Commune de Murol
Étude du château de Murol
Extrait de la demande de fouille programmée pour l’année 2009
Dominique Allios
Université de Rennes II
CNRS UMR 6566
D. Allios Murol, demande de fouilles programmées
Sommaire
Présentation ......................................................................................................................................... 4 I.Problématiques de recherches. ........................................................................................................... 6 Moyens, objectifs et programmation pour 2009 ................................................................................. 14
Résumé des opérations prévues en 2009 ....................................................................................... 16 Équipe, chercheurs associés, Instituts et Universités ..................................................................... 18
II.Présentation des opérations menées en 2008 .................................................................................. 20 Composition de l’équipe, membres participants et associés .......................................................... 22 Publications réalisées et en cours ................................................................................................... 24 Compte rendu des activités et des recherches ................................................................................ 25 Bilan détaillé des opérations : ........................................................................................................ 31
Recherches sur les archives ....................................................................................................... 31 Liste des travaux anciens effectués sur le château de Murol, Médiathèque du patrimoine ....... 32 Rapport patrimoine et Histoire de l’Art : .................................................................................. 34 Recherche de réemplois. ............................................................................................................. 37 Étude des fresques. ..................................................................................................................... 38 Prospection des enceintes extérieures secteur sud -est ............................................................. 40 Suivi des travaux des courtines et de la tour de Chautignat. ..................................................... 42 Les courtines. ............................................................................................................................. 43 ................................................................................................................................................... 45 Les chapelles du Château. .......................................................................................................... 45 Enceinte extérieure du château. ................................................................................................. 48 Description linéaire de l’enceinte extérieure. ............................................................................. 48
L'entrée et la face sud ......................................................................................................... 48 Les murailles bastionnées ................................................................................................... 49 Les terrasses ........................................................................................................................ 52 La face est ............................................................................................................................. 52
Planche ............................................................................................................................................... 55
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Table des illustrationsFigure 1. Maquette provisoire du château de Murol, C. Bascoul IFMA..............................................9Figure 2. Montage des relevés vectoriels, C. Bascoul IFMA...............................................................9Figure 3. Château de Murol : implantation des sondages et des décapages pour la campagne 2009 15Figure 4. Plan d'implantation des sections et tours de l'enceinte extérieure ......................................55Figure 5. Céramiques oxydante, IX – XIe siècle................................................................................57Figure 6. Céramiques réduites, lèvre à bord rond, XI XIIe siècles....................................................57Figure 7. Pentes sud du château de Murol, section pratiquées lors de l’ouverture de la piste ;.........57Figure 8. Elévation de la travée de l’enceinte intérieur 3 (EI 3). ......................................................58Figure 9. Enceinte intérieure, emplacement des sections...................................................................58 Figure 10. Plan de la chapelle nord...................................................................................................59Figure 11. Coupe est ouest de la Chapelle sud...................................................................................59Figure 12. Coupe nord sud de la chapelle sud....................................................................................59Figure 13. Sols de la chapelle sud......................................................................................................59Figure 14. Chapelle sud, état du sol de l’abside.................................................................................60Figure 15. Chapelle sud, élévation du mur est...................................................................................60Figure 16. Chapelle sud, élévation du mur ouest...............................................................................60Figure 17. Chapelle sud, élévation du mur sud..................................................................................61Figure 18. Tour de Chautignat, suivis des travaux.............................................................................62Figure 19. Courtine C3 suivi des travaux...........................................................................................63Figure 20. Suivis de travaux sur les courtines, coupes des sondages.................................................64Figure 21. Organisation de l’enceinte extérieure................................................................................65Figure 22. Bastions F et G..................................................................................................................65Figure 23. Représentation 3D des enceintes du château, C. Bascoul, IFMA.....................................66
Présentation
La commune de Murol, dans le cadre d’un programme de développement de son patrimoine
historique, a élaboré un projet d’étude centré autour de son château féodal, figure tutélaire du
Moyen Age Auvergnat (Longitude 02° 56’ 35’’ E – Latitude 45° 34’ 50’’ N). Il s’agit de l’ensemble
militaire le plus imposant de la Basse Auvergne, dont les constructions s’échelonnent du IXe au
XVIIe siècle. La notoriété et la forte fréquentation touristique du monument et son environnement
(plus de 100 000 visiteurs par an) contraste avec le manque de documentation scientifique. La mise
en place d’un programme de recherches s’inscrit dans une politique globale de mise en valeur du
patrimoine de la commune et de son environnement. Elle a été confiée à une équipe de chercheurs
universitaires, dirigée par D. Allios de l’Université de Rennes 2 qui a géré une première campagne
d’étude au cours de l’été 2008. Ces recherches répondent à plusieurs sollicitations :
1. Combler les lacunes documentaires et mener des recherches pluridisciplinaires sur le châ-
teau et son environnement (histoire, archéologie, histoire de l’Art, patrimoine et environne-
ment) projet étalé sur plusieurs années en collaboration avec le Ministère de la Culture, la
Région Auvergne (DRAC Auvergne, Monuments Historiques, Service régional de l’Archéo-
logie) et les organismes de recherche CNRS, universités et instituts scientifiques français et
européens1, INRAP, IFMA).
2. Créer un Chantier-école Européen en archéologie médiévale et patrimoine, véritable lieu de
recherche et de pédagogie pour étudiants et chercheurs.
3. Suivre et apporter les éléments scientifiques nécessaires à la restauration du château qui est
en cours (DRAC Auvergne, Monuments Historiques, Service régional de l’archéologie). Les
recherches menées de concert avec les chantiers en cours dirigés par M. Trubert Architecte
en chef des Monuments Historiques et les entreprises de restauration permettent d’intervenir
au plus près de la réalité historique et d’apporter des informations essentielles pour les futurs
chantiers (par exemple la prochaine tranche de travaux sur l’enceinte extérieure du château).
4. Participer à l’enrichissement du patrimoine de la commune de Murol, en particulier pour ses
deux Musées. Le Musée archéologique doit faire l’objet d’une étude exhaustive des collec-
tions après récolement et, prioritairement celles provenant des fouilles de l’abbé Boudal et
d’Henri Verdier permettant un inventaire et une étude exhaustive de ces collections. Le Mu-
sée des peintres de Murol, en étroite collaboration avec M. Philippe Auserve, sert de base à 1 Voir la liste des collaborations infra
des études spécialisées en Histoire de l’Art. Les études concernent également le patrimoine
monumental et architectural du bourg de Murol et des villages de la commune (un premier
inventaire a été réalisé en juillet 2008). Ce patrimoine passe par une archéologie du paysage,
permettant à l’aide de prospections et d’études paléo-environnementales de proposer une
lecture historique de l’évolution du paysage pour les périodes historiques (de l’Antiquité à
nos jours).
5. Apporter les éléments scientifiques contribuant à la mise en valeur et l’exploitation du patri-
moine de la commune de Murol, en collaboration avec le Conseil Régional d’Auvergne, le
Conseil Général du Puy-de-Dôme, l’exploitant privé du château « les Paladins du Sancy ».
Elle doit intégrer des rapports et des publications scientifiques, des articles de presse et des
reportages (voir liste infra).
Une telle étude s’inscrit donc dans une perspective scientifique mais aussi culturelle, afin de mener
une étude exhaustive du site. En multipliant les niveaux d’interprétation, les recherches prennent en
compte des horizons chronologiques plus larges et multiplient les connaissances induites de la
confrontation des sources. Historiens, historiens de l’Art, archéologues, géologues, informaticiens,
architectes, paléo environnementalistes travaillant de concert sur un projet afin de mieux connaître
l’évolution de Murol, tout en prenant en compte la multiplicité de ses représentations, parfois
contradictoires. La question du rapport du château et de ses contextes est fondamentale, les
recherches ne se focalisent pas uniquement sur l’édifice, même si elles doivent être considérées
comme une motivation prioritaire.
Ce projet ambitieux ne peut être réalisé qu’en réunissant des moyens importants ce en fonction
d’une programmation menée sur le long terme, bénéficiant d’une étroite concertation avec les
différents acteurs (Commune de Murol, Département, Région, Etat et gestionnaire du site).
I. Problématiques de recherches.
La campagne d’observations et d’études de 2008 a permis de poser les bases de questionnements
pluriels sur le château de Murol et son environnement. Ces opérations qui ont été entièrement prises
en charge par la Commune de Murol ont permis de réunir une moisson scientifique considérable. La
démarche que nous suivons repose sur la prise en considération de tout un patrimoine historique,
culturel artistique et archéologique de la commune pour les périodes historiques. Murol, possède en
outre, deux musées avec des collections permanentes qui renferment un fonds important pour
l’archéologie et l’histoire artistique de la ville. La pluralité des centres d’intérêt est telle que
plusieurs équipes se sont attachées à leurs études dans une volonté de convergence des recherches
dont le château de Murol constitue la thématique essentielle.
Les recherches des historiens de l’Art ont été concentrées sur l’œuvre de Léon Boudal, Curé de
Murol de 1890 à 1934. Articulé autour de cette figure essentielle et de celles de ses contemporains
et amis peintres (Charreton, Terlikowski), le musée des peintres de Murol, avec la patience et
l’érudition de son conservateur, reconstitue la véritable scène artistique de ce que fut Murol de 1910
et 1935. Mais, l’œuvre peinte du Curé de Murol, demeura jusqu’aux efforts de Philippe Auserve
largement inconnue. Essentiellement paysagiste au début de son œuvre picturale dans les années
1880, Léon Boudal évoluera grâce à ses observations sur le motif et la théorie impressionniste
propagée par ses amis peintres le libérant de toute académisme. Il est ensuite le créateur d’une
peinture suggestive libre de description et de narration, trouvant un langage propre d’états d’âmes et
émotionnel. Il incarne ce que fut Murol à un moment donné : un temps d’intense création et de
grande émulation artistique. Les collections de peintures du musée montrent la richesse et la
diversité de ses visions, de ce site si favorable aux artistes et aux écrivains dont les œuvres mal
connues sont encore loin d’être explorées. Les études en cours en lien et en résonance avec les
collections ont permis d’en témoigner.
Il y a lieu également de également de mener à bien une étude approfondie des fresques réalisées à
l’église paroissiale par l’abbé Boudal (classée M.H.).
De l’antiquité au haut Moyen Âge : des origines obscures
Le Musée d’archéologie de Murol a fait l’objet d’un pré inventaire confirmant la richesse et la
complexité des collections, mais en raison du manque de documentation associée, il est urgent de
déterminer les artefacts provenant des fouilles de sites antiques de Murol, des travaux
d’investigation à venir qui doivent permettre la rénovation intégrale de cet établissement. En effet
les diverses campagnes de fouilles menées entres les années 1930 et 1960 font apparaître une forte
présence romaine (deux établissements des II - IV siècles ap. J.-C., une voie romaine, et un fanum
sur le site de Rajat2). Par contre, les témoins d’occupation humaine de l’antiquité tardive et du Haut
Moyen Âge sont inexistants. Toutefois, des indices toponymiques (St Ferréol) et certaines
découvertes que nous avons réalisées au cours de l’an dernier sur les pentes du château (cf infra)
apportent une information particulièrement intéressante permettant d’étayer des hypothèses sur une
occupation au cours du haut Moyen Âge du site comme du château. En effet, l’implantation des
seigneuries de Murol est traditionnellement perçue comme la continuité de la motte féodale située
sur les rives du lac Chambon (motte de Varenne)3. A la lumière de nos premières investigations il
apparaît donc que le dossier soit bien plus complexe et, en conséquence, que l’implantation du
château du Murol soit plus ancienne en continuité du castrum, au moins pour les périodes post
carolingiennes. Des sondages menés sur les pentes sud du château permettraient de disposer d’une
vision plus précise de la nature et de la durée de cette occupation.
La documentation historique repose en grande partie sur les recherches de M. Philippe
Charbonnier, professeur honoraire à l’Université de Clermont Ferrand. Sa collaboration précieuse
sur le sujet nous permet de disposer d’une source essentielle de documentation et de confrontation.
Pour résumer les grandes lignes historiques du château, il n’existe quasiment pas de documentation
antérieure au XIIe siècle. Or comme nous venons de le voir, nos premières découvertes révèlent
l’existence d’un établissement des IX - XIe siècle au pied du château et des phases de construction
monumentale du XIIe siècle (en particulier pour les chapelles) nullement citée par les textes.
La somme documentaire exceptionnelle repose sur les carnets de Guillaume de Sam,
seigneur de Murol, et si les recherches de M. Pierre Charbonnier mettent en lumière l’organisation
économique de la seigneurie de Murol, les questionnements restent nombreux sur les travaux qu’il
fit réaliser sur le site. Les emprunts qu’il avait contractés ne mentionnent pas avec suffisamment de
précisions, les travaux effectués et la chapelle funéraire, dont il décida la construction sur son
héritage, n’est pas chronologiquement datée avec précision.
