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TD chap. 4 : Intégration sociale et emploi Livre Bordas p. 244/245 et p. 358/361 Document 1a : « Ils ont décidé de ne plus travailler », Grégoire et les autres… « Il est assis en terrasse, comme un touriste. Il prend son temps, il lit tout doucement Le Parisien. Aujourd'hui, Grégoire ne travaille pas. Il ne travaillera pas davantage demain. A vrai dire, il a arrêté ce genre d'âneries en 2005. Depuis, rien, pas une seule rechute, ou si petite. "En cinq ans, affirme-t-il, j'ai bossé une semaine, au black, pour rendre service à un pote qui a sa propre boîte. Mais je n'ai plus envie, pour l'instant en tout cas. Je ne veux vraiment pas bosser." « […] En quelques jours, nous avons rencontré Mathieu, Vincent, Daniel, Nicolas, Amélie et Cécile, une fille formidable. Nous avons aussi parlé au téléphone avec François, Cédric et Luc. Tous ont entre 25 et 40 ans. Tous ont travaillé et en sont revenus. Aucun ne jure qu'il ne replongera plus jamais, mais tous ont choisi de se mettre en réserve du marché de l'emploi pendant quelques années. Ils affirment connaître plusieurs personnes qui ont fait le même choix. […] Dans un roman qui vient de paraître, Libre, seul et assoupi, Romain Monnery dresse le portrait de cette génération qui rejette le monde du travail à force d'être rejeté et maltraité par lui . Il dit le bonheur de cette vie sans boulot, (…). Il en raconte aussi les travers, la vie sociale en danger, la vie amoureuse en péril et les Snickers aux heures de repas. « La semaine dernière, Grégoire a achevé, pour le plaisir, un obscur boulot de "programmation informatique qui lui tenait à cœur" et avoue traverser "une période un peu plus glandeuse que d'habitude". Cet après-midi, il lit encore, il écoute de la musique. Si nous n'étions pas là, il ferait sans doute une sieste. Mais un pote va passer en fin d'après-midi : c'est presque un événement. "En quittant le monde du travail, on renonce à un vecteur de socialisation , dit Grégoire. On sort moins, on voit moins de monde. Comme on n'a plus d'argent, on n'organise plus de repas à la maison, on ne va plus au restaurant, il n'y a pas de vacances entre potes. Il faut supporter cette solitude, sinon on est malheureux. Avec les filles, c'est compliqué aussi. Ma dernière copine a accepté la situation pendant quatre mois, puis elle s'est barrée. C'était pas un problème d'argent. Elle ne comprenait pas que je ne fasse rien. Elle pensait que je ne serais jamais capable du moindre enthousiasme amoureux si je ne manifestais aucun enthousiasme pour le boulot. Je la faisais flipper." De fait, sur la dizaine de personnes que nous avons interrogées, seules deux sont engagées dans une relation durable et elles n'ont quitté le monde du travail qu'il y a un an. « Outre la pression financière, une vie hors du monde du travail génère des pressions sociales et psychologiques en tout genre. Le pote de Grégoire, informaticien lui aussi, vient d'arriver. Il s'y met déjà. "Quand est-ce que tu te reprends en main ? Franchement, tu ne devrais pas te laisser aller comme ça." Les amis et la famille s'inquiètent, à tour de rôle ils s'énervent, ils s'en foutent, ils enragent, ils cherchent à culpabiliser. "Sarkozy a exalté la valeur travail comme jamais . J'ai vraiment senti un durcissement depuis trois ans. Si on ne contribue pas à l'effort, on est coupable de quelque chose. On vole de l'argent. Même ma mère m'a dit cela un jour. On doit expliquer sans arrêt qu'on n'a pas de problème, qu'on a juste décidé, l'espace de quelques années, de ne pas se plier à la norme . A force, se justifier devient presque un travail en soit."

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TD chap. 4 : Intégration sociale et emploiLivre Bordas p. 244/245 et p. 358/361Document 1a   : «   Ils ont décidé de ne plus travailler   », Grégoire et les autres…

« Il est assis en terrasse, comme un touriste. Il prend son temps, il lit tout doucement Le Parisien. Aujourd'hui, Grégoire ne travaille pas. Il ne travaillera pas davantage demain. A vrai dire, il a arrêté ce genre d'âneries en 2005. Depuis, rien, pas une seule rechute, ou si petite."En cinq ans, affirme-t-il, j'ai bossé une semaine, au black, pour rendre service à un pote qui a sa propre boîte. Mais je n'ai plus envie, pour l'instant en tout cas. Je ne veux vraiment pas bosser."« […] En quelques jours, nous avons rencontré Mathieu, Vincent, Daniel, Nicolas, Amélie et Cécile, une fille formidable. Nous avons aussi parlé au téléphone avec François, Cédric et Luc. Tous ont entre 25 et 40 ans. Tous ont travaillé et en sont revenus. Aucun ne jure qu'il ne replongera plus jamais, mais tous ont choisi de se mettre en réserve du marché de l'emploi pendant quelques années. Ils affirment connaître plusieurs personnes qui ont fait le même choix. […] Dans un roman qui vient de paraître, Libre, seul et assoupi, Romain Monnery dresse le portrait de cette génération qui rejette le monde du travail à force d'être rejeté et maltraité par lui. Il dit le bonheur de cette vie sans boulot, (…). Il en raconte aussi les travers, la vie sociale en danger, la vie amoureuse en péril et les Snickers aux heures de repas. « La semaine dernière, Grégoire a achevé, pour le plaisir, un obscur boulot de "programmation informatique qui lui tenait à cœur" et avoue traverser "une période un peu plus glandeuse que d'habitude". Cet après-midi, il lit encore, il écoute de la musique. Si nous n'étions pas là, il ferait sans doute une sieste. Mais un pote va passer en fin d'après-midi : c'est presque un événement. "En quittant le monde du travail, on renonce à un vecteur de socialisation, dit Grégoire. On sort moins, on voit moins de monde. Comme on n'a plus d'argent, on n'organise plus de repas à la maison, on ne va plus au restaurant, il n'y a pas de vacances entre potes. Il faut supporter cette solitude, sinon on est malheureux. Avec les filles, c'est compliqué aussi. Ma dernière copine a accepté la situation pendant quatre mois, puis elle s'est barrée. C'était pas un problème d'argent. Elle ne comprenait pas que je ne fasse rien. Elle pensait que je ne serais jamais capable du moindre enthousiasme amoureux si je ne manifestais aucun enthousiasme pour le boulot. Je la faisais flipper." De fait, sur la dizaine de personnes que nous avons interrogées, seules deux sont engagées dans une relation durable et elles n'ont quitté le monde du travail qu'il y a un an. « Outre la pression financière, une vie hors du monde du travail génère des pressions sociales et psychologiques en tout genre. Le pote de Grégoire, informaticien lui aussi, vient d'arriver. Il s'y met déjà. "Quand est-ce que tu te reprends en main ? Franchement, tu ne devrais pas te laisser aller comme ça." Les amis et la famille s'inquiètent, à tour de rôle ils s'énervent, ils s'en foutent, ils enragent, ils cherchent à culpabiliser. "Sarkozy a exalté la valeur travail comme jamais. J'ai vraiment senti un durcissement depuis trois ans. Si on ne contribue pas à l'effort, on est coupable de quelque chose. On vole de l'argent. Même ma mère m'a dit cela un jour. On doit expliquer sans arrêt qu'on n'a pas de problème, qu'on a juste décidé, l'espace de quelques années, de ne pas se plier à la norme. A force, se justifier devient presque un travail en soit." Il en sourit. Il est 18 heures, le pote est reparti. Une journée de non-travail s'achève. « Ils ont décidé de ne plus travailler », Les Inrocks, septembre 2010, enquête à partir du roman Libre, seul et assoupi, de Romain Monnery1. Le cas de Grégoire est-il un cas fréquent ? Utilisez du vocabulaire sociologique pour répondre.2. Pourquoi « choisir » de ne pas travailler ? (Voir aussi doc. 4.5). Peut-on imaginer un profil politique pour Grégoire ?2. Quelles sont les conséquences de ses choix ? (appuyez-vous sur les passages soulignés et en utilisez un vocabulaire sociologique)Document 1b   : Le travail compte plus que les loisirs Naïri Nahapétian - Alternatives Economiques n° 338 - septembre 2014 Les Français accordent plus d'importance au travail que les autres Européens, même si les loisirs occupent de plus en plus de place.Contrairement à une idée reçue, les Français n'accordent pas plus d'importance aux loisirs et au temps libre qu'au travail. Au contraire, nous nous distinguons des autres pays européens par un fort surinvestissement dans la sphère professionnelle.Certes, la dernière enquête du Crédoc sur les conditions de vie et aspirations des Français révèle que la part des personnes qui jugent que le temps libre et la détente sont très importants est de 50 % en 2014, contre 41 % en 1985. Mais la proportion de ceux qui accordent une plus grande

