13
Ingrid Herrniteau Ecole Inter-Etahd’Ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagodougou 03 BP 7023 Ouagadougou Burkina Faso Ecole Inter-Etatsd’Ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagadougou 03 BP 7023 Ouagadougou Burkina Faso Christophe Rigourd c/o SCAC P.O. Box 11 987 Klein Windhoek Windhoek Namibie Laurent COMPAORE Ecde Inter-Etats d’ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagodwgou 03 BP 7023 Ouogadaugou Burkina Faso Vers une professio sation des fonctio hydrauliques des périmètres irrigués en Afrique de l’Ouest Résumé Lors du transfert des siribiiageinents hydroagricoles aux usagers. les agi-icul- tciirs se sont Lus confier des missions hydrauliques qu‘ils n’avaient pas tou- jours la capacité d‘assurer. De nombreux aménagements ont ainsi subi un abandon, partiel ou total, du fait d‘un déficit de maintenance des infrastructures ou de problèmes récurrents de poinpage et de distribution de l’eau. L’analyse de onze périmétres nuance cette vision pessimiste de l’irrigation en Afrique de l’Ouest. Elle montre en pre- mier lieu que. sur les aiiiénagernents étu- diés, les coopératives effectuent des pro- visions iinpoi-tantes pour l’amortissement de leur équipement de pompage. Plusieurs d’entre elles ont ainsi déjà pro- cédé de façon autonome au renouvelle- ment de leur système de pompage. Par ailleurs, certaines coopératives parvien- nent à assurer un approvisionnement en eau proche des besoins des cultures, à un coût satisfaisant, tout eii maintenant une certaine équité de distribution à l’échelle du périmètre. Enfin, s’il est vrai qu’un déficit de maintenance est constaté sur la plupart des périmètres. les coopérateurs ont de plus en plus conscience de la nécessité d’un entretien de qualité et adaptent leurs pratiques en conscquence. Des progrès restent i réaliser pour assu- rer une irrigation efficiente. productive et durable. L’expérience de certains péri- métres montre que la solution repose en partie sur la professionnalisatioii des fonctions h y d rau 1 iques du périmètre. L‘intervention d‘expei-ts permet d’appor- ter les coiiipétcnces que iie possèdent pas les irrigarits. sur des aspects divers de la gestion de l’eau : poinpage, distributiori. entretien des infrastructures. gestion de la redevance.. . Elle peut prendre la forme d’un appui coiiseil ponctuel ou d’une totale délégation du servicc de l’eau. Mots clés : irrigatioii. Sahel. efficience. coût de l’eau. dui-abilitC Abstract After the Statc rcdrawal froin irrigated scheincs and thc transfer of responsibili- tics to users, fai-incrs find theinselves confronted to new hydraulic obligations. for which they werc not preparcd. Many scheincs were thus totally or partly abari- doned because of a lack of maintenance or mismanagement. The analysis of 1 I irrigatcd sclieiiies contras t w i t h the eu rre n t pe s s i in i s t i c vision of irrigation in West Africa. Firstly, it shows that al1 the scheines sur- veyed make provisions for the rencwal of their pumping equipinent. Few of thein have alrcady dcrnonstrated their financial and organisational capacity to renew their pumps. Furtherinore, soine farmers unions suc- ceed in meeting irrigation requireinents through an equitable watcr supply and low pumping costs. Howevcr, inaintcnan- ce charges are often undervalucd but far- mers tend to be more and more aware of the importance of good maintenance. Progress is still ncccssary to obtaiii an efficient, productive and sustainable irri- gation. Some experiences show that a profcssionalisation of hydraulic func- tions is required, as regard both operation and maintenance. Services providers inay fulfil these new coinpetencics. either through occasional support or total dele- gation of irrigation inanageinent. Key words : irrigation. Sahel, cffciency, water cost. sustainability SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES N’8 - juin 2002

Vers une professio 7023 sation des fonctio hydrauliques

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Page 1: Vers une professio 7023 sation des fonctio hydrauliques

Ingrid Herrniteau Ecole Inter-Etah d’Ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagodougou 03 BP 7023 Ouagadougou Burkina Faso

Ecole Inter-Etats d’Ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagadougou 03 BP 7023 Ouagadougou Burkina Faso

Christophe Rigourd c/o SCAC P.O. Box 11 987 Klein Windhoek Windhoek Namibie

Laurent COMPAORE Ecde Inter-Etats d’ingénieurs de I’Equipement Rural de Ouagodwgou 03 BP 7023 Ouogadaugou Burkina Faso

Vers une professio sation des fonctio hydrauliques des péri mètres irrigués en Afrique de l’Ouest

Résumé

Lors du transfert des siribiiageinents hydroagricoles aux usagers. les agi-icul- tciirs se sont L u s confier des missions hydrauliques qu‘ils n’avaient pas tou- jours la capacité d‘assurer. De nombreux aménagements ont ainsi subi un abandon, partiel ou total, du fait d‘un déficit de maintenance des infrastructures ou de problèmes récurrents de poinpage et de distribution de l’eau.

