12
1 INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L'INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE CHES LES ENFANTS ACTUALITÉS ................ 7 PLANS D'URGENCE ENVIRONNEMENTALE SAUMON SAUVAGE, SAUMON D'ÉLEVAGE : LA CONTROVERSE GÉNÉTIQUE ET MALADIES ENVIRONNEMENTALES CONVENTION DE ROTTERDAM PUBLICATIONS ............. 9 ÉVÉNEMENTS À VENIR ... 12 L’INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I) , Suzanne Brisson I) , Monique Beausoleil I) Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost de la Direction de santé publique de la Montérégie pour nous avoir fourni les données du fichier du coroner concernant les décès par intoxication au monoxyde de carbone au Québec. Mise en contexte Le monoxyde de carbone (CO) est l’agent chimique le plus souvent impli- qué dans les intoxications aiguës acci- dentelles déclarées à la Direction de santé publique de Montréal 1 . Le CO, gaz incolore, inodore, non irritant et toxique, se lie préférentiellement à l’hémoglobine pour former la carboxy- hémoglobine (HbCO), diminuant ainsi la capacité du sang à transporter l’oxy- gène. Cet effet est augmenté par le déplacement de la courbe de dissocia- tion de l’hémoglobine, diminuant la disponibilité de l’oxygène pour les tis- sus. En plus de sa réaction avec l’hémo- globine, le CO se combine à la myoglo- bine des cellules musculaires cardiaques et squelettiques ainsi qu’aux cytochro- mes et aux métalloenzymes tels que le cytochrome c oxydase et le cytochrome P-450. D’autres effets à la santé pour- raient également être présents tels que les arythmies et l’ischémie cardiaque ainsi que les lésions de reperfusion cérébrale. La toxicologie du CO est donc relativement complexe et le pro- cessus d’intoxication ne relèverait pas uniquement d’un simple phénomène d’hypoxie cellulaire. Les principaux signes et symptômes d’une intoxication au CO générale- ment rencontrés chez l’adulte com- prennent des maux de tête, des étour- dissements, des nausées, des vomisse- ments, de la faiblesse, de la fatigue, de la confusion, une dyspnée, des change- ments dans la vision et, moins fré- quemment, une douleur thoracique, une perte de conscience et des convul- I) Direction de santé publique de Montréal, 1301, rue Sherbrooke Est, Montréal (Qc) H2L 1M3. Tél.: (514) 528-2400, poste 3293. Courriel: [email protected] L’INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I) , Suzanne Brisson I) , Monique Beausoleil I) Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost de la Direction de santé publique de la Montérégie pour nous avoir fourni les données du fichier du coroner concernant les décès par intoxication au monoxyde de carbone au Québec. Mise en contexte Le monoxyde de carbone (CO) est l’agent chimique le plus souvent impli- qué dans les intoxications aiguës acci- dentelles déclarées à la Direction de santé publique de Montréal 1 . Le CO, gaz incolore, inodore, non irritant et toxique, se lie préférentiellement à l’hémoglobine pour former la carboxy- hémoglobine (HbCO), diminuant ainsi la capacité du sang à transporter l’oxy- gène. Cet effet est augmenté par le déplacement de la courbe de dissocia- tion de l’hémoglobine, diminuant la disponibilité de l’oxygène pour les tis- sus. En plus de sa réaction avec l’hémo- globine, le CO se combine à la myoglo- bine des cellules musculaires cardiaques et squelettiques ainsi qu’aux cytochro- mes et aux métalloenzymes tels que le cytochrome c oxydase et le cytochrome P-450. D’autres effets à la santé pour- raient également être présents tels que les arythmies et l’ischémie cardiaque ainsi que les lésions de reperfusion cérébrale. La toxicologie du CO est donc relativement complexe et le pro- cessus d’intoxication ne relèverait pas uniquement d’un simple phénomène d’hypoxie cellulaire. Les principaux signes et symptômes d’une intoxication au CO générale- ment rencontrés chez l’adulte com- prennent des maux de tête, des étour- dissements, des nausées, des vomisse- ments, de la faiblesse, de la fatigue, de la confusion, une dyspnée, des change- ments dans la vision et, moins fré- quemment, une douleur thoracique, une perte de conscience et des convul- I) Direction de santé publique de Montréal, 1301, rue Sherbrooke Est, Montréal (Qc) H2L 1M3. Tél.: (514) 528-2400, poste 3293. Courriel: [email protected]

VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

1

INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004

L'INTOXICATION AU

MONOXYDE DE CARBONE

CHES LES ENFANTS

ACTUALITÉS ................ 7

PLANS D'URGENCE

ENVIRONNEMENTALE

SAUMON SAUVAGE, SAUMON

D'ÉLEVAGE : LA CONTROVERSE

GÉNÉTIQUE ET MALADIES

ENVIRONNEMENTALES

CONVENTION DE ROTTERDAM

PUBLICATIONS ............. 9

ÉVÉNEMENTS À VENIR ... 12

L’INTOXICATION AU MONOXYDE

DE CARBONE CHEZ LES ENFANTSCristin Muecke

I)

, Suzanne BrissonI)

, Monique BeausoleilI)

Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévostde la Direction de santé publique de laMontérégie pour nous avoir fourni les donnéesdu fichier du coroner concernant les décès parintoxication au monoxyde de carbone auQuébec.

Mise en contexte

Le monoxyde de carbone (CO) estl’agent chimique le plus souvent impli-qué dans les intoxications aiguës acci-dentelles déclarées à la Direction desanté publique de Montréal1. Le CO,gaz incolore, inodore, non irritant ettoxique, se lie préférentiellement àl’hémoglobine pour former la carboxy-hémoglobine (HbCO), diminuant ainsila capacité du sang à transporter l’oxy-gène. Cet effet est augmenté par ledéplacement de la courbe de dissocia-tion de l’hémoglobine, diminuant ladisponibilité de l’oxygène pour les tis-sus. En plus de sa réaction avec l’hémo-globine, le CO se combine à la myoglo-bine des cellules musculaires cardiaqueset squelettiques ainsi qu’aux cytochro-

mes et aux métalloenzymes tels que lecytochrome c oxydase et le cytochromeP-450. D’autres effets à la santé pour-raient également être présents tels queles arythmies et l’ischémie cardiaqueainsi que les lésions de reperfusioncérébrale. La toxicologie du CO estdonc relativement complexe et le pro-cessus d’intoxication ne relèverait pasuniquement d’un simple phénomèned’hypoxie cellulaire.

Les principaux signes et symptômesd’une intoxication au CO générale-ment rencontrés chez l’adulte com-prennent des maux de tête, des étour-dissements, des nausées, des vomisse-ments, de la faiblesse, de la fatigue, dela confusion, une dyspnée, des change-ments dans la vision et, moins fré-quemment, une douleur thoracique,une perte de conscience et des convul-

I) Direction de santé publique de Montréal,1301, rue Sherbrooke Est, Montréal (Qc)H2L 1M3. Tél.: (514) 528-2400, poste 3293.Courriel: [email protected]

L’INTOXICATION AU MONOXYDE

DE CARBONE CHEZ LES ENFANTSCristin Muecke

I)

, Suzanne BrissonI)

, Monique BeausoleilI)

Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévostde la Direction de santé publique de laMontérégie pour nous avoir fourni les donnéesdu fichier du coroner concernant les décès parintoxication au monoxyde de carbone auQuébec.

