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1 www.grameen-credit-agricole.org La Lettre Grameen Crédit Agricole numéro 08 Septembre 2012 Editorial L es Nations Unies ont proclamé 2012 Année internationale des coopératives. C’est l’occasion de rappeler «l’étonnant pouvoir des coopératives» dans le champ de la microfinance, pour reprendre le titre de la conférence de clôture de cette année internationale qui se tiendra à Québec du 8 au 11 octobre prochain, avec le concours du Crédit Agricole. Globalement, 14% des Institu- tions de Microfinance (IMF) répertoriées sur le MIX ont adopté la forme coopérative. Même si le statut coopératif n’est qu’une des formes juridiques adoptées par les institutions de microfinance de par le monde, il faut bien reconnaître qu’il y a une adéquation naturelle entre le concept coopératif et les buts que poursuit la microfinance. Au plan historique tout d’abord, il n’est pas inutile de rappeler que les banques coopératives, telles que nous les connais- sons aujourd’hui en Europe, sont nées au cours de la 2 ème moitié du 19 ème siècle d’une volonté d’émancipation des petits agricul- teurs et artisans, privés de tout accès au crédit dans le cadre des banques tradition- nelles. Les caisses locales de crédit agricole mutuel en France, les caisses Raiffeisen en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, les Credit unions en Angleterre et en Irlan- de ont été créées comme des institutions locales permettant à leurs membres de fi- nancer leurs activités, grâce à une mutua- lisation de leurs ressources d’épargne et une solidarité financière. Elles obéissent à des règles de gouvernance spécifiques, en particulier le principe «un homme = une voix», destinées à garantir une gestion in- dépendante du pouvoir politique et des puissances d’argent, guidée uniquement par l’intérêt des membres. Cette approche coopérative a été trans- posée dans beaucoup de pays en dévelop- pement ou émergents pour lutter contre l’exclusion financière et mettre à la dispo- sition des plus pauvres des micro services d’épargne, de crédit et d’assurance adaptés à leurs besoins. En fonction du contexte et de la tradition juridique de chaque pays, le poids relatif des coopératives peut varier. Le modèle coopératif est particulièrement ré- pandu en Afrique de l’Ouest, qui concentre 70% des emprunteurs et 78% des déposants des institutions de microfinance de forme coopérative d’Afrique Sub-saharienne, alors que le modèle coopératif est pratiquement absent en Afrique de l’Est (hors Madagascar). Dès lors qu’elle est correctement mise en œuvre, l’approche coopérative en micro- finance présente beaucoup d’avantages: elle met l’accent sur la constitution d’une épargne de précaution et pas uniquement sur la fonction de crédit, favorisant ainsi l’autonomie financière de l’institution; elle met en œuvre des mécanismes de solida- rité financière entre les membres, ce qui rejoint à la fois la pratique des «prêts de groupe», tels qu’il ont été mis au point par la Grameen Bank, et les mécanismes tradi- tionnels de tontines et de bans villageois, tels qu’on peut les observer en Afrique. Sa proximité vis-à-vis de ses membres et sa gouvernance démocratique permettent une adaptation des produits et des servi- ces aux besoins de la population desservie sur un territoire donné. Les IMF de forme coopérative constituent aussi un puissant outil de responsabilisation des membres, et tout particulièrement des femmes, qui trouvent dans ces structures une occasion unique d’expression et d’émancipation. En- fin, la mise en réserve des résultats reflète le caractère désintéressé de la gestion et est un gage d’indépendance, tandis que la gouvernance coopérative peut être une protection efficace contre les interférences du pouvoir politique. Jean-Marie Sander Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole L’étonnant pouvoir des coopératives

La Lettre - gca-foundation.orggca-foundation.org/data/grameen/publications-gca/... · Au cours de la semaine, les participants se sont familiarisés avec les avantages et problématiques

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1www.grameen-credit-agricole.org