L’analyse de onze périmétres nuance cette vision pessimiste de l’irrigation en Afrique de l’Ouest. Elle montre en pre- mier lieu que. sur les aiiiénagernents étu- diés, les coopératives effectuent des pro- visions iinpoi-tantes pour l’amortissement de leur équipement de pompage. Plusieurs d’entre elles ont ainsi déjà pro- cédé de façon autonome au renouvelle- ment de leur système de pompage. Par ailleurs, certaines coopératives parvien- nent à assurer un approvisionnement en eau proche des besoins des cultures, à un coût satisfaisant, tout eii maintenant une certaine équité de distribution à l’échelle du périmètre. Enfin, s’il est vrai qu’un déficit de maintenance est constaté sur la plupart des périmètres. les coopérateurs ont de plus en plus conscience de la nécessité d’un entretien de qualité et adaptent leurs pratiques en conscquence.

Des progrès restent i réaliser pour assu- rer une irrigation efficiente. productive et durable. L’expérience de certains péri- métres montre que la solution repose en partie sur la professionnalisatioii des fonctions h y d rau 1 iques du périmètre. L‘intervention d‘expei-ts permet d’appor- ter les coiiipétcnces que iie possèdent pas les irrigarits. sur des aspects divers de la gestion de l’eau : poinpage, distributiori. entretien des infrastructures. gestion de la redevance.. . Elle peut prendre la forme d’un appui coiiseil ponctuel ou d’une totale délégation du servicc de l’eau.

Mots clés : irrigatioii. Sahel. efficience. coût de l’eau. dui-abilitC

Abstract

After the Statc rcdrawal froin irrigated scheincs and thc transfer of responsibili- tics to users, fai-incrs find theinselves confronted to new hydraulic obligations. for which they werc not preparcd. M a n y scheincs were thus totally or partly abari- doned because of a lack of maintenance or mismanagement.

The analysis of 1 I irrigatcd sclieiiies contras t w i t h the eu rre n t pe s s i i n i s t i c vision of irrigation in West Africa.

Firstly, i t shows that al1 the scheines sur- veyed make provisions for the rencwal of their pumping equipinent. Few of thein have alrcady dcrnonstrated their financial and organisational capacity to renew their pumps.

Furtherinore, soine farmers unions suc- ceed in meeting irrigation requireinents through an equitable watcr supply and low pumping costs. Howevcr, inaintcnan- ce charges are often undervalucd but far- mers tend to be more and more aware of the importance of good maintenance.

Progress is still ncccssary to obtaiii an efficient, productive and sustainable irri- gation. Some experiences show that a profcssionalisation of hydraulic func- tions is required, as regard both operation and maintenance. Services providers inay fulfil these new coinpetencics. either through occasional support or total dele- gation of irrigation inanageinent.

Key words : irrigation. Sahel, cffciency, water cost. sustainability

SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES N’8 - juin 2002

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IINTRODUCTIBN

Face aux enjeux de la sécurité et de l’autosufisance alimentaire (particulièrement en riz), des investissements considérables ont été consacrés au développement initialement étatique de l’agricul- ture irriguée en Afrique de l’Ouest. A la fin des années 1980, les Etats se désengagent parfois brutalement et la gestion des péri- mètres est confiée aux usagers. Ce transfert se traduit notamment par la prise en charge du fonctionne- ment et de la maintenance des aménagements par les exploitants (y compris renouvellement des équipements de pompage), la ges- tion et la maintenance des gros ouvrages (digues, barrages.. .) res- tant sous la responsabilité de 1’Etat.

ET PROBLÉMATIQUE

Les usagers, regroupés en organi- sations paysannes, doivent faire le dur apprentissage de l’autogestion des aménagements. La maîtrise des fonctions hydrauliques, sou- vent bien éloignée des compé- tences des agriculteurs, est parti- culièrement délicate : fonctionne- ment et entretien d’équipements de pompage ou d’ouvrages hydrauliques parfois sophistiqués, conduite collective de la distribu- tion de l’eau, gestion de la rede- vance hydraulique.. .

Par ailleurs, si l’eau n’est pas encore considérée comme une res- source limitante en Afrique de l’Ouest, différentes projections confirment l’émergence d’une forte compétition de l’irrigation avec les autres usages de l’eau (WATAC, 2001). L‘utilisation ef€i-

ciente et la gestion efficace des ressources en eau dans le domaine de l’agriculture représenteront donc des défis majeurs à relever par les coopératives d’irrigants.

Les enjeux hydrauliques sont impurtants : satisfaire les besoins des cultures de façon durable, à moindre coût et en économisant la ressource en eau. L‘objectif de cet article est de montrer qu’une réponse possible à ces questions repose sur l’intervention de pro- fessionnels dans la gestion ou l’en- tretien des aménagements.

MATÉRIEL ET MÉTHODE Les résultats présentés ici sont issus du projet (( Identification et difusion de bonnes pratiques sur les périmètres irrigués en Afrique de 1 ’ 0 ~ e s t J . Ce projet financé par la France et mis en œuvre par 1’IPTRID (Programme Inter- national pour la Recherche et la Technologie en Irrigation et Drainage) a été conduit en parte- nariat avec I’EIER (Ecole Inter- Etats d’Ingénieurs de 1’Equipe- ment Rural), le PSI-CORAF (Pôle régional de recherche sur les systèmes irrigués soudano- sahéliens), l’AFARTCT (Action pour la Formation et l’Auto-pro- motion rurale), le Senagrhy (Société d’Etudes en Environnement, Agriculture et Hydraulique), I’AMVS (Autorité de Mise en Valeur du Sourou), le PSSA (Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire de la FAO).

