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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Vendredi 16 mai 2014 Ensemble intercontemporain | Matthias Pintscher Dans le cadre du cycle Made in China du 16 au 23 mai Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Ensemble intercontemporain | Matthias Pintscher | Vendredi 16 mai 2014

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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général

Vendredi 16 mai 2014Ensemble intercontemporain | Matthias Pintscher

Dans le cadre du cycle Made in China du 16 au 23 mai

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse

suivante : www.citedelamusique.fr

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Stravinski ironisait sur Stockhausen et Wagner en disant qu’ils rendaient nécessaire l’instauration d’un équivalent musical du parcmètre. C’est qu’il faut du temps pour que se déploient naturellement ces univers sonores volontiers conçus sous la forme de vastes cycles.

Wagner n’a que très peu écrit pour le piano (quelques sonates, une fantaisie…), alors que ses opéras, en particulier ceux qui forment la tétralogie du Ring, n’ont cessé d’être transcrits pour le clavier, par lui-même ou par des pianistes virtuoses comme Liszt autrefois et Kocsis aujourd’hui.

Les leitmotive de Wagner sont comme une matière mélodique infiniment plastique qui se cristallise en formes définies pour caractériser un personnage, un affect, un objet… On reconnaîtra nombre d’entre eux dans le programme proposé par Emmanuel Krivine à la tête de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, depuis le thème solennel du Chœur des pèlerins sur lequel s’ouvrait Tannhäuser en 1845 jusqu’aux éclats du motif des Walkyries qui accompagnaient en 1876 la bouleversante scène finale du Crépuscule des dieux, au cours de laquelle Brünnhilde s’immole en se jetant dans un brasier ardent.

Bien plus qu’un simple instant, un « moment », c’était pour Stockhausen une partie d’une œuvre dotée de caractéristiques constantes et remarquables : un peu comme le prélude de L’Or du Rhin de Wagner, dans lequel un accord immuable porte tout le développement orchestral. Momente, dont la première version fut créée en 1962 à Cologne, invente ainsi, entre la soprano solo, les quatre groupes choraux et les treize instrumentistes, des plages musicales où prédomine tantôt la mélodie, tantôt le timbre, tantôt la durée des sons. Entre ces moments, il y a des interludes qui, sans caractéristique particulière, utilisent aussi comme matériau les réactions habituelles du public (cris, applaudissements, murmures, toux…) comme pour effacer symboliquement la frontière entre interprètes et auditeurs.

Un mantra est une formule sacrée à laquelle, dans l’hindouisme, on prête un pouvoir. Avec Mantra – une pièce de 1970 pour deux pianos, percussions et modulateur en anneau –, Stockhausen emploie une nouvelle manière de composer, appelée à se généraliser dans ses œuvres plus tardives et notamment dans son opéra Licht. Tous les aspects de la partition (non seulement les notes, mais aussi les nuances, les articulations et les timbres issus des transformations électroniques du son) sont dérivés d’une unique formule mélodique, contractée ou dilatée de toutes les manières possibles. Et, pour l’auditeur, c’est une expérience sonore d’une rare beauté.

Dans ses Entretiens avec Jonathan Cott, Stockhausen a pu déclarer que « Wagner aurait été le meilleur compositeur de gagaku ou le meilleur auditeur du théâtre nô ». Car, ajoutait-il, Wagner « a allongé de façon incroyable la respiration, la durée, désormais indépendantes de ce que le corps humain peut produire ». Il y a peut-être quelque chose de semblable dans la temporalité de Carré, une œuvre créée en 1960 et faisant appel à quatre orchestres ainsi qu’à quatre chœurs. Comme l’expliquait le compositeur : « Il faut s’abstraire du temps si l’on veut se pénétrer de cette musique. La plupart des changements se produisent très lentement, à l’intérieur des sons. » Stockhausen précisait toutefois que, contrairement à ce qui se passe chez Wagner, « cette pièce ne raconte aucune histoire » : les voix des chœurs n’énoncent qu’un pur matériau phonétique dans lequel surnagent quelques noms ici ou là.

Cycle Wagner /Stockhausen Cycle Made in China

Shanghai, ville la plus peuplée de la République populaire de Chine, est aussi l’une des plus grandes mégapoles du monde. Elle est suivie de près par Pékin, la capitale. Made in China propose quelques instantanés d’une vie musicale eff ervescente, entre tradition et scènes expérimentales.

Avec San (1995) de Shuya Xu, interprétée par l’Ensemble intercontemporain et Matthias Pintscher, le compositeur évoque les paysages de Mongolie et leurs perspectives infi nies que rien ne vient interrompre. Dans son Chinese Opera (1986), Peter Eötvös tente quant à lui de faire parler la musique, même en l’absence de toute voix. Ainsi, dans la séquence intitulée Comic 2 et dédiée à Jacques Tati, « le percussionniste placé au centre improvise comme s’il parlait chinois ». Une pièce de Wu Wei et deux créations complètent le programme de cette soirée : The Sun Shadow VIII de Wenchen Qin et Hehkuu, pour sheng et ensemble, du compositeur fi nlandais Jukka Tiensuu.

Le forum du 17 mai ouvre le débat sur la musique contemporaine chinoise et ses artistes. Certains ont quitté leur pays pour étudier et travailler en Europe ou aux États-Unis, d’autres sont retournés enseigner en Chine ; certains ont écrit de grands hymnes offi ciels, d’autres des pièces expérimentales : c’est une coupe transversale du paysage de la musique contemporaine chinoise que propose l’ensemble Les Temps Modernes, avec des créations de compositeurs aux horizons et aux histoires contrastées.

