Yemoa-2008-1

Embed Size (px)

Citation preview

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au Bnin

48

Identification et tude phytochimique de plantes utilises dans le traitement traditionnel de lulcre de Buruli au BninYemoa A.L.1,2, Gbenou J.D.2, Johnson R.C.3, Djego J.G.4, Zinsou C.5, Moudachirou M.2, Quetin-Leclercq J.6, Bigot A.1, Portaels F.*7

R s u m

Le traitement traditionnel de lulcre de Buruli (UB) au Bnin se fait principalement base de plantes. Lenqute ethnobotanique mene auprs de 17 tradipraticiens dans la commune de Ouinhi (dpartement du Zou) a rpertori 49 plantes diffrentes utilises pour traiter cette maladie. Deux de ces plantes prsentent un fort taux dutilisation : Erythrophleum suaveolens (Guill. et Perr.) Brenan et Strophanthus hispidus DC. Ltude phytochimique de dix-sept de ces plantes rvle la prsence de grands groupes chimiques dont de nombreux composs possdent diverses proprits notamment anti-dmateuses, anti-inflammatoires, antibactriennes, antiseptiques, sdatives, analgsiques, anesthsiques, cicatrisantes qui pourraient intervenir dans le traitement de lUB. Des recherches complmentaires sont ncessaires pour identifier, isoler et purifier les composs de ces groupes chimiques prsents dans les plantes et tudier leur place relative dans le traitement de lUB. Mots cls : Ulcre de Buruli - Tradipraticiens - Phytothrapie - Etude phytochimique

INTRODUCTIONLulcre de Buruli (UB) est une affection cutane provoque par une mycobactrie appele Mycobacterium ulcerans. Les foyers sont circonscrits gographiquement presque toujours autour dun cosystme aquatique (fleuve, lac artificiel ou naturel, zone marcageuse, systme dirrigation) (Portaels & Meyers, 2006). A ce jour, lUB a t recens par lOrganisation Mondiale de la Sant (OMS) dans plus de trente pays de plusieurs continents (Afrique, Amrique, Asie, Ocanie). Au Bnin, cest la deuxime affection mycobactrienne aprs la tuberculose, avec prs de 7000 cas entre 1989 et 2006 (Johnson et al., 2004 ; WHO, 2007). LUB dbute par un nodule, une plaque ou un dme indolore au niveau de la peau qui, en labsence de traitement, volue vers une ulcration massive de la peau (Asiedu et al., 2000). Actuellement, seul le traitement chirurgical ventuellement associ ou non aux antibiotiques spcifiques a une efficacit prouve (van der Werf et al., 2005). Il ne peut cependant tre ralis que dans certains centres mdicaux disposant dun plateau technique adquat et de personnel spcialis (van der Werf et al., 2005). Pour les malades, ce traitement parat coteux et pourvoyeur de mutilations diverses, voire des amputations (Stienstra et al., 2002).Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Le traitement traditionnel pour des raisons aussi bien culturelles quconomiques, est donc le premier recours qui soffre ces malades qui sont en gnral pauvres (Johnson et al., 2004). Malgr son importance pour les malades, il est peu document. Deux tudes antrieures ralises au Bnin par Gudnon et al.

Contact1. UFR Pharmacie, Facult des Sciences de la Sant (FSS), Universit dAbomey-Calavi (UAC), Bnin 2. Laboratoire de pharmacognosie et des huiles essentielles, FSS / UAC, Bnin 3. Programme National de Lutte contre lUlcre de Buruli, (PNLUB), Ministre de la Sant Publique, Cotonou, Bnin 4. Laboratoire dEcologie Applique (LEA), Facult des Sciences Agronomiques (FSA), UAC, Bnin 5. Centre Sanitaire et Nutritionnel Gbemoten, Zagnanado, Bnin 6. Universit Catholique de Louvain, Laboratoire de Pharmacognosie, Unit CHAM, Bruxelles, Belgique 7. Institut de Mdecine Tropicale, Dpartement Microbiologie Nationalestraat 155, B-2000 Antwerpen, Belgique *Auteur correspondant : [email protected]

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au Bnin(1995) et Johnson et al. (2004) ont dcrit ce type de traitement, notamment le contexte culturel et les diffrentes formes de ce traitement. Cependant, la plupart des diffrentes composantes entrant dans ce traitement appartiennent au rgne vgtal et sont peu connues. Cest dans le but didentifier les plantes mdicinales utilises dans le traitement traditionnel de lUB et de caractriser les grands groupes de substances chimiques contenus dans ces plantes que la prsente tude est ralise.

