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Annales de chirurgie plastique esthétique 51 (2006) 545–550
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COMPTE RENDU DE CONGRÈS
XVIe Congrès de la FILACP (fédération ibérolatino-américaine de chirurgie plastique) — BuenosAires —28 mars–1er avril 2006
« La France, pays de la greffe de visage… et desdésordres sociaux… ».
L’exposé clair, pondéré et didactique de l’aventurepicarde en séance plénière le premier jour du congrès parun des membres de l’équipe, S. Testelin, déchaîna une ova-tion telle que, si à ce moment la Marseillaise avait retentiet les trois couleurs étaient montées, personne n’en eut étéétonnée… Au-delà de la prouesse médicochirurgicale del’acte, ce qui a certainement plus fasciné l’auditoire, estque cette « tragédie » (au sens théâtral bien entendu)transgressait un des sacro-saints principes du théâtre clas-sique, l’unité de lieu. Réguler trois équipes multidisciplinai-res éloignées de plusieurs centaines de kilomètres au seind’une population chirurgicale foncièrement individualisten’a pas manqué d’étonner ! Ayant été le seul français pré-sent au cours de cette manifestation en dehors de la pré-sentatrice disparue malheureusement trop vite, je fus régu-lièrement l’objet de propos élogieux que je ne méritaiscertes pas mais que je me devais tout de même d’accepter« au nom de la France » ! Il est malheureusement dommageque ce sentiment admiratif très partagé dans une compli-cité toute latine ait été bien trop souvent neutralisécomme en écho par des interrogations aussi pressantes surl’état de l’ordre social en France… La fascinante image dela restitution ad integrum d’une mutilation grave contrel’envahissement de la Sorbonne et les gesticulations pseu-dorévolutionnaires d’une jeunesse déboussolée et manipu-lée ! Oui, décidément, la France est bien un pays capablede tout et de son contraire…
Ce XVIe Congrès de la Fédération hispanique a réuni plusde 1500 participants, signe de soulagement et d’encourage-ment pour les organisateurs. En effet, l’attribution de cetteorganisation à l’Argentine alors que ce pays se trouvait enplein marasme économique était la preuve d’un soutiensolidaire des autres nations ibériques vis-à-vis d’un paysen pleine banqueroute. La situation va mieux, plus detrace de la tourmente économique dans une ville qui est,il est vrai, le plus proche miroir des grandes métropoleseuropéennes dans le continent sud-américain. Toutes lescommunications étaient limitées à cinq minutes et demie,ce qui demandait un effort de concision très strict pour tousles orateurs ; malheureusement, la technique n’était pas àla hauteur et on observait souvent des interruptions d’une àtrois minutes entre deux communications qui eussent été
bien profitables à l’enrichissement de certaines d’entreelles.
La plastie mammaire reste l’objet de pseudo-innovationsque l’on pourrait mettre en parallèle avec celles du lifting.Quelle que soit la bonne volonté des orateurs, ce ne sontque des copiés-collés des techniques déjà décrites depuislongtemps, et nous avons vu ainsi ressortir des accolementsdermiques (sous le nom de « soutien-gorge dermique ») etles plasties en JL sans que soient cités les auteurs initiaux.
