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40 ans des GRETA - Séminaire décrochage en formation
Vendredi 5 décembre 2014 - Cité des métiers
Intervention du recteur d’académie
Les GRETA fêtent leurs 40 ans et j'ai tenu à assurer l'ouverture, mais aussi la clôture de cette
semaine d'actions organisée dans l'académie à cette occasion.
Lundi matin, au lycée de Sainte Rose, une manifestation plutôt intimiste a réuni les présidentes de
GRETA autour du DAET, Monsieur Max Nelson, manifestation au cours de laquelle j'ai tenu à
remercier tous ceux qui se sont investis dans la déclinaison académique de cette cérémonie.
Aujourd'hui, c'est dans un lieu symbolique, la Cité des Métiers, qu'à l'initiative du GRETA de
Grande Terre, et en partenariat avec le GIP DAIFI, ce séminaire de clôture à été organisé en
présence de nombreux partenaires.
Merci d'abord à Madame Nicole Nestoret, directrice des lieux, pour cet accueil, et merci à vous
tous, partenaires des GRETA, pour votre présence et l'expertise que vous avez accepté de
partager.
Nous nous sommes donc inscrits dans la suite de la cérémonie ouverte très officiellement le 6
octobre dernier à Paris, à l’école Boulle, et où l’académie était représentée par Monsieur Nelson et
la directrice du GIP DAIFI, Madame Gilda Gatibelza. C'est avec une grande satisfaction que nous
avons d'ailleurs appris par la suite que la directrice du GIP DAIFI avait été choisie pour faire partie
du comité national des GRETA.
Madame Florence Robine, directrice de l'enseignement scolaire (DGESCO), a ouvert la
manifestation, et Madame la ministre de l'Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de
la Recherche, Najat Vallaud Belkacem, avait tenu à très présente pour les discours de clôture.
C'est dire l'importance que l'Éducation nationale accorde à ces groupements d'établissements qui
organisent les formations pour adultes dans la plupart des métiers, ancrés dans leurs territoires,
avec de nombreux partenaires, et qui doivent un succès croissant à leur dynamisme et à leurs
regards toujours résolument tournés vers le futur.
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Pourquoi avoir choisi, comme lieu de lancement de cet anniversaire, l'école Boulle, cette école de
tradition, qui valorise les anciens savoirs faire, une des grandes références dans l'enseignement
des métiers de l'art, de l'architecture et du design, fondée en 1886 ?
C’est parce que cette école est un modèle de tradition, mais aussi d'innovation et de modernité.
C'est parce que les GRETA, créés il y a 40 ans, ont su, eux aussi, perdurer et montrer leur pertinence
en évoluant de manière significative.
C'est parce que les GRETA ont su, eux aussi, développer une démarche qualité, s'organiser en 191
réseaux, répartis sur tout le territoire, outre mer compris ; que leur nombre de stagiaires formés
n’a cessé d'augmenter, 500 000 répartis sur 4 700 sites de formation, pour 50 millions d'heures de
formation assurées par 36 000 formateurs, ce qui représente 500 millions de chiffre d'affaire,
chiffre qu’il faut bien vite corréler au pourcentage de fonds privés qui avoisine les 40 %.
La mission des GRETA dans la formation tout au long de la vie est essentielle pour maintenir la
cohérence entre formation initiale et formation continue, lutter contre l'illettrisme, assurer
l'égalité d'accès aux savoirs, quelle que soit l'origine, l'histoire ou le parcours, et faire en sorte que
chacun trouve sa place dans un monde en plein mouvement.
Ce qui signifie que les GRETA, porteurs de certaines valeurs de la République, celles de justice,
d'équité et de formation à la citoyenneté, doivent enseigner des savoirs faire, faciliter l'insertion
sur le marché du travail, mais doivent aussi être et rester en mouvement, se rénover et évoluer
sans cesse, s'interroger sur les directives à prendre.
Les GRETA doivent être et rester un outil de formation vivant, proche du monde du travail, de ses
valeurs et des besoins des entreprises, un outil de formation qui suit leur évolution pour
développer les compétences professionnelles attendues.
C'est ce que fait l'école Boulle, c'est ce que les GRETA de Guadeloupe ont su faire, en faisant fi des
polémiques autour de la réforme et des différents modes de pilotage.
Entre un pilotage centralisé ou un pilotage de proximité, le choix a été rapidement fait et les
présidentes actuelles des GRETA sont à féliciter pour avoir compris qu'il fallait qu’elles s'engagent
plus dans la complémentarité que dans la concurrence et que cela augmentait, en fait, leur
compétitivité.