49

2. Mthode dtude2.1. Nature de ltude Il sagit dune tude transversale qualitative effectue en deux phases : une phase prparatoire allant de fvrier avril 2005 pour la phase prospective et la prise de contact avec les autorits, ldition dune fiche denqute en collaboration avec le coordonnateur du Programme National de Lutte contre lUB (PNLUB) et le pr-test une phase denqute proprement dite allant davril octobre 2005 pour lenqute ethnobotanique, la rcolte des plantes et lidentification, le traitement des donnes et lanalyse phytochimique.

MATERIEL ET METHODES1. Cadre dtudeLtude sest droule au Bnin dans la commune de Ouinhi dans le dpartement du Zou. La commune de Ouinhi (Figures 1 et 2) couvre une superficie de 483 km2 avec une population estime 38 319 habitants en 2005. Son systme sanitaire comporte un Centre de Sant de Commune (CSC) et quatre Centres de Sant dArrondissement (CSA). Ouinhi se situe dans une dpression argilo-marneuse marque par une plaine dinondation (Adjanohoun et al., 1989). La vgtation est constitue de mosaques de cultures et de jachres, de savanes emprise agricole et de savanes marcageuses. Ce biotope est trs favorable au dveloppement de M. ulcerans. En effet, Ouinhi constitue un foyer dUB forte endmicit : en 1997, on a not 73 cas. Ce chiffre est le deuxime aprs Zagnanado (76 cas). En 2001, on a not 32 cas, contre 52 cas pour Zagnanado qui vient toujours en premire position dans le dpartement du Zou (Debacker et al., 2004).

2.2. Population dtude Ltude porte sur dix-sept tradipraticiens de la commune de Ouinhi et sur les plantes mdicinales quils utilisent pour traiter lUB.

2.3. Collecte des donnes 2.3.1. Lenqute ethnobotanique Afin de mettre en confiance les cibles de lenqute et assurer la fiabilit des informations recueillir, lenqute ethnobotanique a ncessit une phase de prparation du terrain. A cet effet, des rencontres et discussions avec des tradipraticiens de la commune de Ouinhi et le mdecin-chef du CSC ont t effectues.

Figure 2 : Carte de la commune dOuinhi

Pour lenqute ethnobotanique proprement dite, un questionnaire a t adress aux tradipraticiens. Il renferme des questions relatives aux informations botaniques, ethnobotaniques et ethnopharmacologiques. Il a t procd une enqute individuelle et les informations reues ont t notes. Ainsi, laide de guides ayant une connaissance des plantes et de botanistes, les plantes indiques par les tradipraticiens ont t systmatiquement photographies et des chantillons reprsentatifs ont t rcolts en vue de leur identification. Ont t inclus dans ltude : les tradipraticiens rsidant dans la commune de Ouinhi, ayant des connaissances sur lUB ainsi que sur son traitement traditionnel et ayant trait et gard chez eux plusieurs cas dUB.

Figure 1 : Carte du Bnin situant la zone dtude (commune de Ouinhi)

