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Rappels de 1ère : Le financement : trouver des capitaux pour financer un projet lorsque l’on est un agent à besoin de financement
Actions et obligations sont des titres vendus sur les marchés financiers primaire (lors de l’émission : marché primaire = marché du neuf) et
secondaire (lors de la revente). La nature, les revenus et les caractéristiques de ces deux actifs financiers diffèrent.
Action Obligation
Définition c'est un titre de propriété : le détenteur d'une action est donc propriétaire
d'une fraction du capital d'une entreprise. Ce titre donne à l'actionnaire droit à
un revenu que l'on appelle dividende (qui varie en fonction des résultats de
l'entreprise puisque c'est le profit qui permet de verser les dividendes). Il lui
donne également droit au vote à l'Assemblée Générale de l'entreprise où sont
prises certaines décisions. Plus un actionnaire détient d'actions, plus son
poids dans le vote est important car une action = une voix.
Titre de propriété négociable d’une partie du capital d’une société.
c'est un titre de créance à long terme qui donne
droit au détenteur de ce titre à un revenu, les
intérêts, en contrepartie de son prêt. À
l’échéance, l'obligation est remboursée au
créancier.
Titre de créance à long terme (plus de 7 ans)
donnant lieu à règlement d’un intérêt fixe et
déterminé en avance.
Rémunération dividendes intérêts
Caractéristiques Donne un droit de vote lors des Assemblées générales des sociétés
Dividende irrégulier en fonction des performances et de la politique de la
société
Le prix varie en fonction des offres et des demandes (bourse, marché
secondaire)
Aucune influence sur les décisions de
l’entreprise
Montant de l’intérêt versé constant
Revendue au prix d’achat au terme
Les circuits du financement direct et indirect (d’après F Mishkin, Monnaie, banques et marchés financiers, Pearson, 2010 (9ème édition)).
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(1) : les ménages ne peuvent pas émettre de titres tandis que les entreprises peuvent émettre des actions et des obligations, et l’État peut
émettre des Bons du Trésor.
Agents économiques à capacité de
financement (épargne >
investissement)
Ménages
Entreprises
Administrations publiques
Agents économiques à besoin de
financement (épargne <
investissement)
Entreprises
Administrations publiques 1
Intermédiaires
financiers (banques
de 2nd rang, fonds
collectifs, compagnies
d’assurance)
Marchés financiers
(échange d’actions et
d’obligations nouvelles
marché primaire, ou
revente marché
secondaire)
Dépôts
Prêts
Capitaux Titres
Titres Titres
Capitaux Capitaux
Finan
ce ind
irecte ou
inte
rméd
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ce directe
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Économie approfondie Partie 3 : Instabilité financière et régulation
Ch 3.1 Qu’est-ce que la globalisation financière ?
Notions Indications complémentaires
Actifs financiers,
devises, intermédiation
financière.
On présentera les principaux marchés financiers (marchés des
changes et marchés des capitaux) et le rôle économique de chacun
d’entre eux. On identifiera les différents acteurs y réalisant des
transactions (entreprises, investisseurs institutionnels, etc.). On
insistera sur l’interdépendance des différents marchés et sur
l’importance de l’information pour leur fonctionnement. On
analysera le triple processus de désintermédiation,
déréglementation et décloisonnement qui caractérise l’évolution
des marchés des capitaux depuis les années 1980 et conduit à la
constitution d’un marché mondial des capitaux.
Acquis de 1ère : financement direct/indirect, taux d’intérêt.
Financement direct : rencontre directe entre les agents à besoin de financement et les agents à
capacité de financement/financement indirect : mode de financement reposant sur
l’intermédiation financière.
Taux d’intérêt : à envisager de deux manières :
- Pour l’emprunteur le taux d’intérêt correspond au coût du capital emprunté, il correspond
à un pourcentage de la somme empruntée à verser en plus de cette somme.
- Pour le prêteur, le taux d’intérêt correspond au prix du capital prêté (loyer de l’argent).
Les taux d’intérêt varient selon le risque et la durée du prêt. Ils peuvent être fixes ou variables.
Actifs financiers : actifs se présentant sous la forme de moyens de paiement, de créances ou
de titres de propriété. Ces actifs comprennent : la monnaie, les actions, les obligations, les
crédits octroyés à d’autres agents. Ils peuvent être vendus sur un marché financier.