Pour la période moderne, la famille d'Estaing (Gaspar à partir de 1455 et François en 1540) a
laissé une abondante documentation mais fort réduite en ce qui concerne le château. Or, les travaux
et modifications sont nombreux au cours de cette période et de très grande ampleur, transformant le
château qui devient dès lors la plus importante forteresse de basse Auvergne. Les commanditaires,
2 Henri Verdier, « Le sanctuaire de Rajat (Puy-de-Dôme) », Gallia, T XXI, 1963, fasc. 2, pp. 241-2473 Voir Charbonnier Pierre : Guillaume de Murol, un petit seigneur auvergnat du début du XVe siècle, Histoire, Clermont-Ferrand, Fournier Gabriel, Le peuplement rural en basse Auvergne durant le haut Moyen Âge, PUF, Clermont-Ferrand, 1966
la nature palatiale et ostentatoire de ces travaux vont de pair avec un souci militaire et stratégique
qui dépasse de loin la petite seigneurie de Murol. Jusqu’ à présent complètement négligées, ces
phases de travaux se révèlent être tout à fait remarquable dans la connaissance des fortifications du
début de la Renaissance et des progrès en architecture militaire.
Le retard dans l’étude du site fut accentué en raison de la progression des restaurations et par
l’urgence imposant la réalisation de certains travaux de sauvegarde. Toute une documentation
archéologique et monumentale fut ainsi détruite, et ce n’est finalement qu’au début de l’été 2008
que notre équipe put consacrer tous ces efforts à tenter la mise en œuvre d’une véritable enquête
pluridisciplinaire.
Archéologie monumentale méthode et problématiques :
Toutes les phases de constructions sont imbriquées et juxtaposées à la fois. Comme le
remarquait finement Michel du Halgoüet, la structure monumentale de ce complexe castral
s'apparente au Crac des Chevaliers en Syrie. Non pas du point de vue chronologique et historique,
mais morphologique et structurel : deux enceintes concentriques, une tour maîtresse, un glacis, une
rampe d'accès complexe et des niveaux étagés horizontaux et biens définis. On peut effectivement
constater que les parties les plus anciennes se situent dans l'enceinte intérieure, puis sont complétées
et complexifiées par des séries de campagnes de modifications au cours des siècles dont une
extension majeure lors de l’édification de la seconde enceinte. Les travaux de P. Deschamps et F.
Anus4 définissent une trame méthodologique tout à la fois rigoureuse et systématique : relevé
intégral des constructions, puis des appareillages, des ouvertures de tirs et aménagements militaires
comme nous l'avons réalisé dans les forteresses croisées de Syrie5. Il s'agit d'un travail à long terme
de relevé dont les méthodes modernes apportent toutefois des solutions innovantes. Le relevé
systématique par télémétrie laser, la couverture par photographie numérique permettent de réaliser
des dessins vectoriels. Ceux-ci sont assemblés sur une trame tridimensionnelle, et permettent de
pouvoir observer les appareils et les aménagements suivant plusieurs angles de vue.
4Paul Deschamps, Le Crac des chevaliers, éd Geuthner , Paris 19345Valérie Serdon, Armes du Diable, coll archéologie et culture, Pur, 2004
Figure 1. Maquette provisoire du château de Murol, C. Bascoul IFMA
Figure 2. Montage des relevés vectoriels, C. Bascoul IFMA
Opérations Fichiers Logiciels
Topographie DXF Autocad Equipe de fouille
Photographie RAW
Photogrammétrie RAW + DXF MSR rollei Rennes 2
Vectorisation DXF AI SVG Autocad
Illustrator
Modélisation Blender IFMA
Tableau 1. Déroulement et gestion informatique des relevés des murs du château de Murol
Les plans et la topographie du château.
Jusqu’à maintenant, il n’existait aucun plan du château à l’exception de quelques relevés lacunaires
ignorant des espaces entiers. Il a donc fallu réaliser toute la topographie du site, incluant le château
et la colline, toutes les structures construites ont été décrites, mesurées et photographiées ;
l’ensemble des informations a été collecté sur une base de données et une maquette
tridimensionnelle réalisée par l’IFMA de Clermont-Ferrand. A partir de cette documentation
indispensable, une étude d’archéologie monumentale a pu être réalisée. La finalisation des dessins
est en cours par l’équipe de M. Trubert, Architecte en Chef aux Monuments Historiques.
Toutes les constructions ont été mesurées en trois dimensions puis vectorisées en pierre à pierre. Sur
les dessins sont reportées les phases de construction et les dommages observés, en particulier ceux
probablement provoqués par des séismes régionaux. Cette documentation est achevée pour
l’enceinte intérieure (plus de 600 dessins), les chapelles, et pour plus de la moitié du tracé de
l’enceinte extérieure (la végétation interdisant à certains endroit toute observation). Au cour de la
campagne de 2009, doivent être traitées la cour haute (occupée par un échafaudage en 2008), le
pavillon Renaissance et l’espace désigné comme « écurie ».
L’étude des enceintes intérieure et extérieure permet de proposer une chronologie des étapes de
construction, celui-ci fort complexe définissant des travaux échelonnés du XIIe au XVIIIe siècle. De
fortes destructions ont été même repérées, probablement causées par des séismes violents. Les
essais menés au cours du mois d’août grâce à la participation de M. Gaime, guide de haute
montagne, ont, en tout sécurité, permis de réaliser des prélèvements et des relevés sur les parois.
Ainsi, une poutre d’échafaudage médiéval située dans son logement peut être considérée comme
une découverte précieuse. Au cours de la campagne de 2009 cette opération sera systématiquement
étendue à toute la muraille intérieure.
Les phases de construction et de fortification du site que nous avons proposées lors de
cette première campagne de 2008 initient une chronologie relative qui doit s’insérer dans une série
de destructions et de constructions du XIIe au XVe siècle. Le tableau suivant dressé en fonction de
l’état des recherches suggère une stratigraphie monumentale.
Période SecteurIX–XIe siècles Pentes sud du château Castrum ancien de Murol ? Etablissement d’un village XIIe siècle Chapelle romane, parties basses de l’enceinte intérieureXIIIe siècle Donjon, glacis ancien, mur d’enceinte intermédiaire
Reprise du donjon, enceinte intérieure, reprise du glacisXIVe siècle Ecurie ? Grande salles haute de la cour supérieureXVe siècle Reprise des constructions de la cour supérieure
Reprise de l’enceinte intérieureChapelle de Guillaume
Enceinte intermédiaire
Salles et tours dans la cour hauteXVI-XVII s Enceinte extérieure, terrasse, logis et pavillon Renaissance, reprise de l’enceinte intérieure,
ouvertures de tirXVIIIe siècle Aménagement des salles hautes, reprise de l’enceinte intérieure, aménagement des portes de
l’enceinte extérieureTableau 2. Chronologie et stratigraphie monumentale du château de Murol.
Toutefois les hiatus demeurent fort nombreux et cette proposition de chronologie ne peut
être, pour l’instant, être considérée comme satisfaisante. En réalité, la présence de vestiges
directeurs (monnaies dans les chapelles, poutre dans la muraille) permet d’apporter des référents qui
doivent être multipliés au cours des prochaines études archéologiques. En effet, les relevés
monumentaux de pierre à pierre, aussi bien que l’archéologie monumentale ne peuvent en aucun cas
suffire et doivent impérativement être complétés par des sondages en 2009 (en particulier aux
fondations des murs) déterminant des zones de fouilles pour les années futures. (cf Infra).
Pour résumer, quatre époques ont été individualisées :
1. Les vestiges du haut Moyen Age
2. Le château des XIIe et XIIe siècle
3. Le château de la guerre de Cent ans à la fin du Moyen Age (Celui de Guillaume de
Sam)
4. La forteresse et le pavillon de la Renaissance
L’étude architecturale doit être insérée dans la différenciation chronologique de ces nombreux
réemplois que l’on trouve dans la commune. Ils ont fait l’objet d’un inventaire qui n’a été que
partiellement réalisé, seules les façades extérieures ont été étudiées. Linteaux, seuils, jambages,
fenêtres romanes, gothiques et de la Renaissance, bas-reliefs et sculptures gothiques proviennent en
grande partie du démembrement du château. Ce catalogue constitue une référence essentielle pour
l’étude monumentale du château de Murol, nous prévoyons de l’achever au cours de l’été 2009.
Les techniques ayant présidées à l’édification du château impliquent par l’élaboration d’un
processus méthodologique, véritable étude technique des ouvertures de tir. Initiées en 2008, ces
recherches sont très prometteuses. Il s’agit de mener à bien une description systématique des
mesures angulaires, puis de modéliser en 3d les trajectoires et les zones couvertes par les tirs (les
divers projectiles susceptibles d’être envoyés faisant l’objet de variables tant en poids qu’en vitesse
d’éjection). La modélisation de systèmes complexes comme les bastions de l’enceinte extérieure ont
déjà fourni de remarquables résultats.
L’étude des aménagements intérieurs demeure actuellement limitée à l’inventaire des peintures
et des fresques en raison de le l’urgence de la situation : des fragments de fresques et de peinture
ayant été détruits lors des restaurations des années 1980 1990. Ce qui impose prioritairement un in-
ventaire exhaustif. Celui-ci a été réalisé pour les ¾ dans le château, dans les chapelles et le pavillon
Renaissance. Une première chronologie relative a été établie à partir des stratigraphies observées et
des analyses stylistiques. Les plus anciennes traces semblent dater du gothique tardif (XVe siècle),
puis de la Renaissance et du XVIIIe siècle. Ce qui constitue une nouvelle interrogation en ce qui
concerne l’occupation du château réduit selon certaines sources aux seules fonctions carcérales au
XVIIe siècle. Toutefois, cet inventaire doit être affiné par de nombreuses vérifications et études
complémentaires nécessaires et envisageables dès la prochaine campagne de 2009.
L’étude des chapelles a très fortement progressé au cours de l’été 2008 ; les plans, coupes, dessins
pierre à pierre ont été entièrement réalisés et l’étude archéologique du bâti achevée. La chronologie
relative permet de distinguer plus de huit phases de construction successives allant de la période
romane à la période moderne. Les sondages et les décapages envisagés pour 2009 dans et autour des
chapelles s’inscrivent dans plusieurs perspectives historiques autant qu’archéologiques :
⋅ Déterminer la configuration primitive de la chapelle romane chemisée plus tard dans son
association aux bâtiments modernes et les terrasses relevant le niveau du sol extérieur. Cela
impose des sondages et des décapages sur les parties est et sud de la chapelle romane.
⋅ Étudier ou nettoyer de façon stratigraphique la crypte n° 2 dont le dégagement fortuit au
cours de l’hiver 2007-2008 a provoqué de nombreuses perturbations et dégâts dans
l’ancienne stratigraphie.
⋅ Déterminer la fonction même de chaques chapelles, l’édifice roman étant considéré comme
l’église paroissiale du village ce qui pose des problèmes de dimension et de volume pour
accueillir tous les paroissiens.
⋅ La construction d’une chapelle de style roman en plein XIVe siècle sur l’ordre de Guillaume
de Sam suscite bien des interrogations. Il pourrait s’agir d’une construction conçue comme
un réplique architecturale selon une tradition du « mémoria » ce qui constituerait un cas tout
à fait exceptionnel, étant donnée la très riche expérience européenne de Guillaume de Sam.
Les travaux prévus pour la campagne de 2009 nous paraissent en grande partie comme la suite
logique des premières études menées au cours de l’été 2008. Ils doivent inclure l’achèvement des
inventaires, des mesures topographiques mais surtout entreprendre les opérations de sondages
nécessaires à l’ouverture de secteurs de fouilles et d’études préalables en vue des divers travaux de
restauration. Or ces deux perspectives sont étroitement liées et ne peuvent être dissociées. L’étude
doit aller en concertation avec les travaux de restauration.
Ces sondages privilégiant la base des murailles et certains espaces à l’intérieur de château répondent
à plusieurs types de questionnement : déterminer l’importance du site et de sa chronologie, affiner
les datations, et préciser les zones archéologiquement sensibles.
Moyens, objectifs et programmation pour 2009
Ces recherches sur Murol sont articulées sur plusieurs axes et étape de recherche tant dans
l’espace que dans le temps. La programmation à long terme est tributaire des résultats issus de la
future campagne de 2009, organisée elle-même en fonction de deux grands thèmes :
A. L’étude du patrimoine de la commune de Murol (inventaire des collections archéologique en
collaboration avec le musée des peintres de Murol, inventaire et étude des réemplois dans la
commune). Dans le domaine de l’étude environnementale, pour 2009, nous envisageons
l’étude du cadre géologique, volcanique et des ressources minérales, géologiques et
pédologique préalable à toute étude paléo environnementale.
B. L’Etude du château.
Celle-ci se divise en plusieurs chantiers :
I. Collaboration avec le chantier de restauration de l’enceinte extérieure (4)
II. Etude des fresques et des peintures
III. Etude militaire des fortifications
IV. Sondages dans le château : (voir plan ci-joint)
a. Sondages dans les « écuries » (1)
b. Étude et sondages dans les chapelles du château (2)
c. Sondages sur le boulevard ouest (3)
d. Sondages et investigations sur les pentes et au pied de l’enceinte exté-
rieure (5)
Figure 3. Château de Murol : implantation des sondages et des décapages pour la campagne 2009
I. L’étude de l’enceinte extérieure
Celle-ci doit être poursuivie par des sondages réalisés au pied des murailles afin d’atteindre les
niveaux de sol primitifs, les fondations et déterminer la présence, ou éventuellement
d’établissements antérieurs. Des sondages doivent aussi être pratiqués sur les parties « inachevées »
de la muraille afin de déterminer s’il s’agit d’un abandon du chantier ou le résultat de destructions,
et de quelle nature. Ces travaux sont menés en étroite collaboration avec M. Michel Trubert,
Architecte en chef des Monuments Historique, dans l’aménagement des pourtours du château.
