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LE PERCHEMERCREDI 20 FÉVRIER 2OI9

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Les défenseurs de l'abeille noireauront leur siège social dans le PercheIæ Ceta (Centre d'étude technique apicole) abeille noire de l'Orne va transférer son siège à Saint-Iangis-lès-Mortagne. Llassocia-tion sera ainsi plus proche de La Maison du. Parc, où se trouve le conservatoire génétique de I'insecte.

Saint-Lan gir-lès-ulor-tâgne. L'abeille noire est unesous-variété d'abeille, m illénaire,qui peuple le Perche et l'Orne.<< C'est notre héritage, unélément de la biodiversitéfabuleux », résume RaymondDaman, apiculteur amateur qui,très tôt, a compris l'impérieusenécessité d'agir pour protéger lasous-espèce.

Menacée d'extinction« Si on ne fait rien, l'abeille

noire aura disparu de laFrance dans 15 ans r», alerte levice-président du Ceta (Centred'étude technique apicole)abeille noire de l'Orne. Uassocia-

tion, émanation de l'UAO (Union

apicole ornaise), a été créée en2013 à Sées pour sauvegarderl'insecte. Aujourd'hui, elle poseses valises dans le Perche, à

5ai nt-Lan gis-lès-Mortagne.Les deux missions princi-

pales du Ceta abeille noire del'Orne ? « La pédagogie, grâceà la mise en place de ruchersécole, et la valorisation decette abeille locale, mena-cée d'extinction », répondRaymond Daman. L'abeillenoire peuplait, historiquement,l'Europe de l'Ouest.

Mais face à l'importationd'autres variétés d'abeilles et àla multiplication des métissages,les cheptels de l'espèce endé-mique ont considérablement étéréduits.

«« ïésor inestimable »»

L'abeille noire, << solide »»,

« rustique », a ainsi laisséla place à des races hybridesproduisant plus de miel.<< Beaucoup d'apiculteurs

professionnels choisissentet importent les abeillesqui auront le meilleurcomportement et apporte-ront les meilleures perfor-mances », explique RaymondDaman.

Résultat, l'abeille noire - quisait pourtant parfaitements'adapter à son territoire etson environnement - est fragi-lisée, et « depuis longtempsen danger. » Elle n'existe plusque dans les régions Ouest etNord de la France.

La sous-variété, « brute n,« peu triée par Ies profession-nels »», demeure néanmoins un<< trésor inestimable. » Quele Ceta a choisi de sauver encréant un conservatoire, situéau cæur du Perche, à la Maisondu Parc, à Nocé.

Après des études génétiques Raymond Daman, responsable du conservatoire, est un fervent défenseur de l'abeitte noire.

+Comtflent sauver l'aheille noire ?<< En sanctuarisant un territoire lui étanttotalement dédié », répond RaymondDaman, responsable du conservatoire.Ainsi, dans un rayon de 10 km autourde la Maison du Parc, on ne croise pas

d'autres variétés que l'abeille noire. « Celaa été possible grâce à la collaborationdes apiculteurs du secteur. C'est unconsentement partagé, nous travaillonsen bonne intelligence », poursuit-il.Le conservatoire génétique possède 160colonies hivernées. « Notre but estd'atteindre les 200. Si l'on rajoute lescolonies d'abeilles noires des apicul-

teurs se trouvant dans la zone, nousdevrions arriver à 350. » [-'idée, à terme ?

«< Promouvoir l'utilisation de l'abeillenoire en race pure ou en croisement, »»

Pour cela, les meilleurs éléments du rucherconservatoire sont sélectionnés et le Ceta(affilié à la Fédération abeille noire deNormandie) ambitionne de développerle commerce d'essaims d'abeilles noiresauprès des apiculteurs de la région. Unemission chronophage, requérant la créationd'un poste. << Nous allons recruter un sai-sonniel qui viendra prêter main-forteaux bénévoles de l'association. »

réalisées par le CNRS (Centrenational de la recherche scien-tifique) en 2015 (et financéespar le Parc naturel régional duPerche), il a été démontré que,dans le Perche, 9 abeilles sur10 étaient d'origine locale (sur

353 colonies analysées). Des

chiffres venant légitimer et lacréation du conservatoire (lire

encadré), et son implantation(10 km de rayon autour de laMaison du Parc).

'Pour aller au bout de la lo-

gique, le Ceta a souhaité béné-ficier de la « valeur Parc >» pourses actions et ses produits issus

des ruches du conservatoire.Un«plus»soumisàune

condition : que le siège socialde l'association soit situé dansune des communes du Perche.

Ce sera bientôt chose faite,avec un déménagement deSées vers Sa i nt-La n g is-lès-Mor-tagne.

Le « jury des miels »»

à Saint-Langis ?« Nous avons rencontré

le maire, Jean-Yves Vallée.ll nous a proposé de'nousaccueillir », s,Ê réjouit Ray-mond Daman. L'association

(qui regroupe des apiculteursprofessionnels et amateurs) va

enfin pouvoir bénéficier d'unlocal (35 m2, à proximité de lamairie) pour pouvoir entreposerson matériel.

Le partenariat ne s'arrêterapas là. << Nous allons déve-lopper les actions dans lePerche >r, promet RaymondDaman. Ainsi, le prochain « jurydes miels » (événement départe-mental permettant de distinguerles meilleurs miels) pourrait se

tenir à Saint-Langis.

Émilie JOUVIN