Internet, outil secondaire d'information ou nouvelle scène du débat politique ?

I N T E R N E TOUTIL SECONDAIRE D’INFORMATION, OU NOUVELLE SCÈNE DU DÉBAT POLITIQUE ?

BONNIER • CHAUVEAU-CARON • COLLETTA DETRIER • GOMEZ • MESSAGE • PROISY • RIESI

— Fabienne Greffet, 2011

La campagne de Barack Obama lors de la dernière présidentielle a révélé le rôle d’internet comme arme politique : sites, blogs, mondes virtuels et réseaux sociaux servent désormais à mobil iser et à débattre politiquement.

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— Fabienne Greffet, Continuons la lutte.com, Presse de Science Po, 2011

Depuis une dizaine d’années, internet est devenu un lieu de compétition politique : les élections ont favorisé une présence croissante des acteurs politiques sur le web. Depuis 2009, le développement de réseaux sociaux en ligne et d’applications semble ouvrir une nouvelle phase des net-campagnes.

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— Laurence Allard

De spectateur plutôt passif se contentant des médias classiques, le citoyen lambda est devenu en 2012 un authentique protagoniste de la joute électorale.

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Avec l’entrée en force d’internet, les individus ne veulent plus être seulement des récepteurs passifs: ils souhaiteraient eux aussi influencer l’opinion publique, et chacun s’exprime, choisissant son sujet, sa manière, son terrain.

La possibilité d’interpeller le pouvoir directement grâce à l’outil informatique modifie la vision longtemps prédominante du décalage entre gouvernants et gouvernés.

— Fabienne Greffet

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Première et seconde source d’information politique des électeurs français (%)

Oct. 06 Déc. 06 Fév. 07 Avr. 07 Mai 07 Déc. 09

Télévision 81 83 82 88 83 76

Radio 40 38 40 36 36 41

Presse écrite

normale26 25 25 19 23 18

Internet 14 14 16 13 21 28

Presse gratuite 4 4 5 5 4 6

Internet est devenu « une source d’information politique plus importante que la presse écrite nationale » (F. GREFFET)

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« Avec l’entrée en force d’internet, les individus ne veulent plus être seulement des récepteurs passifs : ils souhaiteraient eux aussi influencer l’opinion publique, et chacun s’exprime, choisissant son sujet, sa manière, son terrain. »

INTERNET, OUTIL SECONDAIRE D’INFORMATION OU NOUVELLE SCÈNE DU DÉBAT POLITIQUE ?

INTRODUCTION

Nous souhaitions comprendre l’incidence d’internet sur les pratiques d’information, et à isoler la place d’internet dans l’univers de l’information politique, du militantisme, du vote. Mais également à étudier l’émergence des nouvelles pratiques démocratiques de l’ère numérique.

➤ Quelle est la place d’internet en tant qu’outil d’information politique ?➤ Peut-on aujourd’hui parler d’une nouvelle forme de démocratie participative grâce à internet ?

Françoise Greffet

FICHE SIGNALÉTIQUE

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La cible Deux générations étudiées comparativement en 16 entretiens, sans distinction de sexe ou de catégorie socio-professionnelle.

18 à 30 ans (8 entretiens)

60 ans et plus (8 entretiens)

ENTRETIENS DES JEUNES• Enquêtée de 21 ans, étudiante en Master en droit des affaires. Vit depuis

toujours dans la commune de Montpellier. Entretien dans un café. Durée : 18 minutes

• Enquêtée de 19 ans, conseillère municipale déléguée à la Démocratie par ticipative de la ville de Montpellier, en parallèle étudiante en L3 de droit. Vit à Montpellier depuis six ans. Entretien dans son bureau à la mairie. Durée : 30 minutes

• Enquêté de 20 ans, étudiant en Licence 1 de Lettres modernes, vit à Montpellier depuis deux ans. Entretien dans un café. Durée : 16 minutes

• Enquêté de 24 ans, étudiant en Master 1 MAEF, vit à Montpellier depuis toujours. Entretien à son domicile. Durée : 41 minutes

• Enquêtée de 30 ans , jeune fleuriste, vit à Alès depuis toujours. Entretien sur son lieu de travail. Durée : 15 minutes

