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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Dimanche 1 er décembre 2013 Brussels Philharmonic | Michel Tabachnik Dans le cadre du cycle Montagnes du 26 novembre au 1 er décembre Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Brussels Philharmonic | Michel Tabachnik | Dimanche 1 er décembre 2013

2013 décembre Dimanche 1 décembre 2013 Brussels Philharmonic - Cité de …content.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13152.pdf · 2013-11-22 · française ou italienne,

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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général

Dimanche 1er décembre 2013Brussels Philharmonic | Michel Tabachnik

Dans le cadre du cycle Montagnes du 26 novembre au 1er décembre

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,

à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr

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Montserrat (en catalan le « Mont en dents de scie »), curiosité géologique de conglomérats aux formes étranges, abrite depuis le Moyen Âge un monastère et une statue romane de la Vierge. À la fin du XIVe siècle, quantité de pèlerins affluent à Montserrat. Les moines leur proposent un répertoire sur mesure avec des paroles « décentes et honnêtes » sur des airs populaires. Ainsi en témoigne le précieux Llibre Vermell, miraculeusement échappé aux destructions napoléoniennes de 1811. On ne peut qu’être frappé par le caractère familier de cette musique sacrée : à la fin du Moyen Âge, ainsi que l’a expliqué Georges Duby, la mentalité profane gagne du terrain, y compris à l’église. En même temps, ces adaptations sont soigneusement composées dans le style de l’Ars nova française ou italienne, ce qui démontre que les moines de Montserrat étaient informés des techniques musicales les plus avancées de leur temps.

Le Christ au mont des Oliviers de Beethoven a été écrit durant une période critique dans la vie du compositeur, quand il a pris conscience de sa surdité croissante et irrémédiable. L’exemple du Christ isolé sur la colline, dans la nuit précédant sa Passion et confronté à la grave décision de son sacrifice, ne pouvait que lui apporter une réponse. Le modèle de Haydn, dont La Création était toute récente, se laisse percevoir de manière directe et candide, qui s’achève sur une note de joie : l’arrestation du Christ est assimilée à une sorte de victoire. Dans la veine « héroïque » de Beethoven, la montagne est le lieu où la voie nous est indiquée.

Prier, c’est se « réfugier sur la montagne » ; ainsi l’entend Schubert un mois avant sa mort en 1828, dans son Offertorium « Intende voci ». Sur le texte latin du Psaume V, qui implore la protection du Seigneur, le compositeur choisit une expression dénuée de drame, assez animée et gracieuse.

La montagne romantique, splendeur du paysage et sommet d’exaltation spirituelle, trouve l’une de ses plus belles incarnations orchestrales dans la Symphonie alpestre (1915) de Richard Strauss. De plan libre, cette « randonnée » en vingt-deux épisodes ininterrompus commence par un mystérieux lever du jour, avant que les cimes aux angles durs ne s’illuminent. D’un grand impact « visuel », les scènes pastorales et naïves alternent avec des contemplations panoramiques. Les Éléments rient, dans la chatoyante cascade ; ils explosent dans une des tempêtes les plus réalistes du répertoire, aux effets instrumentaux impressionnants. La symphonie se clôt sur le retour de sa « nuit » première, et prend ainsi le sens d’une initiation au monde.

L’Ascension (1933) d’Olivier Messiaen, quant à elle, ne prétend pas se situer sur une montagne, mais résume les rêves ascensionnels, cette fois, vers le sommet suprême, « la lumière inaccessible du Père ».

