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    PAUL VERLAINE

    ODES EN SONHONNEUR

  • PAUL VERLAINE

    ODES EN SONHONNEUR

    1893

    Un texte du domaine public.Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1171-3

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

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  • Credits

    Sources : B.N.F. fl

    Ont contribu cette dition : Association de Promotion de lEcriture et de la

    Lecture

    Fontes : Philipp H. Poll Christian Spremberg Manfred Klein

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  • Odes en son honneur

    1Tu fus une grande amoureuseA ta faon, la seule bonnePuisquelle est tienne et que personnePlus que toi ne fut malheureuseAprs la crise de bonheurQue tu portas avec honneur,Oui, tu fus comme une hrone,Et maintenant tu vis, statueToujours belle sur la ruineDun espoir qui se perptueEn dpit du Sort vident,Mais tu persistes cependant.Pour cela, je taime et tadmireEncore mieux que je ne taimePeut-tre, et ce mest un suprmeOrgueil dtre meilleur ou pireQue celui qui t tout le mal,Dtre tes pieds tremblant, fal.Use de moi, je suis ta chose;Mon amour va, ton humble esclave,Prt tout ce que lui proposeTa volont, dure ou suave,Prompt jouir, prompt sourir,Prompt vers tout hormis pour mourir!Mourir dans mon corps et mon me,Je le veux si cest ton caprice.Quand il faudra que je prisseTout entier, fais un signe, femme,Mais que mon amour dt cesser?Il ne peut sterniser.

    1

  • Odes en son honneur

    Jette un regard de complaisance,O femme forte, sainte, reine,Sur ma fatale insusanceSans doute te faire sereine:Toujours triste du temps fan,Du moins, souris au vieux damn.

    2

  • Odes en son honneur

    2Laisse dire la calomnieQui ment, dment, nie et renieEt la mdisance bien pireQui ne donne que pour reprendreEt nemprunte que pour revendreAh! laisse faire, laisse dire!Faire et dire lches et sottes,Faux gens de bien, feintes mascottes,Langue daspic et de vipre;Ils font des gestes hypocrites,Ils clament, forts de leurs mrites,Un mal de toi qui mexaspre,Moi qui testime et te vnreAu-dessus de tout sur la terre,Testime et vnre, ma belle,De lamour fou que je te voue,Toi, bonne et sans par trop de moue,Madmettant au lit, ma dle!Mais toi, mprise ces menes,Plus haute que tes destines,Grand cur, glorieuse martyre,Plane au-dessus de tes rancunesContre ces daucuns et daucunes;Bah! laisse faire et laisse dire!Bah! fais ce que tu veux, ma belleEt bonne, dle, indle, Comme tu s toute ta vie,Mais toujours, partout, belle et bonne,Et ne craignant rien de personne,Quoi quen aient la haine et lenvie.

    3

  • Odes en son honneur

    Et puis tu mas, si tu maccordesUn peu de ces misricordesQui siient envers un birbe honnte.Tu mas, chre, pour te dfendre,Te plaire, si tu veux mentendreEt voir, encore que laid et bte.

    4

  • Odes en son honneur

    3Lcartement des bras mest cher, presque plus cher

    Que lcartement autre:Mer puissante et que belle et que bonne de chair,

    Quel appt est la vtre!O seins, mon grand orgueil, mon immense bonheur,

    Purs, blancs, joie et caresse,Volupt pour mes yeux et mes mains et mon cur

    Qui bat de votre ivresse,Aisselles, ns cheveux courts quondoie un parfum

    Capiteux o je plonge,Cou gras comme le miel, ambr comme lui, quun

    Dieu t bien mieux quen songe,Fracheur enn des bras endormis et rveurs

    Autour de mes paules,Palpitantes et si doux dtreinte mes ferveurs

    Toutes leurs grands rles,Que je ne sais quoi pleure en moi, peine et plaisir,

    Plaisir fou, chaste peine,Et que je ne puis mieux assouvir le dsir

    De quoi mon me est pleineQuen des baisers plus langoureux et plus ardents

    Sur le glorieux busteNon sans un sentiment comme un peu triste dans

    Lextase comme auguste!Et maintenant vers lombre blanche et noire un peu,

    Lamour il peut dtendrePlus par en bas et plus intime son er jeu

    Ds lors naf et tendre!

