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ContenuArticles

Putsch de Kapp 1Putsch de la Brasserie 2Incendie du Reichstag 14Loi des pleins pouvoirs 18Autodafé 22Nuit des Longs Couteaux 25Nuit de Cristal 45Anschluss 58Campagne de Pologne (1939) 75Shoah 87

RéférencesSources et contributeurs de l'article 147Source des images, licences et contributeurs 148

Licence des articlesLicence 152

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Putsch de Kapp 1

Putsch de Kapp

Entrée de la brigade Erhardt à Berlin

Le putsch de Kapp est une tentative de putschréalisée entre le 13 mars et le 17 mars 1920 par unebrigade menée par Wolfgang Kapp (1858–1922),fondateur en 1917 du Parti allemand de la patrieavec Alfred von Tirpitz, et le général Walter vonLüttwitz. Il s’inscrit dans la longue série detroubles intérieurs que connaît la république deWeimar jusqu’en 1924.

En 1919, un Corps francs, la « brigade Ehrhardt »,est créé. Mais, anti-républicains, ils représententune menace pour la république de Weimar. LesAlliés exigent sa dissolution, acceptée par leGouvernement du Reich.

Le 13 mars 1920, une brigade de 6000 hommes commandée par Kapp marche sur Berlin pour contraindre legouvernement à revenir sur sa décision. L’armée refuse de tirer sur les insurgés (« La Reichswehr ne tire pas sur laReichswehr »), et le gouvernement est contraint de s'enfuir à Stuttgart.

Kapp forme alors un nouveau gouvernement provisoire. Mais il est confronté à une grève générale de quatre joursdéclenchée par les partis de gauche (KPD, SPD et USPD) et les syndicats, qui bloque toute l’économie, et à larésistance des fonctionnaires berlinois. De plus, la Reichsbank refuse de financer davantage ses troupes.Le 17 mars, Kapp est contraint de fuir vers la Suède, mais revient néanmoins en Allemagne, où il est arrêté. Ildécèdera en 1922, avant son procès.

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Putsch de la Brasserie 2

Putsch de la Brasserie

Timbre commémoratif de 1935

Le putsch de la Brasserie, ou putsch de Munich, fut une tentative deprise du pouvoir par la force en Bavière menée par Adolf Hitler,dirigeant du Parti national-socialiste des travailleurs allemands(NSDAP), dans la soirée du 8 novembre 1923. Elle se déroulaprincipalement à la Bürgerbräukeller, une brasserie de Munich.Hermann Göring, Ernst Röhm, Rudolf Hess, Heinrich Himmler etJulius Streicher y participèrent notamment.

Soutenue par le général Erich Ludendorff, et acceptée dans un premiertemps par le triumvirat dirigeant la Bavière, composé de Gustav vonKahr, Otto von Lossow et Hans Ritter von Seisser, elle se termina dansla confusion et par un échec total des putschistes. Condamné à cinq ansde détention, Adolf Hitler ne passa finalement que moins de quatorzemois à la prison de Landsberg, mettant son incarcération à profit pourrédiger Mein Kampf.

Si l'épisode est en lui-même mineur dans l'histoire de la République deWeimar, il devint l'un des mythes fondateurs du régime nazi, qui organisa sa commémoration annuelle et érigea leBlutfahne au rang de symbole. Il constitua un tournant dans l'histoire et la stratégie du mouvement nazi. Hitler tira eneffet toutes les leçons de ce fiasco, renforça son pouvoir sur le parti et tenta de bénéficier du soutien des milieuxconservateurs et de l'armée, volonté qui s'illustra notamment par l'organisation de la nuit des Longs Couteaux.

Le contexte

Le parti nazi

Adolf Hitler en tournée de propagande en 1923

Depuis le 29 juillet 1921, Adolf Hitler est le dirigeant incontesté duparti nazi : « il n'était alors qu'un agitateur de brasserie : une célébritélocale assurément, mais à peine connue ailleurs[1] ». Son parti est dotéd'une aile paramilitaire depuis 1920, la section de gymnastique et desport, créée et commandée par Ernst Röhm, rebaptisée Sturmabteilung(SA) en octobre 1921[2] . À l'instar de nombreuses autres organisationsparamilitaires de droite et de gauche, elle entretient une violencepolitique endémique dans les premières années de la République deWeimar, notamment illustrée par l'assassinat de Walther Rathenau[3] .Hitler ne dédaigne pas de participer aux actions de sa milice : à la suite

d'une rixe destinée à empêcher la tenue d'une réunion du Bayernbund, une ligue séparatiste bavaroise dirigée parOtto Ballerstedt[4] , le 14 septembre 1921[5] , il est condamné en janvier 1922 pour attentat à la liberté de réunion etcoups et blessures[6] , à une peine légère : trois mois de prison dont deux avec sursis, celui-ci étant subordonné à sabonne conduite future[7] .

De 1921 à 1923, Hitler renforce son parti, notamment avec l'arrivée de Julius Streicher, chef d'une importante organisation nationaliste en Franconie, d'Hermann Göring qui prend la direction de la SA en 1922, de Max Erwin von Scheubner-Richter, diplomate qui dispose d'un vaste cercle de relations, et, via Max Amann, d'Ernst Hanfstaengl, issu de la haute bourgeoisie munichoise[8] , qui assure le financement du parti. Les fonds recueillis par ce dernier permettent notamment d'intensifier la propagande nazie via le Völkischer Beobachter[9] . Par l'entremise

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Putsch de la Brasserie 3

de Rudolf Hess, Hitler est reçu par Erich Ludendorff en 1921, puis, grâce à Göring, noue des contacts, peuconcluants, avec Hans von Seeckt et Otto von Lossow[10] . Début mai, il rencontre également Gustav von Kahr à lademande de celui-ci, sans résultat, les deux interlocuteurs cherchant mutuellement à se neutraliser et à s'utiliser l'unl'autre[11] .

Benito Mussolini lors de la marche sur Rome

La marche sur Rome menée par Benito Mussolini le 28 octobre 1922persuade Hitler qu'il peut accomplir en Allemagne ce que Mussolini aréussi en Italie[12] . Cette conviction est renforcée par l'élan nationalistequi suit l'occupation de la Rhénanie et de la Rhur par les troupesfrançaises, en raison du retard pris par l'Allemagne pour payer lesréparations prévues par le traité de Versailles ; cette occupation susciteune vague d'unité nationale, une politique de résistance passiveimpulsée par le gouvernement de Wilhelm Cuno[13] , et génère denombreux affrontements et attentats, comme ceux commis par AlbertLeo Schlageter. Craignant que l'attitude du gouvernement et laprotestation populaire ne lui coupent l'herbe sous le pied, Hitler rend les « criminels de novembre » responsables del'invasion de la Ruhr et interdit à ses partisans de participer à une résistance active menée sous l'égide de l'uniténationale[14] ,[15] . Cette position « déplaît souverainement » au gouvernement bavarois et à la Reichswehr[16] .L'occupation de la Ruhr permet toutefois au parti nazi d'augmenter ses effectifs de 35000 recrues de février ànovembre 1923, ce qui porte ses effectifs à 55000 membres et fait naître les premiers soupçons d'un putsch[17] .

La crise économique et l'hyperinflation font elles aussi le lit du parti nazi[18] : en janvier 1923, un dollar vaut 17972marks, en août 4620455, en septembre 98860000, en octobre 25260280000 et en novembre 4200 milliards[19] . En1923, le parti nazi est l'élément le plus important du paysage politique bavarois, non en raison de son importancenumérique[20] , mais pour sa nature et son potentiel, son rôle de catalyseur et sa capacité à la radicalisation[21] ; il estle parti le plus dynamique, le mieux adapté à une mobilisation populaire[22] . Le parti nazi n'a toutefois pas encoredes moyens à la hauteur de ses ambitions. Sur l'initiative d'Hitler, il tente, avec d'autres organisations nationalistesregroupées au sein de l’Arbeitsgemeinschaft, d'empêcher par la force le défilé des forces de gauche à l'occasion dupremier mai à Munich. Cette tentative se solde par un échec : les milices de l’Arbeitsgemeinschaft, encerclées par lapolice, ne peuvent effectuer aucune action[23] .

La radicalisation en Bavière

Gustav Stresemann en 1925

Afin de rétablir l'ordre, le nouveau gouvernement de la république, conduit parGustav Stresemann, accepte d'exécuter les obligations imposées à l'Allemagne parle traité de Versailles, ce qui constitue une trahison pour les nationalistes[24] . Dansle but d'éviter un soulèvement, le gouvernement bavarois nomme, le26 septembre 1923[25] Gustav von Kahr commissaire général, qui forme untriumvirat avec le chef de l'armée bavaroise Otto von Lossow et le chef de lapolice, Hans Ritter von Seisser : le nouveau pouvoir interdit une série de réunionsprévues par le parti nazi le 27 septembre 1923 afin de renverser le gouvernementde Berlin[24] . L'imbroglio entre autorités fédérales et régionales, entre décideurspolitiques et militaires est complet : alors que Stresemann demande en vain auprésident Friedrich Ebert de proclamer l'état d'urgence[26] , la Reichswehr en posteen Bavière sous le commandement de Lossow refuse d'obéir aux ordres du chef del'armée Hans von Seeckt, et soutient Kahr[27] . Lossow refuse également

d'appliquer l'ordre d'interdire le Völkischer Beobachter, l'organe du parti national-socialiste[28] , ce qui fait dire à

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Putsch de la Brasserie 4

Seeckt, le 22 octobre 1923, que la démarche du gouvernement bavarois est une ingérence dans le commandementmilitaire contraire à la Constitution[29] . À Berlin, Seeckt projette de mettre sur pied une « dictature légale » pourpallier la crise, ce que Stresemann refuse. Il perd l'appui de l'armée et Seeckt lui annonce : « Monsieur le chancelier,on ne peut mener la lutte avec vous : vous n'avez pas la confiance des troupes »[30] .Les 1e et 2 septembre 1923 à Nuremberg, Adolf Hitler participe, aux côtés de Erich Ludendorff, au Deutscher Tag,durant lequel défilent pendant plus de deux heures 100000 paramilitaires nationalistes, dont de nombreux membresde la Reichsflagge d'Ernst Röhm ; à la suite de ce rassemblement le NSDAP, le Bund Oberland et la Reichsflaggesont regroupés, sur l'initiative d'Ernst Röhm[31] , au sein du Deutscher Kampfbund (Ligue de combat allemande),dont la direction militaire est confiée à Hermann Kriebel, la gestion à Max Erwin von Scheubner-Richter et ladirection politique à Hitler, ce qui ne lui donne que peu de pouvoir réel[32] . La rumeur d'une marche sur Berlin serépand le 3 novembre[33] . Seeckt fait part au ministre de l'Intérieur qu'il ne tentera aucune action contre l'arméebavaroise : « La Reichswehr ne tire pas sur la Reichswehr »[34] ,[35] .

Gustav von Kahr (à gauche).

D'octobre à début novembre s'engagent des négociations en tout sens,qui mènent à un véritable imbroglio, alors que la radicalisation sepoursuit : le 20 octobre 1923, Kahr déclare que « la Bavière considèrecomme son devoir d'être à cette heure la forteresse de la germanitémenacée[29] ». Les autorités bavaroises nouent des tractations avec lesmilieux et organisations nationalistes berlinoises, comme le Stahlhelm,afin de renverser le gouvernement fédéral[36] , ce qui n'empêche pas lechef de celui-ci, Streseman, de chercher le soutien des dirigeantsbavarois[37] . Ces contacts ne débouchent sur aucun résultat.

Mi-octobre, Hitler[38] rencontre Lossow, qui lors d'une réuniond'officiers a sévèrement critiqué le mouvement nazi ; il le fait changer de position, Lossow déclarant peu après, lorsd'une nouvelle réunion d'officiers que la Reichswehr soutiendrait les efforts nationalistes d'Hitler. Le 24 octobre,Hitler expose ses vues politiques à Seisser, pendant qu'à son insu, Lossow négocie avec les responsables militairesdes organisations nationalistes. Le 25 octobre, Hitler et le Dr. Weber, responsable du groupe paramilitaire Oberland,ont une entrevue avec Seisser et Lossow : Hitler leur expose son projet de mettre en place un directoire, dont il ferapartie aux côtés de Ludendorff, Lossow et Seisser, mais sans Kahr ; il affirme également qu'il sait qu'il ne peut rienentreprendre sans le soutien de la police et de l'armée. Ces pourparlers se poursuivent quelques jours, eux aussi sansrésultat[39] .

Le 6 novembre, Kahr, Lossow et Seisser organisent, en l'absence d'Hitler, une réunion avec les responsables duKampfbund, qui regroupe les milices nationalistes : ils y affirment leur volonté d'empêcher par la force toutetentative de putsch en Bavière. Cette position est confirmée le 8, lors d'une rencontre entre Kahr et Ludendorff : lerenversement du gouvernement doit venir de Berlin et non partir de Munich[40] .

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Putsch de la Brasserie 5

Le putsch

Les préparatifs

Erich Ludendorff

Craignant d'être lâché par les paramilitaires[41] en cas d'inaction contre legouvernement fédéral ou pris de vitesse par les nouvelles autorités bavaroises[42] ,Hitler maintient ses contacts avec le triumvirat bavarois ; mais, fort du soutien deLudendorff, dont l'incontestable savoir-faire militaire s'accompagne d'une niaiseriepolitique sans bornes[43] , il décide de tenter un coup de force à une date dictée parl'urgence mais aussi d'une portée symbolique : le 9 novembre, date anniversaire dela proclamation de la république en 1918[44] .

Le putsch est préparé par Hitler les 6 et 7 novembre ; le 7 au matin, il rencontreWeber, Ludendorff, Göring, Scheubner-Richter et Kriebel, responsable militaire duKampfbund. Le putsch doit se produire à Munich, mais aussi dans les principalesvilles bavaroises, Regensburg, Augsburg, Ingolstadt, Nuremberg et Würtzburg : lesgroupes armés nationalistes doivent y prendre le contrôle des gares, du télégraphe,du téléphone et des stations de radio, des bâtiments publics et des commissariats ;les dirigeants socialistes et communistes et les responsables syndicaux doivent être immédiatement arrêtés[45] . ÀMunich, les putschistes disposent d'au maximum 4000 hommes dont moins de la moitié proviennent du parti nazi oude la SA : en face d'eux, 2600 policiers et soldats, mieux organisés et mieux armés que les putschistes et disposant deréserves[46] .

La préparation du putsch fait naître de nouvelles rumeurs sur une tentative de prise du pouvoir, après celles qui ontcouru en août et septembre : si Lossow les prend au sérieux et donne l'ordre à ses officiers supérieurs de réprimertout coup d'État, en mentionnant spécifiquement Hitler comme en étant l'instigateur, Seisser, confiant dans lesassurances qui lui ont été données par Ludendorff, ne prend pas position et Kahr, persuadé qu'Hitler et Ludendorffn'entreprendront rien sans l'avertir au préalable, demande que les mesures de sécurité pour la réunion du 8 novembreà la Bürgerbräukeller soient aussi légères et discrètes que possible[47] .

À la Burgerbräukeller

Réunion nazie à la Bürgerbräukeller, vers 1923

Le soir du 8 novembre 1923, vers 19 heures[48] , Kahr, accompagné deLossow et Seisser, arrive à la Bürgerbräukeller, une brasserie deMunich[49] ,[50] . Conformément aux instructions de Kahr, le dispositifpolicier est léger : douze officiers de la police criminelle sont présentsdans la salle, trente membres de la Hauptwache (police de réserve)assurent le maintien de l'ordre à l'extérieur, le gros des forces de policeétant stationné à plusieurs centaines de mètres. La salle est rapidementcomble et ses portes sont fermées vers 19 h 15 [51] : le public, 3000personnes[52] , comporte de hauts représentants des autoritéspolitiques, policières et militaires bavaroises et des membres de labourgeoisie et des professions libérales. Peu après 20 heures, Hitler

arrive devant la brasserie dont les alentours sont remplis de curieux. Surpris par cette affluence, Hitler demande auxpoliciers présents de faire évacuer les lieux : ceux-ci appellent des renforts, font dégager les abords de la salle, puisrenvoient les renforts dans leur cantonnement. Les premiers camions chargés de membres de la SA arrivent vers 20 h10, suivis, vers 20 h 30, par des membres de la Stosstruppe[53] .

Au début du discours de Kahr, peu après 20 h 30, et alors qu'il prononce la phrase « Même l'homme le plus énergique, même s'il possède les pouvoirs les plus étendus, ne peut pas sauver le peuple, s'il ne reçoit pas du peuple

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Putsch de la Brasserie 6

un appui actif, inspiré par l'esprit national », il est interrompu par un grand tumulte. Dirigé par Adolf Hitler, unpistolet à la main, un groupe d'hommes en armes fait irruption dans la salle et place une mitrailleuse en batterie àl'entrée de celle-ci. Après s'être difficilement frayé un chemin au sein de la foule compacte, Hitler et une poignée deses hommes s'approchent de l'estrade, sur laquelle monte Hitler après avoir ramené le silence en tirant un coup de feuen l'air[54] . Vers 20 h 45, il adresse quelques mots au public : « La révolution nationale a éclaté. La salle est occupéepar six cents hommes armés. Si le calme ne s'établit pas immédiatement, une mitrailleuse viendra sur la galerie. Legouvernement bavarois est renversé, un gouvernement provisoire est formé.» Par vantardise et pour impressionner lasalle[55] , il affirme également que « les casernes de la Reichswehr et de la police du land sont occupées, laReichswehr et la police sont en marche sous leurs étendards à croix gammée[56] . »

Hermann Göring en uniforme SAdans les années 1920

Hitler entraîne Kahr, Lossow et Seissler dans une pièce attenante, réservée parHess[57] , et leur explique qu'il compte prendre la tête d'un nouveau gouvernementdont il assume la direction et dont font partie Ludendorff – qui n'est pas encorearrivé à la brasserie –, à la tête de l'armée, Lossow comme ministre de laReichswehr, Seisser comme ministre de la police, Kahr se voyant attribuer le postede régent de Bavière[58] . L'objectif de ce nouveau gouvernement est d'organiserune marche sur Berlin pour renverser le gouvernement fédéral. S'engagent alors,dans un climat de forte tension et sous la contrainte, des discussions confuses aucours desquelles les membres du triumvirat bavarois tergiversent et cherchent àtemporiser. Après quinze minutes de discussion, l'absence d'accord n'empêche pasHitler de retourner dans la salle principale de la brasserie, où l'ordre est assuré parHermann Göring, pour déclarer à la foule qu'un accord sera obtenu dans les dixminutes qui suivent[59] , puis de retourner négocier. Pendant ce deuxième entretien,des cris Heil! Heil! s'entendent venant de la grande salle, et Ludendorff fait sonentrée dans la pièce où se tiennent les négociations. Il proclame son soutien auprojet d'Hitler : « Il s'agit de la patrie et de la grande cause nationale du peuple allemand et je ne peux que vousconseiller : venez avec nous, faites la même chose[60] . » Tour à tour, Lossow, Seisser et Kahr acceptent. Lesnouveaux acolytes montent à la tribune et s'assurent de leur soutien mutuel : Hitler enflamme la salle en prononçantun violent réquisitoire contre les criminels de novembre[44] . Le discours d'Hitler et les brèves allocution de Kahr,Lossow et Seisser suscitent un tonnerre d'applaudissements et l'approbation générale du public[61] . Celui-ci estensuite autorisé à quitter la salle, à l'exception d'un groupe d'otages, dont des membres du gouvernement et lesprincipaux dirigeants de la police munichoise, arrêtés par Rudolf Hess, à la demande d'Hitler[62] .

En villeSi tout se passe comme prévu à l'intérieur de la brasserie, l'impréparation des putschistes se fait sentir à l'extérieur.Wilhelm Frick, chef de la section politique de la préfecture de police, réussit à paralyser l'action des forces de police,déjà largement acquises à la cause nationaliste[63] ,[64] , et Ernst Röhm occupe le Wehrkreis (quartier général dudistrict militaire) vers 22 heures[65] , mais ne pense à en contrôler le central téléphonique qu'après une heure et demi,ce qui permet aux autorités légales d'appeler des renforts militaires de province[66] .

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Putsch de la Brasserie 7

Membres des milices nazies lors du putsch

Confiant dans le ralliement de la Reichswehr, des autorités et de lapopulation à son coup d'État et à son projet de marche sur Berlin,Hitler néglige de faire occuper systématiquement les centrauxtéléphoniques, les gares, les ministères et les casernes, qui restent doncsous le contrôle des autorités bavaroises[67] .Alors qu'Hitler se rend en ville pour y suivre le déroulement desopérations, Ludendorff autorise Kahr, Lossow et Seisser à rentrer chezeux. Ceux-ci en profitent pour renier leur soutien au putsch, obtenu,selon eux, sous la contrainte, et prennent contact avec l'armée, la policeet les médias pour contrer l'action d'Hitler[44] .

L'action des putschistes en ville est particulièrement confuse et mal organisée : le 3e bataillon du régiment SA deMunich se procure 3000 fusils cachés dans le monastère de la place Sainte-Anne, puis ne prend plus part à aucuneaction, à l'exception de l'un de ses pelotons[68] . L'une des organisations participant au putsch, le groupe Oberland,échoue à investir la caserne du 19e régiment d'infanterie et à s'y emparer d'armes[69] et connaît la même absence derésultat à la caserne du génie. Dans la nuit, et après son succès au Wehrkreiskommando, Röhm tente en vain des'emparer du quartier général de la ville[70] . Si la majorité des élèves de l'école d'infanterie se rallient au putsch, teln'est pas le cas de la 7e division d'infanterie[71] .

Réfugiés dans la caserne du 19e régiment d'infanterie, Kahr, Lossow et Seisser envoient, peu avant trois heures dumatin, un message de la Reichswehr à toutes les stations de radio allemandes désavouant la tentative de putsch.Lossow donne également ordre à différentes unités de l'armée bavaroise de marcher sur Munich pour écraser le coupd'État[72] . Lorsque Gustav Stresemann prend connaissance des événements, il les condamne immédiatement[34] etdéclare que toute aide aux putschistes est un acte de haute trahison.

La marche sur la Feldherrnhalle et l'échec final

La Feldherrnhalle, dernière étape du putsch.

Le 9 novembre 1923, il est clair que les forces armées et la police sontrestées loyales au régime légal[73] ; quant aux projets et tentatives decoup de force dans le reste de la Bavière, ils n'ont pas vu le jour oubien connu un échec rapide[74] . Si le coup d'État semble avoir échoué,la confusion règne encore : depuis l'aube, la ville est couverte deproclamations contradictoires émanant des putschistes et dugouvernement bavarois[75] .

En fin de matinée, Hitler et Ludendorff, persuadés que la Reichswehrne tirera jamais sur « le stratège de la Première Guerre mondiale[76] »rassemblent 2000 putschistes. Avec Hitler et Ludendorff à l'avant, lesmanifestants s'avancent à douze de front avec, en tête, les membres de la Stosstruppe, des SA et d’Oberland, suivispar des étudiants de l'école d'infanterie et les membres du corps de cavalerie de la SA, qui n'ont jamais reçu d'ordredepuis le début de putsch[77] . Le défilé débute sous les acclamations de la foule et passe sans encombre un premierbarrage de police sur le Ludwigsbrücke surplombant l'Isar[78] . Peu après midi et demi, à l'approche de laFeldherrnhalle, les manifestants sont confrontés à un deuxième cordon de police : dans des circonstancesparticulièrement confuses[79] , un échange de coups de feu éclate et les manifestants se débandent[80] . Göring estgrièvement blessé à la jambe, Max Erwin von Scheubner-Richter tué et Hitler a l'épaule démise. On dénombre quatrevictimes parmi les policiers et seize morts chez les putschistes dont seulement cinq membres de la Stosstruppe, lagarde rapprochée du Führer, la future SS. C'est de cet épisode que naît le mythe du Blutfahne, drapeau qui aurait été

taché par le sang d'Ulrich Graf[81] , un des gardes du corps de Hitler qui lui aurait servi de bouclier, arrêtant de son corps les balles qui auraient pu tuer le futur Führer. La police arrête immédiatement, entre autres, Ludendorff et

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Putsch de la Brasserie 8

Streicher, alors que Göring parvient à s'échapper. Hitler, qui s'est enfui dès les premiers coups de feu[82] , est arrêté le11 novembre[44] dans la maison de campagne d'Ernst Hanfstaengl, où il s'est réfugié.

Ernst Röhm en 1933.

Encerclé par la Reichswehr, dont des éléments sont arrivés d'Augsbourg, dans lebâtiment du commandement de la région militaire, Rhöm, dont le porte-drapeau estHeinrich Himmler[83] , exige du général Franz von Epp et du général Jakob vonDanner, qui veulent sa reddition, un ordre de Ludendorff. Après avoir apprisl'échec de la marche sur la Feldherrnhalle et l'arrestation de Ludendorff, il acceptela demande de von Danner, qui lui propose que ses hommes puissent quitter laplace avec les honneurs militaires ; désarmés, les putschistes quittent le bâtiment etseul Röhm est immédiatement arrêté[84] .

Le procès

Le procès des dirigeants putschistes[85] ,[86] , accusés de haute trahison contre legouvernement et du meurtre de quatre policiers, deux crimes passibles de la peinede mort[87] ,[88] , se déroule du 26 février au 1er avril 1924, en partie à huis-clos.Afin de pouvoir mieux contrôler le déroulement des débats, les autorités bavaroises obtiennent que le procès sedéroule devant le tribunal du peuple de Munich, et non devant la cour du Reich à Leipzig[89] .

Tant les juges que les procureurs manifestent une évidente sympathie à l'égard des accusés et déploient tous leursefforts pour ne pas impliquer Ludendorff, le président du tribunal, Neithardt,[90] , estimant qu'il « est le seul atout del'Allemagne » ; des témoins essentiels ne sont pas invités à déposer et des pièces fondamentales ne sont pasproduites, notamment afin de ne pas évoquer la complicité de Kahr, Lossow, Seiser[91] et de la Reichswehr dans leprojet de renversement du gouvernement de Berlin[92] . Ce climat permet à Hitler de transformer le procès en uneopération de propagande, « un carnaval politique[93] » et d'y prononcer de véritables discours[94] ; « s'il s'est montrépiteux face à la police, il [Hitler] révèle lors de son procès son écrasante supériorité oratoire ». Le premier procureurva jusqu'à affirmer : « Hitler est un homme hautement doué qui, parti de peu, a atteint par son sérieux et son travailacharné une situation respectée dans la vie publique. Il s'est totalement sacrifié aux idées qui le pénétraient et il apleinement accompli son devoir de soldat. On ne peut lui reprocher d'avoir utilisé à son profit la situation qu'il s'estfaite[95] ».

Les principaux accusés

Hitler revendique sa totale responsabilité dans la tentative de coupd'État et déclare lors de son procès :

« Je ne suis pas venu au tribunal pour nier quoi que ce soit ouéviter mes responsabilités. [...] [Ce putsch] Je l'ai porté seul. Endernière analyse, je suis le seul à l'avoir souhaité. Les autresaccusés n'ont collaboré avec moi qu'à la fin. Je suis convaincuque je n'ai rien souhaité de mal. Je porte les responsabilités pourtoutes les conséquences. Mais je dois dire que je ne suis pas uncriminel et que je ne me sens pas comme tel, bien au contraire[96]

. »

Les peines prononcées sont particulièrement légères : Hitler, le préfet de police Pöhner, Kriebel et Weber sont condamnés à cinq ans de forteresse, avec déduction de leurs six mois de détention préventive ; les autres accusés, dont Ernst Röhm sont condamnés à des peines si légères qu'elles sont absorbées par leur détention préventive : ils sont libérés sur parole à l'issue du procès. Ludendorff est acquitté. Le tribunal justifie sa clémence en arguant que les putschistes « avaient été guidés par un pur esprit patriotique et par la plus noble des volontés[87] ». De plus Hitler échappe à l'expulsion vers l'Autriche, pourtant prévue par la section 9, §2 de la loi pour la protection de la république[97] ,[98] , qui selon les juges ne saurait s'appliquer à un homme tel qu'Hitler « qui pense et sent en

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Putsch de la Brasserie 9

allemand[99] ». Malgré sa condamnation avec sursis de 1922, qui rendait légalement tout nouveau sursis impossible, Hitler sort paranticipation de prison le 20 décembre 1924, mais reste interdit de parole en public dans la majeure partie del'Allemagne jusqu'en 1927 et interdit de séjour en Prusse jusqu'en 1928[100] .

Les conséquences

Un exemplaire de Mein Kampf

Le NSDAP est interdit dès le 9 novembre, interdiction levée en avril 1925 àl'instigation du ministre de la Justice Franz Gürtner. Devenu illégal, privé de sonchef, qui en a confié la direction ad interim à un Alfred Rosenberg « totalementincapable d'acquérir une autorité quelconque », en proie à des querelles entrefactions notamment suscitées par Ernst Röhm ou par Julius Streicher, le parti naziconnaît une véritable éclipse et est au bord de la disparition pure et simple[101] .

L'une des conséquences de la tentative de putsch est un changement de stratégied'Adolf Hitler. Selon Georges Goriely, dans les années qui suivent, il évite de sedonner une allure de putschiste et s'emploie plutôt à mettre dans son jeu lespuissances traditionnelles[102] . Cette analyse est partagée par Robert O. Paxton : «le putsch manqué de la brasserie[103] fut écrasé si ignominieusement par les patronsconservateurs de Bavière que Hitler se jura de ne plus jamais tenter de s'emparer du

pouvoir par la force. Cela signifiait que les nazis allaient devoir respecter, au moins superficiellement, la légalitéconstitutionnelle, même s'ils n'allaient jamais abandonner les violences ciblées qui étaient un élément central de leurpouvoir d'attraction, ni les allusions aux objectifs plus vastes qu'ils comptaient poursuivre une fois au pouvoir[104] ».Pour reprendre la formule de Joachim Fest, « il ne faut pas en déduire [...] qu'Hitler était prêt à accepter la légalitécomme une barrière inviolable, mais seulement qu'il était décidé à développer l'illégalité à l'abri de la légalité[105]

»[106] .

À la prison de Landsberg, Hitler dispose d'une cellule spacieuse et confortablement meublée dans laquelle il reçoitplus de cinq cents visiteurs pendant ses treize mois de détention ; à la suggestion de Max Amann, il dicte à EmilMaurice et Rudolf Hess un compte rendu de sa vie et de ses opinions qui paraît en 1925 : Mein Kampf[87] .« L'année qui aurait dû être celle du bannissement définitif du spectre de Hitler vit au contraire la genèse de saprééminence absolue au sein du mouvement völkisch et de son ascension vers l'autorité suprême. Avec le recul,l'année 1924 apparaît comme le moment où, tel un phénix renaissant de ses cendres, Hitler put commencer às'extraire des décombres d'un mouvement völkisch éparpillé pour devenir le chef absolu, dominant sans partage unparti nazi réformé, plus solidement structuré et mieux soudé[52] ».

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La commémoration

Hitler pendant le congrès du parti de 1935 àNuremberg. Derrière Hitler on peut apercevoir le

Blutfahne et son porteur officiel JakobGrimminger

Dès 1924, la propagande national-socialiste s'est appliquée à donner auputsch une dimension héroïque qui s'amplifie encore après l'arrivée desnazis au pouvoir. À partir de 1933 se déroulent chaque année à Munichdes commémorations à la mémoire des victimes nazies qui deviennentde véritables martyrs de l'Allemagne et du mouvement[107] : « Notremouvement est né de toute cette détresse, et il a donc dû prendre desdécisions difficiles dès les premiers jours. Et l'une de ces décisions aété la décision de mener la révolte des 8 et 9 novembre 1923. Cettedécision a échoué en apparence à l'époque, seulement, c'est du sort desvictimes que le salut de l'Allemagne a pu venir »[108] .

Hitler dédie aux seize victimes de son parti, les Blutzeuge(littéralement témoins de sang) le premier volume de Mein Kampf. Lamédaille que le Führer décerne à tous ceux qui ont participé au putsch,le Blutorden, est la plus haute distinction du NSDAP. Un véritablemythe est mis en place autour du putsch. Le Blutfahne (drapeau dusang), qui désigne le drapeau porté par Andreas Bauriedl lors de lamarche des putschistes est élevé au rang d'objet de culte. À partir de1926, il est glorifié lors des congrès du parti et est utilisé pour consacrer les drapeaux du parti et les fanions de la SS.Jakob Grimminger qui avait participé au putsch est le porteur officiel du Blutfahne[109] . « Elles [les victimes]deviennent le noyau d'un mythe qui joue un rôle significatif dans l'arrivée du parti [nazi] au pouvoir. À travers elles,un échec ignominieux est transformé en un glorieux défi à la tyrannie[73] ».

Un des mausolées en 1933

À Munich, sur la Königsplatz, Hitler fait ériger en 1935 deuxmausolées pour les seize putschistes tués, dans lesquels leurs restessont transférés[107] . Sur la Feldherrnhalle, Hitler fait poser une plaquedevant laquelle est postée une sentinelle. Les passants doivent saluer laplaque du salut hitlérien à leur passage.

« Je me suis rendu à pied jusqu'à la Feldherrnhalle. On salue lesmorts. Acte solennel et somptueux. Le Führer leur rend undernier hommage. Moment grandiose. Beau et efficace commejamais. »

— Joseph Goebbels, 9 novembre 1935[110] . À l'arrivée des troupesaméricaines, les deux constructions de la Königsplatz sont dynamitées. Il n'en reste plus que les socles aujourd'hui.La plaque de la Feldherrnhalle est retirée en 1945 ; depuis 1993, une nouvelle plaque rappelle la mémoire despoliciers tués.

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Notes et références

Références• (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé «

Hitler-Ludendorff-Putsch [111] » (voir la liste des auteurs [111]) (voir aussi [[|la page de discussion]]).

[1] Ian Kershaw, Hitler. 1889-1936, Paris, Flammarion, 2001, p. 260[2] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 265[3] Richard J. Evans, Le troisième Reich. L'avènement, Paris, Flammarion, 2009, p. 236—239[4] Né à Munich le 1er avril 1887, Otto Ballerstedt, dirigeant du Bayernbund, est l'un des rivaux politiques de Hitler en Bavière au tout début des

années 1920. Il passe au second plan dès 1923 et cesse peu à peu toute activité politique notable. Cela ne l'empêche pas d'être arrêté lors de lanuit des Longs Couteaux et d'être assassiné le 30 juin ou le 1er juillet 1934 au camp de concentration de Dachau.

[5] R. Evans, Le Troisième Reich, p. 236[6] André Beucler, L'ascension d'Hitler. Du village autrichien au coup d'État de Munich, Paris, Éditions nationales, 1937, p. 214[7] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 269[8] André Beucler, L'ascension d'Hitler, p. 236[9] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 249, 273, 288[10] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 295-296[11] Lionel Richard, D'où vient Adolf Hitler ? Tentative de démythification, Paris, Autrement, 2000, p. 151[12] R. Evans, Le troisième Reich, p. 240—242[13] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 291[14] William L. Shirer, Le IIIe Reich, Paris, Stock, 2006, p. 77[15] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 293[16] André Beucler, L'ascension d'Hitler, p. 288[17] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 290[18] Elles suscitent également des insurrections menées par les communistes en Thuringe ou en Saxe, cf. I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 305[19] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 304[20] D'après un rapport de police, il compte cependant, à l'été 1923, 35000 membres à Munich et 150000 pour l'ensemble de la Bavière ; à titre ce

comparaison, la Bund Bayern und Reich dispose de 60000 membres, nettement mieux formés militairement que ceux du parti nazi, cf. HaroldJ. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 64 et 110

[21] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, Princeton, Princeton University Press, 1972, p. 49[22] Georges Goriely, 1933. Hitler prend le pouvoir, Bruxelles, Éditions Complexe, 1982, p. 52[23] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 194-205[24] Richard J. Evans, Le troisième Reich, p. 249—250[25] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 306[26] (de)Felix Hirsch, Gustav Stresemann 1878/1978, Berlin Verlag, Berlin, 1978, p. 49[27] F. Hirsch, op. cit., p.49.[28] Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Paris, Fayard, 1962, p. 19[29] H. Möller, La république de Weimar, p. 182[30] Christian Baechler, L'Allemagne de Weimar, 1919-1939, Paris, Fayard, 2007, p. 411-412[31] R. Evans, Le troisième Reich, p. 247[32] I. Kershaw., Hitler, 1889-1936, p. 302-303[33] C. Baechler, L'Allemagne de Weimar, 1919-1939, p. 414[34] C. Baechler, L'Allemagne de Weimar, 1919-1939, p. 415[35] Seekt avait adopté la même attitude et tenu les mêmes propos lors du Putsch de Kapp, cf. H. Möller, La république de Weimar, p. 169[36] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 246-251[37] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 258[38] D'après Beucler, Hiter, pourtant notoirement opposé à la restauration des Wittelsbach, aurait même tenté en vain, courant septembre, d'être

reçu par le prince Rupprecht de Bavière, cf. André Beucler, L'ascension d'Hitler, p. 233[39] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 252-255[40] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 255-258[41] Ceux-ci craignent notammet de ne plus percevoir de solde. Selon, Conrad Heiden, cité par A. Beucler, Ludendorff aurait déclaré à Lossow :

« les troupes du Kampfbund meurent de faim et il devient difficile de les retenir », cf. André Beucler, L'ascension d'Hitler, p. 234[42] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch,, p. 243-244[43] Georges Goriely, 1933. Hitler prend le pouvoir, p. 52[44] R. Evans, op. cit., p. 250-251[45] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 259-260[46] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 270-273

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[47] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 274-275[48] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 282[49] Cette section est basée, sauf mention contraire, sur Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, Les Sables-d'Olonne, Georges

Bonnin éditeur, 1966, p. 91-98, dont le récit se fonde sur le rapport rédigé par Lossow pour les autorités bavaroises en décembre 1923[50] Si le rapport de Lossow est considéré comme fiable par Bonnin en ce qui concerne les faits, il doit être manié avec une grande prudence

lorsqu'il évoque l'attitude de son auteur et celle de von Kahr et Seisser[51] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 282-283[52] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 312[53] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 283-284[54] Il n'est pas certain qu'Hitler ait été l'auteur du coup de feu, qui a peut-être été tiré par un des membres de son entourage[55] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 83[56] Joachim Fest, Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, Paris, Gallimard, 1973, p. 218[57] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 286[58] Selon Kershaw, Kahr se voit proposer le poste de chef de l'état (Landsverweser) et le préfet de police Pöhner celui de ministre-président, I.

Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 313.[59] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 287[60] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 95.[61] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 289.[62] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 290.[63] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 98-102.[64] Selon Lionel Richard, le préfet de police Poehner et son ajoint Wilhelm Frick soutiennent Adolf Hitler depuis 1920, cf. Lionel Richard, D'où

vient Adolf Hitler, p. 151[65] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 124.[66] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 294[67] Joachim Fest, Hitler jeunesse et conquête du pouvoir, Gallimard, Paris, 1974, p. 224[68] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 292.[69] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 102-106.[70] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 294.[71] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 302.[72] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 95.[73] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 365[74] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 366-388[75] André Beucler, L'ascension d'Hitler, p. 247[76] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 351.[77] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 353.[78] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 113-124.[79] Si tous les auteurs s'accordent sur le fait que la fusillade a été déclenchée par un premier coup de feu isolé, ni le camp auquel appartenait le

tireur, ni son identité ne sont établis avec certitude[80] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 113-124.[81] La question de savoir qui a protégé le Führer et taché le drapeau de son sang a fait par la suite l'objet d'âpres débats au sein du parti nazi[82] Georges Goriely, 1933. Hitler prend le pouvoir, p. 53.[83] Joachim Fest, Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, p. 226.[84] Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 124-127.[85] Sauf mention contraire, la présente section est fondée sur Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 479-485[86] Trois autres procès furent organisés contre des membres de la Stosstrup Hitler qui avaient attaqué le Münchener Post, des participants au

putsch ayant volé des billets de banque et les responsables d'un vol d'armes au monastère Sainte-Anne, cf. Harold J. Gordon Jr., Hitler and theBeer Hall Putsch, p. 475

[87] R. Evans, Le troisième Reich, p. 253[88] Selon W. Shirer, la peine maximale était la détention à perpétuité, conformément à l'article 81 du Code pénal, cf. William L. Shirer, Le IIIe

Reich, p. 93[89] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 325[90] Nommé par ministre de la justice bavaroise, le réactionnaire Franz Gürtner, Neithardt, connu pour ses convictions nationalistes, avait présidé

les débats qui ont abouti à la condamnation d'Hitler à trois mois de prison, dont deux avec sursis en 1922, cf. R. Evans, Le troisième Reich,p. 252

[91] Tous trois ont démissionné le 18 février 1924, cf. H. Möller, La république de Weimar, p. 186[92] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 323[93] Joachim Fest, Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, p. 229[94] voir notamment, Georges Bonnin, Le putsch de Hitler à Munich en 1923, p. 148-162[95] Joachim Fest, Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, Paris, Gallimard, 1973, p. 231

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[96] Harold J. Gordon Jr., Hitler and the Beer Hall Putsch, p. 482[97] Votée par le Reichstag, le 21 juillet 1922 et prorogée le 23 juillet 1927, cf. H. Möller, La république de Weimar, p. 116[98] Cette loi n'est que partiellement appliquée en Bavière qui dispose de sa propre législation d'exception. C'est sur cette base qu'est notamment

condamné, en octobre 1922, Felix Fechenbach, l'ancien secrétaire de Kurt Eisner, à onze ans de réclusion pour un délit de presse déjà ancien etqui aurait du bénéficier de la prescription, cf. Karl Dietrich Bracker, Hitler et la dictature allemande, Bruxelles, Éditions Complexe, 1995, p.150

[99] I. Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 327[100] R. Evans, Le troisième Reich, p. 257[101] R. Evans, Le troisième Reich, p. 257[102] Georges Goriely, 1933. Hitler prend le pouvoir, p. 53[103] ou pour Paxton, « la conspiration de l'escalier de service »[104] Robert O. Paxton, Le fascisme en action, Paris, Seuil, 2004, p. 158 (ISBN 2020591928)[105] Joachim Fest, Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, Paris, Gallimard, 1973, p. 233[106] Ce concept de « l'illégalité à l'abri de la légalité » est notamment illustré par la nuit des Longs Couteaux au cours de laquelle Hitler élimine

les principaux dirigeants de la SA, dont Ernst Röhm, et ôte à cette organisation toute indépendance, afin de conserver l'appui des milieuxconservateurs traditionnels et de la Reichswehr. Il en profite également pour faire assassiner Kahr, l'un des responsables de l'échec du putsch.

[107] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 93[108] (de)« Aus dieser ganzen Not ist unsere Bewegung entstanden, und sie hat daher auch schwere Entschlüsse fassen müssen vom ersten Tage

an. Und einer dieser Entschlüsse war der Entschluss zur Revolte vom 8./9. November 1923. Dieser Entschluss ist damals scheinbarmisslungen, allein, aus den Opfern ist doch erst recht die Rettung Deutschlands gekommen. » Discours d'Adolf Hitler du 9 novembre 1939dans Bürgerbräukeller, cité dans : Philipp Bouhler: Der großdeutsche Freiheitskampf - Reden Adolf Hitlers vom 1. September 1939 bis 10.März 1940, Zentral-Verlag der NSDAP, Munich, 1940.

[109] (en)Brian L. Davis / Malcolm McGregor, Flags of the Third Reich Party and Police Units, Osprey Publishing, 1994, p.4.[110] Joseph Goebbels, Journal. 1933-1939, Paris, Tallandier, 2007,p.256[111] http:/ / de. wikipedia. org/ wiki/ Hitler-Ludendorff-Putsch

Sources• Joseph Goebbels, Journal (1923-1933), Tallandier, Paris, 2006.• Adolf Hitler, Mein Kampf, Les Nouvelles Éditions latines, 1934.

Bibliographie• Christian Baechler, L'Allemagne de Weimar, 1919-1939, Fayard, Paris, 2007, 483 p. (ISBN 978-2-213-63347-3)

• André Beucler, L'ascension d'Hitler. Du village autrichien au coup d'État de Munich, Éditions nationales, coll.« L'histoire inconnue », Paris, 1937

• Georges Bonnin, Le putsch d'Hitler à Munich en 1923, Bonnin éditeur, Les Sables-d'Olonne, 1966, 230 p.• (de) John Dornberg, Der Hitlerputsch. 9 November 1923, Langen Müller, 1998.• Richard J. Evans, Le troisième Reich : L'avènement, Flammarion Lettres, coll. « Au fil de l'histoire », 2009,

800 p. (ISBN 978-2082101110)

• Joachim Fest, Hitler jeunesse et conquête du pouvoir, Gallimard, Paris, 1974, 526 p.• (en) Harold J. Gordon, Hitler and the Beer Hall Putsch, Princeton University Press, Princeton, 1972, 666 p. (ISBN

0-691-05189-5)

• Georges Goriely, 1933. Hitler prend le pouvoir, Éditions Complexe, coll. « La mémoire du sièce », Bruxelles,1985

• Ian Kershaw, Hitler, tome 1, 1889-1936, Flammarion, Paris, 1999 (ISBN 978-2082125284)

• Ian Kershaw, Hitler : Essai sur le charisme en politique, Folio Histoire, 2001, (ISBN 978-2070419081)

• Ian Kershaw, Le Mythe Hitler, Flammarion, Paris, 1987.• Host Möller, La république de Weimar, Tallandier, Paris, 2004, 367 p. (ISBN 2-84734-191-9)

• Lionel Richard, D’où vient Adolf Hitler ? Tentative de démythification, Autrement, coll. « Mémoires, n° 64 »,Paris, 2000, 3 p. (ISBN 2-86260-999-4)

• William L. Shirer, Le IIIe Reich, Stock, Paris, 2006, 1257 p. (ISBN 2-234-02298-3)

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Putsch de la Brasserie 14

• (de) Georg Franz-Willing, Putsch und Verbotszeit der Hitlerbewegung, November 1923 - Februar 1925,Preußisch Oldendorf: Schütz, 1977

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Incendie du Reichstag

Incendie du palais du Reichstag le28 février 1933

La fenêtre par laquelle Marinus van der Lubbeserait entré dans le Reichstag

L’incendie du Reichstag, ou Reichstagsbrand en allemand, estl'incendie criminel du Palais du Reichstag, siège du parlementallemand à Berlin, dans la nuit du 27 au 28 février 1933.

Immédiatement exploité par les nazis à des fins politiques, il est suivipar la proclamation de la Reichstagsbrandverordnung qui suspend sinedie les libertés individuelles et par une campagne de répression dirigéecontre les communistes allemands.

L'identité du ou des incendiaires a fait l'objet de nombreux débats. Leshistoriens sont toujours partagés entre la thèse l'attribuant au seulcommuniste hollandais Marinus van der Lubbe et celle l'imputant auxnazis pour qui il s'agissait du « début de la révolte communiste » selonHermann Göring.

Contexte politique

Nommé chancelier le 30 janvier 1933, Adolf Hitler obtient duprésident Paul von Hindenburg la dissolution du parlement etl'organisation de nouvelles élections prévues le 5 mars 1933[1] . Si leNSDAP est le premier parti au Reichstag, avec 196 sièges sur 584, ildépend du soutien des partis de la droite traditionnelle et doit compteravec une forte opposition de gauche composée par 121 députéssocialistes et 100 députés communistes. Si la SA fait régner la terreurdans les rues, la crainte d'un coup de force communiste est très vivechez les nazis, mais aussi dans la droite allemande[2] .

Les faits

Le 27 février 1933, vers 21h15, un étudiant en théologie passant devantle Reichstag entend le bruit d'une vitre brisée[3] . Il alerte le gardien duparlement qui aperçoit une silhouette courant à l'intérieur du bâtiment en y boutant le feu[3] . Les pompiers et lapolice arrivent rapidement sur les lieux où ils constatent de nombreux départs de feu[3] . « Dans la salle Bismarck,située au nord de l'édifice, un homme jaillit soudain, torse nu, ruisselant de sueur, l'air égaré, avec un regardhalluciné.[3] » Cet homme, Marinus van der Lubbe, se laisse arrêter sans résistance et passe immédiatement auxaveux, affirmant que l'incendie est un geste de protestation et qu'il a agi seul[4] .

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Exploitation politique

Reichstagsbrandverordnung du 28 février 1933

Rudolf Diels, chef de la police prussienne, arrivé immédiatement surles lieux est alors persuadé que Marinus van der Lubbe a agi seul.

Les nazis décident d'exploiter immédiatement l'évènement, etprésentent l'incendie comme le signe avant-coureur d'un vaste «complot communiste ».

« C'est un signe de Dieu, Herr Vice-Chancelier ! Si ce feu,comme je le crois, est l'œuvre des communistes, nous devonsécraser cette peste meurtrière d'une main de fer ! »

— Hitler au vice-chancelier von Papen, le 28 février 1933[5] . Dès lelendemain de l'incendie, le 28 février, Hindenburg signe un décretprésidentiel « pour la protection du peuple et de l'État » : leReichstagsbrandverordnung, qui suspend sine die les libertésindividuelles et lance la chasse aux communistes. Dans la foulée, legouvernement fait arrêter plus de 4000 militants du KPD, le particommuniste allemand, dont son président Ernst Thälmann, ainsi queplusieurs dirigeants socialistes et intellectuels de gauche, au totalplusieurs dizaines de milliers de personnes. Le journaliste vedette EgonErwin Kisch est aussi arrêté. Ces opposants sont internés dans lespremiers camps de concentration nazis, essentiellement à Dachau. Lapeine de mort est introduite avec effet rétroactif. Ce décret qui marque la fin de la démocratie reste en vigueurjusqu'en 1945. Le procès s'ouvre le 21 septembre 1933 à Leipzig. Marinus van der Lubbe est condamné à mort etdécapité le 10 janvier 1934. Le 21 avril 1967, un tribunal de Berlin, à titre posthume et symbolique, transforme lacondamnation à mort de van des Lubbe à huit ans de prison pour « tentative d'incendie avec infraction ». En 1980,Robert Kempner, un des procureurs américains des procès de Nuremberg, convaincu de l'innocence de Marinus vander Lubbe, obtient son acquittement, mais ce verdict est cassé un an plus tard en appel. Finalement, le10 janvier 2008, les services du procureur fédéral allemand, jugeant la condamnation officiellement « illégale »annulent le verdict soixante-quinze ans après[6] .

Les interprétationsL'évènement a donné lieu à une longue controverse au sujet de l'identité des auteurs véritables de l'incendie.

Un complot communisteDès l'annonce de l'incendie et avant tout début d'enquête, la radio affirme que les communistes ont mis le feu auReichstag[7] . Cette thèse est immédiatement reprise par Hermann Göring et Adolf Hitler et sert de base au procèsqui s'ouvre à Leipzig le 21 septembre 1933.Sur le banc des accusés figurent, outre Marinus van der Lubbe, l'ancien chef de groupe du parti communisteallemand, Ernst Torgler, et trois communistes bulgares, dont Gueorgui Dimitrov[8] , futur secrétaire général duKomintern et futur premier ministre du gouvernement communiste bulgare. Pugnace, luttant pied à pied, tenant têtepar sa rhétorique à Goebbels et à Göring à qui il fait perdre son calme, Dimitrov, qui a appris l'Allemand durant lesmois de prisons précedant la condamnation, fait voler en éclat la thèse officielle et transforme le procès en tribuneantinazie[8] . Finalement, seul Marinus van der Lubbe est condamné, les quatre autres accusés sont acquittés[8] . Ceverdict, qui ôte toute base à la thèse officielle des nazis, ne les empêchera pas de maintenir leur interprétation.

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Incendie du Reichstag 16

Une manœuvre des nazisLa version officielle est immédiatement contredite, au cours même du procès, par l'accusé Georgi MikhailovDimitrov, ce qui lui vaut une renommée mondiale, Allemagne comprise[9] . Puis Willi Münzenberg dans son Livrebrun[10] attribue la responsabilité de l'incendie aux nazis, ayant voulu par là se créer un prétexte pour déclencher unevague de répression. La parution du Livre brun est suivie, en septembre 1933, par un procès organisé à Londres parun comité antifasciste international, qui s'affirme selon les mots du procureur comme « un simulacre de procès [qui]ne saurait avoir de validité juridique et n'avait d'autre but que de servir la vérité que les circonstances empêchaientd'éclater en Allemagne »[11] .

« Quel était à Berlin, le 27 février au soir, l'homme qui détenait les clés du Reichstag?Quel était l'homme qui en commandait la police?Quel était l'homme qui pouvait en activer ou en arrêter la surveillance?Quel était l'homme qui détenait la clé du souterrain par lequel on semble avoir pénétré?Cet homme, c'était à la fois le ministre de l'Intérieur de Prusse et le président du Reichstag : c'était HermannGöring  »

— Me de Moro-Giafferi, Londres, 11 septembre 1933[12] . Pour Pierre Milza, Marinus van der Lubbe aurait étémanipulé par les nazis[13] : « Utilisant le délire pyromane d'un jeune chômeur d'origine hollandaise, Marinus van derLubbe, qui se dit communiste, les hommes de Göring l'ont laissé allumer un petit incendie dans le Palais duReichstag, tandis qu'eux-mêmes inondaient les sous-sols d'essence[14] . » François Delpla penche lui aussi pour unemanipulation de Marinus van der Lubbe par les nazis, par le biais d'un agent infiltré dans les milieux del'ultra-gauche, lui faisant croire que l'incendie allait créer un soulèvement populaire contre Hitler. Il reproche auxtenants de la thèse de l'incendiaire isolé de croire que l'absence de preuves de complicités prouve l'absence decomplicités[15] . Jacques Delarue estime que l'incendie a été perpétré par un commando de membres de la SA, dirigépar Karl Ernst et Edmund Heines, à l'initiative d' Hermann Göring[16] . Pour Gilbert Badia, il est impossible qu'unhomme isolé comme van der Lubbe, dépourvu de tout soutien ait seul perpétré l'incendie, notamment compte tenu dufait qu' « on trouva dans le Reichstag assez de matériel incendiaire pour remplir un camion » et d'une déclaration deGöring au général Hadler lors de laquelle il affirme que « le seul qui connaisse bien le Reichstag, c'est moi ; j'y aimis le feu »[17] . En 2001, en se basant à la fois sur les circonstances matérielles de l'incendie et sur des archives de laGestapo conservées à Moscou et accessibles aux chercheurs depuis 1990, Bahar et Kugel reprennent la thèse selonlaquelle le feu a été mis au Reichstag par un groupe de SA agissant sous les ordres directs de Göring[18] .

Un acte isoléEn 1960, dans le Spiegel, puis en 1962, dans son livre Der Reichsbrand. Legende und Wirklichkeit [19] , Fritz Tobiasaffirme que la thèse du complot nazi est aussi infondée que celle du complot communiste. Il qualifie de fallacieux lesdocuments du Livre brun qui servait de base au dossier antinazi[20] . Selon Ian Kershaw, les conclusions de Tobiassont désormais largement acceptées[21] . Selon lui, la surprise et l'hystérie qui s'emparent des plus hauts dirigeantsnazis la nuit de l'incendie, à commencer par Hitler lui-même, est un signe du caractère inattendu de l'évènement et dufait que l'incendie est bien le fait du seul Marinus van der Lubbe[22] .

« Les premiers membres de la police à interroger van der Lubbe, aussitôt appréhendé et clamant haut et fort sa« protestation », n'avaient aucun doute : il avait agi seul, personne d'autre n'était impliqué dans l'incendie. MaisGöring, dont la première réaction en apprenant l'incendie semble avoir été pour s'inquiéter des précieusestapisseries du bâtiment, se laissa facilement convaincre par les autorités sur place que l'incendie était le fruitd'un complot communiste. Hitler, qui arriva vers 22 h 30, soit une heure environ après Göring, se laissarapidement persuader de tirer la même conclusion. Göring lui expliqua que l'incendie était sans contestel'œuvre des communistes. L'un des incendiaires avait déjà été arrêté, tandis que plusieurs députés communistesse trouvaient dans le bâtiment quelques minutes à peine avant l'embrasement[23] . »

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Incendie du Reichstag 17

L'analyse de Kershaw est vigoureusement contestée par Lionel Richard[24] . Pour Richard, « les analyses de Tobias,déjà fortement mises en cause par un groupe d'historiens quand elles ont été publiées, ne jouissent plus d'aucuncrédit. Il a été démontré que son information documentaire n'était pas fiable. En l'occurrence, Kershaw aurait pu, aumoins, prendre sérieusement en considération les travaux d'Alexander Bahar[25] . »

Voir aussi

Bibliographie• Alexander Bahar, Wilfried Kugel, Der Reichstagbrand, edition q, 2001• Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Paris, Fayard, 1962• Georges Goriely, 1933 : Hitler prend le pouvoir, Bruxelles, Editions Complexe, Coll. La Mémoire du siècle,

1985.• Nico Jassies, Marinus van der Lubbe et l’incendie du Reichstag, Éditions Antisociales, 2004, ISBN

2-9521094-0-0.• Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, vol. 1, Paris, Flammarion, 2001(ISBN 2082125297)

abondante bibliographie sur l'incendie du Reichstag à la page 1010.

• Livre brun sur l'incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne, Paris, Le carrefour, 1933• Fritz Tobias, Der Reichstagsbrand - Legende und Wirklichkeit, Grote, Rastatt 1962• Marinus van der Lubbe, Carnets de route de l’incendiaire du Reichstag et autres écrits, présentés par Yves Pagès

et Charles Reeve, Éditions Verticales, 2003.• François Delpla, Hitler, Paris, Grasset, 1999

Références[1] Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne des origines à nos jours, Paris, 1999, p.652.[2] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001, vol.1, p. 649.[3] Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard, Paris, 1962, p.31[4] I. Kershaw, op. cit, p.650[5] I. Kershaw, op. cit., p. 651[6] Agence Reuters, dépêche du 10 janvier 2008, 18h08:23[7] J. Delarue, op. cit., p.32[8] J. Delarue, op. cit., p.66-68[9] « Il ne reste qu'un homme en Allemagne, disait-on alors, et cet homme est un Bulgare », Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, page 306 de

l'édition Folio, page 338 de l'édition Folio Histoire.[10] Traduit en 17 langues et tiré à des millions d'exemplaires. Gorielly, op. cit., p. 130.[11] J. Delarue, op.it., p.65[12] J. Delarue, op. cit., p.66[13] Pierre Milza, Les Fascismes, chap. 9, p. 286.[14] Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire du XXème siècle, Tome 1, p. 317.[15] François Delpla, « Le terrorisme des puissants : de l’incendie du Reichstag à la nuit des Longs couteaux », paru dans : Guerre et Histoire n°

7, septembre 2002 (http:/ / www. delpla. org/ article. php3?id_article=62)[16] J. Delarue, op.cit., p. 68-76[17] Gilbert Badia, Histoire de l'Allemagne contemporaine, 1933/1962, Paris, Éditions sociales, 1975, p. 15[18] Alexander Bahar, Wilfried Kugel, Der Reichstagbrand, édition q, 2001[19] Fritz Tobias, Der Reichsbrand Legende und Wirklichkeit, Rastatt, Baden, 1962.[20] Georges Goriely, 1933, pp. 131-132[21] I. Kershaw, op. cit., p. 1011[22] I. Kershaw, op. cit. p. 649[23] I. Kershaw, op. cit., p. 650.[24] Lionel Richard, Goebbels. Portrait d'un manipulateur, s.l., André Versaille éditeur, 2008, p. 132[25] Alexander bahar, Dieses Feuer ist erst der Anfang. Die Nazis und der Reichstagsbrand, in Bulletin - Berliner Gesellschaft für Faschismus-

und Weltkriegsforschung / herausgegeben von Berliner Gesellschaft für Faschismus- und Weltkriegsforschung,Berlin, Edition Organon, 2005,Heft 25/26, pp. 87-120

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Loi des pleins pouvoirs 18

Loi des pleins pouvoirs

Première page de la Gesetz zur Behebung der Notvon Volk und Reich

Dernière page, portant les signatures deHindenburg, Hitler, Frick, von Neurath et von

Krosigk.

La loi du 24 mars 1933 visant au soulagement de la détresse dupeuple et de l’État (Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reichvom 24. März 1933), dite loi d’habilitation (Ermächtigungsgesetz) ouloi des pleins pouvoirs, est une loi allemande adoptée le 24 mars 1933et qui donna à Adolf Hitler le droit légal de gouverner par décret,c'est-à-dire de promulguer des lois sans en référer au Reichstag.

La loi des pleins pouvoirs fut déposée le 23 mars au Reichstag, dont lessessions se tenaient alors à l'opéra Kroll suite à l'incendie du bâtimentdu Reichstag à l'instigation de Adolf Hitler. La coalitiongouvernementale (NSDAP (288 sièges) et DNVP) (52 sièges) disposaitd'une très large majorité avec 53 % des sièges (340), mais il lui fallaitune majorité des deux tiers (66% soit 430 voix) pour modifier ainsi laConstitution. Il manquait donc 13%, soit 90 voix. Le quorum fut atteintgrâce aux votes du Zentrum (72 voix), du BVP (19 voix) et des petitspartis (14 voix pour six partis) lors d'une session, en présence de SA,de SS et de Stahlhelm en armes, gardant toutes les issues et entourantle bâtiment. Seuls les 94 députés sociaux-démocrates votèrent contre.Les 81 députés du KPD ainsi que 26 des 120 députés SPD n'étaient pasprésents lors du vote car avaient été contraints d'entrer dans laclandestinité ou étaient internés.

La loi était promulguée pour une durée de quatre ans renouvelables.Faisant suite à la Reichstagsbrandverordnung, cette loi, en supprimantla séparation des pouvoirs, fut la deuxième étape de la Gleichschaltungayant conduit à l'instauration d'un système totalitaire.

Texte

Comme la plupart des lois promulguées pendant la Gleichschaltung, laloi des pleins pouvoirs est courte, surtout en regard de sesconséquences :

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Loi des pleins pouvoirs 19

Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich Loi pour remédier aux besoins du Peuple et du Reich

Der Reichstag hat das folgende Gesetz beschlossen, das mit Zustimmung desReichsrats hiermit verkündet wird, nachdem festgestellt ist, daß dieErfordernisse verfassungsändernder Gesetzgebung erfüllt sind:

Le Reichstag promulgue la présente loi, avec l'assentiment duReichsrat et en conformité avec les critères d'amendementconstitutionnel, publiée ci-après :

Artikel 1 Article 1

Reichsgesetze können außer in dem in der Reichsverfassung vorgesehenenVerfahren auch durch die Reichsregierung beschlossen werden. Dies gilt auchfür die in den Artikeln 85 Abs. 2 und 87 der Reichsverfassung bezeichnetenGesetze.

En plus des procédures prescrites par la Constitution [c'est-à-direpar décision du Reichstag], les lois du Reich peuvent êtrepromulguées par le gouvernement du Reich. Ceci inclut les loisdécrites dans l'article 85 alinéa 2 et l'article 87 de la Constitution1.

Artikel 2 Article 2

Die von der Reichsregierung beschlossenen Reichsgesetze können von derReichsverfassung abweichen, soweit sie nicht die Einrichtung des Reichstagsund des Reichsrats als solche zum Gegenstand haben. Die Rechte desReichspräsidenten bleiben unberührt.

Les lois promulguées par le gouvernement peuvent enfreindre laConstitution pour autant qu'elles n'affectent pas les institutions duReichstag et du Reichsrat. Les droits du Président restentinchangés.

Artikel 3 Article 3

Die von der Reichsregierung beschlossenen Reichsgesetze werden vomReichskanzler ausgefertigt und im Reichsgesetzblatt verkündet. Sie treten,soweit sie nichts anderes bestimmen, mit dem auf die Verkündung folgendenTage in Kraft. Die Artikel 68 bis 77 der Reichsverfassung finden auf die vonder Reichsregierung beschlossenen Gesetze keine Anwendung.

Les lois promulguées par le gouvernement du Reich seront écritespar le Chancelier et publiées dans le Journal officiel du Reich. Ellesprendront effet le lendemain de leur publication, sauf si une autredate est spécifiée. Les articles 68 et 77 de la Constitution nes'appliquent pas aux lois promulguées par le gouvernement duReich2.

Artikel 4 Article 4

Verträge des Reiches mit fremden Staaten, die sich auf Gegenstände derReichsgesetzgebung beziehen, bedürfen für die Dauer der Geltung dieserGesetze nicht der Zustimmung der an der Gesetzgebung beteiligtenKörperschaften. Die Reichsregierung erläßt die zur Durchführung dieserVerträge erforderlichen Vorschriften.

Les traités internationaux qui affectent la législation du Reich nerequéreront pas l'assentiment des corps législatifs concernés. Legouvernement publiera les règlements nécessaires à l'application detels traités.

Artikel 5 Article 5

Dieses Gesetz tritt mit dem Tage seiner Verkündung in Kraft. Es tritt mit dem1. April 1937 außer Kraft, es tritt ferner außer Kraft, wenn die gegenwärtigeReichsregierung durch eine andere abgelöst wird.

La présente loi prend effet le jour de sa proclamation. Elle cesserade s'appliquer le 1er avril 1937, ou lorsque le présent gouvernementsera remplacé.

Notes1 L'article 85 détaille la façon dont le Reichstag et le Reichsrat approuvent le budget du Reich. L'article 87restreint les possibilités d'emprunt par l'État.2 Les articles 68 à 77 détaillent le processus législatif du Reichstag.

La Loi des pleins pouvoirs fut votée au Reichstag le 23 mars et proclamée par le gouvernement le lendemain. Enaccord avec les procédures constitutionnelles de législation, la loi fut contre-signée par le président Hindenburg, lechancelier Hitler, le ministre de l'Intérieur Frick, le ministre des Affaires étrangères von Neurath et le ministre desFinances von Krosigk.

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Loi des pleins pouvoirs 20

Vote

Le discours d'Adolf Hitler au Reichstag le23 mars 1933 qui annonce la loi des pleins

pouvoirs

La loi des pleins pouvoirs avait pour but de permettre aux nazis degouverner de façon absolue sans avoir la majorité du Reichstag et sansdevoir négocier d'alliance avec des partenaires. En tant que loi quimodifiait les dispositions legislatives décrites dans la Constitution –sans toutefois être un amendement constitutionnel –, elle avait besoind'une majorité des deux tiers pour être votée. Le Parti social-démocrate(SPD) et le Parti communiste (KPD) auraient voté contre quoi qu'iladvienne, mais les partis de la classe moyenne, les Junkers,l'aristocratie terrienne et les industriels, eux, étaient fatigués del'instabilité continuelle de la république de Weimar. Hitler pensait queces partis voteraient des mesures extraordinaires qui mettraient fin auparlementarisme, ou qu'au mieux, ils n'opposeraient qu'une résistancede principe.

