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Recherche clinique

DOI of or

Service deFrance.

Correspondlaire, CHU Hoj.noel.albertini

Ann Vasc SurgDOI: 10.1016/� Annals of V�Edit�e par ELS

L’extension de la maladie an�evrismale �a labifurcation iliaque augmente le risque decomplications et de proc�edures secondairesapr�es traitement endovasculaire desan�evrysmes de l’aorte abdominale

Jean-No€el Albertini, Jean-Pierre Favre, Zakaryae Bouziane, Caroline Haase,Ghislain Nourrissat, Xavier Barral, Saint-�Etienne, France

Contexte : Afin de comparer les r�esultats du traitement endovasculaire (TE) des an�evrysmesde l’aorte abdominale (AAA) chez les patients avec et sans an�evrysme associ�e de l’art�ereiliaque commune (AAIC) se prolongeant sur la bifurcation iliaque.M�ethodes : Analyse r�etrospective de 157 patients qui ont b�en�efici�e d’un TE pour AAA entre1999 et 2007. Le groupe 1 �etait constitu�e de 133 patients sans et avec un AAIC avec collet distal(classification A, B, C, ou D). Le groupe 2 �etait constitu�e de 24 patients avec un AAIC associ�e seprolongeant �a la bifurcation iliaque (type E). Les endoproth�eses �etaient les suivantes : Powerlink(Endologix, Irvine, CA) dans 42, Z�enith (Cook, Bjaeverskov, Danemark) dans 55, et Talent(Medtronic, Sunnyvale, CA) dans 60 patients. Quarante patientseu des endoproth�eses aorto-uni-iliaques.R�esultats : Il n’a �et�e observ�e aucune diff�erence de mortalit�e globale et de l’incidence de rupturedes AAA. la survie �a 5 ans sans complications associ�ees �a l’AAA �etait de 72 ± 5% et de 41 ±

14% dans les groupes 1 et 2, respectivement ( p ¼ 0,006). La survie sans secondaire �etait de84 ± 5% et de 55 ± 12% dans les groupes 1 et 2, respectivement ( p ¼ 0,0008). L’incidence desfuites de type 1 et des thromboses d’endoproth�ese �etait de 17 et 8 % dans le groupe 2, et de 3,8et 0,8 % dans le groupe 1, respectivement ( p ¼ 0,07 et p ¼ 0,01, respectivement).Conclusion : les complications li�ees �a l’AAA et les interventions secondaires se produisentplus fr�equemment chez les patients pr�esentant des AAA de type E. Les fuites de type 1 et lesthromboses d’endoproth�eses sont plus fr�equentes chez ces patients. Ces r�esultats justifient led�eveloppement de technologies mieux adapt�ees pour le traitement de AAICs, telles que lesendoproth�eses branch�ees et flexibles.

iginal article: 10.1016/j.avsg.2010.01.008.

chirurgie vasculaire, CHU Hopital Nord, Saint-�Etienne,

ance : Jean-No€el Albertini, Service de Chirurgie Vascu-pital Nord, 42055 Saint-�Etienne Cedex 2, France, E-mail:@chu-st-etienne.fr

2010; 24: 663-669j.acvfr.2011.02.002ascular Surgery Inc.EVIER MASSON SAS

INTRODUCTION

La traitement endovasculaire (TE) des an�evrysmes

de l’aorte abdominale (AAA) a maintenant atteint

sa maturit�e en termes de faisabilit�e. Les �etudesrandomis�ees ont montr�e que la mortalit�e et la

morbidit�e imm�ediates �etaient r�eduites par rapport�a la chirurgie convetionnelle.1,2 Depuis, il a�egalement �et�e �etabli que les complications des

endoproth�eses sont constantes avec une incidence

variable pendant le suivi et compromettent la

durabilit�e du TE. La diminution de l’incidence des

725

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726 Albertini et al. Annales de chirurgie vasculaire

complications �a long terme des endoproth�eses est leprochain d�efi �a relever par le TE avant que son

application puisse etre �etendue �a tous les patients

porteurs d’un AAA. Il a �et�e mis en �evidence tr�es totque la morphologie de l’aorte et des art�eres iliaquesinfluencait la faisabilit�e du TE.3 De nombreuses