    5

  • Odes en son honneur

    4La sainte, ta patronne, est surtout vnreDans nos pays du Nord et toute la contreDont je suis demi, la Lorraine et lArdenne.Elle fut courageuse et douce et mourut viergeEt martyre. Or il faut lui brler un beau ciergeEn ce jour de ta fte et de quelque fredaineDe plus, peut-tre, en son honneur, ma paenne!Tu nes pas vierge, hlas! mais encore martyreNon pour Dieu, mais qui te plut. (Quont-ils rire?)A cause de ton cur saignant rest sublime.Courageuse, tu les, pauvre chre adore,Pour supporter tant de douleur dmesureAvec cette ert qui pare une victime.Avec tout ce pardon joyeux et longanime.Et douce? Ah oui! malgr ton allure si viveEt si forte et rude parfois. Douce et naveComme ta voix denfant aux notes paysannes.Douce au pauvre et nave envers tous et que bonneSous un dehors souvent brutal qui vous tonne,Vous, les gens, mais dont jai vite su les arcanes!Douce et bonne et nave, me exquise qui planesAu-dessus de tout prjug bte ou froce,Au-dessus de lhypocrisie et du cant rosseEt du jargon menteur et de largot ftideDans la rgion pure o la haine signore,O la rancune expire, o lamour pur arboreSur la blancheur des cieux sa bannire candide.O rsignation inniment splendide.En ce jour de ta fte et malgr nos frivolesProccupations moins coupables que folles

    6

  • Odes en son honneur

    De baisers redoubls pour le cas, et lantiennePlus gentille encor quexcessive des mots lestes,Recueillons-nous pourtant, pensons aux ns clestesAn quaprs ma mort ou, las! aprs la tienne,Le survivant pour labsent prie, ma chrtienne!

    7

  • Odes en son honneur

    5Quand je cause avec toi paisiblement,

    Ce mest vraiment charmant, tu causes si paisiblement!Quand je dispute et te fais des reproches,

    Tu disputes, cest drle, et me fais aussi des reproches.Sil marrive, hlas! dun peu te tromper,

    O misre! tu cours la ville an de me tromper.Et si je suis depuis des temps dle,

    Tu me restes, durant juste tous ces temps-l, dle.Suis-je heureux, tu te montres plus heureuse

    Encore, et je suis plus heureux, denn! te voir heureuse.Pleur-je, tu pleures mon ct.

    Suis-je pressant, tu viens bien gentiment de mon ct.Quand je me pme, lors tu te pmes.

    Et je me pme plus de sentir quaussi tu te pmes.Ah! dis quand je mourrai, mourras-tu, toi?

    Elle: Comme je taimais mieux, je mourrai plus que toi. Et je me rveillai de ce colloque

    Hlas! Ctait un rve (un rve ou bien quoi?) ce colloque.

    8

  • Odes en son honneur

    6Mais aprs les merveillesQui nont pas de pareillesDe lpaule et du sein,Faut sur un autre modeDresser une belle odeAu glorieux bassin.Faut clbrer la blancheSouplesse de la hancheEt sa mate largeur,Dire le ventre opimeEt sa courbe sublimeVers le sexe mangeurQue chastement, encoreQue joliment, dcoreEt dfend juste assezLombre qui sied aux chosesDivines, peu morosesRideaux drment tresss,Teutats adorable,Saturne plus aimable,Anthropophage cherQui veut aux sacricesNon le sang des gnissesMais le lait de ma chair.Nous chanterons ensuiteLaine blonde et sa fuiteAmbre au sein du SaintMais dposons la lyre,Livrons-nous au dlireRaisonnable et succinct?

    9

  • Odes en son honneur

    Non! fou, braque, orgiaque,En apache, en canaqueIvre de taa:Nous ne sommes pas lhommePour la docte SodomeQuand la Femme il y a.