• Enquêtée de 30 ans, réalisateur, vit à Paris depuis 11 ans. Entretien chez une connaissance commune. Durée : 37 minutes

• Enquêté de 22 ans, inactif, vit à Montpellier depuis 1 an. Entretien au sein de son club associatif. Durée : 45 minutes

• Enquêté de 23 ans, étudiant en L3 Cinéma, vit à Montpellier depuis 4 ans. Entretien à la Faculté Paul Valér y. Durée : 17 minutes

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ENTRETIENS DES SÉNIORS• Enquêtée de 60 ans , Agent du Trésor, vit dans la Commune du Crès

depuis vingt ans. Entretien à son domicile. Durée : 21 minutes.• Enquêtée de 73 ans, retraitée, ancienne cadre, vit dans la Commune du

Crès depuis cinquante. Entretien à son domicile. Durée : 22 minutes.• Enquêté de 67 ans, retraité, ancien exper t comptable, gérant d’une

association spor tive, vit à Montpellier depuis toujours. Entretien dans son bureau à l’association. Durée : 18 minutes.

• Enquêtée de 75 ans , retraitée , ancienne professeur de sciences économiques, entretien à son domicile dans la commune de Béziers où elle vit depuis quarante cinq ans. Durée : 20 minutes

• Enquêtée de 73 ans, Maire de Sauzet, vit à Sauzet depuis toujours. Entretien dans un bureau à la Mairie. Durée : 1h30

• Enquêté de 61 ans, écrivain. Vit dans le Commune de Clapiers depuis 15 ans. Entretien au domicile de sa fille . Durée : 41 minutes

• Enquêté de 65 ans, retraité, ancien professeur de technologie au collège, vit dans la Commune de St-Jean-de-Védas depuis environ 10 ans. Entretien chez le grand père de Gaetan. Durée : 1h40

• Enquêtée de 65 ans , retraitée et ancienne employée de la Comptabilité puis de l’Administration sanitaire. Vit dans la Commune du Crès depuis 35 ans. Durée : 35 minutes

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SYNTHÈSE

INTERNET : UN OUTIL D’INFORMATION SUR LE POLITIQUE

1. À l’analyse des entretiens, un des principaux atouts d’internet concernant les techniques d’information semble être l’aspect pratique. Ainsi, ressor tent principalement la rapidité et la facilité avec laquelle on accède à l’information grâce à Internet.

2. Internet permet également d’avoir accès à différentes sources présentant des points de vue diversifiés sur des questions pointues. Internet permet un travail personnel de réflexion, en « croisant les informations ». On peut parler d’une information personnalisée.

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3. Les enquêtés ont l’impression de pouvoir se créer leurs propres techniques d’information en surfant sur le web, et d’ainsi ne pas être soumis à une « idéologie » principale relayée par les médias. Toutefois, même si internet demeure facile d’accès, il faut faire l’effort d’aller chercher ces différentes sources.

4. Il faut néanmoins relativiser la diversité d’information, car dans les faits, beaucoup se cantonnent à lire une version numérique de la presse traditionnelle.

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5. L’utilisation d’internet comme outil d’information semble systématiquement être couplée à celle d’autres médias. Ainsi, beaucoup de nos enquêtés utilisent avant tout la télévision, la radio et la presse pour s’informer. Internet apporte donc un complément, mais n’est pas la source primaire d’information.

6. Chez les jeunes on retrouve l’idée très ancrée d’une information personnalisée grâce à Internet, cependant ils sont nombreux à pointer les dérives du web, comme par exemple l’utilisation abusive d’internet par certaines personnalités comme Valérie Trierweiler.

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6. Il faut cependant distinguer l’usage qui est fait d’Internet par les jeunes de celui fait par les personnes âgées. Elles sont conscientes des possibilités qu’offre internet en terme d’information, mais quand elles l’utilisent, cela reste pour un domaine assez précis, comme par exemple le relais des informations d’un parti politique. Elles sont toutefois très ouvertes à une avancée de l’utilisation d’internet en politique, montrent un réel enthousiasme pour le sujet, mais déclarent que pour elles « il est trop tard ».


7. En réalité, il existe une autre dichotomie plus pertinente entre les utilisateurs les plus férus d’internet et ceux qui finalement s’en servent le moins : les plus habitués sont en effet les plus critiques vis à vis d’internet.

