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BIBEBOOK PAUL VERLAINE DANS LES LIMBES

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  • BIBEBOOK

    PAUL VERLAINE

    DANS LES LIMBES

  • PAUL VERLAINE

    DANS LES LIMBES1894

    Un texte du domaine public.Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1161-4

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

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    Sources : B.N.F. fl

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    Lecture

    Fontes : Philipp H. Poll Christian Spremberg Manfred Klein

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  • Dans les limbes

    1Je vis lhpital comme un bndictinDes vrais bons temps, faisant mon salut en latin,Docte, pieux, a va de soi, mais plutt, dame!Docte: lon est bndictin en Notre-DameDabord, aprs le pre ternel et Jsus,Ensuite en saint Benoit, conformment aux us;Puis, humblement, ls doux et soumis de lglise,Mre trs tendre, en lrudition permise.Mais linstant attendu survenant, on se prendOu plutt se reprend ne songer quau grandBut, le ciel par Benot. Jsus et Notre-DameDans le Pre ternel qui, si bon, nous rclame.Ici, je fais des vers, de la prose, et de toutPour toi, chrie, pour toi seule, et fort jusquau bout,Jattends, quand ma journe est faite, ta venueEt tu viens, puissante et souriant, devenueUne apparition presque mon cur tout coi,Tout extasi,

    Car Notre-Dame, cest toi.Dcembre 1892.

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  • Dans les limbes

    2Hlas! tu nes pas vierge niMoi non plus. Surtout tu nes pasLa Vierge Marie et mes pasMarchent trs peu vers linniDe Dieu; mais linni damour,Et lamour cest toi, cher souci,Ils y courent, surtout dici,Lieu blme o sanglote le jour.Ils y courent comme des fous,Saignant de ntre pas ails;Puis sen revienne dsolsDe la porte ferme tousEspoirs certains, et rsistantA tels eorts pour tenn voirEn plein grand jour par un beau soirMu tt en nuit douce tant!Ah! Limbes o non baptissDu platonisme patientVont, pitoyablement criantEt pleurant mes dsirs briss.

    Dcembre 1892.

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  • Dans les limbes

    3O tes manires de venir! Jy mets du mienAussi, mais toi, que cest gentil quand cest du tien!Oui, tes manires de ty prendre pour venirMe voir et mtonner ne plus en nir.Cest tous les jours et du charmant et du nouveau.Sans cesse en quilibre et jamais de niveau.Hier je te voyais, derrire mon palier,Descendre vivement le premier escalierPour remonter le mien de ton pas net et presteMapercevant alors, quel prompt, quel joli gesteDe sembler retourner, pour ne faire que mieuxEt mon plaisir et mon bonheur de pauvre vieuxEncore vert en me sautant si fort, exprs,Au cou, que jen palpite trs longtemps aprsDun tel bonheur, et, sarpejeu! de quel plaisir!Aujourdhui, comme tu tardais, moi de saisirMa plume, et la laissant dbride, et tournantLe dos la porte dentre, ltonnantAspect, de travailler pupitrant mon lit mme,Encre, buvard, papier tout quelque pome,Quand soudain je sens un baiser comme un acierQue, tratresse, en mon cou tu plonges tout entier;Et moi, je te le rends sur le cou par devantAu lieu de par derrire ainsi quauparavant.Question de position, gosse, gamin Demain ce sera mieux encore, aprs demainMieux encor.

    O petits, bonheurs de mon malheur!Cest peut-tre aprs tout ce quil est de meilleur,Et joublie en ces jeux la volupt brutale,Bonne certes, mais moins, qui sait? que lidale.

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  • Dans les limbes

    4TOIBonjour.MOIBonjour.Chri!TOIBonjour.Chri!Jarrive de bonne heure, pas?MOIPas trop.TOIPas trop.Tu nes jamais content.MOIPas trop.Tu nes jamais content.Cest vrai, l-basOn fait queue et cest long. Puis aujourdhui lon fouille,Je sais, jeudi! a prend du temps.TOIJe sais, jeudi! a prend du temps.Et lon farfouilleEt lon trifouille, et toi, tu bafouilles. Le mieux,Pour viter tout a, serait, mon pauvre vieux,Moi, ne plus venir ni jeudi ni dimanche.Tiens, au fait, de ne plus venir du tout, bath anche!MOIMchante!TOIMchante!Et comment va!MOIMchante!Et comment va!Mieux.