Autant de musiques qui, dans des styles très divers, interprètent la notion d’altitude. Ainsi que l’écrit Bachelard : « Dans les lieux élevés nous éprouvons un réconfort. La moindre colline, pour qui prend ses rêves dans la nature, est inspirée. »

Isabelle Werck

Cycle Montagnes

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du mercredi 26 mars au mardi 8 avril

DIMANCHE 24 NOVEMBRE – 15HCONCERT ÉDUCATIF

Musique et nature

Les SièclesFrançois-Xavier Roth, directionPierre Charvet, présentation

MARDI 26 NOVEMBRE – 20H

Le Llibre Vermell de MontserratChants et danses en l’honneur de la Vierge Noire du monastère de Montserrat (XIVe siècle)

La Capella Reial de CatalunyaHespèrion XXIJordi Savall, rebec, rebab, vièle et direction

SAMEDI 30 NOVEMBRE – 9H30CITÉSCOPIE

Ludwig van BeethovenLe Christ au mont des Oliviers

Conférences de 9h30 à 18h30, concert à 20h

SAMEDI 30 NOVEMBRE – 20H

Franz SchubertOffertorium « Intende voci »Ludwig van BeethovenLe Christ au mont des Oliviers

Orchestre de Chambre de ParisAccentusThomas Zehetmair, directionJulia Bauer, sopranoToby Spence, ténorAlain Buet, basse

DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE – 16H30

Olivier MessiaenL’AscensionRichard StraussSymphonie alpestre

Brussels PhilharmonicMichel Tabachnik, direction

Concert précédé d’un Flash C oncert à 15h30.

DU DIMANCHE 24 NOVEMBRE AU DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE

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DIMANCHE 1ER DÉCEMBRE 2013 – 16H30Salle des concerts

Olivier MessiaenL’Ascension

entracte

Richard StraussSymphonie alpestre

Brussels PhilharmonicMichel Tabachnik, direction

Coproduction Cité de la musique, Brussels Philharmonic

Fin du concert vers 18h20.

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Olivier Messiaen (1908-1992)L’Ascension, quatre méditations symphoniques pour orchestre

Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père. Très lent et majestueux

Alléluias sereins d’une âme qui désire le Ciel. Bien modéré, clair

Alléluia sur la trompette, Alléluia sur la cymbale. Vif et joyeux

Prière du Christ montant vers son Père. Extrêmement lent, ému et solennel

Composition : commencée en mai 1932 à Paris, terminée en juillet de la même année à Neussargues (Cantal).

Orchestration : de mai à juillet 1933 à Monaco.

Création : le 9 février 1934, salle Rameau (Paris), dans le cadre des Concerts Siohan, sous la direction de Robert Siohan.

Effectif : 3 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 3 bassons – 4 cors, 3 trompettes,

3 trombones, 1 tuba – percussion, timbales – cordes.

Durée : environ 30 minutes.

Moteur le plus puissant de la vie de Messiaen, la foi catholique innerve chacune de ses œuvres, y compris celles qui semblent le plus éloignées de la liturgie. Le compositeur confia dans un entretien, cité par Harry Halbreich, que cette foi constitue « le premier aspect de [son] œuvre, le plus noble, sans doute le plus utile, le plus valable, le seul, peut-être, qu’il ne regrettera pas à l’heure de sa mort ». À la différence de son maître Tournemire, cependant, Messiaen n’a rien d’un mystique. Son approche du divin est plutôt celle d’un théologien, qui préface ses partitions de commentaires éclairés.

Composée après Les Offrandes oubliées (1930-1931) et Hymne (1932), L’Ascension est la première grande partition orchestrale d’Olivier Messiaen. Ces quatre « méditations symphoniques » ont en commun d’être inspirées par le Nouveau Testament, plus précisément l’épisode où, quarante jours après Pâques, le Christ ressuscité quitte le monde terrestre pour rejoindre le royaume des cieux. Comme tant d’œuvres de Messiaen, digne fils spirituel de Debussy, elles semblent abolir le temps : elles ne se comprennent pas comme des déroulements logiques ou dialectiques, mais comme des moments de transcendance où tout repère s’évanouit. Ces pièces sont également reliées par leur progression tonale par demi-tons, reposant respectivement sur les toniques de mi, fa, fa dièse et sol. Il s’agit toutefois de morceaux indépendants, ayant chacun son effectif propre. Messiaen les fait précéder de citations bibliques éclairant leur propos.

Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père

En exergue : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie. » (Prière sacerdotale du Christ, Évangile selon saint Jean)

Ce choral « très lent et majestueux » est confié aux seuls vents. Messiaen le commente ainsi : « L’exaltation du Christ, commencée sur la Croix, continuée par la Résurrection, n’est complète qu’au jour de l’Ascension. Cette gloire, que le Christ demande dans sa prière sacerdotale, à la fin du discours

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de la Cène, elle est déjà obtenue, par l’union de l’humanité et de la divinité dans l’unique personne du Christ. »

Alléluias sereins d’une âme qui désire le Ciel

En exergue : « Nous vous en supplions, ô Dieu,… faites que nous habitions aux cieux en esprit. » (Oraison de la messe de l’Ascension)

Trois refrains et deux couplets alternent en une méditation sereine au rythme souple, comme dans un Alléluia de plain-chant. Les bois ont la part belle dans la palette sonore et l’harmonie repose principalement sur les deuxième et troisième transpositions du troisième mode à transpositions limitées (échelles spécifiques mises au point par Messiaen). Dans l’imagination du compositeur (qui souffrait – ou jouissait – de synesthésie, c’est-à-dire qu’il associait à chaque son une couleur), ces échelles correspondent respectivement à « gris et mauve avec un peu de jaune pâle – et puis bleu et vert ». Cordes et vents se partagent ce mouvement, rejoints dans le dernier refrain par la cymbale : son roulement se mêle au trille dans l’aigu du dernier pupitre de violons pour un fascinant effet de couleur.

Alléluia sur la trompette, Alléluia sur la cymbale

En exergue : « Le Seigneur est monté au son de la trompette… Nations, frappez toutes des mains, célébrez Dieu par des cris d’allégresse ! » (Psaume XLVI)

Les trompettes prophétisent l’Ascension, déchaînant la joie de l’orchestre, utilisé pour la première et dernière fois au complet (cordes, vents et percussions). « Les applaudissements célestes, nous explique Messiaen, se transforment en danse de joie, en un mode où dominent le rouge, le violet, et la pourpre violacée. »

Prière du Christ montant vers son Père

En exergue : « Père,… j’ai manifesté ton nom aux hommes… Voilà que je ne suis plus dans le monde ; mais eux sont dans le monde, et moi je vais à toi. » (Prière sacerdotale du Christ, Évangile selon saint Jean)

« Bien plus que de la montée corporelle vers les hauteurs, il s’agit ici de l’entrée du Seigneur ressuscité dans la “lumière inaccessible” du Père. » Ainsi Messiaen décrit-il ce morceau solennel, comme suspendu entre terre et ciel. Confié aux cordes seules, il parachève la partition dans le dépouillement et l’humilité, et le fortissimo final traduit l’élévation de l’âme approchant la « lumière inaccessible ».

Claire Delamarche

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Richard Strauss (1864-1949)Eine Alpensinfonie [Une symphonie alpestre], op. 64

Nacht [Nuit]. Lento – Sonnenaufgang [Lever de soleil]. Festes Zeitmass, mässig langsam [Tempo ferme, modéré] –

Der Anstieg [L’ascension]. Sehr lebhaft und energisch [Très animé et énergique] – Eintritt in der Wald [Entrée dans la

forêt] – Wanderung neben dem Bach [Marche au bord du ruisseau] – Am Wasserfall [À la cascade]. Sehr lebhaft [Très

animé] – Erscheinung [Apparition] – Auf blumige Wiesen [Dans les prés fleuris]. Sehr lebhaft [Très animé] – Auf der Alm

[Sur l’alpe]. Mässig schnell [Modérément rapide] – Durch Dickicht und Gestrüpp auf Irrwegen [Dans les fourrés et les

broussailles, en s’égarant] – Auf dem Gletscher [Sur le glacier]. Festes, sehr lebhaftes Zeitmass [Tempo ferme, très

animé], un poco maestoso – Gefahrvolle Augenblicke [Instants périlleux]. A tempo, lebhafter als vorher [A tempo, plus

animé que précédemment] – Auf dem Gipfel [Sur le sommet] – Vision [Vision]. Fest und gehalten [Ferme et retenu]

– Nebel steigen auf [La brume apparaît]. Etwas weniger breit [Un peu moins large] – Die Sonne verdüstert sich

allmählich [Le soleil se voile peu à peu] – Elegie [Élégie]. Moderato espressivo – Stille vor dem Sturm [Silence avant la

tempête]. Tranquillo – Gewitter und Sturm, Abstieg [Orage et tempête, descente]. Schnell und heftig [Animé et violent]

– Sonnenuntergang [Coucher de soleil]. Etwas breiter [Plus large] – Ausklang [Note finale]. Etwas breit und getragen

[Un peu large et retenu] – Nacht [Nuit]

Composition : 1911-1915.