Comme partout, la tendance est à la verticale pure avecnotamment une étude de la grossesse et de l’allaitementsur l’allongement attendu du secteur III (1,2 cm spontané-ment, 3,5 cm en cas de grossesse sans allaitement, 4,1 cms’il y a allaitement) (N. Cruz–Porto Rico). À noter égalementun joli travail qui nous a rappelé des souvenirs surl’augmentation mammaire par lambeaux libres chez lespatientes ne pouvant recevoir d’implants(F.Villegas–Colombie). Pas de révolution en ce qui concerneles implants mammaires : nous avons essayé de faireconnaître le concept des implants asymétriques qui conti-nue à nous séduire lorsque les patientes souhaitent uneaugmentation réelle de volume sans que l’intervention soitsignée par un bombement du secteur. À cet égard, il fautremarquer que les standards du cône sud-américain sonttrès voisins du modèle centro-européen avec des volumesmoyens entre 220 et 260 cc. En revanche, plus on se rappro-che de l’Équateur, plus les projections augmentent avec undésir marqué des patientes pour des seins agressifs. A. Trias(Espagne) rapporte une importante série (750 patientes)d’hypoplasies corrigées par des implants en hydrogel enposition prépectorale sous-faciale et un taux de satisfactionélevé… À noter le recours en grâce ici aussi des implantsrecouverts de polyuréthane soit de façon primitive soit enchirurgie de sauvetage, notamment en cas de sérome tardifrépété que G. Vazquez attribue à des microtraumatismesrépétés de l’enveloppe. Enfin, C. Telecemian (Argentine)calcule qu’une excision périaréolaire peut emporter sansdifficulté 35 cm2 de peau et qu’en pratiquant deux exci-sions à six mois d’intervalle on enlèvera donc 70 cm2, soitquasiment autant qu’avec une plastie mammaire tradition-nelle ; elle sécurise l’absence de distension par un passageà distance à 0,5 cm de l’excision d’un fil non résorbable,intervention qu’elle dénomme le « double round block »…
Même en l’absence d’innovations réelles, la plastieabdominale reste un grand sujet d’intérêt, surtout chezles Brésiliens. La mode ici est de faire une aspiration agres-sive de tout l’abdomen y compris dans la zone que l’onrésèque normalement dans la région sous-ombilicale. Onne pratique qu’une résection très superficielle de la peauà la limite de la désépidermisation, l’ombilic est isolé, unpetit canal est aménagé jusqu’à la xyphoïde pour permet-
Figure 1 Démonstration permanente de tango au milieu desstands.
Compte rendu de congrès546
tre la plicature haute des droits puis l’excision supérieureest suturée par l’inférieure sans aucun décollement cutané,ce qui garantit des suites simples (pas de drainage, pasd’ecchymose hormis celles de la lipoaspiration, pas de lym-phorée) mais le corollaire est évidemment une cicatriceassez haute dont on peut s’étonner qu’elle soit aussi facile-ment acceptée ici…
Tout le monde reste évidemment intéressé par la lipoas-piration, même en l’absence de nouveauté réelle et quandS. Filiciani (Argentine) nous renseigne qu’entre une aspira-tion inférieure ou supérieure à 3 l la chute de l’hémoglo-bine double elle ne nous apprend rien de nouveau ; demême que E. Cahuana (Pérou) qui ne voit aucun intérêt àfaire systématiquement une infiltration tumescente où l’oninjecterait soi-disant le même volume que la quantité esti-mée aspirée par rapport à une infiltration simple, ce dontnous sommes convaincus depuis longtemps. Nous avons ététrès impressionnés par l’élégance de la présentation deI. Ramirez (Colombie) sur les détails anatomiques modifia-bles de la liposculpture : analyse artistique impeccable,résultats à la hauteur, et petite remarque amusante surl’influence de la lordose naturelle de la patiente sur la qua-lité du résultat final. De Souza Pinto (Brésil) a fait calculerpar ses assistants qu’un diamètre supplémentaire de 2 mmd’une canule augmentait sa capacité d’aspiration de 420 %quelle que soit la dépression appliquée. On note le retouren force des lipoaspirations assistées, avec bien entendubeaucoup d’enthousiasme des auteurs : ultrasons externeset internes, lipolaser (une source laser est installée aubout d’une canule, entraînant une liquéfaction de la basesous-cutanée qui paraît effectivement très efficace) mais,les yeux dans les yeux, il s’agit plutôt de méthodes de mar-keting dans des pays où la loi est peu sourcilleuse decontrôle des débordements médiatiques !
Les implants fessiers ont bien sûr fait l’objet de nom-breuses communications. On remarque une tendance àmettre des implants ronds plutôt qu’allongés, le positionne-ment en étant un plus profond, rétromusculaire plutôtqu’intramusculaire le long de l’aponévrose du moyen fes-sier et de l’os iliaque (V. Zaputovich, Paraguay). Quant àl’idée de remplacer l’implant fessier par un cerclage àl’aide d’un fil élastique de silicone, elle ne montre sonefficacité que sur la table d’opération, ce qui est un peucourt !
