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Développements sur les thématiques du 1 er Livre Blanc : domaines d’innovation prioritaires pour l’Assurance

Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 2 : LONGEVITE BIEN VIEILLIR

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2ème Livre Blanc de l'innovation dans l'Assurance : Des secteurs porteurs identifiés pour les 10 prochaines années Créé et labellisé par le ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi en juillet 2007, le Pôle de compétitivité mondial FINANCE INNOVATION a pour principale mission de faire émerger et de soutenir les projets innovants et/ou de recherche à forte valeur ajoutée, contribuant au développement de l'emploi et de la compétitivité de l'industrie financière française. Dans le cadre de cette mission, le pôle FINANCE INNOVATION et les membres de sa filière Assurance publie le 2ème livre blanc de « L'INNOVATION DANS L'ASSURANCE », dont l'objectif est de sensibiliser les chefs d'entreprise, les professionnels et les académiques aux domaines d'innovation jugés prioritaires.

Text of Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 2 : LONGEVITE BIEN VIEILLIR

1. Dveloppements sur les thmatiques du 1er Livre Blanc : domaines dinnovation prioritaires pour lAssurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 40 2. 41 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance 1 Linnovation dans le domaine de la Longvit Bien vieillir inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 41 3. 42 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance 10 Introduction Lobjectif du groupe thmatique Longvit Bien vieillir est de dmontrer que la longvit reprsente une opportunit pour les assureurs et les banquiers, de crer une nouvelle chane de valeur dont la cible est une partie importante de la- population, 40% et plus dici quelques dcennies, disposant de la plus grande part des ressources. Une des principales questions poses par la longvit est de pouvoir conserver le plus longtemps possible les personnes en bonne sant et de limiter les cons- quences de la perte dautonomie, de ses premiers effets aux pertes plus handi- capantes, de faon ce que les personnes puissent vieillir chez elles le plus longtemps possible. Lenjeu principal est de vieillir en bonne sant, ds 50 ans, plutt que dviter la dpendance. La dpendance doit en effet tre traite comme un ala qui ne frappera que 10% des sexagnaires, un quart des octognaires, alors que la longvit concerne toutes les personnes (et donc tous les clients des assureurs et banquiers). La question de la dpendance est aussi celle de la dpendance cognitive, qui reprsente les 3/4 des cas de dpendance et est l'origine des difficults d'va- luation et d'indemnisation, ainsi que des carts d'apprciation entre les aides d'Etat et les assureurs : la dpendance cognitive est difficile valuer de faon objective et ses consquences sont diffrentes selon la psychologie des per- sonnes, les conditions de logement, l'environnement familial, de vie, mdical. Les personnes atteintes restent en effet valides physiquement durant une trs grande partie de la maladie et en thorie aptes aux " AVQ " (actes de la vie quo- tidienne). La perte d'autonomie peut tre rversible en dpendance partielle, et les progrs mdicaux y seront les plus sensibles. Malgr la difficult que reprsente la mise en place des prestations pour compenser les handicaps cognitifs, il sagit l dune problmatique cl. Si la dmonstration doit tre faite du caractre marginal de lassurance dpen- dance comme source de financement des pertes dautonomie graves la fois Michel REVEST, Directeur Recherche et Innovation, COVEA inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 42 4. 43 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance pour le prsent (2%) et le futur (vraisemblablement 5% au mieux), et dune absence de pertinence la plupart du temps par rapport aux besoins des malades, cette dmonstration vise non pas remettre en cause lassurance dpendance souscrite titre individuel (plus dun tiers des contrats) ou collectif, mais de la replacer dans le contexte global du financement des services aux personnes dpendantes afin de lui trouver sa juste place. Le financement est la solution la plus facile mettre en place, mais lidentification et la mise en place de services individualiss sont les vrais sujets de la longvit poss la socit franaise. Les travaux mens par le Groupe thmatique lont t sous un angle prospectif. Il na pas pu sagir de dfinir avec prcision le contenu des prestations et des pro- duits qui devront tre effectus grce des initiatives ultrieures, mais de dresser un inventaire des secteurs que ces prestations et services devront traiter, de d- couvrir les zones explorer actuellement non travailles, douvrir des brches et des ouvertures pour rendre possibles ces nouvelles prestations. Le constat qui doit tre fait est le suivant : les assureurs ont rsolu les problmes poss par le financement de la dpendance sous langle de lala que reprsente la perte dautonomie. Ils nont su traiter convenablement ni la prvention, qui ne trouvait pas les ressources pour tre finance dans le cadre de ces seuls contrats, ni la mise en place des services que la dpendance des personnes rendait n- cessaire. Rsoudre la problmatique du vieillissement ne peut, notre avis, que senvisager de manire progressive, globale et transverse. L'originalit de la dmarche entreprendre du point de vue de l'assureur pourrait tre celle d'un chanage entre les diffrents produits d'assurance (MRH, pour l'adaptation du logement, automobile pour la mobilit, la sant pour les soins attachs au bien vieillir, les contrats d'incapacit type Gav durant les ges adultes, l'assurance vie support de financement et de services, les contrats de dpen- dance enfin proprement dits). En centrant le dbat sur la dpendance, les assureurs ont focalis le public sur un vnement ngatif qui ne concerne quune minorit des seniors, alors que la longvit (en bonne sant) est un vnement inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 43 5. positif que vivent la quasi-totalit des personnes atteignant lge dtre senior, soit le plus grand nombre des assurs matures. Lassurance dpendance aujourdhui ne vise que le financement des frais sous forme montaire, et utilise une branche de lassurance, une rpartition du risque de perte dautonomie sous la forme de primes ou cotisations fonds perdus , mme si les sommes verses peuvent tre affectes sous certaines conditions aux assurs sous la forme de valeur de rduction, mcanisme complexe pour les as- surs. Une approche financire ralise plusieurs dizaines dannes avant la survenance de la perte dautonomie nest pas pertinente : - les besoins ne peuvent tre anticips autant lavance ; - la prise en charge par les pouvoirs publics ne peut tre value une telle distance de temps ; - les besoins des assurs ne peuvent tre valus avec prcision du fait de lvolu- tion des moyens, de la situation familiale ou de lenvironnement. Ltat mdical, les soins, la rduction des affections restent une inconnue. Etre pertinent dans la prise en charge de la perte dautonomie, cest intervenir un ge assez avanc, intgrer et pouvoir intgrer les progrs de la mdecine, se mnager des marges importantes de ractivit, rviser rgulirement le dispositif adopt pour faire face la perte dautonomie. Traiter la longvit, cest englober toute la gamme des produits et ser- vices dassurance, ainsi que certains des services financiers des banques. Les assureurs tant limits dans les services quils peuvent prsenter dans le cadre de leurs structures, des partenariats ou la constitution dentits devront tre mis en place : ce type de question a dj souvent t pos et les assureurs ont toutes les rponses pour mener bien des offres composes de prestations assuran- cielles et non assurancielles. La longvit devient ainsi une opportunit pour les assureurs et ban- quiers de fidliser une clientle qui est essentielle en nombre et en valeur commerciale, de crer une chane de valeur nouvelle avec des marges supplmentaires, denrichir leurs gammes de produits avec de nouveaux services et prestations, de conforter des produits existants avec des 44 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 44 6. 45 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance motifs complmentaires de maintenir ou renforcer certains produits (ex contrat pargne vie pour le financement des frais de sant aux ges levs ou les dpenses de dpendance), damliorer leur image de marque. Rpondre aux problmes soulevs par la longvit permettra aux acteurs des services financiers de renforcer leur lgitimit lgard de cette population. Lassureur, sil sait rpondre de faon transverse aux besoins poss par la longvit en mobilisant toutes ses ressources dispersess en branches dactivit assu- rancielles (en cassant les domaines rservs des branches qui sont jalouses de leur autonomie), a toute la lgitimit requise : mobilit avec les assurances des vhicules terrestres, logement accompagn de toutes assurances facilitant la vie quotidienne (protection juridique, assistance,), assurance des alas de la vie (dcs, invalidit, chmage, etc..), les assurances lies ltat de sant, assurance pargne (pour les coups durs de la vie, la protection de ses proches, ses projets de vie, sa retraite, ses dpenses de fin de vie,). Une nouvelle approche assurantielle qui tiendrait compte de la problmatique du vieillissement pourrait sarticuler idalement autour des points suivants : - approche transversale, tous produits dassurance compris (cf. ci-dessus) ; - prise en compte de la longvit en partant des besoins essentiels (conserver sa sant sans perte dautonomie, garantir sa mobilit, vivre chez soi dans son logement de faon sre et dans de bonnes conditions sanitaires, prserver dans la mesure du possible sa capacit de mobilit, organiser sa vie et la gestion de ses ressources de la faon la plus optimale) ; - crer une banque de prestations , une sorte de rservoir o puiser, et des services permettant la personnalisation vritable des offres, assur par assur. En rsum, pour tre pertinent dans la longvit et les services accompagnant le bien vieillir, il faut une banque de services et prestations pour intervenir bon escient, tre ractif, personnaliser les offres, agir le plus en amont possible (pren- dre en charge la dpendance dj installe cest agir trop tard), utiliser comme supports de services de longvit tous les produits existants de la gamme des assureurs, gage de succs. Les contrats traditionnels dassurance doivent tre intgrs dans une dmarche transverse commune tous, sappuyant sur les besoins qui structurent les produits dassurance et qui ont t oublis, et les relier des services de longvit dont ils sont les supports. inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 45 7. 