14
31 allées Jules Guesde CS 38512 31685 TOULOUSE CEDEX 6 - Tél : 05 34 31 34 34 Fax : 05 34 31 34 43 -e-mail : [email protected] www.ccomptes.fr/midi-pyrenees TOULOUSE, le 15 octobre 2015 Le Président N/Réf. : JO15 285 02 Monsieur le Président, Conformément à l'article L. 243-5 du code des juridictions financières, je vous notifie le rapport d'observations définitives sur le syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT). La chambre a constaté qu'aucune réponse écrite ne lui a été transmise dans le délai prévu. Il vous appartient de communiquer ce document à l'assemblée délibérante dès sa plus proche réunion. Conformément à la loi, cette communication doit faire l'objet d'une inscription à l'ordre du jour de la prochaine réunion de l'assemblée. Le rapport, assorti le cas échéant des réponses reçues, doit être joint à la convocation adressée à ses membres. Il donnera lieu à un débat lors de sa présentation. Vous voudrez bien me tenir informé de la date de la prochaine réunion de l’assemblée délibérante et, par la suite, par tout moyen à votre convenance, m’adresser une copie d'un extrait du procès-verbal des débats ou du relevé des délibérations. Je vous rappelle que ces observations ne sont, selon les dispositions de l'article R. 241-18 du code précité, communicables aux tiers qu’à l’issue de la première réunion de l'assemblée délibérante suivant leur réception. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma considération très distinguée. Jean MOTTES Monsieur Jean-Luc COURET Président du syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière Hôtel de ville Place de l’Europe 09130 Carla-Bayle

Vous voudrez bien me tenir informé de la date de la prochaine … · organismes privés de formation professionnelle (le centre de formation Somorrostro et le Fondo Formación Euskadi

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  • 31 allées Jules Guesde – CS 38512 – 31685 TOULOUSE CEDEX 6 - Tél : 05 34 31 34 34 – Fax : 05 34 31 34 43 -e-mail : [email protected]

    www.ccomptes.fr/midi-pyrenees

    TOULOUSE, le 15 octobre 2015

    Le Président

    N/Réf. : JO15 285 02

    Monsieur le Président,

    Conformément à l'article L. 243-5 du code des juridictions financières, je vous notifie le

    rapport d'observations définitives sur le syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière

    (SMALCT). La chambre a constaté qu'aucune réponse écrite ne lui a été transmise dans le délai

    prévu.

    Il vous appartient de communiquer ce document à l'assemblée délibérante dès sa plus proche

    réunion.

    Conformément à la loi, cette communication doit faire l'objet d'une inscription à l'ordre du

    jour de la prochaine réunion de l'assemblée. Le rapport, assorti le cas échéant des réponses reçues,

    doit être joint à la convocation adressée à ses membres. Il donnera lieu à un débat lors de sa

    présentation.

    Vous voudrez bien me tenir informé de la date de la prochaine réunion de l’assemblée

    délibérante et, par la suite, par tout moyen à votre convenance, m’adresser une copie d'un extrait du

    procès-verbal des débats ou du relevé des délibérations.

    Je vous rappelle que ces observations ne sont, selon les dispositions de l'article R. 241-18 du

    code précité, communicables aux tiers qu’à l’issue de la première réunion de l'assemblée

    délibérante suivant leur réception.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma considération très

    distinguée.

    Jean MOTTES

    Monsieur Jean-Luc COURET

    Président du syndicat mixte Arize-Lèze

    de coopération transfrontalière

    Hôtel de ville

    Place de l’Europe

    09130 Carla-Bayle

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 2

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    N° réf. : JO15 285 02

    RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

    SUR LA GESTION DU

    SYNDICAT MIXTE ARIZE LÈZE DE COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE (SMALCT)

    DÉPARTEMENT DE L’ARIÈGE

    EXERCICES 2010 ET SUIVANTS

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 2

    31 allées Jules Guesde – CS 38512 – 31685 TOULOUSE CEDEX 6 - Tél : 05 34 31 34 34 – Fax : 05 34 31 34 43 -e-mail : [email protected]

    www.ccomptes.fr/midi-pyrenees

    SOMMAIRE

    1 PRÉSENTATION DU SYNDICAT ......................................................................................... 3

    2 UNE VOCATION TRANSFRONTALIÈRE QUI TEND À S’ESTOMPER ....................... 3

    2.1 Une vocation transfrontalière inscrite dans les statuts .......................................................... 3

    2.2 « La culture en héritage » projet à vocation transfrontalière ................................................. 4