    10

  • Odes en son honneur

    7Fi sest rveill. Ds laube tu mas ditBonjour en deux baisers, et le pauvre petitPpia, puis remit sa tte sous son aileEt tut pour le moment sa gente ritournelle.Ici je te rendis pour les tiens un baiserMultiforme, ubiquiste et qui fut se poserDe la plante des pieds au bout des cheveux sombresAvec des stations aux lieux dclairs et dombres,Un jeu (car tu riais) ridiculement doux,Et, brusque, entre les tiens je poussai mes genoux,Tt redress sur eux et, pench vers ta bouche,Fus brutal sans que tu te montrasses farouche,Car tu remerciais dans un regard mouill.Cest alors que Fi, tout fait rveill,Le mignon compagnon! comparable aux bons drillesQue le bonheur dautrui ne fait pas envieux,Salua mon triomphe en des salves de trillesQue tout son petit cur semblait lancer aux cieux.Il sautillait, rot, comme un gars qui se cambre,Acclamant un vainqueur justement renomm,Et laurore clatant aux carreaux de la chambreAttestait sans mentir que nous avions aim.

    11

  • Odes en son honneur

    8Cuisses grosses mais fuseles,Tendres et fermes par dessous,Dessus dun dur qui serait doux,Musculeuses et poteles,Cuisses si bonnes tant baisesDevers leur naissance et par l,Blanches plus que rose-th, laMeilleure part de mes penses,Genoux, petites ttes dangesBous dans leur juste maigreur,Mollets bondis qui font fureurEn des bas clairs craignant les fanges.Pieds dresss pour te hausser jusqueA ma taille pour tembrasser,Moi, tenlever et te placerSur le lit, pieds trs beaux que busqueLa cheville de mol ivoireEt que parfume leur fracheur;Doigts dlicats, frle rougeurDoucement fauve au talon, voireAssez forte peau pour la marche,Mais quoi! faut-il pas au cher corpsBase solide et soutiens forts,Au cher corps qui garde mon Arche,Larche de crainte et de blandicesO jentre, tous torts rvolus,Comme on monterait au ciel. PiedsDivins, genoux ns, bonnes cuisses!

    12

  • Odes en son honneur

    9Tu fus souvent cruelle,Mme injuste parfois,Mais que fait, ma belle,Puisquen toi seule crois

    Et puisque suis ta chose.Que tu me trompes avec Pierre,Louis, et ctera punctum,Je sais, mais, l! nen ai que faire:Ne suis que lhumble factotum

    De ton humeur gaie ou morose.Sil arrive que tu me battes,Souettes, gratignes, tuEs le matre dans nos pnates,Et moi le cocu, le battu,

    Suis content et vois tout en rose.Et puis dame jopineQu me voir ainsi siTien, niras, divinePar maimoter ainsi

    Quon sattache sa chose.

    13

  • Odes en son honneur

    10Et maintenant, aux Fesses!Je veux que tu confesses,Muse, ces miens trsorsPour quels et tu ty es Je donnerais cent viesEt, riche, tous mes orsAvec un tas dencors.Mais avant la cantateQue mes me et prostateEt mon sang en arrtVont dire la louangeDe son cher Cul que langeO dchu! saluerait,Puis il ladorerait,Posons de lentes lvresSur les dlices mivresDu dessous des genoux,Souple papier de Chine,Fins tendons, ligne neDes veines sans nul poulsSensible, il est si doux!Et maintenant, aux Fesses!Desses de desses,Chair de chair, beau de beau,Seul beau qui nous pntreAvec les seins, peut-tre,Dmoi toujours nouveau,Pulpe dive, alme peau!Elles sont presques ovales,Presque rondes. Opales,

    14

  • Odes en son honneur

    Ambres, roses (trs peu)Sy fondent, sy confondentEn blanc mat que rpondentLes noirs, roses par jeu,De la raie au milieu.Desses de desses!Du repos en liesses,De la calme gat,De malines fossettesAinsi que des risettes,Quelque perversitDans que de majest!Et quand lheure est sonneDunir ma destineA Son Destin ft,Je puis aller sans crainteEt bien tenter ltreinteDevers lautre ct:Leur concours mest prt.Je me dresse et je presseEt lune et lautre fesseDans mes heureuses mains.Toute leur ardeur donne,Leur vigueur est la bonnePour aider aux hymensDes soirs aux lendemainsCe sont les reins ensuite,Amples, nerveux quinviteLamour aux seuls lansQuil faille dans ce monde,Cest le dos gras et monde,Satin tide, clairs blancs.

