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© Armand Colin 2015 Armand Colin est une marque de Dunod éditeur © 2014 Quarto Inc. Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication ne peut être reproduit, archivé dans un système d’extraction, ni transmis sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, ou autre, sans l’autorisation préalable de l’éditeur. ISBN 978-2-200-60126-3 Publié en France par Dunod éditeur, 5, rue Laromiguière, 75005 Paris Traduction : Christophe Jaquet Titre original : A history of the book in 100 books Responsable de projet : Odile Marion Suivi éditorial : Marie Chochon Fabrication : Anne Pachiaudi Mise en page pour l’édition française : Arclemax Séparation des couleurs à Hong Kong par Bright Arts (HK) Ltd. Imprimé en Chine par Shanghai Offset Printing Products Ltd. Conçu par Quarto Publishing plc, The Old Brewery, 6 Blundell Street, London N7 9BH POUR QUARTO : Responsable du projet : Victoria Lyle Maquettiste : Hugh Schermuly Assistant maquettiste : Martina Calvio Recherche des images : Sara Ayad Responsable des images : Sarah Bell Secrétaire de rédaction : Sarah Hoggett Lecture des épreuves : Ruth Patrick Index : Helen Snaith Directeur artistique : Caroline Guest Directeur de la création : Moira Clinch Editeur : Paul Carslake TABLE DES MATIÈRES Introduction 8 Chapitre 1 10 AU COMMENCEMENT... 1 Les peintures pariétales : la grotte d’El Castillo 14 2 Les premières traces d’un savoir mathématique : l’os d’Ishango 16 3 Les tablettes cunéiformes : L’Épopée de Gilgamesh 18 4 Un mystère andin : le quipu de Caral 20 5 Le livre égyptien sur papyrus : Le Livre des Morts d’Ani 22 Chapitre 2 24 APPROCHES D’ORIENT 6 L’évolution de la fabrication du livre en Chine : les Écrits sur bambou de Guodian 28 7 La production de masse au Japon : Hyakumantô Darani 30 8 Un monumental ouvrage coréen : Tripitaka Koreana 32 9 L’Inde et la feuille de palmier : Le Soutra de la Perfection de la sagesse (Nâlandâ) 34 10 Les plus grands livres du monde : Yongle Dadian 36 11 L’os, le bambou et l’écorce : Pustaha batak 38 12 Le format pliable birman : Parabaik 40

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© Armand Colin 2015Armand Colin est une marque de Dunod éditeur© 2014 Quarto Inc. Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication ne peut être reproduit, archivé dans un système d’extraction, ni transmis sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, ou autre, sans l’autorisation préalable de l’éditeur.

ISBN 978-2-200-60126-3

Publié en France par Dunod éditeur, 5, rue Laromiguière, 75005 ParisTraduction : Christophe Jaquet Titre original : A history of the book in 100 books Responsable de projet : Odile Marion Suivi éditorial : Marie Chochon Fabrication : Anne Pachiaudi Mise en page pour l’édition française : Arclemax

Séparation des couleurs à Hong Kong par Bright Arts (HK) Ltd.Imprimé en Chine par Shanghai Offset Printing Products Ltd.Conçu parQuarto Publishing plc, The Old Brewery, 6 Blundell Street, London N7 9BH

POUR QUARTO : Responsable du projet : Victoria LyleMaquettiste : Hugh SchermulyAssistant maquettiste : Martina CalvioRecherche des images : Sara Ayad Responsable des images : Sarah BellSecrétaire de rédaction : Sarah HoggettLecture des épreuves : Ruth PatrickIndex : Helen Snaith Directeur artistique : Caroline Guest Directeur de la création : Moira Clinch Editeur : Paul Carslake

table des matièresIntroduction 8

Chapitre 1 10 Au coMMEncEMEnT...

1 Les peintures pariétales : la grotte d’El Castillo 14

2 Les premières traces d’un savoir mathématique : l’os d’Ishango 16

3 Les tablettes cunéiformes : L’Épopée de Gilgamesh 18

4 Un mystère andin : le quipu de Caral 20

5 Le livre égyptien sur papyrus : Le Livre des Morts d’Ani 22

Chapitre 2 24

Approches d’orient

6 L’évolution de la fabrication du livre en Chine : les Écrits sur bambou de Guodian 28

7 La production de masse au Japon : Hyakumantô Darani 30

8 Un monumental ouvrage coréen : Tripitaka Koreana 32

9 L’Inde et la feuille de palmier : Le Soutra de la Perfection de la sagesse (Nâlandâ) 34

10 Les plus grands livres du monde : Yongle Dadian 36

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Chapitre 3 42 les grAnds clAssiques