46 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Les thmes doivent tre structurs autour : - de la prvention (prestation par prestation) avec un fil conducteur, en vitant la dispersion, en crant une logique de gamme, en formalisant un discours structur, - du financement des services, non des dpenses lies aux pertes dautonomie graves (Gir 1 3 en gnral ou AVQ, ou un mlange des deux), mais de toutes les dpenses lies la longvit (frais de sant, dpenses de fin de vie, dpen- dance ou pas, services pour rester chez soi, amnagement du logement li lmergence de pertes dautonomie, prestations pour tre mobile et maintenir des relations sociales). Ce financement doit tre dfini assur par assur en utilisant toutes les ressources possibles. Les DIP qui ont t identifis rpondent cette problmatique de cration dune gamme base sur les offres actuelles des assureurs. Le Groupe thmatique Longvit - Bien vieillir, dirig par Michel REVEST, Directeur Recherche et Innovation - COVEA 11 Liste des DIP identifis Les domaines dinnovation prioritaires (DIP) traitent non seulement de la dpendance, mais aussi de manire plus large du sujet de la longvit et du bien vieillir. Traits par les participants de la filire ASSURANCE au sein du Ple de comptitivit FINANCE INNOVATION, les DIP portent sur de nouvelles prestations d'assurance et plus largement de services de prise en charge du bien vieillir. Ces prestations nouvelles sinscrivent dans le cadre dun partenariat public/priv entre les principaux acteurs concerns (mais pas les seuls) que sont les pouvoirs publics et les assureurs, indispensables de par leurs complmentarits et leurs savoirs faire sur un plan technique et organisationnel. Les assureurs sont dores et dj bien positionns dans le cadre de ce partage public/priv de la prise en charge de la dpendance et du bien-vieillir : dune part, les produits qu'ils proposent sont dans la logique de ce bien vieillir (sant, logement, mobilit, ressources, prvoyance), dautre part, leurs mtiers se diffrenciant de plus en plus dans le secteur des services, leurs comptences en matire de gestion de rseaux trouveront l un moyen de s'exprimer de manire satisfaisante et rellement contributive. inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 46 8. 47 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance La connaissance des risques de la longvit est une condition pralable la solvabilisation des besoins des assurs. Elle ne doit pas se limiter la dpendance et doit permettre de mieux vieillir de faon positive en donnant les moyens de rester le plus longtemps possible en bonne sant. C'est le vritable enjeu de la base de donnes panlise : suivre et analyser le risque dpendance dans le temps ; et de mme sur le thme plus large du vieillissement, ce qui permettra de mieux prvenir en amont les tats de dpendance. Plus concrtement, la prvention prolonge lesprance de vie sans incapacit, de manire brute et aussi proportionnellement lesprance de vie totale. Cela correspond au phnomne de compression de la morbidit observ depuis plusieurs dcennies dans les pays dvelopps. Son champ daction ne doit pas se limiter au domaine de la sant, mais se retrouver de manire constructive et parallle dans les activits exerces par les divers intervenants de la dpendance. Dans un contexte de recherche de nature assurancielle et applique, les assureurs doivent, paralllement la recherche fondamentale mdicale, participer et alimenter la prvention grce au pilotage de leur portefeuille : en mettant disposition des informations standardises et pertinentes de suivi de risque des assurs, stockes et traites dans une plateforme accessible aux chercheurs en mdecine toutes spcialits confondues, ainsi qu lensemble des partenaires concerns tels que les entreprises innovantes dans les nouvelles technologies impliques dans le domaine de laide la personne et/ou dans celui de la recherche de solutions innovantes associes aux biotechnologies. Le groupe de travail a permis de dgager un consensus entre assureurs, mdecins, et universitaires sur les limites d'une approche financire de la question du bien vieillir et sur des solutions alternatives. Dlivrer des prestations financires lassur dpendant ne rsout pas aujourdhui et ne rsoudra pas la question du bien vieillir. La ralisation des DIP a consist notamment se donner comme mission deffectuer linventaire des vraies solutions de prise en charge : des prestations rpondant aux besoins des assurs en identifiant les acteurs publics/privs performants, pouvant simpliquer dans ce cadre, avec la fixation de leurs conditions dexploitation associes, et qui soient ralistes sur un plan technique. inte?rieur livret A 3/01/13 18:44 Page 47 9. 48 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Valoriser le mtier de lassureur Le mtier de lassureur est enracin dans les valeurs : de protection des personnes contre des risques dont la charge serait insuppor- tables pour elles prises individuellement et injustes sans la solidarit collective qui en mutualise les consquences financires, de la prudence dans la gestion de lpargne et de linvestissement sur le long terme quand le courtermisme est le plus souvent privilgi. Lassurance permet aux personnes et aux socits modernes de se librer des incertitudes du futur et de prendre des risques utiles et crateurs de richesses matrielles et immatrielles. De ce point de vue, il est utile aujourdhui de rappeler ces valeurs sociales, humaines et thiques et de les mettre en exergue, prcisment quand il sagit dassurer le risque de dpendance,. DIP 1 : Passer de la logique produit celle des services Les assureurs et les pouvoirs publics proposent chacun aujourdhui des couvertures dpendance exclusivement sous forme forfaitaire. Il sagit ici de proposer des couvertures dfinies en termes de service daccompagnement la personne, approche essentielle pour rpondre aux besoins rels des assurs. Les assureurs doivent favoriser une approche services daccompagnement des assurs o la prestation financire nest quun lment dans un ensemble plus complexe. Lenjeu est de valoriser leur mtier, leur savoir faire et leurs rseaux de proximit en profitant du potentiel que reprsente une socit vieillissante en demande croissante de protection et de confort. Financeur de prestations, lassureur a de toute vidence une lgitimit et une capacit relle prconiser des solutions adaptes parce quil a, dune part, la connaissance du risque collectif, et dautre part, par le contact personnalis avec chaque assur. De ce fait, il accumule une expertise propre qui valorise son mtier et ses offres de service. Enfin, solvabiliser les besoins des assurs peut aussi conduire lassureur favoriser lmergence de nouvelle solutions, de nouvelles technologies ou de formes dorganisation des services. Cette approche services peut tre dcline en trois axes structurants : - des prestations intellectuelles comme la mise disposition dinformations utiles, dexpertise et de conseil personnalis pour tablir un plan daction de prvention sant, financer un projet, mobiliser les diverses aides et sacquitter des formalits administratives, etc. ; - intermdiation avec des prestataires de service agres des conditions inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 48 10. 49 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance prfrentielles grce des partenariats privilgis, ce qui permet aux assurs danticiper, de gagner du temps quand il y a urgence et dutiliser leurs ressources au mieux ; - construction de solutions innovantes en partenariat avec la recherche, les industriels, les gestionnaires de services, les institutions et les collectivits ; - exprimentation des modalits de distribution et des modles conomiques fiables. DIP 2 : Dvelopper la formation (continue et initiale) des agents dassurances La mise en place dune offre de service adapte aux besoins des assurs dans le domaine du bien vieillir et de la dpendance implique une connaissance suffisante des aspects concrets lis au vieillissement et la dpendance, de la part des agents dassurance. Pour favoriser le passage de la logique produit celle de services et les innovations en matire de prise en charge des risques lis au vieillissement, les assureurs doivent accompagner leurs agents (communication, marketing, commerciaux, conseillers, mdecins, valuateurs, etc.) dans lappropriation de cette nouvelle culture. Il sagit de mettre en place des formations (en interne ou en externe) afin de permettre aux agents une meilleure comprhension de lcosystme du vieillissement et de la diversit des situations, des besoins et des attentes des seniors et de leur volution dans le parcours de vie. Lobjectif est galement de les doter de capacits danalyse et dvaluation multidimensionnelles de la situation de lassur en vue de la construction dune offre de service adapte. En effet, lassur (client) dans sa globalit doit tre au centre de la dmarche dassurance ; cette orientation devra tre rendue obligatoire en raison de la mise en place prochaine des obligations rglementaires Directive sur lintermdiation en assurance (DIA2). Par ailleurs, il est prvoir galement dintgrer ces questions dans les cursus de formations (universitaires et professionnelles) aux mtiers de lassurance et de crer des passerelles avec dautres formations (sciences humaines, sant, mdicosocial, social, sciences de lingnieur). Le secteur pourra ainsi diversifier le recrutement de collaborateurs, un enjeu capital pour les assureurs. DIP 3 : Construire un rfrentiel commun dvaluation de la dpendance Les grilles actuelles dvaluation de la dpendance, notamment la grille AGGIR, ne prennent pas suffisamment en compte les tats de dpendance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 49 11. partielles et surtout psychiques, et ainsi ne rpondent pas correctement aux besoins des assurs. Une concertation doit tre mise en place pour raliser une nouvelle grille dvaluation officielle sappuyant sur un consensus entre pouvoirs publics et assureurs. Le faible attrait de lassurance dpendance est multi factoriel : il est li une trop grande htrognit des offres sur le march et la multi- plicit des critres dligibilit et des outils dvaluation, il est aussi li certaines faiblesses dans la protection des assurs travers des critres nintgrant pas suffisamment la ralit destats de dpendance psychique et partielle. enfin, les disparits de traitement actuelles entre les assureurs et les dparte- ments sont facteur dincomprhension et de dfiance des Franais. Pour les assureurs, il y a l un vrai risque dimage en raison des conflits potentiels avec les assurs et leurs proches. Cest toute la profession qui en ptira. Ainsi, il importe dlaborer un rfrentiel commun dans les secteurs public et priv appuy sur des dfinitions, des critres larges et satisfaisants, des outils et des pratiques dvaluation faciles manier par les valuateurs et lisibles par les assu- rs et les bnficiaires : conditions ncessaires pour rpondre correctement aux besoins des assurs selon les diffrents facteurs de disparits, gographique, social, choix de lassureur Aussi, ce nouveau rfrentiel devra comprendre des guides de bonnes pratiques, la formation et lagrment des valuateurs, le contrle de fiabilit des outils et une charte qualit. Cest l une pice indispen- sable ladhsion des Franais lassurance dpendance et la construction dun ventuel systme mixte pour la prise en charge de la dpendance. Un des objectifs tant ici de finaliser les propositions du groupe de travail pilot en 2010 par la CNSA et compos de reprsentants des conseils gnraux, dassureurs, des administrations centrales et de la Caisse nationale dassurance vieillesse. Plus concrtement, la volont dune meilleure prise en charge de la dpendance lchelle nationale passe par une meilleure prise en compte de la dpendance psychique et partielle en croisant grilles prives et grilles publiques. Lobjectif serait ici de dvelopper une grille amliore en termes didentification du risque, mais aussi en termes didentification des besoins des assurs. Cette nouvelle grille est une condition ncessaire la mise en place en France doffres assurancielles adaptes aux besoins des assurs touchs par le risque de perte dautonomie. 