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au Bnin2.3.2. Rcolte des chantillons La position spatiale de lespce vgtale est dabord dtermine grce un G.P.S (Global Positioning System). Les plantes herbaces sont rcoltes entires, avec, si possible, fleurs et fruits. Pour les arbres et arbustes, un rameau feuill avec fleurs et fruits est coup. La rcolte dun fragment dcorce est souvent ncessaire pour faciliter lidentification. Lorsque les chantillons sont trop longs (exemple : Poaceae de savanes), on rcolte les parties fructifies, les feuilles suprieures et les feuilles infrieures ainsi que les fragments caractristiques des racines. Les fleurs dlicates sont tales au moment de la rcolte entre deux morceaux de papier humide. Les plantes aquatiques sont rcoltes en masse dans du papier humide. Au moment de la rcolte, la date de rcolte, la localit, la station (savane, fort, prairie), la couleur des fleurs, le nom scientifique et si possible le nom vulgaire sont rpertoris; un numro est ensuite attribu chaque chantillon. 2.6. Traitement des donnes : analyse statistique Lanalyse statistique est faite laide du logiciel version 11.5. Pour lanalyse des donnes, le taux dutilisation (t) de chaque plante est calcul comme suit : Nombre dutilisateurs dune plante donne x 100 t= Nombre total dutilisateurs

50

RESULTATS1. Lenqute ethnobotaniqueAu terme de lenqute, 49 plantes diffrentes sont identifies. Elles appartiennent 32 familles. Le tableau II liste ces plantes, les parties utilises, leurs modes de prparation ainsi que leurs taux dutilisation. Il ressort de lanalyse de ce tableau que les plantes les plus utilises sont :

2.4. Identification des espces vgtales Lherbier national du Bnin et le laboratoire dcologie applique de la facult des sciences agronomiques de lUniversit dAbomey Calavi se sont chargs de lidentification partir des chantillons rcolts : numro dherbier, nom de la famille, nom latin, nom franais et nom vernaculaire. Erythrophleum suaveolens (Guill. et Perr.) Brenan : Strophanthus hispidus DC.: t = 35,3% t = 29,4%

2. Plantes retenues pour lanalyse phytochimiqueNous avons rparti les 49 plantes rpertories (Tableau II) et identifies en trois groupes. Dans cette tude, nous considrons comme taux fort dutilisation un t compris entre 25% et 50%, comme taux moyen dutilisation 10 % < t 25%, et comme taux faible dutilisation un t < 10%. Ainsi le groupe I comprend les deux plantes ayant un fort taux dutilisation, celles souvent disponibles en toutes saisons ainsi que les plantes qui ont une distribution gographique large. Son effectif est de 17. Le groupe II a galement un effectif de 17 plantes et reprend les

2.5. Lanalyse phytochimique Les diffrentes analyses chimiques sont effectues au laboratoire de pharmacognosie et des huiles essentielles de lUniversit dAbomey Calavi par un criblage phytochimique. Il sagit dune analyse qualitative base sur des ractions de coloration et/ou de prcipitation. Celle-ci est effectue sur des drogues vgtales sches et/ou fraches selon la mthodologie dcrite par Houghton & Raman (1998). Le tableau I indique les diffrents groupes chimiques recherchs et les ractifs spcifiques utiliss.

Erythrophleum suaveolens( droite)

Strophanthus hispidus( gauche)

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au BninTableau I : Ractifs spcifiques et ractions du criblage phytochimiqueGroupes chimiques Ractifs et rsultats positifs

51

Alcalodes Huiles essentielles

Mayer (iodomercurate de potassium) Hydro distillation. Odorat

prcipit jauntre

Drivs quinoniques Tanins Flavonodes Drivs cyanogntiques Strodes et terpnes Saponosides

Borntrger (raction entre cycles quinoniques en milieu NH4OH) FeCl3 coloration bleu-fonce, verte ou noire

coloration rouge violace

Shinoda (raction la cyanidine)

coloration orange, rouge ou violette coloration marron coloration violette-bleue ou verte

Guignard (papier imprgn d'acide picrique)

Libermann-Burchard (anhydride actique-H2SO4, 50:1) Dtermination de l'Indice Mousse (IM*) : test positif si IM>100

* IM est le degr de dilution dun dcoct aqueux de la drogue vgtale qui, dans les conditions dtermines, donne une mousse persistante

plantes qui ont un taux moyen dutilisation. Elles sont compltes de quelques plantes faible taux dutilisation. Le groupe III comprend les 15 plantes restantes. La prsente tude prend uniquement en compte le groupe I. Les groupes II et III feront lobjet dune analyse ultrieure. Les plantes appartenant au groupe I sont marques dune * dans le tableau II.