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importance à leur métier et au travail en général reste plus élevée : 61 % en 2014, contre 57 % en 1985.Ces résultats confirment ceux de l'enquête World Values Survey, qui montrent que la France est l'un des pays, sur les 47 étudiés, où l'on est le plus soucieux de la vie professionnelle. Et à la différence de nos voisins allemands ou britanniques, cette survalorisation du travail est tout autant ancrée parmi les chômeurs et les retraités que parmi les actifs en poste.Les domaines de la vie jugés "très importants" en France, en   %

Cette spécificité française tient à plusieurs facteurs. Le fait que le taux d'activité des femmes soit plus élevé en France qu'ailleurs en Europe accroît certainement le nombre de ceux qui accordent une place prépondérante au travail. Mais cette particularité, positive en elle-même, n'explique pas tout. Au-delà de la rémunération, le travail est perçu par les Français comme le principal vecteur d'épanouissement et de réalisation de soi : 78 % d'entre eux l'estiment nécessaire pour "développer pleinement ses capacités", contre 47 % des Suédois et 48 % des Allemands. La France se caractérise ainsi par l'importance considérable du travail dans l'intégration sociale. Il s'agit d'un marqueur essentiel de l'identité sociale, comme le rappelle le sociologue Philippe d'Iribarne, pour qui les Français se distinguent par l'importance accordée au "rang" dans la hiérarchie des métiers.

Inégaux face aux loisirsLe fait que l'importance accordée aux loisirs augmente parallèlement à celle accordée au travail est interprété par le Crédoc comme une volonté de "vivre intensément". De fait, les activités culturelles et sportives demeurent l'apanage de ceux qui sont les mieux insérés dans l'emploi. Mais même durant le temps libre, le travail n'est jamais très loin : près des deux tiers des Français voient leurs loisirs comme un moyen d'apprendre des choses, soit deux fois plus qu'ailleurs. Ce qui est paradoxal, car les Français sont aussi moins nombreux que les habitants des pays de niveau de vie comparable à lire, à aller au musée, à des concerts, à visiter des monuments ou à avoir des pratiques artistiques en amateurs. Avec la persistance du chômage et du temps partiel subi, beaucoup de Français restent chez eux devant l'ordinateur ou la télévision durant leur temps libre.Enfin, si la part du budget des Français consacrée aux loisirs et à la culture a progressé - elle est passée en moyenne de 6,5 % en 1960 à 8 % aujourd'hui, mais avec de très fortes inégalités entre classes sociales -, elle reste de deux points inférieure par rapport aux pays scandinaves, au Royaume-Uni, à l'Allemagne et aux Pays-Bas.

1. Comment ce document vous permet-t-il d’argumenter la réponse à la Q1 du doc.1 ?2. Quels sont les éléments déterminants la satisfaction au travail des Français (cf. les

passages soulignés)3. Pensez-vous qu’ils soient les mêmes pour tous les travailleurs ? Expliquez notamment cette

affirmation : les activités culturelles et sportives demeurent l'apanage de ceux qui sont les mieux insérés dans l'emploi

Document 2   : Emploi et statut social « L’accès à l'emploi demeure le sésame de La vie sociale au sein de nos sociétés modernes. [...] Le revenu tiré de l'emploi permet à la fois de se libérer de l'emprise de la pauvreté et de choisir librement son destin. [...] L’aspect revenu n'est pas le seul facteur, même s'il joue un rôle important, trop souvent minoré. Car l'emploi permet aussi à ceux qui y ont accès de "faire Leur vie", d'avoir une place reconnue dans la société et d'y tenir un rôle qui ne se réduit pas à des tâches domestiques. Quand il s'agit de se présenter dans un groupe, les gens disent rarement, voire jamais, "j'aime la danse" ou "je suis une passionnée de cinéma". En revanche, ils nomment presque

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toujours leur profession. Non qu'ils en soient forcément fiers, mais elle indique qu'ils tiennent une place sociale reconnue, même si elle est modeste. À l'inverse, les chômeurs se présentent rarement comme tels, sauf s'ils ont le goût de la provocation : ils indiquent leur métier, ajoutant parfois "en recherche d'emploi". Et plutôt que d'avouer qu'elles sont "sans profession", ce qui serait un aveu d'inutilité sociale, les femmes préfèrent se dire "mères de famille" ou à la rigueur "femmes au foyer", transformant leur non-emploi en rôle positif, de crainte d'être taxées d'inutilité sociale. »Denis Clerc, « De l'emploi au statut social », Alternatives économiques, Hors-série n° 069, 2006.

1. Pourquoi l'accès à l'emploi est-il « le sésame de la vie sociale »?2. Comment l'emploi permet-il la construction de l'identité individuelle?3. Quelle critique ou quelle nuance peut-on apporter à l’analyse de D. Clerc compte-tenu de ce que l’on peut savoir sur les différentes formes d’intégration sociale ?

Document 3   : L’histoire de Laëtitia « Laëtitia est née à Villiers-le-Bel, mais très vite ses parents repartent en Normandie, la région d'origine. La famille finit par éclater, se décomposer puis se recomposer, avec de nouveaux frères et sœurs. Laëtitia se fait trimbaler de foyer en famille d'accueil jusqu'à l'âge de quinze ans, déscolarisée puis rescolarisée. Pudique et discrète sur cette période tourmentée dont on devine des blessures encore fraîches. "J'étais en décalage per-manent, je n'arrivais pas à suivre à l'école." Sa tante la recueille finalement à Sarcelles, où elle entre en classe de troisième, puis enchaîne avec un BEP commerce, administratif et secrétariat. L'année de ses dix-huit ans, elle tombe enceinte et se voit écartée du BEP. [...] Soutenue par sa tante, elle passe un CAP petite enfance, puis enchaîne un job saisonnier de paysagiste à la mairie de Sarcelles en juillet 2001. [...] Elle demande un poste de gardienne de cimetière. [...] Malgré le petit salaire qu'elle touche, Laëtitia aime son travail et se met à en parler avec entrain et au présent: "Au cimetière, je suis en contact avec les familles. J'établis des constats de travaux pour les sépultures. On a une petite loge, on se relaie. Les gens viennent là parce qu'ils se sentent seuls. Ils viennent s'asseoir sur les bancs. On discute et ça passe le temps." [...]Au bout d'un an, ses crises d'épilepsie reviennent. Toujours plus fortes. C'est le début d'un long arrêt maladie dont elle peine à voir le bout. [...] Isolées, Laëtitia et sa fille vivent avec 650 euros mensuels. Auxquels il faut déduire 100 euros pour le remboursement des dettes et l90 euros de loyer. Il lui reste 390 euros pour le reste: électricité, assurance, téléphone, cantine, sport. À chaque dépense son enveloppe. "J'ai 100 euros pour l'alimen-taire. Et on n'a aucun à-côté, pas de loisirs, pas de restaurant. Je ne peux pas l'amener au ciné ou même à la piscine. On ne sort pas beaucoup." Son traitement pour l'épilepsie est pris en charge à 100 %. [...] Pour les vacances, c'est grâce à la CAF qu'elles pourront partir une semaine en camping en Bretagne. "J'ai été privée de beaucoup de choses pendant mon enfance. Ça m'embête de restreindre ma fille." [...]En arrêt maladie depuis trois ans, elle aimerait reprendre son travail de gardienne de cimetière en mi-temps thérapeutique: "Ça m'aiderait de retoucher mon salaire". Aujourd'hui, les journées sont trop longues: "On est en suspens toute la journée. Je ne suis jamais tranquille. Je pense constamment aux soucis. Je ne vois personne. Des fois, la solitude me pèse..." » Ixchel Delaporte, « La vie quotidienne d'une mère Courage, précaire et intranquille »,L'Humanité, 26 juillet 2011.