13 Les origines d’un classique pour enfants : Ésope – Les Fables 46

14 Une épopée intemporelle : Homère – L’Iliade 48

15 Un antique chef-d’œuvre de l’art éthiopien : les Évangéliaires de Garima 50

16 Le premier livre de cuisine : Apicius – De Re coquinaria 52

17 Un miracle mathématique : Le Palimpseste d’Archimède 54

Chapitre 4 56 le monde médiévAl et le livre

18 Le plus grand joyau de l’Irlande : Le Livre de Kells 60

19 Schisme et discorde : Le Psautier Khloudov 62

20 La fondation de la pharmacologie : Dioscoride – De Materia Medica 64

21 Un chef-d’œuvre arménien de l’enluminure : Toros Roslin – Les Évangiles 66

22 Le père de la cartographie : Ptolémée – Geographia 68

23 Le premier guide de voyage : Buondelmonti – Liber Insularum Archipelagi 70

24 Les enluminures du Maître des livres de prières : Le Roman de la Rose (Bruges) 72

25 Un géant parmi les géants : Les Heures Farnèse 74

Chapitre 5 76 lumière d’orient

26 Le plus ancien livre imprimé au monde : Le Soutra du Diamant (Dunhuang) 80

27 Un chef-d’œuvre littéraire et artistique : Murasaki – Le Dit du Genji 82

28 L’« Ésope » indien : Pânchatantra 84

29 Le classique islamique de l’astronomie : Al-Soufi – Le Livre des Étoiles fixes 86

30 Un précurseur oublié de Léonard de Vinci : Al-Djazari – Les Procédés mécaniques 88

31 Le premier « atlas » anatomique : Mansour – Traité d’anatomie 90

32 Un ancien livre islamique fait à Java : Boek van Bonang 92

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Chapitre 6 94 la roue du changement

33 La révolution Gutenberg : La Bible à 42 lignes 98

34 Un best-seller des débuts de l’imprimerie : Schedel – Les Chroniques de Nuremberg 100

35 Un livre du premier imprimeur anglais : Caxton – A Book of Chesse Moralysed 102

36 Le premier livre d’histoires drôles : Wynkyn – The Demaundes Joyous 104

37 Les premiers textes scientifiques : Euclide – Elementa Geometriae 106

38 Un modèle pour le livre moderne : le Virgile de Manuce 108

39 Imprimer en arabe : Gregorio – Livre d’Heures 110

40 Impressions d’Afrique : Sefer Aboudarham 112

41 Des voix célestes : Cantatorium – Saint-Gall 114

42 Un problème de Gutenberg résolu : le Graduel de Constance 116

43 Un grand livre de l’exégèse biblique : Bible polyglotte d’Alcalà 118

Chapitre 7 120 une InventIon dangereuse

44 Le développement du suédois : la Bible de Gustav Vasa 124

45 La censure en action : Érasme – De ratione conscribendi epistolas 126

46 L’imprimerie en Amérique du Nord : The Bay Psalm Book 128

47 Une vision aztèque des Précolombiens : le Codex Mendoza 130

48 En quête de poivre et de muscade : Linschoten – Itinerario 132

49 La première anatomie moderne : Vésale – De humani corporis fabrica 134

50 Un extraordinaire astronome amateur : Brahe – Astronomiae 136

51 Une pierre de touche de la science moderne : Newton – Principia 138

52 Nous sommes tous des experts : Markham – Cavelarice 140

53 Un livre de mode : Helm – Art and Industry 142

54 Quand la botanique se réinvente en Écosse : Blackwell – A Curious Herball 144

55 Une danse baroque sur la musique du temps : Tomlinson – The Art of Dancing 146

Chapitre 8 148 imprimerie et lumières

56 L’habillage rococo du théâtre classique : Boucher – Molière 152

57 Le plus grand dictionnaire de langue anglaise : Johnson – A Dictionary 154

58 Un des premiers livres pour enfants : Newbery – A Little Pretty Pocket-Book 156

59 Le monument des Lumières : Diderot – L’Encyclopédie 158

60 Un pionnier du classement de l’information : Linné – Species Plantarum 160

61 Informer grâce au graphique : Playfair – Commercial and Political Atlas 162

62 Le registre du crime : The Newgate Calendar 164

63 La bizarrerie littéraire qui fascina l’Europe : Sterne – Tristram Shandy 166

64 Obscénité ou classique littéraire : Cleland – Fanny Hill 168

65 L’almanach d’un auteur afro- américain : Banneker – Almanack 170

66 Le maître du noir et blanc : Bewick – British Birds 172

67 L’apogée du paysagisme : Repton – les « Livres rouges » 174

68 L’invention de l’écriture tactile : Haüy – Essai sur l’éducation des aveugles 176

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Chapitre 9 178

le lIvre et la machIne

69 L’inventivité patente du brevet yankee : Perkins – Patent Tractors 182

70 Le premier livre illustré de photographies : Atkins – Photographs of British Algae 184

71 La photo conquiert le Tiers monde : Duperly – Daguerian Excursions in Jamaica 186

72 Livre et mission au Canada : Evans – Syllabic Hymnbook 188

73 Le développement du feuilleton : Dickens – Th e Pickwick Papers 190

74 Pulp Fiction à la mode victorienne : Powell – Old Grizzly Adams 192

75 Des livres innovants pour les jeunes : Aikin – Robinson Crusoe in Words of One Syllable 194

76 L’éducation morale par l’image : Hoff mann – Pierre l’Ébouriff é 196

77 Du mysticisme médiéval au livre animé : Meggendorfer – Le Cirque en relief 198

78 Tel guide, tel voyageur : Baedeker – La Suisse 200

79 Le premier chef moderne : Soyer – Th e Modern Housewife 202

80 Le marketing pour les colonies : Boldrewood – Vol à mains armées 204

Chapitre 10 206

le lIvre au XXe sIÈcle : gloIre et chaos

81 Le voyant aveugle de Buenos Aires : Borges – Le Jardin des sentiers qui bifurquent 210

82 Un progrès dans la production de documents : Carlson – « Lab Book » 212

83 L’édition, un art du spectacle : le Hamlet de Cranach Press 214

84 Une épopée américaine vue de la côte ouest : Whitman – Feuilles d’herbe 216

85 Un tango vers la Révolution : Kamenski – Tango avec les vaches 218

86 L’aventure surréaliste : Max Ernst – Une semaine de bonté 220

87 La littérature de rue – La voix du peuple : Nnadozie – Méfi e-toi des traînées 222

88 Des solutions pour l’édition du XXe s. : Lehmann – L’Invitation à la valse 224

89 Capituler ? Jamais ! L’édition clandestine en temps de guerre : Kamiński – Des pierres sur le rempart 226

90 Un chef-d’œuvre du samizdat : Boulgakov – Le Maître et Marguerite 228

91 Un guide pour la vie conjugale : Stopes – Married Love 230

92 Les limites de la propagande politique : Le Journal d’Anne Frank 232

Chapitre 11 234

la numÉrIsatIon, l’avenIr du lIvre ?

