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N O U D Au Sourire qui mord, Jérémie du bord de mer, de Christian Bruel et Anne Bozellec, est illustré de photos noir et blanc qui ont l'air de négatifs, de dessins ou de photos surexposées. Jérémie voit arriver, née peut-être de la chatte qui était enceinte, une bébé fille venue peupler sa solitude de petit garçon pâle fasciné par le bruit des vagues. La nuit est noire et inquiétante. Le bébé grandit vite et devient une amie, inséparable. Long- temps après elle disparaît: «per- sonne ne peut grandir dans le silence». Au fond la mer monte et descend inexorablement. Une belle histoire triste qui tranche par sa vraie poésie avec tant de mièvreries (en fait il n'y a pas tant de mièvreries que cela, mais Jérémie, c'est vraiment unique). Tendre Jérémie, et le bruit de la mer V E CONTES U Aux Deux Coqs d'or, Histoire de deux plus deux et Martin Belle- feuille, d'Annette Tison et Talus Taylor. Alice, la narratrice, raconte l'atelier de mademoiselle Bouture ; les Conteurs Réunis viennent y dis- traire les enfants agités en racontant des histoires comme celle du petit chameau qui avait quatre bosses. Deux contes modernes dans un style semi-BD, un peu vulgaire, assez gai. • Aux éditions du Cerf-Bohem press, Abdoul le pêcheur illustré par Jindra Capek. Un conte peu connu des Mille et une nuits. Un pau- vre pêcheur a ramené dans ses filets un homme. Il le délivre et grâce à lui devient riche, et découvre un monde sous-marin. Texte et image manquent un peu de puissance. D Chez Duculot, Le géant égoïste, d'Oscar Wilde, illustré par Lisbeth Zwerger. Les enfants jouent dans le jardin du géant. Mais celui-ci rentre de voyage et clôture son château. Bien fait pour lui: le jardin reste gelé, le printemps et l'été le contosr- nent. Mais ça finit bien. Un apologue attachant. Chez Gautier-Languereau, dans la collection Fontanille, trois histoires bien connues qui existent en diaposi- tives : Qui a la plus belle, un conte carélien illustré par Lucile Butel. Comment les animaux, qui à cette époque n'en possédaient pas encore, s'achetèrent des queues à la foire. A éviter devant des auditoires à l'esprit mal tourné... Le plus petit des oiseaux, d'Etienne Morel,. c'est Plume qui voulait trouver un arbre pour s'abri- ter durant la mauvaise saison. Il fut sauvé par le sapin qui fut récom- pensé. Pourquoi ? pourquoi ? un conte russe traduit du russe par Isabelle Balibar : comment à cause du loup le petit coq pocha l'oeil de la poulette avec une noisette. Jérémie du bord de mer, le Sourire qui mord. 10 /LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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D Au Sourire qui mord, Jérémie dubord de mer, de Christian Bruel etAnne Bozellec, est illustré de photosnoir et blanc qui ont l'air de négatifs,de dessins ou de photos surexposées.Jérémie voit arriver, née peut-être dela chatte qui était enceinte, une bébéfille venue peupler sa solitude depetit garçon pâle fasciné par le bruitdes vagues. La nuit est noire etinquiétante. Le bébé grandit vite etdevient une amie, inséparable. Long-temps après elle disparaît: «per-sonne ne peut grandir dans lesilence». Au fond la mer monte etdescend inexorablement. Une bellehistoire triste qui tranche par sa vraiepoésie avec tant de mièvreries (en faitil n'y a pas tant de mièvreries quecela, mais Jérémie, c'est vraimentunique).

TendreJérémie,et le bruitde la mer

V E

CONTES

U

• Aux Deux Coqs d'or, Histoire dedeux plus deux et Martin Belle-feuille, d'Annette Tison et TalusTaylor. Alice, la narratrice, racontel'atelier de mademoiselle Bouture ;les Conteurs Réunis viennent y dis-traire les enfants agités en racontantdes histoires comme celle du petitchameau qui avait quatre bosses.Deux contes modernes dans un stylesemi-BD, un peu vulgaire, assez gai.