50 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 50 12. 51 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Recherche et innovations Les assureurs sont confronts des incertitudes majeures en termes de risque (probabilit de basculer vers la dpendance, volution des cots de prise en charge dans le temps et dure de vie en dpendance), en particulier pour le cas de la dpendance partielle et psychique. Par ailleurs, la prise en charge de la dpendance lgre ou partielle est insuffisante. Lune des conditions essentielles pour innover et dvelopper loffre assurantielle est la cration dune base de donnes partir de cohortes panlises (taille suffisante et reprsentative de la population franaise) dans le cadre dun suivi statistique de long terme, base qui sera alimente de manire prenne. Dans les deux cas, il sagit dune mise en commun des donnes existantes publiques et prives (I.N.S.E.E., DREES, assurance maladie, P.A.Q.U.I.D., 3 Cits, A.M.I., base de donne Alzheimer , assureurs). Ceci ncessitera un partenariat public/priv et un pilotage technique de long terme par une entit nationale neutre. Cette base de donnes pourra servir galement lexprimentation de nouveaux tests cliniques et dactions de prvention et daccompagnement, et lvaluation de leur impact. DIP 4 : Cration dune base de donnes sur le risque de dpendance et de vieillissement, comme outil pralable dune prise en charge adapte La cration dune base de donnes nationale et panlise, associant le secteur public comme le secteur priv, permettrait une meilleure observation et une meilleure connaissance des risques sant lis au vieillissement. Il sagit l dune condition cl pour que les acteurs de la dpendance puissent mettre en place des politiques nationales efficaces de prvention et de prise en charge des personnes touches par la perte dautonomie. Il sagit de crer une plateforme de collecte et danalyse des donnes sanitaires mdicosociale, sociales et assurantielles ; ces donnes seront compltes dans une deuxime phase par des vagues denqutes successives et priodiques dans le temps. Cette base de donnes, rgulirement mise jour, sera accessible aux organismes de protection sociale, assureurs, rassureurs, courtiers, actuaires, branches professionnelles, entreprises, collectivits, institutions, services sant, entreprises, centres de recherche universitaires, lis si ncessaire par accord de confidentialit. La ralisation de cette base constitue un prrequis une bonne tarification du risque et une meilleure couverture des assurs appuye si possible inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 51 13. 52 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance sur des contrats mixtes (ex. sant + dpendance ) et des services adapts et assurables, et ltablissement de rgles prudentielles pour les oprateurs (ras- sureurs, assureurs directs), en particulier de provisionnement de la dpendance afin dviter les risques de sur ou sous-provisionnement. dune part, cette base de donnes permettra destimer de manire fiable les probabilits de passage entre les diffrents tats de dpendance en fonction notamment de certaines caractristiques essentielles tels que lge, lantriorit en dpendance/ ltat de sant, dautre part elle permettra destimer les probabilits de passage entre les tats valides et chacun des tats de dpendance possibles selon ces mmes caractristiques, elle traitera donc aussi dun point de vue qualitatif les risques lis au vieillissement. Aussi, elle sintressera aux transitions possibles et leur probabilit associe entre les diffrents niveaux de validit eux-mmes : ceux de la bonne sant et ceux de la pr-dpendance . Cette base reprsentera alors un outil clef pour lorganisation et lapplication des modalits de prises en charge adaptes, pouvant se schmatiser de la manire suivante : Dans ce schma : la prvention primaire constitue la prvention relative aux personnes en bonne sant, o les assureurs peuvent jouer un rle privilgi et novateur puisque pouvant associer leurs assurs ce type de prvention par des campagnes dinformation gnrales qui sont actuellement peu nombreuses dans le champ dintervention public. La prvention secondaire quant elle associera de manire plus troite les assureurs et les acteurs de la sant et consistera diminuer la probabilit pour une personne fragile de devenir dpendante. Ce type de prvention se concrtisera par la mise en place de campagnes din- formations cibles et adaptes des catgories bien dfinies en terme de risque. PRVEVENTION PRIMAIRE PRVEVENTION SECONDAIRE & PRDPENDANCE DPENDANCE PARTIELLE DPENDANCE TOTALE Bonne sant Signes prmaturs Surveillance sant Maintien domicile Rle des NTIC EHPAD inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 52 14. 53 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Ltude des transitions entre les tats de bonne sant et ceux de pr- dpendance (maladies chroniques, incapacits, fragilits, accidents de la vie courante), comprenant lidentification des situations et des populations les plus exposes ces risques, permettra daboutir une meilleure dfinition des niveaux et des contenus de la prvention. Ltude de cette base se prolongera galement par lanalyse en continu de limpact des actions de prvention sur du moyen et long terme. Les assureurs pourront ainsi exprimenter, innover et valoriser toute la gamme de leurs produits et services (sant, prvoyance, habitat, pargne vie, MRH, etc). Cette base de donnes nationale sur le vieillissement et la dpendance pourra tre connecte au CNR Sant, base de donnes rfrenant lensemble des so- lutions numriques et industrielles innovantes au service des besoins des assurs. Cette connexion et les changes associs pourraient tre pris en charge par la CNSA. DIP 5 : Soutien la recherche mdicale et aux innovations cliniques et technologiques Les assureurs peuvent, aux cots des mdecins, contribuer au phnomne de compression de la morbidit en prenant part de manire plus active au financement de programmes de recherche fondamentale, mais aussi par des programmes croisant les aspects paramdicaux et recherches applicatives. Les assureurs pourront alors proposer plus facilement dans leur offre des packages incluant des aspects de nature technologique. Depuis lapparition de la mdecine moderne, la recherche mdicale contribue de manire dterminante la rduction des risques de morbidit et de dpen- dance, en particulier dans les domaines des pathologies chroniques invalidantes, cardio-vasculaires et neuro-dgnratives. Ce phnomne est appel la com- pression de la morbidit : la dure de vie en dpendance devient proportion- nellement de plus en plus faible avec laugmentation de lesprance de vie dans la population gnrale. Au-del du soutien financier la recherche fondamentale, les assureurs peuvent privilgier la recherche clinique sur des sujets prioritaires ou moins bien couverts par les financements existants, appuye sur des dmarches pluridisciplinaires (sant, sciences humaines, sciences de lingnieur) et innovantes. Les assureurs financent et grent des tablissements de soins et mdicosociaux, ils ont un intrt certain investir davantage dans la R&D applicative dans les domaines inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 53 15. de la tlmdecine, de la e-sant, de la domotique et de la robotique, afin de disposer datouts en vue de proposer des produits dpendance dont loffre est adapte aux besoins des assurs. Ils peuvent jouer un rle important pour faire dcoller ce nouveau secteur conomique grce des partenariats publics-privs durables autour de projets dexprimentation grande chelle pour tester et valider les usages et les modles conomiques possibles, ou de dploiement industriel de solutions valides. Ces solutions numriques, disponibles sur les lieux de travail, les lieux de vie ou sur smartphones, peuvent devenir de vritables outils de prvention et de suivi de la sant et du bien-tre des assurs. Cest l un enjeu sanitaire et social, mais aussi technologique et industriel dans une France qui cherche de nouvelles sources de croissance et de comptitivit. Solutions sant Les assureurs sant (compagnies et mutuelles dassurance, mutuelles 45 et institutions de prvoyance) ont un rle primordial jouer dans la prise en charge des risques lis au vieillissement. Ce rle ne se limite pas uniquement la question du financement de la dpendance (forte mutualisation), mais intervient bien en amont, car la plupart des pathologies lies lge qui sont facteur de dpen- dance, peuvent tre prvenues et leurs, effets invalidants rduits ou stabiliss (maladies cardio-vasculaires, AVC, cancers, arthrose et ostoporose, problmes orthopdiques, troubles sensoriels et nutritionnels, dpression, dmences dont Alzheimer). Ds lors, les assureurs doivent rorienter leur action davantage sur les risques long terme en intgrant une dmarche prventive systmatique dans leurs contrats dassurance et en mettant la disposition des assurs des outils et des services comme linformation, le dpistage, les vaccins, le conseil, la mdiation avec les services disponibles, laccs aux soins de qualit, lducation thrapeutique DIP 6 : Mise en place dune consultation prvention des risques sant long terme Les assureurs peuvent participer la prvention primaire sous langle mdico-social par la mise en place de plans de suivi des assurs grce des consultations mdicales programmes et cadences dans le temps, sappuyant sur des critres justifis mdicalement et dfinis de manire contractuelle. Il sagit de mettre en place un dispositif de consultation-prvention primaire des risques sant long terme accessible aux assurs partir de 45 ou 50 ans. 54 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 54 16. 