Mise en contexte

Le monoxyde de carbone (CO) estl’agent chimique le plus souvent impli-qué dans les intoxications aiguës acci-dentelles déclarées à la Direction desanté publique de Montréal1. Le CO,gaz incolore, inodore, non irritant ettoxique, se lie préférentiellement àl’hémoglobine pour former la carboxy-hémoglobine (HbCO), diminuant ainsila capacité du sang à transporter l’oxy-gène. Cet effet est augmenté par ledéplacement de la courbe de dissocia-tion de l’hémoglobine, diminuant ladisponibilité de l’oxygène pour les tis-sus. En plus de sa réaction avec l’hémo-globine, le CO se combine à la myoglo-bine des cellules musculaires cardiaqueset squelettiques ainsi qu’aux cytochro-

mes et aux métalloenzymes tels que lecytochrome c oxydase et le cytochromeP-450. D’autres effets à la santé pour-raient également être présents tels queles arythmies et l’ischémie cardiaqueainsi que les lésions de reperfusioncérébrale. La toxicologie du CO estdonc relativement complexe et le pro-cessus d’intoxication ne relèverait pasuniquement d’un simple phénomèned’hypoxie cellulaire.

Les principaux signes et symptômesd’une intoxication au CO générale-ment rencontrés chez l’adulte com-prennent des maux de tête, des étour-dissements, des nausées, des vomisse-ments, de la faiblesse, de la fatigue, dela confusion, une dyspnée, des change-ments dans la vision et, moins fré-quemment, une douleur thoracique,une perte de conscience et des convul-

I) Direction de santé publique de Montréal,1301, rue Sherbrooke Est, Montréal (Qc)H2L 1M3. Tél.: (514) 528-2400, poste 3293.Courriel: [email protected]

Page 2: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 2

sions2. Étant donné la nature nonspécifique des symptômes, un hautniveau de suspicion est donc essen-tiel pour diagnostiquer ce type d’in-toxication. L’intoxication au COpeut être confondue avec un étatgrippal, une intoxication alimen-taire, une migraine ou des problè-mes psychiatriques.

Par ailleurs, il existe peu de donnéesdans la littérature scientifique con-cernant l’intoxication pédiatriqueau CO, même si les enfants en sontsouvent victimes. Or, quelques arti-cles scientifiques rapportent desdifférences importantes entre leportrait des intoxications chez lesenfants et celui survenant chez lesadultes. Nous présentons ici un casd’intoxication relié à un système dechauffage au gaz naturel survenudans une famille montréalaise, unexemple qui soulève certaines inter-rogations en lien avec l’intoxica-tion des enfants au CO.

Cas récent d’intoxications aumonoxyde de carbone

Le 19 octobre 2003, le Centre d’ur-gence 911 reçoit un appel d’unerésidence de Montréal à 2h 7 dumatin. Le propriétaire de la maison,qui ne se sentait pas bien depuisquelques jours, s’est éveillé cettenuit-là avec un sévère mal de tête.Son état s’est rapidement détério-ré par la suite : nausées, vomisse-ments, incontinence fécale, faibles-se généralisée et possible perte deconscience. En tenant compte dece portrait et du fait que d’autresmembres de cette famille de quatrepersonnes éprouvent des symp-

tômes similaires, le préposé du 911suspecte une exposition environne-mentale toxique, et dépêche ambu-lanciers et pompiers sur les lieux. Àleur arrivée, les pompiers mesurent150 ppm de CO sur le perron exté-rieur de la maison après ouverturede la porte avant et 900 ppm audeuxième étage, là où sont situéesles chambres à coucher. Les pom-piers procèdent donc immédiate-ment à l’évacuation des occupantset ventilent la résidence. En l’absen-ce d’une intervention rapide, unetelle exposition aurait pu entraînerdes décès si l’on considère qu’uneexposition à 1 000 ppm de COdurant cinq heures correspond àune HbCO d’environ 60 %3.

Deux jours plus tôt, le père étaitresté à la maison toute la journéecar il présentait des symptômes auniveau des voies respiratoires supé-

rieures. De plus, il se sentait étourdiet il avait de la difficulté à se lever.L’enfant de 5 ans était à l’école,tandis que la mère et le bébé de 4mois avaient passé une bonne partiede la journée à l’extérieur de lamaison.Cependant, durant la soi-rée, tous les membres de la familleressentaient des symptômes s'appa-rentant au rhume. Le lendemain,les parents et l’enfant ont éprouvédifférents symptômes, incluant desnausées, de la fatigue, des maux detête et des étourdissements, alorsqu'aucun problème de santé parti-culier n’a été constaté chez le bébé.Au cours de la journée, tous lesmembres de la famille ont passé uncertain temps à l’extérieur de lamaison, et le père a consulté enclinique où une bronchite a étédiagnostiquée. Au coucher, touséprouvaient des malaises impor-tants, à l’exception du bébé. Ils ont

Tableau 1. Symptômes des membres de la famille au cours destrois jours

Vendredii Samediii Dimanche matin Père

• Symptômes grippaux, étourdissements, difficulté à se lever.

• Maux de tête, nausées, étourdissements, bronchite diagnostiquée.

• Maux de tête, vomissements, faiblesse généralisée, possible perte de conscience.

Mère • Symptômes grippaux durant la soirée seulement.

• Maux de tête et nausées durant la journée, malaises et grande fatigue au coucher.

• Maux de tête, étourdissements et nausées.

Enfant (5 ans)

• Symptômes grippaux durant la soirée seulement.

• Se sent bien durant la journée, mais malaises au coucher.

• Aucune information disponible concernant ses symptômesiii .

Bébé (4 mois)

• Aucun symptôme. • Aucun symptôme. • Aucun symptôme selon l’ambulancier; semble en bonne forme, alerte et souriant selon le médecin de l’urgence.

i Le père est demeuré à la maison toute la journée alors que les autres membres de la famille étaient à l’extérieur

jusqu’à 18h00.ii Tous les membres de la famille ont passé une partie de la journée à l’extérieur de la maison.iii Les renseignements médicaux obtenus au sujet de l’enfant de 5 ans étaient incomplets.

Page 3: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

3 VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE

été réveillés dans la nuit par le pèredont l’état de santé s’aggravait. Àl’arrivée des ambulanciers, le pèreprésentait des symptômes plus sévè-res que ceux des autres membresde la famille, alors que le bébésemblait toujours en bonne forme.Le tableau 1 résume les symptômesdes différents membres de la familleau cours de ces trois journées.

Durant le transport ambulancier eten milieu hospitalier, les membresde la famille ont été traités avec del’oxygène à 100 % à des périodesde temps variables (voir la figure 1).Ainsi, le père a reçu de l’oxygènependant deux heures, avant qu’unemesure subséquente n’indique uneHbCO de 14 %. En raison de lagravité de ses symptômes, il aensuite été transféré à l’Hôpital duSacré-Cœur de Montréal pour untraitement d’oxygénothérapiehyperbarea. La mère a été trans-portée dans un centre hospitalierpédiatrique avec ses enfants où on anoté qu’elle était alerte, mais sesentait étourdie et nauséeuse. Ellea reçu de l’oxygène à 100 %, maisil est difficile d’établir la durée del’oxygénothérapie avant la premiè-re mesure de HbCO de 20 % effec-tuée une heure et 45 minutes aprèsl’alerte initiale. Une oxygénothé-rapie supplémentaire d’une heurea permis à sa HbCO de diminuer à9 %.