La Lettre Grameen Crédit Agricole

numéro 08 Septembre 2012

Editorial

Les Nations Unies ont proclamé 2012 Année internationale des coopératives. C’est l’occasion de rappeler «l’étonnant pouvoir des coopératives» dans le champ de la microfinance, pour reprendre le titre de la conférence de clôture de cette année internationale qui se tiendra à Québec du 8 au 11 octobre prochain, avec le concours du Crédit Agricole. Globalement, 14% des Institu-

tions de Microfinance (IMF) répertoriées sur le MIX ont adopté la forme coopérative.Même si le statut coopératif n’est qu’une des formes juridiques adoptées par

les institutions de microfinance de par le monde, il faut bien reconnaître qu’il y a une adéquation naturelle entre le concept coopératif et les buts que poursuit la microfinance.

Au plan historique tout d’abord, il n’est pas inutile de rappeler que les banques coopératives, telles que nous les connais-sons aujourd’hui en Europe, sont nées au cours de la 2ème moitié du 19ème siècle d’une volonté d’émancipation des petits agricul-teurs et artisans, privés de tout accès au crédit dans le cadre des banques tradition-nelles. Les caisses locales de crédit agricole mutuel en France, les caisses Raiffeisen en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, les Credit unions en Angleterre et en Irlan-de ont été créées comme des institutions locales permettant à leurs membres de fi-nancer leurs activités, grâce à une mutua-lisation de leurs ressources d’épargne et une solidarité financière. Elles obéissent à des règles de gouvernance spécifiques, en particulier le principe «un homme = une voix», destinées à garantir une gestion in-dépendante du pouvoir politique et des puissances d’argent, guidée uniquement par l’intérêt des membres.

Cette approche coopérative a été trans-posée dans beaucoup de pays en dévelop-pement ou émergents pour lutter contre l’exclusion financière et mettre à la dispo-sition des plus pauvres des micro services d’épargne, de crédit et d’assurance adaptés à leurs besoins. En fonction du contexte et de la tradition juridique de chaque pays, le poids relatif des coopératives peut varier. Le modèle coopératif est particulièrement ré-pandu en Afrique de l’Ouest, qui concentre 70% des emprunteurs et 78% des déposants des institutions de microfinance de forme coopérative d’Afrique Sub-saharienne, alors que le modèle coopératif est pratiquement absent en Afrique de l’Est (hors Madagascar).

Dès lors qu’elle est correctement mise en œuvre, l’approche coopérative en micro-finance présente beaucoup d’avantages: elle met l’accent sur la constitution d’une épargne de précaution et pas uniquement sur la fonction de crédit, favorisant ainsi l’autonomie financière de l’institution; elle

met en œuvre des mécanismes de solida-rité financière entre les membres, ce qui rejoint à la fois la pratique des «prêts de groupe», tels qu’il ont été mis au point par la Grameen Bank, et les mécanismes tradi-tionnels de tontines et de bans villageois, tels qu’on peut les observer en Afrique. Sa proximité vis-à-vis de ses membres et sa gouvernance démocratique permettent une adaptation des produits et des servi-ces aux besoins de la population desservie sur un territoire donné. Les IMF de forme coopérative constituent aussi un puissant outil de responsabilisation des membres, et tout particulièrement des femmes, qui trouvent dans ces structures une occasion unique d’expression et d’émancipation. En-fin, la mise en réserve des résultats reflète le caractère désintéressé de la gestion et est un gage d’indépendance, tandis que la gouvernance coopérative peut être une protection efficace contre les interférences du pouvoir politique.

