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Marc Dominicy Y a-t-il une rhétorique de la poésie? In: Langue française. N°79, 1988. pp. 51-63. Citer ce document / Cite this document : Dominicy Marc. Y a-t-il une rhétorique de la poésie?. In: Langue française. N°79, 1988. pp. 51-63. doi : 10.3406/lfr.1988.4752 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_79_1_4752

Y a-t-il une rhétorique de la poésie? file1. Préliminaires épistémologiques Les débats consacrés à l'induction nous ont familiarisés, depuis longtemps, avec un problème qui

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Marc Dominicy

Y a-t-il une rhétorique de la poésie?In: Langue française. N°79, 1988. pp. 51-63.

Citer ce document / Cite this document :

Dominicy Marc. Y a-t-il une rhétorique de la poésie?. In: Langue française. N°79, 1988. pp. 51-63.

doi : 10.3406/lfr.1988.4752

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_79_1_4752

Marc DOMINICY Université de Bruxelles

Y A-T-IL UNE RHÉTORIQUE DE LA POÉSIE?

La formule que j'ai choisie comme titre du présent article est, d'une certaine manière, une question « rhétorique ». J'essaierai en effet de montrer qu'il ne peut exister aucune rhétorique de la poésie - ou de quelque mode discursif que ce soit — si l'on désire, du moins, conserver au terme « rhétorique », et aux diverses stratégies métalinguistiques qu'il recouvre, un contenu empirique réellement testable. Ce faisant, je n'entends pas céder à la provocation, ou nier l'intérêt crucial que beaucoup d'études rhétoriques présentent pour mon propos. Bien plus, je maintiendrai, avec la majorité des rhétoriciens, que la poésie se laissé définir à l'aide de critères linguistiques et cognitifs qui échappent, en dernière instance, au relativisme esthétique et culturel. Simplement, il me paraît utile d'indiquer en quoi les descriptions rhétoriques souffrent, sous la forme qu'elles adoptent ordinairement, d'une série de défauts épistémologiques dont l'accumulation finit par compromettre la généralité, et la valeur même, des hypothèses avancées.

Je diviserai mon exposé en quatre volets quelque peu disparates, mais qui contribueront, je l'espère, à cerner de différents points de vue la théorie encore vague que je veux défendre ici. Je commencerai par motiver, au départ d'exemples empruntés à d'autres disciplines, les réserves d'ordre épistémologique que je viens d'évoquer. Sur la base de ce premier développement, je chercherai à déterminer comment et pourquoi deux conceptions non rhétoriques (ou, en tout cas, non obligatoirement rhétoriques) de la poésie, à savoir la poétique de Jakobson et les approches inspirées de la pragmatique anglo-saxonne, ont subi, au bout du compte, une « rhétorisation » qui n'avait rien d'inéluctable. Je m'efforcerai ensuite de combattre les courants de pensée selon lesquels les échecs rencontrés par la rhétorique doivent nous conduire à abandonner la notion de poésie au seul caprice des doctrines littéraires et des schemes de civilisation. J'esquisserai enfin les éléments d'une définition abstraite et universelle de la poésie qui surmonte les antinomies récurrentes de la rhétorique et plonge ses racines dans une théorie globale du langage et des discours.

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1. Préliminaires épistémologiques

Les débats consacrés à l'induction nous ont familiarisés, depuis longtemps, avec un problème qui se trouve illustré dans la figure 1.

Figure 1

Supposons qu'un expérimentateur s'attache à déterminer la corrélation de deux paramètres A et В (par exemple, la température et le volume d'un gaz) et qu'il ait effectué les mesures x, y, z. Il paraît évident que, sur ces seules bases, l'expérimentateur en question choisira, parmi l'ensemble infini des courbes qui relient les points x, y et z, la droite définie par deux quelconques de ces trois points. Pareille description souligne l'arbitraire d'une démarche « inductive » où il s'agirait, somme toute, d'opter pour telle ou telle courbe, alors que les mesures x, y, z sont compatibles avec une infinité de projections. La préférence qui se manifesterait ici pour la droite céderait la place, en d'autres cas, à une préférence pour la courbe sinusoïdale, ou encore à une préférence pour la courbe en escalier, et ainsi de suite. Afin d'échapper à cette multiplication de principes particuliers dénués de tout contenu prédictif, Popper (1973; voir aussi Dominicy 1983) a proposé une stratégie où la conjecture ne consiste pas à choisir inductivement une et une seule courbe, mais bien plutôt à adopter l'hypothèse la plus informative. Dans notre exemple, l'hypothèse d'une corrélation constante définit une et une seule projection (la droite passant par x, y et z), tandis que l'hypothèse contradictoire de la non-constance admet une infinité d'instanciations. Nous coupons court à la prolifération de « préférences » trop spécifiques, en modifiant le type des conjectures, qui portent désormais sur des hypothèses for- mulables en termes généraux.