    15

  • Odes en son honneur

    Ondulements troublants.Et cest enn la nuqueQuil faudrait tre eunuquePour navoir de frissons,La nuque damnatrice,Folle dominatriceAux frisons polissonsQue nous reconnaissons.O nuque proxnte,Vaguement dshonnteEt chaste vaguement,Frisons, joli symboleDes voiles de lIdoleDe ce temple charmant,Frisons chers doublement!

    16

  • Odes en son honneur

    11Riche ventre qui na jamais port,Seins opulents qui nont pas allait,Bras frais et gras, purs de tout soin servile.Beau cou qui na pli que sous le poidsDe lents baisers tous les chers endroits,Menton o la paresse se prole,Bouche clatante et rouge do jamaisRien nest sorti que propos que jaimais,Oiseux et gais et quel nid de dlices!Nez retrouss qutant les seuls parfumsDe la sant robuste, yeux plus que brunsEt moins que noirs, indulgemment complices,Front peu penseur mais pour cela bien mieux,Longs cheveux noirs dont le grand ot soyeux,Jusques aux reins lourdement se hasarde,Croupe superbe prise de loisirSauf aux travaux du suprme plaisir,Aux gais combats dont cest larrire-garde,Jambes enn, vaillantes seulementDans le plaisant dduit au bon momentSerrant mon buste et ballant vers la nue,Puis, au repos, cuisses, genoux, mollet, Fleurant comme ambre et blanches comme lait: Tel le pastel daprs ma femme nue.

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  • Odes en son honneur

    12Mais Sa tte, Sa tte!Folle, unique tempteDinjustice indigne,De mensonge en furie,Visions de tuerieEt de vengeance igne.Puis exquise bonace,Du soleil plein lespace,Colombe sur labme,Toute bonne penseCaresse et bercePour un rveil sublime.Force de la natureMagniquement dureEt si douce, Sa tte,Ador phnomneO de ma PhilomneLa tte, seule fte!Et voyez quelle est belleCette tte rebelleA la littratureComme lart de la brosseEt du ciseau froce,Voyez, race future!Car je veux dire aux AngesCe plus cher des visages,Cheveux noirs comme lombreO passerait une ondePure, froide, profonde,Sous un ciel bas et sombre,

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  • Odes en son honneur

    Petit front dImmortellePliss dans la querelle,Nez mignard quironiseUn bout clair qui senvole,Bouche do Sa parolePart, prcise et consiseMais sorcire sans cesse,Qui blesse et qui caresseMon me obissante,Soumise, adulatrice,O voix dominatrice,O voix toute-puissante !Et sur cette bouchePlus pre que farouche,Plus farouche que tendre,Plus tendre quordinaire,Prince au fond dbonnaire,Le Baiser semble attendre,Et tout cela quclaireLe regard circulaireDe deux yeux de braise,Bruns avec de la amme,Sournois avec de lmeEt du cur, nen dplaiseA nos jaloux, ma reine,Ma noble souveraineQui me tient dans tes geles,O tte belle et bonneEt mauvaise et couronneDu trne, tes paules.