Devises : monnaies étrangères. Les devises s’changent sur le marché des changes. Leurs cours
sont variables officiellement depuis 1976 (accords de la Jamaïque).
Intermédiation financière : une institution financière permet la rencontre entre agents à
besoin et agents à capacité de financement. Les banques sont passées de l’intermédiation de
bilan à l’intermédiation de marché.
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Exercice 1 : reliez chaque agent à capacité de financement à sa définition
fonds souverains ● ● fonds d’investissement des compagnies d’assurance =
entreprises qui couvrent les individus contre des risques
(ex : assurance vie).
fonds spéculatifs ● ● fonds spécialisés dans la gestion de l’épargne retraite.
assurances ● ● fonds d’investissement contrôlés par les États en
capacité de financement et désireux d’investir à long
terme leurs réserves de change (exemples : la Chine, le
Qatar, la Norvège).
fonds
d’investissement ●
● fonds gérant l’épargne collective des ménages dans des
sociétés cotées ou non en Bourse. En France, cela
comprend les SICAV (sociétés d’investissement en
capital variable) et les FCP (fonds communs de
placement).
fonds de pension ● ● organismes ayant pour but de placer des capitaux afin
d’assurer des revenus élevés même si certaines opérations
sont risquées. Ces fonds jouent sur l’effet de levier :
s’endetter et spéculer avec de l’argent que l’on ne
possède pas mais que l’on espère gagner.
Document 1 : asymétrie d’information entre prêteur et emprunteur
Le crédit est une relation qui est, par nature, soumise à l’information asymétrique.
L’objet de la transaction n’étant pas une valeur réelle disponible mais une promesse, l’une des
contreparties ne connaît pas assez bien les caractéristiques de l’autre pour prendre les
décisions adéquates. Cette asymétrie se manifeste avant et après la transaction sous la forme
d’échecs de la coordination marchande.
Avant, c’est l’antisélection des emprunteurs par les prêteurs qui résulte d’une
incapacité à discriminer les débiteurs potentiels par évaluation incorrecte des risques. Parce
que les prêteurs n’ont pas toute l’information qui permettrait de refléter toute la structure des
risques dans les prix des créances, le prix exprime la qualité moyenne d’une catégorie de
débiteurs. Cela décourage les bons emprunteurs qui payent trop cher le crédit par rapport aux
conditions qu’ils obtiendraient s’ils pouvaient communiquer l’excellence de leur solvabilité.
Cela favorise au contraire les mauvais emprunteurs.
Après la transaction, c’est l’aléa moral qui découle des marges de manœuvre pour
l’emprunteur dans l’usage des fonds mis à sa disposition. Il peut avoir intérêt à s’engager dans
des opérations profitables pour lui, mais néfastes pour le prêteur. En effet, une fois le prêt
accordé, les conditions contractuelles sont fixées qui déterminent la rémunération du prêteur
si le crédit est performant. Tout usage des fonds rapportant un rendement supérieur au service
de la dette bénéficie entièrement à l’emprunteur. Mais la recherche de rendements élevés
accroît le risque du crédit, donc la probabilité de défaut de l’emprunteur qui pénalise le
prêteur. Il existe donc des situations où l’incapacité des prêteurs à exercer une surveillance
efficace de l’utilisation des fonds incite les emprunteurs à des comportements qui augmentent
la proportion des prêts non performants. […]
Dans le domaine du crédit, il faut que les prêteurs améliorent leur connaissance des
emprunteurs pour réduire les défauts de coordination. Il faut donc que les prêteurs acquièrent
des informations privées sur les emprunteurs et exercent une surveillance (monitoring) de
l’utilisation des fonds. Ces informations supplémentaires ont des coûts élevés que la
concurrence n’incite pas à prendre en charge.
Source : Michel Aglietta, Macroéconomie financière, La découverte, coll. Repères, 1995.
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Exercice 2 a : complétez le schéma concernant le prêt et l’anti-sélection
Exercice 2 b : complétez le schéma avec asymétrie d’information, aléa moral, antisélection,
risque de crédit, risque systémique, coûts, agence de notation. Aidez-vous du document 1.
Document 2 : les trois compartiments des marchés des capitaux
Marché des
actions
Marché primaire (parfois appelé marché du neuf): émission d’actions par
les entreprises
Marché secondaire : revente d’actions par leurs détenteurs.