II. Sondages dans le château
a) Sondages dans les « écuries »
La construction située à la périphérie de la première enceinte du château appelée « l’écurie » doit
faire l’objet de sondages et de décapages. Cette construction quadrangulaire présentait sur les
relevés de 1890 une abside orientée. Actuellement sont encore visibles quelques colonnes divisant
le bâtiment en deux nefs. L’hypothèse d’une église gothique a été envisagée, même si la
construction à fait l’objet de nombreux remaniements et de déprédations. Ce bâtiment pourrait
correspondre à celui d’une église charpentée du gothique méridional dont les dimensions répondent
à l’accueil de toute l’ancienne paroisse de Murol.
b) L’étude des chapelles
La poursuite des investigations sur les chapelles du château passe par des décapages des sols
anciens aujourd’hui profondément bouleversés ainsi que par des sondages à l’extérieur du bâtiment
(chevet et côté nord). L’analyse monumentale et architecturale réalisée au cours de 2008 a montré
que les deux bâtiments juxtaposés (une chapelle romane et une du XVe siècle) ont fait l’objet de
remaniements continus tout au long de l’histoire du château. Ces opérations sont d’autant plus
nécessaires que l’état de dégradation des chapelles et des deux cryptes ne cesse de progresser, en
particulier, les strates des niveaux anciens et ceci malgré la mise en place d’une protection
provisoire.
c) Sondages sur le boulevard ouest
Le large espace compris entre les deux enceintes médiévale et moderne à fait l’objet d’importants
terrassements et remblaiements à partir du XVIe siècle. Des sondages ponctuels nous paraissent
particulièrement motivés par plusieurs questionnements : définir le tracé de l’enceinte extérieure
médiévale dont on ne distingue uniquement les traces que sur les parties nord et est, comprendre les
modalités de construction de l’enceinte de la Renaissance, en particulier par la présence de
casemates souterraines, dont une seule est actuellement repérée, enfin percevoir les vestiges de
constructions communes (la basse cour) associées au château.
d) Pente Est (au pied de l’enceinte extérieure)
La découverte de gisements de céramiques et de couches en place sur le versant est au pied du
château témoigne d’une occupation humaine comprise entre le IXe et le XIe siècle. Des sondages
répartis le long du chemin ménagé récemment permettront de distinguer l’étendue et la permanence
chronologique et spatiale de ce qui pourrait être un village primitif et/ou le castrum de Murol.
Résumé des opérations prévues en 2009
Patrimoine :
Achèvement de l’inventaire des réemplois dans la commune
Poursuite de l’inventaire du Musée archéologique
Collaboration avec le musée des peintres de Murol
Inventaire des peintures et fresques dans le château
Environnement
Etude géologique, pédologique et volcanique
Archéologie monumentale et étude militaire
Relevé en pierre à pierre des parties non traitées en 2008
Mesure des ouvertures de tir
Observations in situ des enceintes et des parois de l’enceinte intérieure.
Sondages archéologiques
Étude et fouille des chapelles
Sondages au pied de l’enceinte extérieure
Sondages et décapages en périphérie et à l’intérieur de « l’écurie »
Sondage du village médiéval au pied du château
Communication
Conférences, site internet, dossiers de presse, réalisation de films documentaire et multimédia
Exploitation
Publications scientifiques
Équipe, chercheurs associés, Instituts et UniversitésUniversité de Rennes 2 Haute Bretagne
Université de Toulouse II le Mirail
CNRS, UMR 6555
Intervenants scientifiques
Responsable d'opération
Dominique Allios, Maître de conférences en archéologie médiévale, Université de Rennes 2, CNRS
UMR 6566
Archéologie et archéologie monumentale
Serge Robert, Maître de conférences en archéologie médiévale, Université Toulouse II le Mirail
Blandine Winckler enseignante Second Degré
Sébastien Gaime, INRAP
Histoire de l'Art
Luce Barlangue, professeur en Histoire de l’Art contemporain, Université Toulouse II le Mirail
Annie Regond, maître de conférences en Histoire de l’art moderne, Université Blaise Pascal,
Delphine Durand, doctorante en Histoire de l'Art, Université Toulouse II le Mirail
Maï le Galic, doctorante en Histoire de l'Art, Université de Rennes II
Informatique
Christophe Bascoul, enseignant IFMA Clermont Ferrand
Géologie
Pierre Lavina, volcanologue
Etudiants chercheurs des universités de : Rennes 2, Rennes 1, Toulouse-le-Mirail, Clermont-
Ferrand, Lyon 2, etc.
II. Présentation des opérations menées en 2008
A la demande de M. Sébastien Gouttebel maire de Murol et du conseil municipal, de M. Michel
Trubert Architecte en chef des Monuments Historiques, nous avons réalisé une première étude du
château de Murol au cours de l’été 2008. Ces interventions correspondent à :
1. Présenter un état des recherches antérieures effectuées sur le site du château de Murol :
opérations de fouilles, campagnes de restauration.
2. Mener à bien une étude préalable à des fouilles archéologique programmées et déterminer
les secteurs des fouilles futures.
En complément de ces investigations scientifique, nous souhaitions répondre à plusieurs
questionnements :
1. Effectuer un suivi des travaux de restauration en collaboration avec l'entreprise Geneste sur
les courtines et les terrasses du château qui étaient pendant un court laps de temps mises à
nu.
2. Réaliser une étude en archéologie monumentale du site, opérations nécessitant l'élaboration
du plan et des relevés des élévations, les relevés des fresques et des graffitis, des ouvertures
de tir, des éléments sculptés.
3. Une étude préalable des futurs travaux de restauration, en particulier sur les enceintes
extérieures.
4. L'approche patrimoniale du château et de ses relations avec la population locale, touristique
et artistique : l'étude des peintres de l'école de Murol, les œuvres littéraires prenant pour
cadre le château de Murol, les réemplois du château dans le village de Murol sont autant
d'empreintes laissées par le site de Murol.
5. La communication auprès de la population sous la forme de conférences, reportages
(télévision, presse et radio) et par internet.
Le calendrier de la campagne 2008
Préparation : mai juin 2008
Observations in situ, détermination des zones à étudier
Organisation et réunions préparatoires avec les différents services et intervenants sur le château
Mise en place du stage (organisation matérielle, préparation)
Juillet 2008
1.Organisation générale du chantier, définition des structures et des espaces
2.Surveillance des travaux des courtines
3. Prises de vues numériques, implantation des repères et stations topographiques
4.Levés topographiques et prises de vues
5.Redressement des photographies sur ordinateur et dessin vectoriel
6.Corrections sur le terrain et annotations sur les photos
7.Mise en place du plan topographique provisoire
8.Mise en place de modèle 3D
9.Étude militaire du château
10.Étude des fresques et des graffitis
11.Étude des réemplois
12.Étude des chapelles
13.Étude de l’enceinte intérieure
14.Prospection sur l'enceinte extérieure
15.Étude des musées de Murol et du patrimoine
16.Conférences
17.Réalisation de documents multimédia de site internet
18.Géologie et séismes
Post traitement hiver 2008-2009
1.Mise en plan et génération du canevas final topographique
2. Finalisation de la partie graphique
3.Génération des modèles 3d
4.Remise du rapport scientifique
5.Réalisation des rapports et documents multimédia
6.Programmation des opérations future, mise en place d'un PCR (programme collectif de
recherche)
7.Réalisation des demandes de fouilles programmées
8.Présentation et diffusion des recherches aux universités de Rennes 2 et Toulouse 2 :
A. Cours magistral en archéologie monumentale (L3 archéologie Rennes 2)
B. Séminaires de Master (spécialisation et actualité de la recherche)
C. Conférences grand public et colloques spécialisés
D. Exposition photographique et montage de films
Composition de l’équipe, membres participants et associés
Responsable d'opération
Dominique Allios, Maître de conférences en archéologie médiévale, Université de Rennes II, CNRS
UMR 6566
Archéologie et archéologie monumentale
Serge Robert, Maître de conférences en archéologie médiévale, Université Toulouse II le Mirail
Blandine, Winckler, enseignante second degrés
Sébastien Gaime, archéologue, INRAP
Histoire de l'Art
Delphine Durand, doctorante en Histoire de l'Art, Université Toulouse II le Mirail
Informatique
Christophe Bascoul, enseignant IFMA Clermont Ferrand
Étudiants :
Clément Bellamy, étudiant en Master 2 archéologie antique, Rennes 2
Julia Bonniec, étudiante en Master 2 archéologie médiévale, Rennes 2
Jeanne Breard, étudiante en Master 1 archéologie médiévale, Rennes 2
Marine Clabaut, étudiante en Master 2 archéologie médiévale, Rennes 2
Manon Craipeau, étudiante en Master 1 archéologie médiévale, Rennes 2
Aurore David, étudiante en Master 2 Histoire de l'Art médiéval, Rennes 2
Barbara Delamarre, étudiante en Master 2 Histoire de l'Art médiéval, Rennes 2
Isabelle Frath, étudiante en Master 2 archéologie médiévale, Lyon 2
Aurélie Gesdon, étudiante en Master 2 archéologie médiévale, Rennes 2
Joachim Le Bomin, étudiant en Master 2 archéologie médiévale, Rennes 2
François Meadeb, doctorant en archéologie antique, Rennes 2
Elsa Pichon, étudiante en L3 archéologie et Histoire de l’Art, Rennes 2
Wen Zhen, étudiant en L3 archéologie et Histoire de l’Art, Rennes 2
Bénévoles :
Juliette Pons, Tom Gonsalez
Membres associés :
Michel Fargeas, président de l'association de protection du patrimoine de Saint-Nectaire et de ses
environs
Michel Andan, animateur paroissial de la paroisse des Couzes et des Lacs
Pierre Lavina, volcanologue
Raphael Gaime, Guide de Haute Montagne
Publications réalisées et en cours
Deux articles dans la Montagne (juillet 2008)
FR3 : deux reportages dont un court métrage de sept minutes sur le 19/20 (national et câble)
Site internet Murolarcheo : plus de 3000 visiteurs
Six conférences réalisées à Murol de juillet à août 2008
Une intervention auprès des élèves de l’école primaire de Murol
Un article dans le bulletin municipal de Murol
Compte rendu des activités et des recherches
Les opérations réalisées par notre équipe au cours des mois de juillet et d'aout 2008 sont divisées
par thèmes, présentés par les équipes qui ont assuré le suivi et la réalisation. Le tableau suivant en
dresse le détail.
Tableau 3. Synthèse des opérations effectuées en 2008
Groupe Sous groupe responsable commentaires
topographie Enceinte intérieure D. Allios Achevée
Enceinte extérieure Achevée
études
architecturales
Fresques et enduits peints B. Winckler Achevée
Étude des chapelles S. Robert La chapelle sud est achevée
Courtines et suivi des travaux E. Pichon et J. le
Bomin
Achevée
Numérisation 3D C. Bascoul En cours
Étude des réemplois du
château
B. Delamarre En cours
Ouvertures de tir A. Guesdon En cours
Patrimoine Musée de Murol D. Durand En cours
Église de Murol D. Durand Achevée
Littérature D. Durand Achevée
Musée archéologique E. Pichon En attente
Archives B. Delamarre Achevé
Sculptures D. Durand En cours
communication Conférence Équipe 11, 18, 24 et 25 juillet 1 2008
Blog E. Pichon Http://murolarcheo.canalblog.co
m
Films Équipe En cours
Documentation et recherches en archives
Les archives des monuments historiques ont livré quatre types de documents : les courriers
(rares), en particulier la lettre de donation du château à l'État, les devis (nombreux) qui sont peu
précis sur les travaux effectués, la documentation graphique qui ne recèle que des plans indigents et
incomplets. La documentation photographique ancienne est plus riche, son application a été
immédiate (pour l'étude des chapelles en particulier). Les clichés les plus anciens remontent au
début du siècle.
Le dépouillement et la recherche des cartes postales anciennes et des clichés anciens a apporté aussi
des informations partielles, en particulier sur les alentours du château et l’état de délabrement du
site avant travaux (photothèque de la BNF, et de diverses collections particulières).
Les recherches aux archives nationales et départementales reposent sur le travail de référence de M.
Charbonnier, professeur émérite de l’université de Clermont Ferrand auteur de la thèse sur
Guillaume de Sam, seigneur de Murol (cf. Bibliographie).
Le patrimoine artistique de Murol associé au château est étudié sous la direction de Delphine
Durand. Il s’est révélé, grâce à la coopération de M. Auserve et de tout le personnel du musée de
Murol, complexe et foisonnant : les œuvres de l'école de Murol (de 1900 à 1930) dont celles de
l'abbé Boudal, en particulier le programme iconographique de l'église de Murol offrent une richesse
et une dimension qui dépassent de loin la dimension régionale ou locale dans laquelle elle est
souvent cantonnée.
Les sources littéraires apportent un regard complexe sur le château de Murol, allant de la ruine
romantique au repaire de tous les fantasmes les plus inassouvis. Cette étude permet de préciser
l'ambiguïté qui subsiste jusqu'à nos jours : un site vénéré, protégé et ignoré à la fois.