1. Donnez un titre à ce document. 2. Relevez dans le texte les éléments qui expliquent les difficultés d'insertion sociale de Laëtitia.3. Quelles sont les instances d'intégration citées dans ce témoignage ? 4. Dans cet exemple, en quoi favorisent-elles ou non l'insertion sociale ?

Document 4   : Données sur les évolutions de l’emploi 4.1

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4.2 Les chômeurs en France métropolitaine comptabilisés par pôle emploi (milliers)

4.3 Effectifs de chômeurs selon la durée de chômage

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4.4 Taux de chômage et taux de chômage de longue durée

Personnes au chômage de longue durée. On les définit comme étant des personnes au chômage au sens du BIT lors de leur interrogation qui déclarent être au chômage depuis 12 mois au moins.

4.5. Montée de la précarité

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J'ai très mal au travail "Le travail : obscur objet de haine et de désir" (film de J-M Carré 2009)Stress, harcèlement, violence, dépression, suicide sont des thèmes de plus en plus fréquemment évoqués dans les médias à propos du travail.Depuis plus d'un an, Jean-Michel Carré a entrepris une enquête et une réflexion de fond sur le rapport qu'entretiennent les Français avec le travail et sa nouvelle organisation orchestrée par les nouvelles méthodes de management. Le film tente de comprendre au prix de quelles douleurs ou de quels bonheurs le salarié fabrique, résiste, crée, s'épanouit ou craque.

4.6 Les travailleurs pauvres   : L'expression travailleurs pauvres (« working poor » en anglais) s'utilise pour décrire des personnes qui ont un emploi la majorité de l’année, mais qui demeurent dans la pauvreté, du fait de la faiblesse de leurs revenus (revenus d'activité plus prestations sociales).

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Les définitions fréquentes du travailleur pauvre dépendent du seuil de pauvreté. L'Insee utilise un seuil à 50 % et Eurostat un seuil à 60 %. Selon l'Insee, est considéré comme un travailleur pauvre une personne ayant été actives au moins six mois dans l’année dont au moins un mois en emploi, tout en vivant dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvretéSelon les critères de l'INSEE, est donc considérée comme travailleur pauvre toute personne ayant travaillé au moire sept mois sur une période d'un an et appartenant à un ménage pauvre (revenu inférieur à 60 % du revenu médian).En 2008, la France comptait ainsi 1,8 million de travailleurs pauvres.

Eléments d’analyse sociologique   : travail, intégration et risques d’exclusion   : les notions de désaffiliation et de disqualification socialesLe lien social fragilisé ? Chômage et désaffiliation sociale chez Robert Castel Document 1   : La «   désaffiliation sociale   » Pour ma part, je préfère parler de «   désaffiliation   » plutôt que d’exclusion , même si ce terme n’est pas à proscrire totalement. Au-delà de l’hétérogénéité des situations, l’exclusion au sens fort du mot présente un ensemble de traits constitutifs : le retranchement complet de la communauté, la construction d’espaces clos coupés de la communauté en son propre sein, comme les prisons ou les hôpitaux psychiatriques, ou encore l’imposition d’un statut spécial assorti d’interdits et de privation de droits comme, pendant longtemps, les femmes privées du droit de vote. Je ne nie pas que certaines populations soient aujourd’hui menacées d’exclusion en ce sens si la situation continue de se dégrader. Mais dans la plupart des cas, les gens ne sont pas à proprement parler exclus mais fragilisés, déstabilisés, en voie de désaffiliation.Parler de désaffiliation présente l’avantage d’inviter à retracer les trajectoires – on est désaffilié de – c’est-à-dire à voir ce qu’il y a en amont, par rapport à quoi les gens décrochent, et éventuellement pourquoi ils décrochent. L’exclusion a quelque chose de statique, de définitif ; la désaffiliation remonte et essaye d’analyser les situations de vulnérabilité, avant le décrochage.  Robert Castel http://www2.cndp.fr/tr_exclusion/rep_cast.htmlEtre affilié à = être inscrit à = être adhérent d’une association, d’un parti, d’un organisme… Document 2   : Chômage et désaffiliation sociale « Il semble que l'on puisse appréhender l'exclusion, ou plutôt la désaffiliation, à la conjonction de deux axes: il y a la montée du chômage et de la précarité du travail qui risque de s'installer en "inemployabiliité" permanente; il y a corrélativement une fragilisation des supports relationnels, des formes traditionnelles de socialisation qui

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risque d'aboutir à l'isolement social. Être exclu, c'est alors se trouver à la fois hors de l'ordre du travail et hors des réseaux concrets de solidarité. C'est se retrouver sans place assignée dans la société. Les sociétés industrielles avancées ou postindustrielles sont en train de redécouvrir l'existence de catégories de gens occupant une position que L'on pourrait qualifier de surnuméraire. Ils ne sont pas intégrés, et ils ne sont peut-être pas intégrables, au sens où quelqu'un comme Émile Durkheim, par exemple, parle d'intégration. L’intégration renvoie à une conception de la société comme un tout au sein duquel les individus et les groupes occupent des positionsinterdépendantes. Cela ne veut pas dire l'égalité des positions ni la justice sociale. Néanmoins, dans le modèle durkheimien, les groupes, même subordonnés, ont leur place, parce que leur présence est nécessaire à l'ensemble. Par exemple, un ouvrier spécialisé ou un manœuvre peuvent être exploités, ils n'en sont pas moins indispen-sables. Même s'il y a aujourd'hui davantage de salariés, il y a aussi un nombre croissant de salariés précarisés, pour lesquels il est de plus en plus difficile de construire un avenir assuré à partir de leur emploi, sur le double plan de la stabilité des relations de travail (menace du chômage, précarisation de l'emploi) et des protections liées au travail (effritement d'une protection sociale directement attachée au statut de salarié). »A Robert Castel, « L’exclusion existe-t-elle ? », Lycée/La table ronde 2001.