Peu après avoir été nommé chancelier du Reich, le 30 janvier 1933, Hitler se retira de la coalition construite avec lespartis centristes et demanda au président Hindenburg des élections pour le 5 mars. La campagne électorale qui suivitfut l'un des premiers exemples d'utilisation massive et moderne des médias pour des élections. Le ministre du Reichà la Propagande, Joseph Goebbels, écrivit[1] :

« À partir de maintenant, il nous sera facile de nous battre, car nous pouvons compter sur toutes les ressourcesde l'État. La radio et la presse sont à notre disposition. Nous allons mettre en place un chef-d'œuvre depropagande.  »

Dans les jours précédant les élections, les nazis organisèrent la violence dans la rue pour intimider l'opposition etsusciter la peur du communisme. L'incendie du Reichstag, six jours avant, devint l'élément pivot de la campagneélectorale. Un forcené hollandais, ancien membre de l'ultra-gauche néerlandaise, avait été arrêté dans le bâtiment etservit de prétexte à présenter l'incendie comme un complot communiste. Se servant de la « menace communiste »,Hitler persuada le président Hindenburg de promulguer les pouvoirs d'urgence par la Reichstagsbrandverordnung,qui supprimait les libertés fondamentales et l'habeas corpus. Grâce à ce décret, les membres du KPD furentpourchassés, ce qui éliminait l'une des principales oppositions au Reichstag.En dépit de 5 millions de voix supplémentaires (le NSDAP obtient 43,9 % des voix) et même en ajoutant les 52sièges du parti nationaliste DNVP à leur coalition, les nazis n'avaient qu'une faible majorité le 5 mars, insuffisantepour faire avaliser par les députés la loi des pleins pouvoirs dont l'adoption nécessitait une majorité des deux tiers.Lors de la première réunion gouvernementale d'après les élections, le 15 mars, le premier point à l'ordre du jour étaitle plan pour obtenir les pleins pouvoirs de façon constitutionnelle. Hitler se décida pour une « loi des pleinspouvoirs » qui donnerait au gouvernement les pouvoirs législatifs pour quatre ans. La Reichstagsbrandverordnungavait déjà permis l'arrestation de députés de l'opposition, et Hitler avait confiance en sa capacité à convaincre le particatholique du Zentrum de prêter ses voix et de parvenir ainsi à la majorité des deux tiers[1] .Hitler négocia avec le président du parti centriste, le prêtre catholique Ludwig Kaas, parvenant à un accord le 22mars. Kaas accepta de soutenir la loi monnayant la reconnaissance des droits civiques des catholiques etl'instauration de quotas de fonctionnaires et d'écoles catholiques, ainsi que leur protection. Il demandait aussi lemaintien des libertés fondamentales. Les débats au sein même du parti centriste se poursuivirent jusqu'au 23 mars,l'ex-chancelier Heinrich Brüning dénonçant la loi des pleins pouvoirs comme une loi inique, de la pire espèce, etdemandant au Reichstag de remettre les délibérations jusqu'à ce que les esprits s'apaisent. Kaas persista à dire quedes garanties écrites seraient fournies par Hitler. Fort de son expérience de Hitler, Brüning prévint Kaas de bienrecevoir ses garanties écrites avant le vote, mais finalement accepta de maintenir la discipline de vote et approuva laloi.

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Loi des pleins pouvoirs 21

Plus tard dans la journée, le Reichstag ouvrit sa session. Le discours de Hitler, qui dura près de deux heures et demieet insistait sur l'héritage chrétien de la culture allemande, était calibré pour apaiser les sensibilités du Zentrum, etcontenait presque mot pour mot les garanties que Kaas avait demandées. Kaas parla, affirmant le soutien du Zentrumalors que « la Patrie [était] dans le plus grand danger », et Brüning resta remarquablement silencieux. Seul Otto Wels,du SPD, s'opposa à la loi. Le vote commença sans que Kaas, convaincu par les paroles de Hitler, ait jamais reçu sesassurances écrites.La majorité qualifiée des deux tiers requise (361 voix suite à l'absence des 81 députés communistes et de 26 députéssocialistes internés, en exil ou pourchassés) fut acquise selon le décompte suivant :• 288 députés NSDAP ;• 52 députés DNVP ;• 74 députés Zentrum ;• 18 députés BVP ;• 12 députés non inscrits.Soit un total de 444 voix (83 %), bien au-delà de la majorité requise. Les votes opposés provenaient des 94 députésdu SPD présents, qui votèrent non à l'appel de leur chef de groupe, Otto Wels.Le Reichstag était de facto éliminé de la scène politique allemande.

ConséquencesSi des lois d'exception avaient été votées dans les premiers jours de la république de Weimar, la loi des pleinspouvoirs allait bien au-delà, son article 2 autorisant les infractions à la Constitution. Cette disposition rendaitnécessaire une majorité des deux tiers, mais les dispositions de la Reichstagsbrandverordnung avaient permisl'arrestation des députés communistes et de 26 des SPD. Les mandats communistes furent déclarés « en sommeil »par le gouvernement peu près les élections. Le SPD avait d'abord eu l'intention de saborder la loi en boycottant lescrutin, où la présence des deux tiers du corps législatif était exigée, mais sous la conduite du président du Reichstag,Hermann Göring, les règles avaient été modifiées de sorte que le président pouvait déclarer présent tout député« absent sans excuse », rendant impossible cette tactique d'obstruction. Ainsi, les SPD durent-ils se rendre à laséance, où leur porte-parole, Otto Wels, fit un discours vigoureux contre la loi. Les quelques députés restésindépendants furent toutefois intimidés par les SA qui encerclaient la chambre, laissant le SPD seul à s'opposer à laloi[2] .Pendant les négociations entre le gouvernement et le Zentrum, on tomba d'accord pour que le gouvernement informeles partis du Reichstag des mesures législatives passées sous l'égide de la loi des pleins pouvoirs. À cet effet, oninstaura un deuxième comité, présidé par Hitler et Kaas, mais qui ne se réunit que trois fois.Le président Hindenburg était satisfait de la fermeté de Hitler. À la première réunion gouvernementale sur la loi despleins pouvoirs, le représentant de Hindenburg déclara que le président se retirerait des affaires quotidiennes dugouvernement et que la collaboration présidentielle sur les lois décrétées selon les pleins pouvoirs ne serait pasnécessaire.Si la loi conférait des pouvoirs législatifs au gouvernement dans son ensemble, ces pouvoirs furent exercés par Hitlerpersonnellement. Comme Goebbels l'écrivit peu après le vote, « l'autorité du Führer est maintenant pleinementétablie. On ne vote plus. Le Führer décide. Et tout cela est allé bien plus vite que ce que nous n'osions l'espérer. »Les réunions gouvernementales se raréfièrent sous le Troisième Reich, et disparurent complètement pendant toute laSeconde Guerre mondiale.Le soin que Hitler apportait à maintenir les apparences de la légalité transparaît particulièrement dans le fait que laloi des pleins pouvoirs fut effectivement prolongée deux fois par le Reichstag, alors devenue simple chambred'enregistrement.

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Loi des pleins pouvoirs 22

Après la promulgation de la loi des pleins pouvoirs, le Reichstag n'était plus guère qu'une tribune pour les discoursde Hitler. Les partis d'opposition furent supprimés ou interdits, et finalement même les partis de la coalition de Hitlerse dissolvèrent eux-mêmes sous la pression. Dès le 14 juillet 1933, le gouvernement décréta une loi interdisant toutparti politique autre que le parti nazi. C'était l'accomplissement de la promesse de Hitler : « Je me donne un but […]éliminer ces trente partis d'Allemagne ! »

Voir aussi• Chronologie du IIIe Reich

Références[1] William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, Simon & Schuster, New York, 1959 (ISBN 0-671-62420-2)[2] Deutsche Parlamentsdebatten - Band 2 : 1919-1933 - Vorwort von Golo Mann - Fischer Bücherei, Bücher des Wissens, N° 6065,

Frankfurt-am-Main, 1971 - (ISBN 3-436-01325-0) (298 pages) : p. 224 : « Die Sitzung, zu der sich die Abgeordneten am 23. März in derKroll-Oper versammelten, war überschattet von einer Atmosphäre der Einschüchterung und latenten Gewalt. SA- und SS-Leute hielten sich ingroßer Zahl auf dem Vorplatz und im Sitzungssaal auf, wobei sich SA und SS besonders demonstrativ und drohend neben den Sitzen dersozialdemokratischen Abgeordneten aufgebaut hatten. »

Autodafé

Autodafé de livres.Tableau du XVe siècle.

Un autodafé (du portugais auto da fé, qui est auto de fé aujourd'hui,venu du latin actus fidei — acte de foi) consistait, à l'origine, à brûlerdes livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux(mesure qu'aurait pratiquée Paul de Tarse). Puis, au Moyen Âge, ildevint la proclamation solennelle d'un jugement prononcé parl'Inquisition et dont l'exécution conduisait le coupable à sa destruction,mort ou vif, par le feu.

Savonarole

Le dominicain Jérôme Savonarole a organisé un autodafé appelé bûcherdes Vanités, en 1497 à Florence, où les habitants durent apporter bijoux,cosmétiques, miroirs, livres immoraux, robes trop décolletées ourichement décorées, images licencieuses, etc.

Péninsule ibérique et Inquisition

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Autodafé 23

Fin de la ReconquistaPeu de temps après l'année cruciale et la chute du royaume nasride de Grenade, l'évêque de la nouvelle cité devenuetrès catholique précipite au feu les livres écrits en langue arabe. Ces traces de l'histoire du pays de 711 à 1492disparaissent irrémédiablement.

Faux-semblantsIl importe de lever un malentendu trop souvent répandu. En aucun cas l'Inquisition et les autodafés ne concernèrentles Juifs en tant que tels. L'objet des tribunaux inquisitoriaux était très précis: il s'agissait de rechercher parmi lesJuifs convertis au catholicisme (appelés "conversos", ou encore "nouveaux-chrétiens"), ceux qui ne s'étaientconvertis que par intérêt (car le statut de chrétien donnait de grands avantages) tout en continuant en fait à pratiquerle judaïsme en secret. Car ces conversions de façade avaient tendance à se répandre, déclenchant l'animositépopulaire (troubles de Tolède et Cordoue en 1449, de Ségovie en 1474), mais également les protestations des Juifssincèrement convertis au christianisme, qui voient l'attitude de ceux qui sont faussement convertis (les conversos)jeter le discrédit sur l'ensemble des "nouveaux-chrétiens". C'est pour cette raison que l'on trouvera de nombreux Juifsconvertis parmi les promoteurs de l'Inquisition. Il est important de savoir aussi que les tribunaux inquisitoriauxinstituèrent ce que nous nommons actuellement les " jurys " qui étaient inconnus jusqu'alors et qui ne seront reprisque bien plus tard dans les institutions judiciaires. Ces jurys étaient constitués de notables locaux-qui connaissaientdonc bien l'accusé- voire de juristes qui pouvaient poser des questions au "présumé coupable ", questions " à charge "ou " à décharge ". Ils pouvaient aller jusqu'à 51 personnes.Sachons encore que les faux témoins, s'ils étaientdécouverts, s'exposaient à de très lourdes sanctions, en principe les mêmes que celles qui auraient été infligées àl'accusé. ( Cf les "Constitutiones" du Grand Inquisiteur le cardinal Torquemada et ses instructions aux responsablesinquisiteurs; consulter aussi les comptes-rendus d'audiences de l'inquisition française durant l'affaire des Albigeois)(Sources:Archives espagnoles déposées à Séville, actes des procès inquisitoriaux en France au XIIIè siècle ).

Autodafé sur la Plaza Mayor de Madrid, Francisco Rizi (1683)

Condamnations au bûcher

Ainsi en 1499, l'inquisiteur Diego RodriguesLucero condamna à être brûlés vifs 107 juifs« convertis », convaincus d'être en réalitérestés fidèles à leur ancienne religion. Ce futun des plus meurtriers autodafés du pays.Au Portugal, il n'y eut pas d'autodafé avant1540 (quatre ans après la création del'Inquisition portugaise) mais durant les 40ans qui suivirent, il y en eut environ 40,avec, précisons-le, "seulement" 170condamnations au bûcher parmi les 2500condamnations prononcées. Par la suite(1580), Philippe II d'Espagne envahit lePortugal : conformément à la précision apportée plus haut, le Roi garantit aux Juifs qu'ils pourraient continuer àpratiquer leur religion. Mais ceux qui se convertissent doivent le faire sincèrement, sous peine de risquer d'encourirles foudres de l'Église. Et de fait, en vingt ans, 3200 condamnations (dont, ici encore, "seulement" 160 au bûcher)seront prononcées. Les autodafés continueront dans la Péninsule Ibérique pendant tout le Moyen Âge et jusqu'auXVIIe siècle.

L'exécution des accusés ne faisait pas partie de l'auto da fé et avait lieu à une cérémonie ultérieure, normalement à l'extérieur de la ville, où la pompe de la procession principale était absente. Les principaux éléments de la cérémonie étaient la procession, la messe, le sermon à la messe et la réconciliation des pécheurs. Il serait faux de supposer,

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Autodafé 24

comme il l'est souvent fait, que les exécutions étaient au centre de l'événement[1] , bien que certains auteurs, tels queVoltaire dans son conte philosophique Candide, répandront l'idée contraire.

Civilisation mayaLe 12 juillet 1562 Diego de Landa ordonne un autodafé de l'ensemble des documents en écriture maya[2] . Seul troisou quatre codex mayas parviennent à réchapper du bûcher sacrificiel.

Nazisme

Berlin, 10 mai 1933.

Le 11 mai 1933 à Berlin

« Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes. »

— Heinrich Heine, Almansor[3] Par analogie des méthodes, ce termefut employé pour désigner la destruction par le feu que les nazisappliquèrent aux ouvrages dissidents ou dont les auteurs étaient Juifs.Le premier autodafé nazi eut lieu le 10 mai 1933 à Berlin (Bebelplatz),et fut suivi par d'autres à Brême, à Dresde, à Francfort-sur-le-Main, àHanovre, à Munich et à Nuremberg. Furent ainsi condamnés au feu lesouvrages, entre autres, de Bertolt Brecht, d'Alfred Döblin, de LionFeuchtwanger, de Sigmund Freud, d'Erich Kästner, d'Heinrich Mann,de Karl Marx, de Friedrich Wilhelm Foerster, de Carl von Ossietzky,d'Erich Maria Remarque, de Kurt Tucholsky, de Franz Werfel,d'Arnold Zweig et de Stefan Zweig.

Chine

Le premier empereur de Chine, Qin Shi Huang brûla les écritsconfucéens pour asseoir son pouvoir et l'idéologie du légisme.

Pendant la Révolution culturelle, dans les régions musulmanes del'ouest de la Chine, des Corans furent détruits dans de grandsautodafés[4] . Des manuscrits bouddhistes furent également brûlés.

Histoire récente• Plus récemment, en 1995, on a parlé d'autodafé quand le cardinal de Nairobi Maurice Otunga, a brûlé, en août,

des boîtes de préservatifs en compagnie de l'imam de Jamia. Le 31 août 1996, il réitère devant 250 fidèles : auxboîtes de préservatifs viennent se joindre de petits livres sur le Sida et les moyens de s'en protéger[5] .

• 2007 : autodafé à la Mosquée rouge.• 20 mai 2008 : Le quotidien Maariv rapporte avec photos à l’appui, comment l’adjoint au maire de Or Yehuda, une

ville israélienne de 32000 habitants située à 7 km de Tel Aviv, a organisé un autodafé public du NouveauTestament distribué quelques jours au précédent par un groupe évangélique faisant du porte à porte.

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Autodafé 25

Voir aussi• L'Autodafé, texte de Blaise Pascal.• Autodafé, titre français d'un roman d'Elias Canetti paru en 1935.• Fahrenheit 451, roman de Ray Bradbury, adapté au cinéma par François Truffaut.• La scène de l'autodafé (chapitre sixième) dans Candide, de Voltaire.

Liens externes• L'Inquisition espagnole [6], Lexique de l'Espagne moderne, M. Boeglin - V. Parello, U.O.H.

Références[1] Henry Kamen, The Spanish Inquisition : An Historical Revision, 2000, Orion Publishing Group, p. 211.[2] http:/ / www. lemonde. fr/ aujourd-hui/ article/ 2008/ 11/ 30/ l-ecriture-maya-livre-ses-secrets_1124947_3238. html L'écriture maya livre ses

secrets, Le Monde, 30 novembre 2008[3] Almansor, vers 243, voir texte sur Wikisource : http:/ / de. wikisource. org/ wiki/ Almansor/

Das_Innere_eines_alten,_ver%C3%B6deten_Maurenschlosses[4] Collectif, Le Livre noir du communisme, Paris, Robert Laffont, 1998, p.614[5] (en) Lynne Muthoni Wanyeki, Church Burns Condoms and AIDS Materials (http:/ / www. aegis. org/ news/ ips/ 1996/ IP960901. html),

Inter Press Service (IPS), 5 septembre 1996, reproduit sur le site de l'AIDS Education Global Information System (ÆGiS).[6] http:/ / meticebeta. univ-montp3. fr/ lexique/ content/ view/ 579/ 31/

Nuit des Longs Couteaux

Emblème de la Sturmabteilung (SA)

La nuit des Longs Couteaux[1] ,[2] (allemand :Röhm-Putsch)[3] , est le nom donné à l'ensemble desassassinats perpétrés par les nazis en Allemagne entreles 29 juin et 2 juillet 1934, le terme se référant plusspécifiquement à la nuit du 29 au 30 juin 1934.

Au moins 85 personnes furent tuées par des membresde la Schutzstaffel (SS) et de la Gestapo, même si lebilan final fut sans doute plus proche de la centaine devictimes, dont la majorité appartenait à laSturmabteilung (SA)[4] ,[5] , avec un millier depersonnes arrêtées[4] .

Cette purge permit au chancelier Adolf Hitler de briserdéfinitivement toute velléité d'indépendance de la SA,débarrassant ainsi le mouvement nazi de son « ailegauche » qui souhaitait que la révolution politique soitsuivie par une révolution sociale. De ce fait, elle rassurala Reichswehr, les milieux conservateurs traditionnels,les grands financiers et industriels, principalement issus de la bourgeoisie prussienne et hostiles à des réformessociales de grande ampleur tout en créant un climat de terreur « légale » vis-à-vis de tous les opposants au régime.

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La Sturmabteilung avant la prise du pouvoir

Ernst Röhm, chef des SA, en Bavière en 1934.

Depuis les années 1920, la Sturmabteilung (SA, section d'assaut)fonctionne comme une milice privée que Hitler utilise pour intimiderses rivaux et perturber les réunions des partis politiques concurrents,particulièrement celles des sociaux démocrates et des communistes.

Sa naissance est étroitement liée à l'atmosphère chaotique et au climatde violence politique qui entourent la naissance de la République deWeimar. De l'assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, le15 janvier 1919 lors de l'écrasement de la révolution spartakiste, à celuide Walter Rathenau, par l'Organisation Consul le 24 juin 1922, enpassant par l'échec du putsch de Kapp, le 13 mars 1920, et larépression, notamment par les Freikorps, des révoltes communistes de1920 et 1921 dans la Ruhr, en Saxe et à Hambourg, les agissements desSA, comme ceux du Stahlhelm, traduisent un climat où la violencetient lieu d'argument politique.

La montée en puissance de la SA est favorisée par la GrandeDépression[6] , qui fait perdre à beaucoup d'Allemands toute confianceenvers les institutions traditionnelles. La SA parvient notamment àfaire adhérer de nombreux ouvriers au nazisme en associant solidaritéde classe et ferveur nationaliste[7] .

Les « chemises brunes » sont connues pour leur violence[8] et leur goûtpour les batailles de rue[9] . Les confrontations violentes entre la SA etles opposants aux nazis, tout particulièrement la milice du KPDcontribuent à déstabiliser l'expérience démocratique de l'entre-deux-guerres de la République de Weimar, ce qui estprécisément le but d'Hitler[10] .

La SA est dirigée par Ernst Röhm, vétéran prestigieux de la Première Guerre mondiale, membre de l'État-Major de laReichswehr en Bavière, nazi de la première heure et participant du Putsch de la brasserie[11] . Il veut maintenir uneindépendance de la SA par rapport au parti nazi et lui faire jouer son propre rôle politique. Comme beaucoup de SA,Röhm prend au sérieux la promesse de révolution sociale du NSDAP. Pour eux, l'accession au pouvoir des nazis doitêtre suivie par des mesures économiques et sociales radicales.

Une organisation encombranteLe 30 janvier 1933, le président Paul von Hindenburg nomme Adolf Hitler chancelier. Dès le 14 juillet 1933, le partinazi devient le seul parti politique autorisé. Cependant, en dépit de la consolidation rapide de son autorité politique,Hitler ne dispose pas encore d'un pouvoir absolu. Il n'a notamment pas autorité sur la Reichswehr qui dépend deHindenburg, président et commandant en chef des armées. Si de nombreux officiers sont séduits par les promessesd'Hitler de doter l'Allemagne d'une armée plus nombreuse, malgré les limitations imposées par le traité de Versailles,de réinstaurer la conscription, et de mener une politique étrangère plus agressive, l'armée garde une réelleindépendance.

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Paul von Hindenburg

La nomination d'Hitler comme chancelier ne met pas fin aux exactionsde la Sturmabteilung. Les SA, imprégnés d'une culture de la violence,continuent à pourchasser les opposants réels ou supposés. Sousl'emprise de la boisson, ils écument les rues allemandes, battant despassants et attaquant les policiers envoyés pour les arrêter[12] . ÀBerlin, la SA ouvre une cinquantaine de « microcamps deconcentration », installés dans des caves ou des dépôts où leursvictimes sont battues à mort, torturées ou égorgées[13] . Les plaintesconcernant le comportement des SA deviennent fréquentes à l'été 1933.Le premier chef de la Gestapo, Rudolf Diels, déclare après la guerre, àpropos des prisons berlinoises de la SA : « Les interrogatoires avaientcommencé et fini par un passage à tabac. À quelques heuresd'intervalle, une douzaine de gars avaient frappé leurs victimes avecdes barres de fer, des matraques en caoutchouc et des fouets. Dentsbrisées et os cassés témoignaient des tortures. À notre entrée, cessquelettes vivants couverts de plaies suppurantes étaient allongés lesuns à côté des autres sur leur paillasse putréfiée »[14] . Le ministère des

affaires étrangères se plaint des agressions des chemises brunes envers les diplomates étrangers[15] . Un telcomportement dérange les classes moyennes, les éléments conservateurs traditionnels et l'armée. Il suscite aussi desprotestations des milieux de l'industrie, du commerce, des administrations locales, et de l'Église protestante[16] . Leministre de l'intérieur lui-même, Wilhelm Frick, estime que « les actes répréhensibles commis par des membres de laSA devront faire l'objet de poursuites énergiques »[17] .

Le soutien des responsables militaires est crucial pour permettre à Hitler de mener à bien ses projets, notamment laconquête d'un Lebensraum, déjà annoncé dans Mein Kampf, ou l'Anschluss qu'il souhaite depuis toujours. Il est aussifondamental dans la perspective de la succession de Paul von Hindenburg, âgé et de santé fragile[18] . Le6 juillet 1933, lors d'une réunion à la chancellerie avec les gouverneurs du Reich, il proclame à la fois le succès et lafin de la révolution nationale-socialiste. Selon lui, comme le parti nazi a saisi les rênes du pouvoir, le temps est venude le consolider : « La révolution ne saurait être un état permanent. Il faut diriger le torrent de la révolution dans le littranquille de l'évolution. [...] Il faut surtout maintenir l'ordre dans l'appareil économique [...] car l'économie est unorganisme vivant que l'on ne peut transformer d'un seul coup »[19] . Il précise sa pensée lors d'un discours à Leipzig,dix jours plus tard : « Les révolutions ayant réussi au départ sont beaucoup plus nombreuses que les révolutions, qui,une fois réussies, ont pu être contenues et stoppées au moment opportun »[20] .Les propos d'Hitler et la prudence du régime en matière de réformes sociales et économiques radicales déçoivent lamajorité des SA qui attendait une révolution économique aussi bien que politique[21] . Hitler manifeste donc sonintention de limiter peu à peu le pouvoir de la SA, dont le nombre de membres a rapidement augmenté depuis ledébut des années 1930. À son instigation, Hermann Göring, alors ministre de l'Intérieur pour la Prusse, ôte à la SAson rôle de police auxiliaire en Prusse dans le courant de l'été 1933, puis transfère le contrôle des camps deconcentration à la SS en octobre[22] .

Conflit entre l'armée et la SturmabteilungAprès la prise du pouvoir, Ernst Röhm appelle à « une poursuite de la révolution allemande »[23] et exige que Hitler et les autres responsables nazis lancent des réformes sociales radicales. Il n'est pas le seul à partager cette opinion : le 9 mai 1933, le président de Haute-Silésie attaque vivement les gros industriels « dont la vie est une perpétuelle provocation »[24] ; à Berlin, un représentant de la Fédération ouvrière nazie déclare que « le capitalisme s'arroge le droit exclusif de pouvoir donner du travail à des conditions qu'il fixe lui-même. Cette domination est immorale et il faut la briser » [] ; en juillet 1933, Wilhelm Kube, chef de groupe nazi au parlement de Prusse affirme que «le

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gouvernement national-socialiste doit obliger les grands propriétaires fonciers à morceler leurs terres et à en mettrela plus grande partie à la disposition des paysans »[] . La mise à l'écart de Gregor Strasser en 1932 n'a donc pas misfin à la tendance « de gauche » au sein du parti nazi.

Werner von Blomberg en 1934

Malgré sa nomination, en décembre 1933, comme ministre sansportefeuille[25] , Röhm maintient ses exigences : il ne se contente plusde diriger la SA et insiste auprès d'Hitler pour qu'il le nomme ministrede la Guerre, position détenue par le général Werner von Blomberg, detendance conservatrice[26] . Surnommé « le lion en caoutchouc » parcertains de ses détracteurs[27] dans l'armée, von Blomberg n'est pasnazi, mais il représente un pont entre l'armée et le parti.

« La raison pour laquelle la révolution n'a pas touché laWehrmacht doit être uniquement recherchée dans le fait quenous étions apolitiques. [...] Maintenant, c'en est fini de cetteattitude apolitique et il ne reste plus qu'un chose : servir lemouvement national avec un total dévouement »

— Discours de von Blomberg lors d'une réunion d'officiers, le1er juin 1933[28] . Provenant essentiellement de la noblesse prussienne,Blomberg et de nombreux officiers considèrent la SA comme une fouleplébéienne qui met en danger la position de l'armée comme dépositaireunique de la puissance militaire allemande[29] .

« Je suis intimement convaincu qu'un conflit sanglant est inévitable et peut-être nécessaire entre l'arméeallemande et les SA! Ce qui ne pourra être imposé à ces dernières par la seule persuasion devra l'être sansdoute par la force »

— déclaration d'un officier allemand à l'attaché militaire de l'ambassade de France à Berlin[30] . Si l'armée régulièremontre du mépris pour les membres de la SA, beaucoup de chemises brunes considèrent que l'armée estinsuffisamment engagée dans la révolution nationale-socialiste. Un chef SA de Rummelsburg, insulte l'armée devantses camarades : « Certains des dirigeants de l'armée sont des porcs. La plupart des officiers sont trop vieux et doiventêtre remplacés par de plus jeunes. Nous voulons attendre jusqu'à ce que le papa Hindenburg soit mort, et alors la SAmarchera contre l'armée »[31] . Malgré ces conflits, von Blomberg et d'autres responsables militaires voient en laSturmabteilung un vivier de recrues pour une armée agrandie et revitalisée. Pour Röhm, par contre, c'est la SA quidoit devenir le noyau de la nouvelle armée du Reich. Les effectifs de la Reichswehr étant limités à 100000 hommespar le traité de Versailles, les chefs de l'armée observent avec inquiétude la progression du nombre de membres de laSA, qui atteint 4,5 millions d'hommes en juin 1934[32] . En janvier 1934, Röhm adresse à Blomberg un mémoireselon lequel la défense nationale doit être assurée par la SA, le rôle de la Reichswehr se limitant à l'instructionmilitaire[33] . Face à cette exigence, Hitler rencontre von Blomberg, les responsables de la Sturmabteilung et ceux dela Schutzstaffel (SS) le 28 février 1934[34] . Sous la pression de Hitler, Röhm, à contre-cœur, signe un pacteconfirmant que la Reichswehr est bien la seule organisation armée officielle du Troisième Reich et n'accordant à laSA que le monopole de la formation pré et postmilitaire[] . Après que Hitler et les dirigeants de l'armée sont partis,Röhm donne libre cours à sa colère, déclarant notamment que « Ce que dit le prétendu Führer ne compte pas pournous », « Hitler est un traître, il faut qu'on lui fasse prendre des vacances » et « Si les choses ne peuvent se faire avecHitler, qu'à cela ne tienne, nous les ferons sans lui »[] . Il confirme ainsi ses déclarations faites sans aucune discrétion,au cours de plusieurs déjeuners lors de ses séjours à Berlin.

« Adolf est ignoble, il nous trahit tous. Il ne fréquente plus que des réactionnaires et prend pour confidents cesgénéraux de Prusse-Orientale! Adolf a été à mon école. C'est de moi qu'il tient tout ce qu'il sait des questionsmilitaires. Mais Adolf est et reste un civil, un barbouilleur, un rêveur. »

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— Ernst Röhm[35] . Les propos séditieux tenus par Röhm le 28 février 1934 sont rapportés à Rudolf Hess parl'Obergruppenführer SA, Viktor Lutze. Hess fait à son tour un rapport au Führer dont le seul commentaire est qu'« ilfaut laisser mûrir l'affaire »[] ,[36] . Lutze dénonce ensuite l'attitude de Röhm au général Walther von Reichenau, quientretient des contacts étroits avec Reinhard Heydrich. Ce dernier convainc son supérieur, Heinrich Himmler qu'uneaction contre la SA est inévitable[] . Celui-ci est pourtant un proche de Röhm qu'il admire.

Une pression grandissante

La SA monte le tonEn dépit de son accord avec Hitler, Röhm s'accroche toujours à sa vision d'une nouvelle armée allemande avec laSturmabteilung comme noyau. Au printemps 1934, cette vision s'oppose directement aux projets de Hitler, quientend consolider et augmenter la puissance de la Reichswehr. Leurs plans respectifs étant incompatibles, le succèsde Röhm ne peut se faire qu'au prix d'un échec de Hitler. En conséquence, une lutte politique se développe au sein dumouvement nazi. Les principaux dirigeants nazis, dont le ministre-président de Prusse Hermann Göring, le ministrede la propagande Joseph Goebbels, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler et le député Rudolf Hess, se rangent auxcôtés du Führer.Parmi les vétérans du mouvement nazi, les Altkämpfer, seul Röhm fait preuve d'indépendance et ose s'opposer àAdolf Hitler. Son mépris pour la bureaucratie du parti irrite Hess et la violence des membres de la SA en Prussepréoccupe gravement Göring qui dirige la région[37] . De plus, les prises de position publiques de Röhm deviennentde plus en plus menaçantes.Le 18 avril 1934, il déclare à des représentants de la presse étrangère que « la révolution que nous avons faite n'estpas une révolution nationaliste, mais une révolution nationale-socialiste. Nous tenons même à souligner ce derniermot : socialiste »[38] . Il poursuit « Le combat de ces longues années jusqu'à la Révolution allemande, l'étape duparcours que nous franchissons en ce moment nous a enseigné la vigilance. Une longue expérience et souvent uneexpérience fort amère, nous a appris à reconnaître les ennemis déclarés et les ennemis secrets de la nouvelleAllemagne sous tous les masques » puis s'écrie « Réactionnaires, conformistes, bourgeois...nous avons envie devomir lorsque nous pensons à eux »[39] . Fin mai, son adjoint direct, Edmund Heines, poursuit dans le même sens : «Nous avons assumé le devoir de rester révolutionnaires. Nous ne sommes qu'au commencement. Nous ne nousreposerons que lorsque la révolution allemande sera achevée »[] . Malgré les rumeurs, Röhm reste confiant.

« Afin de tordre le cou dès à présent à toutes les fausses interprétations qui pourraient en résulter, le chefd'État-major précise qu'après avoir recouvré la santé, il reprendra ses fonctions avec toutes leurs attributions.Si les ennemis de la SA se bercent de l'espoir que la SA ne réintégrerait pas ses fonctions après sa permission,ou ne le ferait que partiellement, nous voulons bien les laisser profiter brièvement de ce plaisir. Ils recevront,au moment venu et sous la forme qui paraîtra nécessaire, la réponse appropriée. La SA est et reste le destin del'Allemagne »

— Ernst Röhm, avant son départ en cure, les 7 et 8 juin 1934[40] . Comme en écho, lors d'un discours à la radio le 25juin, Rudolf Hess adopte un ton menaçant : « Malheur à qui rompt son serment en croyant servir la révolution par larébellion »[41] .

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L'ultimatum de Von Papen

Franz von Papen, le vice-chancelier (photo priselors de son procès a Nuremberg, 1945).

Le 17 juin 1934, les demandes conservatrices connaissent un largeécho, à l'occasion du discours que tient le vice-président Franz vonPapen, confident de Paul von Hindenburg, à l'université de Marbourg :il mentionne expressément la menace d'une « seconde révolution »[42]

et stigmatise « tout ce qui se dissimule d'égoïsme, de prétention sous lemanteau de la révolution allemande [...] la confusion entre brutalité etvirilité [...] les méthodes terroristes dans le domaine de la justice »[43] .Il dénonce également un « culte de la personnalité mensonger »[44] etpoursuit « Ce n'est pas la propagande qui fait les grands hommes, cesont leurs actions. Aucune nation ne peut vivre dans un état derévolution continue. [...] L'Allemagne ne saurait vivre dans un état detroubles perpétuels, dont nul ne voit la fin »[] . Accueilli par untonnerre d'applaudissements[] , ce discours, rédigé par un jeune avocat,Edgar Julius Jung[45] , jette « une bombe sur la place publique»[46] .Joseph Goebbels essaie immédiatement de faire interdire sareproduction dans la presse, sans pouvoir empêcher la publicationd'extraits dans le Frankfurter Zeitung[] . En outre, en privé, von Papen,aristocrate catholique lié à l'armée et à l'industrie, menace de démissionner si Hitler n'agit pas[47] . Si une telledémission de Papen ne constitue pas une réelle menace pour la position de Hitler, elle rendrait publique la divisionentre les conservateurs traditionnels et le parti nazi.

En réponse à la pression conservatrice pour juguler Röhm, Hitler se rend à Neudeck pour rencontrer Hindenburg.Blomberg, qui avait déjà rencontré le président, fustige Hitler pour ne pas s'être opposé plus tôt à Röhm. Il affirme àHitler que Hindenburg est près de déclarer la loi martiale et de confier le gouvernement à la Reichswehr si Hitler neprend pas des mesures immédiates contre Röhm et ses chemises brunes[48] .

L'attentisme d'HitlerNotamment afin d'isoler Röhm, le 20 avril 1934, Göring confie, sur l'ordre d'Hitler, le commandement de la policepolitique prussienne à Himmler, qu'il pense capable de contrer Röhm[49] . Himmler, jaloux de l'indépendance et de lapuissance de la SA, poursuit la restructuration et le développement de la Schutzstaffel, qui passe d'un petit groupe degardes du corps d'Hitler à un corps d'élite, accomplissant ses ordres sans broncher et d'une fidélité absolue envers leFührer. Cette discipline et cette fidélité s'avérèrent particulièrement précieuses lors de l'épreuve de force avec Röhmet la SA.Les mesures de Hitler pour brider l'indépendance de la SA se renforcent mais restent prudentes. Les conservateursdans l'armée, l'industrie et la politique mettent Hitler sous une pression croissante pour qu'il réduise l'influence deschemises brunes. Si l'homosexualité notoire de Röhm choque les milieux conservateurs, ses ambitions politiques lespréoccupent bien davantage. Hitler hésite depuis des mois à s'opposer frontalement à Röhm, le seul compagnon qu'iltutoie[50] et auquel il est lié par une longue amitié[51] , comme en témoigne la lettre qu'il lui adresse le31 décembre 1933 : « Lorsque je t'ai appelé à ton poste actuel, mon cher Chef d'État-major, la SA traversait une crisesérieuse. C'est en tout premier lieu à tes services que cet instrument politique doit d'être devenu en quelques annéesla puissance qui m'a permis de livrer l'ultime combat pour le pouvoir. [...] Je me dois de te remercier mon cher ErnstRöhm, pour les inestimables services que tu as rendus au national-socialisme et au peuple allemand. Sache que jerends grâce à la Destinée de pouvoir donner à un homme tel que toi le nom d'ami et de frère d'armes »[52] .De plus, Röhm détient encore le pouvoir sur une milice de plusieurs millions de membres à travers toute l'Allemagne. Cependant, la menace d'une proclamation de la loi martiale par Hindenburg, seule personne en

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Allemagne ayant assez d'autorité pour déposer le régime nazi, met Hitler sous pression et limite la possibilité detrouver un compromis. Hitler hésite cependant toujours. Lors d'une interview avec le journaliste américain Louis P.Lochner, en évoquant son entourage et la personnalité de Röhm, le Führer déclare que « il est vrai que je ne suis pasentouré de zéros, mais de vrais hommes. Les zéros sont ronds, ils roulent au loin quand les choses vont mal. Leshommes que j'ai autour de moi ont des angles et ils sont droits. Ce sont tous des personnalités, ils sont tous pleinsd'ambition...Mais jamais aucun homme de mon entourage n'a essayé de m'imposer sa volonté. Au contraire, ils seconforment entièrement à mes vœux »[53] .

La fin des doutes et la préparation de la purgeAprès le discours de Marbourg et l'entrevue avec Hindenburg et Blomberg à Neudeck, Hitler met fin à sestergiversations et prend la décision de détruire le pouvoir de Röhm. Himmler et Göring accueillent cette nouvelleattitude du Führer avec satisfaction, espérant pour le premier débarrasser la Schutzstaffel de la tutelle de la SA etassurer son indépendance, et pour le second, la mise à l'écart d'un rival pour le commandement de l'armée. Le27 juin 1934, Sepp Dietrich se fait délivrer des armes par le ministère de la défense en vue « d'une mission trèsimportante confiée à ses soins par le Führer »[54] .En vue de la purge, Himmler et son adjoint direct, Reinhard Heydrich, chef du service de sécurité SS, fabriquent undossier de fausses preuves prétendant que Röhm avait été payé douze millions de marks par la France pour renverserHitler. Les principaux dirigeants de la SS découvrent ce dossier monté de toutes pièces le 24 juin, ce qui fondel'accusation contre Röhm suspecté de fomenter un complot contre le gouvernement (le Röhm-Putsch)[55] . Tout enpréparant l'épuration de la SA et en dressant la liste de ses responsables à éliminer, sous l'impulsion de Heydrich, leSD, la SS et la Gestapo élargissent la liste des futures victimes sans lien avec la SA[56] . Les listes circulent entre laGestapo et les services de Göring, qui en retire Rudolf Diels[57] .L'un des rédacteurs de ces listes de proscription,Ilges, SD-Obersturmführer, tient les propos suivants : « Vous savez ce que c'est d'être ivre de sang ? J'ai l'impressiond'avoir le droit de patauger dans le sang »[58] D'après Friedrich Karl von Ebertsein, proche de Heydrich, la liste desvictimes envoyée de Berlin au SD de Dresde est signée par Heydrich lui-même. Le 27 juin, Hitler obtient lacoopération de l'armée[59] : Blomberg et le général Walther von Reichenau, l'intermédiaire entre l'armée et le parti,font expulser Röhm de la ligue des officiers allemands et placent l'armée en alerte[60] . Les généraux von Kleist etGotthard Heinrici, qui ont mené leur propre enquête sur la réalité du projet de coup d'État et qui sont convaincus del'inexistence de celui-ci prennent contact avec le général von Fritsch. Lors d'une entrevue avec von Reichenau, vonFritsch et von Kleist reçoivent comme toute réponse : « C'est bien possible, mais de toute façon, il est trop tard »[61] .Le 28 juin, Hitler se rend, en compagnie de Göring au mariage du gauleiter Josef Terboven, à Essen en Westphalie,pour des raisons qui restent controversées[62] . Il y retrouve notamment Viktor Lutze, qui a le sentiment « quecertaines gens avaient intérêt à profiter de l'absence de Hitler pour accélérer le train de l'affaire et parvenir à uneconclusion rapide »[63] . Hitler quitte la noce assez tôt pour rejoindre son hôtel d'où il s'entretient par téléphone avecl'adjudant-major de Röhm à Bad Wiessee et demande aux dirigeants de la SA de venir le rencontrer le 30 juin[64] . Le29 juin, en début d'après-midi, il arrive à l'hôtel Dreesen, à Bad Godesberg dans le cadre de ses visites d'inspectionaux camps du service allemand du travail.[65] .

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Les tueries

La purge de la SA et l'assassinat de Röhm

Sepp Dietrich

Le 29 juin, Göring met en alerte l'unité de gardes du corps d'Hitler, quideviendra la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler et laLandspolizeigruppe General Göring, troupe de police lourdementarmée qui sera transformée au cours de la guerre en 1re divisionFallschirm-Panzer Hermann Göring ; il donne également desinstructions de mobilisation des commandos de tueurs à ReinhardHeydrich et Heinrich Müller ; Sepp Dietrich et ses hommes s'envolentpour Munich[66] . À son arrivée dans la capitale bavaroise, vers minuit,Dietrich téléphone au Führer qui lui donne l'instruction de marcher surBad Wiessee[67] . Peu de temps après, c'est Himmler qui appelle Hitlerde Berlin, pour lui annoncer que le putsch de la SA doit se déclencher à16 heures, sous le commandement du SA Grüppenführer Karl Ernst[] .Goebbels, qui est aux côtés de Hitler et qui sait qu' Ernst, loin depréparer un putsch, est prêt à s'embarquer pour Ténériffe et Madère, envoyage de noces, ne dément pas l'information[] . Le 30 juin 1934, àdeux heures du matin, Hitler et son entourage prennent l'avion pourMunich à l'aéroport de Bonn-Hangelar[68] . De l'aéroport de Munich,ils se rendent au ministère de l'intérieur de Bavière, où sont rassemblésles responsables d'une émeute de la SA qui avait eu lieu dans des rues de ville la nuit précédente. L'incident amanifestement été gonflé et exploité : si des slogans hostiles au Führer et à la Reichswehr ont effectivement étélancés, des officiers de la SA ont exhorté leurs hommes à retrouver leur calme : « Rentrez tranquillement chez vouset attendez la décision du Führer. Quoi qu'il arrive, qu'Adolf Hitler nous congédie, qu'il nous autorise à porter cetuniforme ou qu'il nous l'interdise, nous restons avec lui, derrière lui »[69] . Furieux, Hitler arrache les épaulettes deGruppenführer SA de la vareuse de Schmid, le chef de la police de Munich, pour ne pas avoir réussi à maintenirl'ordre. Hitler le menace d'être exécuté et le fait immédiatement incarcérer à la prison de Munich-Stadelheim[70] .Pendant que les chemises brunes sont transférées en prison, Hitler rassemble un groupe de SS accompagnés de lapolice régulière puis se dirige vers l'hôtel Hanselbauer à Bad Wiessee, où se trouvent Ernst Röhm et ses hommes[71] .

Le lac de Tergernsee qui borde Bad Wiessee.

Sans attendre les troupes de Dietrich[72] , à 6 h 30, Hitler arrive à lapension Hanselbauer à Bad Wiessee. Pistolet au poing, il entre entrombe dans la chambre de Röhm, le traite de traître et le déclare enétat d'arrestation[72] . Hitler, le pistolet toujours au poing, poursuit sacourse et cogne contre la porte d'une chambre voisine[73] : il ydécouvre le chef de la SA de Breslau, Edmund Heines, qui amanifestement passé la nuit avec un membre de la SA de 18 ans[74] .Pendant que les deux hommes sont arrêtés, Hitler frappe déjà à d'autresportes[73] ,[75] . Les dirigeants de la SA sont enfermés dans la cave del'hôtel en attendant l'arrivée du bus qui doit les conduire à la prison deStadelheim[] . Un incident est évité de justesse lorsque Hitler, sortantde l'hôtel, se retrouve face à la garde de l'état-major de Röhm, fortement armée, à qui il ordonne de regagner Munichsur le champ[] . Pendant ce temps, les SS arrêtent un certain nombre de chefs de la SA au moment où ils descendentdu train en gare de Munich pour rejoindre Röhm[76] ou lorsque la voiture qui les conduit à Bad Wiesee croise leconvoi qui emmène les prisonniers vers Stadelheim[77] .

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Le fait que le complot de Röhm soit une totale invention n'empêche pas Hitler d'en faire porter la responsabilité surle commandement de la SA[78] . Rentrant vers midi au quartier-général du parti nazi à Munich, la « maison brune »,Hitler s'adresse aux cinquante à soixante responsables de la SA qui y sont rassemblés[79] . « Fou de rage et l'écume àla bouche »[] , il dénonce « la plus grosse trahison dans l'histoire du monde »[] . Dans son discours d'une heure, Hitlerfustige le comportement de Röhm, notamment son train de vie fastueux, insiste sur la nécessité de délimiter avecprécision le rôle et les missions de la Reichswehr et de la SA, en renouvelant sa confiance à celle-ci et termine endénonçant le complot de Röhm qui avait pour but de l'assassiner et de livrer l'Allemagne à ses ennemis[] .

Heinrich Himmler et Rudolf Heß à Dachau en1936

Dans l'après-midi, alors que les assassinats de Herbert von Bose, ErichKlausener et Kurt von Schleicher ont déjà été commis, Hitler convoqueune réunion, toujours à la « maison brune » pour décider du sort de latrentaine de chefs de la SA emprisonnés à Stadelheim : y participentnotamment Rudolf Hess, Martin Bormann, Goebbels, Max Amann, leresponsable de la presse du parti et d'autres personnalités de secondrang[80] . Après des débats animés, Hitler coche six noms de personnesà exécuter sur la liste des détenus : August Schneidhuber,Obergruppenführer SA et préfet de police de Munich, WilhemSchmid, Gruppenführer SA à Munich, Hans Peter von Heydebreck,Gruppenführer SA à Stettin, Hans Hayn, Gruppenführer SA à Dresde,le comte Hans Joachim von Spreti-Weilbach, Standartenführer SA àMunich et Edmund Heines, SA-Obergruppenführer[81] . Par contreHans-Karl Koch est déclaré innocent, Fritz von Krausser,SA-Obergruppenführer est grâcié en raison de son brillant passémilitaire et de sa participation au Putsch de la brasserie, de même queRöhm dont le Führer refuse l'exécution[] . Hess, présent dansl'assemblée, se porte volontaire pour exécuter les « traîtres »lui-même[76] . Goebbels, qui a accompagné Hitler à Bad Wiessee,déclenche la phase finale du plan : il téléphone à Göring, donnant le mot de code Kolibri pour déclencher l'action desescouades de tueurs dans le reste de l'Allemagne[78] .

« Accomplir son devoir et aligner au mur les camarades qui avaient fauté et les fusiller [...] chacun enfrémissait, et, pourtant, chacun savait avec certitude qu'il le referait la prochaine fois qu'on lui ordonnerait etquand ce serait nécessaire »

— Heinrich Himmler, 1943[82] . En fin d'après-midi, vers dix-huit heures, lorsque Dietrich[83] et ses tueurs se présentent à la prison de Stadelheim, son directeur, Koch, proteste en estimant qu'un simple coup de crayon rouge sur une liste de noms ne lui paraît pas « très règlementaire » comme ordre d'exécution[84] . Il prend contact avec le Ministère de l'Intérieur, puis il est contacté par le ministre lui-même, Hans Frank, tenu à l'écart des événements et qui lui annonce qu'il vient sur le champ[85] . Dietrich, quant à lui, ne veut pas attendre l'arrivée de Frank pour procéder aux exécutions. Il retourne à la « maison brune » quasi déserte, où il obtient une confirmation de la liste des personnes à exécuter via la signature de celle-ci par le Ministre de l'Intérieur de Bavière, Adolf Wagner[85] . Pendant ce temps, Frank, arrivé sur place a également obtenu confirmation de l'ordre du Führer au cours d'un entretien téléphonique avec Hess[85] . Les prisonniers sont amenés dans la cour de la prison et fusillés un par un par un peloton d'exécution sous les ordres de Sepp Dietrich, qui ne commande personnellement que les deux premières exécutions[86] . Selon Jacques Delarue Schneidhuber supplie Dietrich en vain, s'écriant « Camarade Sepp, qu'est-ce qui se passe ? Nous sommes innocents ! »[87] . Pour Jean Phillipon, après des protestations à l'annonce de la décision du Führer, les condamnés meurent en s'écriant « Je meurs pour l'Allemagne : Heil Hitler! »[88] . Des exécutions ont également lieu à Berlin, dont celles de Karl Ernst, chef de la SA de Berlin-Brandebourg, arrêté à Brême la veille de son embarquement pour une croisière

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dans l'Atlantique sud[89] , qui crie au peloton : « Visez juste, camarades ! »[90] . En Silésie, le chef SS Udo vonWoyrsch[91] perd le contrôle de ses hommes[92] : ceux-ci traquent Werner Engels, SA-Sturbannführer et responsablede la police de Breslau dans les bois et l'abattent ; un des membres du commando tue un ancien SS-Stabsführer,exclu pour malversations financières et dont l'exécution est maladroitement maquillée en un crime commis par desrodeurs[93] . L'action de la SS en Silésie est particulièrement violente et outrepasse les ordres d'Himmler : quatorzemembres de la SA sont exécutés, dont sept sont fusillés un par un dans les bois d'Obernigk à la lueur des phares desvéhicules, huit civils, dont un médecin juif et trois communistes, sont assassinés, des centaines d'opposants aurégime ou tièdes à son égard sont emprisonnés ou passés à tabac[] ...En Prusse orientale, Erich von demBach-Zelewski, fait abattre, sur ordre d'Heydrich, Anton von Hohberg und Buchwald, cavalier exceptionnel etSS-Reiteführer, qui avait rapporté au ministère de la défense des propos hostiles à la Reichswehr tenus par unSS-Gruppenfürer[94] . La répression sévit aussi en Poméranie : le SA-Gruppenführer Peter von Heydebreck et sonchef d'État-major sont passés par les armes, tous les SA-Brigadeführer sont destitués, les responsables locaux duStahlhelm sont emprisonnés et parfois torturés ; trois anciens membres de la SS, condamnés pour leurs exactionsdans le camp de concentration de Bredow, près de Stettin sont également assassinés[] . La mort de Röhm est suivied'une nouvelle série d'exécutions à Berlin : l' Obergruppenführer SA Falkenhausen, le Gruppenführer von Detten,Ritter von Krausser, précédemment gracié par Hitler[95] . La dernière victime désignée, le Gruppenführer SA KarlSchreyer est embarqué dans une voiture pour être fusillé à la prison de Lichtervelde, à 4 heures du matin, le 2 juillet[]

: il est sauvé par l'arrivée d'un Standartenführer de la Leibstandarte qui transmet l'ordre d'Hitler d'arrêter lesexécutions[] .

La mort de Röhm

Theodor Eicke

Röhm est emprisonné à la prison de Stadelheim à Munich, où ilmanifeste le plus grand calme, même après avoir entendu les salves dupeloton d'exécution : il participe à la promenade des prisonniers etdemande qu'on lui apporte des effets personnels. Hitler hésite toujourssur le sort à lui réserver, notamment compte tenu des services renduspar Röhm au mouvement nazi. Röhm ne peut pas être retenu endétention indéfiniment, ni exilé ; un procès public rendrait inévitableun examen minutieux de la purge, ce qui n'est évidemment passouhaitable[96] . De nombreux dignitaires nazis, parmi lesquels RudolfHess, Alfred Rosenberg et Max Amann, les inventeurs du complotimaginaire de Röhm, Göring, qui a déjà annoncé l'exécution de Röhmlors de sa conférence du 30 juin, Himmer, Heydrich et von Reichenaufont pression sur le Führer : en conclusion d'un débat hystérique, Hitlerrevient, dans l'après-midi du 1er juillet, sur la grâce accordée la veillemais exige que l'on offre à Röhm la possibilité d'éviter le déshonneuren se suicidant[97] .

L'ordre de Hitler passe le 2 juillet par toute la ligne hiérarchique de laSS : Himmler, Heydrich, Karl Oberg pour aboutir chez leSS-Oberabschnittsführer de Munich qui désigne les bourreaux, Theodor Eicke, commandant du camp deconcentration de Dachau, et Michel Lippert, commandant de la garde du camp[] . Le directeur de la prison deStadelheim, le Dr Koch, fait à nouveau des difficultés : il contacte Frank le ministre de la Justice, qui lui donnecomme seul conseil de rédiger un rapport détaillé[] . Les tueurs rendent visite à Röhm dans sa cellule. Ils luiremettent un pistolet chargé et la dernière édition du Völkischer Beobachter et lui expliquent qu'il a dix minutes pour

se suicider, pour éviter une exécution. Röhm refuse et déclare que « si je dois être tué, laissez Adolf le faire lui-même »[98] Après le temps imparti, les tueurs reviennent dans la cellule de Röhm où ils le trouvent torse-nu dans

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un geste de bravade[99] . Les derniers mots de Röhm sont « Mon Führer, mon Führer », auxquels Eicke répond par «Il fallait songer à tout cela un peu avant, maintenant il est un peu tard»[100] . Eicke et Lippert l'assassinent à boutportant[101] . La brièveté du délai laissé à Röhm risquant de heurter Hitler, on raconte à celui-ci que Röhm a étéabattu lors d'une tentative d'évasion[] . L'opération de purge se prolonge jusqu'au 2 juillet.

Les règlements de compteL'opération ne se limite pas à une purge de la SA. Après avoir, dès la prise du pouvoir, fait emprisonner, exiler ouexécuter les sociaux-démocrates et les communistes, Hitler profite de l'occasion pour s'occuper des conservateursqu'il considère comme non-fiables[102] . Ceci inclut le vice-chancelier von Papen et son entourage. À Berlin, uneunité armée de la SS boucle la vice-chancellerie, pendant qu'en présence de Himmler, Göring, dans son bureau,informe von Papen de l'opération en cours, sans toutefois lui donner de détails[103] . Alors que Herbert von Bose, lesecrétaire de von Papen reçoit un visiteur, Friedrich Minoux, gros négociant en charbon[] , les tueurs, « deuxmessieurs très corrects »[104] , lui demandent d'interrompre l'entretien, sous prétexte d'une communication urgente.En quittant son bureau von Bose remet son portefeuille et sa chevalière portant ses armoiries à deux de sescollaborateurs[] . Il est emmené dans un bureau au fond du bâtiment, d'où l'on entend claquer dix coups de feu suivisd'un onzième[] . Arrivé sur les lieux, von Papen proteste en vain : il ne peut empêcher l'arrestation du collaborateurqui l'accompagne, Fritz Günther von Tschirschky et il est reconduit en résidence surveillée à son domicile[] .

Timbre à l'effigie d'Erich Klausener

C'est sur l'insistance personnelle de Heydrich qu'est assassiné ErichKlausener[105] , chef de l'Action catholique, adversaire résolu desnazis, figure de proue de l'opposition catholique au nazisme. quin'hésite pas à les dénoncer publiquement à plusieurs reprises; pourGöring, « ce fut une action vraiment sauvage de Heydrich »[105] . KurtGildish, chargé de l'assassinat abat Klausener par derrière, d'une balledans la tête, pendant que celui-ci enfile sa veste[105] . Il téléphoneensuite, du bureau de la victime au ministère, à Heydrich, qui luiordonne de maquiller le crime en suicide[105] . Parmi les personnalitéscatholiques, on compte aussi au nombre des victimes KunoKamphausen[106] , ancien membre du Zentrum ou Adalbert Probst[107]

, responsable d'une association catholique de jeunesse.Le général de brigade Ferdinand von Bredow est arrêté en son domicile de Berlin et tué par un commando de laGestapo près de Lichtenberg. Le journaliste Walter Schotte, collaborateur de von Papen qui s'était opposé aux nazislors des élections du 6 novembre 1932 est assassiné par la Gestapo à 6h30 du matin[108] . Le vice-chancelierlui-même est arrêté sommairement à la vice-chancellerie, en dépit de ses protestations véhémentes. Bien que Hitlerl'ait fait libérer quelques jours plus tard, Papen n'osera plus critiquer le régime à partir de cet évènement[109] .

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Kurt von Schleicher en 1932

Hitler, Göring, Himmler et Heydrich utilisent la Gestapo et la SScontre leurs anciens ennemis. Kurt von Schleicher, prédécesseur deHitler comme chancelier, et son épouse sont assassinés chez eux. Sixhommes investissent la villa de von Schleicher le 30 juin vers midi ; legénéral est assis à son bureau. Lorsqu'il confirme son identité enréponse à la question d'un des tueurs, il est immédiatement atteint detrois coups de pistolet ; lorsque son épouse entre dans la pièce voisine,elle est également abattue et meurt le jour même à l'hôpital[110] . Lamanière dont se sont déroulés les meurtres et la notoriété des victimessuscitent des difficultés. Avertie par des voisins vers 12 h 45, lagendarmerie arrive sur les lieux et contacte le parquet de Potsdam.L'instruction est confiée à un jeune magistrat, le Dr Grützner, quirésiste aux premières pressions pour accréditer la thèse d'un suicide etprévient le procureur, dont la ligne est sur écoute : Göring, Himmler etHeydrich sont donc immédiatement au courant. À 18 heures, le dossierest retiré à Gürtzner, qui se voit menacé par une délégation conduitepar Roland Freisler, au milieu de la nuit, d'être interné en camp deconcentration pour le convaincre de laisser tomber l'affaire[111] . Afin de couper court aux rumeurs, la radio diffuseun communiqué vers 22 heures, repris le lendemain par la presse, selon lequel von Schleicher entretenait desrapports subversifs avec les éléments de la SA hostiles à l'état et avec des puissances étrangères ; il s'est opposé, lesarmes à la main à son arrestation, et est mort, ainsi que son épouse, lors d'un échange de coups de feu avec la police[]

.

Gregor Strasser

Parmi les autres victimes, on compte Gregor Strasser, nazi de longuedate qui a rompu avec Hitler en 1932 et s'est retiré de la politique :abattu d'une balle dans la tête, il agonise dans une cellule pendant queHeydrich hurle : « Il n'est pas encore mort ? Laissez ce porc se vider deson sang »[112] . Hitler est furieux lorsqu'il apprend la mort de Strasser,qu'il n'a pas ordonnée, mais Himmler lui affirme qu'il s'agit d'unsuicide[113] . Gustav von Kahr, ancien commissaire de l'État de Bavièrequi a contribué à faire échouer le Putsch de la brasserie en 1923, âgé de71 ans, fait aussi partie des victimes[114] . Le sort de von Kahr estparticulièrement cruel. Torturé à Dachau où il est fusillé[115] , soncorps est retrouvé dans un bois de la périphérie de Munich tailladé àcoups de pioche[116] . Le Père Bernhard Stempfle, qui connaît quelquessecrets sur la vie privée d'Hitler, meurt de trois balles dans le cœur et lacolonne vertébrale brisée[117] . Le SS Oberabschnittsführer Erich vondem Bach-Zelewski fait assassiner son rival, le baron von Hohberg undBuchwald, SS Reiterführer dans la grande salle de son manoir àKoeninsberg[118] .

Les assassins font aussi des victimes accidentelles : Willi Schmid, un critique musical du Münchner NeusteNachrichten est confondu avec Ludwig Schmitt, un ancien partisan d'Otto Strasser[119] . Malgré les protestations deson épouse qui affirme qu'il s'agit manifestement d'une erreur, Willi Schmid est emmené à Dachau : le 4 juillet, saveuve reçoit un cercueil contenant officiellement la dépouille de son mari, avec interdiction formelle de l'ouvrir[120] .Le chef de la Hitlerjugend de Saxe, Laemmermann est également exécuté par erreur[121] . Cette explosion deviolence, dont de nombreuses victimes sont des nazis de longue date, crée un climat de terreur et fonde la sinistreréputation de la Gestapo et de la SS.

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Bilan politiqueL'ampleur de la purge dont des responsables politiques de premier plan sont les victimes l'empêche de rester secrète.Dans les premiers jours, ses organisateurs semblent partagés sur la façon de manipuler l'évènement. Le 30 juin dansl'après-midi, Hermann Göring organise une conférence de presse à Berlin, au cours de laquelle il déclare notammentque « le commandement suprême de la SA avait forgé des plans dont le but était de saper le Mouvement, de porter lasubversion dans l'État et d'édifier un État qui aurait été en quelque sorte la propriété de ces personnalités morbides » ;en réponse aux questions des jounalistes, il affirme que von Schleicher est mort en résistant à son arrestation,ajoutant qu' on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs et que la saison de la trahison est terminée ; il préciseégalement que Röhm n'appartient plus au nombre des vivants, alors qu'à ce moment, il bénéficie toujours de la grâcedu Führer[122] . Le 2 juillet, Göring enjoint néanmoins aux services de la Gestapo, de la SS et de la Sipo de brûlertous les documents relatifs à l'action des deux précédents jours[123] et Goebbels essaie d'empêcher les journaux depublier la liste des victimes. Dans le même temps, Goebbels explique à la radio comment Hitler a empêché Röhm etSchleicher de renverser le gouvernement et de jeter le pays dans le chaos[124] .

Loi sur les mesures d'autodéfense d'État du3 juillet 1934.

Selon un communiqué de presse du bureau de presse du Reich,l'homosexualité de Röhm est une des justifications de la purge.

« Ses penchants malheureux et connus ont conduit à des tares sidétestables que le chef du mouvement et chef suprême de la SA[Adolf Hitler] a lui-même été amené à des graves problèmes deconscience [...] L'exécution de l'arrestation a révélé des imagesmoralement si tristes que toute espèce de pitié a été forcée dedisparaître. Certains de ces chefs SA étaient en compagnie deprostitués. L'un d'eux a été surpris et arrêté dans la situation laplus obscène. Le Führer a donc donné l'ordre d'exterminerimpitoyablement cette pestilence. Qu'il soit ainsi entendu qu'àl'avenir, on ne supportera plus que des milliers d'hommes sainssoient contaminés ou compromis par des êtres isolés auxpenchants maladifs »

— Communiqué du Reichspressestelle[125] . Pour donner un caractèrelégal au massacre, Hitler fait approuver, dès le 3 juillet une loirétroactive aux termes de laquelle « les mesures prises les 30 juin, 1er et2 juillet pour supprimer des assauts traîtres sont légales en tant qu'actesd'autodéfense par l'État »[126] . Le ministre de la justice du Reich Franz Gürtner, un conservateur qui avait étéministre de la justice de Bavière sous la République de Weimar, démontre sa fidélité au nouveau régime en rédigeantle texte de la loi. Les membres non nazis du gouvernement capitulent totalement quand le conseiller d'État et éminentjuriste Carl Schmitt écrit un article justifiant le discours officiel qu'Hitler tient devant le Reichstag le 13 juillet[127] .

« Quand on déclare qu'un procès aurait pu seul établir exactement les responsabilités et déterminer les peines,je proteste contre une telle affirmation. Quiconque s'élève contre l'Allemagne est un traître à la patrie.Quiconque est traître à la patrie ne doit pas être jugé d'après l'étendue de ce qu'il a fait mais d'après ce qu'ilvoulait faire. Celui qui se place sous le signe de la déloyauté, de l'infidélité à ses promesses les plus sacrées nepeut attendre rien d'autre que ce qui lui est arrivé »

— Discours d'Adolf Hitler du 13 juillet 1934[128] .« Le Führer protège le droit devant le pire des abus lorsque, face au péril, il crée le droit de façon immédiate envertu de son pouvoir de Führer et de juge suprême. [...] Un véritable Führer est toujours également juge. [...]En réalité, l'acte accompli par le Führer était un acte de juridiction pure. Cet acte n'était pas soumis à la justice,il était lui-même la justice suprême »

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— Carl Schmitt[129] .

Principales personnes tuées

Parmi les nazis

• Karl Ernst, membre du Reichstag, Führer du SA Untergruppen Ost• Edmund Heines, SA Obergruppenführer• Hans-Karl Koch, membre du Reichstag, SA Brigadeführer• Ernst Röhm, chef de la SA• August Schneidhuber, membre du Reichstag, chef de la police de Munich• Emil Sembach, membre du Reichstag, ex SS Oberführer• Gregor Strasser, ancien leader du NSDAP à Berlin et de l'aile gauche du parti• Georg von Detten, membre du Reichstag, Abteillungschef du commandement supérieur de la SA• Friedrich Wilhelm Ritter von Krausser• Peter von Heydebreck, membre du Reichstag, SA Gruppenführer

Parmi les personnalités conservatrices

• Fritz Gerlich, journaliste, opposant catholique, membre du Zentrum et animateur de la revue Der gerade Weg• Edgar Julius Jung, avocat, auteur du discours de Marbourg de von Papen• Kuno Kamphausen, architecte, membre du Zentrum• Erich Klausener, chef de l'Action catholique• Adalbert Probst, Reichsführer du Deutsche Jugendkraft-Sportverbands• Herbert von Bose, secrétaire de Franz von Papen• Ferdinand von Bredow, général, bras-droit de von Schleicher• Gustav von Kahr, politicien conservateur, ancien chef de Freikorps, ancien Ministre-Président de Bavière et l'un

des responsables de l'échec du putsch de la brasserie• Kurt von Schleicher, général, ancien chancelier• Elisabeth von Schleicher, son épouse

Réactions

En Allemagne

En Allemagne, à la quasi-unanimité, l'armée applaudit la « Nuit des Longs Couteaux », malgré la mort de deux de sesgénéraux, Kurt von Schleicher et Ferdinand von Bredow. Le président Paul von Hindenburg adresse au Führer untélégramme de félicitations :« D'après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit dedécision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l'œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par cetélégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères »[130] ; dans un ordre du jour à l'armée,von Blomberg va encore plus loin : « Le Führer a attaqué et écrasé les mutins avec la décision d'un soldat et uncourage exemplaire. La Wehrmacht, en tant que seule force armée de l'ensemble de la nation, tout en restant à l'écartdes luttes de politique intérieure, lui témoignera sa reconnaissance par son dévouement et sa fidélité »[] . Le généralWalther von Reichenau va même jusqu'à donner publiquement du crédit au mensonge selon lequel von Schleicheravait comploté pour renverser le gouvernement. Le soutien de l'armée à la purge a des conséquences importantes. LaSA humiliée ne constitue plus une menace, mais, en se ralliant à la purge, l'armée s'est étroitement liée au régimenazi[131] . Le capitaine à la retraite, Erwin Planck résume clairement cette situation en déclarant à son ami, le généralWerner von Fritsch : « Si vous regardez sans même bouger un doigt, vous rencontrerez le même destin tôt ou tard»[132] .