Jean-Marie Sander Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole

L’étonnant pouvoir des coopératives

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La LettreGrameen Crédit Agricole

Les craintes du Professeur Yunus justifiées: le Gouvernement du Bangladesh prive les millions de femmes emprunteuses et actionnaires de leur droit à choisir le Directeur Général de la Grameen Bank

La Grameen Bank n’a plus de Directeur Général* depuis la démission forcée du Professeur Yunus en mai 2011. En application des statuts de la banque, le pouvoir de nomination appartient au Conseil d’administration de la Banque, composé de 12 membres, dont trois nom-més par le Gouvernement, y compris le Président du Conseil, et 9 élus par les millions d’emprunteurs, dont 95% sont des femmes très pauvres. En effet ce sont les clientes de l’institution qui détiennent aujourd’hui 97% de son capital. Cette gouvernance exercée par les femmes les plus pauvres du Bangladesh donne à la Grameen Bank son caractère unique.

meen Bank, et expriment leur préoccupation face à des actions sus-ceptibles de porter atteinte aux droits des femmes du Bangladesh.

Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur les raisons pour le Gouvernement, confronté aux défis de la pauvreté et du changement climatique, de s’en prendre à la seule organisation asiatique à avoir reçu le Prix Nobel de la Paix dans toute l’histoire de ce Prix, et à la figure très respectée du Professeur Yunus.

La Fondation Grameen Crédit Agricole est aux côtés des femmes du Bangladesh dans leur combat pour préserver leur droit de diriger la banque dont elles sont propriétaires et en sauvegarder l’indépendance et l’éthique.

C’est ce caractère unique que Sheikh Hasina, Premier Minis-tre du Bangladesh souhaite abolir, en approuvant en août une ordonnance qui modifie les règles de sélection et de

nomination du Directeur Général de la Grameen Bank, et donne ce pouvoir au Président de la Banque, nommé par le gouvernement. En effet toutes les tentatives d’intimidation des 9 femmes élues au conseil d’administration ayant échoué, le gouvernement s’est résolu à prendre le contrôle de la banque, dont il ne détient pourtant que 3% du capital, avec tous les risques de politisation et de corruption, qu’avait dénoncés par avance le Professeur Yunus dans une déclara-tion publique début juin. Ces craintes avaient trouvé un large écho aux Etats Unis : dans une lettre bipartisane datée du 27 juin, les séna-trices US apportent leur soutien à l’institution modèle qu’est la Gra-

Actualités

A contrario, les structures coopératives peuvent être confrontées à des problè-mes de financement si le niveau des fonds propres ne croît pas au même rythme que l’activité. Beaucoup d’IMF de forme coo-pérative sont amenées à se transformer en sociétés commerciales pour attirer des capi-taux extérieurs. Il arrive aussi que les instan-ces de gouvernance ne jouent pas leur rôle de contrôle et d’orientation stratégique.

Mais ces limites et ces dérives ne doi-

vent pas faire oublier «l’étonnant pouvoir des coopératives». Elles doivent nous inci-ter à rechercher des solutions pour lever les obstacles à un développement plus large du modèle coopératif en microfinance.

La Fondation Grameen Crédit Agrico-le soutient par ses financements le déve-loppement d’institutions coopératives de microfinance, notamment en Afrique de l’Ouest, à Madagascar, aux Philippines et en Indonésie.

CHRISTIAN TALGORN, administrateur de la Fondation Grameen Crédit Agricole, président du Crédit Agricole du Morbihan, vient d’être élu président de l’European Association of Co-operative Banks (Association Européenne des Banques Coopératives), en remplacement de Piet Moerland, président du comité exécutif de Rabobank, qui assumait cette fonction depuis 4 ans.

Christian Talgorn élu président de l’European Association of Co-operative Banks (EACB)

Fondée en 1970, l’Association Eu-ropéenne des Banques Coopératives (EACB) représente, promeut et défend les intérêts communs de ses 28 institu-tions membres et des banques coopé-ratives, en matière de services bancaires et de législation européenne.

Editorial (cont.)