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  • Dans les limbes

    TOIMchante!Et comment va!Mieux.Tant pis, lInfernal!MOIMieux depuis que tu es l.TOIMieux depuis que tu es l.Zut avec ton banal,Ton vulgaire depuis que tes l.MOITon vulgaire depuis que tes l.Cest que, cest queTOICest que: cest que, tu mas lair cest que Zut! avecqueTes boniments toujours les mmes.MOITes boniments toujours les mmes.Cest mon curQui parle. O oui! Toi pas l, je meurs de langueur.TOIAs-tu ni?MOIAs-tu ni?Pourquoi toujours dure?TOIAs-tu ni?Pourquoi toujours dure?Eh, je blague!Tes bte, quand je ris, tu geins, toi, tas du vagueA lme. Que cest drle! Un homme comme toiQuon dit spirituel, trs bte auprs de moi.MOITiens, devant toi, jai comme peurTOITiens, devant toi, jai comme peurJe suis si belle?

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  • Dans les limbes

    Pour changer, tu reois, dis, un tel, une telle,Une telle, un tel, tu sais que je te dfendsAbsolument de les recevoir et te rends,Sils viennent, responsable, et, pour ta pnitence,Tu ne me verras plus jamais.MOITu ne me verras plus jamais.JTOITu ne me verras plus jamais.JO rousptanceDtestable! Ne rponds pas et fais le mort.Je ne veux pas ici de ces gens-l.MOIJe ne veux pas ici de ces gens-l.Daccord,L, jobis,TOIL, jobis,Bien sr?MOIL, jobis,Bien sr?Oui.TOIL, jobis,Bien sr?Oui.Cette femme ignoble,Je lui ferais une conduite de GrenobleTelle quelle sen souviendrait en Paradis!Quant aux autresMOIQuant aux autresJe les consigne, je te dis.TOICest quavec toi je suis toujours sur le qui-vive.Tes gentil quand moi l, moi pas l, tout arrive!Monsieur fait son fendant, il se laisse mener.Il dit du mal de moi

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  • Dans les limbes

    MOIIl dit du mal de moi, non!TOIIl dit du mal de moi, non!Va donc crner!Mais assez tes mignon de mines furieuses.Embrasse Et causons de choses plus srieuses.

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    5Tu mas donn, non point tort,Mais certe avec juste raison,Ce surnom dinfernal, cest fortBien; nas-tu pas toujours raison?En eet, malgr la sincre,Plus pur sincre, entire amour,Que je te voue et tout entire,Sincre que soit cette amour.Mon caractre diaboliqueParfois ne sait pas abaisserUn orgueil vraiment babliqueQui, lui, ne veut pas sabaisser.Ah! courbe-le, mon caractre,Pitine-le donc sous le tien:Mon cur, test l pour partenaire.Mon me est l pour ton soutien.Mon cur qui ta donn ma vie,Mon me dont tu tiens les sceaux!Pardon pour mes pchs denvie,De colre, et tous crimes sots.Dailleurs je les expie assezToutes ces mes infractionsLoin de toi, sauf en laps presss,Par de telles privations!

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    6Le lieu des adieux (pas ternels), la saisonDernire tait au coin de la basse maisonTout rouge la tuile et la brique y fourmillent(Vis--vis le gazon bord de camomille)Qui sert de local des services divers.L lheure ayant sonn de son timbre pervers,Nous enjoignant de nous sparer tout de suite,Hlas! avant quhlas! tu ne prennes la fuite,Je tembrassais si fort que toi tu ne pouvaisTempcher de rire aux clats, et ne savaisPour lors me refuser un baiser sur la bouche,Un gros, frais, long baiser partag, puis, farouchePour la forme ctait presque en public, des yeuxPouvaient nous voir, en malins, ou pics, ocieux,Des langues bavardes, et quel scandale! et leste,Cruellement, tu me quittais, instant clesteEt diabolique, avec ces mots: Je ne viens plus.Car, sachant bien que tu viendrais, irrsolusToutefois, mes dsirs fous tantt ivres direEt de larmes, tantt pleins despoir ton dire,Se souvenant de la chre intonationEt de la gentiment taquine intention,Me balanaient dans une fausse inquitude,Jusquau lendemain, tendre amie au verbe rude.