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Les Allemands font confiance au régime et estiment que Hitler a sauvé l'Allemagne du chaos[133] . La presseallemande, y compris des journaux qui n'ont pas encore été « nazifiés », comme la Kreuz Zeitung ou la DeutscheAllgemeine Zeitung, approuve la purge et reprend à son compte les arguments d'Hitler, à l'exception de la Gazette deFrancfort, qui met en doute la réalité d'une alliance entre Röhm, von Schleicher et Gregor Strasser[134] . Le discoursd'Hitler du 13 juillet 1934 devant les membres du Reichstag est acclamé par les milliers de personnes massées àl'extérieur de l'opéra Kroll, où se tiennent les séances du parlement depuis son incendie[135] .

« En cette heure, je fus responsable du destin du peuple allemand, et je suis devenu de ce fait le juge suprêmedes Allemands. J'ai donné l'ordre d'abattre les meneurs dans cette trahison, et j'ai aussi donné l'ordre decautériser jusqu'à la chair crue les ulcères de cet empoisonnement des puits de notre vie domestique. Faitessavoir à la nation que son existence, qui dépend de l'ordre et de la sécurité intérieure, ne peut pas être menacéeimpunément par n'importe qui ! Et faites savoir que pour tous les temps qui viennent que si quelqu'un lève lepoing pour frapper l'État, alors une mort certaine sera son sort[136] . »

Les assassinats ne soulèvent pas de réactions défavorables en Allemagne[137] . Toutefois, à titre symbolique, malgréles ordres formels de von Blomberg, le général Hammerstein-Equord, démis de ses fonctions de commandant del'armée de terre depuis le mois de février en raison de son antipathie pour les nazis, se présente aux funérailles deKurt von Schleicher[138] . Des protestations sont également le fait du clergé catholique, notamment dans la région dela Ruhr ou à Münster : dans cette ville, lors de la procession du 10 juillet 1934, l'évêque local est ovationné par lafoule après avoir affirmé publiquement qu'en cas d'arrestation, « il faudrait le mener, vêtu de tous ses ornementssacerdotaux, la crosse au poing, à pied, à travers la ville, jusqu'aux bureaux de la Gestapo »[139]

À l'étranger

La presse étrangère condamne unanimement le crime. Le Times évoque « un retour à des méthodes médiévales », leSunday reference estime que « les gangsters de Chicago sont plus honnêtes », le New-York Herald Tribune parle de «menace pour la civilisation » et considère le discours du 13 juillet comme « terrifiant parce qu'il est manifestementsincère » ; même la presse de l'Italie fasciste, comme le Popolo di Roma ou le Popolo d'Italia réprouve la purge[140] .Pour le journal français Le Temps, « ce n'est pas un très beau crime... C'est une affaire de police des moeurs. On ysent la culpabilité, la trahison, l'hypocrisie. Ces cadavres sont exhibés dans la fange et les meurtriers se sont ménagésun alibi. »[141] Pour la Pravda, « les événements du 30 juin rappellent les mœurs de l'Équateur ou du Panama »[] .

« Jamais il [le Führer] n'a témoigné d'une férocité plus calculée, plus volontaire et par là même plusrépugnante. [...] Et que dire de cette débauche de sauvagerie dans l'assassinat de von Schleicher et de safemme, des fusillades en masse pour des motifs inconnus et invérifiables qui laissent apparaître une sorte demanie sadique dans la cruauté? [...] Jamais le racisme hitlérien ne m'est apparu plus nettement comme l'ennemide toute civilisation, de toute moralité, de toute paix humaine. Jamais je ne me suis senti plus profondémentpénétré de la certitude que l'extirpation du racisme, du fascisme, de tout ce qui y ressemble ou y tend, estcomme un devoir préalable de rédemption par lequel l'humanité doit se rendre digne d'elle-même »

— Léon Blum, Le Populaire, 3 juillet 1934[142] .

ConséquencesAdolf Hitler nomme Viktor Lutze pour remplacer Ernst Röhm à la tête de la Sturmabteilung. Hitler lui enjoint de mettre un terme à « l'homosexualité, la débauche, l'ivresse et au train de vie fastueux » à l'intérieur de la SA[143] . Hitler lui interdit expressément d'utiliser les fonds de la SA pour des limousines et des banquets, ce qu'il considère comme extravagant[143] . Sans grande personnalité, Lutze renonce à l'indépendance de la SA, qui voit sa puissance décroître au cours des années suivantes. Les adhésions passent de 2,9 millions en août 1934 à 1,2 million en avril 1938[144] . À titre symbolique, tous les poignards décoratifs de la SA sont modifiés : la devise "Alles für Deutschland" (tout pour l'Allemagne), gravée sur la lame de toutes les dagues de la SA subsiste, mais sur le dos de la lame des dagues dites "d'honneur", qui avaient été remises par Röhm à certains membres de la SA, figurait la

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mention "In herzlicher Kameradeschaft" (en camaraderie cordiale), suivie de sa signature. Les récipiendaires de cesarmes doivent faire meuler, au moins le nom de Röhm, sinon la phrase entière.Quelques semaines après la purge, Heinrich Himmler est récompensé par l'octroi de l'indépendance à la Schutzstaffelvis-à-vis de la Sturmabteilung, c'est-à-dire à son passage sous le commandement unique de Adolf Hitler. ReinhardHeydrich est également remercié par une promotion au grade de SS-Gruppenführer et les SS ayant participé à lapurge reçoivent des poignards décoratifs avec une inscription spéciale[145] .La Nuit des Longs Couteaux scelle pour quelques années l'alliance de Hitler et des milieux conservateurs. L'initiativebrutale de Hitler apaise les conservateurs car l'élimination des nazis révolutionnaires (c'est-à-dire de la tendancepopuliste du parti national-socialiste) rassure la droite sur les intentions du nouveau régime ; elle génère toutefoisune inquiétude dans ces mêmes milieux, certaines victimes de la purge en étant issues.Cette purge représente un véritable triomphe pour Hitler, même si la répression avait dépassé les limites qu'il avaitfixées[146] et un tournant pour le gouvernement allemand. Le fait que le président Paul von Hindenburg est mourantconfère à Hitler le rôle de « juge suprême des allemands », pour reprendre ses propos lors de son discours du 13juillet au Reichstag[147] . Quelques procureurs tentent d'entamer des actions judiciaires contre ceux qui ont effectuéles meurtres, tentatives que le régime annule rapidement : aucune loi ne contraindra Hitler dans l'utilisation de laforce[148] .Cette purge témoigne de la manière fondamentalement chaotique et imprévisible avec laquelle Hitler gouverne. LaNuit des longs couteaux envoie également un message clair à l'ensemble de la société : aucun Allemand, quelle quesoit son rang ou sa position, n'est à l'abri d'une arrestation ou d'une exécution s'il est perçu comme une menace pourle nouveau régime[149] .

Voir aussi

Représentations cinématographiques• Les Damnés de Luchino Visconti (1969)• Der Röhm-Putsch de Axel Eggebrecht (1970)

Liens externes• (en) Liste complète des alliés et opposants tués ou écartés durant la Nuit des Longs Couteaux [150]

• (en) The History Place — Triomphe de Hitler — Nuit des Longs Couteaux [151]

Bibliographie

En français• (fr) Charles Bloch, La nuit des longs couteaux, 30 juin 1934 : Hitler liquide les siens, Paris, Julliard, 1967• (fr) Mario R. Dederichs, Heydrich, Tallandier, Paris, 2007. (ISBN 9782847344110)

• (fr) Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard, Paris, 1962. (ASIN B0000DSDUR)

• (fr) Jean François, L'affaire Röhm-Hitler, Paris, Gallimard, 1946• (fr) Max Gallo, La Nuit des Longs Couteaux, Paris, Robert Laffont, 1970 (rééd. Paris, Tallandier, 2007, (ISBN

284734456x))• (fr) Heinz Höhne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Casterman, Tournai, 1972. (ASIN B0000DOFXL)

• (fr) Noël Kemski, Les longs couteaux, Paris, Gallimard, 1962• (fr) Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006. (ISBN 9782258064171)

• (fr) Ian Kershaw, Hitler, 1889-1936, Paris, Flammarion, 1999

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• (fr) Jean Philippon, La Nuit des Longs Couteaux : Histoire d'une intox, Coll. Histoire, Armand Colin, Paris, 1995.(ISBN 9782200372897)

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Notes et références• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « of the Long

Knives Night of the Long Knives [152] » (voir of the Long Knives la liste des auteurs [152]) (voir aussi [[|la page de discussion]]).

[1] Ce terme est prononcé, à une seule reprise dans le discours de Hitler aux membres du Reichssag le 13 juillet 1934, cf. (de) Max Domarus,Hitler, Reden und Proklamationen, 1932-1945, kommentiert von einem deutschen Zeitgenosse, Band I, Triumph, vol. 1, Münich, SüddeutcherVerlag München, 1965, p.  418

[2] Il n'est pratiquement jamais utilisé dans les ouvrages en allemand[3] Le terme « opération colibri » (Allemand : Kolibri), du nom de code ordonnant aux tueurs de passer à l'action est rarement utilisé, notamment

dans (en) Ian Kershaw, Hitler : 1889–1936 Hubris, New York, W. W. Norton & Company, 1999, p.  515[4] (en) Richard Evans, The Third Reich in Power, New York : Penguin Group, 2005, p.  39 : « Au moins quatre-vingt personnes sont connues

pour avoir été sommairement tuées, sans qu'aucune procédure légale n'ait été entamée contre elles. A lui seul, Göring a fait arrêter millepersonnes ».

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[5] (en) Ian Kershaw, Hitler : 1889–1936 Hubris, New York : W. W. Norton & Company, 1999, p.  517 : « On connaît les noms des 85victimes, dont seules cinquante étaient membres de la SA. Cependant certains estiment qu'au total, entre 150 et 200 personnes ont été tuées ».

[6] Charles Bloch, La nuit des longs couteaux, 30 juin 1934 : Hitler liquide les siens, Paris, Julliard, 1967, p. 42[7] (en) David Schoenbaum, Hitler's Social Revolution : Class and Status in Nazi Germany, 1933–1939, W. W. Norton & Company, 1997, pp.

35-42 : « La théorie la plus répandue, selon laquelle le national-socialisme était une révolution de la classe moyenne inférieure, est défendablemais insuffisante. »

[8] En juin 1932, un des mois où la violence politique est à son paroxysme, plus de 400 batailles de rue ensanglantent l'Allemagne, faisant 82morts, (en) William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, New York : Simon and Schuster, 1960, p. 165.

[9] (en) Eric G. Reiche, The Development of the SA in Nürnberg, 1922–1934, Cambridge : Cambridge University Press, 2002, pp. 120-121.[10] (en) John Toland, Adolf Hitler : The Definitive Biography, New York : Doubleday, 1976, p. 266.[11] Tentative de putsch au cours de laquelle il menace d'exécuter douze hommes pour chaque victime parmi les membres de la SA, (en)

Norbert Frei, op. cit, p. 13; cette affirmation est contredite par Max Gallo pour qui cette phrase n'aurait été prononcée que le 31 juillet 1933,M. Gallo, op.cit., p. 45

[12] (en) R. Evans, op. cit., p. 23.[13] Heinz Höne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Tournai, Casterman, 1972, p. 63[14] Ian Kershaw, Hitler, vol.1 1889-1936, Paris, Flammarion, 1999, p.708[15] I. Kershaw, op. cit., p. 657[16] I. Kershaw, op. cit., p. 709[17] M. Gallo, op. cit., p. 72[18] I. Kershaw, op. cit., p. 707[19] Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Paris, Fayard, 1962, p. 139[20] M. Gallo, op. cit., p. 70[21] (en) Alan Bullock, Hitler: A Study in Tyranny, New York : Harper, 1958, p. 80 : « Mais à l'origine, les nationaux-socialistes ont été un parti

radicalement anticapitaliste, et cet aspect du programme national-socialiste n'était pas seulement pris au sérieux par de nombreux loyauxmembres du parti, mais il était d'une importance croissante dans une période de dépression économique. La manière dont Hitler prenait encompte le caractère socialiste du national-socialiste allait rester l'une des principales sources de désaccord et de division au sein du parti nazijusqu'à l'été 1934. »

[22] I. Kershaw, op. cit., p. 710[23] (en) Norbert Frei, National Socialist Rule in Germany : The Führer State 1933–1945, Oxford : Oxford University Press, 1987, p. 126 ;

Citation attribuée au chef SA Edmund Heines.[24] Jacques Delarue, op. cit., p. 138[25] I. Kershaw, op. cit., p.710[26] (en) R. Evans, op. cit., p. 24.[27] M. Gallo, op. cit., p. 87[28] C. Bloch, op. cit., p. 74[29] (en) John Wheeler-Bennett, The Nemesis of Power : The German Army in Politics 1918–1945, Palgrave Macmillan, seconde édition, 2005,

pp. 712-739.[30] C. Bloch, op. cit., p.103[31] (en) Richard Bessel, Political Violence and the Rise of Nazism : The Storm Troopers in Eastern Germany 1925–1934, New Haven : Yale

University Press, 1984, p. 97.[32] Mario R. Dederichs, Heydrich, Paris, Tallandier, 2007, p. 79[33] H. Höhne, op. cit., p. 68-69[34] M. Gallo, op. cit., p. 97[35] J. Delarue, op. cit., p. 141[36] D'après Max Gallo, Lutze aurait averti personnellement Adolf Hitler à Berchtesgaden en mars 1934, M. Gallo, op. cit., p. 82-83[37] (en) Martin Collier et Phillip Pedley, Hitler and the Nazi State, New York : Harcourt, 2005, p. 33.[38] J. Delarue, op. cit, p. 143-144[39] M. Gallo, op. cit., p.55-56[40] G. Knopp, op. cit., p. 69.[41] I. Kershaw, op. cit., p.723[42] (en) Franz von Papen, Memoirs, London : Dutton, 1953, p. 308-312.[43] H. Höhne, op. cit., p.72[44] I. Kershaw, op.cit., p. 721[45] Il disparaît de chez lui le 21 juin, vraisemblablement enlevé par la Gestapo. On ne retrouve son corps dans la forêt d'Orianenbourg que le 30

juin, portant les traces d'affreuses tortures, cf. J. Delarue, op. cit, p. 146[46] J. Delarue, op. cit., p. 145[47] (en) F. von Papen, op. cit., p. 309.[48] (en) J. Wheeler-Bennett, op. cit., p. 319-320.[49] (en) R. Evans, op. cit, p. 29.

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Nuit des Longs Couteaux 43

[50] Gilbert Badia, Histoire de l'Allemagne contemporaine. 1933/1962, Paris, Éditions sociales, 1975, p.27[51] J. Delarue, op. cit., p. 136[52] M. Gallo, op. cit., p. 23-24[53] Guido Knopp, Les SS. Un avertissement de l'histoire, Paris, Presse de la Cité, 2006, p.66[54] H. Höhne, op. cit., p. 73[55] (en) R. Evans, op. cit., p. 30.[56] H. Höhne, op. cit., p. 71[57] M. Gallo, op.cit., p.115[58] G. Knopp, op. cit., p. 69[59] (en) Robert O'Neill, The German Army and the Nazi Party 1933–1939, New York : James H Heineman, 1967, p. 72-80.[60] (en) A. Bullock, op. cit., p. 165.[61] H. Höhne, op. cit., p. 74[62] Manoeuvre de diversion ou volonté des organisateurs de l'élimination de la SA d'éloigner Hitler de Berlin?, cf. H. Höne, op. cit. p. 75[63] H. Höhne, op. cit., p. 75[64] (en) R. Evans, op. cit., p. 31.[65] M. Gallo, op. cit., p. 32[66] H. Höhne, op. cit., p. 76-77[67] M. Gallo, op.cit., p. 122-123[68] M. Gallo, op.cit., p. 132[69] H. Höhne, op. cit., p. 77[70] (en) W. L. Shirer, op. cit., p. 221.[71] (en) A. Bullock, op.cit., p. 166.[72] I. Kershaw, op.cit., p. 727[73] H. Höhne, op.cit., p. 78-79[74] Joseph Goebbels soulignera plus tard dans la propagande ce fait, justifiant la purge comme une lutte contre la turpitude morale des SA, (en)

I. Kershaw, op. cit., p. 514.[75] Cette irruption d'Hitler pistolet au poing est confirmée par le témoignage de Robert Bergmann, adjoint de Röhm, lors de procès de Dietrich

et Lippert à Munich, Le Figaro, 9 mai 1957[76] (en) Richard Evans, op. cit., p. 32.[77] Jean Philippon, La Nuit des Longs Couteaux : Histoire d'une intox, Coll. Histoire, Armand Colin, Paris, 1995, p. 281[78] (en) I. Kershaw, op. cit., p. 514.[79] Jean Philippon, op. cit., p. 288[80] J. Philippon, op. cit. , Coll. Histoire, Armand Colin, Paris, 1995, p. 291-294[81] H. Höhne, op. cit., p. 80[82] G. Knopp, op. cit., p. 82.[83] Dietrich et Lippert seront condamnés à dix-huit mois de prison pour leur participation à la nuit des longs couteaux par un tribunal de

Munich, Le Monde, 16 mai 1957[84] J. Delarue, op.cit., p. 153[85] J. Philippon, op. cit. , p. 291-294[86] H. Höhne, op. cit., p. 81[87] G. Knopp, op. cit., p.74[88] J. Philippon, op. cit., p. 295[89] J. Delarue, op. cit., p. 154[90] G. Knopp, op. cit., p.75[91] En 1939, il est le commandant d'un des Einsatzgruppen déployés en Pologne, Christopher R. Browning, Les origines de la solution finale,

Paris, Les belles lettres, 2007, p. 31[92] G. Knopp, op. cit., p.78[93] J. Philippon, op. cit. , p. 363-370[94] J. Philippon, op. cit. , p. 356-362[95] H. Höhne, op.cit., p. 85[96] (en) Joachim Fest, Hitler, New York : Harcourt, 1974, p. 458.[97] J. Philippon, op. cit. , p. 348-351[98] (en)William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, New York : Simon and Schuster, 1960, p. 221[99] (en) R. Evans, op. cit., p. 33, pour J. Philippon, Röhm était enrhumé et aurait retiré sa chemise à la demande d' Eicke, J. Philippon, op. cit.,

p. 350[100] H. Höhne, op. cit., p. 84[101] Des années plus tard, en 1957, les autorités allemandes inculpent Lippert à Munich pour le meurtre de Röhm. Il est l'un des rares

participants actifs à la purge à ne pas échapper à la justice.

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Nuit des Longs Couteaux 44

[102] Pour Jean Philippon, les meurtres de von Bose, von Sleicher et Klausener n'ont pas été ordonnés par Hitler, mais par Göring, Himmler etHeydrich, pour lui forcer la main et l'obliger à mener une purge sanglante au sein de la SA, J. Philippon, op. cit., p.325

[103] J. Philippon, op. cit. , p. 301-307[104] J. Delarue, op. cit., p. 157[105] M. Dederichs, op.cit., p. 80-81[106] J. Philippon, op. cit., p.373[107] J. Philippon, op. cit., p.366[108] J. Delarue, op. cit., p. 156[109] (en) R. Evans, op. cit., p. 33–34.[110] . M. Dederichs, op. cit, p. 80[111] J. Philippon, op. cit. , p. 318-320[112] M. Dederichs, op. cit., p.80[113] J. Delarue, op. cit., p. 158[114] (en) Jackson J. Spielvogel, Hitler and Nazi Germany : A History, New York : Prentice Hall, 1996, pp. 78–79.[115] G. Knopp, op. cit., p.78[116] H. Höhne, op. cit., p.79[117] H. Höhne, op. cit., p.80[118] G. Knopp, op. cit., p.78[119] (en) R. Evans, op. cit., p. 36.[120] M. Dederichs, op. cit., p.81-82[121] J. Delarue, op. cit., p. 158[122] . J. Philippon, op. cit., p. 331-334[123] J. Delarue, op.cit., p. 159

[124] (en) R. Evans, op. cit., p. 36.[125] M. Dederichs, op. cit., p. 82-83[126] (en) J. Fest, op. cit., p. 468.[127] Nicolas Tertulian, « Le juriste et le Führer », Cités 2001/2, n° 6, p. 44-45. [pdf] Lire (http:/ / www. cairn. info/ load_pdf.

php?ID_ARTICLE=CITE_006_0037)[128] Jean François, L'affaire Röhm-Hitler, Paris, Gallimard, 1946, p. 213-214[129] Charles Bloch, La nuit des longs couteaux. 30 juin 1934 : Hitler liquide les siens, Paris, Julliard, coll. Archives, 1967, p. 162[130] J. Delarue, op. cit, p. 161-162[131] (en) M. Collier et P. Pedley, op. cit., p. 33–34.[132] (en) Heinz Höhne, The Order of the Death's Head : The Story of Hitler's SS, New York : Coward-McCann, 1970, pp. 113–118.[133] (en) Ian Kershaw, The « Hitler Myth » : Image and Reality in the Third Reich, Oxford : Oxford University Press, 2001, p. 87 : « Il était

clair que la propagande délibérément mensongère du régime faisait l'objet d'une large acceptation. »[134] C. Bloch, op. cit., p.167-170[135] I. Kershaw, op.cit., p. 735[136] (en) J. Fest, op. cit., p. 469.[137] C. Bloch, op. cit., p. 163[138] I. Kershaw, op. cit., p.737[139] J. Philippon, op. cit., p. 374[140] C. Bloch, op. cit., p. 174-185[141] M. Gallo, op.cit., p. 26-27[142] C. Bloch, op. cit., p. 177-178[143] (en) I. Kershaw, op. cit., p. 520.[144] (en) R. Evans, op. cit., p. 40.[145] (en) The History Place — Triomphe de Hitler — Nuit des Longs Couteaux (http:/ / www. historyplace. com/ worldwar2/ triumph/

tr-roehm. htm)[146] J. Philippon, op. cit., p. 346[147] En avril 1942, Hitler donne à ce titre un caractère officiel, se plaçant au-dessus des lois.[148] (en) R. Evans, op. cit., p. 72 : « Après la Nuit des Longs Couteaux, le ministre de la Justice, Franz Gürtner,étouffe dans l'œuf les tentatives

de quelques procureurs locaux d'entamer des procédures à l'encontre des tueurs. »[149] cf. J. Philippon, op. cit., p 359-360, à propos de la libération de l'énorme majorités de personnes arrêtées à Berlin et ne faisant pas partie de

la SA: « Ils furent, à deux exceptions près, rapidement mis en liberté. Leur libération a été le fruit d'un calcul politique. La nuit des longscouteaux avait montré, à tous, que personne n'était à l'abri des arrêts discrétionnaires du nouveau pouvoir. Quelques notables aveint étéassassinés, une centaine jetés en prison : les y garder avait plus d'inconvénients que d'avantages. La leçon avait porté »

[150] http:/ / www. axishistory. com/ index. php?id=4558[151] http:/ / www. historyplace. com/ worldwar2/ triumph/ tr-roehm. htm[152] http:/ / en. wikipedia. org/ wiki/ Night

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Nuit de Cristal

Un magasin juif saccagé lors de la nuit de Cristal.

Timbre de la Républiquedémocratique allemande avec pour

mention « Niemals wiederKristallnacht » (« Plus jamais de nuit

de Cristal »).

La nuit de Cristal (en allemand Reichskristallnacht) est le pogromcontre les Juifs du Troisième Reich qui se déroula dans la nuit du 9novembre au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit. Présentépar les responsables nazis comme une réaction spontanée de lapopulation suite à l'assassinat, le 7 novembre 1938, de Ernst vom Rath,un secrétaire de l'ambassade allemande à Paris par un jeune Juifpolonais d'origine allemande, Herschel Grynszpan, le pogrom fut enréalité ordonné par le chancelier du Reich, Adolf Hitler, organisé parJoseph Goebbels, et commis par des membres de la Sturmabteilung(SA), de la Schutzstaffel (SS) et de la Jeunesse hitlérienne, soutenuspar le Sicherheitsdienst (SD), la Gestapo et d'autres forces de police.

Sur tout le territoire du Reich, plusieurs centaines de synagogues etlieux de culte furent détruits, 7500 commerces et entreprises exploitéspar des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, descentaines d'autres se suicidèrent ou moururent suite à leurs blessures etprès de 30000 furent déportés en camp de concentration : au total, lepogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2000 à2500 personnes. Point culminant de la vague antisémite qui submergeal'Allemagne dès l'arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933, la « nuitde Cristal » fut l'une des prémices de la Shoah[1] .

En provoquant cette première grande manifestation de violenceantisémite, les nazis voulurent accélérer l'émigration des Juifs, jugéetrop lente, en dépit de la politique de persécution et d'exclusion mise enœuvre depuis février 1933. L'objectif fut atteint : le nombre decandidats à l'émigration crût considérablement, mais au-delà del'indignation que l'évènement suscita dans le monde, les frontières desautres pays restèrent fermées.Marquant une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu'une étape dans la violence et la persécutionantisémites, cet évènement fut également révélateur de l'indifférence des nations au sort des Juifs d'Allemagne etd'Autriche, et de l'incapacité des États démocratiques à contrecarrer les coups de force menés par l'Allemagne deHitler.

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Nuit de Cristal 46

Le contexte : les mesures antisémites

Un SA à côté d'une affiche proclamant : «Allemands ! Défendez-vous ! N'achetez pas chez

les Juifs ! », 1933.

Le programme du NSDAP, rédigé le 24 février 1920, prévoit que «seul peut être citoyen un frère de race (Volksgenosse). [...] Aucun Juifne peut donc être frère de race[2] » et dans Mein Kampf, Adolf Hitlerproclame à de nombreuses reprises son désir de voir l'Allemagne «libérée des Juifs » (Judenfrei)[3] . Les Juifs sont victimes d'unepolitique antisémite dès l'arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933.Cette discrimination se traduit notamment par le boycott descommerces juifs, voulu par Hitler, organisé par Julius Streicher et misen œuvre par la SA, le 1er avril 1933, dans une opération au succèslimité et largement condamnée à l'étranger[4] . Au cours du mêmemois, les Juifs sont exclus de la fonction publique, à quelques raresexceptions près, par le décret sur la restauration du fonctionnariat du 7avril 1933 et ses règlements d'application[5] .

L'ostracisme envers les Juifs est officialisé le 15 septembre 1935 lorsde l'adoption des Lois de Nuremberg, principalement la « Loi pour laprotection du sang et de l'honneur allemands » (« Blutschutsgesetz ») etla « Loi sur la citoyenneté du Reich » (« Reichsbürgergesetz »). Ceslois et les décrets qui leur font suite établissent la détermination ducaractère juif, demi-juif ou quart de juif (Mischling), en fonction de l'ascendance, interdisent les relations sexuelles etle mariage entre citoyens de sang allemand ou apparentés et juifs, privent les Juifs de la citoyenneté allemande, ainsique de la plupart de leurs droits politiques, dont le droit de vote, et les excluent de certaines professions libérales etde l'enseignement[6] .

La campagne anti-juive se durcit en 1937, notamment via l'organisation de l'exposition Der ewige Jude (« Le Juiféternel »), mais surtout au cours de l'année suivante[7] . Début 1938, les passeports des Juifs allemands sontconfisqués. Le 26 avril, les Juifs reçoivent l'ordre de faire enregistrer tous les biens qu'ils possèdent, ce qui faciliteleur aryanisation. Le 17 août, les prénoms portés par les Juifs sont réglementés et trois décrets additionnels aux Loisde Nuremberg définissent la notion d'entreprise juive et interdisent aux Juifs l'exercice de la profession médicale[7] .Tout est fait pour pousser les Juifs à émigrer, quel qu'en soit le prix[7] .

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Un prétexte : l'assassinat de vom Rath

Herschel Grynszpan après sonarrestation à Paris

« Avec l'aide de Dieu [...]. Je ne pouvais agir autrement. Mon cœur saignequand je pense à notre tragédie [...]. Je dois exprimer ma révolte de tellesorte que le monde entier l'entende, et je compte le faire. Je vous supplie deme pardonner. »

— Lettre de Herschel Grynszpan à son oncle, 7 novembre 1938[8] . Le7 novembre 1938, un jeune Juif polonais d'origine allemande réfugié à Paris,Herschel Grynszpan, âgé de dix-sept ans dont la famille résidant à Hanovre a étéexpulsée, le 27 octobre, d'Allemagne vers la Pologne, achète un pistolet puis serend à l'ambassade d'Allemagne à Paris, où il demande à voir un responsable.Envoyé au bureau du premier secrétaire Ernst vom Rath, Grynszpan tire surcelui-ci et le blesse gravement[8] ,[9] ,[10] . Il ne s'agit pas du premier événementdu genre. Le 4 février 1936, un étudiant talmudiste avait assassiné, à Davos, leresponsable du parti nazi en Suisse, Wilhelm Gustloff, sans susciter de réactiondes autorités ou de la population allemandes[11] , les circonstances, et notammentla proximité des jeux olympiques de Berlin[12] , « exigeant de serrer la bride auxfanatiques du parti en Allemagne[13] ». L'attentat contre le diplomate vom Rath ne fait l'objet d'aucune déclarationpublique des responsables nazis, même si une campagne antisémite dans la presse orchestrée par Joseph Goebbelsdès le 8 novembre 1938 encourage les premiers pogroms menés par des responsables locaux du parti nazi[14] ,notamment en Hesse-Cassel[15] , à Munich[16] ou à Hanovre[17] . Dans son journal, le 9 novembre, Joseph Goebbelsrelatant la journée du 8, n'écrit rien sur l'attentat de Paris, alors qu'il a passé la fin de soirée avec Hitler au café Heck ;lors de son discours du 8 novembre commémorant le Putsch de la brasserie de 1923, Adolf Hitler est lui aussi muetsur le sujet. Pour Saul Friedländer, « de toute évidence, les deux dirigeants nazis avaient décidé de passer à l'action,mais jugé sans doute préférable d'attendre le décès d'Ernst vom Rath, grièvement blessé ; ce silence insolite était laplus sûre indication de l'existence de plans visant à accréditer une explosion spontanée de la colère du peuple[18] ».Vom Rath, au chevet duquel Hitler avait envoyé son médecin personnel, le docteur Karl Brandt[19] , décède le9 novembre 1938 à 17 heures 30, et Hitler en est informé entre 19 et 21 heures[20] , alors qu'il participe à Munich, audîner traditionnel des « compagnons de combat », la vieille garde du parti[21] .

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L'organisation des violences : la fiction de la réaction spontanée

Joseph Goebbels en 1937

« Je présente les faits au Führer. Il décide : laisser lesmanifestations se poursuivre. Retirer la police. Les Juifs doiventsentir pour une fois la colère de peuple. C'est justice. Je donneaussitôt les consignes correspondantes à la police et au Parti.Puis je fais un bref discours en conséquence devant les dirigeantsdu Parti. Tempêtes d'applaudissements. Tout le monde seprécipite immédiatement sur les téléphones. Maintenant, c'est lepeuple qui va agir. »

— Joseph Goebbels, Munich, 10 novembre 1938[22] Le9 novembre 1938 au soir, à Munich, Adolf Hitler quitte la réunion sansprononcer son discours traditionnel à l'occasion du Tag der Bewegung(Jour du Mouvement)[23] et sans faire la moindre allusion au décès devom Rath[24] , après un long entretien à voix basse avec JosephGoebbels, au cours duquel le Führer semble particulièrement agité[25]

,[26] . Vers 22 heures, Joseph Goebbels, dans un « discours bref maisincendiaire », annonce aux participants la mort d'Ernst vom Rath etleur apprend que des émeutes anti-juives ont éclaté en Hesse-Cassel eten Saxe-Anhalt, en ajoutant que le Führer avait décidé que rien nedevait être fait pour décourager le mouvement au cas où celui-ci s'étendrait à l'ensemble du Reich[11] . « Le partidevait organiser et exécuter l'affaire sans paraître ouvertement y être engagé[11] ». La « colère populaire spontanée »mise en avant par les responsables nazis fait en réalité l'objet de quatre vagues d'ordres successives : à partir de 22heures, les chefs régionaux de la SA donnent, par téléphone, instruction à leurs subordonnés de lancer incendies,destructions et violences à grande échelle ; peu avant minuit, Heinrich Müller, chef de la Gestapo enjoint aux forcesde police de ne pas s'opposer aux actions contres les Juifs, d'empêcher les pillages et « tout autre débordementparticulier » et de préparer l'arrestation de vingt à trente mille Juifs, « de préférence fortunés » ; à une heure vingt dumatin, les instructions de Müller sont complétées et précisées par un télex de Reinhard Heydrich à la police et auSD[27] . Heydrich demande de prévenir les actions qui peuvent mettre en danger des personnes ou des biensallemands, notamment lors de l'incendie des synagogues, d'autoriser la destruction des appartements et commercesappartenant à des Juifs, mais pas leur pillage, de ne pas s'attaquer aux étrangers et de trouver « le personnelnécessaire pour arrêter autant de Juifs, surtout fortunés, que peuvent en accueillir les prisons[28] ». À 2 h 56 du matin,c'est au tour de Rudolf Hess de donner ses consignes[29] . Pour Thalmann et Feinermann, la succession des ordres, et surtout, la précision des instructions données par Müller,notamment l'ordre d'arrêter de 20000 à 30000 Juifs, témoignent de l'existence d'un plan préétabli, antérieur àl'assassinat de vom Rath[30] . Cette analyse est partagée par Gerald Schwab, selon lequel le télex envoyé par Muller,dans lequel il n'est fait aucune allusion à la mort de vom Rath, avait été rédigé au préalable en attendant uneopportunité appropriée ; Schwab souligne également que les camps de concentration se préparaient, depuis plusieursmois, à faire face à un afflux massif et soudain de détenus[31] . Le caractère fallacieux de l'affirmation selon laquelleles violences auraient été spontanées est en outre étayé par un rapport du tribunal suprême du parti rédigé début 1939: « les instructions orales du Ministre de l'Intérieur ont apparemment été comprises par tous les responsables présentscomme signifiant que le parti ne devait pas apparaître, à l'extérieur, comme l'initiateur des manifestations, mais qu'ilétait, en réalité, chargé de les organiser et de les exécuter[32] . » Commentant les événements et témoignant de la difficulté d'imposer la version d'un pogrom « spontané », unBlockleiter de Hüttenbach en Moyenne-Franconie, dont le temple juif a été incendié par les responsables locaux du

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parti nazi et de la SA écrit dans un rapport à sa hiérarchie le 7 février 1939 : « on ne doit pas écrire que le feu a étémis à la synagogue par les membres du parti [...], mais par la population. C'est juste. Mais en ma qualité dechroniqueur, je me dois de relater la vérité. Il est facile d'enlever cette page et d'en rédiger une nouvelle. Je vous enprie, mon chef, comment dois-je établir cette entrée et comment faut-il la formuler ? »[33] . Le 10 novembre 1938,Goebbels consulte Hitler par téléphone aux premières heures de la matinée et le rencontre ensuite lors du déjeuner,alors que les violences se poursuivent. Avec l'aval du Führer, Goebbels donne l'ordre d'arrêter le pogrom[34] . Cetteinstruction est diffusée par la presse berlinoise à 17 heures, par les stations de radio à 20 heures et dans l'ensemble dela presse le lendemain[35] . Elle est suivie par des messages de Heydrich aux forces de police dont les patrouilles« qui avaient disparu comme par enchantement, ressurgissent à tous les coins de rue[36]  ».

Le pogrom : violences antisémites dans l'ensemble du Reich« Je vais pour rentrer à mon hôtel, lorsque je vois le ciel [virer au] rouge sang. La synagogue brûle. [...] Nousne faisons éteindre les incendies que si c'est nécessaire pour les bâtiments allemands du voisinage. Sinon,laisser brûler. [...]Des vitres volent en éclat. Bravo, bravo! Dans toutes les grandes villes, les synagogues brûlent. »

— Joseph Goebbels, Munich, 10 novembre 1938[37]

La synagogue de la Herzog Rudolf Strasse àMunich après son incendie.

Dès la fin du discours de Goebbels, des membres de la StosstruppAdolf Hitler se déchaînent dans les rues de Munich et détruisent lasynagogue de la Herzog-Rudolf-Strasse, leur violence allant jusqu'àsusciter l'inquiétude du Gauleiter Adolf Wagner[38] . Goebbels donneégalement des ordres pour qu'ils démolissent la synagogue de laFasasenstrasse[39] . Le pogrom s'étend rapidement sur tout le territoiredu Reich[40] , des grandes villes aux bourgades : « les Gauleitersentrèrent en action vers 22 h 30. La SA suivit à 23 heures, la police peuavant minuit, les SS[41] , à 1 h 20 du matin[28] ». À Innsbruck, dans leGau du Tyrol-Vorarlberg, où ne vivent que quelques centaines de Juifs,un commando de membres de la SS, habillés en civil, assassineplusieurs Juifs influents[42] . Des diplomates témoignent de la violencedes saccages opérés à Cologne et à Leipzig ; des scènes semblables se produisent dans la petite ville de Wittlich, enMoselle, où un SA monte sur le toit de la synagogue en agitant les rouleaux de la Torah et en s'écriant «Torchez-vous le cul avec, Juifs ! »[43] . À Marbourg, à Tübingen, des membres du parti nazi et de la SA, souventivres suite à la célébration de l'anniversaire du putsch de la brasserie, incendient les synagogues sous le regard depompiers, dont l'action se borne à éviter que les incendies ne se communiquent aux édifices voisins[44] . À Esslingen,des « Chemises brunes » saccagent un orphelinat dans la cour duquel ils font un bûcher avec les livres, les objetsreligieux et tout ce qui est combustible, en menaçant les enfants en pleurs de les jeter dans le brasier s'ils ne partentpas immédiatement[45] ; à Potsdam, c'est un internat qui est envahi et dont les enfants sont chassés en pleine nuit[46] .À Leipzig, le cimetière juif est saccagé : le lieu de culte et la maison du gardien sont incendiés, les pierres tombalesrenversées et des sépultures profanées[47] . Dans la petite ville de Treuchtlingen, la violence atteint des sommets : desmembres de la SA, encouragés par certains habitants, mettent le feu à la synagogue, brisent les vitrines des magasinsjuifs et en pillent le contenu, saccagent les habitations occupées par des Juifs, détruisant mobilier, vaisselle etsanitaires et obligeant les femmes, réfugiées dans la cave, à détruire bouteilles de vin et conserves[48] . C'est àVienne, où s'étaient déjà produites des émeutes anti-juives lors de l'Anschluss[49] , que le pogrom prend ses formesles plus violentes et les plus meurtrières, avec 42 synagogues incendiées, 27 personnes juives tuées et 88 grièvementblessées[50] . Les violences sont systématiquement assorties de l'humiliation des victimes. À Sarrebruck, on oblige

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les Juifs à danser, à s'agenouiller et à chanter des chants religieux devant la synagogue, avant de les asperger à lalance à incendie ; à Essen, on met le feu à leur barbe ; à Meppen, on les force à baiser le sol devant le quartiergénéral de la SA, pendant qu'ils sont frappés à coup de pied[51] . À Fürth, des Juifs sont conduits au théâtre : « les unsparqués dans la salle obscure, les autres montés sur la scène violemment éclairée pour y être battus[52] ». ÀBaden-Baden, les Juifs sont rassemblés dans la synagogue où ils doivent rentrer en piétinant un manteau de prières :une fois à l'intérieur de l'édifice, on leur fait entonner le Horst Wessel Lied, puis lire un passage de Mein Kampf à latable de l'officiant[53] .

Magasin juif saccagé à Munich

À côté des centaines de synagogues et lieux de culte incendiés,plusieurs milliers de commerces, de boutiques etd'appartements juifs sont détruits, saccagés ou pillés, etpresque tous les cimetières juifs sont profanés[54] ; desfemmes, des enfants et des vieillards sont battus et victimes debrutalités bestiales ; les suicides sont nombreux et plus de20000 Juifs sont déportés dans les camps de concentration, oùils sont victimes de sadisme et de tortures indescriptibles de lapart des gardiens[55] . Un nombre indéterminé de viols[56] etune centaine d'assassinats[57] sont également perpétrés. Lesexactions ne sont pas commises que par des membres de la SAou de la SS, mais aussi par des « citoyens ordinaires », par «d'autres secteurs de la population, surtout – mais pas seulement – des jeunes que cinq ans de national-socialisme àl'école et aux Jeunesses hitlériennes n'avaient pas laissés indemnes[58] » : à Düsseldorf, des médecins de l'hôpital etplusieurs juges prennent part à l'incendie de la synagogue[59] ; à Gaukönigshoven, en Basse-Franconie, des « paysansrespectés » profanent le sanctuaire de la Torah et pillent les maisons des Juifs ; dans la matinée du 10 novembre,écoliers et adolescents accablent de leurs sarcasmes, de leurs quolibets et de leurs injures les Juifs raflés par la policeet souvent houspillés par des meutes hurlantes qui leur lançent des pierres[60] . Si une partie de la populationparticipe au pogrom, des Allemands témoignent toutefois leur sympathie aux victimes, et dans certains cas, leurprodiguent aide matérielle et réconfort[61] .

Bilan : une communauté traumatisée

Une grille d'entrée avec l'inscription en allemand “ARBEITMACHT FREI” signifiant en français “LE TRAVAILREND LIBRE” au camp de concentration de Dachau.

Dans un rapport du 11 novembre 1938, Reinhard Heydrich faitétat de 36 morts et d'autant de blessés graves pour l'ensembledu Reich. Pour Saul Friedländer, « le bilan se révéla bien pluslourd ; dans toute l'Allemagne [y compris l'Autriche annexée],outre les 267 synagogues détruites et les 7500 entreprises etcommerces saccagés, 91 juifs périrent et des centaines sesuicidèrent ou moururent par la suite des sévices infligés dansles camps[62] ». Sur ce dernier point, Raul Hilberg estime àplus de 25000 le nombre des hommes envoyés dans les campsde concentration nazis, comme Dachau (10911 dont environ4600 en provenance de Vienne), Buchenwald (9845 personnes)et Sachsenhausen (au moins 6000)[63] .

« Au total - et selon les estimations les plus modérées retenues dans les documents de la Wiener Library - le pogromcoûta la vie de 2000 à 2500 hommes, femmes et enfants et laissa des séquelles indélébiles chez tous ceux qui envécurent l'horreur[64] ».

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Réactions : de l'indignation à l'indifférence

À l'étrangerDes Juifs étrangers ont été victimes du pogrom, en dépit des directives ordonnant de les épargner : les protestationsdiplomatiques affluent[65] et sont transmises, sans commentaire, à la chancellerie du Reich où elles sont enfouiesdans les dossiers[66] .La presse internationale condamne les événements : plus de mille éditoriaux paraissent à ce sujet dans la presseaméricaine, particulièrement véhémente, et le président Roosevelt rappelle l'ambassadeur des États-Unis enconsultation. Si l'indignation est générale, elle ne se traduit pas par un élargissement de la politique d'accueil desJuifs du Reich : en 1938, les États-Unis n'atteignent pas leur quota d'immigration juive en provenance d'Allemagne etd'Autriche et n'accordent que 27000 visas sur les 140000 demandés[67] ; l'année suivante la Grande-Bretagne «ferme, de fait, les portes de la Palestine à l'immigration juive sans proposer d'autre refuge[68] ». Les réactions sontégalement indignées dans la presse danoise[69] ou française[70] et le gouvernement fasciste italien s'étonne « que larecrudescence des persécutions antisémites en Allemagne n'entraîna pas l'abandon du projet [d'accord]franco-allemand[70] ». « Il était clair que les émeutes avaient tout d'abord fait perdre à l'Allemagne une grande partdes sympathies dont elle bénéficiait dans le monde[71] ».Suites aux protestations internationales, les entreprises contrôlées par des Juifs étrangers au Reich sont dispensées, le1er décembre 1938, de la prestation expiatoire et peuvent poursuivre leurs activités après le 31 décembre[72] . Leboycott des exportations allemandes se généralise, notamment en France, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada,en Yougoslavie ou aux Pays-Bas[73] .

En AllemagneLe pogrom suscite immédiatement de sérieuses tensions parmi les principaux dirigeants nazis. Si aucun de ceux-ci nes'oppose à des mesures ou des violences anti-juives, les conséquences de la nuit de Cristal sur l'image de l'Allemagneà l'étranger, ses éventuelles répercussions économiques négatives et le fait qu'elle ait été déclenchée par Goebbelssans concertation, entraîne de vives réactions d'Heinrich Himmler, de Hermann Göring ou de Walther Funk[74] .À de rares exceptions individuelles près, ni les Églises protestante et catholique, ni les milieux universitaires, ni lesgénéraux[75] , ni « aucun représentant de la bonne Allemagne[76] » n'émettent aucune protestation suite au pogrom[77]

. Si, d'après les rapports du SD, la population réprouve largement la violence et les dommages causés par le pogrom,c'est essentiellement en raison de la destruction inutile de biens qui lèse tous les Allemands et l'État ; l'annonce del'amende de 1 milliard de marks infligé aux Juifs rassérène les esprits[78] . La direction du parti social-démocrateallemand en exil, la SOPADE, observe également que « la grande majorité du peuple allemand a vivement condamnéles violences », et ce pour des raisons diverses comme le souligne Ian Kershaw[79] . Si « la vague d'indignationpopulaire » contre les Juifs qu'escomptait Goebbels ne s'est pas matérialisée[80] , selon Daniel Jonah Goldhagen,« face à des critiques limitées, il y avait l'enthousiasme des Allemands pour l'entreprise éliminationniste, que la Nuitde Cristal n'entamait pas, et l'immense satisfaction avec laquelle tant d'Allemands avaient accueilli l'événement[81] . »« D'un point de vue global, le régime a [...] pu considérer comme un succès l'attitude généralement passive danslaquelle se sont enfermés la plupart des Allemands pendant les débordements. Une action violente contre les Juifsallemands, telle qu'on n'en avait plus connue depuis les pogroms du Moyen Âge, avait pu être déclenchée sanssoulever de protestation publique. Sur le plan de la propagande, cela revenait à une approbation. La radicalisationdes persécutions avait réussi à franchir une nouvelle étape » analyse l'historien allemand Peter Longerich[82] .

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Suites et conséquences : la radicalisation de l'antisémitisme« J'aurais préféré que vous tuiez deux cents Juifs plutôt que de détruire de telles valeurs. »

— Hermann Göring, Berlin, 12 novembre 1938[83]

Hermann Göring s'adressant au Reichstag

La nuit de Cristal est suivie d'une radicalisation des mesuresantisémites du régime nazi. Les suites du pogrom sont examinées dèsle 12 novembre 1938, lors d'une réunion de haut niveau, présidée parHermann Göring, à la demande explicite et insistante de Hitler[84] :parmi la centaine de participants, on note la présence de JosephGoebbels, du chef du RSHA Reinhard Heydrich, des ministres del'Économie Walther Funk, des Finances Lutz Schwerin von Krosigk[85]

et de la Justice Franz Gürtner, de représentants de la Reichsbank et desdirigeants du parti nazi en Autriche et dans le territoire des Sudètes[86] .Les premières discussions portent sur l'indemnisation des dégâts, lesseules vitrines détruites étant assurées pour 6 millions de dollars. Aprèsde longs échanges, notamment entre Göring, Reinhard Heydrich et lereprésentant des assureurs allemands, il est décidé que les indemnitésversées par les assureurs aux bénéficiaires seront confisquées par l'Étatet il est imposé aux juifs allemands une « amende de réparation[87] »d'un milliard de Reichsmark[88] et de les obliger de remettre en état, àleurs propres frais, les commerces, bureaux et logements saccagés[89] ,[90] . Lors de cette même réunion, Göringdécrète la cessation, à partir du 1er janvier 1939, de toutes les activités commerciales menées par des Juifs, quidoivent vendre leurs commerces et entreprises, titres, bijoux et œuvres d'art, ce qui constitue une phase essentielle del'aryanisation des biens juifs. Alors que Goebbels évoque tour à tour l'interdiction, pour les Juifs, de l'accès auxdistractions publiques, aux forêts ou aux parcs, l'éviction des enfants juifs des écoles allemandes, Heydrich plaidevigoureusement pour une accélération de l'émigration, prenant pour modèle les résultats obtenus à Vienne par AdolfEichmann : pour accélérer cette émigration, il préconise le port d'un insigne spécial[91] par toutes les personnesconsidérées comme juives aux termes des Lois de Nuremberg, Göring étant, pour sa part, partisan de la création deghettos[92] . Si ces deux mesures ne sont pas retenues, le pogrom a atteint son but et l'émigration juive s'accélère :80000[93] Juifs fuient le Reich, « dans les circonstances les plus traumatisantes », entre la fin de 1938 et le début de laguerre[94] . Dans la foulée, les discriminations antisémites se multiplient et se durcissent : le 15 novembre 1938, tousles enfants juifs encore présents dans les écoles allemandes en sont chassés ; le 19, les Juifs sont privés d'aide sociale; le 28, le ministre de l'intérieur informe les présidents des länder qu'ils peuvent exclure les Juifs de certains espacespublics et le lendemain, il interdit aux Juifs de posséder des pigeons voyageurs. Durant les mois de décembre 1938 etjanvier 1939, les mesures destinées à exclure les Juifs de la vie publique, professionnelle et culturelle sont de plus enplus nombreuses et de plus en plus dures[95] . Si les autorités nazies s'acharnent sur les victimes des pogrom, ellesfont preuves d'une mansuétude toute particulière à l'égard des auteurs des pires exactions. Les incendies, lesdestructions et les brutalités sont conformes aux instructions données successivement par les responsables de la SA,Heinrich Müller et Heydrich, mais tel n'est pas le cas des pillages, des meurtres et des viols. Le pogrom terminé, lestueurs ne sont que rarement poursuivis ou condamnés à des peines particulièrement légères[96] ; dans une lettresecrète au procureur de Hambourg, le ministère de la Justice précise, le 19 novembre, que l'assassinat de Juifs et lesdommages corporels graves [...] ne devaient être sanctionnés que « s'ils avaient été dictés par des raisonspersonnelles »[97] . Par contre, les coupables de viol sont expulsés du parti et traduits devant les tribunaux civils, letribunal interne du parti nazi estimant ce crime, contraire aux lois de Nuremberg qui interdisent depuis 1935 « touterelation sexuelle entre Juifs et Gentils[98] » plus grave que le meurtre. Dans son rapport du 13 février 1939 adressé à

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Goebbels, l'Obergruppenführer Walter Buch, qui enquête sur les excès commis pendant la nuit de Cristal, relève 16faits, dont 3 à caractère sexuel et 13 meurtres ; il recommande que les poursuites soient abandonnées à l'exception dedeux cas de viol, les assassins ayant agi sur l'ordre de leurs supérieurs ou en pensant que leurs crimes étaientconformes aux instructions[99] .

Commémorations en Allemagne : du silence à la célébration

Timbre commémoratif pour le 50e anniversaire de la nuit deCristal.

La commémoration de la nuit de Cristal[100] resteconfidentielle pendant de nombreuses années. Au cours desannées quarante et cinquante, les mentions dans la presse sontrares : la première d'entre elles est effectuée dans le Tagesspiel,quotidien de Berlin-Ouest, le 9 novembre 1945, ce journal nerevenant sur l'événement qu'en 1948. À l'Est, le journal officielNeues Deutschland, publie sur le sujet en 1947 et 1948, puisaprès plusieurs années de silence, en 1956 ; en 1958, levingtième anniversaire du pogrom n'est pas mentionné. Il fautattendre le quarantième anniversaire de l'événement, en 1978,pour que celui-ci soit commémoré par la société toutentière[101] .

Le 70e anniversaire de la nuit de Cristal, le 9 novembre 2008 à la synagogue de la Rykestrasse, est l'occasion pour lachancelière allemande Angela Merkel de lancer un appel afin que « l’héritage du passé serve de leçon pour l’avenir ».La chancelière dénonce « l’indifférence à l‘égard du racisme et de l’antisémitisme ». Pour elle, c’est un premier pasqui peut remettre en cause des valeurs incontournables. « Trop peu d’Allemands ont eu à l’époque le courage deprotester contre la barbarie nazie (...). Cette leçon à tirer du passé vaut aujourd’hui pour l’Europe, mais aussi pourd’autres régions, notamment pour les pays arabes »[102] ,[103] .Une commémoration importante s'est aussi tenue à Bruxelles le 9 et le 10 novembre 2008[104] .

Kristallnacht ou Reichspogromnacht ? : querelle étymologique

Magasin juif saccagé à Magdebourg

Si tous les auteurs s'accordent sur le fait que l'expression « nuitde Cristal » (« Kristallnacht ») fait référence aux débris deverre encombrant les trottoirs devant les vitrines des magasinsjuifs saccagés, et qu'elle apparaît à Berlin, le consensus nedépasse pas cette généralité. Pour Kershaw, ce terme provientdu « parler populaire[105] », pour Karl A. Schleunes, il s'agitd'une dénomination inventée par de beaux esprits berlinois[106]

. Selon Arno J. Mayer, l'appellation a été créée par lapropagande nazie[107] afin de concentrer l'attention du publicsur les dommages matériels, en occultant les pillages et lesviolences physiques[108] . Elle est utilisée par un responsablenazi du Gau de Hanovre lors d'un discours prononcé le24 juin 1939, avec une connotation « humoristique »[101] .

« Nuit de Cristal ! Cela brille et pétille comme lors d’une fête. Il est grand temps que ce terme, offensant par saminimisation, disparaisse à tout le moins des ouvrages historiques »

— Avraham Barkai, 1988[109] . Dans un ouvrage paru en 2001, le politologue allemand Harald Schmid[110] souligne la multiplicité des termes utilisés pour désigner les violences antisémites des 9 et 10 novembre 1938 et

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l'interprétation controversée donnée au vocable « nuit de Cristal ». Remis en cause dès le 10e anniversaire del'événement, il est remplacé, en 1978, par le terme politiquement correct de Reichspogromnacht, qui s'imposedurablement à partir des célébrations du cinquantième anniversaire en 1988[101] . Ce débat sur la terminologie estessentiellement circonscrit en Allemagne et en Autriche et peut susciter un profond étonnement dans le mondeuniversitaire anglophone[111] . La diversité du vocabulaire selon les aires linguistiques est illustrée lors du 70e

anniversaire : alors qu'en Allemagne, la chancelière Angela Merkel n'utilise que le terme pogromnacht[112] , àBruxelles, le président du CCOJB emploie le terme Kristallnacht[113] .

Annexes

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• Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Flammarion, Paris, 2001 (ISBN 2-08-212529-7)

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Judenverfolgung 1933-1945, Piper, Munich, 1989 (ISBN 3492110665)

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Voir aussi• Nouvelle synagogue de Berlin• Histoire des Juifs en Allemagne• Synagogues détruites pendant la nuit de Cristal : Plus de 600 synagogues ou oratoires juifs furent détruits lors de

la nuit de Cristal aussi bien dans des grandes villes que dans de petits bourgs. Certaines synagogues étaientreconnues comme des monuments historiques. Les liens ci-dessous renvoient à l'historique de certaines de cessynagogues.• Synagogue d'Alsfeld (1905-1938)• Synagogue de Baden-Baden (1899-1938)• Synagogue de Constance (1883-1938)• Ancienne synagogue de Dresde (1840-1938)• Synagogue principale de Francfort (1860-1938)• Synagogue de Fribourg-en-Brisgau (1870-1938)• Synagogue de la Glockengasse (1861-1938) - (Cologne)• Synagogue de Goppingen (1881-1938)• Synagogue de Gross-Gerau (1892-1938)• Ancienne synagogue d'Heilbronn (1877-1938)• Grande synagogue de Leipzig (1855-1938)• Synagogue de la Neudeggergasse (1903-1938) - (Vienne - Autriche)• Synagogue de Pforzheim (1892-1938)• Synagogue de la Tempelgasse (1858-1938) - (Vienne - Autriche)

Liens externes• (fr) Site de l'exposition La Nuit de Cristal - Mémorial de la Shoah, Paris [114]

• (fr) Chronologie de la Shoah, des origines à Nuremberg [115] : les dates qui comptent dans la montée en puissancede l'antisémitisme nazi.

• (fr) La nuit de cristal [116]

• (fr) Témoignage de Shmuel Grynszpan au procès Eichmann [117]

• (en) The night of broken glasses [118]

• (en) The Grynszpan's testimony at the Eichmann trial [119]

• (de) Discours du 9 novembre 2008 de la chancelière Angela Merkel [120]

Notes et références

Références[1] « Si le pogrom ne permettait point encore de soupçonner ce qu'allait être la réalité d'Auschwitz, de Belzec, de Sobibor de Treblinka ou de

Chelmno, il laissait toutefois deviner les rouages d'une entreprise meurtrière dont l'existence et le fonctionnement auraient été inconcevablesauparavant en Europe », Kurt Pätzold, La « nuit de cristal » : les responsables, les victimes et la « majorité silencieuse», in, François Bédarida(dir.), La politique nazie d'extermination, Albin Michel, Paris, 1989, p. 201.

[2] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 66[3] Ian Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 360-362[4] Ian Kershaw, Hitler, 1889-1936, p. 672-673[5] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 115-116[6] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 121-128[7] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 319-331[8] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 337[9] Grynszpan souhaitait assassiner l'ambassadeur mais a tiré sur le diplomate auquel il avait été adressé, Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 229[10] Grynszpan ne sera jugé ni en France ni en Allemagne ; le 18 janvier 1941, il est déporté à Sachsenhausen où l'on perd sa trace, Rita

Thalmann, Emmanuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 67-87

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[11] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 80[12] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 655[13] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 229[14] Si pour Ian Kershaw, ces premières exactions antisémites sont menées « sans aucune directive venue du sommet », selon Richard J. Evans

elles découlent, du moins en Hesse, d'instructions expresses de Goebbels[15] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 229[16] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 230[17] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 654[18] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 341[19] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 229[20] 19 heures selon Ian Kershaw, 21 heures pour Friedländer, entre 19 et 20 heures pour Schwab[21] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 342[22] Joseph Goebbels, Journal. 1933-1939, p. 647[23] Jour férié depuis l'accession d'Hitler au pouvoir, Gerad Schwab, The day the holocaust began. The odiyssey of Herschel Grynszpan, p. 20[24] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 229[25] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 20[26] Pour Richard J. Evans, si Hitler ne se prononce pas en public, il donne cependant l'ordre à Goebbels d'organiser « une grande offensive

nationale contre les Juifs » et « une mise en scène destinée à faire croire aux fidèles du parti réunis à l'hôtel de ville de Munich que l'opérationétait le fruit d'une réaction à chaud dictée par l'émotion et la colère », Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 655

[27] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 656-657[28] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 344[29] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 657[30] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 93-94[31] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 24-25[32] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 21[33] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 350-351[34] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 664[35] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 131[36] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 131-132[37] Joseph Goebbels, Journal. 1933-1939, p. 648[38] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 231[39] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 232[40] Voir notamment la carte des synagogues détruites pendant la nuit du 9 au 10 novembre 1938, in Richard J. Evans, Le troisième Reich.

1933-1939, p. 662[41] S'ils ont ordre de participer au pogrom, les membres de la SS doivent le faire « en civil », Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 232[42] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 345-346[43] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 348-349[44] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 232-233[45] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 658[46] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 101[47] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 105[48] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 659[49] Evan Burr Bukey, Hitler's Austria, Popular Sentiment in the Nazi Era, 1938-1945, The University of North Carolina Press, 2000, p. 30-32[50] Gerhard Botz, La persécution des Juifs en Autriche : de l'exclusion à l'extermination,in François Bédarida (dir.), La politique nazie

d'extermination, Albin Michel, Paris, 1989, p. 216-217[51] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 664-665[52] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 107[53] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 113-114[54] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 26[55] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 234-235[56] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 467[57] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 235[58] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 660[59] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 121-122[60] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 236-237[61] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 237[62] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 347[63] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 81[64] Rita Thalmann, Emmanuel Feinermann, La nuit de cristal, p. 196

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[65] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 85[66] Hans-Jürgen Döscher, Reichskristallnacht”. Die Novemberpogrome 1938, Econ Tb. 2000, p. 120[67] (de)Kurt Pätzold, Irene Runge, Kristallnacht. Zum Pogrom 1938, Pahl-Rugenstein, Köln 1988, p.33[68] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 374-375[69] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 374[70] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 376[71] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 87[72] (de)Helmut Genschel, Die Verdrängung der Juden aus der Wirtschaft im Dritten Reich, Göttinger Bausteine zur Geschichtswissenschaft

Band 38, Musterschmidt-Verlag, Göttingen 1966, p. 191[73] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 86[74] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, p. 81-83[75] Le général Werner von Fritsch, pourtant déchu de son poste de chef d'état-major de l'armée de terre par les nazis, estime que le pogrom

correspond « à la destinée de l'Allemagne », William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 471-472[76] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 471[77] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 371-372[78] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 369[79] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 237-238[80] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 22[81] Daniel Jonah Goldhagen, Les bourreaux volontaires de Hitler. Les Allemands ordinaires et l'holocauste, Paris, Seuil, 1997, p. 110[82] Peter Longerich, « Nous ne savions pas ». Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Éditions Héloïse d'Ormesson, 2008, p. 173.[83] Rita Thalmann, Emannuel Feinermann, La nuit de cristal. 9-10 novembre 1938, p. 148[84] Arno J. Mayer, La « solution finale » dans l'histoire, La Découverte, Paris, 1990, p. 201[85] Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 668[86] Arno J. Mayer, La « solution finale » dans l'histoire, La Découverte, Paris, 1990, p. 201[87] Peter Longerich, « Nous ne savions pas ». Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Éditions Héloïse d'Ormesson, 2008, p. 174-175.[88] D'après Richard J. Evans, la somme totale qui fut volée aux Juifs en 1938 et 1939, suite à la nuit de Cristal et sans tenir compte des

aryanisations, excède largement les deux milliards de Reichsmarks, Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 670[89] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 31[90] Une pièce de théâtre, Du cristal à la fumée, de Jacques Attali, mise en scène de Daniel Mesguich, théâtre du Rond-Point, Paris, jouée du

16-09-2008 au 28-09-2008, évoque cet épisode (http:/ / www. evene. fr/ culture/ agenda/ du-cristal-a-la-fumee-24805. php)[91] Le port de l'Étoile jaune est imposée par un décret du 1er septembre 1941[92] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 352-355[93] 115000 entre le 10 novembre 1938 et le 1er septembre 1939 selon Richard J. Evans, Le troisième Reich. 1933-1939, p. 674[94] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 241[95] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, les années de persécution, p. 357-364[96] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 467[97] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années de persécution, p. 347[98] William L. Shirer, Le IIIe Reich, p. 467[99] Gerald Schwab, The day the holocaust began. The odyssey of Herschel Grynszpan, p. 27[100] sauf mention contraire, cette section est rédigée sur la base de Ludwig Eiber, Reichskristallnacht - Reichspogromnacht. Reflection on the

Change of a Term, in Peter M. Daly, Building history. The Shoah in Art, Memory and Myth, p. 73-86[101] Harald Schmid: Sprachstreit im Novemberland Freitag 46, Die Ost-West-Wochenzeitung, 8. November 2002 (http:/ / www. freitag. de/

2002/ 46/ 02461801. php)[102] Pascal Thibault, «  Il y a 70 ans, la Nuit de Cristal (http:/ / www. rfi. fr/ actufr/ articles/ 107/ article_74566. asp) », 9 novembre 2008,

Radio-France International. Consulté le 11 novembre 2008[103] d'autres dépêches (http:/ / afp. google. com/ article/ ALeqM5hdkobxbtrT9Sk88suSDHZFxd4OwQ)[104] On Promoting Tolerance Throughout the European Continent (http:/ / ccojb. be/ dossiers/ evenements/ tolerance/ )[105] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, p. 219[106] Karl A. Schleunes, Un tortueux itinéraire : les politiques nazies envers les Juifs allemands (1933-1939), in L'Allemagne nazie et le

génocide juif, Colloque de l'École des hautes études en science sociale, Gallimard-Le Seuil, Paris, 1985, p. 128[107] Cette hypothèse est partagée par Michal Bodemann, Gedächtnistheater. Die judische Gemeinschaft und ihre deutsche Erfindung, Hamburg,

1996, p. 92[108] Arno J. Mayer, La « solution finale » dans l'histoire, La Découverte, Paris, 1990, p 199-200[109] cité par Walter H. Pehle, Der Judenpogrom 1938: Von der « Reichskristallnacht » zum Völkermord., Frankfurt am Main 1988, p. 113[110] Harald Schmid, Errinern an den Tag der Schuld. Das Novemberpogrom von 1938 in der deutschen Geschiktpolitik, Hamburg,

Ergenisse-Verlag, 2001[111] voir notamment, Naomi Kramer, Kristallnacht - the Icon of the Shoah, in Peter M. Daly, Building history. The Shoah in Art, Memory and

Myth, p. 67-71

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[112] Discours du 9 novembre 2008 de la chancelière Angela Merkel (http:/ / www. bundeskanzlerin. de/ nn_915660/ Content/ DE/ Archiv16/Rede/ 2008/ 11/ 2008-11-09-gedenkfeier. html)

[113] Discours de Joël Rubinfeld (http:/ / ccojb. be/ dossiers/ evenements/ tolerance-discours-joel-rubinfeld)[114] http:/ / www. memorialdelashoah. org/ upload/ minisites/ nuit_de_cristal/ index. htm[115] http:/ / www. herodote. net/ frises_theme/ chrono. php?theme=Shoah[116] http:/ / www. jewishtraces. org/ rubriques/ ?keyRubrique=la_nuit_de_cristal[117] http:/ / www. jewishtraces. org/ rubriques/ ?keyRubrique=Schmuell_grynszpan[118] http:/ / www. jewishtraces. org/ rubriques/ ?keyRubrique=TheNightofbrokenglasses[119] http:/ / www. jewishtraces. org/ rubriques/ ?keyRubrique=the_grynszpans_at_the_eichmann_trial[120] http:/ / www. bundeskanzlerin. de/ nn_915660/ Content/ DE/ Archiv16/ Rede/ 2008/ 11/ 2008-11-09-gedenkfeier. html

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AnschlussL’Anschluss ou Anschluß[1] ,[2] est le nom donné à l’annexion de l’Autriche par l'Allemagne nazie en 1938.Les événements de 1938 ont marqué le point culminant des pressions transnationales pour unifier les populationsallemandes et autrichiennes au sein d’une même nation. Dans les années qui précédèrent l’Anschluss, l’Allemagnenazie avait soutenu le parti nazi autrichien dans sa tentative de conquérir le pouvoir et de doter l’Autriche d’ungouvernement nazi. Totalement attaché à l’indépendance de son pays, mais soumis à des pressions grandissantes, lechancelier autrichien, Kurt von Schuschnigg, tenta d’organiser un référendum pour demander à la populationautrichienne si elle souhaitait rester indépendante ou être incorporée à l’Allemagne.

L’entrée de la police allemande à Imst.

Alors que le chancelier espérait un résultat favorable aumaintien de l’indépendance de l’Autriche, le parti naziautrichien organisa un coup d'État, planifié de longue date,le 11 mars 1938, peu avant le référendum qui fut annulé.Le pouvoir ayant été transféré à l’Allemagne, les troupes dela Wehrmacht entrèrent en Autriche pour soutenirl’annexion, sans rencontrer la moindre opposition. Aucours du mois suivant, les nazis organisèrent un plébiscite,demandant au peuple de ratifier le rattachement del’Autriche au Reich, qui, de facto, avait déjà eu lieu : 99,73% des votes furent favorables à l'annexion.

