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Les banques européennes renforcent leur solidité pour anticiper Bâle IV Sharon Wajsbrot [email protected] Véronique Chocron [email protected] Complété et modifié par Eric Léger [email protected] Les banques européennes n’ont pas encorefinid’absorberlaréglementa- tion bancaire de Bâle III qu’elles se préparent déjà au nouveau round de Bâle IV. Pour répondre à l’objectif constant des régulateurs de renfor- cer toujours davantage leur solidité. Tous les établissements ont ainsi fait un effort particulier pour améliorer leur solvabilité au deuxième trimes- tre 2015. « Une nouvelle révolution réglementaire majeure est en cours, avec la future prise en compte du ris- quedetauxetlalimitationàvenirdela capacité des banques à utiliser leurs modèles internes pour abaisser leur consommation en capital. C’est ce que le marché appelle déjà Bâle IV, expli- que Alex Koagne, analyste chez Natixis. Aucune banque ne sait ce que cela impliquera en termes de besoin de capital supplémentaire, c’est pour cela qu’elles constituent des coussins. » Selon les calculs de l’agence Reu- ters, les 24 plus grands groupes européens ont amélioré leur ratio CET1 de fonds propres durs (les apports des actionnaires et les bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) de 49 points de base en moyenne sur les six pre- miers mois de l’année. Le mouve- ment est donc global. Changement de ton En France, les quatre principaux groupes (BPCE, Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole) ont consolidé leur ratio (CET1) de 25 points de base en moyenne au deuxième trimestre, tandis que Barclays a gagné 50 points de base. Surtout au sein des établisse- ments, le ton a changé. Société Générale, qui, malgré les pres- sions des analystes, se satisfaisait d’un ratio de fonds propres durs, cible de 10 % à l’horizon 2016, a relevé son objectif à 11 % début août pour se « donner plus de flexi- bilité ». Idem chez BNP Paribas, qui se fixait dans son plan stratégi- que l’objectif d’un ratio de fonds propres durs de 10 % à horizon 2016, et affiche à fin juin un CET1 de 10,6 %. Et pour cause : « Avec des ratios proches de 10 %, BNP Paribas et Société Générale restent en des- sous de la moyenne européenne, qui se situe plutôt autour de 13 % », fait valoir Gabriella Serres, analyste chez Aurel BGC. Outre leurs ratios de fonds pro- pres durs, les banques européennes ont également renforcé leurs cous- sins de dettes hybrides à l’image de RBS qui a l ancé début août u ne émission de dette convertible CoCos ») de 3,1 milliards de dollars. Si les banques f r a n ç a i s e s o nt pu ren- forcer leur solvabilité, c ’est aussi parce qu’elles ont bénéficié d'un Q2-2015 porteur lié à une reprise progressive de la croissance en Europe, un coût du risque orienté à la baisse favorables aux banques de détails ainsi qu'un effet change positif avec le US$ favorable aux activités de marché. Les perspectives de leurs résultats pour le Q3-2015 paraissent plus nuageuses. Pour les banques de détails, quel sera l'impact de la continuité des appels à renégociations de crédits immobiliers ? Pour les banques de financement et d’inves- tissement, quel sera l'arrêt de l'effet change ? Quant aux charges transverses, les objectifs de gains annoncés dans les divers program- mes d'optimisation seront-ils confirmés ? n l Les banques européennes se préparent à l’entrée e n v igueur de nouvelles réglementations et continuent à mettre des résultats en réserve. l Au Q2-2015, les 3 principaux groupes français ont consolidé leur ratio de solvabilité (CET1) de 25 points de base (moyenne). La Société Générale et BNP Paribas sont en-deça de la moyenne européenne de 13% du CET1. Les Echos Jeudi 13 août 2015

Les Banques européennes face à Bâle IV et un Q3-2015 nuageux

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Les banques européennes renforcent leur solidité pour anticiper Bâle IV