Jean-Marie Sander Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole

L’étonnant pouvoir des coopératives

* La fonction de Directeur Général est assurée par intérim par M. Shahjahan, par ailleurs administrateur de la Fondation Grameen Crédit Agricole

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La LettreGrameen Crédit Agricole

Le principal objectif de ce voyage était de prendre connaissance et d’analyser ce qui a été fait à ce jour en Inde pour

couvrir les petites exploitations contre le risque de perte de récolte par une assuran-ce indicielle. L’Inde est un cas intéressant à étudier car le pays a expérimenté différents indices, bénéficie d’un important engage-ment de la part du gouvernement et des compagnies d’assurance privées et a une vaste expérience dans le domaine aussi bien des programmes publics que privés ou communautaires.

Ce voyage d’étude a réuni 23 participants, venant de quatre continents et 12 pays (France, Allemagne, Azerbaïdjan, Afrique du Sud, Bénin, Guatemala, Kenya, Nigéria, Ouganda, Philippines, Sénégal, et Togo) et venant d’horizons professionnels différents: régulateurs, assureurs, dirigeants d’institutions de microfinance, fondations privées, bailleurs de fonds, monde académique. Cette diversité a été un facteur supplémentaire d’enrichissement.

FABRICE LARUE de la Fondation FARM (Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde), a été impressionné par l’expérience indienne: «Nous savions que nous allions visiter l’un des pays avant-gardistes dans ce domaine, mais j’ai découvert que des recherches ont été menées en Inde sur l’assurance agricole dès les années 20 et que leur position actuelle dans ce domaine est issue d’un engagement ancien pour ce sujet.»

Avec un secteur agricole qui contribue à hauteur de 18 % du PIB et emploie 60 % de

«Des filets de sécurité pour tous»La Fondation organise un voyage d’étude sur l’assurance agricole en Inde

Du 26 au 31 août, la Fondation Grameen Crédit Agricole, en partenariat avec l’Institut indien CIRM (Centre for Insurance and Risk Management) a organisé un voyage d’étude sur la microassurance agricole indicielle en Inde, avec comme point de départ de la visite la ville de Chennai (ex-Madras), dans le Tamil Nadu, au sud du pays.

la population, les aléas climatiques sont suivis de près par le gouvernement qui joue un rôle clé dans le financement de l’agriculture en général et des assurances agricoles en particulier. Les risques climatiques, notamment les précipitations, ont un impact significatif sur les rendements des agriculteurs dont les exploitations, qui ont une taille moyenne de 1,2 hectares, sont rarement irriguées, mal approvisionnées en eau et dépendent des moussons. Alors que les premiers indices des rendements agricoles ont été développés en 1979, les premières assurances agricoles indicielles climatiques ont été commercialisées en 2003, en lien avec les prêts de récolte. Avec 22 millions d’exploitations couvertes par une assurance basée sur un indice de rendement, 3 millions par une assurance basée sur un indice météorologique et 340,000 exploitations couvertes par une assurance qui combine les deux indices, l’Inde est probablement aujourd’hui le pays le plus novateur et expérimenté en matière d’assurance agricole indicielle dans le monde.

Pour BRUNO LEPOIVRE de PACIFICA, la compagnie d’assurance du Crédit Agricole, «l’expérience indienne en matière d’assurance indicielle est un «laboratoire» pour nos futurs contrats indiciels. Les défis sont très différents, mais leur approche nous offre un recul suffisant sur la façon de réussir la commercialisation de ces contrats.»

Au cours de la semaine, les participants se sont familiarisés avec les avantages et problématiques des outils de gestion des

risques agricoles. A la fin du séjour, tout le monde est reparti avec une vision plus claire des conditions de réussite dans leurs pays respectifs pour la mise en place de ces mécanismes. Comme l’a exprimé MARTINE DAHOUN, responsable de la régulation des assurances au Bénin, «En tant que régulateur j’ai réalisé que je ne peux pas juste être assise là et attendre que les produits innovants apparaissent. Le secteur de l’assurance est constamment en mouvement et nous devons nous adapter à cette réalité. Nous devons faire partie de ce mouvement et encourager la création de nouveaux produits.»