55 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Cette consultation peut tre intgre dans le cadre de contrats responsables, ou incluse systmatiquement dans le contrat dassurance. Pour produire un effet rel, elle doit tre rgulire, par exemple tous les 1 ou 2 ans. A dfaut dtre obligatoire pour des raisons juridiques et thiques, elle doit solliciter ladhsion volontaire de lassur motiv par la prservation de son capital sant . Cette consultation doit sappuyer sur : - une dfinition prcise et valide des risques sant long terme (pathologies chro- niques, incapacits et fragilits), sur lidentification des facteurs de risque les plus importants (activit professionnelle, nutrition, tabagisme, alcoolisme, sdentarit, rle daidant, etc) et les publics les plus concerns (catgories sociales, territoires) ; - la mise en main doutils de reprage et de diagnostic des situations risques valids, partags et simples lusage par les professionnels de soins (mdecine de ville, mdecine du travail) et daide, et lisibles pour lassur ; - la mise en place de plateformes de services (information-conseils, ducation la sant, accs aux services existants) appuyes sur des outils et applications numriques disponibles sur les lieux de vie et sur smartphones, et des conseillers comptents (coaching, suivi, bilan). DIP 7 : Dvelopper une offre de prvention et de protection personnalise Les assureurs peuvent participer la prvention secondaire sous langle mdico-social par la mise en place de suivis individualiss de leurs assurs ayant contract une pathologie potentiellement inscrite sur du long terme, ceci dans le cadre dun engament contractuel de nature multidimensionnelle. Certains assureurs souhaitent le faire et dautres proposent dj des dispositifs de prvention plus ou moins tendus et systmatiquement intgrs leurs contrats. Il sagit de le proposer lassur chez qui un risque sant long terme est diagnos- tiqu (obsit, insuffisance respiratoire, diabte, dficits sensoriels, physique ou cog- nitif, fragilits). Lobjectif peut tre soit datteindre la gurison si la pathologie est rversible, soit de stabiliser son volution et de diminuer son impact sur lautonomie de lassur. Cette dmarche sappuie la fois sur le dpistage, le traitement de la maladie, le changement de comportement de lassur et lamlioration de son environne- ment (activit professionnelle, conditions de vie, accs aux soins). Cette dmarche innovante appelle plusieurs conditions : inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 55 17. - comprendre le phnotype dont on souhaite protger la personne (ex. lobsit, les incapacits, les fragilits), le dcrire, dterminer son origine et son devenir (pronostic) et en chiffrer le cot de prise en charge prvisible, le modliser pour tre en mesure den dgager les financements ; - construire les prestations ncessaires pour protger lassur pour chaque niveau pertinent de prvention (primaire, secondaire et tertiaire), les intgrer et les rendre accessibles dans des offres d'assurance, en y incluant des outils de pro- motion de la sant (stimulation cognitive, alimentation et exercice physique en tant que facteurs "protecteurs") ; - dterminer les objectifs en fonction des cibles cls, adapter la communication pour rechercher l'implication sur ce type de prestation et de protection, notamment la communication commerciale (description, explication, adhsion individuelle) ; - dterminer la "valeur" attendue et ses conditions d'excution pour la modlisation tarifaire (rmunration) et tudier les formules (inclusion, option, part) de vente de ces prestations pour en dterminer le ou les modles conomiques les plus ralistes ; - dterminer le fonctionnement de ce type d'approche dans le cadre juridique, fiscal et rglementaire assurantiel existant. Cette dmarche innovante dont la finalit est encadre et circonscrite la prvention et laccompagnement, ncessite laccs aux donnes de soins et de sant de lassur. La mise en place du dossier mdical personnel (DMP) devra favoriser le partage dinformations dans le respect de la rglementation franaise et avec laccord exprs de lassur. Crer des solutions services adaptes aux besoins des assurs La question des services renvoie lanalyse des besoins rels des personnes concernes par la perte dautonomie : les seules rentes et produits financiers sont souvent trs insuffisants, non seulement par leur montant faible, mais aussi parce quelles ignorent compltement la situation globale des personnes qui ont besoin, en ralit, de conseil concernant notamment leurs droits et aides disponibles, de services du domicile, dadaptation de leur logement, dinteraction avec leur en- vironnement. Les services sont un passage obligatoire pour se rapprocher de ses assurs. 56 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 56 18. 57 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance DIP 8 : Cration de nouveaux outils afin daider ladaptation du logement et la prvention des accidents domestiques Ladaptation du logement des personnes fragiles ou dpendantes peut relever dun rle de missions-conseils proposes par les assureurs sous diffrentes formes pratiques, ouvrant ainsi la voie lmergence dun secteur conomique impliqu dans la modernisation des logements pour ces populations et incluant de manire parallle une partie du secteur industriel. La trs grande majorit des seniors aspirent continuer vivre le plus longtemps possible domicile et dans leur environnement habituel. Cependant, le domicile est aussi le premier lieu de risques : isolement, abus de confiance, et surtout accidents de la vie courante, en particulier les chutes qui sont un facteur important de perte dautonomie et dentre en institution. La France est parmi les pays en Europe o il existe le moins de logements adapts et o les adaptations arrivent trop tardivement (80 ans). Des exprimentations rcentes ont t menes par des caisses de retraite, lAgence nationale de lhabitat et lAgence nationale des services la personne, mais leur financement dpend soit des budgets daction sociale par dfinition limits et rservs aux faibles pensions, soit des niches fiscales pour les hauts revenus. Il existe une opportunit de dvelopper une offre grand public destine en particulier aux classes moyennes. Les assureurs peuvent ainsi proposer des services divers pour rpondre aux besoins et aux attentes de leurs assurs gs (fragilit ou dpendance lgre et partielle) et aidants : - mise disposition dune prestation diagnostic autonomie domicile incluse dans le contrat, en option ou part, lobjectif est dinciter lassur ou son aidant anticiper et prendre conscience de la qualit du logement et/ou de son inadaptation, et ainsi des risques daccidents vitables. Le diagnostic permet didentifier les points noirs du logement et de son environnement proche et de cibler les amliorations ncessaires en termes daccessibilit, de scurit et de confort. Le cas chant, lassur pourra saisir cette occasion pour rflchir sur un projet dacquisition ou de location dun logement adapt et proche des services. - accompagnement dans la mise en uvre des travaux dadaptation du logement : le rle de lassureur peut aller dune pure prestation intellectuelle, comme par exemple une aide au montage financier, un point crucial, en mobilisant les ressources propres de lassur, loffre de lassureur ou loffre commerciale, les circuits financiers publics daide, la fiscalit, le crdit dimpt, inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 57 19. la mise en lien avec des prestataires de services rfrencs (certification, agrment, label) avec des tarifs prfrentiels et le suivi de la conduite des travaux. Il existe des entreprises et associations spcialises dans ladaptation du logement pour personnes handicapes ou gs en perte dautonomie. Les assureurs peuvent jouer un rle important dans lorganisation et la modernisation de ces services et ainsi faire merger un vritable secteur conomique de services de lautonomie sur les lieux de vie (domicile, foyers, institutions). DIP 9 : Cration dune plateforme numrique sant et autonomie domicile Les assureurs peuvent proposer de mettre disposition, dans le cadre de la dpendance partielle, une plateforme numrique de gestion des services, proposant ainsi un mode de prise en charge optimis o lon tendra vers une qualit de synergie entre les diffrents professionnels : mdicaux, paramdicaux et autres, qui soit satisfaisante. Quand lespace vital de la personne se rduit au domicile et son environnement proche, laccs et la mise disposition de services est primordiale : services de soins, daide la mobilit et aux actes de la vie quotidienne, scurit, stimulation, coordination des interventions domicile, communication, etc. Certaines innova- tions technologiques rcentes offrent de nouveaux services sant et autonomie domicile . Bien intgres dans un projet de vie, avec laide de nouveaux professionnels qualifis pour interagir avec ces publics, ces technologies et ces ser- vices permettent la personne ge de continuer fonctionner correctement dans son environnement et retardent ainsi, au moins temporairement, son entre en institution. Cela intresse directement les assureurs qui peuvent jouer un rle dcisif dans la diffusion de ces solutions numriques aux plus grand nombre. Ils peuvent financer seuls ou en consortium avec divers acteurs concerns (assu- rances, organismes de retraite, collectivits, entreprises, etc) des plateformes de services pouvant couvrir les situations et les besoins les plus tendus et fr- quents, avec des services en ligne, des outils connects au domicile des usa- gers, des interfaces faciles daccs et interactives, un accueil tlphonique et des gestionnaires de parcours : - Sant et soins : suivi des paramtres physiologiques, dittiques, tlmdecine, soins infirmiers, matriel mdical, portage de mdicaments, etc. - Protection : tlassistance, visio-assistance, gestion de la scurit du domicile, contrle nergtique, dtection dincidents, etc. 58 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 58 20. 