Il y a peu de renseignements concer-nant l’enfant de 5 ans, mais on saitque sa HbCO mesurée une heure et

demie après l’alerte initiale était de9 % et qu’elle a diminué à moins de2 % après une heure d’oxygénothé-rapie à 100 %. Quant au bébé de 4mois, selon les dires de sa mèreainsi que d'après l’information con-tenue dans son dossier médical, ilétait apparemment bien portanttout au long de l’événement et ilétait alerte et souriant. Sa HbCO,qui était de 8 % une heure et demieaprès l’événement, est revenue à lanormale (moins de 2 %) après unpeu plus d’une heure d’oxygéno-thérapie à 100 %.

La cause de l’accumulation de COdans la résidence de cette famille aété identifiée après enquête. Auprintemps 2003, la cheminée s’étaiteffondrée et les propriétaires enavaient fait fermer la sortie afin

d’empêcher les infiltrations d’eau.Ils croyaient alors qu’elle ne desser-vait qu’un ancien poêle à bois enlevédepuis plusieurs années. Or, elleservait également à l’évacuation desgaz de combustion du système dechauffage au gaz naturel. À partirdu 17 octobre, la température exté-rieure s’étant rafraîchie significati-vement, les occupants ont mis enmarche le système de chauffage dela résidence. Sans que ceux-ci ensoient conscients, les gaz de com-bustion, ne pouvant plus être éva-cués à l’extérieur, se sont alorsaccumulés dans la maison. La tem-pérature a chuté encore davantagedurant la nuit du 18 au 19 octobre,expliquant l’augmentation des con-centrations de CO à des valeursaussi élevées que 900 ppm audeuxième étage de la résidence.

a Le principe du traitement hyperbare consiste àadministrer 100 % d’oxygène au patient installé dansun caisson métallique pressurisé jusqu’à 3atmosphères et vise à faciliter l’élimination rapide duCO sanguin et tissulaire.

2h00 3h00 4h00 5h00

Père

Mère

Enfant

Bébé

HbCO=14%

HbCO=20,2% HbCO=9,2%

HbCO=9% HbCO=1,8%

HbCO=7,6% HbCO=1,1%

Appel au 911

911

911

911

Légende

Arrivée de l’ambulance

Oxygénothérapie

Oxygénothérapie possible911:

Transfert pour traitement en chambre hyperbare

911 Amb

Amb

Amb

Amb

Amb:

Figure 1. Évolution du traitement des membres de la famille

Page 4: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 4

Relation entre les niveaux deHbCO et les symptômes

Les niveaux de HbCO habituelle-ment rencontrés dans la populationgénérale se situent entre 1 et 3 %chez les non-fumeurs, et jusqu’à10 % chez les fumeurs. Des niveauxaussi élevés que 15 % ont déjà étérapportés chez de grands fumeurs2,4.

Bien que les niveaux de HbCOsoient généralement corrélés à lasymptomatologie rapportée, laHbCO est, dans certains cas, unindicateur imparfait de la sévéritéde l’intoxication. Plusieurs facteurspeuvent influencer le niveau deHbCO mesuré, dont la durée et leniveau d’exposition au CO, l’admi-nistration d’oxygène ainsi que ledélai entre l’arrêt de l’expositionet la prise de sang. Le diagnostic etle traitement doivent aussi reposersur les données d’exposition, lescirconstances de la maladie, l’histoi-re médicale et l’examen physique.Il faut donc retenir qu’un taux deHbCO élevé confirmera l’intoxi-cation mais qu’un taux normal deHbCO n’exclura pas nécessaire-ment le diagnostic d’intoxicationfranche et ne devra pas servir deseule base pour le choix d’un trai-tement.

La quantité de CO dans les tissus encomparaison avec celle dans le sangpourrait également expliquer, enpartie, la variabilité de la corrélationentre le niveau de HbCO et lasévérité de l’intoxication5,6. La char-ge tissulaire en CO pourrait avoirun effet significatif sur l’état desanté d’une personne et ne pas être

reflétée par le niveau de HbCOdans le sang. Selon certains au-teurs2,5, la charge tissulaire seraitdéterminée principalement par ladurée de l’exposition. Par exemple,une exposition prolongée à de fai-bles niveaux ambiants de CO pour-rait occasionner une toxicité tissu-laire élevée, des niveaux sanguinsde HbCO modérés et des effetssévères et prolongés, tandis qu’unecourte exposition à des niveaux trèsélevés de CO pourrait entraînerune toxicité tissulaire plus faible,des niveaux de HbCO élevés maisdes effets rapidement réversibles etde courte durée. Ainsi, dans le casdes intoxications décrit précédem-ment, le père a présenté des symptô-mes plus sévères que ceux du restede la famille, ce qui pourrait s’expli-quer, entre autres, par la périodede temps plus importante qu’il apassée à sa résidence au cours destrois journées entourant l’incident.

On considère généralement que lademi-vie de la HbCO est de plus de5 heures à l’air ambiant, environ 80minutes à 100 % d’oxygène à pres-sion atmosphérique normale etmoins de 30 minutes à 100 % d’oxy-gène en traitement hyperbare7. Ils’agit toutefois de valeurs moyen-nes, et la variabilité peut être impor-tante chez les sujets. Ainsi, Weaveret coll. ont mesuré une demi-viemoyenne de la HbCO de 74 ± 25minutes, chez 93 patients intoxiquésau CO, sous oxygénothérapie à100 % à pression atmosphériquenormale. L’étendue des résultatsvariait de 26 à 148 minutes5. Entenant compte du fait que le père a

reçu de l’oxygène à 100 % durantson transport ambulancier et à l’hô-pital, et en considérant une demi-vie de 80 minutes, on peut estimerson niveau initial de HbCO à envi-ron 40 %. Ce niveau serait compati-ble avec les symptômes qu’il a pré-sentés durant la nuit.

Intoxication pédiatrique aumonoxyde de carbone

Malgré le fait que les enfants soientsouvent victimes d’une intoxicationau CO, l'information publiée surles signes et les symptômes et leurcorrélation avec le niveau de HbCOest en général basée sur des donnéesobtenues chez les adultes. Néan-moins, certaines données laisse-raient croire que l’intoxication auCO, en particulier chez le jeuneenfant, se présenterait différem-ment de celle des adultes et queleur niveau de HbCO serait relié defaçon moins évidente à la sympto-matologie.

L’étude d’une série de 14 cas d’in-toxication au CO chez des enfantsde moins de 2 ans a démontré unetrès mauvaise corrélation entre lessymptômes présentés, les niveauxde HbCO et l’apparente sévéritéde l’intoxication dans ce grouped’âge8. En fait, un tiers des enfantsétaient asymptomatiques à la suitede leur exposition au CO et n’ontbénéficié de soins médicaux queparce d’autres membres de leurfamille étaient symptomatiques. Lesniveaux de HbCO chez les enfantsasymptomatiques variaient de 11,8à 34,4 %, tandis qu’ils variaient de7,5 à 24,2 % pour les enfants symp-

Page 5: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

5 VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE

tomatiques sans apparente corré-lation entre la présentation cliniqueet les niveaux de HbCO. Les signeset symptômes les plus fréquemmentobservés dans ce groupe d’âgeétaient un niveau de conscience alté-ré (difficulté à réveiller l’enfant,léthargie), de l’irritabilité, des vo-missements et une diminution del’appétit.