Sharon Wajsbrot [email protected]éronique Chocron [email protected]été et modifié par Eric Lé[email protected]

Les banques européennes n’ont pasencorefinid’absorberlaréglementa-tion bancaire de Bâle III qu’elles sepréparentdéjàaunouveaurounddeBâle IV. Pour répondre à l’objectifconstant des régulateurs de renfor-cer toujours davantage leur solidité.Touslesétablissementsontainsi faitun effort particulier pour améliorerleur solvabilité au deuxième trimes-tre 2015. « Une nouvelle révolutionréglementaire majeure est en cours,avec la future prise en compte du ris-quedetauxetlalimitationàvenirdelacapacité des banques à utiliser leursmodèles internes pour abaisser leurconsommation en capital. C’est ce que

le marché appelle déjà Bâle IV, expli-que Alex Koagne, analyste chezNatixis. Aucune banque ne sait ce quecelaimpliqueraentermesdebesoindecapitalsupplémentaire,c’estpourcelaqu’elles constituent des coussins. »

Selon les calculs de l’agence Reu-ters, les 24 plus grands groupeseuropéens ont amélioré leur ratioCET1 de fonds propres durs (lesapports des actionnaires et lesbénéfices mis en réserve rapportésaux crédits consentis) de 49 pointsde base en moyenne sur les six pre-miers mois de l’année. Le mouve-ment est donc global.

Changement de tonEn France, les quatre principauxgroupes (BPCE, Société Générale,BNP Paribas et Crédit Agricole)ont consolidé leur ratio (CET1) de25 points de base en moyenne audeuxième trimestre, tandis que

Barclays a gagné 50 points de base.Surtout au sein des établisse-ments, le ton a changé. SociétéGénérale, qui, malgré les pres-sions des analystes, se satisfaisaitd’un ratio de fonds propres durs,cible de 10 % à l’horizon 2016, arelevé son objectif à 11 % débutaoût pour se « donner plus de flexi-bilité ». Idem chez BNP Paribas,qui se fixait dans son plan stratégi-que l’objectif d’un ratio de fondspropres durs de 10 % à horizon2016,etafficheà finjuinunCET1de10,6 %. Et pour cause : « Avec desratios proches de 10 %, BNP Paribaset Société Générale restent en des-sous de la moyenne européenne, quise situe plutôt autour de 13 % », faitvaloir Gabriella Serres, analystechez Aurel BGC.

Outre leurs ratios de fonds pro-pres durs, les banques européennesont également renforcé leurs cous-

sins de dettes hybrides à l’image de RBS qui a lancé début août une émission de dette convertible (« CoCos ») de 3,1 milliards de dollars.

Si les banques f r a n ç a i s e s o nt pu ren-forcer leur solvabilité, c ’est aussi parce q u ’el l e s o n t b é n é f i c i é d 'un Q2-2015 porteur lié à une reprise progressive de la croissance en Europe, un coût du risque orienté à la baisse favorables aux banques de détails ainsi qu'un effet change positif avec le US$ favorable aux activités de marché.

Les perspectives de leurs résultats pour le Q3-2015 paraissent plus nuageuses.Pour les banques de détails, quel sera l'impact de la continuité des appels à renégociations de crédits immobiliers ?Pour les banques de financement et d’inves-tissement, quel sera l'arrêt de l'effet change ?Quant aux charges transverses, les objectifs de gains annoncés dans les divers program-mes d'optimisation seront-ils confirmés ? n

l Les banques européennes se préparent à l’entrée e n v igueur de nouvelles réglementations et continuent à mettre des résultats en réserve.l Au Q2-2015, les 3 principaux groupes français ont consolidé leur ratio de solvabilité (CET1) de 25 points de base (moyenne). La Société Générale et BNP Paribas sont en-deça de la moyenne européenne de 13% du CET1.

Les Echos Jeudi 13 août 2015