59 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance - Vie quotidienne : repas, mnage, planning des interventions, aide la mobilit, aux dmarches administratives, accs linformation, loisirs, activits physiques, jeux, communication et lien social, stimulations Ces plateformes devront sarticuler avec les services de proximit qui sont essentiels au vivre chez soi et en garantir la qualit grce des dispositifs dagrment, de certification ou de label. Les assureurs peuvent galement contribuer directement (financement, gestion, partenariat) la modernisation des services de proximit et lamlioration de leur productivit grce la mise disposition doutils performants mutualiss comme la gestion des plannings et des dplacements, le partage de linformation et la communication, ainsi que les services de facturation, de paiement, assurance, prestations juridiques, outils de formation (sur site, e-learning), etc. DIP 10 : Intgrer les aidants dans tous les produits et services Les assureurs peuvent, en ce qui concerne les familles bnficiant daidants, proposer des contrats qui intgrent cette composante dans une offre de soins adapte, et paralllement intgrer alors ces activits dans les contrats prvoyance des aidants sous forme davantages divers. Les aidants sont 8,3 millions dont plus de 4,3 millions daidants dune personne ge de plus de 60 ans. Ils sont, un peu plus de la moiti, gs de moins de 60 ans, 31% entre 60 et 74 ans et 16% ont 75 ans ou plus et, au total, les femmes reprsentent 54%. Ils sont aujourdhui reconnus comme un acteur part entire en raison de laugmentation des besoins de soins au sens du care (vieillisse- ment et maladies chroniques) dans un contexte doptimisation des ressources du systme sanitaire et mdicosocial. Ces aidants sont confronts diverses difficults et obstacles qui leur compliquent la vie, ils cristallisent une part importante des rflexions et ouvrent des pistes trs intressantes. Outre leur capacit relayer et dmultiplier laide apporte par lassureur, ils justifient une action particulire : la situation daidant cre un risque particulier de burn-out et reprsente un cot rel pour les entreprises ; laidant est lvidence sensibilis au risque de dpendance et mme de rflchir une dmarche de protection contre ce risque. Les assureurs doivent intgrer dans leurs offres assurantielles (sant, prvoyance, dpendance) les besoins et les attentes des aidants quils soient eux-mmes assurs ou des aidants de leurs assurs. inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 59 21. - Il sagit de raliser une cartographie de loffre actuelle daide aux aidants (droits, services, centres ressources, rseaux dentraide), lobjectif tant dvaluer leur pertinence, leur accessibilit et leur valeur ajoute, et de faire merger les nouveaux besoins non satisfaits. - Ce travail devra servir llaboration dun bouquet de services la fois pour rpondre aux besoins de leurs proches en situation de dpendance (services domicile, accs aux droits, accueil temporaire, etc.), mais aussi pour eux-mmes afin de mieux rconcilier leur rle daidants et leur vie professionnelle, familiale et personnelle, et dviter lpuisement et lisolement social. Ce bouquet de services peut tre accessible sur une plateforme numrique avec des interfaces faciles daccs, des services en ligne et des professionnels comptents. Plusieurs options sont possibles : soit les assureurs proposent leurs propres plate- formes de services, soit ils participent au financement de plateformes mutualises qui ont lavantage de fournir plus de services et un accompagnement de qualit. Solutions financires et assurantielles mixtes et volutives Les seniors pargnent pour leurs vieux jours et mobilisent dimportants fonds en acquisition de biens immobiliers et mobiliers, en placements financiers, pargne... Ces produits ne sont pas rellement ou pas tous adapts aux besoins et risques lis lavance en lge. Par ailleurs, les produits dpendance sont vus avec mfiance par les Franais. Il apparat en effet peu vraisemblable quun individu qui souscrit un contrat individuel ou collectif puisse le maintenir durant plus de 20 ans par lassitude ou ngligence, ou en raison dvnements professionnels, familiaux et personnels qui peuvent remettre en cause les arbitrages passs et le bien-fond des contrats dpendance conclus. Ds lors, les assureurs doivent dvelopper de nouveaux produits mixtes, plus savants et communicants entre eux dans la dure, proposant lassur des solutions personnalises et volutives. Il sagit l dune opportunit indniable pour mieux valoriser le mtier de lassureur, son savoir-faire et ses rseaux de proximit dans un march concurrentiel. DIP 11 : Ladossement des produits dpendance des produits assurantiels classiques Les assureurs doivent faire preuve dinnovation en proposant des produits qui soient la fois assurables (donc provisionables) et adapts aux besoins et la capacit financire des assurs. La piste principale de ladossement se traduit 60 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 60 22. 61 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance par la transformation de lpargne vie en garantie non vie ou dpendance, la forme assurancielle se dcline ici en 4 catgories de produits dont les garanties associes peuvent tre : forfaitaire, pseudo-indemnitaire et indemnitaire. Les assureurs doivent se poser les deux questions suivantes : quels produits assurantiels se prtent le mieux ladossement de produits dpendance, et comment procder cette adaptation des contrats. Les produits dassurance candidats cet adossement sont multiples : les produits Sant, les G.A.V., lpargne vie, les M.R.H. et lassurance automobile. Les formes financires de ladossement pourraient se traduire : soit par une taxe sur un sous-ensemble de ces produits afin de financer un fonds de garantie dpendance qui pourrait voir jour par dcision des pou- voirs publics si les assureurs demeurent non innovants, soit par la transformation de lpargne vie en garantie dpendance sur dcision des assureurs. Les formes assurancielles de ladossement de ces produits peut se traduire par la mise en place : dune GAV dpendance se traduisant par la proposition dun nouveau pro- duit collectif gr par rpartition par les assureurs avec souscription obligatoire et tarifs rvisables, ce qui ouvrirait la voie offrir des garanties sous une forme pseudo-indemnitaire ou indemnitaire ; dun produit dassurance vie impliquant une scurisation de lpargne sans cou- verture dpendance avant 65/75 ans, car priode correspondante de trs fai- ble/faible sinistralit et servant donc lintrt commercial de lassureur. Ce produit se prsente alors sous les deux formes possibles suivantes : - une assurance-vie avec sortie 65 ans en rente dpendance en cas de sinistre sous une forme forfaitaire voire pseudo indemnitaire ou indemnitaire plafonne par le paiement cet ge en prime unique par le biais dun immobilier ou dun PERP ; - une assurance vie avec sortie 75 ans en garantie pseudo-indemnitaire voire indemnitaire, en cas de sinistre par le paiement cet ge en prime unique par le biais dun immobilier ou dun P.E.R.P., la forme non forfaitaire est ici possible car les cots dpendance sont prvisibles sur moyen terme, cest dire jusqu la date du dcs. inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 61 23. 12 Rflexions approfondies sur les DIP, issues des groupes de travail Longvit - Bien vieillir Mohammed MALKI, Consultant en sant autonomie et ancien membre des Cabinets de Roselyne BACHELOT-NARQUIN (Solidarits et cohsion sociale) et de Nora BERRA (Ans et Sant), a t le rapporteur gnral pour les travaux du Groupe thmatique Longvit Bien vieillir. Bas sur les contributions et des entre- tiens avec les participants aux groupes de travail, il a grandement contribu la construction de cette partie du Livre blanc. 120 Longvit et vieillissement : un dfi ou une chance ? Partages entre espoir et inquitude, jamais les socits europennes ne se sont autant interroges sur les dfis lis la longvit et au vieillissement corolaire. Relay par les mdias, un discours alarmiste va accentuer limage ngative des vieux : en nombre croissant, ne contribuant pas la cration de richesse, cotant cher en retraite et en sant, pesant sur les budgets sociaux, un fardeau pour les enfants, etc. Nos socits vieillissantes courent ainsi un grand danger : dclin conomique, culturel et humain, guerre entre gnrations La crise financire et conomique actuelle vient assombrir encore plus cet horizon ; en effet, contraint par sa dmographie vieillissante, le cot de son Etat-providence et son endettement, jamais le vieux conti- nent na si bien port son nom ! Le ton ici se veut lucide mais sans pessimisme car la longvit na pas que des consquences ngatives et lEurope a de nombreux atouts en main si elle sait les utiliser. A commencer par sa po- pulation, prcisment en raison de son esprance de vie, de la qualit de ses res- sources humaines et de son systme social. Ne vieillissons-nous pas de mieux en mieux, cest--dire en restant plus longtemps en bonne sant, actifs, autonomes et pleinement dans le jeu des relations familiales et dans la vie de la cit ? En effet, on observe le phnomne de compression de la morbidit dans les pays d- velopps qui se caractrise par des gains desprance de vie en validit qui voluent rythme strictement suprieur, ventuellement gal ceux de la population gnrale. 62 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance La longvit na pas que des consquences ngatives, et lEurope a de nombreux atouts si elle sait les utiliser inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 62 24. 63 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance (1) Insee Premire n 1320 (octobre 2010) : "Projections de population l'horizon 2060". A) LA LONGVIT, UNE RVOLUTION SILENCIEUSE ! Bien que moins touche que les autres pays europens ou le Japon, grce au maintien dune fcondit plus dynamique, la France connat nanmoins un vieillissement sensible de sa population en raison de la progression de lesprance de vie et de larrive lge de la vieillesse des gnrations du baby-boom. Sur une population en mtropole de 63,5 millions de personnes au 1er janvier 2012, les plus de 60 ans sont environ 15 millions, soit presquun quart de la population. Selon le scnario intermdiaire retenu par les projections 2007-2060 de lINSEE, la France mtropolitaine comptera cette chance environ 73,6 millions dhabitants, les plus de 60 ans seront 23,6 millions de personnes, soit un tiers de la population. Sur les 11,8 millions dhabitants supplmentaires attendus, les plus de 60 ans eux seuls seront plus de 10 millions ! Le fait le plus marquant sera le doublement attendu cette chance du nombre des 75 ans et plus, passant de 5,2 millions environ 12 millions en 2060, et surtout le quadruplement des 85 ans et plus qui passeraient de 1,3 5,4 millions. Lesprance de vie moyenne la naissance a presque doubl en un sicle : 45 ans en 1900, environ 80 ans aujourdhui. En 2060, elle atteindra, selon les projections de lINSEE(1), 86 ans pour les hommes et 91 ans pour les femmes ! Cette progression considrable concide avec la rvolution pasteurienne et les progrs immenses quelle a ouverts dans le champ sanitaire (asepsie, vaccins, sulfamides, antibiotiques). Cependant, cette volution dmographique majeure nau- rait pas pu produire tous ses effets sans les innovations sociales et de lcosystme de sant (lutte contre linsalubrit, ducation lhygine, offre alimentaire, scurit sociale). Ainsi, les gains en esprance de vie ont pu profiter toute la population des deux sexes, tous les ges et toutes les catgories sociales. Grce ces avances formidables, on pouvait esprer gagner trois mois de vie supplmentaire tous les ans ! Cependant, ds les annes 1970, des observateurs alertaient sur lpuisement des gains en esprance de vie en raison du nouveau rgime pidmiologique marqu par la prgnance des pathologiques chroniques, de dgnrescence et des maladies socitales . Or, que constate-t-on depuis ? Deux choses qui dmentent pour le moment ce pronostic : dune part, lesprance de vie moyenne continue de progresser mme Lesprance de vie la naissance a pratiquement doubl en un sicle : de 45 ans en 1900 environ 80 ans aujourdhui inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 63 25. 