Lors du cas décrit précédemment,nous avons observé un phénomènesemblable chez le bébé de 4 mois.Bien que son exposition au CO aitété comparable à celle de sa mère etque son berceau était placé dans lachambre de ses parents, celui-ci n’aprésenté aucun symptôme évidentd’intoxication au CO, même aumoment où les concentrations sem-blaient élevées.

Une revue de 28 cas d’expositionau CO chez les enfants a par ailleursdémontré une corrélation plus clai-re entre les symptômes et les ni-veaux de HbCO9. Parmi ces cas, 12enfants qui présentaient une HbCOinférieure à 15 % étaient asympto-matiques et n’ont pas été retenusdans l’analyse. Chez les 16 cas res-tants, les niveaux de HbCO va-riaient de 16,7 à 44 %. La moyenned’âge était de 7 ans (8 mois -14 ans,dont deux d’entre eux avaientmoins de 2 ans) et les principauxsymptômes observés étaient nau-sées, vomissements, céphalées,léthargie et syncope. La particula-rité de la symptomatologie observéedans ce groupe d’enfants un peuplus âgés, est la présence de léthargieet de syncope à des niveaux de

HbCO inférieurs à ceux générale-ment observés chez les adultes. Laléthargie a été rapportée chez 11des 16 cas à des niveaux de HbCOdébutant à 18,6 % et tous les enfantsayant une HbCO supérieure ou éga-le à 24,3 % (9/16) ont été victimesd' une syncope. D’après les auteurs,ces symptômes se manifestent habi-tuellement chez les adultes à desniveaux de HbCO supérieurs à40 %. Notons toutefois que les au-teurs ne rapportent pas le délaientre l’arrêt de l’exposition et/oul’administration d’oxygène chez lesenfants avant le dosage de la HbCO.

Chez l’enfant, l’intoxication au COpeut être confondue avec un étatgrippal. Des auteurs ont mesuré laHbCO chez des enfants non fié-vreux présents à l’urgence pourdes symptômes d’allure grippal sanshistoire précise d’exposition auCO10. Parmi les 46 enfants retenuspour l’étude, 24 (52 %) présen-taient une HbCO supérieure à 2 %(2,7 à 27,6 %), soit la limitesupérieure normale de HbCO rete-nue pour cette population. Les sour-ces d’exposition identifiées ont étéles gaz d’échappement d’automo-bile, des fournaises à l’huile et aukérosène ainsi que des poêles augaz.

Les enfants répondent en généraltrès bien à l’oxygénothérapie. Toutcomme pour les adultes, la contro-verse demeure quant aux bénéficesrelatifs du traitement hyperbare paropposition au traitement à pressionatmosphérique normale, particuliè-

rement en ce qui concerne les sé-quelles neurologiques possibles11,12.Toutefois, l’élimination du CO sousoxygénothérapie pourrait être plusrapide chez les enfants que chez lesadultes. Selon une revue effectuéepar Vreman et coll., la demi-vie dela HbCO chez les nouveaux-nésserait plusieurs fois plus courte quecelle des adultes en raison des tauxrespiratoires plus élevés de ces en-fants et de leur volume de sang pluspetit13. Les résultats d’une enquêted’une exposition de masse au COdans une école élémentaire (moyen-ne d’âge de 8,7 ans) à St. Louis auMissouri ont été publiés en 199814.La valeur moyenne de la HbCOinitiale de 147 enfants était de 7 %.Un contrôle effectué chez 26enfants, à la suite à l’administrationd’oxygène à 100 %, a démontréune valeur moyenne de la HbCOde 2,7 %. La demi-vie moyenne dela HbCO a été calculée à 44 minutess'avérant ainsi plus courte que cellehabituellement rapportée chez lesadultes.

Les niveaux de HbCO et la demi-vie de la HbCO des enfants de lafamille montréalaise semblent éga-lement différents de ceux de leursparents (voir la figure 1). À partirdes deux mesures du niveau de laHbCO, la demi-vie de la HbCO dela mère serait du même ordre degrandeur que la demi-vie moyennecitée dans la littérature. Toutefois,chez les deux enfants, le niveau deHbCO aurait diminué de deuxdemi-vies sur une période d’environ80 minutes.

Page 6: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 6

Conclusion

L’intoxication au CO chez les jeunesenfants et les bébés peut se présenterde façon fort différente de celle del’adulte. En effet, tel que rapportédans la littérature, ceux-ci présen-tent parfois une symptomatologiepeu marquée, même lors d’uneintoxication franche, en particulierchez les enfants de moins de 2 ans.L’intoxication au CO étant fré-quemment collective, les enfantsassociés à ces événements devraientdonc toujours être évalués médica-lement même en l’absence de toutesymptomatologie.Par ailleurs,l’état de santé des enfants pourraitse détériorer rapidement d’un pointde vue neurologique à des niveauxde HbCO inférieurs à ceux que l’onobserve chez les adultes. Il est doncd’autant plus important d’être vigi-lant face à cette population. Lesenfants répondent en général trèsbien à l’oxygénothérapie. La demi-vie de la HbCO chez les enfants

semblerait toutefois plus courte quecelle également rapportée chez lesadultes.

L’intoxication au CO peut être con-fondue avec un état grippal. Cecisoulève l’importance d’obtenir unehistoire environnementale détail-lée, principalement en période hi-vernale, chez les enfants (mais aussichez les adultes) non fiévreux, seprésentant avec des symptômesd’allure grippale compte tenu dumimétisme possible de cette symp-tomatologie lors d’une intoxicationau CO. En plus du diagnostic et dutraitement appropriés à prodiguerà ces patients, il est également essen-tiel de procéder au diagnostic envi-ronnemental afin de prévenir d’au-tres intoxications.

Il nous apparaît important que cesparticularités soient connues de lapopulation et des médecins, etdocumentées davantage. L’intoxi-cation au CO est un phénomènecomplexe pouvant occasionner des

séquelles à long terme, d’où l’im-portance d’un diagnostic précoceet d’un traitement approprié. L’in-toxication au CO est une maladie àdéclaration obligatoire par lesmédecins et par les dirigeants d’unlaboratoire ou d’un départementde biologie médicale. Les situationsà risque mises en évidence par ladéclaration des cas permettent unemeilleure connaissance de la pro-blématique et des mesures à mettreen place pour prévenir la survenued’autres cas.