Le recensement des réemplois dans la commune de Murol fut limité pour la campagne de 2008
aux façades des bâtiments. Grâce à la coopération de la population, le fichier a été rapidement
enrichi. Loin d'être complets, ces premiers résultats sont prometteurs pour une étude plus
approfondie : plus de quarante éléments divers (portes, fenêtres, corbeaux, inscriptions) sont décrits
et cartographiés. Des sculptures provenant aussi du château ont été recensées et nous livrent de
précieuses indications chronologiques et stylistiques des périodes gothique et baroque à travers le
répertoire iconographique et le symbolisme des figures. Ces premiers résultats permettent deux
constats : les réemplois servent de marqueurs chronologiques correspondant à l’expansion de
l'agglomération grâce à leur cartographie sur le cadastre actuel. Deuxièmement, cet inventaire
confronté aux mesures opérées sur le château permet de restituer les emplacements d'origine et de
fournir des modèles pour leur remplacement par d'éventuelles copies (en particulier pour les
fenêtres et cheminées).
L'inventaire des fragments de peinture et de fresque a été effectué dans l'enceinte intérieure, les
chapelles et les logis Renaissance. Trente vestiges allant du XIVe au XVIIIe siècle ont été décrits,
photographiés, mesurés et des échantillons ont été prélevés. Motifs géométriques, faux appareils,
inscriptions constituent la majeure partie des thèmes. Le linteau de cheminée déposé dans la grande
salle à arcades présente un paysage idyllique du XVIIIe siècle dont il faut impérativement assurer la
conservation et la présentation.
Pour les périodes les plus anciennes, la découverte d'inscriptions en caractères gothiques et de
graffitis représentant des chevaliers dans la salle nord est de la cour intérieure sont aussi à protéger
impérieusement. A la lumière de ce premier travail, il apparaît nettement que le château a été
entretenu et décoré tout aux long des XVIIe et XVIIIe alors qu'il était considéré comme quasi
abandonné ou, du moins, relégué a des taches domestiques.
L'environnement direct du château à fait l'objet de recherches diverses : dépouillement
toponymique, étude des cadastres anciens, des paroisses anciennes, des couvertures
photographiques aériennes (anciennes et actuelles), le tout regroupé sur un SIG. Il apparaît que sur
un important substrat antique (quatre sites romains entourent le château) et d'un vocable ancien de
la chapelle (Saint Ferréol est une dédicace remontant aux VI, VIIIe siècle). La création de la
paroisse de Murol apparaît crée au détriment des grandes paroisses primitives (Saint Nectaire, Saint
Victor, Saint Etienne). La seigneurie de Murol avait été implantée au cours des X et XIe siècle. Au
pied des murailles, sur les pentes sud, une coupe récente ménagée par création d'un chemin de
service à permis de repérer une strate noire contenant de nombreux tessons de céramiques en place,
recouverte par des éboulis et remblais plus tardifs. Cette couche en place, observée en plusieurs
endroits du chemin (sur une longueur de trente mètres) a livré des céramiques des IXe-Xe siècle et
peut témoigner de la présence d'un établissement ancien. Des sondages sur ce secteur sont
impératifs afin de percevoir l'importance de la stratigraphie, l'extension du site et d'estimer sa
nature.
Le château étant dépourvu de plan, les études topographiques ont été compliquées en partie par
le manque de repères géodésiques pérennes et par l'absence de mesures en élévation. Le canevas
fourni par la société Géoval a été complété par l'implantation de 30 stations supplémentaires
permettant de prendre plus de 6000 points à l'aide d'une station totale Nikon (infrarouge et laser).
Le traitement tridimensionnel est assuré par Christophe Bascoul (IFMA) qui modélise au fur et à
mesure le château sur des logiciels 3D tels que BLENDER.
Les relevés de l'enceinte intérieure ont constitué une gageure méthodologique. La création d'une
nouvelle méthode s'est imposée en raison des dimensions et des conditions d'accès de la muraille.
Combinant plusieurs méthodes expérimentées sur l'église de Saint Nectaire elles ont ici été
perfectionnées tant dans la rapidité de mise en œuvre que dans le nombre des surfaces et des
volumes à traiter. A partir de mesures topographiques les photographies sont redressées puis
dessinées. Pour l'enceinte extérieure, la végétation, n'a pas permis sa couverture intégrale, qui n'a
été réalisée qu'au 2/3. Le traitement graphique a été poursuivi cet hiver lors de Travaux Dirigés
universitaires (TP, TD et Séminaires méthodologique), actuellement 300 dessins sont effectués afin
de les insérer ensuite dans la structure informatique tridimensionnelle.
Le suivi des chantiers sur les courtines est une tache ingrate en raison de l'étroitesse des passages
et des allées et venues des ouvriers. Toutefois, les résultats obtenus indiquent que les parties hautes
ainsi que le sommet du donjon n’avait pas été pourvu de toitures, ce qui peut paraître surprenant
pour un site tellement exposé aux intempéries6. Un dallage ancien a été repéré sur une petite portion
de courtine conservée, il se situe actuellement à 40 cm sous l'actuel sol.
Les chapelles constituent un point nodal aux investigations en archéologie monumentale du
château. En raison de la facilité de détermination stylistique pour la période romane, les études
d'appareils et les successives modifications qu'elles ont connues servent de référent chronologique
pour les autres constructions. Malheureusement, l'absence de possibilité de dégagement des sols et
des niveaux rendent plus difficiles les interprétations aussi bien que les mesures, imposant de
nombreuses vérifications. Les premiers résultats suggèrent que la chapelle sud était reliée au donjon
par un passage situé à l'ouest, que ses niveaux de sols sont successifs et que ces sols d’utilisation
doivent être reliés à l’histoire de la forteresse. La découverte de quatre monnaies médiévales (gros
tournois) en bordure intérieure du mur absidial a confirmé la dégradation de ces sols historiques par
le piétinement de plus de 100 000 visiteurs par an. A notre demande, la mairie a installé un plancher
de bois pour protéger ces vestiges de sols ancien et limiter les espaces de circulation.
« L'écurie » est une construction située entre les deux enceintes. Il paraît probable que cette ruine
corresponde à une grande salle, éventuellement une basilique à deux nefs, caractéristique du XIVe
siècle. Le tracé circulaire sur la partie est figurant sur les plans du début du XIXe siècle, pourrait
6 Comme on peut le constater sur les forteresses royales des Pyrénées (Peyrepertuse, Montségur, etc.) et des croisades en Syrie (Krac des chevaliers, Saône, Marquab)
correspondre à une abside. Des dégagements et des décapages sont prévus lors des prochaines
campagnes. La spoliation des colonnes de cette salle pour la construction de la nouvelle boutique de
souvenirs jouxtant, constitue un cas d'école dans la gestion du patrimoine monumental.
L'enceinte intérieure a fait l'objet d'approche directe par escalade et équipement des parois. Les
principales phases de construction déterminées autorisent la formulation d'hypothèses et de
l’élaboration de nouvelles propositions d’enquête. Les différentes campagnes de restauration et de
modifications anciennes comprises entre le XIIIe et le XVIIIe siècle ont été restituées en fonction
d’une chronologie relative dont quelques vestiges présentent des informations fiables permettant de
considérer dès maintenant une trame acceptable. La découverte d'une poutre dans un trou de boulin
nous laisse espérer une datation par dendro-chronologie d’une des phase ancienne de l'enceinte
(phase II) nous permet d'obtenir une datation par dendrochronologie.
Les désordres observés dans les élévations ont permis d'identifier des dommages provoqués par
des séismes dont certains sont datés précisément par les textes (1480 et 1888 en particulier). La
collaboration avec P. Lavina, vulcanologue, a permis de préciser les natures des désordres par
séismes, leur orientation (sud est - nord ouest) et leurs intensité (magnitude 6).
Les structures les plus anciennes observées sont le donjon, la partie nord de l’enceinte intérieure,
la muraille intermédiaire sud. Tous ces éléments correspondent fort probablement à une enceinte
externe primitive dont les nombreux remaniements (du XIVe au XVIIe) en ont changé la
configuration. Mais il est très important de souligner que la partie ancienne du glacis de
l'enceinte intérieure remonte à cette phase.
Les sols de la cour intérieure ont été systématiquement détruits par les campagnes de restauration
des années 1980. Sa configuration primitive en paliers ou terrasses, puis le surhaussement par la
construction de la salle à arcades sont les seuls témoins de cette stratification de travaux réalisés.
L'étude des escaliers de la tour scalarifére de Chautignat et de sa salle basse indiquent la présence
de niveaux de sols plus profonds, témoignant d’un surhaussement du bâtiment (aux XIVe XVe
siècles ?). Des opérations sont envisagées dans un proche avenir permettant de déterminer la
présence éventuelle de salles basses aménagées dans les irrégularité du massif rocheux.
Les éléments de circulation ont été modifiés au cours du temps et l'entrée actuelle ne correspond
qu'à une ultime modification. Les escaliers restaurés dans les années 1980 ne reflètent que
maladroitement les aménagements de l’espace modernes et recouvrent en de nombreux endroits des
aménagements antérieurs ; par exemple le seuil de la cour haute obture la partie supérieure d'une
tour. Les modifications de l'escalier de la tour de Chautignat ont été réalisées en plusieurs périodes
(trois au moins) avec obturation de palier, surhaussement de seuil et probablement condamnation de
des espaces inférieurs.
L'enceinte extérieure plus difficile d'accès, est dégradée. Elle à fait l'objet d'un inventaire
systématique (murs, ouvertures, éléments décoratifs, reprises) mais n'a pas pu être totalement
réalisée par photographies en raison de la végétation qui la recouvre. Toutefois, les plans et les
mesures des élévations ont été entièrement assurés. Trois phases chronologiques ont été distinguées.
L'étude de la salle souterraine dite de « la poudrière » a permis de démontrer l'existence d'une
casemate voûtée, pouvant correspondre au parti initialement prévu pour cette enceinte dont il reste à
préciser la chronologie et les raisons de son hétérogénéité.
Les terrassements associés à la réalisation de l'enceinte extérieure sont considérables, le volume de
matériaux déplacé est réellement impressionnant. Il est probable que la grande terrasse sud (la plus
visible) fut concues puis réalisée selon un projet d’aménagement en jardin ou en place d’armes (cf.
le palais épiscopal d'Albi)
Les ouvertures de tir font l'objet d'une approche précise et systématique à partir de relevés, de
mesures topographiques et descriptives et de modélisations dynamiques proposées par ordinateur.
De telles visualisations permettent de valider la fonction des ouvertures et leurs modes d'utilisation.
Elles sont, en fonction des premières observations, destinées aux premières armes à feux portative
du la fin du XVe siècle à la Renaissance.
La communication constitue une part de notre activité : des conférences hebdomadaires, un site
internet (plus de 3000 visiteurs à la mi aout7), un court-métrage (d'une dizaine de minutes) et des
communiqués de presse. Les conférences tenues tous les vendredis en juillet à Murol ont
rassemblées plus de 500 personnes, des articles de presse ont été publiés dans le quotidien « la
Montagne » le 10 juillet, ces reportages ont été diffusés par la chaîne régionale FR3 et l’un d’entre
eux sur le réseau national.
Ces opérations effectuées au cours des semaines de juillet ont respecté le programme initialement
prévu livrant un lot d'informations inédites ainsi que de nouvelles pistes de recherche. Elles doivent
leur succès en grande partie à la qualité de l'accueil de la municipalité et la commune de Murol, à de
l'aide de M. Trubert Architecte en chef au Monuments Historiques ainsi que de la collaboration des
intervenants sur le château (Paladins du Sancy et société Geneste) et de la compréhension des
services de la Direction des affaires culturelles (DRMH, Inventaire et SRA).
7 Http://murolarcheo.canalblog.com
Bilan détaillé des opérations :
Recherches sur les archives
Le dépouillement des archives du patrimoine s'est effectué au cours du mois de juin par D Allios et
B Delamarre juste avant la fermeture de cet établissement conséquent à son déménagement.
L'intégralité des archives a été inventoriée et photocopiée grâce à l'autorisation exceptionnelle
accordée par M. le Conservateur en Chef de la Médiathèque du Patrimoine. La documentation est
limitée : des devis (voir le tableau récapitulatif suivant), des lettres manuscrites (en particulier sur la
donation du château), des photographies anciennes (d'une très grande utilité), des plans ou croquis
cotés et quelques esquisses et élévations. Toutefois, aucune documentation n'est postérieure à 1988,
or les campagnes de restauration ont été particulièrement importante au cours de ces deux dernières
décennies.
La recherche des gravures anciennes à la Bibliothèque Nationale associée à celle du musée de
Murol a livré une documentation qui couvre la première partie du XIXe siècle. Les interprétations
sont délicates à partir de tels documents reprenant et enjolivant des dessins et des croquis tracés sur
place.
Il n'en demeure pas moins que l'aspect général du château était plus imposant en raison du
déboisement de ses pentes, tout en étant relativement proche de son état actuel. Les nombreuses
campagnes de restauration ont été limitées à des reprises ou des renforcements de mur, des
déblaiements considérables sans fouille ni étude archéologique. Seuls les travaux des années 1980 à
1990 ont changé la configuration des espaces intérieurs et des circulations.