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1. Internet propose de nombreux outils de démocratie participative qui permettent une plus grande liberté d’expression pour les citoyens. On peut donc considérer qu’internet permet de « relier plus d’informations » grâce aux dispositifs de web-concertation. On peut grâce à cela, atteindre de nombreuses personnes qui ne participeraient pas en temps normal à l’élaboration de la politique.

2. Toutefois, ces dispositifs peuvent également marginaliser une partie de la population, comme les personnes âgées, a priori pas majoritaires sur le web.

INTERNET : UN OUTIL DE DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE

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3. L’idée de méfiance vis à vis des dispositifs de web-concertation est récurrente, particulièrement chez les plus politisés ayant par ailleurs une bonne connaissance du fonctionnement d’internet. De nombreux enquêtés ont soulevé des questions de démagogie ou de « manipulation politique ».

4. Les forums de discussions, les outils mis en place pour récolter l’avis des citoyens laissent de nombreux enquêtés scept iques . Ceux-ci cra ignent que l’information récoltée ne soit jamais utilisée ou qu’elle soit récoltée uniquement pour « faire bien ».


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5. Internet et les nouveaux moyens de communication des élus leur permettraient d’être « hypocrites » : « avec les blogs ils n’ont même plus besoin de jouer la comédie »

6. Au final, les outils politiques sur internet sont de bons outils mais doivent suppléer à l’action politique classique, telle que la rencontre entre électeurs et élus sur le terrain. Nous pouvons considérer que nous sommes dans une période de transition, où il existe une forme de dualité entre actions politiques classiques et nouveaux outils sur internet.


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7. Par ailleurs, internet n’est pas considéré par tous comme un lieu de débat assez sécurisé : peur de l’anonymat ou des piratages. Toutefois il faut nuancer cette idée car certains utilisateurs ne voient pas le danger : « si j’ai mes comptes bancaires sur internet, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas voter sur internet ».

8. Enfin, malgré les tentatives de démocratie participative, on retrouve également l’ idée d’une nécessaire technocratie. La démocratie participative doit avoir ses limites, car tout le monde n’est pas apte à donner un avis construit et pertinent sur une question politique. Le débat ne doit pas tourner à « la discussion du café de commerce ». « si tout le monde met son grain de sel, on ne s’en sortira pas ».


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RÉTROSPECTIVE

Le choix du sujet Nous avons décidé d’axer notre sujet sur l’importance d’internet dans les pratiques d’information politique, car c’est un sujet peu étudié et très contemporain. Il est également intéressant de considérer la nouvelle dynamique du rapport entre électeurs et élus qu’offre l’ère numérique. En effet, internet a permis de redéfinir ces relations sur un modèle plus horizontal qu’auparavant, et pose la question d’une démocratie plus participative.

RÉTROSPECTIVE

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RÉTROSPECTIVE

Le choix des enquêtés Au départ nous voulions choisir les jeunes actifs de moins de 30 ans, mais nous nous sommes vite rendus compte que c’était un point de vue très restrictif qui donnerait une vision trop subjective de l’utilisation d’internet. Après avoir parcouru la littérature existante sur le sujet, nous avons décidé de dégager deux tranches d’âges. Pour une enquête représentative, il nous semblait judicieux de prendre deux catégories très différentes, deux extrêmes. Ainsi avons-nous choisi de mener un entretien dans chaque catégorie, l’un auprès d’une personne âgée entre 18 et 30 ans et l’autre auprès d’une personne de plus de 60 ans ; pensant qu’il y aurait un net clivage entre personnes âgées, fortement orientées politiquement dans l’inconscient populaire, et « jeunes », réputés « internautophiles » et souvent moins concernés par le monde politique. Nous avons choisi nos cibles d’enquêtes selon les deux critères liés à notre sujet : internet et la politisation.