À l’occasion d’un concert dédié aux musiques urbaines en Chine, un autre aspect de la création artistique chinoise est présenté. Encore mal connue en Occident, une nouvelle scène musicale est née à Pékin, mêlant expérimentations et traditions. Meng Qi construit ses propres instruments, qu’il appelle ses DIY « Do It Yourself ». Dans son album de 2005, Landscape On Love, il a combiné des éléments de musique chinoise avec de la drum’n’bass. Li Daiguo est assurément ce qu’on appelle un multi-instrumentiste, puisqu’il chante et joue du violoncelle, du luth pipa, de la clarinette, mais aussi de la vièle huqin et de la fl ûte xiao, sans oublier le human beatboxing (l’imitation vocale des rythmiques). Song Yuzhe fait partie des fi gures underground les plus importantes de la scène pékinoise. Il a créé le groupe Wood Pushing Melon en 1998, puis le Dawanggang en 2009. Coming With Image, Going With Sound est une série de voyages musicaux à travers la Chine de l’Ouest, accompagnée d’images fi lmées et de musique live. Enfi n ce cycle s’achève par un ciné-concert. Dans son fi lm Les Fleurs de Shanghaï (1998), le réalisateur taïwanais Hou Hsiao-Hsien a immortalisé les courtisanes qui, à la fi n du XIXe siècle, entretenaient souvent des relations de longue durée avec leurs clients. C’était elles, commente Juliette Deschamps, qui « faisaient tomber les têtes des hommes, ces femmes sulfureuses qu’on se disputait dans les maisons closes et les établissements dissimulés où se fumait l’opium ». Metteuse en scène d’opéra, de théâtre et de spectacles musicaux, elle est allée fi lmer la nouvelle Shanghai underground, tout aussi fantasmatique avec ses nuits électrisées. Dans l’eff ervescence des clubs, des femmes DJ comme Jasmine Li ou Mia qui, dit-elle, « sont les fl eurs d’aujourd’hui ». Les images qu’elle rapporte de cette vie nocturne alternative sont mixées au fi l du concert.

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DU VENDREDI 16 AU VENDREDI 23 MAI

VENDREDI 16 MAI 2014 – 20H

Wenchen Qin The Sun Shadow VIII – création françaiseShuya XuSan Jukka TiensuuHehkuu – création mondialeWu WeiDragon DancePeter EötvösChinese Opera

Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionWu Wei, shengSophie Cherrier, fl ûteVictor Hanna, percussionsPhilippe Grauvogel, hautboisJérôme Comte, clarinette

Concert précédé d’un Avant-concert à 19h

SAMEDI 17 MAI 2014 – 11HCONCERT ÉDUCATIF

Peter EötvösChinese Opera

Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionClément Lebrun, présentation

SAMEDI 17 MAI 2014 – 15HFORUM

La création musicale chinoiseConférence, table ronde et concert de l’Ensemble Les Temps modernes

Œuvres de Wen Deqing, Xu Shuya, Ye Guohui, Ye Xiaogang, Xu Yi

Projection de tableaux à l’encre de Gao Xingjian

MARDI 20 MAI 2014 – 20H

Pékin, musiques urbaines

Meng QiLi DaiguoEnsemble Dawanggang

MERCREDI 21 MAI 2014 – 10H30, 16H ET 17HJEUDI 22 MAI 2014 – 9H30 ET 10H30SPECTACLE JEUNE PUBLIC

Le Mystère de la guimbarde

Wang Li, guimbarde

VENDREDI 23 MAI 2014 – 20HCINÉ-CONCERT

Je vais te couper la tête (création)

Juliette Deschamps, création vidéo et sélection musicaleHelen Feng, chant B6, DJ Han Han, performance

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VENDREDI 16 MAI 2014 – 20HSalle des concerts

Mégapole : Shanghai

Wenchen QinThe Sun Shadow VIII, pour piccolo, hautbois, clarinette et percussion (création française)

Shuya Xu San, pour ensemble

Jukka TiensuuHehkuu, pour sheng et ensemble (création mondiale)

entracte

Wu WeiDragon Dance, pour sheng

Peter EötvösChinese Opera, pour ensemble

Wu Wei, shengEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionSophie Cherrier, flûtePhilippe Grauvogel, hautboisJérôme Comte, clarinetteVictor Hanna, percussion

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique.

Enregistré par France Musique, ce concert sera diffusé le 26 mai 2014 à 20h.

Ce cycle de manifestations est organisé dans le cadre de France-Chine 50 .

Avec le soutien du Comité des mécènes France-Chine 50.

Fin du concert vers 22h.

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Wenchen Qin (1966)The Sun Shadow VIII, pour piccolo, hautbois, clarinette et percussion

1. The Night Sky (« Le ciel étoilé »)

2. Suo Na (chalemie chinoise)

3. A Song Fading Away (« Un chant qui s’estompe »)

4. Coda

Composition : 2009.

Dédicataire : Ensemble Recherche.

Création : le 9 octobre 2009 à Graz, Helmut-List-Halle, par l’Ensemble Recherche.

Effectif : flûte piccolo, hautbois, clarinette en sib, percussion.

Éditeur : Sikorski.

Durée : environ 10 minutes.

The Sun Shadow (« L’Ombre du soleil ») est un cycle d’œuvres porté par le souvenir nostalgique des vastes étendues des steppes de l’Ordos, en Mongolie intérieure (Chine), où le compositeur a passé son enfance. La nature et l’environnement culturel, le soleil éblouissant, le ciel constellé d’étoiles, les nuages à l’horizon, un orage qui éclate subitement, l’appel des trompes dans le temple – tout cela s’est imprimé de manière indélébile dans la mémoire du compositeur et lui a inspiré The Sun Shadow.

Qin Wenchen (traduit de l’allemand par Daniel Fesquet)

www.musikprotokoll.orf.at

Shuya Xu (1961)San, pour ensemble

Composition : 1995.

Création : le 27 octobre 1995 à l’Amphithéâtre de l’Opéra-Bastille.

Effectif : flûte/flûte piccolo/flûte basse, hautbois/cor anglais, clarinette en sib/clarinette basse, percussion, piano, harpe,

guitare, violon, alto, violoncelle, contrebasse.

Éditeur : Gérard Billaudot.

Durée : 14 minutes.