Le raisonnement que je viens d'esquisser s'appliquerait, sans grandes difficultés, à certaines des « lois » gestaltistes autrefois énoncées par Wertheimer (1938). Pour ne pas allonger inutilement cette partie préliminaire, je me bornerai à discuter la configuration graphique de la figure 2.

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Figure 2

Selon Wertheimer (1938 : 81), le fait que nous y percevions un segment de circonférence AC et un segment de droite B, plutôt qu'un groupement AB/C doit s'expliquer par un « facteur de direction » qui s'ajoute aux nombreuses autres « lois » indépendamment dégagées. Mais il est clair, de nouveau, que l'argumentation de Wertheimer se laisse aisément retourner : l'hypothèse qui ramène la configuration de la figure 2 à un groupement AB/C (approximativement : « segment de circonférence et segment de droite, plus un autre segment de circonférence ») admet évidemment plus d'instanciations que l'hypothèse où le segment AC doit appartenir à une seule et même circonférence.

Les vices épistémologiques sur lesquels je voudrais attirer l'attention du lecteur peuvent donc être caractérisés comme suit. Face à une régularité notable à laquelle les sujets obéissent quand ils interprètent certaines organisations de données, on recourt à un principe explicatif qui colle le plus possible aux comportements observés et l'on se refuse, par conséquent, à manier des objets théoriques relevant de domaines ou de types fondamentalement différents. La « first order isomorphism fallacy qui consiste à poser pour un organisme des structures internes analogues aux structures externes que l'on peut observer dans ses productions » (Fauconnier 1984 : 11-12) résulte d'une propension tout à fait similaire. Sur le terrain rhétorique, ces automatismes de pensée ont abouti à une multiplication de « tropes », « figures » ou « procédés » dont l'inventaire se révèle encore plus hétéroclite que celui des « lois » gestaltistes. Très souvent, le mécanisme invoqué n'explique proprement rien si on ne le soumet pas à des contraintes cognitives qui risquent fort de lui enlever toute utilité. Soit, par exemple, 1 extrait suivant (que j'emprunte à l'abbé Fromant 1968/1756 : 325) :

(1) Un juge fit lever la main à un teinturier, et comme les teinturiers les ont ordinairement noires, il lui dit : « Mon ami, ôtez votre gant. »

Déceler ici une « syllepse du nombre » revient à attribuer une étiquette, qu'on espère commode, à un phénomène évidemment conditionné par des facteurs cognitifs : chaque teinturier ayant normalement deux mains, le pluriel pronominal ne créera aucun problème de (co)référence. La « syllepse du nombre » demeure possible, avec des degrés d'acceptabilité variables, dans des cas tels que :

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(2) Un juge fit venir la femme d'un teinturier, et comme les teinturiers les choisissent ordinairement fort laides [...].

(3) Un juge porta un habit à un teinturier, et comme les teinturiers les traitent ordinairement sans grand soin [...].

parce que la pluralité peut toujours y être reconstruite à partir de nos représentations usuelles, où les teinturiers sont normalement mariés (à raison d'un et un seul teinturier par femme) et traitent chacun plus d'un habit. Par contre, (4) s'avère bizarre :

(4) Un juge présenta son épouse à un teinturier, et comme les teinturiers les traitent ordinairement avec respect [...].

pour la simple raison que nous ne disposons pas, a priori, d'un réseau conceptuel qui relie les épouses des juges aux teinturiers. Dans le même ordre d'idées, Ruwet (1975b : 378-379) a noté que la différence d'acceptabilité entre les « synecdoques » de (5) et (6) :

(5) Ben Allison a mené un troupeau de deux mille têtes du Texas au Montana.