La loi du 5 mars 2014 exigeait clairement que chacun s'adapte aux nouvelles règles de
fonctionnement et de gouvernance, à une articulation entre GIP et GRETA et à la mise en synergie
du réseau.
Un remarquable travail de maillage sur le territoire a été entamé en suivant le rythme des
établissements. Aujourd'hui, l'académie de la Guadeloupe est en train de construire cette notion
de réseau, est en train d'apprendre à partager les marchés et les appels d'offres. En adhérant au
GIP DAIFI, les GRETA ont conservé leur autonomie de gestion, et le GIP DAIFI a su leur apporter
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une ouverture sur des actions régionales et internationales, une ouverture qui permet une
répartition adaptée en fonction des compétences de chacun.
D’autres que moi vont peut être revenir sur les activités des 4 GRETA de l’académie, dans le pôle
« bâtiment et automobile » du GRETA de la Basse Terre, le pôle « social et hôtellerie » du GRETA
du Levant, le pôle « tertiaire et électrotechnique » du GRETA de la Grande Terre, ou les activités du
GRETA de Saint Barthélemy et Saint Martin.
Selon moi, seules leur complémentarité et leur évolution pédagogique ou stratégique devront
être mises en avant.
De toute façon, les chiffres globaux sont là et ils sont éloquents. Une évolution significative du
chiffre d'affaires de 1 à plus de 3 millions d'euros, de 150 000 à plus de 400 000 heures stagiaires,
entre 2011 et 2013, des formations diplômantes développées jusqu'à la licence, un dispositif de
validation des acquis en plein essor.
Je souhaite surtout, en ce jour anniversaire, saluer des GRETA en mouvement, et vous encourager
tous à persévérer et à stabiliser la formule mise à l'œuvre.
J'en profite aussi pour attirer votre attention, une fois de plus, sur les compétences élargies des
collectivités régionales qui participent aux financements et avec lesquelles il va falloir apprendre à
partager et à anticiper, comme vous y incite le point 5 de la circulaire de rentrée. Le représentant
de la direction des affaires scolaires de la collectivité régionale, qui interviendra à son tour, ne me
démentira pas : la mutualisation des ressources, qu'il s'agisse des enseignants ou des
équipements, la mutualisation des plates formes de suivi et d'appui aux jeunes décrocheurs,
deviendront de plus en plus indispensables pour la mise en place d'actions de remédiation ou de
retour en formation pour des jeunes de plus en plus nombreux.
Il s'agit donc avant tout de prendre de nouvelles habitudes en matière de formation continue
dans tous les établissements de l'académie.
Enfin, je souscris bien évidemment aux propos de Madame la ministre de l'Éducation nationale, de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en conclusion de la cérémonie de lancement du 6
octobre, quand elle a insisté sur ce moment privilégié d'anniversaire, qui doit permettre d'effectuer
un nécessaire retour sur le passé, mais aussi de s'interroger sur les directions à prendre. Madame
la ministre en a profité pour rappeler les 5 orientations nationales dévolues aux GRETA, et
auxquelles je vous renvoie : assurer la montée des compétences de tous en diversifiant les
formations à tous les niveaux de qualification, maintenir la mixité des publics et la flexibilité des
parcours, adapter l'offre pour répondre aux évolutions des entreprises, nourrir le dialogue avec les
acteurs de la formation et développer des partenariats en synergie avec les différents opérateurs,
en un mot renforcer donc les GRETA.
En Guadeloupe, la stratégie académique a identifié quant à elle 3 axes : développer une offre
attractive et innovante, garantir la qualité des prestations en s'inscrivant dans une démarche
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qualité, et enfin renforcer le pilotage et la gestion des structures en réseau. Ces trois axes se
retrouvent dans deux fiches actions du projet d'académie, une sur la professionnalisation des
acteurs et l'autre sur l'implantation des lieux d'accueil des GRETA.
À ce propos, si le travail commencé porte des fruits évidents, un chantier doit être ouvert en
liaison avec la région, c'est celui du campus des métiers et des qualifications qui doit nous
permettre de regrouper en un même lieu, ou en réseau, des établissements en formation initiale ou
continue, et dans un même secteur d'activité. C'est un enjeu pour notre académie qui doit obtenir
ce label de reconnaissance national.
En conclusion, les GRETA ont fait la preuve qu'il ne fallait pas craindre les réformes, mais envisager
l'avenir des formations professionnelles continues sur des bases renouvelées, qui s'adaptent aux
nouvelles conditions juridiques et sociales, dans une logique d'éducation tout au long de la
vie, comme le confirme, s'il le fallait, l'article 62 de la loi d'orientation .