La phase de montée en puissance est souvent difficile pour les projets pilotes confrontés à des agriculteurs peu réceptifs. En Inde, cette problématique a été en partie résolue en rendant l’assurance obligatoire pour les crédits agricoles ; même si en réalité ceci n’est appliqué que pour 22% des crédits accordés, cela a permis de faire augmenter de manière significative le volume des polices d’assurances. De plus le gouvernement fédéral et les Etats subventionnent entre 50 et 70 % du montant des primes et oblige les compagnies d’assurances privées à réaliser un pourcentage défini de leur chiffre d’affaires en zone rurale.

La conception d’un produit d’assurance basé sur la météo est un exercice complexe nécessitant une collaboration étroite avec le gouvernement. Le couplage avec d’autres interventions comme les crédits ou la fourniture d’intrants facilite la distribution jusqu’au niveau de chaque village.

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La LettreGrameen Crédit Agricole

La Fondation a approuvé un nouveau prêt au profit de CAURIE (Sénégal) d’un montant en francs CFA équivalent à 1,067,143 euros sur une période de 3 ans.

Caurie est la 6ème IMF du pays en termes de portefeuille, et la 3ème en nombre d’emprunteurs actifs. Elle est née en 2005 de la fusion des programmes de microfinance de CRS (Catholic Relief Services) et de CARITAS au Sénégal. Cette coopérative cible essentiellement les femmes pauvres en zone rurale et périurbaine. Au 30 juin 2012, Caurie comptait 39,267 clients actifs, dont 99% de femmes et 55% de clients ruraux.

OSCAR CHAMALE, de la compagnie d’assurance Aseguradora Rural était étonné lors de la visite de terrain par le lien étroit créé par un ONG entre les agriculteurs et leur assureur: «J’étais surpris de l’engagement de l’organisation des producteurs dans la gestion du produit, qui va jusqu’à régler les indemnisations. C’est très bien intégré avec les autres activités de soutien aux agriculteurs et cela s’intègre aussi dans la chaîne de valeur. Au Guatemala, je n’ai pas encore vu d’organisation de producteurs jouer ce rôle». L’ONG aide les paysans à remplir les polices d’assurance et intervient auprès de la compagnie d’assurance pour accélérer les

indemnisations et affiner l’indice.Les deux jours de visite de terrain ont

permis de rencontrer des agriculteurs indiens, familiarisés avec ces produits, pour avoir leur retour sur leurs expériences. MOMATH NDAO, contrôleur des assurances du Sénégal résume cette expérience: «Les agriculteurs sont les acteurs clés dans la mise en place des assurances agricoles et doivent être consultés à chaque étape. C’est primordial d’écouter les agriculteurs, comme nous avons fait aujourd’hui, car ils sont plus intelligents que nous. Ils savent ce qu’ils veulent et ce qui est bon pour eux, comme les agriculteurs au Sénégal!»

THÉRÈSE SANDMARK, chargée de la micro-assurance agricole à la Fondation Grameen Crédit Agricole, qui a conçu le programme de ce voyage, en partenariat avec le CIRM, tire cette conclusion: «le CIRM a pour devise des filets de sécurité pour tous. En Inde cette devise devient une réalité pour une proportion significative des petits agriculteurs. Ce que nous avons observé en Inde va inspirer les politiques et les projets d’assurance-récolte dans beaucoup de pays, notamment en Afrique.»

Nouveaux investissementsLa Fondation réalise de nouveaux investissements

Au cours des mois de juillet et d’août 2012, la Fondation Grameen Crédit Agricole a approuvé 5 nouveaux investissements dans autant de pays.

En août, la Fondation a accordé un prêt à TPC (Thaneakea Phum Cambodia Ltd – Cambodge) d’un montant équivalent en monnaie locale à 768,009 euros

sur une période de 3 ans. TPC cible principalement les femmes en zone rurale ainsi que le secteur agricole. Au Cambodge, TPC compte parmi les IMF leaders en nombre de clients. Elle a su maintenir un montant moyen de prêts relativement bas par rapport à la plupart des IMF concurrentes. Au 30 juin 2012, TPC comptait 104,080 clients actifs, dont 88% de femmes et 99% de clients ruraux.