Dédicace : au comte Nicolas Seebach et à la Chapelle Royale de Dresde.

Première audition : à Berlin, le 8 février 1915, par la Chapelle Royale de Dresde dirigée par Richard Strauss.

Première édition : F. E. C. Leuckart, Munich, 1915.

Effectif : 2 piccolos (aussi flûtes 3 et 4 ), 2 flûtes, cor anglais (aussi hautbois 3), heckelphone, clarinette piccolo,

3 clarinettes (la 3e aussi clarinette basse), 3 bassons, contrebasson (aussi basson 4) – 4 cors, 4 tubas ténor (aussi cors

5 à 8), 4 trompettes, 4 trombones, 2 tubas basse – timbales – machine à vent, machine à tonnerre, clochettes de

troupeau, glockenspiel, cymbales, triangle, grosse caisse, tambour militaire, tamtam – célesta, orgue – 2 harpes

– cordes ; derrière la scène : 12 cors, 2 trompettes, 2 trombones.

Durée : environ 45 minutes.

Ô ciel au-dessus de moi, toi le pur ! le profond ! toi, abîme de lumière. Te contemplant, je frémis d’appétits divins. (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)

La Symphonie alpestre peut être considérée comme le dernier des poèmes symphoniques de Richard Strauss et s’impose, dans une époque bouleversée par les événements historiques, dont les valeurs subissent les puissants coups de boutoir des avant-gardes, comme un monument solitaire et grandiose au romantisme, un chef-d’œuvre dont l’auteur, sûr de la magie de son orchestre et de la puissance de ses chants, assume parfaitement l’anachronisme.

Complexe, la composition de l’œuvre puise dans un ancien projet remontant à 1899-1902, repris vers 1910, enrichi de références à Nietzsche et à Goya, pour former un plan de symphonie en quatre mouvements, dont seul le premier est achevé, formant la Symphonie alpestre avec ses vingt-deux sections enchaînées.

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Le projet initial était un poème symphonique intitulé Künstler-Tragödie [Tragédie d’artiste], à la mémoire du peintre d’origine suisse, Karl Stauffer-Bern (1857-1891). Le compositeur, pendant son séjour à Berlin en 1883-1884, avait probablement pu rencontrer cet artiste, qui s’était installé dans la capitale allemande où il était devenu un portraitiste renommé. Plus tard, Strauss avait appris le destin tragique du peintre au travers de sa biographie. En effet, Karl Stauffer-Bern avait eu une liaison avec Lydia Welti-Escher, l’une des plus riches femmes de Suisse et son mécène. Abandonnant son foyer, elle s’était enfuie avec le peintre en Italie. Voulant mettre fin à cette aventure jugée scandaleuse, le mari de Lydia, Emil Welti, avait fait interner sa femme dans un asile à Rome et jeter son amant en prison. Karl Stauffer-Bern se suicida en janvier 1891, suivi par Lydia, à la fin de la même année.