formes de prparation par voie interne Erythrophleum suaveolens (Guill et Perr.) Brenan hispidus DC. sont les plus frquemment utilises dans la plupart des prparations. Leur taux respectivement de 35,3% et 29,4%.

et/ou externe. et Strophanthus et se retrouvent dutilisation est

3. Analyse phytochimiqueLes rsultats de lanalyse phytochimique sont prsents dans le tableau III. Le signe + traduit la prsence du groupe de composs chimiques en quantit suprieure au seuil de dtection, et le signe une raction ngative. Il ressort de lanalyse de ce tableau que huit grands groupes de composs chimiques sont caractriss. Il sagit des alcalodes, des huiles essentielles, des drivs quinoniques, des tanins, des flavonodes, des drivs cyanogntiques, des strodes et terpnes, des saponosides. Le tableau III montre que les tanins sont le groupe chimique le plus frquent. On les retrouve dans 13 plantes. Ils sont suivis par les saponosides prsents dans 10 plantes. Les drivs quinoniques et cyanogntiques, par contre, ne sont prsents que dans une seule plante.

Plusieurs revues montrent que des composs isols de plantes appartenant aux diffrents groupes chimiques caractriss dans ces plantes (principalement alcalodes, flavonodes et autres composs phnoliques, terpnes, volatils ou non, stroides ou saponosides) possdent une activit inhibitrice de la croissance in vitro de M. tuberculosis avec des concentrations minimales inhibitrices (CMI) < 10mg/ml (Copp, 2003 ; Newton et al., 2000 ; Okunade et al., 2004). Selon les donnes que nous avons recueillies lors de notre tude, diffrents extraits provenant des 17 plantes retenues pour lanalyse phytochimique ont t administrs par les tradipraticiens per os et/ou localement sous forme dassociations diverses (tableau II), sans tenir compte des problmes de toxicit et ou dinteractions. Ceci pourrait ventuellement causer des checs thrapeutiques voire des accidents. Plusieurs tudes ralises sur les traitements traditionnels en Afrique, ont fait tat de problmes similaires (Pousset, 2004). Il ressort de cette analyse lintrt dune standardisation des remdes traditionnels base de plantes. Par ailleurs, il existe une ncessit urgente dtudes toxicologiques et pharmacologiques sur ces remdes. Le traitement traditionnel de lUB se fait en quatre tapes : le diagnostic de la maladie, lablation de la ncrose, le soin de la plaie et lexorcisme (Johnson et al., 2004). Lutilisation des plantes se fait principalement au cours des deuxime et troisime phases du traitement. Pour vrifier leffet directe sur M. ulcerans des plantes slectionnes, les extraits doivent tre tests in vitro. Un effet inhibiteur de la croissance serait le signe dun effet aussi bien symptomatique qutiologique. Dans le cas contraire, ce traitement

DISCUSSIONLa prsente tude, relative lidentification et ltude phytochimique de plantes utilises dans le traitement traditionnel de lUB dans la commune de Ouinhi au Bnin, a inclus 17 tradipraticiens parmi ceux qui reoivent et traitent des malades atteints dUB. Parmi les plantes quils utilisent, 49 ont t identifies. Elles sont regroupes au sein de 32 familles. Diffrentes parties de ces plantes sont utilises sous diverses