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    7Aux tripes dun chien penduTu massimiles parfois.Mengueulant de cette voixIdoine ce propos d.Tu me dis, robuste et grasse,Assez souvent, quun beau jourCe serait si bien mon tourQue le diable en crierait grce!Mon tour dcoper, car tuNe te mouches pas du piedPour manier comme il siedLa gie, et cest ta vertuDe navoir pas peur dun homme,Ft-il fort comme un millier,Et ton geste familierTu nen es pas conomeAinsi nous nous disputons(Tu me disputes du moins),Prenant les dieux tmoins,Sacrant, jurant, puis battonsEn retraite lun vers lautreAprs tel combat fatal,Distraction dhpital,Bonne lle et bon aptre.En retraite, oui, nous battonsLun vers lautre et nous baisonsSur la bouche et ces faonsJe les aime encor mieux que des coups de btons.

    Dcembre 1892.

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  • Dans les limbes

    8Voil bien le dj quantime jour de lanQue tu me vois ici: le premier ctait en Ah! mon amour est vieux dj de plus dun lustre;Et comme un qui saccoude mme tel balustreEt paresseusement resonge aux biens, aux maux,Aux insigniants vnements, faits, mots,Pensers, de cette part quelconque de sa vie,Ainsi, moi, je soure nouveau colre, envie,Trahison: je jouis aprs des jours, des joursEt des jours et des jours et des bonnes amoursEt des espoirs remplis jadis, et de la vieEnn! et malgr trahison, colre, envie!Mais de tous ces memoranda le meilleur cestToi, quand ta forme, aime linni, glissaitDun pas lger malgr la majest du busteVers moi tout rassur ds lors par ta voix, justeAu point par ma langueur loin de toi, douce voix,Divine voix dont les gats sont des pavoisO trnent mes dsirs triomphals en cette heure.La voix senvole, mais le souvenir demeure.

    1 janvier 1893.

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    9Des mchants, ou, sils aiment mieux, des indiscretsSinon des envieux que je pardonnerais,Sils ne te faisaient pas, bon chri, de la peine,Tant leur mange est nul, tant leur malice est vaine,Ont essay, mme seorcent dessayerA nouveau de nous dsunir, dentre-baillerLa porte la querelle, au soupon qui gourmande,A la colre qui lors, louvrir toute grandeEt qui rugit avec un couteau dans la main.Honntes lagos passez votre chemin.Comme si ce ntait assez de mes misres,Des ennuis de partout me griant de leurs serresEn attendant de memporter je ne sais o,Voici sortir je ne sais quels serpents dun trouPour taquiner mes pieds clapotant dans leurs vases.Heureusement, amie, toi, tu les crases,Femme bonne que le mpris arme et dfend,Femme bonne qui me dfends comme un enfant,Femme douce qui me souris, femme sublime,O ma femme, qui recevras mon soue ultime!

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  • Dans les limbes

    10Ils ont ramp jusques ici,Dans ces limbes o je soupireAprs toi lointaine, martyre!Ils ont ramp jusques ici.Guettant ta venue et linstantPropice pour, devant ma face,Tinsulter, limiers sur ta trace,Guettant ta venue et linstant.Tinsulter, or, cest minsulter,Au centuple, et certes pour ceIls auront lieu dapprendre queTinsulter, or, cest minsulter.Viens, bien-aime, et, va, vivonsEn paix loin du monde imbcile:La vie est l, simple et tranquille.Viens, bien-aime, et, va, vivons!