publications ont montr�e l’impact n�egatif d’une

morphologie d�efavorable du collet proximal sur les

r�esultats du TE.4-7 De mani�ere similaire, le TE des

patients pr�esentant une extension de la maladie

an�evrismale aux art�eres iliaques peut n�ecessiter destechniques plus complexes. Des art�eres iliaques

ectasiques avec des diam�etres allant jusqu’�a 22

millim�etres peuvent etre trait�ees avec succ�es avec

des jambages de grand diam�etre, avec des r�esultatsencourageants �a court terme.8,9 Des diam�etresiliaques plus grands n�ecessitent des proc�eduresadditionnelles endovasculaires ou des convention-

nelles telles que l’embolisation de l’art�ere iliaque

interne 10 ou diversesm�ethodes de revascularisationpar une voie d’abord extrap�eritoneale.11-13 Cepen-

dant, peu de travaux ont �etudi�e l’influence des

an�evrysmes associ�es de l’art�ere iliaque sur les

r�esultats du TE. Seulement publications avec des

r�esultats contradictoires ont �et�e retrouv�ees dans lalitt�erature. Parlani et al.14 ont analys�e 336 patients

dans un �etude monocentrique et ont montr�e que lesproc�edures �etaient plus complexes, mais ces auteurs

n’ont trouv�e aucune diff�erence en ce qui concerne

les r�esultats cliniques �a court ou �a long terme. Hobo

et coll15 ont analys�e plus de 7,000 patients du

registre Eurostar et ont constat�e que les an�evrysmes

de l’art�ere iliaque commune (AAIC) �etaient associ�es�a une plus grande incidence des complications li�ees�a l’endoproth�ese, des interventions secondaires, derupture d’an�evrysme, mais aucune diff�erencen’�etait mise en �evidence pour ce qui concerne la

mortalit�e. Cette �etude �etant bas�ee sur un registre, il�etait difficile d’analyser le m�ecanisme exact de

l’�echec chez les patients pr�esentant des an�evrysmes

iliaques. Le but de cette �etude �etait de confirmer �apartir de notre exp�erience l’effet des an�evrysmes

associ�es de l’art�ere iliaque sur les r�esultats du TE et

d’�etudier pr�ecis�ement les m�ecanismes d’�echec chezles patients correspondants.

M�ETHODES

Patients

Entre 1999 et 2007, 157 patients cons�ecutifs ont euun TE dans notre �etablissement. Les patients ont �et�eclassifi�es en fonction de l’extension an�evrysmale

aux art�eres iliaques.16 Selon cette classification, les

types A et B correspondent aux AAA sans extension

an�evrysmale �a l’art�ere iliaque, le type C aux AAA

avec un an�evrysme se prolongeant sur le tiers

proximal de l’art�ere iliaque commune ; dans le

type D, l’an�evrysme se prolonge sur les deux-tiers

proximaux de l’iliaque commune, et dans le type E

sur le tiers distal de l’art�ere. Si un an�evrysme iliaque

commun �etait pr�esent des deux cot�es avec une

extension distale diff�erente, le cot�e de l’extension la

plus importante �a la bifurcation a �et�e pris en compte

pour la classification. Dans cette s�erie, il y avait 22

types A, 92 types B, 19 types C et D, et 24 types E. Les

133 patients qui avaient un AAA de type A, B, C, ou

D ont �et�e d�efinis comme appartenant au groupe 1, et

les 24 patients qui avaient un AAA de type E au

groupe 2. L’art�ere iliaque commune �etait consid�er�eean�evrysmale si son diam�etre maximum �etait �20

millim�etres. La morphologie aorto-iliaque est

d�ecrite dans le Tableau I. Dans le groupe 2, la pro-

portion de patients qui avaient un diam�etre d’art�ereiliaque commune droite sup�erieur �a 30 millim�etres�etait de 46% (11 sur 24) ; pour l’art�ere iliaque

commune gauche, cette proportion �etait de 21%

(5 sur 24). La proportion de patients qui avaient au

moins une art�ere iliaque commune de diam�etresup�erieur �a 30 millim�etres �etait de 67% dans le

groupe 2 (16 sur 24), et 2% dans le groupe 1 (2 sur

133). Un AAIC bilat�eral �etait pr�esent dans 2% des

patients du groupe 1 (2 sur 133) et 38% des patients

du groupe 2 (9 sur 24). Les facteurs de risque et les

comorbidit�es sont d�ecrits dans le Tableau II. Le sexe-

ratio �etait de 0,9 et de 0,8 dans les groupe 1 et 2,

respectivement ( p ¼ 0,06).