Mais l'effort doit être collectif et les GRETA dans leurs pratiques, peuvent servir de moteur, car ces
établissements ont une bonne longueur d'avance sur la prise en charge des publics dans leur
globalité : proximité, parcours sur mesure, réactivité des réseaux, innovation pédagogique, savoir
faire des formateurs, que vous devez promouvoir et dont vous pouvez tous en être fiers.
Cet anniversaire est donc une opportunité offerte aux GRETA, interlocuteur encore plus reconnu,
pour modifier les représentations en actions positives.
Je compte d’ailleurs me rendre très vite dans un GRETA pour une visite approfondie, et je reviens
à la notion « d’effort collectif » pour dire que vous avez su déjà saisir cette chance, car l'objet,
comme l’organisation de ce séminaire, le décrochage en formation, vient faire la preuve de votre
humilité et de votre capacité à travailler ensemble et à rassembler tous les partenaires, tous ceux
qui participent de près ou de loin à la valorisation et à l’efficacité de la formation continue tout au
long de la vie.
Je veux citer et remercier Monsieur Olivier Pelvoisin du réseau Pôle emploi, Monsieur Max
Laurent de la Mission locale, le commandant Morceron pour le RSMA, Madame Marylène Troupé,
directrice du CNAM, Monsieur Steeve Lurel, directeur de l’URMA, Madame Guylène Basileu,
directrice de l’École de la deuxième chance, Monsieur Antoine Delcroix, directeur du laboratoire
du CRREF, le représentant du CARI FOREF, ainsi que Monsieur Bruno Moulin, psychosociologue, et
le journaliste Philippe Chanlot qui a accepté, une fois de plus, de jouer à nos côtés le rôle de
modérateur. Je n’oublie pas, plus proches de nous, Madame Dominique Levêque, pour la MLDS, et
Monsieur Julien Antoine, coordonnateur académique de la VAE.
Merci à tous, car vous allez pouvoir confronter les approches conceptuelles et les leviers de
prévention.
Votre large participation montre que ce séminaire fera vivre notre projet d’académie, car il
s’inscrit à la fois dans sa priorité 1, « Inscrire l’école dans son territoire », et dans son volet
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« Ouverture sur l’extérieur », mobilité internationale et échanges de pratiques, puisque vous
accueillez une intervenante extérieure de qualité, originaire du Québec, experte en éducation et
chargée de projet, Madame Linda Simard. Bienvenue Madame.
Le décrochage scolaire, le sujet que vous avez retenu, concerne tous les niveaux d’enseignement
et tous les pays auxquels nous pouvons nous référer ; les sorties sans qualification ne sont pas le
fait de la seule Guadeloupe, il n’y a donc ni responsable unique, ni solution unique.
Le décrochage en formation y trouve forcément ses racines et c’est bien en fédérant toutes nos
actions, en unissant toutes nos forces et en échangeant sur nos différentes expertises, que nous
pourrons bâtir un plan de prévention efficace et des actions qui garantissent le respect des valeurs
de l’école, l’égalité des chances et l’accès de tous au savoir.
Quels leviers, quelles actions, à partir de quels indicateurs, et selon quelles méthodes, les
questions ne manqueront pas, j’en suis certain, car si la volonté politique est là, seule une véritable
stratégie construite dans la durée peut y faire échec, de la professionnalisation des acteurs aux
travaux de la recherche nationale et internationale.
Mais il nous faut apprendre à écouter et quand j’ai lu dans votre programme qu’il y aurait des
témoignages de stagiaires, je me suis souvenu d’un témoignage l’an dernier, celui de ce jeune
apprenti du CFA Lycée de Providence, qui, devant la ministre de la Réussite éducative, Madame
George Pau Langevin, et une salle pleine de professionnels, avait tenté de mettre en mots son
parcours et les facteurs ou les postures qui selon lui avaient participé à la fois à son décrochage
puis à son raccrochage. Aucun d’entre nous n’en est sorti indemne.
Soyez donc attentifs à ces témoignages, ils nous donnent parfois les réponses aux questions que
nous nous posons sur la prévention du décrochage, réponses que nous n’arrivons pas entendre.
En conclusion, le décrochage est un sujet d’importance qui trouve ses ramifications dans tout notre
questionnement sur l’échec scolaire, et je salue la tenue de notre prochain séminaire, le 18
décembre, sur le décrochage en milieu scolaire cette fois, qui va réunir personnes ressources et
formateurs des premier et second degrés, autour de Monsieur Steeve Bissonnette, professeur de
l’Université du Québec, chercheur en psychoéducation.
Merci de m’avoir écouté, je vous souhaite à tous un séminaire fructueux et constructif.
Stephan Martens