Si les Alliés de la Première Guerre mondiale étaient, en théorie, responsables du respect des termes du traité deVersailles et du traité de Saint-Germain-en Laye, qui prohibaient une union entre l’Allemagne et l’Autriche,l'Anschluss ne suscita que peu de protestations de la France ou du Royaume-Uni, protestations qui furent d'ailleursuniquement diplomatiques et n'eurent aucun effet.

L’Anschluss fut une des étapes majeures dans la création, voulue depuis longtemps par Adolf Hitler, d’un Reichregroupant les pays et territoires germanophones. Avant l’Anschluss, l’Allemagne avait déjà récupéré la Rhénanie etla Sarre après quinze années d’occupation par les troupes françaises ; après l’annexion de l’Autriche, elle s’empara duterritoire des Sudètes, en Tchécoslovaquie, le reste du pays étant transformé en protectorat en 1939. Au cours de lamême année, l’Allemagne annexa également le territoire de Memel, en Lituanie, ce qui constitua le dernieragrandissement territorial du Troisième Reich sans recours aux armes, avant le déclenchement de la Seconde Guerremondiale.L'Anschluss entraîna une profonde « nazification » de la société autrichienne, qui laissa encore des traces dans l'histoire politique récente du pays, et l’Autriche cessa d’exister en tant qu’État indépendant jusqu’en 1945.

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Anschluss 59

Considérée comme « la première victime du nazisme » par les Alliés, l'Autriche fut dotée d'un gouvernementprovisoire le 27 avril 1945, lors de sa libération par l'Armée rouge. Elle retrouva sa pleine souveraineté en 1955.

Les prémices

La dissolution de l'Autriche-Hongrie.  Frontières del'Autriche-Hongrie en 1914 Frontières en 1914 Frontières en

1920 Empire d'Autriche en 1914      Royaume de Hongrie en 1914     Bosnie-Herzégovine en 1914

Du XIXe siècle à la fin des années 1920

Le projet de regrouper tous les Allemands au sein d’unseul État fait l’objet de débats sans suite concrètedepuis la fin du Saint-Empire germanique en 1806. En1848, le parlement de Francfort émet le vœu derassembler tous les Allemands en un seul État nationalhomogène, intégrant les Allemands autrichiens etrejetant la monarchie multinationale des Habsbourgs[3]

. En 1850, l'Autriche rejoint la confédérationgermanique dont elle est exclue par Otto von Bismarcken 1866, à la suite de la guerre austro-prussienne[3] .

Dans les années qui suivent, le rattachement àl'Allemagne n'est soutenu en Autriche que par le partinational allemand, qui reste minoritaire[3] et n'est pas soutenu par l'Allemagne : craignant que l'Autriche ne rechercheà fonder une coalition anti-allemande, Bismarck adopte, à partir de 1870, une politique qui vise à rassurer Vienne etdéclare, le 7 février 1871, que les aspirations de la fraction qui œuvre à l'intégration des territoires allemands de lacouronne autrichienne à l'Allemagne ne correspondent pas aux objectifs de sa politique[4] . L'Autriche se rapproche ànouveau de l'Allemagne en octobre 1879, lorsqu'elle conclut avec celle-ci un traité d'alliance militaire défensive : «François-Joseph devenait l'allié de Guillaume Ier en attendant d'être, en 1914, « le brillant second » de Guillaume II[5]

. » Cette « confédération germanique sous une forme actualisée » suscite des réserves en Autriche, à cause de laprépondérance de Berlin[6] .

Lorsque l’empire austro-hongrois éclate suite à sa défaite lors de la Première Guerre mondiale, de nombreuxAllemands et Autrichiens germanophones espèrent une unification des deux États, dans le cadre de la réorganisationde l’Europe : les traités de Versailles et celui de Saint-Germain, en son article 80, excluent explicitement lapossibilité d’une unification entre l’Autriche et l’Allemagne sauf à obtenir l'accord de la Société des Nations[7] ,[8] ,les vainqueurs voulant maintenir les vaincus dans une situation d'impuissance militaire[9] .Toujours sous la pression des Alliés, le nom du nouvel État initialement dénommé, en octobre 1918,Deutsch-Österreich est transformé en Republik Österreich[8] . Les milieux politiques autrichiens sont divisés sur laquestion de l'unification : si certains sociaux-démocrates, emmenés par Otto Bauer, souhaitent une unification, lessociaux-chrétiens y sont opposés, notamment par crainte du protestantisme allemand[10] . En Allemagne, dès 1920, leprogramme du Parti nazi exige la fusion de tous les Allemands [...] dans une grande Allemagne, ce qui préfigureimplicitement l'Anschluss ; en 1925, dans Mein Kampf, Adolf Hitler est nettement plus explicite :

« L'Autriche allemande doit revenir à la grande patrie allemande et ceci, non pas en vertu de quelconquesraisons économiques. Non, non : même si cette fusion, économiquement parlant, est indifférente ou mêmenuisible, elle doit avoir lieu quand même. Un seul sang exige un seul Reich. »

— Adolf Hitler, Mein Kampf[11] .

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Anschluss 60

De 1930 à 1938Le 18 mars 1931, le projet d'union douanière dit « plan Schober-Curtius », du nom des ministres des affairesétrangères autrichien Johann Schober et allemand Julius Curtius, est signé entre l'Allemagne et l'Autriche. La Frances'y oppose. Le 3 septembre les deux ministres annoncent officiellement à la commission des affaires européennes dela Société des Nations qu'ils y renoncent. Le 5 septembre 1931, la cour internationale de justice de La Haye,s'appuyant sur l'article 88 du traité de Saint-Germain-en-Laye et sur le protocole de Genève du 4 octobre 1922,condamne cette union douanière par 8 voix contre 7[12] .

Engelbert Dollfuss sur un timbrepostal de 1936.

Au cours des années 1930, les nazis autrichiens connaissent une notableprogression sur le plan électoral, en passant de 112000 voix aux élections de 1930à 230000 voix lors des élections partielles de 1932, dans les Länder de Vienne,Salzbourg et Styrie[13] . Maintenus dans l'opposition, ils se lancent dans unestratégie de tension et recourent au terrorisme, ce qui débouche, le 19 juin 1933,sur l'interdiction du parti nazi suite à un attentat meurtrier contre des gymnastescatholiques[14] . Face aux tensions entre les socialistes, appuyés par leur milice, leSchutzbund, et les catholiques, eux aussi appuyés par une milice, les Heimwehren,le Chancelier chrétien-social Engelbert Dollfuss établit, en mars 1933, unedictature cléricalo-fasciste à parti unique, connue sous le nom d'Austrofascisme[15]

: il ajourne le parlement, dissout le parti communiste et le parti nazi, et utilise lesHeimwehren comme police auxiliaire pour écraser le soulèvement des socialistesviennois en mars 1934[16] ; la répression fait un millier de morts et trois à quatre mille blessés[15] .

Le 25 juillet 1934, les nazis autrichiens tentent un coup d'État lors duquel ils assassinent Dolfuss, assassinatvraisemblablement commandité par Adolf Hitler[17] ; la tentative de prise de pouvoir échoue, au grand dam decelui-ci, qui n'ose cependant intervenir en raison de la position de l'Italie fasciste, Benito Mussolini garantissantl'indépendance de l'Autriche[18] .Bien qu'il ait affirmé lors de la parution du premier volume de Mein Kampf, en 1925, que l'union de l'Allemagne etde l'Autriche était, pour les Allemands, « une tâche qu'ils [les Allemands] devaient s'employer à accomplir, par tousles moyens et tout au long de leur vie[19] », l'échec du putsch et l'attitude de l'Italie forcent Hitler à adopter uneposition publique conciliante et rassurante : dans l'important discours qu'il prononce devant les membres duReichstag, le 21 mai 1935, Hitler affirme que « l'Allemagne n'a ni l'intention, ni le désir de se mêler des affairesintérieures de l'Autriche, d'annexer l'Autriche ou de réaliser l'Anschluss[20] . » L'absence de réaction des puissancesalliées à l'entrée des troupes allemandes en Rhénanie, en mars 1936, permet à Hitler de renforcer la pression surl'Autriche et de contraindre le successeur de Dolfuss, Kurt von Schuschnigg, à entamer avec Franz von Papen,ambassadeur à Vienne, des négociations visant à rapprocher les deux pays sous l'égide allemande[21] .De 1934 à 1938, Schuschnigg mène une intense mais prudente activité diplomatique afin de faire garantirl'indépendance de son pays par l'Italie, la France et la Grande-Bretagne pendant que le chef d'état-major de l'arméeautrichienne, Alfred Jansa, dresse des plans pour s'opposer militairement à une éventuelle agression allemande[22] .Si l'accord du 11 juillet 1936 réaffirme le maintien de l'indépendance de l'Autriche, celle-ci est désignée comme « le second État allemand » et elle s'engage à « mener une politique extérieure conforme aux intérêts pangermaniques » et à autoriser l'activité politique du parti nazi[23] . Au cours de l'été 1937, Hitler fait part à Joseph Goebbels de sa volonté de résoudre le problème autrichien par la force, non seulement pour des raisons idéologiques, stratégiques et militaires, mais aussi pour des motifs économiques, l'Autriche disposant d'importantes réserves d'or et de devises, de main-œuvre et de matières premières[24] ; ces motifs économiques expliquent le rôle majeur joué par Hermann Göring, ministre du Plan quadriennal, dans la préparation et l'exécution de l'Anschluss[25] , [26] Lors de la signature par Mussolini du pacte anti-Komintern, le 6 novembre 1937, le Duce déclare à Joachim von Ribbentrop que les événements en Autriche peuvent suivre leur cours naturel : la souveraineté de l'Autriche a perdu son dernier garant[27] , la France et la Grande-Bretagne n'ayant pas montré d'intérêt pour la défense de l'indépendance

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Anschluss 61

autrichienne[28] .

L'Anschluss

Les premières actions d’Hitler

Wilhelm Keitel en 1934

Début 1938, Adolf Hitler a consolidé son pouvoir en Allemagne,notamment avec la mise à l'écart de Werner von Blomberg et deWerner von Fritsch[29] , et il est prêt à atteindre l’un des objectifs qu’ils’est fixé de longue date : l’expansion du Reich.

Hitler rencontre le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg le12 février 1938 à Berchtesgaden, en Bavière. Schuschnigg est accueillià la frontière par Franz von Papen, pourtant limogé de son poste àVienne depuis le 4 février, qui lui annonce que la rencontre sedéroulera en présence de Wilhelm Keitel, le nouveau chef de l'OKW,de Walther von Reichenau, commandant des forces terrestres dans lazone austro-bavaroise, et de Hugo Sperrle, responsable de la Luftwaffedans la même région, « arrivés par hasard[30] ». Hitler accueilleSchuschnigg avec une courtoisie minimale et se lance, dès le début deleur tête-à-tête, dans une diatribe cinglante. Ses vitupérations durenttoute la matinée et mettent le chancelier autrichien sous une fortepression[31] .

« Vous avez tout fait pour empêcher une politique amicale [...].L'histoire de l'Autriche n'est qu'un acte ininterrompu de haute trahison. [...] Ce paradoxe historique doitmaintenant parvenir à son terme, qui devrait être depuis longtemps échu. Et je puis vous l'affirmer ici,monsieur Schuschnigg : je suis absolument résolu à ce que cela cesse. Le Reich allemand est l'une des grandespuissances et personne n'osera élever la voix s'il décide de régler le problème de ses frontières. »

— Adolf Hitler au chancelier Schuschnigg[30]

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Anschluss 62

De gauche à droite, Arthur Seyss-Inquart, AdolfHitler, Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich

Dans l'après-midi, Joachim von Ribbentrop et von Papen présentent àSchuschnigg un projet d'« accord », en lui précisant qu'il n'est pasnégociable[30] . L'interdiction des activités du parti nazi autrichien doitêtre levée et ses membres en prison amnistiés. Arthur Seyss-Inquart, unavocat membre du parti nazi, doit être nommé ministre de l’Intérieurayant l'autorité sur les services de police et de sécurité, et EdmundGlaise-Horstenau, ministre sans portefeuille[32] . Les armées allemandeet autrichienne doivent établir des relations étroites, et le systèmeéconomique autrichien doit être intégré à celui de l'Allemagne[30] .Lors de la seconde entrevue du chancelier autrichien avec Hitler,celui-ci le menace explicitement d'une intervention militaire en cas derefus : Schuschnigg finit par céder[30] , ce qui inspire à Hitler lecommentaire que « les canons parlent toujours le bon langage[33] ». Deretour à Vienne, Schuschnigg fait part au président de la républiqueautrichienne, Wilhelm Miklas, des exigences allemandes, qui doiventêtre officiellement acceptées au plus tard le 15 février et mises enœuvre le 18 ; devant le refus de Miklas de mettre Seyss-Inquart à latête des forces de police et de sécurité, Hitler, informé par von Papen,fait organiser des manœuvres miliaires le long de la frontière. Miklascède à son tour et, le 16 février, le gouvernement autrichien annonce l'amnistie générale des nazis emprisonnés, ycompris des assassins d'Engelbert Dollfuss, et la nomination de Seyss-Inquart comme ministre de la Sûreté[34] ,[35] .Le 18 février, les SA défilent en uniforme à Linz avec d'immenses drapeaux à croix gammée. Le 1er mars, ArthurSeyss-Inquart se rend à Graz et, selon un journaliste britannique, on croirait entrer dans une ville de l'Allemagnenazie : la majorité des gens dans les rues portent des emblèmes à croix gammée, soit des insignes en métal, soit lesigle officiel du NSDAP, et les jeunes gens échangent des saluts hitlériens et certains chantent leHorst-Wessel-Lied[36] .Malgré l'acceptation de l'« accord », Hitler durcit encore le ton lors d'un discours devant les membres du Reichstag,le 20 février 1938.

« Plus de 10 millions d'Allemands vivent dans deux des États qui ont une frontière commune avec nous[37] .Pour une puissance mondiale, il est intolérable de savoir qu'à ses côtés des frères de race subissent à chaqueinstant les plus cruelles souffrances parce qu'ils se sentent solidaires de la nation tout entière, en union avecelle, avec sa destinée et son Weltanschauung. C'est au Reich allemand de protéger les peuples germaniques quine sont pas en mesure d'assurer, par leur propre effort, le long de nos frontières, leur liberté politique etspirituelle. »

— Adolf Hitler[34] .

L'hôtel de ville de Graz

Quatre jours plus tard, dans un discours au Bundestag, le parlementautrichien, Schuschnigg réplique en déclarant que « l'Autriche s'estengagée sur la voie des concessions jusqu'au point où nous devonsnous arrêter, nous n'irons pas plus loin » et en affirmant que l'Autrichene renoncera jamais à son indépendance[34] . La radiodiffusion dudiscours de Schuschnigg suscite de violentes réactions des nazisautrichiens : à Graz, 20000 nazis envahissent la place del'Hôtel-de-Ville, détruisent les haut-parleurs et remplacent le drapeauautrichien par la bannière allemande à croix gammée, sans que la

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Anschluss 63

police, soumise à l'autorité de Seyss-Inquart, n'intervienne[34] . Au cours des semaines qui suivent, le chancelierautrichien recherche le soutien de la classe ouvrière au travers des syndicats et du parti social-démocrate, dont il apourtant maintenu l'interdiction prononcée par Dollfuss après la répression de 1934 ; cela n'empêche pas lessocialistes de proclamer leur soutien au gouvernement pour préserver l'indépendance du pays et d'organiser unrassemblement populaire le 4 mars, leur seule demande étant que leur activité politique soit à nouveau autorisée,comme cela a déjà été le cas pour celle du parti nazi autrichien[34] .

Le projet de référendum et la démission de Schuschnigg

Benito Mussolini et Adolf Hitler

Le 9 mars 1938, Schuschnigg fait une dernière tentative pour préserverl’indépendance de l’Autriche : il annonce, lors d'un discours àInnsbruck, sans avoir prévenu ses ministres, la tenue d’unréférendum[38] pour le 13 mars[39] , appelant les électeurs à soutenir «une Autriche libre et allemande, indépendante et sociale, chrétienne etunie, pour la liberté et le travail, et pour l'égalité de tous ceux qui sedéclarent pour la race et la patrie », formulation qui laisse augurer d'unvote largement positif[40] . Afin de s’assurer une large majorité, il fixel’âge minimum pour voter à vingt-quatre ans, afin d’exclure lesélecteurs plus jeunes, largement acquis au nazisme[39] . L’organisationde ce référendum constitue un pari risqué pour Schuschnigg : selonAlfred Jodl, « le Führer est résolu à ne pas tolérer cela ». Dans la soiréedu 9 et dans la nuit du 9 au 10, Hitler consulte de nombreux dignitairespolitiques et militaires nazis, et ordonne à Wilhelm Keitel dès le matindu 10 mars d'envahir l'Autriche le samedi 12. Au cours des journéesdes 10 et 11 mars, Keitel, Ludwig Beck, et Erich von Mansteinpréparent l'opération et arrivent à envoyer les ordres de mobilisationaux unités concernées dès le 11 mars vers 18 heures 30[39] . Pendant ce temps, Adolf Hitler envoie un courrier àBenito Mussolini, par lequel il lui fait part de sa décision « de rétablir la loi et l'ordre dans [son] pays natal », faisantétat de la situation d'anarchie qui règne en Autriche et du fait que l'Autriche et la Tchécoslovaquie se préparent àlancer vingt millions d'hommes à l'assaut de l'Allemagne, assertions qui sont, selon William L. Shirer, « un tissu demensonges »[39] .

Le vendredi 11 mars, Schuschnigg est réveillé, à cinq heures trente du matin, par un appel téléphonique du chef de lapolice autrichienne, qui lui annonce la fermeture de la frontière à Salzbourg, l'arrêt des transports ferroviaires entrel'Allemagne et l'Autriche et des concentrations de troupes allemandes ; à dix heures, Arthur Seyss-Inquart et EdmundGlaise-Horstenau font part au chancelier autrichien de l'exigence d'Hitler de voir le plébiscite annulé sous peined'invasion militaire[41] . Expirant normalement à midi, l’ultimatum est reporté jusqu’à deux heures[32] , heure àlaquelle Schuschnigg accepte d'annuler le plébiscite. Prévenu de cette décision par Seyss-Inquart, et après avoirconféré avec Hitler, Hermann Göring formule de nouvelles exigences : la démission de Schuschnigg et sonremplacement par Seyss-Inquart[42] . Il demande également à ce dernier d'envoyer, dès sa nomination, untélégramme demandant aux autorités allemandes d'envoyer des troupes en Autriche pour y maintenir l'ordre[41] .Dans un premier temps, le président autrichien, Wilhelm Miklas, refuse la démission du chancelier, ce dont Göringest immédiatement averti par téléphone par Seyss-Inquart[42] . À la suite de cette nouvelle, Göring se rend chezHitler, dont il obtient, après une demi-heure de discussion, qu'il donne l'ordre à la 8e armée d'entrer en Autriche àl'aube du 12 mars[42] . Soumis à des pressions de plus en plus fortes, Miklas accepte finalement la démission deSchuschnigg, mais refuse de désigner Seyss-Inquart comme chancelier[41] .Schuschnigg annonce sa démission peu après dix-neuf heures trente dans un communiqué radiophonique :

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Anschluss 64

« Le gouvernement allemand a remis aujourd'hui au Président Miklas un ultimatum lui ordonnant, dans undélai imposé, de nommer au poste de Chancelier une personnalité désignée par le gouvernement allemand ; encas de refus, les troupes allemandes envahiraient l'Autriche. [...] Le Président Miklas m'a demandé de fairesavoir au peuple d'Autriche que nous avons cédé à la force parce que nous refusons, même en cette heureterrible, de verser le sang. Nous avons donc décidé d'ordonner aux troupes autrichiennes de n'opposer aucunerésistance. Je prends donc congé du peuple autrichien, en lui adressant cette formule d'adieu allemande,prononcée du plus profond de mon cœur : Dieu protège l'Autriche. »

— Kurt Schuschnigg, le 11 mars 1938[43] . À cette annonce, la foule se déchaîne à Vienne, brisant les vitrines descommerces appartenant à des Juifs ou molestant ceux-ci ; selon un journaliste témoin des faits, « la ville setransforme en un cauchemar peint par Jérôme Bosch [...] Ce qui se déchaîne à Vienne est un torrent d'envie, dejalousie, d'amertume, d'aveuglement, une malveillante envie de revanche[44] . »

Salzbourg

Bien organisés, les nazis autrichiens prennent le pouvoir en Carinthieet en Styrie, et occupent des bâtiments publics et des gares ferroviairesà Innsbruck, Linz, Salzbourg, Graz, Klagenfurt et Vienne[42] . Le refusdu président Miklas de constituer un gouvernement nazi dirigé parSeyss-Inquart, et l'absence d'un télégramme d'appel à l'aide venant decelui-ci, mettent Hitler hors de lui : à 20 heures 45, il donneformellement l'ordre d'invasion ; trois minutes plus tard, il faittransmettre à Seyss-Inquart le texte du télégramme, en précisant qu'iln'est plus nécessaire de l'envoyer mais simplement de marquer sonaccord sur son contenu[45] . Dans la nuit, le texte du télégramme[46] estenvoyé à la presse allemande qui le publie le lendemain matin : la Une du Völkischer Beobachter porte commemanchette « L'AUTRICHE ALLEMANDE SAUVÉE DU CHAOS »[45] . Vers minuit, après que les principauxcentres du pouvoir à Vienne sont tombés entre les mains des nazis autrichiens et que la plupart des membres dugouvernement a été arrêtée, et vu l'absence de réaction de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie et de laTchécoslovaquie, le président Miklas accepte de nommer Seyss-Inquart chancelier[45] . Celui-ci tente en vaind'empêcher l'arrivée des troupes allemandes, en appelant la chancellerie du Reich et l'OKW : « Hitler avait pris l'unede ses décisions inébranlables ; il ne pensait pas seulement qu'il était immoral de laisser une telle armée désœuvrée,il considérait également que les nazis autrichiens n'étaient pas dignes de confiance[42] . »

L’annexion

L'arrivée des unités blindées à Vienne

Le matin du 12 mars 1938, la 8e armée de la Wehrmacht franchit lafrontière austro-allemande. Les troupes allemandes ne rencontrentaucune résistance de la part de l’armée autrichienne[32] , bien aucontraire : elles sont accueillies par des acclamations, des Heil Hitler,des drapeaux nazis et des fleurs, ce qui explique que cette invasion soitparfois nommée Blumenkrieg (« la guerre des fleurs »). Après les unitésmotorisées, c'est à l'infanterie d'entrer en Autriche, non en formation decombat, mais en défilant avec drapeaux et musique militaire[47] . Pourun officier, « jamais des troupes allemandes n'ont été accueillies aussichaleureusement depuis le défilé triomphal de Bismarck lors de lafondation du Reich[47] . » Peu avant midi, la 2e division blindée,commandée par Heinz Guderian, arrive à Linz. Guderian y est rejoint par Heinrich Himmler, Arthur Seyss-Inquart etEdmund Glaise-Horstenau qui lui annoncent que l'arrivée d'Adolf Hitler est prévue vers quinze heures[47] . LaWehrmacht révèle cependant son impréparation puisque pas moins de 70% de ses véhicules tombent en panne sur laroute de Vienne[48] .

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Hitler pénètre en Autriche peu avant seize heures à Braunau, son village natal. En raison de la foule amassée sur sonpassage, il n'arrive à Linz que vers dix-neuf heures trente, où il reçoit un accueil enthousiaste ; lorsqu'il y prend laparole d'un balcon de l'hôtel de ville, il est acclamé par 60 à 80000 personnes[47] .L'occupation systématique de la totalité du territoire autrichien se poursuit méthodiquement : à Salzbourg, lestroupes de montagne allemandes découvrent une ville pavoisée de drapeaux nazis et à son arrivée à Vienne, versminuit, Guderian reçoit un accueil enthousiaste[49] . S'il n'était pas prévu, à l'origine, d'envoyer des troupes en Styrieet en Carinthie, Hitler modifie ses plans au vu de l'accueil réservé aux soldats allemands par la populationautrichienne : dans la journée du 13 mars, les hommes du 2e régiment de parachutistes atterrissent à Graz ; dans cesdeux provinces, les unités sont à nouveau « bombardées de fleurs, même dans les hameaux slovènes à la frontièreavec la Yougoslavie[49] ». Dans la soirée du 14 mars, toute l'Autriche est occupée[49] .Le 14 mars 1938, Hitler quitte Linz pour se diriger vers Vienne en faisant une étape à Melk, puis à Sankt Pölten : decette ville, il poursuit son trajet vers la capitale à vingt kilomètres par heure, afin de satisfaire la foule[49] . Peu avantdix-huit heures, le Führer pénètre à Vienne par la Ringstrasse et se rend à l'hôtel Impérial pour y rencontrer lesmembres du nouveau gouvernement dirigé par Seyss-Inquart. Bien que la foule ait été avertie que Hitler était tropfatigué pour prendre la parole, des milliers de personnes restent massées à l'extérieur de l'hôtel : Hitler adressecependant à la population un bref discours qu'il conclut par « personne ne pourra jamais diviser à nouveau le Reichallemand tel qu'il existe aujourd'hui[49] ».

La Heldenplatz

Le lendemain, au milieu de la matinée, près de 250000 personnes sedirigent vers la Heldenplatz, où Hitler arrive vers onze heures et reçoitun accueil triomphal de la foule rassemblée sur la place et à sesalentours. « Elle est composée de personnes issues de toutes les classessociales. Pour une fois, ouvriers et bourgeois se tiennent côte à côte,avec un enthousiasme indivisible. Mon impression prédominante etqu'elle est composée de jeunes plutôt mal habillés. Il ne s'agit pas d'un

rassemblement de réactionnaires réunis pour célébrer leur triomphe. Quelle que soit sa motivation, c'est le peuple deVienne qui emplit les rues[49] . »

Par la suite, Hitler commente cet épisode comme suit : « Certains journaux étrangers ont prétendu que nous noussommes abattus sur l'Autriche en employant des méthodes brutales. [...] Quand j'ai franchi la frontière, j'ai étésubmergé par un flot d'amour tel que je n'en avais jamais connu. Nous ne sommes pas arrivés en tyrans mais enlibérateurs..[50] . »Dans la soirée du 15 mars, comme lors de celle du 11, une partie de la foule, composée des pires éléments de lapopulation, s'en prend aux Juifs, forçant les familles à sortir de chez elles et à s'agenouiller dans les rues, sous les crisde « Mort aux Juifs »[49] .

Les premières réactions

En Autriche

Selon E.B. Bukey, l'enthousiasme d'une grande partie de la population à l'égard de l'Anschluss est spontané et tientessentiellement à quatre facteurs : l'annexion s'est déroulée sans effusion de sang ; les troupes allemandes sontperçues à la fois comme le moyen d'éviter une guerre civile et comme une protection contre une agression extérieure; l'essor économique de l'Allemagne devrait également améliorer la situation en Autriche ; enfin, il n'y a que peu dedoutes sur le fait que des millions de personnes ont soutenu l'Anschluss en y voyant une chance de mettre fin à ceque l'on appelle la question juive[51] .Dès leur entrée en Autriche, les Allemands recherchent et obtiennent le soutien de deux piliers de la sociétéautrichienne, à savoir la hiérarchie catholique et les dirigeants sociaux-démocrates.

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Anschluss 66

Cardinal Theodor Innitzer portantla Cappa Magna, vers 1933

Le cardinal Theodor Innitzer, qui est en outre une des personnalités du mouvementsocial-chrétien, déclare dès le 12 mars : « Les catholiques viennois devraientremercier le Seigneur pour le fait que ce grand changement politique se soitdéroulé sans effusion de sang, et prier pour un grand avenir pour l’Autriche. Il vade soi que tout le monde devrait obéir aux ordres des nouvelles institutions. » Lesautres évêques autrichiens adoptent la même position dans les jours qui suivent etremercient l'Allemagne d'avoir « sauvé l'Autriche du péril bolchévique[32] . » Le 27mars suivant, une déclaration collective de l’épiscopat d’Autriche est lue danstoutes les Églises : « Nous reconnaissons avec joie que le mouvementnational-socialiste a fait et fait encore œuvre éminente dans le domaine de laconstruction nationale et économique comme aussi dans le domaine de la politiquesociale pour le Reich et la nation allemande, et notamment pour les couches lesplus pauvres de la population... Au jour du plébiscite, il va sans dire que c’est pournous un devoir national, en tant qu’Allemands, de nous déclarer pour le Reich

allemand, et nous attendons également de tous les chrétiens croyants qu’ils sauront ce qu’ils doivent à leur nation. »

À Rome, Radio Vatican dénonce aussitôt la diffusion de ce texte, et le pape Pie XI et le cardinal secrétaire d'ÉtatPacelli, demandent à Innitzer de venir s’expliquer devant eux. Le 6 avril, avant de rencontrer le pape, Innitzers’entretient avec le secrétaire d'État Pacelli, qui lui ordonne de rédiger un document, au nom de tous les évêquesd’Autriche, à paraître dans L'Osservatore Romano, affirmant que : « La déclaration solennelle des évêquesautrichiens […] n’avait pas pour but d’être une approbation de quelque chose qui est incompatible avec la loi de Dieu», et précisant également que cette première déclaration avait été faite sans l’accord de Rome.Même le social-démocrate Karl Renner, père fondateur de la première république, annonce son soutien à l’Anschlusset appelle tous les Autrichiens à voter favorablement lors du plébiscite. Pendant l'été et l'automne 1938, il écrit unouvrage de 80 pages au titre révélateur : Die Gründung der Republik Deutschösterreich, der Anschluss und dieSudetendeutschen (La fondation de la république austro-allemande, l'Anschluss et les Allemands des Sudètes)[52]

,[53] .

À l'étranger

Arthur Neville Chamberlain

Les réactions à l’étranger peuvent être considérées comme modérées. Pour leTimes, l’Anschluss n’est pas tellement différent de la réunion de l’Écosse àl’Angleterre accomplie deux siècles auparavant. La position officielle de laGrande-Bretagne est exprimée par le premier ministre Arthur Neville Chamberlain,à la chambre des communes, le 14 mars 1938 :

« J’imagine que, suivant les tempéraments des uns et des autres, lesévénements que nous avons à l’esprit aujourd’hui peuvent susciter desregrets, de la tristesse et peut-être de l’indignation. Ils ne peuvent être vus parle gouvernement de Sa Majesté avec indifférence ou sérénité. Ils auront desconséquences qui ne peuvent encore être mesurées. Leur résultat immédiatest l’intensification du sentiment d’insécurité en Europe. […] Ce n’est pas lemoment de prendre des décisions hâtives ou de prononcer des motsimprudents. Nous devons analyser la nouvelle situation rapidement, mais de sang-froid. »

— Neville Chamberlain[54] . La réaction modérée de la Grande-Bretagne, partagée par les États-Unis, est l’une des premières conséquences majeures de la politique d’apaisement strictement observée par le Royaume-Uni[55] . C'est de l'étranger que s'élèvent des voix autrichiennes contre l'Anschluss : un groupe d'artistes cosmopolites, dont Joseph Roth à Paris, Oskar Kokoschka à Londres et Stefan Zweig à Bath, fondent le mouvement « Autriche libre », qui

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Anschluss 67

regroupe, en 1943, 27 organisations comptant plus de 7000 membres[56] .

Le plébiscite

Hermann Göring à Vienne, le 27 mars 1938

L’Anschluss produit ses effets juridiques dès le lendemain de l’entréedes troupes allemandes, de par la loi du 13 mars[57] , soumise àratification par plébiscite : l’Autriche devient la province d’Ostmark duReich et Seyss-Inquart en est nommé gouverneur[58] . Le même jour,Adolf Hitler charge le Gauleiter de Saare-Palatinat, Josef Bürchel,d'organiser un plébiscite « libre et au vote secret » le 10 avril 1938[59] .

Bürchel lance officiellement la campagne au Concert Hall de Vienne,en émaillant son discours de nombreuses attaques antisémites, qui sontapplaudies avec beaucoup d'enthousiasme ; dans les jours qui suivent,les principaux dirigeants nazis, dont Hitler, Hermann Göring, JosephGoebbels et Heinrich Himmler, sillonnent l'Autriche pour soutenir l'annexion[59] . Les nazis jouent sur un doubleregistre, alliant propagande et répression. Pour influencer favorablement le vote des Autrichiens, Göring annonce, le26 mars, un investissement de soixante millions de marks dans le développement de l'industrie et la modernisation del'agriculture autrichienne ; dans les jours qui suivent, le système de sécurité sociale allemand est étendu à l'Autriche,le paiement d'allocations aux chômeurs est repris par l'Allemagne, 100000 écoliers et 25000 adultes y sont envoyésen vacances, et des distributions de nourriture sont organisée pour les plus pauvres[59] .

Les méthodes brutales utilisées par Hitler pour éliminer toute opposition en Allemagne sont immédiatement mises enplace en Autriche, dans les semaines qui précèdent le plébiscite. Avant même l’intervention de la Wehrmacht,Heinrich Himmler et quelques officiers SS arrivent à Vienne dès le 12 mars, bientôt rejoints par 40000 membres desforces de sécurité allemandes[59] . Durant les quelques semaines qui séparent l’Anschluss du plébiscite, 70000personnes, sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens, comme Richard Schmitz et Leopold Figl, communistes etautres opposants politiques, Juifs, sont arrêtés et emprisonnés ou envoyés en camp de concentration[32] .

Bulletin de vote du 10 avril 1938 : il est écrit : «Es-tu d'accord avec la réunification de l'Autriche

avec le Reich allemand qui fut décrétée le13 mars 1938, et votes-tu pour le parti de notre

chef Adolf Hitler ? ». Le grand cercle est marquéOui, le plus petit Non.

Le plébiscite se tient le 10 avril et le résultat officiel est un votefavorable à 99,08% en Allemagne et à 99,75% en Autriche[60] .

Si les historiens s’accordent sur le fait que le résultat du plébiscite n’apas été truqué, le processus de vote n’a été ni libre, ni secret[59] : desofficiels sont présents à côté des isoloirs et reçoivent le bulletin de votede la main à la main, contrairement aux pratiques du vote secret, aucours duquel les bulletins sont déposés par les électeurs dans une urnescellée ; de larges fentes sont en outre aménagées dans les isoloirs afinde pouvoir constater comment votent les électeurs[60] .

L’Autriche fait désormais partie du Troisième Reich et le resterajusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 27 avril 1945, legouvernement provisoire autrichien déclare l’Anschluss nul et nonavenu. Après guerre, l’Autriche, occupée par les Alliés, est reconnue ettraitée comme un pays indépendant de l’Allemagne ; elle retrouve sasouveraineté en 1955, avec le Traité sur l’état autrichien et la déclaration autrichienne de neutralité, en grande partieà cause du développement rapide de la guerre froide.

Les conséquencesLa faiblesse des réactions à l’étranger suite à l’Anschluss conduisent Hitler à conclure qu’il peut utiliser des méthodes plus agressives dans sa marche pour élargir le Troisième Reich, ce qu’il fera plus tard lors de l’annexion du territoire

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des Sudètes. En confirmant que la Grande-Bretagne a décidé qu’une logique d’apaisement est la bonne manière denégocier avec Hitler, et que la France est incapable d'intervenir, l’Anschluss ouvre la voie aux accords de Munich enseptembre 1938, puis à l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1939[61] .L'Anschluss se traduit également par une profonde « nazification » de la société autrichienne[62] : lorsqu'en 1945, lesanciens nazis doivent se faire enregistrer, ils sont 600000 à s'inscrire, et avec leurs familles, ils représentent un tiersde la population du pays[63] ; si la population autrichienne ne représente que 8% de la population de la GrandeAllemagne, les Autrichiens constituent 14% des membres de la SS et 40% du personnel lié à la mise en œuvre del'assassinat des malades mentaux et de la Shoah[64] . Parmi les Autrichiens ayant occupé de hauts postes au sein duTroisième Reich, on peut citer Franz Böhme, Lothar Rendulic, Julius Ringel et Alexander Löhr, généraux dans laWehrmacht et la Luftwaffe, Adolf Eichmann, l'un des principaux organisateurs de la Shoah, Odilo Globocnik, luiaussi impliqué dans la Shoah, Amon Göth, commandant du camp de concentration de Plaszow, Franz Stangl,commandant des camps d'extermination de Sobibor et Treblinka, Ernst Kaltenbrunner, successeur de ReinhardHeydrich à la tête du RSHA, ou Otto Skorzeny, qui organisa notamment l'évasion de Benito Mussolini du GranSasso. Quant à Arthur Seyss-Inquart, après avoir été l'adjoint de Hans Frank en Pologne, il fut commissaire du Reichaux Pays-Bas. Quant aux Juifs autrichiens, 128000 d'entre eux sont contraints de s'exiler et 65459 sont victimes de laShoah[65] .

L’héritage historique

Rattachement ou annexion ?Le dictionnaire en ligne franco-allemand Larousse [66] traduit le terme Anschluss, dans le contexte politique, parrattachement. Selon le dictionnaire en ligne Leo [67], la traduction allemande d'annexion est Annektierung ouAnnexion[68] , celle d'incorporation Eingliederung [69] .L’Encyclopædia Britannica décrit l’Anschluss comme une annexion[70] plutôt que comme un rattachement. Cettetraduction est reprise par la quasi totalité des auteurs cités dans l'article[71] .Comme le relève Ewan Burr Bukey, lors du départ des troupes alliés d'occupation, le 25 octobre 1955, « la plupartdes citoyens [autrichiens] se réjouit que se termine enfin une période de dix-sept années d'occupation[72] », englobantsous le même terme la période de 1938 à 1945 et celle de 1945 à 1955.

La seconde république

La déclaration de Moscou

La déclaration de Moscou, signée en 1943 par les gouvernements de l'Union soviétique, des États-Unis et deGrande-Bretagne, comprend une déclaration sur l’Autriche[73] :

« Les gouvernements du Royaume-Uni, de l’Union soviétique et des États-Unis d’Amérique sont d’accord surle fait que l’Autriche, le premier pays libre tombé suite à l’agression hitlérienne, sera libéré de la dominationallemande.Ils considèrent l’annexion imposée à l’Autriche le 15 mars 1938 comme nulle et non avenue. […] Ils affirmentleur souhait de voir la liberté et l’indépendance de l’Autriche restaurées, ouvrant ainsi la voie au peupleautrichien, ainsi qu’à ceux des autres états confrontés aux mêmes problèmes, pour créer la sécurité économiqueet politique, seule base d’une paix durable.Cependant, l’Autriche a une responsabilité, qu’elle ne peut éluder, dans sa participation au conflit aux côtés del’Allemagne hitlérienne. Au moment du jugement final, il sera inévitablement tenu compte de sa proprecontribution à sa libération[74] . »

Le dernier paragraphe de la déclaration relève de la propagande et vise à susciter les premiers signes d’une résistance autrichienne : bien que des Autrichiens aient été reconnus comme Justes parmi les nations, il n’y eut jamais en

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Autriche de résistance armée comme celle qui s’est manifestée dans d’autres pays occupés[75] ,[76] ,[77] . Ladéclaration de Moscou est suivie, le 27 avril 1945, par une déclaration sur l'indépendance de l'Autriche, qui stipuleen son article 2 que « l'Anschluss imposé au peuple autrichien en 1938 est nul et non avenu » et, en son article 4, que« tous les serments militaires, officiels, ou individuels, prêtés par des Autrichiens à l'égard du Reich allemand et deson gouvernement, sont considérés comme nuls et non avenus[78] . »

L'identité autrichienne et la « victimisation »

La vision des événements de 1938 a de profondes racines dans les dix années d’occupation par les Alliés et dans lalutte de l’Autriche pour retrouver sa souveraineté. La « victimisation » joue un rôle essentiel lors des négociationsavec les Soviétiques à propos du Traité d'État autrichien. S’appuyant sur la Déclaration de Moscou, les hommespolitiques autrichiens, hantés par le souvenir de la guerre civile qui a détruit la première république, n'ont d'autrechoix, afin de favoriser la reconstruction économique et la recomposition de la société, que de « créer une fictionhistorique qui n'a que peu de rapport avec la réalité[79] . » Le traité sur l’État autrichien et la déclaration de neutralitépermanente, qui lui fait suite, constituent des étapes fondamentales pour la consolidation de l’indépendance et del’identité nationale autrichienne au cours des décennies qui suivent[80] .Le processus de dénazification est lancé suite à la loi sur les nationaux-socialistes du 25 juillet 1945[81] qui obligenotamment les anciens membres du parti nazi à se faire enregistrer et les prive temporairement de leur droit de vote.« Devant l'inscription de près de 600000 personnes dans ces registres, les partis politiques, devant cette massed'enregistrés, pensèrent que bien des gens allaient retrouver leur droit de vote un jour ; aussi, au lieu de mener unelutte idéologique contre le national-socialisme et les crimes hitlériens, ils évitèrent la discussion sur le passé enflattant la masse des anciens nazis promus au rang de doubles victimes[81] . »Le contexte de la guerre froide et la volonté de l'Autriche de bénéficier du plan Marshall jouent également un rôleimportant dans l'occultation du débat sur l'Anschluss et sur le passé nazi de l'Autriche[82] . En présentant l'Unionsoviétique comme l'ennemi principal de l'Autriche, ses dirigeants ont esquivé « certains problèmes fondamentauxcomme la véritable prise de conscience des crimes nazis, l'élimination des responsables nazis de la vie publique, laliquidation sérieuse de l'idéologie national-socialiste, etc[83] . » Pour Ernst Bruchmüller, « le rôle de victime(Opferrolle) est devenu un pré-requis pour la formation d'une identité nationale contemporaine[84] ».

Dans la vie politique d'après-guerre

Blason de la République fédérale d'Autriche

De 1945 à 1948, les tribunaux autrichiens condamnent 10694personnes pour crime de guerre, essentiellement commis sur le solautrichien, dont 43 sont condamnées à la peine capitale ; mais dès1948, le processus de dénazification s'éteint et tant le SPÖ que l'ÖVPcherchent à gagner les votes des anciens nazis[85] . Une première loiamnistiant les nazis n'ayant pas occupé de postes importants (dieMinderbelasten) est votée le 21 avril 1948, suivie en 1953 d'unedeuxième amnistie nettement plus large qui permet aux anciens nazis «de peser lourdement dans la balance des forces politiques[81] . »

En 1952, le FPÖ, issu de la VdU - Verband der Unabhängigen(Fédération des indépendants)[86] , « dans la droite ligne del'Anschluss, affirme que les Autrichiens font partie du peupleallemand, avec tous les droits et tous les devoirs résultant de cetteappartenance[87] .

Pendant des décennies, la théorie de la « victimisation » établie dans l’opinion publique autrichienne reste largement incontestée ; la population est rarement forcée de se confronter à l’héritage laissé par le Troisième Reich[85] . En 1964, la déclaration du directeur de l'institut pédagogique de Graz, le Dr. Franz Göbhart, qui, en réponse à une

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invitation du Deutsches Kulturwerk für europäische Geiste, affirme que les machinations nationalistes allemandesn'ont pas leur place dans les écoles autrichiennes, suscite une vaste polémique relayée au parlement par le FPÖ[88] ;en 1965, les déclarations ouvertement antisémites et nationalistes du professeur d'histoire économique TarasBorodajkewycz[89] ,[90] déclenchent des manifestations de protestation au cours desquelles un rescapé des camps deconcentration, Ernst Kirchweger[91] , est assassiné par un militant de droite lors d’émeutes[92] . Ce n’est qu’au coursdes années 1980 que l’Autriche doit massivement faire face à son passé sous le régime nazi. Le catalyseur de cetteremise en question, connue sous le terme Vergangenheitsbewältigung, est l’affaire Waldheim. Lorsque celui-ci estaccusé, lors de sa candidature au poste de secrétaire général de l’ONU – poste qu’il obtiendra –, d’avoir été membredu parti nazi et de la SA, et de crimes de guerre – accusation dont il sera disculpé -, la seule réponse dugouvernement autrichien consiste à affirmer que ces accusations constituent des interventions inamicales dans lesaffaires intérieurs du pays. Malgré les réactions politiques face aux critiques internationales, l’affaire Waldheimmarque le début d’une discussion de fond sur le passé nazi de l’Autriche et l’Anschluss, et la remise en causefondamentale du « mythe du premier pays libre victime de l'agression hitlérienne »[93] .

Jörg Haider en 2008

Un autre facteur influençant la relation de l’Autriche à son passé nazi estl’émergence, au cours des années 1980, de Jörg Haider et de son parti, le FPÖ,qui forme une coalition gouvernementale avec l'ÖVP le 4 février 2004. Leprogramme de celui-ci, fondé en 1955, combine des éléments de la droitepan-germaniste avec des éléments du libéralisme ; lorsque Haider accède à laprésidence du parti, les aspects libéraux deviennent marginaux, au profit d’unerhétorique nationaliste et anti-immigrants. Haider est souvent critiqué pour sadéfinition de l’intérêt national autrichien sur une base ethnique (völkisch), avecun slogan comme l’Autriche aux Autrichiens, et pour son apologie du passé,notamment lorsqu’il définit les membres de la Waffen-SS comme des «hommes d’honneur[94] , [95] ». Haider va jusqu'à affirmer que l'existence de laseconde république autrichienne est « une anormalité idéologiquecongénitale[90] ». Selon Megan Green, le succès du FPÖ provient de l'échec del'Autriche à analyser en profondeur son passé nazi et à en tirer les leçons, et le FPÖ trouve ses racines idéologiquesdans le nazisme[96] .

Haider n’est pas le seul à émettre des avis controversés sur le passé de l’Autriche. En 2000, son ancien partenaire augouvernement, le chancelier Wolfgang Schüssel, déclare au Jerusalem Post que l’Autriche a été la première victimede l’Allemagne[97] .Dénonçant le simplisme de la théorie de la « victimisation » et l’époque de l’austrofascisme, la pièce de ThomasBernhard Heldenplatz, fait l’objet de controverses avant même sa première représentation en 1988, cinquante ansaprès l’Anschluss. De nombreux hommes politiques de toutes tendances demandent que la pièce ne soit pas jouée auBurgtheater de Vienne. Kurt Waldheim, à cette époque président de la république, qualifie l’œuvre d’insulte grossièreau peuple autrichien[98] . Toujours en 1988, lors du cinquantième anniversaire de l'Anschluss, le président Waldheimet le chancelier Franz Vranitzky reconnaissent pourtant, lors d'une cérémonie regardée par des millions detéléspectateurs, la complicité de l'Autriche dans l'Holocauste ; quelques mois plus tard, à l'occasion de l'anniversairede la Nuit de Cristal, le chancelier rappelle à ses concitoyens la longue histoire de l'antisémitisme autrichien[99] .

La commission des historiens et ses suitesDans le contexte de l’après-guerre, la république fédérale d’Allemagne est confrontée à un véritable combat pour en finir avec le passé : le Vergangenheitsbewältigung. En partie institutionnalisé, ce processus concerne les domaines de la littérature, de la culture, de la politique et de l’enseignement, et suscite des débats parfois vifs, comme dans le cadre de l’Historikerstreit (querelle des historiens). Dans un cadre similaire, mais plus tardivement, l’Autriche crée en novembre 1998 une commission d’historiens, la Historikerkommission[100] , [101] . Son mandat est d’analyser le rôle

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de l’Autriche dans la confiscation des biens juifs opérée par le régime nazi et dans la mise en place d'un système detravail forcé, sous un angle plus historique que juridique. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une commissionhistorique, sans pouvoir particulier, à la différence d'une commission d'enquête parlementaire, et sans capacité dedépasser le stade de l'analyse et des recommandations. Cette mission est notamment définie pour répondre auxcritiques dont le pays fait l’objet pour son traitement des plaintes des ayants droit des biens confisqués. Cettenouvelle impulsion donnée en 1998 est confirmée, dix ans après lors de la visite d'État du président autrichien HeinzFischer en Israël : durant son séjour, il déclare notamment « que la conscience du problème que représentent lesquestions liées à l'Holocauste s'est accrue dans les dix dernières années » et que « depuis le milieu des années 90, devraies mesures ont été prises par le gouvernement[102] . »Cependant, le centre Simon Wiesenthal maintient ses critiques quant à la réticence persistante de l’Autriche, depuisles années 1970, à mener des enquêtes et à traduire devant les tribunaux des nazis pour crimes de guerre et crimescontre l’humanité :

« Compte tenu du fait des très faibles résultats de l’Autriche en ce qui concerne la poursuites des exécutants dela Shoah, un fait clairement établi dans notre dernier rapport sur la situation mondiale en ce qui concerne lesenquêtes et les poursuites de criminels de guerre nazis, je crois que la visite du ministre des Affaires étrangères[d’Autriche en Israël] constitue une opportunité unique pour que le gouvernement autrichien annonce sonintention de s’occuper sérieusement, pour la première fois depuis des décennies, du problème des criminels deguerre nazis autrichiens impunis. C’est le bon moment pour que l’Autriche déclare qu’elle est prête à créer uneunité d’enquête spécialisée pour traiter ces dossiers et pour établir clairement que sa volonté politique detraduire les nazis devant la justice s’est finalement concrétisée à Vienne »

— Communiqué du Centre Simon-Wiesenthal du 28 juillet 2003[103] .

Carte du Troisième Reich incluant l'Autriche, 1943.

En 2003, le centre Wiesenthal lance une campagne mondiale,l’opération de la dernière chance, pour rassembler des informationssur les nazis encore en vie et qui pourraient faire l’objet depoursuites[104] . Lors de cette campagne, le centre Wiesenthal meten évidence, en 2005, le cas de Milivoj Ašner[105] , un Croate âgéde 92 ans, qui fait partie des dix nazis les plus recherchés ; Ašners’est réfugié en Autriche en 2004, après que la Croatie a annoncél’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerre dans lesquels ilaurait pu être impliqué[106] . Malgré les critiques quant à la libertédont jouit Ašner, le gouvernement fédéral autrichien retarde, sinedie, tant le traitement de la demande d’extradition formulée par laCroatie que le déclenchement de poursuites par le parquet deKlagenfurt. Ayant vécu en Autriche de 1946 à 1991, Ašner en a acquis la nationalité et ne peut donc être extradé.

Bibliographie : source utilisée pour la rédaction de cet article

• Gilbert Badia, Histoire de l'Allemagne contemporaine, t. 2, 1933/1962, Paris, Éditions sociales, 1975 • Jean Bérenger, Histoire de l'Autriche, Paris, Presses universitaires de France, coll. Que Sais-je, 1994 (ISBN

2130466850) • (en) Günther Bischof, Anton Pehnka, Alexander Lassner (dir.), The Dollfuss/Schuschnigg Era in Austria, A

reassesment, Contemporary Austrian Studies, vol. 11, New-Brunswock-London, Transaction Publishers, 2003(ISBN 0765809702)

• Gordon Brook-Shepperd, L'Anschluss, les Nazis en Autriche, Paris, Presses de la Cité, 1964

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• (en) Ernst Bruchmüller, The Development of Austrian National Identity, in, Kurt Richard Luther, Pieter Pulzer(dir.), Ausria 1945-1955. Fifty Years of the Second Republic, Ashgate, 1998, p. 83-108 (ISBN 1840144041)

• (en) Evan Burr Bukey, Hitler's Austria, Popular Sentiment in the Nazi Era, 1938-1945, The University of NorthCarolina Press, 2000 (ISBN 0807825166)

• Maurice Crouzet (dir), Histoire générale des civilisations, vol. 7, L'époque contemporaine, Paris, Pressesuniversitaires de France, 1957

• Michel Cullin, Félix Kreissler, L'Autriche contemporaine, Paris, Armand Colin, 1972 • Martin Fuchs, Un pacte avec Hitler. Le drame autrichien, 1936-1938, Paris, Plon, 1938• (en) Jürgen Gehl, Austria, Germany and the Anschluss, 1931-1938, London, Oxford University Press, 1963• Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001(ISBN 2082125297) • William L. Shirer, Le IIIe Reich. Des origines à la chute, Paris, Stock, 1990 (1e éd. 1959) • (en) Edward Timms, Autrian Identity in a Schizophrenic Age : Hilde Spiel and the Literary Politics of Exile and

Reintegration, in, Kurt Richard Luther, Pieter Pulzer (dir.), Austria 1945-1955. Fifty Years of the SecondRepublic, Ashgate, 1998, p. 47-66 (ISBN 1840144041)

• (en) Dieter Wagner, Gerhard Tomkowitz, Ein Volk, ein Reich, ein Führer : the nazi Annexation of Austria,Bristol, Western Printing Services, 1971 (1e ed. 1398)

Notes et références• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anschluss [107] »

(voir la liste des auteurs [107]) (voir aussi [[|la page de discussion]]).

Voir aussi

Articles connexes• La marche vers la Seconde Guerre mondiale• Axe Rome-Berlin-Tōkyō• Réarmement du Troisième Reich• Accords de Munich• Politique étrangère de l'Allemagne

Liens externes• l'Anschluss et l'exil des juifs [108]

• Edouard Boeglin, Engelbert Dollfuss, Une mort annoncée [109]

La version du 1 février 2009 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualitéconcernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.

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Références[1] La traduction littérale d'Anschluss en français (« rattachement » dans le contexte politique) étant impropre, le terme n'est pas repris en italique

dans le corps de l'article, conformément à la graphie adoptée par Joachim Fest, Ian Kershaw ou William L. Shirer[2] Jusqu'à la réforme de l'orthographe allemande en 1998 on écrivait Anschluß ; le ß ayant été remplacé par un s doublé lorsqu'il suit une voyelle

brève, on doit maintenant l'écrire Anschluss. Les dictionnaires et encyclopédies français rangent ce terme dans des articles titrés Anschluss,citant parfois l'ancienne graphie allemande dans le corps des articles.

[3] Jean Bérenger, Histoire de l'Autriche, Paris, Presses universitaires de France, coll. Que Sais-je, 1994, p. 53-62[4] Lothar Gall, Bismarck, Paris, Fayard, 1984, p. 529-530[5] J. Bérenger, op.cit., p. 76[6] L. Gall, op. cit., p. 629[7] (en) texte intégral du traité (http:/ / www. austlii. edu. au/ au/ other/ dfat/ treaties/ 1920/ 3. html)[8] J. Bérenger, op. cit, p. 89[9] Maurice Crouzet (dir), Histoire générale des civilisations, vol. 7,L'époque contemporaine, Paris, Presses universitaires de France, 1957, p. 32[10] J. Bérenger, op. cit., p. 94-95[11] Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001, p. 129[12] Robert Gerwarth, The Bismarck Myth, Weimar Germany and the legacy of the Iron Chancellor, Oxford University Press, 2005, p. 135-136[13] Michel Cullin, Félix Kreissler, L'Autriche contemporaine, Paris, Armand Colin, 1972, p. 74[14] M. Cullin, F. Kreissler, op. cit., p. 75[15] William L. Shirer, Le IIIe Reich. Des origines à la chute, Paris, Stock, 1990, p. 354[16] M. Crouzet, op. cit., p.207[17] J. Bérenger, op. cit., p. 104[18] Edouard Boeglin, Engelbert Dollfuss, Une mort annoncée (http:/ / www. alsapresse. com/ jdj/ 99/ 07/ 21/ MA/ 1/ article_1. html)[19] William L. Shirer, op. cit., p. 305[20] W. L. Shirer, op. cit.', p. 313[21] W.L. Shirer, op. cit., p. 323-324[22] Sur ce point, voir Alexander Lassner, The Foreign Policy of the Schuschnigg Government, 1934-1938 : the Quest for Security, in Günther

Bischof, Anton Pehnka, Alexander Lassner (dir.), The Dollfuss/Schuschnigg Era in Austria, A reassesment, Contemporary Austrian Studies,vol. 11, New-Brunswock-London, Transaction Publishers, 2003, p. 163-187

[23] M. Cullin, op. cit., p. 79[24] I. Kershaw, op. cit., p. 101-102[25] I. Kershaw, op. cit., p. 133[26] Lors du procès de Nuremberg, Hermann Göring déclara notamment que « ce n'est pas tant le Führer que moi, en personne, qui donnai le

rythme et, passant outre aux hésitations du Führer, y mis la dernière touche », cf. I. Kershaw, op. cit., p. 145.[27] W. L. Shirer, op. cit., p. 330[28] W. Shirer, op. cit., p. 353[29] W. L. Shirer, op. cit., p. 340-350[30] W. L. Shirer, op. cit., p. 354-360[31] I. Kershaw, op. cit., p. 136-137[32] Gilbert Badia, Histoire de l'Allemagne contemporaine, vol. 2, 1933/1962, Paris, Éditions sociales, 1975, p. 84-87[33] I. Kershaw, op. cit., p. 139[34] W. L. Shirer, op. cit., p. 360-364[35] Outre sa qualité générale, l'ouvrage de Shirer est particulièrement précieux pour l'histoire de l'Anschluss, l'auteur, reporter radio en poste à

Vienne depuis la fin de l'année 1937, ayant été un témoin direct des faits[36] Evan Burr Bukey, Hitler's Austria, Popular Sentiment in the Nazi Era, 1938-1945, The University of North Carolina Press, 2000, p. 25[37] L'Autriche et la Tchécoslovaquie[38] Il avait déjà eu cette idée en juillet 1937, mais n'y avait pas donné suite, la France, l'Italie, et surtout la Grande-Bretagne jugeant cette

initiative inutile, cf. A. Lassner, op. cit., p. 179[39] W. L. Shirer, op. cit., p. 360-366[40] I. Kershaw, op. cit., p. 141[41] W. L. Shirer, op. cit., p. 367-372[42] E. B. Bukey, op. cit., p. 26[43] W. Shirer, op. cit., p. 371[44] E. B. Bukey, op. cit., p 27-28[45] W. L. Shirer, op. cit., p. 372-376[46] Si le remplaçant de von Papen à Vienne, Keppler, affirme que Seyss-Inquart a bien donné son accord sur le contenu du télégramme, sans

toutefois l'envoyer, cette affirmation est contredite par l'attitude du même Seyss-Inquart qui demande encore, le 12 mars vers deux heures dumatin, que les troupes allemandes ne franchissent pas la frontière, cf. W. Shirer, op. cit., p. 372

[47] E. B. Bukey, op. cit., p. 28

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[48] Britannica, édition 1989, entrée International relations, p.773 2b[49] E. B. Bukey, op. cit., p. 30-32[50] W. Shirer, op. cit., p. 379[51] E.B. Bukey, op. cit., p. 33[52] Edward Timms, « Autrian Identity in a Schizophrenic Age : Hilde Spiel and the Literary Politics of Exile and Reintegration », in Kurt

Richard Luther, Pieter Pulzer (dir.), Ausria 1945-1955. Fifty Years of the Second Republic, Ashgate, 1998, p. 51-53[53] Dépassé par les événements, l'ouvrage ne sera pas publié et restera inconnu jusque dans les années 1990.[54] Texte intégral de la déclaration de Chamberlain (en) (http:/ / web. jjay. cuny. edu/ ~jobrien/ reference/ ob92. html)[55] I. Kershaw, op. cit., p. 140-141[56] E. Timms, op. cit., p. 55-56[57] E.B. Bukey, op. cit., p. 29[58] En 1942, la province d’Ostmark disparaît et elle est remplacée par une série de Reichsgaue[59] E. B. Bukey, op. cit., p. 34-38[60] W. L. Shirer, op. cit., p. 380[61] W. Shirer, op. cit., p. 383-384[62] Lors d'une enquête d'opinion réalisée en 1985, 50% des Autrichiens interrogés estiment que l'expérience nazie a comporté autant d'aspects

positifs que négatifs, cf. E. Bukey, op. cit., p. 230.[63] E. B. Bukey, op. cit., p. 228[64] E. B. Bukey, op. cit., p. 43[65] E. B. Bukey, op. cit., p. 227[66] http:/ / www. larousse. fr/ dictionnaires/ allemand-francais/[67] http:/ / dict. leo. org/ frde?lang=de& lp=frde[68] Ce terme est notamment employé par Karl Heinz Roth, Krieg vor dem Kieg : Die Annexion Österreichs un die Zerschagung der

Tschechoslowakei, Berlin, 1999 et par Martin Moll, Die Annexion Österreichs als erster Schritt zur Entfesslung der Zweiten Weltkrieges?,Belin, 2000.

[69] voir par exemple Gerhard Botz, Die Eingliederung Österreichs in das Deutsche Reich, Wien, 1972.

[70] Encyclopædia Britannica (en) (http:/ / www. britannica. com/ ebc/ article?tocId=9355453& query=plebiscite& ct)[71] Le chapitre que consacre W. L. Shirer à l'Anschluss est intitulé « Le viol de l'Autriche »[72] E. Bukey, op. cit, p. 230[73] M. Cullin, op. cit., p. 85[74] Texte intégral de la déclaration de Moscou (http:/ / www. ibiblio. org/ pha/ policy/ 1943/ 431000a. html)[75] Gerald Stourzh, Walheim's Austria (http:/ / www. nybooks. com/ articles/ 4859)[76] Cependant, selon Jean Bérenger, de 1938 à 1945, 2700 résistants autrichiens ont été exécutés, près de 16000 sont morts dans les prisons de

la Gestapo et 17000 dans les camps de concentration nazis ; les chiffres repris par E.B. Bukey sont du même ordre de grandeur.[77] Le 27 avril 1945, le chancelier Klestil déclare lors d'un discours qu'il n'y a pas eu, en Autriche, de résistance armée, mais seulement une

résistance politique limitée.[78] M. Cullin, op. cit., p. 89[79] E. Bukey, op. cit., p. 228[80] M. Cullin, op. cit., p.121-122[81] M. Cullin, op. cit., p. 98-99[82] E. B. Bukey, op. cit., p. 228-229[83] M. Cullin, op. cit., p.93-94[84] Ernst Bruchmüller, The Development of Austrian National Identity, in, Kurt Richard Luther, Pieter Pulzer (dir.), Austria 1945-1955. Fifty

Years of the Second Republic, Ashgate, 1998, p. 89[85] E. Bukey, op. cit, p. 228-229[86] Pour M. Cullin, « le changement de sigle cacha mal la nostalgie du passé nazi qui régnait toujours dans ses rangs », op. cit., p. 133[87] M. Cullin, op. cit., p. 142[88] E. Bruchmüller, op. cit., p. 87[89] Ancien membre du parti nazi, Taras Borodajkewycz (1er octobre 1902-3 janvier 1984) se vit retirer son poste de professeur à la suite des

événements, avec maintien de son salaire.[90] E. Bruchmüller, op. cit., p. 88[91] Militant socialiste, puis communiste, Ernst Kirchweger (12 janvier 1898-2 avril 1965) a été déporté en camp de concentration, en raison de

ses activités syndicales interdites. 25000 personnes assisteront à ses funérailles qui se transforment en une manifestation anti-fasciste.[92] M. Cullin, op. cit., p. 142[93] E. Timms, op. cit., p. 64[94] article de Time Magazine (http:/ / www. time. com/ time/ europe/ magazine/ 2000/ 214/ haiderquotes. html)[95] article de Libération (http:/ / www. liberation. fr/ monde/ 0101123697-jorg-haider-le-bronze-de-l-extreme-droite-autrichienne)[96] Megan Green, Right-Wing Movements in the European Union : A Case Study of the Austrian Freedom Party (FPÖ) and the Lega Nord

(LN), in, The Dollfuss/Schuschnigg Era, op. cit., p. 187-211

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Anschluss 75

[97] Résumé de l'interview (de) (http:/ / www. salzburg. com/ cgi-bin/ sn/ printArticle. pl?xm=165129)[98] Thomas Bernhard(en) (http:/ / www. kirjasto. sci. fi/ bernhard. htm)[99] E. Bukey, op. cit., p. 232[100] Site officiel de la commission (de) (http:/ / www. historikerkommission. gv. at/ )[101] Sauf mention contraire, la présente section se fonde sur Commissioning History : Austria and World War II, Restitution and Reconciliation,

articles de Günter Bischof, Brigitte Bailer-Galanda et Eva Blimlinger, Martin Eichtinger, Dieter Stiefel, Olivier Rathlolb, Amrgrit Reiter, in,The Dollfuss/Schuschnigg Era..., op. cit., p. 212-266

[102] Die Presse, 16 décembre 2008[103] (http:/ / www. wiesenthal. com/ site/ apps/ s/ content. asp?c=lsKWLbPJLnF& b=4442915& ct=5853021)/Communiqué du Centre Simon

Wiesenthal du 28 juillet 2003][104] (http:/ / www. wiesenthal. com/ site/ apps/ s/ content. asp?c=lsKWLbPJLnF& b=4442915& ct=5849371)/Communiqué du Centre Simon

Wiesenthal du 15 décembre 2003[105] (http:/ / www. wiesenthal. com/ site/ apps/ s/ content. asp?c=lsKWLbPJLnF& b=4442915& ct=5851637)/Communiqué du Centre Simon

Wiesenthal du 2 juin 2005[106] Autriche : Un criminel nazi parmi les spectateurs de l'Euro - Monde - LCI (http:/ / tf1. lci. fr/ infos/ monde/ europe/

0,,3882902,00-criminel-nazi-parmi-spectateurs-euro-. html)[107] http:/ / en. wikipedia. org/ wiki/ Anschluss[108] http:/ / www. jewishtraces. org/ rubriques/ ?keyRubrique=lAnschluss[109] http:/ / www. alsapresse. com/ jdj/ 99/ 07/ 21/ MA/ 1/ article_1. html

Campagne de Pologne (1939)

Campagne de Pologne (1939)

Cuirassé Schleswig-Holstein bombardant Westerplatte le 1er Septembre 1939. Informations générales

Date Du 1er septembre au 6 octobre 1939

Lieu Pologne

Issue Victoire germano-soviétique décisive

Belligérants

 Pologne  Allemagne Union soviétique Slovaquie

Commandants

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Campagne de Pologne (1939) 76

Edward Rydz-Śmigły Fedor von Bock, (Groupe d'armée Nord) Gerd von Rundstedt, (Groupe d'armée Sud) Mikhail Kovalov, (Front de Biélorussie) Semyon Timoshenko, (front d'Ukraine) Ferdinand Catlos.

Forces en présence

39 divisions,16 brigades,880 tanks,400 avions,Total : 950000 hommes

Allemagne: 60 divisions,4 brigades,3472 chars,1500 avions.URSS: 33 divisions,11 brigades.Slovaquie: 3 divisions.Total :1800000 Allemands,800000 Russes,50000 Slovaques.En tout : 2650000 hommes.

Pertes

66000 morts,133000 blessés,600000 prisonniers.

Allemagne :16000 morts,32000 blessés.URSS :996 morts,2000 blessés.