93 Le livre fait maison : Hunter – Old Papermaking 238

94 Le premier livre imprimé de l’aléatoire : RAND Corporation – A Million Random Digits 240

95 Moderniser le manuscrit médiéval : Th e Electronic Beowulf 242

96 Le premier e-book ?Ruiz – La Enciclopedia Mecánica 244

97 Les plus petits livres au monde : Th e Technion Nano Bible 246

98 Le manga et la technologie moderne : Koyama-Richard – Mille ans de manga 248

99 L’art au-delà du livre : Prieto – L’Anti-livre 250

100 L’e-book est-il un livre ? Manuscrit lontar (Sulawesi) 252

Glossaire 254

Bibliographie 270

Remerciements 278

Crédits photo 279

Index 284

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1chapitre

L’origine du livre est aussi difficile à retracer que l’origine

du langage lui-même. Ce chapitre couvre plusieurs centaines

de siècles (de la préhistoire à l’an 1000 av. J.-C.) et montre

comment différentes cultures, dans différentes civilisations, ont

recueilli et conservé le savoir et l’information.

au commencement…

à droite La grotte d’El Castillo Ces peintures paléolithiques, dans le nord de l’Espagne, datent de 40 800 avant J.-C. environ. C’est le site d’art pariétal le plus ancien d’Europe : il est de 10 000 ans plus vieux que tout ce que l’on connaissait auparavant. Réalisées par les premiers humains (ou Néandertaliens), 50 peintures de disques et d’empreintes de mains soufflées ou crachées sur la roche ont été découvertes dans onze grottes. Voir p. 14-15.

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APPROCHES D’ORIENT

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L’Inde et la feuille de palmierLes manuscrits indiens en feuille de palmier sont souvent magnif quement ornés, et ces anciens textes bouddhistes témoignent d’une grande ferveur religieuse. Nous avons de la chance qu’ils aient survécu.

celle-ci d’un pigment noir pour rendre le texte visible. Les trous faits pour les cordelettes qui relient les feuilles limitaient les possibilités de mise en page, ce qui gênait la lecture ou contraignait les scribes à diviser la « page » en trois colonnes : dans le cas de ce célèbre manuscrit lontar datant d’environ 1120, la forme et l’exécution sont superbes.

L’Astasahasrika Prajnaparamita (Soutra de la Perfection de la sagesse), de 8 000 lignes, est un des textes les plus importants dans le développement du bouddhisme mahayana. Nombre de copies manuscrites, dans des écritures et des styles divers, ont été réalisées en Inde, au Tibet et au-delà, mais peu de cette qualité.

L’ouvrage serait le don d’un laïc, Udaya Sinha, et aurait été réalisé à Nâlandâ (Bihar), un centre important du bouddhisme. Nâlandâ est connue en Asie pour sa bibliothèque, que l’on a comparée à la grande bibliothèque d’Alexandrie. Comme celle-ci, elle a été délibérément détruite – par un seigneur de guerre

En Inde et dans une grande partie de l’Asie du Sud-Est, la feuille de palmier (lontar) a été pendant des siècles le support de fabrication du livre. Malgré leur vulnérabilité aux insectes, ces livres ont une durée de conservation de plusieurs siècles. Comme pour le papyrus, la copie (et aujourd’hui la numérisation) a joué un grand rôle dans la préservation des textes.

Une fois la feuille préparée, on écrivait avec une tige de roseau (voir ci-dessus) ou avec une pointe susceptible de marquer la surface de la feuille, puis on frottait

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- Astasahasrika Prajnaparamita Ce soutra du e siècle de Bihar montre : au centre, Bodhisattra Padmapani (en blanc) assis sur un lotus multicolore posé sur son trône de lotus rose ; à gauche, Syamatara, Tara la Verte, avec deux déesses et un lotus bleu ; à droite, Mahakala, dieu de la santé, entouré de flammes et tenant une mangouste.

Liens

Pour un autre et très curieux manuscrit lontar, voir

Manuscrit lontar (Sulawesi), p. 252–253

Pour d’autres textes bouddhistes, voir

Tripitaka Koreana, p. 32–33

Le Soutra du Diamant (Dunhuang), p. 80–81

Panchatantra, p. 84–85

35

L’INDE ET LA FEUILLE DE PALMIERLe Soutra de la Perfection de la sagesse

musulman, Mohammad Khilji, en 1193. (Un historien perse de l’époque écrit que « la fumée de l’incendie des manuscrits a plané des jours durant comme un voile noir sur les collines  ».) Le déclin du bouddhisme en Inde est attribué à cette catastrophe – et des centaines de manuscrits lontars témoignant de la science et de la médecine indiennes antiques ont été détruits. Cet ouvrage en est l’un des rares vestiges.

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Le monde médiévaL et Le Livre

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Le père de la cartographieEn présentant pour la première fois l’idée de latitude et de longitude, la Geographia de Ptolémée, oubliée en Occident pendant des siècles, a servi de base aux cartes modernes.