    2.3 Des projets aujourd’hui à vocation locale ............................................................................. 5

    3 UN SYNDICAT STRUCTURELLEMENT DÉFICITAIRE ................................................. 6

    3.1 L’opération « la culture en héritage » reste déficitaire .......................................................... 6

    3.2 Une situation financière tendue à la fin de l’exercice 2013 .................................................. 7

    3.3 Des perspectives financières incertaines tributaires de l’effort budgétaire des collectivités

    membres ........................................................................................................................................... 9

    4 DES MODALITÉS DE FINANCEMENT INAPPROPRIÉES ........................................... 10

    4.1 Un mode de financement irrégulier ..................................................................................... 10

    4.2 Un mode de financement non soutenable sur le plan budgétaire ........................................ 11

    5 LA PÉRENNITÉ DU SYNDICAT EN QUESTION ............................................................ 12

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 3

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    1 PRÉSENTATION DU SYNDICAT

    Le syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) a été créé en 2007

    entre la communauté de commune de l’Arize et les communes d’Artigat, du Carla Bayle et de

    Pailhes.

    Sa composition a été modifiée par arrêtés préfectoraux des 7 octobre 2011 et 17 janvier

    2013. Le syndicat regroupe aujourd’hui la communauté de communes de l’Arize, la communauté de

    communes de la Lèze et la commune de Saint-Sulpice sur Lèze, située en Haute-Garonne.

    Le comité syndical du SMALCT est composé de représentants des communes et EPCI

    membres, à raison de deux délégués par commune et sept par EPCI à sa création, puis un délégué

    par commune et par tranche de mille habitants et sept par EPCI à compter du 23 janvier 2012.

    Conformément aux statuts, le comité syndical compte aujourd’hui 7 délégués pour chacun des EPCI

    et 1 pour la commune de Saint-Sulpice (1 800 habitants environ), soit 15 membres au total. Il

    compte un président et quatre vice-présidents.

    Selon le site internet du syndicat, le SMALCT se veut une « plate-forme européenne

    d’échanges et de rencontres dans les secteurs de l’économie, du social, de l’environnement et de la

    culture ».

    Un premier projet intitulé « la culture en héritage » a été mené entre 2008 et 2012 avec la

    commune de Barbastro (Espagne, province de l’Aragon). Ce projet, qui avait vocation à développer

    les échanges transfrontaliers et la coopération culturelle, s’est notamment décliné autour de cours de

    langues, de conférences, d’expositions artistiques et de coopération touristique.

    Les projets en cours aujourd’hui concernent le télétravail (projet « coworking Pyrénées »),

    en collaboration avec des structures d’Aquitaine et du pays basque espagnol, et un pôle

    d’innovation collaborative (projet « fab-lab ») porté par la communauté de communes de la Lèze.

    Son budget, selon les prévisions inscrites au budget primitif 2014, s’élèvent à 360 K€.

    2 UNE VOCATION TRANSFRONTALIÈRE QUI TEND À S’ESTOMPER

    2.1 Une vocation transfrontalière inscrite dans les statuts

    L’article 2 des statuts du SMALCT prévoit expressément la dimension transfrontalière de

    ses missions.

    Aux termes des statuts, « le syndicat mixte est compétent pour mener :

    la conception et la rédaction administrative des projets de coopération transfrontalière et des projets impliquant des financements européens et concernant au minimum un

    périmètre intercantonal ;

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 4

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    la réalisation des activités et actions de coopération transfrontalière et des projets impliquant des financements européens et concernant au minimum un périmètre

    intercommunal ;

    la gestion administrative et financière liée aux procédures européennes imposées dans le cadre de projets de coopération transfrontalière et des projets impliquant des

    financements européens ;

    la création, l’aménagement et la gestion d’équipements créés sur son territoire, à travers des projets financés dans le cadre de programmes impliquant une coopération

    transfrontalière et des projets impliquant des financements européens ;

    la réalisation d’études dans le cadre de la conception de projets de coopération transfrontalière et des projets impliquant des financements européens et concernant au

    minimum un périmètre intercantonal ».