La démarche utilisée est celle d’une analyse comparative des- tinée à évaluer les résultats de

Pour I’ensernbie des résultats du prqet. consulter les site internet de I‘IF’TRID : http : //w.fao.org/iirid

SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES

périmètres choisis et à les mettre en relation avec les pra- tiques adoptées. Les données quantitatives permettent de cal- culer des indicateurs de perfor- mances pour deux niveaux d’analyse : la parcelle et le péri- mètre. Les éléments hydrau- liques relevés concernent le nombre d’irrigations par parcel- le, les paramètres du pompage, les coûts de l’irrigation, la natu- re et l’état des infrastructures. Les conditions climatiques sont obtenues grâce aux atlas du CILSS (1950 - 1980) ou direc- tement auprès des stations météorologiques locales. Les enquêtes qualitatives cherchent enfin à identifier les pratiques existantes qui permettent d’améliorer les performances de l’irrigation.

L’étude est basée sur la compa- raison de onze périmètres rizi- coles et collectifs au Sénégal, en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Tous ces péri- mètres sont irrigués par un pom- page à partir de fleuves, associé à une distribution gravitaire et sont de construction ou de réha- bilitation récente. Ces caracté- ristiques communes ne doivent pas faire oublier des différences permettant d’établir une typolo- gie de périmètre (tub.1).

Notons enfin que ces périmètres ont été choisis parce qu’ils pré- sentaient a priori certaines avancées permettant d’identifier de (( bonnes pratiques ». Ils ne sont donc pas toujours représen- tatifs de la sous-région.

N’a - juin 2002

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Grands aménage- An&nagemcnts Petits aménagements Petits ménage- . ments moyens assez assez sophistiqués ments

sophistiqués sophistiqués SOmmailZS

Périmètres Boundoum, PPGII Pont Gendarme, Débé 1, Kotaka Nakhlct, Dieuck, étudiés Toula, Lata, Débé ïï Diantakaye Taille > 1000 ha < 100 ha

- E

BONNE GESTION HYDRAULIQUE L'analyse comparative des résul- tats hydrauliques est ici hiérar- chisée selon quatre objectifs de 1 'irrigation :

- satisfaire les besoins en eau des cultures, - assurer la durabilité et la repro- ductibilité du système irrigué, - diminuer les coûts de l'irriga- tion - et économiser la ressource en eau.

Satisfaire les besoins en eau de cultures L'objectif premier de l'irriga- tion est de compléter ou rem- placer les apports d'eau néces- saires à la production agricole. Elle permet ainsi de sécuriser voire d'augmenter les rende- ments. Volumes et fréquence des irrigations, adéquation au calendrier cultural, qualité du planage, maîtrise du draina- ge ... contribuent à la qualité de l'irrigation à la parcelle. Les pratiques de l'agriculteur restent cependant largement tributaires de la gestion col- lective de l'eau.

3000 I

E 2000 - 9 i( I5O0

E 1000 E

a - 500

O juin juiiiet août septembre octobre

semis, mise en repiquage récolte eau du

@rimétre

Graphe 1 : Volumes pompés et variabilité agroclimatique mensuelle Débé 1, Burkina Faso, contre-saison 2000

60041

s 50% ;D

P 30% 2 20% F

m 40%

II 1 ooh

0%

SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES NO8 - juin 2002

Page 4: Vers une professio 7023 sation des fonctio hydrauliques

ha conduite des irrigations ne correspond pas toujours aux besoins.. . Les volumes pompés en tête de réseau, qu’ils soient excessifs ou insuffisants selon les cas, ne sont pas toujours ajustés aux besoins

mètre (voir figures l et 2). A Débé 1 (Burkina Faso), après la mise en eau du périmètre, les volumes pompés varient en fonction des besoins des cultures et le quotient besoins sur pompage se stabilise aux alentours de 60%. A Diantakaye (Mali), par contre, le pompage semble réalisé de façon anarchique, sans aucun lien avec les variations climatiques.

mensuels 2 en irrigation du péri-

... et n’est pas toujours Bqcsitabie Pour satisfaire les besoins en eau des cultures, l’adéquation entre besoins et apports obte- nue à l’échelle du périmetre doit se retrouver au niveau de la parcelle, ce qui implique une bonne équité de distribution.

Sur les périmètres ou les règles de distribution sont peu claires et mal respectées, certains pro- ducteurs ont un accès insufi- sant à l’eau d’irrigation non

sans répercussions sur leurs rendements. A Diantakaye, en hivernage 2000, le nombre d’irrigations varie de deux à treize suivant les agriculteurs fig.3). Les agriculteurs qui ont procédé à moins de cinq irriga- tions obtiennent en moyenne 1 T/ha de moins que les autres.

ha conduite des irrigations peut Gtre am6lior6e Un préalable à la bonne gestion hydraulique est l’établissement de règles et sanctions claires et leur application effective. Sur les sites de Boundoum et Pont

Gendarme (voir tableau 2), les sanctions sont définies pour prévenir le gaspillage d’eau (50.000 CFA par drainage intempestif). A Toula (Niger), un projet de délégation du ser- vice de l’eau à un prestataire privé est actuellement testé par la Cellule Riz. L‘intervention d’un professionnel extérieur et impartial permet une redéfini- tion et une application stricte du règlement intérieur de gestion de l’eau.