Marché des
matières
premières
Energie (pétrole, électricité, gaz)
Métaux (or, argent, cuivre)
Matières premières agricoles (blé, riz, cacao, café)
Marché des
taux d’intérêt
Marché monétaire marché sur lequel sont cotés des taux d’intérêt à court
terme (moins d’un an) et moyen terme (1 à 7 ans) : il comprend trois
………………..
………………
entre l’emprunteur
et le prêteur
Avant l’obtention
d’un prêt : problème
d’………………….
Après l’obtention du
prêt : problème
d’…………………
Solution : contrôles avant
l’octroi d’un prêt plus
nombreux, évaluation des
risques par une
……………………………
..
Solution : contrôles de
l’utilisation des fonds
(monitoring)
Hausse du ……….. du crédit
alors que les banques, en
situation de concurrence,
cherchent à réduire leurs coûts.
Sous-
évaluation des
risques le
……………
……….. et le
…………….
……………..
augmentent.
La banque augmente le ……………….. des prêts car elle se prémunit contre des
……………….des emprunteurs.
Parmi les emprunteurs, une partie (sûrement emprunteurs les plus averses au risque) trouve
que le prix du prêt est trop élevé donc elle se retire du marché.
La probabilité de ………… de certains emprunteurs (les moins prudents) augmente. La
banque augmente de nouveau le …………….. pour compenser le risque de
……………………
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compartiments :
- Marché monétaire interbancaire : les banques se prêtent et
s’empruntent des liquidités sous forme de monnaie banque centrale.
La Banque centrale intervient aussi parfois sur ce marché (politique
d’open market)
- Marché des bons du Trésor : titres à court terme émis par les États.
- Marché des billets de trésorerie : émissions de titres de financement
à court terme par des entreprises.
Marché obligataire (c’est un marché à long terme : minimum 7 ans)
D’après la fiche éduscol sur le point 3.1 du programme d’économie approfondie.
1) Expliquez pourquoi le marché primaire est parfois appelé marché du neuf.
2) Définissez action, obligation. Comparez ces deux titres.
3) Différenciez une obligation d’un billet de trésorerie.
4) Distinguez billets de trésorerie et bons du Trésor.
Document 3 : à quoi servent les marchés financiers ?
Les marchés financiers contribuent au financement de l’économie et permettent aux acteurs
de réduire les risques en leur fournissant, via le prix des titres, des informations de nature à
faciliter leurs décisions. Le cas des marchés à terme montre qu’ils sont aussi à mêmes de jouer
un rôle d’assurance. […]
Cette complexification des marchés financiers, avec des titres qui s’éloignent de plus en plus
de ce qui est communément appelé l’économie réelle, offre une gamme étendue d’opérations
de financement ou de couverture des risques vers des opérations de spéculation, c’est-à-dire
des opérations qui n’ont d’autre but que de réaliser des gains à partir des anticipations sur
l’évolution des marchés. Or, la spéculation est de nature à contribuer à ce qui est dénoncé
comme étant des fluctuations erratiques des marchés ou bulles spéculatives, situations dans
lesquelles les cours de titres ne reflètent plus l’information qu’ils sont censés contenir. En se
développant et en se complexifiant, les marchés financiers apportent certes de meilleures
réponses aux attentes des acteurs économiques mais ils donnent aussi des arguments à ceux
qui les décrient.
Source : Gilles Jacoud, « À quoi servent les marchés financiers ? », Cahiers Français 361, La
Documentation française, Mars-avril 2011.
Exercice 3 : le marché des changes
Le 7 septembre 2011, les taux de change entre la monnaie du Japon, celle des États-Unis et
celle de la zone euro étaient : 1 euro = 1,4 dollar, 1 dollar = 77 yens et 1 yen = 0,0092 euro
a. Vous disposez d’un million d’euros. Êtes-vous gagnant si vous changez vos euros
contre des dollars puis vous revendez les dollars contre des yens et enfin vous
convertissez les yens en euros ?
b. Êtes-vous gagnant si vous renouvelez l’opération précédente avec 1 yen = 0,01 euro ?
c. En quoi consiste finalement l’opération d’arbitragiste ?