VIATOR (A zerbaïdjan) a démarré ses activités en 1999 sous la forme d’un programme

de développement géré par Normisijon, une organisation de développement créée par l’Eglise Luthérienne de Norvège.

Viator opère dans 6 des plus pauvres districts du nord-ouest du pays et elle est la 10ème institution de microfinance du pays en termes de portefeuille, et la 6ème en nombre d’emprunteurs actifs. En août, la Fondation lui a accordé un prêt en monnaie locale équivalent à 500,000 euros sur une durée de 3 ans. Au 30 juin 2012, Viator comptait 18,049 clients actifs, dont 39% de femmes et 62% de clients ruraux.

KOMIDA (Indonésie) est une ONG indonésienne de

microfinance créée en 2004 sous le nom de YAMIDA et qui a commencé à proposer des microcrédits en août 2005 à la population touchée par le tsunami dans la province de Banda Aceh (nord de Sumatra). L’Institution s’est transformée en coopérative d’épargne et de crédit en 2008.

Komida est aujourd’hui présente dans 3 régions d’Indonésie et finance exclusive-ment des femmes vivant en zone rurale, 20 % de son portefeuille étant dédié au finan-cement des activités agricoles. La Fondation a racheté à Grameen Foundation USA une dette dont l’encours en IDR est équivalent à 484,560 euros et qui arrive à échéance en mars 2014. Au 30 juin 2012, Komida comp-tait 85,513 clients actifs dont 100% de fem-mes situées à 90% en zone rurale.

Dans son activité de Social Business, la Fondation a renforcé son soutien à PHILÉOL Madagascar. Ainsi, aux mois de juillet et d’août, elle a augmenté sa prise de participation au capital de l’entreprise malgache avec une avance en compte courant d’actionnaires d’un montant total équivalent à 37,500 euros décaissés en deux tranches. PhileoL Madagascar est implantée depuis 2008 en Androy, la région la plus aride et la plus pauvre de Madagascar. Elle y développe une filière oléagineuse inclusive, en collectant ricin et jatropha auprès des paysans locaux, transformant ces huiles sur place et les exportant dans la région et en Europe, où elles sont très recherchées par l’industrie verte. Ainsi, PhileoL sécurise le revenu paysan et valorise la production agricole locale. Elle contribue en outre au renforcement de la structuration et des capacités paysannes.

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La LettreGrameen Crédit Agricole

Focus IMF et Social Business

Chamroeun est une institution de microfinance cambodgienne dont la vocation sociale est au cœur de son approche. Elle fournit des services financiers aux plus pauvres, exclus de l’offre des institutions de microfinance classiques. Afin de maximiser l’impact du crédit et venir efficacement en aide aux familles très pauvres, elle leur offre aussi un ensemble de services de formation et d’accompagnement économique, social et personnel. Chamroeun réinvestit tous ses résultats financiers dans ses activités pour renforcer sa mission sociale.

CHAMROEUN accompagne les familles vivant dans les régions urbaines défavorisées en les aidant à faire face aux dépenses inattendues et à mettre en œuvre des dynamiques entrepreneuriales sur le long terme. Elle les aide à gérer leurs activités de petites entreprises et de petits commerces et à développer leurs compétences en gestion ainsi que leur confiance personnelle, par le biais de formations et d’un suivi professionnel. Enfin, elle leur apporte un soutien sur le plan social en les orientant vers des organismes spécialisés.

Gérée comme un social business, Chamroeun va développer trois actions principales pour utiliser au mieux le profit généré par ses activités:

• la diminution des taux d’intérêt pour l’ensemble des prêts, • la promotion par la microfinance de produits ou micro-entreprises

ayant une valeur ajoutée sociale forte, • le renforcement des dispositifs en faveur des plus pauvres.