• Aux éditions du Cerf-Bohempress, Abdoul le pêcheur illustrépar Jindra Capek. Un conte peuconnu des Mille et une nuits. Un pau-vre pêcheur a ramené dans ses filetsun homme. Il le délivre et grâce à luidevient riche, et découvre un mondesous-marin. Texte et image manquentun peu de puissance.

D Chez Duculot, Le géant égoïste,d'Oscar Wilde, illustré par LisbethZwerger. Les enfants jouent dans le

jardin du géant. Mais celui-ci rentrede voyage et clôture son château.Bien fait pour lui: le jardin restegelé, le printemps et l'été le contosr-nent. Mais ça finit bien. Un apologueattachant.

• Chez Gautier-Languereau, dans lacollection Fontanille, trois histoiresbien connues qui existent en diaposi-tives : Qui a la plus belle, un contecarélien illustré par Lucile Butel.Comment les animaux, qui à cetteépoque n'en possédaient pas encore,s'achetèrent des queues à la foire. Aéviter devant des auditoires à l'espritmal tourné...

Le plus petit des oiseaux,d'Etienne Morel,. c'est Plume quivoulait trouver un arbre pour s'abri-ter durant la mauvaise saison. Il futsauvé par le sapin qui fut récom-pensé.

Pourquoi ? pourquoi ? un conterusse traduit du russe par IsabelleBalibar : comment à cause du loup lepetit coq pocha l'œil de la pouletteavec une noisette.

Jérémie du bord de mer, le Sourire qui mord.

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D Chez Grasset-Monsieur-Chat, unenouvelle cargaison très remarquable.La Belle et la Bête, de Madame deVilleneuve, illustré par EtienneDelessert. Pour ce conte, présenté icidans une de ses plus belles versionstrès peu connues, Etienne Delessert achoisi la gamme des couleurs douces,le rêve pastel. On ne voit la Bête quefort tard, et c'est un genre de boule-dogue assez attendrissant.Et puis voici cinq contes de Grimm,dans la traduction d'Armel Guerne,tous excellents. Les trois plumes,illustré par Eléonore Schmidt.Chouettes images pour cette histoirede trois fils. Qui héritera du trône ?Chacun doit suivre la direction de laplume jetée au vent.Les trois langages est mis en ima-ges par Ivan Chermayeff, selon unetechnique très particulière de colla-ges semi-abstraits aux couleurs fran-ches. C'est le fils idiot qui apprend lelangage des chiens, des oiseaux, desgrenouilles, au lieu d'apprendre deschoses sérieuses et dignes d'un fils decomte. Mais bien lui en prend, ilfinira pape. Neigeblanche etRose-rouge est illustré avec uneforce bien à lui par Topor. Deux peti-tes filles sages, un ours terrifiant etun méchant nain. Qui ne connaît ?...Topor renouvelle la lecture, tellementses images sont surprenantes, émou-vantes, violentes. Belles aussi lesillustrations de Philippe Dumas pourLa Reine des abeilles. Encore unfrère cadet qui l'emporte sur sesaînés à force de générosité, de gentil-lesse, d'humanité. Dumas l'a imaginénoir, un petit gamin dans un jardinlumineux, des verts étonnants, uneincroyable fraîcheur pour cette miseen images délibérément moderned'un conte impeccable. EnfinL'oiseau d'Ourdi, c'est unevariante du thème de Barbe-Bleue.Avec d'assez terribles images deMarshall Arisman.

• Aux éditions Lied, un kamishibai,sorte de conte à dire, image d'un côté

Neigeblanche et Roserouge, Grasset-Monsieur Chat. Dessin de Topor.

pour les spectateurs, texte de l'autrepour le narrateur. C'est grandcomme un petit écran de télévision.Celui-ci, la Foie des deux pigeons,est une belle histoire, sur des imagessimples, peut-être pas assez rythmées.A suivre : on reparlera des kamishi-bai.