64 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance (2) Evolutions dmographiques rcentes en France, Population-F, 66 (3-4), 2011, 503-554. (3) INSEE, Taux de pauvret selon l'ge et le sexe en 2009. si son rythme ralentit, dautre part, et cest capital, elle est de plus en plus tire par la dynamique des gains aux ges levs. En trente ans, les des gains en esp- rance de vie chez les hommes et plus de 85% chez les femmes ont t constats au-del de 65 ans et en particulier au-del de 80 ans (respectivement 40% et 65% du total des gains)(2). Si bien quaujourdhui, un homme g de 60 ans peut esprer vivre encore 22,5 ans supplmentaires, et 27,3 ans pour une femme. Cest bien mieux que lesprance de vie la naissance ! Cest l sans doute limpact de la rvolution cardio-vasculaire et des progrs raliss dans le traitement des pathologies chroniques comme les tumeurs, les maladies respiratoires et digestives. Mais, ces progrs auront-ils pu produire leurs effets, sans laccs aux soins, la pro- tection sociale, lamlioration des conditions vie des personnes ges et sans lat- tention plus grande porte leur gard par notre socit ? Les assureurs ont jou un rle important pour rpondre aux attentes dans la couverture de ces risques, et constituent lun des rgulateurs de lvolution des socits modernes. B) LES SENIORS, UNE ASPIRATION AU BIEN VIEILLIR, UN PUISSANT MOTEUR CONOMIQUE Mme sils ne constituent pas une catgorie sociale homogne (CSP, actifs, retraits, allocataires de minima sociaux, etc.) ou mme gnrationnelle (au moins deux gnrations), les seniors (ici les plus de 60 ans) sont un groupe social qui compte : 15 millions aujourdhui, environ 21 millions en 2035 et 24 millions en 2060. Ils comptent parce quils ont des revenus assurs et un pouvoir dachat consquent, ils sont majoritairement (76%) propritaire de leur logement, leur patrimoine financier est nettement plus lev que celui des plus jeunes, et leur taux dpargne reste lev (autour de 25%). Mme sil existe des ingalits sociales et quune dgradation des retraites est prvoir pour les pro- chaines dcennies, les seniors sont le groupe qui a le plus amlior sa situation ; il est le moins touch par la pauvret (7,7% pour les 60-74 ans, et 10% pour les 75 ans et plus, quand elle est de 17,2% pour les moins de 29 ans(3)). Les nouveaux seniors sont plus aiss et cette tendance va saccentuer en raison de la baisse continue des mnages dagriculteurs, de petits commerants et Les sniors sont un groupe social qui compte: ils ont un pouvoir dachat consquent, sont majoritairement propritaires et ont un taux dpargne consquent inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 64 26. 65 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance (4) Les seniors, une cible dlaisse, CREDOC, voir synthse publie dans Consommation & modes de vie, n229 mais 2010. mme douvriers, et de la monte en puissance des catgories sociales moyennes et suprieures qui ont eu des carrires pleines, des salaires consquents et formes de couples bi-actifs. Ce sont eux qui formeront les gros bataillons des papys boomers qui atteindront le grand ge lchance de 2030. Ns et ayant grandi dans la France des Trente glorieuses , leur apptence pour la consommation de biens et de services est sans commune mesure avec celle des gnrations davant-guerre. On les disait rtifs aux innovations, les chiffres sont l pour prouver le contraire : achat et renouvellement de voitures et bien dqui- pements du domicile, apptence toutes les commodits de scurit et de confort, consommation de voyages, de loisirs et de services de soins et bien- tre , connexion Internet, achats en ligne, tlphone mobile, tablette, etc Selon une tude(4) ralise en 2010 par le CREDOC pour le ministre de lIndustrie, ds 2015, le poids des seniors (plus de 50 ans) dans les dpenses de consom- mation dpasserait la moiti, bien plus que leur part (39%) cette date dans la population totale. Leurs achats reprsenteront plus que les 3/5e des marchs de lalimentation domicile et de la sant. Leurs dpenses en services dassurances devraient rester dun haut niveau (56% des dpenses totales du secteur). On constate nanmoins une tendance la baisse de la propension de consom- mation chez les 75 ans et plus alors mme que leur revenu (revenu disponible brut) reste dun niveau proche de celui des seniors plus jeunes (actifs et retraits). Cest le cas des mnages de retraits vivant en couple qui ont le taux dpargne le plus lev (28%) compar la moyenne nationale (15%). Cette tendance se renforce chez les 79 ans et plus vivant seuls : leur consommation baisse plus vite que leurs revenus qui restent encore assez confortables avec un fort taux dpargne de 24,6%. Loffre de produits et de services aux modes de vie apparat inadapte, aux besoins et aux attentes de ces personnes ges. Cest du moins les conclusions de ltude du CREDOC, qui identifie un important potentiel de croissance dans certains secteurs comme lhabillement, lquipement du logement, le btiment, les loisirs, les htels-restaurants et le commerce. Cest aussi le cas du secteur alimentaire qui pourrait proposer plus doffres base de rgimes spcifiques certaines pathologies chroniques de masse (cardio-vasculaire, diabte, obsit, ostoporose). Cest galement le cas des technologies et des services qui favorisent la sant et lautonomie domicile comme la domotique, les outils de scurit, daide la mobilit, les stimulateurs dactivits de la vie quotidienne, la communication, lducation la sant, le suivi sanitaire inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 65 27. 66 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance La Commission Europenne ainsi que les Etats Membres ont mis en place de nou- veaux outils et priorits de recherche pour favoriser le dveloppement des futures solutions de scurit, dassistance, de prvention ou encore de gestion de ce phnomne. Prvenir et grer la dpendance apparat plus que jamais un sujet prioritaire tant pour les acteurs des services tels que les compagnies dassurance ou les socits dassistance que pour les fournisseurs de technologie. La cration du Programme AAL Ambient Assited Living en 2007 (20 Etats Membres et 3 pays associs) ainsi que ltablissement de certaines priorits de recherche au sein du 6me et 7me Programme Cadre de Recherche et Dvelop- pement (6me PCRD) ont ainsi permis de financer prs de 160 projets de recherche collaborative en 4 ans. Regroupant prs de 600 acteurs europens avec une forte implication de lAlle- magne, de lEspagne, de lAngleterre et de la France (avec 55 organisations), ces projets ont vis parts gales au dveloppement : de nouvelles technologies de soin domicile : assistance mdicale, prvention et gestion de la dpendance, de nouvelles solutions de scurit : systmes de surveillance, systmes dalarmes personnalises, de nouveaux appareils ou outils favorisant ou renforant linteraction sociale : outils de communication, appareils amliorant la mobilit des personnes ou leurs capacits auditives et visuelles. Ces enjeux majeurs pour notre socit font actuellement lobjet de nombreuses rflexions et travaux de la part de lensemble des parties prenantes. Pour les entreprises, il est ncessaire de favoriser des innovations dans la conception des produits et des services, les stratgies marketing et la distribution afin de mieux rpondre aux besoins et aux attentes des seniors, notamment les 75 ans et plus dont les effectifs vont doubler chance de 2060 (11,9 millions, soit 16,2% de la popu- lation), et les 85 ans et plus qui passeront de 1,3 5,4 millions, soit quatre fois plus quau- jourdhui. Cest ce que font certains pays vieil- lissants comme lAllemagne ou le Japon qui ont mis en place de vritables programmes en direction de leurs entreprises, en particulier les PME. Pour les entreprises, il est ncessaire de favoriser des innovations dans les produits et services, les stratgies marketing et la distribution afin de mieux rpondre aux besoins et aux attentes des seniors inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 66 28. 67 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance En France, plusieurs chantiers publics ont t lancs ces dernires annes mais ils concernent essentiellement le secteur de la sant (tlmdecine, e-sant). Enfin, lpargne leve chez les plus de 75 ans, plus que la baisse de la consom- mation, ne doit-elle pas tre mise aussi, sinon davantage, sur le compte de leurs apprhensions face au risque dpendance et de leur volont de ne pas constituer une charge pour leurs enfants et de prserver un patrimoine leur transmettre. Des comportements similaires sobservent galement dans dautres pays europens comme lAllemagne qui a mis en place un 5me risque dpendance et lItalie o lon compte encore beaucoup sur la solidarit familiale. Tomber dans la dpendance est considr comme un drame personnel, mais aussi un risque financier considrable pour soi et pour ses proches. Alors, la longvit, un dfi ou une chance ? nen pas douter, pour la France comme pour les autres pays de lUnion euro- penne, il sagit la fois de rpondre aux enjeux et de tirer parti des potentiels de ce changement dmographique profond qui touche lensemble des sphres dorganisation de notre socit et interpelle nombre de ses acteurs politiques, conomiques, sociaux, scientifiques, etc. Pour ce faire, nous devons anticiper et favoriser des innovations audacieuses dans plusieurs domaines comme, la formation continue, la sant, la recherche, les technologies, lurbanisme, le logement, les transports, les services, la vie sociale et la culture... Dans cette perspective, le secteur assurantiel a un rle jouer parce quil est au cur de la protection des mnages, en particulier contre les risques du long terme (sant, pargne, prvoyance, retraite, dpendance...) 121 Accompagner sur la dure en agissant le plus en amont possible Les assureurs et la dpendance : un rle pionnier en France mais qui reste dvelopper Bien avant lintervention des pouvoirs publics, les assureurs franais ont t parmi les pionniers au monde proposer un produit assurance dpendance pour rpondre alors une demande sociale mergeante. Depuis 1999, le march franais de lassurance dpendance a doubl, devenant ainsi le second march priv au monde derrire celui des Etats-Unis. Cependant, aprs plus de 20 ans inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 67 29. 68 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance dexistence et en dpit du vieillissement de la population et de la sensibilisation croissante des Franais au risque de dpendance, le march de lassurance dpendance na pas connu le succs escompt comme cest le cas pour la com- plmentaire sant ou lassurance vie. On parle alors de lnigme de l'assurance dpendance !