Né à Alexandrie, Ptolémée (Claudius Ptolemaeus, vers 90-168) est un des plus grands savants grecs de l’Antiquité. Son astronomie dominera la pensée européenne pendant plus de 1 500 ans. Ses travaux en astronomie et en géographie influenceront aussi les

ci-dessus Carte du monde de Ptolémée Douze têtes représentant les vents entourent cette carte du monde issue de la Cosmographia de 1482 et qui décrit le monde connu. Ptolémée travaillant à Alexandrie, la Méditerranée est la partie la plus détaillée ; la carte contient quelques mises à jour (sur la Scandinavie...), mais omet les découvertes portugaises en Afrique. L’océan Indien est fermé et un continent austral inconnu relie l’Asie à l’Afrique.

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Le père de la cartographie

Liens

Pour d’autres livres de géographie et de voyage, voir

Buondelmonti : Liber insularum archipelagi, p. 70–71

Schedel : Les Chroniques de nuremberg, p. 100–101

Linschoten : itinerario, p. 132–133

Pour la cartographie des étoiles, voir

Al-Soufi : Le Livre des étoiles fixes, p. 86–87

Brahe : astronomiae, p. 136–137

savants arabes, et notamment l’œuvre du géographe Al-Mas’ûdî (d. 956). C’est largement grâce à eux que les manuscrits de Ptolémée ont survécu.

La Geographia comprend plusieurs parties. La première traite d’un problème délicat  : comment représenter une sphère sur une surface plane. Ptolémée invente les concepts de latitude et de longitude, et son répertoire détaillé de 8 000  lieux permettra aux géographes à venir de les placer sur leurs propres cartes. Son recueil de noms de lieux avec leurs coordonnées témoigne du savoir géographique des Romains du iie siècle. Il semble qu’une carte ptoléméenne à grande échelle ait été exposée à Autun (France) au ive siècle.

La Geographia de Ptolémée sera redécouverte vers 1300 à Constantinople par un moine grec, Maxime Planude. Emporté en Italie par l’humaniste byzantin Manuel Chrysoloras vers 1400, et traduit en latin par Jacopo Angelo da Scarperia sous le titre Cosmographia (1406-09), le manuscrit est dédié au pape Alexandre V. Très populaire, on en fait de nombreuses copies et des éditions imprimées paraissent dès 1477. Les projections de Ptolémée et des données méticuleuses permettent à d’autres cartographes, en particulier le moine bénédictin Nicolas le Germain (vers 1420-90), de réaliser des cartes plus précises.

Ces cartes montrent l’étendue des connaissances géographiques de Ptolémée : la péninsule malaise et les régions autour de la Méditerranée et du Moyen-Orient sont ainsi très reconnaissables. Si elles paraissent déformées par rapport à nos cartes, cela vient de l’inexactitude des données recueillies par Ptolémée auprès de sources plus anciennes : la rusticité de la mesure du temps interdit de calculer justement la latitude, et la taille du globe est surestimée d’un sixième. Mais sa méthodologie est irréprochable et ses cartes sont à l’origine de la cartographie moderne.

ci-dessus Carte d’un psautier Cette petite carte du xiiie siècle ancre le monde dans la tradition chrétienne, avec le Christ au-dessus et Jérusalem au centre. Elle dépeint des épisodes bibliques comme la traversée de la mer Rouge (en haut à droite) et les « races monstrueuses » – figures étranges, parfois sans tête – d’Afrique (coin droit).

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Le père de La Cartographie Ptolémée – Geographia

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Le monde médiévaL et Le Livre

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à droite Roman de la Rose Des chanteurs et un joueur de luth dans un jardin, sur le manuscrit de Bruges, 1490-1500. Image idéalisée des plaisirs aristocratiques, l’enluminure est enrichie de bordures naturalistes de fleurs et d’oiseaux, qui présentent un autre aspect du Roman.

Liens

Pour d’autres guides érotiques, voir

Cleland : Fanny Hill, p. 168–169

Stopes : married Love, p. 230–231

Pour d’autres belles enluminures, voir

Les Heures Farnèse, p.74–75

Pour d’autres livres réalisés à Bruges, voir

Caxton : a Book of Chesse moralysed, p. 102–103

Les enluminures du Maître des livres de prièresSuperbe exemple d’enluminures réalisées par le Maître des livres de prières vers 1500 à Bruges, le Roman de la Rose suscite encore la controverse.

Il existe à la fin du moyen âge plusieurs variétés de manuscrits luxueusement décorés destinés à de riches courtisans, et surtout des femmes. Certains sont des ouvrages de piété, comme les livres d’heures ; les autres, des livres de divertissement ou romans.

Le Roman de la Rose, écrit vers 1230, raconte la vision allégorique d’un rêveur. Dans ce poème en français de quelque 4  000  lignes, Guillaume de Lorris décrit les entreprises d’un courtisan pour séduire sa belle. Vers 1275, Jean de meung ajoutera au poème près de 14  000  lignes, dans une langue beaucoup plus sensuelle. Considéré parfois comme un guide érotique, ce roman devient très vite un best-seller, dont l’Anglais Chaucer va s’inspirer dans ses livres. Il subira les attaques de Christine de Pisan (1364-vers 1430), écrivain célèbre et féministe avant la lettre.

Le Roman de la Rose est resté populaire bien après l’invention de l’imprimerie en Occident : on en compte sept éditions avant 1500. Plusieurs centaines de copies manuscrites du poème nous sont parvenues, beaucoup avec de splendides miniatures. Ce manuscrit tardif réalisé à Bruges a été commandé vers 1500 par le comte Engelbert  II de Nassau à un maître enlumineur bourguignon surnommé le «  maître des Livres de prières ». Il a réalisé nombre de livres pour des grands des cours européennes. Le texte, rédigé en bâtarde, est l’œuvre d’un copiste anonyme et a été copié d’après une édition imprimée. Le maître a peint, pour ce manuscrit, 92 grandes enluminures.

