Transcript
Page 1: 20131027 84GRAMIENS P37 - societe-atv.fr

Dans la famille Tétard «la robi-netterie d’exception » resteune marque de fabrique à tra-

vers les âges et l’espace. La sociétéATV (Atelier traditionnel duVimeu) basée à Tully (près de Fri-ville-Escarbotin, en Picardie mariti-me) réalise 65 % de son chiffre àl’exportation en Europe, auxÉtats-Unis mais aussi au MoyenOrient. Pour donner quelquesexemples l’entreprise crééeen 1997 est partenaire de leaderseuropéens pour des équipementsde grands hôtels 4 ou 5 étoiles pari-siens Le Meurice, le Park Hyatt,l’Hôtel du Palais (Biarritz) ouautres.

L’entreprise est actuellementl’un des rares fabricants françaisde robinetterie portant la normeCU + qui définit la norme antimi-crobiale Copper et, ce, grâce à laqualité dans le domaine hygiéni-que du laiton effilé. «ATV a été, il y adeux ans le fournisseur de l’hôpitalde Rambouillet pour la partie expéri-mentale d’équipement des servicespédiatrie et réanimation en laiton »,souligne le fondateur.

Aujourd’hui âgé de 63 ans, Yan-nick Tétard a de qui tenir et son filsa pris le même chemin. « Quandj’étais petit, j’ai eu le plaisir, avantque papa ne travaille chez mononcle, de le voir fabriquer ses piècesà la maison. On allait alors tournerla manivelle dans la forge », racon-te-t-il au milieu de ses créations. Ily a un demi-siècle toute son enfan-

ce baignait déjà dans cette bran-che industrielle : «En culotte cour-te, ma tante m’emmenait le jeudidans ses tournées pour les ramassa-ges et les distributions de produits àpolir et à chromer. À cette époque,on emballait les robinets. Le brutdans du papier gris, le poli dans dupapier jaune et le chromé dans dupapier bleu. »

Après l’obtention d’un CAP demécanique générale, c’est biendans la robinetterie qu’il s’est for-

gé une solide expérience profes-sionnelle. « Mon oncle André avaitbesoin de quelqu’un pour travaillerautour des modèles de coquilles etde boîtes à noyau à son usine où qua-siment tous mes oncles et un cousintravaillaient. Je suis arrivé pour pren-dre une formation et un apprentissa-ge autour du robinet sanitaire avecmon père qui avait installé quelquesannées auparavant un atelier de fon-derie », explique encore le métal-lurgiste employé plusieurs années

dans la société THG (Tétard Haudi-quez Grisoni) qui produit de larobinetterie de luxe.

La naissance d’ATVDans les années quatre-

vingt-dix, alors qu’il avait près de180 salariés sous sa responsabilité,l’usine l’a remercié. Et une nouvel-le vie a commencé : « J’avais plutôtenvie de faire quelque chose defaçon artisanale parce que je toucheun petit peu à tout. Et puis quand on

est dans quelque chose on retombeautomatiquement dedans. Donc ona recommencé à faire de la robinette-rie haut de gamme. » Et ce dans unbâtiment mis à la disposition deYannick Tétard par la commune deTully. Cet atelier étant restreint, ila trouvé un espace complémentai-re dans un bâtiment occupé autre-fois par la société Flet (mécaniquegénérale) et situé rue Émile-Zola, àFriville.

S’il parle beaucoup de sonmétier, Yannick Tétard y associeinévitablement sa famille, ses col-laborateurs et le Vimeu. « C’estnotre lieu de travail et on y est cheznous. » Avec une confiance totaledans son fils : «On dit : "Du sang nefait pas de l’eau", et vous ne pouvezpas savoir combien de fois je recon-nais en Jérôme, mon oncle André :son calme, sa modestie, la qualité etla précision de son travail. » EtM. Tétard d’ajouter : « J’ai le plaisird’être dans une position de transfertde savoir-faire. En plus de ce savoirsur les fabrications de nos besoins enfonderie, coquille, sable ou cire per-due, l’usinage et le polissage, monfils Jérôme s’occupe de toute la ges-tion ». La relève est bien assurée.

HERVÉ LEFLOND

« À l’époque la télévision n’existait pas dans les foyers et,quand nous rendions visite à notre famille, la plupart dutemps nous jouions, mon frère et moi, avec les copains duquartier, derrière la cité ouvrière où nous habitions », serappelle Yannick Tétard dont les parents sont natifs d’Aultet de Tully où il vit toujours. « Il n’y avait pas de terril maisun énorme tas de crasse de fonderie de plusieurs ares etaussi haut qu’une maison où les allées et venues de cesgros Berliet Renault ou Citroën déversaient leur charge-ment de crasse de fonderie de fonte, de sable à noyauxcuits dans lesquels il arrivait de trouver des petits excèsde coulée de fonte », ajoute encore M. Tétard qui se sou-

vient que les gens triaient dans le sable le métal en vuede le vendre. Tout comme ses jeux : « Nous y avons faitde la luge sur des couvercles de bidon, fait du vélo dans ladescente du camion, creusé des grottes pour nos jeux decache-cache. » Avec une petite note en picard : « Quandon reintroeu, oz étouon noer com des caillettes ! » Et unaveu : « Nous nous faisions beaucoup plus sales qu’auxvacances scolaires où nous allions chez nosgrands-parents, à la plage d’Ault. Ce n’était pas le mêmesable. » Et puis il y avait la chasse. Quand il n’était porte-carnier avec son père, il chassait les corbeaux, surtout le1er mai. Mais « faute avouée est à moitié pardonnée ».

Parfois, Yannick Tétard considèreses robinets comme ses bébésC’est dans le Vimeu, berceau de la robinetterie française, que Yannick Tétard continuede vouer une passion pour son métier avec la fierté de ne produire que du haut de gamme.

Yannick Tétard présente quelques-uns des produits d'ATV conçus et assemblés dans ses ateliers à Tully et à Friville-Escarbotin.

gINDUSTRIE

/ 3 janvier 1950 : naissanceà Pordic (dans les anciennesCôtes du Nord)./ 1964 : collège, puis obtentiondu CAP de mécanique générale./ 1967 : entrée dans l’entreprisefamiliale rue Tournière,à Béthencourt-sur-Mer./ 24 juin 1972 : mariage avecMaryline avec laquelle il a eu troisenfants, dont Jérôme, gérantd’ATV, Mélanie et Mélissa./ 1997 : installation, rueAmbroise-Croizat, à Tully,de l’Atelier traditionnel du Vimeu,fabricant de robinetteried’exception. En moyenne :une quinzaine de salariés./ 1er mars 2012 : naissancede Simon, son petit-fils.

« Quand on reintroeu, oz étouon noer com des caillettes! »

DIMANCHE D'ENFANCE

Yannick Tétard est né en Bretagne ; il est arrivéen Picardie maritime à l’âge de 3 ans.

BIO EXPRESS

PORTRAITDIMANCHE 27 OCTOBRE 2013 COURRIER PICARD

3737

TMA0337.TMA0337.