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RÉTROSPECTIVE

Le choix des enquêtés (suite) Le défi qu’il a fallu surmonter était de trouver des personnes concernées de près ou de loin par le débat politique et/ou utilisant internet dans leur vie quotidienne. Ces deux critères nous ont permis d’écarter de notre cible d’enquête des personnes dont le point de vue ne serait pas constructif ou informatif sur nos hypothèses de départ. Ainsi avons-nous commencé notre recherche d’enquêtés potentiels, recherche qui a parfois pu s’avérer problématique. En effet plusieurs membres de notre groupe ont rencontré des difficultés, notamment pour entrer en contact avec des personnes âgées correspondantes à nos critères. C’est par les connaissances des uns et des autres, surtout des membres du groupe vivant dans la région de Montpellier depuis longtemps, que nous avons réussi à faire les 16 entretiens non directifs nécessaires à notre enquête. Une fois la barrière de la prise de contact passée, les rendez-vous fixés, nous sommes passés à la phase d’entretiens.

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RÉTROSPECTIVE

Limites d’analyse D’une manière générale, les entretiens se sont bien passés, en ce sens que les enquêtés ont étés loquaces et ont répondu librement, sans gêne ni réserves à nos questions. Ils n’ont pas eu de difficultés à parler mais se sont montrés bien souvent rétifs lors de l’expression de leur orientation politique. Certains enquêtés ont eu des appréhensions concernant l’enquête, n’exprimant pas leurs opinions : soit du fait qu’ils ne maîtrisaient pas parfaitement les sujets abordés, soit qu’ils pensaient que l’enquête n’avait pas pour but de connaitre leur opinion politique sur les élus. Sur les 16 entretiens effectués, on remarque que les lieux dans lesquels ils se sont déroulé ont eu leur importance. Les personnes interrogées dans des lieux familiers (domicile, travail) ont été moins formelles dans leurs attitudes que celles interrogées dans des lieux publics.

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RÉTROSPECTIVE Limites d’analyse (suite) En analysant nos entretiens, nous nous sommes rapidement rendus compte que le choix de faire une comparaison entre jeunes et personnes âgées n’était pas un choix des plus pertinents. En effet, de nombreuses disparités sont remarquables entre tous les enquêtés, et il est difficile de catégoriser les réponses des personnes en fonction de leur âge. Il s’avère que c’est plutôt le niveau de politisation et la bonne connaissance d’internet par les enquêtés qui a été un bon critère de différenciation, bien plus que l’âge. Par ailleurs notre grille ne s’adaptait pas à toutes les personnalités : certains thèmes ne parlaient pas aux personnes âgées, et nous avons réalisé que beaucoup de nos enquêtés n’avaient pas du tout connaissance des dispositifs de web-concertation existants. Toutefois, cet élément nous a permis de comprendre que la volonté de démocratie participative mise en place sur internet était de manière générale assez méconnue du grand public, et qu’en informer les enquêtés avait permis d’éveiller leur intérêt pour ces dispositifs.

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OBSERVATIONS

Cet entretien fut bien différent du premier, que ça soit dans la façon dont il s’est passé comme dans l’attitude d’Anthony. Anthony semblait beaucoup plus détendu alors que je m’attendais à le voir plus stressé par rapport au fait qu’il s’entretienne avec un maire de village, mais la relation de confiance a débuté dans les premières minutes de façon naturelle, ce fut même le maire qui mit en confiance Anthony par ses propos, sa manière de parler. En effet et ceci est une remarque par rapport à Anthony, de l’extérieur je me rends compte que c’est le maire de son village qui menait l’entretien plus que lui, les réponses étaient parfois très longues et monsieur le maire avait tendance à s’écarter des questions qu’on lui pose, et Anthony n’a pas réellement essayé de recentrer le débat, il semblait intimidé voire impressionné. Cela parait toutefois logique avec du recul, il était face à une personne du milieu politique, qui savait parfaitement s’exprimer mais qui gardait un côté « homme du sud » en restant très franc et en disant ce qu’il pense sans pincettes. Cette maitrise du politiquement « incorrect » peut déstabiliser. L’enquête a par contre été beaucoup mieux menée que celle de la matinée dans le sens où l’enchainement des questions fut beaucoup plus fluide, l’expérience du précédent entretien y a joué un rôle important probablement. Cela se voit au fait que malgré un long entretien (1h30), il n’y eut pas de blancs, pas de transitions ratées … Je pense qu’Anthony s’est vraiment perfectionné grâce au premier entretien et il aurait même été intéressant de le voir continuer à faire un ou deux entretiens de plus pour voir si cela se confirmait.