L’intérêt des savants pour le Roman de la Rose n’ayant jamais faibli, et ses manuscrits étant largement dispersés, une bibliothèque numérique lui a été consacrée, fruit d’un partenariat entre l’université Johns Hopkins et la Bibliothèque Nationale de France. Plus de 150  manuscrits ont déjà été numérisés, qui sont accessibles dans le monde entier.

ci-dessus La voix de la Raison Lui aussi rédigé et enluminé à Bruges, en 1475, cette Cité des Dames (Die Lof der Vrou) hollandaise a été célébrée par Christine de Pisan. Cette illustration, à la manière des populaires Livres d’Heures qui montraient souvent les gens au travail, présente Christine aux côtés de la Raison : celle-ci lui apprend comment débarrasser le Champ des Lettres de la misogynie.

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Liens

Pour d’autres guides érotiques, voir

Cleland : Fanny Hill, p. 168–169

Stopes : married Love, p. 230–231

Pour d’autres belles enluminures, voir

Les Heures Farnèse, p.74–75

Pour d’autres livres réalisés à Bruges, voir

Caxton : a Book of Chesse moralysed, p. 102–103

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LA ROUE DU CHANGEMENT

La révolution GutenbergNous apprenons tous à l’école que Gutenberg a inventé l’imprimerie. Depuis le début du XVIe siècle, imprimeurs, bibliothécaires et bibliographes célèbrent son œuvre. Mais quelles sont réellement ses inventions ?

Au début du e siècle, la demande de livres en Europe a fortement augmenté. En Allemagne, en France, en Italie et aux Pays-Bas, on s’est donc demandé comment produire des livres plus vite et à un moindre coût. Le premier chef-d’œuvre de l’imprimerie est la Bible à 42 lignes de Gutenberg, produite à Mayence et terminée au milieu des années 1450.

Le mérite de Gutenberg (vers 1395-1468) est d’avoir su réunir des compétences et des techniques existantes pour produire des livres en série. Auparavant, un scribe écrivait un manuscrit et les copies étaient faites à la main. En Europe, on connaissait aussi la production de livres à partir de plaques de bois gravées. Gutenberg a

- Le modèle de Göttingen Ce fascinant livre de motifs (vers 1450) a d’abord appartenu à un monastère. Il prévoit des instructions en matière

d’ornement et de fabrication des pigments. Les motifs floraux décrits dans ce manuscrit seront copiés dans plusieurs des Bibles de Gutenberg, dont l’exemplaire de Göttingen.

compris qu’en fondant des lettres, des chiff res et la ponctuation, il était possible de les assembler et réassembler indéfi niment pour faire des pages. Les caractères une fois encrés, il suffi t d’y presser une feuille de vélin ou de papier pour imprimer toute une page. Et en répétant le processus d’encrage et de presse, on obtient rapidement, et de façon peu coûteuse, autant de pages imprimées qu’on le souhaite.

Cela n’a cependant pas été aussi simple que cela, et il a fallu beaucoup d’expérimentations et d’investisse-ments fi nanciers pour pouvoir fabriquer un livre ayant la qualité d’un manuscrit. Gutenberg semble avoir commencé ses expériences à Strasbourg dans les années 1430. De retour dans sa ville natale de Mayence, son procédé est suffi samment prometteur pour qu’un riche bourgeois, Johann Fust (vers 1400-66), lui apporte son soutien. Leur plus important collaborateur, Peter Schöff er (vers  1425-vers  1503), avait reçu une forma-tion de copiste à Paris.

Il semble que Gutenberg, Fust et Schöff er aient décidé que leur premier livre devait être aussi bien fait que les meilleurs manuscrits, et ils ont donc choisi un parchemin de grande qualité en portant un soin extrême à l’impression. La Bible à 42  lignes est un superbe spécimen de polices de caractères et de formats allemands. « C’est le seul art où aucun progrès n’a été fait, écrit un historien. Le premier ouvrage imprimé est resté le meilleur. »

Mise en vente à la foire de Francfort de 1454, cette Bible fait sensation et tous les exemplaires sont très vite vendus, malgré leur prix élevé. L’imprimerie est donc un succès, mais pas pour Gutenberg : Fust lui demande de rembourser l’argent qu’il lui a prêté et prend les rênes de l’entreprise, dont il confi e la gestion à Schöff er (celui-ci épousera prudemment la fi lle de Fust, une méthode éprouvée de sécurité de l’emploi). Les techniques d’imprimerie vont se développer rapidement dans les autres villes d’Allemagne.

Immédiatement célèbre, la Bible à 42  lignes (ainsi nommée en raison du nombre de lignes imprimées sur chaque page) a toujours été prisée. Il reste environ 50  exemplaires de l’édition originale (estimée à 180  exemplaires), une proportion exceptionnellement élevée.

Liens

Sur les débuts de l’imprimerie en Asie, voir

Les Darani de Shôtoku, p. 30–31

Tripitaka Koreana, p. 32–33

Sur les débuts de l’imprimerie en Allemagne, voir

Le Graduel de Constance, p. 116–117

Sur l’essor de l’imprimerie en dehors d’Allemagne, voir

Caxton : A Book of Chesse Moralysed, p. 102–103

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LA RÉVOLUTION GUTENBERGLa Bible à 42 lignes

Bible à 42 lignes de Gutenberg Sur cet exemplaire papier de la British Library, l’épître de Jérôme est joliment enluminée, sans doute par Eberhard König. L’initiale F, en encres de couleur rehaussées d’or, forme dans la marge une bordure fleurie. Comme il était trop difficile d’imprimer la rubrique (en haut en rouge), celle-ci a été réalisée par des scribes, à la plume.