Des esquisses du projet, Strauss retient, vers 1910, l’idée initiale du lever de soleil en Suisse, l’un des thèmes fondateurs de la Symphonie alpestre, aux résonances profondément nietzschéennes. Dans cet esprit, le compositeur esquisse le plan en quatre mouvements d’une symphonie, qu’en 1911 il appelle L’Antéchrist : une symphonie alpestre, reprenant le titre de L’Antéchrist de Nietzsche (1888) ; en effet, selon les termes du musicien « on trouve [dans la partition] la purification morale par ses propres forces, la libération par le travail, le culte de la nature glorieuse et éternelle ». L’Antéchrist de Nietzsche présente une sévère critique du christianisme, qu’il considère comme une religion de la décadence, hostile à la vie. Finalement, à une date inconnue, entre 1913 et 1915, le musicien abandonne la référence précise à Nietzsche, mais l’œuvre s’inscrit dans la ligne tracée par Ainsi parlait Zarathoustra : on y célèbre la nature et la montagne en des hymnes vibrants, l’ascension du sommet symbolise le dépassement de soi prôné par le philosophe. Toutefois, par son lyrisme chaleureux et par ses références musicales à la Symphonie « pastorale » de Beethoven comme au Guillaume Tell de Rossini, elle exhale une joie panthéiste plus humaine, qui trouve ses racines dans les écrits de la fin du siècle des Lumières et du romantisme naissant. Le thème musical de l’ascension, énergique et franc, n’a rien d’héroïque et replace l’homme à l’échelle de l’univers.

L’œuvre s’articule autour de quelques thèmes principaux, développés et variés dans les différentes sections : le thème de la nuit, longue descente aux couleurs modales, ouvre et ferme l’œuvre. Le « Lever de soleil » offre un contraste par sa progression en triolets, pleine d’élan. L’« Ascension » se développe en énergiques marches mélodiques, à partir des cordes graves. L’« Entrée dans la forêt » fait entendre un hymne grandiose et sombre, déclamé par les trombones et cors, que l’on réentend dans « Orage et tempête ». « À la cascade » fait résonner de vigoureux appels aux accents alpestres, qui jouent un rôle important dans la partition. « Apparition » introduit un hymne simple mais puissant aux cors, qui forme le cœur de l’œuvre, repris et magnifié dans « Au sommet » et « Vision ».

Écrite pour un orchestre dépassant les cent musiciens, la Symphonie alpestre requiert, entre autres, un célesta, un orgue et un Heckelphone (sorte de hautbois baryton). Les percussions comptent une machine à vent, une machine à tonnerre, des clochettes de troupeau. Des effets de spatialisation sont obtenus grâce à un groupe de douze cors, deux trompettes et deux trombones,

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placé derrière la scène. Le programme détaillé de l’œuvre suggère au compositeur de nombreuses trouvailles sonores, telles que les sifflements des flûtes en flatterzunge dans la scène d’orage, la multiplication des appels et des sons de clochettes qui envahissent les pages de « Sur l’alpe », les ruissellements sonores d’« À la cascade » et d’« Apparition », arpèges aux pupitres de cordes divisés, rehaussés d’une touche scintillante de polytonalité.

À sa création, la Symphonie alpestre suscita des réactions diverses : certains auditeurs dénoncèrent, dans la conception narrative de l’œuvre et la variété de ses effets, une forme de naïveté, tandis que les autres louaient cet hymne à la nature pour sa puissance et sa somptuosité sonore.

Anne Rousselin

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Michel Tabachnik

Depuis la saison 2008/2009, Michel

Tabachnik est chef d’orchestre

titulaire et directeur musical

du Brussels Philharmonic – The

Orchestra of Flanders. Il a étudié le

piano, la composition et la direction

d’orchestre à Genève. Ses études

à peine terminées, il a bénéficié des

précieux conseils de grands chefs

d’orchestre tels Igor Markevitch,

Herbert von Karajan et Pierre Boulez.

Il a été pendant quatre ans chef

d’orchestre assistant de Pierre Boulez,

principalement auprès du BBC

Symphony Orchestra à Londres. Cette

collaboration l’a fortement rapproché

de la musique contemporaine. Il a

ainsi dirigé de nombreuses premières

mondiales, en particulier des œuvres

de Iannis Xenakis, qui le considérait

comme son interprète favori. Michel

Tabachnik a été le chef d’orchestre

titulaire de l’Orchestre de la Fondation

Gulbenkian à Lisbonne, de l’Orchestre

Philharmonique de Lorraine et

de l’Ensemble intercontemporain

à Paris. Des collaborations avec les

Berliner Philharmoniker, l’Orchestre

du Concertgebouw d’Amsterdam,

l’Orchestre de la NHK de Tokyo,

l’Orchestre de Paris et des festivals

comme ceux de Lucerne, Salzbourg,

Aix-en-Provence et bien d’autres

viennent enrichir son parcours.