(6) Ben Allison a mené un troupeau de deux mille cornes du Texas au Montana.

tient à ce que les cornes, allant par paires, ne sauraient servir à compter les animaux au moyen d'une correspondance biunivoque immédiatement accessible. En négligeant le poids de telles contraintes, la rhétorique se condamne à élaborer des taxinomies sans cesse plus fouillées, mais qui n'ouvrent la voie à aucune explication. Comme l'écrivait Barthes (1970 : 219), « les dictionnaires de rhétorique nous permettent [...] de savoir facilement ce qu'est un chleuasme, une épanalepse, une paralipse, d'aller du nom, souvent très hermétique, à l'exemple; mais aucun livre ne nous permet de faire le trajet inverse, d'aller de la phrase (trouvée dans un texte) au nom de la figure ; si je lis " tant de marbre tremblant sur tant d'ombre ", quel livre me dira que c'est un hypallage, si je ne le sais déjà ? »

2. Les pièges de la rhétorisation

Ma critique, on l'aura aperçu, tire parti de ce penchant qu'éprouve la rhétorique moderne à réifier, à « coder », des processus dont les causes ultimes se situent ailleurs. Je n'entends donc pas m 'attaquer à toutes les doctrines dites « rhétoriques », mais bien à la discipline relativement récente qui s'est forgée, en France, dans les ouvrages de Du Marsais (1988/1730) et Fontanier (1968/1827-1830). Par ailleurs, mes conclusions essentiellement négatives ne prétendent pas à l'originalité, puisqu'elles s'inspirent, pêle-mêle, d'auteurs aussi divers que Bakhtine (1978, 1984; cf. Todorov 1981), Fauconnier (1979, 1984), Ruwet (1975b) et Sperber

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(1974, 1975; cf. également Sperber et Wilson 1986). Cependant, il est plus facile de dénoncer la réification rhétorique que de s'y soustraire, et c'est à illustrer deux cas notoires et malheureux de « rhétorisation » que je voudrais m'attacher dans l'immédiat.

2.1. La poétique de Jakobson

On connaît la thèse jakobsonienne selon laquelle « la fonction poétique projette le principe d'équivalence de l'axe de la sélection sur l'axe de la combinaison » (1963 : 220). Cette proposition lapidaire apparaît, dans l'article « Linguistique et poétique », au moment même où Jakobson va passer d'une terminologie fonctionnaliste assez floue à une description formelle des parallélismes en général, et de la versification (Ruwet 1980, 1987). Il en résulte une ambiguïté théorique qui a, très curieusement, échappé à l'attention des commentateurs. Considérons, à titre d'exemples, les extraits (7) et (8) :

(7) Ô ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée

(Apollinaire)

(8) - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?

(Verlaine)

Dans chaque cas, les mots situés à la rime sont reliés par plusieurs relations d'équivalence que l'on choisit d'appeler « parallélismes » (Posner dans Delcroix et Geerts 1981). Chacun de ces parallélismes définit, de façon triviale, une classe d'équivalence ou « paradigme ». Néanmoins, le fait que deux mots appartiennent à un même « paradigme » n'entraîne pas qu'ils soient substituables l'un à l'autre, ne serait-ce qu'à l'intérieur du passage discuté. Si je puis, sans altérer les rapports « syntagmatiques », commuter abandonnée et fanée, il n'en va pas ainsi pour ancienne et souvienne. Autrement dit, un « paradigme » projeté sur l'axe « syn- tagmatique » des combinaisons ne renferme pas nécessairement des unités entre lesquelles opère une « sélection ». Il s'ensuit que la manière dont Jakobson circonscrit le parallélisme se révèle incompatible avec sa carac- térisation, apparemment universelle, de la fonction poétique.