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Seconde Guerre mondiale - Front de l’EstCampagne de Pologne · Guerre d’Hiver · Opération Barbarossa · Guerre de Continuation · Opération Silberfuchs · 1re bataille de Smolensk · Secondebataille de Kharkov · Siège de Léningrad · Bataille de Moscou · Opération Fall Blau ·Poche de Demiansk · Poche de Kholm · Bataille de Stalingrad ·Opération Uranus · Bataille de Koursk · 2e bataille de Smolensk · Bataille du Dniepr · Opération Bagration · Insurrection de Varsovie · Guerre deLaponie · Bataille de Budapest · Siège de Breslau · Bataille de Seelow  · Bataille de Berlin (et prise du Reichstag) · Insurrection de Prague ·Offensive de Prague

Front d’Europe de l’Ouest

Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient

Bataille de l’Atlantique

Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud

Guerre en Asie et dans le Pacifique

Guerre sino-japonaise

Campagne de Pologne - Bataille de la Bzura

L’invasion de la Pologne ou campagne de Pologne (opération Fall weiss), est une opération militaire entreprisecontre la Deuxième République de Pologne par le Troisième Reich en 1939 qui a conduit au déclenchement de laSeconde Guerre mondiale.

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Campagne de Pologne (1939) 77

ContexteEn 1939, l’Allemagne dirigée par Hitler s'est déjà emparée de l'Autriche ainsi que de la Bohême et de la Moravie[1] .Pour Hitler, de telles annexions se justifiaient par la présence de populations germaniques et par la nécessité deconquérir l'espace vital nécessaire à l'expansion allemande.Pour les mêmes raisons, la Pologne est toute désignée pour être la cible suivante du Reich. De plus, le pays séparedepuis sa création à la fin de la Première Guerre mondiale la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne, situationinacceptable pour les nazis. Devant le refus des Occidentaux (Français et Anglais) de rétrocéder Dantzig pour laplacer sous statut spécial, et malgré la fermeté affichée par Chamberlain, le premier ministre britannique, qui jugeque Hitler va trop loin dans ses exigences et lui fait savoir que le Royaume-Uni ira jusqu'à la guerre s’il le faut[2] ,Hitler prépare la prochaine invasion. Après avoir sécurisé son flanc sud grâce à un pacte avec l'Italie fasciste, il segarantit sur son flanc est en signant le pacte germano-soviétique avec Staline le 23 août 1939. Ne reste plus qu'àtrouver le prétexte de l'affrontement, en espérant que la France et le Royaume-Uni reculent une nouvelle fois enrefusant d'honorer leurs devoirs d'alliés de la Pologne comme ils avaient laissé leur allié tchécoslovaque se fairedépecer lors de la conférence de Munich.

Les armées en présence

L’armée polonaise

L'infanterie polonaise

Depuis sa création après le traité de Versailles, la DeuxièmeRépublique de Pologne a dû lutter pour son indépendance notammentlors de la guerre russo-polonaise. Cependant malgré le fait que le pays,en partie grâce à ses alliés, se soit sorti de ces menaces, l’arméepolonaise en 1939 est loin d'être moderne : elle a une guerre de retard.

L’infanterie

Malgré une légende très répandue, la cavalerie n'est pas l'élémentprincipal de l'armée polonaise, c'est l'infanterie. Elle reste tout demême l'élite de l'armée. La Pologne compte ainsi 30 divisions d'activesà la veille de la guerre et 9 de réserve qui n'auront pas le tempsd'intervenir. Ces divisions (les 30) forment un total de 84 régimentsd'infanterie et 6 de montagne. Voici la composition d'une divisiond'infanterie :

• 3 régiments d'infanterie;• 1 régiment d'artillerie légère;• 1 bataillon d'artillerie lourde (12 pièces);• 1 bataillon du génie;• 1 compagnie de communication;• 1 batterie antiaérienne.Les divisions sont directement versées dans des armées, les corps d'armée n'existant pas chez les Polonais.Un entraînement et un moral à tout épreuve caractérisent le fantassin polonais. Il combat pour la sauvegarde de sonpays ce qui motive davantage son travail. Néanmoins, le fantassin polonais souffre de son manque de puissance defeu, de sa faible mobilité et enfin de sous-officiers souvent moins compétents que ceux de la Wehrmacht, lesofficiers sont de bons commandants, surtout les subalternes.

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Campagne de Pologne (1939) 78

La cavalerie

Comme il a été dit, l'armée polonaise possède de moins en moins de cavalerie et celle qui reste n'a jamais attaqué lesPanzer allemands à la lance. Cette légende a été fabriquée par la propagande nazie pour démontrer la supérioritétechnique des Allemands.La cavalerie polonaise équestre disparaît en 1937 et à la veille de la guerre, l’armée polonaise compte 11 brigades decavalerie dont voici la formation :• 3 ou 4 régiments de cavalerie;• 1 escadron d'artillerie légère (12 pièces);• une batterie anti-aérienne;• une compagnie du génie;• des unités du service.Malgré sa puissance, la brigade de cavalerie est obsolète en ce qui concerne la guerre moderne, en effet, la brigadequi est l'échelon le plus élevé en ce qui concerne la cavalerie ne permet pas d'actions d'envergure.

Les blindés

Char léger polonais 7TP

Malgré l'omniprésence du cheval dans l'arméepolonaise, cette dernière possède des chars maisceux-ci sont comme dans l'armée française, utilisésau sein de petites unités contrairement auxAllemands. Ces unités consistent en des bataillons oudes compagnies. Néanmoins, il existe deux brigadesblindées. Les unités indépendantes sont au nombre de8 (3 bataillons et 5 compagnies) constituées soit dechars Renault R-35, soit de chars 7TP polonais. Deplus, toutes les brigades de cavalerie et 11 divisionsd'infanterie comptent dans leurs rangs une compagnie blindées de reconnaissance. Voici les effectifs en blindés del'armée polonaise :

• 139 chars polonais 7TP;• 102 chars Renault FT-17;• 38 chars Vickers;• 574 chenillettes de reconnaissance;• 100 automitrailleuses Wz;• 10 trains blindés.

L’artillerie

Chaque division d'infanterie compte un régiment d'artillerie légère (36 pièces) et un bataillon d'artillerie lourde (12pièces). L'armée polonaise comprend aussi des unités autonomes qui sont constituées de 23 groupes d'artillerielourde, 3 groupes d'artillerie super-lourde, 20 sections d'artillerie légère. La plupart de ces unités sont encore, pour lagrande majorité, hippomobiles.L'armée polonaise comprend aussi de l'artillerie antichar à la fois dans la cavalerie et l'infanterie. Cette artilleriecomprend 1200 canons de 27 mm Bofors. L'artillerie anti-aérienne est par contre faiblement lotie (462 canons entout).

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Campagne de Pologne (1939) 79

L’aviation et la marine

En Pologne, l'aviation militaire dépend directement de l'armée de l'air ; les quelques hydravions dépendent, eux, de lamarine. En 1939, la modernisation de l'aviation est loin d'être arrivée à son terme et la majorité des avions de chasseest encore composée d'anciens modèles datant de 1930. Il y a moins de 200 bombardiers polonais modernes PZLP.37 Łoś (pl) bimoteurs et PZL P.23 Karas monomoteurs de bombardements tactiques, et la chasse comprendenviron 200 appareils PZL P-7 et PZL P-11 ainsi que divers appareils de reconnaissance et de bombardement, soit entout à peine près de 700 appareils militaires.La marine polonaise comprend des navires assez modernes, comparativement au reste de son armée. Toutefois,Dantzig étant le seul port militaire polonais, ces navires sont en trop faible nombre. Les navires sont organisés en 3escadres :• une escadre de destroyers;• une escadre de sous-marins;• une escadre de mouilleurs de mines.Lors de l’assaut allemand, les principaux navires polonais seront envoyés en Angleterre.

L’armée allemandeEn 1939, même si la Wehrmacht est techniquement supérieure à l'armée polonaise, elle est loin d'être aussi modernequ'on ne le pense et la plupart de ses éléments d'infanterie sont encore hippomobiles. Néanmoins, l'utilisation desblindés que les Allemands ont rassemblés en 7 Panzer-Divisionen (divisions blindées), 4 Leichte-Divisionen(divisions légères) et deux bataillons indépendants fait la différence. Cependant l'armée allemande compte en grandemajorité des chars peu puissants comme le Panzer I (1445) et le Panzer II (1223 engins). L’armée allemande peutaussi compter sur des chars tchèques, le Panzer 35t (202) et le Panzer 38t (78). De plus, la Wehrmacht peut comptersur deux types de très bons chars pour l'époque, le Panzer III (98) et le Panzer IV (211). Enfin, les Allemandspossèdent 215 Panzer Befehlswagen qui sont des chars de commandement. On arrive ainsi à un total de 3472 chars,qui en grande majorité sont des chars légers. Pour finir, 408 de ces chars sont dans des unités de remplacement. Ainsiseules les 1re, 2e et 3e divisions blindées sont fortement dotées en chars (presque 400 chacune). Les divisions légèrescomptent en moyenne 80 chars.De son côté, la Luftwaffe dispose de la supériorité aérienne malgré le fait que de nombreux appareils aient été laissésà l’Ouest en raison de la menace franco-britannique. Les forces aériennes allemandes se chiffrent quand même à1500 voire 1600 appareils face à la Pologne. La majorité de ces appareils sont des bombardiers.

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Campagne de Pologne (1939) 80

Déroulement de la bataille

Ordre de bataille des armées la veille de la bataille.

Des soldats allemands arrachent une barrière à la frontière polonaiseprès de Dantzig le 1er septembre 1939

La bataille des frontières (1er au 5septembre)

L'invasion de la Pologne était programmée pour le 26août à 4h30 mais Hitler la repousse pour des raisonsinconnues. C'est le 1er septembre 1939 à 4h30 qu'estfinalement programmée l'attaque. Le prétexteallemand pour l'invasion est l'attaque d'un poste deradio à Gleiwitz. Cependant la machination est malexécutée et l'information destinée à être envoyée aumonde entier ne sera connue que par peu depersonnes.

C'est à 4h45 que l'Allemagne, aidée par son alliée laSlovaquie, commence l'invasion de la Pologne, etdonc la Seconde Guerre mondiale. L'attaque se faitsur toute l'étendue du front mais surtout à Dantzig.C'est au large de cette ville que le Schleswig-Holsteinva déclencher les hostilités en bombardant la positionpolonaise de la Westerplatte qui est défendue par 175hommes. Malgré la faiblesse de ses effectifs et lebombardement du navire allemand, la positiontiendra jusqu'au 7 septembre, succombant au boutd'un treizième assaut.

L'assaut allemand a pour but principal la prise ducorridor de Dantzig. L'attaque est menée par la 3e

division blindée venant de Poméranie qui passe lafrontière. Le soir du 1er septembre, la division setrouve à 20 km de Swiekatowo sur la Vistule. Mais la2e division d'infanterie motorisée censée protéger leflanc gauche des blindées reste bloquée dans leréseau de barbelés polonais et subit une offensivemenée par le 18e régiment de lanciers polonais. Ladivision allemande, contrainte au repli, doit

demander l'aide des blindés. Le lendemain malgré une offensive polonaise, les Allemands ont atteint la Vistule. Deplus, le 19e corps d'armée de Guderian vient de recevoir l'aide de la 23e division d'infanterie ce qui lui permet derepousser les Polonais au nord. Ces derniers tenteront vainement de percer.

Le bilan de ces premiers jours est catastrophique pour les Polonais. L'armée de Pomorze a subi de lourdes pertes,notamment la 9e division d'infanterie. Les autres unités ont réussi tant bien que mal à se replier sur la rive gauche dela Vistule et notamment à Bydgoszcz. Cette ville conserve encore une forte minorité allemande. Lors du repli del'armée polonaise, les civils d'origine allemande se mettent à tirer sur les Polonais qui réagissent et tuent 233 civils enayant perdus 238 soldats. Durant toute la campagne polonaise, entre 3000 et 10000 civils allemands sont tués ; lesSS, en représailles, font subir de dures exactions aux civils polonais.Le 3 septembre, la 3e armée allemande basée en Prusse-Orientale lance ses divisions à l'assaut des forces polonaises. Le lendemain, l'armée fera sa jonction avec les troupes venant de Poméranie. Néanmoins, les Polonais durant leur

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Campagne de Pologne (1939) 81

retraite réussiront à faire sauter les ponts sur la Vistule.Pendant ce temps , le 1er corps d'armée venant de Prusse-Orientale attaque en direction du sud et forme une des deuxtenailles qui doit se refermer sur Varsovie. En face des Allemands se trouve l'armée de Modlin. La frontière estprotégée par des bunkers et le premier assaut allemand échoue, malgré l'aide de la Luftwaffe, avec de lourdes pertes,tant en chars (72 Panzer mis hors de combat) qu'en infanterie. Cependant, les Allemands contournent les positionspolonaises à l'est et, après trois jours d'une dure résistance, les 8e et 20e divisions d'infanterie polonaises sont obligéesde battre en retraite sous une forte pression allemande, notamment de la 12e division d'infanterie. Le 6 septembre, lesPolonais font sauter les ponts de Plock sur la Vistule.Les Polonais doivent aussi faire face à une forte pression allemande au sud. La 14e armée du général List, fortementdotée en troupes de montagne, doit attaquer à travers les Carpates. Après trois jours d'âpres combats, les Allemandspercent les défenses polonaises et se dirigent ainsi droit vers Cracovie.Pendant ce temps, une bataille navale s'engage au large des côtes polonaises. Malgré le fait que les trois meilleursdestroyers ont pu s'enfuir vers l'Angleterre, les Polonais disposent encore de sous-marins qui tentent vainement, le 2septembre, d'endommager le Schleswig-Holstein ainsi que des destroyers allemands. Mais, le 1er septembre, laLuftwaffe coule le torpilleur polonais Mazur le premier navire coulé de la Seconde Guerre mondiale. Le 3septembre, les dragueurs de mines Gryf et Wicher sont eux aussi coulés. Peu après, les principaux navires allemandssont transférés en mer du Nord pour parer à la menace britannique. Les combats se déroulent donc sur terre avec latentative allemande de s'emparer de Gdynia. Même si la garnison n'a plus aucune chance de s'échapper, elle n'est pasprête à capituler sans combattre. Les Allemands progressent lentement et ils doivent attendre le 10 septembre pourcouper la ligne de communication entre Gdynia et la presqu'île de Hel, remplies de défenseurs polonais. La villeportuaire polonaise continue néanmoins sa résistance menée par l'amiral Unrug, aidée par l'artillerie de la presqu'îlede Hel. Le 19 septembre avec l'aide du bombardement du Schleswig-Holtstein, les Allemands s'emparent du port,mais Unrug s’est replié par bateau sur la presqu'île de Hel dont il a dynamité l'accès (une langue de terre) et où il s'estretranché avec 2000 hommes. Les Polonais sont ainsi prêts à résister autant de temps qu'il le faudra et les Allemandsdoivent faire appel au Schleswig-Holstein et au Schlesien pour pilonner les défenseurs. Malgré cela, la garnison tienttoujours et, le 27 septembre, le Schleswig-Holstein doit se replier, touché. Finalement, Unrug accepte de capituler le1er octobre.Dans le même temps, les Allemands continuent leur progression vers Varsovie en concentrant leurs efforts versCzestochowa avec le 15e et le 16e corps d'armée. Très vite, l’assaut allemand s’approche de la ville sainte polonaise etla 7e division d'infanterie qui la défend doit se replier devant le risque de se faire encercler. Enfin pour compliquerencore les affaires polonaises, les Allemands ont aussi frappé aux alentours de Breslau et menacent donc l’armée deLodz qui ne peut stopper les Allemands malgré sa forte résistance. Le soir du 3 septembre, seule l'armée de Poznann’a pas été attaquée. Son chef demande l’autorisation d'attaquer le flanc de la 8e armée mais le haut-commandementrefuse et lui ordonne de se replier entre Konin et Koło. Ainsi, le 5 septembre, la bataille des frontières est finie et,malgré le fait que les Allemands ont presque partout forcé le front des Polonais, ces derniers ne se sont fait encerclerqu'au nord. Le généralissime polonais espère encore stopper les Allemands dans l'attente d'une offensive française.

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Campagne de Pologne (1939) 82

L’avance vers Varsovie

Des blindés allemands progressent à travers une localité polonaise

À la suite de la bataille des frontières, le maréchalRydz-Smigly doit reconstituer un front pour stopperla progression allemande. Pour cela, il décide de sereplier derrière des cours d'eau qui sont la Bobr, laNarew, la Vistule et le San. Pour parer à cettepossibilité, l'OKH (l'organisme dirigeant l'armée deterre allemande) demande aux généraux présents surle front de prendre de vitesse les Polonais. Ainsi leHeeres Gruppe Nord reçoit l'ordre de franchir laNarew et ensuite se diriger vers Varsovie tandis quele Heeres Gruppe Süd doit s'emparer de Cracovie etdétruire l'armée de Lodz située au sud de Lublin. Le6 septembre, Cracovie est capturée sans combat. Le

même jour, Hitler vient sur le front pour la première et la dernière fois de la guerre. Enfin devant l'insistance decertains généraux, l'OKH autorise à Guderian le droit d'envoyer ses divisions motorisées et blindées surBrest-Litovsk pour empêcher tout redressement polonais à l'ouest de Varsovie.

Le 8 septembre, les divisions blindées allemandes attaquant au centre du dispositif défensif polonais sont contraintesd'arrêter leur avance faute de carburant. Le général Kutrzeba demande à Rydz-Śmigły l'autorisation decontre-attaquer. Celui-ci accepte et le lendemain, l'armée de Poznan partant de la Bsura et se dirigeant vers lenord-est avec en soutien l'armée de Pomorze sur le flanc oriental prend de surprise les Allemands et la 30e divisiond'infanterie est détruite par 3 divisions polonaises. Il faut attendre le 10 septembre pour que les Allemands viennenten aide aux fantassins et à la 8e armée. La bataille qui s'engage ne permet pas de mettre en avant un vainqueur maistrès vite, l'armée de Lodz plus au sud commence à céder et le général Kutrzeba est obligé de battre en retraite pouréviter un encerclement. Du 13 au 15 septembre, deux divisions polonaise protégèrent les flancs et les arrières del’armée de Pomorze qui put se replier en mettant d'ailleurs une forte pression sur la 10e armée allemande qui doitdemander de l'aide au 16e corps d'armée. Ainsi se termine la bataille de la Bsura qui montre que la Pologne enattendant une hypothétique offensive française à l'ouest a toujours les moyens de résister aux Allemands, du moinspour quelques jours encore.

Situation le 14 septembre 1939.

Au moment de l'offensive polonaise sur la Bzura,les Allemands tentent, notamment avec la 4e

division blindée de prendre Varsovie. Les charsarrivent aux portes de la ville mais les troupesdirigées par le général Walerian Czuma avec l'aidede civils résistent et repoussent les Allemands enarrière grâce à une farouche résistance. Durant labataille, le général Czuma, blessé est remplacé parle général Juliusz Rómmel (homonyme du généralallemand). La capitale polonaise pour parer à unenouvelle attaque se transforma en camp retranché etde nombreuses barricades furent érigées sur lesartères principales.

Cependant, les Allemands doivent très vite se reconcentrer sur ce qui se passe à l'ouest de Varsovie car les troupes polonaises contre-attaquent car certaines unités sont encerclées. Ainsi l'armée Prusy réussit à franchir les lignes

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Campagne de Pologne (1939) 83

allemandes malgré la destruction de la majorité des troupes des 3e, 12e et 36e divisions d'infanterie. L'armée de Lodz,elle se dirigeait vers Varsovie puis finalement vers Modlin devant une farouche résistance allemande devant lacapitale polonaise. Pendant ce temps, les arrières-gardes polonaise mettaient en place la technique de la guérilla pourralentir la marche allemande. Néanmoins, les Allemands sont surtout arrêtés dans leur progression vers Varsovie parla résistance polonaise sur la Bsura et la Wehrmacht doit stopper l'investissement de la capitale polonaise. Lasituation entre le 12 et le 14 septembre est pour le moins confuse, aucun front cohérent n'existe et la Pologne voit sonterritoire traversé par de nombreuses troupes ennemies. Le 12 septembre, l'OKH demande aux généraux sur le frontde réduire les poches de résistance polonaise, de réduire à néant le danger polonais sur la Bsura et enfin de terminerla manœuvre d’encerclement de Brest-Litovsk.L’offensive menée par le 10e corps d'armée vers Brest-Litovsk a commencé depuis le 9 septembre et franchi laNarew le même jour. Néanmoins, les Polonais tiennent toujours les fortins situés sur la rive et les soldats allemandsont du mal à faire céder la défense polonaise notamment à cause de la lenteur du franchissement du fleuve par leschars. Après ces péripéties, le 10 septembre, les chars et l'infanterie peuvent enfin se diriger vers Brest-Litovsk, maisles troupes se trouvant le plus près de Varsovie ont bien du mal à progresser notamment la 20e division d'infanteriemotorisée. Pour parer à ce danger, Guderian est obligé d'arrêter la progression de ses blindés pour attaquer lesPolonais qui se retranchent dans la ville d'Andrzejwo où ils résisteront jusqu'au 13 avant de se replier. Enfin ladivision blindée "Kempf" qui est passe à la proximité immédiate de Varsovie doit demander l'aide de la Luftwaffepour repousser les Polonais qui ont contre-attaqué au niveau de la boucle que forment le Boug et la Narew.

La destruction de l’armée polonaise et l’intervention soviétique

Chars soviétiques traversant la frontière polonaisele 17.09.1939

Le 13 septembre, Guderian arrive en vue de la citadelle deBrest-Litovsk. Mais celle-ci résiste à un premier assaut allemand le 15septembre. Le lendemain, une nouvelle attaque échoue car les Panzerse retrouvent soudain seuls face aux remparts, l'infanterie n'ayant passuivi. Au cours de cette action, l'aide de camp de Guderian, lelieutenant-colonel Braubach est abattu par un sniper polonais. Le 17septembre, un régiment allemand parvient enfin à pénétrer dans lacitadelle et s'en empare au moment où la garnison polonaise s'enfuitvers l'ouest.

Pendant ce temps, le Heeres Gruppe Süd continue ses attaques en direction de Varsovie. La 14e armée doit de soncôté empêcher les Polonais de se diriger vers la frontière roumaine en se dirigeant plein sud. Néanmoins, lesPolonais résistent avec l'énergie du désespoir. La 1re division de montagne met ainsi 10 jours pour s'emparer de Lvivtout comme la 2e division de montagne est bloquée face à Przemysl qui tombe le 15 septembre.Sur la Bzura, les troupes polonaises qui sont encerclées réussissent une sortie et les survivants se dirigent versVarsovie. Le dernier espoir polonais de résister aux Allemands est de se retrancher au sud-est du pays, à la frontièrede la Roumanie. Ainsi, depuis le 15 septembre, de nombreuses unités se dirigent vers cette région. Ainsi, le frontnord est créé avec à sa tête le général Dab-Biernacki et qui regroupe les restes des troupes situées entre les forces deGuderian et celles de la 14e armée. Cette armée se dirige vers la frontière roumaine en passant par Lviv. Cesmouvements de troupes donnent un nouvel espoir au haut-commandement polonais, car le reste de l'armée polonaise,exceptée les troupes encerclées dans Varsovie, peuvent maintenant reformer un front cohérent à la frontièreroumaine et ainsi résister en attendant l'offensive française.Mais le 17 septembre, à la surprise de l'ensemble des belligérants (excepté Hitler et Ribbentrop), l’Armée rouge lance ses troupes sur l'est de la Pologne, sur un front qui s'étend de la Dvina au Dniestr. L'invasion de la Pologne par l’URSS le 17 septembre 1939 est entreprise conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique. Les Soviétiques interviennent car selon eux, les populations ukrainiennes et biélorusses de Pologne sont victimes de discrimination, bien que la raison officieuse soit l'intention qu'a Staline d'annexer des territoires polonais et ainsi

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d'agrandir la sphère d'influence de l’Union soviétique. Enfin, le dirigeant soviétique, qui avait précédemment subiune défaite cuisante durant la guerre russo-polonaise de 1920, souhaite depuis cette date se venger de cetaffront[réf. nécessaire].

Rencontre de soldats allemands et soviétiques à Lublin

Les troupes soviétiques qui attaquent sont constituéesde deux groupes d'armées. Celui de Biélorussie estconstituée de 4 armées et celui d'Ukraine de 3 armées.Parmi ces trois armées, la 12e reçoit l'ordre de couperl'accès à l'armée polonaise de la frontière hongroise etroumaine. En face de cette force d'invasion, lesPolonais n'alignent que 18 bataillons et 5 escadrons decavalerie. Certains de ces hommes, surpris de voir dessoldats soviétiques croient tout d'abord que ces dernierssont venus les aider mais ils comprennent très vite leurerreur lorsqu'ils sont capturés. Le même jour, legouvernement polonais basé à Kolomyja que lesavants-gardes russes menacent est pleinement conscient que l'armée polonaise ne pourra plus résister et se retiredonc par la voie des airs en Roumanie puis en France. Il est à noter que 30000 soldats polonais réussiront à s'enfuiren Roumanie où la politique de son chef change subitement ce qui fait que ces soldats sont internés. 60000 soldatspolonais se réfugieront aussi en Hongrie. Pendant ce temps, les Soviétiques progressent en deux jours de près de100 km et pillent tous les magasins qu'ils rencontrent malgré l'interdiction des généraux. Le 18 septembre, larésistance polonaise devient plus forte mais la fin est proche pour l'armée polonaise qui cherche d'ailleurs plus àcombattre les Allemands que les Soviétiques. C'est Guderian qui rencontre les premiers Soviétiques qui demandentau général allemand d'évacuer avant le 22 septembre la ville de Brest-Litovsk en vertu de l'accordgermano-soviétique. Pour Guderian le coup est dur, car la conquête de la ville a coûté des pertes non-négligeables àses troupes et le délai d'évacuation est trop court. Finalement, les Russes acceptent de lui donner plus de temps. Le18 septembre, Hitler annonce la fin de la campagne de Pologne mais il se trompe, en effet les Polonais résistentencore dans certains endroits du pays et notamment à Varsovie.

Le siège de VarsovieDepuis la première tentative de la prise de Varsovie, le général Juliusz Rómmel qui dirige la défense de la ville areçu de nouvelles troupes, provenant des débris d'armées encerclées à l'ouest de la capitale. Les Allemands tententd'obtenir la capitulation de la ville le 16 septembre mais sans résultat et les Allemands tardent à regrouper leursforces pour l'assaut alors qu'Hitler aurait voulu que Varsovie soit prise dès le 17 septembre. Le lendemain, lestroupes allemandes reçoivent l'ordre d'attaquer par le faubourg de Prague sur la rive est de la Vistule. Mais larésistance de la forteresse de Modlin située au confluent de la Narew et de la Vistule (au nord-ouest de la capitale)bloque les Allemands qui avancent très lentement. Devant ce premier échec, Gerd von Rundstedt déploie denouvelles forces pour la prise de Varsovie et qui sont les suivantes :• 13e corps d'armée;• 10e corps d'armée;• artillerie des 10e et 14e armée;• génie de la 10e armée.

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Bombardier allemand He 111 lors d'un bombardement au-dessus de laPologne

Le palais royal de Varsovie en flammes le 17 septembre 1939

Malgré ses effectifs imposants, von Rundstedt neveut pas qu'elles subissent de trop lourdes pertes etdécide de prendre la ville par la famine et lesbombardements. Néanmoins, cinq divisionsd'infanteries allemandes doivent conquérir la ceintureexterne de la ville et ses forts. À cause d'une trêvesignée entre les deux protagonistes pour permettrel'évacuation du personnel diplomatique des paysneutres, la Luftwaffe n'intervient qu'à partir du 22septembre avec le bombardement des installations deDCA et des installations militaires par la Luftflotte 1.La Luftfotte 4 bombarde les points les plus fortifiésde la ville. Les bombardements se poursuiventpendant deux jours avec le 24 septembre, la venue deHitler qui observe les bombardements depuis unclocher située à proximité de la ville. Il ordonne alorsde laisser tomber l'assaut sur Praga pour attaquerVarsovie directement. Mais les Allemands sont trèsgênés dans leurs préparatifs par les sorties polonaisequi sont cependant coûteuses pour les assiégés. VonRundstedt, devant cet état de fait, demande d'éviter àtout prix un assaut de l'infanterie et propose dedétruire la ville avec des bombes incendiaires. Le 24,les avions allemands balancent des tracts demandantà la population de se réfugier dans le quartier dePraga car le lendemain, un raid aérien largue 486tonnes de bombes explosives sur la ville.

De son côté, Hitler refuse l'utilisation de bombesincendiaire et insiste sur la prise de quelques forts dela ceinture extérieure de Varsovie pour prouver à von Rundstedt qu’un assaut de l’infanterie peut amener à la prise dela ville. Néanmoins, les progrès allemands sont faibles dans la ville et les Polonais luttent pied à pied mais cesderniers commencent à manquer de tout (eau, vivres et munitions). Le 26 septembre, Rómmel envoie unparlementaire aux Allemands et les Polonais capitulent le 28 septembre à 13h15. Avec la prise de Varsovie, 120000prisonniers dont 16000 blessés ont été capturés. Malgré la capitulation, la forteresse de Modlin continue la lutte maisdès le lendemain, les défenseurs du fort rendent les armes. Dans le secteur de Kock, la 13e division d'infanteriemotorisée allemande est surprise par l'armée de Polésie qui flanque les fantassins à l’aide de sa cavalerie, mais le 6octobre des renforts vont venir à bout des soldats polonais. Entre le 4 et 5 septembre la Pologne fait subir à laWehrmacht un bombardement intensif avec 36 avions PZL P.37 Łoś. Au cours de celui-ci, 40 tonnes de bombes sontlarguées sur les nazis qui doivent retarder leur invasion de 2 jours et qui perdent 30% de leurs hommes, chars etvéhicules blindés[réf. nécessaire].

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BilanLes pertes allemandes lors de la campagne polonaise se chiffrent à 16660 morts ou disparus et 32000 blessés, lesPolonais eux perdent 66300 tués, 133700 blessés et 158000 prisonniers (58000 capturés par les Allemands plus100000 capturés par les Soviétiques)[3] . Les Russes, perdent 737 hommes et ont 1125 blessés enfin les Slovaquesont 30 disparus ou morts et 46 blessés.[réf. nécessaire]

AnnexesGrand Écho du Nord des 30, 31 août, 1er, 2 et 28 septembre 1939.

Autres lectures• Buffetaut, Yves, La campagne de Pologne: Septembre 1939 (1), revue Armes Militaria HS no.37, 2000.• Buffetaut, Yves, Varsovie et La Sarre: Septembre 39 (II), revue Armes Militaria HS no.40, 2001.• Fernandez, José, La campagne de Pologne, revue Ciel de Guerre n°5• Fernandez, José, La campagne de Pologne, revue Batailles Aériennes no.4, 1998.• Slizewski, Grzegorz, Dix-sept jours de combat: la chasse polonaise en 1939 (1), revue Avions no.116, novembre

2002.• Slizewski, Grzegorz, Dix-sept jours de combat: la chasse polonaise en 1939 (2), revue Avions no.117, décembre

2002.• Valet, Thierry, La cavalerie polonaise: Structure, doctrine et opérations en 1939, revue Vae Victis no.28,

septembre-octobre 1999.

Articles connexes• Incident de Gleiwitz• Ordre de bataille lors de la campagne de Pologne (1939)• Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale• Seconde Guerre mondiale : la marche à la guerre

• Avant : Anschluss | Accords de Munich : règlement des Sudètes• Après : Drôle de guerre | Campagne de Norvège

• Chronologie : septembre 1939• (de) Fall Weiß• Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale

Références[1] Ces deux dernières régions constituent la majeure partie de l'actuelle République tchèque[2] Cette fermeté était largement feinte selon Eric Hobsbawm dans L'Âge des extrêmes, p. 210, qui s'appuyant sur l'ouvrage de Donald Cameron

Watt, How war came : « Lorsque les armées allemandes entrèrent en Pologne, le gouvernement de Neville Chamberlain était encore disposé àpactiser avec Hitler, ainsi que celui-ci l'avait escompté »

[3] Steven J. Zaloga L'invasion de la Pologne, la guerre éclair, Osprey Publishing

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Shoah

Destruction du ghetto de Varsovie, avril 1943.

Le terme Shoah[1] (hébreu : האוש, « catastrophe »)désigne l'extermination systématique parl'Allemagne nazie des trois quarts des Juifs del'Europe occupée[2] , soit les deux tiers de lapopulation juive européenne totale et environ 40 %des Juifs du monde, pendant la Seconde Guerremondiale ; ce qui représente entre cinq et sixmillions de victimes selon les estimations deshistoriens[3] . Ce génocide des Juifs constituaitpour les nazis « la Solution finale à la questionjuive » (die Endlösung der Judenfrage). Le termefrançais d’Holocauste est également utilisé et l’aprécédé. Le terme « judéocide » est égalementutilisé par certains pour qualifier la Shoah.

L'extermination des Juifs, cible principale des nazis, fut perpétrée par la faim dans les ghettos de Pologne et d'URSSoccupées, par les fusillades massives des unités mobiles de tuerie des Einsatzgruppen sur le front de l'Est (la « Shoahpar balles »), au moyen de l'extermination par le travail forcé dans les camps de concentration, dans les « camions àgaz », et dans les chambres à gaz des camps d'extermination.

L'horreur de ce « crime de masse »[4] a conduit, après-guerre, à l'élaboration des notions juridiques de « crime contrel'humanité »[5] et de « génocide »[6] , utilisé postérieurement dans d'autres contextes (génocide arménien, génocidedes Tutsi, etc.). Une très grave lacune du droit international humanitaire a également été complétée avec l'adoptiondes Conventions de Genève de 1949, qui protègent la population civile en temps de guerre[7] .L'extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale se distingue par son caractère industriel, bureaucratiqueet systématique qui la rend unique dans l'histoire de l'humanité[8] . Paroxysme d'un antisémitisme européen à la trèslongue histoire, ce génocide a voulu éliminer radicalement la totalité d'une population qui ne représentait aucunemenace militaire ou politique pour les bourreaux. Les femmes, les bébés ou les vieillards furent tout aussisystématiquement traqués et voués à la mort de masse que les hommes adultes. En particulier, 1500000 enfantsfurent victimes de l'anéantissement[9] . L'extermination physique des Juifs fut aussi précédée ou accompagnée de leurspoliation systématique (aryanisation) et de la destruction d'une part considérable de leur patrimoine culturel oureligieux.Perpétré sur l’ordre d’Adolf Hitler, le crime a principalement été mis en œuvre par la SS et le RSHA dirigés parHeinrich Himmler, ainsi que par une partie de la Wehrmacht, et par de nombreux experts et bureaucrates du IIIe

Reich. Il a aussi bénéficié de complicités individuelles et collectives dans toute l’Europe, notamment au sein desmouvements collaborationnistes d’inspiration fasciste ou nazie, et de la part de gouvernements ou d’administrationsayant fait le choix de la collaboration d'État. Les passivités ou les indifférences de beaucoup ont aussi indirectementaidé à son accomplissement. Parallèlement, de nombreux anonymes désintéressés, parfois honorés de la distinctionde « Juste parmi les nations », se sont dévoués pour sauver des persécutés.Le Troisième Reich a aussi exterminé en masse les handicapés mentaux (leur gazage massif lors de l’aktion T4 aprécédé et préfiguré celui des Juifs d'Europe), les Tziganes (Porajmos), les homosexuels et les populations slavesnotamment polonaises et soviétiques, mais seul le massacre des Juifs a été conduit avec acharnement jusqu'auxderniers instants du Reich.La Shoah constitue l'un des événements les plus marquants et les plus étudiés de l'histoire contemporaine. Son impact moral, culturel et religieux a été immense et universel, surtout depuis sa redécouverte à partir des années

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1960-1970. À côté de l'investigation historique, la littérature de la Shoah offre quelques pistes aux nombreusesinterrogations posées à la conscience humaine par la nature et l'horreur exceptionnelles du génocide.

La Shoah comme terme d'un processus

Apposition d'affiche indiquant le boycott desmagasins juifs en 1933

Le boycott des magasins juifs en 1933

Boycott officiel des magasins juifs par les SA,Berlin, printemps 1933.

Dans La Destruction des Juifs d'Europe, Raul Hilberg analyse la Shoahcomme un processus, dont les étapes sont la définition des Juifs, leurexpropriation, leur concentration, et enfin leur destruction[10] .

La première étape[11] est codifiée par les lois dites de Nuremberg, en1935, qui elles-mêmes venaient après une série de mesuresdiscriminatoires prises dès l'avènement d'Hitler et des nazis le30 janvier 1933.

Les Juifs y sont définis par la législation nazie selon la religion de leursascendants et leur propre confession. Toute personne ayant trois ouquatre grands-parents juifs est considérée comme juive. Une personneayant deux grands-parents juifs est considérée également comme juivesi elle est elle-même de religion israélite, ou si elle est mariée à unepersonne de cette confession. Si tel n'est pas le cas, ou si la personnen'a qu'un seul grand-parent juif, elle est rangée dans une catégoriespécifique, les Mischlinge[12] . La définition des Mischlinge est arrêtéeen 1935. À partir de là, ils restent soumis aux mesures dediscriminations concernant les non-aryens, mais échappent en principeaux mesures ultérieures, comme le processus de destruction, qui neconcerneront que les seuls Juifs[13] . À partir de l'automne 1941, lesJuifs d'Allemagne doivent porter une étoile jaune, signe renduégalement obligatoire en 1942 à travers les territoires européensoccupés, où les nazis ont d'emblée fait recenser et discriminer lapopulation juive. Le 28 juillet 1942, alors que l'extermination bat sonplein, Himmler interdit à ses experts de continuer à chercher ladéfinition du Juif - afin de ne pas lier les mains aux tortionnaires[14] .

En règle générale, les lois de Nuremberg sont rapidement introduitestelles quelles par ordonnance allemande dans la plupart des paysvaincus et occupés (Belgique, Pays-Bas, Grèce, etc.). Mais plusieurspays européens avaient adopté d'eux-mêmes leur propre législationantisémite dès l'avant-guerre, notamment l'Italie fasciste de Mussolinien 1938, la Hongrie de l'amiral Horty, la Roumanie du maréchal IonAntonescu, la Slovaquie de Mgr Tiso. En France, le gouvernement deVichy du maréchal Pétain, issu de la défaite de juin 1940, a mis enplace un statut discriminatoire des Juifs dés octobre 1940[15] . Toutesces dispositions n'ont aucun objectif homicide par elles-mêmes, maiselles prédisposent les gouvernants à collaborer aux futuresdéportations. Et en isolant et en fragilisant les Juifs nationaux etétrangers, elles les rendent vulnérables lorsque surviendra la tentative

nazie d'extermination.

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Shoah 89

Autodafé le 11 mai 1933

Humiliation publique d'un notable Juif à Munichen 1933

L'expropriation prend la forme de très fortes incitations sur les Juifs àvendre les grandes entreprises qu'ils possèdent (aryanisation), puis, àpartir de 1938, de ventes légalement forcées. La concentration des Juifsdu Reich dans des immeubles réservés commence à partird'avril 1939[16] . Cette phase d'expropriation est également mise enœuvre avec des variantes dues aux circonstances locales dansl'ensemble des pays d'Europe sous domination nazie[17] .

La dernière étape, l'extermination physique, se dessine entre 1938 et1941.

Avant-guerre, le but est d'abord de chasser les Juifs par une persécutionsans cesse plus radicale. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin,celle des brimades et des interdictions aussi : toute vie normale leur estrendue impossible, afin de les contraindre à l'émigration hors du Reich.Mais beaucoup refusent de quitter leur pays, et à partir de 1938, lavolonté nazie d'expansion territoriale met cette politique dans uneimpasse : à chaque agrandissement, le Reich absorbe plus de Juifs qu'iln'en sort de ses frontières[18] .

C'est le cas lorsqu'il annexe l'Autriche en mars 1938 (l'Anschluss estaccompagnée d'un déchaînement immédiat de brutalités contre lesJuifs, agressés, battus, dépouillés ou humiliés jusqu'en pleine rue), puislors du rattachement des Sudètes (octobre 1938) et de l'entrée des

troupes allemandes à Prague le 15 mars 1939. La conquête de la Pologne, en septembre 1939, fait à elle seule tomberplus de trois millions de Juifs sous la coupe des nazis.

Le 1er septembre 1939, Hitler autorise personnellement l'aktion T4, qui entraîne l'extermination par gazage de plusde 150000 handicapés mentaux allemands en deux ans, dans des « centres d'euthanasie » prévus à cet effet. Lesforces nazies fusillent en outre systématiquement les malades incurables qu'elles trouvent en Pologne et en URSSoccupées. La continuité entre cette politique d'eugénisme criminelle et la Shoah est très importante : nombre despécialistes de l'euthanasie sont ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs, qui survient à son tour à partir de fin1941.

Timbre de la RFA commémorant la nuit deCristal (9 novembre 1938).

L'élimination physique des Juifs a commencé à partir de la nuit deCristal du 9 novembre 1938, pogrom planifié d'en-haut qui fait91 morts à travers toute l'Allemagne et entraîne l'arrestation de30000 Juifs conduits en camp de concentration, la dévastation decentaines de magasins et la destruction de dizaines de synagogues.

Le 30 janvier 1939, pour le sixième anniversaire de sa prise dupouvoir, dans un discours tonitruant devant le Reichstag, Hitler «prophét[is]e » qu'au cas où les Juifs « provoqueraient » une nouvelleguerre mondiale, la conséquence en serait « l'extermination des Juifsd'Europe ». Or c'est à l'accomplissement de cette « prophétie » quelui-même comme Goebbels et de nombreux responsables nazis feront de nombreuses références au cours de laguerre.

En particulier, lorsque la guerre devient mondiale en décembre 1941 avec l'agression japonaise à Pearl Harbor et ladéclaration de guerre du Reich aux États-Unis, Hitler et son entourage se persuadent qu'il faut « punir » les Juifs,jugés responsables de la guerre que l'Axe a elle-même provoquée, et donc vus comme coupables des pertesallemandes au front ou des bombardements sur les villes.

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Shoah 90

Hantés par le mythe mensonger du « coup de poignard dans le dos » (l'Allemagne aurait perdu la guerre en 1918 sansêtre militairement vaincue, mais parce qu'elle aurait été trahie de l'intérieur, entre autres par les Juifs), les nazisveulent aussi anéantir la menace imaginaire que représenteraient les communautés du continent. Beaucoup detortionnaires seront persuadés de mener contre ces civils désarmés une lutte toute aussi méritoire que celle descombattants au front.Dans son célèbre discours secret de Posen prononcé en octobre 1943, Himmler justifie la nécessité pour lesAllemands de tuer aussi les femmes et les enfants en raison du danger que ces derniers exercent un jour desreprésailles sur eux-mêmes ou leurs propres enfants. C'est à cette occasion qu'il qualifie le massacre en cours de «page glorieuse de notre histoire, et qui ne sera jamais écrite ».À l'heure où ils entrent en guerre totale, les nazis veulent aussi brûler leurs vaisseaux en perpétrant un crime d'unetelle gravité qu'il rende impossible tout compromis et ne leur laisse le choix qu'entre se battre jusqu'au bout oul'assurance de finir tous condamnés et punis.Au-delà, la Shoah est l'aboutissement logique de la haine idéologique absolue des antisémites nazis pour une « race »qu'ils ne jugent pas seulement inférieure, mais radicalement nuisible et dangereuse. Vus comme des « poux » et des «vermines », exclus de l'humanité (au point qu'on ne se donnera jamais la peine d'établir aucun décret les condamnantà mort, a fortiori de le lire aux victimes), les Juifs n'ont pas leur place sur terre - notamment pas dans l'espace vitalarraché à l'Est sur les « sous-hommes » slaves.Le judéocide trouve en effet aussi en partie ses origines dans le vaste projet de remodelage démographique del'Europe mis au point par les nazis, secondés par une pléthore d'experts, de géographes et de savants souventhautement diplômés. Dans l'espace vital conquis à l'Est, il s'agit de faire de la place pour des colons allemands endéportant les Slaves en masse, mais aussi en les stérilisant et en les réduisant à l'état d'une masse de sous-hommesvoués à l'esclavage, tandis que les mêmes territoires doivent être nettoyés des Tziganes et surtout des Juifs parl'extermination.Comme le résume Marc Mazower, « génocide et colonisation étaient inextricablement liés, car le but de Hitler étaitla complète recomposition raciale de l’Europe ». Ce n'est en rien un hasard si les premières expulsions puis mises àmort massives de Juifs eurent lieu dans les territoires polonais annexés par le Reich et qu'il s'agissait de « nettoyer »et de germaniser au plus vite, ainsi le Warthegau ou les environs de Dantzig, ni si la ville d'Auschwitz, siège du plusgrand camp de concentration et d'extermination nazi, devait être aussi redessinée pour accueillir des colonsallemands[19] .Ces projets démographiques ne sont toutefois qu'un point de départ. Car à partir du meurtre des Juifs de l'Est, c'estpar extension, par pure haine idéologique, tous les Juifs d'Europe et tous ceux du monde entier tombés sous la coupedes hitlériens qui doivent être tués (en 1943, on verra même les nazis déporter par avion 200 Juifs de Tunis vers lescamps de la mort, tandis qu'Hitler demandera en vain à ses alliés japonais de s'en prendre aux Juifs allemandsréfugiés à Shanghai).Dès la conquête de la Pologne en septembre 1939, près de 10000 Juifs sont fusillés par les Einsatzgruppen(uniquement des hommes adultes, toutefois). Les Juifs polonais sont enfermés dans des ghettos mortifères où la faim,le travail forcé, les mauvais traitements et les exécutions sommaires font des coupes claires.

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Shoah 91

Lettre de Göring à Heydrich chargeant ce dernierd'organiser la « solution finale de la question

juive », juillet 1941.

Après l'agression de l'URSS le 22 juin 1941, cependant, la violencemeurtrière se déchaîne à une échelle sans précédent : ce sont près de1500000 Juifs qui périssent en quelques mois, fusillés par lesEinsatzgruppen, et cette fois-ci, essentiellement des femmes, desenfants, des vieillards ou des hommes adultes non mobilisés.

En 1940, les Allemands prévoyaient encore une émigration massive etforcée des Juifs d'Europe occupée vers Madagascar qui serait devenueune « réserve juive »[20] . La continuation du conflit avec leRoyaume-Uni empêche cette solution à la « question juive » d'aboutir.Début 1941, Hitler songe également à déporter les Juifs en Sibérie :cette solution aurait suffi à entraîner une hécatombe et était donc déjàen elle-même quasi-génocidaire[21] . Mais dès le ralentissement del'avancée allemande en Russie à l'automne 1941 et avant même l'échecde la Wehrmacht devant Moscou, cette solution n'est plus à l'ordre dujour.

L'extermination de la totalité des Juifs d'Europe est décidée dans lecourant de l'automne 1941. Le 31 juillet 1941, le haut chef SSReinhard Heydrich se fait signer par Hermann Göring, no 2 du régime,un ordre officiel secret qui lui confie la recherche et la mise en œuvred'une « solution finale au problème juif ». Sans doute vers la fin de l'été, Adolf Eichmann est convoqué dans lebureau de Reinhard Heydrich, qui lui dit : « Je sors de chez le Reichsführer Heinrich Himmler ; le Führer AdolfHitler a maintenant ordonné l'extermination physique des Juifs[22] . »

Pour Raul Hilberg, la Shoah est un crime de bureaucrates, qui passent d'une étape à l'autre, minutieusement,logiquement, mais sans plan préétabli. Cette analyse a été approuvée par les autres spécialistes de la Shoah, mais lemoment exact où l'intention exterminatrice apparaît fait l'objet de débats, analysés ci-après dans la section «Historiographie » de l'article.

L'extermination des Juifs d'Europe orientale (1939-1941)

Les ghettos

La construction du mur du Ghetto de Varsovie

Après l'invasion allemande de la Pologne, les Juifs de ce pays sontcontraints de vivre dans des quartiers clos, les ghettos. Les conditionsde vie y sont nettement dures pour trois raisons. D’abord, lesresponsables de la concentration des Juifs en Pologne sont, souvent,des membres de la NSDAP, et non, comme en Allemagne, desfonctionnaires sans affiliation partisane. Ensuite, les Juifs polonaisreprésentent ce qu’il y a de plus méprisable dans la mythologie nazie,et sont les plus persécutés dès avant la guerre. Enfin, les Juifs étaientbeaucoup plus nombreux numériquement et proportionnellement, enPologne (3.3 millions, dont deux millions dans la zone allemande, sur33 millions d’habitants dans tout le pays) qu’en Allemagne[23] . LesJuifs de l’Ancien Reich (frontières de 1937) sont également déportésvers les ghettos de Pologne, à partir de 1940.

Les premiers ghettos sont édifiés dans la partie de la Pologne « incorporée » au Reich, pendant l’hiver 1939-1940, puis dans le gouvernement général, partie de la Pologne administrée par Hans Frank. Le plus ancien est le ghetto de

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Shoah 92

Łódź, le plus grand, celui de Varsovie. La ghettoïsation est achevée pour l’essentiel au cours de l’année 1941, etcomplètement terminée en 1942[24] .À l’intérieur même du ghetto, les mouvements des Juifs sont limités : ils doivent rester chez eux de dix-neuf heures àsept heures. La surveillance extérieure est assurée par la police régulière et la surveillance intérieure par la Police desûreté (Gestapo et Kripo), elle-même renforcée par la police régulière, à la demande de cette dernière[25] .Dès le 26 octobre 1939, le principe du travail forcé pour les Juifs de Pologne est adopté[26] . Les Juifs sont déciméspar la malnutrition, les épidémies — notamment de typhus, de tuberculose, de grippe —, et la fatigue consécutive autravail que leur imposent les autorités allemandes. Par exemple, le ghetto de Łódź, qui compte 200000 habitants àl’origine, compte plus de 45000 morts jusqu’en août 1944[27] . Au cours de l'année 1943, sur l'ordre d'Himmler, lesghettos sont progressivement réorganisés en camps de concentration. Ce ne sont plus les administrations civiles quis'en occupent mais les SS. En Ostland, les tueries continuent jusqu'à la disparition quasi-totale de Juifs. À partir dedécembre 1941, les survivants des ghettos sont déportés vers les centres de mise à mort. Les premiers sont les Juifsdu Wartheland, envoyés à Chełmno. En mars 1942, ceux de Lublin sont envoyés à Belzec. À partir de juillet, leghetto de Varsovie commence à être vidé[28] .

Les unités mobiles de tuerie : la première vague de massacresLe 13 mars 1941, pendant les préparatifs de l'invasion de l'URSS, le feld-maréchal Keitel rédige une série d’« ordrepour les zones spéciales » :« Dans la zone des opérations armées, au Reichsführer SS Himmler seront confiées, au nom du Führer, les tâchesspéciales en vue de préparer le passage à l’administration politique — tâche qu'impose la lutte finale qui devra selivrer entre deux systèmes politiques opposés. Dans le cadre de ces tâches, le Reichsführer SS agira en touteindépendance et sous sa propre responsabilité[29] . »En termes clairs, il est décidé que des unités mobiles du RSHA, les Einsatzgruppen, seraient chargées d'exterminerles Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres communistes, voire les handicapés et les homosexuels. Ce passageaurait été dicté par Adolf Hitler en personne[30] .Pendant les premières semaines, les membres des Einsatzgruppen, inexpérimentés en matière d'extermination, netuent que les hommes juifs. À partir d'août, les autorités centrales clarifient leurs intentions, et les Juifs sontassassinés par familles entières. Les Einsatzgruppen se déplacent par petits groupes, les Einsatzkommandos, pourmassacrer leurs victimes. Ils se placent le plus près possible des lignes de front, quitte à revenir vers l'arrière aprèsavoir massacré leurs premières victimes. C'est le cas, par exemple, de l’Einsatzgruppe A, qui s’approche deLeningrad avec les autres troupes, puis se replie vers les pays baltes et la Biélorussie, détruisant, entre autres, lescommunautés juives de Liepāja, Riga, Kaunas (en treize opérations successives) et Vilnius (en quatorze attaques)[31]

. Dans les premiers mois de l'invasion de l'URSS, les unités mobiles annoncent près de 100000 tués par mois.Les SS sont assistés par une partie de la Wehrmacht. Dans bien des cas, les soldats raflent eux-mêmes les Juifs pourque les Einsatzkommados les fusillent, participent eux-mêmes aux massacres, fusillent, sous prétexte de représailles,des Juifs. Ainsi, à Minsk, plusieurs milliers de « Juifs, criminels, fonctionnaires soviétiques et asiatiques » sontrassemblés dans un camp d’internement, puis assassinés par des membres de l’Einsatzgruppe B et de la Police secrètede campagne[32] . Leur action est complétée par des unités formées par les chefs de la SS et de la Police, ou plusrarement par la seule Gestapo. C’est le cas, notamment, à Memel (plusieurs milliers de victimes), Minsk(2278 victimes), Dnipropetrovsk (15000 victimes) et Riga[33] . Des troupes roumaines participent également auxfusillades, ainsi que le sonderkommando letton de Viktors Arājs: responsable à lui seul de la mort d'entre 50 000 et100 000 personnes (juives et/ou communistes), Arājs ne sera condamné qu'en 1979.

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Shoah 93

Une femme juive et son enfant fusillés par lesEinsatzgruppen pendant que d'autres victimesdoivent creuser leur fosse. Ivangorod, Ukraine,

1942.

Les procédures de massacres sont standardisées pour être rapides etefficaces. Les Einsatzgruppen choisissent généralement un lieu endehors de la ville. Ils approfondissent un fossé anti-char ou creusentune nouvelle fosse. À partir d'un point de rassemblement, ils amènentles victimes jusqu'au fossé par petits groupes en commençant par leshommes. Les prisonniers remettent alors tout ce qu'ils ont comme objetde valeur au chef des tueurs. Par beau temps, ils doivent donner leursvêtement et même parfois leur linge de corps.Certains Einsatzgruppen alignent les condamnés face aux fossés puisles mitraillent laissant leurs corps inertes tomber dans la tombecollective[34] . D'autres tirent une balle dans la nuque de chaquecondamné.

Paul Blobel et Ohlendorf, commandants d’Einsaztgruppen refusent ces méthodes jugées trop stressantes pour les SSet préfèrent les tirs à distance. Ils utilisent ce qui a été appelé le « système des sardines », Ölsardinenmanier : Unepremière rangée de victimes doit s'allonger au fond du fossé. Elle est fusillée du haut du fossé par des tirs croisés.Les suivants se couchent à leur tour sur les cadavres de la première rangée et la fusillade recommence. À lacinquième ou sixième couche, la tombe est recouverte de terre[35] . Les Einsaztgruppen veulent que leurs actionssoient la plus discrète possible et s'efforcent d'agir à l'écart des populations civiles et de la Wehrmacht[36] .

Les Einsatzgruppen s’efforcent de susciter des pogroms locaux, à la fois pour diminuer leur charge de travail et pourimpliquer une part maximale de la population locale dans l’anéantissement des Juifs. Les bureaucrates du RSHA etles commandants de l’armée ne souhaitent pas que de telles méthodes soient employées, les uns parce que ces formesde tueries leur paraissent primitives et donc d’une efficacité médiocre par rapport à l’extermination soigneuse desEinsatzgruppen ; les autres parce que ces pogroms font mauvais effet. Les pogroms ont donc lieu, principalement,dans des territoires où le commandement militaire était encore mal assuré de son autorité : en Galicie et dans les paysbaltes, tout particulièrement en Lituanie.En quelques jours, des Lituaniens massacrent 3800 Juifs à Kaunas. Les Einsatzgruppen trouvent une aide plusimportante et plus durable en formant des bataillons auxiliaires dans la population locale, dès le début de l’été 1941.Ils ont été créés, pour la plupart, dans les pays baltes et en Ukraine. L’Einsatzkommando 4a (de l’Einsatzgruppe C)décide ainsi de ne plus fusiller que les adultes, les Ukrainiens se chargeant d’assassiner les enfants. Quelquefois, laférocité des collaborateurs locaux effraie jusqu’aux cadres des Einsatzgruppen eux-mêmes. C’est le cas, enparticulier, des membres de l’Einsatzkommando 6 (de l’Einsatzgruppe C), « littéralement épouvantés par la soif desang » que manifeste un groupe d’« Allemands ethniques » ukrainiens[37] .Le recrutement en Ukraine, Lituanie et Lettonie est d’autant plus facile qu’un fort antisémitisme y sévissait avant laguerre — à la différence de l’Estonie, où la haine des Juifs était presque inexistante[38] .Lorsque les tueurs estiment que l’extermination prendra du temps, ils créent des ghettos pour y parquer lessurvivants, en attendant leur élimination. Mais dans plusieurs cas, cette création n’est pas nécessaire, notamment àKiev : 33000 Juifs sont assassinés en quelques jours, près de Babi Yar[39] .De passage à Minsk, le 15 août 1941, Himmler assiste à une opération mobile de tuerie. Ébranlé par le massacremais pénétré de l'importance supérieure de ses actes, il demande à ses subordonnés de chercher un moyen moinstraumatisant pour les SS de remplir leur mission[40] .C'est ainsi que les premiers camions à gaz sont testés. À partir de décembre 1941, deux à trois camions à gaz sont envoyés dans chaque Einsatzgruppe. Le procédé est toujours le même. Les camions sont garés à l'écart. Des groupes de 70 juifs en linge de corps s'entassent à l'intérieur. Les gaz d'échappement sont déversés à l'intérieur faisant suffoquer les victimes. Les camions roulent ensuite jusqu'au fossé où les corps inanimés sont jetés[41] . Mais la pluie met à mal l'étanchéité des camions. Les hommes souffrent de maux de tête en déchargeant les camions, car tous les

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gaz d'échappement ne se sont pas dispersés. La vision des visages défigurés des asphyxiés stresse les SS[42] .Selon le tribunal de Nuremberg, environ deux millions de Juifs ont été assassinés par les unités mobiles de tuerie —une estimation reprise à son compte par Lucy S. Dawidowicz[43] . Raul Hilberg compte de son côté 1.4 million devictimes, et Léon Poliakov 1.5 million, mais cette fois pour la seule URSS[44] .

La deuxième vague (1942)La première vague de massacres s'arrête pour l'essentiel à la fin de l'année 1941, sauf en Crimée où elle se prolongejusqu'à l'été 1942.Une deuxième vague de tuerie s'amorce dès la fin de l'année 1941 dans les régions de la Baltique et se diffuse tout aulong de l'année 1942 dans tous les territoires occupés[45] .

Rapport de Himmler à Hitler faisant état del'assassinat de 363211 Juifs de la région de

Byalistock entre le 1er octobre et le 1er décembre1942.

Les Einsatzgruppen jouent un rôle moins important. Ils sont placéssous le commandement des chefs suprêmes des SS et de la police. Leseffectifs de la police régulière s'accroissent beaucoup pour prendre partà la deuxième vague de massacres. À la fin de l'année 1942,5 régiments de la police régulières servent sur le front, 4 sontstationnés à l'arrière, renforcés par 6 bataillons supplémentaires quiobéissent tous aux dirigeants SS et de la police[46] . Les villesimportantes et les zones rurales des régions occupées fournissent ellesaussi des éléments. Ces éléments recrutés sur place sontessentiellement composés de Baltes, Biélorusses et Ukrainiens. Ilsforment la Schutzmannschaft (Schuma en abrégé). Son effectif passe de33270 hommes au milieu de l'année 1942 à 47974 à la fin de l'année[47]

. Les SS reçoivent aussi l'appui de la gendarmerie militaire et de lapolice secrète militaire[48] .

Dans l’Ostland, il reste au début de l'année 1942, environ 100000 Juifs.Environ 68000 vivent dans les grands ghettos, le reste a trouvé refugedans les forêts, certains comme partisans. En janvier 1942, les SS et lapolice du Nord commencent à ratisser la région méthodiquement, zonepar zone, tuant les Juifs des petits ghettos et exécutant ceux des forêts.Seulement quelques milliers parviennent à en réchapper[49] . En même temps, se prépare la destruction des grandsghettos de l’Ostland.

La méthode est souvent la même. La veille de la tuerie, un détachement juif creuse des grandes tombes. Dans la nuitou à l'aube, les forces allemandes pénètrent dans le ghetto et rassemblent les Juifs. Ceux qui tentent de se cacher sontexécutés parfois à la grenade. Ceux qui se sont groupés sont amenés par camions jusqu'aux fosses communes où ilssont exécutés par balle. Fin 1942, il n'y pas plus de Juifs en Ukraine.Malgré toutes les précautions d'Himmler pour garder les tueries secrètes, des photos prises par des soldats alliés,hongrois ou slovaques circulent. Himmler craint aussi que les Soviétiques ne découvrent un jour les charniers, sil'armée allemande recule. Il ordonne à Paul Blobel d'effacer les traces des exécutions des Einsatzgruppen. Lecommando « 1005 » reçoit la mission de rouvrir les tombes et de brûler deux millions de cadavres. Mais ce travail estimparfaitement accompli pour de nombreuses raisons[50] .

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Les massacres par balles à l'Est après 1942Encore en novembre 1943, pour démanteler l'empire économique que son subordonné Odilo Globocnik s'est tailléautour de Lublin grâce à la main-d'œuvre juive servile, Himmler ordonne le massacre de cette dernière : en deuxjours, plus de 40000 Juifs sont assassinés au cours de ce qui est connu comme l'opération « Fête des Moissons ».

Autres fusillades de Juifs en Europe occupéeLa Pologne et les Balkans occupés ont vu de nombreux massacres de Juifs par fusillade, mais aussi par pendaison,noyade ou sévices exercés jusqu'à la mort. Les cas de la Roumanie, de la Serbie et de la Croatie sont décrits ci-aprèsà la sixième partie de cet article.En Europe de l'Ouest, la terreur nazie revêt des formes moins amples et de tels déchaînements publics de sauvageriesont difficilement pensables. Les massacres collectifs de Juifs en plein air sont de ce fait restés rares ou inexistants.Cependant, les nombreux otages fusillés par les nazis sont souvent pris parmi les Juifs.Serge Klarsfeld a ainsi établi que sur plus d'un millier d'otages assassinés au fort du Mont-Valérien, 174 étaientjuifs[réf. souhaitée]. Encore en juillet 1944, à Rillieux-la-Pape, le chef milicien Paul Touvier fait abattre arbitrairementsept Juifs pour venger la mort de l'orateur collaborationniste Philippe Henriot, exécuté par la Résistance[réf. souhaitée].Des Juifs italiens figurent parmi les victimes du massacre des Fosses ardéatines à Rome en mars 1944.

Les camps de concentration et d'extermination (1942-1945)

Du massacre à l'Est au génocide en Europe (automne 1941)L'élimination physique s'étend au cours de l'automne 1941 aux Juifs allemands puis à ceux de toute l'Europeoccupée. C'est le passage décisif d'un judéocide jusque là localisé en URSS à un génocide industriel planifié del'ensemble du peuple juif et mis en œuvre dans toute l'Europe occupée.À partir de septembre - octobre 1941, des Juifs allemands sont à leur tour déportés dans les ghettos mortifères del’Est, voire dans les zones de massacre en URSS. 80 convois partent ainsi du Reich avant fin 1941. Dans desconditions épouvantables, 72 trains acheminent leur chargement humain dans des ghettos où les fusillades ont libéréde la place (presque tous périront gazés ou fusillés à leur tour lors des liquidations de ghettos en 1942-1943). 8 autresvoient leurs passagers liquidés dès l'arrivée[51] .Ainsi le 15 octobre, près de 5000 Juifs déportés de Berlin, Munich, Francfort, Vienne ou Breslau sont déportés enLituanie et fusillés par les Einsatzgruppen dès leur descente du train : le rapport Jäger fait état de leur exécution aufort IX de Kaunas les 25 et 29 novembre. Le 18 octobre, d'autres convois quittent Prague, Luxembourg ou Berlin.Tout le Grand-Reich est donc concerné[52] .On bascule un peu plus du meurtre des Juifs d’URSS à ceux de l’espace européen entier lorsque le 2 octobre,Heydrich laisse dynamiter six synagogues de Paris par les collaborationnistes doriotistes du PPF, avec des explosifsfournis par ses services, afin de bien montrer que la France ne sera plus jamais « la citadelle européenne des Juifs » etque ceux-ci doivent craindre pour leur vie partout en Europe occupée.Le 23 octobre, Himmler interdit officiellement l’émigration des Juifs. Ne reste donc plus ouverte que l’option del'extermination.Le 7 décembre, le premier camp d'extermination est ouvert à Chełmno en Pologne annexée : de fusillades «artisanales », la tuerie passe à l'échelle industrielle. Les victimes, emmenées de tout le Warthegau dirigé par lefanatique gauleiter Arthur Greiser, sont enfermées dans des camions à gaz où elles meurent lentement asphyxiéespar les fumées d'échappement, dirigées sur l'intérieur du véhicule. En sept mois, plus de 100000 personnes trouventainsi la mort.Au même moment, la construction de Belzec et celle de Sobibor sont lancées.

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La conférence de Wannsee (20 janvier 1942)Le génocide industriel est donc lancé avant même que se réunisse la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942(initialement prévue pour le 9 décembre 1941 mais reportée).Convoquée par Reinhard Heydrich, l'un des principaux adjoints de Heinrich Himmler, cette conférence réunit alorsles secrétaires d'État des principaux ministères. Himmler et Heydrich ont en effet besoin de la coopération del'administration allemande pour perpétrer leurs crimes.

Statistiques des Juifs européens à déporter,dressées lors de la conférence de Wannsee.Musée de la Maison de la Conférence de

Wannsee.

La conférence ne décide pas du génocide, déjà lancé, et déjà décidé enhaut-lieu depuis au moins deux à trois mois[53] . Chez les nazis, lesquestions ne se décident nullement au cours de conférences. La seulequestion dont on discute – et qui ne sera d'ailleurs jamais tranchée –est celle des Mieschehe (Juifs à conjoint aryen) et des Mischlinge(demi-Juifs). Le Protocole montre que la plus grande partie de laconférence a été dédiée à cette question insoluble. L'autre grandequestion fut celle des Juifs allemands travaillant dans les usinesd'armement, qui obtiennent un sursis éphémère à la déportation[54] .

Le procès-verbal de la conférence, rédigé par Eichmann, ne laisseaucun doute sur le plan criminel d'extermination systématique. Plus de11 millions de Juifs de l'Europe entière (y compris les Juifsbritanniques, suisses ou portugais, inclus dans le décompte statistiqueétabli minutieusement par Eichmann) doivent être arrêtés et « évacués » vers l'Est où ils trouveront la mort.

Ce document est capital aux historiens pour comprendre le processus de décision, même s'il a été épuré pour que riende trop compromettant ne soit écrit. Déjà les nazis recourent en effet à tout un langage codé spécifique qui leurservira à dissimuler leurs crimes dans les années suivantes : jusqu'à la fin, la déportation-extermination des Juifs seraainsi désignée par l'euphémisme d’« évacuation », le gazage massif comme un « traitement spécial »(Sonderbehandlung), les détenus livrés à l'extermination par le travail comme des « pièces » (Stück).

