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Ann. Endocrinol., 2005 ; 66, 2 : 137© Masson, Paris, 2005

SIXIÈMES RENCONTRES NATIONALESDES INTERNES EN ENDOCRINOLOGIE

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EST-CE QUE LA MASSE BÊTA-CELLULAIRE EST RÉDUITE DANS LE DIABÈTE DE TYPE 2 ?

Audrey Bégu

Service de Nutrition, Maladies métaboliques et Endocrinologie, Hôpital Sainte Marguerite, CHU de Marseille.

D’après la conférence de J. Rahier (Bruxelles, Belgique), au cours des Journées de Diabétologie de l’Hôtel-Dieu. Paris, 13-15 mai 2004.

Les mécanismes physiopathologiques du diabète detype 2 demeurent controversés. Il est admis qu’ils asso-cient, d’une part l’insulinorésistance périphérique, etd’autre part la diminution de la masse des cellules bêtades îlots de Langerhans du pancréas. Mais l’importancede chaque facteur et la nature exacte du déficit cellu-laire restent débattus. En effet, les anciennes études quiont tenté d’élucider cette question se sont heurtées àdes problèmes méthodologiques qui peuvent remettreen question les résultats obtenus. La sélection des pa-tients (diabète de type 1 ou diabète de type 2), la sélec-tion des fragments analysés, la coloration des cellulesbêta au sein du pancréas, leur quantification sont desexercices difficiles et non standardisés.Pour déterminer la masse des cellules bêta au sein dupancréas, il est indispensable de connaître le poids exactdu pancréas qui peut varier d’un facteur 2, en fonctionde la présence ou de l’absence de la graisse péri-pancréatique au moment de la pesée de celui-ci. C’estpourquoi les auteurs ont souhaité mener une nouvelleétude sur la masse β-cellulaire pancréatique chez lessujets diabétiques de type 2. Il s’agit d’une étude anatomo-pathologique sur une série d’autopsie de 34 pancréas desujets contrôles et de 51 pancréas de sujets diabétiques.Pour tous les prélèvements, le décès datait de moins desix heures et les données cliniques sur la glycémieétaient circonstanciées. L’âge moyen était de 66 ansdans le groupe contrôle et de 69 ans dans le groupe dediabétiques.Il a pu être montré que la masse des cellules bêta étaitdiminuée de 23 % dans le groupe diabétique par rap-port au groupe contrôle (p = 0,035). La diminution de la

masse bêta cellulaire était d’autant plus importantequ’ils s’agissaient de patients ayant un IMC < 25 kg/m2

et qu’ils étaient traités par insuline. Il n’a pas été montréd’influence de la durée d’évolution du diabète sur lamasse des cellules bêta. Il n’a pas été retrouvé de diffé-rence significative entre les deux groupes sur le poidstotal du pancréas.Il est à noter que 90 % des patients diabétiques detype 2 avaient une masse bêta-cellulaire dans l’intervalledes valeurs contrôles (moyenne ± 2 DS), avec le mêmeIMC et la même masse bêta-cellulaire, un sujet peut êtrediabétique ou ne pas l’être. Il y a donc probablementdes anomalies de fonction des cellules bêta-pancréati-ques qui sont impliquées dans la genèse du diabète detype 2. La fonctionnalité a été abordée par l’étude ducontenu en insuline des cellules bêta. Il a été constatéque celui-ci était diminué de 32 % chez les sujets diabé-tiques de type 2 maigres par rapport aux témoins demême poids.Les auteurs ont conclu de ces données que les variationsindividuelles de la masse des cellules bêta du pancréassont importantes, tant chez les sujets contrôles, quechez les sujets diabétiques. La diminution de la massedes cellules bêta du pancréas chez les patients diabéti-ques est modérée, sauf chez les sujets maigres traitéspar insuline pour lesquels cette diminution peut attein-dre 50 %. Cependant avec la même masse β-cellulaireet un IMC équivalent, un individu peut être diabétiqueou ne pas l’être, il est donc vraisemblable que desanomalies de la fonction des cellules β-pancréatiquessoient impliquées au premier plan dans la pathogéniedu diabète de type 2.