Le PSI-COWAF (Y. Diallo, 2000) a montré que la mise en

place d’un système d’informa- tion adapté, renseignant les ges- tionnaires du périmètre sur les besoins des plantes (suivi de la pluviométrie, des superficies emblavées, du stade des cul- tures), sur les volumes pompés (relevés réguliers, outils de mesures - seuils, échelles lim- nimétriques ou courbes de pom- page) et sur la distribution réel- le de l’eau améliore la conduite des irrigations, augmente l’équité et les rendements. Si le recueil de ces données peut être fait par tout membre de la coopérative, leur analyse demande en revanche un mini- mum de compétences hydrau- liques.

Sur les grands aménagements comme Boundoum et PPGII, des ouvrages de régulation automatique facilitent la ges- tion de l’irrigation (tcab. 2).

Assurer la durabilité et la reproductibilité du système irrigué La durabilité du système irri- gué implique R 9 ~ ~ ~ ~ ~ t ~ e n de

ent et la réalisa- tion de provisions pour renou-

2Données climatiques de l’année 2000 pour les stations de Mopti (Mali) et de Ouahigouya (Burkina Faso). Source : IRD, 2001

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théoriques atteignent 50 O00 FCFA/ha/campagne tandis que les dépenses réelles sont plus proches de 30 O00 CFNhdcam- pagne.

9

.m 3o 8- A autonome au renouvellement de & ~ o @ l ~ ~ m leurs équipements de pompage,

..

Un déficit de prise en charge de la maintenance des équipements et des infrastructures est consta- té sur la plupart des périmètres. L‘entretien des réseaux d’irriga- tion et surtout de drainage est souvent insuffisant et certaines expériences régionales montrent que ce manque peut entraîner l’abandon partiel des aménage- ments.

Qa duraBiûi0‘86 desi sys83mes irrb Amortissement pompe glu& est cspeoadant envisa-

gG?able La maintenance et le renouvel- lement des équipements et des

t infrastructures sont des enjeux ’ majeurs de l’irrigation. Ils I-

vellement. Les qunesrtiouns de

mairmtenamce sont domc cen- tranes pour le fonctionnement actuel et futur des périmètres. L‘ONBAH3 recommande que la maintenance des infrastruc- tures s’élève annuellement à 10% des amortissements cal- culés sur 20 ans. L‘entretien des pompes nécessite près de 7% de l’investissement initiai

E T C L I ~ Q V ~ ~ C Q Bnydraaniqae et BQ

et les amortissements théo- riques sont calculés SUT la base d’une durée de vie d’environ 10 O00 heures, (Sjon Van’t Hoff, 2001).

i

La maintenance es8 solavent insuflissnte Les charges théoriques sont com- parées aux coûts réellement payés. Le tableau 3 en présente un extrait. En moyenne, les coût

conditionnent à terme l’appro- visionnement en eau des cul- tures et le maintien des perfor- mances.

Sur les aménagements étudiés, les .performances actuelles per- mettraient aux producteurs de supporter pleinement les charges de fonctionnement et de maintenance. Les irrigants en sont de plus en plus

Office National des Barrages et des Ainéiiageinents Hydro-agricoles du Burkina Faso

w

Page 6: Vers une professio 7023 sation des fonctio hydrauliques

conscients et adoptent des pra- tiques techniques, financières et organisationnelles susceptibles .d’assurer la pérennité de l’amé- nagement.

Ainsi, si certaines coopératives continuent à confier l’entretien de leurs équipements de pompa- ge à des ((mécaniciens façon)) (non spécialisés), le recours à des professionnels (électroméca- niciens, topographes.. .) pour la maintenance des réseaux ou des équipements de pompage tend à se développer.

Diminuer les coûts de l’irriga- tion Le coût total de l’irrigation est défini comme la somme des frais de pompage (énergie, lubrifiant), d’entretien et de réparation des équipements de pompage et des infrastructures, des salaires des pompistes et aiguadiers et de l’amortissement des pompes. Avec près de 60 O00 FCFA/ha, les charges d‘irrigation ne sont certes pas le poste le plus impor- tant des dépenses de l’agricul- teur. Atteignant à peine 25 ‘70 des charges monétaires, elles restent faibles comparées au poids des intrants (plus de 40% des coûts monétaires).

Des çohd& de pompage llPQS

Yariabfes.. . Les frais de pompage (carburant, lubrifiant) représentent environ le tiers des coûts de l’irrigation. Variables, ils sont notamment liés au système de pompage : en moyenne, 1 FCFA/m3 pour les électropompes, 1,5 à 2 FCFA/m3 pour une hydrovis avec moteur diesel, plus de 2 FCFA/m3 pour les pompes centrifuges ther- miques.

I 1 DébéII 1 .Diantakaye i Dieuck I l l

Puissance du moteur (cv) i

Débit nominal (m’h) 1 Hauteur géom. moy. (m) 1

Age des pompes (an) 1

Débit réeudébit nominal Conso. gazole (Ih) Conso. gazole (Yi O00 m’ eau)

Pompe l l

39 l 13 Hydrovis ’ GMP

180 2 8

150 %

l 1080

3 1

proche de 100 YO 4,3 I 1 3

45 GMP 248 10 , 1,6 et 8

115 % j 3,4

13’1

L‘énergie électrique est générale- ment moins chère que l’énergie thermique. Cependant, le prix facturé au producteur est souvent inférieur aux prix réels du fait de subventions. Par ailleurs, le coût de l’énergie dépend du contexte économique. Le gasoil coûte ainsi 175 FCFA/L en Mauritanie contre 275 FCFNL au Burkina Faso.