    Après les dernières modifications des statuts en 2013, sa compétence s’étend désormais aux

    projets impliquant des financements européens, et n’est pas restreinte aux seuls projets à vocation

    transfrontalière.

    2.2 « La culture en héritage » projet à vocation transfrontalière

    En partenariat avec la municipalité de Barbastro (Espagne), le SMALCT a initié en 2008 un

    projet intitulé « la culture en héritage » dans le cadre du programme de coopération territoriale

    Espagne-France-Andorre.

    Dans le cadre d’une convention transfrontalière de partenariat, le SMALCT et la

    municipalité de Barbastro se sont engagés à promouvoir et à valoriser le patrimoine culturel,

    artistique et touristique dans l’espace Arize-Lèze-Barbastro. Le coût prévisionnel total du projet

    s’élevait à 1 616 247 €, financé à hauteur de 65 % par le FEDER. Barbastro était le chef de file du

    projet.

    Le SMALCT a mis en place plusieurs actions visant à développer :

    la coopération linguistique : cours de langues, voyages scolaires et laboratoire de langues en libre accès ;

    la coopération culturelle : colloques sur la philosophie de la tolérance (Pierre Bayle) et spectacles historiques ;

    la coopération artistique : créations contemporaines, artistes en résidence ;

    la coopération touristique : guides touristiques géolocalisés.

    « La culture en héritage » a fait l’objet d’une évaluation interne par le SMALCT, selon des

    indicateurs d’évaluation fixés en lien avec le FEDER. Ces critères quantitatifs portaient sur le

    nombre d’évènements organisés, le nombre de personnes ayant bénéficié des actions, le nombre de

    réalisations (ou productions) et le nombre d’échanges institutionnels entre les partenaires.

    Selon cette évaluation, plus de 22 000 personnes ont participé aux 11 actions majeures du

    projet entre 2008 et 2012. Toutefois, le SMALCT n’est pas en mesure de comptabiliser le nombre

    de touristes qui ont traversé la frontière pour participer à ces actions, ce qui n’autorise pas une

    évaluation des échanges transfrontaliers générés par cette action.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 5

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    En outre, le dispositif a été contrôlé par deux cabinets d’audit externe mandatés par la

    commission du programme de coopération territoriale Espagne-France-Andorre 2007-2013. Un

    premier niveau de contrôle vérifie que les frais imputés au programme sont justifiés et que leur

    paiement est demandé par le chef de file. Le contrôle de second degré consiste à veiller à la

    conformité du système de gestion et de contrôle mis en place.

    Les principales irrégularités relevées par ces contrôles étaient majoritairement liées à

    l’absence de lien entre la dépense et le projet (absence de facture et dépense postérieure à la date

    d’achèvement du projet). Mais elles sont restées marginales, puisque les dépenses rejetées par les

    cabinets d’audit externes représentent moins de 5 % des dépenses éligibles aux subventions

    européennes.

    La chambre relève qu’au-delà de ces aspects comptables et quantitatifs, l’impact de cette

    opération en termes de lien et de coopération transfrontaliers n’a pas été évalué.

    2.3 Des projets aujourd’hui à vocation locale

    L’opération « la culture en héritage » a pris fin en 2012. Depuis cette date, le SMALCT a

    lancé deux nouveaux projets : « Co-working Pyrénées » et le « fab-lab » de Lézat. La dynamique

    transfrontalière est présente, pour « Co-working Pyrénées », à travers des échanges d’expérience

    entre les partenaires français et espagnols. Elle est totalement absente du projet « fab-lab ».

    Le projet « Coworking pyrénées » réunit quatre partenaires franco-espagnols : le syndicat

    mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière, une association en faveur du développement du

    travail à distance et du travail collaboratif (la coopérative des Tiers-Lieux), ainsi que deux

    organismes privés de formation professionnelle (le centre de formation Somorrostro et le Fondo

    Formación Euskadi situés au Pays-Basque espagnol).

    Cette action a débuté en septembre 2014. L’objectif est de créer des espaces physiques et

    virtuels de travail. A Lézat-sur-Lèze, l’espace de coworking sera installé dans l’ancienne école

    communale.