OBSERVATIONS ENTRETIEN N°1 • ENQUÊTEUR : ANTHONY • OBSERVATEUR : MATHIEU

Du point de vue de l’observateur, on se rend compte d’un bon nombre de choses. Anthony a eu parfois des difficultés à coulisser dans la grille d’entretien, surtout au début, son stress se faisait ressentir, surtout au début, mais je pense qu’il faut mettre ça sur le compte des conditions d’entretien, de plus c’était son premier entretien, l’inexpérience est un facteur de stress. Il a respecté le vouvoiement assez aisément et une relation de confiance s’est installée avec son enquêtée, il a réussi à la mettre en confiance au point qu’elle fit des révélations assez personnelles sur ses idées et sur elle-même. Il y eut des petits moments de rire qui confortent cette idée. Anthony a sinon dans l’ensemble maitrisé son sujet, petit à petit il a commencé à rebondir sur les réponses de l’enquêtée en rajoutant des questions notamment ou en adaptant certaines autres. Il n’y eut pas de périodes de blanc et la discussion fut animée, mais l’entretien fut assez court, moins de 15 minutes, je ne mets toutefois pas cela sur la responsabilité d’Anthony mais plutôt sur la forte synthétisation de l’enquêtée dans ses propos, Anthony a fait de son mieux pour faire durer l’entretien par le biais de relances, de questions en plus… mais l’enquêtée ne paraissait pas enclin à faire durer cet entretien et ses réponses courtes, parfois en quelques mots ont quelque peu déstabilisé Anthony il me semble.

ENTRETIEN N°2 • ENQUÊTEUR : ANTHONY • OBSERVATEUR : MATHIEU

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OBSERVATIONS ENTRETIEN N°3 • ENQUÊTEUR : MATHIEU • OBSERVATEUR : ANTHONY Lors de l’entretien, Stanislas paraissait assez détendu et confiant, état d’esprit sûrement lié au fait qu’il connaissait déjà Mathieu. Sa parole s’est progressivement libérée au fur et à mesure de la découverte des différentes questions. L’entretien s’est enchaîné facilement, avec quasiment aucun blanc. Il avait tendance à faire des transitions par le biais de « euh » mais il restait assez calme et sobre, aucune agitation si ce n’est au niveau de ses mains qu’il avait tendance à frotter assez régulièrement. Sa voix reste assez clair et son ton paraissait assuré. Stanislas s'est montré plutôt volontaire dans son attitude quand à répondre à la grille d’entretien. Concernant l’enquêteur, il est resté très proche de la grille d’entretien, ce qui a permis d’obtenir les réactions attendues par celle-ci, mais il aurait peut-être dû essayer de le relancer sur certaines questions afin de le pousser à développer certains points qui auraient peut-être mérité d'être éclaircis.

ENTRETIEN N°4 • ENQUÊTEUR : MATHIEU • OBSERVATEUR : ANTHONY L’entretien s’est bien déroulé, l’enquêtée paraissait assez enthousiaste à l’idée de répondre aux différentes questions. Toutefois, elle s’est montrée hésitante à certains moments et utilisait généralement le « on » pour répondre aux questions. En effet, elle avait un rapport constant avec son mari, le cherchant du regard, et le laissant même intervenir à certains moments. De son côté, Mathieu a su progressivement se détacher de la grille d’entretien, afin d’expliciter certaines questions ou développer des idées qui pouvaient s’avérer intéressantes dans le débat. Tout cela a permis un échange plus facile et de mettre en évidence certains points, comme ses doutes sur le numérique par exemple. Le ton de Mathieu, moins formel et beaucoup plus sûr que sur le dernier entretien, a permis à l’enquêtée de se livrer plus et de ne pas être stressée.

