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Causerie La peine de l’eau est infinie Florence Gérard Lojacono Universidad de Las Palmas de Gran Canaria Avril 2016

La Peine de l'eau est infinie

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CauserieLa peine de leau est infinieFlorence Grard LojaconoUniversidad de Las Palmas de Gran CanariaAvril 2016

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Bachelard (1884-1962)Un philosophe alchimiste

1938194219431946

1948

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Limagination matrialisante

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La peine de leau est infinie

[] la mort quotidienne est la mort de leau. Leau coule toujours, leau tombe toujours, elle finit toujours en sa mort horizontale [] la mort de leau est plus songeuse que la mort de la terre : la peine de leau est infinie.

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Leau est la clepsydre dfinitiveHraclite dphse

Salvador Dali

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Zone de captage des eaux potiquesLes eaux douces

Les eaux sales

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Zone de captage des eaux potiquesLes eaux doucesRousseauLamartineNervalPoeMaupassantRodenbachClaudelBosco

Les eaux salesChateaubriandHugoBaudelaire ValeryCamus DurasReverzyLe Clzio

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Mais quy a-t-il au fond de leau ?Catherine Lara, 1972

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Le soleil noir de la mlancolieRobert Burton, 1621

Jean Starobinski, 2012

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Leau est llment tristeDrer, 1514Munch, 1891

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LE BAIN DE MER

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Le bain de mer : posieJules Michelet, 1881

Paul Morand, 1960

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Le bain de mer : sociologieAlain Corbin, 1988

Jean-Didier Urbain, 1994

Corbin > chapitre V : Linvention de la plageLe dsir du rivage se propage entre 1750 et 1840 au dbut on va la mer pour se soigner, en particulier de la Maladie Anglaise, du spleen.

la fin du XVIII et au dbut du XIX ce sont des savants voyageurs qui parcourent les grves et lestran devient sujet dtude, en particulier les tudes lies au temps car le flux et le reflux, la rptiion du mme relve du primitif et de lternel > Cest le dbut de la gologie moderne qui consacre un nouveau rapport au temps (plus de chronologie courte p. 120) + p. 139 on a admis depuis longtemps le caractre romantique de lmergence de la gologie

Trs vite linvention de la plage accompagne la dcouverte des vertus de leau de mer sur les bords de la mer le sujet moderne vient se dcouvrir, faire lexprience de ses limites face la vacuit de locan Sur ce territoire du vide quest lestran ladulte peut jouir de la rgression

Si les romantiques nont pas invent la mer (bien avant la fin du XVIII les rivages taient devenus source de contemplation, surtout depuis les falaises) ce sont les premiers qui laborent un discours cohrent sur la mer (posie, peinture et mme sciences) correspondance entre cycle des mares et les menstres, la scansion des vagues et les battements du coeur incite a l coute cnesthesique, somatise la qute de soipour le hros romantique, la vraie vie cest la mer + le rivage accentue la conscience de la fuite du tempsles romantiques osent analyser et dire les impressions du bain

Locan est devenu le lieu mtaphorique du destin de la personne > pensons ce sujet aux multiples robinsonnades o il sagit toujours de se reinventer.Le phnomne est souvent cit dans Corbin et constitue le cur de louvrage de JD Urbain Sur la plage

UrbainFais suite Lidiot du voyage, 1991Bachelard, Leau et les rves, est cit de nombreuses fois de mme que Paul Morand et le romancier britannique David Lodge dont nous allons parler dans un moment et bien sr le dsir moderne de robinsonner. (verbe cr en 1870). Cite bien sr et Corbin et Michelet.La plage invente va, en se socialisant, se thtraliser. Pour le puriste de la plage, la grve doit reprsenter les premiers matins du monde > on est en plein dans le mythe dnique et le primitivisme peu peu les natifs quitte la scne (les pcheurs qui ne sont plus admis que comme couleur locale)Le chap 2 est consacr la naissance du baigneur (reprend lhistorique des bains de mer)Comme tout thtre la plage devient alors aussi un lieu de transgression (nudisme, pratiques hdonistes)La plage est une idalit, une contre de rve