Dans le domaine de l’opéra, il a

dirigé les orchestres des opéras de

Paris, Genève, Zurich, Copenhague,

Lisbonne, Rome, Montréal et Gênes.

Il a été chef d’orchestre invité de la

Compagnie d’Opéra Canadienne

à Toronto, où il a notamment dirigé

des représentations de Lohengrin,

Madame Butterfly, Carmen et The

Rake’s Progress. En septembre 2005,

Michel Tabachnik est devenu chef

d’orchestre titulaire du Noord

Nederlands Orkest. Son influence

sur le NNO a été perceptible dès le

début de la saison : la présence de ce

chef d’orchestre suisse de renommée

mondiale a été saluée par la critique.

Durant la saison 2004/2005, Michel

Tabachnik a dirigé la Philharmonie de

Prague lors d’une tournée à la Cité de

la musique. Michel Tabachnik apprécie

le travail avec de jeunes musiciens

et a dirigé plusieurs orchestres

internationaux de jeunes. Il a été

directeur artistique de l’Orchestre des

Jeunes du Québec et, pendant douze

ans, de l’Orchestre des Jeunes de la

Méditerranée, qu’il a lui-même fondé

en 1984. Pédagogue respecté, il a

donné de nombreuses master-classes,

notamment à Hilversum, Lisbonne

(Fondation Gulbenkian) et aux

conservatoires de Paris et Stockholm.

Il a été nommé professeur de direction

d’orchestre à l’Université de Toronto

(1984-1991) et à l’Académie Royale

de Musique de Copenhague (1993-

2001). Sa discographie (chez Erato

et Lyrinx) reflète l’éclectisme de son

répertoire, qui s’étend de Beethoven

à Honegger, de Wagner à Xenakis.

Son enregistrement du Concerto pour

piano de Schumann (avec Catherine

Collard en soliste) a été plébiscité

par le jury international de la Radio

Suisse Romande qui l’a désigné

comme la meilleure exécution

de cette œuvre. En 1995, Michel

Tabachnik a été consacré « artiste de

l’année » par le Centro Internazionale

d’Arte e di Cultura à Rome.

Brussels Philharmonic

Le Brussels Philharmonic est un

orchestre symphonique fondé en

1935 sous l’égide de la Radiodiffusion

belge (NIR/INR). L’orchestre a joué

sous la direction de grands chefs

et avec des solistes de renom. Au

cours de son existence, il a créé des

œuvres de compositeurs comme

Béla Bartók, Igor Stravinski, Olivier

Messiaen et Luca Francesconi.

L’orchestre travaille à Bruxelles,

à Flagey, où il répète dans le Studio 4,

l’un des meilleurs au monde par

la qualité de son acoustique, ainsi

qu’à BOZAR. Depuis la saison

2008/2009, Michel Tabachnik joue un

rôle déterminant comme directeur

musical. Il combine le répertoire

majeur pour orchestre et la musique

du XXe siècle d’une manière créative

et accessible au public. Son credo :

faire de l’orchestre une plateforme

pour la musique vivante, et non un

musée. Les nombreux concerts de

l’orchestre sous sa direction ont reçu

un accueil des plus chaleureux, en

Belgique comme à l’étranger. Sur

la scène internationale, le Brussels

Philharmonic a maintenant ses

entrées dans toutes les capitales

Européennes. À Paris, il est en

résidence à la Cité de la musique ;

il est régulièrement invité au

Concertgebouw Amsterdam, au

Cadogan Hall de Londres, au Grosses

Festspielhaus de Salzbourg, ainsi

qu’aux Festivals de Besançon et de

Strasbourg. Ses récents concerts

au Musikverein de Vienne et au

Konzerthaus de Berlin sont venus

couronner ce parcours. Le Brussels

Philharmonic s’est également

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forgé une belle reconnaissance

internationale dans le domaine

de la musique de film. Grâce à sa

collaboration avec le Festival du Film

de Gand, il a joué et enregistré des

partitions de grands noms comme

Howard Shore, John Williams ou

Alberto Iglesias. La reconnaissance

internationale est venue avec

la bande originale, lauréate du

Golden Globe, du film de Martin

Scorcese, The Aviator (2005) et

plus récemment avec l’Oscar de

la meilleure musique remportée

par The Artist (musique de Ludovic

Bource). L’orchestre poursuivra dans

le futur ses enregistrements de

bandes originales pour le cinéma.