Dispositifs aortiques et proc�eduresendovasculaires

Le type et la configuration des endoproth�eses sontd�ecrits dans le Tableau III. La r�epartition des

diff�erents types d’endoproth�eses dans les groupes

1 et 2 n’�etait pas diff�erente. Une endoproth�eseaorto-uni-iliaque a �et�e implant�ee chez 12 patients

(50%) du groupe 2 et dans 28 patients (21%) du

groupe 1 ( p¼ 0,003). Des proc�edures associ�ees li�ees�a l’an�evrysme iliaque ont �et�e r�ealis�ees chez 20

patients qui avaient tous un AAA de type E (Tableau

IV). L’embolisation unilat�erale de l’art�ere iliaque

interne a �et�e r�ealis�ee chez 15 patients et une

revascularisation de l’art�ere iliaque interne par une

voie extra-p�eritoneale chez patients (deux patients

ont eu une anastomose directe entre art�ere iliaque

externe et interne, et deux patients ont eu un pon-

tage proth�etique de l’iliaque externe vers l’iliaque

interne); le dernier patient avait un AAIC droit et

faux-an�evrysme de l’art�ere iliaque externe de gau-

che, qui a �et�e trait�e par un pontage ilio-f�emoral

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Tableau I. Morphologie aorto-iliaque dans les groupes 1 et 2

Groupe 1 Groupe 2 p

Diam�etre maximum de l’an�evrysme (mm) 57 ± 8 58 ± 12 NS

Diam�etre du collet proximal (mm) 25 ± 3 25 ± 3 NS

Longueur du collet proximal (mm) 25 ± 9 29 ± 10 0,05

Angulation du collet proximal (deg) 19 ± 21 19 ± 28 NS

Diam�etre de l’art�ere iliaque commune D (mm) 14 ± 2 24 ± 9 <0,001

Diam�etre de l’art�ere iliaque commune G (mm) 14 ± 2 19 ± 11 0,01

Tableau II. Facteurs de risque et comorbidit�esdans les groupes 1 et 2

Groupe1 (N/%)

Groupe2 (N/%) p

Hypertension 87/65 15/63 NS

Diab�ete 14/11 4/17 NS

Tabagisme 70/53 12/50 NS

Dyslipid�emie 61/46 7/29 NS

Age 74 ± 8 76 ± 10 NS

Insuffisance cardiaque 10/8 4/17 NS

Insuffisance respiratoire 6/5 6/25 0,001

Insuffisance r�enale 4/3 3/13 0,04

Tableau III. Type et configuration des

endoproth�eses

Talent Z�enith Powerlink Total

Tube 0 1 1 2

Aorto-iliaque 24 16 0 40

Bifurqu�ee 36 38 41 115

Total 60 55 42 157

Groupe 1 51 46 36 133

Groupe 2 9 9 6 24

Vol. 24, No. 5, 2010 Extension an�evrismale �a la bifurcation iliaque 727

gauche associ�e �a une ligature de l’art�ere iliaque

interne gauche. Il a �et�e possible de conserver au

moins une art�ere iliaque interne perm�eable chez

tous les patients. Chez les quatre patients restants

pr�esentant un AAA de type E, l’an�evrysme de

l’art�ere iliaque a �et�e trait�e en utilisant des jambages

iliaques de 24 de millim�etres de diam�etre chez deuxpatients et une prolongation dans l’art�ere iliaque

externe sans embolisation de l’art�ere iliaque internechez deux patients. La dur�ee de la proc�edure, la

quantit�e de produit de contraste, et les temps de

scopie dans les groupes 1 et 2 sont rapport�es dans leTableau V.