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au BninTableau II : Rpertoire des plantes utilises dans le traitement traditionnel de l'ulcre de Buruli au BninFamille Anarcadiaceae Annonaceae Apocynaceae Araceae Asteraceae Bignoniaceae Nom (genre et espce) Lannea kerstingii (Engl.) K. Krause Spondias mombin L. Xylopia aethiopica*(Dunal) A. Rich. Monodora myristica*(Gaertn) Duna Strophanthus hispidus* DC. Holarrhena floribunda (G.Don) T. Durand et Schinz Anchomanes difformis* (Bl.) Engl. Launaea taraxacifolia (Wild.) Amin Vernonia amygdalina L. Spathodea campanulata* P. Beauv. Stereospermum kuntianum Cham Newbouldia laevis*(P. Beauv.) Seem. Caesalpinaceae Erythrophleum suaveolens* (Guill. et Perr.) Brenan Piliostigma thonningii* (Schum.) Milne-Redh. Capparaceae Chenopodiaceae Clusiaceae Combretaceae Crassulaceae Cucurbitaceae Euphorbiaceae Ritchiea capparoides (Andrews) Britten Chenopodium ambrosioides* L. Garcinia kola* Heckel Anogeissus leiocarpus* (DC.) Guill. et Perr. Terminalia glaucescens Planch. Bryophyllum pinnatum (Lam.) Oken Kedrostis foedissima (Jacq.) Cogn. Euphorbia kamerunica Pax. Hymenocardia acida* Tul. Bridellia ferruginea* Benth. Euphorbia unispina* N.E.Br. Jatropha curcas L. Jatropha gossypifolia L. Lonchocarpus cyanescens (Schum. et Thonn.) Benth Ocimum gratissimum*L. Ocimum canum Sims Allium cepa L. Alo buettneri A. Berger Dissotis rotundifolia* (Sm.) Triana Tetrapleura tetraptera (Schum. et Thonn.) Taub Ficus exasperata Vahl Musa sinensis Sag. Eugenia aromatica (L.) Baill. Boerrhavia erecta L. Parquetina nigrescens (Afzel.) Bullock Piper guineense Schum. et Thonn. Eleusine indica (L.) Gaertn. Carpolobia lutea G. Don. Citrus aurantifolia (Christm.) Swingle Clausena anisata (Wild.) Hook. f. Paullinia pinnata* L. Vitellaria paradoxa Gaertn. Capsicum frutescens L. Aframomum melegueta K. Schum. Curcuma longa L. Partie utilise Feuille Feuille Fruit Graine Racine Racine Racine Feuille Feuille Ecorce / Racine Ecorce Racine Ecorce Racine Feuille Racine Feuille Racine Feuille / Racine Ecorce / Racine Feuille Feuille Ecorce Ecorce / Pulvrisation Ecorce Tronc Feuille Feuille Racine Feuille Feuille Bulbe Feuille Feuille Fruit Feuille Tige Fruit Feuille / Racine Feuille Graine Plante entire Tige Fruit Racine Feuille Feuille Fruit Fruit Feuille Prparation Dcoction Dcoction / Trituration Dcoction Dcoction Dcoction / Macration Dcoction Dcoction Dcoction Utilis tel Infusion Dcoction Trituration Dcoction Macration / Pulvrisation Dcoction Macration Dcoction Pulvrisation / Infusion Dcoction Dcoction Pulvrisation Trituration Dcoction Dcoction Trituration Dcoction Dcoction Pulvrisation Macration Infusion Infusion Infusion Macration Dcoction Macration Utilis tel Macration Dcoction Dcoction Utilis tel Infusion Pulvrisation Pulvrisation Dcoction Infusion Dcoction / Trituration Dcoction Macration Carbonisation Dcoction t (%) 5,9 5,9 17,6 17,6 29,4 5,9 5,9 5,9 5,9 11,8 5,9 5,9 35,3 11,8 5,9 5,9 5,9 11,8 5,9 5,9 11,8 17,6 11,8 17,6 5,9 5,9 5,9 5,9 11,8 5,9 11,8 5,9 5,9 5,9 5,9 11,8 5,9 5,9 5,9 5,9 5,9 5,9 11,8 5,9 11,8 11,8 5,9 5,9 5,9 a,b a a,b a a a,b a,b a a,b a,b a a a,b a a a a a, b

52

Fabaceae Lamiaceae Liliaceae Liliaceae Melastomataceae Mimosaceae Moraceae Musaceae Myrtaceae Nyctagynaceae Periplocaceae Piperaceae Poaceae Polygalaceae Rutaceae Sapindaceae Sapotaceae Solanaceae Zingiberaceae

* Plantes retenues pour l'analyse phytochimique t = taux dutilisation a = plantes disponibles en toutes saisons / b = plantes distribution gographie large