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Exercice 4 : Les acteurs des marchés financiers :
Agents
économiques
Raisons de recourir au marché des changes
Importateurs /
exportateurs
Investisseurs
directs à l’étranger
États
Touristes
Spéculateurs
Document 4 : la globalisation financière
L’un des traits marquants de l’économie mondiale en ce tournant de siècle est la montée en
puissance de la finance internationale. Cette transformation appelée la globalisation financière
se définit comme la création d’un marché unique de l’argent au niveau planétaire. […] Par
suite de la globalisation financière, les entreprises multinationales industrielles ou financières
peuvent emprunter ou placer de l’argent sans limites où elles le souhaitent, quand elles le
souhaitent, en utilisant tous les instruments financiers existants. La règle des trois « D »
« désintermédiation », « déréglementation » et « décloisonnement », fonde le processus.
La « désintermédiation » est le recours direct des opérateurs internationaux aux marchés
financiers (finance directe) sans passer par les intermédiaires financiers et bancaires (finance
indirecte) pour effectuer leurs opérations de placement et d’emprunt. […]
Le « décloisonnement des marchés » correspond à l’abolition des frontières entre des marchés
jusque-là séparés : ouverture à l’extérieur des marchés nationaux en premier lieu ; mais aussi,
à l’intérieur de ceux-ci. […]
La « déréglementation » a été l’un des éléments moteurs de la globalisation financière. Les
autorités monétaires des principaux pays industrialisés ont aboli les réglementations des
changes de manière à faciliter la circulation internationale du capital.
Source : D. Plihon, « Les enjeux de la globalisation financière », Mondialisation au-delà des
mythes, La Découverte, 1997.
5) Expliquez en quoi consistent les trois D. Illustrez-les grâce aux exemples français de
réforme mentionnés page 104 (et repris ci-dessous).
Réformes sur les marchés financiers
1983 : autorisation de nouveaux instruments financiers (par exemple des formes hybrides
d’obligations)
2017_ea_3.1_cours-eleve_la-pf Page 8 sur 15 Aix-Marseille, décembre 2017, L. Auffant
1984 : loi bancaire qui met fin à la spécialisation des banques (entre banques d’affaires et
banques de dépôt), en créant une catégorie universelle : les établissements de crédit, pouvant
réaliser tout type d’opérations.
Les banques de dépôt (ou banques de détail, ou encore banques commerciales) géraient les
comptes des particuliers et des PME : leurs rôles consistaient à gérer les dépôts, fournir des
moyens de paiement (chéquiers, CB, virements) et octroyer des prêts. Les banques
d’investissement ou banques d’affaires ne géraient pas de dépôt et n’étaient pas des
établissements de crédit. Ces banques étaient des sociétés de conseils stratégiques et
financiers réservées aux grandes entreprises réalisant des transactions sur les marchés
financiers. Leurs ressources provenaient des prix facturés pour les conseils et montages
juridiques (introduction en Bourse, augmentation du capital par exemple). De nos jours, les
banques universelles assurent à la fois les fonctions des banques de dépôt (ex : octroi de
crédits) et des banques d’investissement (ex : gestion de portefeuilles financiers).
1986 : démantèlement du contrôle des changes
1986 : diversification des titres de dette publique
1986-1987 : autorisation de produits dérivés (Les marchés dérivés sont des marchés de
couverture au sein desquels certains agents économiques souhaitent souscrire une forme
d’assurance en vue de se protéger contre les fluctuations des taux de change, de cours de
titres ou du prix des matières premières.)
1988 : fin du monopole sur l’intermédiation boursière des agents de change
2007 : diversification des lieux d’échange d’instruments financiers, fin du monopole des
Bourses.