La Fondation est également présente au Cambodge au tra-vers d’AMK, d’HKL et de TPC. Cette forte présence dans ce pays l’a conduite à y organiser son prochain Conseil d’Administration le 16 octobre, ainsi qu’une conférence «Microfinance and So-cial Business: responsible and innovative approaches for economic and social development in Cambodia», organisée en partenariat avec the Cambodian Microfinance Associa-tion (CMA) et sous le patronage de la Banque Nationale du Cambodge à Phnom Penh le 18 Octobre. La Conférence, qui comptera, entre autres, sur la présence de Chanto Chea, Gou-

verneur de la Banque Centrale et de Jean-Marie Sander, Président de Crédit Agricole S.A. et de la Fondation, traitera de sujets aussi variés que la responsabilité sociale et la transparence en matière de microfinance, le financement des activités agricoles ou le Social Business au service des plus pauvres.

Cette conférence sera une occasion unique d’approfondir la connaissance du secteur de la microfinance cambodgienne tout en mettant l’accent sur l’essor du Social Business en tant que nouvelle approche innovante en matière de lutte contre la pauvreté. Mar-quez cette date dans vos agendas et rejoignez-nous à Phnom Penh.

La Fondation Grameen Crédit Agricole soutient Chamroeun au travers de prêts (deux prêts accordés à ce jour en monnaie locale), d’une offre d’assistance technique ainsi

que par une prise de participation au capital de 15%. A fin août 2012, Chamroeun comptait 36,614 clients actifs.

Pour plus d’informations sur la Conférence et pour y participer, rendez-vous sur notre site.

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La LettreGrameen Crédit Agricole

TCX: The Currency Exchange Fund

TCX est un fonds qui offre des produits de gestion des risques du marché à ses investisseurs et à leurs clients actifs sur les marchés émergents. Ce fonds tout à fait unique met l’accent sur les devises et les émissions de valeurs mobilières venant à échéance qui ne sont pas couvertes par les prestataires courants du marché.

Les emprunteurs des marchés émer-gents ayant des actifs en devise locale doi-vent souvent choisir entre deux solutions risquées et peu séduisantes pour le finan-cement à long terme: soit financer des ac-tifs à long terme en devise locale avec un passif à court terme dans la monnaie du pays, avec une exposition à une inadéqua-tion des échéances ; soit financer ces actifs avec une dette à long terme en monnaie forte offerte par des investisseurs interna-tionaux, avec un risque de non correspon-dance des devises.

La mission du fonds Currency Exchan-ge Fund N.V.’s («TCX» ou le «fonds») est d’être leader dans le développement de produits de couverture en devise locale à long terme afin de combler ce fossé du marché.

Focus Partenariat

Dans le cadre de ses activités dans les pays émergeants, la Fondation a souhaité contribuer et participer à un projet novateur pouvant élargir l’offre de solutions de cou-verture avec des échéances plus longues et des devises qui ne sont pas encore offertes par les principaux marchés financiers. C’est pourquoi la Fondation a pris une participa-tion d’un montant de 2,4 millions USD dans le fonds TCX, aux côtés d’Oikocredit.

Lors d’un entretien accordé par Joost Zuidberg, Directeur Général de TCX, à la Fondation, celui-ci indiquait: «TCX apprécie hautement sa relation avec la Fondation. La stratégie proactive de la Fondation et son ci-blage spécifique des institutions au bas de la pyramide en font un agent de change très en-gagé dans ses efforts afin d’éviter les pratiques de prêts en devises.»

Au 30 juin 2012, grâce à son partenariat avec TCX, la Fondation a mené à bien 12 investissements dans 7 monnaies exotiques.

Crédits photos: Philippe LISSAC; Thérèse SANDMARK; Fondation Grameen Crédit Agricole