(5) Ainsi, on compte fin 2010 environ 5,5 millions de personnes couvertes auprs de lune des trois familles dorganismes dassurance qui se rpartissent ainsi : - 3,2 millions de personnes sont couvertes par des contrats ports par des mutuelles relevant du code de la mutualit ; - 1,7 million de personnes sont couvertes par des contrats ports par des assureurs relevant du code des assurances ; - 0,3 million de personnes sont couvertes par des contrats ports par des institutions de prvoyance relevant du code de scurit sociale. Sur les 5,5 millions dassurs, seuls 1,7 millions de Franais peuvent tre rellement considrs comme tant couverts par un contrat dassurance dpendance, pour les autres il sagit de contrats complmentaires ou accessoires qui proposent une faible garantie rente (120 300 mensuelle). On est loin des 15,3 millions de personnes ges de plus de 60 ans que compte aujourdhui la France. Aprs une dynamique soutenue de la demande jusquau milieu des annes 2000, le march stagne depuis 2008 (3 4% en nouveau contrats compar au +12% en 2005). En 2010, la collecte globale des cotisations assurance dpendance slve 552 M dont 73% pour les socits dassurances, et les provisions pour face faire aux engagements futurs 3,6 Md dont 78% pour les socits dassurances alors quelles reprsentent seulement 29% des assurs. Trs peu de rentes dpendance sont servies aujourdhui, du fait de la jeunesse du march : environ 17 934 rentes verses pour lanne 2011(6), pour un montant moyen de 584 par mois, soit un total denviron 173 M (dont 89% pour les socits dassu- rances), pour lessentiel (159 M) sous forme de rentes viagres (dont 92% de contrats individuels) et le reste sous forme de capitaux ou de prestations en nature. Cest minime au regard des seules dpenses des mnages (8 10 Mds en 2010) lies la dpendance ! Les principaux assureurs garantie dpendance sont AG2R, Groupama, Crdit Agricole et CNP. La MGEN est considrer galement comme un acteur majeur du march par le nombre dassurs (2 millions de personnes), depuis linclusion en 2010 dune garantie annuelle dpendance obligatoire pour tous les adhrents (5) Assurance et dveloppement de lassurance dpendance, thse pour lobtention du doctorat s sciences conomiques, Manuel Plisson, novembre 2009. (6) Elles taient environ 9000 en 2007, 11 800 en 2008, 14 400 en 2009 et 16 120 en 2010 (Chiffres FFSA 2012). inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 68 30. 69 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance sa complmentaire sant. Le march de la dpendance voit arriver ces dernires annes de nouveaux acteurs (AFER, Groupe La Poste, Malakoff Mdric, AXA, Prvoir) et la monte en puissance dans la distribution des rseaux bancassu- rances. Enfin, aprs lattentisme des dernires annes cause de la promesse dune rforme publique de la dpendance, le march semble connatre un regain de dynamisme. Ainsi, de nouveaux projets congels auparavant voient le jour en 2012 (AXA et PREDICA). La dpendance est depuis plusieurs dcennies de mieux en mieux prise en compte par laction publique, et des moyens croissants ont t mis en uvre pour amliorer la prise en charge sanitaire et mdico- sociale des personnes ges dpendantes. De ce fait, la prise en charge de la dpendance absorbe la quasi- totalit des activits de la griatrie franaise fortement oriente selon une logique dassistance : apporter des soins et une aide dans la vie quotidienne. Agir quand la personne est dj dpendante cest agir trop tard ! En agissant lorsque la personne est dj dpendante, il y a peu de chances de rendre la situation rversible, et il ne peut alors tre question que de la matrise des cots des frais de soins et daide, de leur facilitation et de leur qualit. Lassurance dpendance sinscrit dans ce schma de pense et daction quelle a au demeurant eu le mrite de contribuer dvelopper, inaugurant une des premires prises en charge du risque de dpendance en France, bien avant que les pouvoirs publics naient conscience du problme. Cette approche traditionnelle de laccompagnement de lge, assurment ncessaire, montre cependant ses limites et, depuis quelques annes, se dessine en filigrane un nouveau paradigme centr sur la promotion de la sant et la prvention des risques lis lavance en lge : le vieillissement actif promeut la sant et le bien tre ds les 45-50 ans, en cherchant notamment impliquer le monde du travail, qui peut jouer un rle prpondrant. Cette nouvelle stratgie face au vieillissement permet par ailleurs de commencer la prvention beaucoup plus tt, par une sensibilisation aux risques dans un premier temps, puis une prvention plus active ds les premiers signes de fragilit. Agir quand la personne est dpendante cest agir trop tard! inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 69 31. 70 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Dans un contexte de promotion du vieillissement actif en Europe, que ce soit dans le march du travail, la vie post-professionnelle, la vie quotidienne ou la participation sociale, une plus grande attention est de mise pour promouvoir la bonne sant et le bien-tre. Cette stratgie prventive devra dmarrer ds 45-50 ans en profitant des annes passes au travail. Lentreprise (au sens large) pourrait tre un acteur fort de prvention : rduction des addictions, du stress, des incapacits lies lexercice dun mtier ou lexposition aux mauvaises conditions de travail. Lenjeu est la fois de favoriser la bonne sant des actifs et ainsi leur employabilit, et doptimiser les ressources de la protection sociale, quelle soit publique ou assurantielle. Cet enjeu est dautant plus important que la France, comme les autres pays concerns par le vieillissement, devra mieux mobiliser sa masse active notam- ment dans la perspective de lallongement de lge de la retraite. Dans cette optique, les assureurs, quels que soient leurs domaines dactivits, sont particulirement bien placs pour contribuer cette dynamique prventive, transverse et innovante. Cela suppose un vritable changement culturel ! Si loffre assurancielle dpendance actuelle peut senrichir par un meilleur accompagnement de la dpendance partielle, toutefois, le vritable march de lassurance du risque de vieillissement, aujourdhui focalis au bout du parcours de vie quest la dpendance na sans doute pas at- teint tout son potentiel. Le vritable march assurantiel senior est celui du Bien vieillir qui concerne tous les seniors, et non la seule dpendance. Ce march qui concerne tous les seniors pour une dure de vie moyenne de 22,5 ans pour les hommes et 27,3 ans pour les femmes, est confront des dif- ficults intrinsques au march de la dpendance et au risque considr : - Problme de dfinition du risque (dpendance totale et, encore plus, partielle), - Problme du dlai entre la souscription et le sinistre, - Difficult grer en capitalisation et graves drives si gestion en rpartition (contrats viagers rsiliables), Le vritable march assurantiel senior est celui du Bien vieillir qui concerne tous les seniors, et non la seule dpendance inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 70 32. 71 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance - Mconnaissance de la sinistralit relle au moment de la souscription (depuis le dbut et mme encore aujourdhui o les premires gnrations atteignent seu- lement les ges critiques), - Mconnaissance structurelle : la dpendance dans 30 ans sera-t-elle la mme quaujourdhui ? Mme la mortalit de la population gnrale est difficile pr- voir cet horizon ! - Assurance coteuse et fonds perdus : ceux qui peuvent se la payer nen ont pas besoin et linverse. Or, malgr ces difficults, dvelopper une offre axe bien vieillir est une opportunit indniable pour les assureurs de mieux valoriser leur savoir-faire et leurs rseaux de proximit grce de nouveaux produits mixtes, plus savants et communicants entre eux dans la dure, mobilisant toute la gamme des produits existants ou imaginer, et associs des services pertinents et adapts aux situations, aux besoins et aux attentes des seniors dans leurs parcours de vie. A) DVELOPPER UNE NOUVELLE STRATGIE DACTION SUR LA DURE DE VIE DES PERSONNES Pour schmatiser, on peut identifier trois tapes de lavance en lge : Autonomie - Fragilit - Dpendance. Sauf accident de sant ou de vie brutal, ces trois tapes ne sont pas limites par des frontires bien tanches et tous les individus ne suivent pas une trajectoire linaire : certains restent autonomes jusqu leur fin de vie, dautres jusqu un certain ge - les incapacits tant rarement rversibles partir de 80-85 ans - tombent ensuite graduellement dans la dpendance que lon qualifierait alors de chronique . Ces trois tapes correspondent autant de publics cibles pour des interventions adaptes : Lautonomie Il sagit des seniors actifs et jeunes retraits en bon tat de sant, autonomes, jouent un rle important au sein des familles et maintiennent une forte partici- pation sociale. Lenjeu principal pour eux est de prvenir les maladies chroniques (cardiovascu- laires, cancers, respiratoires, diabte, obsit) et les dficits physiques, sensoriels Dvelopper une offre axe bien vieillir est une opportunit indniable pour les assureurs de mieux valoriser leur savoir-faire inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 71 33. 72 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance (7) En France, les travaux sur la fra- gilit sont essentiellement mens depuis 2007 par le Pr Bruno Vellas, responsable du grontople de Toulouse, et son quipe avec lap- pui des pouvoirs publics; en mars 2012, les ministres de la sant et des solidarits lui ont confi la mis- sion dexprimenter grande chelle une plateforme complte de reprage, de diagnostic et de prise en charge de la fragilit en Midi-Pyrnes (en zone urbaine et rural). et cognitifs en agissant sur les facteurs de risque de ces pathologies et de ces dficits qui se constituent sur toute une vie : sdentarit, surpoids, mauvaise alimentation, tabagisme, mtiers risques, conditions de travail Cette prvention dite primaire, constitue essentiellement de programmes dinformation, est au cur du Plan national Bien vieillir 2006-09. De plus en plus dentreprises en partenariat avec les organismes de protection sociale et de prvoyance mnent galement des actions de prvention sant et bien-tre auprs des actifs salaris ou non-salaris. Pour les retraits, leurs caisses de retraite et de prvoyance leur proposent diverses actions de prvention. Etant le plus souvent des aidants dun proche en perte dautonomie, il sagit galement de les accompagner afin de pouvoir concilier leur rle daidants et leur vie professionnelle, familiale et personnelle. Ils ont besoin dinformation, de conseils et daccompagnement personnaliss pour affronter cette situation. Pour eux, cest aussi le moment danticiper sur les risques venir, de mieux grer leur pargne et leur patrimoine. La fragilit Les seniors fragiles sont ceux qui quittent le statut de seniors actifs, dyna- miques, consumristes, etc., pour entrer dans une phase de vie domine par des problmes de sant sur fonds de dficits physiques, sensoriels et cognitifs, et dun isolement social, notamment par la fin de la vie de couple. Ces personnes ges sont les patients qui recourent le plus au systme de soins avec des consultations, la consommation de mdicaments, de soins domicile et hospitalisations. Cette fragilit, plus ou moins prononce et combine des vnements aigs (grippe, malaise, chute) est souvent un facteur acclrateur de glissement vers une perte dautonomie. Ces personnes ges (80 ans et plus) vivent domicile en interaction avec leur environnement social de proximit (voisinage, services, espaces publics) et souhaitent continuer le faire le plus longtemps possible. Lenjeu principal pour eux est la prvention(7) de laggravation des limitations fonc- tionnelles et des accidents de la vie courante, en particulier les chutes. De nouveaux services sont ncessaires : nutrition, activits physiques et cognitives, adaptation et scurisation du logement, accessibilit, accs aux services de proximit, solutions numriques et maintien du lien social. inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 72 34. 