D’après Pierre Cyrille Hautcoeur, « Les marchés financiers français : une perspective
historique », Cahiers français n° 361, mars-avril 2011. (Sauf passages en italique ajoutés par
Mme Auffant)
Document 4 alternatif (au lieu du doc 4) :
Document : La règle des trois « D » : le triptyque de la globalisation financière
Cette globalisation financière a été permise autant que favorisée par ce que l’on
appelle la règle des « 3D » :
- Une déréglementation des marchés des capitaux favorable aux déplacements des flux
financiers, à l’émergence de nouveaux types de placements et à l’influence décisive
des investisseurs institutionnels (fonds mutuels, fonds de pension, compagnies
d’assurances et fonds spéculatifs ou hedge funds) ; les pays ont supprimé ou allégé un
certains nombre de réglementations, notamment avec la suppression des contrôles des
changes, la levée des mesures d’encadrement du crédit, la libéralisation des tarifs
bancaires et des taux d’intérêt pratiqués par les banques commerciales. Ce mouvement
de déréglementation a accentué la concurrence sur le marché du crédit et dans tout le
secteur bancaire (en poussant à l’émergence de « banques universelles » réalisant à la
fois des activités de banque de détail et de banques d’investissement, afin d’accroître
leur rentabilité). Avec cette déréglementation, les banques ont dû également faire face
à l’essor de nouveaux concurrents, tels que les sociétés d’assurance (en particulier
dans le domaine de l’assurance-vie), les OPCVM et les fonds de pension ;
- Une désintermédiation permettant aux agents à besoin de financement de recourir
directement aux marchés financiers plutôt qu’au crédit des banques ; en effet, la
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globalisation financière a favorisé le passage d’une économie dominée par la finance
« indirecte », dans laquelle les entreprises sont essentiellement financées par les
banques au moyen de crédits bancaires classiques, à une situation de finance
« directe », dans laquelle les entreprises se financent davantage par apport de fonds
propres ou par émission de titres de créances négociables, directement sur les marchés
financiers. Dans le même temps, les banques ont accru leurs interventions sur les
marchés financiers, en émettant elles-mêmes des titres financiers. Cette présence
accrue des banques sur les marchés financiers (on parle à ce titre de « marchéisation »)
a rendu d’ailleurs assez arbitraire la frontière entre l’intermédiation et la
désintermédiation. Les économistes continuent pourtant de distinguer les systèmes
fondés sur les financements « intermédiés », et donc sur le crédit bancaire (« bank
based »), et ceux reposant principalement sur les marchés de capitaux (« market
based »), même s’il existe une forte complémentarité entre les deux. Le mécanisme de
la titrisation, soit la transformation des crédits bancaires (ou plus largement d’actifs
peu négociables) en titres financiers négociables sur des marchés secondaires, est
l’une des dimensions de la désintermédiation (déplacement du crédit bancaire vers les
titres financiers). L’intermédiation financière s’est par ailleurs transformée : si le
mouvement de désintermédiation dans le financement des crédits est très important,
les banques gardent toutefois un rôle essentiel dans le fonctionnement des marchés et
de leur liquidité ;
- Le décloisonnement est un processus de suppression des barrières à la fois entre les
divers marchés nationaux, mais aussi entre les différents compartiments des marchés
de capitaux. Cette transformation unifie des marchés jusque là séparés (marché
monétaire, marché obligataire, marché des changes, marché à terme, etc.). Ce
décloisonnement des marchés se traduit alors par une interdépendance des prix des
actifs financiers, tant au niveau domestique qu’au niveau international. Aux
compartiments étanches entre différents marchés (marché monétaire, marché
obligataire, marché boursier) se substituent, grâce aux innovations financières
(certificat de dépôts, billets de trésorerie, etc.), des possibilités d’arbitrage entre ces
différents marchés. La suppression des obstacles à la mobilité interne et internationale
des capitaux élargit les possibilités de diversifier son portefeuille de lacements
financiers. Le décloisonnement augmente donc le choix des agents non financiers
(ménages, entreprises) dans le financement de leurs activités. Ces derniers vont donc
pouvoir comparer les coûts (taux d’intérêt, coûts de transaction, de collecte et de
traitement de l’information) et les risques des différents modes de financement.
Source : Laurent Braquet, David Mourey, Comprendre les fondamentaux de l’économie,
introduction approfondie à l’économie, De Boeck, 2015.
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Exercice 5 : les 3 D : complétez le tableau à l’aide du document 4 bis.
Signification Exemples en France
Déréglementation
Désintermédiation
Décloisonnement
Document 5 : évolution du taux d’intermédiation financière
Le taux d’intermédiation mesure la part prise par les institutions financières résidentes – IF –
(banque centrale, établissements de crédit et assimilés, organismes de titrisation, OPCVM,
sociétés d’assurance et autres intermédiaires financiers, à l’exclusion des auxiliaires
financiers) dans les encours de financement dont bénéficient les agents non financiers
résidents – ANF1 –. Le taux d’intermédiation au sens strict correspond à la part des seuls
crédits octroyés par ces IF dans le total des financements des ANF. Le taux d’intermédiation
au sens large prend en compte, outre ces crédits, les titres émis par les ANF et détenus par les
IF.
Source: https://www.banque-
france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/Economie_et_Statistiques/2011-S1-analyse-
evolution-du-taux-intermediation-financiere.pdf
6 ) En quoi ce document illustre-t-il la désintermédiation ?