L‘énergie consommée par m3 d‘eau pompée est très variable selon le type d’équipement utili- sé: son état, son mode de fonc- tionnement. Le tableau 4, basé sur l‘étude de pompes à moteur diesel fonctionnant en hivernage, montre des consommations de gasoil variant du simple au double.

accroît les besoins en carburant. A Dieuck (Mauritanie), des consommations supérieures à 13 1 de gasoil par milliers de m3 pom- pés sont observées :

- les moteurs sont surdimension- nés par rapport aux pompes : 45 CV pour une pompe de débit nominal de 250 m3/h, tandis qu’au Mali un moteur de 13 CV permet déjà d’assurer un débit nominal de 180 m3/h ;

- les pompes sont inadaptées à la taille du réseau : lorsqu’elles fonctionnent à leur débit nomi- nal, les canaux débordent. Le mécanicien réduit alors la vitesse du moteur, ce qui augmente la consommation en gasoil.

Le pompage par hydrovis est un système économe en carburant (4 à 5 L pour 1000 m3 eau) comparé aux motopompes classiques. De plus, à Débé II, les hydrovis sont adaptées à la taille du périmètre et les équipements viennent d’être renouvelés. Enfin, l’entre- tien courant est assuré par un agent de maintenance recruté par la coopérative. Dans de telles conditions, la consommation en gasoil est minimale. Au Mali (exemple de Diantakaye), le vieillissement des équipements

... et qui peuvent facilement 68re mieux maifris& Les coûts de pompage dépendent à la fois des choix techniques réalisés à la construction de l’aménagement et de l’utilisation des équipements faite par la suite. Les exemples ci-dessus illustrent les conséquences pos- sibles d’une mauvaise adaptation des moteurs et des pompes au système irrigué : consommation élevée en énergie, pertes d’eau par débordement des canaux, usure excessive et prématurée

SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES NO8 - juin 2002

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des équipements. Ceci démontre l’importance d’un conseil tech- nique indépendant lors de l’achat des équipements de pom- page. Par ailleurs, le suivi et l’analyse de quelques données hydrauliques simples (volumes pompés, consommation en car- burant ou en électricité, débit réel, hauteur d’eau) permettent d’identifier les défaillances de l’équipement et de prendre les mesures appropriées : répara- tion ou renouvellement des pompes ou des moteurs, recali- brage des bassins, reprofilage des canaux. Des réhabilitations mineures peuvent ainsi dimi- nuer considérablement les coûts de pompage.

A Nakhlet, le recalibrage des canaux d’irrigation a permis un fonctionnement des GMP plus

proches de la normale (320 m3/h au lieu de 285), une diminution des temps de pompage et une baisse de 20 % des consomma- tions en carburant (Diallo, 2000).

Economiser la ressource en eau Aujourd’hui, la ressource en eau n’est pas considérée comme un facteur limitant en Afrique de l’Ouest, sauf dans des cas particuliers comme les petits barrages au Burkina Faso. L’économie d’eau et la diminution des coûts qui lui est associée ne sont pas prioritaires dans la stratégie de l’agricul- teur : diminuer les volumes pompés de 25 YO se traduit par une économie équivalente à une centaine de kilo de paddy mais un déficit d’irrigation peut provoquer quant à lui une

chute de rendement supérieure à une tonne par hectare (voir paragraphe précédent).

Cependant, différentes statis- tiques en Afrique sahélienne s’accordent à reconnaître que la pression sur la ressource en eau augmente sous l’effet com- biné de l’extension des sur- faces irriguées et des consom- mations des autres usagers, notamment des zones urbaines. L’usage de l’eau pourrait à l’avenir faire l’objet de mesures incitatives ou répres- sives et modifier la stratégie des agriculteurs. La diminution des volumes pompés et l’amé- lioration de la productivité de l’eau seront sans doute un enjeu majeur des systèmes irri- gués dans les prochaines années.

25000

20000

- <p

m 15000

E v a? 5 10000

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O

- Evapotranspitation réelle

-Irrigation + pluie efficace

+Productivité de l’eau dirrigation n 3,80 -

A

0,70 8 E B

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SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES N O 8 - juin 2002

Page 8: Vers une professio 7023 sation des fonctio hydrauliques

l

Besoins en VOLUMEPOMPE 1 = 1 eauduriz 1

I I I

U Pertes dans Pertes à la +/I........) +

Climat Calendner cultural

Linéaire de canaux Etat et revêtement

Durée de la mise en eau Gestion de I’imeation

Nature des sols Fréquence des irrigations

Qualité du planage Pratiques de drainage

Date Date Besoins en moyenne 1 moyenne eau sur le i de semis j de récolte cycle moyen

l

Boundoum 01-août , 09-déc 7675 m’ha Pont Gendarme 15-iuil ’ 17-nov 5610 m’/ha

Une prodaactivi86 de kaad d’irriga- B i m relativement bonne ... La figure 4 met en évidence deux indicateurs de performance propo- sés par le Projet Management de l’Irrigation au Burkina Faso (PMIBF) de I’IIMI (Dembélé, 1999)

- l’approvisionnement relatif en eau ou Relative Water Supply (RWS) se définit comme le rap- port entre l’offre et la demande en eau (Irrigation + pluie effica- ce4) / évapotranspiration’réelie5 ;