Crit�eres de jugement

Les groupes 1 et 2 ont �et�e compar�es selon les crit�eresde jugement suivants : succ�es technique, mortalit�eglobale, mortalit�e li�ee �a l’AAA, incidence de rup-

ture de l’AAA, proc�edures secondaires, et les com-

plications li�ees �a l’AAA. Les claudications fessi�eressecondaires �a une embolisation ou une couverture

de l’art�ere iliaque interne ont �et�e analys�ees mais

n’ont pas �et�e incluses en tant que complications li�ees�a l’AAA dans l’analyse.

Analyse statistique

Les variables cat�egorielles ont �et�e compar�ees en uti-

lisant le test de Chi-deux. Les variables continues

non appari�ees ont �et�e compar�ees en utilisant le test

de Mann-Whitney. Les survies actuarielles ont �et�ecalcul�ees en utilisant la m�ethode de Kaplan-Meier,

et les courbes de survie �etaient compar�eesau moyen du test de log-rank. Une diff�erence�etait consid�er�ee statistiquement significative pour

p < 0,05.

R�ESULTATS

Succ�es technique

Un succ�es technique a �et�e obtenu dans 147 patients

(93,6%). Il y a eu 10 �echecs techniques. Tous �etaientdes fuites mises en �evidence sur le scanner post-

op�eratoire (cinq type I distal, quatre type I proximal,

et une ind�etermin�ee). Quatre de ces patients appar-

tenaient au groupe 2 (17% de 24) et six au groupe

1 (5% de 133) ( p ¼ 0,02).

Mortalit�e

Aucune d�ec�es n’est survenu au cours de la p�eriodepostop�eratoire. Pendant le suivi (moyen, 31 ± 21 ;

extr�emes, 2-94mois), 34 patients sont d�ec�ed�es. Cinqpatients d�ec�ed�es appartenaient au groupe 2 et 29 au

groupe 1 ( p¼ 0,9). La survie cumul�ee des malades �a5 ans �etait de 59 ± 7% et 73 ± 11% dans les groupes

1 et 2, respectivement (Fig. 1). Il n’y avait aucune

diff�erence de survie cumul�ee entre les groupes 1 et 2

( p ¼ 0,8).

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Tableau IV. Proc�edures additionnelles per-op�eratoires utilis�ees chez les patients pr�esentant un AAA de

type E (groupe 2)

Embolisation de l’art�ereiliaque interne

Couverture de l’art�ere iliaqueinterne sans embolisation

Revascularisation de l’art�ereiliaque interne par abordr�etrop�eriton�eal

Jambages iliaquesde 24 mm de diam�etre

15 2 5 2

Tableau V. Dur�ee d’intervention, quantit�e de

produit de contraste, temps de fluoroscopie dans

les groupes 1 et 2

Groupe 1 Groupe 2 P

Dur�ee intervention 101 ± 34 167 ± 78 0,002

Contraste 140 ± 40 180 ± 77 NS

Temps de fluoroscopie 10 ± 6 16 ± 13 0,04

728 Albertini et al. Annales de chirurgie vasculaire

Rupture d’AAA

Deux patients du groupe 1 ont eu un AAA. rompu

au cours du suivi. La rupture �etait secondaire �aune fuite proximale de type 1 chez un patient, et �aune dissection aortique de type B �etendue �a l’an�e-vrysme sous-r�enal chez l’autre. Les deux patients

ont �et�e convertis en chirurgie conventionnelle et

ont surv�ecu.

Complications li�ees �a l’AAA

Des complications li�ees �a l’AAA sont survenues chez

42 patients, 12 dans le groupe 2 (50% de 24) et 30

dans le groupe 1 (23% de 133) ( p ¼ 0,005). Les

complications des groupes 1 et 2 sont d�ecrites dans leTableau VI. Les complications diverses dans le

groupe 1 �etaient une fuite d’origine ind�etermin�ee(n ¼ 2), une augmentation de diam�etre de l’AAA

sans fuite identifiable (n ¼ 1), une migration de

l’extr�emit�e proximale de l’endoproth�ese avec

occlusion d’une art�ere r�enale (n ¼ 1), une emboli-

sation au membre inf�erieur (n ¼ 1), une st�enose de

l’art�ere f�emorale commune (n ¼ 1), une thrombose

de pontage crois�e f�emoro-f�emoral (n ¼ 1). Les

complications diverses dans le groupe 2 �etaient unedissection de l’art�ere iliaque externe (n ¼ 1), une

infection de pontage crois�e f�emoro-f�emoral (n ¼ 1),

et une augmentation de diam�etre de l’an�evrysme

iliaque sans fuite identifi�ee (n ¼ 1). Le m�ecanisme

de la fuite de type I distal chez tous les patients du

groupe 2 �etait un d�efaut d’�etanch�eit�e en raison de la

bri�evet�e du collet au-dessus de la bifurcation iliaque.