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Document 6 : les banques en mutation
La mondialisation financière devait être fatale aux banques du fait de la concurrence
des marchés financiers et du rôle grandissant des investisseurs institutionnels (fonds de
pension, sociétés d’assurances…). Ces prédictions pessimistes ne se sont pas vérifiées. […]
Le développement des marchés de capitaux a largement profité aux banques, qui en sont
devenues des acteurs majeurs. La raison est simple : pour fonctionner, les marchés financiers
ont besoin d’intermédiaires qui, par leurs nombreuses opérations d’achat et de vente de titres,
assurent leur liquidité. Les banques ont donc préservé leur place au sein des systèmes
financiers en développant une activité profitable d’intermédiation de marché, à côté de leurs
opérations d’intermédiation traditionnelle. La finance bancaire ne se limite désormais plus à
l’octroi de crédits ; les achats de titres par les banques contribuent de manière croissante au
financement de l’économie. […] Pour s’adapter à la concurrence, au développement des
marchés et aux exigences de la clientèle, les banques ont été amenées à diversifier leurs
activités. Le marché des services financiers est désormais dominé par des grands groupes
bancaires et financiers dont l’activité s’internationalise. Ces groupes cherchent à être présents
dans les trois grands domaines de la finance : la banque, l’assurance et la gestion de titres.
Source : J Couppey-Soubeyran, D Saïdane, D Plihon, “Les banques en mutation”,
Alternatives économiques HS 75 (La finance), 1er trimestre 2008
7 ) À partir de ce document justifiez le sous-titre du cours : « une désintermédiation
bancaire à relativiser ».
Document 6 alternatif :
Deux changements majeurs ont bouleversé le métier de banquier traditionnel depuis les
années 1980, ouvrant la voie au shadow banking system.
Le développement des marchés de gré à gré
Le premier changement est venu des politiques de libéralisation financière menées dans la
plupart des pays avancés puis émergents à partir des années 1980. Les gouvernements et les
autorités de supervision et de régulation ont décidé de promouvoir des politiques de laisser-
faire à l’égard des acteurs financiers. Ces politiques étaient fondées sur la croyance en
l’autorégulation des marchés et en la capacité des acteurs financiers de s’autocontrôler. C’est
ainsi que les autorités ont laissé se développer des marchés de gré à gré qui, à la différence
des marchés organisés, fonctionnent d’une manière totalement opaque et donc incontrôlable,
et sont caractérisés par l’absence de chambres de compensation1 et de règles communes à
l’ensemble des opérateurs de marché. Les opérations sur produits dérivés réalisées sur des
marchés de gré à gré non régulés ont permis aux institutions financières de bénéficier d’effets
de levier2 importants. Sur ces marchés, les institutions financières ont la possibilité de se
couvrir contre les risques de taux d’intérêt et de taux de change, mais aussi de spéculer avec
un paiement initial faible, voire nul.
Un nouveau modèle d’intermédiation bancaire
Le deuxième bouleversement concerne les modalités de l’intermédiation bancaire. Soumises
à la double pression des exigences de rendement des actionnaires et des normes de
supervision prudentielle, les banques ont cherché à accroître et à diversifier leur offre de
financement. Pour atteindre cet objectif, ces dernières ont développé deux axes stratégiques.
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Elles ont mis en œuvre une nouvelle forme d’intermédiation, qualifiée d’intermédiation de
marché, fondée sur une activité intense sur les marchés financiers. Une part croissante des
résultats bancaires provient désormais des opérations de marché. En second lieu, pour
satisfaire les exigences prudentielles, et en particulier le ratio de fonds propres, les banques
ont cherché à sortir de leurs bilans une partie de leurs actifs et de leurs risques. Cette stratégie
a conduit les banques à un usage massif des produits dérivés et surtout de la titrisation des
créances. Innovation financière majeure, la titrisation consiste à transformer des crédits
bancaires en titres négociables pour les vendre à des investisseurs, ce qui permet de transférer
du crédit, et donc des risques, du bilan des banques vers celui d’institutions non bancaires.