Désaffiliation : processus exposé par Robert Castel pour montrer la dissolution du lien social, Il distingue trois zones, de l'intégration à la désaffiliation. - Être dans la zone d'intégration signifie que l'on dispose des garanties d'un travail permanent et que l'on peut mobiliser des supports relationnels solides- la zone de vulnérabilité associe précarité du travail et fragilité relationnelle; - la zone de désaffiliation conjugue absence de travail et isolement social,

1. Pourquoi R. Castel utilise-t-il le terme de « désaffiliation » plutôt que celui d’exclusion ?2. Quelles sont les causes de la difficile intégration d’une certaine catégorie de personnes ?3. Pourquoi un nombre croissant de salariés a-t-il du mal à s'intégrer au sens de Durkheim ?Schéma 1   : la désaffiliation sociale selon R. Castel

Schéma 2   :

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Schéma 3   : Pauvreté et exclusion   : des enchaînements, des parcours   vers une désaffiliation sociale

Chômage et disqualification sociale chez serge Paugam

Pour Serge Paugam, l’exclusion est une relation sociale (entre un individu ou un groupe d’individus («ex. « les pauvres », les sans-papiers, les clandestins…) de disqualification sociale de degrés différents (dévalorisation, stigmatisation (étiquetage), dépendance,

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rupture de liens…) qui est le plus souvent le résultat d’un processus qui se déroule en trois étapes : la phase de fragilité (l’individu perd son emploi, divorce… : il bénéficie d’aides ponctuelles liées à ses difficultés financières) ; la phase de dépendance (vis-à-vis des organismes d’aide sociale, associée à un découragement : l’individu bénéficie d’une prise en charge régulière par les services sociaux) la phase de rupture (forte marginalisation).

Ecoutons Serge Paugam : « J'ai élaboré le concept de disqualification sociale dans mes recherches sur les formes contemporaines de la pauvreté dans le prolongement des travaux de Georg Simmel au début du XXème siècle sur le statut des pauvres. L'objet d'étude qu'il propose n'est pas la pauvreté ni les pauvres en tant que tels mais la relation d'assistance entre eux et la société dans laquelle ils vivent. La disqualification sociale correspond à l'une des formes possibles de cette relation entre une population désignée comme pauvre en fonction de sa dépendance à l'égard des services sociaux et le reste de la société. Cinq éléments principaux permettent de définir cette relation : 1) Le fait même d'être assisté assigne les «pauvres» à une carrière spécifique, altère leur identité préalable et devient un stigmate marquant l'ensemble de leurs rapports avec autrui. 2) Si les pauvres, par le fait d'être assistés, ne peuvent avoir qu'un statut social dévalorisé qui les disqualifie, ils restent malgré tout pleinement membres de la société dont ils constituent pour ainsi dire la dernière strate ; 3) Si les pauvres sont stigmatisés, ils conservent des moyens de résistance au discrédit qui les accable ; 4) Le processus de disqualification sociale comporte plusieurs phases (fragilité, dépendance et rupture des liens sociaux) ; 5) Les trois conditions socio-historiques de l'amplification de ce processus sont : un niveau élevé de développement économique associé à une forte dégradation du marché de l'emploi ; une plus grande fragilité de la sociabilité familiale et des réseaux d'aide privée ; une politique sociale de lutte contre la pauvreté qui se fonde de plus en plus sur des mesures catégorielles proches de l'assistance.

J'ai par la suite élargi le concept de disqualification sociale au monde du travail en examinant et comparant les formes de l'intégration professionnelle. A partir d'une enquête auprès d'un échantillon diversifié de salariés, laquelle a abouti à la publication du Salarié de la précarité, j'ai pu constater que le processus de disqualification sociale ne commence pas obligatoirement par l'expérience du chômage, mais que l'on peut trouver dans le monde du travail des situations de précarité comparables à l'expérience du chômage, au sens de la crise identitaire et de l'affaiblissement des liens sociaux. Rappelons ici, brièvement, que la précarité des salariés a été analysée en partant de l'hypothèse que le rapport au travail et le rapport à l'emploi constituent deux dimensions distinctes de l'intégration professionnelle, aussi fondamentale l'une que l'autre. C'est ainsi que le type idéal de l'intégration professionnelle a été défini comme la double assurance de la reconnaissance matérielle et symbolique du travail et de la protection sociale qui découle de l'emploi. La première condition est remplie lorsque les salariés disent qu'ils éprouvent des satisfactions au travail, et la seconde, lorsque l'emploi qu'ils exercent est suffisamment stable pour leur permettre de planifier leur avenir et d'être protégés face aux aléas de la vie. Ce type idéal, qualifié d'intégration assurée, a permis de distinguer, par déduction, et de vérifier ensuite empiriquement, trois types de déviations : l'intégration incertaine (satisfaction au travail et instabilité de l'emploi), l'intégration laborieuse (insatisfaction au travail et stabilité de l'emploi) et l' intégration disqualifiante (insatisfaction au travail et instabilité de l'emploi).

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L'intégration disqualifiante affecte alors les deux sources du lien social, la protection du fait de l'instabilité de l'emploi, la reconnaissance du fait de l'insatisfaction au travail.

Les différentes formes de l'intégration professionnelleEléments / formes de l’intégration

Protection socioéconomique Reconnaissance / satisfaction au travail

Intégration assurée emploi stable ; bon niveau de protection sociale

satisfactions au travail ; considération, reconnaissance

intégration incertaine instabilité de l'emploi satisfactions au travaill'intégration laborieuse stabilité de l'emploi insatisfactions au

travail ; faibles considération, reconnaissance

l'intégration disqualifiante instabilité de l'emploi insatisfactions au travail ; faibles considération, reconnaissance

Document 3   : De la perte d'emploi à la marginalisation : un processus

« La fragilité correspond à l'apprentissage de la disqualification sociale. Les personnes déclassées à la suite d'un échec professionnel ou qui ne parviennent pas à accéder à un emploi prennent progressivement conscience de la distance qui les sépare de la grande majorité de la population. Elles ont le sentiment que l'échec qui les accable est visible car tout le monde. [...] La fragilité peut conduire à la phase de dépendance vis-à-vis :es travailleurs sociaux parce que la précarité professionnelle, en particulier lorsqu'elle est durable, entraîne une diminution du revenu et une dégradation des conditions de vie qui peuvent être en partie compensées par les aides de l'assistance. La dépendance est en effet la phase de prise en charge régulière des difficultés par les services d'action sociale. La plupart des personnes qu'elle concerne ont renoncé à exercer un emploi. [...] À cette phase de dépendance peut aussi en succéder une autre, caractérisée par la rupture du lien social, en particulier lorsque les aides cessent et que les personnes qui en font l'expérience sont confrontées à un cumul de handicaps. Elles peuvent sortir du filet ultime de la protection sociale et connaître ensuite des situations de plus en plus mar-ginales où la misère est synonyme de désocialisation. Ceux qui font l'expérience de la rupture connaissent, en effet, de multiples problèmes: éloignement du marché de l'emploi, problèmes de santé, absence de logement, perte des contacts avec la famille, etc. Il s'agit de la phase ultime du processus, le produit d'une accumulation d'échecs qui a conduit à une forte marginalisation. »Serge Paugam, Les formes élémentaires de la pauvreté, PUF, 2005.

1. Caractérisez chacune des phases du processus d'exclusion distinguées par Serge Paugam.2. Montrez comment ces phases peuvent s'enchaîner.3. Qu'ont en commun l'analyse de Serge Paugam et celle de Robert Castel (doc. 2) ?

Disqualification : processus énoncé par Serge Paugam pour montrer les étapes (fragilité, dépendance et rupture) de l'affaiblissement ou de la rupture des liens de l'individu à la société, au sens de la perte de la protection et de la reconnaissance sociales.

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Echec scolaireFaibles créations d’emplois, « petits boulots »

Famille à faibles ressources 

Chômage et précarité

Baisse du niveau de vie 

Inflation

Recours à l’Assistance sociale 

insuffisance des revenus sociaux 

Perte de logement, problèmes de santé

Famille désunie, divorces, séparations

Isolement social : moins d’amis, moins de sorties, moins de contacts...