L’orchestre participe à de nombreux

projets innovants : « Spin-off »,

autour de la musique de film, avec

Galaxy Studio’s, le développement

de partitions digitales aux côtés

de Samsung ou encore la création

d’une fondation pour financer l’achat

d’instruments à cordes via la banque

privée Puilaetco Dewaay. Avec la

complicité de différents partenaires,

le Brussels Philharmonic travaille

à diverses séries de CD : avec Klara

sur les jeunes solistes, avec le label

Glossa, le Palazzetto Bru Zane et le

chef d’orchestre Hervé Niquet sur le

répertoire du Prix de Rome, et avec

le Festival du Film de Gand sur de

grands compositeurs de musique de

film. Avec son propre label, Brussels

Philharmonic Recordings, l’orchestre

a lancé une série d’enregistrements

du grand répertoire, chaleureusement

accueillis par la presse internationale.

Le Brussels Philharmonic est une

institution de la Communauté

flamande. Les partenaires médias

sont Klara, Cobra.be et Roularta.

Les hommes de l’orchestre sont

habillés par Café Costume.

Violons I

Otto Derolez (Concertmaster)

Lei Wang *

Virginie Petit ***

Olivia Bergeot

Annelies Broeckhoven

Stefan Claeys

Gillis Veldeman

Teresa Heidel

Daniela Rapan

Philippe Tjampens

Alissa Vaitsner

Anton Skakun

Pablo Ases Urenya

Karel Ingelaere

Vania Batchvarova

Stefan Willems

Violons II

Ivo Lintermans *

Mark Steylaerts ***

Caroline Chardonnet

Elizaveta Rybantseva

Bruno Linders

Karine Martens

Sayoko Mundy

Francis Vanden Heede

Saartje De Muynck

Eva Bobrowska

Aline Janeczek

Dirk Uten

Veronique Bursten

Aymeric de Villoutreys

Altos

Nathan Braude *

Griet François ***

Philippe Allard

Agnieszka Kosakowska

Stephan Uelpenich

Patricia Van Reusel

Marina Lepiasevich

Benjamin Braude

Barbara Peynsaert

Victor Guaita

Hélène Koerver

Korneel Taeckens

Violoncelles

Luc Tooten *

Karel Steylaerts **

Kirsten Andersen

Jan Baerts

Barbara Gerarts

Elke Wynants

Jan Skopowski

Sophie Jomard

Charlotte Danhier

Shiho Nishimura

Contrebasses

Jan Buysschaert *

Sandor Budai

Simon Luce

Martin Rosso

Sanne Deprettere

Viola Le Compte

David Desimpelaere

Michel Kelchtermans

Flûtes

Wouter Van den Eynde *

Maaike Cottyn

Sofie Verbeeck

Dirk De Caluwé ***

Hautbois

Joris Van den Hauwe *

Joost Gils **

Lode Cartrysse ***

Saartje Kemps (soliste hecklephone)

Page 12: 2013 décembre Dimanche 1 décembre 2013 Brussels Philharmonic - Cité de …content.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13152.pdf · 2013-11-22 · française ou italienne,