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LE BAIN DE MER

Le ClzioLodgeFarinettiRieraCamusEcoSimenon

en littratureGary

Cortzar

ValeryClaudel

Byron

Swinburne

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Valry, Autres Rhumbs, 1943Il me semble que je me retrouve et me reconnaisse quand je reviens cette eau universelle. []

Mais se jeter dans la masse et le mouvement agir jusqu'aux extrmes, et de la nuque aux orteils; se retourner dans cette pure et profonde substance; boire et souffler la divine amertume, c'est pour mon tre le jeu comparable l'amour, l'action o tout mon corps se fait tout signes et tout forces, comme une main qui s'ouvre et se ferme, parle et agit. Ici, tout le corps se donne, se reprend, se conoit, se dpense et veut puiser ses possibles. Il la brasse, il la veut saisir, treindre, il devient fou de vie et de sa libre mobilit il l'aime, il la possde, il engendre avec elle mille tranges ides. Par elle, je suis l'homme que je veux tre. Mon corps devient l'instrument direct de l'esprit, [].

Donc, nage! Donne de la tte dans cette onde qui roule vers toi, avec toi, se rompt et te roule.

Dans tou sLeau est dabord loccasion de prendre conscience de son propre corps puis daccder une comprhension nouvelle de soi.Pour Bachelard, il y a 2 types de nage: 1) la nage violente (chap. Les eaux violentes, le complexe de Swinburne) 2) la nage molle et volumtrique, le flottement, qui rejoint la rverie berce

Nage p. 137Le dpouillement de soi (Masson) Eau comme substanceImportance du corps (monde sensible) dans llaboration des ides, importance de ne pas penser volontairement, de se laisser guider par les rverie des lments

Celui que je veux tre > UnamunoSuite du texte de Valry: Mes caresses sont connaissancesBachelard : Limagination matrielle est aussi un mode de connaissance pour Bachelard car en rvant la profondeur nous rvons notre profondeuren rvant la vertu secrte des substances nous rvons a notre tre secret(Terre et rveries du repos, p. 51)

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Camus, La mort heureuse, 1971 Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager [] pour que se taise ce qui en lui restait du pass et que naisse le chant profond de son bonheur. Il [] entra dans la mer. Elle tait chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait ses jambes d'une treinte insaisissable et toujours prsente. Lui, nageait rgulirement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. []. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avanait plus vite et bientt il se trouva loin des ctes []. Il songea soudain la profondeur qui s'tendait sous ses pieds et arrta son mouvement. Tout ce qu'il avait sous lui l'attirait comme le visage d'un monde inconnu []. Une tentation lui vint qu'il repoussa aussitt dans une grande joie du corps.

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De la tentation la transfigurationUmberto Eco, 1994(Lisola del giorna prima, italien)

Miquel ngel Riera, 1990(Illa Flaubert, catalan)

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La transfigurationUmberto Eco, 1994(Lisola del giorna prima, italien)Miquel ngel Riera, 1990(Illa Flaubert, catalan)

Il prit le harpon [] pour le planter entre les toletires. Il agissait sans hte, entirement matre dune situation qui amnerait la barque prendre leau. []Cest alors quil se jeta lamer et se mit nager vers lAfrique, o le rythme du temps, avait-il souvent entendu dire

[] il tait descendu dans la mer. Il avait point les pieds contre le bois, poussant dun coup en avant pour scarter de la Daphne [] il sen tait loign jamais, vers lun des deux bonheurs qui certainement lattendait.[] L-bas, au-dessus de la ligne trace par la cime des arbres [] il devrait avoir vu slever en vol la Colombe Couleur Orange.

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Contempler leau, cest scouler, st se dissoudre, cest mourir.Bachelard.

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