Références

1. Provencher, S. et S. Brisson, 2002. Maladiesà déclaration obligatoire par agents chimiques:Région de Montréal-Centre, 1998-2000.2. Ernst, A. et J. D. Zibrak, 1998. Carbonmonoxide poisoning. New Eng J. Med., 339 :1603-8.3. Vyskocil, A., Viau, C. et J. Brodeur, 1996.Monoxyde de carbone. 196 p.4. Abelsohn, A., Sanborn, M. D., Jessiman, B.J. et E. Weir, 2002. Identifying and managingadverse environmental health effects: 6. Carbonmonoxide poisoning. CMAJ, 166 : 1685-90.5. Weaver, L. K., Howe, S., Hopkins, R. et K.J. Chan, 2000. Carboxyhemoglobin half-life incarbon monoxide-poisoned patients treatedwith 100% oxygen at atmospheric pressure.Chest, 117 : 801-8.6. WHO, 1999. Environmental Health Crite-ria 213 : Carbon monoxide.7. Raub, J. A., Mathieu-Nolf, M., Hampson,N. B. et S. R. Thom, 2000. Carbon MonoxidePoisoning - a Public Health Perspective. Toxicol.,145 : 1-14.8. Rudge, F. W., 1993. Carbon monoxidepoisoning in infants: Treatment with hyper-baric oxygen. South Med. J., 86 : 334-7.9. Crocker, P. J. et J. S. Walker, 1985. Pedia-tric carbon monoxide toxicity. J. Emerg. Med.,3 : 443-8.10. Baker, M. D., Henretig, F. M., et S.Ludwig, 1988. Carboxyhemoglobin levels inchildren with nonspecific flu-like symptoms. J.Pediatr., 113 : 501-4.11. Liebelt, E. L., 1999. Hyperbaric oxygentherapy in childhood carbon monoxidepoisoning. Curr. Opin. Pediatr., 11 : 259-64.12. Meert, K. L., Heidemann, S. M., et A. P.Sarnaik, 1998. Outcome of children with carbonmonoxide poisoning treated with normobaricoxygen. J. Trauma, 44 : 149-54.13. Vreman, H. J., Mahoney, J. J., et D. K.Stevenson, 1995. Carbon monoxide andcarboxyhemoglobin. Adv. Pediatr., 42 : 303-34.14. Klasner, A. E., Smith, S. R., Thompson,M. W., et A. J. Scalzo, 1998. Carbon monoxidemass exposure in a pediatric population. Acad.Emerg. Med, 6 : 766-8.

Au Québec, une revue des cas de décès attribuables au CO de 1989 à 2000 aidentifié 13 événements associés à des cheminées obstruées ou à des problèmes defonctionnement d’un système de chauffage fixe dans une habitation permanente(poêle à bois, fournaise au gaz naturel, huile ou propane, poêle à combustionlente, générateur d’air chaud). Ces événements ont causé 17 décès et 5intoxications non létales. Ces intoxications comptent pour 9,7 % des événementset 11,1 % des décès accidentels attribuables au CO issus de la base de donnéesdu coroner. Les personnes décédées, 13 hommes et 4 femmes, étaient âgées de 17à 79 ans (moyenne de 57,5 ans). Dans deux cas, un avertisseur de CO étaitprésent mais non fonctionnel. Il n’y a que deux enfants de moins de 12 ans pourl’ensemble des décès accidentels attribuables au CO au fichier du coroner de 1989à 2000 (Claude Prévost, DSP de la Montérégie, communication personnelle).À Montréal, de 1997 à ce jour, les intoxications pédiatriques au CO (0-14 ans)déclarées représentent 54 % (22/37) des cas d’origine environnementale, dont1 décès récent dans une automobile enneigée.

Page 7: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

7 VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE

ACTUACTUACTUACTUACTUALITÉSALITÉSALITÉSALITÉSALITÉS

Plans d’urgencePlans d’urgencePlans d’urgencePlans d’urgencePlans d’urgence

environnementenvironnementenvironnementenvironnementenvironnementalealealealeale

Les entreprises canadiennes qui en-treposent des substances toxiquesdoivent respecter depuis peu unnouveau règlement fédéral relatifaux substances dangereuses ou in-flammables. Conçu pour assurer lamise en place de plans d’urgenceenvironnementale en cas de rejetaccidentel, d’acte terroriste ou devandalisme, ce règlement se veutune mesure de protection de lasécurité de la population et de l’en-vironnement. Le Règlement sur lesurgences environnementales issu dela Loi canadienne sur la protection del’environnement est entré en vigueurle 18 novembre 2003. Le gouverne-ment fédéral a établi une liste de174 produits chimiques qui sontnuisibles à la santé humaine et àl’environnement lorsqu’ils se re-trouvent subitement dans l’envi-ronnement.Les installations quientreposent ou qui utilisent l’uneou l’autre des substances réperto-riées au-delà d’une quantité seuilprécisée dans le Règlement doiventélaborer et mettre en œuvre unplan d’urgence environnementaled’ici le 18 novembre 2004. Le plandoit décrire les façons de prévenirles urgences environnementalesattribuables aux substances toxiqueset dangereuses, de se préparer à ceséventualités, d’intervenir en cas dedésastre et de réparer les dommagesen découlant. On peut obtenir desrenseignements complémentaires,notamment la liste des substances

concernées, en consultant le siteInternet des urgences environne-mentales d’EnvironnementCanada, www.cepae2.ec. gc.ca.[JML]

SaSaSaSaSauuuuumon smon smon smon smon saaaaauvuvuvuvuvaaaaage,ge,ge,ge,ge,

sssssaaaaauuuuumon d’élevmon d’élevmon d’élevmon d’élevmon d’élevaaaaage :ge :ge :ge :ge :

la controla controla controla controla controverseverseverseverseverse

L’article Global Assessment of OrganicContaminants in Farmed Salmon parule 9 janvier 2004 dans la revueScience (Hites, R.A., Foran, J.A.,Carpenter, D.O., Hamilton, M.C.,Knuth, B.A. et S.J. Schwager, 303 :226-229) a suscité de nombreusesréactions, en particulier au sein desdifférentes agences gouvernemen-tales européennes et nord-amé-ricaines du domaine de l’alimen-tation et de la santé, ainsi que dansles médias et la population en géné-ral. Cette étude menée par deschercheurs canadiens et américainsprésente les résultats des analysesde contaminants organiques(ex. BPC, dieldrine, lindane, dio-xines et furanes) effectuées sur untotal d’environ 700 échantillons desaumons d’élevage et sauvage. Lessaumons d’élevage de l’Atlantiqueont été achetés dans les principalesrégions productrices des hémisphè-res nord et sud ainsi que dans dessupermarchés d’Europe et d’Amé-rique du Nord. Pour des fins decomparaison, des échantillons decinq espèces de saumon sauvage duPacifique ont été obtenus de diffé-rentes régions.Le saumon sauvagede l’Atlantique et le saumon d’éle-

vage du Pacifique n’ont pas étéanalysés dans cette étude. De plus,les chercheurs ont procédé à l’ana-lyse de la nourriture fournie auxsaumons d’élevage. Les analyses delaboratoire révèlent que les con-centrations d’organochlorés sontsignificativement plus élevées dansles saumons d’élevage que dans lessaumons vivant en milieu naturel.Les saumons d’élevage d’Europe,en particulier ceux qui proviennentdes Îles Faroe et d’Écosse sont ceuxdont les concentrations de BPC,dioxines, toxaphène et dieldrinesont les plus élevées alors que ceuxen provenance du Chili et de l’Étatde Washington sont les plus faible-ment contaminés. Les concentra-tions en contaminants dans la nour-riture se sont révélées différentes,la nourriture provenant d’Europeayant des concentrations plus éle-vées que celle d’Amérique du nordet du sud. La deuxième partie del’article présente une analyse derisque à la santé à partir du modèleproposé par l’U.S. Environmental Pro-tection Agency (U.S.EPA) basée surles risques potentiels de développerun cancer et sur l’hypothèse derisques additifs. Cette analyse derisque a conduit les auteurs à recom-mander de ne pas consommer dusaumon d’élevage plus d’une foispar mois.