Dans le groupe 1, la fuite de type I distal pouvait etre

attribu�ee �a une angulation iliaque chez deux

patients et �a une migration secondaire chez trois

patients. Chez les trois derniers patients, il est pro-

bable que lamigration ait �et�e favoris�ee par le fait quele jambage �etait d�eploy�e dans la portion proximale

de l’art�ere iliaque avec une longueur de couverture

insuffisante (<2 cm). Le m�ecanisme de la throm-

bose de jambage a �et�e provoqu�e par une plicature

secondaire �a une angulation de l’art�ere iliaque

externe chez un patient du groupe 2, et par sur-

dimensionnement excessif chez un patient du

groupe 1. Chez les patients restants du groupe 2,

aucune cause n’a pu etre identifi�ee. Toutes les pli-catures de jambage d’endoproth�ese �etaient li�ees �ades tortuosit�es de l’art�ere iliaque. La survie actua-

rielle sans complications li�ees �a l’AAA �a 5 ans �etait de72 ± 5% et de 41 ± 14% dans les groupes 1 et 2,

respectivement (Fig. 2). La diff�erence �etait statisti-quement significative ( p ¼ 0,006). La survie

actuarielle sans complications li�ees �a l’AAA �a 4 ans�etait 72 ± 5%et 83 ± 9% chez les patients pr�esentantun AAA de type A ou B et les patients pr�esentant unAAA de type C ou D, respectivement ( p ¼ 0,9).

Une claudication fessi�ere a �et�e not�ee chez trois

patients porteurs d’AAA de type E qui avaient tous

eu une embolisation de l’art�ere iliaque interne.

Aucune formemajeure d’isch�emie pelvienne, �a typede colite isch�emique, n�ecrose fessi�ere, troubles

mictionnels, ou parapl�egie, n’a �et�e observ�ee dans

aucun des deux groupes.

Proc�edures secondaires

Des proc�edures secondaires ont �et�e r�ealis�ees chez

16 patients du groupe 1 (12% de 133) et 10 du

groupe 2 (42% de 24) ( p < 0,001). Les pro-

c�edures secondaires des groupes 1 et 2 sont

d�ecrites dans le Tableau VII. Les proc�eduresdiverses dans le groupe 1 �etaient un pontage de

l’art�ere f�emorale commune chez un patient et un

pontage sur une art�ere de jambe en raison d’une

embolisation p�eriph�erique chez un patient; la

proc�edure diverse dans le groupe 2 �etait un pon-

tage crois�e en allogreffe art�erielle pour une infec-

tion proth�etique. La survie actuarielle sans

intervention secondaire �a 5 ans �etait de 84 ± 5% et

de 55 ± 12% dans les groupes 1 et 2, respective-

ment (Fig. 3). La diff�erence �etait statistiquement

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Fig. 1. Courbes de survie actuarielle globale selon

Kaplan-Meier dans les groupes 1 et 2.

Tableau VI. Complications li�ees �a l’AAA dans les

groupes 1 et 2

Groupe1

Groupe2 P

Rupture d’AAA. 2 0 NS

Fuite de type I proximale 6 2 NS

Fuite de type I distale 5 4 0,07

Fuite de type II 7 0 NS

Thrombose de jambage iliaque 1 2 0,01

St�enose de jambage iliaque 2 1 NS

Divers 7 3 NS

Total 30 12 0,005

NS, non significatif.

Vol. 24, No. 5, 2010 Extension an�evrismale �a la bifurcation iliaque 729

significative ( p ¼ 0,0008). La survie actuarielle

sans intervention secondaire �a 4 ans �etait de 83 ±

4 % et de 100% chez les patients pr�esentant un

AAA de type A ou B et chez les patients pr�esentantun AAA de type C ou D, respectivement ( p ¼ 0,3).