Les banques se sont ainsi éloignées du modèle d’intermédiation traditionnel, dénommé
originate to hold, dans lequel elles accordent des crédits et les gardent dans leur bilan jusqu’à
l’échéance en contrôlant la qualité et les résultats de l’emprunteur. La titrisation a favorisé
l’adoption d’un modèle nouveau (originate to repackage and sell), dans lequel les banques
continuent certes d’accorder des crédits, mais avec l’idée de les restructurer et de les vendre
au plus vite. Dans ce modèle, les banques ne remplissent plus leurs fonctions traditionnelles –
financer l’économie et contrôler les risques – qui sont transférées à des acteurs non bancaires.
Cette nouvelle forme d’intermédiation a donné naissance à une véritable industrie financière,
qui constitue le cœur du shadow banking system.
Source : Esther Jeffers et Dominique Plihon « Le shadow banking system et la crise financière »,
Cahiers Français 375, La Documentation française, Juillet-août 2013.
1. Chambre de compensation : société qui intervient comme contrepartie centrale unique s’interposant
entre le vendeur et l’acheteur, garantissant le bon déroulement des transactions.
2. Effet de levier : le fait d’accroître la rentabilité d’un investissement par un recours à l’endettement.
Question (doc 6 alternatif) : expliquez les changements intervenus en matière
d’intermédiation bancaire suite à la globalisation financière.
Document 7 : Les effets positifs attendus de la globalisation financière
La globalisation financière s’est traduite depuis les années 1980 par l’accroissement
considérable des flux financiers dans l’économie mondiale. […]
Pour le courant libéral, la globalisation financière favorise l’investissement et la croissance :
elle optimise l’allocation de ressources en améliorant l’ajustement entre besoins et capacités
de financement des agents économiques et concourt à la baisse des taux d’intérêt du fait de
l’intensification de la concurrence entre les institutions financières. De plus, de nouvelles
formes de placements (innovations financières) et la création de nouveaux marchés tel que le
NASDAQ aux États-Unis, spécialisé sur la cotation d’entreprises de haute technologie,
facilitent aussi l’ajustement entre capacités et besoins de financement à l’échelle mondiale ;
de nouveaux acteurs tels que les investisseurs institutionnels (organismes de placement
collectifs) améliorent l’efficience des marchés financiers en développant leurs activités de
collecte d’épargne et de placements au niveau mondial.
Source : Marc Montoussé (dir.) 100 fiches pour comprendre la mondialisation, éd. Bréal.
Exercice pour synthétiser le chapitre 3.1 - Complétez avec : dérèglementation,
décloisonnement, désintermédiation, actifs financiers, devises, besoin de financement,
capacité de financement, obligations, actions.
Le système financier est « l’ensemble des institutions (marchés de titres et intermédiaires
financiers), des règles et des pratiques qui, au sein d’un espace donné (un pays, une région ou
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le monde entier), rendent possibles des échanges d’argent. Ces échanges se font entre ceux
qui ont accumulé de l’argent en épargnant chaque année une fraction de leur revenu et ceux
qui n’ont pas suffisamment pour financer une dépense d’investissement ». (Jézabel Couppey
Soubeyran, Monnaie, banques, finance, PUF, 2012).
Ainsi, divers agents économiques interviennent sur les marchés financiers que ce
soient sur les marchés des capitaux ou sur le marché des changes. Ces marchés sont le lieu où
s’échangent des …………………………….. comme par exemple des …………,
……………., …………... Les marchés financiers mettent en relation des agents à
……………………………… (entreprises, États) et des agents à
…………………………………… (fonds d’investissement qui peuvent être spécialisés dans
les retraites, investisseurs institutionnels et aussi fonds spéculatifs). Sur ces marchés
l’information étant souvent asymétrique, des organismes spécialisés appelés agences de
notation évaluent la valeur des actifs. Le marché des changes permet de convertir des actifs
financiers (devises, actions…) dans une autre monnaie. Les marchés financiers permettent
également de se couvrir contre des risques de fluctuations des cours (cours des matières
premières, cours des devises par exemple). Certains agents économiques se spécialisent alors
dans des produits risqués et spéculent.
Le développement des produits dérivés est une des conséquences de la globalisation
financière, le triple processus de ………………………, ………………………… et
…………………………. (ou 3 D) qui caractérise l’évolution des marchés financiers depuis
les années 1980.
La globalisation financière se caractérise par l’apparition d’un marché unique des capitaux
fonctionnant à l’échelle de la planète du fait de la circulation instantanée des informations, de
la suppression des contrôles des changes ou de l’homogénéisation des produits proposés aux
épargnants. Les agents à la recherche de capitaux, d’emprunts ou de placements à effectuer,
disposent désormais d’une grande autonomie puisqu’ils peuvent opérer sur les marchés
internationaux.