Au plan historique, la confusion entourant les notions de « paradigme » et de « sélection » remonte indubitablement à Saussure. Le Cours de linguistique générale distingue en effet les rapports « syntagmatiques » qui unissent « in praesentia » les éléments combinés « sur la chaîne de la parole », et les rapports « associatifs » qui unissent « in absentia dans une série mnémonique virtuelle » des termes tels que enseignement, enseigner, enseigne, enseignons, armement, changement, justement, éducation, apprentissage, etc. (1979/1916 : 170-175). On voit, par cette seule enumeration, que Saussure rassemble ici des séries flexionnelles (enseigner, enseigne, enseignons) ou dérivationnelles (enseigne, enseignement), des

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familles de mots formés avec le même suffixe (enseignement, armement, changement), des items rapprochés par des relations uniquement sémantiques (enseignement, éducation, apprentissage) ou purement formelles (enseignement, justem nt). Mais il indique peu après (1979 : 178, 180) que, dans des combinaisons « syntagmatiques » comme défaire ou anma, les éléments dé, faire, et m se trouvent « en opposition associative » avec, respectivement : re et contre, coller et placer, v et d. La tentation était donc forte de restreindre les rapports « associatifs », postérieurement rebaptisés « paradigmatiques », aux seuls éléments susceptibles de commuter dans un environnement « syntagmatique » considéré ; et c'est bien là l'interprétation qui a dominé le structuralisme post-saussurien. Cette restriction avait cependant un prix non négligeable : le rapport paradig- matique n'est plus antérieur, mais postérieur, au rapport syntagmatique — la présence de l'un des membres d'un paradigme au sein d'un syntagme donné entraînant ipso facto l'absence, au même endroit, de tout autre membre de ce paradigme.

Dans de telles conditions, la simple rigueur exige un effort de clarification portant, au moins, sur les deux questions suivantes : (i) l'existence d'un parallélisme implique-t-elle que les éléments concernés commutent (sont sélectionnables l'un par rapport à l'autre) à l'intérieur des combinaisons examinées? (ii) le parallélisme peut-il s'instaurer sur une base uniquement sémantique (cas de enseignement et apprentissage, par exemple)? — auquel cas il se confondrait avec ce que l'on a parfois nommé « isotopie » (Rastier 1987 : 94-96). L'étude de la versification, et les analyses concrètes fournies par Jakobson lui-même, militent en faveur d'une réponse doublement négative (Ruwet 1975a, 1980, 1981a, 1987, contre Levin 1962 et Ruwet, 1972 : 151-175). On se demandera, dès lors, pour quelle raison les théoriciens de la poétique ont, presque unanimement, fait les choix contraires. Chez Jakobson et chez la majorité de ses glossateurs (cf. Genette 1976: 310-311, Holenstein 1974, Lefebve 1971 : 79-83, etc.), cette stratégie a abouti à rabattre le couple poésie/ prose sur la dichotomie des deux axes, et donc sur l'opposition (rhétorique) entre métaphore et métonymie : « la métaphore pour la poésie et la métonymie pour la prose constituent la ligne de moindre résistance » (Jakobson 1963 : 67). Les avantages d'une telle réduction, constamment prônée depuis les écrits futuristes (1973 : 11-24) jusqu'aux. dialogues avec Krystyna Pomorska (1980 : 129-131), ne sautent pourtant pas aux yeux (Delas et Filliolet 1973: 152-153); Jakobson a d'ailleurs été amené, à l'une ou l'autre reprise, à nuancer ses conceptions en la matière (1963 : 62-63, 238, 1973: 127-144; cf. aussi Todorov 1977: 350-351). Je n'hésiterai pas, quant à moi, à conjecturer que le sort réservé aux deux questions formulées ci-dessus a été déterminé, pour l'essentiel, par l'influence persistante du modèle rhétorique. Car en imaginant que le parallélisme projette sur l'axe des combinaisons des unités sémantiquement reliées, entre lesquelles opère normalement la sélection, on définit une « figure » qui maintient la construction des textes poétiques dans les limites d'un « code » — d'un « trésor » - « préfabriqué » (1963 : 46). Sans trop exagérer, on pourrait soutenir que la poétique jakobsonienne rejoint

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ainsi, par un étrange revirement, la vision ornementale de ces dictionnaires de rimes qui associent, pour toujours, arbre et marbre, ou ténèbres à funèbres. On comprend également, dans pareille optique, pourquoi Jakobson a paru cautionner une conception « métalinguistique » du poème, où celui-ci ne parle plus que de lui-même ou du langage (cf. par exemple Pelletier 1977). De fait, si le parallélisme ne s'installe qu'entre des termes déjà appariés à l'intérieur du « code », la frontière qui sépare la fonction poétique de la fonction métalinguistique devient fort ténue : « dans le métalangage, la séquence est utilisée pour construire une équation, tandis qu'en poésie, c'est l'équation qui sert à construire la séquence » (1963 : 221; un amalgame du même ordre se retrouve dans Koch 1981).