Aucun patient porteur d’AAA de type C ou D n’a

eu une r�eintervention.

DISCUSSION

Cette �etude sugg�ere que les an�evrysmes associ�es del’art�ere iliaque se prolongeant sur la bifurcation

iliaque (AAA de type E) augmentent les risques

d’�echec technique, de complications li�ees �a l’AAA,

et de r�einterventions apr�es TE. En effet, la moiti�e despatients du groupe 2 ont eu une complication li�ee �al’AAA et 40% ont eu une intervention secondaire.

Les caract�eristiques anatomiques du collet proximal�etaient semblables dans les deux groupes en dehors

de la longueur du collet qui �etait plus importante

dans le groupe 2. L’explication et la signification de

ce dernier r�esultat demeurent peu clairs.

En d�epit de la conception r�etrospective d’�etudecomme du nombre limit�e de patients (en particulier

dans le groupe 2), les r�esultats �etaient tr�es compa-

rables �a ceux de Hobo etcoll.15, en dehors de la

rupture d’an�evrysme. Il apparaıt �egalement dans les

deux �etudes que les complications li�ees �a l’AAA

responsables des diff�erences observ�ees �etaient les

fuites de type I distal et les occlusions de jambage de

l’endoproth�ese.L’analyse des m�ecanismes d’�echec a montr�e que

les fuites distales de type 1 chez les patients de type E�etaient li�ees la plupart du temps �a l’absence ou �a la

bri�evet�e du collet en amont de la bifurcation iliaque.

Chez les patients du groupe 1, les fuites distales de

type 1 �etaient caus�ees par la migration c�ephaliquedu jambage iliaque ou l’application inad�equate de

l’endoproth�ese sur la paroi art�erielle dans une zone

tortueuse. La bri�evet�e de la zone de d’�etanch�eit�e a

pu �egalement avoir �et�e favoris�ee par la dilatation

persistante de l’AAIC. Les thromboses de jambage�etaient associ�ees dans tous les cas �a un d�eploiement

du jambage de endoproth�ese dans l’art�ere iliaque

externe. Des st�enoses de jambage ont �et�e pro-

voqu�ees par des plicatures au niveau des tortuosit�esiliaques. Ces donn�ees sont comparables �a une

publication ant�erieure sur les m�ecanismes de

thrombose des jambages d’endoproth�ese.17

De facon g�en�erale, ces r�esultats r�esument le

dilemme auquel on fait face lorsque l’on traite un

AAAde type E. Si l’option de d�eployer le jambage au-

dessus de la bifurcation iliaque est choisie, il y a un

risque de fuite distale de type 1 ; l’option de couvrir

l’art�ere iliaque interne et du d�eploiement dans

l’art�ere iliaque externe diminue probablement le ris-

que de fuite mais augmente simultan�ement le risque

de thrombose de jambage et d’isch�emie pelvienne. Ce

dilemme peut etre r�esolu par au moins deux

m�ethodes : soit en effectuant une revascularisation

de l’art�ere iliaque interne par une approche

r�etrop�eriton�eale ou, plus r�ecemment, en utilisant des

dispositifs iliaques avec branche lat�erale (IBDs). La

premi�ere solution est souvent complexe et a

l’inconv�enient de diminuer le caract�ere mini-invasif

du TE. La deuxi�eme solution est totalement endo-

vasculaire, bas�ee sur une technologie qui a �et�er�ecemment introduite.18,19 Les patients porteurs

d’AAIC �etaient plus souvent atteints de comorbidit�ess�ev�eres dans cette �etude ainsi que dans les �etudesd’Hobo et de Parlani. Bien qu’il n’y ait eu aucune

diff�erence de mortalit�e entre les deux groupes de

patients, ceci peut etre en faveur de l’utilisation

pr�ef�erentielle d’une restauration totalement

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Fig. 2. Courbes de survie actuarielle sans complication

li�ee �a l’AAA dans les groupes 1 et 2.