Mises à part quelques critiquesentourant les généralisations tiréesdu faible nombre d’échantillonsprélevés dans certaines villes, lesniveaux de contaminants observés

Page 8: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 8

lors de cette étude ne sont pas remisen question et les agences chargéesde mesurer ces mêmes contami-nants ne se sont pas montrées éton-nées des résultats comme tels. Laprincipale divergence, qui concerneles concentrations totales de BPCobservées, provient de la méthodo-logie utilisée dans le choix des BPCanalysés; ce qui diffère d’un labora-toire à l’autre. L’évaluation desrisques fait, quant à elle, l’objet descritiques les plus sévères, l’approcheutilisée étant différente de cellereconnue par les organismes de san-té publique, de l’Organisation mon-diale de la santé, des agences natio-nales de sécurité sanitaire des ali-ments en Europe et même de laFood and Drug Administration. L’utili-sation du modèle proposé par l’U.S.EPA est ainsi vertement critiquéeen raison des incertitudes scientifi-ques rattachées à la prise en comptedes effets additifs ainsi que la validitédu modèle basé sur une quantitémaximale à ne pas dépasser, calculéeà partir d’un seul aliment, le saumond’élevage. [CL]

Génétique et maladGénétique et maladGénétique et maladGénétique et maladGénétique et maladiesiesiesiesies

environnementenvironnementenvironnementenvironnementenvironnementalesalesalesalesales

Des scientifiques du National Insti-tute of Environmental Health Sciences(NIESH) et de l’Université de laCaroline du Nord collaborent àl’élaboration d’un registre qui con-tiendra l’information génétique de20 000 personnes dans le but d’amé-liorer l’étude du lien entre lesexpositions environnementales, lasusceptibilité génétique et la mala-die humaine. Les échantillons sontcodés pour protéger l’identité desdonneurs, puis rendus disponibles

aux scientifiques, qui rechercherontla présence de variantes génétiques,appelées polymorphismes, dans unecatégorie de gènes connus commeétant « environnementalementsensibles ». Ces gènes contrôlent lafaçon dont le corps gère les subs-tances environnementales, codantles protéines impliquées dans denombreuses fonctions cellulairestelles que le métabolisme des subs-tances toxiques, la prolifération etla différentiation des cellules, laréparation de l’ADN, le signal detransduction, les récepteurs d’hor-mone, les réponses immunes etinflammatoires, etc. L’enregistre-ment est réalisé de façon à ce queles scientifiques puissent reprendrecontact ultérieurement avec les par-ticipants pour des études complé-mentaires. Les données de ces étu-des permettront aux chercheursd’identifier des groupes d’individusavec des polymorphismes généti-ques au niveau des gènes sensibleset, dans la mesure du possible, decorréler les variantes génétiques ob-servées aux histoires cliniques despatients et à leur état de santé cou-rant. Ces données pourront êtreemployées pour identifier des fac-teurs de risque environnementauxet pour développer des stratégiespréventives afin de réduire l’inci-dence de la maladie. [JML]

Source : Press releases, NIEHS, January,12, 2004

Convention dConvention dConvention dConvention dConvention deeeee

RoRoRoRoRotterdtterdtterdtterdtterdamamamamam

La présence sur le marché deproduits chimiques potentiellementdangereux pour la santé et l’envi-ronnement représentent un défi de

taille pour les gouvernements enmatière de contrôle et de gestion.Un grand nombre de pesticidesinterdits ou étroitement réglemen-tés dans les pays industrialiséscontinuent d’être commercialiséset utilisés dans les pays en dévelop-pement. La Convention de Rotterdamsur la procédure de consentementpréalable en connaissance de cause(PIC) applicable à certains produitschimiques et pesticides dangereuxqui font l’objet du commerceinternational est entrée en vigueurle 24 février 2004. La mise en oeu-vre de la Convention aidera notam-ment les pays à réglementer l’accèsaux pesticides à risque élevé pour lasanté et l’environnement, que lesagriculteurs des pays en développe-ment peuvent difficilement manipu-ler de façon sécuritaire. La Conven-tion de Rotterdam établit une pre-mière ligne de défense contre leséventuelles tragédies susceptiblesd’être causées par les produits chi-miques dangereux. Au cas où lecommerce d’un produit chimiqueest autorisé, son utilisation sécuri-taire est facilitée par les exigencesde la Convention en matière d’éti-quetage et d’information concer-nant les risques potentiels pour lasanté et l’environnement. La Con-vention débute avec 27 produitschimiques soumis à la procédure,mais quinze autres pesticides et pro-duits chimiques s’ajouteront lorsde la première réunion de la Confé-rence des pays parties qui se tiendradu 20 au 24 septembre 2004 àGenève. À ce jour, 73 pays ontsigné la Convention et 60 l’ontratifiée ou approuvée. [JML]

Source : Communiqué de presse, FAO,24 février 2004

Page 9: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

9 VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE

PUBLICAPUBLICAPUBLICAPUBLICAPUBLICATIONSTIONSTIONSTIONSTIONS

Impacts sanitaires des vaguesde chaleur …

La France a connu dans la premièrequinzaine du mois d’août 2003 unevague de chaleur d’une intensitésans précédent. Cette canicule aété non seulement exceptionnellepar l’importance de l’élévation destempératures minimales et maxi-males mais également par sa durée.Le bilan de la mortalité (près de15 000 morts sur la période du 1er

au 20 août) place cet événementparmi les plus graves catastrophessanitaires que la France ait connu etsoulève de nombreuses questionssur les modalités de surveillance,d’alerte et de prévention. L’Institutde veille sanitaire, par le biais deson Bulletin épidémiologique heb-domadaire, a réalisé un numérospécial sur cette tragédie faisantétat des premiers résultats dispo-nibles (Impact sanitaire de la vaguede chaleur d’août 2003 : premiersrésultats et travaux à mener. BEH,no 45-46/2003, p. 217-228). Cenuméro fort intéressant contientune série d’articles traitant de diffé-rents aspects reliés à ce type d’évé-nement. On y retrouve entre autresune revue de la littérature nationaleet internationale sur l’évaluationde l’exposition à la chaleur, leseffets sanitaires dus à la chaleurainsi que les facteurs de risque yétant associés, et les actions deprotection et de prévention misesde l’avant dans divers pays. Unportrait détaillé de la surmortalité

liée à la canicule d’août 2003 enFrance y est également rapporté.[JML]

… et du froid

De façon parallèle, l’Institut deveille sanitaire a également produiten décembre 2003 une revue delittérature qui fait état des effetssanitaires attribuables aux bassestempératures (Beaudeau. P. et coll.,2003. Froid et Santé. Éléments de syn-thèses bibliographiques et perspectives.www.invs.sante.fr/publications/2004/froid_et_sante/). L’êtrehumain se protège du froid grâce àdes mécanismes physiologiquesendogènes thermorégulateurs met-tant en jeu les systèmes nerveux,endocrinien, cardiaque et respira-toire. Selon les auteurs, en nombreabsolu, le froid serait plus meurtrierque la chaleur. Les pathologies asso-ciées au froid les plus préoccupantesen termes de santé publique sem-blent être, au terme de cette revue,les maladies cardiovasculaires, lesinfections respiratoires et l’asthme,les hypothermies et les intoxicationsau monoxyde de carbone. Pour cha-cune de ces pathologies, des popu-lations particulièrement sensiblessont identifiées et doivent faire l’ob-jet de recommandations particuliè-res. Les auteurs soulignent enfinque des interrogations persistent,justifiant des études complémen-taires dont l’un des objectifs devraitconsister à déterminer si les patho-logies liées au froid sont évitables

et, dans l’affirmative, par quelsmoyens de surveillance, d’alerte etde prévention. [JML]