Liste des travaux anciens effectués sur le château de Murol, Médiathèque du patrimoine
architecte Commentaire date sommeLettre manuscrite de Thévenot au Ministère de l'Intérieur
pour l'informer de la volonté du comte de Chabrol
Tournoël, propriétaire du château de Murol de donner
celui-ci à l'État en contrepartie de sa conservation. Mention
d'une conservation des archives par le frère du propriétaire,
Amedé (?) de Chabrol Tournoël.
novembre 1844
Anonyme
Plan aquarellé. Sur ce plan sont mentionnés : une entrée
sur le côté nord (3), une écurie avec une tour (33), un
bastion inachevé (8), bâtiment pour le forgeron (34),
1889
Ruprich
Robert
Rapport sur des travaux à effectuer. Les travaux les plus
urgents ; réfection des parties ruinées, des voûtes en cul-
de-four des petites absides de la chapelle (réunir les 2 en
un seul ensemble contemporain), consolidation des
courtines et des échauguettes, reprise de la poterne.
Deuxième phase : réparation du sommet de l'enceinte
intérieure, reprise d'un contrefort ouest, remplissage de
brèches créées par l'arrachement d'encadrement
d'ouvertures. Troisième phase : réfection des parties
ruinées d’une des chapelles. Quatrième phase : réfection
des voûtes et couvertures des tourelles.
8 1899 45071,46
Déblaiement ; Restauration des voûtes de la "double"
chapelle romane (sud : voûte en cul-de-four et fenêtre
centrale ; nord : fenêtre, corbeaux sculptés, voûte de
l’abside en cul-de-four) ; réparation de la porte avec
mâchicoulis à l’ouest de la chapelle ; Contrefort extérieur
près de la brèche ouest ; brèche du mur ouest ; une
fenêtre ?
10 juin 1900 23268,08
Travaux de maçonnerie, escalier, piquetage de pierre et
utilisation de mortier hydraulique ; déblaiement des
chapelles reconstruction du cul de four des chapelles
romanes : 8m3 de pierre de Besse, réfection de la fenêtre
centrale.
3 1900 999787
Déblaiement des chapelles pour accéder aux parties à
restaurer des chapelles sud et nord, consolidation de la
base de l'enceinte ou "du mur circulaire du donjon"
couronnement et pavement des courtines, etc.
8 fév. 1902 1503670
Ruprich
Robert
Consolidation de la base de l'enceinte ou "du mur
circulaire du donjon" couronnement pavement des
23 sept 1905 701223
courtines etc.Travaux cour intérieure, salle des gardes, cuisine
cheminée, mur de soutènement, suite illisible.
20 nov. 1909 998078
Consolidation des murailles sur les parties hautes proches
du donjon ?
26 avril 1921 1976191
Lettre manuscrite de Ruprich Robert au directeur des
Beaux Arts : signale l'écroulement de merlons des
échauguettes qu'il avait restauré.
28 juin 1924
f illisible 27 Octobre 1925 2581096Gueritte Séries de consolidation de l'enceinte extérieure (un cahier
de photos), consolidation de "l'écurie" chapes en ciment
grillagé sur les parties hautes et le sommet des murs.
22 février 1929 8797990
Creuzot protection et consolidation des ruines, rampe d'accès,
chapes sur les chapelles.
13 janvier 1950 2642544
Remise en état de l'escalier de la porte supérieure et des
chapelles.
13 janvier 1953 2642544
Donzet Mur de soutènement de la terrasse. 22 fév. 1968Consolidations diverses ; rapport avec des photos et deux
plans.
20 déc. 1971 6527961
Consolidation des ruines et quelques travaux de
maçonnerie dans le donjon sur les courtines, le logis, la
salle des gardes, la poterne, dossier sans plan ni notes
précises.
15 aout 1965 2982683
Consolidation ruines et quelques travaux de maçonnerie
dans la cour intérieure, voûtes de l'entrée de la cour
intérieure et de l'escalier au sud des chapelles.
20 décembre 1974 10861347
Consolidation mur d'esplanade ; c'est à dire le mur
extérieur angle sud est.
13 juin 1979 268988
Consolidation logis Renaissance et rampe d'accès. 17 oct. 1979 27216718Seconde tranche des travaux de consolidation. 98740Consolidation logis gothique. 3 1981 20189712Murs de l'esplanade, rampe d'accès et mur latéral gauche,
mur latéral de l'ancienne écurie, création d'un escalier tour
sud
2 juin 1988 1980808,35
Rapport patrimoine et Histoire de l’Art :
Aurore David et Delphine Durand.
Le patrimoine de Murol a livré un vaste panorama de peintures et d’œuvres littéraires de
première importance. Dès le XIXe siècle, le château et le village de Murol deviennent une nouvelle
et remarquable source d’inspiration, procurant aux artistes et aux écrivains les éléments nécessaires
à leur évolution. Les témoignages littéraires, depuis l’évocation des guides-romans et des
personnages fantomatiques du gothique noir anglais, jusqu’à George Sand et Maupassant
cristallisent une construction fantasmatique qui va perdurer. L’aspiration vers l’au-delà, la quête de
l’onirisme et de l’invisible semble l’emporter sur la réalité. De même, en restituant l’atmosphère
inquiétante, le mystère et la mélancolie des ruines, la littérature du XIXe siècle témoigne d’une
permanence de goût pour le fantastique et le romantisme exacerbé. Cette attitude est en fait
caractéristique d’une génération d’artistes, hostile à la civilisation moderne, au progrès et à la réalité
matérielle.
Cette ambiance ne manque pas d’éveiller la sensibilité des peintres attirés par la magie des
paysages d’évocation intense. A la fois démesuré, éthéré, légendaire et mystique, le site apparaît
comme le lieu de la réincarnation du passé, le miroir de tous les états d’âme, nimbé du mystère
éternel des choses. Incontestablement, le château joue un rôle de premier plan dans le rendu de
l’émotion. Peu traité par les peintres, il renvoie à des questions existentielles : dans les toiles de
Zingg, d’Armand Point, de Boudal ou encore de Charreton, il souligne l’importance de l’être dans
le monde. Ainsi, le château permet le développement d’une iconographie de l’infini et de la
grandeur, aux frontières du religieux.
Le travail archéologique et historique se trouve sans cesse confronté à cette conception
poétique et intellectualisée, presque sentimentale qui rend difficile l’appréhension objective d’un
lieu si fortement imprégné. Notre travail s’est d’abord concentré sur la somme documentaire faite
de tableaux, cartes postales et littératures pour tenter de restituer une image du château au-delà du
« paysage intérieur » cher aux littérateurs. Mais l’imagerie persiste, car elle est la mieux adaptée
aux sentiments, aux doutes et aux interrogations de ces époques.
Autre commentateur pictural du château et figure majeure de Murol, l’abbé Boudal a attiré
particulièrement notre attention. En l’absence de la liste d’ouvrages contenus dans sa bibliothèque
et de ses notes, de sa correspondance, il a été difficile d’évaluer l’étendue de ses connaissances
littéraires et esthétiques, de ses prédilections dans ses thèmes et ses motifs. Seul Philippe Auserve,
exégète du peintre a permis d’établir certaines affinités et comparaisons entre ses toiles et celles de
peintres majeurs. D’une manière générale, la culture artistique a joué un rôle capital dans la vie et
l’œuvre de Boudal qui a trouvé en elle une véritable source d’inspiration. Artiste isolé, il a pourtant
orienté son œuvre vers un art marqué par des emprunts thématiques et de nouveaux moyens
d’expression, ce qui nous a amené à nous interroger sur les courants artistiques de son époque et
leurs moyens de diffusion dans un pays réputé fermé et peu accessible. Grâce à l’abbé Boudal et à
son art fait de fusion plastique, Murol a pu connaître Murillo, Raphaël ou encore Le Greco auxquels
il a rendu hommage dans ses fresques de l’église de Murol. Le village s’est donc trouvé au centre de
confluences et de correspondances qui ont trouvé leur aboutissement dans l’école des peintres de
Murol à partir des années 1910.
L’œuvre de Léon Boudal qui restait jusqu’à présent une terre largement inconnue nous a
incité à aller plus loin et à porter un tout autre regard sur sa peinture, encombrée de l’étiquette
régionaliste. Après avoir découvert ses tenants et aboutissants, nous avons privilégié les
déchiffrages iconographiques qui ont fait pour une bonne part la mauvaise fortune d’une peinture
gratifiée par les uns de traditionnelle et par les autres de conservatrice. Libérée de ces préjugés, sa
peinture apparaît comme un impressionnant exemple de développements et de variations. Son art,
ramené à l’essence du paysage et de la figure humaine, en concentre la signification spirituelle : la
silhouette et le geste en appellent à l’esprit et à l’âme, à l’ailleurs et à l’au-delà.
La conférence prononcée le 24 juillet par M. le conservateur Philippe Auserve a permis de
dégager des horizons nouveaux et de révéler une unité tant au niveau de l’œuvre de ce prêtre, que
de ses idées philosophiques et religieuses. Ce qui fait le plus précieux de Boudal, à son acmé, ce
sont ces tableaux-icônes et ces fresques qui appellent une infinie contemplation et inaugurent un
style idéaliste et décoratif qui va marquer son langage de pictural, de la peinture de chevalet à la
peinture murale.
Le musée et ses collections ont prodigué de précieuses informations sur le contexte
artistique et l’émergence de l’école de Murol aux toiles parfois novatrices, qui mettent en avant les
vibrations de la lumière, les effets atmosphériques et les changements de couleurs, le sentiment de
la nature hérité des impressionnistes. La définition d’école obéit à une certaine unité concernant le
noyau initial formé par ces artistes qui prétendaient exprimer dans leurs œuvres des paysages de
nature saisis à Murol. L’inventaire s’est révélé difficile parce que lacunaire, le musée ne possédant
aucun dossier d’artistes et les œuvres n’étant pas toujours datées. Néanmoins, il apparaît que malgré
ces manques, les toiles défendent une conception souvent moderniste et synthétique de la peinture,
intégrant les mouvements d’avant-garde comme le Fauvisme et l’Expressionnisme, notamment dans
le cas de Terlikowski dont la crudité et la violence éclatent dans le portrait saisissant d’un boucher.
Dans les années 1900, Maurice Busset pratique le paysages à des fins symbolistes, établissant une
correspondance spirituelle entre le monde matériel et le monde invisible dans sa fameuse scène
d’enterrement quasi fantastique, enserrée dans un cadre sculpté Art Nouveau où l’évolution de la
nature est associée à l’évolution de la vie universelle. Quant à Armand Point, figure majeure du
Symbolisme, il donne dans les années vingt, une image du château noyé dans la neige, toujours en
proie à cette attitude recueillie devant la nature poétique et un univers complexe d’où surgit une
interrogation métaphysique. Notre étude a montré, que loin de n’être qu’une concentration
d’étiquettes éculées et d’images stéréotypées et réductrices, cette école de Murol attachante et
respectable, nourrie par des hommes et des courants venus d’ailleurs, échappait au radicalisme et au
systématisme de ce qu’il est convenu d’appeler avec dédain l’expression « régionalisme ». Après
avoir mis en lumière ses tenants et ses aboutissants, les futurs chercheurs pourront regarder d’un œil
neuf et original cette peinture dépouillée de ses poncifs pour n’en retenir que les aspects novateurs.
En multipliant les niveaux d’interprétation, nous espérons soulever des questions essentielles qui
touchent à cette école partagée entre une vision de la nature héritée de l’impressionnisme et une
teinte plus moderne, audacieuse, éclatante de brutalité (Sacha Finkelstein, Wladimir de
Terlikowski).
Parmi les différentes catégories d’artistes représentés, des peintres comme Alfred
Thèsonnier, Alphonse Simon ou encore Mario Pérouse sont suffisamment expressifs pour susciter
des études. Murol génère le rêve et l’imaginaire, on l’a vu, à travers son château, enveloppé
d’irréalité et de mystère, pourquoi un tel engouement ? Léon Boudal et ses amis ont su créer un
univers pictural unique qui correspond parfaitement aux Correspondances de Baudelaire où il décrit
les affinités existant entre les états d’âme et les aspects de la nature.
Recherche de réemplois.
Barbara Delamarre, Manon Craipeau.
Fig. 8
La recherche des réemplois a été limitée au vieux village de Murol ainsi que le hameau de
Chautignat. Quarante-deux bâtiments présentant des réemplois ont été actuellement repérés.
Dans un premier temps, les parties est et sud du bourg ont été systématiquement explorées, maison
par maison. Les éléments sont inventoriés, photographiés, mesurés, décrits, cartographiés et
archivés sur une base de données ; tout ceci dans le but d'établir à l’avenir des recoupements avec
les pièces manquantes du château.
L'observation a essentiellement porté sur l'extérieur des bâtiments. Les réemplois repérés sont
principalement des chaînages d'angle et des encadrements d'ouvertures. Pour les éléments de
construction, en particulier les moellons, les bouchardages ont été systématiquement éliminées.
Certaines pièces portent des moulures, notamment des linteaux à pinacles comme à Chautignat, une
pièce repérée sur les indications de M. Le Maire.
Parmi les pièces les plus remarquables, on peut noter :
• Le linteau gravé aux armes de la famille de Murol sur l'atelier de la rue du Pré-long.
• A Chautignat, un linteau de porte gravé de lettres gothiques et portant peut-être une
signature. Sur le même corps de bâtiment, une pierre ornée d'une croix gravée a été
réutilisée en linteau d'une petite ouverture en sous -pente.
• Une pierre gravée portant la date de 1788 symbolise et résume le pillage du château dès la
fin du XVIIIe siècle.