Grandes rafles et trains de la mortDe grandes rafles synchrones sont menées à travers tout le continent européen pour alimenter les campsd'extermination nouvellement construits.

Rafle d'enfants conduits au train de déportation,Pologne.

Le processus est partout similaire. Les Juifs de tous âges et de tout sexesont traqués et raflés chez eux, sur leurs lieux de travail, et jusque dansdes orphelinats, des hôpitaux, des asiles d'aliénés ou des maisons deretraite. Beaucoup répondent simplement, surtout au début, auxconvocations qui leur sont adressées, par peur, par légalisme, parabsence d'alternative, ou dans l'ignorance de ce qui les attend.Dans des conditions généralement très sordides, hommes, femmes,enfants et vieillards sont parqués dans des lieux qui font officed'antichambre des camps de la mort nazis : Drancy en France, lacaserne Dossin à Malines en Belgique, Westerbork aux Pays-Bas ouencore Fossoli en Italie sont parmi les plus célèbres.

À Terezín, dans les Sudètes, les nazis ouvrent même le24 novembre 1941 un camp-modèle destiné à berner (avec succès) les

représentants de la Croix-Rouge. Ce ghetto surpeuplé, où les familles ne sont pas disloquées ni le travail forcé

imposé, offre des conditions de vie dures mais peu mortifères, et relativement privilégiées par rapport à ce que les Juifs connaissent ailleurs. Mais la plupart des 140000 personnes à y avoir transité, en majorité des Tchèques, ont

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ensuite été déportées pour Auschwitz où elles seront assassinées, notamment lors de la liquidation du « camp desfamilles » en avril 1944.Conduits à une gare, les déportés sont partout entassés brutalement dans des wagons à bestiaux délibérémentsurchargés, dans une promiscuité éprouvante et des conditions sanitaires dégradantes, sans presque rien à manger nià boire. L'angoisse est accrue par l'ignorance de la destination (Pitchipoï, comme l'appellent les détenus de Drancy)et l'incertitude quant à ce qui attend à l'arrivée, même si peu imaginent la mise à mort industrielle. Le voyage estépouvantable, et plus ou moins long (de quelques heures à une ou deux journées pour les Juifs polonais, trois àquatre jours en moyenne depuis la France, plus de deux semaines pour certains convois de Grèce). Il n'est pas rareque des déportés finissent par boire leur urine ou par lécher leur sueur. Certains meurent en route, d'autresdeviennent fous ou se suicident (parfois collectivement). Rares sont ceux qui tentent une évasion, par peur desreprésailles collectives, par absence de lieu de refuge ou pour ne pas se séparer des leurs, enfin par ignorance de leursort futur. Ce sont des êtres déjà épuisés et ravagés qui arrivent aux centres de mise à mort.Les compagnies ferroviaires nationales, dont la SNCF, n'ont jamais manifesté de réticences particulières à fairecirculer ces trains, pas plus que leurs employés (même si des cheminots eurent des gestes de compassion, outransmirent aux proches les ultimes billets jetés des convois). Les frais des transports étaient payés sur les biens volésaux Juifs, qui se trouvaient ainsi financer leur propre envoi à la mort[55] . En revanche, rien ne prouve que les nazisaient systématiquement donné la priorité aux convois de déportation sur les convois militaires ou d'importance vitalepour le Reich.Les convois (un millier de personnes en moyenne) sont intégralement gazés s'il s'agit d'un camp d'extermination.Dans les camps mixtes d'Auschwitz-Birkenau et de Maidanek, une minorité est désignée à l'arrivée pour le travailforcé et découvre brutalement l'horreur concentrationnaire. En général, l'extermination par le travail forcé ne leurlaisse pas plus de quelques semaines ou de quelques mois à survivre. Ainsi, seuls 7 % des Juifs de France désignéspour le travail forcé ont vu la fin de la guerre.De nombreux convois de Juifs d'Europe roulent déjà vers les camps de la mort dès les premiers mois de 1942. Au1er mai 1941, 168972 Juifs vivent en Allemagne, il n'en reste plus que 131823 au 1er janvier 1942 et 51257 au1er avril[56] . En Slovaquie, de mars à août 1942, 75000 des 90000 Juifs du pays sont déjà déportés sur ordre dugouvernement de Mgr Tiso, avant suspension des transports[57] . Ce sont des déportées slovaques qui sont lespremières victimes à l'été 1942 de la sélection instituée sur la Jüdenrampe à l'arrivée à Auschwitz.L'été 1942 est particulièrement fatidique, avec les grandes rafles de Juifs presque simultanées qui marquent l'Europeoccupée.Au cours de cet été 1942, en effet, 300000 Juifs du ghetto de Varsovie sont déportés en masse à Treblinka et aussitôtgazés. Le premier transport part de l’Umschlagplatz le 21 juillet.

Déportation des Juifs du ghetto de Varsovie àTreblinka depuis l’Umschlagplatz, 1942.

Le 15 juillet 1942, 1135 Juifs d'Amsterdam convoqués « pour allertravailler en Allemagne » sont aussitôt déportés les premiers àAuschwitz. La cadence des rafles et des convois est telle que dèsseptembre 1943, les Allemands proclament la capitale néerlandaisejudenrein (libre de Juifs). Sur 120000 Juifs hollandais, 105000 ont étédéportés à Auschwitz et Sobibor, dont 5500 seulement ont survécu. 80% de cette communauté séfarade présente depuis le XVIIe siècle adonc été anéanti.

Les 16 et 17 juillet, à la demande des Allemands, les forces de l'ordredu régime de Vichy arrêtent 13152 Juifs étrangers au cours de la rafledu Vel' d'Hiv, parmi lesquels 3031 hommes, 5802 femmes et4051 enfants. Internés à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, ils sont pour l'essentiel déportés dans les deux mois quisuivent.

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D'autres rafles et déportations sans retour ont lieu en zone nord dans les mêmes temps. Le 15 juillet, 200 Juifs sontainsi arrêtés à Tours, 66 à Saint-Nazaire. À Angers, le Sipo-SD agissant seul en arrête 824 le 20 juillet 1942. À Lille,le 15 septembre, 526 personnes sont déportées : 25 reviendront. À Bordeaux, le préfet régional Sabatier et sonsecrétaire général pour la Gironde Maurice Papon font partir le 18 juillet un premier convoi de 172 personnes : 10autres suivront jusqu'au 5 juin 1944, totalisant 1560 victimes.Bien qu'aucun soldat allemand ne soit présent en zone sud, le gouvernement français accepte, cas unique en Europeoccupée, de livrer des Juifs qui y résident, qu'ils soient puisés dans les très durs camps d'internement de Gurs, Noé,Récébédou, Les Milles, ou bien qu'ils soient victimes de la grande rafle du 26 août 1942 perpétré à Lyon, Toulouseet autres grandes villes méridionales (5885 Juifs étrangers arrêtés et déportés). Entre le 6 août et le 15 septembre,3456 internés des camps et 913 travailleurs extraits de 18 GTE (groupements de travailleurs étrangers) sontégalement déportés à Drancy puis Auschwitz[58] .À partir du 15 août, le SD commence à rafler les Juifs d'Anvers avec la collaboration active des autoritéscommunales. À Bruxelles, où le bourgmestre Jules Coest a refusé d'aider l'occupant, les rafles de septembre donnentdes résultats nettement moins satisfaisants. Les deux tiers des Juifs d'Anvers sont déportés, contre un tiers de ceux deBruxelles[59] .Du 13 au 20 août, de très nombreux Juifs croates sont déportés à Auschwitz par les collaborateurs oustachis[60] .Particulièrement nombreuses donc en 1942, les rafles de Juifs continuent à intervalles réguliers dans pratiquementtous les pays d'Europe, jusqu'à la fin de l'occupation allemande ou de la guerre.En règle générale, les Juifs travaillant pour des entreprises allemandes (notamment dans l'armement) sont déportésen dernier, ainsi que les privilégiés des Conseils juifs. En 1943-1944, les revers militaires et le besoin demain-d'œuvre obligeront les nazis à mettre à part un certain nombre de « Juifs de travail » (Arbeitsjuden) dans descamps de travail assez durs, mais où leur mort n'est pas recherchée et leur déportation au moins retardée.Les fusillades et les camions à gaz avaient permis dès 1941-1942 de déclarer les pays baltes et l'Ukraine judenrein («nettoyés de juifs »). La cadence des rafles et des déportations est telle que dès 1943 les nazis peuvent déclarerjudenrein Berlin le 19 juin, Salonique le 20 août, ou Amsterdam en septembre.

L'action Reinhardt : la liquidation par gazage des Juifs de Pologne (1942-1943)Après celui de Belzec, le camp d'extermination de Sobibor est ouvert le 1er mars 1942, celui de Treblinka le1er juillet, celui de Maidanek près de Lublin à l'automne. Ils sont essentiellement destinés au gazage massif des Juifsde Pologne - même si en raison d'une épidémie de typhus à Auschwitz, 34 convois de Juifs hollandais ont étédétournés sur Sobibor en 1943, et donc intégralement anéantis, de même que quatre convois de Juifs de France.Ces camps ne servent qu'à tuer, seuls quelques centaines de déportés sur des centaines de milliers étaient « épargnés» pour aider en tant qu'esclaves au fonctionnement élémentaire du camp. Les victimes sont tuées au monoxyde decarbone (au zyklon B à Maidanek) dans les chambres à gaz où elles sont conduites dès leur descente de train.Treblinka est surtout destiné aux Juifs de Varsovie, Maidanek à ceux de Lublin, Belzec et Sobibor assumant lemassacre industriel des Juifs d'autres régions polonaises. Le but est de liquider une à une les populations desdifférents ghettos.

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Liquidation du ghetto de Cracovie par lesAllemands, 13 mars 1943.

Le 19 juillet 1942, Himmler a ordonné la liquidation sous un an de tousles Juifs du gouvernement général de Pologne. C'est le début de l’«action Reinhardt » - qui aurait reçu ce nom en hommage à ReinhardHeydrich, abattu par la résistance tchèque fin mai 1942. Elle va fairedeux millions de victimes et signifier la mort de plus de 90 % de lacommunauté juive de Pologne, jusque-là la première du monde.

De ce fait, l'année 1942 est de loin l'année la plus meurtrière dans lescentres d'extermination (hors Auschwitz). Au 31 décembre 1942,1449000 êtres humains ont trouvé la mort dans les camps à monoxydede carbone. À leur démantèlement en 1943-1944, 1750000 personnes yauront en tout trouvé la mort[61] .

La centralité du camp d'Auschwitz-Birkenau (1942-1944)À Auschwitz-Birkenau, l'emploi de zyklon B (qui tue 36 fois plus rapidement que le monoxyde de carbone) est testésur des prisonniers soviétiques dès le 3 septembre 1941. Début 1942, le commandant du camp, Rudolf Höß, reçoitverbalement l'ordre de Himmler de faire du camp, idéalement situé à un nœud ferroviaire, le principal centre del'extermination des Juifs déportés de toute l'Europe. Plusieurs Krematorium y sont construits, associant les chambresà gaz à des fours crématoires de grande capacité destinés à faire disparaître les corps.

La tour de la Mort à l'entrée de Birkenau.

Le premier train de victimes françaises part ainsi pour Auschwitz le28 mars 1942, le premier transport de Juifs de Salonique le20 mars 1943, le premier de Rome le 16 octobre 1943, cinq semainesaprès l'occupation de l'Italie, et le premier convoi de Hongrie le15 mai 1944.

Avec le démantèlement des autres camps d'extermination fin 1943,Auschwitz devient le principal lieu d'accomplissement du génocide.Sur plus de un million de personnes qui y sont assassinées, 90 % sontjuives, de tous les pays.Même si seul un sixième des victimes de la Shoah y a trouvé la mort,

c'est donc à bon droit qu’« Auschwitz » en est venu à désigner par métonymie l'ensemble du génocide. D'autant quece camp de concentration et d'extermination, le plus vaste de tous, a laissé des vestiges importants et un certainnombre de survivants, au contraire des principaux camps d'extermination, démantelés et rasés, qui ne comptentaucun survivant hors quelques évadés et miraculés (deux rescapés contre plus de 150000 gazés à Chelmno, quatrecontre 650000 morts à Belzec).

À partir de juillet 1942, une « sélection » a lieu à l'arrivée de chaque nouveau convoi de déportés. Sur un geste de lamain des SS préposés au tri, les déportés valides sont réservés au travail forcé. Ceux jugés inaptes au travail sontimmédiatement conduits à la chambre à gaz : bébés, enfants, vieillards, infirmes, femmes enceintes, personnes tropâgées, ou simplement celles qui portent des lunettes ou avouent exercer une profession intellectuelle voire un métiernon manuel.

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La déportation-extermination planifiée de tous lesJuifs d'Europe à Auschwitz-Birkenau. Musée du

camp.

Dans ses mémoires, Rudolf Höss estime qu'au moins les trois quartsdes déportés périssaient dès l'arrivée, dans la chambre à gaz, dont lamajorité des femmes, et la totalité des enfants, vieillards et handicapés.À l'en croire, plus de gens étaient sélectionnés pour le gazage pendantl'hiver, où le camp de concentration avait besoin de moins demain-d'œuvre[62] .

Franciszek Piper, historien du camp d'Auschwitz, estime que 65 % desdéportés (soit 97000 sur 150000 Juifs occidentaux) ont été gazés àl’arrivée. Il confirme la différenciation sexuelle de la mise à mort : 77,5% des femmes et filles belges ont été gazées dès l'arrivée, mais 51 %des hommes, soit 49 % d’hommes mis à part et recensés par le servicedu travail (Arbeitstatistik) d’Auschwitz[63] .

Selon Georges Wellers, sur 61098 Juifs déportés de France entre les29 juillet 1942 et 11 août 1944, 78,5 % ont été gazés à l’arrivée. Pour

l'historienne Danuta Czech, 76,6 % des Juifs grecs ont dû l’être aussi. Quant aux Juifs de Hollande, entre le17 juillet 1942 et le 5 septembre 1944, 57 convois de Westerbork ont apporté 51130 victimes, dont 18408 ont étédésignées aptes au travail, les 64 % autres gazées immédiatement[64] .

De façon perverse, les déportés sélectionnés sont conduits aux chambres à gaz sur des paroles rassurantes, et sontpersuadés de se déshabiller et d'entrer dans la pièce pour y prendre une douche – mais à la moindre tentative derésistance ou au moindre doute, c'est avec la dernière brutalité qu'ils sont forcés d'y entrer et de s'y entasser. Lesvictimes meurent en quelques minutes après la fermeture des portes et la diffusion du gaz mortel. Celles qui setrouvent le plus près de l'endroit par où sort le gaz périssent les premières. Beaucoup sont gravement blessées oumeurent piétinées dans les bousculades vaines au cours desquelles les victimes cherchent généralement à forcer lesportes ou se disputent les coins où il reste encore un peu d'air[65] .

Alliances volées aux Juifs tués.

Le Sonderkommando, composé de détenus en majorité juifs etpériodiquement liquidés, est chargé d'incinérer les cadavres après avoirrécupéré les cheveux et les dents en or. La réduction des victimes encendres aussitôt dispersées traduit le souci des nazis de dissimuler lespreuves de leur crime et symbolise leur volonté d'effacer jusqu'à ladernière trace l'existence des Juifs sur la terre. Des centaines de trainsconduisent dans le Reich les biens volés aux assassinés, après stockageà la section dite « Canada » du camp. Les cheveux des victimes sontutilisés pour faire des vêtements. En revanche, la confection de savon àpartir de la graisse humaine des incinérés relève de la légende.

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La destruction des Juifs de Hongrie (1944)L'industrie de la mort atteint son apogée à Auschwitz avec la liquidation en août 1944 des 67000 dernières victimesdu ghetto de Lodz, le dernier subsistant encore en Pologne, et surtout avec la déportation en 56 jours de plus de435000 Juifs hongrois par Adolf Eichmann, du 15 mai au 8 juillet 1944. Plus du tiers des victimes juivesd'Auschwitz sont hongroises.

Sélection de Juifs hongrois par les SS à leurarrivée sur la nouvelle rampe de Birkenau, 1944.

La Hongrie connaissait un fort antisémitisme depuis la fin duXIXe siècle, aggravé par la participation de nombreux Juifs àl'éphémère « République des conseils » fondée en 1919 par Béla Kun.En septembre 1919, 3000 Israélites avaient trouvé la mort dans lespogroms de la terreur blanche, et dès 1920, Miklós Horthy, régent duRoyaume de Hongrie, édictait la plus précoce législation antisémited'Europe, radicalisée en 1938-1939 puis en 1941. Depuis 1939, ladéfinition légale du Juif était même raciale, les 100000 Juifs deconfession catholique étant donc également victimes desdiscriminations.

A l'été 1941, Budapest fait déporter 18000 Juifs de Hongrie "apatrides"en Ukraine, sur les arrières du front russe. Les 27 et 28 août, plus de 10000 d'entre eux sont exterminés parl'Einsatzgruppen C à Kamianets-Podilskyï, premier massacre de Juifs à atteindre les cinq chiffres, et étape-clé dansle passage à l'extermination à grande échelle. Seuls 2000 à 3000 de ces premiers déportés hongrois survivent à l'été.À la suite de cet épisode, le gouvernement suspend les expulsions en zone allemande. Mais l'armée hongroiseexécute de son côté un millier de Juifs dans les territoires annexés à la Serbie, et surtout, elle impose aux Juifs deHongrie un "Service du Travail" aux armées particulièrement meurtrier: les victimes de ce service ne sont pasofficiellement des déportés, et elles conservent par exemple leurs biens et leurs domiciles en leur absence, mais defait, plus de 42000 personnes emmenées ainsi travailler en Ukraine occupée y décèdent dès avant le tournant de mars1944[66] ..

Certes, à plusieurs reprises, le régent Horthy se refuse à éliminer totalement les Juifs de la vie du pays, pas plus qu'iln'accepte les demandes répétées de Hitler de les déporter ou de leur faire porter l'étoile jaune. La Hongrie fait de cefait figure d'asile relatif dans l'Europe de la Shoah, certains Juifs venant même y trouver refuge depuis des paysvoisins. Bien que 63000 Juifs hongrois et apatrides aient perdu la vie dès avant mars 1944, tout ne change vraimentde façon brutale et radicale qu'avec l'irruption des troupes allemandes, appuyées par les collaborationnistes fascistes,les Croix fléchées.Le 19 mars 1944, en effet, les nazis envahissent leur allié hongrois, qui songe à virer de bord à l'approche de l'Arméerouge. Le nouveau premier ministre, Döme Sztójay, collabore pleinement avec les Allemands. Le processus deconcentration et de déportation des Juifs s'y répète sur le même schéma qu'ailleurs depuis 1939 mais de manièreparticulièrement accélérée : étoile jaune obligatoire, constitution de conseils juifs, enfermement en ghettos, puisdéportations. Celles-ci ne concernent que les Juifs des provinces et de la banlieue de Budapest, ceux de la capitalerestant pour le moment épargnés.Sur ces 435000 Juifs provinciaux rapidement déportés du 15 mai au 8 juillet 1944, avec l'aide des forces de l'ordrehongroises, seuls 10 % ont été mis au travail forcé, les autres étant exterminés à l'arrivée à Birkenau[67] . Pouraccélérer la cadence de mise à mort, une nouvelle rampe d'accès est même construite, qui emmène directement lestrains jusqu'à l'intérieur du camp, derrière la "Tour de la Mort", à proximité immédiate des chambres à gaz. Cetterampe deviendra l'un des symboles les plus connus d'Auschwitz et du génocide. Les crématoires n'absorbant plus lescadavres à un rythme suffisant, des milliers sont incinérés à l'air libre sur d'énormes bûchers. À cette période,Auschwitz reçoit jusqu'à quatre trains quotidiens, et ses gazages tuent jusqu'à 10000 personnes par jour.

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L'amiral Horthy, qui avait autorisé les transports dans un premier temps, retire son autorisation le 9 juillet, alors quedes informations sur l'extermination parviennent en Hongrie et que le Vatican ou les États-Unis multiplient lespressions. Sztójay est limogé par Horthy en août. Les déportations sont suspendues jusqu'au 15 octobre, alors que150000 Juifs demeurent encore domiciliés ou réfugiés à Budapest, où ils survivent tant bien que mal dans le ghetto,spoliés de tout. Entre mars et octobre 1944, par ailleurs, 150000 Juifs sont encore envoyés au "Service du Travail"sous l'égide de l'armée hongroise, dont seulement 20000 reviendront[68] ..Le 15 octobre, Horthy est arrêté par les nazis et remplacé par les collaborationnistes des Croix fléchées, quiinstaurent un gouvernement fasciste hongrois. Sous la conduite de leur chef, le nouveau Premier Ministre FerencSzálasi, les Croix fléchées relancent la persécution, et multiplient, sur place, les massacres désordonnés de Juifs etles marches de la mort. Un certain nombre de Juifs restés à Budapest sont sauvés par des protections diplomatiques,en particulier grâce à l'action de Raoul Wallenberg.En 1941, 825000 Juifs vivaient sur le territoire hongrois, dont 100000 convertis ou chrétiens d'ascendance juive.63000 ont perdu la vie dès avant le 19 mars 1944. Après cette date, 618000 ont été victimes de la déportation àAuschwitz, des marches de la mort ou de l'envoi au Service du Travail aux armées : 501500 y ont perdu la vie.116500 Juifs de Hongrie sont revenus de déportation, 20000 du Service du Travail, et 119000 autres restés àBudapest ont survécu[69] . Au total, si 225000 Juifs de Hongrie ont survécu (soit 31 %), une proportion très forte àl'échelle de l'Europe centrale et orientale, leur communauté a perdu 569507 membres dont 564507 assassinés et 5000autres exilés.

L'extermination par le travail forcéLes camps de concentration nazis ont été un enfer rarement égalé dans l'histoire humaine. Par un processussystématique et pervers de déshumanisation de leurs victimes, les SS et les kapo visaient à détruire leur personnalitéet leur vie en un temps très bref, au moyen de la sous-alimentation, des coups, de l'absence d'hygiène et du travailforcé.

« Le travail rend libre » : la devise cynique duportail du camp d'Auschwitz I.

Les traitements inhumains ne laissaient aux déportés qu'un laps trèscourt à vivre : en 1942, un déporté d'Auschwitz a trois mois enmoyenne d'espérance de survie. Sur quatre trains de plus de 1000 Juifstchèques chacun arrivés du 17 au 25 avril, et qui n'ont pas connu desélection pour les gaz à l'arrivée, on ne compte pourtant au 15 août que182 survivants.Raul Hilberg note que l'extermination par le travail, avec ses sommetsde cruauté, n'a cependant constitué qu'une part réduite de la Shoah.Même à Auschwitz, sur 200000 internés juifs, il n’a été enregistré «que » 90000 décès. L’extermination par le travail forcé a donc dix foismoins tué que le gazage de 865000 personnes dans le même camp[70] .

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Esclaves du Reich à Buchenwald.

Séparés de leurs familles (souvent seuls survivants ou presque si lesautres membres ont été déjà tués par gazage), les déportés juifs qui ontéchappé à la première sélection à l'arrivée sont spoliés de tous leursbiens et de tout souvenir personnel, intégralement tondus, privés deleur nom et affublés d'un uniforme rayé et d'un matricule par lequel ilsseront seul appelés. Ils sont exploités dans des usines de guerre auprofit de la SS qui les « loue » aux entrepreneurs à des prix dérisoires :c'est ainsi que le géant chimique IG Farben par exemple se comprometgravement dans l'exploitation des déportés d'Auschwitz. Ils peuventaussi être employés à des travaux absurdement inutiles (creuser destrous rebouchés chaque soir, porter et rapporter des pierres d'un endroità l'autre…). Ils sont exposés à la sous-alimentation systématique et auxtraitements sauvages de kapos souvent recrutés parmi les criminels dedroit commun.

Ceux qui faiblissent deviennent des « musulmans[71] » rejetés par leurscodétenus et exposés à la liquidation par les médecins SS au Revier (infirmerie) du camp ou à la sélection pour lachambre à gaz.

Les rares survivants (en général ceux qui ont été déportés dans les derniers, à un moment où le Reich en périlprolonge un peu plus la vie de sa main-d'œuvre servile) doivent pour s'en sortir s'endurcir moralement, passerinaperçus, avoir beaucoup de chance, travailler dans des kommandos moins pénibles et moins périlleux.

Les marches de la mort (1945)Les derniers gazages ont lieu fin novembre 1944 à Auschwitz, alors que les nazis aux abois commencent à détruireles installations et les preuves du génocide. L'extermination ne s'arrête pas pour autant. Ainsi à partir du8 novembre 1944, Adolf Eichmann soumet des dizaines de milliers de Juifs hongrois à une « marche de la mort »éprouvante de Budapest à la frontière du Reich.

Survivants du génocide découverts par l'Arméerouge à Auschwitz, 27 janvier 1945.

Le 20 janvier 1945, un peu moins de 60000 survivants d'Auschwitzsont évacués à pied vers l'Allemagne à l'approche des Soviétiques.L'évacuation est généralement dépeinte par les survivants comme l'unde leurs pires souvenirs de déportation : sans vêtements ni chaussuresappropriés dans l'hiver très rigoureux, épuisés et sous-alimentés, ilsdoivent marcher jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres par jour. Ceuxqui ne peuvent plus suivre sont abattus immédiatement par l'escorte SS.D'autres détenus sont aussi entassés dans des trains qui les transfèrentd'un camp à un autre au prix d'une mortalité considérable.

À Ravensbrück, Dachau ou Bergen-Belsen, où échouent nombred'anciens détenus d'Auschwitz à bout de force, l'épidémie de typhusprovoque une hécatombe. La maladie emporte notamment Anne Frankle 12 mars 1945 à Bergen-Belsen. En avril, à l'approche des Alliés, denouvelles marches de la mort et de nouveaux trains meurtriersévacuent les déportés.

En tout, de janvier à mai 1945, « autour de 250000 Juifs moururent d'épuisement ou de froid au cours de cesmarches, quand ils ne furent pas abattus sur place ou brûlés vifs[72] ».

Ce sont des survivants hagards et traumatisés, ainsi que des monceaux de cadavres squelettiques, que découvrent généralement des soldats alliés incrédules. 40 % des Juifs libérés seraient morts dans les semaines suivantes : « leur

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état sortait du domaine de compétence de la médecine occidentale[73] ». Avec les tonnes de biens volés aux Juifsassassinés, les fours crématoires ou les vestiges des chambres à gaz, le monde se retrouve en 1945 devant les preuvesd'un crime de masse qui devait conduire au procès de Nuremberg à la naissance du concept de crime contrel'humanité.

Trois cas particuliers

La SerbieSoumise à l'autorité militaire allemande, la Serbie connaît la Shoah selon des modalités particulières. Les différentsresponsables allemands (SS, Wehrmacht) de ce territoire mettent un zèle tout particulier à éliminer physiquement lesJuifs — et les Tziganes — présents sur le territoire qu'ils administrent. La définition et la concentration des Juifss'effectuent en quelques mois. Le général Franz Böhme fait exécuter par fusillade l'ensemble des Juifs et desTziganes de sexe masculin, entre l'automne 1941 et le printemps 1942, reproduisant les ordres donnés auxEinsatzgruppen. Les femmes et les enfants sont raflés et internés dans des camps en novembre et décembre 1941. Ilssont tous assassinés par gazage au monoxyde de carbone entre janvier et mai 1942.En août 1942, le chef d’état-major administratif en Serbie écrit une note pour son nouveau supérieur, mentionnant enparticulier ceci :« Serbie, seul pays où question juive et question tzigane résolues. » (« Serbien einziges Land in dem Judenfrage undZigeunerfrage gelöst. »)Les seize mille Juifs de Serbie ont été anéantis jusqu’au dernier.

Victimes du camp de Jasenovac.

Si la rapidité et la relative originalité de la destruction des Juifs deSerbie sont dues à l'initiative des officiers locaux, les dirigeants nazisn'ont en rien entravé leur action, bien au contraire : l'idée de fusiller deshommes juifs est suggérée en premier par Adolf Eichmann, et lecamion de gazage est fourni par les autorités de Berlin[74] .

La Croatie

Après l'invasion de la Yougoslavie par l'Allemagne, Hitler autorise lacréation de l'État indépendant de Croatie, satellite de l'Allemagne,dirigé par l'organisation fasciste des Oustachis. L'extermination desJuifs, des Serbes et des Tziganes est assurée principalement par lesautorités croates, dans des camps de concentration tels que Jasenovac,et ce jusqu'en 1942. Les nazis obtiennent alors l'autorisation dugouvernement croate de déporter les survivants vers les campsd'extermination.

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La Roumanie

Le Pogrom de Iaşi - Juifs massacrés par l'arméeroumaine à Iassy, 26 juin 1941.

« Le Train du mort » Iaşi, 27 juin 1941

Membre de l'Axe, la Roumanie du dictateur Antonescu est responsablede la mort d'environ 200000 Juifs, ce qui fait des collaborateursroumains les plus importants participants de la Shoah après les nazis etdevant les Oustachis croates. La Roumanie abritait avant-guerre latroisième communauté juive d'Europe, selon le recensement dedécembre 1930. Une tradition antisémite y était solidement établie : laRoumanie fut le dernier pays à émanciper ses Juifs, en 1919. Peu avantla Seconde Guerre mondiale, le gouvernement entreprend une politiqueantisémite, excluant les Juifs des chemins de fer, imposant des quotasdans la main-d'œuvre industrielle et révoquant une partie desfonctionnaires de confession israélite[75] . Le 8 août 1940, lapersécution prend une dimension raciste : les Juifs convertis auchristianisme sont considérés comme juifs au même titre que lespersonnes de religion juive. Toutefois, les Juifs qui possédaient lanationalité roumaine au 30 décembre 1918, leurs descendants, les Juifsqui avaient combattu pendant la Première Guerre mondiale (soitenviron dix mille personnes) étaient exemptés de certainesdiscriminations[76] .

En février 1941, les fascistes de la Garde de fer perpètrent un pogromsanglant à Bucarest. 118 morts sont identifiés. Les cadavres sontatrocement mutilés[77] . Après l'invasion de l'URSS, l'armée roumaine, alliée de la Wehrmacht, participe activementau massacre massif des Juifs. Le 25 juin 1941, l'armée, le gendarmerie e la police roumaine assassine 7000 Juifs àIassy.

Les massacres d'Odessa

Six jours après l'entrée des troupes roumaines à Odessa, un attentat tue le général Glogojanu, commandant d'Odessaet 40 autres militaires[78] . Le soir même, le gouvernement roumain ordonne des représailles implacables. Aussitôt, lenouveau commandant d'Odessa, le général Trestioreanu annonce qu'il va prendre des mesures pour pendre les Juifset les communistes sur les places publiques. Durant la nuit 5000 personnes sont exécutées. Le 23 octobre,19000 Juifs sont exécutés et leurs cadavres arrosés d'essence et brûlés[79] . Des milliers d'autres sont emprisonnéscomme otages. Le 24 octobre, les Juifs emprisonnés sont transportés en dehors de la ville et fusillés devant desfossés anti-chars par groupes de 40 ou 50. L'opération se révélant trop lente, les 5000 Juifs restants sont enfermésdans trois entrepôts, mitraillés puis les entrepôts sont incendiés. 40000 Juifs sont ainsi tués ce jour-là[80] . Le 24 ausoir, le maréchal Antonescu demande que les otages qui ne sont pas encore morts connaissent les mêmes souffrancesque les Roumains morts dans l'explosion. Les victimes sont amenées dans un entrepôt, fusillées. L'entrepôt estdynamité le 25 octobre, jour de l'enterrement des Roumains victimes de l'attentat du 22 octobre[81] . Le premiernovembre, la ville ne compte plus que 33885 Juifs, essentiellement des femmes et des enfants qui vivent terrorisésdans le ghetto[82] . Les Juifs d'Odessa et de sa région sont ensuite déportés vers la Roumanie à Bogdanovca,Domanevka et Acmecetca. Ils sont logés dans des conditions déplorables, entassés dans des ruines, des étables oudes porcheries. Ils souffrent de nombreuses maladies avant d'être massacrés à partir du mois de décembre[83] .

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La Transnistrie, une région pour l'extermination

Déportation des Juifs par l'armée roumaine,Transnistrie, 1941

Cas particulier dans l'Europe du génocide, c'est un territoire entier, laTransnistrie, qui est transformé en territoire d’extermination.217757 Juifs y meurent, dont 130000 de nationalité soviétique et87757 Roumains. 139957 des victimes ont été tuées par desRoumains[84] .

En revanche, les Juifs vivant dans les frontières de 1940 n'ont été nifusillés ni déportés. Le gouvernement roumain pense initialement lesdéporter, mais y renonce ensuite brusquement[85] , sans doute pour nepas apparaître comme un pur satellite du IIIe Reich.

Le comportement des Juifs pendant la Shoah

Raul Hilberg et Hannah Arendt en particulier ont voulu éclairer la responsabilité des victimes elles-mêmes, quisouvent, par leur attitude passive et soumise, ont facilité la tâche des bourreaux[53] . Ainsi, la mise à mort de1.5 million de Juifs soviétiques n'a pas coûté ne serait-ce qu'un seul blessé aux bourreaux, de même que par exemple,300000 Juifs du ghetto de Varsovie ont été déportés sans heurts et sans résistance à Treblinka à l'été 1942. Laquestion de la « collaboration » de certains Juifs à la déportation de leur propre peuple a également suscité dèsl'époque de dures divisions au sein même des victimes, et des controverses douloureuses après la guerre.

Vivre et mourir au temps de la CatastropheLes Juifs pensent avant tout à survivre et notamment à se nourrir. Ils connaissent en permanence la peur et la terreur.Chassés de leurs emplois voire de leurs domiciles, privés de tous leurs droits et de leurs moyens de subsistance parl'aryanisation et les lois antisémites, ils sont exclus de toute vie normale par un arsenal sans cesse plus completd'interdits les plus mesquins.Ils ne peuvent par exemple emprunter certaines rues ni sortir de leur ghetto quand il en existe un, ils ne peuventpénétrer dans certains magasins ni faire jouer leurs enfants dans les jardins publics, ils ne peuvent faire les coursesqu'à certaines heures défavorables, ils sont astreints à des travaux forcés humiliants (balayer les rues, faire desterrassements, etc.), ils ne peuvent posséder de radio ni de bicyclette, ils doivent monter à l'arrière des tramways etdes métros (quand ils peuvent encore les emprunter), parfois ils ne sont même pas autorisés à s'asseoir sur les bancspublics ou à utiliser les cabines téléphoniques.

Reconstitution de la cachette d'Anne Frank àAmsterdam.

Lorsqu'ils se cachent, c'est dans des conditions plus ou moins difficiles,plus ou moins précaires. Certains survivent jusqu'à des années dans descaves, des pièces cachées ou des greniers étroits, ou encore dans desforêts. Visitée aujourd'hui par des millions de personnes, « l'Annexe »où 8 personnes dont Anne Frank vécurent cachés deux ans est en faitrelativement confortable par comparaison avec le lot commun de laplupart des Juifs camouflés.

Dans des conditions tragiques, les ghettos ont lutté pour maintenirjusqu'au bout une vie culturelle, musicale et artistique riche etremarquable.Conscients que leur communauté était vouée à l'anéantissement total etque nul ne pourrait témoigner un jour de leur sort, des archivistes comme Emanuel Ringelblum à Varsovie ont

partout tenu chronique de la vie des ghettos, et enterré régulièrement des documents et des objets relatifs au quotidien des futurs assassinés. De nombreux Juifs d'Europe occupée tenaient des journaux au cœur de la

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persécution, telles à Amsterdam la jeune Anne Frank, ou encore Etty Hillesum, connue pour la haute spiritualitéqu'elle développa dans l'épreuve. Le Centre de documentation juive contemporaine et le Conseil représentatif desinstitutions juives de France ont été fondés en 1943 en pleine clandestinité.Sous le Régime de Vichy notamment, le légalisme, l’obéissance traditionnelle à l’autorité et le désir de se montrerbons citoyens ont poussé beaucoup de Juifs à se soumettre aux lois discriminatrices, et à se laisser recenser. Biend’autres, par fierté, ont refusé de cacher leur judéité, acceptant de se déclarer juifs ou de porter sans rougir l’étoilejaune, et refusant de fuir devant l'ennemi. Beaucoup de futurs déportés croyaient impossible une trahison de leurpropre gouvernement, espérant vainement jusqu’au bout qu’ils seraient protégés des Allemands par le prestigieux etcharismatique maréchal Pétain. Le patriotisme voire le nationalisme de nombreux Juifs allemands n'a pas moinsfreiné l'émigration hors du Reich avant-guerre.Malgré les informations et les rumeurs contradictoires qui circulent régulièrement sur les massacres, l'incertitude estcomplète sur leur destin final, difficilement imaginable ou difficilement crédible, et alors que se mentir à soi-mêmeest parfois tout simplement nécessaire à la survie psychique. Il n'est pas rare que l'on refuse de croire aux fusilladesde masses ou aux gazages même en Pologne alors qu'ils se tiennent à quelques dizaines de kilomètres de là. Mêmel'arrivée à Auschwitz ne suffit pas toujours à en déciller certains.Les nazis savent en outre duper leurs victimes jusqu'aux derniers instants. À l'arrivée à Treblinka, l'illusion d'unegare normale est entretenue aussi par la présence d'un faux guichet, d'une pancarte « destination Byalistock » et d'unefausse horloge dont les aiguilles sont peintes. À Auschwitz, certaines chambres à gaz ont été ornées un temps de fauxpommeaux de douche.

Dernière lettre d'une Italienne juive, jetée du trainpour Auschwitz.

Beaucoup de Juifs périssent aussi parce qu'ils refusent en connaissancede cause de se séparer de leurs familles, ou parce qu'ils veulentpartager le sort de leurs amis, de leur communauté, de leur peuple.Ainsi, malgré l'avertissement que constitue le massacre de 14000 Juifsà Riga le 30 novembre 1941, le grand historien Simon Dubnow refusede se cacher, et fait partie des 27000 autres Juifs de la ville assassinésle 8 décembre 1941. À Varsovie, le Dr Janusz Korczak, que sarenommée mondiale mettait à l'abri, part volontairement avec lesenfants de son orphelinat et meurt avec eux dans les chambres à gaz deTreblinka (5 août 1942).

Le chantage n'était pas non plus absent des refus de chercher às'échapper. Les lettres écrites par Etty Hillesum depuis Westerbork,l'antichambre néerlandaise d'Auschwitz, décrivent comment lescandidats à l'évasion étaient découragés par les chefs juifs du camp quiles accusaient de mettre égoïstement en danger la vie d'autres quiseraient déportés à leur place.

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Lors de la « Shoah par balles »

Konrads Kalejs, l'un des officiers dusonderkommando Arājs, mort en 2001 sans avoirété en prison. En janvier 1942, il ne restait plusque 4 000 des 70 000 Juifs résidant en Lettonie,le kommando de Viktor Arājs étant responsable

de la moitié de ces morts[86] .

Étudiant le comportement des Juifs lors de l'invasion allemande del'URSS en 1941, Raul Hilberg note que les Juifs ne sont pas préparés àse battre contre les Allemands, ni même à fuir. Les autoritéssoviétiques ont évacué toutes les personnes des zones menacéesnécessaires à l'économie du pays. Beaucoup de Juifs figurent parmielles, ou parmi les mobilisés de l'Armée rouge. Par contre, les moinsformés, les plus fragiles, les vieillards, les femmes, les enfants, doiventse débrouiller par eux-mêmes[87] .Or ces Juifs n'ont pas été informés de ce qui se passait pour les Juifsdans l'Europe occupée. Ils ne savent donc pas quels dangers lesmenacent[88] .

Les Einsatzgruppen ont tôt fait de repérer les faiblesses de leurs proies.Ils ne se gênent pas pour utiliser les Juifs afin de mener à bien leurstraques. À Vinnitsa, le chef de l'Einsatzgruppe utilise le rabbin de lacommunauté. Il lui demande de réunir les Juifs de la ville à des finsd'enregistrement. Après la réunion de tous les Juifs, il les faitfusiller[89] . Ailleurs des affiches sont collées pour rassembler les Juifsà des fins de « réinstallation ». Beaucoup de Juifs qui s'étaient enfuisdans les campagnes avant l'arrivée des nazis, sont obligés de revenirchez eux parce qu'ils ne trouvent aucune aide et aucun refuge. Là, ilssont pris et tués[90] .

Raul Hilberg souligne aussi que dans les actions de l’Einsatzgruppe, il y a en général, entre 10 et 50 victimes pour untueur. Mais ces tueurs sont bien armés et décidés. Les Juifs ne peuvent pas exploiter leur supériorité numérique[91] .Les Juifs désorientés, sont habitués à obéir. Les exécutions menées par les Einsaztgruppen ne coûtent pas une seulevie aux Allemands[36] .

Le rôle controversé des Conseils juifsDès l'époque, puis surtout dans les années 1960-1970, de dures controverses ont entouré le rôle des Conseils juifs(Jüdenrate) installés sur une idée d'Eichmann à la tête de tous les ghettos d'Europe, ainsi que celui des forces depolices juives agissant sur leurs ordres. Les associations obligatoires créées sur ordre des nazis pour organiser lescommunautés des pays occupés (l'Union générale des israélites de France, l'Association des Juifs de Belgique) ontpareillement été accusées d'avoir servi de relais aux nazis.Il a existé en Europe environ un millier de Jüdenrate, dont quelques 10000 personnes ont été membres[92] .D'une collaboration d'abord purement technique et administrative, beaucoup de conseils sont passés à unecollaboration à la déportation en elle-même, par illusion qu'une politique de concessions permettrait de sauver «l'essentiel » en sacrifiant une partie des leurs, mais aussi, à terme, pour sauvegarder leurs positions de pouvoir etleurs privilèges, ou tout simplement pour sauver leur propre vie et celle de leurs protégés en démontrant leur bonnevolonté et leur efficacité.Héritage de siècles de persécutions, beaucoup de Juifs avaient plus l’habitude de négocier et de plier l'échinesilencieusement que de se battre. En Russie et en Pologne, les pogroms du passé leur avaient démontré leurisolement dans une société très antisémite, et ces violences ne tournaient au meurtre que s'il y avait tentative derésistance. Le passé avait aussi habitué les notables juifs à chercher à sauver « l'essentiel » tout en attendant la fin del'orage, les plus cruelles persécutions ayant toujours eu une fin. Il n'était guère facile de soupçonner voire de penserqu'ils étaient cette fois face à un ennemi résolu à les détruire jusqu'au dernier.

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Assez représentatif de ces illusions est le discours tenu à Vilna par le responsable juif Jacob Gens : « Quand ils medemandent mille juifs, je les donne. Car si nous, les Juifs, nous ne donnons pas de notre propre gré, les Allemandsviendront et prendront ce qu’ils veulent par la force. Alors, ils ne prendront pas mille personnes, mais des milliers etdes milliers. En en livrant des centaines, j’en sauve un millier. En en livrant un millier, j’en sauve dix mille[93] . »En URSS, les représentants les plus courageux des communautés ont été liquidés avant même l'arrivée desAllemands, qui achèvent de purger l'élite juive de ses représentants les moins dociles. Celle qui reste « tend à êtresoumise, craintive et délatrice » (Paul Johnston)[94] , d'autant que les responsables recevaient des privilègesalimentaires et matériels, et elle coopère dès lors aux recensements, aux spoliations, aux déportations.

Les polices allemande et juive gardent ensemblel'une des entrées du ghetto de Łódź.

À Lodz en Pologne, le très controversé Chaim Rumkovski se comporteen véritable dictateur des quelques 200000 Juifs entassés dans leghetto, allant jusqu'à faire imprimer un timbre à son effigie. Il choisitd'emblée de mettre le ghetto au service de l'effort de guerre allemand,fournissant la main-d'œuvre de 117 petites usines de textile fabriquantdes uniformes pour la Wehrmacht. Sa police participe aux arrestationset aux déportations, des Juifs allant arrêter ainsi leurs proprescoreligionnaires, parfois sans ménagement, et traquant ceux qui secachaient ou se montraient réfractaires au départ. Vidéprogressivement par les déportations, le ghetto de Lodz survit toutefoisjusqu'à aussi tard qu'août 1944. Rumkovski et sa famille furent déportés dans le dernier convoi, et l’homme futpeut-être tué par les déportés eux-mêmes pendant le trajet[95] .

De même, le conseil juif d'Amsterdam fut déporté en dernier une fois la ville « nettoyée » de tous ses Juifs.Tous les conseils juifs n'ont pas accepté de se compromettre. Le 30 septembre 1942, le Jüdenrat de Ternopil refuseainsi de participer à l'organisation des transports vers les camps. À Minsk et à Białystok, les conseils sont même trèsproches de la Résistance juive et agissent en symbiose avec elle[96] .Symbole de l'impasse tragique où se sont retrouvés beaucoup d'entre eux, le doyen du ghetto de Varsovie, AdamCzerniaków, se donne la mort en juillet 1942 pour ne pas devoir collaborer à la déportation d'enfants et de vieillards.Son geste n'empêchera pas les nazis de vider le ghetto de 300000 de ses habitants dans les semaines suivantes.

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Juifs dans la Résistance, résistances juives et révoltes arméesTous les Juifs n'ont pas passivement accepté leur destin. Un certain nombre se sont suicidés, parfois par famillesentières, plutôt que de se laisser déporter. Des Juifs ont refusé d'embarquer lors de transports, ainsi à Przemyśl, àBiałystok, etc. En général, ils l'ont payé aussitôt de leur vie[97] .

Combattantes du ghetto de Varsovie insurgé.

Au rebours des légendes antisémites sur la « lâcheté juive », lesisraélites sont surreprésentés dans les mouvements de la Résistanceintérieure et extérieure, et ce à travers toute l'Europe occupée. Ainsi,les Juifs de France comptent pour 5 % des compagnons de laLibération, alors qu'ils sont moins de 1 % de la population. Desmilliers ont laissé la vie dans les Résistances de chaque pays.

Toutefois, surtout en Occident, beaucoup de ces résistants juifs sontdes « assimilés » qui ne se considèrent pas ou plus comme juifs, et quine résistent pas en tant que Juifs. De ce fait, ils se refusentfréquemment à porter une attention particulière au sort des Juifs, decrainte d'être accusés de privilégier un groupe de victimes par rapportaux autres, et de ne se soucier que de leurs coreligionnaires.Généralement, ils ont cru qu'il fallait avant tout se préoccuper degagner la guerre, et que la victoire arrêterait la persécution et feraitrevenir les déportés. Ils n'ont pas eu conscience de l'anéantissementspécifique - et difficilement imaginable - qui attendait leur proprepeuple.Une Résistance spécifiquement juive a aussi existé, mais elle n'a pas nécessairement non plus fait pour autant de lalutte contre la déportation une priorité. Ainsi les bataillons juifs de la MOI en France, liés au PCF, se sont-ils avanttout investis dans le sabotage ou les attentats contre les forces d'occupation.

La résistance armée juive notamment en Europe de l'Est se heurte à d'importants obstacles structurels. Dépourvusd'expérience des armes par des siècles de discrimination, la plupart des Juifs ignorent leur usage, ni ne peuventsouvent se résoudre à briser le tabou culturel et religieux de la violence. Le fatalisme d'inspiration religieuse a parfoispu jouer son rôle. Les éléments les plus susceptibles de se battre ont émigré en Palestine avant-guerre ou, en URSS,sont mobilisés dans l'Armée rouge. Les armes sont extrêmement difficiles à se procurer. On ne peut souventescompter de l'aide de mouvements de résistance locaux, pas toujours exempts eux-mêmes de préjugés voire deviolences antisémites. La terreur permanente fait que beaucoup préfèrent négocier ou plier l'échine que tenter unelutte isolée, sans espoir, radicalement inégale, qui précipiterait des représailles meurtrières. La grande majorité desJuifs cherche d'abord à survivre et à se nourrir. Enfin, les divisions politiques, sociales et religieusestraditionnellement vivaces au sein des communautés n'arrangent rien.En Europe de l'Est, dans les ghettos, la résistance finit cependant par s'organiser : c'est le cas en URSS à Riga, àKaunas, et même à Vilnius. Dès décembre 1941, l'Organisation des combattants de Minsk rejoint les rangs despremiers partisans soviétiques. Un soulèvement armé est signalé dès le 20 juillet 1942 à Nesvizh en Biélorussie, etplusieurs autres ghettos se révoltent également cet été-là. En général, ces soulèvements s'accompagnent de fuites demasse, mais la plupart sont rattrapés et tués. À l'intérieur même du ghetto de Kaunas (Kovno), une véritable guérillapermanente sévit contre les Allemands.À Varsovie, les débats sont rudes entre ceux qui jugent toute résistance armée suicidaire, et ceux qui veulenttémoigner au monde et à la postérité que les Juifs ne se sont pas laissés exterminer sans combat. Le 28 juillet 1942est fondée l’Organisation juive de combat qui, fait exceptionnel, parvient à regrouper aussi bien les sionistes que lescommunistes et les bundistes, seuls les sionistes « révisionnistes » (de droite) faisant encore bande à part.

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Soldats nazis lors de la répression dusoulèvement du ghetto de Varsovie (avril 1943).

Alors que sur plus de 500000 habitants initiaux du ghetto, il n'en resteque moins de 90000 au printemps 1943, un millier de combattants sousles ordres du jeune et charismatique Mordechaj Anielewiczdéclenchent le 19 avril 1943 le soulèvement du ghetto de Varsovie.Sans illusions sur la fin qui les attend tous, ils entendent explicitementdémontrer à la postérité qu'une résistance juive a existé. De fait, à lagrande fureur de Hitler lui-même, le ghetto insurgé parvient à tenir aumoins cinq semaines contre les SS du général Jürgen Stroop. Malgréses moyens dérisoires, il n'est submergé qu'après une lutte acharnée, làoù des États européens entiers avaient capitulé sans combat ou avaientcombattu moins longtemps.

Des révoltes armées ont aussi eu lieu en 1943 dans les ghettos de Sosnowiec, Białystok, Czenstochow, Tarnów,Vilnius. Le Chant de Vilnius du poète yiddish et chef partisan Aba Kovner est resté l'hymne des résistants juifs de laShoah.Les révoltes les plus improbables et les plus spectaculaires ont eu lieu au cœur même des camps d'extermination. Le2 août 1943, les détenus de Treblinka se soulèvent et une partie parvient à s'enfuir. L'épisode accélère la décision dedémanteler ce centre de mise à mort. L'événement se reproduit le 14 octobre 1943 à Sobibor, théâtre d'une révolteremarquablement bien préparée, synchronisée à travers tout le camp. À Auschwitz-Birkenau, le 7 octobre 1944, lesdétenus du Sonderkommando chargés d'incinérer les gazés parviennent à dynamiter le Krematorium no IV et abattentquelques gardiens avant d'être tous tués.

Le destin des survivants après 1945Les Juifs rescapés n'ont pas seulement traversé des épreuves traumatisantes, qu'ils aient ou non subi la déportation.Ils ont généralement perdu leur famille, en totalité ou en partie. Souvent ils ont été dépossédés sans pouvoir toujoursretrouver leurs biens. À l'Est ou en Hollande, c'est pratiquement toute leur communauté qui a été éradiquée : leurmonde même n'existe plus, une culture et un univers ont disparu sans retour.

Le « massacre des survivants » en Europe de l'Est

En Europe de l'Est, la Shoah n'a pas fait disparaître l'antisémitisme, et les survivants sont souvent insultés à leurretour, voire maltraités ou assassinés s'ils tentent de reprendre les biens qui leur ont été volés en leur absence.Pas moins de 150 Juifs sont assassinés en Pologne libérée dans les quatre premiers mois de 1945, et 1200 avantavril 1946. Le pays voit même se produire de nouveaux pogroms. À Kielce le 4 juillet 1946, le mensonge d'un gaminfugueur accusant les Juifs de l'avoir enlevé à des fins de meurtre rituel provoque le massacre de 42 Israélites par lafoule. Ces tragédies accélèrent l'émigration des survivants hors de Pologne, et souvent hors d'Europe. Ainsi, plus de60000 Juifs polonais se réfugient en Allemagne occupée en 1946-1947.Un pogrom survient aussi en septembre 1945 à Velké Topolcany en Slovaquie, ou en mai 1946 à Kunmadaras enHongrie[98] .Souvent très nombreux au sein des forces communistes, les Juifs sont facilement assimilés dans leur ensemble parles populations aux régimes qui se mettent en place sous l'égide du nouvel occupant soviétique. Dans les 18 mois quisuivent la fin de la guerre, on tue plus de Juifs en Pologne, en Hongrie et en Tchécoslovaquie que dans les 10 annéesqui ont précédé le conflit. « Ceux qui ont perdu plus que quiconque se voit blâmer pour la souffrance des autres »[99]

.À partir de 1948, Staline cherche à exploiter le ressentiment antijuif populaire en déclenchant en URSS dans tout le bloc de l'Est une campagne antisémite. Dès 1946, il avait fait censurer le Livre noir écrit par Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman sur les massacres nazis de Juifs en Union soviétique. La judéité des victimes de Babi Yar et autres

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lieux de massacres est gommée, et le principal crime de Hitler sera dissimulé aux populations jusqu'à la fin dumonde communiste.

Émigration hors d'Europe

Si les survivants d'Europe occidentale sont généralement rentrés chez eux et y sont restés, il n'en est pas de mêmepour ceux d'Europe de l'Est, dont pas grand monde ne veut, et qui se retrouve en plus en butte à la campagneantisémite qui se développe dans le bloc communiste à partir de 1948.Les « DP » (Displaced Persons) juifs sont d’abord traités comme les autres réfugiés et déplacés, sans égardsparticulier pour la tragédie qu'ils ont traversée. Ce qui veut dire qu'ils sont souvent mis dans les mêmes camps queleurs anciens persécuteurs ukrainiens, baltes, russes, etc., du moins jusqu'en août 1945, où le président américainTruman les fait mettre à part.Un certain nombre de survivants parviennent à émigrer aux États-Unis ou en Europe de l'Ouest. Cependant, sicertains aident à combler le besoin de bras, ceux des Juifs orientaux qui ont fait des études ou exercent uneprofession non-manuelle ne sont pas les bienvenus. Quant aux Britanniques, ils continuent à fermer la Palestine àl'émigration juive, interceptant les clandestins pour les interner à Chypre et à Rhodes.En 1947, le sort de l’Exodus choque l'opinion internationale : ce navire parti de Sète avec plus de 4500 survivants esten effet refoulé par les Britanniques, qui finissent par débarquer de force les passagers, de surcroît dans un portallemand, indélicatesse ultime.Le scandale contribue en partie à la décision de l'ONU de partager la Palestine et d'autoriser la naissance d'un Étatjuif, censé servir notamment de refuge et de nouvelle patrie aux survivants. Entre 1948 et 1951, 332000 Juifseuropéens partent pour Israël depuis les camps d'Allemagne ou l'Europe de l'Est. 165000 autres iront en France, enGrande-Bretagne, Australie ou en Amérique[100] .Ainsi, 90000 des 200000 Juifs roumains partent entre 1948 et 1951, de même que 39000 des 55000 Juifs slovaquessurvivants, ou la moitié des 15000 derniers Juifs yougoslaves[101] . Paradoxalement, ce sont des communautésépargnées par le génocide comme celles de Bulgarie ou a fortiori de la Turquie neutre qui connaissent l'émigration laplus massive pour Israël. La disparition de l'aire culturelle séfarade, commencée avec la Shoah, devient ainsiirréversible, ne laissant que quelques milliers de Juifs dans ces pays[102] .De même, la campagne antisémite qui sévit en Pologne communiste après la guerre des Six Jours (1967) acheva defaire partir la quasi-totalité des 300000 Juifs encore présents dans le pays.L'émigration massive acheva donc en bonne partie ce que la Shoah avait poursuivi et accompli par le meurtre : viderl'Europe de l'Est de ses Juifs.

Traumatismes, silences et témoignages

En général, les survivants de la Shoah n'ont pas été écoutés à leur retour, même lorsqu'ils ont eu le désir ou la forcede parler. Peu nombreux et noyés dans la masse des rapatriés ou des victimes de guerre, ils étaient aussi le rappelvivant des compromissions de leurs gouvernements dans la déportation et l'extermination. De surcroît, le momentétait à la célébration de l'héroïsme des résistants et des soldats, et non à la valorisation de la souffrance et desvictimes. Simone Veil a ainsi témoigné de l'impossibilité pour les témoins de se faire entendre, d'autant qu'il étaitdifficile de regarder en face les atrocités inimaginables dont ils faisaient le récit.Même en Israël, comme l'a établi l'historien Tom Segev (Le Septième Million, 1993), les survivants du génocide sevoyaient souvent soupçonnés d'avoir collaboré pour survivre, ils se voyaient reprochés d'être allés dans les camps «comme des moutons à l'abattoir » ou de ne pas avoir émigré en Palestine avant la guerre. L'État hébreu, fondateur dès1953 de Yad Vashem, se focalisait avant tout sur la célébration des quelques héros du soulèvement du ghetto deVarsovie plutôt que d'insister sur la masse des femmes, des enfants ou des vieillards assassinés.

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Jusqu'à la redécouverte de la Shoah en Occident dans les années 1970, beaucoup de survivants ont donc préférégarder le silence, ne s'ouvrant souvent même pas de leur passé à leurs propres enfants, amis ou collègues. Plus d'un aété taraudé par la « culpabilité du survivant ».

« Marche des vivants » à Auschwitz-Birkenau,2004

Incapables de surmonter les séquelles psychologiques et morales deleur passé, certains survivants de la Shoah se sont suicidés, devenantainsi les victimes, parfois des décennies après, d’« assassinats différés »(François Bédarida). Parmi les plus connus figurent le poète PaulCelan, l'écrivain Primo Levi, ou la mère du dessinateur ArtSpiegelman. Toutefois, rien n'indique que le suicide ait étéparticulièrement répandu parmi les survivants de la Shoah.

Le devoir de mémoire développé en Occident depuis les années 1970,en réaction notamment à la menace négationniste, a souvent permis ànombre d'anciens déportés de sortir de leur silence et d'aller témoignerdevant les médias, dans les écoles et les lycées, ou encore en écrivant leurs souvenirs. Certains sont retournésrégulièrement sur les lieux du massacre pour accompagner comme guides des groupes de visiteurs, en particulierjeunes, notamment à Auschwitz. Ce lieu crucial et symbolique a reçu ainsi 25 millions de visiteurs depuis 1945.

Bourreaux, bureaucrates et complicesLa Shoah constitue un crime d'autant plus déconcertant et traumatisant qu'elle a été perpétrée à l'instigation d'un despays les plus modernes du monde, célèbre pour ses réussites scientifiques et techniques et pour son abondanced'artistes, de philosophes et d'écrivains. Le haut niveau culturel et intellectuel de maints participants dépourvusd'états d'âme a également frappé la postérité. Les bourreaux de la Shoah sont ainsi devenus le symbole de l'échec dela culture à empêcher l'horreur, et de la remise en question de l'idée même de civilisation.De surcroît, aucun tortionnaire nazi n'a été obligé de participer à la Shoah. Un soldat des Einsatzgruppen ou un gardede camp dont les nerfs craquaient se laissait persuader de continuer, ou bien il obtenait facilement sa mutation. Encas de procès après-guerre, tout en cherchant à minimiser son rôle, aucun n'a nié la réalité de l'extermination.Pratiquement aucun non plus n'a jamais fait acte de regrets ou de repentir.Dans tous les pays d'Europe, il s'est trouvé également des institutions, des groupes ou des individus pour relayer lesinitiatives nazies et permettre l'accomplissement du génocide. D’autres enfin les ont aidés de leur silence, de leurpassivité, ou de leur indifférence et de leur refus de savoir.

Les tortionnaires : identité et mentalitésLes fusillades massives sont nerveusement éprouvantes pour des hommes qui finissent par craquer, par se saouler oupar devenir dangereux pour leurs propres complices. Le recours aux camions à gaz puis aux chambres à gaz vise àmettre entre bourreaux et victimes une distance suffisante pour permettre aux premiers de poursuivre plustranquillement leur besogne jusqu'au bout.À Auschwitz, la division des tâches dilue le sentiment de responsabilité individuel, puisque chacun n’est qu'unmaillon du processus complet d'extermination - chargé uniquement qui de la sélection, qui de conduire les victimesaux gaz, qui d'apporter le poison mortel ou qui de le verser. Les euphémismes du langage officiel (« traitementspécial » pour gazage, « évacuation » pour déportation) permettent aussi un peu plus aux criminels de ne pas regarderleurs actes en face.Comme l'a rappelé le personnage de Max Aue dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell, beaucoup des tortionnaires n'ont rien de brutes incultes. Les chefs des Einsatzgruppen (1000 hommes chacun en moyenne) comptent en leur rang de nombreux intellectuels ou encore des avocats. Otto Ohlendorf était docteur en histoire du droit et diplômé de trois universités. Un commandant du bataillon C, Ernst Biberstein, est un théologien protestant. La plupart des

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médecins de la mort nazis, à l'instar de Josef Mengele, sont des praticiens très diplômés et respectés dans leur ordre.Beaucoup de SS en poste dans les camps se montrent des amateurs raffinés de musique ou de peinture.Mais beaucoup ont aussi profité de la pleine licence que l’autorité leur donnait d’humilier et de tuer les Juifs pourdonner libre cours à leur sadisme et à leur sauvagerie – tout en s’enrichissant personnellement sans vergogne de leursdépouilles matérielles. Qu’il s’agisse de SS, de policiers, de soldats « ordinaires », de collaborationnistes ou encore dekapo des camps recrutés parmi les criminels de droit commun, d’innombrables photos ou récits démontrent le plaisirsouvent pris à faire souffrir leurs victimes par les humiliations les plus perverses, ou en imaginant les supplices lesplus cruels.Couper en public la barbe des vieux Juifs religieux, les forcer à des danses grotesques et épuisantes avant de lesabattre, prolonger ou aggraver délibérément la souffrance et l’agonie de victimes, poser hilare avec le dernier Juifvivant de telle ville nettoyée avant d’envoyer la photo à sa famille en Allemagne comme une curiosité, sont ainsipendant la Shoah des pratiques courantes parmi bien d’autres.

Arrestation des gardiennes SS de Bergen-Belsen,avril 1945.

Dans les camps de concentration, des commandants et des gardes selivrent au quotidien à des pratiques gratuites et non moins barbares.Ainsi, lâcher les chiens policiers sur des détenus (à Sobibor, le sergentSS Paul Grot dresse même son chien à arracher les testicules de sesvictimes dès qu’il l’entend crier : « Jude [103] ! »), précipiter certainsdétenus du haut de l’escalier de la carrière de Mauthausen, en obligerd’autres à s’approcher des barbelés pour mieux les abattre pour «tentative d’évasion ». Les coups de fouet et de gummi (matraques encaoutchouc) pleuvent en permanence, et bien des détenus sont tuéspour les prétextes les plus futiles, et par n’importe quel moyen.

Cependant, comme le relève une ancienne déportée d’Auschwitz citéepar l’historien-témoin Herman Langbein, « tous ceux qui étaient là-basont fait aussi une fois ou l’autre quelque chose de bien. C’est ça qui estterrible[104] . » Plus d’un bourreau s’est aussi montré ponctuellementcapable d’un attendrissement inattendu, d’un geste d’aide ou de clémence, ou d’une modération épargnant(provisoirement) des vies. Le commandant Rudolf Höß expose dans ses mémoires que pour le bon accomplissementde la tâche confiée par le Führer, il devait refouler sa sensibilité, présenter malgré lui un visage impassible et donnerl’exemple de l’endurcissement à tous ses subordonnés[réf. nécessaire].

La culture d’obéissance inconditionnelle à l’autorité a été une condition indispensable du génocide. Doublée d’uneabsence totale d’interrogation morale et d’une incapacité à recourir à la conscience personnelle, elle a permis à lamachine de mort du IIIe Reich de fonctionner sans accroc sérieux et d’atteindre rapidement une bonne part de sesobjectifs. Au-delà de la haine antisémite, le culte quasi-religieux voué par les nazis à l’ordre du Führer(Führersbefehl) suffisait à faire taire toute interrogation personnelle sur la légitimité du meurtre de masse.

Allemands et Autrichiens « ordinaires »

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Le médecin SS de la mort Fritz Klein au milieude la fosse commune de Bergen-Belsen.

Des enquêtes d'historiens européens ou américains ont d'autre partmontré les nombreuses complicités existant dans la société allemandepour la mise en œuvre de la Shoah. Christopher Browning et DanielJonah Goldhagen ont par exemple analysé le comportement debataillons de police composés « d'hommes ordinaires » envoyés enPologne et qui se comportent en bourreaux consciencieux, et parfoismême zélés, lors des massacres et des déportations. Daniel J.Goldhagen en conclut que les Allemands étaient les « bourreauxvolontaires d'Hitler[105] (titre de son ouvrage[106] ). » Cette thèse est

critiquée par d'autres historiens, en particulier pour son manque de nuance, car elle présente le défaut de mettre sur lemême plan « l'antisémitisme ordinaire » et les manipulations qu'en font les « antisémites radicaux ».

Les débats portent aussi sur le rôle des Allemands ordinaires. Au fur et à mesure que l'on se rapproche du front,l'implication de la société n'est pas contestable.La Wehrmacht et la police des zones d'occupation ont participé à la Shoah. Sans l'aide de l'armée, les 3000 hommesdes Einsatzgruppen n'auraient pas pu massacrer un million d'hommes. De nombreux soldats venaient regarder lesexécutions en voyeurs et y ont même participé[107] .Beaucoup d'Allemands avaient plus ou moins conscience des atrocités que subissaient les Juifs. Les soldats du frontEst rapportaient des récits des massacres des Einsatzgruppen lors de leurs permissions dans le Reich. Dans ladernière partie de la guerre, des rumeurs sur le gazage des Juifs circulaient. L'attitude générale a été le repli sur soi etla volonté de ne pas savoir sur ce qui se cachait derrière les rumeurs[108] .Les Autrichiens ont participé au génocide en proportion encore bien plus grande que les Allemands, et ont peut-êtretué plus de Juifs que ces derniers. Parmi les chefs nazis, outre Hitler lui-même, on peut citer Eichmann,Kaltenbrunner, Seyss-Inquart. Les Autrichiens ont fourni un tiers des tueurs des Einsatzgruppen, environ 40 % desgardes des camps de concentration, les commandants de quatre des six camps d'extermination, ou encorecommandants, ou les chefs de la Gestapo tant aux Pays-Bas (Hans Rautter) qu'en Pologne (Grabner)[109] ,[110] . C'estun policier autrichien, Karl Silberbauer, qui arrêta le 4 août 1944 Anne Frank et sa famille à Amsterdam. Ne s'enposant pas moins après la guerre en « première victime du nazisme », l'Autriche refusera durablement touteresponsabilité et toute indemnisation des victimes juives.