Dévalorisation de soi ; regard des autres...

stigmatisation sociale 

Exclusion

Pauvreté

Logement dégradé, exigu, pauvreté des enfants

En quoi le témoignage de Laetitia permet-il d'illustrer les notions de désaffiliation et de disqualification ?

Exercice : Désaffiliation et disqualification sociales   : les parcours de l’exclusion Reliez les éléments suivants dans un schéma explicatif de la pauvreté et de l’exclusion   : Famille désunie, divorces, séparations ; Famille à faibles ressources ; faibles créations d’emplois , « petits boulots » ; Inflation ; Chômage et précarité ; Baisse du niveau de vie ; Logement dégradé, exigu, pauvreté des enfants ; perte de logement ; insuffisance des revenus sociaux ; Pauvreté ; Recours à l’Assistance sociale ; Dévalorisation de soi ; regard des autres; stigmatisation sociale ; Echec scolaire ; isolement social ; exclusion

Travail   : Travail et intégration sociale   : Argumentez le plan suivant   : A ) Le travail et l’emploi, conditions nécessaires à l’intégration sociale

la place centrale du travail dans les sociétés modernes (valeur, norme) Emploi et intégration sociale : revenus et de droits sociaux   ; socialisation, de

sociabilité et d’identité individuelle et collective

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Chômage, précarité et risque d’exclusion : la crise de l’intégration par le travail : désaffiliation ou disqualification sociales

B ) L’intégration sociale nécessite plus que le travail. le lien marchand n’est pas la seule forme du lien social (ni sa forme principale ?) L’intégration sociale est elle-même une condition d’accès à l’emploi : l’accès à l’emploi

nécessite la maîtrise de certains codes culturels, la détention de diplômes et d’expériences, la mobilisation d’un réseau social

Eléments de CORRIGEDocument 1a   : «   Ils ont décidé de ne plus travailler   », Grégoire et les autres…1. Le cas de Grégoire est-il un cas fréquent ? Non, c’est un cas marginal, une forme de déviance. Grégoire n’est pas dans la norme statistique (doc 1b) et sociale.2. Pourquoi « choisir » de ne pas travailler ? Le texte parle de la dégradation des conditions d’emploi et de salaire sur le marché du travail ; on peut aussi imaginer que Grégoire est un adepte de la décroissance, un contestataire de la société de consommation, il revendique un « droit à la paresse », il conteste la société de consommation…Voir :L'1consolable - Consommer Moins - https://www.youtube.com/watch?v=tjgaoa5v-JcMise en ligne le 29 janv. 2010L'1consolable - Le Blues du Taf (Remix) https://www.youtube.com/watch?v=dZEazHYW_-o

3. Quelles sont les conséquences de ses choix ? (appuyez-vous sur les passages soulignés et en utilisez un vocabulaire sociologique)Marginalité, liens sociaux, isolement, pauvreté…

Document 2   : Emploi et statut social 1. L’accès à l’emploi permet de s’insérer dans la société par l’apport d’un revenu qui permet de participer à la vie économique et sociale (logement, consommation, activités diverses…), mais aussi par le statut que l’emploi procure, qui permet de se définir par rapport à la place que l’on occupe dans la société. 2. L’emploi permet d’avoir une place reconnue dans la société, de se sentir socialement utile (cf. « solidarité organique » chez Durkheim). L’identité d’un individu ne se résume pas à la place qu’il occupe dans le système de production mais ce rôle est central dans la définition de qui il est à travers le regard des autres.3. Le travail n’est pas la seule instance d’intégration sociale ni la seule source de construction des identités

Document 3   : L’histoire de Laëtitia 1. Titre « La vie quotidienne d'une mère Courage, précaire et intranquille »,Autre titre possible : les difficultés quotidiennes d’une maman célibataire, pauvre et précaire 2. Les causes des difficultés d’insertion : instabilité de la structure familiale, problèmes scolaires, accident de la vie (grossesse à un jeune âge), précarité dans l’emploi, faiblesse des revenus, d’où des dépenses de sorties limitées, problèmes de santé (épilepsie), isolement (lié à l’arrêt maladie).3. La famille, l’école, le travail, l’État (protection sociale : assurance maladie, Caisse d’allocations familiales). 4. Freins à l’insertion sociale : l’instabilité familiale, les difficultés à l’école, la précarité dans l’emploi. Facteurs d’insertion : la solidarité familiale (accueil par la tante), l’acquisition d’un diplôme (CAP petite enfance), l’emploi de gardien de cimetière qui donne une position sociale et un revenu, la prise en charge à 100 % du traitement contre l’épilepsie par l’assurance maladie, le financement des vacances de la fille par la CAF.

Document 2   : Chômage et désaffiliation sociale

1. Plutôt que de parler « d’exclusion », Robert Castel préfère employer le terme de désaffiliation. Être exclu, c’est être en dehors de la société pour différentes causes. Etre désaffilié, c’est un processus socioéconomique qui renvoie à des évolutions du marché du travail et des liens sociaux. Etre « désaffilié », c’est être à la fois « hors de l’ordre du travail » (chômage) et « hors des réseaux concrets de solidarité » (sans liens avec sa famille, ses amis…), « se retrouver sans place assignée dans la société ».

« Au sens sociologique du terme, l’exclusion peut être définie comme l’inverse de l’intégration. Etre intégré à un groupe social c’est, au sens large, en faire partie. Plus précisément, faire partie d’un groupe, cela signifie :

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-passer de l’extérieur à l’intérieur du groupe. Ceci suppose de la part de l’individu qu’il épouse les valeurs du groupe, se conforme à ses normes. Exemple : pour être intégré à une communauté religieuse, il faut croire en son Dieu (valeur) et pratiquer son culte (norme).-trouver une place au sein du groupe. Ceci suppose que le groupe fournisse à chacun de ses membres un statut et un rôle. Exemple : un médecin de campagne est intégré à son village parce qu’il s’inscrit dans une division du travail qui lui fournit un statut (« le docteur ») et un rôle (soigner, mais aussi assumer une certaine notabilité).Autrement dit, un individu est intégré à un groupe social lorsqu’il est lié aux autres membres du groupe par un lien de similitude (valeurs et normes communes) et/ou par un lien d’ interdépendance (statuts et rôles différenciés). /…/ Etre exclu, c’est donc être tenu à l’écart des valeurs et des normes communes au groupe, et être privé des relations sociales qu’il crée entre ses membres.».Rémi Jeannin, Adeline Richet (sous la direction de), « « Etre « exclu » : représentation courante et définition sociologique », Manuel de sciences économiques et sociales Terminale, Hachette, 2007 p 236-237.

2. Les causes sont la montée du chômage et de la précarité du travail, mais également une plus grande fragilité des supports des liens sociaux (la famille par exemple). On peut aussi ajouter l’effritement de la protection sociale. 3. Certains individus (chômeurs, précaires) seraient en position qualifiée de surnuméraire, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas leur place dans la société, où ils ne seraient pas nécessaires, ce qui reviendrait à constater qu’ils ne peuvent pas occuper de positions interdépendantes dans la société. Autrement dit, il n’y a plus de lien social pour eux au sens de Durkheim (pas de place dans la division du travail).

Document 3   : De la perte d'emploi à la marginalisation : un processus

1. Caractérisez chacune des phases du processus d'exclusion distinguées par Serge Paugam.1. Pour Serge Paugam, l’exclusion est un processus se déroulant en trois étapes : la phase de fragilité (l’individu perd son emploi, divorce… : il bénéficie d’aides ponctuelles liées à ses difficultés financières) ; la phase de dépendance (vis-à-vis des organismes d’aide sociale, associée à un découragement : l’individu bénéficie d’une prise en charge régulière par les services sociaux) la phase de rupture (forte marginalisation).