Côté lipofilling, nous avons remarqué deux communica-tions. S. Cuellar (Espagne) a calculé par une analyse stéréo-logique (volume total injecté, densité numérique et volumecellulaire des adipocytes) que la survie totale de la graisseabdominale implantée dans le visage est des deux tiers duvolume initial à 14 mois. A. Ruiz-Ruzara (États-Unis) s’estattaché à une petite correction qui n’avait pas jusque-làattiré notre attention et qu’il appelle le « signe de l’épau-lette », c’est-à-dire la marque laissée par la bretelle desoutien-gorge dans les grandes hypertrophies mammaires,dépression qui correspond à une véritable lamination dutissu graisseux sous-cutané et qu’il suffit de réparer par unsimple lipofilling qu’il préfère cependant séparer du tempsde résection mammaire. À noter, une petite astuce tech-nique pour le prélèvement de graisse dans le lipofilling untant soit peu important : il suffit d’inverser le sens de rota-tion de l’infuseur électrique dont la plupart d’entre nous se
servent pour pratiquer l’infiltration pour recueillir rapide-ment la graisse nécessaire stérilement dans le flacon où aété préparé le liquide d’infiltration !
Rien à signaler du côté lifting et paupières, sinon la com-munication de F. Coiffman (Colombie) qui, à propos d’uncas personnel de cécité postopératoire, s’est évidemmentpenché sur la question : une méga-analyse de la littératuresur près de 100 000 chirurgies oculaires rapporte tout demême 40 cas de cécité unilatérale (0,04 %), les signes tra-ditionnels (douleur aiguë, œil dur, œdème palpébral,mydriase fixe et diminution de la sensation lumineuse)devant entraîner, outre une consultation ophtalmologiqued’urgence, l’administration de corticoïdes et d’hypoten-seurs, le drainage de l’éventuel hématome, la pressionintermittente et douce de l’œil concerné et l’hyperoxygé-nation. Bien entendu, nous eûmes notre lot de communica-tions enthousiastes sur l’utilisation des fils crantés dans lerajeunissement facial, mais les résultats restent franche-ment très pauvres, peu durables, non dénués d’incidentset, sauf preuve du contraire, ce type de « chirurgie » nedevrait être qu’une solution d’attente avant la maturationd’un projet plus sérieux.
Pour le reste, notons l’utilisation du conformateur dupauvre pour reconstruction vaginale par technique de McIn-doe découpé dans un polystyrène d’emballage recouvertd’un préservatif sur lequel la greffe mince est recousue,le tout étant enfermé pour quatre jours dans la néocavitécréée. Simple, économique et plein de bon sens (J. Gonza-les — Espagne — sur 12 patientes). M. Bernstein (Argentine)nous propose une pince d’hémostase munie d’une diodelumineuse bien utile dans les hémostases difficiles. M.Chacon-Bolanos (Costa Rica) dissèque ses liftings à l’aidedu bistouri harmonique qui autorise des suites particulière-ment simples mais un investissement tout de même encorebien élevé (400 euros par intervention). Sur un concept pro-che de celui exposé pour la plastie abdominale plus haut, lalipobrachioplastie (lipoaspiration intense, désépidermisa-tion, pas de décollement) paraît beaucoup plus adaptabledans cette région du corps. Enfin, nous avons vu exposeren poster pour l’histoire l’exérèse d’une tumeur royale deRecklinghausen de la région postérieure du bassin de 15 kg…
Figure 2 Sigle du congrès.
Compte rendu de congrès 547
Profitant d’un moment creux dans les sessions (Figs. 1,2), nous avons rendu visite à deux chirurgiens esthétiquesprivés qui exercent dans un des principaux centres de lacapitale ; ici on a résolu le problème des anesthésistes…en s’en passant tout simplement : toutes les interventionsont lieu sous infiltration tumescente avec la présence d’uncardiologue qui couvre ainsi les 1800 procédés annuelsrevendiqués par les deux praticiens. Et cela au prix d’unmarketing effréné (qui permet de recruter loin puisque, lematin même à la consultation, s’était présentée unepatiente de Perpignan).
Le prochain congrès de la FILACP aura lieu à Quito (Équa-teur) du 26 au 31 mai 2008.