    Dans le projet « Fab-Lab », porté par la communauté des communes de la Lèze, le

    SMALCT joue un rôle important en matière de promotion. Le site internet du projet indique que

    l’objectif est de « re-localiser l’innovation en mutualisant les équipements (machines à commande

    numérique: découpe laser, plasma, vinyle, fraiseuse numérique, imprimantes 3D, petite

    électronique, outillage…) et services (formation, animation, secrétariat…), en accompagnant les

    pratiques numériques des jeunes et des séniors, en facilitant la circulation des connaissances et des

    capacités à innover ».

    La communauté des communes de la Lèze a gardé la maîtrise d’ouvrage pour la construction

    et l’animation du bâtiment destiné à accueillir le « Fab-Lab ». Le SMALCT a sollicité des

    financements européens FEADER pour l’organisation de la semaine relative à l’économie créative

    organisée en septembre 2014.

    L’aspect transfrontalier des projets, s’il existe, n’a, jusqu’à présent, jamais été mesuré en

    termes d’impact ou d’objectifs cibles. De façon plus générale, l’absence d’évaluation qualitative se

    retrouve pour l’ensemble des actions conduites, dont le retour sur investissement n’a pas été ni

    mesuré ni anticipé.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 6

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    L’existence d’une structure dédiée pour porter des projets en nombre restreint et dont la

    vocation transfrontalière est de moins en moins affirmée apparaît difficilement justifiable. La

    chambre observe que la valeur ajoutée du syndicat est faible et que le portage des projets pourrait

    être assuré par un établissement public de coopération intercommunal existant.

    3 UN SYNDICAT STRUCTURELLEMENT DÉFICITAIRE

    3.1 L’opération « la culture en héritage » reste déficitaire

    L’activité du SMALCT entre 2008 et 2012 était quasi-exclusivement constituée de la mise

    en œuvre du projet « la culture en héritage ». D’un total d’environ 1,6 M€ dont initialement

    1 082 076 € pour le partenaire français, ce projet bénéficiait de financements européens à hauteur de

    65 %. Le 6 août 2013, un avenant a porté le montant du budget concernant le SMALCT à

    1 126 020 €.

    Tableau n°1 : Dépenses et subventions européennes du projet « culture en héritage »

    Prévisions des dépenses Dépenses réalisées Subventions européennes

    2007 47 151,77 €

    2008 15 559,00 € 52 182,34 €

    2009 503 257,19 € 404 361,42 €

    2010 402 970,00 € 286 839,14 € 283 332,90 €

    2011 335 930,00 € 270 218,61 €

    2012 133 717,72 € 186 243,39 €

    2013 150 172,66 €

    2014 64 760,05 €

    Total fin 2014 1 304 867,96 € 1 147 319,23 € 684 509,00 €

    Alors que le projet est terminé depuis fin 2012 avec des dépenses cumulées de

    1 147 319,23 €, dont une partie, soit 29 385,13 € n’a pas été considérée comme éligible par le

    POCTEFA, l’ensemble des financements du projet ne s’établit aujourd’hui qu’à 1 102 591,54 €.

    Ces financements proviennent pour 62,1 % de l’union européenne, 2,9 % de l’Etat, 4,3 % du conseil

    général, 7,1% du conseil régional, 16,8 % des communes adhérentes1 et 6,7 % de la communauté de

    communes. En outre, le SMALCT espère2 percevoir un complément de subvention européenne de

    36 332,86 € en décembre 2017 ce qui porterait à cette date l’apport européen à 720 841,86 €, soit à

    64,02 % du budget après avenant3 et à 62,8 % des dépenses effectivement réalisées. Le financement

    complémentaire, en sus de leur cotisation, est de près d’un quart du coût du projet pour les

    collectivités membres.

    1 Essentiellement celle de Carla-Bayle : 164172,14 € (14,89 % du total) ; le financement cumulé des communes s’élève

    à 185557,30 € ; la communauté de communes Arize participe à hauteur de 73919,71 €

    2 La notification n’a pas encore été reçue.

    3 Ce qui ne modifierait que très légèrement les pourcentages de participation des autres financeurs.

    Source : SMALCT

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 7

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    Le déficit actuel par rapport aux dépenses effectuées s’élève ainsi à 44 727,70 €. Il pourrait

    se réduire à 8 394,84 € en 2017 si le complément de subvention européenne était accordé.

    Ce bilan permet de comprendre les deux difficultés majeures auxquelles s’est trouvé

    confronté ce programme.