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au Bninserait considr comme symptomatique et relverait plutt des proprits anti-oedmateuses, anti-inflammatoires, sdatives, analgsiques, anesthsiques ou cicatrisantes. Jusquen 2004, le traitement chirurgical tait le seul traitement reconnu (OMS, 2001). Suite des rsultats encourageants sur des lsions prcoces, lOMS recommande depuis 2004 lutilisation de lassociation rifampicine-streptomycine associe ou non la chirurgie suivant les cas (WHO, 2004). Nous pensons quau cours de la phase propratoire, ladministration dextraits de plantes efficaces pourrait galement tre envisage. Cela soulagerait au moins les patients du point de vue des manifestations symptomatiques de la maladie (dme, inflammation, anxit, douleur) et serait compatible avec leur vcu culturel. Etant donn quau Bnin comme dans dautres pays de lAfrique de lOuest tel le Ghana, la majorit des patients atteints dUB consultent en premier lieu un tradipraticien, il est important de favoriser la collaboration entre les tradipraticiens, les mdecins et les autres professionnels de la sant afin damliorer la prise en charge de lUB tout en respectant le vcu culturel des patients (Johnson et al. 2004 ; Renzaho et al., 2007).

53

MINI-MONOGRAPHIE DES 2 PLANTES LES PLUS UTILISESErythrophleum suaveolens (Guill. et Perr.) BrenanIdentification Nom commun Famille Origine

Strophanthus hispidus DCIdentification Nom commun Famille Origine

Bois rouge, Poison de Guine Caesalpinaceae Afrique de lOuest

Strophanthe velu Apocynaceae Afrique de lOuest (Bnin, Togo, Cte dIvoire), Afrique orientale, Afrique centrale

Caractres botaniques Forme biologique Arbre haut de 15 35 m ou plus Feuillage Feuille bipenne alterne Inflorescence Fleur blanc crme en pis long de 5 12 cm Fruit Gousse ligneuse plate dun rouge noirtre, longue de 6 15 cm, large de 3 4 cm, contenant 6 10 graines oblongues, aplaties, brun rougetre Station Lisire de la fort dense, galeries, fort sche dense et savane Usage mdical Tuberculose, bronchite, angine : lcorce est utilise en dcoction et administre par voie orale en faible quantit Affections dermatologiques et plaies : lcorce et la feuille sont utilises en infusion Lpre : lcorce est utilise en macr en bain de douche Autres usages : blennorragie, sinusite, morsure de serpent Usage dans le traitement traditionnel de lulcre de Buruli Rcolte Pas de condition particulire. Mais la rcolte par les femmes en menstruations est dconseille par les tradipraticiens Partie utilise Racine et corce du tronc Prparation Dcoction, pulvrisation de lcorce du tronc et de la racine Ablation de la ncrose Utiliser le dcoct tide pour nettoyer la plaie 3/ jour pendant 3 4 jours Soins de la plaie Utiliser le dcoct pour laver la plaie et appliquer la poudre la surface. Administrer le dcoct sous forme de tisane. La dure du traitement est fonction de ltendue de la plaie. Il dure de 2 semaines plusieurs mois.

Caractres botaniques Forme biologique Feuillage Fruit Station Arbuste sarmenteux latex translucide Feuilles opposes, oblongues, sessiles Double follicule cylindrique. Savane

Usage mdical Abcs et cicatrisation de plaies : usage de la dcoction de la racine en application externe Lpre : dcoction de la racine administrer par voie orale Plaies : les feuilles sont utilises sous forme de cataplasme Ulcres syphilitiques : lcorce des tiges ou de la racine est donne en boisson, en lavement et en application locale Ascites : usage de la macration aqueuse de la racine et de lcorce des tiges comme boisson.

Usage dans le traitement traditionnel de lUlcre de Buruli Rcolte Pas de condition particulire, mais la rcolte par les femmes en menstruations est dconseille par les tradipraticiens Partie utilise Prparation Racine Dcoction, macration la plaie 3x /jour pendant 10 jours Soins de la plaie Dbuter aprs lablation de la ncrose. Utiliser le dcoct ou le macr pour laver la plaie. La dure du traitement est fonction de ltendue de la plaie.