B. MôleParis, France
Adresse e-mail : [email protected] (B. Môle).
doi:10.1016/j.anplas.2006.06.001
Compte rendu du XXIXe Congrès du GAM.Société française de microchirurgie, le 31 marset le 1er avril 2006, hôtel Métropole, Bruxelles
Le XXIXe Congrès du GAM qui s’est tenu le 31 mars et le1er avril 2006 à l’hôtel Métropole à Bruxelles avait des allu-res de congrès international.
Plus d’une centaine de microchirurgiens de 12 nationali-tés différentes ont confronté leur expérience lors de tablesrondes sur la reconstruction mammaire, la reconstructiondes parties molles tête et cou, le lymphœdème et enfinsur le bilan et les perspectives des allogreffes.
L’entreprise OSYRIS présentait pour la première fois unlaser d’aide à la microanastomose vasculaire. Il s’agit d’unlaser au thulium 1,9 μm, enfin commercialisé après de lon-gues années de mise au point par S. Mordon (Inserm, Lille),J. Zemouri (OSYRIS, Lille) et M. Schoofs (Lille).
Les séances de communications libres concernaient lareconstruction des membres et la recherche. Parmi elles,
citons P. Valenti qui nous rapportait les indications et leslimites de la microchirurgie en mission humanitaire, J. Bak-hach et J.-C. Guimberteau nous rapportaient leurs expé-riences de structure digitale cryoconservée et transposéesur la carotide de lapin.
Il est impossible de citer ici toutes les communicationslibres et leurs auteurs.
Nous laissons la place aux commentaires sur les tablesrondes.
Table ronde sur la reconstruction mammaireprésidée par M. Hamdi
M. Hamdi expose son protocole en matière de reconstruc-tion mammaire, balancée entre lambeaux libres (DIEP, SIEA,TRAM libre, SGAP, IGAP) et pédiculés (latissimus dorsi,TRAM). Son premier choix se porte en général sur un lam-beau abdominal libre dont le « color-match » et les résul-tats à long terme sont excellents, tout en épargnant autantque possible la paroi sans y adjoindre de matériel prothé-tique. Pour ce faire un SIEA convient parfaitement, mais iln’est pas toujours anatomiquement réalisable et ses artèrestrès fines se spasment facilement, le rendant technique-ment plus exigeant. Le DIEP est plus fiable, offre un longpédicule et une zone 3 plus étendue permettant de recons-truire un sein plus volumineux. Cependant, il sera préfé-rable de réaliser un TRAM libre plutôt qu’un DIEP sur demultiples petites perforantes. La morbidité du TRAM peutêtre réduite si l’on ne prélève qu’une petite plage muscu-laire porteuse de vaisseaux. De nombreux montages sontégalement possibles, en combinant les pédicules superficielet perforant à la demande.
K. Vanlanduyt propose un SGAP pour les patientes min-ces ne pouvant pas bénéficier d’une abdominoplastie suiteau prélèvement. Le pédicule classique étant trop bas situépour permettre une cicatrice harmonieuse, un repéragepréopératoire sur CT-Scan autorise le prélèvement sur desperforantes lombaires. La cicatrice résiduelle ainsi obte-nue, cachée par un sous-vêtement léger, ne déforme plusla silhouette.
V. Martinot insiste ensuite sur l’aspect émotionnel de lareconstruction mammaire, et défend l’IGAP en tant que« palliatif inamovible », la patiente cherchant souvent àretrouver du volume plutôt qu’un sein à l’identique. Levolume de tissu autologue obtenu ici est toujours suffisant,n’induisant pas d’asymétrie fessière marquante, et la cica-trice se cache aisément dans le pli fessier inférieur. La dis-section, facilitée par l’ouverture du grand ligament sacros-ciatique, sectionne souvent par choix le nerf petit sciatiqueafin d’éviter un névrome mais entraîne dès lors une anes-thésie gênante de la face postérieure de la cuisse. Le bran-chement du lambeau se fera en axillaire, avec une anasto-mose veineuse sur les veines de la face interne du bras, demeilleur calibre. La peau de ce lambeau est plus grenuevoire plus pileuse, et la densité de la graisse fessière rendle modelage difficile. Les changements nécessaires de posi-tion peropératoire compliquent son usage en reconstructionimmédiate.
R. Deraemaeker prône enfin un planning préopératoiretrès poussé adapté à chaque cas, dont la pertinence distin-guera le praticien avisé. Le respect des unités anatomiques