D Chez l'Harmattan, six contespopulaires du Vietnam, en éditionbilingue : c'est une bonne idée. Lestrois derniers parus, de Nguyen Nga,sont de bonne qualité quant au texte.L'illustration reste assez quelconque.

Cuoî, le garçon de la lune, ce sontles farces d'un garçon débrouillardqui trouve un arbre magique et en estla victime. Le buffle et le grain deriz : le génie Kim Quang devient buf-fle pour paître éternellement l'herbequ'il avait imprudemment semée surla terre. Le crapaud faiseur depluie : comment le crapaud sauva laterre de la sécheresse, ou pourquoi lecoassement est-il signe de pluie.Deux belles histoires d'origine.

• Chez Messidor-La Farandole, col-lection Parolimages : Martin le Bar-

N°97 - JUIN / JUILLET 1984/11

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N O U V ubouillon, de Marilène Clément,illustré par Jeanne Parello-Marneix.C'est un conte bourguignon, avec desimages rabelaisiennes et fantasti-ques. Martin est charbonnier et gen-til ; il sauve une fourmi, une souris,une chevrette. Ça lui est bien utilepour se tirer des épreuves que lui faitsubir l'ogre dont il épousera finale-ment la fille.

Dans la même collection, Savitri lavaillante est un conte de l'Inde rap-porté par Béatrice Tanaka. Une bellehistoire féministe. Savitri, princesseaccomplie, choisit son futur mari etl'arrache à la mort, un peu commeOrphée et Eurydice mais à l'envers.Belles images en noir et blanc et encouleurs inspirées de l'art des pay-sannes indiennes.

Le fils de la veuve, au Sorbier, estun conte biélo-russien, qui confrontele fils de la veuve aux terribles épreu-ves qu'il faut surmonter pour enfinépouser la plus jeune des filles deBaba Kartoga. Il vient à bout dumonstre Tchoudo, et se sort mêmedes pièges que lui tend le tsar Pos-toïany. Un conte tumultueux où plu-sieurs thèmes traditionnels s'enche-vêtrent, assez harmonieusement. Lesillustrations traditionnelles de ValérySlaouk ne manquent pas de charme.

ROMANS

• Aux éditions de l'Amitié, enBibliothèque de l'amitié, de FrançoisSautereau, L'étrange Noël deJonas. Un garçon de douze ans,élevé durement par sa mère, rencon-tre un homme en noir qui l'entraîne àvivre des épisodes de la vie de sesancêtres. Entre psychologie et fantas-tique, un assez bon roman, un peuschématique, mais intéressant.En Chemins de l'aventure, une nou-velle histoire de Sans-Atout, le jeunehéros de Boileau-Narcejac : Dans la

gueule du loup. Une histoire deBête du Gévaudan qui cache un sor-dide trafic de voitures volées. Unpolicier à l'ancienne mode, qui selaisse lire.

D Chez Casterman, une fournée deCroque-livres pour de premières lec-tures. Ils sont très inégaux : de JackKent, excellent, Les dragons çan'existe pas. Où Benoît Brindherberencontre au pied de son lit un dra-gon de la taille d'un petit chat. Samaman dit que ça n'existe pas. Pour-tant, ça grandit à toute vitesse ! Sifort que la maman est bien obligée defaire attention.

Un géant c'est très grand, deJosep M. Rius «Joma», développe etbrode sur le thème du géant : on peutenfoncer ses doigts dans les yeux desétoiles, mettre le soleil dans sa poche,se raser avec l'hélice d'un avion quipasse, etc. Bonnes images amusantes.

Le bon génie d'Eugène, de Fer-nando Alonso et Vivi Escriba, racontel'histoire d'Eugène le pêcheur qui ne

Un géant c'est très grand,Casterman.