Anomalies congénitales etincinérateurs

S’il est indéniable que la présenced’un incinérateur à déchets con-tribue à la charge environnemen-tale de matières en suspension, laquestion des problèmes de santéreliés à l’exposition aux contami-nants générés recèle encore plu-sieurs inconnues. Une étude de typeécologique menée dans le sud-ouestde la France a tenté de vérifierl’impact des polluants émis par desincinérateurs municipaux sur le tauxd’anomalies congénitales (Cordier,S. et coll., 2004. Occup Environ Med,61 : 8-15). Pour calculer le risquerelatif (RR) d’anomalie congénitale,deux groupes, de 194 communautésexposées et de 2 678 non exposées,ont été constitués à partir d’unindice d’exposition aux rejets desincinérateurs. Le risque relatif a étéajusté en fonction de l’année denaissance, le lieu de résidence, ladensité de population, le revenufamilial moyen et la circulation loca-le. Pour l'ensemble des anomaliescongénitales, les analyses statisti-ques révèlent que le risque de don-ner naissance à un nouveau-né ayantune anomalie congénitale ne variepas selon l’indice d’exposition.Cependant, le risque s’est avéréplus élevé dans les communautésexposées en ce qui a trait aux fissures

Page 10: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 10

palatines (RR 1,30; IC 95 % 1,06-1,59) et à la dysplasie rénale (RR1,55; IC 95 % 1,10-2,20). De plus,au sein de ces mêmes communautés,les chercheurs ont observé une rela-tion dose-réponse entre l’indiced’exposition et les uropathies obs-tructives ainsi qu’une relation linéai-re entre les anomalies cardiaques,les uropathies obstructives, les ano-malies de la peau et la densité de lacirculation. Les auteurs exposentpar la suite les différents biais ratta-chés à leur méthodologie, communsdans les études écologiques, et dis-cutent des limites qui y sont asso-ciées. Malgré ces biais, les auteursrappellent que les risques relatifssignificatifs mesurés en ce qui con-cerne les anomalies congénitalessont plausibles sur le plan biolo-gique. [CL]

Exposition aux pesticides

Un projet pilote a été réalisé parl’Institut national de santé publiquedu Québec (INSPQ) afin de validerles outils nécessaires à l’élaborationd’une vaste étude de caractérisationde l’exposition des enfants auxpesticides utilisés en milieu rési-dentiel (Valcke, M., O. Samuel,D. Belleville, 2004. Évaluation del’exposition des enfants aux pesticidesutilisés en milieu résidentiel. Projetpilote. INSPQ.) Deux groupes decinq enfants ont fourni trois échan-tillons d’urine prélevés à des mo-ments variables déterminés sur labase de la présence ou de l’absenced’arbres fruitiers traités avec despesticides près de leur résidence.Pour ce volet du projet, les princi-

paux métabolites des insecticidesorganophosphorés, les alkylphos-phates, ont été mesurés. Un troi-sième groupe composé de six famil-les a fourni des échantillons urinairesafin d’y mesurer les produits-mèresdes herbicides chlorophenoxys,couramment utilisés pour le contrô-le des mauvaises herbes. Les résul-tats obtenus ont démontré qu’il estpossible de mesurer l’exposition àces produits par le dosage des méta-bolites ou des produits-mères dansl’urine. Les concentrations mesu-rées ont par ailleurs révélé un niveaud’exposition supérieur à celui rap-porté par plusieurs études effectuéesailleurs dans le monde. Les niveauxd’exposition seraient cependantinférieurs à la dose sans effet néfasteobservé, mais supérieurs dans cer-tains cas aux recommandations del’Organisation mondiale de la santéou de l’United States EnvironmentalProtection Agency. Ces résultats ren-forcent donc la pertinence de menerune étude de plus grande envergureafin de mieux préciser les niveauxd’exposition des enfants québécoisaux pesticides utilisés en milieurésidentiel. Le document est dispo-nible en version intégrale sur le siteInternet de l’Institut national desanté publique du Québec :www.inspq.qc.ca. [JML]

Attitudes et comportementsdes Québécois face au VNO

Pour une communication du risqueefficace, les spécialistes du domaineprônent une approche interactivequi respecte les valeurs du publicainsi que ses inquiétudes. Le public

est alors considéré comme un parte-naire à part entière dans le processusde communication. Cette approchediffère du modèle traditionnel (deci-de, announce, defend) et exige de lapart de ceux qui gèrent le risqued’initier un dialogue avec la popu-lation. L’émergence de l’infectionpar le virus du Nil occidental (VNO)a donné l’occasion de mettre enpratique les bases de cette approchede communication du risque in-teractive. Le rapport de Grondin etcoll. (2003) intitulé Virus du Niloccidental : Évaluation des attitudes,des comportements et des connaissancespopulaires décrit et analyse les diffé-rents points de vue de la populationentre autres dans les domaines desconnaissances sur la transmissionde l’infection, des problèmes desanté associés ainsi que sur les mesu-res de protection personnelle.Menés au sein des régions de laMontérégie, de Laval et de Mont-réal, les groupes de discussion ontpermis de relever différents pro-blèmes sémantiques présents dansles messages existants, d’identifierdes incompréhensions sur certainséléments du message et d’examinerl’impact des campagnes d’informa-tion menées avant 2003 sur lesperceptions et les comportementsde prévention adoptés par la popula-tion. Nul doute que ce rapport serafort utile aux responsables de lagestion du risque se rapportant auVNO, mais également à tous ceuxqui sont intéressés à communiquerefficacement de l'information surla prévention à leur public cible. Lerapport sera disponible sous peusur le site Internet de l’Institut natio-nal de santé spublique du Québec :www.inspq.qc.ca/. [CL]

Page 11: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

11 VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE

Feuillet Votre santé et vous

Santé Canada a procédé à une miseà jour en 2004 de plusieurs sujetsdu thème environnement de sonfeuillet d’information Votre santé etvous. Il s’agit plus spécifiquementdes dioxines et des furanes, dusmog, de la maladie du légionnaireet de la fièvre de Pontiac, du plombet des rayons ultraviolets. Des nou-veautés sont également paruesrécemment, concernant l’évalua-tion et la gestion des risques pour lasanté que représentent diversproduits et substances en vertu dela Loi canadienne sur la protection del’environnement. Le feuillet Votre santéet vous est une source d’informationclassée sous divers thèmes (ali-ments, environnement, maladies,aspect médical, mode de vie, pro-duits) qui s’adresse tant au publicen général, qu’aux médias ou auxgroupes d’intérêt. De présentationsimple et synthétique, il permet deprendre connaissance rapidementd’un sujet particulier et offre géné-ralement une série de référencespour ceux et celles qui désirentapprofondir la question. Il est possi-ble de télécharger l’ensemble desfeuillets parus à ce jour, en anglaiscomme en français, à partir du siteInternet de Santé Canada www.hc-sc.gc.ca. [JML]