La « disqualification sociale » correspond selon Paugam à un processus « d'étiquetage », de « stigmatisation » qui mène à l'intériorisation du sentiment d'exclusion et du rejet de la société. 2. Montrez comment ces phases peuvent s'enchaîner.

2. Ces phases peuvent s’enchaîner : les difficultés d’insertion professionnelles qui durent conduisent à s’adresser aux services sociaux pour obtenir des aides régulières ; le découragement lié à l’absence de perspectives amène à se résigner et à accepter le statut d’assisté ; il peut s’accompagner d’une dégradation de la santé qui éloigne de l’emploi. La situation de dépendance peut déboucher sur la rupture quand le cumul de handicaps (emploi, santé, logement…) anéantit l’espoir de s'en sortir et conduit souvent à un abandon de soi, à des problèmes d'alcool ou de drogue.

3. Qu'ont en commun l'analyse de Serge Paugam et celle de Robert Castel (doc. 2) ?3. R. Castel, comme S. Paugam, considèrent l'exclusion comme un processus et non comme un état. R. Castel insiste sur les mutations du travail (notamment la précarisation) et les transformations familiales qui affaiblissent la cohésion à l'échelle de la société. S. Paugam, dans une analyse proche de l'interactionnisme symbolique (Howard Becker), insiste sur les interactions entre l'individu et la société qui, par sa réaction (l'étiquetage), amène l'individu à intérioriser l'image de soi qu'elle lui renvoie et à l'enfermer dans sa

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situation. L'exclusion est alors vue comme une « carrière morale » au cours de laquelle la personnalité des individus se transforme en se conformant aux attentes sociales.

En quoi le témoignage de Laetitia permet-il d'illustrer les notions de désaffiliation et de disqualification ?

On voit dans le texte que les difficultés d’insertion sociale de cette maman sont le résultat d’un processus, d’un cumul de handicaps (rupture familiale, échec scolaire, maladie…), et non un état comme le montrent Castel ou Paugam. Robert Castel insiste sur les mutations du travail (notamment la précarisation) et les transformations familiales qui affaiblissent la cohésion à l'échelle de la société et explique la désaffiliation, ce qui est bien caractérisé par l’exemple du texte. Dans le processus de disqualification décrit par Serge Paugam, cette personne serait dans la phase de dépendance (après la phase de fragilité) mais pas (encore ?) dans la phase de rupture.

Travail   : Travail et intégration sociale   : Argumentez le plan suivant   : A ) Le travail et l’emploi, conditions nécessaires à l’intégration sociale

la place centrale du travail dans les sociétés modernes (valeur, norme) Emploi et intégration sociale : revenus et de droits sociaux   ; socialisation, de

sociabilité et d’identité individuelle et collective Chômage, précarité et risque d’exclusion : la crise de l’intégration par le travail :

désaffiliation ou disqualification socialesB ) L’intégration sociale nécessite plus que le travail.

le lien marchand n’est pas la seule forme du lien social (ni sa forme principale ?) L’intégration sociale est elle-même une condition d’accès à l’emploi : l’accès à l’emploi

nécessite la maîtrise de certains codes culturels, la détention de diplômes et d’expériences, la mobilisation d’un réseau social

Emploi et intégration sociale Le travail est source de revenus et de droits sociaux   : Le travail permet d’accéder à la consommation. Pour une grande majorité des individus, exercer un travail salarié est le principal moyen de se procurer un revenu. Or, sans disposer de revenu, il est difficile de consommer « comme tout le monde », c’est aujourd’hui le principal moyen de subvenir à ses besoins. Le travail permet donc l’intégration dans la société de consommation.Le travail est source de droits sociaux :De plus, disposer d’un travail, c’est aussi accéder à une protection sociale (assurances chômage, maladie, accident, famille, retraite).Le travail signifie protection et sécurité. De même, l’insertion dans ce système de protection sociale permet de se sentir « relié » aux autres par ce système collectif de prélèvements et de prestations. Le travail est source de socialisation, de sociabilité et d’identité La socialisation En effet, le travail permet « l’apprentissage de la vie avec les autres », l’apprentissage de la vie en société.Le travail a donc une fonction de socialisation, cad « le processus par lequel un individu apprend et intériorise les manières de penser de sentir et d’agir (normes, valeurs et pratiques) propres à un groupe ou à la société en général »Exemple : le travail inculque certaines normes et valeurs telles que la collaboration, la coopération, le respect des horaires, de la hiérarchie, la solidarité, le « dévouement »…La sociabilitéSociabilité : c’est l’ensemble des formes de relation et de communication directes entre les individusEn effet, le travail permet de nouer de nombreuses relations sociales dans de nombreux domaines : relations entre collègues, avec des clients ou fournisseurs, avec les syndicats, la hiérarchie,… De même certaines enquêtes concernant les motivations, les préoccupations professionnelles, ont montré que ce sont les relations entre collègues et la possibilité de multiples contacts humains (travail « plaisant ») qui prévalaient (et ce avant la rémunération, les horaires, les perspectives de carrière, la sécurité de l’emploi ou la qualité du lieu de travail)La construction identitaire

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- Le travail est source d’identité individuelle / personnelle : Le travail permet à chacun de prouver son utilité sociale, de se créer un nouveau statut social (pas seulement père ou mère de ses enfants, ou mari… mais aussi définition de son identité par rapport à son activité professionnelle), donc de s’attirer la reconnaissance d’autrui.Le travail est source d’identité sociale : les autres nous considèrent en premier lieu en fonction de notre profession ; exercer telle ou telle profession est un « signal social » que l’on envoie aux autres sur ce que l’on est. Il s’agit alors aussi d’un moyen d’être autonome, indépendant non seulement financièrement mais aussi socialement et moralement :- C’est le cas en particulier pour les femmes : leur intégration au monde du travail a favorisé leur reconnaissance sociale et leur autonomie (leur « libération ») financière et statutaire par rapport à leur mari entre autres.- C’est aussi le cas des personnes âgées, qui ne sont plus dépendantes de leurs enfants, car elles bénéficient aujourd’hui d’une retraite puisqu’elles ont cotisé pendant leur vie active.

- Mais aussi source d’identité collective : depuis le 19ème siècle, le travail permet aux salariés de participer à 2 systèmes de coappartenance : l’entreprise, le syndicat.Les travailleurs commencent à se considérer comme un « collectif » ( = groupe soudé, organisé) : mêmes conditions de travail, mêmes horaires, … Ce sentiment d’appartenance à un collectif est d’ailleurs petit à petit institutionnalisé avec la naissance du droit du travail : les travailleurs ont des droits particuliers, droits différents de ceux qu’ils peuvent avoir dans leur vie de famille, de citoyen…De même cette institutionnalisation est renforcée par la naissance d’instances représentatives du collectif : délégués du personnel, comités d’entreprises, délégués syndicaux…

Le lien social fragilisé

Le travail L’individu qui travaille participe à la production sociale (solidarité organique), et acquiert ainsi un sentiment d’utilité sociale. Son revenu lui permet l’accès à la consommation, elle-même intégratrice et son statut le protège contre les aléas de la vie sociale grâce à la protection sociale. De plus, le travail est un espace de socialisation où se nouent des relations qui impliquent le respect de normes collectives. Néanmoins, aujourd’hui, les nouvelles formes d’organisation du travail (NFOT) peuvent isoler les salariés et créent une véritable souffrance car la solidarité est souvent mise à mal. Le travail perd alors de sa force d’intégration.

Dans nos sociétés modernes, les instances d’intégration continuent de jouer leur rôle, mais les évolutions récentes de la société ont tendance à les fragiliser.