2.2. Les approches pragmatiques

La rhétorisation n'a pas davantage épargné les approches pragmatiques, dont on pourrait croire qu'elles se situent d'emblée sur un terrain different. Comme ce fut le cas pour la poétique jakobsonienne, le malentendu s'est nourri de certaines ambiguïtés de doctrine, qu'il importe de dissiper immédiatement. A cet effet, j'examinerai les notions d'acte de langage et d'implicature conversationnelle, l'une et l'autre étant abondamment invoquées dans les analyses pragmatiques de la poésie (Pratt 1977, Van Dijk 1976).

Depuis qu'ils ont acquis droit de cité en linguistique, les phénomènes pragmatiques sont soumis à deux types de traitements, que j'appellerai « conventionnels » et « dérivationnels ». Les traitements conventionnels tentent de repérer ou d'introduire, dans la représentation des énoncés (à quelque niveau que ce soit), des marquages qui fixent la valeur prise par tel ou tel paramètre. Les traitements dérivationnels s'efforcent, au contraire, de prédire les faits pragmatiques à l'aide de principes généraux applicables à l'énoncé pris dans le contexte même de son énonciation. La théorie des actes de langage, telle qu'elle a été développée par Searle (1972), est fondamentablement conventionnelle, tandis que la pragmatique issue de Grice (1979) se rattache plutôt au courant dérivationnel. Quoiqu'il y ait de bonnes raisons pour préférer, sur le plan épistémo- logique, les explications dérivationnelles (cf. par exemple Fauconnier 1979, Sperber et Wilson 1986), ce sont les traitements conventionnels qui ont, de toute évidence, la faveur des poéticiens. Les causes de ce penchant ne doivent pas être recherchées très loin. Lorsque la stratégie dérivationnelle s'impose (pour rendre compte, par exemple, des impli- catures conversationnelles), aucune généralisation ne peut opérer de l'énoncé produit hic et nunc à la phrase. En disant Jean est un brave garçon, je signifierai, selon les circonstances, que Jean est un mauvais poète (implicature conversationnelle liée à la maxime de relevance), ou, simplement, que j'éprouve beaucoup de sympathie pour lui. Par conséquent, la pragmatique dérivationnelle va contraindre les théoriciens de la littérature à effectuer la distinction, bien connue des philosophes, entre « token » (énoncé) et « type » (phrase). En particulier, il faudra préciser,

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en chaque occasion, si Ton prétend analyser un poème, c'est-à-dire une séquence de phrases, ou l'une de ses exécutions, c'est-à-dire une séquence d'énoncés écrits ou oraux (Jakobson 1963 : 229-231 et surtout Stevenson 1957). Certains auteurs (Kasher dans Van Dijk 1976, ou Pratt 1977) en viennent ainsi, fort logiquement, à centrer leur attention sur les seules techniques (recitatives ou narratives) qui sont mobilisées lors de la transmission et de l'interprétation d'une séquence non reproductible d'énoncés oraux. Cette restriction drastique exclut du domaine étudié la majorité des modes de lecture auxquels la poétique continue, qu'elle le veuille ou non, de s'intéresser au premier chef.