Ablation de la ncrose Utiliser le dcoct tide pour nettoyer

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au BninREFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR LA MONOGRAPHIEAdjanohoun E.A., Adjakidje V., Ahyi M.R., Ake A.L., Akoegninou A., d'Almeida J., Apovo F., Boukef K., Chadare M., Cusset G., Dramane K., Eyme J., Gassita J.N., Gbaguidi N., Goudote E., Guinko S., Houngnon P., Issa L., Keita A., Kiniffo H.V., Kone-Bamba D., Musampa N.A., Saadou M., Sodogandji T., de Souza S., Tchabi A., Zinsou D.C., Zohoun T. (1989) Contribution aux tudes ethnobotaniques et floristiques en Rpublique Populaire du Bnin, Paris, Edition de lACCT, 895 p. (Mdecine traditionnelle et pharmacope) Berhaut J. (1971) Flore illustre du Sngal, Dakar, 610 p. Bouhard B. (2001) Dictionnaire Plantes Mdicinales du mondeRalits et croyances, Paris, Ed Estem, 634 p. Neuwinger H.D. (2000) African Traditional medicine. A dictionary of plant use and application, London, Medpharm Scientific Publishers, 589 p. Thies E. (1995) Principaux ligneux forestiers de la Guine-Zone de transition Guine Bissau, Guine, Cte dIvoire, Ghana, Togo, Bnin, Niger, Cameroun, GTZ, 541p.

54

Tableau III : Rsultats du criblage phytochimique Plantes AlErythrophleum suaveolens* (Ecorce) Erythrophleum suaveolens* (Racine) Strophanthus hispidus (Racine) Euphorbia unispina (Tronc) Piliostigma thonningii (Feuille) Paullinia pinnata (Feuille) Bridellia ferruginea (Ecorce) Spathodea campanulata (Racine) Hymenocardia acida (Ecorce) Anogeissus leiocarpus* (Feuille) Anogeissus leiocarpus* (Racine) Anchomanes difformis (Racine) Dissotis rotundifolia (Feuille) Newbouldia leavis (Feuille) Garcinia kola (Racine) Xylopia aethiopica (Fruit) Monodora myristica (Graine) Ocimum gratissimum (Feuille) Chenopodium ambrosiodes (Feuille) + + + + + + + + -

Composs chimiques He+ + + +

dq+ -

Ta+ + + + + + + + + + + + + + + -

Fl+ + + + + + + + -

dcy+ -

T/St+ + + + -

Sap+ + + + + + + + + + + +

Total

(1)

7

4

1

13

8

1

3

10

(1) Nombre de plantes contenant un compos chimique donn * Plantes dont plusieurs parties sont utilises Lgende Al: alcalode Fl: flavonode

He: huile essentielle dcy: driv cyanogntique

dq: driv quinonique T/St: terpne et stroide

Ta: tanins Sap: saponoside

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008

Traitement traditionnel de lulcre de Buruli au BninCONCLUSIONLe traitement chirurgical de lUB associ aux antibiotiques spcifiques se heurte dnormes facteurs limitatifs lis entre autres linfrastructure ncessaire, au cot des traitements et aux rechutes. Ainsi, dautres voies de recherches comme lutilisation de la phytothrapie devraient tre explores pour amliorer la prise en charge de lUB. Au vu de ltape actuelle des rsultats de notre tude, une collaboration entre mdecine traditionnelle et mdecine moderne devrait tre envisage. Des recherches complmentaires sont ncessaires pour identifier, isoler et purifier les composs prsents dans les plantes que nous avons slectionnes, et tudier leur place respective dans le traitement de lUB.Populaire du Bnin. Mdecine traditionnelle et pharmacope, Paris, Edition de lACCT, p. 895. Asiedu K., Scherpbier R., Raviglione M. (2000) UB: infection Mycobacterium ulcerans, Genve, eds WHO/CDS/CPE/GBUI, p.117. Copp B.R. (2003) Antimycobacterial natural products, Nat Prod Rep, 20: 6, 535-557. Debacker M., Aguiar J., Steunou C., Zinsou C., Meyers W.M., Guedenon A., Scott J.T., Dramaix M., Portaels F. (2004) Mycobacterium ulcerans disease (Buruli ulcer) in rural hospital, Southern Benin, 1997-2001, Emerg Infect Dis, 10: 8, 1391-1398. Guedenon A., Zinsou C., Josse R., Andele K., Pritze S., Portaels F., Meyers W.M. (1995) Traditional treatment of Buruli ulcer in Benin, Arch Dermatol, 131: 741-742. Houghton P.J., Raman A. (1998) Laboratory handbook for the fractionation of natural extracts, New York, Ed Chapman and Hall, p.208. Johnson R.C., Makoutode M., Hougnihin R., Guedenon A., Ifebe D., Boko M., Portaels F. (2004) Traditional treatment for Buruli ulcer in Benin, Med Trop, 64: 2, 145-150. Newton S.M., Lau C, Wright C.W. (2000) A review of antimycobacterial natural products, Phytother Res, 14: 5, 303-322.