73 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance La dpendance partielle Les personnes ges dpendantes lgres et partielles (GIR 4-3) reprsentent 80% des allocataires de lAllocation personnalise dautonomie (APA) qui vivent domicile avec le soutien des services de soins et daide dans la vie quotidienne. Or, le domicile est moins bien quip(8) que les tablissements hospitaliers et mdicosociaux en moyens et en personnels et devrait de ce fait tre davantage la cible de la prvention et de la compensation afin dviter laggravation de la perte dautonomie. Faute de coordination entre les soins de ville, lhpital et les services domicile, et en raison de labsence ou de linsuffisance de laide des proches, cela se traduit par des hospitalisations rcurrentes en raison de la chro- nicit des maladies et la frquence des accidents de sant et de la vie courante. Ces hospitalisations rptes aggravent la dpendance (iatrognie). Lenjeu principal est de mieux articuler les soins (ville et hpital) et laide domicile afin de rduire les situations de rupture et les hospitalisations rcurrentes qui en rsultent. Le maintien domicile de ces personnes ges, en particulier en cas de dficits cognitifs, dpend essentiellement de laide des proches sans laquelle lentre en tablissement daccueil savre incontournable. De nouveaux services peuvent favoriser le maintien domicile comme laide humaine durgence (en cas dun accident de sant, sortie dhpital ou indisponibilit de laidant proche), laccueil temporaire, laide technique, lamnagement du logement, le portage de repas, la surveillance et la stimulation aux activits de la vie quotidienne, aux activits physiques et cognitives, la communication L aussi, cest toute une ingnierie de services et de leur mise disposition qui est dvelopper. La fragilit nest ni inluctable ni irrversible, on peut la prvenir, la retarder et sy adapter quand elle survient. Cest ce public qui doit tre au centre de la prvention. En conclusion, la prvention de la perte dau- tonomie est possible grce la promotion de la sant et de lautonomie tous les ges et en particulier aux ges mrs (45-50 ans) quand apparaissent les premiers signes prcurseurs des risques futurs (prvention primaire), et le cas chant, au dpistage et au traitement (prvention secon- daire) des limitations fonctionnelles et de la fragilit qui est la cl de vote de la prvention de la perte dautonomie. La fragilit nest ni inluctable ni irrversible, La prvention de la perte dautonomie est possible grce la promotion de la sant et de lautonomie tous les ges et en particulier aux ges mrs (45-50 ans) (8) Les prestations APA sont fonction du GIR, la quantit daides ncessaires est plus lgres et de dure plus courte pour les GIR 4 et 3 dont les plans daide sont souvent saturs, en particulier pour les personnes isoles. inte?rieur livret A 3/01/13 18:45 Page 73 35. 74 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance on peut la prvenir, la retarder et sy adapter quand elle survient. Cest ce public qui doit tre au centre de la prvention. Enfin, la dpendance tant un risque que lon pourrait qualifier de chronique, une prvention tertiaire et un accompagnement appropri peuvent la stabiliser ou du moins en limiter et reporter laggravation. Pour les assureurs et les financeurs de prestations dpendance , la mise en place dactions de prvention vise la fois de rduire lapparition des situations de perte dautonomie et den diminuer terme le cot de prise en charge. Cest un enjeu socital et humain capital, parce que la perte dautonomie cause une souffrance considrable chez les personnes ges et leurs proches. B) PASSER DE LOFFRE PRODUIT UNE LOGIQUE GLOBALE ET TRANSVERSALE Les assureurs dpendance ont, ces dernires annes, pris conscience de linsuf- fisance dune offre strictement financire rpondre un besoin de protection et daccompagnement global et personnalis des assurs et de leurs proches aidants. En rponse ce constat, les contrats nouvelles gnrations proposent des services dassistance qui peuvent offrir une vraie valeur ajoute pour les assurs et leurs aidants. Toutefois, loffre de service propose par les contrats dassurance reste ncessairement limite pour de nombreuses raisons : Le service et lassistance est une activit distincte de lactivit, rglemente, dassurance, Le mode de garantie et de financement des services ne peut sapparenter celui de prestations financires, pour des raisons prudentielles insurmontables, car lvolution de ces cots dans le temps nest pas matrisable, Un modle de financement est donc trouver, dans un pays o nos concitoyens sont loin dtre tous acquis lide de rmunrer le service, Les assureurs ne peuvent toujours garantir la qualit et laccs de manire efficace et uniforme sur tout le territoire. inte?rieur livret A 3/01/13 18:46 Page 74 36. 75 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Entretien avec Serge BIZOUERNE, Prsident - DOM PLUS Serge BIZOUERNE a t le pilote du groupe de travail Services & Rseaux de prestataires . Il livre ici sa vision sur certains enjeux majeurs pour le secteur de la prvoyance collective. Les services la personne : un lment indispensable linnovation dans la Longvit Bien vieillir Le contexte conomique et social actuel est difficile et en pleine transformation, et cela a un impact direct sur lenvironnement de la sant, de la prvention et de la prvoyance collective. Les grands groupes de protection sociale, pousss par cette conjoncture et par un changement profond du comportement des bnfi- ciaires de leurs prestations, doivent sadapter et sortir de leur champ daction clas- sique, ils doivent rflchir autrement. Ces groupes ont du se regrouper et se concentrer, passant dune soixantaine dacteurs il y a quelques annes moins de dix aujourdhui. Cela leur donne une meilleure assise financire ainsi quune plus forte visibilit, mais lapprhension des besoins des clients est parfois mena- ce : la recherche doptimisation est privilgie, au dtriment dune meilleure per- sonnalisation de la relation client. Les exigences envers ces groupes sont dautant plus leves quil y a un rel trans- fert de responsabilit du secteur public vers le secteur priv. On passe dun Etat providence (payeur, financeur), un systme o les acteurs privs sont de plus en plus prsents. Les acteurs institutionnels privs sont prpondrants dans la prvoyance collective. Jusqu prsent, les modles conomiques taient bass sur une forte segmen- tation des offres et services, mais les clients se retrouvent de moins en moins dans des offres qui les enferment dans des cases et catgories avec lesquelles ils ne sont souvent pas compatibles. Un exemple peut tre donn pour faire un parallle avec ces offres : dans le secteur public il existe un grand nombre de guichets , rpondant des situations trs diverses. Nanmoins, cette segmentation de la prise en charge de la personne entraine des complications dans les processus de prise en charge et de traitement des dossiers, et ce encore plus lorsque ces per- sonnes nentrent pas dans les cases . Une personne en perte dautonomie, non retraite mais aussi handicape cause dun parcours difficile, aura de grandes difficults se retrouver dans un tel systme. inte?rieur livret A 3/01/13 18:46 Page 75 37. 76 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Linnovation doit tout dabord venir dun largissement de la rflexion autour du vieillissement et de la perte dautonomie. En effet, laccompagnement doit se faire bien en amont, notamment directement au sein de lentreprise et avant le dpart en retraite. Lapproche de la situation des personnes doit tre globale, en intgrant leurs dif- frents besoins, en prenant en compte les divers facteurs affectant le vieillissement. DOM PLUS travaille main dans la main avec des donneurs dordre de la prvoyance collective et observe que ces acteurs font face des transformations importantes de lenvi- ronnement et de la socit. Leur capacit dadaptation est mise rude preuve, et les modles conomiques actuels, bass sur des offres segmentes, organises en silos, sont bout. Or, la solution consistant dvelopper de nouvelles offres incluant des services ne sera pas un simple lment diffrenciant auprs des clients : une offre de services adapte sera un pr requis essentiel pour rester comptitif, pour russir faire mieux avec moins . Cela est dautant plus vident que les donneurs dordres sont aujourdhui confron- ts un paradoxe gnr par les mutations socitales en cours : la rarfaction des ressources conomiques pousse les grands groupes dvelopper des offres tou- jours plus standardises permettant des marges de rentabilit plus leves, mais les clients, de plus en plus exigeants, sont demandeurs de relations et de produits personnaliss. Ce paradoxe est cependant loin dtre inluctable, et lexprience de DOM PLUS dmontre justement que les services permettent de faire plus avec moins. Placer lhumain au centre des entreprises permet de crer des valeurs so- citales, mais aussi des valeurs conomiques. Le dernier grand changement, affectant directement le comportement des clients ainsi que leur niveau dexigence (vers toujours plus de confort), vient des volu- tions numriques et digitales (une volution du contenu, plus que des techno- logies en soi) : la facilit daccs linformation, notamment des comparateurs sur Internet, contribue une hausse gnrale de lattente des clients. La re- cherche du meilleur rapport qualit/prix est devenue quasiment une obsession chez beaucoup de consommateurs. De plus, le dveloppement de nouveaux supports, nouvelles technologies et nouveaux rseaux impose aux acteurs de re- penser, non seulement les parcours et relations avec les clients, mais aussi de sadapter leurs nouveaux usages/besoins. Laccompagnement au vieillissement doit se faire bien en amont, notamment directement au sein de lentreprise et avant le dpart en retraite inte?rieur livret A 3/01/13 18:46 Page 76 38. 77 Le Livre Blanc 2 de linnovation dans lassurance Nous pouvons ainsi identifier trois grandes volutions impactant directement lvolution des offres concernant les personnes ncessitant assistance (notam- ment les personnes en perte dautonomie) : - Une logique contradictoire, opposant la ncessit de standardiser pour amlio- rer ses profits aux exigences des clients qui sont toujours plus en demande de personnalisation ; - Le dveloppement de nouvelles technologies, impactant non seulement le ma- nagement des entreprises, mais aussi leur relation avec les clients ainsi que les usages et besoins de ces clients ; - Des modles conomiques organiss en silos qui savrent inflexibles et impos- sibles adapter aux exigences du march. Linnovation par les services va simposer, car ils constituent de plus en plus un l- ment cl auprs des clients et permettent de rpondre un enjeu essentiel dans le domaine de la prvoyance collective : placer lhumain au cen