Le titre de l’œuvre fait référence à l’ancienne poésie chinoise et plus précisément à la structure du poème à chanter apparu après la dynastie Song (960-1279), plus libre dans son langage et plus populaire que les poèmes de la dynastie Tang (618-907). Sans doute ce modèle de la tradition lettrée inspire-t-il à Shuya Xu le flux continu et la logique secrète d’une conduite narrative à l’œuvre dans San. Profondément influencé par le style des théâtres du Nord-Est, le compositeur nous met aussi à l’écoute des sonorités, voire de la vocalité chinoise, assumées ici par une lutherie occidentale qui acquiert, par le biais de l’écriture, une sinité particulière.

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Le dispositif instrumental est remarquable à cet effet. Aux quatre cordes frottées toujours solidaires s’agrègent les cordes pincées (guitare et harpe) aux attaques plus sèches. La percussion très colorée est associée au piano utilisé uniquement dans sa dimension percussive et ses qualités résonnantes. « Entre ciel et terre », le pupitre des bois, où le piccolo peut relayer la flûte basse, balaie un espace de plus de six octaves autorisant des déplacements de registres très diversifiés. Shuya Xu n’utilise que rarement le tutti instrumental, ménageant au contraire les relais de timbres au fil d’un continuum sonore très fluide et en constante métamorphose : compression et dilatation du temps, quiétude et agitation, vacuité et occupation de l’espace, autant de relations duelles exprimant le dynamisme des contraires, le yin et le yang bien souvent évoqués par le compositeur.

Les textures arachnéennes et délicates élaborées au sein des cordes frottées, jouant sur les sons glissés, les variétés du vibrato, les micro-inflexions du son et le jeu bruité sur le chevalet évoquent, dès le début de l’œuvre, les spécificités de la lutherie chinoise. Piano, harpe et guitare « rasgueado », dans une séquence beaucoup plus énergétique, investissent la vive gestualité du joueur de pipa (luth chinois) et la résonance du plectre sur les cordes. La ligne de « chant » – ou peut-être celle du sihu, vièle à quatre cordes pratiquée en Mongolie que mentionne le compositeur - affleure à plusieurs reprises dans le tracé sinueux de la flûte basse ou celui de l’alto relayé par le violon, comme dans les dernières pages de la partition où les chimes de bambou, de verre et de coquillages ajoutent au mystère et à la poésie

Michèle Tosi

Jukka Tiensuu (1948)Hehkuu, pour sheng et ensemble

Composition : 2014.

Commande : Ensemble intercontemporain.

Création : le 16 mai 2014, à Paris, Cité de la musique, par l’Ensemble intercontemporain, sous la direction de Matthias Pintscher.

Effectif : sheng solo, flûte, hautbois, clarinette en sib, clarinette basse, basson, cor, trompette en ut, trombone,

vibraphone, piano, harpe, 2 violons, alto, violoncelle.

Éditeur : inédit.

Durée : environ 20 minutes.

Je suis connu pour ne jamais écrire ni parler au sujet de mes œuvres et je demande également aux autres de ne jamais écrire de notes de programme.

Comme tout commentaire précédant un concert aurait juste pour effet de réduire la concentration de l’auditeur d’une pièce et de diriger son attention, je préfère laisser libre cours aux associations de chacun et donner à la musique la possibilité de parler pour elle-même – ce qu’elle fait bien mieux lorsque le créateur se met à l’écart.

Jukka Tiensuu

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Peter Eötvös (1944)Chinese Opera, pour ensemble

Ouverture et Rideaux

Première scène

Deuxième scène

Troisième scène et Rideaux

Composition : 1985-1986. Version définitive 2008.

Commande : Ensemble intercontemporain.

Dédicace : Pour les dix ans de l’Ensemble intercontemporain.

Création : le 17 novembre 1986 à Paris, Théâtre du Rond-Point, par l’Ensemble intercontemporain sous la direction

du compositeur.

Effectif : 2 flûtes/flûtes piccolo/flûtes en sol, 2 hautbois/cors anglais, 2 clarinettes en sib/clarinettes en mib,

clarinette basse/clarinette en sib, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes en sib/trompettes piccolo en sib, 2 trombones,

tuba, 3 percussions, clavier électronique, harpe, 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse.

Éditeur : Salabert.

Durée : environ 25 minutes.

Il n’y a pas un opéra chinois mais, dans ce grand pays, autant de styles qu’il y a de provinces. Ainsi, concevant son opéra chinois, Peter Eötvös écrivit-il celui de sa propre « province ». Il la rêva, sans références folklorisantes à la Hongrie qui lui donna le jour, pas plus qu’à l’Extrême-Orient. (Seuls peut-être les cymbales et les gongs chinois peuvent nous y faire penser, bien qu’ils fassent partie depuis longtemps de l’instrumentarium de la musique occidentale).

La « province » à laquelle le compositeur est attaché est une patrie dont les grands metteurs en scène d’aujourd’hui sont les héros. Les trois scènes de l’œuvre, ainsi que l’Ouverture et les Rideaux, leur sont dédiées. Cette intention va bien au-delà du pur désir d’hommage qui veut d’ordinaire que le respect se mêle à l’affection. Les différentes parties de Chinese Opera forment quatre portraits où la manière des quatre créateurs (Peter Brook, Luc Bondy, Klaus Michael Grüber, Patrice Chéreau), telle que Peter Eötvös en ressent le tempo et le caractère, construit le style musical.

Dans Ouverture et Rideaux, il fait référence à « la mise en scène rapide, cérémonieuse » de Peter Brook*. L’indication est pertinente et précieuse, quoiqu’on puisse voir de la contradiction entre ces termes. Pour autant, ce morceau se déploie vite, mais finalement avec une vraie lenteur, grave, nerveux qu’il est, attentif à ses moindres gestes, comme un chien à l’arrêt, prétextant un développement qu’il ne donnera peut-être pas. S’y enchaînant, la première scène est dédiée à Luc Bondy, à la « souple beauté lyrique » de son travail. C’est un réel moment de théâtre qui installe un climat d’attente, celle de personnages encore dans la coulisse, qui vont surgir - on le sent bien - et qui tiendront des propos définitifs… Tout cela est obtenu par un grand raffinement de l’écriture. On remarquera ici la construction de progressions dramatiques (dans l’enroulement des lignes sur elles-mêmes, par exemple) qui n’atteignent jamais à l’acmé qu’elles induisent, entrecoupées

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de plages harmoniques et de frémissements inquiétants, puis l’espacement et le ralentissement progressifs de ces épisodes. C’est Klaus Michael Grüber qui a inspiré la deuxième scène, et surtout son aptitude à mettre en jeu « la torrentielle pluralité des voix ». Cette page, reprenant majoritairement le matériau de la première scène, l’oriente dans une direction complètement différente. Les acmés évitées précédemment sont ici longuement préparées et réalisées, jusqu’à être exaltées avec une certaine insistance.