Maladies infectieuses etfacteurs environnementaux

Après la Deuxième Guerre mondia-le, une des stratégies de santé publi-que à travers le monde a consisté àmettre l’accent sur l’élimination

des microbes, responsables de nom-breuses maladies infectieuses dévas-tatrices. Recourant aux armes médi-cales puissantes mises au point àcette époque (antibiotiques, anti-paludéens et vaccins), les responsa-bles politiques et scientifiques me-nèrent une campagne sans précé-dant croyant supplanter ces ennemisde l’homme que sont les virus, lesbactéries et les parasites. On pensaitalors que, vers la fin du siècle, lamajeure partie des habitants de laplanète mèneraient une longue vieà laquelle ne mettraient fin que lesmaladies telles le cancer, les mala-dies cardiaques, la maladie d’Alzhei-mer, ou autres maladies chroniques.Ce grand optimisme reposait surdes hypothèses erronées, notam-ment que les microbes étaient descibles stationnaires sur le plan biolo-gique et que les maladies infectieu-ses pouvaient être géographique-ment circonscrites. Après quelquesréussites encourageantes, dontl’éradication quasi-totale de la va-riole, les maladies infectieuses sontgraduellement redevenues une descauses les plus meurtrières de laplanète. L’article de B. Weinhold(2004. Infectious disease : the hu-man costs of our environmentalerrors. Focus. Environmental HealthPerspective, 122 (1): A32-A39),décrit en quoi certains facteurs envi-ronnementaux et autres (augmenta-tion de la pauvreté, croissance dé-mographique, résistance micro-bienne, changements climatiques,augmentation des voyages intercon-tinentaux, croissance du commerced’animaux exotiques) ont contribuéà la réapparition d’anciennes mala-

dies infectieuses et à l’apparition denouvelles maladies malgré les pro-grès réalisés pour les éradiquer.[JML]

Éléments traces : nutrimentsessentiels et toxicité

Plusieurs éléments traces retrouvésdans notre alimentation (présencenaturelle ou anthropogénique) inté-ressent les gens oeuvrant en santéenvironnementale et ce, pour deuxraisons: s’ils sont ingérés en tropfaibles doses, ils peuvent conduireà un déficit nutritionnel, mais encontrepartie, si les apports sont tropélevés, des effets néfastes à la santépeuvent se produire (ex. cuivre,fer, sélénium). L’évaluation des im-pacts à la santé de la présence de ceséléments traces doit donc tenircompte des effets bénéfiques etnéfastes. Pour ce faire, des organis-mes reconnus ont élaboré différen-tes doses ou critères,soit pour assu-rer un apport quotidien adéquatpour la santé, soit pour prévenir leseffets toxiques.Des questionne-ments peuvent cependant être sou-levés quant à l’harmonisation ou àla compatibilité existant entre lesdifférents critères élaborés. Un arti-cle de la revue Regulatory Toxicologyand Pharmacology aborde la question.(Goldhaber SB, (2003) Trace ele-ment risk assessment : essentialityvs toxicity, 38 : 232-242). Unebrève revue de différents critèresexistant ainsi que des méthodolo-gies utilisées pour les élaborer y estprésentée. Entre autres, la U.S Foodand Drug Administration a établises Reference Daily Intakes (RDI) pour13 vitamines et 10 éléments traces.

Page 12: VOLUME 15 NUMÉRO 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 L’ · DE CARBONE CHEZ LES ENFANTS Cristin Muecke I), Suzanne Brisson I), Monique Beausoleil Nous tenons à remercier le Dr Claude Prévost

VOLUME 15 - 1 JANVIER - FÉVRIER 2004 BISE 12

BISE, le Bulletin d'information en santé environnementale, est publié six foispar année par l'Institut national de santé publique du Québec. Lareproduction est autorisée à condition de mentionner la source. Touteutilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependantstrictement interdite. Le bulletin peut être consulté sur internet àl'adresse www.inspq.qc.ca/bulletin/bise/ Poste-publications: 40786533Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque nationale

du Québec ISSN 1199-052X

ÉVÉNEMENTS À VENIRÉVÉNEMENTS À VENIRÉVÉNEMENTS À VENIRÉVÉNEMENTS À VENIRÉVÉNEMENTS À VENIR

Adresse de correspondance : Direction risques biologiques,environnementaux et occupationnels, Institut national de santé publiquedu Québec, 945, avenue Wolfe, Sainte-Foy (Québec), Canada, G1V 5B3.Information: Claire Laliberté, téléphone 418-650-5115, poste 5253;télécopieur 418-654-3132; [email protected]. Rédaction etrévision des textes : Jean-Marc Leclerc, Claire Laliberté et DenisePhaneuf. Mise en page : Diane Bizier Blanchette.Abonnement gratuit :Diane Bizier-Blanchette, téléphone 418-650-5115, poste 5220, télecopieur418-654-3134, diane.bizier. [email protected]

31 mars-2 avril 2004 : 3rd Inter-national Conference on Children’sHealth and the Environment, Lon-don, Royaume-Uni.Pour informa-tion : www.pinche.hvdgm.nl/pinche_conferences. html.

20-23 juin 2004 : 14e Conférencemondiale sur la gestion des désas-tres, organisé par le Canadian Cen-

tre for Emergency Preparedness,Toronto.Pour information :www.wcdm.org.

19-24 septembre 2004 : WorldWater Congress and Exhibition,International Water Association.Palais des Congrès de Marrakech.Pour information : www.iwa2004marrakech.com/.

Nouveaux programmes d’étu-des professionnelles de troi-sième cycle en santé publique,offerts par la Faculté de médecinede l’Université de Montréal. Pourinformation : Mme Nicole Rober-ge, Affaire académiques, Dépar-tement d’administration de lasanté,Université de Montréal,[email protected]

L’ U.S. Food and nutrition Board ofthe Institute of Medicine pour sa part,définit les Recommended dailyallowance (RDA) qui représententl’apport quotidien moyen d’unnutriment dans la diète, suffisantpour couvrir les besoins de 97 à98 % des individus. Ce dernierorganisme a également calculé desTolerable upper intake level (UL) con-sidérés comme étant la quantitémaximale d’un nutriment pouvantêtre ingérée sans effets nocifs pourla santé. Au niveau des autres critè-res élaborés pour prévenir les effets

toxiques, nous retrouvons les RfDde l' U.S. EPA ainsi que les Permissiblemaximum tolerable daily intakes(PMTDI) de l’OMS. Goldhaber acomparé ces différents critères pour8 éléments traces : chrome, cuivre,iode, fer, manganèse, molybdène,sélénium et zinc. Selon l’auteur, iln’existe pas d’incompatibilitémajeure entre les différents critèresen ce sens qu’aucune des recom-mandations pour les apports essen-tiels ne présentent de valeurs supé-rieures aux critères développés pourprévenir les effets toxiques. Il existe

par contre des divergences entreles différents critères pour prévenirles effets toxiques qui peuvent enpartie s’expliquer par des diffé-rences au niveau du choix des étudestoxicologiques ou encore des fac-teurs de sécurité utilisés pour lesdériver. Cet article constitue unbon point de départ pour une ré-flexion touchant l’élaboration descritères de référence dans le domai-ne de l’alimentation; il met enlumière l’intérêt d’une concertationentre les différents organismes quiparticipent à leur élaboration. [DP]