Quels sont les principaux facteurs de fragilisation des instances d’intégration et du lien social dans nos sociétés ?

La crise du travail La montée du chômage entraîne une remise en cause du rôle social et de l’identité de la personne sans travail. Avec la perte de son statut professionnel et du sentiment d’utilité sociale, le chômeur découvre une forme d’isolement accentué par la baisse de ses revenus. L’augmentation des emplois précaires rend plus difficile la participation du salarié à la vie de l’entreprise alors que l’instabilité de sa situation fragilise son intégration sociale. En outre, il existe de plus en plus de travailleurs pauvres qui ont un emploi avec une rémunération trop faible pour vivre décemment.

Approfondissements TD   : documents supp.

Risque de chômage et caractéristiques associées au chômage de longue durée en Franceen 2013Champ : France métropolitaine, actifs âgés de 15 ans ou plus en 2013, vivant en ménage ordinaire.Lecture : en 2013, 47,8 % des actifs au sens du BIT sont des femmes. 9,7 % des femmes actives sont au chômage et 3,9 % le sont depuis au moins un an, soit39,9 % de celles qui sont au chômage.

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Documents statistiques supplémentaires :

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Source : Insee, enquête Emploi 2013.

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À caractéristiques égales, le rapport des probabilités d’être au chômage plutôt qu’en emploi est 1,2 fois plus élevé pour lesfemmes actives par rapport aux hommes. Ce rapport est de 1,1 lorsqu’on considère le chômage de longue durée. Au sein de la population des chômeurs, le rapportentre la probabilité d’être au chômage depuis plus d’an plutôt que depuis moins d’un an est 0,9 fois plus faible pour les femmes.Note : pour les détails sur les modèles présentés, voir encadré 3. Les odd-ratios en gris italique ne sont pas significativement différents de 1 au seuil de 5 %.Source : Insee, enquête Emploi 2013.

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Taux de chômage et de sous-emploi au sens du BIT en moyenne annuelle

À partir du premier trimestre 2008, la question utilisée pour le calcul du sous-emploi et portant sur le souhait de travailler plus d’heures, a été reformulée pour se rapprocher de la définition du BIT.D’une part, le souhait d’effectuer un plus grand nombre d’heures est désormais exprimé, comme pour la mesure du chômage BIT, pour une semaine donnée et non plus à un horizon indéterminé.Cette modification rend impossible les comparaisons avec les années précédentes.D’autre part, les personnes à temps partiel souhaitant travailler plus d’heures, recherchant un emploi mais n’étant pas disponibles, ne sont plus considérées en sous-emploi.Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, enquête Emploi corrigée de la rupture de série en 2003.Développement des formes particulières d’emploi, tous âges confondus

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Champ : France métropolitaine, population des ménages,personnes de 15 ans et plus.Source : Insee, enquête Emploi

Développement des formes particulièresd’emploi chez les jeunes de 15 à 24 ansChamp : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans à 24 ansSource : Insee, enquête Emploi

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=irsocmartra13

En 2013, 2,8 millions de personnes en moyenne sont au chômage au sens du BIT en France métropolitaine. Parmi elles, 1,1 million (40 %) cherchent un emploi depuis au moins un an et forment ce qu’on appelle les chômeurs de longue durée. Pour la moitié d’entre eux (0,5 million), l’ancienneté au chômage est inférieure à deux ans ; pour l’autre moitié (0,6 million) elle excède deux ans : on parle alors, conventionnellement, de chômage de très longue durée.Depuis le début de la crise en 2008, le nombre de chômeurs de longue durée s’est accru de 56 %, dans un contexte de hausse globale du chômage de 43 %. La crise a aggravé le phénomène de persistance dans le chômage. Le taux de chômage de longue durée a augmenté de 1,5 point en cinq ans pour atteindre 4,0 %en 2013, soit un niveau supérieur de près d’un point à celui de 2003 (figure 2). Le taux de chômage a, quant à lui, augmenté de 2,9 points avec la crise, passant à 9,8 % en 2013.

En France, en 2013, quatre chômeurs sur dix, soit 1,1 million de personnes, sont en situation de chômage de longue durée, c'est-à-dire au chômage depuis au moins un an. Ce phénomène a

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été aggravé par la crise car les entrées dans le chômage ont augmenté tandis que les sorties bénéficient en priorité aux chômeurs au chômage depuis peu. Depuis la crise, l'évolution de la France en la matière est similaire à celle observée au niveau de l'Union européenne. En France, les personnes les plus touchées par la crise sont généralement celles qui étaient a priori les plus exposées aux difficultés sur le marché du travail. On observe ainsi les plus fortes augmentations du taux de chômage de longue durée entre 2008 et 2013 parmi les catégories d'actifs les plus fragiles : ouvriers, employés, jeunes, personnes sans diplôme, parents isolés, habitants des zones urbaines sensibles, immigrés. En 2013, par exemple, les personnes sans diplôme ont un risque de chômage de longue durée plus de deux fois supérieur à celles avec bac + 2 ou plus. En contrôlant du niveau de diplôme, les jeunes s'avèrent moins concernés que leurs aînés par le chômage de longue durée, mais font face à une forte récurrence dans le chômage. Au contraire, les seniors sont moins fréquemment au chômage, mais ils éprouvent plus de difficultés à en sortir.

L'1consolable - Consommer Moins - https://www.youtube.com/watch?v=tjgaoa5v-JcMise en ligne le 29 janv. 2010

Text & music: L'1consolable

Texte:

Couplet 1 :

On sait qu'jai du renoncer à m'procurer un écran plat,Ce dernier m'aurait coûté de m'exténuer, de m'mettre à plat,De m'tuer à la tâcher 35 heures par semaine, 4 semaines par mois,Si d'autres ont du temps à perdre, ça les regarde, surtout pour un salaire ! Pas moi.Les repas, moi, j'les fais sans caviar, j'les fais sans foie gras,J'aime mieux manger peu mais « sain », que plein de n'importe quoi,J'préfère oublier mes besoins, créés par la publicité,Répondre à la nécessité suffit à mes soins,A prendre soin de moi, car la vie qu'on a nous esquinte,Ça on sait s'plaindre, mais faire le choix d'changer reste l'apanage d'une partie restreinte,J'ai moi songé à en être l'une des voix, et bien voilà !Et je crois qu'il serait bon d'être exigeant, demander la lune des fois,Cesser de s'contenter de c'qu'on a tant c'est scandaleuxEt par contre tenter de prendre c'quon attend à temps, c'serait 100 fois mieuxQue d'se laisser bercer par c'quils nous racontent,J'lance un référendum sur l'taf en souhaitant qu'comme moi la masse votera contre !

Refrain :

Si on consommait moins, ben ! on boss'rait moins,Et on irait bien, parce qu'on trim'rait moins,

Si on consommait moins, on les engross'rait moins,Et on s'rait quelqu'un, quelqu'un

Page 23:  · Web viewComme on n'a plus d'argent, on n'organise plus de repas à la maison, on ne va plus au restaurant, il n'y a pas de vacances entre potes. Il faut supporter cette solitude,

Couplet 2 :

On sait qu'jai du renoncer à m'procurer un écran plasmaQui pourrait m'faire kiffer mais qui m'ficherait dans l'cacaCar il m'pousserait à devoir rembourser tant par moisQu'il me priverait de mon temps et j'aime autant pas, moiJ'aime avoir le temps d'prendre le temps,Prendre le temps d'lire un livre ou d'voir un film, d'écrire un titre, en pensant à ma vie entre temps,J'aime m'réveiller lentement, puis ouvrir les yeux, et me lever,Et rêver longtemps en contemplant les cieux, et m'élever,J'aime me sentir vivant, sentir que j'existe enÉcrivant des titres, en gravant des disques, en subsistant,Défiant les obstacles, évitant d'me donner en spectacle,J'fais du sensé plutôt qu'du sensas', pendant qu'les autres bâclent,Ayez l'audace de tous démissionner,En laissant le boss seul face à la merde dans laquelle il a sciemment mis son nez,L'heure d'la désertion a sonné,La guerre économique s'passera sans nous, sans quoi la lutte sociale nous passera sous l'nez !