Quant à la « dure et rugueuse verticalité » de Patrice Chéreau, elle sera évoquée dans la troisième scène et les (derniers) Rideaux de Chinese Opera. Ces ultimes mouvements sont pleins d’une terreur hiératique que le compositeur voudrait sans doute atténuer dans la durée. La musique, faite de blocs en longues tenues, semble s’éloigner, s’enfoncer peut-être ; les bois et les cuivres sont peu à peu gommés pour révéler l’assise de ces blocs construits par les cordes pendant que des battements des bois et de la harpe viennent adoucir l’irrémédiable pulsation qu’on entend encore au loin.

Dominique Druhen

* les propos entre guillemets sont extraits du texte de présentation par Peter Eötvös pour le disque Erato.

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Biographie des compositeurs

Wenchen QinWenchen Qin a étudié la composition au Conservatoire de Shanghai avec Xu Shuya et Zhu Jianer de 1987 à 1992 avant d’être recruté comme professeur au Conservatoire Central de Pékin. En 1998, une bourse du DAAD (Office Allemand d’Échanges Universitaires) lui a permis de se former auprès de Nicolaus A. Huber pendant trois ans à la Folkwang Hochschule d’Essen, jusqu’au diplôme qu’il a obtenu avec les honneurs. Depuis septembre 2001, il enseigne de nouveau au Conservatoire Central de Pékin. Wenchen Qin collabore avec des ensembles de renom tels que l’Ensemble Recherche (Allemagne), L’Itinéraire (France), l’Ensemble Antidogma (Italie), l’Orchestre Symphonique de Tokyo, l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin et l’Ensemble on Line (Autriche). Ses compositions ont été diffusées sur les ondes de la NDR (Hanovre), de la WDR (Cologne), de la BR (Munich), de Radio France et programmées par des festivals comme la Biennale de musique contemporaine de Hanovre, le Holland Festival, le Transatlantic Festival et le Festival de musique contemporaine sino-japonais de Pékin. Wenchen Qin est l’un des compositeurs phares de sa génération. Incluant dans ses œuvres des instruments traditionnels chinois, il a créé une passerelle très personnelle entre la tradition de son pays et

l’avant-garde occidentale. Son langage musical associe des sonorités subtiles, intenses et variées qu’il développe avec brio.Ressource www.sikorski.de

Shuya Xu Compositeur chinois né le 12 mai 1961 à Changchun (Chine). Violoncelliste de formation, Shuya Xu étudie la composition au Conservatoire de Shanghai avec Zhu Jian-Er et Ding Shan-De (1978-1983). Boursier du ministère des Affaires étrangères français en 1988, il se perfectionne ensuite au Conservatoire de Paris (CNSMDP) avec Ivo Malec, Betsy Jolas, Gérard Grisey et Alain Bancquart. Influencé par Debussy, Stravinski, Ligeti et Takemitsu mais aussi par les chants populaires de la province du Hunan(Chant de Miao, 1982), Shuya Xu élabore un langage fait de couleurs et de timbres, une musique au croisement entre une culture chinoise et une forme unie et calme (Cristal au soleil couchant, 1993). Son catalogue comporte de nombreuses œuvres pour orchestre (Huitain, 1998 ; Nirvâna, 2000), des œuvres concertantes et de musique de chambre (Le mirage de Lamu, 2004), de la musique de film et chorégraphique (Les larmes de Marco Polo, 2000), ainsi que plusieurs opéras (In Memory of Taiping Lake, 2005 ; La neige en août, 2005 ; Emperor Kangxi and the Sun King Louis XIV, 2011). Fondateur du Centre Informatique et Multimédia au Conservatoire de musique de Pékin (2002), Shuya Xu enseigne la

composition à Pékin puis Shanghai et devient Doyen du Conservatoire de musique de Shanghai.Ressources Cdmc

Jukka TiensuuJukka Tiensuu s’est formé à l’Académie Sibelius d’Helsinki, à la Juilliard School de New York et à la Hochschule für Musik de Fribourg auprès de Paavo Heininen, Klaus Huber et Brian Ferneyhough. Compositeur prolifique utilisant un panel extrêmement large de médias musicaux, il est aussi excellent claveciniste, chef d’orchestre et pianiste. Cofondateur du festival Time of Music de Viitasaari, il a dirigé la Biennale d’Helsinki. La technologie numérique fait partie intégrante de son travail, et le studio sur mesure qu’il s’est construit reflète de manière personnelle son expérience institutionnelle dans des cadres tels que l’Ircam, le Massachusetts Institut of Technology et l’University of California San Diego. Le traitement du signal et la conception algorithmique complètent son utilisation habituelle des programmes de notation par ordinateur et des contrôleurs MIDI. Parmi ses œuvres d’envergure, on citera Alma (1995-1998, commande du Festival d’Helsinki), une trilogie qui rassemble les compositions symphoniques indépendantes Himo, Lumo et Soma incluant des éléments électroniques. Tokko (1987, pour chœur d’hommes et bande magnétique synthétisée