Fonctionnaires et « criminels de bureau »Même sans être antisémites, de nombreux Européens des pays occupés ont pris part à la Solution finale en exécutantles ordres du gouvernement en fonctionnaires consciencieux ou zélés dépourvus d’états d’âmes.À travers l’Europe, d’innombrables politiciens, bureaucrates et policiers ont un jour ou l’autre sauvé ponctuellementdes Juifs ou sont intervenus en faveur certains d’entre eux, ce qui ne les empêchait pas pour autant de continuer àparticiper à la Solution finale. À l’approche des Alliés, il devenait banal, surtout parmi les opportunistes et lescarriéristes, d’avoir « son » Juif pour se dédouaner lors des futures procédures d’épuration. Selon Raul Hilberg,sauver quelques Juifs d’une main tout en contribuant à la mort de bon nombre d’autres permettaient aussi aux «assassins de bureau » de garder la conscience tranquille et de continuer leur tâche.Sans commettre personnellement de cruautés ni de meurtres, et sans être forcément antisémites ni adhérernécessairement à l’idéologie nazie, de nombreux hommes politiques, bureaucrates et fonctionnaires du Reich et desÉtats collaborateurs se sont faits les rouages de la Solution finale. Ils ont pu agir avec plus ou moins de zèle selon lesindividus, les lieux et les moments. Ils ont pu avoir des raisons diverses, ainsi la conviction du régime de Vichy qu'ilfallait à tout prix maintenir l'illusion d'une souveraineté française en procédant soi-même aux arrestations et l'illusionqu'en allant de bonne grâce au-devant des volontés allemandes, on obtiendrait une place de choix pour la France dansla nouvelle Europe nazie.

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Le débat sur les responsabilitésPendant longtemps les historiens occidentaux ont attribué la responsabilité des crimes nazis au petit groupe desdirigeants du Reich.Dans les années 1950, seule l'historiographie marxiste posait la question de la responsabilité du peuple allemanddans la mise en œuvre de la violence nazie. Elle pointait du doigt le rôle de l'aristocratie de la bourgeoisie et del'appareil industriel, mais n'étendait pas les responsabilités au-delà de ce cercle.À partir des années 1960, l'école historique « fonctionnaliste », majoritairement allemande, montre que les questionssoulevées par l'origine de la Shoah sont très complexes. Un autre courant historiographique, nommé intentionnaliste,leur reprochera de diluer ce faisant les responsabilités dans l'organisation et la mise en œuvre de la Shoah[111] . Selonles fonctionnalistes, donc, le génocide est le résultat d'un processus décisionnel et organisationnel étalé dans letemps, entre l'été 1941 et l'automne 1942, dans lequel Hitler s'est contenté de donner de vagues directives[112] . Leurstravaux montrent qu'un grand nombre d'acteurs ont pris part à la Shoah, et ils ont renouvelé la recherche en suscitantde nouvelles études.Ian Kershaw explique dans son livre, Hitler, que le Führer a toujours été au centre des décisions, même s'il nedonnait pas tous les ordres lui-même.Göte Aly décrit la marche au génocide des années 1939-1941. Ils montrent que non seulement les SS, mais aussi lesGauleiter ou encore les experts de Berlin, ont joué un rôle dans le déplacement et le massacre des populations juives.D'autres historiens pointent les initiatives locales comme celles qui furent prises en Pologne en 1941. Ellespermettent de mieux comprendre l'importance de « l'expérimentation » des méthodes d'assassinat sur le terrain. Parcontre, elles ont le défaut de faire croire que les hauts dirigeants du IIIe Reich comme Himmler, Heydrich et Hitlern'auraient pas été indispensables au processus du génocide.Cependant, il ne faut pas oublier qu'Hitler est maître d'un bout à l'autre du processus. Il suggère plus qu'il ne dictemais cela fait partie de ses méthodes. Saul Friedländer insiste sur ce point. Il raconte que quand l'Allemagne envahitl'URSS, Goebbels et Heydrich se demandent si les Juifs russes doivent porter l'étoile jaune. Ils vont voir Göring : «Trop important, allons en parler à Hitler. » Il reçoit tous les chiffres sur le nombre de juifs assassinés. AprèsStalingrad, il insiste auprès de Goebbels pour revenir à la centralité de la question juive[113] . De plus l'intention detuer est présente dès le début de la guerre. Même les projets de déportation dans la région de Lublin, à Madagascarou en Sibérie auraient eu comme conséquences la mort de millions de Juifs. Enfin la mise en œuvre de la Shoah secaractérise par des échanges nombreux entre Berlin et les responsables locaux. La somme des initiatives localesn'aurait pas abouti à la Shoah sans coordination au sommet d'hommes comme Göring, Himmler, Heydrich et bien sûrHitler[108] .

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Traques, procès et fuites des responsables de l'extermination

Le corps de Himmler, qui se suicide à sa capturepar les Britanniques, 23 mai 1945.

Le suicide de Hitler le 30 avril 1945 et celui de Himmler le 23 mai ontprivé le tribunal de Nuremberg de la comparution des deux principauxresponsables de l'Holocauste. Nombre de criminels de tout rang ontaussi échappé à la justice en se donnant la mort, à l'image le 1er mai deGoebbels, instigateur de la propagande antisémite, de la nuit de Cristalet de la déportation des Juifs de son fief de Berlin. Se sont aussi tués en1945 le haut chef SS Odilo Globocnik, ou encore l'organisateur desdéportations de France et de plusieurs autres pays Theodor Dannecker.

D'autres maîtres-d'œuvre de premier plan ont été abattus pendant laguerre par des résistants, ainsi Heydrich à Prague en mai 1942. Dansles Balkans, des partisans ont aussi tué l'ancien commandant de BelzecChristian Wirth. D'autres ont littéralement disparu dans la tourmente.Martin Bormann périt par exemple probablement le 1er mai 1945 aucours de la bataille de Berlin, de même que le chef de la Gestapo pour le territoire allemand Hermann Müller.

Les Alliés avaient prévenu dès 1941-1942 que les criminels de guerre seraient poursuivis et punis. Dès 1943-1944, àmesure de la libération de l'URSS, les Soviétiques lancèrent des enquêtes approfondies. Ils jugèrent et condamnèrentdes Allemands responsables de massacres et nombre de leurs complices locaux. Les épurations menées dans lesdifférents pays libérés ont permis de juger une partie des responsables de la Solution finale, même si la spécificité etl’ampleur de celle-ci restaient encore floues pour les contemporains, et même si la déportation des Juifs ne constituapas un problème central pour l’accusation ni pour l’opinion.Certains criminels ayant sévi sur plusieurs pays furent cependant jugés par un État en particulier. Les Slovaques sechargèrent par exemple de condamner à mort Dieter Wisliceny, l’un des bras droits d'Eichmann.Les 16 principaux dirigeants nazis jugés au procès de Nuremberg ont du répondre notamment des chefs de génocideet de crime contre l'humanité. La Shoah a été amplement évoquée par les juges, les victimes et les bourreaux cités àtémoin, dont le commandant d'Auschwitz Rudolf Höß, le responsable d'unités mobile de tuerie Otto Ohlendorf ou legénéral SS Erich von dem Bach-Zelewski. Elle n'occupa pas non plus une place centrale, et aucun Juif ne fut parexemple cité comme témoin.Une série d'autres procès, toujours à Nuremberg, visa entre 1946 et 1951 les chefs des Einsatzgruppen, desindustriels responsables de l'exploitation de main-d'œuvre concentrationnaire, ou des médecins nazis criminels.

Un détenu identifie un SS arrêté, 1945.

Les tribunaux militaires alliés jugèrent aussi plusieurs dizaines degardes et certains commandants des camps de concentration, au coursde procès comme ceux de Dachau, Buchenwald ou Ravensbrück.

Le premier et principal commandant d'Auschwitz, Rudolf Höß, jugépar les Polonais, fut exécuté en 1947 sur le lieu de ses crimes. Sonsuccesseur moins extrémiste, Arthur Liebehenschel, connut le mêmesort. Le troisième et dernier commandant, Richard Baer, ne futretrouvé que tardivement, et mourut en prison en 1963 avant sonprocès. Dans les années 1960, l'Allemagne de l'Ouest jugea à son tour,en trois procès tenus à Francfort, plusieurs anciens gardiens du plusimportant lieu du génocide. Mais sur 7000 gardes SS passés parAuschwitz, seuls 10 % ont été retrouvés et jugés.

Des criminels nazis en fuite seront traqués et retrouvés. L'ancien commandant de Treblinka, Franz Stangl, fut ainsi extradé du Brésil et mourut en prison à Düsseldorf en 1971[114] . Adolf Eichmann, organisateur des déportations, fut

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enlevé par le Mossad en Argentine et jugé à Jérusalem par la cour suprême de l'État d'Israël. Son procès retentissanten 1961 marqua le début du réveil de la mémoire de la Shoah. Pour la première fois de l'Histoire, par ailleurs, il étaitrendu compte devant un tribunal juif de « crimes contre le peuple juif ».Parfaitement régulier (Israël alla jusqu'à payer les frais de l'avocat allemand d'Eichmann, après lui avoir permis des'inscrire exceptionnellement au barreau de l'État hébreu), le procès fut marqué par la présentation d'abondantsdocuments accablants et le témoignage de nombreux survivants. Condamné à mort et pendu en 1962, Eichmannapparut comme un homme terne et ordinaire, incapable du moindre regret ni de la moindre réflexion morale sur sesactes. Il se présenta comme un bureaucrate méticuleux et consciencieux, préoccupé uniquement de l'aspect techniquede sa tâche. Son attitude inspira à Hannah Arendt des réflexions célèbres sur la « banalité du mal ».Nombre d'exécutants de la Shoah ne furent jamais inquiétés, et firent de prospères carrières administratives,politiques ou économiques en RFA et en RDA. Ou bien, ils virent les poursuites à leur encontre abandonnées avec letemps, à moins de s'en tirer avec des peines légères et tardives. Bien d'autres sont morts libres après s'être réfugiés enAmérique latine (tels Josef Mengele, le « médecin de la mort » d'Auschwitz) ou dans le monde arabe, par exempleAlois Brunner. Des filières liées à des personnalités du Vatican aidèrent certains criminels de masse à s'enfuir, tels lesanguinaire dictateur croate Ante Pavelić, tandis qu'avec la guerre froide, Soviétiques et Américains ralentirent lespoursuites et recyclèrent nombre d'anciens nazis en Europe ou dans leurs services secrets.Klaus Barbie, un des principaux chefs de la Gestapo lyonnaise, entra ainsi au service de la CIA et put se réfugier enBolivie ; enfin extradé en 1983, il fut jugé à Lyon en 1987 et condamné à perpétuité pour crimes contre l'humanité,en particulier pour la rafle des 44 enfants orphelins d'Izieu.L’imprescriptibilité des crimes contre l’Humanité (intégrée par exemple dans le droit français en 1964), le réveil de lamémoire de la Shoah et l’action tenace de « chasseurs de nazis » tels que Simon Wiesenthal ou encore SergeKlarsfeld ont permis dans les années 1980-1990 la tenue d’une nouvelle série de procès.En particulier, René Bousquet, ancien chef de la police de Vichy et responsable de la majorité des déportations deFrance, fut abattu par un déséquilibré en 1993 à la veille d’être jugé. Son adjoint Jean Leguay était décédé avantprocès. Le milicien Paul Touvier en 1994 et l’ancien haut fonctionnaire Maurice Papon en 1998 furent les premiersFrançais spécifiquement condamnés pour complicités de crimes contre l’humanité.

Attitude du monde extérieur« Comment tout un peuple en voie d’être exterminé a-t-il pu subir pareil destin ? Comment le monde entier a-t-il pulaisser s’accomplir pareille monstruosité sans tenter d’intervenir pour l’arrêter ou au moins pour la freiner ? Commentl’Europe chrétienne a-t-elle pu laisser périr le peuple d’Israël quand elle n’a pas contribué elle-même à leur massacre? ». L'historien et ancien résistant catholique François Bédarida résumait en ces termes les questions angoissantesposées à l'humanité par la Shoah[115] .De manière générale, « sauf dans l’esprit d’une poignée de dirigeants nazis, les Juifs n’avaient pas été l’enjeu de laSeconde Guerre mondiale » (Tony Judt)[116] .

L'avant-guerre : frontières fermées et réfugiés refoulésDans les années 1930, la plupart des pays occidentaux ont fermé leurs frontières aux victimes des persécutionsantisémites en Allemagne et en Europe centrale. De 1939 à 1940, bien des Juifs autrichiens et allemands réfugiés ontmême été internés comme « ressortissants ennemis » par la Grande-Bretagne et la France.De peur que le monde arabe et ses ressources pétrolifères ne basculent du côté du IIIe Reich, les Britanniquesferment la Palestine à l'émigration juive, et renouvellent sa limitation drastique par le Livre Blanc de 1939, pour lamaintenir sans discontinuer pendant la guerre et jusqu'en 1948.En 1939, un navire chargé de réfugiés parti d'Europe, le Saint-Louis, est refoulé par les États-Unis et plusieurs États de l'aire caraïbe avant de devoir repartir pour les Pays-Bas. Les passagers y seront surpris par l'invasion allemande de

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mai 1940 et les trois quarts d'entre eux exterminés.La conférence d'Évian sur les réfugiés, tenue du 6 au 15 juillet 1938, a constitué la démonstration publique la pluslamentable du refus général d'accueillir les Juifs. L'URSS, l'Italie fasciste et la Tchécoslovaquie n'ont même pasdaigné envoyer un représentant. Les observateurs délégués par la Hongrie, la Pologne ou la Roumanie veulent justesavoir si l'on pourrait les aider à se débarrasser de leurs propres Juifs. Les autres pays ne veulent pas accueillir plusde réfugiés.C'est l'époque où le Canada explique qu'aucun réfugié serait encore trop (« none is too many »), où les États-Unis etl'Amérique latine pas encore remis de la Grande Dépression restreignent encore plus les entrées. La Suisse, jugeantpar la bouche d'un conseiller fédéral que « la barque est pleine » (« Das Boot ist vol »), négocie avec les nazis pourrefouler les réfugiés de son territoire : la Confédération demande elle-même à Berlin, et obtient en octobre 1938, queles passeports des Juifs allemands expulsés soient marqués de la lettre J à l'encre rouge indélébile[117] .Assuré que l’étranger ne portera aucun secours aux Juifs, Hitler peut renforcer sa politique raciste et, parallèlementau succès de Munich, lancer la nuit de Cristal, puis le génocide lui-même.

Les Alliés et la Solution finaleDes hommes courageux ont bravé toutes les difficultés pour tenter de prévenir les Alliés. Ainsi le résistant chrétienKurt Gerstein, entré dans la SS pour la combattre de l'intérieur, qui tente d'alerter le monde dès l'été 1942 sur lesgazages qu'il a vu en personne à Belzec, et qui se suicide en 1945. Ainsi Jan Karski, délégué à Londres par larésistance polonaise. Depuis la Suisse, le télégramme Riegner du 8 août 1942 informe Londres et Washington de laSolution finale en cours. De façon générale, ces informations n'ont pas ou peu été crues, et n'ont suscité aucuneréaction particulière des gouvernements et des opinions des pays alliés. Même des organisations juives ont refusé decroire les chiffres et les descriptions qui leur étaient faites de la machine de mort nazie[118] .Samuel Zygelbojm, représentant du Bund auprès du gouvernement polonais en exil à Londres, se donne la mort le11 mai 1943 : « Par ma mort, je voudrais, pour la dernière fois, protester contre la passivité d’un monde qui assiste àl’extermination du peuple juif et l’admet ».L'incrédulité pouvait s'expliquer par le souvenir des excès de la propagande et du « bourrage de crâne » sous laGrande Guerre. Au-delà, elle a été encouragée par l'absence de précédent comparable et par le caractère inouï etimpensable du crime.Les informations sur l'extermination des Juifs ont aussi circulé dès 1941 et surtout 1942 à la BBC, dans la presseanglo-saxonne et jusque dans une partie de la presse clandestine des pays occupés. Mais elles se mêlaient sanstraitement spécifique à d'autres récits d'atrocités et à l'évocation d'autres enjeux et problèmes[119] .Les Alliés n'ont pas non plus toujours conscience de la spécificité du sort qui frappait le peuple juif. Ils n'ont dès lorspas voulu donner l'impression qu'ils privilégiaient une catégorie de victime par rapport à une autre. WinstonChurchill, dont les services pouvaient déchiffrer les messages codés allemands grâce au système Enigma, savait dèsl'été 1941 que les Einsatzgruppen massacraient systématiquement les Juifs soviétiques, mais dans ses discourspublics, il dénonça ces horreurs sans jamais mentionner le caractère juif des victimes.Les Anglo-Saxons, sans parler des Soviétiques, n'ont pas non plus voulu donner l'impression qu'ils faisaient la guerrepour les Juifs, de peur notamment des réactions antisémites d'une partie de leur population. En URSS,l'antisémitisme traditionnel et le regain de nationalisme voire de chauvinisme suscité par la lutte contre l'Allemagnene laissait guère de place à l'évocation spécifique du sort des Juifs. Aux États-Unis, une poussée d'antisémitismedans l'opinion (certains taxaient le New Deal de Roosevelt de Jew Deal). Mais de manière plus générale, c'est aussique l'attention des populations, attachés à survivre ou à gagner la guerre, n'était pas disposée à faire une priorité dusort d'une minorité (1 % de la population de France, 10 % de celle de Pologne). « Sauf dans l’esprit d’une poignée dedirigeants nazis, les Juifs n'[ont] pas été l’enjeu de la Seconde Guerre mondiale[116] . »

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En décembre 1942, la quasi-totalité des gouvernements alliés font une déclaration commune solennelle contre lemassacre des Juifs en Europe, et préviennent les responsables qu'ils seront poursuivis. Moins explicitement, le papePie XII dénonce dans son message radio de Noël la mort des innocents qui ont été voués à la mort en raison de leurseule race. Mais en 1943-1944, ces déclarations sont beaucoup plus rares ou inexistantes, alors que l'exterminationcontinue à battre son plein.D'abord absorbés par la poursuite d'objectifs militaires, les Alliés semblent avoir pensé que la fin rapide de la guerreétait la meilleure manière d'arrêter la persécution, sans saisir que le rythme industriel du massacre risquait de nelaisser que peu de Juifs encore en vie à la victoire. En 1944, au plus fort de la déportation des Juifs de Hongrie,Churchill se montre favorable à un bombardement sur les rails et les chambres à gaz d'Auschwitz, mais veutconsulter d'abord les Américains : le projet est facilement bloqué à un niveau gouvernemental inférieur, sans mêmeparvenir à Roosevelt. Que le bombardement d'Auschwitz ait pu ou non changer quoi que ce soit au sort des victimes,le fait est que son enjeu moral intrinsèque n'a guère été perçu, ni le silence des Alliés rompu[120] .Dans l'ensemble, la passivité et l'indifférence ont prévalu, sans conscience de la gravité exceptionnelle du crime encours.Du 19 au 30 avril 1943, ainsi, la conférence qui se tient aux Bermudes sur l’aide possible aux Juifs d’Europe a lieuloin de tout et de tous, sans qu'aucune organisation juive ne soit représentée, ni les conférenciers aucun pouvoir dedécision mais juste de recommandation. Elle s'en tient à des paroles. Le département d'État américain, dirigé parCordell Hull, se montre d'une passivité particulièrement accablante, alors que les rapports officiels et officieux luiparviennent depuis 1942.Le ministre Henry Morgenthau, lui-même d'origine juive, n'ose pas intervenir longtemps en faveur des Juifsd'Europe, de peur d’être taxé de partialité. Mais c'est son rapport explosif de janvier 1944 contre l'inaction dudépartement d'État qui fait tardivement réagir Roosevelt : le 22 janvier 1944, le président américain fonde le WarRefugee Board (Bureau des réfugiés de guerre), dirigé par John Pehle. En 18 mois, le WRB sauvera des dizaines demilliers de personnes. Son envoyé en Roumanie, Ira Hirschmann, réussit à faire libérer les 48000 Juifs survivants deTransnistrie et à les faire partir en Turquie. Iver Olsen depuis la Suède ft sauver de nombreux survivants des paysBaltes et dépêche à Budapest Raoul Wallenberg. Il reste permis de se demander combien d'autres personnes auraientpu être sauvées si la prise de conscience et la volonté d'agir avaient été plus précoce[121] .

Les Églises et le Vatican du pape Pie XIILes chrétiens ont été l'un des plus importants groupes à fournir des Juste parmi les nations. Mais sur le planinstitutionnel, l'attitude des Églises d'Europe face à la Shoah a été contrastée en fonction des pays, des hommes etdes dignitaires.Des Églises nationales ont fermement protesté en tant que telles contre la persécution des Juifs : ainsi l'Église d'Étatluthérienne en Norvège, dont les évêques démissionnent collectivement en 1942 par rejet du gouvernementcollaborateur de Quisling, ou encore les hiérarchies catholiques et protestantes des Pays-Bas en juillet 1942.Dans la France du régime de Vichy, le loyalisme de l'épiscopat envers le régime réactionnaire du maréchal Pétain afait taire bien des langues. Seuls cinq évêques sur plus d'une centaine ont publiquement protesté contre les rafles del'été 1942, dont l'archevêque de Marseille Mgr Delay, le cardinal Gerlier, primat des Gaules, à Lyon, Mgr Moussaronà Albi, Mgr Pierre-Marie Théas à Montauban, et surtout Mgr Jules Saliège à Toulouse. Toutefois, la peur d'un conflitavec l'Église a joué son rôle dans la décision de Pierre Laval de diminuer les déportations à partir de l'automne1942[122] .Dans le Reich, où le concordat de 1933, le patriotisme en pleine guerre et le respect de l'ordre établi lient les mains àl'épiscopat national, les mêmes personnalités qui avaient condamné en chaire l'extermination des handicapésmentaux, à l'image de Mgr Clement von Galen, n'ont pas eu un mot en public sur le sort des Juifs. Les prêtres,pasteurs ou évêques qui se sont engagés dans le secours aux Juifs voire dans la Résistance l'ont généralement fait deleur seule initiative et sans encouragement aucun de leur hiérarchie.

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Le pape Pie XII était sans doute le chef d'État le mieux informé sur le génocide, grâce aux informations quipouvaient remonter à Rome depuis de multiples paroisses et diocèses de toute l'Europe. Son silence officiel lui atoutefois été beaucoup reproché, surtout à partir des années 1960.[réf. souhaitée]

Les institutions religieuses de Rome ont abrité de nombreux Juifs, et le Saint-Siège, soutenue par l'épiscopat local,est intervenue par exemple pour obtenir l'arrêt des déportations dans la Slovaquie de Mgr Tiso, ou encore en Hongrie.Mais aucune protestation officielle ni aucune dénonciation publique claire du sort des Juifs n'a eu lieue, en dépit del'immense prestige moral et diplomatique du Saint-Siège, et même lorsqu'une rafle eut lieu dans l'ancien ghetto deRome « sous les fenêtres du pape » le 16 octobre 1943.Nul historien n'a jamais soupçonné le Pape d'hostilité quelconque aux Juifs. Les raisons de son silence énigmatiquesemblent avoir été complexes, et restent difficile à cerner tant que toutes les archives vaticanes relatives à cepontificat ne seront pas disponibles. Parmi les raisons les plus fréquemment avancées par les historiens figurent lasous-estimation du sort qui attendait les Juifs et le refus de faire de leur sort une question prioritaire (ce qui fut le casde tous les dirigeants alliés ou clandestins de la Seconde Guerre mondiale), le choix par tempérament de ladiplomatie sur la confrontation et sur la parole de dénonciation, la peur d'attirer des représailles sur une Égliseallemande qu'il connaissait bien comme ancien nonce à Berlin, la focalisation sur le danger d'expansion ducommunisme athée (même si le pape refusa toujours de soutenir la « croisade » nazie contre l'URSS), l'espérance(finalement illusoire) enfin de servir d'intermédiaire dans de futures négociations de paix entre Alliés et Axe[123]

[réf. insuffisante]..À cette heure, la polémique qui entoure le « silence de Pie XII » n'est toujours pas éteinte[124] .

Les pays neutresL'Espagne du dictateur Franco, allié non-belligérant de Hitler, a tantôt accepté tantôt refoulé les réfugiés juifs. En1926, le dictateur Primo de Rivera avait annulé le décret d'expulsion de 1492 à l'origine de la diaspora séfarade, etrestitué la nationalité espagnole aux descendants qui en faisaient la demande, sous condition qu'ils ne reviennent pasvivre dans la péninsule. Cette disposition a permis à certains Sépharades des pays occupés de survivre à la Shoah.Par ailleurs, des diplomates et consuls espagnols ont ponctuellement secouru des descendants de Juifs d'Espagne làoù ils étaient en poste, même si aucun ordre ne leur a jamais été donné en ce sens depuis Madrid. De nombreuxespagnols ne se rendaient pas compte qu'une grande partie des réfugiés traversant les Pyrénées étaient Juifs. Lenombre de Juifs ayant échappé au génocide en passant par l'Espagne à partir de 1940 est estimé entre 20000 et35000[125] .Au Portugal, 40000 Juifs étaient réfugiés dès 1940. Seuls 10000 parviendront à partir en Amérique, les États-Unis serefusant à desserrer les quotas. A Bordeaux et Bayonne, pendant l'exode de juin 1940, le consul portugais Aristidesde Sousa Mendes désobéit à son gouvernement en délivrant des milliers de visa transit à des réfugiés notammentjuifs. Sa carrière fut aussitôt brisée, et le dictateur Salazar devait s'acharner sur lui et sur sa famille bien après laguerre, le contraignant à mourir dans la misère.La Suisse affirmera pendant un demi-siècle avoir accueilli les réfugiés qu'elle pouvait et s'être tenue prête à se battreen cas d'invasion nazie. Mais les Helvètes ont dû faire face dans les années 1990 à la redécouverte d'une réalitéhistorique en demi-teinte.[précision nécessaire]

De fait, le pays n’a accueilli en réalité que 30000 Juifs[126] , dont 7000 seulement avant la guerre, et il a refoulé enpleine guerre ceux qui cherchaient secours chez elle, notamment les Juifs non accompagnés de leurs enfants - c'estainsi que les parents de Saul Friedländer furent refoulés à l'été 1942 : retombés aux mains de Vichy, ils périrentdéportés en octobre. Les réfugiés juifs acceptés n'avaient pas le droit de travailler, et devaient vivre sur les taxesspéciales prélevées par la Confédération sur ses riches résidents juifs. Elle en refoula 20000[126] .Par contre, Carl Lutz, un diplomate suisse, délivra 50000 certificats d'immigration permettant de mettre 50000 Juifssous la protection suisse à Budapest[127] .

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Les banques du pays ont aussi abrité et recyclé en connaissance de cause l’or pillé aux Juifs déportés, contribuantainsi substantiellement à financer l’effort de guerre allemand. En revanche, contrairement à une légende, aucun trainde déportés n'a transité par la Suisse[128] .La Suède a accueilli des milliers de réfugiés juifs et résistants, dont l'intégralité de la communauté danoise évacuéeen septembre 1943. Toutefois, son gouvernement social-démocrate a continué jusqu'au bout à fournir le Reich enminerai de fer.La Turquie n'a jamais connu de son histoire de persécution des Juifs en tant que juifs, et elle sera l'un des rares paysmusulmans à reconnaître Israël dès sa fondation. Si des milliers de Juifs ont trouvé asile en Turquie pendant laguerre, d'autres ont été refoulés. Ainsi, en février 1942, les 769 passagers roumains du Struma, qui espéraient passeren Palestine, sont refoulés d'Istanbul en accord avec les Britanniques et périssent noyés dans la mer Noire lors dutorpillage accidentel de leur navire par un sous-marin soviétique[129] .Par ailleurs, dans le cadre d'une politique nationaliste de turquification forcée des minorités, la Turquie en guerre alourdement taxé de 1942 à 1944 les non-musulmans et envoyé ceux d'entre eux incapables d’acquitter l’exorbitantimpôt (jusqu'au double ou à plusieurs fois le revenu annuel de nombreuses personnes) dans des camps de travail,parmi lesquels un certain nombre de Juifs. Ce qui n'a pas empêché la communauté turque d'être intacte en 1945,même si, éprouvée, elle sera l'une des premières à émigrer en masse en Israël[130] .

Les communautés juives d'Amérique et de PalestineEn mars 1943, Stephan Wise, ami personnel du président Roosevelt qu’il tente régulièrement d’alerter sur le sort desJuifs, rassemble 75000 manifestants à Madison Square Garden, à New York, contre le massacre en cours. Mais cegenre de démonstration reste exceptionnel pendant la guerre. Dans l'ensemble, la communauté juive américaineréputée si puissante n'a que peu poussé son gouvernement à agir en faveur des coreligionnaires d'Europe, par peur defavoriser une poussée d’antisémitisme aux États-Unis[131] . Un des derniers messages du ghetto de Varsovie insurgé,en avril 1943, s'adresse aux Juifs d'Amérique pour déplorer le silence et la passivité dont ils ont fait preuve aumoment de la mort de leurs frères d'Europe.Dans son ouvrage Le Septième Million, paru en 1993 en Israël, l'historien Tom Seguev a montré que pour lesdirigeants du Yichouv (la communauté juive de Palestine) et futurs fondateurs d'Israël, le sort des Juifs d'Europen'avait constitué pendant la guerre qu'un problème secondaire. Les futurs fondateurs d'Israël, à commencer par DavidBen Gourion, étaient plus soucieux de préparer l'après-guerre et la création de l'État juif, et se sentaient au demeurantimpuissants à changer la situation en Europe. En 1944, le Congrès juif mondial a appelé à bombarder les chambres àgaz et les rails menant à Auschwitz, mais assez mollement, Chaim Weizmann se montrant favorables à la requêtemais sans insister, et Ben Gourion hostile.

Sauvetages et Justes des nationsLa tragédie des Juifs a été généralement proportionnelle à leur degré d’isolement dans la société.

Les populations face à la ShoahÀ l’Est, ils ont d’autant plus presque tous péri qu’ils étaient abandonnés, ignorés ou méprisés par des populationslargement antisémites. Par ailleurs, celles-ci étaient soumises elles-mêmes à une terreur de masse permanente quimettait en danger de mort immédiat tout auteur d’un geste de compassion ainsi que sa propre famille. Des Polonaisou des Ukrainiens furent sauvagement suppliciés en public pour avoir donné un morceau de pain ou un asile à desJuifs, des familles entières pendues, fusillées ou déportées pour leur être venues en aide. Mais malgré le contentieuxantisémite et la terreur nazie, la Pologne compte aussi plus de 5000 Justes des nations reconnus à cette heure par YadVashem, soit le plus grand nombre en Europe.

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En Allemagne, les dénégations d'après-guerre (« Nous ne savions pas ») ne recouvrent pas la réalité historique :lettres du front, journaux intimes, rapports de police (sans oublier en 1945 le spectacle des marches de la mort),permettent d'établir qu'entre la moitié et les deux tiers de la population adulte du Reich ont su que les Juifs étaientnon seulement déportés mais exterminés, même si les modalités précises de la mise à mort étaient plus rarementconnus, et même si beaucoup ont préféré détourner les yeux par indifférence, par peur, par conformisme, parincrédulité ou par intérêt[132] .La résistance allemande au nazisme n'a pas toujours perçu l'antisémitisme comme une question centrale, et certainsconjurés du complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler restaient convaincus de l'existence d'une « question juive» voire de la nécessité d'une législation restreignant « l'influence juive ». Mais le programme des comploteursprévoyait explicitement l'arrêt des persécutions et la restitution des biens volés, et l'échec de la tentative pourrenverser Hitler a bien empêché l'arrêt immédiat de la Shoah.Dans le Reich, des individualités courageuses ont fait preuve de compassion, comme Mgr Lichtenberg, mort déportépour avoir prié à Berlin pour les Juifs. En 1943, dans la Rosenstrasse à Berlin, des conjointes de Juifs manifestentavec succès pour obtenir la libération de leurs maris, un épisode resté toutefois exceptionnel. Malgré les risques et lasurveillance totalitaire de la Gestapo, quelques rares milliers de Juifs ont réussi à survivre clandestinement dans lesvilles allemandes jusqu'à la fin (surnommés les U-Boat ou « sous-marins ») grâce à l'aide d'Allemands « aryens »dévoués.Aux Pays-Bas, pays sans tradition antisémite, une grève générale de solidarité paralyse Amsterdam pour plusieursjours lorsqu’en février 1941, les Allemands déportent 365 Juifs à Mauthausen et Buchenwald[133] . Cette premièregrève antiraciste de l’Histoire échoue à sauver les victimes, mais manifeste un refus collectif de la persécution peufréquent dans l’Europe du temps. La Résistance locale et de nombreux individus viendront en aide à des Israélites,sans toutefois empêcher la mort de 80 % de la communauté.Contrairement à une idée reçue, ce bilan d’échec n’est pas dû à l’absence de montagnes et de forêts pour cacher lespersécutés hollandais[134] . En effet, des centaines de milliers de résistants, de réfractaires au STO et de Juifs ontréussi à se cacher dans les villes jusqu’en 1945. Le problème a surtout tenu dans la division traditionnelle de lasociété néerlandaise en communautés politiques et religieuses très cloisonnées (la « pilarisation », c'est-à-dire lespiliers[135] ) : sans relations suffisantes en dehors de leur propre communauté, ghettoïsée puis anéantie, les Juifshollandais ne pouvaient espérer trouver d’aide extérieure salvatrice.En France et en Belgique, la mise en œuvre de la Shoah prend une dimension éminemment xénophobe, car le régimede Vichy apporte l'aide de sa police à la déportation de Juifs étrangers, en croyant à tort que les Allemandsépargneront ainsi les Juifs français (alors même qu’ils n’avaient jamais reçu la moindre promesse ne serait-ce queverbale en ce sens). En Belgique, où la très grande majorité des Juifs n'a pas la nationalité belge, les Allemands ontl’habileté d’exempter les Juifs de nationalité belge des premières déportations[136] . De ce fait, l’administration neprotestera pas, et les seules interventions tardives, comme celles de la reine-mère Élisabeth, ne concerneront que lesJuifs belges. 44 % des Juifs du royaume trouveront la mort.Toutefois, la Belgique compte aussi plus de 1500 Justes. Et dans l’Hexagone, la mobilisation de nombreux inconnus,d’hommes d’Église, de couvents, de filières de résistance ou de réseaux de solidarité (tout comme le relatif désintérêtdes Allemands pour la France en tant que pays de déportation) a permis aux trois quarts des Juifs de France de voirla fin de la guerre, une proportion exceptionnelle en Occident.

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Les sauvetages collectifs : Bulgarie et DanemarkEn Bulgarie en mars 1943, un vaste mouvement d'opinion oblige le roi et le Parlement à reculer et à refuser de livrerles Juifs nationaux aux nazis. Malgré la présence de la Wehrmacht sur le sol de son allié, la communauté bulgaresurvit intégralement à la guerre. En revanche, Sofia accepte d’arrêter et de déporter plus de 13000 Juifs de la Thraceet de la Macédoine occupés par ses troupes.Au Danemark, le roi Christian X menace de porter lui-même l'étoile jaune si les Allemands cherchent à l'imposer. Enseptembre 1943, lorsqu'une indiscrétion volontaire d'un diplomate allemand fait connaître le projet de déportationdes quelques 7000 Juifs, la population se mobilise pour faire passer la communauté en Suède neutre à travers ledétroit de Copenhague. En plusieurs nuits, avec la bienveillance de la police et de l'administration, une flottille depetits navires conduit à bon port ceux qu'une chaîne de complicités a permis d'acheminer en cachette jusqu’aux quais.

Des alliés de Hitler entre compromissions et réticencesLa Finlande, suite au scandale dans l'opinion, n'a finalement livré que 9 des 34 Juifs étrangers prévus, mais un seulde ces neuf survivra.Les Japonais, qui se sont illustrés par d'innombrables crimes de guerre en Asie, ne donnent pas suite pour autant auxdemandes de leur allié Hitler de s'en prendre aux 20000 Juifs allemands réfugiés à Shanghai après 1933.L'antisémitisme idéologique des nazis leur reste incompréhensible, et par le plan Fugu, ils tentent au contraired'utiliser ces réfugiés souvent hautement qualifiés pour mettre en valeur la Mandchourie occupée.D’autres alliés de Hitler se sont arrêtés à mi-chemin dans leur participation active à la Shoah.En Hongrie, bien que soumis à une législation antisémite depuis l'entre-deux-guerres, les Juifs hongrois ne sont paslivrés à la déportation tant que la Wehrmacht n’envahit pas le pays en mars 1944. L’amiral Horthy s’oppose ànouveau aux déportations, qui sont suspendues en juillet, mais elles reprennent à l’automne quand il est évincé parles nazis au profit des collaborationnistes fascistes, les Croix fléchées. La Roumanie, qui a massacré plus de200000 Juifs hors de ses frontières, a refusé de livrer ses Juifs nationaux, qui ont survécu. État antisémite, laSlovaquie de Mgr Tiso, satellite du Reich, a d'abord livré par dizaines de milliers ses ressortissants Juifs au début del'année 1942, avant de se raviser, notamment sous la pression du Vatican, et de suspendre les déportations. Aprèsl’écrasement du soulèvement national slovaque d’août 1944, les nazis et les collaborationnistes reprennent lesdéportations racistes.

Camp d'internement pour Juifs italiens à Fossoli,une des antichambres d'Auschwitz.

L'Italie fasciste de Mussolini se voit généralement gratifiée d'avoirprotégé les Juifs dans ses zones d'occupation. Ainsi, dans les septdépartements français occupés par l'armée italienne entrenovembre 1942 et le 8 septembre 1943, l'administration militaire arefusé toute déportation et n'a pas hésité à rappeler à l'ordre lesautorités du régime de Vichy quand elles s'en prenaient à des Israélites.De ce fait, de nombreux Juifs de France affluent dans la zone italienne,où les rafles et les déportations commencent en revanche à leur tourdès l’arrivée des Allemands.

Toutefois, l'historiographie récente a nuancé fortement cettereprésentation d'un fascisme protecteur des Juifs. Ainsi qu'elle l'a démontré, Mussolini était devenu personnellementraciste et antisémite au moment de la conquête de l'Éthiopie (1935-1936) puis avec la radicalisation de son régimedans un sens totalitaire, à la fin des années 1930. De ce fait, les lois antijuives adoptées en Italie en 1938 ne doiventrien à une volonté d'imiter son allié Hitler, et répondent à une conversion réelle du régime à l'antisémitisme. Plusappliquées que ce que l'on a longtemps cru, elles ont fragilisé les Juifs italiens et préparé en partie le terrain aux

Allemands. Elles étaient d’autant plus graves que l’Italie n’avait pas de tradition antisémite et que les Juifs étaient traditionnellement nombreux et bien acceptés dans l’armée, dans l’administration ou dans le mouvement fasciste

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lui-même.D'autre part, le refus des Italiens de livrer les Juifs doit beaucoup plus à une volonté de se saisir de l'occasion pourmontrer aux Allemands qu'ils étaient les maîtres dans leurs zones eux qu'à une quelconque sympathie pour les Juifs,selon les historiens actuels. Aucune instruction de protéger les Juifs ne fut jamais donnée par le gouvernement deRome, et il arriva même que les troupes italiennes livrent en certains endroits des Juifs aux nazis, ainsi lors de ladéportation des Juifs de Tirana en Albanie.Après l'invasion de l'Italie en septembre 1943, les très violentes milices fascistes de la République de Salocollaborent activement à la traque et à l'assassinat des Juifs. Près de 9000 Juifs italiens ont été déportés.

Dévouements individuels et organisésDécerné par Yad Vashem, le titre de « Juste parmi les nations » honore les non-Juifs qui ont sauvé des Juifs de laShoah pour des motifs désintéressés.

Un des nombreux passeports suédois délivrés parRaoul Wallenberg à des Juifs de Budapest en

1944.

Ne sont donc pas abordés ici ceux qui ont vendu des faux papiers auxJuifs parfois à prix d’or, ou qui en ont fait passer en Espagne ou enSuisse contre de l’argent - certains passeurs peu scrupuleux vendaientmême leurs clients aux nazis après avoir touché la somme due ; laplupart des passeurs, bénévoles et courageux, ont offert leur aide aurisque de leur vie ou de leur liberté.

À Marseille, l'Américain Varian Fry parvient en 1940 à faire sortir plusde 2000 intellectuels et artistes d'Europe dont de nombreux Juifs. En1944 à Budapest, le diplomate suédois Raoul Wallenberg sauve plus de20000 israélites hongrois, notamment en distribuant des passeports decomplaisance.

Les institutions religieuses sont sur-représentées dans l’aide aux Juifs,souvent dissimulés dans des couvents ou des pensionnats religieux.Des faux certificats de baptême ont été délivrés par d’innombrablescurés et pasteurs. Malgré leurs sympathies pétainistes, un grandnombre d’évêques français ont fait donner asile à des Juifs. À Rome, lesilence officiel du pape Pie XII n’empêcha nullement les institutionsreligieuses liées au Vatican d’abriter et de sauver des milliers depourchassés. D’autres organisations d’inspiration religieuse étaient plusproches de la Résistance spirituelle. Ainsi de nombreux enfants raflés àLyon ont-ils été sortis en une nuit du camp de Villeurbanne(28 août 1942) par l’Amitié chrétienne de l’abbé Glasberg et du R.P. Pierre Chaillet, fondateur de Témoignagechrétien.

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Shoah 126

Une rescapée de la Shoah montre le nom du Justequi l'a sauvée, Yad Vashem, Jérusalem.

Des villages entiers sont parfois venus au secours des persécutés,comme les villages protestants de Nieuwlande en Hollande, deDieulefit dans la Drôme et du Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, cedernier étant collectivement reconnu comme Juste. Minorité jadispersécutée par le pouvoir royal, les protestants français ont étéparticulièrement nombreux à se dévouer aux nouveaux proscrits.

Des fonctionnaires, des policiers, des soldats, des entreprises ont refuséde participer à la persécution, à la spoliation ou à la déportation.Quelques policiers échappés de la préfecture où ils étaient consignésréussissent à avertir et sauver des Juifs parisiens à la veille de la rafledu Vel’ d’Hiv’. Des responsables de la préfecture, le 18 juillet 1942, ontsauvé la quasi-totalité des centaines de Juifs visés par la rafle manquéede Nancy. Oskar Schindler, employeur allemand de main-d’œuvre

forcée juive à Cracovie, sauve 1200 d’entre eux de la mort lorsqu’il comprend le sort qui leur est réservé.

Surtout à l’Ouest, beaucoup d’Européens sont venus en aide aux Juifs comme à une catégorie de parias parmid’autres, sans avoir conscience eux-mêmes du sort spécifique qui les attendait par rapport aux prisonniers évadés,aux résistants ou aux réfractaires au STO. Même lorsqu’ils sauvaient des gens de l’extermination, peu d’individus etde mouvements ont été à l’époque particulièrement conscients des projets réels de Hitler et de la centralité duracisme et de l’antisémitisme dans l’idéologie nazie.

Bilan

CulturelLa Shoah est, entre autres, un anéantissement culturel. Le yiddishland d'Europe centrale et orientale a pratiquementdisparu, et l'on estime que les trois quarts des locuteurs du yiddish ont disparu pendant la guerre.

Restes du ghetto de Varsovie en 1945.

La France a perdu le quart de sa population juive, même si le mondeisraélite français en tant que tel continue d'exister (des synagogues etdes écoles juives sont même restées ouvertes à Paris toutel'Occupation), en revanche, les communautés juives d'Amsterdam,Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées à plus de 80 ou90 %. À Vilnius, ce sont 32000 Juifs qui sont assassinés lors despogroms du début du conflit[137] . Les nazis ont aussi cherché à effacertoute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes detous leurs biens et œuvres d'art, en détruisant les synagogues, enbrûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.

Ce n'est pas le peuple juif qui a perdu un grand nombre de ses enfants,mais les rares survivants qui ont perdu leur peuple et leur univers, sansretour possible[138] .[réf. incomplète]. Marek Edelman, un des rares chefssurvivants du soulèvement du ghetto de Varsovie, déclarera ainsi devant la destruction de 97 % de la communautépolonaise : « Dans le monde, il n'y a plus de Juifs. Ce peuple n'existe pas. Et il n'y en aura pas[139] . »

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Shoah 127

Bilans chiffrés des victimesLes estimations du nombre de Juifs tués lors de l'Holocauste varient pour les spécialistes entre 5.1 millions(l'historien Raul Hilberg) et 6 millions (l'économiste et statisticien Jacob Lestchinsky). On parle de 6 millions devictimes en référence au chiffre cité dès le procès de Nuremberg, justifié dans Le Bréviaire de la Haine de LéonPoliakov[140] et repris au procès d'Adolf Eichmann. Le Yad Vashem a pu retrouver le nom d'un peu plus de4 millions d'entre elles[141] , selon ses propres estimations.

L'Europe du génocide.

À la fin de son ouvrage La Destruction des Juifs d'Europe, Raul Hilberg tente de chiffrer globalement les victimes. Ilrépartit les chiffres en trois catégories[142] :1. Morts consécutives aux privations, en particulier, la faim et la maladie dans les ghettos.2. Morts par fusillades.3. Morts consécutives aux déportations vers les camps d'extermination.Les estimations proviennent de rapports émanant notamment des services allemands, des autorités satellites et desconseils juifs. Ils ont ensuite été affinés grâce aux comparaisons entre les statistiques d'avant-guerre et cellesd'après-guerre. Hilberg s'efforce de faire des corrections pour ne prendre en compte que les Juifs victimes de laShoah et écarter ceux dont la mort peut être imputée à la guerre.Cette dissociation est souvent délicate. Ainsi, lorsque l'Allemagne envahit l'URSS, un million et demi de Juifsquittent leur domicile, au même titre qu'un nombre plus important de non-juifs parmi lesquels la mortalité estsupérieure à la normale. Un autre problème dans l'estimation du nombre de victimes tient au fait que 70 % desvictimes proviennent de la Pologne et de l'URSS et que les frontières de ces deux pays ne cessent d'évoluer tout aulong de la guerre si bien que les statistiques de la bureaucratie nazie se réfèrent souvent à des territoires dont lesfrontières sont mouvantes[143] .En résumé, l'ampleur du génocide lui-même, les circonstances de la persécution et de la guerre, l'ambiguïté même dela qualité de Juif rendent impossible de chiffrer précisément le nombre de victimes, encore moins de les catégoriser :Hilberg donne finalement l'estimation de 5.1 millions de victimes juives.

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Shoah 128

Les victimes par pays

La proportion des morts de l'Holocauste surl'ensemble des crimes nazis.

D’après Raul Hilberg dans Selon les frontières d’avant guerre[144] . Lesquelques pourcentages indiqués sont tirés du site du CCLJ[145] :

• Pologne : plus de 3000000 (8 % de survivants)• URSS : plus de 700000• Roumanie : 270000• Tchécoslovaquie : 260000• Hongrie : plus de 180000• Lituanie : jusqu'à 130000• Allemagne : 130000• Pays-Bas : plus de 100000 (25 % de survivants)

• France : 75000• Lettonie : 70000• Yougoslavie : 60000• Grèce : 60000• Autriche : plus de 50000• Belgique : 24000• Italie (Rhodes comprise) : 9000• Estonie : 1000• Norvège : moins de 1000• Luxembourg : moins de 1000• Ville libre de Dantzig : moins de 1000Total : Environ 5122000 Le tableau se réfère aux frontières de 1937. Les Juifs convertis au christianisme sontcompris dans ces chiffres et les réfugiés sont comptés dans les pays à partir desquels ils ont été déportés.

Les noms des victimes sur les murs de lasynagogue Pinkasova à Prague.

Selon Jacob Robinson[146] :• Pologne et URSS : 4565000• Allemagne : 125000• Autriche : 65000• Tchécoslovaquie (dans les frontières de 1937) : 277000• Hongrie (dans les frontières de 1942) : 402000• France : 83000• Belgique : 24000• Luxembourg : 700• Italie : 7500• Pays-Bas : 106000• Norvège : 760• Roumanie : 40000• Yougoslavie : 60000• Grèce : 65000Total : 5820960

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Les victimes par annéeD'après Hilberg[144]

• 1933-1940 : < 100000• 1941 : 1100000• 1942 : 2600000• 1943 : 600000• 1944 : 600000• 1945 : > 100000Total : 5100000

Nombre de victimes selon la cause du décèsD'après Hilberg[147] .

Charnier de Bergen-Belsen, avril 1945.

• Constitution de ghettos et privations : plus de 800000

• Ghettos de l'Europe de l’Est sous occupation allemande : plus de600000

• Theresienstadt et privations à l'extérieur des Ghettos : 100000• Colonies de Transnistrie (Juifs roumains et soviétiques) : 100000

• Fusillades à ciel ouvert : 1400000• Camps : 2900000

• Camps d'extermination créés par l'Allemagne• Auschwitz : jusqu'à 1000000• Treblinka : jusqu'à 800000• Belzec : 434508• Sobibor : plus de 150000

• Chełmno (Kulmhof) : 150000• Majdanek (Lublin) : 50000• Camps responsables de quelques dizaines de milliers de victimes ou moins : 150000

• Camps créés par la Roumanie : 100000• Camps créés par la Croatie et autres : moins de 50000

Total : 5100000, dont 2700000 dans les chambres à gaz.

Les victimes françaisesSelon des chiffres établis par l'association des Fils et filles de déportés juifs de France présidée par Serge Klarsfeldet publiés en 1985

• 75721 Juifs, dont près de 11000 enfants, ont été déportés de France de mars 1942 à août 1944, la plupart vers lecamp d'Auschwitz.

• 74 convois au total sont partis en direction des camps de concentration ou d'extermination, le premier deCompiègne le 27 mars 1942 et le dernier de Clermont-Ferrand le 18 août 1944.

• Près de 90 % de ces 76000 Juifs ont été déportés de France vers Auschwitz. Les 43 convois déportés en 1942,l'ont été en direction d'Auschwitz-Birkenau. En 1943, sur 17 convois de déportés, 13 étaient à destinationd'Auschwitz et 4 de Sobibor. En 1944, les 14 convois étaient aussi à destination d'Auschwitz, sauf un parti pourKaunas et Reval(voir convoi 73).

• 2566 survivants étaient comptabilisés à la Libération en 1945, soit environ 3 % des déportés.

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Shoah 130

• Avec les 3000 morts dans les camps d'internement avant la déportation et le millier d'exécutions de Juifs, le bilande la « solution finale » en France a atteint 80000 victimes.

• Les nationalités les plus touchées parmi les Juifs déportés de France ont été les Polonais (environ 26000), lesFrançais (24000 dont plus de 7000 sont des enfants nés en France de parents étrangers), les Allemands (7000), lesRusses (4500), les Roumains (3300), les Autrichiens (2500), les Grecs (1500), les Turcs (1300), les Hongrois(1200).

• Au moins 85 % des Juifs déportés de France ont été arrêtés par les forces de police françaises.

Conséquences et mémoire de la ShoahL’importance centrale de la Shoah dans la mémoire occidentale ne fut acquise qu’à partir de sa redécouverte dans lesannées 1970, et d’une meilleure compréhension de sa spécificité[148] .À l’heure actuelle, comme le note l’historien Tony Judt, la Shoah est devenue une pierre angulaire de l’identitéeuropéenne : « nier ou rabaisser la Shoah, c’est s’exclure soi-même du champ du discours public civilisé. (…) Samémoire est devenue la définition et la garantie même de l’humanité restaurée du continent[149] . »

Impact sur le droit internationalLa Shoah marque un tournant historique car elle est l'occasion d'une prise de conscience internationale amenantplusieurs faits majeurs :• la création d'un tribunal international pour juger les crimes nazis, qui a servi de modèle au Tribunal de Tokyo, et à

la cour pénale internationale de La Haye ;• la création de la notion juridique de crime contre l'humanité, imprescriptible ;• un mouvement de sympathie pour la création d'un État juif, Israël, au Proche-Orient ;• la proscription de l'antisémitisme en Occident : très répandu et considéré comme une opinion parmi d'autres avant

la Shoah, il est désormais un tabou dans la sphère publique et un délit passible des lois, de même que danscertains pays la négation du judéocide ;

• la création du concept de génocide, appliqué a posteriori à des phénomènes antérieurs (génocide arménien,génocide des Hereros), puis postérieurs (génocide au Rwanda, massacre de Srebrenica, etc.). Ce concept ne figurepas dans l'acte final du procès de Nuremberg, afin d'éviter des critiques juridiques sur la non-rétroactivité des loispénales.

Réparations morales et reconnaissance du passéLes pays communistes refusèrent longtemps toute indemnisation des victimes juives, gommèrent l’identité juive desvictimes du nazisme et n’admirent aucunement la responsabilité de leurs États dans les crimes passés. La RDA rejetaainsi la responsabilité du crime sur les capitalistes ouest-allemands, et ne reconnut la responsabilité du peupleallemand dans la Shoah qu’après les premières élections libres de 1990, à la veille de disparaître.Après-guerre, le procureur de Hesse Fritz Bauer ne fut pas avare de ses efforts afin d'obtenir justice et compensationsaux victimes du régime nazi. En 1958, il réussit à obtenir qu'un procès en action collective certifié ait lieu; le recueildes nombreuses réclamations individuelles de victimes aboutira aux procès dits “d'Auschwitz” de Francfort, dont laprocédure débuta en 1963.Bauer fonda également, avec Gerhard Szczesny, le Syndicat Humaniste, une organisation des droits de l'Homme, en1961. Après la mort de Bauer, l'Union fit un don pour financer le Prix Fritz Bauer. De plus, l'Institut Fritz Bauer, futfondé en 1995, une organisation à but non lucratif consacrée aux droits civils, qui se concentre sur l'histoire et lesconséquences de l'Holocauste.En 1970, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt s’agenouilla spectaculairement devant le monument à lamémoire du ghetto de Varsovie.

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Shoah 131

En 1995, lors d'un voyage en Israël, la reine Beatrix des Pays-Bas évoqua publiquement le sort des Juifs du pays,exterminés à 80 %. L'État avait attendu 1972 pour accepter de verser une indemnité aux rescapés[150] .En juillet 1995, le président Jacques Chirac reconnut la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vel’ d’Hiv’ etla déportation des Juifs, évoquant la « dette imprescriptible » à leur égard.Dès sa première élection en 1990, le président polonais Lech Wałęsa s'est rendu en Israël pour dénoncer devant laKnesset l'antisémitisme passé et présent en Pologne, message confirmé en juillet 1991 pour l'anniversaire dupogrome de Kielce (juillet 1946). Néanmoins, il ne prononce pas une seule fois le mot « juif » lors de son discours au50e anniversaire de la libération d’Auschwitz en 1995. Son successeur Aleksander Kwaśniewski a prononcé en juillet2001 un discours solennel à l'occasion de l'anniversaire du massacre, à Jedwabne en 1941, d'un millier de Juifs parleurs voisins polonais, et a reconnu la responsabilité des Polonais dans ce crime et fait acte de repentance. Ces prisesde position font suite à d'intenses débats publics dans le pays, notamment à propos du pogrome de Jedwabne[151] , audéveloppement de la recherche historique et des actions associatives et éducatives depuis l'avènement de ladémocratie[152] .En 2005, à la veille de l’entrée de son pays dans l’union européenne, le président Ion Iliescu reconnaît que laRoumanie a participé à la Shoah[153] .Le rapprochement judéo-chrétien conduit depuis l'entre-deux-guerres et relancé par le concile de Vatican II(1962-1965) (où la Shoah, encore peu redécouverte en Europe, n'a pas été évoquée) a parfois butté sur la question del'attitude de la Papauté et d'une partie du clergé et des fidèles pendant le génocide. L'installation du carmeld'Auschwitz dans l'enceinte du camp, dans les années 1980, a provoqué une controverse longue de dix ans, lesorganisations juives dénonçant une tentative de gommer la spécificité juive du lieu au profit d'une « christianisation »et d'une récupération de la Shoah. Jean-Paul II, ancien archevêque de Cracovie et qui s'est rendu plusieurs fois àAuschwitz, mit fin à la polémique en 1993 en ordonnant le départ des carmélites.En septembre 1997, l'épiscopat français publiait à Drancy une déclaration de repentance pour les réactionsinsuffisantes de l'Église de France pendant la persécution raciale. En 1998, après plus de dix ans de travaux d'unecommission d'historiens et d'hommes d'Église, la publication par le Vatican du document Souvenons-nous : uneréflexion sur la Shoah n'apporta pas pleine satisfaction aux représentants juifs. Toutefois, la condamnation répétée del'antisémitisme par Rome et par les Églises nationales (y compris polonaise), les demandes de pardon pour le longantijudaïsme du passé et les voyages de Jean-Paul II et Benoït XVI à Auschwitz ont démontré la rupture officielle del'Église avec toute tentation antisémite.En mars 2008, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué la Shoah dans un discours devant la Knesset. «Nous autres, Allemands, la Shoah nous emplit de honte. Je m’incline devant ses victimes, ses survivants et ceux quiles ont aidés à survivre[154] ».

Réparations financières et restitutions des biens volés

Chaussures récupérées par les nazis sur lesdéportés gazés, Maidanek.

Dès l'après-guerre, une partie des biens volés aux Juifs ont pu êtrerestitués. Mais c'est dans les années 1990 que l'aryanisation acommencé à faire l'objet d'études historiques spécifiques et d'enquêtespubliques approfondies, ainsi avec la mission Mattéoli mise en place en1997 par le gouvernement français.

En 1953, un traité signé entre la RFA et Israël prévoie le versement parBonn d'une importante indemnité. Il est ratifié malgré l'oppositiond'une partie de la classe politique allemande et de certains Israélienschoqués que Ben Gourion ait négocié directement avec les Allemands

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et Adenauer. Le traité sera scrupuleusement appliqué, avec 845 millions de dollars versés en 1965, 5000 employésfédéraux occupés à traiter 4276000 demandes. En 1973, le travail est considéré comme achevé à 95 %. Lesréparations ont occupé jusqu'à 5 % du budget fédéral de l'Allemagne de l'Ouest[155] . À la fin des années 1980, prèsde 30 milliards de dollars d'indemnisations ont été versés, ce qui était conforme et même supérieur aux attentes dessignataires du texte de 1953[156] .Les industries qui avaient exploité la main-d'œuvre concentrationnaire juive ont refusé après-guerre de reconnaître lamoindre responsabilité morale et de verser la moindre indemnité. Selon Paul Johston, les grandes entreprisesallemandes « ont résisté pied à pied à toute demande d’indemnisation dans un étonnant mélange de mesquinerie etd’arrogance ». 13 millions de dollars avaient été versés au milieu des années 1980 à moins de 15000 Juifs rescapés(les anciens esclaves d'IG Farben touchant 1700 $ chacun, ceux d'AEG Telefunken 500 $, d'autres encore moins) etrien n'avait été versé aux familles de ceux morts d’épuisement. Ce n'est qu'en 1999 qu'un fonds de compensation seramis en place en Allemagne et en Autriche pour les anciens travailleurs forcés juifs des camps de la mort et des campsde travail, voire pour une partie des travailleurs civils amenés de force en Allemagne.Les États communistes refuseront de reconnaître la moindre responsabilité dans un crime attribué au capitalismeoccidental, et a fortiori de verser la moindre indemnité jusqu'à leur disparition. L'Autriche, dont les foules avaientréservé un accueil triomphal à Hitler en 1938 et qui a fourni de loin la plus forte proportion de militants du NSDAPet de tueurs de la Shoah, se présentera comme « première victime du nazisme » et refusera durablement toutereconnaissance morale et financière.

Mémoire de la Shoah

De l'occultation...

Dans les premières années de l'après-guerre, la notion récente de génocide est loin d'être comprise par tout le monde,et beaucoup de contemporains n'ont pas conscience de la spécificité du sort qui a frappé le peuple juif, quand ils nerefusent pas de croire ou d'écouter les survivants, ou quand ils ne soupçonnent pas ceux-ci d'exagérer ou d'avoircollaboré pour survivre. Bien des rescapés, déjà fort peu nombreux, n'ont aucune envie d'insister eux-mêmes sur leurparticularité, et préfèrent afficher leur appartenance retrouvée à la communauté nationale. C'est ainsi qu'en France,les victimes des déportations sont souvent absurdement déclarées « mortes pour la France », comme si enfants,vieillards et femmes étaient morts au champ d’honneur[157] .Le camp paradigmatique de l'enfer nazi n'est pas alors Auschwitz, lointain et maintenant inaccessible derrière lerideau de fer, mais Buchenwald, haut-lieu du martyre de la Résistance européenne. Antisémitisme officiel à l'Estoblige, rien sur le monument de Babi Yar en URSS ou de Birkenau en Pologne n'indique le caractère juif desvictimes, et le musée national d'Auschwitz présente le camp comme le lieu de martyre des résistants de Pologne etd'Europe. Birkenau, où se trouvaient les chambres à gaz, est délaissé par les guides et les visiteurs jusqu'aux années1990, et livré aux mauvaises herbes et à l'abandon relatif, après avoir été déjà saccagé en partie à la libération par descivils polonais à la recherche de « l'or juif » et de matériaux à récupérer.L'occultation se retrouve aussi de l'autre côté de l'Europe. C'est l'époque où Nuit et brouillard d'Alain Resnais (1955)peut montrer les chambres à gaz sans parler des Juifs. À la fin des années 1970, lors de l'élaboration du pavillonfrançais à Auschwitz, un fonctionnaire obtient encore qu'il ne soit pas fait plus mention des Juifs que d'autrescatégories, et que la collaboration et les divisions civiles françaises soient escamotées[158] .Le chef-d'œuvre de Primo Levi, Si c'est un homme (1945), a eu le plus grand mal à trouver un éditeur puis un publicjusqu'aux années 1970. Le succès mondial dès les années 1950 du Journal d'Anne Frank et de ses adaptationsthéâtrale et filmique fait exception, en partie parce qu'il s'arrête à l'arrestation de la jeune fille et ne décrit ni ladéportation ni l'extermination. En France, dès 1951, Léon Poliakov publie la première grande étude de la politiqued'extermination des Juifs menée par les nazis dans son ouvrage Le Bréviaire de la Haine, préfacé par FrançoisMauriac.

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Globalement, les États et les peuples préfèrent après-guerre mettre l'accent sur l'héroïsme des résistants et descombattants, plutôt que sur la souffrance et les victimes. Implicitement, ceux qui ont enduré la déportation sans avoirrien fait sinon naître juifs sont perçus comme forcément moins méritants que les résistants qui savent pourquoi ilsont été déportés[157] .Même Israël ne se référa pas à sa naissance à la Shoah, et préféra insister sur les quelques héros qui ont combattu lesnazis les armes à la main plutôt que sur la masse de ceux tués sans pouvoir se défendre. Significativement, legénocide est commémoré le 19 avril, anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, et sous le nom de « Jourdes Héros ».

...à la centralité

La perspective ne se renverse qu'à partir du procès d'Adolf Eichmann en 1961, de la guerre des Six Jours (1967)avant laquelle l'opinion mondiale a sincèrement craint un « nouvel Auschwitz » en cas de victoire arabe, du réveil dela mémoire juive avec le changement de génération, et surtout des années 1970, où la spécificité de l'Holocauste et sacentralité sont désormais mieux établis par les historiens et mieux portés à connaissance d'un large public.La diffusion de la série télévisée Holocauste (1979) eut ainsi un énorme impact sur le public notamment américainou allemand, comme ultérieurement les succès de La Liste de Schindler de Steven Spielberg ou de La Vie est belle deRoberto Benigni. En 1985, le documentaire Shoah de Claude Lanzmann eut un impact tel que le mot servitdésormais à désigner le judéocide dans la plupart des langues, sauf les pays-anglo-saxons restés fidèles au termed'Holocauste (cf. infra pour précisions).La nécessité de lutter contre les faussaires négationnistes à partir des années 1970 a également stimulé les travauxhistoriques et poussé de nombreux témoins à sortir de leur silence.Aucun nazi n'a jamais nié le crime lors de son procès, confirmé par les témoignages des victimes et de maintsbourreaux, et les preuves matérielles et documentaires surabondaient, y compris de la main même des plus hautsresponsables (journal de Goebbels, rapports et discours secrets de Himmler, testament de Hitler). Mais à partir desannées 1970, dans le sillage de pionniers tels que les écrivains Maurice Bardèche (fasciste revendiqué) ou PaulRassinier (ancien élu SFIO ensuite passé à l'extrême droite), de pseudo-historiens dont l'un des chefs de file estRobert Faurisson ont entrepris, notamment en France, de nier la réalité du génocide des Juifs. Leurs attaques se sontportées notamment sur l'existence des chambres à gaz (bien qu'au demeurant, celles-ci n'aient tué qu'un peu moins dela moitié des victimes, les autres ayant été affamées ou fusillées).

L'une des chambres à gaz d'origine, intacte, àMaidanek.

Selon les hommes et les groupes, leurs motivations premières ont pu être l'antisémitisme, la réhabilitation dunazisme, l'antisionisme radical (la Shoah présentée comme mensonge pour légitimer l'État d'Israël), ou unanticommunisme fanatique désireux en niant les crimes nazis et en gommant la spécificité de la Shoah de prouverque rien n'avait été pire que le communisme[159] .La contre-attaque menée par les historiens, les témoins et les pouvoirs publics a définitivement fait litière de leurs thèses. Elles continuent toutefois à trouver une audience favorable dans certains mouvements de l'extrême-droite européenne (plusieurs cadres du Front national, dont Jean-Marie Le Pen, ont régulièrement défrayé la chronique et été condamnés en justice pour des propos pour le moins ambigus sur la Shoah). À la faveur du conflit israélo-palestinien, elles sont très répandues dans le monde arabe et musulman. Élu en 2005, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a particulièrement multiplié les provocations sur la Shoah, qu'il a qualifié plusieurs fois de mythe, lançant un concours de caricatures sur l'Holocauste ou convoquant en 2007 une conférence négationniste à Téhéran. Malgré l'opposition d'une partie des historiens de la Shoah, certains États occidentaux ont adopté des lois

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contre la négation des crimes contre l'humanité nazis, ainsi Israël, l'Allemagne, l'Autriche ou encore la France avec laloi Gayssot de 1990.

Mémorial des Juifs européens assassinés, ouvertau cœur de Berlin en 2005.

En réaction aux négationnistes, le président américain Jimmy Carterlance à Washington, en 1979, la construction de l'United StatesHolocaust Memorial Museum, le plus grand musée de l'Holocauste dumonde. Inauguré en 1993, il avait été précédé en 1951 par le mémorialdu martyr juif inconnu à Paris, ancêtre du mémorial de la Shoah ouverten 2005, ou encore en 1953 par Yad Vashem à Jérusalem.

Le phénomène récent de l'« américanisation de la Shoah » a été notépar les historiens de la mémoire telle Annette Wieviorka. Le termedésigne la place considérable prise par l'Holocauste dans la viepublique américaine, l'importance du cinéma hollywoodien dans lamise à portée du génocide à un vaste public, le rôle de plus en plus

grand de l'historiographie américaine, soutenue par les abondants moyens difficilement égalables des universitéslocales (les États-Unis sont un des rares pays où existent des chaires d'histoire de la Shoah)[160] .