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  • Odes en son honneur

    13Nos repas sont charmants encore que modestes,Grce ton art profond daccommoder les restesDu rti dhier ou de ce rcent pot-au-feuEn hachis et ragots comme on nen trouve pas chez Dieu.Le vin na pas ce nom, car quoi sert la gloire?Et puisquil est tir, ne faut-il pas le boire?Pour le pain, comme on nen a pas toujours mang,Quil nous semble excellent me semble un fait archijug.Le lgume est pour presque rien, et le fromage:Nous en usons en rois dont ce serait lusage.Quant aux fruits, leur primeur a nous est bien gal,Pourvu quil y en ait dans ce festin vraiment frugal.Mais le triomphe, au moins pour moi, cest la salade:Comme elle en prend! sans jamais se sentir malade,Plus forte en cela que dfunt Tragaldabas,Et jen bfre de cur tant elle est belle en ces bats,Et le caf, qui pour ma part fort mindire,Ce quelle laime, mes bons amis, quelle aaire!Je men amuse et jen jouis pour elle, vrai!Et puis je sais si bien que la nuit jen proterai,Je sais si bien que le sommeil fuira sa lvreEt ses yeux allums encor dun brin de vrePar la goutte de rhum bue en trinquant gamentAvec moi, prsage gentil dun choc bien plus charmant

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  • Odes en son honneur

    14Nous sommes bien faits lun pour lautre;Pourtant quand tu me rencontrerasMenant mes derniers embarrasDhomme grave et de bon aptre,Ruine encore de chrtien,Philosophe dj paen,Lourd de doctrine et de scrupule,(Le tout un peu dcompos)Mais au fond trs bien disposPour la popine et la crapule,En un mot, sot entre les sotsDe cette sorte de puceaux,Teus quelque mal la conqute, Et par ce mot que jai vouluJentends ton triomphe absolu, Sinon de mon cur, de ma tte;Je ne parle pas de mon corpsVaincu ds les primes abords.Mais comme nous sympathismesDs nos esprits mis en rapportEt ds lors quel parfait accordEntre ces luronnes, nos mes,Ces luronnes et nos luronsDesprits tout carrs et tout ronds!Toi simple encor, que complique,Et moi naf aux cents replis,Notre exprience des litsEt notre ignorance marqueEn fait de sentiment subtil,Tout ce nous rendait que gentil

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  • Odes en son honneur

    Lun lautre! en dpit, par crises,De colres bien vite au trot,Dhumeurs noires, roses bientt,Et, mon Dieu, dun tas de sottisesQuon rparait, pour tapaiserMadame et Monsieur, dun baiser!Cest de persvrer, petite!Cest, chre, de continuer,Quittes parfois nous tuerPour nous ressusciter ensuite,Cest de rester deux, vraiment,Bon cur et mauvais garnement.

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  • Odes en son honneur

    15Quand tu me racontes les frasquesDe ta chienne de vie aussi,Mes pleurs tombent gros, lourds, ainsiQue des fontaines dans des vasques,Et mes longs soupirs condolentsSe mlent tes rcits lents.Tu me dis tes amours premires:Fille des champs avec des gars,Puis lle en ville aux fols cartsEt les trahisons coutumiresEt mutuelles sans remordDes deux parts et comme daccord.Tout dun coup un caprice viteMri, par lus, en passionSauvage, tel lhumble scionGrandissant en palme subiteQuagiterait dans quelque vertPaysage un vent du dsert.Fidle, toi, lautre, indle,Toi douloureuse, lche, ennFurieuse, sole du vinDu vice, essorant dun coup daileTon cur comme un aigle bless,Mais sans pouvoir fuir le passJe tcoute, et ma piti toute,Toute mon admiration,Une indicible aection,Sinon celle dun pur amourTe vont de moi par quelle routeQui sourirait, chre, son tour,

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  • Odes en son honneur

    Qui sourira, jen ai la crainte,Qui soure dj, tu le sais,Toi parfois mauvaise lexcs,Charmante aussi comme une sainteEnvers ce moi, bon vieil amant,Le dernier, hein, probablement?