• Un bas relief sculpté dans la maison d’Estaing à Murol
La poursuite des enquêtes envisagées consistera tout d'abord à l'observation des façades urbaines
non encore étudiées mais également à une lecture plus précise des édifice repérés dans les rues
inventoriées, ceci afin de mener à bien une étude pierre à pierre. M. Le Maire a également indiqué
les lieux-dits de "La Chassagne" et les "Ballats". Puis nous élargirons aux hameaux aux alentours
du château.
La confrontation avec le cadastre Napoléonien de 1820 (fig. 7) antérieur au démembrement du
château apporte une plus grande précision : les constructions mentionnées sur ce cadastre présentent
curieusement des réemplois qui ne proviendraient pas du château. A l'inverse, les bâtis actuels non
mentionnés et postérieurs à ce cadastre devraient faciliter la recherche très probable de réemplois
provenant effectivement du château.
Étude des fresques.
Aurore David, Barbara Delamarre, Isabelle Frah, Blandine Winckler.
Le premier inventaire systématique des décors peints du château a été réalisé en divers secteurs qui
sont successivement rappelés :
1. Dans le pavillon « du cardinal » ont été mis en évidence des traces de pigments sur les murs,
dans l’embrasure des baies et des passages. Des décors restent visibles sur différents
éléments de la cheminée.
2. L’oratoire du cardinal présente également des traces très résiduelles de pigment.
3. Les chapelles recèlent des traces peintes très résiduelles principalement dans les embrasures
des baies, une niche, l’enfeu et l’arc triomphal des deux absides. Une stratigraphie reste
visible sur les intrados de la baie sud de la chapelle romane : un fragment de fresque
Renaissance recouvre une couche plus ancienne. L’emploi de rouge et de jaune dans le
pavillon Renaissance pourrait s’apparenter aux couleurs observées dans la chapelle. Le seul
motif conservé qui permet une reconstitution du décor, est peint sur l’arcade de
communication entre les deux chapelles présentant un décor rouge et jaune posé sur un
enduit très fin.
4. Pour toute la haute cour, les fresques conservées présentent des décors très variés.
A part à de notables exceptions, elles sont principalement conservées dans les niveaux des logis
(niveau 1 intermédiaire, niveau 1, niveau 2 intermédiaire et niveau 2) et de la tour d’escalier sud.
Les cheminées, les baies et les portes présentent les traces de décors les plus importantes. Il peut
s'agir de localisations privilégiées ou de zones plus protégées, vestiges d'une décoration qui, à
l’origine, était peinte sur l’ensemble des pièces.
Le répertoire des motifs souligne l’emploi constant d’un décor de faux appareil dans les
encadrements des portes, des baies, des niches dans les pièces à vivre : tour du Chautignat
(chambre, trésorerie), salle dite des prisonnières et tour effondrée.
Dans la tour sclalarifére sud, un décor de classique borde portes et fenêtres. On le retrouve très
partiellement dans le réduit de la salle dite des prisonnières et dans les passages vers la tour
effondrée sud.
La salle dite « des prisonnières » présente, quant à elle, une unité stylistique bien conservée : les
ornements sont dispersés et organisés par registres divers allant du cartouche aux décors
géométriques, déployant une luxuriance de motifs végétaux, floraux et animaliers encore visibles.
Le traitement esthétique et la chromatologie est identique : la recherche de volume caractérise tous
les éléments décoratifs de la tour d’escalier, de la salle des prisonnières et du linteau de cheminée
peint déposé dans la salle de l’Hommage. La gamme chromatique des décors est très large, du rouge
vermillon au vert, en passant par du bleu à des nuances de gris fumée, de noir et de jaune.
Il apparaît que la stratigraphie des enduits est complexe, il semble possible néanmoins d’en préciser
quelques éléments :
• Dans la tour d’escalier sud (n°14), l’enduit de style néo-classique est recouvert d’un épais
mortier blanc abondamment recouvert de graffitis.
• La salle dite des « prisonnières » présente des traces superposées d’enduit dont il reste à
préciser et confirmer la stratigraphie par étude approfondie (2 ou 3 enduits superposés).
L’enduit aux décors les mieux conservés recouvre un enduit primitif dont ne subsistent que
quelques traces (présence de pigments rouge).
• Le décor en faux appareil est recouvert du décor bien conservé en cartouche incisé d’un
graffiti portant la date de 1783. Cependant, il n’est pas encore possible de déterminer si le
faux appareil été seulement repeint ou s’il a fait l’objet d’un ré-enduit.
• Le décor de lettrage gothique de la salle 34 est recouvert de plusieurs couches de badigeon
au lait de chaux altérées par des restaurations tardives dont celles des années 1980.
Afin d’établir la chronologie des décors peints du château, il faut approfondir l’étude stylistique des
fresques en les confrontant aux étapes de construction du château tout en les comparant à des
éléments dûment référencés des décors peints des périodes modernes. Cette campagne d’inventaire,
en fonction des résultats de laboratoire et des études stylistiques, doit être poursuivie sur le terrain,
en particulier sur les parties difficiles d’accès du château.
Patrimoine fragile et sensible, les vestiges peints du château ne sont observables que sous la
forme de fragments et de graffitis dont les restaurations doivent prendre en compte l’urgence.
Prospection des enceintes extérieures secteur sud -est
Jeanne Bréard, Aurore David, Delphine Durand, Joachim le Bomin, Elza Pichon, Zhen When
Le relevé systématique photographique et topographique, mené par l'équipe de prospection a permis
de mieux connaître les abords directs du château.
Au pied de la muraille extérieure sud-est et des abords directs du château ont été observés des
aménagements en terrasse sur la pente en contrebas de l'enceinte. Ce versant s'est révélé recouvert
de nombreux détritus et d'éboulis, liés à un colluvionnement. La création récente d’un chemin de
service est à l’origine d’une série de longues coupes transversales allant du l'ouest vers l'est, puis du
nord au sud (fig.10). Un premier ramassage du mobilier archéologique en surface a été effectué
avant de nettoyer la coupe en plusieurs « fenêtres ». Ainsi trois unités stratigraphiques ont pu être
proposées.
• L' US CP 1 surface sur laquelle ont été trouvées des céramiques allant de l'époque médiévale
jusqu'au XXe siècle.
• L'US CP 2 est caractérisée sur une coupe verticale par la présence de mobilier allant du XIe
siècle à l'époque moderne
• l'US CP 3 situé au pied de la coupe où a été retrouvée des tessons de céramique
carolingienne (fig. 9) jusqu'au XIIe-XIIIe siècles.
Le matériel collecté est composé d’une cinquantaine de fragments, il a été nettoyé et étudié afin de
proposer différentes phases d'occupations des alentours du château. Des comparaisons avec
plusieurs sites médiévaux référence ont permis de préciser la chronologie.
Plusieurs phases céramiques sont ainsi définies (fig. 9-10) :
Phase A : la céramique du IX-XIe siècle présente une pâte claire, fine, rugueuse, et pour une petite
dizaine d'entre elles, un décor à la molette8. Montée au tour, les formes sont des coupes, des
éléments de pots et de cruches. Un parallèle à pu être établi avec la céramique du site d'Olby, à 30
km au nord de Murol, fouillé par Sébastien Gaime, ainsi qu'avec le site de Sindou dans le Lot.
8 Allios Dominique, Le vilain et son pot, PUR, Rennes, 2004, Gaimes Sébastien, Rouger, Eric, Gauthier Fabrice et alli « De la nécropole à la motte castrale : l’exemple du site d’Olby (Puy-de-Dôme). Premières données de fouilles », Archéologie médiévale, T 29, 1999, pp. 69-98. Guyon Stéphane, la céramique médiévale en basse Auvergne, Thèse de troisième cycle, 2 vol, 2003, EHESS
Phase B : la céramique des X et XIe siècles présente aussi des analogies avec les sites d'Olby et de
Vindrac dans le Tarn. C'est une céramique à pâte sombre, voire noire, granuleuse, à dégraissant
assez grossier. Il s’agit de pots à cuisson, de cruches à bec ponté et peut-être un fragment de trompe
d’appel.
Phase C : les céramique du XII au XIIIe siècle sont toutes à pâte claire tirant sur le rougeâtre, ainsi
qu'un dégraissant assez fin. Le tour du potier y a laissé des traces. C'est la céramique la plus
abondante du secteur sud-est. Il semblerait que les formes retrouvées s'apparentent à de la vaisselle
de table ou de cuisine, à l’instar d'un bec verseur ou d'anse d'un vase de stockage.
Phase D : du XIII au XVe siècle, caractérisée par la céramique dite à glaçure plombifère (badigeon
au plomb), avec un décor de cordelette ; elles sont plus rares.
Phase F : allant approximativement du XVIe au XXe, ces céramiques sont vernissées ou en faïence,
à pâte fine et homogène avec très peu de dégraissant.
Grâce à ces ramassages, on peut constater la présence plus que probable d'une occupation à
l'époque carolingienne, qui perdure par la suite plusieurs siècles. Située sur les flancs sud et est et
bénéficiant de ressources en eau ces constats autorisent l’hypothèse de la présence d’un village
ancien.
Ces constats impliquent pour les opérations futures le nettoyage systématique de la coupe crée par
le tracé du chemin et des sondages préalables à une fouille en aire ouverte sur tout le flanc sud de la
colline.
Suivi des travaux des courtines et de la tour de Chautignat.
Fig. 23
Elsa Pichon et Joachim Le Bonim.
Sur la terrasse actuelle de la tour Chautignat, les ouvriers des Monuments Historiques ont
déposé les sacs de blocs de pierre utilisés pour la restauration des courtines interdisant nos
investigations. Cependant, un nettoyage périphérique a pu être effectué sur plusieurs endroits
comme l’indique le schéma ci joint :
Secteur 1) - plusieurs mètres au nord-est du conduit d'évacuation des fumées de cheminée. De la
première bouche d'évacuation des eaux de pluie à la seconde ;
Secteur 2) - 1, 50 m à l'est de ce conduit ;
Secteur 3) – à l'ouest de la tour de l'escalier, jusqu'à la bouche d'évacuation des eaux de pluie
(fig 23).
Le nettoyage de chaque secteur permet de révéler l'existence d'un négatif de rigole qui courait sur
toute la périphérie de la tour. Des coupes, au 1/10, de la rigole ainsi que celles des bouches
d’évacuation d’eau, ont été dessinées tous les 50 cm. Le mortier blanc faisant office de pose pour la
gouttière a été prélevé (US TC 1). Cette strate n'est pas liée au parement extérieur.
Au nord-est la cheminée et la première bouche d'évacuation des eaux de pluie, un sondage a été
réalisé en cassant la couche de pose de la gouttière. Une couche (US TC 2) de quelques cailloux liés
par du sable et de la terre est alors apparue. Elle n'est pas liée au parement extérieur. Ce liant a été
prélevé et paraît ressembler à celui, prélevé dans l'US C3-2 de la courtine en C3 (blocage de la
muraille).
Au niveau du sondage, l'US TC 1 se situe à 60 cm du sommet du mur extérieur, l'US TC 2 à 76 cm.
On note que le diamètre de la bouche d'évacuation des eaux de pluie mesure environ 20 cm.
Ce sondage permet de confirmer que les couches observées sont postérieures au parement de la
tour. Aucune datation ne peut pas encore être formulée, mais les analyses du mortier et du liant de
terre et de sable pourront peut-être apporter des précisions. De plus, comparer ces analyses à celles
des prélèvements effectués sur la courtine (en C3, voir infra) permettra de vérifier leur
contemporanéité.
La présence d'une rigole d'évacuation des eaux de pluie pose la question du couronnement de la
partie sommitale de la tour Chautignat. En effet, il paraît plus vraisemblable de supposer l'existence
d'une terrasse plutôt que d'une toiture. Sur la tour, aucun indice de récupération des eaux n'a été
observé.
Les courtines.
C3 (fig24-25).
Un sondage a été effectué sur la courtine sud, en C3, au niveau d’un décrochement du mur (indiqué
sur le plan général). Réalisé sur 1 x 0,75m, il s’agissait d’atteindre le blocage de la muraille et de la
partie supérieure des murs en élévation.
Deux unités stratigraphiques ont été repérées :
- l’US C3 1, est constituée de blocs de pierres équarris et de cailloux, liés par du mortier
composé de sable et d'inclusions de pierres volcaniques. Elle a fait l’objet de deux prélèvements (Pr
1 et 2). Cette couche était liée aux murs en élévation. (Photographies et fiches techniques réalisées).
- l’US C3 2 est composée de blocs de pierres et de cailloutis liés par de la terre et du sable de
rivière dont un prélèvement a également été effectué (Pr C3 1). Il s’agit probablement ici du
blocage de la muraille car il n’y avait plus de mortier. Les pierres n’étaient pas liées aux murs des
courtines dont la base repose à ce niveau. Deux coupes ont été dessinées (voir illustration).
L'élévation nord, du fond du sondage jusqu'au haut du mur, mesure 180 cm. Celle du côté
sud correspond à une dénivelée de 215 cm. On peut conclure que le blocage de la muraille (US C3
2) est antérieur aux murs des courtines (US C3 1), ceux ci étant liés au radier du dallage de la
courtine ('US C3 1).
Note : L'élévation nommée EI 3 comporte trois gargouilles ou évacuations dont une (celle
du milieu) n'est pas indiquée sur le plan et ne fait pas partie du programme de restauration. Elle se
situe à un niveau inférieur des deux autres. Il parait s’agir d’un niveau antérieur de circulation qui a
été surélevé lors de la pose des échauguettes. Or, la rapidité des travaux n’a pas permis une étude
poussée de cet ancien niveau de circulation ancien et les mesures topographiques, en particulier les
prises d'altitudes réelle n'ont pu être effectuées.