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OBSERVATIONS ENTRETIEN N°5 • ENQUÊTEUR : GUILLAUME • OBSERVATEUR : GAËTAN J’ai constaté un manque de relance de la part de Guillaume, d’autant plus que celles-ci s’avéraient nécessaire au vu de la concision des réponses de l’enquêtée. L’enquêté semblait relativement distant vis-à-vis de l’enquêteur, ne souhaitait pas se livrer personnellement, se réfugiant souvent derrière la fonction qu’il exerce au sein de l’association. Les digressions à la grille d’entretien étaient faibles en nombre. Certes, elles permettaient à l’entretien d’adopter une ligne cohérente, mais laissaient passer un certain nombre d’informations concernant l’enquêté qui nous auraient permis d’analyser plus en profondeur la personnalité et le rapport de l’individu avec le monde politique. Néanmoins, malgré un portrait jusque la peu enviable de mon confrère, je lui trouve certain point avantageux. Heureusement, Guillaume a fait preuve d’une grande impartialité, n’influençant jamais l’enquêté et ne laissant à aucun moment transparaitre ses opinions politiques au fil de l’entretien. D’un point de vue objectif, je dirais qu’il a su tirer de l’enquêté la majorité des informations importantes pour notre enquête et que les résultats n’ont pas été faussé par son opinion. Une tâche qui s’avérait difficile puisque l’enquêté, loin d’être introverti, était assez hermétique, mettant constamment en avant l’association au détriment de sa personne : il ne se confiait pas facilement et limitait au maximum ses argumentations lors de ses réponses.

ENTRETIEN N°6 • ENQUÊTEUR : GUILLAUME • OBSERVATEUR : GAËTAN L’enquêté nous reçoit à son domicile, ce qui le met en confiance. Il est très à l’aise à l’oral et facilite le travail de l’enquêteur. Sa maîtrise du vocabulaire politique et sa connaissance des thèmes abordés rendent l’entretien fluide. L’enquêteur cherche tout de même parfois ses mots au moment de relancer l’enquêté. L’enquêté est assez actif dans sa gestuelle pour appuyer ses propos, et ses expressions faciales reflètent bien les sentiments qu’il exprime par la parole. Il semble donc assez honnête dans ses réponses. Guillaume reste assez directif dans ses questions, et centré sur la grille d’entretien alors qu’il aurait pu mieux relancer l’enquêté sur certains thèmes plutôt que reformuler et synthétiser les propos de l’enquêté.

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ENTRETIEN N°7 • ENQUÊTEUR : GAËTAN • OBSERVATEUR : GUILLAUME

Ce sont deux connaissances qui fréquentent le même club associatif, ils sont donc à l’aise et n’hésitent pas à plaisanter. La promiscuité enquêteur/enquêté peut être problématique, mais Gaëtan fait l’effort de sortir de son rôle de partenaire de club pour entrer dans celui d’enquêteur. L’enquêté semble être des plus honnêtes, appuie ses paroles par des gestes et n’hésite pas à donner ses opinions politiques. Gaëtan se retient à plusieurs reprises de relancer l’enquêté sur des thèmes car il s’éloigne de notre grille d’entretien, mais je pense qu’il aurait du suivre son instinct quitte à s’éloigner de la grille pour y revenir. Les digressions ainsi produites auraient été à trier mais possiblement riche en instruction.

ENTRETIEN N°8 • ENQUÊTEUR : GAËTAN• OBSERVATEUR : GUILLAUME L’entretien a été habilement mené par Gaëtan auprès d’un individu extrêmement loquace concernant la politique en général. Il était extrêmement difficile de cadrer avec la grille d’entretien durant l’interview car l’enquêté, faisait beaucoup de digressions et il était difficile de revenir aux idées d’origine. Gaëtan a essayé de faire le lien entre les questions sans que cela ne paraisse trop mécanique mais il aurait dû, par moments, davantage s’imposer sur son interlocuteur et replacer les bornes du débat. On avait l’impression que l’enquêté prenait le pas sur l’enquêteur dans la définition des thèmes du sujet. Dans ce contexte, réaffirmer son autorité était particulièrement difficile à mettre en œuvre, car il fallait jongler entre le maintien d’une atmosphère propice à la confidence et la nécessité de respecter le projet tant en terme de thématique que de temporalité.

