L 0,8 0,5–1,8 0,8

Triglycérides > 1,7 mmol/L 0,9 0,4–1,9 0,8

ALAT > 45 UI/L 3,1 1,7–5,9 < 0,0001 1,9 0,9–4 0,1

ASAT > 40 UI/L 5,2 2,6–10,2 < 0,0001

GGT > 65 UI/L 4,9 2,3–10,1 < 0,0001 2,6 1–6,4 0,04

Plaquettes < 150 � 109/L 4,1 1,7–9,9 0,01 3 1,1–8,7 0,04

VGM < 100 fl 4,1 2,2–7,7 < 0,0001

Analyse univariée et multivariée calcul des odds ratio (OR) et intervalles de confiance à 95 % (95 % IC).ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; GGT : gamma glutamyl transpeptidase ; IMC : indice de masse corporelle ; VGM : volume globulaire moyen.1 Addictions à la cocaïne et/ou héroïne et/ou cannabis et/ou médicaments et/ou autres substances illicites.2 Glycémie à jeun > 5,9 mmol/L et/ou traitement antidiabétique.3 Cholestérol > 6,1 mmol/L et/ou triglycérides > 1,7 mmol/L et/ou traitement hypolipémiant.4 Pression artérielle systolique > 140 mmHg et/ou pression artérielle diastolique > 90 mmHg et/ou traitement antihypertenseur.

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

sevrage alcoolique uniquement chez les patients dont l’alcoo-lisation était récente.La population étudiée était constituée de 227 patients hospi-talisés dont les caractéristiques étaient assez proches de cellesdécrites dans ce type de population : âge moyen (44 ans),prédominance masculine (79 %), importance de l’addiction àl’alcool (86 %) et au tabac (93 %), fréquence importante desconsommations actives de produits illicites – cannabis (42 %),

cocaïne (16 %), opiacés (10 %) –, prévalence élevée descomorbidités somatiques – hépatite chronique virale (12 %des patients), maladies causées par la consommation excessived’alcool (20 %). Le pourcentage des patients (74 %) ayant destroubles métaboliques (dyslipidémie et/ou diabète et/ou HTAet/ou surpoids) ou une comorbidité psychiatrique (74 %), étaitplus élevé que ceux rencontrés habituellement dans ce type depopulation. Cela peut s’expliquer par nos critères de définition

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Dureté hépatique > 13 kPa (25 patients)

Diagnostic de cirrhose préalable à l’élastomét rie : 12 patie nts

Diagnostic de cirrhose établi en même temps que l’éla sto métri e: 13 patient s

Présence de sign es cli niques, biologiques, endoscopiques ou échographiques de cirrhose: 6 patients

Absence de signes clin iques, biologiques, endoscopiques ou échographiques de

cirr hose: 7 pati ents

Figure 2

Intérêt de la mesure de la dureté hépatique pour le diagnostic de cirrhose

Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

assez larges : une comorbidité psychiatrique était retenue sielle avait été diagnostiquée au cours de la vie entière dupatient ; le diagnostic de trouble métabolique pouvait êtreétabli si les résultats du bilan lipidique effectué à l’entrée dansle service étaient anormaux, ce qui était souvent le cas. Laprécarité sociale relative de nos patients peut aussi expliquerl’existence de troubles métaboliques plus fréquents dans lespopulations défavorisés [40]. La spécificité de notre centreintégré dans un pôle de psychiatrie universitaire et reconnucomme centre de niveau 3, dédié aux patients ayant uneconduite addictive sévère, explique également la fréquenceélevée des comorbidités psychiatriques.La mesure de la dureté hépatique était effectuée dans lesconditions recommandées par deux opérateurs expérimentés.Le taux d’échec de la mesure, non reproductible ou impossiblepour 19 (8,4 %) patients (non reproductible pour 10 (4 %)patients et impossible pour neuf (4 %) patients) étaitcomparable à celui constaté dans d’autres études [30,38,41].Le principal facteur explicatif de ce taux d’échec était la forte

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prévalence des troubles métaboliques et en particulier dusurpoids dans notre population. L’échec de la mesure de ladureté hépatique n’était pas dépendant du délai entre l’exa-men et la dernière prise d’alcool, du niveau de la consomma-tion d’alcool ou des perturbations du bilan biologiquehépatique. L’échec de la mesure de la dureté hépatique chezles patients en surpoids suggère que l’on a pu sous-estimer laprévalence véritable de la fibrose hépatique consécutive à untrouble métabolique comme l’ont évoqué d’autres auteurs[38].Nos seuils de définition de la fibrose hépatique en élastométrie(> 8 kPa fibrose débutante, > 13 kPa cirrhose) étaient confor-mes à ceux de la littérature [20,31,38]. Dans une étudemesurant la dureté hépatique par élastométrie chez des adul-tes âgés de plus de 45 ans issus de la population généralefrançaise, Roulot et al. ont confirmé la présence de lésions defibrose et de cirrhose au-delà des seuils respectifs de 8 kPa etde 13 kPa, même en l’absence de d’anomalies biologiques oumorphologiques [20]. Pour d’autres auteurs, les seuils retenus

