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Proposition de séquence pour mettre en œuvre l’enseignement du fait nucléaire en enseignement de spécialité « Histoire, géographie, géopolitique, sciences politiques » - classe de terminale Yves-Mary VERHOEVE, collège Maco Tevane Jalon : Affirmer sa puissance à partir des mers et des océans, la dissuasion nucléaire et les forces de projection maritimes Quelles sont les composantes de la dissuasion nucléaire française et comment garantit-elle les intérêts de la puissance française dans le monde ? SNA : Sous marin nucléaire d’attaque SNLE : Sous-marin nucléaire lanceur d’engins Capacité de projection : ensemble des moyens qui permettent d’acheminer avec efficience une force militaire loin de son lieu de stationnement. Page 1 sur 13 Document 2 : Les moyens d’action concourant à la dissuasion nucléaire française Document 1 : La dissuasion nucléaire française : définition, conception et moyens La dissuasion nucléaire demeure la clé de voûte de notre stratégie de défense. Elle protège la France contre toute agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. Elle préserve en toute circonstance notre liberté d’action et de décision, en écartant toute menace de chantage d’origine étatique qui viserait à nous paralyser. Notre dissuasion est strictement défensive. L’emploi de l’arme nucléaire ne serait concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense, droit consacré par la Charte des Nations Unies. À ce titre, la dissuasion est la garantie ultime de la sécurité, de la protection et de l’indépendance de la Nation. Elle contribue, par son existence, à la sécurité de l’Alliance atlantique et à celle de l’Europe […]. La dissuasion nucléaire continuera de se fonder sur la posture permanente des deux composantes océanique et aéroportée, indissociables et complémentaires. Toutes deux concourent à l’ensemble des missions de la dissuasion. Leurs performances, leur

Vice-rectorat de Polynésie française · Web viewElles étaient mises en œuvre par le Super-Étendard. L’ensemble est opérationnel en 1978. En 1989, les AN52 sont remplacées

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Jalon : Affirmer sa puissance à partir des mers et des océans, la dissuasion nucléaire et les forces de projection maritimes

Quelles sont les composantes de la dissuasion nucléaire française et comment garantit-elle les intérêts de la puissance française dans le monde ?

SNA : Sous marin nucléaire d’attaque

SNLE : Sous-marin nucléaire lanceur d’engins

Capacité de projection : ensemble des moyens qui permettent d’acheminer avec efficience une force militaire loin de son lieu de stationnement.

(Document 1 : La dissuasion nucléaire française : définition, conception et moyensLa dissuasion nucléaire demeure la clé de voûte de notre stratégie de défense. Elle protège la France contre toute agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. Elle préserve en toute circonstance notre liberté d’action et de décision, en écartant toute menace de chantage d’origine étatique qui viserait à nous paralyser. Notre dissuasion est strictement défensive. L’emploi de l’arme nucléaire ne serait concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense, droit consacré par la Charte des Nations Unies. À ce titre, la dissuasion est la garantie ultime de la sécurité, de la protection et de l’indépendance de la Nation. Elle contribue, par son existence, à la sécurité de l’Alliance atlantique et à celle de l’Europe […].La dissuasion nucléaire continuera de se fonder sur la posture permanente des deux composantes océanique et aéroportée, indissociables et complémentaires. Toutes deux concourent à l’ensemble des missions de la dissuasion. Leurs performances, leur adaptabilité et leurs caractéristiques permettent le maintien d’un outil crédible à long terme, tout en restant à un niveau de stricte suffisance. En outre, les capacités de simulation dont la France s’est dotée après l’arrêt de ses essais nucléaires assurent la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires.La nécessaire adaptation de nos capacités de dissuasion doit se poursuivre, pour répondre aux transformations du contexte stratégique, à l’évolution des menaces et aux changements dans le domaine de la défense aérienne, de la défense antimissiles ou de la détection sous-marine. Elle suppose le renouvellement des deux composantes et le soutien à la pérennisation de nos têtes nucléaires.Source : D’après le Ministère français des Armées : Revue Stratégique de défense et de Sécurité nationale 2017, p. 72.)

(Document 2 : Les moyens d’action concourant à la dissuasion nucléaire françaiseSource : CESM, revue Études marines, oct. 2016, p. 48.)