Bien sûr, il est permis d'espérer que la pragmatique dégage une série de régularités dérivationnelles qui vaillent pour des classes d'énoncés et de situations. Mais de là à penser qu'elle puisse un jour délimiter une classe d'énoncés dérivationnellement « poétiques », il y a un pas que rien ne nous autorise à franchir. Quand Riffaterre (Delcroix et Geerts 1981) s'évertue à déceler de l'ironie ou de la parodie dans le trop célèbre sonnet des Chats, il s'appuie tantôt sur sa connaissance encyclopédique du lexique littéraire français, tantôt sur ses réactions « spontanées » à une certaine exécution du poème. Qu'il existe une classe d'interprétations concevables de ce genre n'est pas douteux. Mais pour que ces lectures nous apprennent quelque chose sur les Chats, ou sur la poésie en général, il faudrait que « l'ironie en littérature [fût] une structure verbale » (Riffaterre : 57), et qu'elle relève donc d'une explication non plus dérivationnelle, mais conventionnelle.

Au-delà de ces difficultés, la pragmatique dérivationnelle réserve d'autres surprises à l'analyste naïf. Chaque exécution de poème se réduisant à une séquence d'énoncés, ce sont les énoncés mêmes, et non la séquence entière, qui se voient pourvus de propriétés remarquables (comme les implicatures conversationnelles, par exemple). Dans pareilles conditions, l'inférence de la partie au tout ne se fonde sur aucune justification : il peut se glisser de l'ironie dans tel ou tel énoncé de telle ou telle exécution des Chats, sans que la récitation totale, et le poème a fortiori, n'en deviennent ironiques pour autant.

L'on ne s'étonnera donc guère de ce que les approches pragmatiques de la poésie se soient inspirées, le plus souvent, de la théorie searlienne des actes de langage. Celle-ci fournit en effet un modèle conventionnel où les actes de langage véhiculés par des types d'énoncés bien circonscrits entrent, les uns par rapport aux autres, dans des hiérarchies de planification. On peut alors se donner des actes de langage macroscopiques (« macro-speech acts », cf. Van Dijk 1976), et tenter de cerner par cette voie la singularité du « discours », de « l'acte de parole » poétique (Todorov 1978 : 48). Levin (dans Van Dijk 1976) suggère ainsi d'associer à tout poème un acte de langage macroscopique exprimable par (9) :

(9) Je m'imagine et je vous invite à concevoir un monde où [...].

Sous des dehors novateurs, cette hypothèse ne fait, en réalité, que rhétoriser la pragmatique, en la replaçant sous la dépendance d'un code

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(d'actes de langage, cette fois) tout aussi préétabli que l'inventaire des figures classiques. D'un long détour théorique, nous ne ramenons, en fin de compte, qu'une doctrine des genres à peine esquissée, et largement inférieure à ses innombrables devancières.

3. La poétique malgré tout

La dérive rhétorisante conduit inéluctablement au paradoxe du « langage poétique », qui n'a cessé de hanter critiques et écrivains. Le processus, on vient de le voir, est chaque fois le même : à partir d'observations, souvent valides, portant sur l'organisation ou le fonctionnement des textes poétiques, on reconstruit un « code » que ces textes se borneraient à « actualiser ». La singularité de tout mode discursif, de toute « parole », témoignerait donc de l'existence d'une « langue » ou d'un « langage » spécifique. C'est par ce biais que les formalistes russes et praguois, Jakobson inclus, sont tombés dans la « poetic language fallacy » (Posner 1982, Pratt 1977), alors que tout leur travail empirique démontrait que la poéticité est un fait de structure textuelle, et uniquement saisissable a posteriori (Ruwet 1975a, 1987, Stankiewicz 1977, 1984). Le vice de la « poetic language fallacy », ou de la démarche rhétorique en général, tient, on le sait, à ce que les éléments du « code » ainsi reconstruit se retrouvent, sans trouble apparent, au sein de n'importe quel discours. Ce paradoxe a poussé certains auteurs (dont Todorov 1977, 1978) à décréter que les distinctions entre poésie et prose, entre littérature et non- littérature, ne renvoient à aucun critère universel. Mais en adhérant à un relativisme aussi brutal, on renonce à remettre la rhétorique en question, et on continue à multiplier avec elle les « codes » et les « discours » particuliers, dont on exige seulement qu'ils soient historiquement datés.

Je n'abandonnerai pas, pour ma part, l'entreprise visant à caractériser la poésie en des termes qui demeurent indépendants, si possible, des cultures et des écoles. Néanmoins, je maintiendrai que le phénomène poétique ne se laisse pas décrire en une formule elliptique, mais bien par l'accumulation de détails, parfois infimes, dont la convergence finit par nous livrer l'amorce d'une définition.