Liens

Sur les débuts de l’imprimerie en Asie, voir

Les Darani de Shôtoku, p. 30–31

Tripitaka Koreana, p. 32–33

Sur les débuts de l’imprimerie en Allemagne, voir

Le Graduel de Constance, p. 116–117

Sur l’essor de l’imprimerie en dehors d’Allemagne, voir

Caxton : A Book of Chesse Moralysed, p. 102–103

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Le monument des Lumières Diderot – L’Encyclopédie

à gauche L’Encyclopédie L’ouvrage en 28 volumes de Diderot contient quelque 3 129 illustrations pleine-page et détaillées, comme celle-ci, gravée par Bonaventure-Louis Prévost, qui décrit les techniques et le matériel pour marbrer le papier.

à droite Un dictionnaire systématique Page de titre de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers), 1751.

Le monument des LumièresL’entreprise a failli échouer : les auteurs anglais et allemands choisis pour réaliser cette encyclopédie française n’ont pas été à la hauteur. Ils seront remplacés par Denis Diderot, et la culture européenne en sera à jamais changée.

La première moitié du xviiie siècle est une période faste pour la publication d’ouvrages de référence. Le premier est le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (1695-1697), qui servira de modèle éditorial à toutes les encyclopédies à venir  ; le second est le Cyclopaedia du Britannique Ephraim Chambers (1728), qui traite de sujets absents chez Bayle comme la science et la technique. Des éditeurs parisiens ont voulu en réaliser une version en français. Mais les savants anglais et allemands recrutés comme traducteurs se font renvoyer pour incompétence, et les éditeurs ont alors l’heureuse idée de faire de Denis Diderot (1713-1784) le directeur de l’ouvrage, assisté de Jean d’Alembert jusqu’en 1759. Tous deux étaient des écrivains brillants ; mais il y avait en outre chez Diderot, aussi spirituel et assidu qu’imprévisible et insolent, une touche de génie plutôt rare chez ce type de savant.

Diderot et d’Alembert sollicitent de nombreux auteurs éminents, parmi lesquels Montesquieu, Quesnay, Rousseau, Turgot et Voltaire, dont les contributions sont parfois exceptionnelles. L’auteur le plus prolifique est Louis de Jaucourt, dont les 18 000 articles représentent un quart de l’encyclopédie. La qualité des articles écrits par Diderot (sans parler de ses remarquables contes et romans) rejette cependant ses collègues dans l’ombre. De  Bayle, Diderot a appris la technique du renvoi, au moyen de la mention « voir aussi », et se sert de l’ironie pour faire passer des idées sans éveiller immédiatement l’attention des censeurs. Mais la méthode est risquée, et l’imprimeur, André Le Breton, modère parfois discrètement certains textes. Le soutien de la Pompadour (la maîtresse du roi) et du censeur Malesherbes sera nécessaire pour empêcher l’interdiction de l’ouvrage.

Prévue au départ en deux volumes, l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est finalement publiée en 17 volumes entre 1751 et 1765 ; 11 volumes d’illustrations paraissent en outre entre 1762 et 1772. Ceux-ci sont en partie copiés sur les superbes planches préparées antérieurement pour les Descriptions des Arts et Métiers, dont l’Académie Royale des Sciences avait prévu la publication trois quarts de siècle plus tôt. L’ouvrage de Diderot et d’Alembert n’aurait bien sûr pas eu la même importance si celles-ci avaient paru plus vite, mais les volumes des Descriptions ne sortiront pas avant 1761 et l’édition s’échelonnera jusqu’en 1788.

L’Encyclopédie a eu un succès considérable, et plus de 4 000 exemplaires seront vendus. Malgré leurs inquié-tudes, les éditeurs auront fait une bonne affaire. Une question reste entière : sa publication a-t-elle favorisé la Révolution française, en raison de la place accordée aux théories politiques des Lumières ? Elle aura, quoi qu’il en soit, changé à jamais la pensée européenne.

Liens

Pour une autre encyclopédie, voir

Yongle Dadian, p. 36–37

Pour d’autres ouvrages sur les techniques, voir

Al-Djazari : Les Procédés mécaniques, p. 88–89

Pour d’autres publications subversives, voir

Kamiñski : des pierres sur le rempart, p. 226–227

Boulgakov : Le maître et marguerite, p. 228–229

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LE LIVRE ET LA MACHINE

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Du mysticisme médiéval au livre animéNé des siècles avant l’essor de l’imprimerie en Occident, le livre à système est devenu courant dans la littérature pour enfants, à mesure que les auteurs et les artistes ont trouvé des moyens nouveaux d’animer le papier.

Nous ne saurons jamais qui a inventé les techniques permettant d’animer et de mettre en relief une feuille de papier. Le Catalan Raymond Lulle (vers 1232-vers 1315) et le moine anglais Matthieu Paris (vers 1200-1259) ont utilisé des disques rotatifs (les « volvelles ») et parfois des pop-up, et le dépliant apparaît dans des ouvrages scientifi ques dès le e siècle chez Vésale (voir p. 134-135). En Angleterre, le livre à languettes connaît son véritable essor au e siècle avec des ouvrages encore manuscrits qui deviennent populaires dans la littérature pour enfants à partir de 1765, grâce à l’éditeur londonien Robert Sayer.