Document 3 : Le Suffren : le nouveau SNA français lancé en juillet 2020, un levier de projection et de puissanceLancé en juillet 2019 à Cherbourg, le SNA Suffren est le premier d’une série de six nouveaux SNA. Suffren est donc le nom du premier bâtiment de la série et de la classe de sous-marins. Plus gros, au spectre de capacités accru, plus discrets et mieux armés, les Suffren sont appelés progressivement à remplacer les SNA de classe Rubis. Long de 99 m, contre 73 m pour le Rubis (+ 26 %), le Suffren déplace en plongée 5 300 tonnes (Rubis : 2 600 t, soit plus du double), atteint des vitesses supérieures à 25 nœuds (46 km/h), est dix fois plus silencieux que le Rubis et embarque 63 marins. Il peut rester en opération à la mer de 70 à 90 jours (Rubis : 45 à 60 jours). Il est armé de torpilles F21, de missiles antinavires SMM 39, de missiles de croisière navals (MdCN) et de mines. Selon les données disponibles, il peut rester en plongée à plus de 300 m de profondeur. Les missions du SNA consistent à protéger les bâtiments stratégiques comme les porte-avions et les SNLE, à traquer les sous-marins ennemis, à recueillir du renseignement, à tirer des missiles de croisière mer/terre d’une portée de 1 000 km et à déployer des forces spéciales. Ces six exemplaires, d’un coût total de plus de neuf milliards d’euros, vont commencer à être livrés en 2029 et resteront en service jusqu’en 2060. Aujourd’hui, seuls les États-Unis, la Russie, la Chine et la France savent produire des SNA dotés de missiles de croisière.Source :http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleairesLe SNA Suffren au large de Toulon, juillet 2020.

Document 4 : Les SNLE : plus de 80 % de la puissance nucléaire stratégique françaiseLes quatre SNLE français – Le Triomphant, Le Téméraire, Le Vigilant et Le Terrible – ont pour port d’attache la Base opérationnelle de l’Île Longue sur la presqu’île de Crozon alors que l’escadrille de soutien (ESNLE) est quant à elle située à Brest. Depuis novembre 1972, au moins un SNLE est en patrouille pour assurer la permanence à la mer de la dissuasion nucléaire. Ces sous-marins ont une longueur de 138 m, une largeur de 12,5 m et un poids de 14 200 tonnes en plongée. Propulsés par un réacteur nucléaire et un groupe turbo-réducteur (pièce destinée à réduire la vitesse du moteur) de 30,5 MW, ils peuvent atteindre une vitesse supérieure à 20 nœuds en plongée et une profondeur d’immersion de plus de –300 m. Ils sont servis par deux équipages de 111 marins et disposent de plus de 70 jours d’autonomie. Leur armement est composé de 16 missiles stratégiques nucléaires M-51, de 4 tubes lance-torpilles pour torpilles lourdes et de missiles antinavire. Dans l’avenir, un nouveau programme de SNLE de 3e génération sera lancé. Aujourd’hui, la Force océanique stratégique (FOST) met en œuvre plus de 80 % de la puissance nucléaire du pays, contre 20 % à la composante aérienne, dans le cadre de deux composantes complémentaires répondant à des usages différents.

Source :http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleaires

Document 5: Les SNLE : un outil géostratégique fondamentalement politique

Comme les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins demeurent l’apanage d’un club très restreint de puissances de rang mondial. Seulement cinq marines sont en mesure de maintenir en permanence des SNLE en alerte opérationnelle : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.

Les SNLE sont un système d’armes très complexe dont la seule vocation est de déclencher le feu nucléaire stratégique. Cette arme de dissuasion est à la main exclusive du pouvoir politique. Dans ce cadre, la zone de patrouille et l’itinéraire du SNLE d’un côté, le choix des cibles de l’autre relèvent du secret-défense le plus absolu. La question de la transmission de l’ordre de déclenchement des frappes nucléaires aux SNLE en patrouille dans l’immensité océanique pose de redoutables problèmes de sécurité. Chaque État s’est donc doté de centres de transmission qui jouent un rôle crucial.