55

REMERCIEMENTSNos remerciements vont lendroit des tradipraticiens et autorits locales de la commune de Ouinhi sans qui la prsente tude naurait su tre ralise. Nos sincres remerciements au Dr Adjakidje Victor, botaniste de lherbier national du Bnin, et son collaborateur M. Yedomonhan Paul. Ce travail a partiellement bnfici dun soutien financier de la Commission Europenne (Projet BURULICO nINCO-CT-2005051476). M. Yemoa Achille bnficie depuis septembre 2006 dune bourse de formation doctorale du Commissariat gnral aux Relations internationales de la Communaut franaise WallonieBruxelles (CGRI).

Okunade A.L., Elvin-Lewis M.P., Lewis W.H. (2004) Natural antimycobacterial metabolites: current status, Phytochemistry, 65: 8, 1017-1032. OMS (2001) Ulcre de Buruli. Prise en charge de linfection Mycobacterium ulcerans, Genve, eds WHO/CDS/CPE/GBUI, p.92. Portaels F., Meyers W.M. (2006) Buruli ulcer. In Faber W.R., Hay R.J., Naafs B (Eds.), Imported skin diseases, The Netherlands, Elsevier Gezondheidszorg, Maarssen, 117-129. Pousset J. (2004) Plantes mdicinales dAfrique, Comment les reconnatre et les utiliser ?, Aix-en-Provence, Edisud, p.288. Renzaho A.M., Woods P.V., Ackumey M.M., Harvey S.K., Kotin J. (2007) Community-based study on knowledge, attitude and practice on the mode of transmission, prevention and treatment of the Buruli ulcer in Ga West District, Ghana, Trop Med Int Health, 12: 3, 445-458. Stienstra Y., van der Graaf W.T., Asamoa K., van der Werf T.S. (2002) Beliefs and attitudes toward Buruli ulcer in Ghana, Am J Trop Med Hyg, 67: 2, 207-13. Van der Werf T.S., Stienstra Y., Johnson R.C., Phillips R., Adjei O., Fleischer B., Wansbrough-Jones M.H., Johnson P.D., Portaels F., van der Graaf W.T., Asiedu K. (2005) Mycobacterium ulcerans disease, Bull World Health Organ, 83: 10, 785-791. WHO (2007) Geneva, WHO press office, Fact Sheet N199, p. 5. WHO (2004) Provisional guidance on the role specific antibiotics in the management of Mycobacterium ulcerans disease (Buruli ulcer), Geneva, WHO/CDS/CPE/GBUI, 33 p.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUESAdjanohoun E.A., Adjakidje V., Ahyi M.R., Ake A.L., Akoegninou A., d'Almeida J., Apovo F., Boukef K., Chadare M., Cusset G., Dramane K., Eyme J., Gassita J.N., Gbaguidi N., Goudote E., Guinko S., Houngnon P., Issa L., Keita A., Kiniffo H.V., Kone-Bamba D., Musampa N.A., Saadou M., Sodogandji T., de Souza S., Tchabi A., Zinsou D.C., Zohoun T. (1989) Contribution aux tudes ethnobotaniques et floristiques en Rpublique

Ethnopharmacologia, n42, dcembre 2008