- la productivité de l’eau d’irriga- tion indique la production brute de paddy par volume d’eau pompé. Sur l’ensemble des périmètres étu- diés, la productivité de l’eau d’irri- gation varie de 0’2 à 0’7 kg de paddy / m3 d’eau, avec une moyen- ne de 0,42 kg paddy1 m3 d’eau pompée. Ceci est satisfaisant au regard de certaines performances mondiales. Sur des périmètres, en grande partie ou entièrement rizi- coles, étudiés par 1’IWMI au Niger,

Sri Lanka, Philippines et en Colombie (Guerra et al., 1998 ; Molden et al., 1998), la valorisation moyenne de l’eau est de 0,31 kg/m3. Cependant, ces résultats res- tent éloignés des objectifs proposés par I’IWMI dans le cadre du PMI BF : 0,6 kg paddy/ m3 pompé. Sur l’ensemble des sites considé-

rés, l’approvisionnement relatif en eau atteint quant à lui la valeur moyenne de 2 en hivernage et de 1’9 en contre-saison. L‘IWMI propose une valeur cible de 2 pour la riziculture (Sally, 1997). Selon cette référence, les perfor- mances des sites étudiés sont donc satisfaisantes.

2500 1200 fi= Besoins à

- 2 2000 O E

.- 8 1500 CI - * c1) .- L L .- 5 1000 (I> E O .- 1 500 rn

O

180

160

140 h.

120 E 100 Z’ 80

60

40

20

juillet août septembre octobre novembre decembre

~ & g & & @ r n ~ & & ~ ~ ~ d ~ @ m

~ ~ ~ ~ ~ ~~

4Pluie efficace = 0,9 * pluie totale si pluie totale < 200 mm /décade 5Pour chaque périmétre, I’évapotranspiration réelle est calculée sur le calendrier cultural moyen issu des enquétes et A partir de l’évapotranspiration potentielle don- née par la station météorologique la plus proche (enquêtes terrain ou IRD) pendant la saison considérée Un coefficient cultural variant de 0.8 B 1,3 selon le stade cultural est appliqué

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,

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Durée entre premier semis et dernière recolte

Mètres canauxiha aménagé

Canaux revêtus ?

Etat des canaux

Infiltration canaux (% V pompé)

BON BON MOYEN

quelques % quelques ?40 > 20 %

Des marges de manœuvre impor- tantes existent pour diminuer les pertes en eau et les gaspillages, particulièrement en hivernage. La décomposition des volumes pompés permet de distinguer plu- sieurs leviers @g. 5).

. .* - - .

Le calendrier cultural moyen adopté par chaque agriculteur, ainsi que l'étalement de ce calen- drier à l'échelle du périmètre, déterminent des besoins en pom- page. L'analyse des données montre qu'un calendrier inadapté aux conditions climatiques (semis trop tardif en saison humide par exemple) peut se traduire par une augmentation de 10 à 30 % des volumes nécessaires pour satisfaire les besoins en irriga- tion. L'exemple de Boundoum et Pont Gendarme (Sénégal), en hivernage 2000, est le plus pro- bant @g. 6 et tab. 5).

L'adaptation du programme cul- tural aux variations climatiques

peut permettre des économies d'eau considérables. Dans ce cadre, la mise en place d'un calendrier à l'échelle du péri- mètre est indispensable pour concilier les intérêts individuels et ceux du groupe. Le PSI- CORAF a développé un outil d'aide à la planification agricole, le Logiciel Calcul, qui permet, tout en tenant compte des contraintes collectives, notam- ment la durée du plus grand chantier agricole, de faire des recommandations individuelles aux producteurs (Poussin, 2000).

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Une part importante des volumes pompés peut être perdue du fait de l'infiltration dans les canaux ou des pertes par percolation pro- fonde et par ruissellement dans la parcelle.

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Les infiltrations dans les canaux peuvent être définies à partir d'une formule théorique6 (Tran Minh Duc, 1995). Des pertes très variables, de quelques ?40 à plus de 20 % du volume

pompé, sont constatées dans ce cas (tab.6). Elles dépen- dent essentiellement du linéaire et de l'état du réseau. En particulier, le revêtement des canaux permet des écono- mies d'eau importantes. Faut- il cependant le préconiser sys- tématiquement ? Ce choix technique se traduit par des coûts élevés et compromet la rentabilité de l'aménagement, sans pour autant garantir de meilleurs résultats techniques et économiques. D'une part, l'eau infiltrée dans les canaux n'est pas forcément perdue puisqu'elle peut être restituée à une nappe utilisée par ailleurs par d'autres agricul- teurs. Dans ce cas, le revête- ment des canaux n'implique pas d'économie d'eau. D'autre part, une meilleure efficience hydraulique ne garantit pas l'amélioration des performances agronomiques et économiques. Par exemple, sur les périmètres revêtus de Lata au Niger ou Débé II au Burkina Faso, la productivité de l'eau reste inférieure à 0,3 kg paddy /m3.