Quelle que soit leur nationalité, les sous-marins – tout particulièrement les SNLE – doivent être joignables en permanence par les plus hautes autorités politiques et militaires. En patrouille, le SNLE reçoit régulièrement de multiples informations cryptées (météo, état de l’océan, mouvements prévisibles des navires de surface, situation géopolitique, petits messages familiaux pour l’équipage…) de son amirauté. Ceci exige le déploiement à terre d’un dispositif de transmission robuste et adapté. Si un SNLE reçoit des ordres, il n’émet pas – sauf extrême urgence – afin de rester indétectable. L’écoute des émissions radio ne peut donc permettre de le localiser.

Pour joindre les sous-marins, les États se sont dotés de centres de transmission qui déploient des antennes géantes portées par d’immenses pylônes et reliées à des émetteurs de très basses fréquences (VLF). Ils utilisent pour communiquer des ondes radio-électriques qui ont pour caractéristique de se propager à très grandes distances et surtout de pouvoir pénétrer dans l’eau. Le sous-marin peut donc recevoir ses ordres, même en plongée. Ces installations névralgiques sont donc hautement protégées et souvent doublées ou triplées par mesure de sécurité. En France, la Force océanique stratégique (FOST) dispose ainsi de quatre centres de transmission (CTM), qui sont implantés à Rosnay (36), Saint-Assise (77), Kerlouan (29) et La Régine (11) ». Leur mission est de relayer les ordres gouvernementaux et les messages du commandant de la FOST, qui sont cryptés, vers les sous-marins nucléaires français en opération. Dans le monde, les États-Unis déploient ainsi tout un réseau de CTM, sur leurs territoires (Arlington dans l’État de Virginie en lien avec la base de Bangor/Seattle, Hawaï…) ou chez leurs alliés (Exmouth dans le Nord-Ouest de l’Australie…).

Source : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleaires

Document 6 : Le Charles-de-Gaulle : la voix de la dissuasion depuis la mer

Le porte-avions Charles-de-Gaulle est une des composantes de la stratégie de dissuasion nucléaire française. Le bâtiment amiral de la flotte française vient ainsi consolider une manœuvre de dissuasion qui mobilise la force océanique stratégique (Fost) et les forces aériennes stratégiques (FAS). Unique en Europe, l’aéronavale française sur le porte-avions forme un vecteur de dissuasion projetable et versatile. Telle est l’impression qui ressort d’une visite à bord du Charles-de-Gaulle durant un « exercice de montée en puissance nucléaire » conduit en novembre 2014 au large de Toulon. Assister à un tel exercice est l’occasion unique d’observer l’apport de la force aéronavale nucléaire à la stratégie française de dissuasion.[…]

Le Charles-de-Gaulle est le seul bâtiment de surface en Europe, et plus largement de l’Otan, à embarquer des armes nucléaires. Les Britanniques ont abandonné cette option en 1998 en opérant le retrait de leurs bombes WE177. Développées conjointement avec les États-Unis, ces armes auraient été délivrées par des Harrier depuis les porte-aéronefs HMS Invincible. L’US Navy a retiré ses armes nucléaires embarquées dès 1992, comme signe d’apaisement post-guerre froide. Il est vrai que la triade nucléaire américaine (missiles sol-sol, sous-marins, bombardiers) autorise l’arrêt de cette sujétion imposée à la Navy, sans pour autant fragiliser la posture stratégique de Washington. Depuis le Charles-de-Gaulle à la mer, la Fanu (force aéronavale nucléaire) se présente comme un système autonome combinant une force aérienne cohérente, le groupe aéronaval centré sur le porte-avions et les navires de son escorte. Mettant en œuvre une flottille de Rafale, la Fanu porte également le message de la pertinence de la composante aérienne dans la stratégie de dissuasion.

L’amiral Coindreau précise que « les atouts du porte-avions résident dans la liberté d’évolution en mer, une vitesse de transit élevée, soit 1 000 km par jour et l’aptitude à durer que lui confère sa propulsion nucléaire. Le porte-avions apporte aussi sa capacité de dilution dans les espaces maritimes. Masqué par l’horizon, il ne peut être détecté par les radars à terre. Il nous donne une capacité militaire autonome et souveraine, avec en plus l’allonge et l’effet de surprise ». Vecteur de la force aéronavale nucléaire, le Charles-de-Gaulle, unique porte-avions de la Marine, s’intègre à la composante aéroportée de la dissuasion. En mer, il assume cette posture aux côtés des FAS de l’Armée de l’air qui opèrent depuis l’Hexagone. Les 300 charges nucléaires de la France équipent une composante aérienne, et une autre, des engins intercontinentaux M51 sur SNLE.