• :

belle Aida et du prince Abdoul aprèsbien des difficultés et des épreuvesinfligées par un méchant sorcier. Unthème classique. Bien raconté.Jasmin le jardinier reprend enpetit format un album agréable paruen 1982 en Funambule.Quant à Le chat follet veut toutsavoir de Lucienne Emile : une hor-reur de mièvrerie !

• A l'Ecole des loisirs, cinq titres,dans la Bibliothèque de l'Ecole desloisirs, qui ne laissent pas indifférent.Johanna, de Renate Welsh, est unemerveille. Un long roman dense surune adolescence en Autriche dans lesannées 30. Un destin individuel(Johanna est placée dans une ferme,tombe amoureuse, est enceinte),admirablement enchâssé dans la fres-que collective: la montée du fas-cisme, la misère, la crise, etc. Un livrequ'on ne lâche plus.Les deux livres de Judy Blume :Dieu, tu es là ? C'est moi Marga-ret et Ce n'est pas la fin dumonde sont d'un tout autre registre.

croit pas aux sortilèges. Sauf qu'ilrencontre un authentique génie detroisième classe, et alors là !... Un peuplus difficile que les précédents, c'estun bon petit livre à lire vers 7 ans.La légende du prince Cygne, deF. Boada i Moret, avec des images deM. Brucart, raconte le mariage de la

Ici l'adolescente vit des dramesmoins lourds à porter. Le premierraconte, avec une vivacité qui en faitun excellent roman pour préadoles-centes pas très portées sur la lecture,les soucis de Margaret qui voudraitbien que poussent ses seins, et sepose des questions sur l'existence de

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Dieu. Le second est une histoire deparents qui ne s'entendent plus.Karen, leur fille, voudrait bien lesrabibocher, mais ses efforts, racontésavec humour et vivacité, sont vains.Elle se fait une amie, Vie, dont lesparents sont divorcés. Une initiatriceen quelque sorte. Le tout racontésans mièvrerie, avec émotion sou-vent. Et tonique.

Je l'aime, un peu, beaucoup,peut-être encore... de BrigitteLogeart, l'auteur de Fugue d'été, estune «love story» que beaucoup trou-vent excessivement racoleuse, une« harlequinade ». Ne soyons pas abso-lument draconiens : l'histoire est àl'eau de rosé, mais la manière de latraiter n'est pas dépourvue d'humourau second degré. L'histoire : unejeune fille qui tombe amoureuse parcorrespondance d'un jeune (et beau)Sicilien. Elle le rejoint, profitant devacances d'une amie qui l'emmènelà-bas, et... ça ne se passe pas aussibien que prévu...

L'École des loisirs.

Des histoiresde filles,cocasseset gentilles

Les Histoires de la forêt pro-fonde de Jean Joubert sont cinqpetites nouvelles à caractère «unpeu» fantastique, bien illustrées parAlain Gauthier. Une écriture trèsléchée au service d'histoires pas trèsstructurées. Assez ennuyeux.Plusieurs Aventures et récits del'Ecole des loisirs: du théâtred'abord, avec L'inspecteur Tou-tou, de Pierre Gripari, une pièce sui-vie de Crac dans le sac, adaptationlibre pour la scène d'un conte tradi-tionnel. L'inspecteur Toutou est idiotà souhait. Il dérange par sa sottise ledestin des personnages de contes defées. Le Prince charmant épouse lagrand-mère du chaperon, simpleerreur d'aiguillage, etc. L'enfer estpavé de bonnes intentions.Les métamorphoses de missPop-corn, de Christian Poslaniec,ce sont quatre histoires bizarres etcompliquées, poétiques, un peu magi-ques, pas faciles.

Le chapardeur a disparu, de MaryNorton, ajoute un volet à la sagamicroscopique des Chapardeurs.Cette fois-ci, Homily raconte àArriety comment Stainless disparut àcause d'une chaussure mal placée etce qu'il advint.