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par ordinateur), premier prix au Rostrum de l’Unesco en 1988, est écrit sur un texte exclusivement composé de termes exprimant le doute dans différentes langues. Arsenic and Old Lace (1990, pour le Quatuor Arditti avec clavecin), ainsi que Puro (1989, pour le grand clarinettiste Kari Kriikku avec orchestre) témoignent de son extrême maîtrise d’une virtuosité aussi bien technique que déductive. Commandes de l’Ircam, P=Pinocchio? (1982) et nemo (1998) sont toutes deux exemplaires de son utilisation d’éléments générés par ordinateur et de l’interaction en temps réel. Musica ambigua (une suite pour instruments baroques) illustre encore une autre facette de son art. « Un esprit ouvert, affirme-t-il, est le plus court chemin vers la compréhension », maxime qu’il incarne avec cette intelligence sceptique, lucide et pragmatique qui irrigue tous les aspects de sa vie de musicien indépendant. Les compositions de Jukka Tiensuu sont publiées par le Fimic (Centre d’Information Musicale Finnois) et enregistrées par les labels Alba, Denon, Ondine et Disques Montaigne. Parmi ses projets, majoritairement pour orchestre, on notera la composition de concertos pour accordéon, clarinette MIDI et flûte microtonale. Jukka Tiensuu souligne : « Je n’écris pas poussé par le devoir qu’aurait tout compositeur d’enrichir continuellement le répertoire de concert. À notre époque, chaque pièce doit posséder une raison spécifique

pour être créée. » En pratique, cette conception l’a amené à changer de positionnement et de problématique d’une œuvre à l’autre, et il est malaisé de trouver un style d’ensemble ou un développement linéaire à sa production.Note publiée avec l’autorisation

du Fimic http://www.fimic.fi

Peter EötvösCompositeur et chef d’orchestre, l’un des principaux interprètes du répertoire contemporain, Peter Eötvös est né en Transylvanie et revendique son appartenance à la culture musicale hongroise, restant très attaché en particulier à l’art de Bartók, Kodály, Kurtág et Ligeti.Il destine certaines de ses pièces à des instruments hongrois comme Psychokosmos, pour cymbalum solo et orchestre traditionnel (1993). Diplômé de l’Académie de Musique de Budapest, il poursuit ses études musicales en Allemagne, à la Hochschule für Musik de Cologne. Il rencontre Karlheinz Stockhausen et, entre 1968 et 1976, se produit avec son ensemble et participe aux activités du studio de musique électronique de la Westdeutscher Rundfunk de Cologne. En 1978, sur l’invitation de Pierre Boulez, il dirige le concert inaugural de l’Ircam. À la suite de cette expérience, il est nommé directeur musical de l’Ensemble intercontemporain avec lequel il crée Chinese Opera (1986). Il reste à la tête de l’Ensemble jusqu’en 1991. Depuis ses débuts comme chef d’orchestre aux

Proms de Londres, il s’y rend régulièrement : il est chef principal du BBC Symphony Orchestra de 1985 à 1988. Il est ensuite nommé à la tête de l’Orchestre du Festival de Budapest de 1992 à 1995, puis de l’Orchestre Philharmonique National de Budapest de 1998 à 2001, de l’Orchestre de Chambre de la Radio de Hilversum (Pays-Bas) de 1994 à 2005, de l’Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart de 2003 à 2005, et de l’Orchestre Symphonique de Göteborg depuis 2003. Par ailleurs, il est invité à diriger de prestigieux ensemble tels que l’Orchestre Philharmonique de Berlin, celui de Munich, à Paris celui de Radio France, le London Sinfonietta, l’Orchestre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre de la Suisse Romande ainsi que le Los Angeles Philharmonic et le New Japan Philharmonic Orchestra. Il est invité à La Scala, au Royal Opera House Covent Garden, à La Monnaie, au Festival de Glyndebourne, au Théâtre du Châtelet. En 1991, il fonde l’International Eötvös Institute and Foundation pour les jeunes chefs d’orchestre et compositeurs. De 1992 à 1998, il est professeur à la Hochschule für Musik à Karlsruhe. Il quitte cette institution pour enseigner à la Hochschule für Musik de Cologne de 1992 à 1998, avant d’y revenir en 2002. Parallèlement à son importante carrière de chef d’orchestre et à

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son activité de pédagogue, Peter Eötvös compose de nombreuses pièces, aussi bien marquées par son expérience dans le studio de Stockhausen – Cricketmusic (1970), Elektrochronik (1974) – ainsi que par son travail aux côtés de Boulez, que par d’autres influences comme celle du jazz – Music for New York, improvisation pour saxophone soprano et percussion avec bande (1971) –, de Frank Zappa – Psalm 151, ln memoriam Frank Zappa (1993)… Son œuvre est marquée dès le début de sa carrière par le cinéma et le théâtre auquel il destine ses premières compositions. Son expérience dans ce domaine se répercute sur la structure de ses grandes pièces orchestrales comme ZeroPoints (1999), ainsi que dans ses opéras Trois Sœurs (1997-1998), Le Balcon (2001-2002), Angels in America (2002-2004), Lady Sarashina (2007), Die Tragödie des Teufels (2009). Il a reçu de très nombreux prix et distinctions parmi lesquels, pour les plus récents, le Prix de la Fondation Prince Pierre de Monaco en 2008 pour Seven et le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2011. Source : Ircam-Centre Pompidou

Biographie des interprètes

Wu WeiNé en 1970, Wu Wei a étudié le sheng au Conservatoire de Shanghai et s’est produit comme soliste de l’Orchestre Chinois de Shanghai avant de poursuivre sa formation à la Hochschule für Musik Hanns Eisler avec une bourse du DAAD (Office Allemand d’Échanges Universitaires) à Berlin, où il réside actuellement. Depuis 2013, il enseigne au Conservatoire de Shanghai. Lauréat de divers concours nationaux et internationaux de musique traditionnelle chinoise, il a également remporté le concours allemand de musique du monde Musica Vitale en 1996 et 2002, ainsi que le prix allemand de musique du monde Globale RUTH en 2004. En 2011, il s’est vu remettre le Prix Herald Angel au Festival d’Édimbourg pour son interprétation de Su, concerto pour sheng d’Unsuk Chin avec l’Orchestre Philharmonique de Séoul sous la direction de Myung-Whun Chung. Depuis 1996, Wu Wei s’est produit en soliste avec de nombreux orchestres et ensembles de premier plan, dont l’Orchestre Philharmonique de Berlin (dirigé par Kent Nagano), le Los Angeles Philharmonic Orchestra (Gustavo Dudamel), l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’Orchestre Philharmonique de Séoul (Myung-Whun Chung), le BBC Symphony Orchestra (Ilan Volkov), l’Orchestre Philharmonique