    En premier lieu, le versement des subventions européennes est tardif.

    Même si les dépenses qui devaient avoir lieu en 2007 ont été reportées en 2008, les

    premières subventions européennes ont été versées en 2010. Les subventions sont en moyenne

    versées deux ans après la réalisation des actions. A la date de clôture du programme, le

    31 décembre 2012, le montant des subventions perçues par le SMALCT atteignait seulement

    469 576 €, soit les deux tiers de la somme attendue. Jusqu’en 2017, si le complément de subvention

    espéré se concrétise, le syndicat aura du assurer, dans un contexte de situation financière difficile,

    les besoins de trésorerie correspondant au décalage important entre rythme des dépenses et

    perception des financements européens.

    Le syndicat doit faire appel à des lignes de trésorerie dont le coût amoindrit son

    autofinancement. Dans sa réponse aux observations provisoires de la chambre, l’ordonnateur a

    déclaré que le syndicat rembourserait, en juin 2015, l’emprunt contracté auprès de la Caisse

    d’Épargne pour ce projet.

    En second lieu, alors le budget prévisionnel initial était de 1 082 076 € de dépenses, celles-ci

    atteignaient à la fin de l’exercice 2012 plus de 1 147 000 €, soit un dépassement de 65 000 €. Même

    si un avenant postérieur à l’achèvement du projet a permis de réduire l’écart avec le budget, la

    chambre note, au vu du fichier des ressources transmis, que des financements non négligeables ont

    dû, de ce fait ainsi que pour financer le coût du prêt de trésorerie, encore être demandés en 2014

    aux différentes collectivités territoriales.4

    En tout état de cause, dans la mesure où le montant des dépenses liées à cette action est

    supérieur au montant des recettes du SMALCT, le résultat reste déficitaire et a un impact négatif sur

    la situation financière du syndicat.

    3.2 Une situation financière tendue à la fin de l’exercice 2013

    Les recettes de fonctionnement s’élevaient à 313 K€ en 2010, contre 245 K€ en 2013. Elles

    atteignent près de 960 K€ sur la période 2009-2013.

    Elles sont constituées dans leur quasi-totalité des participations versées au syndicat et

    évoluent de façon erratique sur la période, en fonction du niveau de financement des différents

    projets et de la date de versement des fonds, pour les subventions européennes notamment.

    Au fil des exercices les participations des collectivités membres sont devenues de plus en

    plus significatives. Leur hausse tient à la montée en puissance des animations relatives au projet « la

    culture en héritage » et au financement des dépenses par la commune accueillant l’événement.

    4 Financements de collectivités territoriales intervenus en 2014 sur ce projet : 14 194,18 € de la communauté de

    communes, 37 889,85 € de la commune de Carla Bayle et 1 712,65 € de la commune de Pailhès.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 8

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    Tableau n°2 : Évolution des recettes de fonctionnement

    2009 2010 2011 2012 2013

    Recettes d'exploitation - 1 370 180 205 -

    Dotations et participations 46 096 311 159 101 416 255 565 245 360

    46 096 312 529 101 596 255 770 245 360 Source : CRC Midi-Pyrénées, d’après les comptes de gestion.

    Les dépenses de fonctionnement s’élèvent à plus de 1,1 M€ sur la période. Elles ont atteint

    des montants importants entre 2009 et 2011 (entre 300 et 400 K€) du fait de l’animation « la culture

    en héritage ». Elles ont diminué ensuite, le syndicat ne portant plus de projets de la même ampleur.

    Ces charges sont constituées à 71 % par des charges à caractère général.

    Tableau n°3 : Évolution des charges de gestion

    en € 2009 2010 2011 2012 2013

    Charges à caractère général 355 732 223 344 204 861 48 359 7 955

    Charges de personnel 54 573 66 921 90 237 42 297 30 420

    Subventions de fonctionnement - - - - -

    Autres charges de gestion 492 400 4 591 308 -

    Charges de gestion 410 797 290 665 299 689 90 964 38 374 Source : CRC Midi-Pyrénées, d’après les comptes de gestion.

    Le cumul des charges et des recettes sur la période n’est pas équilibré. Les dépenses

    engagées par le syndicat ont été supérieures aux recettes encaissées, même si le décalage dans le

    versement des subventions aboutit à rendre certains exercices excédentaires. Sur la période,

    l’épargne brute dégagée est négative de plus de 227 K€, parce que le syndicat n’est pas parvenu à

    dégager les ressources suffisantes pour couvrir ses dépenses.