Au e  siècle, ces livres animés, appelés « métamorphoses » ou « arlequinades » en Angleterre, connaissent un grand développement en Grande-

Bretagne et aux États-Unis. Ils sont sans doute à l’origine de l’idée du livre animé ou livre à système. C’est le peintre miniaturiste anglais William Grimaldi qui en est le pionnier avec � e Toilet (1821) et un autre livre populaire pour enfants, A Suit of Armour for Youth (1823). Mais la délicatesse Régence de ces petits livres se verra bientôt surpassée par l’exubérance et l’ingéniosité des imprimeurs et des éditeurs allemands, notamment avec les ouvrages conçus à Munich par l’artiste Lothar Meggendorfer (1847-1925). Celui-ci travaille d’abord pour le magazine humoristique et satirique Fliegende Blätter, puis lance une série de livres qui systématisent l’usage de la languette, du relief et du pop-up, ce qui permet de donner véritablement vie à chacune des images.

- Meggendorfer Le Cirque en relief est le livre à système (ou livre animé) le plus élaboré de Meggendorfer. Une fois fermé, le panorama se présente trompeusement comme un livre. Cette version, publiée à Paris en 1887, est un chef-d’œuvre du pop-up et autres pièces articulées.

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- Volvelle de Lulle La volvelle astronomique est un des premiers exemples de livre animé. Celle-ci a été réalisée par Raymond Lulle pour son Ars Magna, vers 1305. Cet astrolabe est sans doute arrivé en Europe via le monde arabe et l’Extrême Orient.

- Adam et Ève L’éditeur londonien Robert Sayer appelait ses livres animés, qu’il fait paraître vers 1765 pour illustrer des contes pour enfants, des « arlequinades » : le personnage d’Arlequin y est souvent présent. Très populaires, il s’en est beaucoup vendu, y compris des versions pirates. Cette édition américaine, dessinée par James Poupard (1788) d’après Sayer, est intitulée The Beginning, Progress and End of Man, d’après Benjamin Sands.

Liens

Pour des livres animés plus anciens, voir

Vésale : De humani corporis fabrica, p. 134–135

Repton : les « Livres rouges », p. 174–175

Pour d’autres livres pour enfants, voir

Newbery : A Little Pretty Pocket-Book, p. 156–157

Aikin : Robinson Crusoé, p. 194–195

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Ces livres exigent des enfants un certain soin dans la manipulation, ce qui ne peut que frustrer les moins délicats d’entre eux.

La vulgarité des images de Meggendorfer répugne à certains lecteurs, mais leur nouveauté et leur complexité (et le marketing assidu des éditeurs) vaudront à ses ouvrages un énorme succès, en Allemagne mais aussi en France, en Angleterre et dans bien d’autres pays. À partir de 1878 (lorsqu’il réalise le premier, à l’intention de son fi ls), Meggendorfer publie plus de 200 livres animés. Souvent imités, ils ont rarement été surpassés.

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Le Livre au xxe siècLe : gLoire et chaos

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Un chef-d’œuvre du samizdatLa censure a toujours été pratiquée par le pouvoir soviétique. Sous Staline, les éditions clandestines – les samizdats ou textes autoédités – ont produit de nombreux chefs-d’œuvre de la littérature.

L’oppression en Russie est une histoire ancienne. Aussi l’intelligentsia y a-t-elle une longue tradition de résistance, notamment au moyen de la publication clandestine. Sous les tsars, les peines étaient sévères –  l’exil en Sibérie, notamment. Après la Révolution de 1917, beaucoup espèrent une approche plus tolérante dans ce domaine. Mais les contrôles se font plus stricts sous Lénine, et plus encore sous Staline : L’Archipel du Goulag (publié en Occident en 1973, mais qui n’existera en URSS qu’en samizdat jusqu’en 1989) vaut à Soljenitsyne d’être déchu de sa nationalité et expulsé. Cela avait failli arriver au prix Nobel Boris Pasternak pour avoir fait publié son Docteur Jivago (1957) en contrebande à l’étranger, et son éditeur italien fut expulsé du Parti communiste pour avoir accepté. Plus tard, un autre dissident, Vladimir Boukovski, passera plusieurs années emprisonné dans une psikhuska (un hôpital psychiatrique), pour avoir possédé des samizdats, défendu et diffusé les écrits d’autres dissidents, et surtout fait passer à l’Ouest un témoignage sur les mauvais traitements dans les hôpitaux psychiatriques. Il sera échangé en 1976 contre un communiste chilien.

Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) a peut-être eu la chance de mourir avant que ne soit publié en samizdat

son chef-d’œuvre. Ayant suivi des études de médecine et travaillé comme médecin après la Révolution de 1917, il porte le stigmate de l’entrée de ses frères dans l’Armée blanche. Ses premiers écrits sont irréprochables (il s’agit d’histoires de médecin en partie autobiographiques écrites entre 1925 et 1927), mais son œuvre pour le théâtre lui attire des ennuis et ses pièces sont interdites au Théâtre des Arts de Moscou.

Il écrit alors personnellement à Staline pour lui demander la permission d’émigrer, et celui-ci lui trouve du travail au Théâtre des Arts, et un poste de librettiste au Théâtre du Bolchoï. Il lui reste cependant impossible de publier du théâtre ou de la fiction.  Le Maître et Marguerite, le roman satirique de Boulgakov, est une condamnation de l’Union soviétique. Il en écrit plusieurs versions, en brûle certaines, et termine le livre en 1938-1939. Le livre ne sera publié qu’en 1967, avec l’allègement de la censure, mais non sans des coupes importantes. La version intégrale sera publiée en 1973 et le génie de l’auteur sera très vite reconnu : en 1982, l’Union soviétique a même donné à une petite planète le nom de « 3469 Boulgakov ».