C10
Le 18 juillet, les ouvriers des monuments historiques ont retiré le matériel entreposé sur la courtine
au secteur C10, ce qui a permis de révéler que des niveaux de construction se situant au niveau de
l’angle de la tour Chautignat et de sa tour d’escalier ont été épargnés.
D’une longueur de 210 cm et d’une largeur de 90 cm au niveau du haut de la tour d’escalier, ces
niveaux sont en pente. L’épaisseur totale de l’ensemble des couches (au dessus du niveau conservé
par les ouvriers sur l’ensemble de la courtine) est de 35 cm, la dernière unité stratigraphique (US
C10 3) faisant 15 cm
Quatre strates ont été aisément repérées, du haut vers le bas :
• US C 10 1 Un niveau de mortier blanc, collé aux deux élévations (parapet intérieur et tours)
de 10 cm d’épaisseur, il est conservé sur 171 cm de longueur.
• US C 10 2 Un second niveau de mortier blanc antérieur. Seulement une petite partie est
visible, quelques pierres semblent y être intégrées et une seconde partie se situe plus en
profondeur. Celui-ci est également collé aux deux élévations. Comme le précédent, il fait
environ 10 cm d’épaisseur.
• US C 10 3 Un pavement constitué de blocs épais de 15 cm. Celui-ci est peu lisible étant
recouvert d’une très fine couche de mortier d’aplanissement. Seule la coupe est alors visible,
bien que des restes de mortier de la couche suivante (US C 10 4) adhèrent aux pierres. On
constate cependant que ce pavement plonge sous les couches précédentes de mortier (US C
10 1 et 2) en suivant une pente inverse. Il faut remarquer que ce niveau de construction est
lié au parapet intérieur et non à la tour. En effet, un espace de quelques centimètres (environ
5 cm) est comblé de terre qui a été prélevée (US C 10 3 Pr1). Il est probable que ce
pavement constitue le dallage d’origine de la courtine mais, malheureusement, aucun
sondage n’a pu être effectué sous celui-ci en raison de la célérité des travaux.
• US C 10 4 est une couche de mortier gris qui coupe le dallage (US C 10 3). Il fait une
épaisseur d'environ 15 cm. Il est probable que celui-ci était antérieur aux autres couches de
mortier car elles devaient se situer stratigraphiquement au dessus. Comme pour le dallage,
ce niveau n’était pas associé à l’élévation de la tour.
L’ensemble de ces niveaux se situe dans une même phase de construction de la tour Chautignat qui
parait avoir été terminé au niveau de la première couche de mortier visible (US C 10 1) (fig. 23).
Une coupe de la stratification a été dessinée, ainsi que celle du parapet intérieur, appartenant à une
phase de construction ultérieure.
Il est faut noter que le dallage découvert n’a pas pu être étudié plus en profondeur. En effet, les
ouvriers des Monuments Historiques ont rapidement recouvert l’ensemble des couches de
construction d’une chape de béton, à l’image de l’ensemble de la courtine afin d’installer le
nouveau dallage. Ce rapide sondage permet de distinguer plusieurs phases de dallage des courtines
dont le plus ancien est constitué d’un parement de blocs épais. Postérieur à la tour de Chautignat, il
doit remonter à la campagne de surhaussement des courtines, postérieures au XIVe siècle.
Les chapelles du Château.
Serge Robert, Aurélie Guesdon. Fig. 14 à 22
Les deux chapelles du château de Murol sont évoquées, pour nombre de descriptions de la
forteresse comme une curiosité, voire une des spécificités les plus inattendues de cet ensemble
monumental. Une équipe de quatre chercheurs a tenté, en quelques semaines, d’en étudier les
particularités, de réunir toutes les informations résultant d’un véritable décryptage des vestiges
monumentaux, d’imaginer les recherches archéologiques qu’impose une connaissance exhaustive
de cette partie singulière du château de Murol.
Dans cette perspective, et limitant rigoureusement cette première approche à des
observations particulièrement attentives, mais respectant rigoureusement les structures et les
artéfacts en place, quatre secteurs ont été privilégiés :
- la chapelle romane, dite chapelle sud
- la chapelle sépulcrale, dite chapelle nord,
- les chevets de ces deux édifices et leur environnement,
- le petit bâtiment édifié entre le pavillon Renaissance et les deux chapelles .
1 – Chapelle romane. (fig.15)
Ce bâtiment parait indiscutablement l’édifice cultuel le plus ancien du château. Comme l’ensemble
des constructions de cette zone, il a fait l’objet de très importantes restaurations dont quelques cli-
chés, antérieurs aux interventions du début du XIXe siècle, nous permettent d’en mesurer l’ampleur.
L’étude systématique des sols résiduels autorise seulement divers constats : à la verticale du seuil
méridional actuel, des traces d’occupations, et de dallages confirment tant l’antériorité de cette en-
trée latérale à la nef que les remaniements des sols de cette chapelle dont le palier extérieur a été
aménagé en fonction des marches de l’escalier contemporain.
La stratigraphie des sols de cette chapelle révèle la superposition de dallages, de couches de
terre rougeâtre,, dont les sols probables ne coïncident que peu avec les fondations des murs
gouttereaux..
L’examen attentif et la couverture photographique intégrale de ces murs permettent
d’évaluer les transformations réalisées lors des premières restaurations : les murs nord et sud de la
nef ont été surélevés pour recevoir les reins de la voûte en plein cintre, correspondant à un arc
triomphal dont certains crépis pourraient être interprétés comme les témoins décoratifs des premiers
siècles de cet édifice.
L’abside de cette chapelle présente un sol dallé, de facture vraisemblablement récente mais
dont certains joints, à la périphérie semi circulaire du mur absidial, rappellent un ancien sol,
confirmant ainsi la surélévation de cette partie orientale du bâtiment éclairée par trois fenêtres. La
plus méridionale présente des traces de reconstruction partielle qui correspondent à l’édification du
bâtiment annexe évoqué au titre 4 de ce rapport.
- 2 – La chapelle sépulcrale (fig.14)
Construit en parallèle avec l’édifice roman, ce bâtiment a été initialement conçu pour
recevoir le tombeau du seigneur de Murol, Guillaume de Sam, innovant ainsi dans la tradition
funéraire de ses ancêtres. Les devis et descriptions à l’origine des restaurations/reconstructions de la
première décennie du XIXe siècle confirment l’importance de ces interventions dont on peut
discerner aisément les traces, la encore grâce à une étude descriptive des élévations. La
reconstitution du voûtage fut limitée à l’abside, conservant le tracé de l’arc triomphal et les
fondements des trois fenêtres. Le déblaiement du sol absidial a révélé la superposition des sols
anciens, mais là encore les traces de jointement confirment la présence d’un sol dallé posé sur du
substrat de stabilisation qui, lui-même, semble correspondre à une strate initiale. Ce niveau ancien
confirme, comme dans la chapelle sud, le souci de surélever le sol absidial au dessus du niveau de la
nef. En l’absence de voûtage de cette partie méridionale de cette chapelle, les intempéries de ces
derniers siècles ont dégradé tant le sol que les deux cryptes, la plus septentrionale ayant perdu une
partie de sa voûte, tandis que la crypte funéraire du seigneur Guillaume, vraisemblablement pillée
dès le XVIIe siècle, a été récemment à nouveau vandalisée.
Une intervention archéologique implique l’enlèvement d’un volume considérable de
déblais, l’examen minutieux des vestiges d’inhumation et la tentative de reconstituer quelques-uns
des squelettes à partir des ossements humains dispersés par les pilleurs de cette nécropole
seigneuriale. L’étude des bases des piliers soutenant l’arcade en plein cintre assurant la circulation
entre les deux chapelles, a permis de confirmer l’existence d’un sol contemporain de l’édification
de cette chapelle sépulcrale. Les traces de peintures relevées sur l’intrados de cette arcature
semblent bien correspondre à la profusion d’un décor généralisé sur les crépis de la totalité des
surfaces de ces deux édifices, lors de la construction de la chapelle nord. Et en conséquence, les
relevés d’autres traces de décor ou de simples crépis peints sur d’autres emplacements de ces deux
chapelles permettent de suggérer les thèmes privilégiés de ces décors, aussi bien que la chronologie
de leur mise en place.
- 3 – Façades extérieures et chevets des deux chapelles.
Le mur gouttereau méridional de la chapelle sud présente une porte dont le seuil a été aménagé lors
de la réalisation récente du grand escalier d’accès au château. Cette porte semble toutefois ancienne,
vraisemblablement intégrée à la première construction. Sur la façade occidentale, la trace de l’en-
trée aujourd’hui bouchée est parfaitement visible, correspondant dans la nef à une galerie surélevée,
privilège aristocratique habituel. Ce passage pourrait être associé, au pied du donjon, aux indices
d’un ancien passage, qui indiquerait la possibilité d’un accès direct de la chapelle romane à l’étage
inférieur de cette tour.
Les deux chevets des chapelles présentent une remarquable configuration identique. Tous deux ont
été édifiés sur une plate forme arasée, la base des murs semi circulaires présentant une première
construction sur laquelle l’abside elle-même a été édifiée en retrait, la partie méridionale du chevet
sud ayant servi plus tard à contrebuter le bâtiment associé au pavillon Renaissance. Le chevet de la
chapelle sépulcrale a été accolé au chevet roman, en utilisant le mur gouttereau nord de la première
chapelle. Les parties supérieures de ces deux chevets ont été entièrement remaniées lors de la res-
tauration du début du XIXe siècle, la totalité des sculptures des parties sommitales ayant été soit
laissée en place soit reconstitués à l’identique, en particulier pour les modillons à copeaux, témoins
différenciés dans leur réalisation en fonction de leur mises en place
- 4 – La construction intermédiaire entre les chapelles et le pavillon Renaissance.
L’examen de la fenêtre méridionale de la chapelle romane confirme au moins une réhabilitation de
cette ouverture à l’époque au cours de laquelle un bâtiment fut édifié entre la façade sud du pavillon
Renaissance et cette chapelle. Cet édifice, très étroit, pourrait bien correspondre au souci d’assurer
la sécurité linéaire entre le pavillon et l’enceinte nord du château. Contemporain de la terrasse éle-
vée au nord de ce pavillon, ce passage devait réunir sur deux, et vraisemblablement trois étages, les
appartements supérieurs de ce pavillon et, pour l’un d’entre eux, la chapelle romane. Accessible dé-
sormais seulement par la petite fenêtre précédemment évoquée, ce passage permet de constater la
rénovation de l’extérieur de la partie méridionale du chevet de la chapelle, le revêtement des murs
de ce passage, dont le sol était soigneusement recouvert de petites tomettes, le mur nord percé de
plusieurs fenêtres de tir, la partie orientale présentant au nord un petit oratoire voûté, tandis qu’une
porte au sud donnait accès au premier étage du pavillon Renaissance.
Il nous parait prioritaire de rappeler que toutes ces observations ont été effectuées à partir du seul
déblaiement de surface sans aucun décapage en profondeur. Les parois intérieures tant
qu’extérieures des bâtiments ont été soigneusement inventoriées, dessinées et photographiées, afin
d’y déceler les moindres indices de construction, et pour les parties hautes, essentiellement, des
multiples reprises et restaurations. Il est toutefois évident que, quelle que soit l’attention des
chercheurs, bien des informations et des indices essentiels ne peuvent être recueillis qu’à la suite de
fouilles stratigraphiques exhaustives présentées dans le programme de recherches futur, afin de
poursuivre l’enquête sur ces chapelles permettant la mise en œuvre de toutes les investigations
initiées par cette première approche descriptive
Enceinte extérieure du château.
Fig. 26Cette première phase exploratoire fournit de précieuses informations quant à l’observation
systématique de toute l’enceinte extérieure du château. Décrite, mesurée et photographiée, elle fait
l’objet d’une documentation inédite, permet de déterminer l’état des constructions, de les
caractériser et de proposer une chronologie relative.
Une nouvelle nomenclature de cette enceinte a été définie : des sections allant de A à J ont été
déterminées sur le plan topographique en allant de l’est vers l’ouest. Elle recense murailles, tours,
bastions et terrasses. Une description linéaire associée à un cahier photographique est suivie d’une
synthèse des observations, des problématiques et des recherches futures.
Description linéaire de l’enceinte extérieure.
L'entrée et la face sud
La muraille A présente de nombreux aménagements et reprises, il est probable qu’elle corresponde,
comme le supposait Michel du Algouët, à une ancienne entrée. Réalisée en gros appareil irrégulier
elle présente des réemplois dont un mouluré. La tour A, ajoutée ultérieurement fut équipée de deux
ouvertures de tir, aménagées à l’angle sud-ouest couvrant le même angle de tir. L’état général de la
tour est médiocre.
Le mur B se divise en deux niveaux : en partie basse, une assise débordante qui s’interrompt avant
l’angle sud-ouest, la partie haute du mur porte diverses traces de restauration dont une récente,
circulaire, et surprenante et le chaînage d’angle ouest-est également perturbé en partie inférieure.
La porte actuelle est le fruit d’une reconstruction avec une réutilisation de l’appareil caractéristique
de la Renaissance. Une demi-archère, les disjointements de la partie inférieure de l’angle sud et
l’irrégularité de l’intrados de l’arcade sont autant d’ indices.