OBSERVATIONS

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ENTRETIEN N°9 • ENQUÊTEUR : JORDAN • OBSERVATRICE : MANON L’enquête a eu lieu avec une personne de sexe féminin, âgée de 60ans, dans sa maison au sein de la commune du Crès. L’enquêtée dès notre arrivée avait l’air très heureuse de nous accueillir et en même temps anxieuse. En effet elle était préoccupée et avait une certaine appréhension par les questions que l’enquêteur allait lui poser. Au début de l’enquête, les premières réponses données par l’enquêtée furent plutôt laborieuses, elle cherchait ses mots et ne voulait pas avoir l’air de donner des réponses inutiles. Elle regardait souvent le sol et ne fixait pas l’enquêteur dans les yeux, ou très rarement. Au fil des questions, la situation s’est détendue dans le sens ou l’enquêtée et l’enquêteur ont échangé des sourires, des rires, et la personne interrogée exprimait plus clairement ses idées et l’enquêteur rebondissait dès qu’il le pouvait sur les réponses données. Concernant Jordan il a mis l’enquêtée en confiance, en aidant à développer les réponses de la personne qui parfois avait du mal à finir ses phrases.

ENTRETIEN N°10 • ENQUÊTEUR : JORDAN • OBSERVATRICE : MANON Le second entretien fut fait dans un café vers la Faculté de Droit à Montpellier avec une jeune fille de 21ans, qui fait des études en master de Droit des affaires. L’enquête fut légèrement plus courte que la première car les réponses ont étaient plus rapides, plus fluides et plus directes. La personne avait des réponses tranchées et un avis concret sur la plupart des questions. Elle regardait l’enquêteur dans les yeux et était à l’aise pour exprimer son point de vue. Du côté de l’enquêteur, une certaine hésitation entre le vouvoiement et le tutoiement au début de l’enquête a entrainé quelques sourires. Il y a peut être quelques manques en ce qu’il concerne les relances par rapport à certaines réponses mais en général l’entretien s’est déroulé dans une ambiance calme, entrainant un dialogue fluide et constructif pour répondre à notre sujet.

OBSERVATIONS

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ENTRETIEN N°11 • ENQUÊTRICE : MANON • OBSERVATEUR : JORDAN Notre enquêtée est une jeune conseillère municipale de 19 ans, à l’allure très décontractée. Elle porte une chemise blanche et un jean. Manon met tout de suite à l’aise l’enquêtée qui semblait un peu « stressée ». Elle est très dynamique, assise sur son fauteuil mais quand même en mouvement. L’entretien démarre sur une dynamique qui va rythmer tout le long de l’entretien. Dès la première question concernant l’utilisation d’internet de manière générale, elle débite une réponse longue et très complète, elle semble très inspirée par le sujet. Elle semble très concernée par le sujet et très impliquée. A chacune des réponses elle apporte des exemples pour appuyer son point de vue. L’enquêtrice est très à l’écoute, elle parle moins que l’enquêtée.

ENTRETIEN N°12 • ENQUÊTRICE : MANON • OBSERVATEUR : JORDAN Notre enquêtée est une femme de 73 ans, habillée d’un jean et d’une chemise sous un pull. Elle n’est pas très grande et mince. Assis sur le canapé j’observe l’entretien, notre enquêtée confortablement assise dans le fauteuil se trouvant en face de l’enquêtrice. On sent qu’elle se détend tout au long de son entretien, qu’elle passe même un bon moment. Mais, il y a quelques moments où l’enquêtée ne comprend pas les questions, ce qui amène l’enquêtrice à devoir clarifier, ce qui ralentit l’entretien. Notre enquêtée répond en prenant son temps à chacune des questions. Elle apprend des choses sur l’utilisation d’Internet pour la politique qui a l’air de l’intéresser et de lui donner envie de consulter. L’enquêtrice est ravie de voir son enquêtée s’intéresser ce qui amène beaucoup de complicité à l’entretien.

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OBSERVATIONS

ENTRETIEN N°13 • ENQUÊTEUR : JOSSELIN • OBSERVATRICE : AURÉLIE

ENTRETIEN N°14 • ENQUÊTEUR : JOSSELIN • OBSERVATEUR : SANS

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OBSERVATIONS

Cet entretien s’intéressait à l’avis d’un écrivain de 61 ans. Nous avions eu ce contact grâce au père de Josselin qui est éditeur et qui connaissait un auteur qui avait travaillé avec lui, qui correspondait au profil que nous cherchions : une personne âgée, politisée, avide de nouvelles technologies. Nous l’avons rencontré chez sa fille. C’était le premier entretien de Josselin et j’ai remarqué une certaine complexité à créer du lien avec l’enquêté. De par mon expérience il est assez important de réussir à créer ce lien pour pouvoir bien mener l’enquête. Ensuite j’ai trouvé que l’échange était trop proche de la grille d’entretien mais c’était souvent le cas pour plusieurs d’entre nous. Malgré tout, les résultats de cet entretien étaient convaincants car l’enquêté donnait des réponses complètes et intéressantes.