Royal de Stockholm (Susanna Mälkki), l’Orchestre Symphonique de Tokyo (Kazuyoshi Akiyama), l’Orchestre Philharmonique d’Helsinki (Matthias Pintscher,) l’Orchestre Symphonique de la NDR de Hanovre, l’Orchestre Philharmonique de la Radio néerlandaise, l’Orchestre Symphonique de Munich, l’Albany Symphony Orchestra de New York, l’Orchestre Symphonique des Flandres, l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian, l’Orchestre Symphonique National de Taïwan, l’Orchestre Symphonique de Taipei, l’Orchestre Chinois de Taipei, l’Orchestre Chinois de Singapour, l’Orchestre Philharmonique de Lübeck, la Neue Philharmonie de Westfalen, le Hartford Symphony Orchestra (États-Unis), l’Orchestre de la Pannonische Philharmonie (Autriche), le Metropole Orchestra (Pays-Bas), l’Orchestre Symphonique du Brandebourg, l’Orchestre Philharmonique de Neubrandenburg, l’Ensemble Modern, le Nieuw Ensemble (Pays-Bas), l’Atlas Ensemble (Pays-Bas), l’ensemble de chambre du Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin et le Sinfonietta du Luxembourg. De nombreux festivals l’ont invité comme le Berliner Festspiele, la Biennale de Munich, le Festival d’Édimbourg, les Donaueschinger Musiktage, le festival MaerzMusik de Berlin, le festival Musica Viva de Munich, le Dresdener Festspiele, l’Automne de Varsovie, le festival Musica Nova d’Helsinki, le Festival Suntory

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de Tokyo, le Festival Bartók (Hongrie), le Festival Archipel de Genève, le Festival de Turku (Finlande), le Festival de Grafenegg (Autriche), le Festival de Merano (Italie), la Triennale de Cologne, le Holland Festival et le festival Les Musiques de Marseille. On a pu l’applaudir sur des scènes telles que la Philharmonie de Berlin, le Walt Disney Hall de Los Angeles, le Suntory Hall de Tokyo, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Konzerthaus de Berlin, le Konzerthaus de Vienne, le Gewandhaus de Leipzig, le Usher Hall d’Édimbourg et le Théâtre du Châtelet. Invité à se produire aux États-Unis, en Europe, en Russie, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient, il a interprété en première mondiale plus de deux cents ouvrages (dont dix concertos pour sheng et orchestre) de compositeurs tels que John Cage, Unsuk Chin, Toshio Hosokawa, Enjott Schneider, Jörg Widmann, Guus Janssen, Tan Dun, Chen Qigang, Guo Weijing et Ruo Huang. Étant lui-même un compositeur très prolifique pour son instrument, il a reçu des commandes de la part de la Fondation Royaumont (2004), du festival Musica Viva de Munich (2005), de la Fondation Hansa pour la Culture (2009), de la Fondation Civitella Ranieri de New York (2010) ainsi que de la Fondation pour la Culture de Saxe (2003, 2005, 2006 et 2011). Au nombre de ses projets, on citera une tournée de concerts de Su, concerto pour sheng d’Unsuk Chin avec l’Orchestre

Philharmonique de Séoul dirigé par Myung-Whun Chung, qui le mènera à Londres (BBC Proms), en Finlande, en Autriche et en Italie, ainsi que la première du Concerto pour sheng de Jukka Tiensuu avec l’Ensemble intercontemporain à Paris sous la baguette de Matthias Pintscher. Un nouveau concerto pour sheng de ce compositeur est en préparation pour la saison 2015-2016, dans lequel Wu Wei sera accompagné d’un orchestre de renom international. Soliste d’avant-garde, Wu Wei a participé au développement du sheng en faisant de cet instrument vieux de quatre mille ans une force novatrice en musique contemporaine, à travers la création de techniques, l’exploration de nouveaux répertoires et la combinaison de styles variés.

Sophie CherrierSophie Cherrier étudie au Conservatoire National de Région de Nancy (classe de Jacques Mule) puis au Conservatoire de Paris (CNSMDP), où elle remporte le Premier Prix de flûte (classe d’Alain Marion) et de musique de chambre (classe de Christian Lardé). Elle intègre l’Ensemble intercontemporain en 1979. Elle collabore à de nombreuses créations, parmi lesquelles Mémoriale de Pierre Boulez (enregistrement Erato), Esprit rude/Esprit doux d’Elliott Carter (Erato), Chu Ky V de Ton-Thât Tiêt. Sophie Cherrier a enregistré la Sequenza I de Luciano Berio

(Deutsche Grammophon), … explosante fixe… (Deutsche Grammophon) et la Sonatine pour flûte et piano de Pierre Boulez (Erato), Imaginary Sky-lines pour flûte et harpe d’Ivan Fedele (Adès), Jupiter et La Partition du ciel et de l’Enfer de Philippe Manoury (collection « Compositeurs d’aujourd’hui »). Elle s’est produite avec le Hallé Orchestra de Manchester, l’Orchestre de Cleveland, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, le London Sinfonietta, et l’Orchestre philharmonique de Berlin. Sophie Cherrier est professeur au Conservatoire de Paris (CNSMDP) depuis 1998 et donne également de nombreuses master classes, en France et à l’étranger.