La crédibilité de la dissuasion repose sur un très haut niveau technologique. Deux composantes : cela permet de délivrer un message de dissuasion qui occupe tous les espaces stratégiques, notamment celui entre l’inaction et la frappe massive, celle attribuée au SNLE. Face à l’incertitude du monde, la composante aérienne sera privilégiée pour la modularité de ses effets, une capacité d’avertissement, et la conduite de manœuvres démonstratives. Elle donne la possibilité de rappel en vol des appareils. Par sa souplesse stratégique, l’aviation nucléaire étend donc le champ d’action de la dissuasion en direction des incertitudes du monde, avec comme objectif premier la paix, incitant au dialogue et à la négociation.

Pour sa part, la France a fait le choix de moderniser sa force nucléaire sur porte-avions. Selon les propres termes de l’amiral Coindreau, « le porte-avions est un outil militaire puissant dans trois domaines : la maîtrise des espaces maritimes, la projection de puissance, l’appui d’une opération à terre ». Le CDG ajoute une signification politique : s’intégrer au concept français de dissuasion en exploitant son caractère dual, ce que renforcent les capacités multi-rôles du Rafale. L’aptitude de l’ensemble à délivrer le feu nucléaire depuis la mer est devenue un égalisateur de puissance pour une marine qui se situe au 7e rang mondial. La Fanu remonte à 1974, lorsqu’il est décidé de modifier le Clemenceau et le Foch pour l’embarquement d’armes nucléaires, à l’époque des AN52. Ces armes sont identiques à celles de la force aérienne tactique. Elles étaient mises en œuvre par le Super-Étendard. L’ensemble est opérationnel en 1978. En 1989, les AN52 sont remplacées par le missile air-sol moyenne portée (ASMP). Tiré à distance de sécurité, précis, il donne une nouvelle crédibilité à la Fanu. En 2010, la Marine perçoit le missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A) pour ses Rafale Marine, l’allonge donnée par les nouveaux vecteurs profitant de la propulsion nucléaire du porte-avions. Dès lors, la dernière flottille de Super-Étendard se consacre aux missions classiques. Désormais, la Fanu s’aligne sur les FAS à la suite de l’arrivée du Rafale et de son arme stratégique, l’ASMP-A. Les versions Air et Marine du Rafale sont identiques, incluant l’armement et le soutien. Les Rafale M sont monoplaces, les FAS ayant préféré des biplaces. Le Rafale Marine dispose aussi d’une crosse d’appontage et d’un train renforcé pour les catapultages et les appontages.

Source : Wodka-Gallien, Philippe. « Le Charles-de-Gaulle : la voix de la dissuasion depuis la mer », Revue Défense Nationale, vol. 782, no. 7, 2015, pp. 51-55.

15 avril 2019 : le porte-avions Charles de Gaulle croise en mer rouge pour gagner l’océan Indien au cours de la « mission Clémenceau »

Document 7 : La révolution des missiles nucléaires stratégiques vue de France

Source : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleaires

Document 8 : Un seul océan mondial, neuf bases pour les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins

Proposition de séquence pour mettre en œuvre l’enseignement du fait nucléaire en enseignement de spécialité « Histoire, géographie, géopolitique, sciences politiques » - classe de terminale

Yves-Mary VERHOEVE, collège Maco Tevane

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Consigne : A l’aide des documents complète le tableau suivant, puis propose une réponse organisée à la problématique du dossier (Quelles sont les composantes de la dissuasion nucléaire française et comment garantit-elle les intérêts de la puissance française dans le monde ?)

La dissuasion nucléaire Française

Des acteurs

Des bâtiments

Des missions

Des moyens

Des lieux

Doc 1

Doc 2

Doc 3

Doc 4

Doc 5

Doc 6

Doc 7

Doc 8