Les murailles bastionnées
La section C, en blocs de basalte équarris, présente les traces de diverses campagnes de
construction et d’adapatations. L’angle est marqué par une ouverture de tir sous deux ouvertures
rectangulaires elles-mêmes couronnées par une échauguette circulaire. Cette dernière semble
remaniée comme l’indique la présence de deux appareils juxtaposés. Celui situé à l’ouest, est de
taille régulière et plus importante. Celui situé dans la partie est, plus petit et irrégulier. Ses cinq
pierres en saillie et des trous de boulin qui donnent sur l’intérieur de l’enceinte actuelle indiquent
un aménagement en attente.
La muraille C présente trois campagnes de construction :
1) de la partie basse à mi hauteur
2) de la mi hauteur au dernier quart supérieur
3) le couronnement.
Les restaurations sont visibles sous la forme de rejointoiements, un sur la partie est observable à
partir de la base et perceptible en diagonale jusqu'à l’échauguette.
Le bastion C montre quatre bouches à feux situées à mi-hauteur sur la partie sud. L’appareil est
régulier, de taille homogène, avec un glacis en pierres de tailles sur l’éperon. Sa construction est
homogène : par coffrage de cinq assises superposées (d’environ 80 cm de haut). Les ouvertures sont
composées de pierres de taille surmontées d’arcs de décharge rapidement exécutés. Les chaînages
font l’objet d’un traitement particulièrement soigné : composé de moyen appareil, il suivent une
pente de 89°. On constate quatre ouvertures de tir dont deux sont bouchées et une porte sur la partie
nord.
La muraille D, partiellement visible et très abîmée est recouverte d’une végétation dense qui a
probablement provoqué les éboulements des parements externes. L’appareil semble régulier en
partie basse et n’est pas visible en partie haute.
La muraille E est la plus étroite et la plus basse de toute l’enceinte. La végétation, très dense en
partie haute a provoqué des éboulis disséminés à la base, tandis que des infiltrations d’eau sont
visibles. L’intérieur du mur, largement lézardé, présente un blocage en moellons lié par un mortier
de chaux. Le mortier sableux de ce blocage a été prélevé (PR E1).
Ce mur soulève de nombreuses questions, en particulier sur sa vulnérabilité ; il pourrait
correspondre à un aménagement de fortune, palliant l’emplacement d’un bastion projeté ou détruit
qui prendrait logiquement position pour défendre l’axe ouest.
La muraille F, en moyen appareil est aussi couverte par la végétation et présente un état médiocre
de conservation. Son inclinaison est de 89°.
Le bastion F (fig. 27) offre un plan en deux parties identique au bastion G : une salle rectangulaire
contre la muraille avec une saillie en pointe sur l’axe. La construction est partiellement restaurée
dans sa partie basse par des travaux rapides de rejointement au ciment. Le couronnement et la partie
intérieure sont très altérés et recouverts de ciment disloqué. La face sud ouest a été édifiée en
incluant cinq ouvertures dans la partie basse qui se déclinent du nord au sud : une bouche à feux,
une porte, une baie et deux bouches à feux dont une est obturée par un mur de pierres monté sans
mortier à l’intérieur de la chambre de tir (lors de restaurations récentes). Une seule ouverture
subsiste sur la partie haute. Sur le flanc est, deux ouvertures de tir se situent en partie basse, deux en
partie haute. Le chaînage d’angle de la pointe est altéré en partie supérieure il présente une pente de
84°, les murs des flancs se situent à 88°. Les murs épais de 2m à la base diminuent vers le haut (1,
80m) tout en étant incliné à 90° vers l’intérieur.
L’intérieur de ce bastion est recouvert par l’amoncellement de pierres éboulées des murs de la tour.
Aucun accès ne semble visible vers l’enceinte intérieure. Sur le mur sud (en continuité de F), deux
niveaux sont visibles en élévation.
Des éléments de construction sont visibles en contrebas de la section D et E dont une construction
circulaire d’environ 1 m 50 de diamètre sur 1 m de hauteur. Plus haut, des portions de murs en petit
appareil maçonné, restent visibles sur une hauteur d’environ 50 cm à 1 m. Ces murets longent un
chemin empierré menant au château, vers la tour F.
Mur G
Des trous de boulin, visibles au niveau inférieur, indiquent que le mur est en partie enterré sous les
éboulis. L’appareil est homogène mais la végétation en couvre une grande partie, des arbres
poussent dans les élévations. Sa pente est de 89°
Bastion G
Jumeau de F, il est plus endommagé. L’intérieur est encombré par les gravats et les éboulis des
murs. Le niveau des chambres de tir basses est quasiment recouvert. De même, l’appareil du flanc
sud est hétérogène et les jointoiements sont dégradés.
La face sud ouest possède six ouvertures en partie basse : trois bouches à feux, une ouverture carrée
de tir et une porte. L’entrée avait été édifiée grâce à l’insertion de deux blocs actuellement
endommagés qui sont situés à mi hauteur, véritables montants qui resserrent le passage. Sur la partie
haute, deux ouvertures de tir sont conservées. La face nord possède trois ouvertures de tir en partie
basse et deux en partie haute.
Mur H
La végétation est dense et a endommagé sérieusement le mur. Deux niveaux d’appareil sont
visibles, le plus ancien partant en diagonale de l’’est vers l’ouest. Les trous de boulin situés au ras
du sol actuel permettent de penser, comme pour le bastion, que le niveau du sol est surélevé. Ce mur
ne possède aucune ouverture.
Mur I
Le chaînage d’angle est constitué en gros appareil de taille paraissant identique au mur H. Une
échauguette sculptée sur les tores surplombant le chaînage d’angle, très endommagée est un
précieux indicateur chronologique. Ce mur ferme la pièce souterraine la « poudrière » (décrite plus
loin), une ouverture rectangulaire est à demi enterrée en partie basse sur la face sud. Cette
échauguette est totalement disloquée et mérite une dépose pour son étude et sa restauration.
Mur J
Deux appareils sont identifiables sur la partie inférieure et supérieure de ce mur. Le chaînage de
l’angle ouest est continu sur le niveau supérieur et à l’intersection des murs J et L. Une ouverture,
en partie basse communique avec la poudrière. Deux phases chronologiques sont alors discernables,
la partie basse est associées aux les terrasses L et M alors que la partie supérieure des murs et le
chaînage d'angle sont liés au mur K. Il s'agit du point de rencontre de deux phases de constructions,
celles des terrasses et des bastions.
Mur K
La partie inférieure du mur est construite par accumulation de grands blocs irréguliers, la partie
supérieure très abimée, présente des blocs de moyen et petit appareil. Sa largeur est inférieure aux
autres constructions de l’enceinte extérieure sa façade est quasiment verticale (à 90°). Une porte
murée en arc plein cintre est flanquée au nord par une ouverture de tir et une fente d’écalairage ou
de visée. Le champ de tir couvre toute la muraille L en direction de l'est. Cette porte obturée
permettait la communication entre la terrasse formée par les murs M et L et une construction
rectangulaire totalement recouverte par la végétation actuelle et donc dans un très mauvais état. Il
pourrait s’agir d’une barbacane.
Les terrasses
La terrasse nord est composée de deux murs L à l’ouest et M au nord. La partie est abimée et les
murs de soutènement sont soit effondrés soit recouverts d’éboulis et de colluvions.
Mur L
Des éboulis font apparaître un blocage de moellons. Le parement est très altéré, le chaînage d’angle
avec M est aussi partiellement démoli.
Mur M
L’appareil est disparate : après le chaînage d’angle, l’appareil est régulier, avec une rupture dans
l’appareil au centre, enfin le mur semble inachevé ou détruit vers l’ouest.
Mur N
Ce long mur présente de nombreuses réfections et son état est relativement bon, surtout dans la
partie est. Au centre on distingue une ouverture murée ou un arc de décharge qui correspond à un
remaniement récent du mur. Des trous de boulins sont visibles au ras du sol et indiquent un niveau
de circulation ancien plus profond. Sur sa partie est, une ouverture murée est aisément identifiée,
dont l’appareil paraît identique à celui du mur K. Ce passage marque une limite entre deux
appareils, dont un chaînage sur le côté ouest. Enfin, une réfection contemporaine court à la base du
mur nord sur sa partie orientale.
Il est fort probable que les terrasses qui couvrent tout le côté nord aient été prolongées jusqu'à
l'angle nord est de l'enceinte, comme l'indiquent la présence de vestiges de murs sur les pentes le
long du mur N. Cet aménagement est contemporain du grand mur est, des terrasses situées au pied
du pavillon Renaissance et au pied des chapelles.
La face est
La Tour NO
Cette tour est strictement identique à la tour A, plus abimée. La base, en éperon, est surmontée par
une tour circulaire dont le couronnement à disparu.
Une partie de la base est enterrée, comme l'attestent les trous de boulin au ras du sol et d'un
décrochement du mur. Le chaînage d’angle en grand appareil est endommagé par la végétation. La
présence d'un petit mur sur le côté nord de l'éperon indique un aménagement en terrasses.
Le niveau supérieur de la tour est déterminé par une corniche présentant de larges ouvertures vers
l'est et sur à l'ouest en direction du pavillon Renaissance. Au niveau supérieur, deux ouvertures de
tir couvrent le mur N. Sur la façade ouest une ouverture de tir est rendue inutile par les quatre
contreforts du mur O.
Mur O
Incliné à 84°, il court sur toute la face est de l'enceinte extérieure et domine les pentes du château
qui sont dégradées par un fort ravinement ce qui entraîne une sape des partie basses de ce mur.
Quatre contreforts le soutiennent, dont trois sont anciens. L'état général de l'ensemble est correct,
des restaurations ont été effectuées sur la partie sud (en particulier les campagnes de 1929 et surtout
de 1968). Les quatre contreforts présentent des différences, en particulier dans la construction des
bases. Par exemple, le premier contrefort sud est terminé par une partie arrondie alors que le second
contrefort est à angle droit. Le troisième est entièrement réalisé en pierre de taille. Le couronnement
de ce mur à disparu, par endroits, on distingue une moulure et des corbeaux sur le mur et les
contreforts sud ainsi que des corbeaux à la base d’une échauguette ou de mâchicoulis.
Au pied de ce mur de nombreux vestiges de murets et de constructions indiquent la présence d'un
aménagement disparu en terrasses.
Tour A
Identique à la tour NO, elle présente une base orientale en éperon, dont l'état est assez bien
conservé, la partie supérieure, est soulignée par une corniche, mais aujourd’hui arasée. Elle est
couverte d’une terrasse cimentée. Construite en continuité avec le mur O sur sa partie occidentale,
difficile d'accès et couverte par la végétation, on distingue nettement l'accrochage avec le mur A qui
lui est antérieur.
En fonction de ces observations liminaires on peut relever plusieurs constats : certains secteurs sont
difficilement observables par endroit en raison de la densité de la végétation. L’état de conservation
est très mauvais sur tout le côté ouest et nord et impose des réparations d’urgence. Un aménagement
(déboisement, débroussaillage) permettrait de mettre en valeur toutes ces murailles qui constituent
un ensemble remarquable et font partie intégrante de la forteresse. La stabilisation des terrains sur
les côté est, nord est et ouest par la réalisation des terrasses qui paraît très urgente lors des futurs
travaux de sauvegarde.
Les secteurs allant de F à M et les bastions sont très dégradés et nécessitent des travaux urgents.
Nous distinguons trois ensembles de construction successifs de l’enceinte extérieure : (fig. 26)
1. Les murs de terrasses sud et l’actuelle porte d’entrée sur le côté ouest
2. Le système des terrasses et de la porte d’entrée sur le côté nord
3. Le système bastionné couvrant toute la face ouest.
Pour les investigations archéologiques a venir, les études doivent être concentrées dans une
première phase aux relevés systématiques des ouvertures de tir, des dégagements mais également
aux nettoyages aux pieds des murailles afin de déterminer les niveaux de fondation et les sols
associés. Ensuite doit être programmée l'étude des espaces intérieurs des bastions, ceux-ci étant
préalablement dégagés de la végétation.
Il faut ensuite envisager une étude systématique tant à l’intérieur qu’au pied des murailles et ce par
sondages successifs, afin de distinguer les différents niveaux de sol et de circulation et les
aménagements susceptibles d’exister, en particulier les salles souterraines comme celle de la
« poudrière », les accès et les aménagements aux pieds des terrasses nord, nord ouest et nord est.
Planche
Figure 4. Plan d'implantation des sections et tours de l'enceinte extérieure M
N
O
EN CEIN TE EXTERIEU RE
A finir
Ecurie
Figure 5. Céramiques oxydante, IX – XIe siècle
Figure 6. Céramiques réduites, lèvre à bord rond, XI XIIe siècles
Figure 7. Pentes sud du château de Murol, section pratiquées lors de l’ouverture de la piste ;
Figure 8. Elévation de la travée de l’enceinte intérieur 3 (EI 3).
Figure 9. Enceinte intérieure, emplacement des sections
Figure 10. Plan de la chapelle nord
Figure 11. Coupe est ouest de la Chapelle sud.
Figure 12. Coupe nord sud de la chapelle sud.
Figure 13. Sols de la chapelle sud
Figure 14. Chapelle sud, état du sol de l’abside
Figure 15. Chapelle sud, élévation du mur est
Figure 16. Chapelle sud, élévation du mur ouest
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