• Chez Flammarion, il pleut desCastor poche, tendez vos rougestabliers. Dans la nouvelle série Senioradressée aux plus vieux, voiciGanesh, de Malcolm J. Bosse. C'estun jeune écolier indien qui estrecueilli aux USA par sa tante. Ilaffronte alors un difficile conflit decultures, d'identité. Beaucoup de jus-tesse et de finesse dans l'analyse dessentiments, l'attitude devant la mortdu père ; un climat très prenant.Mes amis les loups de FarleyMowat est un best-seller au Canada,et est devenu un film actuellementsur les écrans : Un homme parmi lesloups. Le narrateur, biologiste, estchargé d'enquêter dans le grand

Les djinnsréserventsouventdes surprises

nord canadien sur la disparition descaribous, dont on accuse les loups.Plein d'humour et de vérité, un beaucombat contre les préjugés anti-loups. Voir fiche dans le n° 45 de laRevue, lors de la première éditionchez Arthaud.

Nous avons moins aimé La dernièrechance, de Robert Newton Peck,l'auteur du célèbre Mort d'uncochon. Cette rééducation d'un jeunegarçon trop gâté confié par sesparents à un vieux trappeur qui luimène la vie dure et lui apprend àdevenir un homme, un vrai, est assezcontestable. Ceci étant, ça ne manquepas de suspense et d'aventures.Une longue nuit, de E.C. Foster etSlim Williams, c'est celle qui enve-loppe le pays esquimau quand vientl'hiver polaire. Le village se mobilisepour y faire face, la famine menace.Belle histoire au ton juste.La galopeuse de lune, de Thaliede Molènes, raconte l'histoire deMarine qui rêve aux côtés d'unegénisse qu'elle prend pour un animalfabuleux. Un éloge de la vie sauvage(au goût très frais) qui nous a laissésassez indifférents. Le livre est néan-moins bien construit.Bachir et les sept épreuves, pourde plus jeunes lecteurs, racontel'aventure d'un jeune kabyle con-fronté à un djinn qui n'est en réalitéqu'un escroc. Il se venge avechumour. Très amusant, très vif, pleind'idées.

Un autre bon titre, Balles de flip-per, de Betsy Byars. Trois enfantsadoptés, leurs conflits, leur solidarité(voir fiche dans ce numéro).Adieu Buzz, de Molly Burkett, estun roman animalier, l'amitié d'une

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N O U V A UJ Mes amis les loups,

Flammarion, Castor poche.

petite buse et d'un garçonnet. Pouramateurs d'histoires de bêtes seule-ment.

Mais le plus émouvant, c'est Der-rière les visages, d'Andrée Chedid.Sept histoires à faire réfléchir, plei-nes d'émotion et d'humanité, écritesavec limpidité.

• Chez Gallimard, une livraison desix Folio cadet. De Marie Farré, illus-trations d'Amato Soro : Mon maîtred'école est le Yéti, pour de vrai,

l'école est en haut de l'Himalaya, ony apprend à faire des glissades, à évi-ter les chasseurs, à construire unecabane en rondins : à devenir unhomme ! Et vive le Yéti et son école...Un peu sommaire, mais sympa.De Marie-Raymond Farré, et SergeBloch pour les images : Le roi (juine croyait pas aux contes defées. Mais la reine y croit. Alors ils sedisputent, et tous les hommes et tou-tes les femmes du pays font de même.Grâce au danger de mort qui les

menace successivement ils vont denouveau s'écouter l'un l'autres. Et leroi ira voir la fée de la cascade. Il ycroira. Une très jolie et originale his-toire.

De Susie Morgenstern, illustrationsde Pef: Oukelelatélé ? Stéphaneest un fan de télé. Pas ses parents quicachent l'engin maudit dans la caveet font disparaître la clé. Alors Sté-phane essaye tout. Finalement enachète une, secrète, cache ses activi-tés. Une bonne histoire. Un textedrôle, parfois un peu lourd, et puis lamorale (anti-télé bien sûr !) est sauveà la fin.