Tableau VII. Proc�edures secondaires dans lesgroupes 1 et 2

Groupe1

Groupe2 p

Extension iliaque 3 4 0,005

Extension proximale 3 0 NS

Embolisation 1 1 NS

Dilatation par ballonet 3 2 NS

Conversion en chirurgie

conventionnelle

4 0 NS

Pontage crois�ef�emoro-f�emoral

0 1 NS

Pontage axillo-

bi-f�emoral

0 1 NS

Divers 2 1 NS

Total 16 10 <0,001

Fig. 3. Courbes de survie actuarielle sans intervention

secondaire dans les groupes 1 et 2.

730 Albertini et al. Annales de chirurgie vasculaire

endovasculaire plutot qu’une technique hybride. Le

Tableau VIII r�ecapitule les r�esultats du TE utilisant un

IBDdans quatre s�eries pr�eliminaires. Ces publications

montrent clairement la faisabilit�e de la technique. Defacon int�eressante, l’incidence des fuites de type I

distales pendant le suivi semble tr�es limit�ee, sans

survenue de symptomes d’isch�emie pelvienne chez

les patients pr�esentant des endoproth�eses iliaques

internes perm�eables. Cependant, un certain nombre

de d�esavantages de la m�ethode peuvent etre

identifi�es. Ces proc�edures sont tr�es exigeantes du

point de vue technique, avec des dur�ees d’interven-tion tr�es longues rapport�ees des �equipes entraın�eesayant une exp�erience tr�es importante du TE. En

outre, les �echecs imm�ediats et �a long terme existent et

peuvent n�ecessiter des proc�edures secondaires. Les

�echecs sont le plus souvent la thrombose de la bran-

che iliaque interne et dans une moindre mesure la

thrombose de la branche iliaque externe. Un certain

nombre d’occlusions ont �et�e li�ees �a des plicatures du

fait du manque de flexibilit�e de l’endoproth�ese dans

des art�eres iliaques angul�ees. Ainsi, comme pour les

jambages iliaques classiques, les IBD peuvent ne pas

pr�evenir la survenued’une thrombose li�ee�a la rigidit�eexcessive du mat�eriel constituant l’endoproth�ese.

Quelques publications sugg�erent que des endo-

proth�eses plus flexibles pourraient diminuer l’inci-

dence des fuites de type 1 et de thrombose de

jambage dans le cas de collet aortique et d’art�eresiliaques tortueux.24-26 Il serait int�eressant d’�evaluerdans l’avenir l’applicabilit�e des endoproth�eses fle-

xibles dans les AAA. associ�es �a des AAICs et leur

capacit�e �a diminuer l’incidence des fuites distales de

type 1, des thromboses de jambage et des inter-

ventions secondaires qui s’y associent.

CONCLUSION

Cette �etude sugg�ere que la pr�esence d’AAIC se pro-

longeant sur la bifurcation iliaque augmente la

fr�equence des �echecs techniques, des complications

li�ees �a l’AAA (en particulier les fuites de type 1 et les

thromboses distales d’endoproth�ese), et des pro-

c�edures secondaires apr�es TE. Il n’a pas �et�e observ�e dediff�erences concernant l’incidence des ruptures

d’AAA et la mortalit�e. Les dispositifs avec branche

iliaque interne et les endoproth�eses flexibles peuventpermettre de surmonter certaines des difficult�es ren-contr�ees chez ces patients et leur �evaluation devrait

etre poursuivie dans cette perspective.

Page 7: L’extension de la maladie anévrismale à la bifurcation iliaque augmente le risque de complications et de procédures secondaires après traitement endovasculaire des anévrysmes

Tableau VIII. R�esultats des dispositifs iliaques avec branche lat�erale au cours de la r�eparationendovasculaire des AAA associ�es �a des an�evrysmes de l’art�ere iliaque commune

AuteurNombrede patients

Suivi(mois)

Succ�estechnique (%)

Fuite distalede type I

Occlusion de brancheiliaque interne

Occlusion de brancheiliaque externe

Proc�eduresecondaire

Dias20 22 20 91 0 6 3 4

Haulon21 52 14 94 0 6 0 0

Ziegler22 46 26 72 1 4 0 0

Greenberg23 21 11 86 0 3 1 1

Vol. 24, No. 5, 2010 Extension an�evrismale �a la bifurcation iliaque 731

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