4. La poésie comme « déjà dit »

Les quelques données que je voudrais regrouper ici me semblent indiquer, de manière insistante, que le poème se présente comme un message à la fois nouveau et « déjà dit ». Je crois donc que le texte poétique est « polyphonique », non pas au sens de Bakhtine (1978, 1984), où la polyphonie implique toujours qu'il y ait plusieurs énonciateurs, mais dans l'acception de Ducrot (1984), selon qui la polyphonie s'installe dès que le locuteur ne s'identifie pas à tous les énonciateurs qu'il « met en scène ». Pour prendre un exemple très éclairant, un énoncé tel que (lOi) :

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(10) (i) Marie est si belle! (ii) Marie est très belle.

est produit par un locuteur qui met en scène, sans s'identifier à lui, l'unique énonciateur de (lOii) (Plantin 1985). Ce « monologue » à un énonciateur renferme, par conséquent, une « polyphonie » déclenchée par l'emploi du si intensif. On voit, du même coup, que mon hypothèse ne ruine pas le contraste que Bakhtine a voulu déceler entre le discours « total » de la poésie et le « plurllinguisme » « hétérologique », « dialo- gique », ou « polyphonique » du roman (1978 : 99-121, 150-151, 212; cf. Todorov 1981 : 91, 100-102). Il suffirait, pour que Bakhtine ait raison, que la poésie - prise, du moins, à l'état pur - ne mette jamais en scène plus d'un énonciateur.

Je ne m'attarderai cependant pas sur ces problèmes, qui risquent fort de me replonger dans les travers de la rhétorisation. J'essaierai plutôt de comprendre, à l'aide de deux types d'observations, comment le texte poétique provoque ce que j'appellerais volontiers un « effet de polyphonie ».

4.1. Mot, vers et rime

On a souvent remarqué (cf. par exemple, Lotman 1975 : 270-274, Milner 1982 : 283-301), que le vers se comporte, phonologiquement mais aussi sémantiquement, comme une espèce de long mot. Pour Mallarmé, « le vers [...] de plusieurs vocables refait un mot total », de sorte que la majuscule placée à sa tête est une véritable « lettre d'attaque », à force alliterative (Genette 1976 : 264, 275-276). L'alignement vertical de la typographie poétique, l'effacement de la ponctuation chez les auteurs du XXe siècle, le fait, enfin, que certaines métriques exigent l'allitération des initiales de vers (Molino et Tamine 1982 : 57), ne peuvent que confirmer les vues de Mallarmé. Pourtant, le vers se compose de mots, sans quoi on ne serait fondé à parler ni de césures ni d'enjambements. Le même va-et-vient conceptuel relie la rime et le mot. Techniquement, « ce n'est pas la rime qui marque la fin de vers, mais la fin de vers qui marque la rime » (Cohen 1966 : 74; cf. aussi Cornulier 1981) : pour savoir si deux mots riment, il faut connaître la métrique de la langue considérée. Ce qui n'empêche que la rime facilite systématiquement les tâches d'association de mots, et interagisse, de manière complexe, avec le sémantisme des termes mis en relation (Cohen 1966, Lotman 1975 : 181-204).

On rencontre une situation exactement analogue dans les expressions idiomatiques, les tours figés, les proverbes..., toutes entités qui, construites avec des mots, tendent en permanence à s'assimiler au mot. Or, ces « discours préfabriqués » (Smith 1978 : 57-75), qui partagent bien des propriétés formelles avec la poésie, sont fréquemment attribués à un énonciateur universel et anonyme que le locuteur met en scène. « Le proverbe », écrit Jolies (1972 : 127), « c'est le paraphe et le sceau visible apposés à une idée et qui lui imposent le caractère de l'expérience ».