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  • Dans les limbes

    11Oh! tu nes pas une savanteEt je ten flicite fort,Et je ten loue et je ten vante,Et qui me censure il a tort,Car ta nesse toute nueSans vains mots et sans gestes faux,Car ta ruse mieux quingnue,Car ta rouerie aux plans nouveaux,Car jusqu ta mchancet,Comme ces bons pantes-l disent,Nous dfendent de leur btiseTa mchancet? ta bont!Car ces vertus dentre les tiennes,Me vont mieux, te vont mieux aussi,Bien quon nen chante pas lantienne,Que dautres eurant de moisi.Ils disent encore, les gens,Que tu nes pas intelligente,Eux, ce quils sont intelligents,Cen est une chose touchante.Il parait que tu ne comprendsPas les vers que je te soupire,Soit! et cette fois je me rends!Tu les inspires, cest bien pire.

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  • Dans les limbes

    12Oui, tu minspires, Muse et que non pas Musette!Philomne et non pas Lisette, PhilomneTelle quelle, nature, et parbleu! trs humaineEt trs divine aussi, trs desse, mazette!Ma Philomne avait du bon sens dans sa tteEt de la fantaisie au cur, de la meilleureEt du meilleur bon sens, celui qu la male heureSollicite le mien de bon sens de pote!Ta fantaisie elle est immense, active, ardente,Gat mle de sombre mlancolie.Quelle chaude gat quand ton chagrin soublie,Ce chagrin qui pudiquement rve en sa tente.Quant ta bont, cest ma vie et cest mon treSans elle je languis dans ma fade ironie.Par elle je retrouve une aube bnieToutes navets o le jour va renatre,Le beau jour baptismal de mon adolescence!Tu me rends la jeunesse et les belles folies,O muse mienne, femme mienne, tu dliesEt ma langue et mon me.

    O plus, dis, plus dabsence!

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    13O! labsence! le moins clment de tous les maux!(La Bonne Chanson.)

    Jai dit jadis que labsenceEst le plus cruel des maux,On sy berce avec des mots,Cest lhorreur de la puissanceSans la consolationDu moins de quelque caresse,On meurt sans quil y paraisseOn est mort, dis-je, et si onFeint de respirer encore,Cest bien machinalement.O ce dcouragementA voir se lever laurore,Or, depuis que dans ces lieuxJe soure, ds toi venue, Par quelle force inconnue,All-je inniment mieux?Cest lhistoire de lphbeMourant de la vierge au loin!Quelle arrive et soit tmoin,Comme il nargue et fuit lrbe!Et tant que jy resterai,Accours en ce limbe blme:Moi qui dj taime et taime,O que je tadorerai!

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    14Cest fait, littralement je tadore!On adore Dieu, crateur gant.Or ne mas-tu pas, plus divine encore,Tir de toutes pices du nant?Dieu que je bnis puisquil est le PreDu moins pour nous faire avec mieux que rienToi tu navais rien, mais rien pour me faireTel que me voici, ta chose et ton bien.Rien, pas mme du limon comme lAutre.Je mtais vent dans le PdantPlus que mort, pas n, brume qui se vautreAux fondrires dun art dcadent.Fantme perdu dans des fantaisies,Fantasques, hlas! moins encor que quoiQue ce soit qui ft, vacantes, moisies.Ah! ctait du propre et du beau que moi!Tu parus! Je naquis sous ta prunelle,Du sang me battit, de la chair me vint,Par degrs rapides une ternelleAmour minvestit qui vivait pour vingt.Amour de latrie et didoltrieO spura mon pauvre orgueil lettr,O la vrit rude, mais chrieA force de bont ma retir.Du rve goste et me fait le frre,Non, le cerf que tu daignes fraternel,Lesclave de la volont svreA juste titre en son vu maternel

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  • Dans les limbes

    Presque, puisque tu me diriges, guides,Protges encontre le monde, aussiContre moi-mme, trop, que trop rapidesDlices! Conjugal, ce vu si tien! SiQue je peux dire, moi, que je tadore,Toi qui, comme le Crateur gant,Mas, plus puissante et meilleure encore,Tir de toutes pices du nant.