SeuIes les pertes par infiltra- tion dans les canaux sont inévitables (à partir du moment où le revêtement est choisi). Par contre, toutes les autres causes de pertes sont liées à la qualité de l'organi- sation de la distribution de l'eau. A l'échelle du péri- mètre, des économies d'eau parfois considérables sont permises par une meilleure gestion de l'irrigation : suivi

%!tes de 0,07 à 0,15 m' par jour et par in- de paroi mouillée en terrain argileux (ce coefficient a été pondéré selon I'éts revêtus

it des canaux). Pertes 12 fois inférieures pour des canaux

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I 1 Toula I Lata I

I 15 i40 26 230

16 170 O00

des volumes pompés et des besoins réels des cultures, sur- veillance des débordements des canaux, relevé des fuites éventuelles du réseau. Une distribution plus rigoureuse de l’eau permet également de diminuer la période de pompa- ge et d’éviter une mise en eau systématique de l’ensemble du périmètre.

La maîtrise de l’eau à la par- celle est enfin un levier essen- tiel pour éviter les pertes et gaspillages dus aux drainages intempestifs, aux apports importants et peu fréquents favorisant les pertes par perco- lation profonde, à un travail du sol et un planage condui- sant à une répartition hétéro- gène de la lame d’eau.

Du fait du risque lié à l’appro- visionnement en eau de la par- celle (manque d’équité, panne des pompes.. .2 , beaucoup d’agriculteurs ont tendance à irriguer autant que possible lorsque l’eau est disponible, sans tenir compte du besoin réel des cultures. C’est un aspect essentiel qu’on retrou- ve dans la plupart des péri- mètres irrigués dans le monde.

VERS UNE PRBFESSOON- NALISATION DES FONC- TIONS HYDRAULIQUES Le diagnostic hydraulique des onze périmètres montre qu’il existe des marges de progrès importantes pour assurer une irri- gation efficiente, productive et durable. Certaines coopératives ont cependant adopté des pra- tiques pour se rapprocher de ces objectifs. Elles reposent sur le recours à un professionnel de l’eau, possédant des compé- tences qui font souvent défaut aux agriculteurs.

Professionnalisation de la ges- tion hydraulique des aména- gements

Différents modes de profession- nalisation de la gestion hydrau- lique ont été expérimentés, depuis la mise en place d’outils de suivi et d’aide à la décision et à la ges- tion par le PSI-CORAF7 au Sénégal et en Mauritanie (JC. Legoupil et al., 2000 et Y. Diallo et al., 2000), jusqu’à la complète délégation de la gestion hydrau- lique à une structure privée testée par le PGI-FED* au Niger. Ces alternatives, encore à un stade expérimental, ne sont pas néces- sairement adaptées aux mêmes types d’aménagements.

Le PSI-CORAF a proposé une

forme d’appui conseil hydrau- lique et agricole sur le périmètre villageois de Nakhlet, Mauritanie. Les suivis effectués ont abouti à un diagnostic global de l’aména- gement. Les résultats ont été res- titués aux producteurs grâce à un système d’information géogra- phique, afin d’améliorer la visua- lisation et la compréhension des problèmes. Cette intervention, portant sur des aspects techniques et organisationnels, s’est traduite par une augmentation des rende- ments de 50%. Ce type d’appui pourrait, à terme, être effectué par une cellule privée de prestation de service.

Une autre option est testée sur le périmètre de Toula, au Niger, dans le cadre du PGI : il s’agit de déléguer totalement la gestion hydraulique à une structure pri- vée indépendante de la coopéra- tive. Dans le cadre de ce projet, le bureau d’étude SENAGRHY, lié contractuellement au PGI, met en place sur le périmètre un Responsable Gestion de l’Eau (RGE). Les fonctions de service de l’eau, d’organisation et de contrôle de la maintenance, de suivi hydraulique et de gestion financière lui sont déléguées. A terme, si l’opération est un suc- cès, le contrat devrait lier direc- tement la coopérative à la struc- ture privée indépendante. La consommation d’électricité est 70 % plus élevée à Lata qu’à Toula, où un responsable de ges- tion de l’eau a été mis en place pour améliorer le respect du tour d’eau et l’entretien de l’aména- gement. Même si d’autres fac- teurs contribuent à expliquer

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’PSI CORAF : Pôle Régional de la Recherche sur les Systèmes Irrigues en Afrique de l’Ouest 8PGI- FED : Programme Grande Irrigation - Fond Européen de Développemenf. Niger

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cette différence, une part impor- tante provient sans doute de la meilleure gestion hydraulique (tub. 7).

A la différence de l’appui conseil hydraulique, qui peut être adapté aux périmètres irrigués villa- geois, la délégation de service de l’eau suivant le modèle de Toula serait plutôt difisable sur des moyens ou grands aménage- ments, du fait des nécessités d’organisation et d’économie d’échelle pour la structure pri- vée.

f‘ rofess ion nativaf ian de penke- tien des bqu-ts depom- Page

En matière d’entretien des moto- pompes, des mécaniciens spécia- lisés peuvent proposer leurs ser- vices. En Mauritanie, ils sont liés aux coopératives par des contrats

pendant la campagne, ils sont reversés au compte de dotation aux amortissements. A terme, un objectif du comité inter-PIV serait d’acquérir une pompe de secours en commun.

Pour l’entretien d’équipements plus sophistiqués, comme les électropompes, les coopératives signent des contrats de mainte- nance avec des prestataires spé- cialisés (électromécaniciens). Dans certains cas, les Offices publics sont les seuls opérateurs disposant des compétences requises. La S A E D ~ O (Sénégai) intervient ainsi dans le cadre de contrats de maintenance comme n’importe quel autre opérateur privé. Un recentrage des Offices sur leurs compétences hydrau- liques peut ainsi permettre de combler une carence actuelle du secteur privé.

immédiate en cas de panne. Certains garages proposent éga- lement le prêt ou la location d’une pompe de secours si la réparation nécessite un arrêt pro- longé de l’équipement.