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4.2. Noms propres et épithètes redondantes

Dans la Ballade des dames du temps jadis, Villon mentionne, au détour des vers 19-20 :

(11) (...) Bietris, Alis, Haremburgis qui tint le Maine

c'est-à-dire trois personnages mythiques ou imaginaires dont les noms propres reprennent la rime en -is des couplets (au vers 3, on trouve Thaïs; au vers 9, Helloïs). Ces accumulations de noms propres ne sont pas rares en poésie (cf. Molino et Tamine 1982 : 87-88, 111-112), où elles servent à accentuer l'effet de polyphonie. Que le referent du nom propre s'avère notoire ou parfaitement inconnu, il fait toujours l'objet d'une « présomption d'existence » (Molino-Tamine) issue, normalement, d'un discours antérieur. Mais la poésie peut aisément se dispenser de ce discours antérieur, alors que la narration devra, d'une manière ou d'une autre, le restituer. Si un roman débute « in médias res » par la phrase Michel entra dans la pièce, il contiendra, plus tard, des fragments rétrospectifs qui justifient l'emploi du nom propre Michel (C était le fils d'un riche négociant bordelais); mais la même contrainte textuelle ne pèse clairement pas sur un poème en prose ou versifié. Ce mécanisme va de pair, me semble-t-il, avec l'usage fréquent d'épithètes redondantes (Cohen 1966, 1979), de descriptions définies, ou de surnoms (Villon cite encore, dans sa ballade, Flora la belle Rommaine ou La royne Blanche comme lis Qui chantoit a voix de seraine). Comme l'ont successivement noté Lotman et Ouspenski (1976 : 18-39), Todorov (1978 : 56-57), Molino et Tamine (1982 : 111), le nom propre acquiert ainsi une « motivation » qui n'affecte cependant pas l'unicité du réfèrent. Autrement dit, ce dernier est, par avance, porteur de caractéristiques dont l'attribution aurait dû être effectuée, de nouveau, dans un discours antérieur. L'analogie avec les exemples (10i-ii) s'impose ici de façon évidente : de même que le locuteur de (lOi) met en scène l'énonciateur de (lOii), le poète met en scène un énonciateur, autoritaire et indéterminé, qui baptise et caractérise les referents.

Les traits que je viens d'isoler ne se laissent pas expliquer par la seule pression d'un style formulaire à fonction mnémonique (Molino et Tamine 1982 : 197-200). Lorsque Verlaine parle du ciel qu'on voit, il ne retombe pas sur une formule, mais il met en scène l'énonciateur quelconque d'une proposition générique (« Le ciel est visible ») appartenant à l'expérience commune (Ruwet 1981b). La prédilection de la poésie française pour l'épithète antéposée (Cohen 1966, 1979) procède, à mon avis, de causes similaires : de blonds cheveux ne sont pas des cheveux dont le locuteur énonce qu'ils sont blonds, mais des cheveux dont un autre énonciateur affirme, ou a affirmé, qu'ils le sont.

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4.3. Description et évocation

Parce qu'il se présente en partie comme « déjà dit », le texte poétique ne décrit pas son univers, mais l'évoque (au sens défini par Sperber 1974). Il peut donc ne renvoyer qu'à des catégories connues, préétablies, ou du moins conçues comme telles (Lefebve 1971 : 110-111, Lotman 1981). C'est pour cette raison, je crois, qu'on a écrit de l'épopée homérique qu'elle « traite du général » (Aristote 1980 : 65), qu'elle « répond avant de s'être interrogée » (Lukacs 1963 : 23, 51), ou encore qu'elle « fut d'emblée un poème sur le passé » (Bakhtine 1978 : 446-454; cf. aussi Jolies 1972 : 78- 79). Néanmoins, bien des poèmes, parmi les plus célèbres, sont produits par un locuteur qui prétend s'y livrer sans fard et tout entier (Jakobson 1973 : 113-126). Et c'est là que nous saisissons véritablement ce qui sépare Homère et Empédocle (Aristote 1980 : 35), ce qui distingue la Ballade de Villon d'un traité didactique en vers (Jakobson 1963 : 221- 222). Dans les emplois utilitaires de la versification, l'énonciateur mis en scène est une sorte de voix supérieure et générale, dont les propos échappent, dès l'abord, à l'individuel; en poésie, ce même énonciateur se dissimule derrière le locuteur, sans lequel il n'existerait pas, et dont il feint de partager la singularité.

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