Controverses contemporaines et avenir d'une mémoire

Largement reconnue comme le principal crime des nazis et, au-delà, comme l'un des plus grands crimes de l'Histoire,la Shoah, par son exceptionnalité même, a parfois aussi à son tour occulté ou renvoyé au second plan d'autres crimesdes hitlériens[161] .La « querelle des historiens » (Historikerstreit), dans la RFA des années 1980, a tourné autour des proposcontroversés de quelques historiens conservateurs et nationalistes tels Ernst Nolte, accusés par d'autres tels JürgenHabermas de vouloir « banaliser » la Shoah et « normaliser » le passé nazi, en gommant la spécificité génocidaire dujudéocide, afin de mieux mettre en équivalent les crimes nazis et ceux du communisme et dédouaner à termel'Allemagne des premiers au profit d'une dénonciation des seconds.Dans les pays de l'Est ex-communistes, la fin du système ancien s'est souvent accompagnée de résurgences publiquesd'antisémitisme et de tentatives ouvertes de réhabilitation des anciens collaborateurs de Hitler. De surcroît,l'autovictimisation et la dénonciation virulente des décennies passées sous le communisme risque de laisser peu deplace à la mémoire de la Shoah ni des compromissions de chaque pays dans la persécution[162] .La culpabilité liée à la Shoah en Allemagne a aussi pu être ressentie comme une impossibilité à parler dessouffrances endurées par la population civile. Il est significatif que ce soit un historien de la Shoah, Jörg Friedrich,qui se soit senti autorisé à publier aussi la première somme sur les bombardements alliés sur le Reich[163] , ou unécrivain peu suspect de complaisance pour le nazisme, Günter Grass, qui ait pu évoquer dans un roman le torpillagedu Wilhelm Gustloff et de ses milliers de réfugiés.La centralité prise par la question du génocide se reflète aussi par la multiplication des polémiques autour d'hommeset d'institutions accusés de complicité. Parmi les cas célèbres, le président autrichien et ancien secrétaire général del'ONU Kurt Waldheim, les procès intentés par certains anciens déportés à des compagnies nationales de chemins defer dont la SNCF, l'ouvrage retentissant démontrant qu'IBM a vendu aux nazis un système très perfectionné defichage[164] , etc.D'autres controverses ont entouré les silences et les passivités d'acteurs accusés d'avoir négligé le sort des Juifs. Onne compte plus aujourd'hui les ouvrages et les discussions autour du silence du pape Pie XII, de celui du Comitéinternational de la Croix-Rouge, de l'enlèvement de Raoul Wallenberg par les Soviétiques (sans grande réaction desa Suède natale), du refus des Anglo-Saxons de bombarder Auschwitz, de la lenteur des États-Unis ou desresponsables sionistes de Palestine à se préoccuper des déportations en Europe, de l'absence de toute action de laRésistance française pour arrêter les trains de déportation…

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Après l'Allemagne, chaque pays a eu aussi à redécouvrir son propre passé et ses propres compromissions dans legénocide, ou tout simplement ses passivités.La Suisse a ainsi redécouvert dans les années 1990 l'époque où elle refoulait les réfugiés juifs et acceptait d'abriterl'or volé dans les camps. La Belgique a redécouvert la compromission des autorités communales d'Anvers, là oùcelles de Bruxelles s'étaient refusé à coopérer. La France a redécouvert l'ampleur des compromissions du régime deVichy dans la Solution Finale depuis les travaux de Robert Paxton (La France de Vichy, 1973) et d'une nouvellegénération d'historiens, qui ont démontré que les lois antisémites avaient été adoptées sans pression des Allemands,que les pouvoirs publics français étaient allés souvent spontanément au-devant de leurs exigences, que la policefrançaise a participé seule à la rafle du Vel’ d’Hiv’ ou que Pierre Laval a insisté pour que les Allemands emmènentles Juifs de moins de 16 ans dont ils ne voulaient pas au départ.Toutefois, ont été aussi redécouvert les efforts de nombreux inconnus pour sauver les Juifs : en témoignel'inauguration au Panthéon, en janvier 2007, d'une inscription à la gloire des Justes de France.À l'heure de la disparition des derniers témoins de la Shoah, la question de la transmission de la mémoire aux futuresgénérations est posée.En France, après une proposition controversée[165] du président Nicolas Sarkozy[166] , le 13 février 2008, de confierla mémoire d'un enfant juif déporté à chaque enfant élève de CM2, qui n'a pas été mise en application, le ministèrede l'Éducation nationale a ouvert le 5 décembre 2008 un site web dédié à l'enseignement de la Shoah[167] . Ilcomprend une brochure et plusieurs documents pédagogiques et fait suite aux propositions d'un rapport[168] .

Condamnation de la négation de la Shoah par l'ONULe 23 janvier 2007, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies a adopté la résolution 61/L.53condamnant la négation de l'Holocauste en ces termes :

L’Assemblée générale, […]

Notant que le 27 janvier a été désigné par l’Organisation des Nations unies Journée internationale decommémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste,

1. Condamne sans réserve tout déni de l’Holocauste ;

2. Engage vivement tous les États membres à rejeter sans réserve tout déni de l’Holocauste en tantqu’événement historique, que ce déni soit total ou partiel, ou toute activité menée en ce sens[169] .

Évocation de la Shoah dans les artsL'ampleur de l'atrocité révélée au monde à la libération des camps et au cours du procès de Nuremberg marqueprofondément les esprits. Ce sentiment d'horreur ou de désolation s'exprime dans la production artistique de leseconde moitié du XXe siècle, d'abord par la publication de témoignages de victimes puis par la représentationexplicite ou métaphorique de la Shoah.

Musique• A Survivor from Warsaw, oratorio d'Arnold Schönberg (1947)• Different Trains, pièce pour quatuor à cordes et bande de Steve Reich (1988)

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Historiographie du génocide

Tendances généralesLes ouvrages pionniers entre tous furent le Bréviaire de la Haine de Léon Poliakov, publié pour la première fois en1951, et La Destruction des Juifs d'Europe publié dès 1955 par l'historien américain Raul Hilberg ; ces deuxouvrages ont connu plusieurs rééditions à chaque fois enrichies par leur auteur. À partir du réveil des années 1970, laShoah est devenue de loin l'un des événements les plus étudiés de l'Histoire contemporaine, sinon de l'Histoireuniverselle.Traditionnellement, deux historiographies parallèles étaient consacrées l'une à l'étude des bourreaux, l'autre à celledes victimes. Au premier courant peuvent se rapporter les travaux de Omer Bartov, Philippe Burrin, ChristopherBrowning, Daniel Goldhagen, Jean-Claude Pressac, Ian Kershaw, Christian Gerlach, ou encore Léon Poliakov. Ausecond se rattacheraient plutôt les ouvrages, pour la France, de Anne Grynberg, Serge Klarsfeld, Michael Marrus, ouRenée Poznanski. La somme de Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs (1997-2007), dresse la premièresynthèse des deux courants, en intégrant et en articulant à la fois de très nombreux témoignages personnels devictimes, des aperçus généraux et les points de vue des décideurs et des exécutants.Ces dernières années, les travaux historiques les plus neufs ont porté sur la mémoire de la Shoah (Annette Wieviorkanotamment), sur l'aryanisation (Philippe Verheyde, Jean-Marc Dreyfus, Florent Le Bot, etc.), sur la redécouverte descrimes de guerre de la Wehrmacht (une exposition itinérante allemande démontrant la compromission des officiers etdes soldats allemands dans les massacres de Juifs et autres atrocités à l'Est a considérablement contribué à détruire, àpartir de 1997, le mythe d'après-guerre d'une « Wehrmacht aux mains propres » qui aurait mené une guerre honorableau contraire des SS).Une autre tendance importante est le regain d'intérêt pour la « Shoah par balles », mise en lumière auprès du grandpublic par les efforts du père Patrick Desbois et de son équipe, dans les années 2000, pour retrouver et ouvrir enex-URSS les fosses communes des Juifs fusillés par les Einsatzgruppen, et pour mettre à profit les paroles desderniers témoins, ainsi que les archives soviétiques désormais accessibles plus facilement aux chercheursoccidentaux. Il faut cependant remarquer que cette « Shoah par balles » était déjà connue et étudiée par leshistoriens[170] .

Le débat sur la genèse de la ShoahDans les années 1980 surtout, la discussion sur la genèse précise du génocide a opposé intentionnalistes etfonctionnalistes.Pour les premiers, l'intention d'exterminer les Juifs d'Europe a précédé la déclaration de guerre. C'est le cas,notamment, de Léon Poliakov, de Saul Friedländer, d'Eberhard Jäckel, de Lucy S. Dawidowicz, ou de Daniel JonahGoldhagen. Ils s'appuient sur plusieurs textes de Hitler, notamment des lettres de 1919 et 1920[171] . Dans un premiertexte antisémite de 1919, Hitler développe un « antisémitisme rationnel ». Dès cette époque, il explique qu'on « doitfaire des Juifs des étrangers par la loi » et que le but ultime est « l'expulsion des Juifs » du corps social[172] . Leschéma des persécutions des Juifs du IIIe Reich est déjà tracé. Curieusement, l'antisémitisme rationnel s'oppose auxpogroms. À la violence populaire, il préfère la solution de la loi ce qui sera appliqué à partir de son arrivée aupouvoir[173] .Les historiens s'appuient aussi sur des passages de Mein Kampf[174] , ou le discours du 30 janvier 1939, selon lequel une nouvelle guerre mondiale conduirait à « l'anéantissement de la race juive en Europe »[175] . En opposition à cette thèse, plusieurs historiens, en particulier Martin Broszat, Arno Mayer et Philippe Burrin, pensent que les nazis n'avaient pas choisi la Solution finale avant 1941. L'antisémitisme extrême des nazis est, d'après cette thèse, la condition nécessaire de la Shoah plutôt que sa cause directe. Les nazis auraient décidé d'exterminer seulement après que l'invasion de la Pologne et de l'URSS a placé des masses considérables de Juifs sous leur autorité, et après une émulation au sein de la « polycratie nazie » (Martin Broszat). Après le début de la guerre, Himmler écrit dans son

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journal, à la suite d'une rencontre avec Hitler le 18 décembre 1939 : « Question juive ! À exterminer comme despartisans. » Il s'agit de ce qui se rapproche le plus, en langue codée, d'un ordre du Führer pour éliminer tous les Juifsd'Europe[176] .Dans les années 1990 et 2000, d'autres historiens, tels Ian Kershaw, ont tenté de dépasser ce débat[177] .Selon Kershaw, le Führer, doté de son « pouvoir charismatique » d'un genre inédit, est l’homme qui rend possible lesplans caressés de longue date à la « base » : sans qu’il ait nullement besoin de donner d’ordres précis, sa simpleprésence au pouvoir autorise les nombreux antisémites d’Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou lesmédecins d’extrême-droite tels Josef Mengele à pratiquer les atroces expériences pseudo-médicales et les opérationsd’euthanasie massive dont l’idée préexistait à 1933. C'est ainsi aussi que sur le terrain, l’extermination des juifs a étésouvent le fait d’initiatives locales, allant souvent au-devant des décisions du Führer. Ces dernières ont éténotamment l'œuvre d’officiers de la SS et de gauleiters fanatiques pressés de plaire à tout prix au Führer en liquidantau plus tôt les indésirables dans leurs fiefs. Les gauleiters Albert Forster à Dantzig, Arthur Greiser dans leWarthegau ou Erich Koch en Ukraine ont ainsi particulièrement rivalisé de cruautés et de brutalités, les deuxpremiers concourant entre eux pour être chacun le premier à tenir leur promesse verbale faite à Hitler de germaniserintégralement leur territoire sous dix ans[178] .Au-delà, Adolf Hitler, personnage fort peu bureaucratique et dépourvu de tout goût pour le travail suivi, laissechacun libre de se réclamer de lui et d'agir à sa guise pour peu qu'il aille dans le sens global de ses volontés (ce qu'unfonctionnaire nazi résuma de la formule : « marcher en direction du Führer »). Chaque individu, chaque clan, chaquebureaucratie, chaque groupe rivaux font de la surenchère, et essayent d’être les premiers à réaliser les projets fixésdans leurs grandes lignes par Hitler. C’est ainsi que la persécution antisémite va s’emballer et passer graduellementde la simple persécution au massacre puis au génocide industriel[179] .Sans son pouvoir charismatique, Hitler n'aurait jamais pu lancer la Shoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucunexécutant du génocide ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple Führersbefehl (ordre duFührer) était suffisant pour faire taire toute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuse et aveugle desbourreaux. Mais sans maints « Allemands ordinaires », SS ou généraux ayant intégré un discours hitlérien quebeaucoup ne demandaient qu'à entendre, jamais les massacres des Einsatzgruppen ni Auschwitz ou Treblinka n'auraitété possible.

Archives de la ShoahLes archives de la Shoah sont conservées dans plusieurs établissements, notamment[180] :• En Allemagne, à Bad Arolsen, Potsdam, Coblence et (depuis 1996) Berlin. Ces centres ont récupéré la plupart des

documents conservés, jusqu’à la fin des années 1960, les Archives nationales des États-Unis.• Au Centre de conservation des documents historiques de Moscou.• Au Yiddish Institute for Jewish Research (YIVO) et au Leo Abeck Institut, tous deux établis à New York.• Dans les archives de la police israélienne (documents produits pour le procès d’Adolf Eichmann) et à l’Institut de

Yad Vashem (documents écrits et témoignages oraux de survivants).• Au Centre de documentation juive contemporaine, de Paris (documents nazis et juifs).Les débats tenus lors du procès de Nuremberg, ainsi que les documents utilisés à cette occasion, ont étéintégralement reproduits dans Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international :Nuremberg, 14 novembre 1945-1er octobre 1946, ouvrage en 25 volumes publié à Nuremberg de 1947 à 1949 etréimprimé en 1993.Peu de collectes systématiques des témoignages oraux ont été faites. La Fondation Spielberg a toutefois entreprisdepuis 1997 d'interroger tous les survivants possibles, chacun se voyant demander deux heures d'entretien sur la vieavant, pendant et après la Shoah[181] .

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Origine du mot Shoah

Shoah est un mot hébreu qui signifie « anéantissement », « cataclysme », « catastrophe », « ruine », « désolation ». Iln’apparaît pas dans la Torah, mais trois fois dans les Prophètes (Isaïe, 10, 3[182] et 47, 11 Sophonie 1, 15) et trois foisdans les Autres Écrits (Psaumes 35, 8 et 63, 10, Job, 30, 3). Il est désormais préféré en France à « Holocauste »,connoté religieusement et signifiant « sacrifice ne laissant subsister aucune trace de la victime ». D'autres pays, dontles pays anglo-saxons, continuent d'employer de préférence le terme d'Holocauste, ainsi que l'Organisation desNations unies. C'est dans le quotidien Haaretz que le mot hébreu Shoah a été employé pour la première fois pourdésigner les crimes nazis[183] .La Shoah est un génocide, terme initialement formé en 1944 par le juriste Raphael Lemkin afin de désignerl'extermination des Juifs d'Europe. Le terme français d’Holocauste est également utilisé et l’a précédé. L’utilisationdu terme Shoah a surtout été constatée depuis les années 1990, consécutivement à la sortie du film de ClaudeLanzmann, Shoah, en 1985. Il s'agit d'un film documentaire de neuf heures trente composé de témoignages. Ce filmest exempt de tout document d'archives. C'est ce documentaire qui a imposé en français l'usage du nom Shoah aprèsle choix par le réalisateur du mot hébreu qu'on trouvait déjà, par exemple, dans le texte hébreu de la Déclarationd'indépendance de l'État d'Israël de 1948. Claude Lanzmann justifie dans son film le titre de la façon suivante : « Sij’avais pu ne pas nommer ce film, je l’aurais fait. Comment aurait-il pu y avoir un nom pour nommer un événementsans précédent dans l’histoire ? Je disais la chose. Ce sont des rabbins qui ont trouvé le nom de Shoah. Mais celaveut dire anéantissement, cataclysme, catastrophe naturelle. Shoah, c’est un mot hébreu que je n’entendais pas, que jene comprends pas. C’est un mot court, infracassable. Un mot opaque que personne ne comprendra. Un acte denomination radicale. Un nom qui est passé dans la langue, sauf aux États-Unis[184] [réf. incomplète]. »Si le génocide juif perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale est aujourd'hui communément appelé Shoah,certains récusent l'emploi de ce terme. C'est le cas du linguiste et traducteur Henri Meschonnic. Il précise que leterme shoah signifie « catastrophe naturelle » et ajoute : « Le mot "Shoah", avec sa majuscule qui l'essentialise,contient et maintient l'accomplissement du théologico-politique, la solution finale du "peuple déicide" pour être levrai peuple élu. Il serait plus sain pour le langage que ce mot ne soit plus un jour que le titre d'un film »[185] . Leterme « Holocauste » est encore moins juste puisque il désigne un sacrifice rituel (ce qui n’a pas empêché lesAméricains de baptiser en 1993 leur musée United States Holocaust Memorial). Elie Wiesel conteste aussi ce termeautant que celui d'« holocauste » même s'il l'emploie également. Dans ses entretiens avec Michaël de Saint Cheron,en 1988, il dit lui préférer le terme hourban, qui, dans la littérature yiddish portant sur l'événement, signifieégalement « destruction » et se réfère à celle du Temple de Jérusalem. Par leur origine, ces trois termes soulignent laspécificité juive de l'événement[186] .Le terme « judéocide » est, aussi, employé, notamment par l'historien Arno Mayer dans La « Solution finale » dansl'histoire[187] .

Bibliographie

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1996)• Colloque de l’École des hautes études en sciences sociales, L’Allemagne nazie et le génocide juif, coéd.

Gallimard/Le Seuil, 1985• Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, éd. Hachette, 1977• Saul Friedländer, L’Allemagne nazie et les Juifs, éd. du Seuil, 1997, 2007

• Tome 1 : Les années de persécution : L'Allemagne nazie et les Juifs, 1933-1939

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Shoah 139

• Tome 2 : Les années d'extermination : L'Allemagne nazie et les Juifs : 1939-1945• Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, 2006, coll. « Folio »-histoire, trois vol.• Id., Exécuteurs, victimes, témoins, éd. Gallimard, coll. « NRF »-essais, 1994 et « Folio »-histoire, 2004• Léon Poliakov, Bréviaire de la haine : le IIIe Reich et les Juifs, Presses pocket, 1993 (1re éd., Calmann-Lévy,

1951)• Gerald Reitlinger, The Final Solution, New York, éd. Vallentine, Mitchell & Co, 1968

Historiographie• Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires, Les Belles Lettres, 1994.• Philippe Burrin, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide, éd. du Seuil, 1989, et « Points »-histoire, 1995.• Philippe Burrin, Ressentiment et apocalypse. Essai sur l’antisémitisme nazi, éd. du Seuil, « Points »-histoire, 2007.• Collectif, Devant l’histoire. Les documents de la controverse sur la singularité de l’extermination des juifs par le

régime nazi, éd. du Cerf, 1988.• Lucy S. Dawidowicz, A Holocaust Reader, New York, Behram House, 1976.• Id., The Holocaust and The Historians, Harvard University Press, 1981, rééd., 1983.• Id., “Perversions of The Holocaust”, Commentary, octobre 1989, p. 56-61.• Gerald Fleming, Hitler et la Solution finale, éd. Julliard, 1988.• Saul Friedländer, From Antisemitism to Extermination : A Historiographical Studie of Nazi Policies Toward the

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Goldhagen, éd. François-Xavier de Guibert, 1997.• Id., Comprendre Hitler et la Shoah. Les historiens de la République Fédérale d'Allemagne et l'identité allemande

depuis 1949, Presses universitaires de France, coll. « Perspectives germaniques », 2000, rééd., 2002 (préface deIan Kershaw).

• Eberhard Jäckel, Hitler idéologue, éd. Calmann-Lévy, 1973, rééd. Gallimard, « Tel », 1995.• Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d'interprétation, éd. Gallimard, coll. « Folio »

histoire, 1997, chapitre 5, « Hitler et l'Holocauste ».• Peter Longerich, « Nous ne savions pas ». Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, Éditions Héloïse

d'Ormesson, 2008, 596 p.• Arno J. Mayer, La « Solution finale » dans l’histoire, éd. La Découverte, 1990 et 2002.• Kevin P. Spicer, Antisemitism, Christian Ambivalence, and the Holocaust, Indiana University Press, 2007.• (en)Dean, Martin: Robbing the Jews - The Confiscation of Jewish Property in the Holocaust, 1935 - 1945,

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• Eugen Kogon, Hermann Langbein et Aldabert Rückel, Les Chambres à gaz, secret d'État, éd. du Seuil, « Points»-histoire, 2000 (1re éd., 1987)

• Raul Hilberg et Joël Kotek (dir.), L'Insurrection du ghetto de Varsovie, éd. Complexe, 1994• Eberhard Jäckel et Lea Rosch, »Der Tod ist ein Meister aus Deutschland«. Deportation und Ermordung der

Juden, Kollaboration und Verweigerung in Europa, éd. Komet, 1990• Helmut Krausnick et Hans-Heinrich Wilhem, Die Truppe des Weltanschauungskrieges, Stuttgart, 1981

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New York, 1989• Id., Les Crématoires d’Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse, éd. du CNRS, 1993• Richard Rhodes, Extermination, la machine nazie. Einsatzgruppen, à l'Est, 1941-1943, éd. Autrement, 2004• Annette Wieviorka, Auschwitz, soixante ans après, éd. Robert Laffont, 2004• Georges Wellers, Les chambres à gaz ont existé : des documents, des témoignages, des chiffres, éd. Gallimard,

1981• Frédéric Rousseau, L'enfant juif de Varsovie. Histoire d'une photographie, Paris, Éditions du Seuil, 2009

(collection "L'Univers historique") (ouvrage primé par la Fondation Auschwitz (Bruxelles)" [188] au printemps2009)

La Shoah dans les pays satellites• Frederick B. Chary, The Bulgarian Jews and the Final Solution, Pittsburg, 1972• Carol Iancu, La Shoah en Roumanie, Publications de l'université de Montpellier, 2000• Roanid Iadu, La Roumanie et la Shoah. Destruction et survie des juifs et des Tsiganes sous le régime Antonescu,

1940-1944, Maison des sciences de l'homme, 2003• Ladislaus Hory et Martin Broszat, Der Kroatische Ustacha-Staat. 1941-1945, Stuttgart, 1964• Laurent Joly, Vichy dans la Solution finale. Histoire du commissariat général aux questions juives (1941-1944),

éd. Grasset, 2006 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat en histoire)• Ladislav Lipscher, Die Juden im Slowakischen Staat. 1939-1945, Munich, 1980• Michael Marrus et Robert Paxton, Vichy et les Juifs, éd. Calmann-Lévy, 1981, rééd. Librairie générale française, «

Le Livre de poche », 1990 et 2004• Marie-Anne Matard-Bonucci, L'Italie fasciste et la persécution des Juifs, éd. Perrin, 2007• Edmond Paris, Genocide in Satellite Croatia. A Record of Racial and Religious Persecutions and massacres,

Translated from the French by Louis Perkins, American Institute for Balkan Affaires, Chicago 1961

Victimes et témoins de la ShoahUn grand nombre d'œuvres a été recensé dans les articles suivants : Liste de témoignages et journaux intimes écritspendant la Shoah et Liste de récits de rescapés de la Shoah. Le lecteur peut aussi consulter utilement.• Primo Levi, Si c'est un homme, traduction de Martine Schruoffeneger, Julliard, 1987; puis réédition en 2002,

augmentée d'une interview de l'auteur par Philip Roth et deux autres textes inédits• Schlomo Venezia, Sonderkommando, ed. Albin michel 2007.• Hermann Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975.• Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman (dir.), Le Livre noir sur l’extermination scélérate des juifs par les

envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l’URSS et dans les campsd’extermination en Pologne pendant la guerre de 1941-1945 : textes et témoignages, éd. Actes sud, 1995, rééd.Librairie générale française, « Le Livre de poche », deux volumes, 2001

• Saul Friedländer, Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du bien, Tournai, éd. Casterman, 1967• Itzhok Noborski et Annette Wieviorka (éd.), Les Livres du souvenir : mémoriaux juifs de Pologne, éd. Julliard,

coll. « Archives », 1983• Georges Gheldman, 16 juillet 1942, 2005, Berg International. On trouve en annexe de cet ouvrage la

retranscription intégrale du témoignage de Georges Gheldman lors du procès de Maurice Papon.• Les Disparus de Daniel Mendelsohn, la recherche par l'auteur de témoins du destin de partie de sa famille

disparue dans la Shoah en Ukraine

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Shoah 141

La Shoah, les grandes puissances et les pays neutres• Carlo Falconi, Le Silence de Pie XII, éd. du Rocher, 1965• Saul Friedländer, Pie XII et le IIIe Reich, éd. du Seuil, 1964• Guenter Lewy, L'Église catholique et l'Allemagne nazie, éd. Stock, 1965• Michael Fayer, L’Église et les Nazis. 1930-1965, Liana Levi, 2002 (traduit de l’anglais des États-Unis par Claude

Bonnafont)• Martin Gilbert, Auschwitz and the Allies: A Devastating Account of How the Allies Responded to the News of

Hitler's Mass Murder, Owl Books, 1990• Jean-Pierre Richardot, Une autre Suisse, 1940–1944, éditions du Félin, 2002• Stanford Jay Shaw, Turkey and the Holocaust: Turkey's Role in Rescuing Turkish and European Jewry from Nazi

Persecution, 1933-1945, New York University Press, 1993• David S. Wyman, L'Abandon des Juifs. Les Américains et la solution finale, éd. Flammarion, 1987

Voir aussi

Liens internes• Littérature de la Shoah• Cinéma et Shoah• Système de marquage nazi des prisonniers• Négation de la Shoah | Négationnisme | Révisionnisme• Devoir de mémoire• Histoire des Juifs en Allemagne• Porajmos | Programme Aktion T4

Liens externes

Sites généraux

• Chronologie de la Shoah, des origines à Nuremberg [115] : les dates qui comptent dans la montée en puissance del'antisémitisme nazi.

• Chronologie [189], sur Akadem• Encyclopédie multimédia de la Shoah (en français) [190] USHMM• Le site du mémorial de la Shoah [191] : archives, documents pédagogiques, témoignages.• Le site de la Fondation pour la mémoire de la Shoah [192] : La Fondation pour la Mémoire de la Shoah est créée

par décret du gouvernement français le 26 décembre 2000. Présidente d'honneur Simone Veil.• Une approche thématique et chronologique de la Shoah sur Histoire des Juifs.com [193].• Association Fond Mémoire d'Auschwitz [194] : Chronologie et explications : pourquoi, comment ?• Ressources documentaires sur le génocide nazi et sa négation [195].

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Shoah 142

La Shoah par balles

• La Shoah par balles, les victimes juives des Einsatzgruppen en Europe de l'Est [196] : recherches de l'équipe duPère Patrick Desbois, président de Yahad In Unum [197]

• Exposition « La Shoah par balles » [198] au Mémorial de la Shoah

Les victimes

• Exil ordinaire [199] Les réfugiés juifs autrichiens et allemands en France et en Belgique, avant la déportation, unevie d'exil

• Extermination par fusillade en Lettonie [200]

• La musique dans les camps de concentration [pdf] [201]

• Sonderkommando.info (en français) [202] Un site consacré aux prisonniers des Sonderkommandosd'Auschwitz-Birkenau

Les bourreaux

• Les Einsatzgruppen, une introduction [203]

• L'Extermination au jour le jour dans les documents allemands [204]

Références[1] En France, l'usage a consacré l'usage du terme « Shoah », de préférence à celui d'« Holocauste ». Ainsi Le Petit Larousse (2004) précise-t-il à

l'entrée « Holocauste » : « génocide des Juifs d'Europe perpétré par les nazis et leurs auxiliaires de 1939 à 1945 […]. On dit plus courammentShoah. » Et à l'entrée « Shoah » : « mot hébreu signifiant "anéantissement" et par lequel on désigne l'extermination systématique de plus decinq millions de Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. » De même, l’Encyclopædia Universalis indique à l'entrée « Shoah » : «En hébreu, shoah signifie catastrophe. Ce terme est de plus en plus employé, de préférence à holocauste, pour désigner l'extermination desjuifs réalisée par le régime nazi. » Cf. Encyclopædia Universalis, extrait en ligne (http:/ / www. universalis. fr/ encyclopedie/ C010055/SHOAH. htm).

[2] Donald Niewyk et Francis Nicosia, The Columbia Guide to the Holocaust, Columbia University Press, 2000, p. 45 : « The Holocaust iscommonly defined as the murder of more than 5000000 Jews by the Germans in World War II » : « Le mot "Holocauste" désignecommunément l'assassinat de plus de 5000000 Juifs par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. » The Columbia Guide to theHolocaust (http:/ / books. google. ca/ books?id=lpDTIUklB2MC& pg=PP1& dq=Niewyk,+ Donald+ L. + The+ Columbia+ Guide+ to+ the+Holocaust& sig=4igufxQHRCNrkjwRuMt1if_mf5M#PPA45,M1), extraits en ligne.

[3] Le chiffre de six millions de victimes a été présenté lors du procès de Nuremberg (Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire, éd. LaDécouverte, 2005, p. 27). L'historien Raul Hilberg, dans son ouvrage La Destruction des Juifs d'Europe (éd. Gallimard, collection Folio, 2006Tome III, p. 2251), arrive au chiffre de 5.1 millions de morts, au minimum, après avoir dépouillé les archives du IIIe Reich .

[4] « Comme le crime en question est aussi énorme que complexe, qu’il supposait la participation d’un grand nombre de personnes, à différentsniveaux et de différentes manières — les auteurs des plans, les organisateurs, les exécutants, chacun selon son rang — il n’y a pas grandintérêt à faire appel aux notions ordinaires de conseils donnés ou sollicités dans l’accomplissement du crime. Car ces crimes furent commis enmasse, non seulement du point de vue du nombre des victimes, mais aussi du point de vue de ceux qui perpétrèrent le crime et, pour ce qui estdu degré de responsabilité d’un de ces nombreux criminels quel qu’il soit, sa plus ou moins grande distance par rapport à celui qui tuaiteffectivement la victime ne veut rien dire. Au contraire, en général le degré de responsabilité augmente à mesure qu’on s’éloigne de l’hommequi manie l’instrument fatal de ses propres mains. » Jugement de la Cour israélienne au terme du procès d'Adolf Eichmann, cité par HannahArendt in Eichmann à Jérusalem (Gallimard, 1966 ; Folio histoire traduction révisée 2002, p. 431)

[5] voir la Convention sur l'imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, adoptée par les Nations unies en 1968 Textede la Convention (http:/ / www. cicr. org/ dih. nsf/ FULL/ 435?OpenDocument).

[6] voir la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par des Nations unies en 1948.[7] Les précédentes Conventions de Genève (de 1929), en vigueur durant la Deuxième Guerre mondiale, concernaient uniquement les

combattants blessés ou malades (sur terre et sur mer) ou faits prisonniers.[8] Voir à ce sujet la querelle des historiens allemands et par exemple les réflexions de Zygmunt Bauman dans Modernité et Holocauste[9] [réf. incomplète]Renée Neher-Bernheim, Histoire juive de la Révolution à l'État d'Israël, Seuil, 1992[10] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, collection Folio, 2006 Tome I, chapitre 3, Les Structures de la destruction,

p. 100-113[11] Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe Folio, 2006 Tome I, chapitre 3, Définition par décret, p. 114-142[12] Pour la définition des Mischlinge, Voir Hilberg, Folio 2006, p. 121-142[13] Hilberg, Folio 2006, p. 127[14] Daniel Bovy, Dictionnaire de la barbarie nazie et de la Shoah, Éditions Luc Pire, Liège, 2006, p. 75

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Shoah 143

[15] Hilberg, Folio 2006, T2, p. 1134-1135[16] Pour la seule Allemagne, voir Hilberg, Folio, 2006, p. 143-274[17] C'est ce que montre Hilberg dans le tome 2 de La Destruction des juifs d'Europe lorsqu'il passe en revue les pays sous domination nazie[18] François Bédarida, Le Nazisme et le génocide.[19] Marc Mazower, Le Continent des ténèbres. Une histoire de l'Europe au XXe siècle, p. 186[20] Raul Hiberg, La Destruction des Juifs d'Europe, T.2, Foliohistoire, 2006, p. 718[21] Ian Kershaw, Hitler, t. II, Flammarion, 2000[22] Adolf Eichmann, Ich, Adolf Eichmann, p. 178-179, cité dans Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, 2006, tome II,

p. 726[23] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 331/334[24] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 394/395[25] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 398/399[26] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 448[27] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 481/487[28] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, op. cit., p. 647/648[29] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, éd. Hachette, 1977, p. 197.[30] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, op. cit., p. 198.[31] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome I, p. 521/522.[32] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome I, p. 524/542.[33] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome I, p. 525/534.[34] Raul Hilberg, T.1, p. 570[35] Raul Hilberg, T.1, p. 571[36] Raul Hilberg, T.1, p. 572[37] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome I, p. 553/563.[38] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, op. cit., p. 650/653[39] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, op. cit., p. 653/654[40] Raul Hilberg, T.1, p. 597-598[41] Raul Hilberg, T.1, p. 601[42] Raul Hilberg, T.1, p. 602[43] Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, op. cit., p. 209[44] Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme, éd. du Seuil, 1993, tome II, p. 526.[45] Raul Hilberg, T. 1, p. 663[46] Raul Hilberg, T. 1, p. 664[47] Raul Hilberg, T. 1, p. 665[48] Raul Hilberg, T. 1, p. 666[49] Raul Hilberg, T. 1, p. 686-688[50] Raul Hilberg, T. 1, p. 706[51] Article "Génocide", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, Éd. Verlag, 2008[52] Joël Kotek, Les origines de la solution finale, in Une si longue nuit. L'apogée des régimes totalitaires en Europe, dirigé par St. Courtois, Éd.

du Globe, 2000[53] Philippe Burrin, article Shoah, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007[54] Joël Kotek, op. cit.[55] Ce point est analysé par Raul Hilberg dans le film Shoah de Claude Lanzmann, 1985.[56] Chronique de l'Humanité, Éditions Chronique, 1986, rééd. 1996, p. 1076[57] Lucy S. Dawidowicz, La guerre contre les Juifs, Hachette, 1975, p. 612[58] François Bédarida,Le Nazisme et le génocide.[59] Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit.[60] Elie Barnavi (dir.), Histoire universelle des Juifs, Hachette, 2002, p. 233[61] Article « Génocide », in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit.[62] Le commandant d'Auschwitz parle, La Découverte, 1988.[63] Article « Génocide », in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éd. Verlag, 2008.[64] Chiffres cités par Hermann Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975, p. 59.[65] Des Voix sous la cendre. Manuscrits des Sonderkommados d'Auschwitz-Birkenau, présentés par Georges Bensoussan, Calmann-Lévy, 2005.[66] Paul Gradvohl, "Les déportations de Hongrie", in Laurent Joly, Tal Brutmann et Annette Wieviorka, Qu'est-ce qu'un déporté ?, CNRS

Editions, 2009, p. 236-237 et p. 244[67] Ibidem, p. 236[68] Ibidem, p. 240 et p. 244[69] ibidem, p. 245[70] Cité par l'article « Génocide », in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit.

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Shoah 144

[71] Dans l'argot des camps, ce jeu de mots à partir de l'allemand signifie : détenus mentalement et physiquement épuisés.[72] Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs. Les années d'extermination, Seuil, 2008, p. 793[73] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, 2007, p. 40[74] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome II, p. 1264/1284[75] Raul Hilberg, T. 2, p. 1409-1410[76] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., p. 1410/1411[77] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., p. 1414/1415[78] Raul Hilberg, T. 1, p. 545[79] Raul Hilberg, T. 1, p. 546[80] Raul Hilberg, T. 1, p. 547[81] Raul Hilberg, T. 1, p. 548[82] Raul Hilberg, T. 1, p. 549[83] Raul Hilberg, T. 1, p. 676[84] Paul Johnson, Une histoire des Juifs, Robert Laffont, 1986[85] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., tome II, p. 1406 et 1409[86] Raul Hilberg cité in Konrad Kalejs: Target for Nazi hunters (http:/ / news. bbc. co. uk/ 2/ hi/ uk_news/ 589304. stm), BBC, 3 janvier 2000[87] Raul Hilberg, T. 1, p. 563[88] Raul Hilberg, T. 1, p. 566[89] Raul Hilberg, T. 1, p. 567[90] Raul Hilberg, T. 1, p. 568[91] Raul Hilberg, T. 1, p. 569[92] Paul Johnston, Une histoire des Juifs, 1986, p. 546[93] Paul Johston, ibidem, p. 547[94] Paul Johston, ibidem[95] Paul Johston, ibidem, p. 537[96] Elie Barnavi (dir.), Histoire universelle des Juifs[97] Élie Barnavi (dir.), Histoire universelle des Juifs, op. cit.[98] Tony Judt, op. cit., p. 60[99] Tony Judt, Après-Guerre, op. cit., p. 230[100] Tony Judt, Après-Guerre, op. cit., p. 50[101] Tony Judt, op. cit., p. 43[102] Esther Benbassa, Histoire des Juifs sépharades, Points-Seuil, 1989, p. 389[103] Chronique de la Seconde Guerre mondiale, Éditions Chronique, 1990, p. 291[104] Hermann Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975, p. 313.[105] Édouard Husson, p. 88.[106] Traduction française parue aux Éditions du Seuil en 1997 (ISBN 978-2020289825).[107] Raul Hilberg, p. 584-585[108] Édouard Husson, p. 90[109] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, 2007, p. 73[110] Paul Johnston, Une histoire des Juifs, 1986[111] Voir : Querelle des historiens.[112] Édouard Husson, p. 86.[113] Laurent Theis, « L'industrie de mort nazie », Le Point, 21 février 2008[114] Richard J. Evans, Le IIIe Reich 1939-1945, Flammarion, p. 864[115] François Bédarida, Le Nazisme et le génocide, introduction[116] Tony Judt, Après-Guerre, 2007, p. 952[117] François Bédarida, Le Nazisme et le génocide, Pockett, 1997[118] L’attitude des alliés pendant le génocide (http:/ / pagesperso-orange. fr/ d-d. natanson/ allies. htm)[119] Stéphane Courtois et Adam Rayski, Qui savait quoi ? L'extermination des Juifs 1941-1945, La Découverte, 1987[120] Élie Barnavi (dir), Histoire universelle des Juifs, op. cit., « Bombarder Auschwitz ? »[121] Renée Neher-Bernheim, Histoire juive de la Révolution à l'État d'Israël, Points-Seuil, 1992, p. 1180 sq[122] Serge Klarsfeld, in Vichy-Auschwitz, bien que Michael Marrus et Robert Paxton, in Vichy et les Juifs, 1982, accordent moins d'importance

au rôle de l'Église.[123] Pour Saül Fridelander, in Les Années d'extermination, Seuil, p. ??[124] « Un rabbin dénonce le silence de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale », 6 octobre 2008, lire en ligne (http:/ / fr. news. yahoo.

com/ rtrs/ 20081006/ twl-vatican-synode-rabbin-bd5ae06. html)[125] (es) El Holocausto pasó por España (http:/ / www. elpais. com/ articulo/ espana/ Holocausto/ paso/ Espana/ elpepuesp/

20090131elpepunac_6/ Tes), article del País du 31 janvier 2009

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Shoah 145

[126] Site internet « Mémorial de la Shoah » in « La fuite hors de l'Europe occupée » http:/ / memorial-wlc. recette. lbn. fr/ wlc/ article.php?lang=fr& ModuleId=218

[127] Site internet « Mémorial de la Shoah » in « Raoul Wallenberg et le Sauvetage des Juifs à Budapest » http:/ / memorial-wlc. recette. lbn. fr/wlc/ article. php?lang=fr& ModuleId=68

[128] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, 2007, in « Épilogue : de la maison des morts ».[129] Saül Friedlander. Les Années d'extermination, Seuil, 2008, p. 417-418[130] Esther Benbassa, Histoire des Juifs sépharades, Points-Seuil, 2002[131] Renée Neher-Bernheim, Histoire juive de la Révolution à l'État d'Israël, Points-Seuil, 1992, p. 1180[132] Peter Longerich, Nous ne savions pas. Les Allemands et la Solution finale. Un aveuglement assassin, tr. fr. Éd. Héloïse d'Ormesson, 2008[133] Hilberg, éd. 2006, tome 2, p. 1068[134] Robert Paxton évoque cette question dans la comparaison entre la situation en France et la situation en Hollande, La France de Vichy,

édition du Seuil, 1997, p. 426[135] Dans le tome 2 de la Destruction des Juifs d'Europe, p. 1045-100 de l'édition de 2006, Hilberg cite L'ouvrage de référence , Louis de Jong,

Het Koninkrijk der Nederlangen, vol. 8, non traduit en anglais[136] Raul Hilberg, T.2, p. 1108 (nationalité), p. 1118 (premières déportations juillet 42), p. 1120 (directive déporter aussi nationalité belge, déc.

1942)[137] (de)Norbert Elias, Studien über die Deutschen, Suhrkamp, 1992, p. 399.[138] Annette Wieviorka, L'Ère du Témoin, Hachette, Pluriel[139] Cité par Annette Wieviorka, L'Ère du Témoin, Hachette, Pluriel, p. 78[140] Calmann-Lévy, 1951, rééd. 1974, p. 491-505.[141] (en) How many Jews were murdered in the Holocaust? (http:/ / www1. yadvashem. org/ about_holocaust/ faqs/ answers/ faq_3. html),

FAQs au sujet de l'Holocauste, Yad Vashem[142] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, éd. Gallimard, collection Folio, 2006 Tome III, p. 2251.[143] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, éd. Gallimard, collection Folio, 2006, tome III, p. 2258.[144] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, éd. Gallimard, collection Folio, 2006 Tome III, p. 2273.[145] Les différentes formes de l'antisémitisme occidental [pdf] (http:/ / www. cclj. be/ regards/ img/ etudes/ etude_73. pdf)[146] Encyclopædia Judaica, vol. VIII, p. 890, repris dans Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme, éd. du Seuil, 1993, tome 2, p. 527[147] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, éd. Gallimard, collection Folio, 2006, tome III, p. 2272.[148] Annette Wieviorka, « Comment la Shoah est entrée dans l'histoire », dans L'Histoire, no 294, Janvier 2005[149] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, 2007[150] Tony Judt, op. cit., p. 941[151] Jan T Gross, Sasziedzi [Voisins],Sejny, 2000 ; Pawel Machcewicz, Krzysztof Persak, Wokol Jedwabnego [Autour de Jedwabne], 2

volumes, Warszawa, IPN,2002[152] Jean-Yves Potel, La fin de l'innocence,Paris, Editions Autrement, 2009, p. 29-63[153] Tony Judt, ibidem[154] 18 mars 2008 M.B. (lefigaro.fr) avec AFP (http:/ / www. lefigaro. fr/ international/ 2008/ 03/ 18/

01003-20080318ARTFIG00560-le-discours-historique-d-angela-merkel-a-la-knesset. php)[155] Paul Johnston, Une histoire des Juifs, 1986, p. 554[156] Ibidem[157] Annette Wieviorka, Déportation et génocide, Hachette, 1995[158] Annette Wieviorka, Auschwitz. La mémoire d'un lieu, Hachette, Pluriel, 2005[159] Henry Rousso, Le Syndrôme de Vichy de 1945 à nos jours, Points-Seuil, 1996. Voir aussi Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en

France, 2001, ou encore Nadine Fresco, Fabrication d'un antisémite, sur l'itinéraire de Paul Rassinier, résistant d'extrême-gauche rescapé deBuchenwald et devenu le père paradoxal du négationnisme.

[160] Annette Wieviorka, L'Ère du Témoin, Hachette, 1991[161] Ainsi le sort des déportés non-juifs dans les camps de concentration (résistants, Témoins de Jéhovah, homosexuels allemands, etc.),

l'extermination des Tziganes (Porajmos), des handicapés mentaux ou des prisonniers de guerre soviétiques, la réduction des Polonais et desSoviétiques en « peuples de sous-hommes », ou encore le travail forcé auxquels furent soumis des millions de prisonniers de guerre et detravailleurs du STO et des pays de l'Est.

[162] Tony Judt, Après-Guerre, op. cit., p. 960[163] Jörg Friedrich, L'Incendie. L'Allemagne sous les bombes, 2004[164] Edwin Black, IBM et l'Holocauste - L'alliance stratégique entre l'Allemagne nazie et la plus puissante multinationale américaine, Robert

Laffont, 2001[165] Shoah : confusion autour de la question des parrainages (http:/ / tempsreel. nouvelobs. com/ actualites/ politique/ 20080227. OBS2459/

shoah__confusion_autour_de_la_question_des_parrainages. html), Nouvelobs.com[166] Discours de M. le président de la République (http:/ / www. elysee. fr/ documents/ index. php?mode=cview& press_id=1043& cat_id=7&

lang=fr) lors du dîner annuel du CRIF, 13 février 2008[167] Mémoire et histoire de la Shoah à l'école (http:/ / www. shoah. education. fr/ )

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Shoah 146

[168] Rapport sur l'enseignement de la Shoah à l'école primaire (http:/ / www. education. gouv. fr/ cid21471/rapport-sur-l-enseignement-de-la-shoah-a-l-ecole-primaire. html), Hélène Waysbord-Loing, juin 2008

[169] Voir Texte de la Résolution sur le site de l'ONU [pdf] (http:/ / daccessdds. un. org/ doc/ UNDOC/ LTD/ N07/ 218/ 57/ PDF/ N0721857.pdf?OpenElement)

[170] Voir C. Ingrao et J. Solchany, La Shoah par balles : les historiens oubliés, le 5 juin 2008 sur nonfiction.fr (http:/ / www. nonfiction. fr/article-1172-la_shoah_par_balles__les_historiens_oublies. htm) ; consulté le 23 décembre 2008. Voir également l' exposition virtuelle (http:/ /www. memorialdelashoah. org/ upload/ minisites/ ukraine/ index. htm#) montée par le Mémorial de la Shoah de Paris.

[171] « L’antisémitisme fondé sur des motifs purement sentimentaux, trouvera son expression ultime sous forme de pogroms. L’antisémitismeselon la raison doit, lui, conduire au combat législatif contre les privilèges des Juifs et à l’élimination de ces privilèges… Son but ultime doit,immuablement, être l’élimination des Juifs en général. » (lettre du 16 septembre 1919, Adolf Hitler, Sämtliche Aufzeichnungen. 1905-1924,textes édités par Eberhard Jäckel et Axel Kuhn, Stuttgart, 1980, Doc 61, p. 88 et sqq., passage cité dans G. Miedzianagora et G. Jofer, Objectifextermination, Frison Roche édition, 1994, p. 13) ; « Le Juif en tant que ferment de décomposition (selon Mommsen) n’est pas à envisagercomme individu particulier, bon ou méchant, [il est] la cause absolue de l’effondrement intérieur de toutes les races, dans lesquelles il pénètreen tant que parasite. Son action est déterminée par sa race. Autant je ne peux faire reproche à un bacille de tuberculose, à cause d’une actionqui, pour les hommes signifie la destruction, mais pour lui la vie, autant suis-je cependant obligé et justifié, en vue de mon existencepersonnelle, de mener le combat contre la tuberculose par l’extermination de ses agents. Le Juif devient et devint au travers des milliersd’années en son action une tuberculose de race des peuples. Le combattre signifie l’éliminer. » (lettre du 3 juillet 1920, Hitler, op. cit., Doc116, p. 15, cité dans G. Miedzianagora et G. Jofer, op. cit., p. 14). Voir aussi Lucy S. Dawidowicz, La Guerre contre les Juifs, éd. Hachette,p. 39 et sqq.

[172] Eberhard Jäckel et Axel Kuhn, Hitler, Sämtliche Aufzeichnungen, 1905-1925, Stuttgart, 1980, p. 88-90[173] Lire dans l'article Histoire des Juifs en Allemagne, le paragraphe Discriminations et persécutions.[174] En particulier celui-ci : « Si l'on avait, au début et au cours de la guerre, tenu une seule fois douze ou quinze mille de ces Hébreux

corrupteurs du peuple sous les gaz empoisonnés que des centaines de milliers de nos meilleurs travailleurs allemands de toute origine et detoutes professions ont dû endurer sur le front, le sacrifice de millions d'hommes n'eût pas été vain. Au contraire, si l'on s'était débarrassé àtemps de ces quelques douze mille coquins on aurait peut-être sauvé l'existence d'un million de bons et braves Allemands pleins d'avenir. »(Adolf Hitler, Mon combat, Nouvelles éditions latines, 1934, p. 677-678)

[175] Eberhard Jäckel, Hitler idéologue, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1995, p. 83[176] Christian Gerlach, Sur la conférence de Wannsee, de la décision d'exterminer les Juifs d'Europe, Liana Levi, 1999, p. 53-69[177] Dominique Vidal, Les Historiens allemands relisent la Shoah, éd. Complexe, 2002[178] Ian Kershaw, Hitler, t. II, op. cit., passim[179] Ian Kershaw, Hitler, 2 vol. , Flammarion, 2000[180] Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, op. cit., p. 2275/2287[181] Annette Wieviorka, L'Ère du témoin[182] Texte hébreu (http:/ / sefarim. fr/ ?Library=Prophètes& Book=Isaïe& Chapter=10& Verse=3) et traduction du Rabbinat dans Sefarim[183] Benny Ziffer, rédacteur en chef d’Haaretz, Interview sur le site nonfiction.fr (http:/ / www. nonfiction. fr/

article-781-polemique_sur_la_presence_disrael_au_salon_du_livre_un_entretien_exclusif_avec_benny_ziffer. htm), 1er mars 2008, consultéle 8 mars 2008.

[184] Site en travaux (http:/ / www. humanite. presse. fr/ journal/ 2005-01-22/ 2005-01-22-455189)[185] Henri Meschonnic, « Israël : Pour en finir avec le mot "Shoah" » (http:/ / www. voxdei. org/ afficher_info. php?id=12902. 214), Le Monde,

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Sources et contributeurs de l'articlePutsch de Kapp  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=52533504  Contributeurs: 307sw136, Alcazarfr, Alphabeta, Badmood, Bessie, Cantons-de-l'Est, Goliadkine, Horowitz,Jef-Infojef, Keriluamox, Laus, Like tears in rain, MatB, Max The Warrior, Serein, Ziva, 10 modifications anonymes

Putsch de la Brasserie  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54590069  Contributeurs: A2, Ahbon?, Alvaro, Ambivalence, Arglanir, Arrakis, Badmood, Baudouin de Lille, Blone,Bob08, Boss 78, Celette, Chrono1084, CommonsDelinker, Couthon, David.Monniaux, Dezidor, Dhatier, Didisha, DocteurCosmos, Erasmus, Fanfwah, Felquiste, Garytse, Gemini1980, GentilHibou, Goliadkine, HERMAPHRODITE, Horowitz, Huesca, Ice Scream, Jaypee, Jef-Infojef, Kelson, Keriluamox, Kirtap, Lachaume, Lautre02, Lebob, Like tears in rain, Litlok, Ludovic89,MatB, Max The Warrior, Necrid Master, Pok148, Roucas, Sanao, Sardur, Stéphane33, TCY, Thedreamstree, Tinodela, Tornad, Treanna, Zakke, Ælfgar, 30 modifications anonymes

Incendie du Reichstag  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=53547223  Contributeurs: Akeron, Alphonse Wagner, Alvaro, Ash Crow, Blogbreather, Calmos, Cantons-de-l'Est,Celette, Chris93, Christophe Dioux, Chtit draco, Copros, Couthon, Cédric Boissière, Daniel*D, Dauphiné, Dcaillé, DocteurCosmos, Dujo, Erasmus.new, Fc, Felipeh, Fouziks, Goliadkine,Jaczewski, Jef-Infojef, Kelson, Keriluamox, Korrigan, L'amateur d'aéroplanes, Like tears in rain, Lilyu, Louperivois, MatB, Mathieuw, Med, N0osphR, Necrid Master, Nicod, Nursus,Panoramastitcher, Polmars, RamaR, Rogojine, Roucas, Semnoz, Shakki, Skiff, Tejgad, Tengu84, Tinodela, Wart Dark, Wiz, Xylophone, Ælfgar, 58 modifications anonymes

Loi des pleins pouvoirs  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54414893  Contributeurs: ADM, Agentpitch, Alkashi, Alno, Apokrif, Archeos, Archibald, Arglanir, Auxerroisdu68,Badmood, Boeb'is, Boulonnais, Dhatier, DonCamillo, EDUCA33E, EffK, Elg, Franjo, Frank Renda, Goliadkine, Grondin, Jaypee, Jborme, Jef-Infojef, Karl1263, Keriluamox, Khayman,Korrigan, Lachaume, Liberlogos, Litlok, Markus3, MatB, Metaphysik, MkVoid(), Mwarf, Necrid Master, Nono64, Oxam Hartog, Pautard, RamaR, Shartmann, Stéphane33, Ultrogothe,Werewindle, Xylophone, Ælfgar, 39 modifications anonymes

Autodafé  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=53437153  Contributeurs: ADM, Aeleftherios, Alno, Alphos, Archeos, Badmood, Bisoud, Bobodu63, Boretti, Cantons-de-l'Est,CommonsDelinker, Costock, Coyau, Céréales Killer, Deep silence, DocteurCosmos, EDUCA33E, Exocet, Fan2jnrc, Fils du Soleil, Franckiz, Goliadkine, Gonioul, Gribeco, HERMAPHRODITE,Horowitz, JLM, Jef-Infojef, Jibi44, Jvano, L'amateur d'aéroplanes, Leandrod, Lechat, Litlok, Lutin Grognon, Marc Mongenet, Martin, Maurilbert, Melusin, Moahahaha, Mu, Muad, Murtasa,Mym, Orthogaffe, Penjo, Pseudomoi, R, Ruis, Shelley Konk, Sherbrooke, Sleabvaositeien, Stanlekub, Teofilo, Tinodela, Treanna, Urban, Vargenau, Werewindle, Yves-Laurent, Épiméthée, 84modifications anonymes

Nuit des Longs Couteaux  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54472152  Contributeurs: Abracadabra, Alamandar, Alecs.y, Antonov14, Aristote2, Arkestra, Ash Crow, Badmood,Bob08, Bradipus, Candhrim, Chrono1084, Cloclob, Colocho, CommonsDelinker, Couthon, DITWIN GRIM, Dauphiné, Diderot1, Dikay, DocteurCosmos, Dragonaetar2, Drazzib, Effco,Emizage, Erdrokan, FLY, Fbelzile, FvdP, Gege36, Gkml, Goliadkine, HERMAPHRODITE, Ice Scream, Il Palazzo-sama, Jastrow, Jborme, Jef-Infojef, JmCor, Jordan Girardin, Jrma, Kanabiz,Kelson, Keriluamox, Kimdime, Kirtap, LUDOVIC, Laddo, Laurent Nguyen, Lebob, Like tears in rain, Litlok, Lmaltier, MatB, Naftule Jr., Necrid Master, Nykozoft, Pseudomoi, Pwin,Ralf.treinen, Roucas, Sammyday, SeVeN, Sebb, Sebleouf, Semnoz, Skiff, Stéphane33, TCY, TaraO, Tieum512, Tinodela, Traeb, Ultrogothe, Urban, Vbrems, Vyk, Weft, Ælfgar, Épiméthée, 62modifications anonymes

Nuit de Cristal  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54498617  Contributeurs: 44Charles, ALDO CP, Agrafian Hem Rarko, Alain Caraco, Alno, Apollonidès, Ash Crow,Badmood, Ben23, Bob08, Cantons-de-l'Est, Cloclob, Cobber17, CommonsDelinker, Couthon, DocteurCosmos, Drazzib, Duch, Dunderklumpen, EDUCA33E, Efbé, Etienne EYROLLE, FLLL,Fafnir, Fouziks, Freewol, Gemini1980, Goliadkine, Iafss, Isaac Sanolnacov, JB, Jaypee, Jef-Infojef, Jmh2o, Julien06200, Kilom691, Konstantinos, LUDOVIC, Leparc, Like tears in rain, Linan,Louis-garden, Maffemonde, Michel Louis Lévy, Mschlindwein, Myler, Neef, NicoRay, Numbo3, Orphée, Pabix, Padawane, Papatt, Penjo, Phe, Phep, Philippenusbaumer, Pontauxchats, Poppy,Pseudomoi, Roucas, Savasorda, Shartmann, Speculos, Tdoune, The dreamer, Ultrogothe, Versgui, Villeparisis, Wanderer999, Xtof, Yann, Zakke, Zetud, 60 modifications anonymes

Anschluss  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54161770  Contributeurs: (:Julien:), Anierin, Apollon, Arnaud.Serander, Badmood, Baudouin de Lille, Ben23, Benoît Fabre,Bob08, Camilledalmas, Cantons-de-l'Est, Chatsam, Chico75, Chmoul, Chronos004, Cimoi, CommonsDelinker, ComputerHotline, Couthon, David Berardan, Dhatier, DocteurCosmos,Drolexandre, Emiaille, Ern, F-fff, Felipeh, Gemini1980, Greudin, Hercule, Herr Satz, Ice Scream, JLM, Jef-Infojef, Jerome234, Jerome66, Klaudiacasa, LeonardoRob0t, Like tears in rain,Lilliputien, Litlok, Ma'ame Michu, Maffemonde, Moumine, Mro, Mu, Myler, NicoV, Nicolas Ray, Nonopoly, Paskalo, Percht, Pgauthier71, Philip, Rachimbourg, Richardbl, Romanc19s, Roucas,Sam Hocevar, Sardur, Sherbrooke, Taguelmoust, Teofilo, Torsade de Pointes, Vito Corleone, Xx-aude-xx, Zetud, Ælfgar, 42 modifications anonymes

Campagne de Pologne (1939)  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54216645  Contributeurs: Adefrem, Archeos, Arnaud.Serander, Ash Crow, Badmood, Bob08, Bobe, Bouette,Candless, Ceedjee, Chico75, CommonsDelinker, Cygnusx1, DITWIN GRIM, Dandriana, Deep silence, DocteurCosmos, EdC, Elg, Esprit Fugace, Etienne EYROLLE, Fafnir, Federix, Florival fr,François-Karim, GaMip, Galoric, Goliadkine, Gonioul, Gz260, Henri Musielak, Huesca, ILJR, Ironbrother, Isaac Sanolnacov, Jaczewski, Jbbizard, Jean-Jacques Georges, Jeannine Adam 1934,Jef-Infojef, Jerome66, Jon Harald Søby, Jérémie2008, Keriluamox, Khaerr, L'amateur d'aéroplanes, Laddo, Levochik, Like tears in rain, Lilliputien, Lilyu, Litlok, Maurilbert, Melkor73, Miellegris, Mro, Muijz, Mutatis mutandis, NapoleonQuang, Nayher, Nicolas Ray, Nykozoft, Orphée, Oy18, Philip, Pilkarz, Pixeltoo, Poppy, Richardbl, Riko6087, Rédacteur Tibet, SNOUPS4,ShadeGh0st, Sherbrooke, Skiff, Spartan 117, Speculoos, Stéphane33, TCY, TocToc, Vito Corleone, Wiki-User03, Ælfgar, 101 modifications anonymes

Shoah  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=54596301  Contributeurs: (:Julien:), Acélan, Addacat, Adrien51, Ahbon?, Alain Caraco, Alamandar, Alchemica, Alex F., Alibaba,AlphaREX, Alteramos, Am13gore, Amire80, Anne97432, Anti Slash, Antoine Loisel, Apokrif, Archimëa, Arkayn, Arnaud.Serander, Arria Belli, Artavezdès, Asoul, Atpnh, Aurevilly, Auseklis,AuxNoisettes, Auxerroisdu68, Baalshamin, Badmood, Balougador, Barraki, Bayo, Benedict, Benichou67, Benoni, Blhoum, Blod, Bob08, Bradipus, C2rik, Caknuck, Cansado, Cantons-de-l'Est,Caroline31, Caspi Waltch, CdC, Ceedjee, Celette, Chacal65, Chaoborus, Chico75, Chik-Chak, Chrono1084, Cobra bubbles, CommonsDelinker, Conchita, Costock, Couthon, Creasy, Criric,Ctruongngoc, Curtet, Céréales Killer, Daniel*D, Deep silence, Dhatier, DocteurCosmos, Dominique natanson, EdC, Effco, El Bahabass, El Comandante, Emirix, Emmanuel, Emmanuel Cattier,Emmanuel Goin, Emmanuel legrand, Epistemon, Erasmus, Eristik, Ernest, Esprit Fugace, Everhard, Fabrice Ferrer, Fashion-la-roule, Felix8, Flavius-josephe, Flfl10, Floyd013, Form-hist, FranckGombaud, Franckiz, Franjklogos, Frank Renda, Fred.th, Fredy.00, Galoric, Gazôdüc, Gede, Gentil Hibou, Ghostbear, Giuseppe, Goeil, Gribeco, Gugus15, Guillom, GôTô, H.gay, HAF 932,HERMAPHRODITE, Hadrien, Hannes, Hatonjan, Hercule, Heureux qui comme ulysse, Horowitz, Hubertgui, Hyppolite Bergamotte, Hégésippe Cormier, IAlex, Iafss, Ibarra, Ice Scream,Immanuel Giel, Inisheer, Iranon, Jaczewski, Jaykb, Jborme, Jean François Azens, Jean-Jacques Georges, Jef-Infojef, Jeff Bailey, Jmex, Jmh, Jobert, Jonas5a, Jérémie, K-taeb, Kamulewa, Kelson,Kimdime, Kits2, Korrigan, Kosnyru, Kropotkine 113, LPLT, LUDOVIC, Laddo, Larousteauchat, Laszlo, Laurent Nguyen, Le Dernier des Trémolins, Le gorille, Leag, Lebob, Lechat,Lefouduvolan, Leparc, Like tears in rain, Linedwell, Litlok, LogicBloke, Loudon dodd, Lucrèce, M-le-mot-dit, Maffemonde, Mandrak, Marcoo, Marianna, Markadet, Markov, Matta Ali,Maurilbert, Meeaad, MetalGearLiquid, Mhue, Michel Louis Lévy, Mikeread, Mirgolth, Mith, Moez, Moumine, Muad, Myler, N'importe lequel, Naevus, Narjis, Nataraja, Necrid Master,Ngagnebin, NicoRay, NicoV, Noel Olivier, Nono64, Némésis45, Oblic, OccultuS, Olevy, Olrick, Orthogaffe, Orthomaniaque, Ouicoude, P-e, Padawane, Panoramix, Papillus, Paris75000,Pascalauger, Patou111, Pautard, Peiom, Penjo, Phe, Pierre-Yves Schanen, Pierre.marquis, Pok148, Poleta33, Polmars, Pontauxchats, Poppy, Poulos, Priper, Pseudomoi, Pso, Pwet-pwet, RS1981,RamaR, Raminagrobis, Reloute, Roby, Romanc19s, Romanceor, Rpa, Rune Obash, Ryo, Rémih, Résonance, Sagsofts, Sainte-Rose, Sammyday, Schiste, Seb77, Seth troyes, Shelley Konk,Siopp2, Siren, Sixsous, Slawojar, Solensean, Speedspid, Spooky, Stetengel, Stéphane33, Suprememangaka, Sémhur, T.Benoît, TCY, TahitiB, Teofilo, Thbz, TheTexecuter, Thebestdegonnehem,Thesupermat, Tibauk, Tieum512, Tikenj, Tinodela, Titian1962, Trustmaggy88, Ultrogothe, Universalia92, Verdy p, Vicente, Vincent Ricci, Vinz1789, Vlaam, Vol de nuit, Wart Dark,Werewindle, WikiMoi, Willy345, XDSL, Xbx, Xic667, Yann, Yorunokoe, YouKorn, Zerep11, Zetud, Zwyssigm, Ælfgar, Ω, 373 modifications anonymes

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Müller, JokuJanne, MachoCarioca, Torvindus, Wikipeder, 4 modifications anonymesFichier:Bundesarchiv Bild 146-2007-0003, Soldaten bei der Verhaftung von Stadträten.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-2007-0003,_Soldaten_bei_der_Verhaftung_von_Stadträten.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: unknownImage:Feldherrnhalle Munich.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Feldherrnhalle_Munich.jpg  Licence: GNU Free Documentation License  Contributeurs: HolgerWeinandtImage:Rohm.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Rohm.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: Andywn, Lupo, Martin H., Mogelzahn, Rachmaninoff, Raymond, 2modifications anonymesFichier:Bundesarchiv Bild 102-00344A, München, nach Hitler-Ludendorff Prozess.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-00344A,_München,_nach_Hitler-Ludendorff_Prozess.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Dove, Gorgo, MartinH., Mtsmallwood, YMSImage:FrMeinKampf20050214.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:FrMeinKampf20050214.jpg  Licence: Creative Commons Attribution-Sharealike 2.0 Contributeurs: User:RobyImage:Reichsparteitagnov1935.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Reichsparteitagnov1935.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Carroy, Der Hausgeist, EdFitzgerald, Kjetil r, Madmax32, Mogelzahn, Mtsmallwood, Noclador, Scewing, Tekstman, 6 modifications anonymesImage:Bundesarchiv Bild 183-S11292, München, Ehrenmal in der Feldherrenhalle.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-S11292,_München,_Ehrenmal_in_der_Feldherrenhalle.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: 08-15Image:Goldenwiki 2.png  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Goldenwiki_2.png  Licence: GNU Free Documentation License  Contributeurs: User:StingFile:Bundesarchiv Bild 146-1977-148-19A, Berlin, Reichstagsbrand.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1977-148-19A,_Berlin,_Reichstagsbrand.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Beek100, Srittau, 1 modificationsanonymesImage:Reichstagfire1.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Reichstagfire1.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Original uploader was Peterlewis at en.wikipediaImage:VO zum Schutz von Volk und Staat 1933.JPG  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:VO_zum_Schutz_von_Volk_und_Staat_1933.JPG  Licence: Public Domain Contributeurs: Beek100, Cholo Aleman, Erzer, Liondancer, WstImage:Ermaechtigung-1.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Ermaechtigung-1.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: AnRo0002, Doco, Kresspahl, Rama,ThreedotsImage:Ermaechtigung-2.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Ermaechtigung-2.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: AnRo0002, Doco, Kresspahl, Rama,ThreedotsImage:Bundesarchiv Bild 102-14439, Rede Adolf Hitlers zum Ermächtigungsgesetz.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-14439,_Rede_Adolf_Hitlers_zum_Ermächtigungsgesetz.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Beek100,Mtsmallwood, XenophonImage:Inkvisisjonen.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Inkvisisjonen.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Balbo, BeatrixBelibaste, Error, G.dallorto, JonHarald Søby, Olivier2, Wst, 4 modifications anonymesImage:Rizi Francisco, Autodafe - 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