La ferme des musiciens, de Den-nis Haseley et Stephen Gammel : desinstruments qui tout seuls se remet-tent à jouer par nostalgie. Des imagespoétiques pour une histoire un peuabstraite.

La traversée de l'Atlantique à larame de J.F. Laguionie : un couplequi part sur l'Atlantique à la rame, ety passe le reste de ses jours, rencon-trant entre autre le Titanic. Il échoueenfin dans la mer des Sargasses.Cette belle histoire est devenue en1978 un film qui obtint la Palme d'Ordu court métrage à Cannes. Paru en1978 chez Léon Faure.Le plus émouvant de cette fournée,sans conteste: Le grand-pèred'Elise, de Linda Peavy, illustré parRonald Himler, l'auteur du célèbre

" -jl • La collection qui collectionne

PRIXAL|CE';\//ra\lcic<;(N;)/n/ls(/r/.if(V7)meià Hélène Ray pour les JULIETTE

GRAND PRIX de la SCIENCE FICTIONfrançaise pour la jeunesse 1984

à Thérèse Roche pour le NAVILUKoche po

DIPLOME LOISIRS JEUNES 1983j )ean-Paul Nozière pour P'TIT ZOE APPELLE BRAS DE FER

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N O u V uBébé à l'Ecole des loisirs. L'héroïne,c'est Erica, qui apprend que legrand-père d'Elise va mourir. Elle sesouvient de lui, aux dernières vacan-ces, pense à son grand-père à elle quiest vivant, apprend que sa maman vaaller veiller le vieil homme malade etse demande pourquoi. Le matin, levieux monsieur est mort, Erica sepelotonne contre sa mère qui lui ditque c'était beau de tenir la main dequelqu'un qui meurt. Un livre d'unepudeur et d'une beauté rares.

En Folio junior, voici Patapoufs etFilifers, le célèbre et génial romand'André Maurois illustré par Vercors.Thierry et Edmond descendent auxpays du Sous-sol et découvrent laguerre des gros et des maigres, lesascétiques nerveux méticuleux contreles bons vivants, pleins de douceur etde sensibilité. Vieilli selon certains.Pas une ride selon d'autres.De Steve Jackson et Ian Livingstone,Le sorcier de la montagne de feuest le premier livre-jeu de « donjons

Connaissez-vousle terriblelittubulaire-métallique-réveil-matindes Filifers ?

et dragons» paru en France. Untabac chez les adolescents. A ne man-quer sous aucun prétexte.Faiseurs d'univers et autresrécits sur le jeu est une anthologiede science-fiction avec des textes deKlein, (Mord Simak, Philip K. Dick,Sternberg, Francis Valéry. La mini-révolte des soldats de plomb imagi-née par Dick est remarquable. Lesautres sont d'excellente facture. Unbon recueil, avec des difficultés iné-gales.

Le roi des Eléphants et Barbe-rouge la fourmi boiteuse deYachar Kemal, le grand romancier

turc auteur de Memed le mince,raconte la guerre des éléphants et desfourmis. Joue un rôle déterminantl'oiseau conseiller du méchant roi deséléphants, le chef des huppes. C'estécrit magnifiquement, réellementpassionnant, comme une épopée ausouffle puissant. La description del'asservissement des fourmis, puis lesgermes de la subversion : « Fourmisde tous les pays unissez-vous », n'estjamais caricaturale. Un grand livredont nous reparlerons.La vindicte du sourd de MichelChaillou (qui en parlait dans le précé-dent numéro de la Revue), est unbeau livre aussi. Chad, un garçon dedouze ans, la Bretagne du Sud, unepresqu'île, la mer déchaînée. Deshommes taciturnes, un mystère. Unroman d'aventures remarquablementécrit.

En 1000 soleils, point n'est besoin deprésenter Le livre de ma Mèred'Albert Cohen, un récit plein d'émo-tion et de tendresse par l'auteur deBelle du Seigneur.