C’est un homme de 30 ans, réalisateur de métier, que nous avons interrogé. Il n’y avait pas d’observateur pour cet entretien car il a été effectué à Paris. L’enquêté était intéressant pour notre étude car atypique : jeune mais très politisé et anti-réseaux sociaux. De mon côté, dans la mesure où c’était mon second entretien, quelques erreurs ont pu être réparées. Je réussissais mieux à oublier la grille d’entretien. Le contact était bien plus facile et les résultats de cet entretien on été très intéressants pour l’enquête.

ENTRETIEN N°15 • ENQUÊTRICE : AURÉLIE • OBSERVATEUR : JOSSELIN L’entretien avec l’enquêtée. s’est plutôt bien passé. L’enquêtrice n’a pas eu l’air de se sentir gênée. L’enquêtée s’est mise dans rapport d’affection avec l’enquêtrice, ce qui a certes permis d’établir un contact cordial et une ambiance relativement détendue mais a peut-être également biaisé certaines informations, à première vue. L’enquêtée est restée tout du long assise, les bras croisés, face à l’enquêtrice. Aurélie a eu de nombreux tics verbaux pour encourager sans s’en rendre compte son enquêtée, en répétant souvent « Ah, c’est intéressant ». Elle a également du faire face aux nombreuses interventions du conjoint de l’enquêtée, qui se tenait en retrait mais a été présent tout au long de l’entretien.

ENTRETIEN N°16 • ENQUÊTRICE : AURÉLIE • OBSERVATEUR : JOSSELIN Le contact a été un peu étrange, l’enquêté comme l’enquêtrice semblaient un peu stressés par la situation. L’enquêté parlait au départ d’une voix très basse, souvent sa main devant la bouche. Il avait le regard fuyant, et avait tendance à beaucoup me regarder (moi l’observateur) comme pour chercher des signes d’approbation à chacune de ses réponses. Même si le contact s’est progressivement détendu au fil de l’entretien, l’enquêté a par moment été déstabilisé par certaines questions, comme s’il avait peur de devoir trop se dévoiler.

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OBSERVATIONS

Conclusion Internet est un lieu avec un grand potentiel d’action pour le moment mais qui n’est pas encore réellement exploité. Il existe de nombreux outils de démocratie participative sur internet, mais la plupart des gens n’en ont pas connaissance. Le fait qu’il soit techniquement possible de faire participer l’ensemble des citoyens à la vie politique, mais que ce ne soit pas une réalité, ne remet-il pas en cause notre démocratie ? Internet a aussi modifié la manière de faire de l’information, et de l’appréhender. D’une part par la diversification des producteurs de contenus, mais aussi par la particularité de ce médium de savoir parfois s’effacer, et de pouvoir créer un lien direct entre l’élu et l’électeur. Un rôle de consommateur de l’information s’est également développé, alors que le politique se transforme parfois en « infotainment ». Cela dit, internet reste encore aujourd’hui un moyen secondaire d’information, malgré sa progression rapide. Nul doute que les usages d’internet évolueront fortement dans les décennies à venir, en particulier dans le champ politique.

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Gaëtan Bonnier

Josselin Colletta

Guillaume Gomez

Jordan Proisy

Aurélie Chauveau-Caron

Anthony Detrier

Mathieu Message

Manon Riesi36

• F. GREFFET (dir.), Continuons la lutte.com, Presse de Science Po, 2011

• L. ALLARD, J. MENRATH, « Le nouveau rapport à la politique du citoyen connecté à l’heure du numérique », mai 2012

• G. BABINET, « Je regrette l’absence de culture numérique chez nos dirigeants »

• « Les élus face à la révolution numérique », Les Échos du 27 janvier 2013

• C. ABRIEUX, « Le numérique révolutionne-t-il la vie politique ? », février 2012

• L. TARDY, « Ce que change le numérique dans la vie d'un élu »

BIBLIOGRAPHIE

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Education

Internet, outil secondaire d'information ou nouvelle scène du débat politique ?