Refrain :

Si on consommait moins, ben ! on boss'rait moins,Et on irait bien, parce qu'on trim'rait moins,

Si on consommait moins, on les engross'rait moins,Et on s'rait quelqu'un, quelqu'un

Couplet 3 :

Tu sais qu'jai du renoncer à un écran d'fumée,Assumer, quand j'ai su qu'mes yeux étaient embrumés,Faire les choix conséquents, quand c'est qu'on s'décide à voirQue dans l'équation « temps contre argent » les gens s'font avoir ?!Le temps est infiniment plus précieux, parce que plus rare,L'argent qu'une infinité d'encriers, et de buvards,De têtes mises sur des billets pour lesquels on perd la nôtre,On sert la haute instance financière et dit merde à l'autre,Ce quelle qu'elle soit, c'est bête et j'vois qu'cette doctrine prédomine et perdure,Les gens trouvent ça hyper dur de s'occuper sans s'empiffrer d'shopping,Et d'air pur, pollué aux gaz d'échappements,Sortant d'la voiture nous servant, c'est sûr, à aller taffer lâchement,Bah c'est ça l'plan : pour nous aliéner à notre taf et l'argentDérisoire qui en émane on nous amène des besoins absents,Besoins auxquels on sait quil nous faut renoncer,Ce n'est pas la croissance qu'il nous faut relancer, mais la décroissance quil nous faut lancer !

Refrain :

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Si on consommait moins, ben ! on boss'rait moins,Et on irait bien, parce qu'on trim'rait moins,

Si on consommait moins, on les engross'rait moins,Et on s'rait quelqu'un, quelqu'un

Si on consommait moins, ben ! on boss'rait moins,Et on irait bien, parce qu'on trim'rait moins,

Si on consommait moins, on les engrossrait moins,Et on s'rait quelqu'un, quelqu'un

L'1consolable - Le Blues du Taf (Remix) https://www.youtube.com/watch?v=dZEazHYW_-o

l1consolableMise en ligne le 30 sept. 2008

Video for : L'1consolable - Le Blues du Taf (Remix)

Texte:

Intro.

Couplet 1 :

Ok, merci beaucoup, mais non merci,Quand jaurai envie dune corde au cou, jviendrai leur faire signe,Et même sils insistent, et mtraitent de vermine,Sénervent, crient, sindignent, que jrespire à lair libre,Déterminent et inscrivent que je mprive De mes droits et terminent par faire mineDestimer qujsuis coupable du déséquilibreSocial, parce que RMIste, par choix déserteur des listesDlANPE, quel délice ! , désormais sans eux jexiste,Moi jai lblues des blouses, du peu dflouze,Du peu quon nous octroie, cous,Pour plus ou moins 12x3 heures passées dans la bouse,Bouge, pousse-toi, jvois rouge,Ta bouche !, ma bouche, moi, jlouvre,Pour que jla ferme tous savent quil mfaut bien plus que tout cque je touche,Même si jparle au présent, jtouche à présent qulargent pour la bouffe, ouf !Et pour ta gouverne cest avec largent quils nous étouffent tous,Jpouffe de rire quand jentends dire que ltaf cest la source,

Page 25:  · Web viewComme on n'a plus d'argent, on n'organise plus de repas à la maison, on ne va plus au restaurant, il n'y a pas de vacances entre potes. Il faut supporter cette solitude,

Ou pire, lissue, depuis jai su qucétait la vie ou la bourse, jsors de la course !

Refrain :

Jai lblues du taf, en plus moi jai pas ltemps,Et jtouche les CAF, donc jpalpe de largent,Jai lblues du taf, jtlavais déjà dit avant,Mais jtouche du bois, du taf, jen ai plus depuis longtemps !

Couplet 2 :

Depuis longtemps jai décidé dquitter lnavire,Jai pris mon temps, pour trouer la coque avant dpartir,Les prix montant, les salaires stagnant, javais dquoi mdireQue tous autant quils sont ils ont niqué mon avenir,Donc bon, jvous laisse, jme tire, non, non, jpars pas en tire,Jai du renoncer à me dire qucest dur sans, tu veux rire ?!!Cest usant de se dire qucque tu ressens, et cest le pire,Peut ttrahir, taliéner à un objet, puis tensevelirComme tout le monde, mais quels sont nos réels besoins dconsommation ?Quel est lréel sens de nos vies ? , car lshopping cest con comme passion,Faut dire quon consomme à fond, qulon confond nos aspirationsAvec les désirs quils font surgir en nous qui guident nos actions,Qui tire les ficelles ? Qui sretrouve ligoté par celles-ci ?Qui dicte la marche à suivre ? On marche, mais qui sait ce quon suit ?Et puis, qui marche ? Qui suit ? Qui reste ? Qui part ? Qui fuit ? Qui peste ?Qui parle ? Qui crie ? Qui stait ? Qui balance qui ? Qui paie ?Et en quelle devise ? , car on sait qule temps cest dlargent,Dlargent, jtrouve, coûtant fort cher à gagner dans notre espace-temps,Dlargent cher en sacrifices, dlargent qui requiert dêtre absentDsa vie et dsoi-même, donc qui nous crève, même si on verse pas dsang !La vie nest pas belle, la vie est telle quon la mène,On lamène à être malsaine, essaye dremplir nos poches au prix qunos âmes saignent,Au prix dlaisser nos proches seuls, en les couvrant dmatériel,Au prix dplus leur consacrer de temps bien quils aient tant de peine,Autant dire quon tend à renoncer à être content,On paie comptant ltemps quon perd et on referme nous-mêmes la main quon tendTant on est cons mais tant pis si on scomplaît dedans,Ce sera trop tard dans 10 ans par contre pour être mécontentDses choix, leau aura coulé sous les ponts avec le bon tempsQuon aurait savouré si on lavait vu ya longtemps,Conscient quon sera que peu à réagir à temps,Quon se le dise, je vous cède mon rang dans la file, jsors de lattente !

Refrain :

Jai lblues du taf, en plus moi jai pas ltemps,Et jtouche les CAF, donc jpalpe de largent,Jai lblues du taf, jtlavais déjà dit avant,Mais jtouche du bois, du taf, jen ai plus depuis longtemps !(BIS)

Page 26:  · Web viewComme on n'a plus d'argent, on n'organise plus de repas à la maison, on ne va plus au restaurant, il n'y a pas de vacances entre potes. Il faut supporter cette solitude,

Outro:

Depuis longtemps gros, jsuis là, jfais mes trucs, ma musique, jprends mon fric,Cest plus les Assedic, ni le SMIC, cest la CAF, ya moins mais cest plus pratique!

Cest lblues du taf qui tfout des baffes,Si les classes et les cours te dépassent,Bienvenue dans le monde du travail,Lécole te fout sur la paille?Tas ta place!

Es-tu prêt à être esclave, pendant qule patron sesclaffe,Avec des millions, des barres, sur chacun dses comptes-épargnes, hein? [Jai lblues]Es-tu prêt à cquon ntépargne rien, lrespect, quon léloigne, hein?Pour les ressources humaines tu nes que du bon bétail, bien! [Moi, jai lbluesalors jme casse à la CAF]