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    15Je blasphmais Dieu, cest le Pre et le Matre,Tous deux venons de lui, cest la source de ltreEt je ne taime autant que par sa volont.Jsus a sur la croix davance rachetMes pchs et les tiens, car tu pches, chrie,Bien qu mes yeux qui te sont toute idoltrie,Tes fautes soient encor de justes actions;Mais mes yeux ne sont pas des yeux dange: prionsDonc quil nous soit donn dans la paix que procureLa conscience de bien faire, la foi pureEt simple, de faon vivre saintement?Hlas, non! mais, du moins, gentiment, bontment,An que le prochain qui voit nos calmes joiesEt nos calmes chagrins et nos curs plus les proiesComme autrefois, de ces torts areux et cruels,Sdie, dfaut, nous laisse nos relsSoins dtre heureux seuls et nous imite distanceVive, oui, nest-ce pas, vienne cette existence!

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    16Hlas! je crains fort pour nous deuxAvec nos chus caractres,Des avalanches, des cratresMieux que fous, pis que hasardeux.Un zeste de raison nous restePour prvoir et, par consquent,Pour aimer et chercher le quen-Dira-t-on, et: zut pour ce zeste!Grasseye en garmin de ParisCe notre caprice moins bteEncor que mchant quoique honnte,Et qui fait tout de nos esprits.Soit, plus de bride, laventure.Libert, libertas, et, sansDavantage ennuyer nos sensDe rserves contre nature,Allons-y dune noce en tout,Lamour, livresse et tous les vicesAmusants, et tous les svices,Rendons-nous-les ds mis en got.Tous les services aussi, follesCaresses et coups bien taps,Dfonons tous les canaps.Toutes les querelles frivolesEt cruelles, payons-nous-les!Bcotons-nous, puis tue, assomme!Montre-toi femme, je suis homme,Grie, je cogne. O pleurs sals,

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    Cris, jurons! et tendres plaintes,Sueurs dives, salives bien!Or, mettant du tien et du mien,Lun dans lautre sans plus de craintesDen mal nir, lche souci,Bah, vivons tels quels, car le pire,Pour moi du moins, serait de direUn jour: elle nest plus ici!Si lon doit vivre mal ensemble,Et bien, vivons mal ensemble, ouMourons ensemble, car, seul, o,Comment vivre sans toi? Jen tremble.Ainsi, sur mon lit dhpitalJe magite en propos striles.L! mes rves, dormez tranquilles,Elle va venir, cest fatal,Cest crit, cest la destine! Et, comme elle est toute bont,La voici dans sa majestDe reine mienne ramene.

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  • Dans les limbes

    17Un acre, demain, huit heuresDu matin, nous emporteraTous deux bien loin de ces demeuresDevers tous les et cteraDe la vie enn reconquise,Bonheur, malheur, et toi toujours!Car tu mes la fte promiseOu le saut aux abmes sourds.Cette fois comme les derniresTu me jures bien den nirAvec tes murs aventuriresEt de ne plus y revenir.Est-ce encore de la faiblesseOu pressentiment de ma part?Il me semble que ta promesseDaujourdhui dun cur loyal part,Pourtant tes yeux noirs, ma brune,De leur regard mchant et bon,Mystrieux comme la lune,Ne me disent ni oui ni non,Et le sourire qui te pare,Parfois semble avoir hsitEntre une malice barbareEt la nave gaiet.Si tu savais ce que je soureDans ce misrable suspens,Me balanant des cieux au goure,Du goure morne aux cieux ambants,

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  • Dans les limbes

    Des cieux ambants de toutes joiesAu goure plein dombre et de mal,Tu pitoierais et tu pitoies?Ce pauvre vieux dit lInfernal.Quimporte, allons! toi le matreEt la matresse. Il est demain,Lheure a sonn, vite au Peut-treDont ton caprice est le chemin.

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  • Une dition

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    Achev dimprimer en France le 11 juin 2015.

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