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13,1

12,1

9,9

8,4

0

2

4

6

8

10

12

14

1 2

Du

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Pa

Duretés hépatiques médianes

p = 0,001

p = 0,035

Figure 3

Comparaison des mesures de la dureté hépatique par élastométrie1 : mesure 1 vs mesure 2 (30 patients).

2 : mesure 2 avec durée dernière alcoolisation lors de la mesure 1 � 10 jours (8 patients) vs < 10 jours (22 patients).

P Lahmek, N Meunier, L Michel, H-J Aubin, S Balester-Mouret

chez les patients consommateurs excessifs d’alcool seraientplus élevés en raison des lésions de stéatohépatite ou d’hépa-tite alcoolique aiguë pouvant être potentiellement responsa-bles d’une augmentation du score de fibrose en élastométrie[33,34,42–44]. Les auteurs d’une méta-analyse ont insisté surla validité d’une interprétation des valeurs de l’élastométriehépatique en fonction de seuils minimal et maximal [36].Malgré ces limites d’interprétation, notre travail a montréque la mesure de la dureté hépatique par l’élastométrieétait un moyen diagnostique efficace pour dépister une fibrosehépatique chez des patients ayant une conduite addictive.Soixante et un patients (29 %) avaient une fibrose significativeet 25 (12 %) une cirrhose. Parmi ces 61 patients, le diagnosticde fibrose n’était pas connu pour 46 (75 %) patients (34 ayantune fibrose sans cirrhose et 12 une cirrhose), huit patientsavaient un bilan biologique hépatique normal. Les prévalencesde la fibrose significative et de la cirrhose étaient supérieures àcelles constatée dans des études similaires effectuées dans lapopulation générale française avec respectivement des valeursobservées d’environ 3 % et 0,5 % chez les personnes âgées deplus de 40 ans [20,21]. Des études effectuées dans des popu-lations proches de la nôtre ont constaté une prévalence plusimportante de lésions hépatiques significatives. La mesure del’élastométrie hépatique effectuée parmi 137 patients hospi-talisés dans un service d’hépatologie pour un sevrage alcoo-lique constatait que 66 (48 %) d’entre eux avaient une duretéhépatique supérieure à 8 kPa et 20 (15 %) une dureté

hépatique supérieure à 13 kPa [45]. Parmi 246 patients consul-tant un centre de cure ambulatoire en alcoologie, 57 (25 %)avaient une dureté hépatique supérieure à 8 kPa dont 41(18 %) une dureté hépatique supérieure à 13 kPa [46]. Nosrésultats confirment le risque important de maladie hépatiquesévère chez les patients ayant une conduite addictive en raisonde la coexistence de plusieurs facteurs de risque majeursprincipalement la coinfection virale, les troubles métaboliqueset la consommation excessive d’alcool. Dans notre population,l’utilisation de la mesure de la dureté hépatique par élastomé-trie comme outil de dépistage de la fibrose hépatique semblepertinente et supérieure aux autres moyens diagnostiquesusuels biologiques ou morphologiques. Ces conclusions rejoi-gnent celles d’autres études effectuées dans des populationsdifférentes [20,21,29,32,37,47,48].La valeur de la mesure de la dureté hépatique était liée àl’existence de perturbations de l’activité sérique des enzymeshépatiques (GGT, ASAT, ALAT). Parmi les 61 patients ayant unedureté hépatique supérieure ou égale à 8 kPa, 53 (87 %)avaient des perturbations de l’activité sérique des enzymeshépatiques vs 87 (59 %) des 147 patients ayant une duretéhépatique inférieure à 8 kPa. Inversement, la présence deperturbations de l’activité sérique des enzymes hépatiquesn’était pas liée à l’existence d’une fibrose significativepuisque 62 % des patients ayant des perturbations sériquesde l’activité sérique des enzymes hépatiques n’avaient pas defibrose significative. Ce résultat est sensiblement différent des