Les 3 D désignent un important mouvement de libéralisation et de mondialisation des marchés
financiers depuis les années 1980, transformant les circuits de financement de l’économie. La
………………………… a eu pour objectif de diminuer voire de supprimer les
réglementations qui encadraient l’activité financière afin de rendre le système financier plus
concurrentiel et d’élargir les opportunités de placement et de financement. La
.…………………….. a favorisé la circulation internationale des capitaux ainsi que le
développement d’innovations financières.
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Le décloisonnement est immédiatement lié à la …………………………… puisqu’il désigne
à la fois la suppression de l’encadrement réglementaire des banques qui les cantonnait à des
réseaux et à des activités spécifiques de financement, et la suppression des frontières entre les
marchés nationaux et internationaux de capitaux.
La ……………………….. : dans quelle mesure ? La ……………………….. désigne la
progression de la finance directe où les agents à …………………………. et les agents à
………………………. se rencontrent directement sur les marchés financiers (la nature de la
créance est la même que celle de la dette –une action émise, puis achetée par exemple-) alors
que, dans un système de financement indirect, les banques transforment l’épargne de court
terme en prêts de long terme ou créent de la monnaie par le crédit. Avec
…………………………, les banques ne disparaissent pas mais leur fonction traditionnelle de
crédit évolue vers un rôle de placement sur les marchés financiers. On passe d’une
intermédiation de bilan vers une intermédiation de marché.
La globalisation financière est censée avoir des avantages liés à la concurrence plus
forte sur les marchés des capitaux. Néanmoins elle a accru les risques sur ces marchés en
particulier le risque systémique : possibilité que le défaut de paiement d’un agent
économique (une banque, un État) ou l’effondrement des cours sur un marché (par exemple le
marché immobilier américain) se propagent à l’ensemble du système financier d’un pays ou
de la planète entière.
Document-bilan
La globalisation financière : fondements et acteurs
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Source : Laurent Braquet, David Mourey, Comprendre les fondamentaux de l’économie, introduction
approfondie à l’économie, De Boeck, 2015.
Les banques. Ce sont
des acteurs majeurs de
la globalisation. Elles
ont le pouvoir, par un
simple jeu d’écritures,
de transférer
instantanément des
capitaux d’un pays à
un autre. Disposant
pour certaines d’entre
elles d’un portefeuille
internationalement
diversifié d’actifs
financiers, elles jouent
également un rôle
déterminant dans les
opérations de crédit.
Les fonds
d’investissement. Il
s’agit de structures de
collecte d’épargne
intervenant de
manière importante
sur les différents
segments du marché
international des
capitaux. On distingue
des fonds d’actions,
monétaires,
obligataires, de
matières premières,
dont l’intervention
souvent liée à des
retraits ou apports
d’épargne par les
investisseurs,
contribue de manière
significative à la
formation des prix des
actifs financiers.
Les entreprises
participent elles aussi
au processus de
globalisation
financière. Leur
financement est
devenu international
et la gestion de leurs
avoirs en devises,
associés par exemple à
un flux d’exportations,
obéit désormais à une
logique d’anticipation
sur l’évolution des
cours de change.
Les États
participent, à
travers leur
politique d’émission
de titres, à la
globalisation
financière. La part
de dette publique
détenue par les
non-résidents est
de plus en plus
importante, et une
partie de cette
dette est libellée en
monnaie étrangère.
Les acteurs de la globalisation financière
Globalisation financière :
Recours accru au marché financier pour le financement de l’économie ;
Concurrence accrue entre les acteurs de la finance ;
Essor des innovations financières (dérivés de crédit, titrisation, produits structurés, Trading
Haute Fréquence…)
Les fondements de la globalisation financière : la règle des trois « D »
Déréglementation
Processus d’assouplissement
ou de suppression des
réglementations
internationales entravant la
circulation des capitaux.
Décloisonnement
Abolition des frontières
segmentant les marchés
financiers, fin de la
segmentation des divers
marchés nationaux, mais aussi
celle, à l’intérieur d’un même
pays, entre divers types de
marchés financiers.
Désintermédiation
Possibilité offerte aux
opérateurs désireux de
placer ou d’emprunter des
capitaux, d’intervenir
directement sur les marchés
financiers, sans être obligés
de passer par les
intermédiaires financiers.