    Tableau n° 4 : Evolution de l’épargne

    en €2009 2010 2011 2012 2013

    Cumulé 2009-

    2013

    Produits de gestion 46 096 312 529 101 596 255 770 245 360 961 351

    Charges de gestion 410 797 290 665 299 689 90 964 38 374 1 130 489

    Excédent brut de fonctionnement -364 702 21 864 -198 092 164 806 206 986 -169 138

    en % des produits de gestion -791,2% 7,0% -195,0% 64,4% 84,4%

    +/- Résultat financier (réel seulement) 0 -8 385 -11 782 -15 106 -21 606 -56 879

    +/- Autres produits et charges excep. réels 0 0 -1 650 0 0 -1 650

    CAF -364 702 13 480 -211 524 149 700 185 379 -227 667

    en % des produits de gestion -791,2% 4,3% -208,2% 58,5% 75,6% Source : CRC Midi-Pyrénées, d’après les comptes de gestion.

    Des difficultés de trésorerie ont découlé de cette situation. Le fonds de roulement est resté

    négatif, en dépit des subventions perçues après la clôture de l’opération « culture en héritage ».

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 9

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    Tableau n° 5 : Evolution du fonds de roulement (2010-2013)

    au 31 décembre en € 2010 2011 2012 2013

    Dotations, réserves et affectations -346 767 -333 288 -544 812 -395 112

    Résultat (fonctionnement) 13 480 -211 524 149 700 185 379

    Subventions 0 0 10 000 10 000

    Provisions pour risques et charges 0 0 0 0

    Ressources propres élargies -333 287 -544 812 -385 112 -199 733

    Dettes financières 0 0 0 0

    Ressources stables -333 287 -544 812 -385 112 -199 733

    Immobilisations propres nettes (hors en cours) 0 7 287 34 935 34 935

    Emplois immobilisés 0 7 287 34 935 34 935

    Fonds de roulement net global (E-F) -333 288 -552 099 -420 047 -234 667

    en nombre de jours de charges courantes -407 -647 -1 445 -1 428 Source : CRC Midi-Pyrénées, d’après les comptes de gestion.

    Le décalage du versement des subventions nécessite un fonds de roulement suffisant pour y

    faire face. Or, dès le départ, ce fonds de roulement a fait défaut au syndicat et est resté fortement

    négatif.

    3.3 Des perspectives financières incertaines tributaires de l’effort budgétaire des collectivités membres

    Depuis septembre 2014, le SMALCT pilote un nouveau projet, « Coworking Pyrénées »,

    dans le cadre du troisième appel à projet 2013 du programme de coopération territorial

    Espagne-France-Andorre 2007-2013. Le SMACLT est chef de file du projet, qui est validé par une

    convention de financement du FEDER. Les modalités d’exécution de cette convention de

    financement sont similaires à celles du programme « la culture en héritage ». L’opération aura lieu

    du 1er

    janvier 2014 au 30 septembre 2015.

    Le coût total du projet Coworking-pyrénées est évalué à 436 800 €. Le FEDER finance ce

    programme à hauteur de 65 %, soit une subvention totale de 283 920 €. Le SMALCT, qui évalue

    pour sa partie le coût de ce programme à 170 000 € environ, est le premier bénéficiaire de l’aide

    européenne (115 050 €). Le plan de financement prévoit également l’obtention de subventions de

    collectivités territoriales et de fonds nationaux. Par ailleurs, le SMALCT s’est engagé à

    autofinancer ce programme à hauteur de 35 400 €.

    Compte tenu de sa vulnérabilité financière et de son absence d’épargne, il devra donc être

    fait appel, ainsi que l’a indiqué le président du syndicat dans sa réponse aux observations

    provisoires de la chambre, à de nouvelles contributions des collectivités membres.

    La chambre souligne, dans ces conditions, l’impact budgétaire sur les collectivités

    concernées que représente l’absence de maîtrise des projets du SMALCT.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 10

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    4 DES MODALITÉS DE FINANCEMENT INAPPROPRIÉES

    Les dépenses auxquelles doit faire face le syndicat sont restées inchangées depuis sa

    création. Il s’agit des frais de fonctionnement, des frais de personnel, des frais d’études et de

    missions.