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Clarinettes

Eddy Vanoosthuyse *

Anne Boeykens **

Danny Corstjens ***

Midori Mori ***

Bassons

Luc Verdonck *

Alexander Kuksa

Christine Pieters

Jonas Coomans ***

Cors

Hans van der Zanden *

Segei Dovgaliouk

Mieke Ailliet

Evi Baetens

Gery Liekens

Bart Indevuyst

Ute Zollner

Francesc Calatayud

Ulrich Grau

Anouk Crol

Anke Berg

Trompettes

Andrei Kavalinski *

Ward Hoornaert **

Rik Ghesquière

Luc Sirjacques

Trombones

David Rey *

Nicolas Villers

Lode Smeets

Tim Van Medegael ***

Tuba

Hugo Mathyssen ***

Tobe Wouters

Timbales

Gert François *

Gert D’Haese ***

Percussions

Pieter Mellaerts ***

Tom Pipeleers

Stijn Schoofs

Harpes

Eline Groslot ***

Lara Verbeeck ***

Célesta

Dieter Vanhandenhoven ***

* Chef de pupitre

** Premier soliste

*** Deuxième soliste

Page 13: 2013 décembre Dimanche 1 décembre 2013 Brussels Philharmonic - Cité de …content.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13152.pdf · 2013-11-22 · française ou italienne,

> CONCERTS

JEUDI 5 DÉCEMBRE 2013, 20H

Igor StravinskiLe Sacre du printemps (version pour deux pianos)Béla BartókAllegro barbaroAndré JolivetChant de LinosCinq incantations pour flûteManaDanses rituelles : Danse initiatique, Danse du héros

Juliette Hurel, flûteHélène Couvert, pianoMarie-Josèphe Jude, pianoMichel Béroff, piano

JEUDI 19 DÉCEMBRE 2013, 20H

Gérard GriseyVortex TemporumFranz SchubertSymphonie n° 8 « Inachevée »

Les DissonancesDavid Grimal, direction

MARDI 14 JANVIER 2014, 20H

Luigi DallapiccolaPiccola musica notturnaBruno MadernaSerenata n° 2Arnold SchönbergLied der WaldtaubeYves ChaurisUn minimum de monde visibleGustav MahlerLieder eines fahrenden Gesellen (transcription d’Arnold Schönberg)

Ensemble intercontemporainPablo Heras-Casado, directionSusan Graham, mezzo-soprano

SAMEDI 18 JANVIER 2014, 15H

Marco StroppaSpirali *György LigetiQuatuor n° 1 « Métamorphoses nocturnes »George CrumbBlack AngelsWolfgang Amadeus MozartAdagio pour glassharmonica K.356

Quatuor BélaSerge Lemouton, réalisation informatique musicale Ircam*

SAMEDI 18 JANVIER 2014, 18H

Wolfgang Amadeus MozartQuatuor K. 387Bruno MantovaniQuatuor à cordes (création)Ludwig van BeethovenQuatuor n° 8

Quatuor Voce

SAMEDI 18 JANVIER 2014, 20H30

Wolfgang Amadeus MozartQuatuor K 575Oliver SchnellerIntrojections (création)Alban BergQuatuor op. 3

Quatuor Kuss

MARDI 21 JANVIER 2014, 19H

Anton WebernSix BagatellesWolfgang Amadeus MozartQuatuor à cordes K 465 « Les Dissonances »Dmitri ChostakovitchQuatuor à cordes n° 4

Cuarteto Casals

> MÉDIATHÈQUE

En écho à ce concert, nous vous proposons…

> Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr

… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Symphonie alpestre de Richard Strauss par l’Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski (direction), concert enregistré à la Salle Pleyel en 2009

(Les concerts sont accessibles dans leur

intégralité à la Médiathèque de la Cité de la

musique.)

… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :Olivier Messiaen dans les « Repères musicologiques »

… d’écouter dans les « Conférences » :Présentation de la vie, l’œuvre et les thèmes d’Olivier Messiaen par Claude Samuel

> À LA MÉDIATHÈQUE

… d’écouter avec la partition :L’Ascension d’Olivier Messiaen par l’Orchestre Symphonique de la Radio Nationale Polonaise, Antoni Wit (direction)

… de lire :Richard Strauss, ou le voyageur et son ombre par André Tubeuf • Portrait(s) d’Olivier Messiaen, sous la direction de Catherine Massip

Et aussi…

Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont | Stagiaire : Guillaume Bodeau

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