Philippe GrauvogelPhilippe Grauvogel a débuté sa formation musicale auprès de Roger Raynard puis d’Yves Poucel. Il entre au Conservatoire de Paris (CNSMDP) en 1989 dans les classes de David Walter et de Maurice Bourgue. Il y obtient deux premiers prix de musique de chambre et le premier prix de hautbois. En 1994, il devient membre de l’Itinéraire, ce qui lui permet d’aborder le répertoire contemporain, de rencontrer de nombreux compositeurs et de participer à de multiples créations. En 1996, il intègre en tant que hautbois solo l’Orchestre Poitou-Charentes au sein duquel il aborde un vaste répertoire, tant classique que contemporain, et participe

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à des festivals nationaux et internationaux. Philippe Grauvogel est amené à jouer régulièrement au sein de grandes formations lyriques et symphoniques telles que l’Opéra de Paris, l’Opéra de Lyon, l’Orchestre philharmonique de Radio-France. Il se produit également en musique de chambre, plus particulièrement dans le répertoire baroque avec Bruno Morin à l’orgue et Joël Pontet au clavecin. En 2010, il devient membre de l’Ensemble intercontemporain. Parallèlement à ses activités d’interprète, Philippe Grauvogel est professeur de hautbois au conservatoire d’Antony.

Jérôme ComteAprès ses études auprès de Thomas Friedli, Pascal Moragues, Michel Arrignon et Maurice Bourgue, Jérôme Comte obtient successivement le Prix de virtuosité du Conservatoire de Genève et le Prix à l’unanimité du Conservatoire de Paris (CNSMDP). Lauréat de la fondation Meyer pour le développement culturel et artistique, de la Fondation d’entreprise Groupe Banque Populaire, il est filleul 2003 de l’Académie Charles-Cros. Jérôme Comte est lauréat de plusieurs concours internationaux. Il se produit dans des formations de musique de chambre ou au sein d’ensembles ou de grands orchestres tels que l’Orchestre de l’Opéra de Paris, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France, le London Symphony Orchestra et

l’Ensemble intercontemporain, dont il devient membre en 2005à l’âge de 25 ans. Jérôme Comte est invité par de nombreux festivals en France comme à l’étranger. Au cours de la saison 2008-2009, il a en particulier été le soliste, sous la direction de Pierre Boulez, du Concerto pour clarinette d’Elliott Carter et, en 2009-2010, de Dialogue de l’ombre double.

Victor HannaNé en 1988, Victor Hanna étudie les percussions dans les classes de Marc Bollen, Béatrice Faucomprez, Francis Brana et Nicolas Martynciow. Parallèlement, il bénéficie de nombreuses rencontres pour pratiquer les percussions afro-cubaines, les musiques actuelles, l’improvisation générative, le théâtre musical, l’accompagnement chorégraphique et l’art dramatique. En 2008 il entre au Conservatoire de Paris (CNSMDP) dans la classe de Michel Cerutti. Il se perfectionne dans les percussions d’orchestre au cours d’académies telles que le Lucerne Festival Academy Orchestra et le Verbier Festival Orchestra, et lors de collaborations avec les plus grands orchestres français. Passionné par les musiques actuelles, il collabore avec l’Ensemble Multilatérale, l’Ensemble 2e2m et Le Balcon. Il entre à l’Ensemble intercontemporain en 2012 après avoir obtenu un Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien

mention très bien à l’unanimité au Conservatoire de Paris.

Matthias PintscherComposition et direction d’orchestre : dans l’esprit de Matthias Pintscher, ces deux domaines d’activité sont totalement complémentaires. « Ma réflexion de chef d’orchestre est enrichie par mon propre processus d’écriture, et vice versa », explique-t-il. Créateur d’œuvres majeures pour des orchestres de premier plan, sa sensibilité de compositeur lui apporte une compréhension de la partition « de l’intérieur » qu’il partage avec les musiciens. Matthias Pintscher entretient ainsi d’étroites collaborations avec de grands interprètes (Gil Shaham, Julia Fischer, Frank Peter Zimmermann, Truls Mørk, Emmanuel Pahud, Tabea Zimmermann, Antoine Tamestit, Jean-Yves Thibaudet…) et des chefs du monde entier tels que Simon Rattle, Pierre Boulez, Claudio Abbado, Valery Gergiev, Christoph von Dohnányi, Kent Nagano, Christoph Eschenbach, Franz Welser-Möst ou Daniel Harding. Artiste associé du BBC Scottish Symphony Orchestra depuis la saison 2010-11, il dirige aujourd’hui régulièrement en Europe et aux États-Unis de grandes formations internationales : orchestres philharmoniques de New York, de Londres et Berlin, orchestres de Cleveland, Chicago, Philadelphie, Paris, orchestres symphoniques de la BBC, de la

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Rai, de Sydney et de Melbourne, orchestres du Théâtre Mariinsky, de la NDR Hambourg, de la Tonhalle de Zürich, Philharmonia de Londres, Mahler Chamber Orchestra. Très engagé dans la diffusion du répertoire contemporain, Matthias Pintscher est nommé directeur musical de l’Ensemble intercontemporain en juin 2012 et prend ses fonctions en septembre 2013. Il collabore avec de nombreux ensembles tels que l’Ensemble Modern, le Klangforum Wien, l’Ensemble Contrechamps, l’Ensemble Avanti (Helsinki), le Remix Ensemble (Porto) et le Scharoun Ensemble du Philharmonique de Berlin. Matthias Pintscher est également directeur artistique de l’Académie du festival de Printemps de Heidelberg, dédiée aux jeunes compositeurs. En 2012, il est sélectionné par la Commission Roche pour sa création Chute d’Étoiles dont la première a lieu au Festival de Lucerne en août de cette même année, avec l’orchestre de Cleveland sous la direction de Franz Welser-Möst. L’œuvre est ensuite reprise au Severance Hall de Cleveland et au Carnegie Hall en novembre 2012. Matthias Pintscher suit une formation musicale dès son plus jeune âge (piano, violon, percussion). À 15 ans, il dirige l’orchestre symphonique des jeunes de la ville de Marl en Allemagne. Il commence à composer quelques années plus tard parallèlement à sa formation en direction d’orchestre, notamment auprès de Peter Eötvös en 1994 à Vienne. Depuis, il partage

ses activités entre la composition et la direction d’orchestre. Ses créations se distinguent par la délicatesse de leur univers sonore, le raffinement de leur construction et leur précision d’expression. Matthias Pintscher est l’auteur de deux opéras (dont L’Espace dernier, créé à l’Opéra national de Paris-Bastille en 2004), de nombreuses œuvres orchestrales, de concertos (dont Mar’eh, concerto pour violon créé en novembre 2011 par Julia Fischer), et d’œuvres de musique de chambre, toutes publiées aux éditions Bärenreiter. Matthias Pintscher a enregistré plus de vingt disques pour de nombreux labels : Kairos, EMI, ECM, Teldec, Wergo, etc. Il réside aujourd’hui à New York après avoir vécu à Paris, deux villes, deux cultures qu’il a choisies pour leur caractère complémentaire.