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Utilisation de l’élastométrie hépatique comme outil de dépistage de la fibrose hépatique dans unservice d’addictologie

conclusions des études faites dans la population générale danslesquelles la grande majorité des patients ayant des perturba-tions de l’activité sérique des enzymes hépatiques a égalementune fibrose significative [20,21]. Cette différence s’explique parune prévalence plus grande des anomalies de l’activité desenzymes hépatiques chez les patients ayant une conduiteaddictive que dans la population générale. Cette conclusionjustifie d’autant plus l’utilisation d’outils alternatifs aux testsbiologiques hépatiques pour dépister et diagnostiquer unefibrose hépatique chez les consommateurs excessifs d’alcool.Tous les patients ayant une fibrose hépatique avaient uneétiologie facilement identifiable. Pour la plupart des patients,la fibrose était d’origine multifactorielle, un seul n’avait que laconsommation excessive d’alcool comme cause de fibrosehépatique. Les infections chroniques virales et les anomaliesmétaboliques étaient fréquentes. Chez les consommateursexcessifs d’alcool, l’existence d’anomalies métaboliques enparticulier un surpoids ou un diabète de type 2 a un impactnégatif comme l’ont montré d’autres études [44,49,50]. Celan’apparaissait pas dans notre travail car certaines des anoma-lies étaient probablement directement dues à la consommationexcessive d’alcool sans syndrome dysmétabolique associé.Notre travail a montré une baisse significative des valeurs de ladureté hépatique avec le sevrage d’alcool. Nous avons constatéune différence significative des médianes des scores de fibrose(13,2 vs 9,9 kPa) chez les 30 patients ayant une fibrosesignificative et contrôlés par une deuxième mesure avec undélai médian entre les deux mesures de 21 jours. Lors de ladeuxième mesure, le score médian de fibrose était significa-tivement plus faible chez les 22 patients contrôlés ayantconsommé de l’alcool dans les dix jours précédant le premierexamen (8,4 kPa vs 12,1). D’autres auteurs ont égalementconstaté des modifications rapides – entre le premier et leseptième jour de l’hospitalisation – des valeurs de l’élastomé-trie hépatique au cours d’un sevrage d’alcool [45,51]. Laprésence de lésions inflammatoires et graisseuses provoquéespar une consommation récente d’alcool pourrait participer àune surestimation du degré de fibrose hépatique par l’élas-tométrie. Certains auteurs proposent de ne pas effectuer demesure de la dureté hépatique par élastométrie si l’activitésérique des transaminases est supérieure à deux fois la nor-male [44]. Il semble souhaitable de contrôler les patients ayant

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consulte.com/revue/lpm). Variables cliniques, bi

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une fibrose significative si leur dernière consommation d’alcooldate de moins de huit jours et si l’activité des transaminases estsupérieure à deux fois la normale. Ce contrôle permet dedifférencier les lésions hépatiques susceptibles de disparaîtrerapidement (lésions inflammatoires, hépatite alcooliquesaiguë) de celles qui régressent plus lentement comme lafibrose. La dureté hépatique est probablement moins biencorrélée au niveau de fibrose en cas d’alcoolisation récente.La diminution de la dureté hépatique peut également servird’outil motivationnel pour les patients. Sur une période plusprolongée de 60 jours, on constate également une diminutionde la dureté hépatique, essentiellement chez les patientsabstinents d’alcool, ce qui peut justifier d’utiliser égalementl’élastométrie comme un outil d’évaluation de l’abstinence[51].Notre travail comporte certaines limites méthodologiques. Ils’agit d’une étude monocentrique auprès d’une populationhospitalière spécifique. Les variables retenues étaient compa-rables à celles étudiées dans d’autres études similaires à lanôtre, mais leur sélection a priori est un facteur limitant del’analyse. Nous ne pouvions disposer d’une confirmationhistologique du niveau de fibrose hépatique. Seule une partiedes patients ayant une fibrose significative ont eu une deu-xième élastométrie hépatique. Malgré ces limites méthodo-logiques nos conclusions sont assez proches de celles de lalittérature.En conclusion, notre travail a permis de valider la mesure dela dureté hépatique par élastométrie comme un outil dediagnostique et de dépistage de la fibrose hépatique chez lespatients ayant une conduite addictive. Cet examen a permisde dépister un nombre important de patients ayant unefibrose hépatique sans autres signes associés. Son coût etsa faisabilité sont similaires aux autres moyens de dépistagedisponibles actuellement. La possibilité de refaire facilementcet examen peut en faire un outil de renforcement motiva-tionnel chez les patients souhaitant diminuer ou arrêterleur consommation d’alcool. Enfin, la connaissance d’unscore de fibrose élevé peut rendre la nécessité d’effectuerdes explorations complémentaires plus acceptable par lepatient.

Intolog

Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.

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