    Les recettes sont constituées d’une cotisation annuelle systématique et forfaitaire des

    collectivités et EPCI membres, et d’une contribution financière annuelle des adhérents qui varie

    selon les dépenses engagées.

    En 2014, la cotisation annuelle a augmenté de 50 %, passant de 1 € à 1,5 € par habitant du

    territoire membre du syndicat.

    De plus, les collectivités membres du syndicat participent aussi au financement des actions.

    Cette participation financière dépend des dépenses engagées dans le cadre des projets en cours et

    des retombées pour la collectivité concernée. Elle n’est assise sur aucun fondement juridique.

    4.1 Un mode de financement irrégulier

    La rédaction actuelle des statuts distingue deux types de recettes : une cotisation annuelle

    systématique des adhérents ainsi qu’une contribution financière annuelle variable selon « les projets

    en cours et les dépenses réalisées dans ce cadre ».

    Cette dernière participation pose question au regard du cadre juridique en vigueur.

    En effet, la loi n° 2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales a

    introduit à travers ses articles 73 et 76 des dispositions nouvelles dans le code général des

    collectivités territoriales visant à encadrer les interventions financières des collectivités locales.

    Désormais les articles L. 5214-16, L. 5216-5 et L. 5215-26 du code autorisent, s'agissant

    respectivement des communautés de communes, des communautés d'agglomération et les

    communautés urbaines, le versement de fonds de concours entre l'EPCI et les communes membres

    après accords concordants exprimés à la majorité simple du conseil communautaire et des conseils

    municipaux concernés.

    Toutefois, le cas de dérogation au principe de spécialité qui régit les EPCI ne couvre

    toujours pas le champ des syndicats mixtes5. Dès lors, la possibilité d’attribution de fonds de

    concours d’un EPCI au profit de ses communes membres, ou l’inverse, reste limitée aux

    communautés de communes et encadrée par les dispositions des articles L. 5214-16 V et

    L. 5214 -16 VI du CGCT, modifiés par la loi 2004-809 du 13 août 2004, exception faite, en matière

    d’électricité, de la possibilité de versement de fonds de concours ouverte par l’article L. 5212-24 du

    CGCT. Ils ne s’appliquent pas au SMALCT.

    5 Seul l’article L. 5212-26 fait référence à cette forme d’établissement, mais en revoyant à l’article L. 5212-24 qui cite

    uniquement les syndicats intercommunaux exerçant la compétence d'autorité organisatrice de la distribution publique

    d'électricité. Ainsi, les dispositions combinées des articles L. 1111-10 et L. 5212-26 du CGCT posent les principes de

    participations financières sous forme de fonds de concours lorsqu'une commune ou un syndicat intercommunal

    d'électrification assure la maîtrise d'ouvrage d'une opération d'investissement.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 11

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    Pour autant, même si les statuts du SMALCT ne font pas référence à la notion de fonds de

    concours, ils organisent la contribution financière des membres dans ce cadre.

    Ainsi, la contribution annuelle est « évaluée de manière proportionnelle au montant des

    dépenses effectuées au cours de l’année ». Plusieurs cas sont alors distingués :

    lorsqu’il s’agit d’investissement ou d’équipement, l’adhérent qui l’accueille doit supporter la totalité des dépenses imputables au SMALCT ;

    lorsqu’il s’agit de dépenses de dépenses de fonctionnement des projets ou des équipements, le membre adhérent qui accueille le projet ou l’équipement sur son

    territoire supporte 80 % des dépenses imputables au SMALCT, les autres membres

    financent les 20 % résiduels ;

    lorsque les dépenses engagées concernent des actions se déroulant sur l’ensemble du territoire, la contribution est répartie au prorata du nombre d’habitants.

    L’article 2 des statuts précise bien que le syndicat est compétent pour mener les projets de

    coopération transfrontalière ou impliquant des financements européens, ainsi que la création des

    équipements impliquant une coopération transfrontalière. Les collectivités membres n’ont plus de

    compétences en la matière, et ne peuvent donc financer directement les projets du syndicat.

    4.2 Un mode de financement non soutenable sur le plan budgétaire

    Au regard des éléments précédents, et en l’état actuel des statuts, seule la cotisation annuelle

    systématique des adhérents, fixée selon le nombre d’habitants, peut constituer une contribution

    financière régulière des collectivités membres.