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  • Odes en son honneur

    16Je ne suis pas jaloux de ton pass, chrie,Et mme je ten aime et ten admire mieux.Il montre ton grand cur et la gloire intrieDun amour tendre et fort autant quimptueux.Car tu neus peur ni de la mort ni de la vie,Et, jusqu cet automne er rpercutVers les jours orageux de ta prime beaut,Ton beau sanglot, honneur sublime, ta suivie.Ton beau sanglot que ton beau rire condolaitComme un frre plus mle, et ces deux bons gniesTont sacre mes yeux de vertus inniesDont mon amour moi, tout er, se prvalaitEt se targue pour tadorer au sens mystique:Consolations, vux, respects, en mme tempsQuhumbles caresses et quhommages ex-votantsDe ma chair ce corps vaillant, temple hroqueO tant de passions comme en un Panthon,Rancurs, pardons, fureurs et la sainte luxureTinrent leur culte, respectant la forme pureEt le galbe puissant profans par Phaon.Pense Phaon pour loublier dans mon treintePlus douce et plus dle, amant daprs-midi,Dextrme aprs-midi, mais non pas attidiQue me voici, tout plein dextases et de crainte.Va, je taime mieux que lautre: il faut loublier,Toi, souris-moi du moins entre deux condences,Amazone blesse s belles imprudencesQui se rveille au sein dun vieux brave cuyer.

    25

  • Odes en son honneur

    17Tu mobstines! Et je temmneA la campagne. Ainsi parlaientDeux amoureux dont sperlaientPlus dun encor propos amne.Je crains fort que ces amoureuxNaient t nous lautre semaineNous rpondant, Tyrcis, Climne,Hlas! en mots trop savoureux.Mais puisquil en est temps encore,Puisquil en est encore temps,Ne soyons donc plus mcontents,Au contraire, et que sdulcoreNotre courroux, pourtant grondantUn petit peu, mais pour la forme,En un orage horrible, norme,De gros baisers se rpondant.O ma dure et bonne compagne,Assez, dis, de malentendus,Et si tu veux car je le dus Or, je temmne la campagne.

    26

  • Odes en son honneur

    18O toi triomphante sur deuxRivales (pour dire en haut style),Tu fus ironique; elles feues Et nemployas deort subtilQue juste assez pour que tu fus Ses encor mieux, grce cet usQuas de me plaire sans complairePlus quil ne faut mes caprices.Or je te viens jouer un airTout parfum dambre et diris,Bien quayant en horreur tripliceTout parfum hostile ou complice,Sauf la seule odeur de toi, fraisEt chaud euve, vent de merEt vent, sous le soleil, de presNon sans quelque saveur amrePour saler et poivrer ainsiQuil est urgent, mon cur transi,Mon cur, mais non pas ma bravoureEn fait damour! Tu ressuscite-Rais un dfunt, le bandant pourLe dduit dont Vnus dit: Sit!Oui, mon cur encore il pantleDu combat court, mais de peur telle!Peur de te perdre si le sortDes armes et trahi tes coups.Peur encor de toi, peur encoreDe tant de boudes et de moues.Quant aux deux autres, l l!Gure ny pensais, ttais l.

    27

  • Odes en son honneur

    Iris, ambre, ainsi jannonai Ma mmoire est bonne ces versA ta victoire re et gaieSur tes rivales somnires.Mais que nont-ils le don si cher,Si pur? Fleurer comme ta chair!

    28

  • Odes en son honneur

    19Ils me disent que tu me trompes.Dabord, quest-ce que a leur fait?Chre frivole, que tu rompesUn serment que tu nas pas fait?Ils me disent que tes mchanteEnvers moi, moi, qui suis si bon!Toi mchante! Quun autre chanteCe refrain trs loin dtre bonMchante, toi qui toujours moresUn sourire amusant toujours,Toi, ma reine, qui de tes coresMe puise des trsors toujours.Ils me disent et croient bien dire,O toi que tu ne maimes pas?Que mimporte, jai ton sourire,Et puis tu ne maimerais pas?Tu ne maimes? Et la grceEt la force de ta beaut.Tu me les donnes, grande et grasseEt voluptueuse beaut.Tu ne maimes pas? Et quand mmeCe serait vrai, quest-ce que fait?Si tu ne maimes pas, je taime. Mais tu maimes, dis, par le fait.

    29

  • Table des matires

    1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1310 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1411 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1712 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1813 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2115 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2316 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2517 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2618 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2719 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

    30

  • Une dition

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

    Achev dimprimer en France le 11 juin 2015.

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