à gauche Le Maître à Moscou Écrit entre 1928 et 1940, cette première publication officielle (1966-1967) dans un magazine moscovite a été lourdement censurée : douze pour cent (100 pages) du texte manquent. Les parties censurées étaient accessibles en URSS dans des éditions en samizdat, mais le roman n’y sera édité en intégralité qu’en 1973.

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un chef-d’œuvre du samizdat Boulgakov – Le Maître et Marguerite

Liens

Pour d’autres romans subversifs, voir

Borges : le Jardin des sentiers qui bifurquent, p. 210–211

Pour un autre livre russe révolutionnaire, voir

Kamenski : tango avec les vaches, p. 218–219

à gauche Le Maître et Marguerite Comme dans l’Europe ravagée par la guerre, beaucoup d’écrivains soviétiques ont été contraints à la clandestinité. Le roman de Boulgakov sera d’abord diffusé en samizdat. En 1969, à Francfort, l’éditeur Possev en publiera la première version intégrale (ici, la couverture) en restaurant les parties censurées.

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LA NUMÉRISATION, L’AVENIR DU LIVRE ?

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Le manga et la technologie moderne Forme de publication apparue au Japon dans les années 1950, le manga a été copié et adapté dans le monde entier. Et de nouveaux procédés d’impression couleur sont en train de changer l’ensemble de la fabrication du livre.

Depuis le milieu du e siècle, les progrès des techniques d’impression ont grandement simplifi é la fabrication de livres illustrés et en ont réduit le coût. Avant, rares étaient les imprimeurs capables de reproduire fi dèlement les couleurs, et les illustrations en couleurs étaient bien trop chères. La complexité de la logistique dissuadait souvent les éditeurs de produire des livres illustrés en plus d’une langue. Enfi n, l’absence de marché de niveau mondial ne permettait pas de bénéfi cier d’économies d’échelle, sauf pour le guide de voyage ou pour les paperbacks de Tauchnitz, qui ne comprenaient pas d’images.

Les progrès de l’impression typo ont encouragé les éditeurs à utiliser la photographie couleur, par exemple dans des magazines comme National Geographic ou

Playboy, imprimés en grande quantité et dans plusieurs pays. Les diffi cultés logistiques d’il y a 25  ans ont disparu avec la naissance d’Internet et le développement de l’impression off set en quadrichromie (utilisée pour ce livre). La reproduction fi dèle de la couleur est désormais garantie, et il est possible de produire une grande diversité de livres illustrés à un prix modique. Nous aurions pu choisir des livres de jardinage, d’histoire naturelle ou de voyage pour représenter cette catégorie. Nous avons préféré évoquer un phénomène de l’édition japonaise et mondiale : le manga.

En France et en Belgique, la bande dessinée et le roman graphique (comme les albums de Tintin et d’Astérix, qui mélangent le texte et les images) ont rencontré un succès sans précédent, tout comme les comics aux États-Unis. Au Japon, il existe au e siècle une forte tradition de livres d’images, les kibyōshi, souvent considérés comme les ancêtres du manga. Le manga apparaît dans l’édition japonaise pendant l’occupation après la Seconde Guerre mondiale, et est fortement infl uencé par Disney. Une des séries les plus célèbres, Astro Boy, née en 1952, est l’œuvre d’Osamu Tezuka, un auteur lui aussi très inspiré par Disney. S’il

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LE MANGA ET LA TECHNOLOGIE MODERNEKoyama-Richard – Mille ans de manga

Kawanabe Kyōsai (1831-1889) est peut-être le dernier virtuose de la peinture japonaise traditionnelle, et son portrait des événements historiques de son temps lui a valu de sérieux ennuis de la part des autorités. Cette mémorable gravure (après 1872) d’une explosion lors de la bataille d’Osaka, en 1615, évoque le style du manga, tel qu’en parle dans son essai Koyama-Richard.

Liens

Pour des publications japonaises anciennes, voir

Les Darani de Shôtoku, p. 30–31

Murasaki : le Dit du Genji, p. 82–83

Pour d’autres livres visant le grand public, voir

Powell : Old Grizzly Adams, p. 192–193

Nnadozie : Méfi e-toi des traînées, p. 222–223

Mille ans de manga Pour ce livre édité en France et dont les éditions française et anglaise ont été imprimées simultanément à Singapour, Brigitte Koyama-Richard a fait de longues recherches au Japon. Comme beaucoup d’autres livres utilisant la PAO et l’impression en quadrichromie, c’est un bel exemple des méthodes d’édition et d’impression utilisées dans l’édition aujourd’hui.

s’intéresse à l’énergie nucléaire, les thèmes qu’il explore sont surtout pacifi ques. Autre série célèbre, Toshokan Sensō (Library Wars), d’Hiro Arikawa, défend la liberté d’expression et la gratuité des bibliothèques.

Mille ans de Manga représente ce qu’il y a de meilleur dans les méthodes actuelles d’impression et d’édition. L’essor du fi lm d’animation et la création d’industries subsidiaires (jeux vidéos, poupées et peluches inspirées de personnages de manga) ont changé la nature de l’édition au Japon et au-delà, tout comme l’impression en quadrichromie a révolutionné l’idée de ce à quoi doit ressembler un livre. Peut-être le livre traditionnel sera-t-il remplacé non par l’e-book mais par le manga ?

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