Le grand-père d'Elise, Gallimard. Dessin de Ronald Himler.

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Dans un registre opposé, un RoaldDahl inédit : Le Bon Gros Géant.Comme King-Kong, il attrape lapetite Sophie dans sa grosse patte deBGG, ça fait peur mais elle est tom-bée en de bonnes mains. Désopilant,et très bien traduit. Plein de merveil-leux jeux de mots et de trouvailles.

• Chez Messidor-La Farandole, unenouvelle collection au format depoche, qui renouvelle l'ancienne8-9-10, avec de courts romans ou desnouvelles où l'on trouve plusieurstitres, à partir de 7-8 ans : Le fan-tôme sparadrap et autres histoi-res sans sucre, de Jacques Bar-nouin et Nadine Brass pour les ima-ges. Des nouvelles un peu acides, unpeu intellectuelles, à tester auprèsdes enfants.Le chapeau enchanté, de MichelCosem, images de Claire Bourdin.C'est le chapeau que Véroniques'achète pour vingt centimes. Et quilui permet de s'envoler au-dessus dela Grande Ville Rosé.La longue marche de Filou, deJacques Cassabois et JacquelineMathieu. C'est un chaton chanceuxqui fait une fugue, jusqu'à cequ'enfin il retrouve la famille qui adéménagé. Bof.Jean-Hugues Malineau: Le coupd'état du petit prince. Au pays dusommeil règne un prince au sangbleu. Mais voilà qu'un petit garçon seréveille. Branle-bas de combat! Legarçon, baptisé Rêve par les oiseaux,est pourchassé, emprisonné. L'his-toire est artificielle, certains ressortstrop soulignés.De Georges Coulonges, La grand-mère aux oiseaux : Brigitte est à laferme, chez sa grand-mère pour seretaper, une jambe dans le plâtre.Une grand-mère bourrue qui connaîtà fond les graines et les animaux.

• Chez Hachette, en Livre de Pochejeunesse, un remarquable romand'aventures : Smith, de Léon Gar-

Smith,Smith,Smith,hourrah !

field. Smith, un orphelin, vit avec sesdeux sœurs dans une cave du vieuxLondres, à la fin du XVIIIe siècle. Il estpickpocket, minuscule, crasseux etnerveux. Une violence aux mille visa-ges l'encercle. Un passant est assas-siné pour des motifs inconnus, unpapier retrouvé sur son corps par legalopin semble contenir la clé du

mystère mais Smith ne sait pas lire. Ilapprendra, mais échappera de peu àcent terribles dangers. Une belle his-toire d'amour entre un jeune garçonméfiant et un vieux juge aveugle quidécouvre la compassion.Une nouvelle anthologie présentée etréalisée par Simone Lamblin : Joueravec les mots, délicieusement illus-trée par Philippe Dumas. Rabelais etPrévert, Desnos et Allais. Bien sûr,Raymond Devos. Des textes courts etbien choisis, plus un long extrait desContes de la vallée de Moumine deTove Jansson.D'Astrid Lindgren, illustré par Mette

Ah!le BonGrosGéant !

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Ivers, Ronya fille de brigand, unroman à ne pas manquer.Et puis une réédition admirable deL'Ogresse de Nacer Khemir. Avecles illustrations originales de chezMaspéro. Magnifique.