    Or son niveau, augmenté depuis 2014 à 1,5 € par habitant, rapporte moins de 20 000 € par

    an au syndicat, ce qui est insuffisant pour combler l’insuffisance de fonds de roulement.

    En premier lieu cette somme est à peine suffisante pour couvrir les dépenses de structure,

    voire n’y parvient pas. En 2013, les seules dépenses de personnel par exemple se sont élevées à plus

    de 30 000 €. Or la contribution systématique, fixe, devrait couvrir tout au moins ce type de charges.

    Le fonds de roulement négatif conjugué au besoin en fonds de roulement aléatoire pendant

    la période 2010-2013 a conduit à des besoins de trésorerie importants. La cotisation des adhérents

    n’a pu couvrir ce besoin.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 12

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    Tableau n°6 : Le besoin en fonds de roulement

    en € 2010 2011 2012 2013 Moyenne

    Stocks - - - - -

    + Redevables et comptes rattachés - - - - -

    - Encours fournisseurs 72 966 6 829 - - 19 949

    Dont fournisseurs d'immobilisations - 892 - - 223

    = Besoin en fonds de roulement de gestion 72 966 - 6 829 - - - 19 949 -

    en nombre de jours de charges courantes 89 - 8 - - - 24 -

    - Dettes et créances sociales - - - - -

    - Dettes et créances fiscales - - - - -

    - Autres dettes et créances sur Etat et collectivités - 16 325 6 351 - 18 988 - 2 253 -

    - Autres dettes et créances - 928 535 - 366

    Dont dépenses à classer ou régulariser (qui augmentent le BFR)* - - - - -

    Dont recettes à classer ou régulariser (qui diminuent le BFR)* - - - - -

    Dont autres comptes créditeurs (dettes d'exploitation qui diminuent le BFR)* - 928 535 - 366

    Dont autres comptes débiteurs (créances d'exploitation qui augmentent le BFR)* - - - - -

    Dont compte de rattachement avec les budgets annexes** - - - - -

    Dont compte de rattachement avec le CCAS et la Caisse des écoles** - - - - -

    = Besoin en fonds de roulement global 72 966 - 24 082 - 5 815 18 988 18 061 -

    en nombre de jours de charges courantes 89 - 28 - 20 116 Source : CRC Midi-Pyrénées d’après données ANAFI

    5 LA PÉRENNITÉ DU SYNDICAT EN QUESTION

    En conclusion, l’avenir du SMALTC apparaît mal assuré.

    Sa vocation transfrontalière semble aujourd’hui largement perdue de vue, alors même que le

    seul projet transfrontalier mené à son terme, « la culture en héritage », n’a pas donné lieu à

    l’évaluation qualitative des échanges qu’il a générés. Le syndicat est structurellement déficitaire, à

    hauteur de 235 000€ fin 2013, et n’a pas la capacité de revenir à l’équilibre à court terme. Les

    opérations engagées en 2014 sollicitent en outre un autofinancement dont le syndicat ne dispose pas

    sans recourir à des appels complémentaires auprès de ses membres. Enfin, son mode de

    financement repose sur des bases juridiques incertaines, puisqu’il consiste en grande partie à

    solliciter un financement direct des projets qu’il porte par les EPCI et collectivités membres, ce qui

    revient à mettre en place un fonds de concours que le code général des collectivités territoriales

    n’autorise pas s’agissant des syndicats mixtes, sauf en matière d’électricité.

  • Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées 13

    Rapport d’observations définitives - Syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière (SMALCT) (09)

    La chambre s’interroge donc sur la pertinence du maintien de ce syndicat mixte. Il constitue

    en effet un facteur de complexité administrative. Par ailleurs, ses coûts de gestion sont aujourd’hui

    mal couverts, et sont susceptibles, à court terme, de mettre en difficulté financière les EPCI et

    collectivités membres.

    La chambre préconise donc, dans le souci d’une bonne administration des territoires

    concernés, la dissolution du syndicat et le transfert des projets qu’il porte à un ou plusieurs EPCI

    existants.

    Telles sont les observations définitives que la chambre a décidé de formuler sur la gestion du

    syndicat mixte Arize-Lèze de coopération transfrontalière.

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