Ensemble intercontemporainCréé par Pierre Boulez en 1976 avec l’appui de Michel Guy (alors secrétaire d’État à la Culture) et la collaboration de Nicholas Snowman, l’Ensemble intercontemporain réunit trente-et-un solistes partageant une même passion pour la musique du XXe siècle à aujourd’hui. Constitués en groupe permanent, ils participent aux missions de diffusion, de transmission et de création fixées dans les statuts de l’Ensemble. Placés sous la direction musicale du compositeur et chef d’orchestre Matthias Pintscher depuis septembre 2013, ils collaborent, aux côtés des

compositeurs, à l’exploration des techniques instrumentales ainsi qu’à des projets associant musique, danse, théâtre, cinéma, vidéo et arts plastiques. Chaque année, l’Ensemble commande et joue de nouvelles œuvres, qui viennent enrichir son répertoire et s’ajouter aux chefs-d’œuvre du XXe siècle. En collaboration avec l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM), l’Ensemble intercontemporain participe à des projets incluant des nouvelles techniques de génération du son. Les spectacles musicaux pour le jeune public, les activités de formation des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compositeurs ainsi que les nombreuses actions de sensibilisation des publics, traduisent un engagement profond et internationalement reconnu au service de la transmission et de l’éducation musicale. Depuis 2004, les solistes de l’Ensemble participent en tant que tuteurs à la Lucerne Festival Academy, session annuelle de formation de plusieurs semaines pour des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compositeurs du monde entier. En résidence à la Cité de la musique (Paris) depuis 1995, l’Ensemble se produit et enregistre en France et à l’étranger où il est invité par de grands festivals internationaux.

Financé par le ministère de la Culture et de la Communication, l’Ensemble reçoit également le soutien de la Ville de Paris.

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FlûtesSophie CherrierEmmanuelle Ophèle

HautboisPhilippe GrauvogelDidier Pateau

ClarinettesAlain Billard Jérôme ComteAlain Damiens

BassonsPascal GalloisPaul Riveaux

CorsJens McManama Jean-Christophe Vervoitte

TrompettesJean-Jacques Gaudon Clément Saunier

TrombonesJérôme NaulaisBenny Sluchin

PercussionsSamuel FavreGilles DurotVictor Hanna

PianosDimitri VassilakisSébastien Vichard

HarpeFrédérique Cambreling

ViolonsHae-Sun KangDiégo Tosi

AltoOdile Auboin

VioloncellesPierre Strauch Eric-Maria Couturier

ContrebasseNicolas Crosse

Technique EIC

Musiciens supplémentaires

TubaTancrède Cymerman

GuitareBertrand Chavarria-Aldrete

AltoBéatrice Gendek

ShengWu Wei

Concert enregistré par France Musique

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Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Elza Gibus | Stagiaire : Isabelle Couillens

Et aussi…

> CONCERTS

DIMANCHE 25 MAI 2014, 16H30

Henri DutilleuxAinsi la nuit / Quatuor à cordesMystère de l’instantJohannes BrahmsSymphonie n° 1

Les DissonancesQuatuor Les DissonancesDavid Grimal, direction, violonHans Peter Hofmann, violonDavid Gaillard, altoXavier Phillips, violoncelle

LUNDI 26 MAI 2014, 20H

Henri DutilleuxMuss es sein ? (création française)Ludwig van BeethovenSymphonie n° 5Henri DutilleuxMétabolesTout un monde lointainPaul DukasL’Apprenti sorcier

Les SièclesFrançois-Xavier Roth, directionGautier Capuçon, violoncelle

14 JUIN 2014, 20H

György LigetiLux AeternaHans ZenderWarum / création françaiseRaphaël CendoRegistre des lumières pour chœur, ensemble et électronique

SWR Vokalensemble StuttgartEnsemble musikFabrikMarcus Creed, directionGrégory Beller, réalisation informatique musicale Ircam

> MÉDIATHÈQUE

En écho à ce concert, nous vous proposons…

> Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr

… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :Peter Eötvös dans les « Entretiens filmés »

> À la médiathèque

… d’écouter avec la partition :Chinese Opera de Peter Eötvös par le Klangforum Wien

… de consulter la partition :The sun shadow VIII de Wenchen Qin

… de lire :Que la musique soit efficace, les expériences scéniques et filmiques de Peter Eötvös, entretien avec François-Gildas Tual

> SALLE PLEYEL

SAMEDI 17 MAI 2014, 20H

Krzysztof Penderecki La Follia pour violon soloWolfgang Amadeus MozartSonate pour violon et piano en mi mineur K. 304André PrevinSonate n° 2 pour violon et pianoLudwig van BeethovenSonate n° 9 « Kreutzer »

Anne-Sophie Mutter, violonLambert Orkis, piano

Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du programme Polska Music http://polskamusic.pl

VENDREDI 23 MAI 2014, 20H

Einojuhani RautavaaraCantus ArcticusConcerto pour violonClaude DebussyPrélude à l’après-midi d’un fauneLa Mer

Orchestre Philharmonique de Radio FranceMikko Franck, directionHilary Hahn, violon

DIMANCHE 15 JUIN 2014, 15H

Béla BartókMikrokosmos (Choix de pièces)George CrumbMakrokosmos (Volume 2)

Stephanos Thomopoulos, pianoTal Isaac Hadad, installation vidéo

> CONCERT ÉDUCATIF

SAMEDI 17 MAI 2014, 11H

Peter EötvösChinese Opera

Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionClément Lebrun, présentation