Au Mali, un comité inter-PIV9 a engagé un spécialiste pour l’en- tretien des dix motopompes des périmètres. Ce mécanicien a éga- lement un rôle de conseil pour l’utilisation des équipements. Par ailleurs, les PIV maliens ont constitué des provisions pour réparation exceptionnelle, afin d’éviter une panne prolongée des pompes en cours de campagne. Si ces fonds ne sont pas utilisés

L‘entretien des réseaux d’irriga- tion peut être un levier intéres- sant pour éviter les pertes par infiltration et améliorer la distri- bution de l’eau. Sur Débé II, où les canaux 1 et II revêtus ont des besoins d’entretien courant moindres que des canaux en terre, la maintenance est collective et semble relativement satisfaisante. Cependant, sur de nombreux amé- nagements, le recours aux travaux collectifs pose le problème du manque de mobilisation des usa- gers et de la mauvaise qualité de l’entretien (surcreusement des canaux, apparition de contre pentes ...).

Les coopératives ont donc cher- ché d’autres alternatives, comme la rémunération des travaux col- lectifs. A l’Office du Niger, les travaux d’entretien sont collectifs mais si des problèmes de mobili- sation des irrigants apparaissent, la coopérative fait appel à un prestataire. Le montant facturé est inclus dans la redevance sui- vante. Des solutions techniques sont initiées, par exemple à Nakhlet où la coopérative procè- de à un désherbage chimique des canaux en utilisant un herbicide total en début de campagne. Cette pratique s’est révélée efficace sur le contrôle des mauvaises herbes, peu intensive en main d’œuvre et sans conséquences sur les caracté- ristiques hydrauliques du réseau.

Au Sénégal, le PSI-CORAF a testé un contrôle de qualité des travaux d’entretien par un opérateur privé. Une petite unité topographique indépendante a ainsi participé au diagnostic d’entretien et au contrô- le de la qualité des travaux. Ce type de contrôle peut également être effectué par la coopérative, à condition d’acquérir le matériel et les Compétences nécessaires.

Pour les gros travaux d’entretien, certaines coopératives procèdent par appel d’ofie et passent des contrats avec des prestataires pri- vés. On note la pratique intéres- sante de la SAED, qui appuie les coopératives au diagnostic d’en- tretien, joue un rôle d’interface entre la coopérative et le prestatai- re privé, met en concurrence les prestataires et aide la coopérative à la rédaction de l’appel d’offre. A Toula, au Niger, le Responsable

~ P I V : périmétre irrigué viiiageois “SAED : Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé

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de la Gestion de l’Eau joue le même rôle.

CONCLUSION Après un transfert rapide et sou- vent brutal de la gestion des amé- nagements irrigués aux usagers, les agriculteurs ont dû prendre en charge des fonctions hydrauliques parfois complexes et pour les- quelles ils n’avaient pas les com- pétences requises. De nombreux périmètres ou portions de péri- mètres ont ainsi été abandonnés du fait d’un déficit de maintenance ou d’une distribution défectueuse de l’eau.

Le diagnostic effectué sur onze périmètres d’Afrique sahélienne donne une image plus positive des performances hydrauliques des périmètres. En premier lieu, toutes les coopératives étudiées provi- sionnent pour le renouvellement de leur équipement de pompage. Cette prise en charge témoigne de la capacité d’autogestion des irri- gants et garantit une certaine dura- bilité du système. D’autre part, certaines coopératives ont su adopter une gestion permettant d’assurer l’équité de distribution de l’eau et de sécuriser la couver- ture des besoins en eau des cul- tures. La productivité de l’eau d’irrigation, quoi qu’inférieure à certaines préconisations, est satis- faisante au regard de perfor- mances obtenues dans d’autres régions du monde. Enfin, si un déficit de maintenance a été obser- vé dans le passé, les irrigants pren- nent actuellement conscience de la nécessité d’un entretien correct des aménagements.

vaient être obtenus en séparant la fonction hydraulique des autres fonctions du périmètre, afin de la confier à des professionnels indé- pendants. Cette organisation per- met aux agriculteurs de déléguer, au moins partiellement, un domai- ne qu’ils ne maîtrisent pas tou- jours, pour se recentrer sur leurs activités agricoles.

Isoler la fonction hydraulique ne signifie cependant pas l’envisager indépendamment de toute autre activité du périmètre. Les aspects agronomiques et d’avantage enco- re les aspects financiers et organi- sationnels restent indissociables de l’irrigation. En particulier, la gestion financière de l’irrigation se révèle complexe : recouvre- ment de la redevance hydraulique, trésorerie nécessaire à la mise en eau du périmètre dans les délais, provisions pour les événements exceptionnels (pannes des pompes, inondations.. .) ou encore dépôts à termes pour le renouvel- lement des équipements de pom- page. L’appui comptable, le conseil pour la prévision des charges d’exploitation, le contrôle indépendant des comptes, le recouvrement de la redevance par une autorité morale extérieure.. , sont autant de services que peu- vent proposer des professionnels financiers

Certains projets ont montré que des résultats intéressants pou-

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