Simone Lamblin et Philippe

Dumas au travail...D Chez Fernand Nathan, un branle-bas général des collections de pochequi atteint en particulier les romans.Les six collections ont désormais lemême dos rayé arc-en-ciel et se diffé-rencient par une tache de couleurpropre à chacune. Du côté de la litté-rature cela donne : des grands textes,avec un mini-dossier bien fait, maisbizarrement placé en tête del'ouvrage. Un choix intéressant :Une ville flottante de Jules Verne,Poil de Carotte de Jules Renard, lesHistoires extraordinairesd'Edgar Poe, L'appel de la forêtde Jack London, Le colonel Cha-bert de Balzac, La parure etautres contes de Maupassant,Panurge de Rabelais, Tartarin deTarascon d'Alphonse Daudet. Unchoix tous azimuts qui éclaire le pro-jet des concepteurs : restituer des tex-tes moins bien connus qu'ils ne leméritent. Lutter contre la pratique dutravail sur extrait.Et puis voici les «Contes et légen-des » bien connus, les célèbres Conteset légendes de Nathan réédités. Lapremière fournée est délibérémentciblée sur l'école : les Contes del'Egypte ancienne de MargueriteDivin, ceux du Moyen Age par M. etG. Huisman, les Contes et récitstirés de l'Enéide de G. Chandon,les Récits tirés de l'Histoire grec-que de Marguerite Desmurger, lesautres, beaucoup d'autres arrivent,vont arriver. Une satisfaction pour les

nostalgiques. Des regrets pour ceuxqui considèrent qu'on pourrait fairedu neuf, que certains textes sont unpeu vieillis.

Du côté d'Arc-en-poche, une bonnelivraison : un nouveau « Charlotte »de Michael Bond : Avec Charlotte,tout s'arrange ! Les aventures decette bavarde, et de ses copains,Sophie la tortue, Fangio le hérissonet les autres.

Johnny Belle-Gueule est un excel-lent roman de John Tully (voir fichedans ce numéro): l'histoire dite surun ton très inhabituel d'un garçonqui se laisse entraîner dans uneétrange aventure par une dame dis-tinguée qui l'appelle d'un autre nomque le sien.

'ajaftd de set. per^

d*. peLvr.RiiUiu-; J'aiUeur/U meti/eu

Panurge, Nathan.

Les tribulations d'Evariste, deJean-Paul Gourévitch, est un romanqui se passe dans le Paris de la Res-tauration. Un complot, des intrigues,Paris bruit, Evariste un collégien estembarqué dans des affaires qui ne leregardent pas du tout.Gus et Poussinard d'Hubert Mon-teilhet, après Gus et les Hindous, estl'histoire courte et farfelue d'unenfant, Gus, grand lecteur de Saki, etPoussinard, un jeune poulet affec-

Histoiresd'amourdes années 80

tueux, qui complotent contre Mon-sieur Jobard, un collègue de papa.Détectives et compagnie, de Fran-çois Rivière : une bonne sélection deneuf nouvelles policières à l'anciennemode : plutôt petites cellules grisesque gros revolvers.

• Au Seuil, en Points-virgule, deuxexcellents livres. D'Howard Buten,Le cœur sous le rouleau com-presseur raconte la suite de Quandj'avais cinq ans je m'ai tué. Gil et Jes-sica se sont aimés quand ils avaienthuit ans. Ils ont été séparés et Gil aété placé dans un centre de thérapie.Ils se retrouvent, s'aiment, semarient, se séparent, sur fondd'années 70 en Amérique. Gil estdevenu psy, Jessica veut respirer, etcet amour est trop violent. Un romanqui réussit le tour de force de parlerd'une situation extrême et intoléra-ble pour la société en en faisantl'objet d'un texte bourré de ten-dresse, de passion pour la vie.Voilà un baiser, d'Anne Perry-Bouquet, est le journal tenu à tour derôle par deux enfants de treize ans,suppose-t-on, qui s'aiment et se ledisent sur un ton inimitable, littéraireet quotidien, fragile et subtil, sansaucune fausse note.

• Chez Stock, un gros et très intéres-sant roman : L'histoire sans fin, deMichael Ende, un best-seller alle-mand, dans le style de Momo, dansl'esprit du Seigneur des anneaux.Bastien, qui est solitaire et malheu-reux, se plonge dans la lecture d'ungros livre. Il y entre bientôt vraiment,sa vie et celle propre du roman inter-fèrent. C'est fantastique, très pre-nant, difficile à résumer. Un livreimportant.

N°97- JUIN /JUILLET 1984/19